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+ Le terme populaire automobile[a] (simplification historique de l'expression « voiture légère automobile ») désigne un véhicule à roues, motorisé et destiné au transport terrestre de quelques personnes et de leurs bagages[1]. L'abréviation populaire « voiture » est assez courante, bien que ce terme désigne de nombreux types de véhicules qui ne sont pas tous motorisés[2].
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+ L'automobile s'est progressivement imposée dans les pays développés comme le principal mode de transport pour la circulation des individus et des marchandises. Son industrie a été l'un des secteurs les plus importants et les plus influents depuis le début du XXe siècle.
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+ L'automobile a révolutionné le transport et a entraîné de profonds changements sociaux, en particulier dans le rapport des individus à l'espace. Elle a favorisé le développement des échanges économiques et culturels et conduit au développement massif de nouvelles infrastructures. Tout un univers culturel s'est construit à partir de sa diffusion comme objet de consommation grand public et elle représente aujourd'hui — à l'instar d'autres inventions du XXe siècle comme la radio, la télévision ou le réfrigérateur — un équipement largement considéré comme indispensable dans les foyers des pays développés. À la fois moyen de distinction sociale et instrument de loisir, l'automobile occupe une place éminente dans le mode de vie contemporain.
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+ L'industrie automobile est, par métonymie, un secteur économique important pour les pays possédant des constructeurs.
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+ L'automobile est un moyen de transport privé parmi les plus répandus. Sa capacité est généralement de deux à cinq personnes, mais peut varier de une à neuf places.
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+ L'usage limite l'emploi du terme automobile aux véhicules possédant quatre roues, ou plus rarement trois ou six roues, de dimensions inférieures à celle des autobus et des camions, mais englobe parfois les camionnettes. Bien qu'étant des « véhicules automobiles », les motocyclettes ne sont pas habituellement classées dans cette catégorie.
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+ Le terme « automobile » est un adjectif issu de la concaténation du préfixe grec αὐτός (soi-même) et du suffixe latin mobilis (mobile). Il a été créé, initialement, pour désigner les voitures automobiles lors de l'invention des premières « voitures sans chevaux », qui étaient munies d'un moteur avec source d'énergie embarquée[3]. Le terme permettait de faire la distinction d'avec les autres voitures alors tractées, notamment diligences, calèches, carrioles, chariots. Ces autres voitures étaient mues par des animaux de trait (généralement des chevaux, avec les voitures hippomobiles, ou des bœufs) et plus tard le chemin de fer.
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+ Le substantif « automobile » est attesté vers 1890, mais son genre, aujourd'hui seulement féminin, a fait pour les linguistes l'objet de débats[4]: le féminin fait référence à la notion de voiture automobile, alors que le masculin fait référence à la notion de véhicule automobile[5]. L'Académie française s'est ainsi prononcée dès 1901 pour le genre féminin[6], mais la polémique ne s'est éteinte que bien après, le masculin étant attesté ponctuellement jusqu'en 1944[4],[réf. nécessaire].
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+ Pour parler d'un véhicule de tourisme, les termes automobiles et voiture peuvent être utilisés, toutefois avec la réglementation du secteur des définitions parfois différentes ont été utilisées, notamment dans la convention de Vienne sur la circulation routière. Dans les accords internationaux la catégorie de véhicule qui se rapproche le plus de la voiture est la catégorie M1.
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+ Le terme véhicule automobile est plus large que le terme voiture automobile, il couvre l'ensemble des véhicules motorisés d'au moins quatre roues ainsi, dès 1956, Chapelain note que : « De par leur destination les véhicules automobiles sont classés en: − voitures de tourisme; − véhicules utilitaires; − véhicules spéciaux[7] »
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+ En France, le code de la route définit la voiture particulière comme un véhicule de catégorie M1, quatre roues, neuf places au plus, ne répondant pas à la définition du véhicule de la catégorie L6e ou L7e et ayant un poids total autorisé en charge inférieur ou égal à 3,5 tonnes[8]. Aujourd'hui, en France on désigne une Voiture de tourisme souvent comme une « voiture », et parfois comme une « auto », mais très rarement « automobile », pas assez spécifique et devenu désuet. Le terme automobile reste employé comme adjectif.
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+ Au Québec, le code de la sécurité routière définit le «véhicule automobile» comme « un véhicule routier motorisé qui est adapté essentiellement pour le transport d’une personne ou d’un bien »
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+ En Suisse, la loi définit les véhicules automobiles dans son article 7:
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+ « 1 Est réputé véhicule automobile au sens de la présente loi tout véhicule pourvu d’un propre dispositif de propulsion lui permettant de circuler sur terre sans devoir suivre une voie ferrée.
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+ 2 Les trolleybus et véhicules analogues sont soumis à la présente loi dans la mesure prévue par la législation sur les entreprises de trolleybus. »
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+ Dans l'union européenne, les différentes notions nationales ont été harmonisées dans le but du marché commun par la directive 70/156/CEE du Conseil, du 6 février 1970, qui base l'alignement sur les définitions des accords internationaux :
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+ En raison de sa large diffusion et de son usage dans les milieux les plus variés, la voiture automobile est aujourd'hui appelée par de nombreux noms familiers, comme « auto », « bagnole », ou « char »[9] en Amérique du nord francophone, et argotiques, comme « tacot », « caisse », « tire »[10], « guimbarde », « chignole », « charrette » en Europe, ainsi que « minoune » au Canada[réf. souhaitée].
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+ Le principe de l'automobile consiste à placer sur un châssis roulant un groupe motopropulseur et tous les accessoires nécessaires à son fonctionnement. Ces éléments sont contrôlés par le conducteur via des commandes, le plus souvent sous la forme d'un volant de direction et de pédales commandant l'accélération, le freinage et souvent l'embrayage.
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+ Un châssis ou une carrosserie autoporteuse supporte et réunit tous les composants de l'automobile. Le châssis est monté sur quatre roues, dont deux sont directrices ou plus rarement les quatre, permettant sa mobilité. Des suspensions réalisent quant à elles une liaison élastique entre le châssis et les roues. Une carrosserie, en partie vitrée, constituant un habitacle fermé muni de sièges, permet le transport de personnes assises, par tout temps tandis que les cabriolets reçoivent une capote ou un toit escamotable.
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+ Les automobiles sont généralement propulsées par un moteur à combustion interne, mais un ou plusieurs moteurs électriques peuvent également fonctionner de concert avec le moteur thermique, voire le remplacer. La puissance mécanique fournie par le moteur est transmise aux roues par l'intermédiaire des organes de transmission dont une boîte de vitesses. Un réservoir permet le stockage du carburant nécessaire au fonctionnement du moteur thermique, tandis qu'une batterie, rechargée par un alternateur entrainé par le moteur, alimente en électricité tous les organes et accessoires le nécessitant.
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+ Les instruments de contrôle et les commandes tels que le volant, les pédales, l'indicateur de vitesse ou le tachymètre, permettent la conduite de l'automobile. Enfin, les éléments de confort (chauffage, ventilation, climatisation, autoradio, etc.) et de sécurité (éclairage, ABS, etc.) sont des accessoires en nombre toujours croissant.
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+ Le premier véhicule automobile fonctionnel a été inventé en 1769 par Nicolas Joseph Cugnot sous le nom de fardier de Cugnot[11] mais il faut attendre la deuxième moitié du XIXe siècle et les progrès liés à la révolution industrielle pour que les véhicules automobiles personnels se développent et prennent finalement leur nom actuel d'automobile.
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+ La naissance de l'automobile s'est faite par l'adaptation d'une machine à vapeur sur un châssis autonome mais des problèmes techniques et sociaux ont retardé son développement. L'encombrement de la chaudière, les matériaux inadaptés aux hautes pressions et les châssis supportant mal les vibrations furent les principaux obstacles techniques et la dangerosité perçue et réelle de ces engins sur les routes à l'époque a conduit à des législations contraignantes, comme le Locomotive Act au Royaume-Uni[12].
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+ L'aventure automobile a commencé dans la vallée d'Aoste (Italie), où les premières expériences réussies ont eu lieu en 1864. Ce fut Innocent Manzetti d'Aoste qui réalisa une voiture à vapeur qui pouvait circuler le long des rues[13]. Les journaux d'Aoste et de Turin en parlèrent entre 1869 et 1870[14].
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+ En France, les premières automobiles produites et commercialisées sont à vapeur (L'Obéissante d'Amédée Bollée en 1873[15]) et, les premiers prototypes utilisant les nouveaux moteurs à explosion moins encombrants au milieu des années 1880 sous l'impulsion d'un ingénieur français Édouard Delamare-Deboutteville et d'un ingénieur allemand Gottlieb Daimler. En 1881, Charles Jeantaud sort sa première voiture automobile électrique, équipée de batteries d'accumulateurs Faure, la Tilbury.
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+ Très rapidement ce genre de prototypes a connu le succès grâce à d'autres réalisateurs et conduit à ce qu'en 1895 environ 350 automobiles circulaient sur le territoire français, contre 75 en Allemagne, et seulement 80 aux États-Unis.[réf. nécessaire] En 1900 la France est le premier producteur mondial d’automobiles avec près de 50 % de la production. C'était une époque où on ne parlait pas vraiment de fabricants d'automobiles, mais plutôt de carrossiers car le châssis était acheté séparément.
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+ Le développement des connaissances liées à l'électricité mène à la réalisation des premières voitures électriques : on a donc trois modes de propulsion en concurrence au tournant du XXe siècle. La vapeur est rapidement supplantée et le développement rapide des performances des voitures électriques est stoppé par l'absence de progrès notable dans le stockage de l'énergie, c'est donc le moteur à explosion qui l'emporte sur les autres modes de propulsion. Cette époque est celle de la course à la vitesse, et c'est d'abord la voiture électrique qui s'y illustre (La Jamais contente est la première à franchir la barre des 100 km/h, en 1899[16]) avant d'être supplantée par la voiture à moteur à explosion. C'est aussi la période de naissance des premières compétitions automobiles, telle Paris-Rouen en 1894. L'automobile reste alors un produit de luxe, à l'usage contraignant, utilisé sur des infrastructures totalement inadaptées.
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+ L'histoire de la voiture a fait naître et vivre différents métiers. À ce moment de l'histoire, construire une voiture était une affaire collective dans laquelle carrossiers, mais aussi charrons, serruriers, malletier, selliers-garnisseurs, bourreliers, plaqueurs et peintres étaient impliqués ensemble. Tout était fait sur mesure, des carrosseries qui s'adaptaient aux châssis, en passant par les sièges ou les bagages arrimés à l'arrière pour les premiers voyages.
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+ Deux facteurs vont contribuer à son développement : le revêtement progressif des routes en ville puis en campagne afin de faciliter l'usage des bicyclettes et des voitures, et le développement de nouvelles méthodes de production (taylorisme, fordisme, toyotisme), qui mènent à la première voiture de grande série, la Ford T. Celle-ci pose définitivement l'empreinte de l'automobile sur la société du XXe siècle. Les innovations se succèdent ensuite, mais sans changement fondamental conceptuel. Les grandes lignes de l'automobile de série actuelle sont tracées par Lancia en 1922 avec la Lambda à carrosserie autoporteuse et suspension avant indépendante, Chrysler en 1934 avec la Airflow qui introduit l'aérodynamique dans l'automobile de série, Citroën et le développement de la Traction Avant à partir de 1934, puis l'introduction des freins à disque sur la DS en 1955, ou encore par Porsche et la boîte de vitesses à synchroniseurs coniques de la 356[17]. Après la guerre, la société de consommation contribue aussi au succès de l'automobile. Selon l'historien J-C Daumas, c'est dans les années 1950-1960 que beaucoup de salariés acquièrent leur première voiture[18].
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+ L'automobile a connu dans tous les pays une longue période d'engouement ; le temps moyen passé au volant a connu une forte croissance avec aux États-Unis un driving boom ; de 1970 à 2004, la distance parcourue au volant par un Américain moyen a presque doublé (+ 85 %), passant de 8 700 à 16 100 km/an. Ensuite cette tendance s'est stabilisée jusqu'en 2011 et une légère diminution en 2012 (1 000 km/an en moins par conducteur)[19]. Sur cette base, un scénario prospectif dit « Ongoing Decline » a postulé en 2013 que par imitation de la jeune génération actuelle, le déclin de l'appétence pour l'automobile pourrait se poursuivre[20]. Dans plusieurs pays, le désir de posséder une voiture ou un permis de conduire semble s'atténuer, dans les zones urbaines notamment. Ce mouvement est le plus marqué chez la génération Y : les 16-34 ans prennent moins le volant ; -23 % de 2001 à 2009 du nombre de km/an parcourus[20].
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+ En occident, le rythme le plus rapide de croissance du marché a été lié à l'engouement pour la voiture des « années folles ». Il fut ensuite marqué par des crises (krach de 1929, Seconde Guerre mondiale, crises de l'énergie...) qui ont plusieurs fois redistribué les cartes industrielles, favorisant les regroupements, et provoqué le retour en grâce des petites automobiles ; l'apogée de ce phénomène étant atteinte en Allemagne dans les années 1950 avec les micro-voitures telles l'Isetta.
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+ Les Trente Glorieuses ont relancé l'essor de tous les secteurs automobiles, traduit par une augmentation du choix, de la production et de l'accession à l'automobile, via l'ouverture du recours au crédit dans les années 1960[21], élan stoppé par le premier choc pétrolier. Celui-ci, conjugué à la hausse de l'insécurité routière, aura des conséquences durables sur la relation entre l'automobile et la société, conduisant en particulier à une forte vague de réglementation de la vitesse.
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+ Puis les aspects socioenvironnementaux (écologie, sécurité routière) sont devenus des enjeux, tant pour la conception des automobiles et des transports à la fin de XXe siècle, que pour les choix des consommateurs, conduisant à des innovations telles que le downsizing, la motorisation hybride lancée sur la Toyota Prius (1997) puis la Honda Insight (1999) et, le retour de la voiture tout électrique Renault Zoé, Tesla tous modèles.
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+ L'industrie automobile prend une place importante dans l'industrie de plusieurs grands pays industrialisés. Elle prend parfois un aspect stratégique compte tenu à la fois de sa proximité historique avec les industries militaires, de l'importance qu'elle peut prendre dans le produit intérieur brut et l'emploi de certains pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne) et de l'image que l'automobile peut donner d'un pays auprès de l'extérieur (le design italien, l'american way of life, la mécanique allemande, le zéro défaut japonais, l'innovation française, etc.).
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+ Le secteur de l'industrie automobile est aujourd'hui organisé en grands groupes d'assembleurs finaux qui utilisent des pièces en provenance d'un grand nombre de fournisseurs et de sous-traitants, mais qui maintiennent généralement en interne les activités industrielles les plus lourdes comme la tôlerie ou la production des moteurs.
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+ En 2013, la production globale s'élève à 83 millions de voitures particulières, soit 20 % de plus qu'en 2008[25].
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+ Les équipementiers, dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 milliards d'euros, sont Denso, Delphi, Visteon, Valeo, Faurecia, Magna International, Bosch.
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+ En date de 2012, les principaux producteurs mondiaux d'automobiles, par groupe, en 2010 (VP) incluent :
77
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+ La vente d'automobiles représente aussi un important secteur économique. La diffusion de la production automobile est généralement assurée par un réseau d'entreprises indépendantes, pour les constructeurs nationaux, ou via un importateur, avec le même type de réseau, pour les autres. L'importateur peut ne pas être une filiale du fabricant. Le réseau est généralement assuré d'une exclusivité régionale. Ce schéma classique de distribution a été mis à mal par les règles de libre concurrence s'exerçant dans de nombreux pays, et a conduit au développement des mandataires automobiles.
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+ En outre, la consommation automobile représente la part la plus importante du volume des crédits à la consommation, avec, en France en 2001, 37 % du volume de crédit affecté à l'achat de voitures neuves, et 66 % si on y ajoute les voitures d'occasion[26].
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+ Dès sa naissance, l'automobile a été perçue comme une invention dangereuse. Son évolution, destinée à répondre à la problématique soulevée par la prévention et la sécurité routières telles qu'elle était perçue au cours des années, a été tortueuse. Hormis la gestion du réseau routier ou du comportement des usagers, les problèmes soulevés sont ceux de la sécurité passive — la protection des occupants en cas d'accident de la route — et de la sécurité active — la prévention afin d'éviter l'accident. Historiquement, seul ce dernier aspect a continûment été amélioré ; L'amélioration de la sécurité passive n'a commencé que dans les années 1970, période de recrudescence des accidents mortels.
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+ Les premières voitures allaient à la vitesse du cheval mais contrairement à lui, étaient incapables d'être stoppées rapidement, surtout sur un réseau routier inadapté. La difficulté de leur conduite et la peur de cet engin nouveau ont conduit certains pays à légiférer très strictement en la matière, en imposant aux voitures d'êtres précédées d'un homme à pied (« Locomotive Act » au Royaume-Uni par exemple)[27].
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+ Le changement de perception par le grand public s'est produit lorsque l'automobile s'est démocratisée. Des années 1920 aux années 1960, la sécurité routière, ou son absence, n'émeuvent personne. La vitesse est libre hors agglomération et les comportements inciviques banals. En France, l'hécatombe a connu un sommet en 1972 avec 16 548 morts cette année-là, qui est marquée par la création de l'organisme interministériel de la sécurité routière[28]. Une baisse significative a été obtenue par la suite grâce à l'amélioration des véhicules, à la mise en place des limitations de vitesse, de l'obligation de port de la ceinture de sécurité, grâce à l'extension des autoroutes et à la réduction de la consommation de psychotropes et notamment l'alcool, pour arriver à environ 6 000 tués en France au début des années 2000.
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+ Cette évolution observable dans les pays développés est loin d'être généralisée. L'augmentation extrêmement rapide du nombre de véhicules en circulation dans les pays en développement (Chine, Inde, etc.) ou l'absence d'intervention pour la sécurité routière dans d'autres (Russie, Iran, etc.), conduit à une mortalité routière toujours en hausse à l'échelle mondiale, et pourrait devenir une des trois premières causes de mortalité[29]. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en juin 2009 le premier rapport mondial sur la sécurité routière de 178 pays qui conclut que les accidents de la route font chaque année 1,2 million de morts et 20 à 50 millions de traumatismes non mortels. Plus de 90 % des accidents ont lieu dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui comptent moins de la moitié du parc automobile mondial[30].
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+ Les évolutions des suspensions, des pneumatiques et l'apport de systèmes électroniques de contrôle de stabilité et d'autres aides à la conduite ont permis des progrès intéressants en matière de tenue de route des automobiles, favorisant la sécurité routière. Les automobiles dont la tenue de route est considérée comme dangereuse par les journalistes automobiles sont devenues rarissimes, alors que leur fréquence dans les années 1960 était plus significative.
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+ Il semble que les prochaines améliorations en matière de sécurité porteront moins sur la limitation des dégâts causés par les accidents que sur la réduction de leur nombre et de leur impact. En effet, les avancées de l'électronique et les efforts des constructeurs et équipementiers ont donné le jour à des équipements très sophistiqués qui se sont ou devraient progressivement se généraliser sur tous les véhicules. Le plus connu d'entre eux est l'ABS, permettant d'éviter le blocage des roues lors d'un freinage important du véhicule, et qui permet de conserver le contrôle de sa trajectoire[31]. Plus récemment, les constructeurs automobiles tentent de s'attaquer au problème primordial du comportement du conducteur, en intégrant des systèmes actifs destinés à pallier les défaillances de celui-ci, soit en le sollicitant directement (systèmes détectant le niveau de vigilance du conducteur), soit en le remplaçant (par exemple via des systèmes anti-collision pouvant freiner sans l'intervention du conducteur ou des voitures complètement autonomes).
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+ Les systèmes proposés par Mobileye (composés d’une caméra intelligente et d’un écran LED posé sur le tableau de bord) proposent plusieurs types d’alertes sonores et visuelles en temps réel d’aide à la conduite.
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+ Les systèmes de sécurité actifs ou passifs précédemment décrits contribuent à produire des voitures plus sûres. L'efficacité de ces systèmes est testée et mesurée lors d'essais de choc (ou crash tests) par des organismes internationaux comme l'EuroNCAP pour la communauté européenne. Une voiture sûre pour ses passagers constitue désormais un argument de vente pour les constructeurs automobiles qui font de gros efforts sur la question.
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98
+ De véritables progrès ont été faits depuis quelques années, notamment en ce qui concerne les « airbags » (coussins gonflables de sécurité) ou les ceintures à prétensionneurs évitant un choc violent du conducteur sur le volant. Sur les cabriolets, des arceaux situés derrière les sièges remontent très rapidement lorsque le calculateur estime qu'il y a un risque de retournement. Les constructeurs automobiles travaillent également sur des systèmes encore plus performants. Un important progrès dans ce domaine réside dans le fait que le nombre de coussins gonflables est passé de deux à huit en quelques années. Désormais plus aucune voiture ne sort sans en être équipée.
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+ Si les passagers sont de mieux en mieux protégés, ce n'était en revanche pas forcément le cas des piétons. Les nouvelles normes de sécurité prennent en compte les dommages portés à ceux-ci lors d'un choc frontal. Ces changements ont amené les constructeurs à développer des capots et des boucliers avant capables d'absorber une partie de l'énergie du choc afin de limiter les dégâts infligés aux piétons. Certains véhicules sont ainsi équipés de déclencheurs pyrotechniques qui soulèvent de quelques centimètres le capot lors d'un accident, pouvant éviter ou limiter le choc d'un piéton avec le bloc moteur.
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102
+ Le rapport entre l'automobile et la sécurité routière ne consiste pas seulement à évaluer la sécurité du véhicule considéré seul, mais aussi à étudier l'interaction entre les véhicules et les accidents. De ce point de vue, les 4x4, SUV, camionnettes et monospaces sont fréquemment critiqués en raison de l'obstruction du champ visuel des autres conducteurs qu'ils causent. Mais c'est surtout leur dangerosité en cas de collision avec une automobile légère ou un usager vulnérable qui leur est reprochée.
103
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104
+ Lors d'une collision entre deux véhicules, ceux-ci doivent dissiper la totalité de leur énergie cinétique, sous forme d'énergie mécanique (déformation des véhicules) ou cinétique (rebond possible d'un des véhicules). L'énergie cinétique étant proportionnelle à la masse, ces véhicules lourds provoquent des dégâts bien supérieurs à ceux d'un véhicule plus léger à vitesse égale. La dangerosité de ce type de véhicule pour les usagers vulnérables, en particulier les piétons, est liée à deux aspects : d'une part leur comportement routier inférieur (capacité d'évitement inférieure, distances de freinage plus longues) augmente le risque de collision avec un piéton dans les zones urbaines où la vitesse est inférieure à 60 km/h, et d'autre part la conception de ces véhicules est plus dangereuse pour les piétons lors d'accidents dans des zones où la vitesse est inférieure à 60 km/h[32].
105
+
106
+ Ce problème avéré de conception est mis en évidence par les tests EuroNCAP de choc avec un piéton, et parfois accentué par un accessoire à l'utilité discutable, le pare-buffle. Les propriétaires de ces voitures sont donc considérés par certains comme mettant en danger la vie d'autrui, et faisant le choix de leur sécurité propre au détriment de la sécurité des autres usagers de la route, idée contredite par certaines statistiques d'accidents[33]. À l'opposé, les défenseurs de ce genre de véhicule font valoir qu'une moyenne de comportement ne condamne pas l'ensemble des conducteurs. On ne peut juger un individu coupable par défaut, surtout de rouler dans un véhicule homologué. S'il y a une insuffisance, elle serait alors à chercher dans les objectifs que se fixent les administrations dont le rôle est d'assurer la sécurité de la population.
107
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108
+ La première course automobile est créée en 1894, reliant Paris à Rouen (distance de 130 km)[34]. Ces compétitions se multiplient et l'on voit émerger divers types d'épreuves mettant en œuvre des véhicules très différents.
109
+
110
+ Certaines de ces compétitions voient s'affronter des modèles standards commercialisés à grande échelle, mais plus ou moins lourdement modifiés, par exemple les rallyes ou le supertourisme, alors que d'autres mettent en scène des véhicules spécialement conçus pour la course, comme la Formule 1, ou les Sport-prototypes qui participent aux 24 Heures du Mans. Le succès dans ces sports dépend tout autant du véhicule et de l'équipe qui le prépare que du pilote. Certaines catégories couronnent d'ailleurs à la fois le meilleur pilote et le meilleur constructeur ou la meilleure écurie.
111
+
112
+ La compétition automobile peut être extrêmement physique (accélération centrifuge en courbe, en phases d'accélération et aux freinages), en F1, il n'est pas rare de dépasser les 4 g. Un pilote peut perdre jusqu'à cinq kilos lors d'un Grand Prix ou d'une course d'endurance (déshydratation).
113
+
114
+ Les confrontations entre constructeurs ou contre la montre sont aussi les deux moyens permettant l'innovation et le développement technologique. C'est notamment pour tester la fiabilité des moteurs thermiques qu'ont été créés les premiers rallyes au début du XXe siècle. C'est dans cette même optique qu'en 2014 est lancé un championnat de formule électrique ou que sont construits des démonstrateurs de technologies tels que la Venturi VBB 2.5 véhicule le plus rapide du monde, flashé à 495 km/h[35] par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) en 2010.
115
+
116
+ L'organisation du sport automobile est chapeautée par la Fédération internationale de l'automobile, qui collabore avec des fédérations sportives nationales, dont la Fédération française du sport automobile, qui compte 70 000 licenciés. Il existe une variété de compétitions amateur et professionnelles, du karting aux formules monoplaces, ou du slalom au rallye, en passant par la course de côte, ainsi que des filières permettant la progression compétitive des jeunes pilotes.
117
+
118
+ L'entretien et la réparation des automobiles occupe une part importante dans le nombre d'emplois, mais surtout dans le nombre d'entreprises, liées à la filière de l'automobile. Ce sont l'ensemble des concessionnaires, garages, réseaux de vente de pièces détachées et d'accessoires (centres auto ou démolisseurs), pour la plupart des PME. C'est aussi, sur la durée de vie d'un véhicule, un coût financier non négligeable. Enfin, lorsqu'une réparation n'est plus possible ou souhaitée, on trouve dans cette filière les professionnels du recyclage des véhicules en fin de vie. Les réseaux d'entretien et de ventes d'accessoires sont aussi associés au phénomène du tuning, qui a eu pour effet de donner naissance à des rassemblements durant lesquels les voitures concourent pour leur technique ou leur aspect esthétique.
119
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+ Dans le cadre de la sécurité routière, de nombreux pays ont estimé nécessaire d'introduire un contrôle technique des véhicules automobiles, afin d'améliorer l'état du parc roulant et à en faire sortir les véhicules dangereux ou trop polluants. Un premier contrôle est effectué après 3 ou 4 ans, puis tous les ans ou tous les 2 ans selon les pays. Le coût du contrôle est très variable ; au Japon par exemple, son coût d'au minimum 70 000 ¥, soit 600 €, incite les usagers à se débarrasser de leur véhicule avant l'échéance[36].
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+
122
+ Dès ses débuts, l'automobile a posé un problème de cohabitation avec les autres usagers des rues et des routes. Aussi dès la fin du XIXe siècle, les responsables de la sécurité ont commencé à réglementer son usage[37], d'abord par des permis de conduire, puis par le Code de la route, apparu en France en 1921[38]. Aujourd'hui, un permis de conduire est requis dans pratiquement tous les pays du monde, mais son obtention, et l'apprentissage de la conduite en général peuvent prendre des formes très différentes. Un âge minimal est requis, souvent celui de la majorité, donc compris entre 16 et 21 ans, pour conduire seul une automobile. L'apprentissage est généralement effectué dans une auto-école, mais il reste, en France, légalement possible d'apprendre la conduite sans passer par ce type d'organismes. En France un nouveau permis de conduire sera délivré à partir de lundi 16 septembre 2013[39], ce nouveau permis doté d’une carte à puce électronique et d’une bande MRZ est ultra-sécurisé et quasiment infalsifiable. Les statistiques de la sécurité routière ayant montré la prépondérance des jeunes conducteurs parmi les accidentés de la route, des mesures spécifiques pour les premières années après l'obtention du permis sont prises dans beaucoup de pays : identification visible des jeunes conducteurs (A en France, L en Allemagne, Suisse, Royaume-Uni...), limitations de vitesses abaissées pour eux, ou encore limitation du rapport poids-puissance des véhicules (cas de l'Italie).
123
+
124
+ En raison de son importance économique, le secteur de l'automobile, comprenant aussi bien la production que l'entretien, est un très gros employeur. Le seul secteur de la conception et de la production emploie environ 1,9 million de personnes en l'Europe des quinze, et 1,1 million aux États-Unis, soit jusqu'à plus de 10 % de la population active dans le cas de l'Allemagne[40].
125
+
126
+ En 2012, l'industrie automobile en France emploie directement 583 000 personnes (matières premières, construction, équipements) et 2,351 millions au sens large, ce qui comprend les emplois dans l'industrie, dans l'usage de l'automobile (vente, maintenance, assurances, auto-écoles, presse, vente de carburants...) et les transports (transport routier de marchandises et de voyageurs, construction et entretien des routes...), soit environ 9 % de la population active[41]. Cette importance économique nécessite une filière de formation adaptée.
127
+
128
+ En France, celle-ci part du CAP pour aller jusqu'aux écoles d'ingénieurs généralistes telles que les Écoles centrales, ou spécialisées comme l'ESTACA, l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs ou l'ISAT, en passant par des BEP, baccalauréats professionnels et des BTS dont celui de d'après-vente automobile.
129
+
130
+ Reflets d'un secteur économique, les salons sont pour ses entreprises l'occasion de rivaliser en grandeur, innovations, etc. Dans le cas de l'automobile, cela se traduit entre autres par la production de concept-cars. Les principaux salons sont[42] :
131
+
132
+ En France il existe de nombreux magazines automobiles, aussi bien destinés aux professionnels qu'au grand public. Une partie des journalistes spécialisés sont regroupés au sein de l'association française de la presse automobile (AFPA). Les magazines automobiles francophones généralistes hors de France sont beaucoup plus rares. Ce secteur se distingue outre ses journaux d'actualité, par un grand nombre de magazines consacrés aux véhicules de collection en général, on bien à un type de véhicule précis (spécialité du groupe Michel Hommell), et enfin quelques magazines de tuning. Les plus lus sont Auto Moto, L'Automobile Magazine et Auto Plus[43].
133
+
134
+ Parmi les principaux magazines d'actualités, on retrouve :
135
+
136
+ Et parmi les magazines spécialisés :
137
+
138
+ Parmi les principaux sites internet, on retrouve :
139
+
140
+ Le rôle de la publicité est de présenter un produit sous un angle le plus positif possible, en faisant abstraction des défauts ou en déformant la réalité pour qu’il soit vendu le plus possible auprès des consommateurs, et il en va ainsi de tous les produits de consommation. Dans le cas des publicités pour les automobiles, il y a grand écart entre l’image qui est présentée et la réalité, car l’'élément récurrent pour promouvoir l'automobile, outre le modèle en lui-même, concerne les sentiments de liberté et d'indépendance que pourrait procurer l'automobile. Pour créer ces impressions auprès des consommateurs, les publicitaires mettent en avant dans les publicités télévisées, les magazines, les journaux, l'automobile dans un contexte idéal, où l'automobile (et ses occupants) est quasi systématiquement seule sur les routes, pour éviter certes de montrer d’autres marques, mais aussi dans un contexte où il n'y a aucun obstacle à son parcours, où il n'y a jamais d'embouteillage, de feu de circulation, de panneau de stop, de panneau de cédez-le-passage, de radar de contrôle routier, ou d'accident de la route notamment. Dans les publicités télévisées, une automobile s’arrête pour ainsi dire uniquement pour mettre en avant les performances de freinage. L'automobile évolue également souvent dans un environnement verdoyant ou en osmose avec la nature, alors qu'elle est l'une des principales sources de pollution de l'air qui se répercute sur la faune et la flore, y compris les voitures dites « vertes », car pour fabriquer et entretenir des voitures « vertes », il faut aussi extraire des matières premières qui sont source de pollution, ainsi que par sa contribution au mitage du territoire, par la création et l'entretien de routes, d'autoroutes ou de voies d'accès.[interprétation personnelle]
141
+
142
+ L'automobile a eu une place centrale dans de nombreux romans ou nouvelles et de nombreux films (notamment américains).
143
+
144
+ La généralisation de l'automobile à l'échelle planétaire depuis la fin du siècle dernier pose des problèmes quant au réchauffement climatique, à la pollution, à la sécurité et à la santé des personnes et en particulier des plus faibles (piétons, cyclistes, enfants, personnes âgées, etc.), à l'utilisation des ressources naturelles et en particulier à l'épuisement des réserves de pétrole.
145
+
146
+ L'impact sur l'environnement s'accroît avec l'augmentation du poids de l'automobile. En effet un véhicule lourd a un besoin en énergie plus important qu'un petit. L'aérodynamisme du véhicule devient prépondérant lorsque la vitesse augmente, les véhicules à surface frontale élevée sont alors défavorisés.
147
+
148
+ La recherche d'améliorations sur les moteurs est guidée par deux objectifs contradictoires : les pouvoirs publics imposent des normes environnementales de plus en plus sévères, qui vont à l'encontre de la diminution de la consommation. Par exemple, les obstacles à l'échappement (pot catalytique, filtre à particules) entraînent une augmentation de la consommation. Depuis la prise de conscience publique de l'impact environnemental des automobiles, le niveau de compromis est passé progressivement d'une forte volonté de réduire les polluants locaux, sources directes de maladies et de décès, durant les années 1970 à 1990, à une réglementation axée aujourd'hui vers une diminution des émissions de CO2. L'aspect des polluants locaux est traité à l'échelle européenne par les normes successives d'émissions (normes dites « Euro » 1 à 6), tandis que l'aspect des émissions de CO2 est pour l'instant traité par l'intermédiaire des objectifs globaux des constructeurs, ou via des législations fiscales nationales.
149
+
150
+ Au cours de sa fabrication, de sa maintenance et de son recyclage, l'automobile, comme de nombreux autres produits manufacturés, génère de la pollution, contribue à la raréfaction des ressources non renouvelables et consomme de l'énergie, dite énergie grise.
151
+
152
+ Autour de l'automobile, il faut prendre en compte l'infrastructure et la logistique nécessaire pour la fabrication, le transport, la maintenance, la réparation, le recyclage, la publicité ou l'organisation de salons automobiles ou dans un autre registre, pour soigner les blessés lors des accidents ou pour le contrôle policier des automobilistes lors de leurs déplacements. Cela comprend notamment, la fabrication et l'entretien d'usines, de garages, de stations-service, de stations de lavage, d'ateliers de réparation automobiles, de machines, d'outils, de pièces de rechange, de produits d'entretien ou de nettoyage, et du transport pour acheminer ces différents éléments du lieu d'extraction des matières premières tout au long de la chaîne de valeur jusqu'au lieu de vente du produit fini. La production de ces différents produits et services nécessite à son tour d'autres consommations intermédiaires.
153
+
154
+ L'impact environnemental le plus connu est la pollution atmosphérique due aux gaz d'échappements, qui peut aggraver les maladies respiratoires[44]. Avec les appareils de chauffage domestique, l'automobile est devenue le principal responsable de la pollution urbaine et du smog[réf. nécessaire], situation chronique dans la plupart des grandes villes surtout en période anticyclonique[interprétation personnelle]. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET), la pollution atmosphérique aux particules fines, liée pour près d'un tiers aux rejets polluants des voitures[45], serait responsable chaque année du décès prématuré de 6 500 à 9 500 personnes en France[46].
155
+
156
+ Par ailleurs, une étude européenne de 2005 estime que les particules en suspension, produites notamment par les véhicules diesel et par d'autres secteurs économiques (chauffage, industrie, agriculture), ont causé 42 090 décès prématurés en 2000 en France[47],[48].
157
+
158
+ Les principaux rejets des pots d'échappement automobiles sont[49] :
159
+
160
+ Ces rejets sont soumis à réglementations dans différents pays, par exemple les normes européennes d'émission pour l'Union européenne. Ces normes sont attachées à des cycles de conduite normalisés, comme le nouveau cycle européen de conduite ou ses homologues américains censés représenter un comportement routier typique. Les seuils adoptés par ces réglementations baissent régulièrement au cours des années.
161
+
162
+ Pour un modèle donné, une voiture à essence consomme un plus grand volume de carburant qu'une fonctionnant au Diesel car l'essence a une énergie volumique plus faible que le gazole. Mais aussi, le rendement thermodynamique d'un moteur essence est inférieur[réf. à confirmer][55]. La quasi-totalité des conducteurs observent des consommations supérieures à celles mesurées selon les normes dans des cycles de conduite fixés, qui sont pourtant celles utilisées commercialement[réf. à confirmer][56].
163
+
164
+ L'automobile a d'autres effets négatifs sur l'environnement :
165
+
166
+ La massification de l'automobile dans les soci��tés occidentales au cours du XXe siècle a eu des conséquences sociales nombreuses et profondes. Elle a contribué notamment au développement des banlieues puis de la périurbanisation, et au succès du modèle de la grande distribution. Les automobiles ont nécessité une adaptation et un développement considérable du réseau routier.
167
+
168
+ Les infrastructures routières nécessitent d'importants investissements[59],[60] et dépenses de fonctionnement. Elles fragmentent les paysages, morcellent les forêts, dénaturent le territoire et endommagent les écosystèmes et la santé. Selon les « détracteurs » de l'automobile comme les partisans du mouvement international Carfree, cet argent, investi dans des moyens de transports alternatifs ou plus communautaires permettrait un service de transport plus efficace, plus soutenable et durable et moins émetteur de gaz à effet de serre[61]. Pour certains, l'automobile renforce certaines inégalités sociales : les personnes pauvres et vulnérables ont moins d'accès à certains services tout en étant plus directement exposées aux nuisances de l'automobile et routières (bruits, pollution de l'air, accidents, détours imposés aux piétons et aux cyclistes, relégation urbaine, etc.).
169
+
170
+ L'automobile génère ainsi en amont et en aval de son usage[62] des coûts cachés (externalités, environnementales notamment) estimés par l'université technique de Dresde en 2012[63] à 373 milliards d'euros par an pour l'Europe (UE-27), pour les coûts évaluables. Chaque voiture immatriculée génère ainsi en moyenne 1 600 euros de coûts sociaux et environnementaux impayés (soit au total environ 3 % du PIB européen)[64]. La plupart des scénarios de prospective envisagent une augmentation des transports à horizon 2050, éventuellement au profit d'alternatives (dont « décarbonées »[65]) à la voiture dans les zones urbaines et périurbaines, selon les choix individuels et collectifs qui seront faits[66].
171
+
172
+ Si l'automobile est critiquée, pour d'autres elle est au contraire un formidable objet technologique qui évolue en permanence et est de moins en moins polluant[réf. nécessaire]. Elle est indispensable à de nombreuses personnes pour travailler et se déplacer ; l'industrie automobile, dans laquelle l'Europe et la France continuent d'occuper une place importante au niveau mondial, fournit directement ou indirectement un emploi à des millions de personnes. Enfin, conduire et avoir une voiture peut être un plaisir et doit pour certains rester une liberté qui, pour l'immense majorité des automobilistes, qui sont aussi des piétons ou des utilisateurs d'autres modes de transport, s'exerce dans le respect d'autrui.
173
+
174
+ La liberté de déplacement (en horaire et en itinéraire) qu'octroie la voiture personnelle la rend en effet plus souple que les transports collectifs. Au demeurant, ceux-ci ne peuvent répondre à tous les besoins, notamment dans les endroits éloignés des centres urbains, ou pour tout transport de charges ne serait-ce que modérément lourdes ou volumineuses.
175
+
176
+ Une autre approche, tenant compte de certains reproches formulées à l'encontre de la voiture personnelle, est en développement depuis le début des années 1990. On a vu se développer les solutions du covoiturage, de l'autopartage, ou plus simplement de la location de voiture, qui toutes optimisent l'usage d'un véhicule donné.
177
+
178
+ Face à ces controverses, mais aussi face à la pression financière ou légale exercée par les États, des associations de défense de l'automobile et des automobilistes sont nées, qu'elles soient historiques ou récentes. Les plus importantes historiquement sont les Automobile Club, nés autour de 1900, dont l'Automobile Club de l'Ouest, l'Automobile Club, ou l'ADAC allemand, qui, avec 20 millions de membres, est sans doute le plus important à l'échelle mondiale. Leur travail concerne aussi bien la défense politique que pratique, la promotion du sport automobile ou l'assistance routière, tout particulièrement pour l'ADAC ou le Touring Club Suisse. Plus récemment, en France, face à la montée de la répression des associations plus revendicatives sont apparues, comme 40 millions d'automobilistes ou la Ligue de Défense des Conducteurs[67].
179
+
180
+ « Sources that were identified as being common key categories for six of the seven main pollutants were Road transportation, Manufacturing industries and construction, National navigation (shipping) Agriculture/forestry/fishing and Residential. The importance of the Road transportation category in terms of the contribution it makes to total EU‑27 emissions is clear — it is the most significant source of NOX, CO, and NMVOCs, and the second most important source for PM10 and PM2.5 emissions. »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+ monoxyde de dihydrogène, oxyde d'hydrogène, hydrogénol, hydroxyde d'hydrogène, oxyde dihydrogéné, oxydane
4
+
5
+ 12,4 mbar (10 °C)
6
+ 23,4 mbar (20 °C)
7
+ 42,5 mbar (30 °C)
8
+ 73,8 mbar (40 °C)
9
+ 123,5 mbar (50 °C)
10
+ 199,4 mbar (60 °C)[6]
11
+
12
+ équation[7] :
13
+
14
+
15
+
16
+
17
+ P
18
+
19
+ v
20
+ s
21
+
22
+
23
+ =
24
+ e
25
+ x
26
+ p
27
+ (
28
+ 73.649
29
+ +
30
+
31
+
32
+
33
+
34
+ 7258.2
35
+
36
+ T
37
+
38
+
39
+ +
40
+ (
41
+
42
+ 7.3037
43
+ )
44
+ ×
45
+ l
46
+ n
47
+ (
48
+ T
49
+ )
50
+ +
51
+ (
52
+ 4.1653
53
+ E
54
+
55
+ 6
56
+ )
57
+ ×
58
+
59
+ T
60
+
61
+ 2.0000
62
+
63
+
64
+ )
65
+
66
+
67
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(73.649+{\frac {-7258.2}{T}}+(-7.3037)\times ln(T)+(4.1653E-6)\times T^{2.0000})}
68
+
69
+
70
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 273,16 à 647,13 K.
71
+ Valeurs calculées :
72
+ 3 170,39 Pa à 25 °C.
73
+
74
+ équation[7] :
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+ P
80
+
81
+ v
82
+ s
83
+
84
+
85
+ =
86
+ e
87
+ x
88
+ p
89
+ (
90
+ 35.169
91
+ +
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ 6149.4
97
+
98
+ T
99
+
100
+
101
+ +
102
+ (
103
+
104
+ 1.3785
105
+ )
106
+ ×
107
+ l
108
+ n
109
+ (
110
+ T
111
+ )
112
+ +
113
+ (
114
+ 5.4788
115
+ E
116
+
117
+ 3
118
+ )
119
+ ×
120
+
121
+ T
122
+
123
+ 1.0000
124
+
125
+
126
+ )
127
+
128
+
129
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(35.169+{\frac {-6149.4}{T}}+(-1.3785)\times ln(T)+(5.4788E-3)\times T^{1.0000})}
130
+
131
+
132
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 149,3 à 273,16 K.
133
+ Valeurs calculées :
134
+
135
+ L'eau est une substance chimique constituée de molécules H2O. Ce composé est très stable et néanmoins très réactif, et l'eau liquide est aussi un excellent solvant. Dans de nombreux contextes, le terme eau est employé au sens restreint d'eau à l'état liquide, ou pour désigner une solution aqueuse diluée (eau douce, eau potable, eau de mer, eau de chaux, etc.).
136
+
137
+ L'eau est ubiquitaire sur Terre et dans l'atmosphère, sous ses trois états, solide (glace), liquide et gazeux (vapeur d'eau). L'eau extraterrestre est également abondante, sous forme de vapeur d'eau dans l'espace et sous forme condensée (solide[b] ou liquide) à la surface, près de la surface ou à l'intérieur d'un grand nombre d'objets célestes.
138
+
139
+ L'eau est un constituant biologique important, essentiel sous sa forme liquide pour tous les organismes vivants connus[c]. Compte tenu de son caractère vital, de son importance dans l'économie et de son inégale répartition sur Terre, l'eau est une ressource naturelle dont la gestion est l'objet de forts enjeux géopolitiques.
140
+
141
+ La formule chimique de l’eau pure est H2O. L’eau que l’on trouve sur Terre est rarement un composé chimique pur, l’eau courante étant une solution d'eau, de sels minéraux et d'autres impuretés. Les chimistes utilisent de l'eau distillée pour leurs solutions, mais cette eau n'est pure qu'à 99 % : il s'agit encore d'une solution aqueuse.
142
+
143
+ Majoritairement observable sur Terre à l'état liquide, elle possède les propriétés d'un puissant solvant : elle dissout facilement et solubilise rapidement de nombreux corps sous forme d'ions, ainsi que de nombreuses autres molécules gazeuses[d], et par exemple les composants de l'air, en particulier l'oxygène ou le dioxyde de carbone. L'expression « solvant universel »[11] est toutefois sujette à maintes précautions, beaucoup de matériaux naturels (roches, métaux, etc.) étant non solubles dans l'eau (dans la plupart des cas ou de manière infime).
144
+
145
+ La surface de la Terre est recouverte à 71 % d’eau[12] (97 % d’eau salée et 3 % d’eau douce dans différents réservoirs) sous différentes formes :
146
+
147
+ La circulation de l’eau au sein des différents compartiments terrestres est décrite par le cycle de l'eau. En tant que composé essentiel à la vie, l’eau a une grande importance pour l'Homme[13] mais aussi pour toutes les espèces végétales et animales. Source de vie et objet de culte depuis les origines de l'Homme, l'eau est conjointement, dans les sociétés d'abondance comme la France, un produit de l'économie et un élément majeur de l'environnement.
148
+
149
+ Le corps humain est composé à 65 % d’eau pour un adulte, à 75 % chez les nourrissons et à 94 % chez les embryons de trois jours. Les cellules, quant à elles, sont composées de 70 % à 95 % d'eau. Les animaux sont composés en moyenne de 60 % d'eau et les végétaux à 75 %. On trouve néanmoins des extrêmes : la méduse (98 %) et la graine (10 %)[14].[réf. nécessaire]
150
+
151
+ L'eau a la propriété particulière de présenter une anomalie dilatométrique : sa phase solide est moins dense que sa phase liquide, ce qui fait que la glace flotte[15].
152
+
153
+ Le terme eau est un dérivé très simplifié du latin aqua via les langues d'oïl. Le terme aqua a été ensuite repris pour former quelques mots comme aquarium. Un mélange aqueux est un mélange dont le solvant est l'eau. Le préfixe hydro dérive quant à lui du grec ancien ὕδωρ (hudôr) et non pas de ὕδρος (hudros) lequel signifie « serpent à eau » (d'où l'hydre ).
154
+
155
+ Par « eau », on comprend souvent liquide incolore constitué en majorité d'eau, mais pas uniquement d'eau pure. Suivant sa composition chimique qui induit son origine ou son usage, on précise :
156
+
157
+ L'eau a été trouvée dans des nuages interstellaires dans notre galaxie, la Voie lactée. On pense que l'eau existe en abondance dans d'autres galaxies aussi, parce que ses composants, l'hydrogène et l'oxygène, sont parmi les plus abondants dans l'Univers.
158
+
159
+ Les nuages interstellaires se concentrent éventuellement dans des nébuleuses solaires et des systèmes stellaires tels que le nôtre. L'eau initiale peut alors être trouvée dans les comètes, les planètes, les planètes naines et leurs satellites.
160
+
161
+ La forme liquide de l'eau est seulement connue sur Terre, bien que des signes indiquent qu'elle soit (ou ait été) présente sous la surface d'Encelade, l'un des satellites naturels de Saturne, sur Europe et à la surface de Mars. Il semblerait qu'il y ait de l'eau sous forme de glace sur la Lune en certains endroits, mais cela reste à confirmer. La raison logique de cette assertion est que de nombreuses comètes y sont tombées et qu'elles contiennent de la glace, d'où la queue qu'on en voit (quand les vents solaires les touchent, laissant une traînée de vapeur). Si l'on découvre de l'eau en phase liquide sur une autre planète, la Terre ne serait alors peut-être pas la seule planète que l'on connaît à abriter la vie.
162
+
163
+ Les avis divergent sur l'origine de l’eau sur la Terre.
164
+
165
+ Le cycle de l'eau (connu scientifiquement sous le nom de cycle hydrologique) se rapporte à l'échange continu de l'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère, l'eau des sols, l'eau de surface, les nappes phréatiques et les plantes.
166
+
167
+ L'eau liquide est trouvée dans toutes sortes d'étendues d'eau, telles que les océans, les mers, les lacs, et de cours d'eau tels que les fleuves, les rivières, les torrents, les canaux ou les étangs. La majorité de l'eau sur Terre est de l'eau de mer. L'eau est également présente dans l'atmosphère en phase liquide et vapeur. Elle existe aussi dans les eaux souterraines (aquifères).
168
+
169
+ Le volume approximatif de l'eau de la Terre (toutes les réserves d'eau du monde) est de 1 360 000 000 km3. Dans ce volume :
170
+
171
+ Si la fraction d'eau sous forme gazeuse est marginale, la Terre a perdu au cours de son histoire un quart de son eau dans l'espace[17].
172
+
173
+ On sait depuis 2014 qu'une partie notable du manteau terrestre principalement constituée de ringwoodite, entre 525 et 660 km de profondeur, pourrait contenir jusqu'à trois fois le volume d'eau des océans actuels (et en serait la source principale). La quantification n'est pas encore définitive mais pourrait faire varier énormément le volume d'eau disponible sur Terre, même si son exploitabilité et son disponibilité spontanées sont douteuse[18],[19].
174
+
175
+ L'eau liquide semble avoir joué, et continue à jouer, un rôle primordial dans l'apparition et la persistance de la vie sur Terre. La forme liquide, contrairement aux états gazeux ou solide, maximise les contacts entre atomes et molécules, augmentant de fait leurs interactions. L'eau est une molécule polaire et un bon solvant, capable de solubiliser de nombreuses molécules. Le cycle de l'eau joue un rôle majeur, notamment par l'érosion des continents, qui permet d'apporter de grandes quantités de minéraux nécessaires à la vie dans les rivières, les lacs et les océans. Le gel de l'eau permet d'éclater les roches et augmente la disponibilité de ces minéraux[20].
176
+
177
+ Durant l'« Anthropocène »[21], l'humanité a bouleversé le cycle de l'eau, par la surexploitation de certaines nappes, la déforestation, le dérèglement climatique, la canalisation de grands cours d'eau, les grands barrages, l'irrigation à grande échelle[22]. Elle l'a fait à une vitesse et à une échelle qui ne sont pas comparables avec les événements historiques passés, et avec des effets qui dépassent ceux des grandes forces géologiques[22].
178
+
179
+ La température de vaporisation de l'eau dépend directement de la pression atmosphérique, comme le montrent ces formules empiriques :
180
+
181
+ Son point d'ébullition est élevé par rapport à un liquide de poids moléculaire égal. Ceci est dû au fait qu'il faut rompre jusqu'à trois liaisons hydrogène avant que la molécule d'eau puisse s'évaporer. Par exemple, au sommet de l'Everest, l'eau bout à environ 68 °C, à comparer aux 100 °C au niveau de la mer. Réciproquement, les eaux profondes de l'océan près des courants géothermiques (volcans sous-marins par exemple) peuvent atteindre des températures de centaines de degrés et rester liquides.
182
+
183
+ L'eau est sensible aux fortes différences de potentiel électrique. Il est ainsi possible de créer un pont d'eau liquide de quelques centimètres entre deux béchers d'eau distillée soumis à une forte différence de potentiel[23].
184
+
185
+ Un nouvel « état quantique » de l’eau a été observé quand les molécules d’eau sont alignées dans un nanotube de carbone de 1,6 nanomètre de diamètre et exposées à une diffusion de neutrons. Les protons des atomes d’hydrogène et d’oxygène possèdent alors une énergie supérieure à celle de l’eau libre, en raison d’un état quantique singulier. Ceci pourrait expliquer le caractère exceptionnellement conducteur de l’eau au travers des membranes cellulaires biologiques[24].
186
+
187
+ Radioactivité : elle dépend des métaux et minéraux et de leurs isotopes présent dans l'eau, et peut avoir une origine naturelle ou artificielle (retombées des essais nucléaires, pollution radioactive, fuites, etc.). En France , elle est suivie par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), y compris pour l'eau du robinet[25].
188
+
189
+ L'eau est un fluide thermodynamique d'usage courant, efficace et économique[3] :
190
+
191
+ La radiolyse de l'eau est la dissociation, par décomposition chimique de l'eau (H2O) (liquide ou de vapeur d'eau) en hydrogène et hydroxyle respectivement sous forme de radicaux H· et HO·, sous l'effet d'un rayonnement énergétique intense (rayonnement ionisant). Elle a été expérimentalement démontrée il y a environ un siècle. Elle se fait en passant par plusieurs stades physicochimiques et à des conditions particulières de température et de pression, de concentration du soluté, de pH, de débit de dose, de type et énergie du rayonnement, de présence d'oxygène, de nature de la phase de l'eau (liquide, vapeur, glace). C'est un phénomène encore incomplètement compris et décrit qui pourrait, dans le domaine du nucléaire, des voyages dans l'espace ou pour d'autres domaines, avoir dans le futur des applications techniques nouvelles, entre autres pour la production d'hydrogène[26].
192
+
193
+ À l’origine, un décimètre cube (litre) d’eau définissait une masse de un kilogramme (kg). L’eau avait été choisie car elle est simple à trouver et à distiller. Dans notre système actuel de mesure – le Système international d'unités (SI) – cette définition de la masse n’est plus valable depuis 1889, date à laquelle la première Conférence générale des poids et mesures définit le kilogramme comme la masse d’un prototype de platine iridié conservé à Sèvres. Aujourd’hui à 4 °C, la masse volumique est de 0,99995 kg/L. Cette correspondance reste donc une excellente approximation pour tous les besoins de la vie courante.
194
+
195
+ La molécule d'eau possède une forme coudée qui est due à ses orbitales non-liantes (doublets non-liants) qui créent des interactions avec les atomes d'hydrogène et les « poussent » vers le bas. Elle possède donc une structure tétraédrique (type AX2E2 en méthode VSEPR), l'angle H-O-H est de 104,5° et la distance interatomique dO-H = 95,7 pm soit 9,57×10-11 m.
196
+
197
+ L'eau étant une molécule coudée, sa forme joue un rôle important dans sa polarité. En effet, du fait de sa forme coudée, les barycentres des charges partielles positives et négatives ne sont pas superposés. Cela entraîne une répartition inégale des charges ce qui donne à l'eau ses propriétés de molécules polaires[27].
198
+
199
+ De là il vient que :
200
+
201
+ Ce qui explique, par exemple la forme particulièrement ordonnée des cristaux de glace. À quantité égale, la glace flotte sur l'eau (sa densité solide est plus faible que celle liquide).
202
+
203
+ L'eau est un composé amphotère, c'est-à-dire qu'elle peut être une base ou un acide. L'eau peut être protonée, c'est-à-dire capter un ion H+ (autrement dit un proton, d'où le terme protonée) et devenir un ion H3O+ (voir Protonation). À l'inverse, elle peut être déprotonée, c'est-à-dire qu'une autre molécule d'eau peut capter un ion H+ et la transformer en ion OH–. Cependant, ces réactions se produisent très rapidement et sont minimes.
204
+
205
+ Les solvants protiques ou polaires y sont solubles (grâce aux liaisons hydrogène) et les solvants aprotiques ou non-polaires ne le sont pas.
206
+
207
+ L’eau est le principal constituant du corps humain. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte est d'environ 65 %, ce qui correspond à environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes. Ce pourcentage peut néanmoins varier, plus une personne est maigre, plus la proportion d’eau de son organisme est importante. L'eau dépend également de l’âge : elle diminue avec les années, car plus les tissus vieillissent, plus ils se déshydratent, l’eau étant remplacée par de la graisse.
208
+
209
+ Dans l’organisme la concentration en eau varie d'un organe à l’autre et selon les cellules[29] :
210
+
211
+ L'organisme humain a besoin d'environ 2,5 litres d'eau par jour (1,5 litre sous forme liquide et 1 litre acquis dans la nourriture absorbée), davantage en cas d'exercice physique ou de forte chaleur ; il ne faut pas attendre d'avoir soif pour en absorber, surtout pour les femmes enceintes et pour les personnes âgées chez qui la sensation de soif est retardée. Sans eau, la mort survient après 2 à 5 jours, sans fournir aucun effort (40 jours sans nourriture en étant au repos).
212
+
213
+ Chaque jour l'organisme absorbe en moyenne[30],[i] :
214
+
215
+ Chaque jour, l'organisme en rejette[31],[i] :
216
+
217
+ On distingue huit types :
218
+
219
+ Les contrôles de qualité y recherchent d'éventuels polluants et substances indésirables, dont depuis peu, des médicaments, résidus de médicaments ou perturbateurs endocriniens[32] pour limiter les risques environnementaux et sanitaires des résidus de médicaments sur les milieux aquatiques.
220
+
221
+ De l'eau relativement pure ou potable est nécessaire à beaucoup d’applications industrielles et à la consommation humaine.
222
+
223
+ La communication des acteurs de la chaîne de l'eau en France aborde souvent l'opposition entre consommation d'eau en bouteille ou du robinet, qui est source de quelques polémiques :
224
+
225
+ En France, les deux types d'eau contiennent des polluants[33].
226
+
227
+ Par ailleurs, l'eau sert aussi à nettoyer la nourriture et les vêtements, à se laver mais aussi pour remplir des piscines (et il faut 60 m3 d'eau pour remplir une piscine privée moyenne[34]).[source insuffisante]
228
+
229
+ En France, de 2008 à 2015 les distributeurs d'eau de France métropolitaine fournissent environ 5,5 milliards de mètres cubes d’eau potable par an[35], soit, en moyenne, 85 m3 par habitant et par an[35], ou 234 litres d’eau par personne et par jour[35] dont un tiers vient des eaux de surface[35] (20 % de cette eau est perdue via les fuites du réseau de distribution[35]) ; et au total « plusieurs dizaines de milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année »[36] et utilisés comme eau potable (embouteillée ou non), mais aussi pour l'irrigation, l'industrie, l'énergie, les loisirs, le thermalisme, les canaux, l'entretien de voiries, la production de neige artificielle ou bien d'autres activités, mais c'est la production d'énergie qui en utilise le plus (59 % de la consommation totale) devant la consommation humaine (18 %), l'agriculture (irrigation) (12 %) et l'industrie (10 %)[37]. Une banque nationale des prélèvements sur l'eau[38] (BNPE) est disponible en ligne pour le grand-public comme les experts depuis 2015. Elle doit permettre le suivi des prélèvements quantitatifs (par environ 85 000 ouvrages connus en 2015) et d'évaluer la pression sur la ressource en eau (métropole et outre-mer français), avec des données détaillées ou de synthèse téléchargeables (mais « encore à consolider » en 2015)[39]).
230
+
231
+ D'un point de vue économique, le secteur de l'eau est généralement considéré comme partie prenante du secteur primaire car exploitant une ressource naturelle ; il est même parfois agrégé au secteur agricole[40].
232
+
233
+ L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour l’irrigation.
234
+
235
+ En France, l’agriculture absorbe plus de 70 % de l’eau consommée[41], ce qui peut s’expliquer par différentes raisons :
236
+
237
+ De ce fait, au début des années 1960, les agriculteurs, pour accroître de manière conséquente leurs rendements, ont eu recours à l’agriculture intensive (utilisation d’engrais chimiques, de pesticides et de produits phytosanitaires). Cette agriculture intensive a eu pour conséquence de polluer les eaux des sols avec de fortes concentrations en azote, phosphore et molécules issues des produits phytosanitaires[41]. Aujourd’hui, les traitements pour éliminer ces polluants sont complexes, onéreux et souvent difficiles à appliquer. Par conséquent, on s’oriente vers d’autres pratiques agricoles plus respectueuses de l’Homme et de l’environnement comme l’agriculture « intégrée » ou « biologique ». L'agroforesterie et les bocages sont des solutions pour construire des micro-climats et permettre la circulation de l'eau jusqu'à l'intérieur des terres grâce aux phénomènes d'évapotranspiration des végétaux. Pour exemple un hectare de hêtraie, qui consomme de 2 000 à 5 000 tonnes d’eau par an, en restitue 2 000 par évaporation[42].
238
+
239
+ L’eau est aussi utilisée dans nombre de processus industriels et de machines, telles que la turbine à vapeur ou l’échangeur de chaleur. Dans l'industrie chimique, elle est utilisée comme solvant ou comme matière première dans des procédés, par exemple sous forme de vapeur pour la production d'acide acrylique[43],[44],[45]. Dans l’industrie, les rejets d’eau usée non traitée provoquent des pollutions qui comprennent les rejets de solutions (pollution chimique) et les rejets d’eau de refroidissement (pollution thermique). L’industrie a besoin d’eau pure pour de multiples applications, elle utilise une grande variété de techniques de purification à la fois pour l’apport et le rejet de l’eau.
240
+
241
+ L’industrie est ainsi grande consommatrice d’eau :
242
+
243
+ C’est parce que les combustibles se combinent avec l’oxygène de l’air qu’il brûlent et dégagent de la chaleur. L’eau ne peut pas brûler puisqu’elle est déjà le résultat de la réaction de l’hydrogène avec l’oxygène.
244
+
245
+ Elle aide à éteindre le feu pour deux raisons :
246
+
247
+ Le craquage de l'eau ayant lieu à partir de 850 °C, on évite d'utiliser de l'eau sans additif si la température du brasier dépasse cette température. [réf. nécessaire]
248
+
249
+ L'assainissement et l'épuration sont les activités de collecte et traitement des eaux usées (industrielles, domestiques, ou autres) avant leur rejet dans la nature, afin d’éviter la pollution et les nuisances sur l’environnement. L'eau après un premier traitement souvent est désinfectée par ozonation, chloration ou traitement UV, ou encore par microfiltration (sans ajout de produit chimique dans ces derniers cas).
250
+
251
+ La protection de ce bien commun qu'est la ressource en eau a motivé la création d'un programme de l'ONU (UN-Water), et d'une évaluation annuelle Global Annual Assessment of Sanitation and Drinking-Water (GLAAS)[53], coordonné par l'OMS.
252
+
253
+ La multiplicité de ses usages fait de l'eau une ressource fondamentale des activités humaines. Sa gestion fait l’objet d'une surveillance permanente et affecte les relations entre les États.
254
+
255
+ Pour faire face à ces questions, un conseil mondial de l'eau, dont le siège est à Marseille, a été fondé en 1996, réunissant des ONG, des gouvernements et des organisations internationales. De manière régulière, un forum mondial de l'eau est organisé pour débattre de ces sujets, mais pas toujours dans la même ville. En parallèle au forum mondial de l'eau, un forum alternatif mondial de l'eau est organisé par des mouvements alternatifs.
256
+
257
+ En France, les nombreux acteurs de l'eau et leurs missions diffèrent selon les départements et les territoires. Il existait cinq polices de l'eau aujourd'hui coordonnées par les Missions interservice de l'eau[54] (MISE). Les Agences de l'eau sont des établissements publics percevant des redevances qui financent des actions de collectivités publiques, d'industriels, d'agriculteurs ou d'autres acteurs pour épurer ou protéger la ressource en eau. La distribution d'eau potable est un service public gérée au niveau communal ou EPCI, soit directement en régie, soit déléguée à une société privée (affermage, concession). L'ONEMA remplace le conseil supérieur de la pêche, avec des missions étendues.
258
+
259
+ La nouvelle « loi sur l'eau et les milieux aquatiques » (LEMA) de 2007 modifie en profondeur la précédente loi et traduit dans la législation française la « directive-cadre de l'eau » (DCE) européenne.
260
+
261
+ La gestion de l’eau couvre de nombreuses activités :
262
+
263
+ La France est le pays des grandes entreprises de l'eau (Suez, Veolia, etc.). Celles-ci prennent une importance mondiale depuis les années 1990. Mais avec le Grenelle de l'Environnement et du grenelle de la mer, et sous l'égide de personnalités telles que Riccardo Petrella, la question de l'eau comme bien public reste posée.
264
+
265
+ En 2009, un colloque[55] a porté sur la régulation et une plus grande transparence des services d'eau en France.
266
+
267
+ Les montagnes couvrent une part importante de la Terre. En Europe (35,5 % du territoire en Europe, 90 % en Suisse et en Norvège) et plus de 95 millions d’Européens y vivaient en 2006. Elles sont de véritables châteaux d’eau et jouent un rôle capital dans la gestion des ressources aquifères car elles concentrent une part importante des précipitations et tous les grands fleuves et leurs principaux affluents y prennent leur source.
268
+
269
+ En montagne, l'eau est une richesse écologique mais aussi source d'hydroélectricité et de commerce (mise en bouteille d’eau minérale), et le support de sports et loisirs en eaux vives. En Europe, 37 grandes centrales hydrauliques sont implantées en montagne (sur 50, soit 74 %) auxquelles s’ajoutent 59 autres grandes centrales sur 312 (18,9 %).
270
+
271
+ Les montagnes présentent des situations particulières, car elles sont tout d’abord des zones de risques :
272
+
273
+ Mais l’eau en montagne, est surtout une source de richesse et de développement. Une meilleure valorisation de ce potentiel par l’aménagement du territoire peut être la source de nouvelles richesses pour l’économie des zones de montagne, mais dans le cadre d’un comportement économe et responsable. Avec le réchauffement climatique, les situations d’évènements extrêmes comme les sécheresses, les inondations et l’érosion accélérée, risquent de se multiplier et d’être, avec la pollution et le gaspillage, d’ici une génération un des principaux facteurs limitant le développement économique et social dans la plupart des pays du monde.
274
+
275
+ Selon les experts réunis à Megève en mars 2007 dans le cadre de l’« Année internationale de la montagne » avec la participation de la FAO, de l’UNESCO, du Partenariat mondial de l'eau et du Réseau international des organismes de bassin, afin de tirer un diagnostic et de formuler les propositions présentées au forum mondial de l'eau de Kyoto (mars 2003) : « La « solidarité amont-aval » reste trop faible : il vaut mieux aider les montagnes dans le cadre de politiques intégrées de bassins, pour qu’ils assurent la gestion et l’équipement nécessaires des hauts bassins versants. […] Il est impératif en effet de conduire en montagne des actions particulières renforcées d’aménagement et de gestion pour mieux se protéger contre les inondations et l’érosion, lutter contre les pollutions et optimiser les ressources en eau disponibles pour les partager entre les usagers, tant en amont que dans les plaines en aval. »[réf. souhaitée]
276
+
277
+ Certains territoires connaissent un développement important induit par la mise en service d’infrastructures routières nouvelles et un dynamisme économique. En France, les documents d’urbanisme sont révisés fréquemment pour permettre la construction d’espaces nouveaux[réf. nécessaire]. Or, l'extension des territoires urbanisés génère des impacts sur l’environnement : accroissement des prélèvements pour l’alimentation des populations en eau potable, augmentation des rejets (eaux pluviales et eaux usées), fragmentation des milieux naturels, etc.[réf. souhaitée] Ceux-ci ne sont pas toujours correctement appréhendés au niveau des documents d'urbanisme, qui structurent et planifient l'espace[réf. nécessaire]. Ces réflexions ont été au cœur du Grenelle de l’Environnement en 2007.
278
+
279
+ Ces impacts doivent être pris en compte en amont, dès la définition des projets structurants à l’échelle d’un territoire. Aussi convient-il de les intégrer dans l’élaboration des documents de planification urbaine (plans locaux d’urbanisme, cartes communales, etc.).
280
+
281
+ La Terre est à 71 % recouverte d'eau[12]. 97 % de cette eau est salée et 2 % emprisonnée dans les glaces. Il n'en reste qu'un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif de l'humanité tout entière. L'eau et l'eau potable sont inégalement réparties sur la planète[56],[57],[58] et les barrages et pompages d'eau faits pour les besoins humains peuvent localement entrer en conflit avec les besoins agricoles et ceux des écosystèmes[59].
282
+
283
+ En 2017, sur 6,4 milliards d'êtres humains, 3,5 milliards de personnes boivent chaque jour de l’eau dangereuse ou de qualité douteuse[60]. De plus, 2,4 milliards ne disposent pas de système d'assainissement d'eau. En 2018, 2 milliards d'êtres humains dépendent de l'accès à un puits. Il faudrait mobiliser 37,6 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l'eau potable pour tous, quand l'aide internationale est à peine de trois milliards[60].
284
+
285
+ Selon l'ONG Transparency International, la corruption grève les contrats de l'eau dans de nombreux pays entraînant des gaspillages et des coûts excessifs pour les plus pauvres[61][réf. non conforme].
286
+
287
+ L'eau, en tant que ressource vitale, est une source de conflits, d'exacerbation de conflits, et elle est parfois instrumentalisée dans ce cadre[62],[63],[64],[65],[66],[67],[68]
288
+
289
+ En 2025, selon l'ONU, à cause de la surexploitation des nappes et de l'augmentation des besoins, 25 pays africains seront en état de pénurie d'eau (moins de 1 000 m3/hab/an) ou de stress hydrique (1 000 à 1 700 m3/hab/an)[69].
290
+
291
+ Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
292
+
293
+ Estimation de l'ONU de la pénurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.
294
+
295
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
296
+
297
+ L'impossibilité d'accès à l'eau potable d'une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les cinq secondes de maladies liées à l’eau et à un environnement insalubre[70] ; des millions de femmes s'épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde, dont 22 000 en Chine[71][réf. non conforme]. Selon l’ONG Solidarités International, 361 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée causée par un accès inadéquat à l’Eau, l'Hygiène et l'Assainissement (EHA)[72]. Toutes causes confondues (diarrhées, choléra, gastro-entérites infectieuses aigües et autres infections), ces maladies hydriques[73] représentent selon l'Unicef 1,8 million de victimes chez les moins de cinq ans[74]. Chaque année, 272 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d'infections transmises par l'eau insalubre[60].
298
+
299
+ La consommation d'eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
300
+
301
+ Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. « Alors qu’en moyenne un agriculteur malgache consomme dix litres d’eau par jour, un Parisien a besoin de 240 litres d’eau pour son usage personnel, le commerce et l’artisanat urbains, et l’entretien des rues. Quant au citadin américain, il consomme plus de 600 litres[77]. »
302
+
303
+ Au niveau planétaire, quatre milliards de personnes connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. D’ici 2025, 63 % de la population mondiale sera soumise au stress hydrique[60].
304
+
305
+ Dans le monde, il existe une forte inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. En Afrique par exemple, 90 % des tâches de collecte d’eau et de bois sont réalisés par les femmes. Au total, les femmes et les filles passent en moyenne six heures par jour à collecter de l'eau[60].
306
+
307
+ L'agriculture des pays développés est mise en cause pour sa consommation intensive d'eau :
308
+
309
+ Les solutions envisagées sont quantitative (économies, récupération de l'eau, réutilisation d'eaux grises ou usées) et qualitative (meilleure épuration)[réf. souhaitée].
310
+
311
+ Certains auteurs imaginaient déjà dans les années 1970 un traitement complet et la récupération et le traitement de toutes les eaux usées de manière que seules des eaux propres soient rejetées en rivière, en mer ou utilisées pour l'irrigation agricole[79].
312
+
313
+ Des solutions individuelles et collectives existent pour économiser l'eau, même en menant le mode de vie d'un habitant d'un pays développé.
314
+
315
+ L’eau a longtemps revêtu plusieurs aspects dans les croyances et les religions des peuples. Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie, guérisseuse, protectrice ou régénératrice.
316
+
317
+ Les sciences laissent penser que l’eau est indispensable à la vie. La mythologie et certaines religions ont lié l'eau à la naissance, à la fécondité, à la pureté ou à la purification.
318
+
319
+ L’eau revêt cet aspect desctructeur notamment lorsqu’on parle de fin du monde ou de genèse. Mais cela ne se limite pas aux religions monothéistes. Ainsi, dans l’épopée de Gilgamesh, une tempête qui dura six jours et sept nuits était à l’origine des inondations et de la destruction de l’humanité. Les Aztèques ont eux aussi cette représentation de l’eau puisque le monde du Soleil d’Eau placé sous le signe de l’épouse de Tlaloc est détruit par un déluge qui rasera même jusqu’aux montagnes. « Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. » : c’est par cela qu’est désignée la fin du monde dans la genèse judéo-chrétienne, et d’ajouter : « Les eaux grossirent de plus en plus, et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. »[81]. Le mythe des aborigènes d’Australie est, quant à lui, attaché à l’idée de punition et non pas de destruction, puisqu’une grenouille géante aurait absorbé toute l’eau et asséché la terre mais aurait tout recraché en rigolant aux contorsions d’une anguille. Les marées contribuent lentement aux phénomènes d'érosion et d'engraissement sur les littoraux mais ce sont les grandes inondations et tsunamis qui marquent périodiquement les esprits. Depuis l'ère industrielle, de nombreuses usines et autres facteurs de risques ont été concentrés dans les vallées et sur les littoraux, faisant que le risque technologique peut se combiner avec les risques liés aux manques ou excès d'eau. Le Genpatsu shinsai est par exemple au Japon l'association du risque nucléaire au risque de tsunami, l'occurrence simultanée de deux événements de ce type aggravant fortement leurs conséquences respectives.
320
+
321
+ Cet aspect donne à l’eau un caractère presque sacré dans certaines croyances. En effet, outre la purification extérieure que confère l’eau, il y a aussi cette faculté d’effacer les difficultés et les péchés des croyants à son contact et de laver le croyant de toute souillure. Les exemples sont nombreux, allant de la purification dans le Gange dans l’hindouisme (où beaucoup de rituels sont exécutés au bord de l’eau tels que les funérailles) ou les ablutions à l’eau dans l’Islam jusqu’au baptême dans le christianisme ou l’initiation des prêtres shintoïstes.
322
+
323
+ Outre l’aspect purificateur, l’eau s’est étoffée au cours des siècles et des croyances d’une faculté de guérison. Plusieurs signes de culte et d’adoration datant du Néolithique ont été retrouvés près de sources d’eau en Europe. Longtemps, des amulettes d’eau bénite ont été accrochées à l’entrée des maisons pour protéger ses occupants du Mal. On considère que le contact avec certaines eaux peut aller jusqu’à guérir de certaines maladies. L’exemple le plus proche est celui du pèlerinage à Lourdes en France où chaque année des milliers de gens se rendent pour se baigner dans sa source. Parmi les cas de guérison par l’eau de Lourdes, 67 ont été reconnus par l’Église catholique. Du point de vue de la science, les propriétés curatives ont été démontrées car aujourd’hui l’hydrothérapie est courante dans les soins de certaines maladies. Les rituels thérapeutiques christianisés des bonnes fontaines en constituent une autre illustration[82].
324
+
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+ Le canular du monoxyde de dihydrogène, conçu par Eric Lechner, Lars Norpchen et Matthew Kaufman, consiste à attribuer à l’eau la dénomination scientifique de monoxyde de dihydrogène (DHMO), inconnue des non-initiés, et à tenir à son sujet un discours solennellement scientifique de manière à créer chez l’auditeur une inquiétude injustifiée.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Dans le Wikilivre de Tribologie, on peut trouver des données concernant le frottement sur la glace.
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+ Le basket-ball ou basketball[4], fréquemment désigné en français par son abréviation basket, est un sport de balle et sport collectif opposant deux équipes de cinq joueurs sur un terrain rectangulaire. L'objectif de chaque équipe est de faire passer un ballon au sein d'un arceau de 46 cm de diamètre, fixé à un panneau et placé à 3,05 m du sol : le panier. Chaque panier inscrit rapporte deux points à son équipe, à l'exception des tirs effectués au-delà de la ligne des trois points qui rapportent trois points et des lancers francs accordés à la suite d'une faute qui rapportent un point. L'équipe avec le nombre de points le plus important remporte la partie.
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+ Le basket-ball se pratique exclusivement à la main, et les joueurs peuvent se déplacer balle en main en la dribblant sur le sol ou en effectuant deux pas maximum sans dribbler. L'équipe en possession du ballon (les attaquants) tente d'inscrire des points en réalisant des tirs, des double-pas ou des dunks tandis que l'équipe en défense essaie de les en empêcher en réalisant des interceptions de balle ou des contres. Si le tir échoue, les joueurs des deux équipes tentent d'attraper la balle au rebond.
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+ James Naismith, un professeur d'éducation sportive, invente le basket-ball en 1891 dans l'État du Massachusetts (États-Unis) pour maintenir la condition physique de ses élèves durant l'hiver. Le sport devient rapidement populaire et se développe dans les universités et écoles secondaires en Amérique du Nord au début du siècle. La Fédération internationale de basket-ball (FIBA) est créée en 1932 et le sport est inscrit au programme des Jeux olympiques en 1936. La principale ligue professionnelle masculine des États-Unis, la National Basketball Association (NBA), est fondée en 1946 et voit émerger de grands joueurs qui contribuent à l'accroissement de la popularité du basket-ball : Wilt Chamberlain et Bill Russell dans les années 1960, puis Kareem Abdul-Jabbar, Moses Malone, Larry Bird, Magic Johnson, et surtout Michael Jordan, fréquemment considéré comme le plus grand basketteur de l'histoire[5], puis Kobe Bryant et LeBron James.
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+ Le basket-ball est aujourd'hui l'un des sports les plus pratiqués au monde, avec plus de 450 millions de pratiquants en 2013. De nombreux championnats ont été créés sur les cinq continents, notamment en Europe et en Asie, où le sport est en plein essor depuis les années 2000. Les femmes représentent une bonne partie des pratiquants, malgré une plus faible exposition médiatique du basket-ball féminin. De nombreuses variantes du basket-ball se sont développées, comme le basket-ball en fauteuil roulant, le streetball (« basket-ball de rue ») ou le basket-ball à trois contre trois. Enfin, une culture a peu à peu émergé autour du sport et prend forme dans la musique, la littérature, le cinéma et le jeu vidéo.
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+ « Le basket-ball n'a pas été inventé par accident. Il s'est développé pour répondre au besoin. »
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+ — James Naismith[6]
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+ Le basket-ball est inventé en décembre 1891 par James Naismith, professeur d'éducation physique canado-américain au Springfield College, dans l'État du Massachusetts (États-Unis)[7]. Lors d'une journée de pluie, Naismith tente d'assurer malgré tout son cours de sport, et essaie de développer un sport d'intérieur pour maintenir la condition physique de ses élèves entre les saisons de football américain et de baseball, pendant les longs hivers de la Nouvelle-Angleterre[7]. Il souhaite leur trouver une activité où les contacts physiques sont restreints, afin d'éviter les risques de blessure.
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17
+ Après avoir écarté certains jeux trop violents ou peu appropriés à une pratique en salle, il reprend l'idée d'un ancien jeu de balle maya (le Pok-ta-pok)[8] et place deux caisses de pêches sur les rampes du gymnase, à 3,05 mètres de hauteur (dix pieds). Le but du jeu est de faire pénétrer un ballon dans ces caisses en bois pour marquer un « panier ». Contrairement aux paniers actuels, la caisse de pêches dispose d'un fond : la balle devait donc être récupérée manuellement après chaque « panier » inscrit. Afin d'éviter d'avoir à rechercher systématiquement la balle, le fond du panier est évidé pour pouvoir l'extraire avec une longue perche[7]. Naismith établit rapidement treize règles principales (les Treize règles originelles) pour rendre le jeu praticable ; la majorité sont encore en vigueur[7]. Ces règles comportent notamment l'interdiction de courir en tenant la balle (marcher) et de « donner des coups d'épaule, de tenir, de pousser ou de faire tomber de quelconque manière » l'adversaire. Elles définissent en outre la durée d'une partie : quatre quarts-temps de quinze minutes, avec une pause de cinq minutes entre elles.
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19
+ Ce sport est baptisé basket-ball, ce qui signifie littéralement en anglais « ballon panier ». Il est d'abord pratiqué avec un ballon de football, puis avec des balles de couleur brune[7]. Le tout premier match public de basket-ball est joué le 11 mars 1892 entre des élèves d'une classe d'étudiants de la Springfield Christian Training Association et leurs enseignants. Les étudiants gagnent 5-1 ; le seul panier marqué par les enseignants est celui du célèbre entraîneur de football américain Amos Alonzo Stagg[9]. La même année, le jeu est adapté pour être joué par des femmes. Le premier match féminin se déroule en 1893 au Smith College de Northampton, dans le Massachusetts[7]. Dès 1897-1898, le nombre de joueurs par équipe est fixé à cinq. À l'occasion d'une démonstration au Y.M.C.A. de New York en avril 1892, la discipline gagne une première mention dans The New York Times[10]. Il est présenté comme « un nouveau sport de balle, un substitut du football sans ses aspects brutaux »[10]. Les premiers articles sur ce sport en France datent de 1897[11]. Dans ce dernier pays, il est d'abord plutôt considéré comme un sport féminin et se fait encore appeler « balle au panier »[12].
20
+
21
+ En 1906, les caisses en bois sont finalement remplacées par des anneaux en métal fixés à des panneaux[7]. La balle passe ainsi à travers un arceau et retombe au sol lorsqu'un panier est inscrit. Le panneau sert quant à lui à éviter que la balle n'atterrisse dans les tribunes, et permet d'effectuer des tirs avec rebond. Dans son journal, découvert en 2006 par sa petite-fille, James Naismith fait part de ses appréhensions quant au jeu qu'il a inventé, et indique qu'il y a introduit certaines règles d'un jeu enfantin médiéval, le Duck on a Rock[13].
22
+
23
+ Au début de son histoire, le basket-ball est surtout porté sur le jeu offensif et la défense est reléguée au second plan. La défense est alors la phase passive du basket-ball, où les joueurs attendent l'échec de l'adversaire ; elle a depuis acquis un rôle comparable à celui de l'attaque. Par ailleurs, la passe et le tir étaient les seules manières de déplacer la balle vers le panier. En effet, le dribble n'existait pas dans le basket-ball originel, hormis lors d'une éventuelle passe à un coéquipier avec rebond au sol : il était rendu difficile par la forme asymétrique des premiers ballons. Il est devenu essentiel dans le jeu à partir des années 1950, lorsque les ballons manufacturés eurent une forme régulière et les qualités de rebond nécessaires[réf. souhaitée].
24
+
25
+ Le sport prend diverses appellations en fonction des pays. En espagnol, il est nommé baloncesto (Espagne)[14] ou básquetbol (Argentine)[15] ; en italien pallacanestro[16] ; et en tchèque košíková.
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27
+ La Young Men's Christian Association (YMCA) joue un grand rôle dans la diffusion du basketball à travers les États-Unis et le Canada, mais aussi dans le reste du monde. Le premier match européen est disputé en 1893 à Paris, dans le quartier de Montmartre[17]. À la même époque, des matchs sont organisés à Tianjin (Chine)[18], en Inde, au Japon et en Perse[19]. Dès 1895, le sport est pratiqué dans plusieurs lycées de jeunes filles. Toutefois, la YMCA ne parvient pas à préserver l'esprit originel du basketball, qui devient de plus en plus violent et est pratiqué par des bandes de jeunes bagarreurs. Pour permettre le respect des règles de jeu, la première ligue professionnelle, la National Basketball League, est fondée aux États-Unis en 1898 avec six équipes. Les premiers champions sont les Trenton Nationals, suivis des New York Wanderers, des Bristol Pile Drivers et des Camden Electrics. La ligue est dissoute en 1904. De nombreux championnats sont alors organisés.
28
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29
+ Au tout début du XXe siècle, le basketball devient peu à peu une activité courante dans de nombreuses universités américaines, notamment grâce à l'action de James Naismith. Le premier match interuniversitaire est disputé le 9 février 1895 entre l'université Hamline et l'école d'agriculture de l'université du Minnesota ; cette dernière remporte le match sur le score de 9 points à 3[20]. La première équipe universitaire est fondée en 1896 au Geneva College de Pittsburgh. Naismith lui-même entraîne pendant six ans l'équipe de l'université du Kansas, avant de laisser la place à Phog Allen. Amos Alonzo Stagg introduit le basketball à l'université de Chicago tandis qu'Adolph Rupp, un ancien élève de Naismith, connaît le succès en tant qu'entraîneur de l'université du Kentucky.
30
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31
+ Dès 1897, l'Amateur Athletic Union prend le contrôle de la gestion du basketball à la YMCA[20]. En 1901, de nombreuses universités commencent à financer des matchs, dont l'université de Chicago, Columbia, le Dartmouth College, l'université du Minnesota, l'Académie navale d'Annapolis, l'université du Colorado et Yale. Le premier match universitaire au Canada a lieu le 6 février 1904 et oppose l'université McGill à l'université Queen's. En avril 1905, des représentants de quinze universités créent le Basket Ball Rule Committee (« Comité de règlementation du basket-ball ») afin de superviser le basketball universitaire[20]. La même année, sur la suggestion du président Theodore Roosevelt qui estimait que les blessures étaient trop fréquentes dans le football américain, se forme l’Intercollegiate Athletic Association. Elle absorbe le comité en 1909, et devient en 1910 la NCAA - la principale fédération américaine de sport universitaire actuelle[20].
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+
33
+ Peu avant le début de la Première Guerre mondiale, la NCAA et l’Amateur Athletic Union se disputent ainsi le contrôle des règles du jeu. Après l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, les forces armées américaines contribuent à la diffusion du basketball sur le continent européen : plusieurs entraîneurs sportifs étaient présents aux côtés des troupes. Naismith a lui-même passé deux ans en France avec la YMCA à cette époque[21].
34
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+ La National Basketball League, fondée en 1898 et dissoute en 1904, est le précurseur des nombreuses ligues professionnelles créées aux États-Unis et dans le reste du monde tout au long du siècle. Hormis la Eastern Basket Ball League, fondée en 1909, les principales ligues professionnelles sont créées au début des années 1920 : la Metropolitan Basketball League (1921) et l'American Basketball League (1925). En 1922 est créée l'équipe des Rens de Dayton (également appelée New York Renaissance), composée uniquement d'Afro-Américains[23]. Leurs principaux rivaux étaient les Original Celtics, considérés comme les « pères du basketball » et présentés comme les champions du monde de la discipline[24]. À l'image des Harlem Globetrotters, fondés en 1926, ceux-ci organisaient des tournées dans le pays à la manière d'un cirque. Les Celtics dominent le basketball américain de 1922 à 1928, année de leur dissolution.
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+ Le 6 juin 1946 est créée la Basketball Association of America (BAA) : son premier match oppose les Huskies de Toronto, à domicile, aux Knickerbockers de New York[25]. Après trois saisons, en 1949, la ligue fusionne avec la National Basketball League pour former la National Basketball Association (NBA). Dès les années 1950 apparaissent les premières stars du basketball, dont le pivot George Mikan et le meneur Bob Cousy. Les Lakers de Minneapolis (qui s'installent à Los Angeles en 1960) et les Celtics de Boston assoient leur domination sur la NBA en remportant seize titres à eux deux de 1949 à 1970. Les deux équipes s'opposent alors dans une rivalité qui les voit s'affronter à dix reprises en finales entre 1959 et 1987.
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+ Les années 1960 voient éclore plusieurs joueurs aujourd'hui légendaires : l'arrière des Lakers Jerry West ; le meneur Oscar Robertson ; le pivot des Celtics Bill Russell, onze fois champion NBA et qui révolutionna la manière de pratiquer la défense[26] ; et Wilt Chamberlain, qui détient encore aujourd'hui de nombreux records de statistiques[27]. Le 2 mars 1962, il inscrit 100 points lors d'un match entre les Warriors de Philadelphie et les Knicks de New York[27].
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+
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+ En 1967, l'American Basketball Association (ABA) est lancée pour tenter de rivaliser avec la NBA, qui connaît un pic de popularité[28]. Celle-ci suscite l'intérêt du public en proposant un nouveau style de jeu et des règles différentes. La balle est tricolore (rouge, blanc, bleu), le jeu est plus agressif et spectaculaire, et le tir à trois points est créé[28]. Julius Erving est alors le joueur le plus célèbre de cette ligue, grâce à un style aérien où le saut et le jeu au-dessus du panier sont aussi importants que le tir. Toutefois, les faibles recettes et le succès déclinant de la ligue la contraignent à être absorbée par la NBA : ses quatre meilleures équipes (les Nets de New York, les Nuggets de Denver, les Pacers de l'Indiana et les Spurs de San Antonio) y sont incorporées, et certains éléments sont conservés, comme le tir à trois points[28]. Après 1970, la NBA est sans conteste la ligue de basketball la plus importante, tant en termes de popularité que de budget ou de niveau de jeu[29].
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+ Peu après sa création, le basket-ball s'étend progressivement en dehors des États-Unis et du Canada et atteint l'Europe, où il se développe rapidement. En 1909 se tient le premier match international de basketball, opposant le Mayak Saint-Pétersbourg (à domicile) à une équipe de YMCA américaine[30]. Le premier grand évènement européen se déroule en 1919 à Joinville-le-Pont durant les Jeux interalliés : les États-Unis, emmenés par Marty Friedman, l'emportent contre la France en finale[8]. Le jeu gagne en popularité dans ces deux pays.
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+ Le 18 juin 1932, la Fédération internationale de basket-ball amateur (FIBA) est fondée à Genève par l'Argentine, la Tchécoslovaquie, la Grèce, l'Italie, la Lettonie, le Portugal, la Roumanie et la Suisse[31]. À l'origine, cette fédération ne supervise que les équipes d'amateurs. Elle joue un rôle fondamental dans l'inscription du basketball au programme des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin. Les matchs y sont disputés en extérieur, sur un terrain en terre battue[8]. Le premier titre olympique est remporté par l'équipe nationale américaine, avec entre autres Sam Balter, Ralph Bishop et Francis Johnson, contre l'équipe du Canada. Le 22 août 1951, à Berlin-Ouest, une rencontre est disputée devant plus de 75 000 spectateurs, ce qui en ferait la plus importante fréquentation pour un match de basket-ball[32].
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+ Le premier championnat du monde de basket-ball est organisé en Argentine en 1950[33], et trois ans plus tard a lieu le premier championnat du monde de basket-ball féminin à Santiago du Chili[34]. L'épreuve féminine ne devient olympique qu'en 1976, lors des Jeux olympiques de Montréal[35], grâce notamment à l'action du secrétaire général de la FIBA Renato William Jones.
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+ La NBA gagne en visibilité et est diffusée dans un nombre croissant de pays, dont la France à partir de 1985[36]. De nouveaux talents émergent dans les années 1970, comme Kareem Abdul-Jabbar (meilleur marqueur de l'histoire de la NBA), Elvin Hayes, Moses Malone, Robert Parish ou Bernard King, ainsi que dans les années 1980 où débutent entre autres Hakeem Olajuwon, John Stockton, Karl Malone, Dominique Wilkins et Patrick Ewing. Toutefois, trois joueurs dominent la décennie et contribuent à accroître la popularité du basketball dans le monde : Larry Bird, Magic Johnson et surtout Michael Jordan, considéré comme le plus grand joueur de l'histoire[5]. À partir des années 1990, quelques équipes parviennent à remettre en cause la domination des Lakers de Los Angeles et des Celtics de Boston sur le basketball américain, comme les Bulls de Chicago emmenés par Jordan (six titres entre 1991 et 1998) et les Spurs de San Antonio (cinq titres de 1999 à 2014). De nouvelles stars font leur apparition : David Robinson, Gary Payton, Jason Kidd, Steve Nash, Dirk Nowitzki, Tim Duncan, Kobe Bryant ou encore Shaquille O'Neal, connu pour son physique impressionnant et ses facéties sur le terrain.
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+ La professionnalisation du basket-ball se poursuit dans les années 1970 et ne s'achève véritablement qu'en 1990. En 1989, la FIBA cesse d'exclure les joueurs professionnels de ses compétitions[8], et des joueurs professionnels sont pour la première fois admis aux Jeux olympiques de 1992. Néanmoins, la pratique amateur continue de se développer : en 2012, vingt-six millions d'Américains pratiquent le basketball (dont quinze millions de manière occasionnelle)[37]. En juin 2015, la Fédération française de basket-ball annonce une progression importante du nombre de licenciés, avec un record de plus de 600 000, dont 36 % de femmes[38]. Au début des années 2010, le basket-ball est l'un des sports les plus pratiqués au monde, avec plus de 100 millions de licenciés et plus de 450 millions de pratiquants occasionnels[39].
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+ Depuis la création du sport, les États-Unis ont dominé les compétitions internationales masculines et féminines, quoique concurrencés par les équipes de Yougoslavie (puis de Serbie) et d'Union soviétique. L'équipe américaine a notamment remporté l'or olympique à quatorze reprises, sur dix-huit olympiades où le basketball figure au programme. La première Dream Team (« Équipe de rêve ») américaine, composée notamment de Michael Jordan, Magic Johnson, Charles Barkley et Scottie Pippen, entre en compétition lors des Jeux olympiques de Barcelone et remporte le titre avec un écart moyen de 42 points sur ses adversaires. Elle est ainsi considérée comme la meilleure équipe de l'histoire[40]. Toutefois, avec la popularité croissante du basket-ball dans le monde, de nouvelles équipes nationales gagnent en niveau et parviennent à contester la suprématie américaine. L'équipe américaine, bien que composée intégralement de joueurs évoluant en NBA, finit sixième lors des championnats du monde en 2002 derrière la Yougoslavie, l'Argentine, l'Allemagne, la Nouvelle-Zélande et l'Espagne[41]. Lors des Jeux olympiques de 2004 à Athènes, les États-Unis n'obtiennent que la médaille de bronze, après des défaites contre Porto Rico, la Lituanie et l'Argentine. Ils perdent également contre la Grèce en demi-finales des championnats du monde en 2006. Selon le classement établi par la FIBA en date du 3 octobre 2015, l'équipe américaine demeure la meilleure au monde, suivie par l'Espagne, la Lituanie, l'Argentine, la France, la Serbie, la Russie, la Turquie, le Brésil et la Grèce[42].
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+ Depuis les années 1990, une « globalisation » du basket-ball semble se mettre en place, avec la création de nombreux championnats et ligues à travers le monde. Aux championnats les plus anciens, créés avant les années 1970 (Pro A, Lega Basket, ESAKE, TBL, BBL, Liga ACB) s'ajoutent de nouvelles ligues professionnelles, essentiellement en Asie où le sport est en plein essor. La première ligue professionnelle d'Asie, la Philippine Basketball Association (PBA), organise son premier match le 9 avril 1975 à Quezon City, dans la banlieue de Manille[43]. La National Basketball League est fondée en 1979 regroupe sept équipes australiennes et une équipe néo-zélandaise ; une ligue féminine est créée en 1981. Des ligues sont créées partout dans le monde dans les années 2000, comme la Bj League au Japon (2005), la NBB au Brésil (2008) et la VTB United League en Russie et Europe de l'Est (2008). Toutefois, c'est la Chinese Basketball Association qui connaît le plus fort développement et attire même d'anciens joueurs NBA, comme Metta World Peace, Stephon Marbury ou Tracy McGrady[44]. Au Canada, bien que le hockey sur glace demeure le sport le plus pratiqué et médiatisé, le nombre de licenciés et de matchs diffusés ne cesse de croître depuis une dizaine d'années[45].
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+ Face au développement international du basketball, la NBA s'est peu à peu ouverte aux meilleurs joueurs étrangers non formés aux États-Unis. Parmi les premiers figurent des Yougoslaves comme Dražen Petrović, Toni Kukoč et Vlade Divac, ou des Lituaniens (Arvydas Sabonis, Šarūnas Marčiulionis). Une vingtaine de joueurs français a foulé les parquets de la ligue américaine : Tariq Abdul-Wahad fut le premier, en 1997, suivi par d'autres comme Nicolas Batum, Joakim Noah, Mickaël Piétrus, Kevin Séraphin, Johan Petro, Boris Diaw ou encore Tony Parker, quatre fois champion NBA avec les Spurs de San Antonio. La ligue recrute aussi plusieurs joueurs africains : Manute Bol, Michael Olowokandi, DeSagana Diop, Luc Mbah a Moute, Hasheem Thabeet ou Bismack Biyombo.
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+ Des joueurs russes (Timofeï Mozgov, Andreï Kirilenko), espagnols (les frères Pau et Marc Gasol), allemands (Dirk Nowitzki, Detlef Schrempf), italiens (Andrea Bargnani, Marco Belinelli), suisses (Thabo Sefolosha, Clint Capela), argentins (Manu Ginóbili, Andrés Nocioni) et brésiliens (Anderson Varejão et Nenê) font également leur apparition. Quelques Australiens (Luc Longley, Andrew Bogut) sont aussi parvenus à intégrer un club américain. Enfin, depuis les années 2000 et le gain de popularité du basketball en Asie, la NBA a accueilli quelques joueurs chinois ou d'origine chinoise : Yi Jianlian, Wang Zhizhi, Jeremy Lin et surtout le géant Yao Ming, figure de proue de l'expansion du basket-ball en Chine, où le basket-ball est devenu le deuxième sport le plus pratiqué après le tennis de table[46],[47].
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+ L'histoire du basket-ball féminin débute en 1892 au Smith College (Massachusetts), lorsque la professeure d'éducation physique Senda Berenson Abbott adapte les règles du jeu pour les femmes[48]. Ainsi, elle interdit d'arracher le ballon à l'adversaire ou de dribbler au sol plus de trois fois, afin de ne pas « développer une tendance à la nervosité et perdre la grâce, la dignité et l'estime de soi »[48]. Peu après avoir été embauchée, elle rencontre Naismith afin d'en apprendre davantage sur le basket-ball[49]. Convaincue de l'intérêt de ce sport et des valeurs qu'il peut véhiculer, elle organise le premier match universitaire féminin au Smith College le 21 mars 1893 : les élèves en première année (freshmen) jouent contre les deuxièmes années (sophomores)[50]. Le sport s'implante dans plusieurs universités pour femmes, dont Wellesley, Vassar et Bryn Mawr College[48]. Le 4 avril 1896, l'équipe de Stanford affronte celle de Berkeley dans un match à neuf contre neuf, qui voit la victoire de Stanford par 2–1.
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+ En 1895, Clara Gregory Baer publie le premier recueil des règles du basket-ball féminin, alors appelé basquette. Les règles de Berenson sont publiées pour la première fois en 1899, et celle-ci réalise la première édition du Women's Basketball Guide d'Albert Spalding en 1901[50]. La pratique féminine est alors très mal considérée : devant le développement du sport dans les lycées, de nombreuses études tentent de prouver les effets du basket-ball sur la moralité des jeunes filles et prônent son interdiction[48]. Les joueuses portent le corset ainsi que de longues robes, qui les font fréquemment trébucher[48]. Le tir devait être effectué à une seule main : tirer à deux mains était jugé disgracieux car il mettait la poitrine en avant[48]. Les joueuses des Edmonton Grads, une équipe canadienne qui réalise des tournées entre 1915 et 1940, n'étaient pas payées et devaient impérativement rester célibataires[45].
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+ De premières stars féminines émergent aux États-Unis, comme Mildred Didrickson des Golden Cyclones et l'équipe des All American Red Heads. Cette dernière se produit en spectacle à la manière des Globetrotters de Harlem et joue parfois contre des équipes masculines, avec les règles destinées aux hommes[48]. Elles ont cependant pour obligation de se maquiller et de soigner leur apparence[48]. Dès 1924, la Fédération sportive féminine internationale organise une compétition de basket-ball. Les Edmonton Grads dominent le basket-ball féminin jusqu'aux années 1940 : elles jouent contre toutes les équipes qui acceptent de les défier et remportent 522 victoires pour seulement 20 défaites. Elles remportent également le tournoi de démonstration du basket-ball féminin aux Jeux olympiques de 1924, 1928, 1932 et 1936.
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+ Le basket-ball féminin accède à plus de reconnaissance dans la seconde moitié du XXe siècle, avec notamment la création du championnat du monde de basket-ball féminin en 1953 et du championnat d'Afrique en 1966[51]. Le sport prend son essor aux États-Unis après l'adoption du Titre IX, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d'éducation soutenus par l’État, et permet la constitution de nombreuses équipes universitaires : un championnat NCAA féminin est créé en 1982[52]. En 1976, le basket-ball féminin devient un sport olympique[53]. L'équipe des États-Unis (7) et celle d'URSS/Russie (3) se partagent les dix titres mis en jeu. En 1985, Senda Berenson, Bertha Teague et Margaret Wade deviennent les premières femmes à être intronisées au Basketball Hall of Fame[48]. La professionnalisation du basket-ball féminin se renforce en 1997 avec la création de la Women's National Basketball Association (WNBA), sur le modèle de la NBA. Elle voit rapidement émerger des joueuses vedettes telles que Lisa Leslie, Tina Thompson, Sue Bird, Diana Taurasi ou Candace Parker. Les matchs de la ligue sont diffusés sur la chaîne de télévision ESPN depuis 2009 et participent au développement de la popularité du basket-ball féminin[54].
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+ Le basket-ball se joue généralement dans un endroit couvert, comme un gymnase, mais peut aussi être pratiqué sur des aires de jeu en tant que loisir, sous sa variante la plus populaire : le streetball (« basket-ball de rue »). Le terrain est doublement symétrique, en longueur et en largeur. Ses dimensions varient, selon les pays ou les normes internationales, de 22,50 à 29 mètres de long sur 13 à 15 mètres de large. Les terrains en extérieur (playgrounds) peuvent être goudronnés ou en terre battue. Les terrains couverts sont généralement réalisés en parquet, avec des lattes d'érable disposées dans le sens de la longueur. Le nom et le logo de l'équipe résidente sont souvent peints sur le cercle central. Les salles accueillant des matchs en compétition possèdent des équipements supplémentaires comme l'horloge des 24 secondes, une table de marque (sur le côté), des tableaux d'affichage et des compteurs. Aux États-Unis, la plupart comprennent également des écrans suspendus au plafond.
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+ Aux deux extrémités du terrain se trouve un panier, formé par un anneau (ou arceau) métallique situé à 3,05 m du sol, en dessous duquel est attaché un filet ouvert en son centre[55]. L'arceau est fixé à un panneau rectangulaire vertical (la « planche ») sur lequel la balle peut rebondir lors d'un tir. Certains arceaux peuvent s'incliner lorsqu'un joueur effectue un dunk puis revenir en position horizontale (les anneaux inclinables). Toutefois, par extension, le terme de panier désigne la structure entière : le mât, le panneau, et le panier stricto sensu.
72
+
73
+ Sous chaque panier se trouve une zone rectangulaire (trapézoïdale avant octobre 2010) appelée la raquette (ou zone restrictive). Un arc de cercle situé à 6,25 m (6,75 m depuis 2010 pour les championnats de Pro A, Pro B, N1 français et basket-ball féminin ; 7,23 m en NBA) de chaque panier représente la ligne de tirs à trois points. Sous l'anneau est tracé un arc de cercle d'un rayon de 1,25 m dans lequel aucun passage en force d'un attaquant ne sera sifflé par l'arbitre[56].
74
+
75
+ Le ballon de basket-ball standard est de forme sphérique, et a une masse de 650 g et un diamètre de 24 cm. Sa pression intérieure est de 0,55 atm[57]. Initialement, le basket-ball se pratiquait avec un ballon de football, puis des ballons spécifiques de couleur marron. Ce n'est qu'à la fin des années 1950 que Tony Hinkle, désireux de créer une balle plus visible des joueurs et des spectateurs, développe la balle de couleur orange encore utilisée aujourd'hui[7]. Constituée de huit pièces de cuir cousues autour d'une chambre à air, il existe en plusieurs tailles : 7 pour les hommes, 6 pour les femmes, et de 5 à 3 pour les jeunes joueurs. Le ballon officiel de la NBA est fabriqué par Spalding, et celui de la FIBA par l'équipementier japonais Molten.
76
+
77
+ Au tout début du siècle, les joueurs portaient des maillots en tricot de laine et des pantalons en étoffe. La dureté du jeu et le mauvais état des terrains imposait en outre le port de protections aux genoux, aux coudes et aux tibias. Dès les années 1910, le port du maillot se développe et les pantalons en étoffe sont remplacés par des shorts. Dans les années 1960, l'habillement des joueurs évolue : les maillots deviennent plus légers et sont progressivement réalisés en fibres synthétiques. À l'initiative notamment de Michael Jordan, les shorts sont allongés et les maillots rendus plus larges[58]. En outre, certains joueurs portent des gaines au bras effectuant les tirs, ou plus rarement aux doigts : les sleeves. D'autres comme Slick Watts ou Bill Walton ont rendu populaires les bandeaux, portés autour de la tête ou au poignet[58]. Fabriqués en nylon et élasthanne extensibles, ils sont destinés à garder les muscles chauds ou éponger la sueur, mais sont aussi utilisés comme un accessoire de style[58].
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79
+ Les chaussures de basket-ball ont également changé au fil du temps. Au début du siècle, la plupart des joueurs portaient des chaussures de cuir peu confortables. En 1903, l'équipementier sportif Spalding met en vente un modèle spécialement conçu pour le basket-ball, avec un système de ventouses pour éviter de glisser[59]. Des modèles en toile et en caoutchouc ont ensuite été créés, parfois sur les conseils de joueurs comme Chuck Taylor, qui contribua au développement des Converse[60]. Les Chuck Taylor All Star et les Keds sont les chaussures les plus utilisées dans les années 1960 et 1970[58]. À partir des années 1980 apparaît la forme actuelle des chaussures de basket-ball, avec une forme montante cachant la malléole médiale afin d'éviter les risques de torsion de la cheville : Nike et Adidas dominent alors le marché[58]. Les plus grands joueurs sont sponsorisés par des fabricants de baskets, tel Michael Jordan avec Nike[61]: ce dernier a d'ailleurs développé sa propre collection de baskets nommée Air Jordan[58]. Si les chaussures de basket-ball se sont imposées en compétition et sont par exemple obligatoires lors des Jeux olympiques[55], il est cependant possible de pratiquer le sport en loisir avec de simples baskets.
80
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81
+ Dans les matchs officiels, chaque joueur porte un maillot numéroté. La règle FIBA impose les numéros de 4 à 15 lors des compétitions internationales, soit douze numéros (autant qu'il y a de joueurs dans une équipe). Toutefois, en NBA, les joueurs peuvent choisir n'importe quel numéro de 0 à 99 compris (le 00 existe aussi)[62]. Ainsi, en général et dans la mesure du possible, les joueurs de NBA conservent le même numéro durant toute leur carrière, même en changeant d'équipe, sauf quand un joueur le possède déjà ou quand celui-ci est retiré. Lorsque certains joueurs marquent l'histoire de leur franchise, il arrive que celle-ci décide de retirer leur numéro pour leur rendre hommage. Ainsi, le célèbre numéro 23 porté par Michael Jordan aux Bulls de Chicago a été rendu indisponible dans cette franchise après son départ[63].
82
+
83
+ Les durées de jeu et les dimensions des lignes du terrain varient souvent en fonction et des championnats et des ligues organisatrices : le règlement présenté ci-dessous comprend les normes internationales (FIBA) et nord-américaines (NBA). La FIBA a toutefois annoncé son intention de se rapprocher progressivement des normes américaines[64].
84
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85
+ L'objectif du jeu est de marquer davantage de points que ses adversaires, en inscrivant des paniers tout en empêchant l'autre équipe de le faire. Un panier inscrit vaut deux points, ou trois s'il résulte d'un tir effectué derrière la ligne des trois points (6,75 m d'après la FIBA ; 7,24 m en NBA). Le lancer franc, accordé par l'arbitre après certaines fautes, n'accorde qu'un seul point.
86
+
87
+ Un match se déroule en quatre périodes (appelées « quarts-temps ») de dix minutes selon les règles FIBA[65], et quatre périodes de douze minutes selon les règles NBA[66]. Le championnat universitaire américain (NCAA) utilise quant à lui deux périodes de vingt minutes[67]. Une pause de quinze minutes est accordée à la mi-temps dans les trois règlements, et les équipes changent de panier pour la seconde partie du jeu[65],[66],[67]. Le chronomètre est arrêté à chaque coup de sifflet de l'arbitre (en cas de faute ou de sortie par exemple) : la durée réelle du match excède donc beaucoup le temps de jeu règlementaire et atteint généralement deux heures. Le temps de jeu étant effectif, il n'y a pas de temps additionnel comme au football ; une sonnerie retentit au moment où la dernière seconde de chaque période s'est écoulée, mais un tir réussi après la sonnerie peut être accordé si le joueur a lâché le ballon avant que la sonnerie ne retentisse (buzzer beater).
88
+
89
+ Seuls cinq joueurs de chaque équipe peuvent être présents simultanément sur le terrain[65],[66],[67]. Chaque équipe peut remplacer un ou plusieurs joueurs pendant les arrêts de jeu et les temps morts. Un nombre limité de temps morts est autorisé, à la demande de l'entraîneur. Leur durée est comprise entre vingt et cent secondes (en NBA). L'entraîneur se trouve au bord du terrain et donne des instructions stratégiques à ses joueurs. Le banc accueille les joueurs remplaçants, ainsi que les entraîneurs assistants et d'autres membres du personnel de l'équipe.
90
+
91
+ Au début du match, l'engagement est effectué par l'arbitre sous la forme d'un entre-deux[65],[66]. Pour cela, un joueur de chaque équipe (généralement le plus grand, celui qui saute le plus haut ou un compromis des deux) se place face à son adversaire, derrière la ligne du milieu de terrain, en direction du panier où il doit attaquer. L'arbitre lance alors la balle au-dessus des deux joueurs et ceux-ci doivent pousser le ballon avec la main pour qu'un de leurs équipiers l'attrape. C'est à ce moment-là que le match commence.
92
+
93
+ À l'issue de la rencontre, l'équipe ayant inscrit le plus de points remporte le match. En cas d'égalité, on joue alors cinq minutes de prolongation pour départager les deux équipes, et ce quelle que soit la compétition en cours. S'il y a à nouveau égalité au terme de la prolongation, on rejoue une autre prolongation. Il n'y a ainsi jamais de match nul au basket-ball (sauf en cas de phase finale aller/retour, où il peut y avoir match nul au match aller ou retour, le vainqueur se décidant au cumul des points sur les deux matchs)[65],[66].
94
+
95
+ Les rencontres professionnelles de basket-ball sont supervisées par trois arbitres. En NBA, l'arbitrage est effectué par un arbitre présent sur le terrain (nommé crew chief) et deux arbitres de touche. La FIBA utilise une organisation différente avec un arbitre dit « de queue » (le plus proche du centre du terrain), un dit « de tête » (sous le panier) et un troisième dit « central » (entre ses deux collègues)[68]. Les officiels de la table de marque sont chargés de compter les points inscrits, de gérer le chronomètre de jeu, de noter les fautes individuelles et d'équipe commises ainsi que les remplacements effectués. Ils gèrent également la flèche de possession alternée et le chronomètre des tirs (ou horloge des 24 secondes) ainsi que les drapeaux signalant que la prochaine faute d'une équipe entraînera deux lancers francs.
96
+
97
+ Les joueurs doivent manipuler le ballon avec les mains exclusivement. Celui-ci peut être déplacé en étant lancé, passé entre deux joueurs, roulé au sol ou dévié par la main. En revanche, il est interdit de le toucher avec une partie quelconque de la jambe de manière délibérée ou de le frapper du poing : cela constitue une violation qui entraîne la perte de possession du ballon.
98
+
99
+ Lorsqu'un joueur est en possession du ballon, il doit dribbler, c'est-à-dire faire constamment rebondir le ballon sur le sol avec une main, pour pouvoir se déplacer avec. Si le joueur qui possède le ballon prend plus de deux appuis sans dribbler, ou s'il fait un saut complet en conservant le ballon à la retombée, il est alors sanctionné par un marcher (en anglais : traveling), et le ballon est rendu à l'équipe adverse par une remise en jeu[65],[66]. Lorsqu'un joueur reprend son dribble après l'avoir arrêté, ou récupère le ballon après l'avoir lâché sans que celui-ci n'ait rien touché, il est sanctionné par une reprise de dribble (double dribble en anglais). De même, un joueur qui a le ballon n'a pas le droit de poser sa main sous le ballon au cours de son dribble, ce qui constitue un porter de ballon (carry)[65],[66]. La main doit en effet toujours être en contact avec l'hémisphère supérieur du ballon. Dans les deux cas, la balle est rendue à l'adversaire.
100
+
101
+ Le ballon est hors-jeu dès qu’il rebondit sur ou en dehors des limites du terrain (les lignes de touche ne font pas partie du terrain), ou lorsqu'il est touché par un joueur qui mord ou dépasse les limites du terrain[65]. Contrairement au football, ce n’est pas la position absolue du joueur ou du ballon qui compte, mais le rebond ou l'appui : un joueur peut ainsi plonger en dehors du terrain et sauver la balle, du moment qu'il saute depuis l'intérieur du terrain et qu'il la lâche avant de toucher le sol en dehors du terrain. Si une équipe se trouve en zone avant (moitié de terrain adverse) avec le ballon, et que ce dernier vient à revenir en zone arrière sans toucher un adversaire (par une passe ou un appui dans sa propre moitié de terrain), l'arbitre siffle un retour en zone (backcourt violation)[65]. Le ballon est rendu à l'adversaire à l'endroit le plus proche de la violation, en dehors des limites du terrain. Pour être considéré en zone avant il faut le ballon et les deux appuis du joueur qui contrôle la balle aient traversé la ligne médiane.
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103
+ Afin de favoriser un jeu offensif, des règles de temps de possession du ballon ont progressivement été imposées. Les joueurs disposent de 8 secondes[69] (NBA[66], FIBA[65]) ou 10 secondes (NCAA[67]) pour franchir leur moitié de terrain en attaque. Les attaquants doivent en outre effectuer un tir avant 24 secondes, mesurées par l'horloge des 24 secondes, depuis 1954 pour la NBA[70]. La règle est adaptée à 30 secondes par la FIBA, qui passe aussi à 24 secondes en 1999. La NCAA choisit 35 secondes avant de passer à 30 pour la saison 2015-2016[71].
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105
+ Un joueur en attaque ne peut rester plus de trois secondes d'affilée dans la raquette à partir du moment ou son équipe dépasse le milieu de terrain. Les 3 secondes ne sont plus comptabilisées dès qu'un joueur tente un tir au panier. Lors d'une remise en jeu, l’équipe attaquante dispose de 5 secondes pour effectuer celle-ci. Un joueur qui possède le ballon et qui arrête de dribbler dispose de 5 secondes pour s'en débarrasser (par une passe, un tir, ou en la faisant habilement toucher par un adversaire) si le joueur adverse le soumet à une pression défensive (action de défense individuelle rapprochée)[65],[66].
106
+
107
+ Les règles connaissent régulièrement des évolutions importantes comme avec l’introduction la règle des 24 secondes (1954 en NBA, 1956 par la FIBA d'abord avec 30 secondes), du panier à trois points en 1984, puis en 2010 un nouveau tracé du terrain faisant notamment passer la ligne des tirs primés à 6,75 m (22′ 2″)[72].
108
+
109
+ Les règles changent au fil du temps, parfois en réaction à l'influence d'un joueur. Ainsi le goaltending – changer la trajectoire de la balle lorsque celle-ci se trouve dans la zone cylindrique située au-dessus de l’arceau – n’est sanctionné qu'à partir de 1956 que parce que Bill Russell l'utilisait trop facilement en NCAA. La même année, il est définitivement interdit de franchir la ligne des lancers francs avant le tir car Wilt Chamberlain détournait l'exercice en prenant trois pas d’élan pour transformer son tir en lay-up. À partir du 29 mars 1967 et jusqu'en 1976, la NCAA bannit le dunk pour minorer la domination de Lew Alcindor[73].
110
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111
+ Enfin, l'interférence (en) (goaltending) est une violation du règlement qui se manifeste dans plusieurs cas : si un joueur touche la balle alors qu'elle est sur le cercle, par-dessus ou par-dessous le panier ; qu'elle a touché la planche mais pas le cercle ; qu'elle décrit une trajectoire descendante vers le panier ; ou si un joueur abaisse volontairement l'arceau pour empêcher le tir de rentrer. Si l'équipe en attaque commet la faute, le panier est annulé, mais il est accordé si l'équipe défensive commet la faute même si le ballon ne pénètre pas dans le panier[65],[66].
112
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113
+ Au basket-ball, les contacts avec le porteur de balle sont généralement proscrits. Toute tentative de désavantager l'adversaire par un contact physique constitue une violation des règles du jeu et est sanctionnée par une faute personnelle. En cas de choc, c'est généralement le défenseur qui est sanctionné, sauf lorsque ce dernier est immobile et que le joueur attaquant le percute au niveau du torse, auquel cas l'attaquant est sanctionné par un passage en force ; la balle est alors rendue à l'autre équipe. En cas de faute du défenseur sur dribble (contact avec le bras, obstruction), la balle est remise à l’équipe attaquante au niveau où la faute a été commise, en dehors des limites du terrain. Lorsqu'un joueur a commis cinq fautes personnelles[74] (six en NBA[75] et WNBA[76]) au cours du match, il est alors remplacé et n'a plus le droit de rejouer jusqu'à la fin du match[65],[66].
114
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115
+ Quand une faute personnelle est commise sur un joueur qui tire ou a l'intention de tirer, ce joueur doit alors tirer le nombre de lancers francs correspondant à la valeur du tir : deux ou trois s'il s'agit d'un tir à trois points. Il n'en tire qu'un seul lorsque le panier est réussi et accordé. Si un joueur doit tirer plusieurs lancers francs, les autres joueurs ne pourront tenter d'attraper le rebond qu'à l'issue du dernier lancer. Le tir est à refaire si un défenseur rentre dans la raquette avant que le ballon ne quitte les mains du tireur ou il est annulé lorsque le tireur « mord » (touche) la ligne des lancers francs avec son pied. À chaque quart-temps, lorsqu’une équipe totalise quatre fautes (NBA, FIBA), l’équipe adverse tire alors automatiquement des lancers francs à chaque nouvelle faute défensive adverse : elle se trouve alors dans une situation de « bonus »[65],[66]. Une faute commise par un attaquant, appelée « faute offensive », ne donne jamais lieu à des lancers-francs.
116
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117
+ Un contact physique violent, rugueux ou non nécessaire est appelé faute flagrante (en NBA[66]) ou « faute antisportive ». Dans ce cas, l'équipe qui a subi la faute tire un lancer franc puis effectue une remise en jeu au milieu de terrain.
118
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119
+ Les fautes techniques peuvent être prononcées par l'arbitre pour des comportements d'anti-jeu (mais sans contact physique, ce qui correspondrait à une faute antisportive), des insultes ou un manque de fair-play. L'entraineur peut également en recevoir s'il n'a pas inscrit le nom d'un joueur sur la feuille de match, s'il a lui-même un comportement irrespectueux ou si un joueur situé sur son banc en fait de même. Elles donnent lieu à un lancer, qui peut être tiré par n'importe quel joueur de l'équipe présent sur le terrain[56].
120
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121
+ Dans les championnats sous l'égide de la FIBA, une faute qui entraîne l'exclusion du joueur est appelé faute disqualifiante[65]. Elle peut être directement attribuée à un joueur pour un comportement extrême, en cas de bagarre, ou si un joueur remplaçant pénètre dans le terrain de jeu pendant une bagarre.
122
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123
+ À partir du 1er octobre 2014, la FIBA modifie six règles[77] :
124
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125
+ À compter de la saison 2015-2016, la NCAA féminine se rapproche des règles FIBA en passant aux quarts-temps de 10 minutes au lieu de deux mi-temps de 20 minutes, avec quatre temps-morts médias au lieu de huit. La pénalité (deux lancers-francs, au lieu d'un lancer-franc et un second si le premier est réussi) s'applique après la cinquième faute d’équipe dans chaque période. La règle des 10 secondes pour amener la balle en zone avant s'applique strictement au lieu de repartir à zéro en cas d'arrêt du jeu[79]. Enfin, après un temps-mort décidé par l'équipe ayant la possession de la balle, notamment après un panier encaissé, la remise en jeu est effectuée au milieu du terrain, ce qui favorise l'équipe offensive[80]. Toutefois, l'équipe attaquante a toujours au plus 35 secondes pour tenter un tir[80]. Quelques semaines plus tard, la NCAA masculine décide d'abandonner la règle des 35 secondes pour passer à 30 dès la saison 2015-2016[71].
126
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127
+ Les rencontres NBA se disputent en quatre périodes de 12 minutes au lieu de 10 dans les règles FIBA et l'élimination des joueurs est effective à la sixième faute. Les règles diffèrent d'avec la FIBA sur des points secondaires, comme l'interférence (en) (goaltending) pour laquelle il est interdit de toucher la balle alors qu'elle est sur le cercle, contrairement aux dispositions de la FIBA[72]. La règle des trois secondes en défense interdit à un joueur de rester plus de trois secondes dans la raquette sans défendre directement sur un attaquant, ce qui limite la défense de zone. La dimension des terrains NBA est de 28,65 x 15,24 mètres contre 28 x 15 mètres pour la FIBA[72]. Depuis la saison 2016-2017, afin d'éviter l'abus du hack-a-player, si une faute intentionnelle est effectuée sur un joueur dans les deux dernières minutes d'un quart-temps, un lancer-franc bonus est offert à l'équipe ayant subi le hack. Ce lancer-franc bonus peut-être tiré par n'importe quel membre de l'équipe présent sur le terrain.[réf. nécessaire]
128
+
129
+ À un niveau professionnel, la plupart des joueurs ont une taille supérieure à 1,90 m, et 1,70 m pour les joueuses. Les meneurs, pour qui la coordination psychomotrice et le maniement de balle sont primordiaux, sont généralement les joueurs les plus petits. Les arrières et les ailiers dépassent souvent 1,95 m, tandis que les intérieurs (ailier fort et pivot) font plus de 2,05 m. Selon un sondage réalisé auprès des équipes de NBA, la taille moyenne des joueurs est de 2,01 m et le poids moyen de 100 kg[81].
130
+
131
+ Les joueurs les plus grands à avoir évolué en NBA sont le Soudanais Manute Bol et le Roumain Gheorghe Mureșan, qui mesurent chacun 2,31 m[82]. Yao Ming fut durant plusieurs années le plus grand joueur en NBA avec ses 2,29 m. Avec une taille de 2,18 m, Małgorzata Dydek est la plus grande joueuse de l'histoire de la WNBA[83].
132
+
133
+ Le plus petit joueur à avoir évolué en NBA est Muggsy Bogues, qui ne mesurait que 1,60 m[82]. Spud Webb ne mesurait « que » 1,70 m mais avait une détente sèche de 1,07 m, ce qui lui permit de parvenir à dunker et même de remporter le concours de dunks du NBA All-Star Game 1986[84]. De même, Nate Robinson (1,75 m) est parvenu à remporter ce concours à trois reprises et réalisa même des contres sur plusieurs pivots de très grande taille. Si le fait d'avoir une petite taille présente des inconvénients dans certains aspects du jeu, tels que les contacts physiques ou la défense, il permet de prendre les grands joueurs de vitesse et de réaliser des interceptions.
134
+
135
+ Les cinq joueurs de chaque équipe qui débutent un match font partie du cinq majeur.
136
+
137
+ Que ce soit en attaque ou en défense, chaque joueur joue à un poste précis, désigné par un numéro. Il existe de nombreuses variantes et possibilités, selon la stratégie adoptée par l'entraîneur, mais le schéma de base fonctionne avec cinq postes « classiques » :
138
+
139
+ Toutefois, certains joueurs combinent les attributions de deux postes. Ainsi, un joueur capable de passer du poste de meneur à celui d'arrière en fonction de la situation de jeu est qualifié de combo guard. De même, le terme de swingman ou « arrière-ailier », utilisé pour la première fois à l'encontre de John Havlicek, désigne un basketteur possédant des attributs propres à l'arrière et à l'ailier.
140
+
141
+ Les postes qu'occupent les joueurs peuvent varier, même si les joueurs de grande taille sont généralement cantonnés à des postes d'intérieurs. Certains d'entre eux, réputés pour leur polyvalence (tels Magic Johnson ou Boris Diaw), ont pu jouer aux cinq postes durant leur carrière, au gré des besoins de leur équipe.
142
+ Parfois, les équipes utilisent une structure simplifiée : deux intérieurs placés aux abords de la raquette, pour défendre l'accès au panier et capter des rebonds ; deux ailiers placés au niveau de la ligne des trois points ; et un meneur chargé de déterminer la stratégie d'attaque.
143
+
144
+ Les principales techniques de jeu utilisées au basket-ball ont évolué au fil du temps, en fonction des changements de règles et des apports réalisés par certains joueurs. Des basketteurs mythiques comme George Mikan, Bill Russell ou Wilt Chamberlain ont ainsi mis au point plusieurs mouvements défensifs ou offensifs réutilisés par la suite. Les joueurs des Globetrotters de Harlem revendiquent également la paternité de nombreuses variantes du dunk, du dribble et du tir. L'usage des statistiques sur le jeu s’approfondit au fil des années[90].
145
+
146
+ Le dribble est le fait de faire rebondir en permanence la balle au sol avec une main. Pour avancer sur le terrain, le joueur doit impérativement dribbler sous peine d'être sanctionné par un marcher. Afin de garder un bon contrôle de balle, il est recommandé de pousser la balle au sol avec le bout des doigts plutôt qu'avec la paume, et de la faire rebondir légèrement de côté (et non devant soi). Lorsque l'on dribble à proximité d'un défenseur, il est préférable de dribbler avec la main la plus éloignée de l'adversaire afin que celui-ci soit plus loin de la balle. Ceci implique d'être aussi agile de la main gauche que de la main droite. En outre, il faut tant que possible dribbler sans regarder la balle, en utilisant la vision périphérique ou ses sensations pour savoir où elle se trouve. En évitant de regarder le ballon, le joueur peut regarder ses coéquipiers et se consacrer à la vision de jeu. De plus, il peut mieux surveiller les défenseurs et éviter les interceptions.
147
+
148
+ Les bons dribbleurs font rebondir la balle le plus près possible du sol, afin de réduire la distance qu'elle parcourt depuis la main, ce qui rend les interceptions plus difficiles. Marques Haynes, leader des Globetrotters de Harlem, pouvait faire rebondir la balle au sol jusqu'à six fois par seconde[91]. Les meilleurs joueurs dribblent également entre leurs jambes, derrière leur dos, et changent brutalement de direction tout en passant la balle dans la main opposée afin de prendre les défenseurs de vitesse. Cette technique appelée cross-over est très fréquente en streetball. Certains joueurs en ont fait leur spécialité, comme Tim Hardaway[92], Kyrie Irving[93] ou encore Allen Iverson, qui réalisait des cross-overs si rapides qu'ils faisaient perdre leurs appuis aux défenseurs (ankle breakers)[92].
149
+
150
+ Les stratégies offensives sont très variées et nécessitent généralement un jeu de passes ainsi qu'un déplacement des joueurs sans la balle. Les plus célèbres sont l'attaque en triangle, qui consiste à positionner les joueurs de manière à former un triangle au sein duquel les joueurs font circuler le ballon[94], et le run and gun, qui se base sur des contre-attaques et des tirs rapides.
151
+
152
+ Chaque équipe varie ses stratégies au cours de la partie afin de surprendre les adversaires. Le meneur est généralement celui qui annonce la technique à mettre en place[85]. Tous les postes de jeu sont généralement amenés à inscrire des paniers, même si la manière de les inscrire diffère. Les meneurs et les arrières ont tendance à marquer davantage par des tirs ou des pénétrations dans la raquette pour des double-pas, tandis que les intérieurs ont plutôt tendance à réaliser des dunks ou des bras roulés.
153
+
154
+ L'équipe en attaque dispose de huit secondes pour franchir sa moitié de terrain appelée zone arrière. Elle a en tout 24 secondes pour tenter un tir. Jusqu'en 2010, l'horloge des 24 secondes était réinitialisée dès qu’un tir touchait l'anneau, ou dès qu'un joueur adverse contrôlait le ballon sur le terrain ou commettait une faute. En cas de contre ou si un tir est tenté et que la balle ne touche pas l'anneau, l’horloge continue. Depuis septembre 2010, si une équipe subit une faute en attaque alors que le temps de possession restant est inférieur à 14 secondes, l'horloge n'est réinitialisée qu'à 14 secondes[95].
155
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156
+ Le tir consiste à envoyer le ballon vers l'arceau dans le but d'inscrire un panier. La technique la plus utilisée est le tir en suspension (jump shot). Généralement, le joueur est placé les deux pieds face au panier, le pied droit légèrement en avant (pour un droitier). Il saisit la balle dans sa main droite et la maintient avec le bout de ses doigts, laissant un petit espace entre la balle et la paume. La main gauche, placée sur le côté gauche de la balle, sert uniquement à stabiliser le tir. Le joueur élève ensuite la balle légèrement au-dessus de sa tête, son bras formant un angle à 90 degrés. Il étend enfin le bras tout en effectuant un fouetté du poignet pour réaliser le tir[96]. Il est recommandé de demeurer quelques instants le poignet baissé afin de suivre le mouvement de la balle (follow-through). Certains joueurs essaient de mettre de l'effet dans la balle pour absorber en partie un éventuel impact avec l'arceau. Afin de maximiser les chances de faire entrer la balle dans le panier, il est recommandé de donner au tir une trajectoire en forme d'arc : plus la balle tombe à la verticale vers l'arceau, plus elle a de chances d'y pénétrer[96].
157
+
158
+ Si le ballon passe complètement à travers l'arceau, le panier est validé et rapporte deux points, ou trois s'il s'agit d'un tir effectué derrière la ligne des trois points. Pour que les trois points soient comptabilisés, le tireur doit prendre ses deux appuis à l'extérieur de la ligne des trois points (sans mordre sur la ligne), mais il est autorisé qu'il soit en suspension et retombe en deçà de la ligne. Le tireur peut utiliser le rebond du panneau pour marquer un panier. Si le ballon rentre dans le panier sans toucher l'arceau, on parle d'un swish. Quand le tir est très imprécis et touche uniquement le panneau, il est familièrement appelé « brique ». Si le ballon ne rentre pas dans le panier, et ne touche ni le panier ni la planche, on dit qu'il s'agit d'un air ball[97].
159
+
160
+ Il existe également des variantes du tir en suspension. Le fadeaway consiste à tirer au panier en effectuant un saut vers l'arrière. Le tir est plus difficile à contrer mais l'attaquant doit avoir une bonne précision et effectuer le geste rapidement. Le bras roulé (hook shot), popularisé par Kareem Abdul-Jabbar, consiste à se placer de profil par rapport au panier, et réaliser un mouvement d'arc avec le bras manipulant la balle pour marquer d'une seule main[98]. L'autre bras sert à se protéger du défenseur et éviter les contres. La technique est difficile à réaliser et est moins précise que le tir à deux mains.
161
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162
+ Le lancer franc est un tir tenté sans opposition, et accordé en réparation d'une faute. Il compte pour un point.
163
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164
+ Dans les années 2010, le panier à trois points prend une place de plus en plus importante, illustrée par les succès des Warriors de Golden State en NBA et de leur meneur Stephen Curry ainsi que des Rockets de Houston. En effet, la réussite à trois points est relativement proche de celle d'un tir à mi-distance tout en rapportant un point de plus. Des statistiques avancées évaluent précisément les zones de tirs des joueurs de façon à augmenter leur efficacité alors que la stratégie des équipes consiste à limiter la part des tirs à mi-distance[99].
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166
+ Le double-pas est le fait d'inscrire un panier en pleine course, après deux pas sans dribbler. Si le joueur utilise le rebond du panneau, on parle alors de lay-up. Il est souvent considéré comme le moyen le plus simple d'inscrire un panier et fait ainsi partie des premiers enseignements aux débutants. Il est généralement effectué avec une seule main (la même que le côté du terrain par lequel le joueur arrive au panier), la main libre pouvant permettre de se protéger des éventuels contres. Toutefois, il est également possible de porter la balle à deux mains jusqu'au moment de tirer, ce qui réduit les risques d'interception par l'adversaire. Si le joueur fait rouler la balle sur le bout de ses doigts en l'amenant au panier, on parle de finger roll[100]. Le geste aurait été inventé par Wilt Chamberlain[101], et fut popularisé par George Gervin dans les années 1970[100].
167
+
168
+ Le dunk consiste à marquer un panier en projetant le ballon dans l'arceau, à une ou deux mains. Inventée par George Mikan[102], cette technique très spectaculaire est difficile à réaliser car elle nécessite une grande taille ou une bonne détente sèche. Elle est essentiellement réalisée lors d'une contre-attaque après une interception, car les défenseurs n'ont souvent pas le temps de revenir sur le porteur du ballon, qui a donc le champ libre pour dunker. Si l'action est réalisée en présence de défenseurs, elle présente un caractère humiliant pour l'équipe adverse. On parle de poster dunk pour désigner un dunk réalisé sur un adversaire[103]. Lorsqu'un joueur attrape une passe en l'air puis réalise un dunk, on parle de alley-oop[104]. Lorsqu'un joueur attrape un rebond offensif et qu'il dunke sans avoir touché le sol entre la réception de balle et le dunk, on parle alors de « claquette dunk » en français ou alors de « putback dunk » en anglais.
169
+
170
+ Particulièrement apprécié du public, le dunk donne lieu à des concours où les participants rivalisent d'inventivité pour créer les techniques les plus spectaculaires. Outre Michael Jordan, resté célèbre pour ses dunks réalisés depuis la ligne des lancers francs (free throw line dunk), des joueurs en ont fait leur spécialité : Julius Erving, qui popularisa le geste[105], Dominique Wilkins, Nate Robinson ou encore Dwight Howard, qui réalisa un dunk vêtu d'un costume de Superman lors du Slam Dunk Contest en 2008[106]. Moins courants dans le basket-ball féminin, des dunks ont cependant été réalisés par des joueuses américaines telles que Lisa Leslie, Candace Parker ou Brittney Griner[107].
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+ Lorsque le destinataire d'une passe marque un panier sans dribbler plus de deux fois ou garder la balle plus de quatre secondes, on parle de passe décisive (assist)[108]. Les meilleurs passeurs disposent d'une excellente vision de jeu et d'un bon maniement de balle. Les plus prolifiques sont le plus souvent des meneurs : John Stockton, Jason Kidd, Steve Nash, Chris Paul, Oscar Robertson ou Magic Johnson en NBA, et Pablo Prigioni, Dimítris Diamantídis, Theódoros Papaloukás ou Laurent Sciarra en Europe.
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+ Une technique courante, nommée écran, consiste à venir se placer devant le joueur défendant sur le porteur de balle (« faire écran ») pour laisser le champ libre à son coéquipier. Celui-ci peut alors tirer, courir vers le panier ou passer la balle au joueur ayant placé l'écran. Cette dernière technique est nommée pick and roll : un joueur pose un écran sur un défenseur, puis passe derrière lui pour courir vers le panier et obtenir une passe d'un de ses coéquipiers[109]. Il en existe plusieurs variantes : le pick and pop, où le joueur qui place l'écran se place dans une zone libre de marquage pour tenter un tir à mi-distance ; ou encore le give and go, où un joueur fait la passe à l'autre puis lui la redonne instantanément (à la manière d'un « une-deux » au football).
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+
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+ Ces combinaisons sont fréquemment à la base de nombreux systèmes d'attaque et constituent un aspect fondamental du basketball moderne[109]. De nombreux duos de joueurs se sont illustrés dans l'usage du pick and roll : Oscar Robertson et Jerry West dans les années 1960, puis Kobe Bryant et Pau Gasol, ou encore Kevin Garnett et Paul Pierce[109].
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+ « L'attaque fait lever les foules, tandis que la défense fait gagner les titres. »
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+ La défense a longtemps été la phase passive du basket-ball : les défenseurs attendaient l'échec des attaquants. À partir des années 1960 et l'introduction de la règle du marcher, les défenseurs deviennent plus agressifs et tentent de reconquérir la balle (turnover). Bill Russell, pivot des Celtics de Boston, a donné ses lettres de noblesse à la défense et a développé de nombreuses techniques[26].
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+ Tout comme en attaque, il existe plusieurs systèmes de base :
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+ Ces systèmes ne sont jamais appliqués de manière stricte et il existe de nombreuses variantes mêlant ces deux tactiques défensives. La plus courante est la « zone presse », qui permet de réaliser beaucoup d'interceptions et de marquer des paniers faciles[113] mais est exigeante physiquement.
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+
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+ À partir de la fin des années 1990 s'est développée la technique dite du « hack-a-player », également connue sous le nom « hack-a-Shaq ». Mise au point par Don Nelson, elle consiste à commettre intentionnellement une faute sur un joueur choisi pour sa faible réussite au lancer franc, afin d'empêcher l'équipe de marquer deux, voire trois points et de pouvoir récupérer la balle au rebond après son probable échec au lancer franc[114]. Cette stratégie est fréquemment utilisée en NBA et s'applique essentiellement à des intérieurs réputés pour leur maladresse. En février 2016, la NBA décide de l'élaboration future d'une règlementation du hack-a-player, devant l'explosion de l'utilisation de cette pratique[115].
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+ Comme pour l'attaque, tous les postes de jeu sont sollicités lors des phases défensives, bien que le rôle des intérieurs (ailiers et pivot) soit primordial. Le plus souvent, un joueur est chargé de marquer un joueur adverse de taille comparable. Les extérieurs sont chargés d'entraver la progression des extérieurs adverses et de les gêner lorsqu'ils tentent de tirer. Les intérieurs, quant à eux, défendent au sein de la raquette et tentent d'empêcher les adversaires d'approcher de leur panier.
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+
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+ L'interception (steal) désigne le fait de prendre le ballon à l'adversaire en le lui enlevant des mains (sans commettre de faute) ou en attrapant une passe de l'équipe adverse[116]. Cette technique demande de l'agilité et de la rapidité, ainsi que des qualités d'anticipation : par conséquent, les meilleurs intercepteurs sont généralement les plus petits joueurs (meneurs, arrières). John Stockton, Jason Kidd et Michael Jordan (NBA), ainsi que Theódoros Papaloukás et Dimítris Diamantídis (Euroligue) comptent ainsi le plus grand nombre d'interceptions en carrière.
191
+
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+ Le contre (block ou familièrement cake) désigne le fait de dévier le tir d'un joueur adverse sans commettre de faute. Les défenseurs ont le droit de contrer la balle tant que celle-ci est en phase ascendante vers le panier. Un contre effectué en phase descendante (goaltending) est illicite[117]. Si un joueur rate son contre et touche la planche avec ses mains, le panier est automatiquement accordé. Les joueurs les plus susceptibles de réaliser des contres en match sont les ailiers forts et les pivots, en raison de leur grande taille et de leur proximité du panier en situation défensive. Toutefois, un sens aigu de l'anticipation peut pallier la différence de taille[118].
193
+
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+ Très spectaculaire, le contre fait partie des actions les plus appréciées du public et comporte un caractère humiliant pour l'adversaire. L'un des premiers joueurs à utiliser le contre comme arme d'intimidation défensive fut Bill Russell, dans les années 1960[119]. Shaquille O'Neal, Hakeem Olajuwon, Alonzo Mourning ou Dikembe Mutombo en ont par la suite fait leur spécialité. Ce dernier est resté célèbre pour sa phrase prononcée à l'encontre de chaque joueur contré : « No, no, no! Not in my house! » (« Non, non, non ! Pas chez moi ! »)[120].
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+
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+ Le rebond désigne le fait de prendre la balle après un tir manqué, et ce avant qu'elle ne touche le sol. Il existe deux catégories de rebonds, en fonction du joueur qui parvient à le capter :
197
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198
+ Comme pour le contre, les meilleurs rebondeurs sont généralement les intérieurs, plus grands et plus proches du panier. Wilt Chamberlain, Bill Russell et Moses Malone en ont réalisé plusieurs milliers au cours de leur carrière. Dennis Rodman décida même de se concentrer sur le rebond et en fit sa spécialité quasi-exclusive[121].
199
+
200
+ Le championnat du monde est organisé tous les quatre ans par la FIBA, en alternance avec les Jeux olympiques d'été[122]. Le vainqueur du tournoi remporte le Trophée Naismith. Il comportait 16 équipes jusqu’en 2002, sauf en 1986 où vingt-quatre équipes étaient en compétition. En 2006, le nombre de participants a été élargi à 24 équipes puis porté à 32 dès 2019[123]. En 2014, la compétition est renommée Coupe du monde de basket-ball FIBA (FIBA Basketball World Cup) et son édition 2018 est reportée à 2019, afin d'être décalée d'un an de la Coupe du monde de football. Le tournoi sera qualificatif pour les Jeux olympiques[123].
201
+
202
+ La première édition masculine se déroule en 1950 en Argentine. À domicile, l'équipe d'Argentine gagne la compétition, invaincue avec six victoires pour aucune défaite. Les États-Unis remportent leur première médaille d'or lors de l'édition suivante, en 1954. Finaliste malheureux, le Brésil devient à son tour champion du monde en 1959 puis conserve son titre en 1963. À partir de cette date, l'URSS, la Yougoslavie et les États-Unis se partagent tous les titres jusqu'en 2002 avec cinq titres pour l'équipe yougoslave, trois pour l'équipe soviétique et deux pour l'équipe américaine. En 2006, la hiérarchie mondiale est bousculée avec la victoire de l'Espagne devant la Grèce. Les États-Unis remportent cependant le tournoi en 2010 et 2014[124].
203
+
204
+ Le championnat féminin est créé en 1953 et a lieu les mêmes années que le championnat masculin. Les États-Unis (neuf titres) et l'URSS (six titres) ont remporté la quasi-totalité des éditions, hormis en 1994 et en 2006, respectivement remportées par l'Australie et le Brésil[125].
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+
206
+ Le basket-ball apparaît comme sport de démonstration lors des Jeux olympiques d'été de 1904 à Saint-Louis. Le tournoi oppose trois équipes de New York. Ce n'est qu'en 1936 que le basket-ball devient sport olympique pour les hommes, et en 1976 pour les femmes. Historiquement, les compétitions masculine et féminine sont largement dominées par les équipes des États-Unis, qui ont remporté la majorité des titres mis en jeu. L'histoire du basket-ball aux Jeux olympiques est notamment marquée par la domination écrasante de la Dream Team lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992[40].
207
+
208
+ Les compétitions continentales sont organisées par les différentes branches de la FIBA : FIBA Afrique, FIBA Amériques, FIBA Asie, FIBA Europe et FIBA Océanie.
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210
+ À l'image d'autres sports d'origine nord-américaine, comme le hockey sur glace ou le baseball, on retrouve la distinction entre les ligues professionnelles avec un système de franchises, et les championnats. En Amérique du Nord, le système de franchise est privilégié : les équipes achètent des droits de participation et sont ainsi admises à concourir dans une ligue fermée. Dans le reste du monde, la plupart des ligues fonctionnent avec un système de promotion-relégation, où les équipes les plus faibles descendent dans la division inférieure tandis que les meilleures de la division inférieure sont promues[126].
211
+
212
+ Le championnat le plus connu dans le monde est la National Basketball Association (NBA), qui comprend des équipes américaines et canadiennes. Comme beaucoup de ligues américaines de basket-ball, cette compétition édite ses propres règles, qui diffèrent en de nombreux points de celles de la FIBA[128]. Ces différences ont souvent pour but de favoriser une certaine égalité entre les équipes[129] et un jeu porté sur le spectacle et le divertissement, mettant en valeur le talent individuel plus que le jeu d'équipe[128]. Ne comprenant initialement que des Nord-Américains, cette ligue concentre depuis les années 1970 l'élite du basket-ball mondial et a peu à peu accueilli les meilleurs joueurs de diverses nations, dont les ex-Yougoslaves Dražen Petrović et Vlade Divac furent les pionniers[130]. En 2001, la NBA crée la NBA Development League (NBDL ou D-League), une ligue mineure composée de 19 équipes qui permet aux joueurs et aux entraîneurs d'évoluer dans un cadre similaire à la ligue majeure et de se mettre en valeur aux yeux des recruteurs[131]. En 2015, plus d'un quart des joueurs de NBA ont évolué en NBDL[131]. En 2017, la ligue est rebatisée G League suite au parrainage de Gatorade.
213
+
214
+ En outre, une ligue professionnelle féminine d'été, la Women's National Basketball Association (WNBA), a été créée le 24 avril 1996 sur le modèle de la NBA[132]. Quatre équipes ont remporté au moins trois titres de champion : les Comets de Houston, le Shock de Détroit, le Mercury de Phoenix et le Lynx du Minnesota[132]. La WNBA a vu émerger les plus grandes joueuses de basket-ball des vingt dernières années : Lisa Leslie, Sheryl Swoopes, Rebecca Lobo, Diana Taurasi ou encore Sue Bird[133].
215
+
216
+ Le Canada, pays natal de James Naismith, accueille pour la première fois le NBA All-Star Game en février 2016, à Toronto, ville où fut disputé le premier match NBA en 1946. Après les Américains, les Canadiens sont la nationalité la plus représentée en NBA[45]. Les ligues canadiennes restent dans l'ombre de la NBA, qui compte un club en Ontario, les Raptors de Toronto. La National Basketball League n'existe que le temps d'une saison (1993-1994), tout comme la Canadian National Basketball League (2003-2004). La Ligue nationale de basketball du Canada (LNB), fondée en 2011[134], parvient toutefois à s'imposer et est dominée par le Lightning de London, qui remporte les deux premiers titres en 2012 et 2013[134].
217
+
218
+ En Amérique du Sud, les deux principaux championnats sont la Liga Nacional de Básquet (LNB) en Argentine et le Novo Basquete Brasil (NBB) au Brésil. Une compétition binationale oppose les meilleurs clubs des deux championnats, dont l'UniCEUB Brasilia et le Peñarol Mar del Plata. Oscar Schmidt, avec sa carrière longue de près de trente ans (1974-2003) et 49 703 points inscrits, est l'une des figures majeures du basket-ball sud-américain[135].
219
+
220
+ Il existe également d'autres tournois opposant les meilleures équipes des championnats nationaux. En 1946 est créée la première compétition continentale, la Coupe d'Amérique du Sud des clubs champions de basket-ball, dont s'inspirera son homologue européenne, la Coupe des Clubs Champions. Parmi les clubs vainqueurs de la compétition-reine d'Amérique du Sud, le club brésilien du Sírio São Paulo se distingue avec huit titres remportés entre 1961 et 1984. L'apparition de la Liga Sudamericana en 1996, puis en 2007 de la FIBA Americas League relègue le Championnat sud-américain des Clubs Champions au troisième rang, jusqu'à sa disparition en 2008.
221
+
222
+ En Europe, le système est basé sur le principe du championnat, comme dans la plupart des autres sports. Seul le Royaume-Uni a opté pour un système de franchises avec la British Basketball League[136]. Toutefois, à l'inverse du football, la ligue gérant l'élite professionnelle (l'ensemble du championnat étant propriété de la fédération) a davantage de poids et impose plus facilement ses choix à la fédération nationale. Ceci a été renforcé par la création de l'Union des ligues européennes de basket-ball (ULEB), une structure privée qui ambitionne de fonder une ligue fermée[137].
223
+
224
+ Plusieurs compétitions européennes sont organisées, soit par la FIBA Europe, soit par l'ULEB. La plus prestigieuse est l'Euroligue, créée en 1958 et organisée par l'ULEB, qui regroupe les vingt-quatre meilleurs clubs européens. Les équipes les plus titrées sont le Real Madrid (neuf titres), le Maccabi Tel-Aviv, le CSKA Moscou et le Panathinaïkós Athènes avec six titres, et le Pallacanestro Varese avec cinq titres[138]. Depuis les années 1990, l'Olympiakos Le Pirée et le FC Barcelone contestent leur suprématie en remportant respectivement trois et deux titres. L'EuroCoupe (ULEB), créée par la fusion de la Coupe Korać et de la Coupe Saporta, et la Coupe d'Europe FIBA (ex-EuroChallenge), moins médiatisées, sont les deux autres compétitions européennes[139]. Depuis 2016, les compétitions européennes comptent quatre niveaux. Les deux premiers (Euroligue et EuroCoupe) sont organisés par l'ULEB, les deux autres (Ligue des champions et Coupe d'Europe FIBA) par la FIBA Europe, suite au conflit FIBA-Euroligue depuis 2015.
225
+
226
+ Les championnats nationaux les plus relevés sont disputés en Espagne (Liga ACB), en Grèce (ESAKE), en Italie (Lega Basket) et en Russie (Championnat de Russie de basket-ball) chez les hommes[140]. Chez les femmes, après la disparition de l'URSS, les années 1990 sont dominées par la France (Ligue féminine de basket), l'Espagne et Italie avant que la Russie et la Turquie ne prennent le relais dans les années 2000[141].
227
+
228
+ En Asie, les championnats sont de création récente et s'inspirent du système nord-américain. Ainsi, en Chine (Chinese Basketball Association), au Japon (Bj League) et aux Philippines (Philippine Basketball Association), les ligues et les franchises portent des noms en anglais. La présence de joueurs asiatiques en NBA (Yao Ming, Yuta Tabuse…) a favorisé un engouement pour le basket-ball dans ces pays[47].
229
+
230
+ Au Moyen-Orient, les pays où le sport est le mieux implanté sont l'Iran et le Liban, qui figurent régulièrement sur le podium du championnat d'Asie. Les ligues y fonctionnent sur le principe du championnat. En Asie du Sud-Est, les championnats nationaux étant relativement de faible niveau, certains clubs se regroupent au sein de ligues fermées comme l'ASEAN Basketball League[réf. souhaitée]. La Coupe d'Asie regroupe également les clubs champions des pays d'Asie au sein d'une unique compétition continentale.
231
+
232
+ En Afrique, le système est le même qu'en Europe, mis à part le fait que les fédérations nationales ont encore le monopole sur leur propre championnat. La compétition phare est la Coupe des clubs champions, qui oppose les clubs vainqueurs de leur championnat national. Le club angolais Primeiro de Agosto domine la compétition avec huit titres depuis 2002[142]. Ses principaux rivaux sont deux autres clubs angolais, le Desportivo Libolo et le Petro Luanda, ainsi que l'Abidjan Basket Club et l'Étoile sportive du Sahel. Au cours des années 2010, l'équipe nationale nigériane assoit sa domination sur le basket-ball africain[143].
233
+
234
+ Sans qu'il n'existe forcément de compétition très structurée dans ces pays, plusieurs joueurs africains ont connu une carrière continentale (Jean-Jacques Conceição) ou en NBA, souvent après avoir intégré des universités américaines comme le Nigérian Hakeem Olajuwon, le Congolais Dikembe Mutombo ou le Soudanais Manute Bol[144]. La Malienne Hamchétou Maïga-Ba et la Congolaise Mwadi Mabika ont connu également le succès en WNBA, tout comme Djéné Diawara, Mame-Marie Sy-Diop et Aya Traoré en Europe[145].
235
+
236
+ En 2020, NBA et FIBA doivent lancer la première édition de la Ligue africaine de basket-ball[146].
237
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238
+ En Océanie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont adopté le principe anglo-saxon avec leur National Basketball League respective. La NBL australienne bénéficie d'une plus grande exposition médiatique que son homologue néo-zélandaise. Elle accueille en outre une équipe néo-zélandaise, les New Zealand Breakers, et comprenait même une équipe singapourienne, les Singapore Slingers[147].
239
+
240
+ La ligue australienne WNBL est active depuis 1990[148]. L'équipe nationale australienne est parmi les meilleures au monde, grâce à des joueuses comme Lauren Jackson[149].
241
+
242
+ « Lorsqu’il est joué comme il est censé l'être, le basket-ball se déroule dans les airs. Volant, flottant, élevé au-dessus du parquet, en lévitation à la façon dont les peuples opprimés s'imaginent dans leurs rêves. »
243
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244
+ Comme de nombreux sports populaires, le basket-ball possède une exposition culturelle et médiatique très forte.
245
+
246
+ Au cinéma, un grand nombre de films traitent de basket-ball, tels que Coach Carter, Les blancs ne savent pas sauter, Space Jam, Above the Rim ou encore Magic Baskets. D'autres ont une action qui se déroule sur fond de basket-ball (He Got Game, le court métrage Fierrot le Pou de Mathieu Kassovitz[151]). Le basket-ball a en outre donné lieu à plusieurs comédies comme À la gloire des Celtics, Basket Academy ou Shaolin Basket. Le Grand Défi (Hoosiers), avec Gene Hackman et Dennis Hopper, est considéré comme le quatrième meilleur film de sport de l'histoire par la chaîne ESPN[152]. Il est en outre présent dans la plupart des longs-métrages de Spike Lee, grand amateur de basket-ball. Enfin, des joueurs ont parfois accepté de petits rôles au cinéma, comme Shaquille O'Neal et Bob Cousy dans Blue Chips.
247
+
248
+ Le basket-ball est également très présent dans l'univers musical. Après-guerre, il est fréquemment associé au jazz. « Les joueurs de jazz se passent la lumière du solo comme les joueurs de basket se passent la balle. Et dans les deux cas, cela fonctionne seulement s'il y a un travail d'équipe », déclara le légendaire pivot Kareem Abdul-Jabbar[153]. Après une fructueuse carrière en NBA, Wayman Tisdale est devenu un bassiste de jazz renommé[154].
249
+
250
+ Aujourd'hui, le sport est cependant plutôt associé à la culture hip-hop[155]. Plusieurs joueurs se sont ainsi essayés au rap, avec plus ou moins de succès : Kobe Bryant, Shaquille O'Neal, Ron Artest, Tony Parker ou encore Allen Iverson ont chacun sorti des singles ou des albums. Le rappeur Kurtis Blow est le premier à avoir lié basket-ball et hip-hop dans son morceau Basketball sorti en 1984[156]. Depuis, un grand nombre de rappeurs évoquent l'univers de la balle orange dans leurs chansons : Lil Bow Wow, Jay-Z ou encore Romeo, qui a effectué une carrière universitaire. Hors du hip hop, le groupe de rock Red Hot Chili Peppers a sorti en 1989 une chanson intitulée Magic Johnson, en hommage au célèbre meneur des Lakers de Los Angeles.
251
+
252
+ Le basket-ball est également présent dans la littérature. Dans son autobiographie The Basketball Diaries, publiée en 1978, l'auteur américain Jim Carroll décrit la décadence d'un brillant joueur de basket-ball dans le New York des années 1960. L'ouvrage a par la suite été adapté au cinéma avec Leonardo DiCaprio dans le rôle-titre. Ancien joueur universitaire de bon niveau, John Edgar Wideman évoque également le sport dans ses œuvres. Lauréat de nombreux prix littéraires, il publie en 2001 Hoop Roots, ses mémoires où il raconte l'origine de sa passion pour le basket[157]. L'ouvrage Sous le cul de la grenouille (1992) du romancier anglais Tibor Fischer met en scène deux basketteurs hongrois des années 1950 qui se servent de leur sport pour échapper à la rigueur du régime communiste[158]. Le récit est inspiré de la vie de l'auteur puisque ses parents, basketteurs professionnels, ont fui la Hongrie en 1956. Le basket-ball se décline aussi en bande dessinées, parmi lesquelles la série française Basket Dunk, ou les mangas Slam Dunk et Kuroko's Basket.
253
+
254
+ De nombreux jeux vidéo sont consacrés au basket-ball. Le premier sort en 1979 sur la console Atari 2600[159]. En 1989 sort le jeu Lakers vs. Celtics sur PC et Sega MegaDrive. La série NBA Live est lancée en 1995 sur Super Nintendo et MegaDrive, et se poursuit aujourd'hui au rythme d'une édition annuelle. Les séries éditées par 2K Sports et Electronic Arts sont les plus populaires et sont disponibles sur tous les supports : NBA 2K, NBA Street ou NBA Jam. Hormis les consoles de salon, le basket-ball a donné lieu à des jeux d'arcade, dont l'un des plus populaires est un simulateur de lancers francs.
255
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256
+ Aux États-Unis, les ligues fantasy, simulations sur Internet où les participants tiennent le rôle de managers, sont un phénomène social de grande ampleur puisque près de 33,5 millions de personnes y jouent en 2013, tous sports confondus[160]. Les jeux liés à la NBA sont très nombreux et populaires, et la ligue a d'ailleurs crée sa propre plate-forme de fantasy. En Europe et en France, le phénomène est plus récent mais en croissance : la LNB a elle aussi créé un site de ligues fantasy. Le fantasy challenge de l'Euroligue réunit chaque année plusieurs milliers de joueurs des quatre coins du continent (79 019 équipes enregistrées en 2008).
257
+
258
+ Parmi la masse considérable de supporters et de pratiquants du monde entier, le président américain Barack Obama est sans doute le plus célèbre d'entre tous. Bon joueur au lycée, il n'a jamais cessé de pratiquer, y compris durant sa campagne électorale. Depuis son élection, il joue régulièrement sur le terrain de la Maison-Blanche, construit en 1991 puis rénové en 2006[161]. Il suit également avec attention les championnats NBA, WNBA[162], et NCAA (universitaire), pour lequel il livre chaque année son pronostic devant les caméras d'ESPN. En août 2010, il assiste à une rencontre WNBA[163], puis fête quelques jours plus tard ses 49 ans en organisant un match avec plusieurs joueurs professionnels, dont LeBron James, Dwyane Wade, Joakim Noah et Derrick Rose[164]. Le boxeur Manny Pacquiao est également joueur et entraîneur de basketball dans la ligue philippine[165]. Le rappeur Jay-Z fut quant à lui actionnaire minoritaire de la franchise des Nets de Brooklyn[166].
259
+
260
+ En France, le frère du rappeur Oxmo Puccino, Mamoutou Diarra, est joueur professionnel. Le chanteur Benjamin Biolay revendique sa passion pour le basket-ball américain[167] et a d'ailleurs écrit quelques chroniques pour l'hebdomadaire spécialisé Basket News en 2005. Le chanteur Philippe Katerine est un ancien joueur de basket-ball dans sa jeunesse[168] et se met en scène jouant au basket-ball dans le clip de son titre La Liberté. L'ancien Premier ministre français Lionel Jospin a également pratiqué le basket-ball durant plus de vingt ans, au lycée, à l'université puis dans le club de l'ASA Sceaux[169].
261
+
262
+ Comme pour la plupart des sports, les supporters se regroupent parfois en clubs et entonnent des chants en l'honneur de leur équipe. Lors des phases finales (playoffs), tout le public est généralement grimé aux couleurs de l'équipe résidente, notamment dans le basket-ball universitaire américain. En outre, les plus grandes équipes de la NBA comptent de nombreuses célébrités parmi leurs supporters. Woody Allen, Tom Hanks ou Ben Stiller sont connus pour être des fans des Knicks de New York, tandis que Jack Nicholson, Leonardo DiCaprio et Will Ferrell supportent les Lakers de Los Angeles[170]. Selon l'ancien basketteur Dennis Rodman, qui est devenu ami avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, ce dernier est un grand fan de basket-ball et tout particulièrement des Bulls de Chicago[171].
263
+
264
+ Supporters de la Virtus Roma en 2008
265
+
266
+ Fans des Suns de Phoenix en 2010
267
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268
+ Fans de l'Aris Salonique en 2005
269
+
270
+ Ultras du Wydad de Casablanca en 2013
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le basket-ball apparaît dans la presse écrite américaine peu après son invention, à la fin du XIXe siècle. Le premier article consacré au sport est intitulé Un nouveau jeu (A New Game) et date de 1892 : son auteur, Dennis Horkenbach, est le rédacteur en chef du Triangle, le journal de l'université de Springfield (où le sport a été inventé quelques mois auparavant)[172].
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+ En démonstration dès les Jeux olympiques d'été de 1904, à Saint-Louis (Missouri), le basket-ball gagne rapidement sa place dans les quotidiens américains, qui publient les résumés des principaux matchs des ligues américaines. Le sport est aujourd'hui très largement couvert par les titres les plus prestigieux, tels que le New York Times, le Washington Post, le Boston Globe ou le Chicago Tribune. Le basket-ball est en outre traité de manière extensive dans les pages de l'influent hebdomadaire sportif Sports Illustrated, qui publie depuis quelques années une version chinoise de son magazine. En août 2006, Yao Ming figure sur la couverture du premier numéro[173]. Il existe aussi une presse spécialisée aux États-Unis, à l'image du mensuel SLAM.
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+ En Europe, le basket-ball a une présence dans la presse écrite moindre que d'autres sports comme le football ou le tennis. À la fin des années 1950, le quotidien français L'Équipe est l'initiateur de l'idée d'une compétition européenne des clubs. C'est ainsi que voit le jour en 1957 la coupe d'Europe des clubs champions. Le journal fournit le trophée pour la première édition, dont la finale se déroule en 1958. Une presse spécialisée, hebdomadaire ou mensuelle, existe aujourd'hui dans la plupart des pays européens : Gigantes del basket en Espagne, Superbasket en Italie, Five en Allemagne... Le site Eurobasket.com, décliné en plusieurs versions consacrées chacune à un continent différent, couvre la plus grande partie des championnats professionnels du monde.
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+ En France, la Fédération française édite depuis octobre 1933 le mensuel Basket-ball[174]. En 1982, Maxi-Basket devient le premier mensuel entièrement consacré au basket. Au début des années 1990, avec l'« effet Dream Team », le magazine est rejoint par plusieurs autres titres, comme Mondial Basket, Cinq Majeur ou Sport Action Basket. L'hebdomadaire spécialisé Basket Hebdo voit le jour en 1996, puis devient Basket News en 2000. En octobre 2015, le site du journal L'Équipe devient le site officiel de la NBA en France[175].
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+ À la télévision, c'est le 28 février 1940 qu'est diffusé en direct le premier match de basket-ball par une chaîne new-yorkaise expérimentale du nom de W2XBS[176]. La rencontre, qui oppose l'université Fordham à l'université de Pittsburgh, se déroule au Madison Square Garden. L'action est alors filmée par une seule caméra.
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+ Le match le plus suivi de l'histoire est celui qui a opposé les États-Unis à la Chine le 9 août 2008 lors des Jeux olympiques, avec une audience estimée à un milliard de téléspectateurs[177]. Le chiffre est toutefois sujet à caution[178]. Selon la FIBA, le Mondial 2010 qui s'est déroulé en Turquie a été suivi par un total d'un milliard de téléspectateurs, dans 180 pays, soit une audience deux fois plus importante que pour l'édition 2006 au Japon[179].
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+ La NBA est de loin la ligue professionnelle qui bénéficie de la diffusion télévisuelle internationale la plus importante. Les Finales NBA 2010 entre les Lakers de Los Angeles et les Celtics de Boston ont été diffusées dans 215 pays et territoires, en 41 langues[180]. Les matchs sont diffusés en direct par plusieurs chaînes de télévision américaines, dont ESPN, Fox Sports et TNT. La NBA finance également son propre réseau de télévision, NBA TV, qui diffuse certains matchs ainsi que des émissions et des reportages. Au Canada, la chaîne NBA TV Canada est consacrée à l'actualité de la ligue américaine, et notamment de l'équipe des Raptors de Toronto.
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+ En France, les matchs de la NBA étaient diffusés sur Canal+ du milieu des années 1980 à 2012 ; l'ancien basketteur franco-américain George Eddy a été le commentateur officiel de la chaîne à partir de 1985[36]. La chaîne produit une émission consacrée à la Pro A, Lundi Basket, mais a dû arrêter la diffusion de son émission Canal NBA en 2012, après le rachat des droits de diffusion exclusifs pour quatre ans par la chaîne BeIN Sports[181]. Cette dernière produit désormais sa propre émission, NBA Extra. Bien que sa notoriété soit inférieure, l'Euroligue développe rapidement son rayonnement télévisuel : le Final Four 2010 a ainsi été diffusé dans 194 pays[182].
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+ À partir des règles du basket-ball, de nombreuses variantes ont été développées et sont aujourd'hui pratiquées à travers le monde. De même, il existe des sports proches du basket-ball, ayant généralement pour objectif commun de consister à faire passer une balle au sein d'un arceau.
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+ Le basket-ball en fauteuil roulant, également appélé handibasket ou basket fauteuil, où les joueurs sont équipés d'un fauteuil roulant conçu spécialement pour le basket-ball[183]. Créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale et aujourd'hui pratiqué partout dans le monde, il est l'un des plus anciens handisports et constitue l'une des épreuves-phares des Jeux paralympiques. Règlementé par l'International Wheelchair Basketball Federation, il se joue sur un terrain aux normes FIBA et suit la plupart des règles appliquées aux valides. Par exemple, le joueur doit dribbler la balle au sol toutes les deux poussées de fauteuil afin de respecter la règle du marcher[183]. Amputée d'une jambe dans un accident de car de son équipe en 2013, la Serbe Nataša Kovačević devient en 2015 la première joueuse européenne handicapée a évoluer au niveau professionnel avec les valides grâce à une prothèse[184].
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+ Adapté aux joueurs atteints de surdité, le basket-ball des sourds, ou basket sourd, utilise la langue des signes pour l'arbitrage et la communication entre les joueurs. Régi par la Fédération internationale de basket-ball des sourds, ce handisport figure au programme des Deaflympics (Jeux olympiques des sourds).
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+ Il existe également le basket-ball adapté, pratiqué par des joueurs atteints de handicap mental. Il leur est réservé mais applique les mêmes règles que le basket-ball en cinq contre cinq.
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+ Le basketball à trois contre trois, qui oppose deux équipes de trois joueurs sur un demi-terrain, connaît un développement de plus en plus important[185]. Pratiqué depuis longtemps de manière informelle, le basketball 3×3 obtient une reconnaissance internationale avec l'organisation des premiers championnats du monde masculins, féminins et mixtes en 2012[186]. Les règles diffèrent du basket-ball classique. Un tir réussi vaut un seul point, ou deux s'il est tiré au-delà de la ligne des trois points. Lorsque l'équipe en défense récupère la balle, elle doit sortir de l'intérieur de la ligne des trois points avant d'attaquer. Enfin, une équipe dispose d'un maximum de douze secondes pour tenter un tir. Le sport sera en démonstration lors des Jeux olympiques de Rio en 2016[185].
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+ Le streetball, ou basket-ball de rue, est une variante du basketball pratiquée en extérieur, sur des terrains goudronnés dénommés playgrounds. Il privilégie les actions spectaculaires (cross-over, alley-oop) et le un-contre-un[187], avec une certaine tolérance envers certaines fautes comme le marcher. De nombreuses techniques (moves) utilisées dans le basket-ball classique proviennent du streetball, et certains joueurs ont un style inspiré par le jeu de rue, comme Carmelo Anthony, Rafer Alston, Stephon Marbury et Allen Iverson[86]. Cette variante a fortement imprégné la culture du basket-ball et est l'une des composantes majeures de la culture afro-américaine.
301
+
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+ Le netball, créé à la fin du XIXe siècle, était censé devenir la version féminine du basket-ball féminin. Joué par des équipes de sept, sans contacts entre les joueuses, il est pratiqué principalement dans les pays du Commonwealth en Océanie et demeure l'un des sports féminins les plus populaires avec vingt millions de pratiquants. Il partage des points communs avec le basket-ball, mais le dribble au sol est en revanche interdit.
303
+
304
+ Disposant d'un championnat du monde depuis 1978, le korfbal est une variante néerlandaise du ringboll suédois créée vers 1902. Il est présent principalement aux Pays-Bas et en Belgique, et a été présenté à deux reprises aux Jeux olympiques. Il se pratique avec un ballon de football, que les pratiquants doivent lancer dans un arceau placé à 3,5 mètres du sol[188].
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+ Les autres variantes ont une importance moindre :
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+ Taxons concernés
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+ Dans la famille des Mephitidae, le genre :
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+ Blaireau est un terme du vocabulaire courant qui désigne plusieurs espèces de mammifères appartenant à la famille des Mustelidae. Ce nom ne correspond pas à un niveau précis de la classification scientifique des espèces. Autrement dit, il s'agit d'un nom vernaculaire dont le sens est ambigu en biologie car il désigne une dizaine d'espèces distinctes parmi les Melinae (blaireaux eurasiatiques), les Mellivora (ratel) et Taxidea (Blaireau d'Amérique). Le plus souvent toutefois, en parlant de « blaireau » les francophones font référence au Blaireau européen (Meles meles).
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+ Les animaux désignés sous le nom de blaireau sont des mammifères omnivores de taille moyenne, au corps massif, à pattes courtes et museau allongé. La fourrure épaisse et rude est bicolore, noir ou gris-brun, avec le plus souvent de larges bandes blanches partant de la tête et se prolongeant plus au moins loin sur le cou ou le dos, selon les espèces[1].
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Blaireau européen.
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+ Blaireau du Japon.
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+ Blaireau d'Amérique.
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+ Blaireau à gorge blanche.
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+ Blaireau-furet (ici de Chine).
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+ Blaireau à miel.
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+ Ces mustélidés peuvent être confondus avec d'autres carnivores de taille moyenne et dont la face présente également un masque facial sombre. Toutefois, même vu de loin, le Raton laveur commun (Procyon lotor) est d'aspect plus rond avec une fourrure plus soyeuse et le Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides)[2] est proportionnellement plus haut sur pattes.
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+ Blaireau européen (Meles meles).
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+ Raton laveur commun (Procyon lotor).
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+ Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides).
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+ Les caractéristiques générales des blaireaux sont celles des mustélidés, avec des nuances pour chaque espèce. La plupart ont en commun de déposer leurs crottes dans de petits trous non refermés appelés pots. (voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie).
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+ Le blaireau peut être responsable de la transmission de la tuberculose bovine. Toutefois, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a publié en octobre 2019 un rapport sur l'inutilité d'abattre les animaux, ou de les piéger dans les zones indemnes de tuberculose bovine. Si le blaireau peut transmettre la maladie aux bovins, il n'est pas la seule espèce sauvage concernée. Certains départements pratiquent encore l'abattage préventif[3].
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+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[4] en français.
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+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.
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+ LeBron James, né le 30 décembre 1984 à Akron (Ohio), est un joueur professionnel américain de basket-ball. Il évolue actuellement aux Lakers de Los Angeles en National Basketball Association (NBA). Mesurant 2,03 m et pesant 113 kg, il a la possibilité de jouer à la fois ailier et ailier fort. Il est considéré comme le meilleur ailier et l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de la NBA. Il est surnommé « King James » (le Roi James) ou « The Chosen One » (L'Élu).
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+ Il établit de nombreux records de précocité à titre individuel. LeBron James est élu rookie de l'année en 2004 et remporte le titre de MVP à quatre reprises (en 2009, 2010, 2012 et 2013). Il est sacré champion NBA et MVP des Finales en 2012 et 2013 avec le Heat de Miami et en 2016 avec les Cavaliers de Cleveland. Sur sa carrière, LeBron James est le 3e marqueur le plus prolifique de l'histoire de la NBA. En 2019, James est élu sportif masculin de la décennie par l'Associated Press.
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+ LeBron James est sélectionné 15 fois dans les All-NBA Team dont 12 dans le cinq majeur (record) et sélectionné 16 fois au NBA All-Star Game dont trois où il remporte le titre de MVP. En 2008, il remporte le titre de meilleur marqueur avec 30 points par rencontre. Avec l'équipe des États-Unis, LeBron James est également double champion olympique 2008 et 2012.
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+ En playoffs, il est également le meilleur marqueur de l'histoire (6 910 points), le 3e meilleur passeur (1 687 passes), le 6e meilleur rebondeur (2 122 rebonds), le meilleur intercepteur (419) et le 5e joueur ayant disputé le plus de match (239).
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+ LeBron James est né le 30 décembre 1984 à Akron dans l'Ohio. Sa mère Gloria James, alors âgée de 16 ans, doit l'élever seule[1]. Elle peine à trouver un emploi stable et déménage souvent[2]. Gloria James autorise LeBron, alors âgé de 9 ans, à habiter chez Frank Walker, un entraîneur de football local pour qu'il grandisse dans un environnement familial stable[3]. LeBron apprend à jouer au basket-ball et joue dans la Amateur Athletic Association (AAU) pour l'équipe des Northeastern Ohio Shooting Stars. L'équipe réalise de bonnes performances au niveau local et national grâce à LeBron et ses amis Sian Cotton, Dru Joyce et Willie McGee. Ils se surnomment le "Fab Four" et se promettent d'aller dans le même lycée[4].
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+ LeBron James attire l'attention des médias alors qu'il n'est encore qu'au lycée de Saint Vincent-Saint Mary dans l'Ohio. Ses performances individuelles qui portent son équipe lui valent d'être nommé Mr. Basketball de l'Ohio et sélectionné dans la All-USA First Team par le magazine USA Today pendant trois saisons consécutives[5]. Avant sa dernière année de lycée, il tente de contourner le règlement de la NBA qui oblige un joueur à accomplir ses années de lycée avant de pouvoir se présenter à la draft[6]. Sa demande est rejetée mais sa dernière année de lycée est hyper-médiatisée, certains de ses matches étant retransmis sur des chaînes du câble. Il est alors surnommé the Chosen One par le magazine Sports Illustrated (qui en fait d'ailleurs sa une) et présenté comme un nouvel « héritier » de Michael Jordan. Son record de points au lycée est de 74[7].
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15
+ James se déclare éligible pour la draft le 25 avril 2003[8]. Dans la foulée, il signe un contrat de 90 millions de dollars sur sept ans avec Nike. Les Cavaliers de Cleveland (qui sont accusés d'avoir volontairement saboté leur fin de saison afin d'obtenir une bonne place à la draft[9],[10]), obtiennent le premier choix de la draft et sélectionnent James[8].
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17
+ La première saison de James en NBA ne déçoit pas : il est nommé Rookie of the Year et manque de peu de qualifier les Cavaliers pour les playoffs. Il bat rapidement plusieurs records individuels, devenant notamment le plus jeune joueur de l'histoire de la ligue à marquer 2 000 points à 20 ans et 183 jours, battant la marque jusqu'alors détenue par Kobe Bryant.
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19
+ La saison 2004-2005 est celle de la confirmation sur le plan individuel : James devient le plus jeune joueur à réaliser un triple-double en janvier (son record de précocité est battu en 2017 par Lonzo Ball) et en mars il devient le plus jeune joueur à marquer plus de 50 points au cours d'un match. Mais sur le plan collectif, la progression n'est pas aussi évidente : après avoir pris la tête de la division en début de saison, le bilan des Cavaliers s'érode petit à petit. Le limogeage de l'entraîneur Paul Silas vers la fin de la saison ne change rien aux affaires et les Cavaliers manquent encore de se qualifier pour les playoffs pour la seconde année consécutive.
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21
+ En février 2006, il devient le plus jeune basketteur à remporter le titre de meilleur joueur du All-Star Game[11], organisé cette année à Houston. Au cours du mois de mars, il devient le premier joueur de l'histoire de la NBA à obtenir trois fois d'affilée le titre de meilleur joueur de la semaine alors que les Cavaliers se dirigent vers les phases finales. James finit la saison régulière avec 31,4 points, 7,0 rebonds et 6,6 passes de moyenne.
22
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23
+ En avril 2006, lors du premier match de sa carrière en playoffs, il réussit un triple-double (32 points, 11 rebonds et 11 passes), devenant seulement le 3e joueur à réaliser cette performance après Johnny McCarthy en 1960 et Magic Johnson en 1980. Il finit également 2e au classement du MVP de la saison. "King James" a permis à sa franchise de passer l'obstacle Wizards au premier tour avant d'offrir une résistance inattendue contre Detroit. Auteur d'un nouveau triple-double lors du match 3, James contraint les Pistons à jouer leur qualification lors d'un 7e match décisif. Les joueurs du Michigan l'emportent finalement en resserrant la défense autour du jeune prodige qui termine néanmoins ses premiers playoffs avec des moyennes de 30,8 points, 8,1 rebonds et 5,8 passes décisives.
24
+ La saison suivante est moins accomplie pour James, il tourne à 27,3 points, 6 passes et 6,7 rebonds par rencontre. Mais après avoir éliminé les Wizards de Washington et les Nets du New Jersey, il qualifie Cleveland pour ses premières finales NBA en battant les Pistons de Detroit. Au cours du match 5 contre ces mêmes Pistons il marque 29 des 30 derniers points de son équipe qu'il mène ainsi à la victoire. Lors de la première rencontre de la finale face aux Spurs de San Antonio, James manque ses 9 tirs de champs et ne marque que 4 points sur des lancers francs lors des deux premières périodes. James finit la rencontre avec 14 points, 7 rebonds et 4 passes décisives dans la défaite (85-76) des Cavaliers. Les performances de James s'améliorent un peu dans les parties suivantes, mais ce n'est pas suffisant : les Cavaliers s'inclinent 4-0 dans la série.
25
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+ Lors de la saison 2007-2008, James est élu MVP du All-Star Game[12] après celui de 2006 avec 27 points, 9 rebonds et 8 passes décisives. Il est aussi le meilleur marqueur de la saison régulière avec en moyenne 30 points par rencontre. James et Cleveland sont éliminés en demi-finale de conférence face aux Celtics de Boston (4-3), les futurs vainqueurs. Peu à l'aise lors de la série face à la défense de Boston, James marque toutefois 45 points lors de la septième manche.
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+ Lors de la saison 2008-2009, les Cavaliers finissent meilleure équipe de la NBA et James est élu MVP[13]. Les Cavaliers éliminent les Pistons en 4 matchs secs lors du premier tour des play-offs[14], puis les Hawks d'Atlanta, toujours en quatre rencontres[15]. Les Cavaliers sont ensuite éliminés en finale de la Conférence Est par le Orlando Magic de Dwight Howard sur le score de 4-2[16]. Malgré la défaite, LeBron James réalise des moyennes de 38,5 points, 7,7 passes et 8,3 rebonds lors de la série.
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+ Pour la saison 2009-2010, les Cavaliers font venir le pivot Shaquille O'Neal pour aider James[17]. Puis, en milieu de saison, Antawn Jamison arrive des Washington Wizards[18].
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+ Malgré des débuts difficiles Cleveland termine meilleure équipe de la saison régulière, ce qui leur assure l'avantage du terrain pour toute la durée des playoffs. Il réalise l'une des performances statistiques les plus importantes de la saison avec un triple-double, 43 points, 13 rebonds et 15 passes lors d'une défaite 118 à 116 face aux Nuggets de Denver où Carmelo Anthony inscrit 40 points, dont le panier victorieux[19]. LeBron James devient le premier joueur à réaliser au moins 40 points, 15 passes et 13 rebonds depuis les 42 points, 18 passes et 15 rebonds d'Oscar Robertson en février 1962[19].
33
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+ Sur la saison, LeBron James marque 29,7 points de moyenne par rencontre, prend 7,3 rebonds et fait 8,6 passes décisives. Il ne termine toutefois pas meilleur marqueur puisque Kevin Durant remporte ce titre[20]. Au premier tour des playoffs, les Cavaliers affrontent les Bulls de Chicago qui ont terminé 8e à l'est. Les Cavaliers remportent la série 4 victoires à 1[21]. En demi-finale de conférence, leur adversaires sont les Celtics de Boston. La série entre les deux équipes se révèle très surprenante avec 2 défaites à domicile pour Cleveland et Boston finit par s'imposer 4-2. James est élu pour la deuxième année consécutive MVP de la saison régulière avec 116 premières places sur 121 possibles[22], il fait mieux que l'année précédente (109 fois premier).
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36
+ À l'issue de la saison 2009-2010, il devient agent libre (free-agent) comme de nombreuses autres superstars tels que Dwyane Wade, Chris Bosh ou Amar'e Stoudemire. Il annonce le 8 juillet 2010 dans une émission spéciale à la télévision son départ de Cleveland pour le Heat de Miami. Il y joue notamment avec Dwyane Wade et Chris Bosh qui forment le Big Three, les trois joueurs principaux, du Heat. Il signe un contrat de 4 ans (avec 2 ans en option).
37
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38
+ Avec ce transfert spectaculaire et sa méthode d'annonce controversée, nommée par les journalistes américains The Decision (« La Décision »), LeBron James essuie de nombreuses critiques venant des fans déçus des Cavaliers de Cleveland et de son propriétaire.
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+ James a d'autre part décidé de ne plus porter le numéro 23, déclarant faire cela en hommage à Michael Jordan[23]. Le club de Miami ayant retiré le numéro 23 le 11 avril 2003[24], James porte le numéro 6, un numéro qu'il possède déjà en sélection nationale.
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+ Pour son retour à Cleveland avec le Heat de Miami, LeBron James est hué par le public durant toute la partie. Malgré cela, il contribue activement à la victoire de son équipe et réalise son meilleur match de début de saison du point de vue statistique avec 38 points, 8 passes décisives et 5 rebonds[25].
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+ Le 25 décembre à Los Angeles contre le champion en titre, les Lakers, LeBron James et le Heat s'imposent largement sur le score de 96 à 80. James réalise un triple-double : 27 points, 11 rebonds et 10 passes, le 3e depuis son arrivée à Miami et le 31e de sa carrière.
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+ Après des débuts difficiles, le Miami Heat de Dwyane Wade et Chris Bosh remonte la pente et enregistre avec 23 victoires et 9 défaites en 32 matches, la meilleure entame de saison de sa carrière. Depuis début janvier, James surnomme l'équipe du Heat les Heatles en référence aux Beatles et au taux de remplissage des salles lors du passage de son équipe qui est de 99,1 %. Le 3 février, il inscrit 51 points, prend 11 rebonds et distribue 8 passes décisives lors d'une victoire du Heat face au Orlando Magic. Ses 51 points constituent le meilleur total de la saison NBA 2010-2011.
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+ Lors du All-Star Game, le 20 février, James devient le deuxième joueur de l'histoire après Michael Jordan à réaliser un triple-double avec 29 points, 12 rebonds et 10 passes décisives. Cependant, son équipe des All-Stars de la Conférence Est est battue par celle de l'Ouest et c'est Kobe Bryant (37 points et 14 rebonds) qui est élu MVP.
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+ Malgré de nombreuses critiques tout au long de la saison, LeBron James termine deuxième marqueur de la NBA lors de sa première saison avec le Miami Heat et troisième au classement du NBA Most Valuable Player derrière Derrick Rose et Dwight Howard. Son coéquipier et ami Dwyane Wade termine quatrième marqueur de la ligue. Cela montre que l'entente entre les deux stars a parfaitement marché. De plus, le Heat de Miami termine deuxième de la conférence est.
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+ Après avoir éliminé les 76ers de Philadelphie au premier tour 4-1, le Heat et LeBron sortent les Celtics en demi-finale de conférence, 4-1 également. Cette victoire est symbolique pour James qui avait buté à deux reprises sur Boston en demi-finale de conférence est, en 2008 et en 2010 avec Cleveland. Lors de cette série, James élimine les Celtics en marquant les 10 derniers points dont deux trois points « clutch » et un dunk surpuissant de la cinquième et dernière rencontre de la série, dont le score final est 97 à 87. Le Heat élimine les Bulls de Chicago sur le score de 4 à 1 en finale de conférence et obtient le droit d'affronter en finale NBA les joueurs des Mavericks de Dallas, vainqueurs du Thunder d'Oklahoma City. À l'issue de la cinquième rencontre à Chicago, Scottie Pippen déclare même que « Michael Jordan est peut-être le meilleur marqueur à avoir joué à ce jeu mais j’irais jusqu’à dire que LeBron James est peut-être le meilleur joueur à avoir joué. Le plus complet[26].» Miami perd finalement la finale sur le score de 4 à 2 avec une décevante prestation de Lebron James. Il ne totalise au bout du compte que 21 points, 6 passes, 4 rebonds et 6 balles perdues, lors de la sixième et dernière rencontre de la série[27].
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+ La saison 2011-2012 est écourtée pour cause de lock-out : la saison régulière ne compte que 66 rencontres. Au coude à coude avec Kevin Durant du Thunder d'Oklahoma City, James remporte le titre de NBA Most Valuable Player, avec des moyennes de 27,1 points, 7,9 rebonds et 6,2 passes décisives pendant la saison régulière. James est le meilleur marqueur, passeur, rebondeur et intercepteur de son équipe en saison régulière. Le Heat se qualifie pour les playoffs en terminant champion de la division Sud-Est, deuxième de la Conférence Est et quatrième de la ligue.
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+ Le Heat bat les Pacers de l'Indiana en demi-finale de conférence. Dans la 4e rencontre, il marque 40 points, prend 18 rebonds et fait 9 passes décisives. Il est le deuxième joueur de l'histoire après Elgin Baylor à marquer au moins 40 points, prendre au moins 18 rebonds et délivrer au moins 9 passes décisives[28].
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+ Lors de la finale de conférence Est, le Heat de Miami est mené 3 à 2 face aux Celtics de Boston et se retrouve face à une élimination dans cette série au meilleur des 7 matches. Lors du 6e match, James marque 45 points, prend 15 rebonds et délivre 5 passes décisives et Miami s'impose 98 à 79 pour arracher un septième match, à domicile. C'est la deuxième fois dans l'histoire de la NBA qu'un joueur marque au moins 45 points, prend 15 rebonds et délivre 5 passes décisives dans un match éliminatoire (la première fois, c'était Wilt Chamberlain contre les Hawks de Saint-Louis en 1964)[29]. Le 7e match, décisif, est gagné par Miami 101 à 88 ; à cette occasion James marque 31 points et prend 12 rebonds.
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+ Dans ces playoffs 2012, LeBron James et le Heat atteignent la finale face au Thunder. Le Heat l'emporte 4-1. Auteur de 30 points, 11 rebonds et 7 passes sur la série, ainsi qu'un triple-double (26 points, 11 rebonds et 13 passes décisives)[30], dans la dernière rencontre, il est élu MVP des finales.
61
+
62
+ LeBron James commence à nouveau très bien la saison puisqu'il aligne les performances statistiques qui lui valent d'être élu Joueur du mois de novembre. Son équipe prend la tête de la conférence Est et James améliore son niveau de jeu pour obtenir, en décembre, des statistiques de 27,5 points par match à 55 % au tir, 8,1 rebonds, 7,5 passes décisives et 2 interceptions. Seuls Wilt Chamberlain et Larry Bird avaient obtenu de telles statistiques. Il est élu joueur du mois de la conférence Est pour une seconde fois consécutive, marquant la fin d'une année exceptionnelle avec les principaux titres personnels (MVP de la saison régulière et des Finals) et collectifs (Champion NBA et Champion olympique) ce que seul Michael Jordan avait réalisé avant lui.
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+ En décembre 2012, il est élu Sportif de l'année par le magazine Sports Illustrated et par la Fédération américaine de basket-ball ainsi que dans d'autres médias.
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+ Lors du match du 10 janvier 2013 face aux Trail Blazers de Portland, sa série de 54 matchs où il marque 20 points ou plus s'arrête. C'est la seconde plus longue série de l'histoire de la NBA pour un début de saison[réf. nécessaire]. Le 17 janvier 2013 lors de la victoire de Miami sur les Warriors du Golden State, LeBron James devient le plus jeune joueur de l'histoire de la NBA à atteindre la barre des 20 000 points en carrière, battant ainsi le record détenu jusque-là par Kobe Bryant. Il atteint également ce même jour la barrière des 5 000 passes décisives en carrière[31]. Le 18 mars, le Heat de Miami devient, en battant les Celtics de Boston, la franchise avec la deuxième plus longue série de victoires soit 23 victoires, devançant désormais les Rockets de Houston de 2008[32]. Le 20 mars, lors d'une victoire contre les Cavaliers, James inscrit son quatrième triple-double de la saison, son 36e en carrière. La série de victoires du Heat prend fin contre les Bulls de Chicago après 27 victoires. Le record NBA est détenu par les Lakers de Los Angeles de la saison 1971-1972 avec trente-trois victoires[32].
67
+
68
+ Au terme de cette saison, James termine 4e marqueur, 4e à la réussite aux tirs, 10e passeur, 10e intercepteur, 21e rebondeur et 36e contreur avec un PER (Player efficiency rating) de 31,59, le meilleur de la NBA, c'est la sixième année consécutive qu'il termine avec le meilleur PER, avant lui seul Wilt Chamberlain avait fait autant et seul Michael Jordan a fait mieux avec 7 années consécutives. Il termine deuxième au vote du meilleur défenseur de l'année avec 18 premières places derrière Marc Gasol[33].
69
+
70
+ Sans surprise, après un premier tour de playoffs remporté 4-0 contre les Bucks de Milwaukee, il est élu MVP pour la 4e fois de sa carrière. À 28 ans, il est le plus jeune joueur à compter quatre fois cette récompense dans l'histoire de la NBA et rentre dans un cercle très fermé dont seuls Kareem Abdul-Jabbar, Bill Russell, Michael Jordan et Wilt Chamberlain font partie. Il est le seul joueur avec Russell à avoir remporté quatre titres de MVP en cinq ans et le seul avec Jabbar à avoir réalisé deux doublés; comme ce dernier avec deux équipes différentes dans sa carrière[34]. Il manque de marquer l'histoire pour un seul vote (120/121) qui lui aurait permis de devenir le premier joueur élu à l'unanimité[35].
71
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+ Miami bat ensuite les Bulls de Chicago en cinq matches avant de disposer en sept matches des Pacers de l'Indiana. James est sanctionné par la ligue pour avoir effectué un flop[36]. En finale, le Heat est opposé aux Spurs de San Antonio. James réalise un nouveau triple-double avec 18 points, 18 rebonds et 10 passes décisives lors de la première rencontre. La série est très serrée et Miami bat finalement San Antonio au bout de sept manches. James remporte une nouvelle fois le titre de MVP des finales et devient le troisième joueur avec Michael Jordan et Kareem Abdul-Jabbar à combiner plus de deux titres de MVP, deux titres de champion et deux titres de MVP des finales.
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+
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+ Le 20 février 2014, lors de la victoire des siens 101 à 83 face au Thunder d'Oklahoma City, James a le nez fracturé à la suite d'une manchette de Serge Ibaka[37]. Il manque ainsi le match suivant contre les Bulls de Chicago mais joue masqué le 27 février contre les Knicks de New York[38]. Lors de ce match, il marque 31 points à 13/19 aux tirs et doit encore porter son masque durant deux semaines[39]. Alors qu'il a porté un masque noir durant ce match, la NBA le contacte pour lui demander de jouer avec un masque transparent pour les prochains matchs du Heat[40]. Le 3 mars, il réalise sa meilleure performance offensive en carrière avec 61 points à 22/33 aux tirs dont 8/10 à 3 points contre les Bobcats de Charlotte, il réalise également le record de la franchise du Heat[41].
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+ Le 25 mai 2014, en marquant 31 points, prenant 10 rebonds et faisant 5 passes décisives contre les Pacers de l'Indiana en finale de conférence, il devient le joueur ayant le plus souvent cumulé 25 points, 5 rebonds et 5 passes dans l'histoire des playoffs NBA (74 matchs au 1er juin 2014), dépassant le précédent record établi par Michael Jordan[42]. Le Heat atteint les Finales NBA mais est battu 4-1 par les Spurs de San Antonio.
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+ Quelques jours après la fin de cette série, il déclare faire valoir la clause du contrat qui lui permet de se libérer de celui-ci, deux ans avant son terme prévu pour 2016. Il devient ainsi agent libre au premier juillet[43].
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+ Le 11 juillet 2014, il choisit de retourner à « la maison », aux Cavaliers de Cleveland[44], qui l'avaient drafté en première place en 2003. Dans une interview donnée au magazine sportif Sports Illustrated nommée The Decision 2.0 (en référence à l'interview dans laquelle il annonçait son départ de Cleveland pour Miami), il explique sa décision de revenir à Cleveland et réaffirme son amour pour cette franchise ainsi que sa volonté de gagner un titre NBA avec elle. Sachant la tâche difficile, il explique vouloir recréer un projet à long terme.
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+ Les Cavaliers, après plusieurs saisons décevantes, disposent d'une équipe dans laquelle se trouvent Kyrie Irving, Anthony Bennett et Andrew Wiggins respectivement les premiers choix des drafts 2011, 2013 et 2014. Mais en août, les Cavaliers envoient Wiggins et Bennett aux Timberwolves du Minnesota pour récupérer l'un des meilleurs ailiers forts, Kevin Love[45], pour former avec Irving et James un nouveau "Big Three". De plus, les Cavaliers récupèrent un joueur libre de tout contrat : Shawn Marion (champion NBA avec les Mavericks de Dallas en 2011) et deux de ses anciens coéquipiers au Heat de Miami : Mike Miller (jouant pour les Grizzlies de Memphis) et James Jones avec qui il a déjà gagné deux titres de champion NBA.
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+ Le 23 juillet 2014, James signe un contrat de 42,1 millions de dollars sur 2 ans, en ayant une option de sortie après la saison 2014-2015. Ce choix s'explique notamment par la renégociation des droits télévisuels par les franchises en 2016 et l'augmentation du salary cap (plafond salarial d'une franchise) la même année.
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+ Le 30 octobre 2014, il rejoue pour la première fois depuis 2010 avec les Cavaliers en match officiel. Malgré une salle comble, acquise en sa faveur, et un bon début de partie, les Cavaliers s'inclinent contre les Knicks de New York.
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+ Le 25 décembre 2014, James retrouve pour la première fois en match officiel le Heat et son ancien coéquipier et ami Dwyane Wade à l'American Airlines Arena de Miami. James est acclamé durant son arrivée sur le terrain mais les Cavaliers perdent 91-101. Durant ce même match, il se blesse légèrement.
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+ Le même jour, James annonce sa blessure au genou (légère à Miami et qui s'est aggravée durant le match contre les Pistons de Detroit) et son indisponibilité pour deux semaines. C'est la première fois de sa carrière qu'il doit s’arrêter de jouer à cause d'une blessure (une précédente alerte l'a empêché de jouer contre le Thunder d'Oklahoma City).
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+ Le 14 janvier 2015, il fit son retour à la compétition, qu'il ponctua d'une très belle prestation : inscrivant 33 points, 7 rebonds et 5 passes décisives. Ce total était cependant insuffisant pour battre les Suns de Phoenix dans leur salle.
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+ Sans surprise, il est sélectionné par les fans pour la 11e fois consécutive dans l'équipe première de la conférence Est qui va participer au All-Star Game qui se tient à New York le 13-15 février 2015.
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+ Le 24 février 2015, contre les Pistons de Détroit, James dépasse Scottie Pippen dans le classement des meilleurs passeurs et devient le meilleur passeur de la catégorie des ailiers.
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+ Le 26 février 2015, James réalise son record de points pour la saison en cours contre les Warriors de Golden State, en inscrivant 42 points dans la victoire 110-99 des Cavaliers. Durant ce match, il prend aussi 11 rebonds et délivre 5 passes décisives[46].
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+ Le 3 mars 2015 contre les Celtics de Boston, James dépasse Ray Allen au classement des meilleurs marqueurs de l'histoire, atteignant la 21e place, à seulement 30 ans. Enfin, il dépasse Mark Price pour le record de passes décisives pour un joueur des Cavaliers le 10 mars 2015 lors du match contre les Mavericks de Dallas. Le 2 avril 2015, lors du match contre le Heat de Miami, il dépasse Patrick Ewing et devient le 20e meilleur marqueur de l'histoire de la NBA, à seulement 30 ans[47].
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+ Le 14 mai 2015, à la suite de la victoire des Cavaliers de Cleveland contre les Bulls de Chicago 4 manches à 2, LeBron James participe à sa cinquième finale de conférence consécutive, sa septième au total. Durant cette série, il inscrit 38 points lors du match 5, dont 24 points en une mi-temps.
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+ Le 20 mai 2015, à la suite de la victoire des Cavs contre les Hawks d'Atlanta lors du premier match (97-89), LeBron James dépasse le record du nombre de matches de playoffs à plus de 30 points, 5 rebonds et 5 passes décisives, record détenu par Michael Jordan jusque-là (51 matches). En effet, durant ce match, il inscrit 31 points, prend 8 rebonds et délivre 6 passes décisives.
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+ Le 24 mai 2015, à la suite de la victoire des Cavs contre les Hawks d'Atlanta lors du troisième match (114-111 a.p), James dépassa Karl Malone au classement des meilleurs marqueurs de l'histoire des playoffs (6e place) ainsi que Jason Kidd au classement des joueurs ayant réalisé le plus grand nombre de triples doubles durant la phase des playoffs (12e triple double pour James, le record étant détenu par Magic Johnson avec 30 triples doubles). De plus, malgré un premier quart-temps où LeBron ne rentre aucun de ses tirs (0 points sur 10 tentatives), il réussit à inscrire 37 points, prendre 18 rebonds et délivrer 13 passes décisives (ainsi que 3 interceptions). Durant ce match, il marque les 2 derniers paniers de son équipe et joue 46 minutes malgré des crampes en fin de partie.
107
+
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+ Le 26 mai 2015, à la suite de la victoire des Cavaliers contre Atlanta en 4 matches, LeBron James se qualifie pour les finales NBA pour la cinquième fois consécutive (en compagnie de son coéquipier James Jones). Il rejoint alors le cercle très fermé des joueurs ayant participé à au moins 5 finales consécutives, parmi lesquels Bill Russell, Sam Jones, K.C. Jones, Tom Heinsohn, Frank Ramsey, Bob Cousy, Bill Sharman et Satch Sanders (les membres de la légendaire équipe des Celtics de Boston).
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+ Le 4 juin 2015, il inscrit 44 points dans le match 1 des finales opposant Cleveland à Golden State. Malgré cela, son équipe chute en prolongations après avoir mené durant la majeure partie du match. Le match 2 voit Cleveland l'emporter après prolongations, permettant aux hommes de l'Ohio de récupérer l'avantage du terrain. LeBron James réalise une prestation complète avec 39 points, auxquels s'ajoutent 11 passes décisives et 16 rebonds[48]. Il s'agit de son 5e triple-double en finale, faisant de lui le 2e joueur de l'histoire au nombre de triples doubles en Finales.
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+ Le 9 juin 2015, il dépasse des joueurs tels que Michael Jordan, Shaquille O'Neal ou Magic Johnson, en battant le record du nombre de points inscrit sur les 3 premiers matches des finales : 123 points, effaçant le précédent record de Rick Barry de 1967 (122 points)[49].
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114
+ Le 14 juin 2015, malgré un nouveau triple-double de James (40 points, 14 rebonds, 11 passes décisives), Cleveland perd le match 5 face à Golden State[50]. Il se trouve désormais deuxième derrière Magic Johnson au nombre de triples-doubles compilés lors des finales NBA. Cependant, malgré ses performances, les Warriors sont champions NBA en 6 rencontres et LeBron James perd sa 4e finale en 6 participations.
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116
+ Le 28 juin 2015, LeBron James décide de résilier son contrat avec les Cavaliers et devenir free agent. Cette décision est un moyen de pression sur la franchise pour lui permettre d'avoir de bons coéquipiers. Le 9 juillet 2015, il resigne à Cleveland un contrat maximum (23 millions de dollars) et 46,9 millions de dollars sur deux ans, la deuxième année étant optionnelle[51].
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+
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+ Le 2 novembre 2015, à la suite de la victoire des Cavaliers contre les Sixers de Philadelphie, LeBron James franchit la barre des 25 000 points en carrière et devint par la même occasion le plus jeune joueur à avoir passé ce cap.
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+ Le 17 novembre 2015, malgré la défaite des Cavaliers contre les Pistons de Détroit, LeBron James dépasse Jerry West au classement des meilleurs marqueurs de tous les temps en NBA (il est dorénavant 19e).
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+ Le 23 novembre 2015, à la suite de la victoire des Cavaliers contre le Magic d'Orlando, il se classe 25e meilleur passeur de tous les temps. Il est l'un des deux joueurs avec Oscar Robertson à être parmi les 25 des meilleurs marqueurs et les 25 meilleurs passeurs de tous les temps en NBA.
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124
+ En janvier 2016, l'entraîneur David Blatt est licencié, non pas pour ses résultats (83 victoires et 40 défaites) mais en raison de tensions avec les joueurs. James est accusé d'avoir influé pour obtenir ce licenciement en raison de tensions entre lui et Blatt. Cependant James nie être impliqué dans la décision du propriétaire des Cavaliers[52].
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+ Tyronn Lue prend la place de Blatt et la fin de saison est assez calme pour les Cavaliers. Ils finissent avec un bilan de 57 victoires et 25 défaites. LeBron James, quant à lui, finit la saison régulière au 11e rang des meilleurs marqueurs en NBA en carrière devant Oscar Robertson avec 26 833 points et au 18e rang des meilleurs passeurs en NBA en carrière avec 6 815 passes. Il est préservé lors de certaines rencontres à l'approche des playoffs.
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+ Le 17 avril 2016 les Cavaliers rencontrent les Pistons de Détroit qui ont terminé 8e de la Conférence Est. Les Cavaliers remportent la série 4 victoires à 0. Ils rencontrent ensuite les Hawks d'Atlanta pour une revanche de la finale de Conférence Est 2015 où les Cavaliers avaient balayé (victoire 4 à 0) les Hawks. Il commence la finale de conférence Est contre Toronto de la meilleure des manières avec Les Cavs, en remportant les deux premiers matches. James signant même un triple-double lors du match 2 (23 points, 11 rebonds, 11 passes). D'ailleurs, lors de ce match, il dépasse Shaquille O'Neal pour devenir le 4e meilleur marqueur de l'histoire des Playoffs, derrière Michael Jordan, Kareem Abdul-Jabbar et Kobe Bryant. Mais Toronto s'impose à domicile lors du match 3 (99-84) et ce malgré un James en 24-8-5. Alors que Toronto remporte le quatrième match pour revenir à deux victoires partout, Cleveland va alors remporter les deux matches suivant pour remporter la série 4-2 avec deux performances complètes de LeBron James. Les Cavaliers se qualifient pour la seconde année consécutive en finale NBA, qui par la suite seront rejoints par les Warriors. Il s'agit de la sixième finale NBA de suite pour LeBron, un record pour tout joueur ne faisant pas partie de la dynastie des Celtics de Boston des années 1960.
129
+
130
+ La finale est la même que celle de 2015, remportée par les Warriors. Cleveland obtient près d'une semaine de repos, contre seulement quelques jours pour les Warriors. La première rencontre est serrée jusqu'au troisième quart-temps, Cleveland s'incline sur le score de 104-89. La performance de James est bonne (23 points, 12 rebonds, 9 passes), mais insuffisante. Pour la deuxième rencontre, les Warriors s'imposent avec une avance de 34 points. La situation est dès lors inquiétante pour Cleveland, qui ne peut pas se permettre d'être mené 3-0. Les Cavaliers réagissent au troisième match en s'imposant avec 30 points d'avance et notamment une grosse performance de LeBron James (32 points, 12 rebonds, 6 passes), accompagnée de celle de Kyrie Irving (30 points, 8 passes). Lors de la quatrième manche, Cleveland mène au début du quatrième quart temps mais s'incline à la fin, notamment à cause de quelques erreurs et pertes de balles de James. Ils sont menés 3 victoires à une. Jamais une équipe n'a alors gagné une finale NBA après avoir été mené 3-1. À la suite du quatrième match, la NBA décide de suspendre Draymond Green pour une altercation avec James. Lors de la cinquième manche, Cleveland doit gagner ou alors les Warriors sont sacrés champions. James et Kyrie Irving vont tous deux marquer 41 points pour mener leur équipe à la victoire. Il s'agit là d'une première : jamais deux joueurs de la même équipe n'avaient mis 40 points dans un même match de finale[53]. LeBron James va aussi prendre 16 rebonds et faire 7 passes décisives à 16/30 au tir. Le match 6 se joue ensuite à domicile pour les Cavaliers. LeBron James marque à nouveau 41 points, avec 8 rebonds et 11 passes décisives à 16/27 au tir (60 % de réussite). Les Cavaliers parviennent à forcer un 7e match décisif pour la série. Dans l'histoire des finales NBA, seules trois équipes ont réussi à s'imposer en jouant le match 7 à l'extérieur, la dernière fois datant de 1978 avec les Bullets de Washington[54]. Lors du match 7, le premier quart temps reste relativement serré, mais les Warriors vont mener de 7 points à la mi-temps, emmenés notamment par Draymond Green avec 22 points dont 5 sur 5 à 3 points. Au retour des vestiaires, Cleveland parvient à recoller au score, mais le match reste relativement serré jusqu'à 4 minutes de la fin du temps réglementaire, à 89-89. À 2 minutes de la fin, James réussit un contre sur André Iguodala et empêche alors les Warriors de reprendre l'avantage, Kyrie Irving va alors réussir un trois-points malgré une bonne défense de Stephen Curry à 53 secondes du terme. Le score est alors de 92-89, la défense de Cleveland ne lâche pas et LeBron parvient à donner 4 points d'avance à son équipe en mettant un de ses deux lancer-francs après avoir pris une faute sur une tentative de dunk. Les Cavaliers de Cleveland l'emportent finalement 93-89 et LeBron James est élu MVP des finales, celui-ci étant le meilleur des joueurs des deux équipes aux moyennes par match en points, rebonds, passes décisives, contres et interceptions (29,7 points, 11,3 rebonds, 8,9 passes, 2,6 interceptions et 2,3 contres)[55]. Il s'agit de la première équipe à remonter d'un retard de 3-1 en finale NBA, ainsi que le premier titre dans un sport majeur pour la ville de Cleveland depuis 52 ans (le dernier titre remontait à 1964, avec les Browns en NFL).
131
+
132
+ Au début de l'été, James devient agent libre et négocie un nouveau contrat avec les Cavaliers. En août, il signe un contrat de 100 millions de dollars sur 3 ans (avec la possibilité de devenir agent libre à la fin de la saison 2017-2018). James devient ainsi le joueur le plus payé de la NBA et le troisième joueur à dépasser un salaire de plus de 30 millions de dollars par an, après Michael Jordan et Kobe Bryant. Lors de la saison 2017-2018, son salaire de 33,2 millions de dollars est le plus haut salaire jamais payé en NBA, devant les 33,1 de Jordan[56].
133
+
134
+ Le 6 novembre 2016, à seulement 31 ans, James dépasse Hakeem Olajuwon dans le classement des meilleurs marqueurs de l'histoire de la NBA et intègre le top 10 de cette catégorie dans le même temps[57].
135
+
136
+ Début décembre 2016, James devient le 16e meilleur passeur en saison régulière de la NBA, dépassant Bob Cousy[58], il devient aussi le huitième meilleur marqueur en saison régulière en NBA en dépassant Moses Malone.
137
+
138
+ Le 25 mai 2017, il devient le meilleur marqueur en playoffs de l'histoire de la NBA, battant les 5 987 points de Michael Jordan[59].
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+
140
+ Le 10 juin 2017, il possède le plus grand nombre de triple-doubles en finales NBA devant Magic Johnson et il devient le meilleur marqueur de lancers francs en playoffs de tous les temps devant Michael Jordan.
141
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142
+ Le 14 juin 2017, les Cavaliers sont battus 4-1 en finale par les Warriors de Golden State. James réalise un triple-double de moyenne sur les 5 matches, Kevin Durant est élu MVP des finales.
143
+
144
+ Au début de la saison 2017-2018, James dépasse Žydrūnas Ilgauskas et devient le joueur qui a joué le plus de matches avec les Cavaliers[60].
145
+
146
+ Le 3 novembre 2017, LeBron James marque 57 points dans la victoire des Cavaliers sur les Wizards de Washington. Il égale le record de points dans un match par un membre des Cavaliers, détenu jusqu'ici par Kyrie Irving face aux Spurs de San Antonio, le 12 mars 2015. James effectue alors la deuxième meilleure performance de sa carrière en termes de points à l'âge de 32 ans. Durant ce match James devient également le plus jeune joueur à avoir inscrit 29 000 points en carrière[61].
147
+
148
+ Le 23 janvier 2018, il devient le plus jeune joueur à dépasser les 30 000 points en carrière.
149
+
150
+ Le 27 février 2018, LeBron devient le premier joueur de l'histoire à passer la barre des 30 000 points marqués, 8 000 rebonds attrapés et 8 000 passes décisives distribuées[62].
151
+
152
+ James réalise des playoffs exceptionnels et amène une équipe faible jusqu'aux Finales face aux Warriors. Très esseulé, James ne peut rien faire en finale face aux stars des Warriors qui battent les Cavaliers 4 manches à 0.
153
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154
+ Le 1er juillet, il signe avec les Lakers de Los Angeles pour un contrat de 154 millions de dollars sur quatre ans.
155
+
156
+ Sur une bonne dynamique au début de saison, les Lakers se plaçant en 4e position de la conférence Ouest et une victoire au Christmas Game contre les Warriors de Golden State, LeBron James se blessé lors de ce match, et son équipe va tomber dans une spirale infernale de défaites, les faisant tomber peu à peu sous la zone "playoffable".
157
+
158
+ Cette blessure est la plus sévère de sa carrière, l'écartant des parquets pendant plusieurs semaines.
159
+
160
+ En mars 2019, LeBron James devient le 4e marqueur le plus prolifique de l'histoire de la NBA en dépassant Michael Jordan[63]. Toutefois les Lakers ne se qualifient pas pour les playoffs.
161
+
162
+ En novembre 2019, LeBron James devient le premier joueur de l'histoire de la NBA à réaliser un triple-double contre chacune des 30 équipes de la NBA[64].
163
+
164
+ En décembre 2019, James est nommé sportif masculin de la décennie par l'Associated Press[65].
165
+
166
+ En janvier 2020, James dépasse Kobe Bryant et devient le 3e marqueur le plus prolifique de l'histoire de la NBA[66].
167
+
168
+ LeBron James fait partie de la liste des joueurs amenés à défendre les couleurs des États-Unis dans les compétitions internationales. Il a ainsi participé aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes, où les Américains remportèrent la médaille de bronze.
169
+
170
+ Lors des championnats du monde de 2006, au Japon, il a quelque peu déçu, éclipsé par Carmelo Anthony et Dwyane Wade et son équipe termina une nouvelle fois à la troisième place de la compétition, ce qui valut à James le surnom de « LeBronze James »[67].
171
+
172
+ James participe aux Jeux olympiques d'été de 2008 et remporte la médaille d'or avec l'équipe des États-Unis de basket-ball baptisée la Redeem Team (équipe de la rédemption).
173
+
174
+ Il déclare forfait pour les championnats du monde FIBA 2010 pour des raisons d'emploi du temps trop chargé[68].
175
+
176
+ En 2012, il fait à nouveau partie de la sélection américaine aux Jeux olympiques d'été de 2012 et remporte la médaille d'or en se montrant décisif en finale contre l'Espagne comme il l'avait été en match de poule contre la Lituanie. En quart de finale contre l'Australie il réalise le premier triple-double pour un joueur américain aux Jeux olympiques avec 11 points, 14 rebonds et 12 passes décisives. Il devient aussi le deuxième joueur, après Michael Jordan en 1992, à remporter le titre NBA, ceux de MVP des Finales et de la saison régulière et la médaille d'or olympique la même année.
177
+
178
+ LeBron James ne participe pas aux Jeux olympiques de 2016.
179
+
180
+ LeBron James joue au poste d'ailier de par sa taille (2,03 m). Ses qualités athlétiques lui permettent de pénétrer souvent et de conclure près du panier, soit par un dunk, soit par un double pas. Il a aussi un tir de champ et un tir à trois-points fiables. Par ailleurs, il est capable de jouer, face et/ou dos au panier[réf. nécessaire].
181
+
182
+ Sa qualité de passeur et sa volonté de faire en premier lieu la passe à un coéquipier en meilleure position sont louées par Phil Jackson[69]. Cette polyvalence lui permet de réaliser des statistiques proches du triple-double, ce qui témoigne de la régularité de ses performances hors-normes et de son efficacité sur le terrain[réf. nécessaire].
183
+ Kobe Bryant lui-même a d'ailleurs déclaré à son propos qu'il le voyait comme un des joueurs les plus complets de l'histoire du basket-ball[70].
184
+
185
+ Les records personnels de LeBron James, officiellement recensés par la NBA sont les suivants[76] :
186
+
187
+ Avec les Cavaliers de Cleveland[125]
188
+
189
+ gras = ses meilleures performances
190
+
191
+ Statistique en saison régulière[143]
192
+
193
+ [144] Note: * Cette saison a été réduite de 82 à 66 matchs en raison du lock-out.
194
+
195
+ Dernière modification le 8 mars 2020.
196
+
197
+ Légende :
198
+
199
+ Statistiques en playoffs[143]
200
+
201
+ Dernière mise à jour le 8 mars 2020
202
+
203
+ Note : * Pour la saison 2014-2015, le salaire moyen d'un joueur évoluant en NBA est de 4 500 000 $[146].
204
+
205
+ LeBron James a deux fils : LeBron James Jr. né le 6 octobre 2004 et Bryce Maximus James né le 14 juin 2007 (le matin du match 4 de la finale NBA face aux Spurs) qu'il a eu avec Savannah Brinson, sa compagne depuis le lycée. Depuis le 28 octobre 2014, il est aussi père d'une petite fille, Zhuri.
206
+
207
+ James est sous contrat avec Nike, Sprite, Glacéau de Vitaminwater l'eau minérale de Coca-Cola, les chewing-gum Bubblicious de la société Cadbury, Microsoft pour un partenariat avec MSN en association avec la société LRMR qu'il a monté avec un ami d'enfance, mais également Kellogg's et Upper Deck. Avec Nike, James a créé et apposé son nom à plusieurs paires de chaussures.
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209
+ En décembre 2007, James est classé numéro 1 par le magazine Forbes dans le Top 20 des personnes de moins de 25 ans les plus riches avec des revenus annuels de 27 millions de dollars[147].
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+ En juin 2008, James fait un don de 20 000 dollars au comité de soutien de Barack Obama[148].
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+ En août 2008, une source proche de James déclare qu'il songerait sérieusement à jouer en Europe, à l'Olympiakós s'il touchait un salaire annuel de 50 millions de dollars[149].
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+ LeBron James a également signé de nouveaux contrats publicitaires avec Cub Cadet une société de l'Ohio (son État d'origine) et State Farm Insurance, société d'assurance et d'investissement. Il a également tourné un spot pour McDonald's avec Dwight Howard faisant un concours de dunks diffusé lors du Super Bowl XLIV (en 2010), un remake de la publicité d'il y a deux décennies avec Michael Jordan et Larry Bird se lançant un défi en tirant au panier à des distances improbables, on voit d'ailleurs ce dernier apparaître à la fin du spot en guise de clin d'œil au passé.
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+ LeBron James est un bon ami de Jay-Z et il considère Dwyane Wade ainsi que Chris Paul comme ses frères.
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+ Il apparaît dans le clip Forever de Drake, aux côtés de Lil Wayne, Kanye West et Eminem.
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+ Il apparaît également dans l'épisode final de la saison 6 de la série Entourage au côté de Matt Damon et en tant que référence dans les épisodes « Captain Konstadt », « L'Éveil de Mystérion » et « Le Coon contre le Coon et sa bande » de la série South Park. Eric Cartman en utilise les techniques de « manipulation » afin de manipuler Cthulhu.
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+ En avril 2011, LeBron James, via sa société de marketing, prend une part minoritaire dans le capital du club de football de Liverpool[150]. Cette même année, James rejoint le « club des ambassadeurs » de la marque de montres suisses Audemars Piguet[151].
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+ Le guitariste Buckethead a composé quatre chansons en son hommage : King James, LeBron, LeBron's hammer et Lebrontron. LeBron apparaît aussi dans un épisode de la série américaine Ma famille d'abord. Il succède à Jay-Z en tant qu'ambassadeur du jeu vidéo NBA 2K14. LeBron James a aussi un second rôle dans le film Crazy Amy, qui sort le 17 juillet 2015 aux États-Unis.
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+ Lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, il soutient la candidature d'Hillary Clinton[152].
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+ En 2018 il a accusé le président Trump de diviser le pays et d'attiser le racisme dans le sport[153].
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+ Il sera à l'affiche de Space Jam 2 de Malcolm D. Lee, prévu pour 2021.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le Caire (en arabe : القاهرة / al-qāhira, « La Victorieuse ») est la capitale et la plus grande ville d'Égypte. Sa population est d'environ dix millions d'habitants[1]. Elle serait également la sixième agglomération du monde en 2015. Bien qu'Al-Qāhira soit le nom officiel, en arabe égyptien, elle est plus souvent appelée Masr (le nom arabe de l'Égypte) ou el-Qahéra. Carrefour du Moyen-Orient et de l'Afrique situé en amont du delta du Nil, sur les rives du fleuve ainsi que sur quelques îles adjacentes, elle se trouve au nord du pays, à 178 km au sud-est d'Alexandrie et 127 km à l'ouest du canal de Suez. Les habitants du Caire sont appelés les Cairotes[2].
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+ La région de Memphis a longtemps été un centre majeur de l'Égypte antique. Vers le IVe siècle, les Romains établirent la cité-forteresse de Babylone le long de la rive est du Nil. Dès la conquête de l'Égypte par les Arabes en 641, Al-Fustat devient un centre administratif et religieux. Les Fatimides et leur troupes composées de Berbères kotamas d'Algérie fondent le noyau urbain actuel, alors nommé Al-Mansûriyyah, pour en faire leur nouvelle capitale. Située sur la route des épices entre l'Europe et l'Asie, la ville connaît une longue période de prospérité : vers 1340, la population du Caire atteint un demi-million d'habitants, ce qui en faisait déjà l'une des plus grandes villes du monde arabe. La peste noire frappe toutefois la cité plus de cinquante fois entre 1348 et 1517. Sous l'Empire ottoman, la ville perd son statut de capitale au profit d'Istanbul. Devenue capitale de l'Égypte moderne en 1922, elle connaît une forte poussée démographique et devient le centre politique et économique de l'Afrique du Nord et du monde arabe, abritant aujourd'hui un grand nombre de compagnies et d'organisations multinationales, dont la Ligue arabe.
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+ La ville actuelle présente une grande diversité urbanistique et architecturale. Le centre historique de la ville comprend le Vieux Caire (quartier copte où se trouvent la forteresse de Babylone et le musée copte) ainsi que le quartier islamique, classé au patrimoine mondial de l'humanité, où se trouvent la citadelle de Saladin et le grand souk (Khân al-Khalili). Le Caire compte également de nombreuses mosquées, dont la mosquée Al-Azhar qui abrite également l'une des plus anciennes universités au monde. Centre névralgique de la ville moderne, la place Tahrir est devenue l'emblème de la révolution égyptienne de 2011. À l'ouest se trouve la ville de Gizeh et la nécropole antique de Memphis, avec ses trois grandes pyramides, dont la pyramide de Khéops. Au sud se trouve le site de l'antique ville égyptienne de Memphis.
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+ Le Caire est une francisation, à travers l'italien Il Cairo, du terme arabe Al-Qāhira, qui signifie « la conquérante » ou encore « celle qui nargue ou défait ». Ce nom vient du fait que la ville était une place forte qui nargue et défait (narguer = yahqar/ conquérant : al Nacer, ) l'ennemi. Deux autres théories incorrectes veulent l'une que le nom soit issu de Mars en arabe (el Marikh mais aussi connu chez les Arabes sous le nom de l'étoile victorieuse al najm el qahir) qui était à son zénith lors de la fondation de la ville en 969, l'autre, que le nom serait issu de la langue pharaonique, signifiant la terre de Rê. Les fortifications de la ville furent édifiées par le général Jawhar qui avait conquis la ville pour le compte des califes fatimides restés à Béjaïa (l'actuelle Algérie). La famille fatimide vint s'établir en Égypte avec le calife Al-Muizz li-Dîn Allah en 973 et résida à al-Qâhira jusqu'à leur chute en 1171. Cependant fondée par des militaires d'origine berbère Kotama (Ikutamen) de Petite Kabylie, le nom de Al-Qahera dans sa forme arabe classique, correspond plutôt à la tradition berbère de fondation de forteresse au sein d'un promontoire enclos de mur : les Agadir. El-Qahira, qui est effectivement une forteresse, aurait été annotée en arabe classique Al-Qadir, comme on voit souvent cette forme de transcription phonétique du berbère vers l'arabe, en Afrique du Nord, lors de son islamisation : Agadir berbère > Al-Qadir, Al-Qadiria arabes > puis en français el-Kader, Kadiri, Kadiria. La forme "el-qahera" pour "forteresse" n'ayant eu aucune occurrence aussi bien au Maghreb qu'au Machrek. Cependant les Fatimides ont fondé leur forteresse au nord de Fostat, l'ancienne place forte arabe, sans avoir à la défaire ou la "narguer". Ne pas perdre de vue que des termes puniques se maintenaient encore dans les parlers citadins nord-africains, sachant le terme de "Qart" (qui donna Carthage de "Qart Hadesht") mais aussi "Qariet", signifie "forteresse".
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+ La région autour du Caire contemporain, particulièrement Memphis, a longtemps été un centre majeur de l'Égypte antique grâce à sa situation stratégique en amont du delta du Nil. Cependant, les origines de la ville moderne sont généralement reliées à une série de peuplements pendant le premier millénaire de notre ère. À l'aube du IVe siècle[3], alors que Memphis perdait continuellement de son importance, les Romains établirent une cité-forteresse le long de la rive est du Nil. Cette forteresse, connue sous le nom de Babylone, reste le plus vieil édifice de la ville. Elle est également située au cœur de la communauté copte orthodoxe d'Égypte, qui se sépara des Églises romaine et byzantine à la fin du IVe siècle.
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+ Les musulmans, venus d'Arabie, dans un grand mouvement de conquêtes, conquirent l'Égypte en 641[4]. Après avoir pris Péluse, au nord-est du delta du Nil, conduits par le commandant Amru ben al-As, ils firent le siège de la forteresse de Babylone. Dès avant la fin de cette bataille, les musulmans s'installèrent au pied de la forteresse dans un grand campement qu'ils appelèrent Fostat. À la demande du Calife Omar, la capitale égyptienne ne fut plus Alexandrie, comme c'était le cas sous les Byzantins, mais cette nouvelle ville[5]. La première mosquée d'Égypte y fut fondée et prit le nom du commandant : mosquée Amr ibn al-As[6]. Fustât devint un centre régional pour l'islam, sur les plans intellectuel et religieux, mais aussi administratif. Quand les Abbassides renversèrent les Omeyyades en 750, ils déplacèrent la capitale d'Égypte vers le nord et fondèrent Al-Askar (en), une petite ville formée de concessions pour l'armée (Al-Asker signifiant camp militaire en arabe). En 868, un des gouverneurs abbassides, Ahmed Ibn Touloun, fit sécession et fonda sa propre capitale (toujours sur le modèle d'une cité concessionnaire) Al-Qattâ'i (en)[7]. Ce fut le début de la brève dynastie des Toulounides. Cependant, ni Al-Askar ni Al-Qatâ'i‘ n'atteignirent le prestige ou l'importance de Fustât. En effet, Al-Askar et Fustât se fondirent l'une dans l'autre dès la fin du IXe siècle, et, hormis la mosquée d'Ibn Touloun qui existe encore de nos jours, Al-Qata'i‘ fut détruite par les Abbassides quand ils reprirent l'Égypte par conquête en 905. Avec cette deuxième conquête, Fustât (Fostat) redevint la capitale égyptienne.
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+ En 969 la ville d'Al-fustat Fustât/Fostat) fut renommé : Le Caire.
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+ En 969, menées par le général Jawhar al-Siqilli (littéralement "Le Joyau Sicilien"), les armées de la dynastie chiite des Fatimides composée de troupes berbères originaire de petite Kabylie les Kutamas/Kotama (Ikutamen en berbère et Icutumanii de l'époque romaine), conquièrent l'Égypte et s'établissent dans une nouvelle cité-forteresse (un "agadir" en berbère), en construisant des fortifications autour de trois petits bourgs pré-existants au nord de Fustât (l'ancienne capitale arabe de l'Égypte, fondée en 642). La construction de la forteresse et des remparts dure quatre ans : il est initialement prévu de la nommer al-Manṣūriyyah[8] ("La Victorieuse" en arabe, terme souvent usité dans e monde musulman s'agissant des cités royales ou impériales nouvellement fondées comme "Madinat Al Mansour" pour Baghdad abasside, "Al-Mansourah" pour Tlemcen en Algérie), mais ele sera notée al-Qâhira : Une légende raconte que des cordes munies de clochettes avaient été placées là où les astronomes observaient le ciel pour déterminer le moment le plus favorable pour démarrer les travaux et commencer à édifier la muraille qui délimiterait la nouvelle ville. Malheureusement, des corbeaux se posèrent sur les cordes, firent tinter les clochettes et les travaux démarrèrent alors que la planète Mars (al-Qâhir > mais astre surtout connu en arabe sous le nom coranique d'Al-Marrikh) était à son zénith. Le nom al-Manṣūriyyah, aurait donc été abandonné au profit de al-Qâhira (la Martiale).
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+ Cependant, notons que les premiers Fatimides parlaient berbère, mais leur administration transcrivant en arabe, la langue liturgique de l'Islam. Mais ils avaient conservé dans leur vocabulaire nombre de termes techniques, usuels et d’ingénierie militaire d'origine berbère-kotama. Ainsi en Kabylie (Centre-Nord algérien actuel) et Ifriqya (Tunisie actuelle) de nombreux termes désignant forteresses ou places fortifiées "Agadir", ont été transcrites vers l'arabe dès les premiers royaumes islamisés, par les scribes administratifs et chroniqueurs désormais arabisés par Al-Qadir/Al-Jadir, Al-Qadiryya (aujourd'hui existent de nombreuses villes médiévales trancrites Ajdir, Kadiria, Kadir, Kadira etc) : Al-Qahira aurait pu être la transcritption altérée de Al-Qadira s'agissant effectivement de la fondation d'une forteresse destinée à être baptisée "al mansouryyah / la Victorieuse) plutôt que Al-Qahira pour "Mars", alors que le nom de l'astre le plus répandu en arabe est Al-Merrikh, ou Al-Qahira pour désigner "la victorieuse", au lieu du terme le plus répandu qui est "al mansourah" ou la "narguante"; occurrence en toponymie alors inexistante, sachant la forteresse fatimide "victorieuse", bien plus au nord que l'ancienne capitale arabe Fostat.
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21
+ Al Qahira devient alors la nouvelle capitale de tout le califat fatimide. Après les murailles, Jawhar fait édifier la mosquée al-Azhar, une des plus anciennes université au monde. Quand le calife[8] Al-Muizz li-Dîn Allah arrive depuis l'ancienne capitale fatimide Mahdia en 973, la cité abrite la cour dans de somptueux complexes palatins, et les troupes, qui reçurent, par groupes ethniques, des concessions : les hâra-s.
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23
+ Pendant trois siècles (642–969), de la conquête de l'Égypte par les musulmans jusqu'à l'arrivée des Fatimides, le centre administratif de l'Égypte est Fustât. En 969, le centre de gravité bascule et al-Qâhira qui abrite désormais la cour, l'armée, le gouvernement et ses différents ministères (dîwân-s) alors que Fustât demeure un centre économique qui prospère, les Fatimides y faisant transiter le commerce de la soie depuis la mer Rouge, ré-embarqué via les bras du Nil à proximité vers Alexandrie où les attendent les marchands Européens.
24
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+ Mais la période est aussi celle des croisades, et Amaury Ier, roi du royaume latin de Jérusalem, arrive aux portes du Caire (à cette période, l'ensemble Fustât-al-‘Askar-al-Qatâ'i‘-al-Qâhira) en 1168. Pour ne pas risquer de tout perdre sous les coups des croisés, les Fatimides, à l'instigation du vizir Shawar, mirent le feu à Fustât, et la population se réfugia dans la cité-fortersse proprement dit, al-Qâhira[9]. Peu après, en 1169, craignant que les croisés ne reviennent attaquer Le Caire, les Fatimides font appel à Shirkuh, un prince de la famille ayyubide, régnant sur une principauté de Syrie. Les croisés se retirent d'Égypte sans combattre, et Shirkuh devient vizir des Fatimides en 1169[10], mais il est assassiné et son jeune neveu, Saladin, le remplace à ce poste. Lorsque le dernier des califes fatimides, Al-Adid[11], meurt, en 1171, Saladin prend le titre de sultan, c'est le début de la dynastie des Ayyubides.
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+ Dominant Le Caire, elle fut le siège du pouvoir politique jusqu'au XIXe siècle.
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+ Saladin rétablit le sunnisme en Égypte et fait faire la prière au nom du califat des Abbassides de Bagdad[12].
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+ En 1250, lors de la VIIe croisade, le sultan ayyubide Tûrân Châh, se montra incapable de défendre l'Égypte et ce sont ses esclaves militaires, les Mamelouks, qui remportent la bataille et font Louis IX (Saint Louis) prisonnier. À la suite de ce succès militaire, et à celui qui leur permit de repousser les Mongols de Gengis Khan (1260, bataille d'Aïn Djalout, au nord de la Syrie), ils gardent le pouvoir et établisent le sultanat mamelouk. Continuant l'œuvre architecturale et urbanistique inaugurée par les Ayyubides, sur l'emplacement des anciens palais fatimides, en ruine dès la fin de la dynastie chiite, ils réurbanisent le centre d'al-Qâhira en construisant de nombreux monuments[13]. Tout en développant les infrastructures du centre de la ville (le quartier commercial et artisanal du Khân al-Khalîlî, par exemple, grâce à l'institution musulmane des waqf-s, les Mamelouks développent la ville du Caire dans de nombreuses directions[14]. Le Caire continue à être le grand centre de transmission du savoir, et des étudiants de l'ensemble du monde musulman continuent à fréquenter la madrasa al-Azhar. Le commerce des épices entre l'Europe et l'Asie, qui transitait par l'Égypte assure une période de prospérité et, vers 1340, la population du Caire atteint un demi-million d'habitants, ce qui en fait la plus grande ville du monde, à l'ouest de la Chine[15]. Mais les ravages de la peste noire dans la deuxième moitié du XIVe siècle, conjugués à des années de mauvaises récoltes, à la pénurie du Trésor consécutive aux guerres incessantes (contre les Mongols : Tamerlan ravage Damas en 1400, puis contre les Ottomans : prise de Constantinople en 1453), et aux rentrées insuffisantes du commerce international (les Portugais ont découvert la route maritime de l'Inde en doublant le cap de Bonne-Espérance), permettent aux Ottomans d'anéantir la dynastie mamelouke. La Syrie est prise en 1516, l'Égypte en 1517 et Le Caire redevient une capitale provinciale, la capitale de l'Égypte, province de l'Empire ottoman, gouverné depuis Istanbul.
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+ Bien que Le Caire soit préservé de la stagnation connue par l'Europe à la fin du Moyen Âge, la ville ne peut éviter la peste noire qui frappe la cité plus de cinquante fois entre 1348 et 1517[16]. Au cours des premières vagues, qui furent les plus meurtrières, près de 200 000 personnes périssent à cause de l'épidémie[17] et, en conséquence, à l'aube du XVe siècle la population du Caire n'est plus qu'entre 150 000 et 300 000 individus[18]. Le statut de la ville est encore plus affaibli après que Vasco de Gama découvre une nouvelle route maritime autour du cap de Bonne-Espérance, évitant ainsi aux commerçants en épices de passer par Le Caire[15].
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35
+ Le rôle politique du Caire est encore diminué de façon importante après que les Ottomans supplantent les Mamelouks dans la domination de l'Égypte, en 1517. Dirigeant depuis Istanbul, le sultan Selim Ier relégué l'Égypte au rang de simple province, Le Caire demeurant sa capitale[19]. Pour cette raison, l'histoire du Caire sous la domination ottomane est souvent décrite comme insignifiante, surtout par rapport aux autres périodes de son histoire[15],[20]. Cependant, durant les XVIe et XVIIe siècles, Le Caire demeure un centre économique et culturel majeur. Bien que n'étant plus sur la route des épices, la ville facilite les échanges de café yéménite et de textile indien, notamment vers l'Anatolie, l'Afrique du Nord et les Balkans. Les marchands cairotes sont indispensables concernant l'approvisionnement du Hedjaz, surtout pendant le Hajj annuel à La Mecque[20],[21]. C'est à cette époque que l'université al-Azhar atteint un certain prestige – toujours d'actualité aujourd'hui – parmi les universités islamiques[22],[23].
36
+
37
+ Sous la domination des Ottomans, Le Caire s'étend vers le sud et l'ouest de son cœur, autour de la citadelle[24]. La ville est la deuxième plus grande de l'empire, derrière Istanbul uniquement et, bien que l'immigration ne constitue pas la première source du Caire en termes de croissance démographique, à la fin du XVIIIe siècle, 20 % de sa population est constituée de minorités religieuses et d'étrangers originaires d'espaces méditerranéens[25]. Pourtant, quand Bonaparte arriva au Caire en 1798, la population de la ville est inférieure à 300 000 habitants, soit inférieure de 40 % à ce qu'elle était à l'apogée de la dynastie des Mamelouks au milieu du XIVe siècle[15],[25].
38
+
39
+ L'occupation française est de courte durée ; en effet, les forces britanniques et ottomanes, comprenant un important contingent albanais, reprennent le pays en 1801[26]. Les Britanniques quittent l'Égypte deux ans plus tard, laissant les Ottomans, les Albanais et les Mamelouks, affaiblis de longue date, se disputer le contrôle du pays[27],[28]. Une guerre civile permait à un Albanais, Méhémet Ali, de prendre le pouvoir en 1805[29].
40
+
41
+ Jusqu'à sa mort en 1848, Méhémet Ali lançe un certain nombre de réformes économiques et sociales importantes, qui lui conférent le titre de fondateur de l'Égypte moderne[30],[31]. Cependant, bien qu'il soit à l'origine de la construction de nombreux édifices publics au Caire[32], ces réformes ont peu d'impact sur le paysage de la ville[33]. Des changements plus significatifs sont apportés au Caire sous le règne d'Ismaïl Pacha (de 1863 à 1879), qui continue l'effort de modernisation de la ville initié par son grand-père. S'inspirant notamment de Paris, Ismaïl a comme objectif une ville aux larges avenues. Cependant, à cause de contraintes budgétaires, seule une partie des projets qu'il lançe ont abouti, dans ce qui constitue aujourd'hui le quartier d'affaires du Caire[34]. Ismaïl tente également de moderniser la ville en établissant un ministère des Travaux publics et en assurant l'approvisionnement en gaz naturel et l'éclairage de la ville. Il est également à l'origine de la création d'un théâtre et d'un opéra[35],[36].
42
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43
+ La dette colossale qui résulte des projets d'Ismaïl procure un prétexte aux Européens pour augmenter leur contrôle, qui culmine en 1882 avec l'invasion britannique[15]. Le centre économique de la ville se déplaçe rapidement vers le Nil, à l'opposé du vieux Caire islamique et vers les quartiers plus européens construits par Ismaïl[37],[38]. À la fin du XIXe siècle, les Européens, qui occupaient par ailleurs la plupart des postes de la haute fonction publique, représentent 5 % de la population cairote[39].
44
+
45
+ L'occupation britannique, qui était censée être temporaire, dure finalement jusqu'au XXe siècle. Des nationalistes organisent un mouvement massif de manifestations au Caire en 1919[15], cinq ans après que l'Égypte soit déclarée protectorat britannique[40]. Cependant, bien que ceci provoque l'indépendance de l'Égypte en 1922, des troupes britanniques restent dans le pays jusqu'en 1956. Pendant ce temps, la partie urbaine du Caire connait un effort important de construction de nouveaux ponts et de développement de son infrastructure de transport. Entre 1882 et 1937, la population du Caire triple – de 347 000 à 1,3 million –[41] et sa superficie passa de 1 000 hectares à 16 300 hectares[42].
46
+
47
+ Les Britanniques quittent Le Caire à la suite de la révolution égyptienne de 1952, mais la croissance rapide de la ville ne montre aucune faiblesse. Un contrôle plus rigoureux exercé sur le Nil engendre le développement de l'île de Gezira. La métropole commence à s'étendre dans l'espace fertile du delta du Nil.
48
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49
+ Malgré les efforts du gouvernement pour limiter la croissance démographique du Caire, sa population a doublé depuis les années 1960, atteignant désormais près de sept millions d'habitants (auxquels il faut rajouter les dix millions d'individus vivant au sein de son unité urbaine). De plus, Le Caire s'est établi comme le centre politique et économique de l'Afrique du Nord et du monde arabe, abritant aujourd'hui nombre de compagnies et d'organisations multinationales, comme la Ligue arabe.
50
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51
+ L'urbanisme des deux dernières décennies du régime Moubarak est largement déficient : la construction de quartiers modernes dans le désert pour les classes aisées est très vigoureusement soutenue, y compris financièrement, par les pouvoirs publics. La construction de logements pour les classes populaires est délaissée, et les quartiers centraux sont abandonnés : la qualité de vie déjà médiocre est encore dégradée par les conséquences délétères de la privatisation des services publics. Les classes populaires, abandonnées, construisent elles-mêmes leurs logements, sur les terres agricoles, en front de Nil, parfois dans des endroits dangereux. Dans ces quartiers, les services urbains sont assurés par les habitants : réseaux d'électricité et d'eau, évacuation des ordures. Les habitants vivent en plus sous la menace constante (au moins jusqu'à la révolution) de la démolition. L'opération Grand Caire 2050 menace ainsi les quartiers d'Imbaba, bordé par le Nil et situé en plein centre du Caire face à l’île de Zamalek, et de Nezlet al Semman, près des pyramides. Leurs habitants sont parmi les premiers à manifester lors de la révolution de 2011[43].
52
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53
+ Un projet de nouvelle capitale d'Égypte propose de déplacer la capitale politique d'Égypte à l'est du Caire[44].
54
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55
+ La ville du Caire se situe sur la rive est du Nil ainsi que sur quelques îles adjacentes, dans le nord de l'Égypte, symbolisant le sud où la rivière quitte la vallée limitrophe au désert pour se diviser en deux bras dans la basse région du delta du Nil.
56
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57
+ La plus ancienne partie de la ville se trouve — grossièrement — à l'est du fleuve. D'ici, la ville s'est peu à peu déployée vers l'ouest, englobant les terres cultivables autour du Nil. Ces quartiers ouest, bâtis sur le modèle de la ville de Paris par Ismaïl Pacha le Magnifique au milieu du XIXe siècle, sont caractérisés par de larges boulevards, des jardins publics et de nombreux espaces ouverts. La vieille ville à l'est est très différente : sa croissance plus hasardeuse qu'ordonnée en a fait un endroit riche de petites ruelles et de vieux habitats surpeuplés. Alors que Le Caire de l'ouest concentre les bâtiments officiels et une architecture moderne, la moitié Est se révèle, quant à elle, riche de centaines de vieilles mosquées, véritable patrimoine historique.
58
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59
+ Le système d'alimentation en eau étendu de la ville lui a permis de s'ouvrir à l'est, dans le désert. De nombreux ponts relient à la terre ferme les îles de Gezira et de Roda où se trouvent de nombreux bâtiments du gouvernement. D'autres ponts au-dessus du Nil rattachent la ville aux banlieues de Gizeh et d'Imbalah.
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61
+ À l'ouest, au milieu du désert, se trouve la ville de Gizeh qui tire son nom du plateau sur lequel elle s'étend. Elle englobe l'ancienne nécropole de Memphis, célèbre pour ses trois grandes pyramides dont la grande pyramide de Khéops. Le site de l'antique Memphis se trouve approximativement à 18 km au sud du Caire, à proximité immédiate de la nécropole de Saqqarah et de la banlieue d'Helwan.
62
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63
+ Le Caire possède un climat désertique chaud (classification de Köppen BWh) comme le reste de l'Égypte avec cependant quelques nuances. La mer Méditerranée modère et atténue beaucoup les températures maximales en été et y est responsable d'une humidité abondante tout au long de l'année. Les précipitations moyennes annuelles sont extrêmement faibles, avec environ 25 mm. La sécheresse y est encore plus extrême en été, où l'on enregistre en moyenne 0 mm de précipitations entre mai et octobre. Les très rares pluies tombent en hiver. À cause de l'influence modératrice de la mer, les températures maximales moyennes tournent autour de 42 °C en été mais redescendent à environ 19 °C en hiver alors que les températures minimales moyennes tournent autour de 22 °C en été mais redescendent à près de 9 °C en hiver. Le ciel y est dégagé et clair tout au long de l'année surtout aux intersaisons et en été et les journées couvertes restent rares.
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67
+ Le Caire, ainsi que la ville voisine de Gizeh sont considérées comme le plus grand centre de traitement médical d'Égypte, et sauf dans certains cas, possèdent la meilleure qualité de soins du pays. Parmi les établissements hospitaliers, on peut citer l'hôpital international As-Salam, Maadi (le plus grand hôpital privé du pays avec trois cent cinquante lits), l'hôpital universitaire Ain Shams, l'hôpital Dar El Fouad ainsi que l'hôpital Kasr El Aini près du centre-ville.
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+
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+ Le Caire a longtemps été un centre éducatif, non seulement à l'échelle de l'Égypte, mais aussi pour l'ensemble du monde arabe. Aujourd'hui, Le Caire abrite de nombreux services gouvernementaux pour l'éducation et connaît le nombre d'écoles et d'universités le plus haut du pays.
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+
71
+ Universités au Caire :
72
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+ La ville est reliée par le transport aérien avec l'Aéroport international du Caire.
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+
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+ Les transports du Caire comprennent le métro du Caire, un réseau de tramway, des lignes ferroviaires de banlieues, un large réseau routier, la gare Ramsès
76
+ et des services maritimes. Les transports routiers sont facilités par les véhicules de tourisme, les taxis, les bus privés ainsi que les minibus.
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+ Le métro est un moyen rapide et efficace de se déplacer au sein du Caire, bien qu'il soit bondé aux heures de pointe. Deux voitures par train (les quatrième et cinquième) sont réservées aux femmes, bien que celles-ci puissent aussi voyager dans n'importe quelle autre voiture.
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+ Un réseau routier intense relie Le Caire aux autres villes et villages égyptiens. Une nouvelle rocade contourne la périphérie de la ville. Les ponts sont nombreux, comme le pont du 6-Octobre, qui permet de traverser la ville rapidement, en dehors des heures de pointe.
81
+
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+ Le trafic cairote est réputé pour être oppressant et encombrant[45]. Le 25 octobre 2009 deux trains de passagers entrent en collision près de Gizeh, à la sortie du Caire[46]. Les journaux locaux évoquent au moins vingt-cinq morts[47].
83
+
84
+ En août 2017, le ministère égyptien du Transport signe un accord avec les groupes chinois Avic International et China Railway Group Ltd pour la construction d’un réseau ferroviaire léger (tramway à grande vitesse) d’un coût total de 1,24 milliard de dollars dans les nouveaux districts qui entourent le Caire[48].
85
+
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+ Le football est le sport le plus populaire en Égypte, et Le Caire possède un certain nombre d'équipes de sport au sein des ligues nationale et régionale. Les plus connues sont Al Ahly SC et le Zamalek Sporting Club, dont le tournoi annuel est l'un des événements sportifs les plus regardés en Égypte et même en Afrique. Les deux équipes sont réputées comme étant « rivales » du football égyptien et sont les premier et deuxième champions du continent africain et du monde arabe. Elles jouent toutes deux leurs matchs à domicile au stade international du Caire (ou stade Nasser), le plus grand stade du Caire et l'un des plus grands au monde.
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+
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+ Liste des équipes de football du Caire :
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+ Le Caire était la ville-hôte des jeux panarabes pour l'édition 2007.
91
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+ Plusieurs autres équipes sportives du Caire sont reconnues dans leurs sports respectifs, comme le club sportif el Gezira, le Club Al Shams, le Club el Seid, le Club Heliopolis et d'autres clubs plus petits.
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+ La plupart des fédérations sportives du pays sont également situées dans la banlieue du Caire, y compris la fédération d'Égypte de football. Le siège de la confédération africaine de football était auparavant au Caire, avant d'être déplacé un peu plus loin du Caire.
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+ Le Caire est le site le plus fréquenté d’Égypte, en raison de ses structures d’accueil, de son patrimoine urbain et de la proximité des grandes pyramides de Gizeh. La ville abrite les principales institutions politiques et administratives du pays ; elle est en outre le siège de la Ligue arabe, symbole de son rôle déterminant dans le monde arabe. Ses universités, dont l’université al-Azhar située dans la mosquée éponyme, sont très renommées, et son patrimoine historique est préservé par des institutions prestigieuses — musée égyptien, fondé en 1857 par l’égyptologue français Auguste Mariette, musée d’Art islamique ou encore musée d’Art copte.
97
+
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+ Depuis 1992, avec plus d'une centaine de monuments restaurés, la capitale de l'Égypte retrouve un héritage longtemps négligé : l'époque fatimide (Xe – XIIe siècle), le rempart de Saladin (XIIe – XIIIe siècle), les mosquées et palais mamelouks (XIIIe – XVIe siècle) ou les caravansérails ottomans (XVIe – XIXe siècle).
99
+
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+ La ville organise par ailleurs chaque année le festival international du film du Caire. S'y tiennent également un festival de photo, PhotoCairo, et dans quelques galeries, dont la galerie Townhouse, un festival d'art (musique, art contemporain, théâtre, cinéma, etc.) depuis 2000, entre février et avril, le festival al-Nitaq[49],[50].
101
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102
+ Dotée d’importants pôles d’industries traditionnelles — sidérurgie (usine d’Hélouan), automobile et textile —, la ville s’est adaptée dans la seconde moitié du XXe siècle aux secteurs de pointe et aux nouvelles technologies : aéronautique, électronique et chimie.
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+
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+ Le Caire possède un aéroport international (Cairo International Airport, code AITA : CAI, code OACI : HECA).
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+
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+ Entrée du palais d'Abedin
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+ Entrée du musée du Palais d'Abedin
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110
+ Entrée du musée du Palais d'Abedin
111
+
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+ Vue depuis le jardin de l'entrée du musée du Palais d'Abedin
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+
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+ Entrée du Palais Al-Manyal
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+ Jardin du Palais Al-Manyal
117
+
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+ Jardin du Palais Al-Manyal
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120
+ Jardin du Palais Al-Manyal
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122
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le Caire moderne inclut les deux îles de Roda et de Gezira, et au sud-est, Mounira.
125
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+ Le secteur autour de jardin de l'Ezbekiyya était autrefois un vaste lac qui fut asséché en 1837. Le secteur a été construit selon un plan strict, fait sous les instructions du Khédive, qui aimait les divertissements ; il y avait à l'origine un cirque, un théâtre et un opéra dans les jardins méridionaux, où subsiste de nos jours un théâtre de marionnettes. La poste centrale, place Ataba, comporte un musée postal au 1er étage. À l'est de la place Ataba, la rue Muski mène dans le Khân al-Khalili.
127
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+ Au nord de la place Ataba s'ouvre la rue Clot Bey (rue Khulud), du nom d'un médecin français, Antoine Clot, qui fut l'un des fondateurs de la médecine moderne en Égypte. Plus au nord, on distingue le minaret de la mosquée Al-Fath. Cette rue passe sous des voûtes en pierre avant d'arriver à la place Ramsès devant la gare, construite en 1856, transformée selon le modèle arabe en 1892 et restaurée pour la première fois en 1955. C'est l'un des quartiers du Caire moderne qui furent urbanisés le plus tôt après la seconde moitié du XIXe siècle. Le secteur est connu sous le nom « Bab el-Hadid » (porte ferroviaire) avec une statue colossale de Ramsès II, laquelle a été déplacée vers le futur Grand Musée égyptien à Gizeh. Dans le musée national égyptien des chemins de fer, à l'extrémité est de la gare, on trouve quelques vieilles locomotives en excellent état de conservation. Vers 1870 le khédive Ismaël fait construire ce qui est appelé aujourd'hui le Centre-ville du Caire à l'imitation du Paris haussmannien.
129
+
130
+ L'île de Gezira, demeurée inhabitée jusqu'au milieu du XIXe siècle, s'urbanise et Mohammed Ali y construit un palais ; son quartier sud s'appelle maintenant Zamalek. Plus tard, le khédive Ismaïl y construit un grand palais au centre de l'île avec un immense jardin, et une jetée pour en faciliter l'accès. À cette époque, les jardins étaient riches d'une flore exotique et d'une collection d'animaux africains.
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+ Durant l'époque pharaonique, Rhoda faisait partie de l'ancienne Héliopolis. À l'époque romaine, ce fut une forteresse qui resta inchangée jusqu'au VIIe siècle. Après la conquête islamique, les arabes y ajoutèrent des tours et des arsenaux.
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+ Le dernier sultan ayyoubide transféra le siège du gouvernement sur l'île et construisit une nouvelle forteresse avec palais et casernes aux environs de 1240, mais les Mamelouks ramenèrent par la suite le gouvernement à la citadelle.
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+
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+ À l'extrême sud de l'île se trouve le palais Manasterli, construit à côté d'un nilomètre, édifié au VIIIe siècle pour mesurer la crue annuelle du Nil. En remontant vers le nord, on traverse les jardins Manyal qui couvraient la majeure partie de l'île et qui sont désormais un quartier résidentiel. Plusieurs des bâtiments datent d'entre 1925 et 1935, l'époque Art déco.
137
+
138
+ Au nord de l'île, se trouve le palais Al-Manyal, musée renfermant une collection d'objets ayant appartenu au prince Mohammed Ali Tawfig, l'oncle du dernier roi d'Égypte, Farouk.
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+ Cette partie du Caire est le plus ancien quartier de la ville. La forteresse de Babylone, construite par les Romains, est restée une enclave chrétienne et juive. Ce quartier renferme la synagogue Ben Ezra, fondée en 1115, et comptait une vingtaine d’églises dont il n'en subsiste que cinq dont : l’église suspendue consacrée à la Vierge (al-Mu'allaqah), probablement l'église chrétienne la plus ancienne en Égypte, datant du IVe siècle, l’église Saint-Serge construite à la fin du IVe siècle au-dessus d’une crypte où la sainte Famille se serait réfugiée lors de la fuite en Égypte et l’église Sainte-Barbara, du nom d'une jeune fille martyrisée pour avoir essayé de convertir son père au christianisme, reconstruite au XIe siècle. Les églises ne se distinguent pas par leur ornementation extérieure mais par un intérieur très riche.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Tour de Babylone
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+ Tour de Babylone
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+ Tour de Babylone
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+ Musée copte
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+ Entrée du musée copte
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+ L'église al-Muallaqa
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+ L'église suspendue (al-Muallaqa) dédiée à la vierge Marie
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+ Entrée de l'église
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+ Les monuments islamiques d’Égypte sont presque entièrement concentrés au Caire. Ils sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979.
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+ Les Fatimides dotèrent Le Caire de nombreuses mosquées. Après eux, les sultans mamelouks continuèrent d’en ériger d’autres ainsi que de nombreuses écoles coraniques, les medreseh ; l’amalgame sabil (fontaine) et kottab (écrivain) dans une madrasa peut sembler étrange, mais c'est pour suivre les recommandations du prophète, pour qui l'eau permet la propreté matérielle et spirituelle ; l’école est autour de la fontaine.
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+ Des mausolées sont rassemblés en véritables villes des morts.
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+ Sous la dynastie Mamelouk, la ville s’agrandit considérablement et devient la capitale du monde musulman.
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+ C’est ainsi qu’Ibn Khaldoun pouvait dire :
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+ « Celui qui n’a pas vu Le Caire ne connaît pas la grandeur de l'islam. C’est la métropole de l’univers, le jardin du monde, la fourmilière de l’espèce humaine, le portique de l’islam. »
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+
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+ La citadelle vue depuis le parc Al-Azhar.
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+
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+ La citadelle dominée par la mosquée Mohamed Ali, vue depuis le parc Al-Azhar.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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182
+ Le Khân al-Khalili, connu sous le nom de bazar turc pendant la période ottomane, est maintenant habituellement appelé le Khân, est souvent confondu avec le marché de Muski — et inversement. Le souk de Khân al-Khalili, vieux de 600 ans, a été établi en 1382 par l'émir Djaharks au cœur de la ville fatimide. À l'instar du marché Al-Muski à l'ouest, il comporte une des zones d'ateliers d'artisans les plus importantes du Caire. Ces deux marchés sont le symbole de la tradition qui a fait du Caire un centre important de commerce.
183
+
184
+ Le Khân est situé à un coin du triangle des marchés qui va du sud de la porte Zuwayla à l'ouest à Azbakiyyah. Le Khân est encadré au sud par la rue d'Al-Azhar et à l'ouest par le marché de Muski. Il se compose de passages et de ruelles remplies d’artisans, d’orfèvres, de vendeurs de parfums et d’épices. Sur une rue étroite venant d'Al-Badistand, on trouve le célèbre et pittoresque café el-Fishawi, ou le café des miroirs, qui était par le passé un endroit de réunion pour les artistes locaux, et qui n’a pas changé depuis près de 200 ans. Il fut fréquenté par l'écrivain prix Nobel Naguib Mahfouz, un des auteurs égyptiens les plus connus.
185
+
186
+ Les consommateurs égyptiens font généralement leurs emplettes dans le nord et l'ouest du secteur d'Al-Badistan, là où les prix sont les plus bas. Les marchés d'or et d'argent sont situés à l'ouest du Khân le long de la rue des orfèvres.
187
+
188
+ Explication de l'origine de la Maison es Suhaymi devant celle-ci.
189
+
190
+ Cour intérieure, Maison es Suhaymi.
191
+
192
+ Salle de réception avec une grande moucharabieh.
193
+
194
+ Moucharabieh vues de la cour.
195
+
196
+ Parterre au milieu de la cour.
197
+
198
+ Détails d'une moucharabieh.
199
+
200
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
201
+
202
+ Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes [51]. Il y a aussi des églises et des temples chrétiens : Église copte orthodoxe, Église catholique copte (Église catholique), Église évangélique copte (Communion mondiale d'Églises réformées).
203
+
204
+ La croissance très rapide de la ville a soulevé un certain nombre de problèmes environnementaux. La pollution atmosphérique y est préoccupante. Les niveaux d'hydrocarbures aromatiques relevés au Caire sont supérieurs à ceux de beaucoup de villes similaires[52]. Des tests concernant la qualité de l'air y ont également enregistré des niveaux dangereux de plomb, de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de particules en suspension ; ceci est dû à plusieurs décennies d'absence totale de régulation concernant les émissions polluantes des véhicules, les industries urbaines et les déchets. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le niveau de pollution de l'air au Caire est près de 12 fois plus élevée que le niveau de sécurité recommandé[53]. Un nuage noir apparaît au-dessus de la ville chaque automne, causant chez les habitants des maladies respiratoires[54].
205
+
206
+ Il y a également de nombreuses fonderies de plomb et de fer qui sont non déclarées, et polluent fortement la ville. En conséquence, on peut voir en permanence un brouillard flotter au-dessus du Caire. Selon des estimations, entre dix mille et vingt-cinq mille Cairotes meurent chaque année à cause de la pollution atmosphérique. En 1995, les premières lois environnementales ont été votées, et la situation a depuis été améliorée.
207
+
208
+ La ville souffre également d'un niveau élevé de pollution au sol. Chaque année, Le Caire émet dix mille tonnes de déchets, dont quatre mille ne sont ni collectées ni prises en charge. Cela constitue un risque majeur pour la santé, et le gouvernement égyptien recherche donc des moyens pour le combattre.
209
+
210
+ Enfin, la pollution de l'eau est un problème très important au Caire ; en effet, les égouts sont souvent défaillants et se déversent dans les rues. Un nouveau système de tout à l'égout, développé par l'Union européenne, est censé répondre à ce risque. L'eau municipale est également contaminée par du mercure, ce qui entraîne des risques sanitaires importants.
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+
212
+ • Dans la partie 3 du manga Jojo's Bizarre Adventure, Stardust Crusaders, Dio (l'antagoniste) se cache au Caire et Jotaro (le héros) va entreprendre un voyage depuis le Japon. La bataille finale va donc avoir lieu dans les rues du Caire.
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214
+ Le Caire a signé des traités de coopération avec trente six villes[55].
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+ Istanbul, Séoul et Los Angeles sont les seules villes reconnues comme jumelées avec Le Caire, mais la ville a également signé des « traités d'amitié » avec Stuttgart, Paris, Ottawa et Minsk. Les villes restantes ont signé des conventions similaires indiquant des intentions de coopération, d'amitié ou de compréhension avec Le Caire.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Abou Mena (1979, en péril) · Le Caire historique (1979) · Memphis et sa nécropole – les zones des pyramides de Gizeh à Dahchour (1979) · Monuments de Nubie d'Abou Simbel à Philæ (1979) · Thèbes antique et sa nécropole (1979) · Zone Sainte-Catherine (2002)
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+ Wadi Al-Hitan (La vallée des baleines) (2005)
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+ Lecce (à peu près: /Létché/) est une ville italienne d'environ 95 140 habitants, capitale de la province de même nom dans les Pouilles (Puglia en italien), dans le sud de l'Italie.
4
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5
+ Ville importante du sud-est des Pouilles, située au centre du Salento (la péninsule qui forme le « talon » de la « botte » italienne), Lecce a été, pendant des siècles, un centre culturel, religieux et commercial prospère et l'une des villes les plus peuplées du Royaume de Naples. Aujourd'hui, elle reste active dans les secteurs de l'industrie agricole, des services et de la céramique. Elle est le siège d'un archevêché et de l'université du Salento et constitue un haut-lieu touristique et artistique.
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7
+ Réputée pour son patrimoine artistique particulièrement bien conservé, la ville est considérée comme l'une des capitales de l'architecture baroque, du fait de l'originalité et la richesse du style architectural qui y a été développé à partir de la fin du XVIe siècle, et qui fut rendu possible par la malléabilité exceptionnelle de la pierre calcaire locale, appelée « pierre de Lecce ». À cet égard, on parle même d'un barocco leccese, un « baroque de Lecce », qui possède des caractéristiques et un vocabulaire architectural qui lui sont propres. Lecce a, pour ces raisons, reçu des surnoms flatteurs tels que la « Florence baroque », la « Florence du Sud » ou encore l'« Athènes des Pouilles », et est considérée comme l'un des fleurons de l'Italie méridionale.
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+ Lecce se trouve au centre de la péninsule du Salento et au cœur de la plaine du Salento (pianura salentina), l'une des plus grandes plaines côtières d'Italie. Lecce est par ailleurs l'une des villes les plus importantes de la région des Pouilles. Bien que située à l'intérieur des terres, elle présente l'avantage de se trouver à proximité de la côte adriatique (11 kilomètres) et de la mer Ionienne (23 kilomètres).
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11
+ La distance par la route entre Lecce et les principales villes de la région est :
12
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13
+ Le climat de Lecce est méditerranéen. Les hivers sont doux et le gel rare, le minimum absolu enregistré fut −1,1 °C le 18 janvier 1978. Les étés sont chauds, et le maximum absolu enregistré fut 45,1 °C le 27 juillet 1969. La station météorologique de la ville est située à l'observatoire de Cavallino.
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15
+ De fondation grecque – ce qui lui a valu tardivement (XIXe siècle) le surnom d' « Athènes des Pouilles » – Lecce a dû faire face, au cours de sa longue histoire, à un certain nombre d'invasions. La fondation de la ville remonterait au moins au IVe siècle av. J.-C. Mais selon la légende[2], Lecce existait déjà avant la Guerre de Troie et aurait porté alors le nom de Sybar[note 1].
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+ Entre 269 et 267 av. J.-C., les Romains, qui étendent leur domination vers le sud de la péninsule italienne, font la conquête du Salento et de la ville, qu'ils appellent alors Lupiae[note 2]; ce nom est ensuite transformé en Lictia[3], ou en Litium[2].
18
+
19
+ Beaucoup plus tard, la ville subit des invasions, pillages et destructions successifs. Les Ostrogoths du roi Totila s'en emparent en 547. Reprise par les Byzantins en 553, elle est, au siècle suivant, attaquée et brièvement occupée par des bandes de pillards slaves bientôt délogées par le jeune prince lombard Rodoald, fils du roi Rothari (peut-être vers 642)[4]. Les Lombards contrôlent encore la ville vers 663. Dans les premières années du Xe siècle, Lecce est mise à sac par les Magyars. La ville n'échappe pas non plus aux incursions répétées des pirates sarrasins, qui menacent la région à partir des années 840.
20
+
21
+ Entre 1055 et 1069, les Byzantins doivent lutter contre des Normands de plus en plus pressants et cherchant à étendre leur domination sur tout le sud de l'Italie. Lecce tombe aux mains de ces derniers et devient un comté appartenant à un membre de la famille Hauteville, peut-être à l'un des nombreux frères de Robert Guiscard, Godefroi de Hauteville, comte de Brindisi.
22
+
23
+ La ville est le fief du roi Tancrède de Sicile (avant 1180), qui a hérité du comté par sa mère Emma de Lecce, fille du comte Achard II de Lecce. La dynastie normande règne sur le comté jusqu'en 1200.
24
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25
+ Lecce passe ensuite aux mains de la maison de Souabe, à partir du règne de Frédéric II du Saint-Empire, puis à celles de la famille française des Brienne, qui laissent place au milieu du XIVe siècle à la maison d'Enghien.
26
+
27
+ Marie d'Enghien, dernière représentante de la famille devient comtesse de Lecce puis princesse de Tarente par son mariage à Raimondo Orsini-del Balzo, enfin reine de Naples par son mariage à Ladislas Ier de Naples. Son fils Giovanni Antonio Orsini-del Balzo est prince de Tarente et comte de Lecce, ce qui fait de lui le plus puissant seigneur féodal du royaume de Naples.
28
+
29
+ En 1463 Lecce est rattachée au royaume de Naples sous le règne de Ferdinand Ier de Naples, héritier des possessions Orsini-del Balzo par son mariage avec Isabella di Chiaramonte. Celui-ci renouvelle les privilèges accordés sous Marie d'Enghien, favorisant le développement de la ville, qui devient alors un centre commercial d'importance majeure dans le sud-est de l'Italie. Lecce devient la capitale de la Terre d'Otrante sous la domination espagnole du royaume de Naples à partir du XVIe siècle : un gouverneur nommé par le vice-roi de Naples y réside.
30
+
31
+ Les XVe et XVIe siècles voient de nombreuses incursions dévastatrices des Ottomans survenir dans le Salento et donc à Lecce. Pour y répondre, le roi Charles Quint ordonne la construction d'un château, qui existe toujours et porte son nom (château Charles-Quint), et d'une nouvelle enceinte défensive comprenant l'imposante Porta Napoli, elle aussi préservée jusqu'à notre époque.
32
+
33
+ La victoire de la ligue chrétienne à la bataille de Lépante en 1571 met définitivement fin à la menace des razzias turques sur les côtes du Salento. Alors s'ouvre pour Lecce une période de prospérité et de croissance qui correspond à l'essor du style baroque dans la ville. Aux XVIIe et XVIIIe siècles presque tous les édifices de la cité sont reconstruits dans le style baroque, particulièrement développé dans la ville par les architectes Gabriele Riccardi, Giuseppe Cino, Cesare Penna et surtout Giuseppe Zimbalo, auteur du Duomo et de la basilique Santa Croce, qui peuvent exprimer toute leur verve créatrice dans la réalisation de décors sculptés grâce à la malléabilité remarquable de la pierre locale, la pierre de Lecce (pietra leccese en italien). Sous la domination espagnole, Lecce se transforme ainsi en véritable chantier à ciel ouvert : de nombreux palais, églises et couvents s'élèvent et la ville s'agrandit.
34
+
35
+ Cependant Lecce ne traverse pas cette époque sans connaître quelques malheurs. En 1656 notamment, une terrible épidémie de peste ravage la ville. On a parlé à l'époque de plusieurs milliers de victimes, soit une très grande partie de la population. Selon la légende, la peste cessa grâce à un miracle de saint Oronce (Sant'Oronzo en italien), lequel devint pour cette raison le patron de Lecce, en lieu et place de sainte Irène. La colonne de Sant'Oronzo, qui se dresse encore aujourd'hui sur la place homonyme, fut érigée par Giuseppe Zimbalo à la demande des autorités de la ville en reconnaissance de l'intervention du saint et pour célébrer la fin de la peste.
36
+
37
+ En 1734, après une brève période de domination autrichienne, le royaume de Naples revient à nouveau à la couronne espagnole, avec cette fois les Bourbons à sa tête. Craignant le retour des Espagnols, Lecce se rebelle et la noblesse prend le pouvoir.
38
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+ Le XIXe siècle marque également, avec toutefois une moindre ampleur qu'aux siècles précédents, une période d'effervescence artistique : la ville s'étend hors de ses murs, de nouveaux quartiers sont bâtis. Ce sont surtout les villas aux styles architecturaux audacieux et éclectiques (néoclassique, néo-moresque ou néogothique), construites par les riches familles de la ville le long des nouveaux boulevards, qui retiennent aujourd'hui l'attention. Ce siècle marque néanmoins un déclin de la position de Lecce comme centre culturel majeur du sud de l'Italie à cause la dissolution des ordres religieux voulue par le régime napoléonien dans les années 1800.
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+ Lecce se rallie à l'unité italienne en 1861 et son histoire suit alors celle du Royaume d'Italie. Elle traverse les guerres mondiales sans trop de difficultés. Cependant le pouvoir fasciste mussolinien des années 1920-1930 entreprend de grands travaux, notamment sur la place Sant'Oronzo, qui mènent au déblaiement de l'amphithéâtre romain mais aussi à la destruction de palais anciens et à la construction d'édifices modernes dans le style fasciste sur cette place en plein cœur du centre historique. Mais, à part cette dénaturation, le reste du noyau historique de Lecce est aujourd'hui pratiquement intact, notamment grâce aux efforts importants de restaurations entrepris dans la ville à partir des années 1970 et qui se poursuivent encore aujourd'hui contrairement à ce qui est fait dans la plupart des autres grandes villes du sud de l'Italie où des quartiers anciens entiers sont souvent laissés à un état de presque abandon.
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+ Le nouveau maire de Lecce, Paolo Perrone, appartenant à l'alliance des droites italiennes, succède à Adriana Poli Bortone le 29 mai 2007 en totalisant 56,21 % des votes lors des élections municipales italiennes de mai 2007.
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+ Lecce est divisée en 5 circonscriptions (circoscrizioni) administratives numérotées de 1 à 5:
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+ Arnesano, Cavallino, Lequile, Lizzanello, Monteroni di Lecce, Novoli, San Cesario di Lecce, Squinzano, Surbo, Torchiarolo (BR), Trepuzzi, Vernole, San Pietro in Lama
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+ Lecce possède une université, créée en 1955. L'Université de Lecce est une institution moderne, fréquentée par environ 28 000 étudiants[5], inscrits dans les diverses facultés qui la composent :
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+ Bien que subsistent encore plusieurs bâtiments datant de l'Antiquité et du Moyen Âge, c'est bien
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+ l'art (et notamment l'architecture) baroque, qui s'est développé à Lecce entre les XVIe et XVIIIe siècles, qui a complètement transformé la ville et lui a donné cet aspect léger, aérien et raffiné qui aujourd'hui encore la caractérise. L'avènement de l'art baroque à Lecce survient après 1571, lorsque la victoire vénitienne sur les Ottomans à la bataille de Lépante écarte définitivement la menace, jusque-là constante, des raids turcs sur les côtes des Pouilles. Lecce, qui n'était qu'une ville d'importance moyenne construite autour d'un château voulu par Charles Quint, connut alors une importante période d'essor et d'agrandissement. Une forte impulsion au niveau artistique fut donnée notamment par les autorités religieuses de la ville (comme l'évêque Luigi Pappacoda), puis par les familles nobles, ce qui aboutit à la construction de monuments et d'édifices dans le nouveau style baroque. Celui-ci concerna d'abord les édifices religieux et les plus grands palais nobiliaires, puis gagna toutes les constructions entreprises dans Lecce jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs grands architectes se sont distingués par leurs réalisations et sont considérés comme les maîtres d'œuvre du barocco leccese (baroque de Lecce) : ce sont Giuseppe Cino (1644-1722), Cesare Penna, Emanuele Manieri et surtout Giuseppe Zimbalo (1617-1710).
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+ L'un des éléments les plus représentatifs du baroque de la ville est la piazza del Duomo (place de la cathédrale). Évoquant un décor de théâtre, elle offre un ensemble d'édifices baroques (à la réalisation desquels ont participé trois des architectes précités) qui mettent en valeur la beauté de la pierre locale (en italien pietra leccese ou leccisu en gentilé), au grain fin et doré. Le baroque leccese trouve précisément son originalité dans l'utilisation de cette pierre calcaire, tendre, blanchâtre et très malléable, qui prend en vieillissant une belle couleur chaude, dorée.
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+ Mais le monument le plus représentatif de l'art baroque de Lecce et de son foisonnement est certainement la basilique Santa Croce (avec l'attenant palais des Célestins), reconstruite à partir de 1549 et achevée en 1695, que l'on doit notamment à Giuseppe Zimbalo. L'imagination fertile des artistes a pu s'y exprimer en toute liberté et a produit un décor d'une richesse inouïe, dont la beauté provient de sa profusion même, un décor qui frappe le regard par cette folie ornementale portée à son paroxysme.
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+ Les nombreuses autres églises anciennes de la ville (29 au total) sont pour la plupart de style baroque, mais on en trouve aussi de style Renaissance. Les édifices les plus importants sont :
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+ Les autres églises de Lecce sont:
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+ Dans le centre historique de Lecce, nombreuses sont les demeures nobiliaires – en italien palazzi – construites et décorées dans le style baroque typique de la ville. Souvent de grande valeur artistique et historique, ces "palais" donnent à la ville son caractère unique par leur grand nombre et la richesse du décor de leur façades. Ils étaient, à l'origine, les résidences citadines des familles nobles de la région du Salento (comme en témoignent encore leurs noms et les nombreux blasons apposés au-dessus des portails d'entrée) ou, moins souvent, des propriétés de l'Église. La plupart ont été construits ou remaniés dans le style baroque ou rococo aux XVIIe et XVIIIe siècles mais on en trouve encore qui datent entièrement ou en partie de la Renaissance – en italien Rinascimento. La taille de ces palais varie considérablement, les plus grands étant ceux des institutions et ordres religieux (couvents et épiscopat par exemple) et des plus grandes familles nobles de la ville. Beaucoup d'entre eux sont encore habités (parfois par les familles qui les ont commandités) alors que d'autres abritent des musées, des administrations (comme la mairie ou le palais de justice) ou ont été transformés en hôtels ou, plus souvent, en de luxueuses chambres d'hôtes. En voici quelques-uns parmi les plus importants :
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+ Lecce abrite un club de football, l'US Lecce, qui évolue depuis 2019 en Serie A, la première division du championnat italien de football. Le Stade Via Del Mare où se déroulent les parties à domicile de l'équipe compte 41 000 places.
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+ La ville de Lecce est jumelée avec[7] :
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+ La ville entretient des collaborations réciproques avec :
fr/3229.html.txt ADDED
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+ Le cerveau est le principal organe du système nerveux des animaux bilatériens. Ce terme tient du langage courant (non scientifique) et chez les chordés, comme les humains, il peut désigner l'encéphale, ou uniquement une partie de l'encéphale, le prosencéphale (télencéphale + diencéphale), voire seulement le télencéphale. Néanmoins, dans cet article, le terme cerveau prend son sens le plus large.
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+ Le cerveau des chordés est situé dans la tête, protégé par le crâne chez les craniés, et son volume varie grandement d'une espèce à l'autre. Pour les animaux d'autres embranchements, certains centres nerveux sont également appelés cerveau par analogie avec les chordés.
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+ Le cerveau régule les autres systèmes d'organes du corps, en agissant sur les muscles ou les glandes, et constitue le siège des fonctions cognitives. Ce contrôle centralisé de l'organisme permet des réponses rapides et coordonnées aux variations environnementales. Les réflexes, schémas de réponses simples, ne nécessitent pas l'intervention du cerveau. Toutefois, les comportements plus sophistiqués nécessitent que le cerveau intègre les informations transmises par les systèmes sensoriels et fournisse une réponse adaptée.
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+ L'encéphale est une structure extrêmement complexe qui peut renfermer jusqu'à plusieurs milliards de neurones connectés les uns aux autres. Les neurones sont les cellules cérébrales qui communiquent entre elles par le biais de longues fibres protoplasmiques appelées axones. L'axone d'un neurone transmet des influx nerveux, les potentiels d'action, à des cellules cibles spécifiques situées dans des régions plus ou moins distantes du cerveau ou de l'organisme. Les cellules gliales sont le deuxième type cellulaire du cerveau et assurent des fonctions très diversifiées, centrées autour du support des neurones et de leurs fonctions. Bien que les cellules gliales et les neurones aient probablement été observés pour la première fois en même temps au début du XIXe siècle, contrairement aux neurones dont les propriétés morphologiques et physiologiques étaient directement observables pour les premiers investigateurs du système nerveux, les cellules gliales étaient considérées, jusqu'au milieu du XXe siècle, simplement comme de la « glu » qui « colle » les neurones ensemble[1].
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+
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+ Malgré de grandes avancées en neurosciences, le fonctionnement du cerveau est encore mal connu. Les relations qu'il entretient avec l'esprit sont le sujet de nombreuses discussions, aussi bien philosophiques que scientifiques.
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+ Depuis son origine, la recherche sur le cerveau a connu principalement trois phases : phase philosophique, phase expérimentale et phase théorique. Pour le futur des neurosciences, certains auteurs prédisent une phase de simulation[2].
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+ Le cerveau est la structure biologique la plus complexe connue[3] ce qui rend souvent délicate la comparaison de cerveaux de différentes espèces à partir de leur apparence. Néanmoins, l'architecture du cerveau présente plusieurs caractéristiques communes à un grand nombre d'espèces. Trois approches complémentaires permettent de les mettre en évidence. L'approche évolutionniste compare l'anatomie du cerveau entre différentes espèces et repose sur le principe que les caractères retrouvés sur toutes les branches descendantes d'un ancêtre donné étaient aussi présentes chez leur ancêtre commun. L'approche développementale étudie le processus de formation du cerveau du stade embryonnaire au stade adulte. Enfin, l'approche génétique analyse l'expression des gènes dans les différentes zones du cerveau.
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+ L'origine du cerveau remonte à l'apparition des bilatériens, une des principales subdivisions du règne animal notamment caractérisée par une symétrie bilatérale des organismes, il y a environ 550-560 millions d'années[4]. L'ancêtre commun de ce taxon suivait un plan d'organisation de type tubulaire, vermiforme et métamérisé ; un schéma qui continue de se retrouver dans le corps de tous les bilatériens actuels, dont les humains[5]. Ce plan d'organisation fondamental du corps est un tube renfermant un tube digestif, reliant la bouche et l'anus, et un cordon nerveux qui porte un ganglion au niveau de chaque métamère du corps et notamment un ganglion plus important au niveau du front appelé « cerveau ».
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+
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+ La composition du cerveau des protostomiens est très différente de celle des chordés (qui sont épineuriens), à tel point qu'il est difficile de comparer les deux structures sauf à se baser sur la génétique. Beaucoup de protostomiens sont hyponeuriens ; deux groupes s'en démarquent par un cerveau relativement complexe : les arthropodes et les céphalopodes[6]. Le cerveau de ces deux groupes provient de deux cordons nerveux parallèles qui s'étendent à travers tout le corps de l'animal. Les arthropodes ont un cerveau central avec trois divisions et de larges lobes optiques derrière chaque œil pour le traitement visuel[6]. Les céphalopodes possèdent le plus gros cerveau de tous les protostomiens. Celui des pieuvres est très développé, avec une complexité similaire à celle rencontrée chez les chordés, ce qui permet aux pieuvres de développer des capacités cognitives comme la possibilité d'utiliser un outil[7].
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+
19
+ Le cerveau de quelques hyponeuriens a été particulièrement étudié. Par la simplicité et l'accessibilité de son système nerveux, l'aplysie (un mollusque) a été choisie comme modèle par le neurophysiologiste Eric Kandel pour l'étude des bases moléculaires de la mémoire qui lui valut un Prix Nobel en 2000[8]. Cependant, le cerveau d'hyponeurien le plus étudié demeure celui de la drosophile (un arthropode). Du fait de l'important panel de techniques à disposition pour étudier leur matériel génétique, les drosophiles sont tout naturellement devenues un sujet d'étude sur le rôle des gènes dans le développement du cerveau[9]. De nombreux aspects de la neurogénétique des drosophiles se sont avéré être également valable chez l'humain. Par exemple, les premiers gènes impliqués dans l'horloge biologique furent identifiés dans les années 1970 en étudiant des drosophiles mutantes montrant des perturbations dans leur cycles journaliers d'activité[10]. Une recherche sur le génome des chordés a montré un ensemble de gènes analogues à ceux de la drosophile jouant un rôle similaire dans l'horloge biologique de la souris et probablement également chez l'humain[11].
20
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21
+ Un autre protostomien, le ver nématode Caenorhabditis elegans a fait l'objet, comme la drosophile, d'études génétiques approfondies[12] car son plan d'organisation est très stéréotypé : le système nerveux du morphe hermaphrodite possède exactement 302 neurones, toujours à la même place, établissant les mêmes liaisons synaptiques pour chaque ver[13]. Au début des années 1970, du fait de sa simplicité et de sa facilité d’élevage, Sydney Brenner le choisit comme organisme modèle pour ses travaux sur le processus de régulation génétique du développement qui lui valurent un Prix Nobel en 2002[14]. Pour ses travaux, Brenner et son équipe ont découpé les vers en milliers de sections ultra fines et photographié chacune d'entre elles au microscope électronique afin de visualiser les fibres assorties à chaque section et ainsi planifier chaque neurone et chaque synapse dans le corps du ver[15]. Actuellement, un tel niveau de détail n'est disponible pour aucun autre organisme, et les informations récoltées ont rendu possibles de nombreuses études.
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23
+ L'embranchement des chordés, auquel appartiennent les humains, est apparu lors de l'explosion cambrienne[16].
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+ Le cerveau de l'ensemble des chordés présente fondamentalement la même structure[17]. Il est constitué d'un tissu mou d'une texture gélatineuse[18]. De manière générale, le tissu cérébral vivant est rosâtre à l'extérieur et blanchâtre à l'intérieur. Le cerveau des chordés est enveloppé d'un système membranaire de tissu conjonctif, les méninges, qui sépare le crâne du cerveau[19]. De l'extérieur vers l'intérieur, les méninges sont composées de trois membranes : la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère. L'arachnoïde et la pie-mère sont étroitement connectées entre elles et peuvent ainsi être considérées comme une seule et même couche, la pie-arachnoïde. Compris entre l'arachnoïde et la pie mère, l'espace sous-arachnoïdien contient le liquide cérébro-spinal qui circule dans l'étroit espace entre les cellules et à travers les cavités appelées système ventriculaire. Ce liquide sert notamment de protection mécanique au cerveau en absorbant et amortissant les chocs et à transporter hormones et nutriments vers le tissu cérébral. Les vaisseaux sanguins viennent irriguer le système nerveux central à travers l'espace périvasculaire au-dessus de la pie-mère. Au niveau des vaisseaux sanguins, les cellules sont étroitement jointes, formant la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau en agissant comme un filtre vis-à-vis des toxines susceptibles d'être contenues dans le sang.
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+
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+ Les cerveaux des chordés possèdent la même forme sous-jacente, caractérisée par la manière dont le cerveau se développe[20]. Pendant le neurodéveloppement, le système nerveux commence à se mettre en place par l'apparition d'une fine bande de tissu neural parcourant tout le dos de l'embryon. La bande s'épaissit ensuite et se plisse pour former le tube neural. C'est à l'extrémité avant du tube que se développe le cerveau, l'émergence de celui-ci chez les premiers chordés aquatiques étant en relation avec le développement de leur sens de l'olfaction lié à leurs capacités exploratrices à la recherche de proies. Au départ, le cerveau se manifeste comme trois gonflements qui représentent en fait le prosencéphale, le mésencéphale et le rhombencéphale. Chez de nombreux groupes de chordés, ces trois régions gardent la même taille chez l'adulte, mais le prosencéphale des mammifères devient plus important que les autres régions, le mésencéphale étant lui plus petit[21].
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+
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+ La corrélation entre la taille du cerveau et la taille de l'organisme ou d'autres facteurs a été étudiée sur un grand nombre d'espèces de chordés. La taille du cerveau augmente avec la taille de l'organisme, mais pas de manière proportionnelle. Chez les mammifères, la relation suit une loi de puissance, avec un exposant d'environ 0,75[22]. Cette formule s'applique pour le cerveau moyen des mammifères mais chaque famille s'en démarque plus ou moins, reflétant la complexité de leur comportement. Ainsi, les primates ont un cerveau cinq à dix fois plus gros que ce qu’indique la formule. De manière générale, les prédateurs tendent à avoir des cerveaux plus gros. Quand le cerveau des mammifères augmente en taille, toutes les parties n'augmentent pas dans la même proportion. Plus le cerveau d'une espèce est gros, plus la fraction occupée par le cortex est importante[23], 80 % de l'activité cérébrale dépendant des signaux visuels chez les primates[21].
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+
31
+ En neuroanatomie des chordés, le cerveau est généralement considéré comme constitué de six régions principales définies sur la base du développement du système nerveux à partir du tube neural : le télencéphale, le diencéphale, le mésencéphale, le cervelet, le pont, et le bulbe rachidien[24]. Chacune de ces régions possède une structure interne complexe. Certaines régions du cerveau, comme le cortex cérébral ou le cervelet, sont formées de couches formant des replis sinueux, les circonvolutions cérébrales, qui permettent d'augmenter la surface corticale tout en logeant dans la boîte crânienne. Les autres régions du cerveau représentent des groupes de nombreux noyaux. Si des distinctions claires peuvent être établies à partir de la structure neurale, la chimie et la connectivité, des milliers de régions distinctes peuvent être identifiées dans le cerveau des chordés.
32
+
33
+ Dans plusieurs branches des chordés, l'évolution a amené des changements importants sur l'architecture du cerveau. Les composants du cerveau des requins sont assemblés de façon simple et directe, mais chez les poissons téléostéens, groupe majoritaire des poissons modernes, le prosencéphale est devenu éverté. Le cerveau des oiseaux présente également d'importants changements[25]. Un des principaux composants du prosencéphale des oiseaux, la crête ventriculaire dorsale, a longtemps été considéré comme l'équivalent du ganglion basal des mammifères, mais est maintenant considéré comme étroitement apparenté au néocortex[26].
34
+
35
+ De nombreuses régions du cerveau ont gardé les mêmes propriétés chez tous les chordés[3]. Le rôle de la plupart de ces régions est encore soumis à la discussion mais il est malgré tout possible de dresser une liste des régions principales du cerveau et le rôle qu'on leur attribue selon les connaissances actuelles :
36
+
37
+ Le cortex cérébral est la région du cerveau qui distingue au mieux le cerveau des mammifères de celui des autres vertébrés, celui des primates de celui des autres mammifères, et celui des humains de celui des autres primates. Le rhombencéphale et le mésencéphale des mammifères est généralement similaire à celui des autres vertébrés, mais des différences très importantes se manifestent au niveau du prosencéphale qui n'est pas seulement beaucoup plus gros mais présente également des modifications dans sa structure[36]. Chez les autres chordés, la surface du télencéphale est recouverte d'une simple couche, le pallium[37]. Chez les mammifères, le pallium a évolué en une couche à six feuillets appelée néocortex. Chez les primates, le néocortex s'est grandement élargi, notamment au niveau de la région des lobes frontaux. L'hippocampe des mammifères a également une structure bien particulière.
38
+
39
+ L'histoire évolutive de ces particularités mammaliennes, notamment le néocortex, est difficile à retracer[37]. Les synapsides, ancêtres des mammifères, se sont séparés des sauropsides, ancêtres des reptiles actuels et des oiseaux, il y a environ 350 millions d'années. Ensuite, il y a 120 millions d'années, les mammifères se sont ramifiés en monotrèmes, marsupiaux et placentaires, division qui a abouti aux représentants actuels. Le cerveau des monotrèmes et des marsupiaux se distingue de celui des placentaires (groupe majoritaire des mammifères actuels) à différents niveaux, mais la structure de leur cortex cérébral et de leur hippocampe est la même. Ces structures ont donc probablement évolué entre -350 et -120 millions d'années, une période qui ne peut être étudiée qu'à travers les fossiles mais ceux-ci ne préservent pas les tissus mous comme le cerveau.
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+ Le cerveau des primates possède la même structure que celui des autres mammifères, mais il est considérablement plus large proportionnellement à la taille de l'organisme[23]. Cet élargissement provient essentiellement de l'expansion massive du cortex, notamment au niveau des régions servant à la vision et à la prévoyance[38]. Le processus de perception visuelle chez les Primates est très complexe, faisant intervenir au moins trente zones distinctes et un important réseau d'interconnexions, et occupe plus de la moitié du néocortex[39]. L'élargissement du cerveau provient également de l'élargissement du cortex préfrontal dont les fonctions sont difficilement résumables mais portent sur la planification, la mémoire de travail, la motivation, l'attention, et les fonctions exécutives.
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+ Chez les humains, l'élargissement des lobes frontaux est encore plus extrême, et d'autres parties du cortex sont également devenues plus larges et complexes.
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+ Le tissu cérébral est composé de deux types de cellules, les neurones et les cellules gliales[40]. Les neurones jouent un rôle prépondérant dans le traitement de l'information nerveuse tandis que les cellules gliales, ou cellules de soutien, assurent diverses fonctions annexes dont le métabolisme cérébral. Bien que ces deux types de cellules soient en même quantité dans le cerveau, les cellules gliales sont quatre fois plus nombreuses que les neurones dans le cortex cérébral[41].
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+
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+ Contrairement aux cellules gliales, les neurones sont capables de communiquer entre eux à travers de longues distances[42]. Cette communication se fait par des signaux envoyés par le biais de l'axone, prolongement protoplasmique du neurone qui s'étend depuis le corps cellulaire, se ramifie et se projette, parfois vers des zones proches, parfois vers des régions plus éloignées du cerveau ou du corps. Le prolongement de l'axone peut être considérable chez certains neurones. Les signaux transmis par l'axone se font sous forme d'influx électrochimiques, appelés potentiels d'action, qui durent moins d'un millième de seconde et traversent l'axone à une vitesse de 1 à 100 mètres par seconde. Certains neurones émettent en permanence des potentiels d'action, de 10 à 100 par seconde, d'autres n'émettent des potentiels d'action qu'occasionnellement.
48
+
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+ Le point de jonction entre l'axone d'un neurone et un autre neurone, ou une cellule non-neuronale, est la synapse où le signal est transmis[43]. Un axone peut avoir jusqu'à plusieurs milliers de terminaisons synaptiques. Lorsque le potentiel d'action, après avoir parcouru l'axone, parvient à la synapse, cela provoque la libération d'un agent chimique appelé neurotransmetteur. Une fois libéré, le neurotransmetteur se lie aux récepteurs membranaires de la cellule cible. Certains récepteurs neuronaux sont excitateurs, c'est-à-dire qu'ils augmentent la fréquence de potentiel d'action au sein de la cellule cible ; d'autres récepteurs sont inhibiteurs et diminuent la fréquence de potentiel d'action ; d'autres ont des effets modulatoires complexes.
50
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51
+ Les axones occupent la majeure partie de l'espace cérébral[44]. Les axones sont souvent regroupés en larges groupes pour former des faisceaux de fibres nerveuses. De nombreux axones sont enveloppés d'une gaine de myéline, une substance qui permet d'augmenter fortement la vitesse de propagation du potentiel d'action. La myéline est de couleur blanche, de telle sorte que les régions du cerveau essentiellement occupées par ces fibres nerveuses apparaissent comme de la substance blanche tandis que les zones densément peuplées par les corps cellulaires des neurones apparaissent comme de la substance grise. La longueur totale des axones myélinisés dans le cerveau adulte d'un humain dépasse en moyenne les 100 000 kilomètres[45].
52
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53
+ Article complet sur wikibooks : Le métabolisme cérébral
54
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55
+ Selon le prix nobel Roger Sperry, 90 % de la stimulation et de la nutrition du cerveau sont générés par les mouvements de la colonne vertébrale[46].
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+ Le développement du cerveau suit une succession d'étapes[47]. Beaucoup de neurones naissent dans des zones spécifiques contenant des cellules souches et migrent ensuite à travers le tissu pour atteindre leur destination ultime[48]. Ainsi, dans le cortex, la première étape du développement est la mise en place d'une armature par un type de cellules gliales, les cellules radiales, qui établissent des fibres verticales à travers le cortex. Les nouveaux neurones corticaux sont créés à la base du cortex et « grimpent » ensuite le long des fibres radiales jusqu'à atteindre les couches qu'ils sont destinés à occuper.
58
+
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+ Chez les chordés, les premières étapes du développement sont communes à toutes les espèces[47]. Tandis que l'embryon passe d'une forme ronde à une structure de type vermiforme, une étroite bande de l'ectoderme se décolle de la ligne médiane dorsale pour devenir la plaque neurale, précurseur du système nerveux. La plaque neurale se creuse, s'invagine de manière à former la gouttière neurale puis, les plis neuraux qui bordent la gouttière fusionnent pour fermer la gouttière qui devient le tube neural. Ce tube se subdivise ensuite en une partie antérieure renflée, la vésicule céphalique primitive, qui se segmente en trois vésicules qui deviendront le prosencéphale, le mésencéphale, et le rhombencéphale[47]. Le prosencéphale se divise ensuite en deux autres vésicules, le télencéphale et le diencéphale tandis que le rhombencéphale se divise en métencéphale et myélencéphale. Chacune de ces vésicules contient des zones prolifératives dans lesquelles neurones et cellules gliales sont formés. Ces deux types de cellules migrent ensuite, parfois sur de longues distances, vers leurs positions finales.
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+ Une fois qu'ils sont en place, les neurones commencent à étendre leurs dendrites et leur axone autour d'eux[49]. L'axone doit généralement s'étendre sur une longue distance à partir du corps cellulaire du neurone et doit se connecter sur des cibles bien spécifiques, ce qui lui nécessite de croître d'une manière plus complexe. À l'extrémité de l'axone en développement se trouve une région parsemée de récepteurs chimiques, le cône de croissance. Ces récepteurs recherchent des signaux moléculaires dans l'environnement alentour qui guident la croissance de l'axone en attirant ou en repoussant le cône de croissance et dirigent ainsi l'étirement de l'axone dans une direction donnée. Le cône de croissance navigue ainsi à travers le cerveau jusqu'à ce qu'il atteigne sa région de destination, où d'autres signaux chimiques engendrent la formation de synapses. Des milliers de gènes interviennent pour générer ces signaux de guidage mais le réseau synaptique qui en émerge n'est déterminé qu'en partie par les gènes. Dans de nombreuses parties du cerveau, les axones connaissent d'abord une surcroissance proliférative qui est ensuite régulée par des mécanismes dépendants de l'activité neuronale[50]. Ce processus sophistiqué de sélection et d'ajustement graduel aboutit finalement à la forme adulte du réseau neuronal.
62
+
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+ Chez les mammifères les neurones sont produits avant la naissance (principalement entre la 6e et la 18e semaine gestationnelle chez l'humain). Le cerveau du nouveau-né contient donc substantiellement plus de neurones que celui de l'adulte car au cours du développement puis encore pendant le vieillissement, un grand nombre de ces cellules vont être détruites. La disparition des cellules nerveuses correspond à un phénomène nécessaire de sélection/stabilisation dans les réseaux de neurones au cours de la mise en place de circuits cérébraux.
64
+
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+ Cependant quelques zones continuent de générer de nouveaux neurones tout au long de la vie, telles que le bulbe olfactif ou le gyrus dentatus de l'hippocampe. En dehors de ces exceptions, le nombre de neurones présents à la naissance est définitif, contrairement aux cellules gliales qui sont renouvelées tout au long de la vie, à la manière de la plupart des cellules de l'organisme. Bien que le nombre de neurones évolue peu après la naissance, les connexions axonales continuent de se développer et de s'organiser pendant encore un long moment. Chez l'humain ce processus n'est pas terminé avant l'adolescence et il continue de se poursuivre avec l'acquisition de nouveaux apprentissages.
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+ De nombreuses questions restent en suspens concernant ce qui relève de l'inné et de l'acquis à propos de l'esprit, de l'intelligence et de la personnalité[51]. Bien que de nombreux points restent à éclaircir, les neurosciences ont montré que deux facteurs sont essentiels. D'un côté, les gènes déterminent la forme générale du cerveau, et la manière dont le cerveau répond à l'expérience. D'un autre côté, l'expérience est nécessaire pour affiner la matrice de connexions synaptiques. À bien des égards, la qualité et la quantité d'expériences joue un rôle[52]. L’enrichissement environnemental montre que le cerveau d'un animal placé dans un environnement plus riche et stimulant a un nombre plus important de synapses que celui d'un animal dans un milieu plus pauvre[53].
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+
69
+ La fonction principale du cerveau est de contrôler les actions de l'organisme à partir des informations sensorielles qui lui parviennent[54]. Les signaux sensoriels peuvent stimuler une réponse immédiate, moduler un schéma d'activité en cours, ou être emmagasinés pour un besoin futur. Ainsi, par le rôle central qu'il exerce dans la captation des stimuli externes, le cerveau occupe le rôle central dans la création de réponses à l'environnement. Le cerveau a aussi un rôle dans la régulation hormonale.
70
+
71
+ Le cerveau des chordés reçoit des signaux par les nerfs afférents de la part des différentes régions de l'organisme. Le cerveau interprète ces signaux et en tire une réponse fondée sur l'intégration des signaux électriques reçus, puis la transmet. Ce jeu de réception, d'intégration, et d'émission de signaux représente la fonction majeure du cerveau, qui explique à la fois les sensations, le mouvement, la mémoire et, on le suppose, la conscience.
72
+
73
+ Pour mener à bien sa complexe tâche, le cerveau est organisé en sous-systèmes fonctionnels c'est-à-dire que certaines régions cérébrales traitent plus spécifiquement certains aspects de l'information. Cette division fonctionnelle n'est pas stricte et ces sous-systèmes peuvent être catégorisés de plusieurs façons : anatomiquement, chimiquement ou fonctionnellement. Une de ces catégorisations repose sur les neurotransmetteurs chimiques utilisés par les neurones pour communiquer. Une autre se base sur la manière dont chaque zone du cerveau contribue au traitement de l'information : les zones sensorielles amènent l'information au cerveau ; les signaux moteurs envoient l'information du cerveau jusqu'aux muscles et aux glandes ; les systèmes excitateurs modulent l'activité du cerveau en fonction du moment de la journée et de divers facteurs.
74
+
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+ Le cerveau utilise principalement le glucose comme substrat énergétique et une perte de conscience peut survenir s'il en manque. La consommation énergétique du cerveau n'est pas particulièrement variable, mais les régions actives du cortex consomment plus d'énergie que les inactives.
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77
+ Selon le principe de Dale, chaque neurone du cerveau libère constamment le même neurotransmetteur chimique, ou la même combinaison de neurotransmetteurs, pour toutes les connexions synaptiques qu'il entretient avec d'autres neurones[55]. Un neurone peut donc être caractérisé en fonction des neurotransmetteurs qu'il libère bien qu'il existe quelques exceptions à ce principe. Les deux neurotransmetteurs les plus fréquents sont le glutamate, qui correspond généralement à un signal excitatoire, et l'acide γ-aminobutyrique (GABA), généralement inhibitoire. Les neurones utilisant ces deux neurotransmetteurs se retrouvent dans presque toutes les régions du cerveau et forment un large pourcentage des synapses du cerveau[56].
78
+
79
+ Les autres neurotransmetteurs, comme la sérotonine ou la noradrénaline, proviennent de neurones localisés dans des zones particulières du cerveau. D'autres neurotransmetteurs, comme l'acétylcholine ou la dopamine, proviennent de plusieurs endroits du cerveau, mais ne sont pas distribués de façon aussi ubiquitaire que le glutamate et le GABA. La grande majorité des drogues psychotropes agissent en altérant les systèmes de neurotransmetteurs qui ne sont pas directement impliqués dans les transmissions glutamatergiques ou GABAergiques[57].
80
+
81
+ Une fonction importante du cerveau est de traiter l'information reçue par les récepteurs sensoriels[58]. Contrairement aux idées reçues, les sens que peut capter le cerveau ne sont pas limitées à cinq. Outre la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, et le goût, le cerveau peut recevoir d'autres informations sensorielles comme la température, l'équilibre, la position des membres, ou la composition chimique du sang. Toutes ces variables sont détectées par des récepteurs spécialisés qui transmettent les signaux vers le cerveau. Certaines espèces peuvent détecter des sens supplémentaires, comme la vision infrarouge des serpents, ou utiliser les sens « standards » de manière non conventionnelle, comme l'écholocation du système auditif des chauves-souris.
82
+
83
+ Chaque système sensoriel possède ses propres cellules sensorielles réceptrices. Ces cellules sont des neurones mais, contrairement à la majorité des neurones, ceux-ci ne sont pas contrôlés par les signaux synaptiques d'autres neurones. Au lieu de cela, ces cellules sensorielles possèdent des récepteurs membranaires qui sont stimulées par un facteur physique spécifique comme la lumière, la température, ou la pression. Les signaux de ces cellules sensorielles réceptrices parviennent jusqu'à la moelle épinière ou le cerveau par les nerfs afférents.
84
+
85
+ Pour la plupart des sens, il y a un noyau sensitif principal dans le tronc cérébral, ou un ensemble de noyaux, qui reçoit et réunit les signaux des cellules sensorielles réceptrices. Dans de nombreux cas, des zones secondaires sous-corticales se chargent d'extraire et de trier l'information. Chaque système sensoriel a également une région du thalamus qui lui est dédié et qui relaie l'information au cortex.
86
+
87
+ Pour chaque système sensoriel, une zone corticale primaire reçoit directement les signaux en provenance du relai thalamique. Habituellement, un groupe spécifique de zones corticales supérieures analyse également le signal sensoriel. Enfin, des zones multimodales du cortex combinent les signaux en provenance de différents systèmes sensoriels. À ce niveau, les signaux qui atteignent ces régions du cerveau sont considérés comme des signaux intégrés plutôt que comme des signaux strictement sensoriels[59].
88
+
89
+ Toutes ces étapes ont leurs exceptions. Ainsi, pour le toucher, les signaux sensoriels sont principalement reçus au niveau de la moelle épinière, au niveau de neurones qui projettent ensuite l'information au tronc cérébral[60]. Pour l'odorat, il n'y a pas de relai dans le thalamus, le signal est transmis directement de la zone primaire, le bulbe olfactif, vers le cortex[61].
90
+
91
+ Les systèmes moteurs sont les zones du cerveau responsables directement ou indirectement des mouvements du corps, en agissant sur les muscles. À l'exception des muscles contrôlant les yeux, tous les muscles squelettiques de l'organisme sont directement innervés par des neurones moteurs de la moelle épinière. Ils sont donc le dernier maillon de la chaîne du système psychomoteur[62]. Les neurones moteurs spinaux sont contrôlés à la fois par des circuits neuronaux propres à la moelle épinière, et par des influx efférents du cerveau. Les circuits spinaux intrinsèques hébergent plusieurs réactions réflexes, ainsi que certains schémas de mouvements comme les mouvements rythmiques tels que la marche ou la nage[63]. Les connexions efférentes du cerveau permettent quant à elles, des contrôles plus sophistiqués.
92
+
93
+ Un certain nombre de zones du cerveau sont connectées directement à la moelle épinière[64]. Au niveau le plus bas se trouvent les zones moteurs situées dans le bulbe rachidien et le pont. Au-dessus se situent les zones du mésencéphale, comme le noyau rouge, qui sont responsables de la coordination des mouvements. À un niveau supérieur se trouve le cortex moteur primaire, une bande de tissu cérébral localisée à la lisière postérieure du lobe frontal. Le cortex moteur primaire transmet ses commandes motrices aux zones moteurs sous-corticales, mais également directement à la moelle épinière par le biais du faisceau pyramidal. Les influx nerveux de ce faisceau cortico-spinal transmettent les mouvements fins volontaires. D'autres zones moteurs du cerveau ne sont pas directement reliées à la moelle épinière, mais agissent sur les zones moteurs primaires corticales ou sous-corticales. Quelques-unes de ces zones secondaires les plus importantes sont le cortex prémoteur, impliqués dans la coordination des mouvements de différentes parties du corps, les ganglions de la base, dont la fonction principale semble être la sélection de l'action, et le cervelet, qui module et optimise les informations pour rendre les mouvements plus précis.
94
+
95
+ Le cerveau et la moelle épinière contiennent également un réseau neuronal qui contrôle le système nerveux autonome, la partie du système nerveux responsable des fonctions automatiques. Non soumis au contrôle volontaire, le système nerveux autonome contrôle notamment la régulation hormonale et l'activité des muscles lisses et du muscle cardiaque. Le système nerveux autonome agit à différents niveaux comme le rythme cardiaque, la digestion, la respiration, la salivation, la miction, la sueur ou l'excitation sexuelle.
96
+
97
+ Un des aspects les plus visibles du comportement animal est le cycle journalier veille-sommeil-rêve. L'éveil et l'attention sont aussi modulés à une échelle de temps plus fine, par un réseau de zones cérébrales[65].
98
+
99
+ Un composant clé du système d'éveil est le noyau suprachiasmatique, petite région de l'hypothalamus localisée directement au-dessus du point de croisement des nerfs optiques[66]. Le noyau suprachiasmatique renferme l'horloge biologique centrale de l'organisme. Les neurones de ce noyau montrent un niveau d'activité qui augmente ou diminue sur une période d'environ 24 heures, le rythme circadien : cette activité fluctuante est dirigée par des changements rythmiques exprimés par un groupe de gènes horlogers. Le noyau suprachiasmatique reçoit généralement des signaux en provenance des nerfs optiques qui permettent de calibrer l'horloge biologique à partir des cycles jour-nuit.
100
+
101
+ Le noyau suprachiasmatique se projette dans un ensemble de zones cérébrales (situées au niveau de l'hypothalamus et du tronc cérébral) qui sont impliqués dans la mise en œuvre des cycles jour-nuit. Un composant important du système est la formation réticulée, un groupe d'amas neuronaux s'étendant dans le tronc cérébral[65]. Les neurones réticulés envoient des signaux vers le thalamus, qui répond en envoyant des signaux à différentes régions du cortex qui régule le niveau d'activité.
102
+
103
+ Le sommeil implique de profondes modifications dans l'activité cérébrale[67]. Le cerveau ne s'éteint pas pendant le sommeil, l'activité cérébrale se poursuit mais est modifiée. En fait, il existe deux types de sommeil : le sommeil paradoxal (avec rêves) et le sommeil non paradoxal (généralement sans rêves). Ces deux sommeils se répètent selon un schéma légèrement différent à chaque sommeil. Trois grands types de schéma d'activité cérébrale peuvent être distingués : sommeil paradoxal, sommeil léger, et sommeil profond. Pendant le sommeil profond, l'activité du cortex prend la forme de larges ondes synchronisées tandis que ces ondes sont désynchronisées pendant l'état de rêve. Les niveaux de noradrénaline et de sérotonine tombent au cours du sommeil profond, et approchent du niveau zéro pendant le sommeil paradoxal, tandis que les niveaux d'acétylcholine présentent un schéma inverse.
104
+
105
+ Le cycle du sommeil se divise en 5 stades. Au stade 1, le sommeil lent apparaît lorsque l'on s'allonge et ferme les yeux, des rêves courts ou de brèves pensées sont parfois rapportés durant ce stade qui dure de 3 à 12 minutes. La seconde phase du sommeil lent est un sommeil léger, c'est la phase la plus longue occupant près de 50 % du temps de sommeil d'une nuit. Le stade 3 est le passage du sommeil moyennement profond à profond, les muscles ont encore du tonus mais on est très peu réactif aux stimulations extérieures. Au niveau 4, nous sommes au plus profond de notre sommeil, l'activité neuronale est à son plus bas, la température du cerveau est également basse, la respiration, le rythme cardiaque et la pression sanguine sont ralentis. Le stade 5 est le dernier, le sommeil est paradoxal, l'activité électrique du cerveau est très importante, les yeux bougent rapidement, bien que le reste du corps se trouve en état d'atonie musculaire. Un cycle du sommeil dure de 70 à 90 minutes et se reproduit 4 à 6 fois en une nuit[68].
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+
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+ Jean-Didier Vincent dresse une histoire et relie celle-ci avec les résultats des travaux de recherche[69].
108
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+ La compréhension de la relation entre le cerveau et l'esprit est un problème aussi bien scientifique que philosophique[70]. La relation forte entre la matière cérébrale physique et l'esprit est aisément mise en évidence par l'impact que les altérations physiques du cerveau ont sur l'esprit, comme le traumatisme crânien ou l'usage de psychotrope[71].
110
+
111
+ Jusqu'à la fin du XXe siècle, le problème corps-esprit était l'un des débats centraux de l'histoire de la philosophie et consistait à considérer la manière dont le cerveau et l'esprit pouvaient être reliés[72].
112
+
113
+ Trois grands courants de pensée existaient concernant cette question : dualisme, matérialisme, et idéalisme :
114
+
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+ Outre ces questions philosophiques, cette hypothèse de relation entre l'esprit et le cerveau soulevait un grand nombre de questions scientifiques, comme la relation entre l'activité mentale et l'activité cérébrale, le mécanisme d'action des drogues sur la cognition, ou encore la corrélation entre neurones et conscience.
116
+
117
+ Historiquement, un grand nombre de philosophes considéraient inconcevable que la cognition puisse être mise en place par une substance physique comme le tissu cérébral[75]. Des philosophes comme Patricia Churchland ont postulé que l'interaction entre la drogue et l'esprit est un indicateur de la relation intime entre le cerveau et l'esprit mais que les deux entités sont distinctes[76].
118
+
119
+ Depuis l'avènement des neurosciences, et les travaux de nombreuses équipes internationales de recherche, cette question n'est plus d'actualité en sciences[77].
120
+ Antonio Damasio, dans son livre L'Erreur de Descartes notamment, montre que le corps et l'esprit fonctionnent de manière indissociable. Il explique par ailleurs que le raisonnement, la mémorisation, l'acquisition de nouveaux apprentissages ne peuvent pas s'effectuer sans intégrer les émotions dans les processus[78].
121
+
122
+ Le domaine des neurosciences englobe toutes les approches cherchant à comprendre le fonctionnement du cerveau et du reste du système nerveux[79]. La psychologie cherche à comprendre l'esprit et le comportement. La neurologie est la discipline médicale qui diagnostique et traite les pathologies liées au système nerveux. Le cerveau est également l'organe le plus étudié en psychiatrie, une branche de la médecine qui étudie et traite les troubles mentaux[80]. Les sciences cognitives tentent de lier la neuroscience et la psychologie avec d'autres domaines comme l'informatique et la philosophie.
123
+
124
+ La plus ancienne méthode d'étude du cerveau est l'anatomie. Au milieu du XXe siècle, les progrès des neurosciences proviennent de l'amélioration des techniques de microscopie et de coloration[81]. Les neuroanatomistes étudient la structure du cerveau aussi bien à grande échelle qu'à l'échelle microscopique. Parmi d'autres outils, ils emploient une large gamme de colorants qui permettent de révéler la structure neurale, les réactions chimiques, et la connectivité. Le développement plus récent de techniques d'immunocoloration a permis de colorer les neurones qui exprime spécifiquement un groupe de gènes. Également, la neuroanatomie fonctionnelle utilise les techniques d'imagerie médicale pour corréler les variations dans la structure du cerveau avec les changements de cognition ou de comportement.
125
+
126
+ Les neurophysiologistes étudient les propriétés chimiques, pharmacologiques et électriques du cerveau. Leurs principaux outils sont les drogues et les dispositifs d'enregistrement. Des milliers de drogues expérimentalement développées affectent le système nerveux, plusieurs le font de manière très spécifique. L'enregistrement de l'activité cérébrale peut se faire par l'utilisation d'électrodes, soit collées au crâne comme dans le cas d'électro-encéphalographie, soit implantées à l'intérieur du cerveau pour des enregistrements extracellulaires, qui peuvent détecter les potentiels d'action générés par des neurones individuels. Comme le cerveau ne contient pas de nocicepteurs, il est possible d'utiliser ces techniques sur un animal éveillé sans causer de douleur. Il est aussi possible d'étudier l'activité cérébrale par un examen non invasif en utilisant des techniques d'imagerie fonctionnelle comme l'IRM. Ainsi la tomographie à émission de positons met en évidence qu'en l'absence de toute focalisation particulière de l'attention, l'activité du cerveau (activité intrinsèque du réseau du mode par défaut, nommée « énergie sombre du cerveau » par analogie à l'énergie sombre du cosmos[82] et qui consiste en des vagues d'ondes électriques lentes) correspond à une dépense de 60 à 80 % de toute l'énergie consommée par le cerveau, soit une énergie 20 fois supérieure à celle consommée par le cerveau lorsqu'il réagit consciemment, la réalisation d'une tâche particulière (activité consciente moins fréquente que l'activité inconsciente) exige une énergie qui n'excède pas 5 % de celle consommée par l'activité de fond[83].
127
+
128
+ Une autre approche est d'examiner les conséquences de l'endommagement de zones spécifiques du cerveau. Bien que protégé par le crâne et les méninges, et isolé du flux sanguin par la Barrière hémato-encéphalique, le cerveau est tout de même vulnérable à de nombreuses maladies et à différents types de dégâts. Chez les humains, les effets des dégâts cérébraux sont une source importante d'informations sur la fonction cérébrale[84]. Comme il n'y a pas la capacité de contrôler expérimentalement la nature de ces dégâts, cette information est néanmoins souvent difficile à interpréter. Chez les animaux, les rats étant les plus fréquents sujets d'étude, il est possible d'utiliser des électrodes ou d'injecter localement des produits chimiques pour produire des types de dégâts bien précis et observer ensuite leurs conséquences sur le comportement.
129
+
130
+ Les neurosciences computationnelles regroupent deux approches : l'utilisation d'ordinateurs pour comprendre le cerveau et l'étude de la façon dont le cerveau réalise la computation[85]. D'un côté, il est possible de coder un programme informatique pour permettre de simuler le fonctionnement d'un groupe de neurones en utilisant des systèmes d'équations décrivant l'activité électrochimique ; ces simulations sont appelées « réseaux de neurones biologiquement réalistes ». D'un autre côté, il est possible d'étudier les algorithmes de computation neurale par la simulation ou l'analyse mathématique d'« unités » simplifiées ayant plusieurs des caractéristiques des neurones mais en faisant abstraction de la plupart de leur complexité biologique. Les fonctions computationnelles du cerveau sont étudiés à la fois par les neuroscientifiques et les informaticiens.
131
+
132
+ Les dernières années ont vu les premières applications des techniques d'ingénierie génétique pour l'étude du cerveau[86]. Les sujets d'études les plus fréquents sont les souris, car c'est sur cette espèce que les outils techniques à disposition sont le plus au point. Il est désormais possible d'inactiver ou de muter une grande variété de gènes, et ensuite examiner les effets sur la fonction cérébrale. Des approches plus sophistiquées sont également utilisées, comme la recombinaison Cre-Lox qui permet d'activer ou d'inactiver les gènes dans des zones spécifiques du cerveau à des moments spécifiques.
133
+
134
+ Des équipes américaines, bénéficiant d'un financement fédéral de 28 millions d'euros, utilisent des scanners dernier cri pour créer une banque de « connectomes ». Ces cartes des circuits cérébraux promettent de révéler comment les organes réagissent au vieillissement, à l'apprentissage et à d'autres événements. Les données du Human Connectome Project laisseraient présager des avancées sur les traitements de l'autisme et de la schizophrénie.
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+
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+ « Over half of the neocortex in non-human primates is occupied by visual areas. At least 25 visual areas beyond the primary visual cortex (V1) have been identified with a combination of microelectrode mapping, tracer injections, histological stains, and functional studies »
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/323.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,143 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Ligue arabe
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+ Organisation de la coopération islamique
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+ Organisation des Nations unies
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+ Union africaine
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+ Union du Maghreb arabe
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+ المادة ١
10
+ يولد جميع الناس أحرارًا متساوين في الكرامة والحقوق. وقد وهبوا عقلاً وضميرًا وعليهم أن يعاملوا بعضهم بعضًا بروح الإخاء
11
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+ L’arabe (en arabe : العربية, al-ʿarabīyah[4] /alʕaraˈbijja/Écouter) est une langue afro-asiatique de la famille des langues sémitiques. Avec un nombre de locuteurs estimé entre 315 421 300[1] et 375 millions de personnes[2] au sein du monde arabe et de la diaspora arabe, l'arabe est de loin la langue sémitique la plus parlée, bien avant l'amharique (seconde langue sémitique la plus parlée).
13
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14
+ La langue arabe est originaire de la péninsule Arabique, où elle devint au VIIe siècle la langue du Coran et la langue liturgique de l'islam. L'expansion territoriale de l'Empire arabe au Moyen Âge a conduit à l'arabisation au moins partielle sur des périodes plus ou moins longues du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de certaines régions en Europe (péninsule Ibérique, Sicile, Crète, Chypre, territoires d'où elle a disparu, et Malte, où le maltais en constitue un prolongement particulier). Parlée d'abord par les Arabes, cette langue qui se déploie géographiquement sur plusieurs continents s'étend sociologiquement à des peuples non arabes, et est devenue aujourd'hui l'une des langues les plus parlées dans le monde. C'est la langue officielle de plus de vingt pays et de plusieurs organismes internationaux, dont l'une des six langues officielles de l’Organisation des Nations unies.
15
+
16
+ La langue arabe est marquée par une importante diglossie entre l'arabe littéral, langue véhiculaire surtout écrite, et l'arabe dialectal, langue vernaculaire surtout orale. L'arabe littéral comprend l'arabe classique (pré-coranique, coranique, et post-coranique) et l'arabe standard moderne. L'arabe dialectal comprend de nombreuses variétés régionales, pas toutes intelligibles entre elles.
17
+
18
+ Les vecteurs du rayonnement culturel de la langue arabe sont l'islam, la littérature de langue arabe et les médias audiovisuels contemporains dont la télévision et Internet. Un vecteur historique important de rayonnement fut l'emprunt lexical de nombreux termes arabes dans des langues étrangères, entre autres les langues romanes dont le français.
19
+
20
+ La prononciation de l'arabe comporte un nombre assez élevé de consonnes (28 en arabe littéral) et peu de voyelles (3 timbres et 2 longueurs en littéral, souvent un peu plus en dialectal). L'arabe s'écrit au moyen de l'alphabet arabe.
21
+
22
+ Par sa grammaire, l'arabe est une langue accusative et flexionnelle qui fait un usage important de la flexion interne. La syntaxe suit dans la proposition l'ordre fondamental verbe-sujet-objet, et le déterminant suit le déterminé dans le groupe nominal.
23
+
24
+ Des sciences linguistiques complémentaires à l'étude de la grammaire sont la sémantique et la stylistique de l'arabe, ainsi que sa lexicographie qui étudie le vocabulaire et permet l'élaboration de dictionnaires.
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+ L'origine de la langue arabe remonte au IIe siècle, dans la péninsule Arabique.
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+
28
+ La tradition donne par moments des origines bien antérieures : la reine de Saba, l'ancien Yémen ainsi que des tribus arabes disparues dont les plus citées sont les tribus ʿĀd (عاد) et Thamūd (ثمود); qui auraient été de la descendance de Iram, l'un des fils de Sem fils de Noé[6]; et qui auraient parlé cette langue dans une forme plus ancienne. Voir les langues sudarabiques anciennes.
29
+
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+ Les plus anciennes inscriptions arabes préislamiques datent de 267[7].
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+
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+ Les Abd Daghm étaient les habitants de Taïf et ce sont les premiers à inventer l'écriture arabe[8].
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+
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+ L'arabe est parlé à des degrés divers dans les pays arabes du Moyen-Orient, en Iran (province du Khouzistan), en Turquie (frontière turco-syrienne), en Israël[9], dans les pays d'Afrique du Nord, du Sahara, du Sahel et sur les côtes de la Corne de l'Afrique.
35
+
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+ Il est également pratiqué dans la diaspora arabe.
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38
+ L'arabe standard moderne est reconnu en tant que langue officielle de 25 États[10], ce qui le place en troisième position après l'anglais et le français :
39
+
40
+ Le Somaliland, non reconnu internationalement, utilise également l'arabe comme langue officielle, en plus du somali.
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42
+ Par ailleurs, la langue officielle de Malte, le maltais, est une langue dérivée de l'arabe sicilien du Moyen Âge.
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44
+ Plusieurs organisations internationales ont l'arabe pour langue officielle :
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46
+ La linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires.
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+
48
+ L’arabe littéral est un terme générique qui regroupe quatre périodes historiques de la même langue au cours desquelles se déploient successivement l'arabe classique puis l'arabe standard moderne.
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+
50
+ L’arabe ancien est celui de la poésie préislamique.
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+
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+ L’arabe coranique est la langue du texte sacré des musulmans, le Coran, et des textes religieux.
53
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54
+ L’arabe classique proprement dit est la langue de la civilisation arabo-musulmane.
55
+
56
+ L’arabe standard moderne naît au début du XIXe siècle en Égypte, après l’introduction de l’imprimerie et les publications de livres modernes. Il a été adopté par les pays de l’Afrique du Nord un siècle et demi plus tard. C’est la langue écrite commune de tous les pays arabophones.
57
+
58
+ Les langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal[11], les substrats, superstrats et emprunts diffèrent selon les régions.
59
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60
+ Les langues arabes, regroupées en quatre groupes principaux, étant difficilement intercompréhensibles à l'intérieur de ces groupes, on est conduit à distinguer une quinzaine de langues très différentes (au moins autant que les langues latines) au sein desquelles les variantes dialectales sont suffisamment fortes pour être notées.
61
+
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+ Les variantes arabes sont issues d'une matrice elle-même diverse, la Fassiha, forme sémitique hétérogène, langue des poètes et sa forme « lingua franca » des négociations inter-tribales.
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+ L'arabe, désormais, constitue un ensemble de dialectes qui sont de plus en plus différents les uns des autres, et ressemble au cas de la langue latine qui donna naissance au français, à l'italien, à l'espagnol, etc. À titre d'exemple, l'arabe algérien parlé en Algérie est aussi différent de celui parlé au Yémen que le français peut l'être de l'espagnol, alors que ces deux derniers sont issus, l'un et l'autre, du latin. Cependant on ne parle pas encore de langues différentes, bien que l'arabe, comme le latin, tende à se différencier en plusieurs langues et dialectes propres. Pour le moment, seule l'écriture semble faire l'unité de la langue arabe.
65
+
66
+ En Occident par exemple, l'arabisation a commencé par l'implantation de camps arabes en Espagne et en province d'Afrique (Tunisie et Algérie orientale), phénomène à l'origine des langues andalouses et ifriqyennes, il s'est poursuivi par arabisation[pas clair] par contamination commerciale et administrative sur la population « romaine » autochtone, tandis que la ruralité « amazigh » a gardé la langue amazighe, les communautés urbaines maures sont apparues avec cette constante influence andalouse et ifriqyenne, notamment à Kairouan, Fès, Tlemcen (etc.) et les nécessités liturgiques arabes dans ces centres universitaires, puis de l'arabisation administrative, surtout à partir des Mérinides (XIIIe siècle)
67
+ En parallèle, depuis le XIe siècle, et surtout le XIIIe siècle, des populations arabes bédouines (sinaïtes, libyennes, cyréniennes et peut-être yéménites) ont peuplé le Maghreb central et oriental, ainsi que les espaces sahariens, influençant, chacun avec leur dialecte propre (lié à leur origine singulière et leurs développements autonomes propres...) les populations berbères les plus sensibles.
68
+
69
+ Le groupe maghrébo-hassani, et les trois types de langue maghrébine (« aroubi », « maure », ifriquien) et la hassânya, tout en gardant des différences fortes, n'ont cessé d'échanger à l'intérieur d'espaces cohérents, et sont désormais absorbés par les dialectes nationaux standards.
70
+
71
+ Ils ne sont pas du tout intercompréhensibles, mais une forme de maghrébin simplifié permet une intercompréhension entre les commerçants par exemple, mais souvent le français prend le pas dans la diplomatie et le grand commerce.
72
+
73
+ Un premier vecteur de rayonnement est la religion musulmane. L'arabe est resté une langue liturgique dans la plupart des pays musulmans, bien que l'arabe coranique se soit éloigné de la langue arabe moderne.
74
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75
+ Un deuxième vecteur de rayonnement est la littérature en prose et poétique. Des écrivains non arabes ont utilisé la langue arabe pour leurs publications, comme le médecin et philosophe perse Avicenne. Les rois normands de Sicile se piquaient de parler l’arabe.
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77
+ Un troisième vecteur de rayonnement sont les médias contemporains, journaux, radio, télévision (chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera ou Al-Arabiya) et les possibilités multiples d'internet.
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+ Un vecteur important plus ancien est l’emprunt à l'arabe de mots et expressions par les langues non arabes, telles les langues romanes, comme le français.
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+ La langue de l'islam étant l'arabe, de nombreux mots du domaine religieux sont d'abord apparus en arabe. Ainsi, certains mots religieux n'existent qu'en arabe, ou possèdent un sens plus précis en arabe.
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+ L'arabisation, est fortement liée à l'influence culturelle, commerciale et administrative d'États se réclamant tout d'abord de la religion coranique.
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+ Ainsi, en dehors du monde arabe proprement dit, de nombreuses langues et de très nombreux peuples ont été ou sont marqués avec plus ou moins d'importance par la langue arabe et ont utilisé l'alphabet arabe.
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+ Quelques écrivains arabes célèbres sont :
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+ Bien que l'arabe soit une langue internationale, en dehors du monde arabe et des universités et départements spécialisés, il est moins enseigné en tant que langue étrangère que d'autres langues internationales. Le manque de volonté politique de promouvoir la langue, à quoi s'ajoute l'écart plus ou moins important entre l'arabe littéral et les différentes formes d'arabe dialectal sont peut-être des obstacles à l'internationalisation réelle de l'arabe[13]. Mais, l'essor de nouvelles chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera, Al-Arabiya, ou encore l'utilisation de l'arabe par des chaînes étrangères telles que la chaîne française France 24, BBC Arabic Television, Russia Today, la Télévision centrale de Chine, Euronews ou l'américaine Al-Hurra entrainent un renouveau de la langue arabe, attesté par la création depuis quelques années de tests, comme CIMA développé par l'Institut du monde arabe avec le CIEP, pour certifier le niveau de langue.
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+ L’arabe a légué une série de mots aux langues romanes (et de là aux autres langues d’Europe dont le français), surtout à l'espagnol, à l'italien et au portugais.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ On trouve de nombreux mots d'origine arabe en français. Ces emprunts se sont faits soit :
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+ D’autre part, l’arabe a transmis au français des mots originaires d’autres langues, notamment l’hindi (bonduc, candi) [réf. nécessaire], le persan ( alkékenge, alkermès, aniline, aubergine,azur, babouche, borax, bore, douane, orange, timbale, etc.) [réf. nécessaire], mais aussi le grec ( alambic,almanach, antimoine, etc.) [réf. nécessaire].
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+ Citons enfin le cas du mot abricot, qui vient du latin praecoquum (qui a donné le doublet précoce) et qui est revenu en français sous cette forme après un voyage par l’intermédiaire du grec ancien πραικόκιον (praikókion), de l’arabe أَلْبَرْقُوق (ʾal-barqūq) (qui veut dire prune ou pruneau), de l’espagnol albaricoque ; un intermédiaire catalan albercoc avait donné aubercot, mot qui ne s’est cependant pas imposé contre albricòt de l'occitan pour abricot[15].
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+ En ce qui concerne les noms propres, beaucoup de noms d’étoiles viennent également de l’arabe : Aldébaran, Bételgeuse, Algol, Alioth, Véga, Mizar, Fomalhaut, Altaïr, Saïph (Kappa Orionis), etc.
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103
+ L’article défini dans les langues romanes dérive des démonstratifs latins comme "ille", "illa" [16]. Il existe par ailleurs, indépendamment, dans les langues germaniques ("der, die, das"), ou en grec ancien et moderne. De même, l’article indéfini provient du nom du chiffre "un" dans les langues indo-européennes ("uno, una" dans les langues romanes, "an" ou "ein" en anglais ou en allemand…).
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105
+ Mais une théorie croit y voir un emprunt à l’arabe dans les langues romanes, se fondant sur la ressemblance avec a- ou al, l’unique article défini arabe (on a al normalement quand le mot arabe commence par une « consonne lunaire », c’est-à-dire principalement q, m, k et b ; et a- quand il commence par une « consonne solaire », c’est-à-dire principalement d, r, s, t et z ; pour plus de détails, consulter alphabet arabe).
106
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107
+ Pour certains mots empruntés à l'arabe, les Européens en ont parfois conservé cet article défini et l’ont agglutiné au substantif. Les diverses langues romannes n’ont pas toujours conservé l’article défini pour un même mot emprunté à l’arabe. Ainsi, l’espagnol et le portugais en ont conservé davantage que le français : à algodón et azúcar en espagnol correspondent coton et sucre, par exemple, ou encore, dogana en italien en face de aduana en espagnol. En français, on a l'alcool, l'alcali, l'algèbre, etc. et du temps de Voltaire on parlait de l'Alcoran.
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+ Les chiffres arabes, utilisés dans la numérotation occidentale, ont été empruntés aux Arabes, qui les avaient eux-mêmes empruntés aux Indiens[17].
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+ Actuellement, dans le monde arabe, seuls les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie) utilisent les chiffres "arabes" dans leur forme occidentale ; les autres pays utilisent les anciens chiffres arabes, appelés naturellement "indiens" (mais ils sont différents des vrais chiffres hindis).
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+ Les « chiffres arabes » dans leur forme actuelle ont été introduits en Europe par le mathématicien italien Fibonacci qui en a appris l’usage dans la ville de Béjaïa capitale de la petite Kabylie (Algérie) au Moyen Âge. En 1202, Fibonacci publie Liber abaci (« Le livre des calculs »), un traité sur les calculs et la comptabilité fondée sur le calcul décimal à une époque où l’Occident utilisait encore les chiffres romains et calculait sur abaque. Ce livre est fortement influencé par sa vie dans les pays arabes ; il est d’ailleurs rédigé en partie de droite à gauche. Par cette publication, Fibonacci introduit le système de notation arabe en Europe. Ce système est bien plus puissant et rapide que la notation romaine, et Fibonacci en est pleinement conscient. Il peina cependant à s’imposer avant plusieurs siècles. L’invention sera mal reçue car le public ne comprenait plus les calculs que faisaient les commerçants. En 1280, Florence interdit même l’usage des chiffres arabes par les banquiers. On jugea que le 0 apportait de la confusion et des difficultés au point qu'ils appelèrent ce système cifra (de sifr, zero en arabe), qui prit la signification de « code secret » en latin, tout comme le mot chiffre en français.
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+ La linguistique tient compte de la diversité de la langue arabe qui se présente sous les formes diglossiques d'une langue classique, coranique et littéraire, mais aussi sous une multiplicité de formes dialectales.
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+ La linguistique, appliquée à chacun de ces « niveaux de la langue », étudie successivement l'arabe aux points de vue suivants.
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+ La prononciation de l'arabe est étudiée par trois sciences linguistiques complémentaires qu'il convient de ne pas confondre, la phonétique, la phonologie, et l'orthophonie. Cette dernière est normative et comprend l'étude de la cantillation des textes arabes liturgiques.
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+
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+ L'écriture de l'arabe est un phénomène qui peut être étudié, soit en tant que système graphique de l'arabe, soit au point de vue des modalités techniques de cette écriture.
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+ L'étude du système graphique s'attache à décrire l'alphabet arabe et les signes diacritiques de l'arabe parmi lesquels se détachent les particularités de l'écriture de la hamza. Les chiffres arabes intègrent aussi ce système graphique de l'arabe. La linguistique étudie aussi les problèmes de translittération (telle la translittération baha'ie) et de transposition, mais aussi l'usage du système graphique arabe pour écrire des langues non arabes (comme le urdu) qui exige des adaptations de l'alphabet arabe à ce nouvel usage.
124
+
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+ Les modalités techniques de l'écriture arabe sont la calligraphie, la typographie, la dactylographie, et l'usage contemporains des programmes informatiques dont voici quelques exemples :
126
+
127
+ À noter que DIN-31635 est une norme du Deutsches Institut für Normung adoptée en 1982, elle permet la translittération de l'alphabet arabe ; cette norme est la plus utilisée dans le domaine des études arabes dans les pays occidentaux.
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+
129
+ À noter également que l'arabe s'écrit de la droite vers la gauche.
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+ La grammaire arabe étudie la formation des mots, la morphologie, et leur composition en phrases, la syntaxe.
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+ L'étude sémantique de la langue arabe s'attache au sens des mots.
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+ La lexicographie de l'arabe étudie le vocabulaire de cette langue et la composition de dictionnaires.
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+ Plus spécifiquement, elle étudie le vocabulaire de l'islam, ainsi que la formation de prénoms arabes et de noms propres arabes.
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+ La stylistique de l'arabe étudie la littéralité des textes arabes, et l'usage qu'ils font des figures de style, tant en prose qu'en poésie.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Les ouvrages sont classés par date d'édition :
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+ Le charbon est une roche sédimentaire combustible, riche en carbone, de couleur noire ou marron foncé, formée à partir de la dégradation partielle de la matière organique des végétaux. Il est exploité dans des mines appelées charbonnages en tant que combustible.
2
+
3
+ Couvrant 27,1 % des besoins énergétiques mondiaux en 2017, le charbon est la seconde ressource énergétique de l'humanité, derrière le pétrole (32,0 %), et la première source d'électricité avec 38,5 % de sa production en 2017.
4
+
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+ Plus de 70 % de la consommation mondiale en 2019 sont concentrés sur trois pays : Chine 51,7 %, Inde 11,8 % et États-Unis 7,2 %.
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+ Souvent appelé houille, il était autrefois appelé charbon de terre en opposition au charbon de bois.
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+ Au cours de plusieurs millions d'années, l'accumulation et la sédimentation de débris végétaux dans un environnement de type tourbière provoque une modification graduelle des conditions de température, de pression et d'oxydo-réduction dans la couche de charbon qui conduit, par carbonisation, à la formation de composés de plus en plus riches en carbone : la tourbe (moins de 50 %), le lignite (50 à 60 %), la houille (60 à 90 %) et l'anthracite (93 à 97 %). La formation des plus importants gisements de charbon commence au Carbonifère, environ de -360 à -295 Ma.
10
+
11
+ Les réserves mondiales de charbon sont estimées à 1 070 Gt (milliards de tonnes) fin 2019, dont 23,3 % aux États-Unis, 15,2 % en Russie, 13,9 % en Australie et 13,2 % en Chine, soit 132 ans de production au rythme de 2019 ; cette production est à près de 80 % située dans cinq pays : la Chine (47,3 %), l'Inde (9,3 %), les États-Unis (7,9 %), l'Indonésie (7,5 %) et l'Australie (6,2 %) ; elle a progressé de 154 % en 45 ans (1973-2018) malgré une baisse de 2,3 % en 2015 et de 5,9 % en 2016, avant de remonter de 3,2 % en 2017, de 3,8 % en 2018 et de 1,5 % en 2019. L'AIE prévoit que la production mondiale devrait être stable entre 2018 et 2023, la baisse de la consommation en Europe et Amérique du nord étant compensée par son augmentation en Inde et en Asie du Sud-Est.
12
+
13
+ Son extraction dans les mines a rendu possible la révolution industrielle au XIXe siècle. Sa combustion engendre 44,2 % des émissions de CO2 dues à l'énergie en 2017, contre 34,6 % pour le pétrole et 20,5 % pour le gaz naturel. Pour atteindre l'objectif des négociations internationales sur le climat de maintenir la hausse des températures en deçà de 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle, il faudrait globalement s'abstenir d'extraire plus de 80 % du charbon disponible dans le sous-sol mondial, d'ici à 2050.
14
+
15
+ Le charbon est une roche sédimentaire combustible composée essentiellement de carbone, d'hydrogène et d'oxygène[1]. Ce sont les observations au microscope d'Hutton et de Link, vers 1840, qui ont permis la découverte de la composition du charbon[2].
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+
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+ Il se forme sur plusieurs millions d'années à partir de l'accumulation de débris végétaux qui vont sédimenter et carboniser progressivement à la suite d'une modification graduelle des conditions de température et de pression.
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+
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+ Ses propriétés physicochimiques dépendent donc essentiellement du « lithotype », qui reflète le degré de carbonisation du charbon (le « rang » du charbon)[1] ; Plus le rang est élevé, plus sa teneur en eau est faible et sa teneur en carbone est forte, plus son pouvoir calorifique est important. Les charbons de rang supérieur sont donc des combustibles de meilleure qualité. Les charbons de rang inférieur sont plus brunâtres, plus ternes et plus friables tandis que les charbons de rang supérieur sont plus noirs, plus durs et plus résistants[1].
20
+
21
+ Les principaux gisements datent du Carbonifère, environ de -360 à -295 Ma[1], plus particulièrement d'une période de climat chaud et humide favorable à la croissance de vastes forêts luxuriantes en bordure de zones marécageuses, appelées forêts équatoriales du Carbonifère[3]. Les gisements de charbon sont issus d'un processus de « carbonification » ou « houillification » qui prend environ 300 à 500 millions d’années pour transformer un végétal (feuilles, branches, arbres ...) morts en anthracite (le charbon ayant le plus grand pourcentage de carbone)[2].
22
+
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+ Quelques conditions géologiques sont nécessaires : Une très grande quantité de débris végétaux doit s'accumuler dans une couche d'eau peu profonde et faible en dioxygène (environnement de type tourbière), ce qui permet à une partie de la matière organique d'échapper à l'action des décomposeurs. Au cours de plusieurs millions d'années, l'accumulation et la sédimentation de ces débris végétaux provoquent une modification graduelle des conditions de température, de pression et d'oxydoréduction dans la couche de charbon qui conduit, par carbonisation, à la formation de composés de plus en plus riche en carbone : la tourbe (50 à 55 %), le lignite (55 à 75 %), la houille (75 à 90 %) et l'anthracite (> 90 %). La qualité du charbon, appelée « maturité organique », dépend donc des conditions physico-chimiques, ainsi que de la durée de sa formation.
24
+
25
+ Selon une étude ayant comparé l'horloge moléculaire et le génome de 31 espèces de basidiomycètes (agaricomycètes : « pourriture blanche », groupe qui contient aussi des champignons ne dégradant pas la lignine (pourriture brune) et des espèces ectomycorrhiziennes), l'arrêt de formation du charbon à la fin du Carbonifère semble pouvoir être expliqué par l'apparition de nouvelles espèces de champignons capables de dégrader la totalité de la lignine grâce à des enzymes (les lignine-peroxydases)[4].
26
+
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+ Friedrich Bergius a tenté vers 1913 de transformer en laboratoire du bois en charbon. Il lui était possible de reproduire le facteur pression, par contre, il lui était impossible de recréer le facteur temps[5].
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+
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+ Il existe de nombreuses variétés de charbon, que l'on distingue selon plusieurs critères dont les principaux sont :
30
+
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+ La plupart de ces critères sont corrélés avec l'âge du charbon : les charbons les plus récents (lignite) sont assez humides et contiennent relativement beaucoup de matières volatiles inflammables, tandis que les plus vieux (anthracites) se sont naturellement dégazés au cours du temps ; ils sont difficiles à enflammer, mais plutôt secs et quasiment constitués de carbone presque pur, ils ont un fort pouvoir calorifique.
32
+
33
+ Un autre critère important, bien qu'il n'intervienne pas dans les classifications, est la composition des matières minérales. Certains charbons (par exemple, charbons indonésiens) ont des cendres majoritairement composées d'oxydes de calcium ou de sodium, dont le point de fusion est assez bas ; ces cendres emportées dans les fumées de combustion auront tendance à se coller sur les parois des fours ou chaudières et les colmater. D'autres charbons (par exemple, charbons australiens) ont des cendres très abrasives composées essentiellement de silice et d'alumine ; la conception des fours ou chaudières où seront brûlés ces charbons devra donc être adaptée.
34
+
35
+ Pour classifier les charbons, on doit en faire l'analyse.
36
+ Les propriétés des charbons (analyse, pouvoir calorifique…) sont données soit sur brut c'est-à-dire pour le charbon tel qu'il sera brûlé, soit sur sec, c'est-à-dire pour un charbon préalablement séché, soit sur pur, c'est-à-dire pour la partie réellement combustible du charbon, hors cendres et humidité.
37
+ L'analyse immédiate est par définition donnée sur brut et l'analyse élémentaire généralement donnée sur pur.
38
+
39
+ Anthracite.
40
+
41
+ Houille.
42
+
43
+ Bloc de lignite à usage domestique.
44
+
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+ Morceaux de tourbe.
46
+
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+ L'analyse immédiate détermine la composition du charbon selon les 4 composants :
48
+
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+ L'analyse élémentaire donne la composition chimique du charbon en carbone (C), azote (N), oxygène (O), hydrogène (H), soufre (S).
50
+
51
+ La plupart des pays exploitant (ou ayant exploité) des mines de charbon, ont développé leur propre classification. Au niveau international, c'est la classification américaine (ASTM) qui fait référence.
52
+
53
+ Elle est basée sur la teneur en matières volatiles et sur l'indice de gonflement ; elle comprend :
54
+
55
+ Elle est basée sur la teneur en matières volatiles pour les charbons de plus haute qualité et sur le pouvoir calorifique supérieur (PCS) pour les autres.
56
+
57
+ Les teneurs en matières volatiles sont données en pourcentage de la masse du charbon "pur" (sans humidité, ni matières minérales) et les PCS (pouvoirs calorifiques supérieurs) sont donnés sur une base hors cendres (mais y compris l'humidité naturelle).
58
+
59
+ Elle comprend les catégories suivantes :
60
+
61
+ Il existe plusieurs classifications du charbon, qui peuvent dépendre de sa composition chimique, de la nature des débris végétaux, ou de son utilisation pratique.
62
+
63
+ Les principales catégories de charbon reposent sur la teneur en carbone, correspondant à l'évolution du charbon au fil du temps :
64
+
65
+ Marco Polo signalera, à son retour de Chine, que les Chinois chauffaient leurs maisons et cuisaient leurs aliments en faisant brûler d’étranges pierres noires. Mais c’est au XVIIIe siècle que se généralise son utilisation, notamment à cause de la révolution industrielle. Les motivations venaient des effets de déboisement massif provoqué par le développement des industries grandes dévoreuses de bois. La fourniture de combustible devenait une préoccupation et la cherté du bois devenait réelle dans les villes. Seul le charbon fournit assez de chaleur pour faire marcher les machines à vapeur. À partir de là commence l'exploitation industrielle des mines de charbon un peu partout en Europe, puis dans le monde.
66
+
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+ Dans les zones charbonnières, les enfants travaillaient à la mine dès 13 ans. Le métier était dangereux, les coups de grisou fréquents, l'extraction à la pioche et à la pelle puis à la haveuse. Aujourd'hui, les normes de sécurité ont beaucoup évolué.
68
+
69
+ En 1800, avant la révolution industrielle, la consommation énergétique mondiale était de 305 Mtep (sources d'énergie commerciales seulement), 97 % de cette énergie étant issue de l'exploitation de la biomasse (bois surtout), 3 % par le charbon, ce combustible devenant majoritaire au début du XXe siècle en raison des besoins massifs des machines à vapeur. Depuis la fin de la première Guerre mondiale, la part du charbon dans le mix énergétique mondial baisse (50 % en 1920, 40 % en 1946, 24 % en 2000) au profit du pétrole et du gaz[7]. Au cours des années 2000, cette part a remonté, le charbon étant repassé au deuxième rang des énergies primaires utilisées derrière le pétrole en raison des réserves estimées à plus de 150 ans, d'une bonne disponibilité et d'une répartition géographique homogène, ce qui en fait une énergie encore extrêmement compétitive[8] ; mais de 2013 à 2016, sa consommation a recommencé à baisser : -4 % en 3 ans, avant une légère remontée de 1,5 % entre 2016 et 2019[b 1].
70
+
71
+ En France, la stratégie malthusienne des compagnies débouche sur une sous-production et une pénurie, aggravée lorsque les Allemands détruisent les puits pendant la première guerre mondiale. Pour pallier la pénurie, l'État et la Bourse favorisent la multiplication par huit de la production hydroélectrique dans les années 1920. Après la Libération, les dirigeants communistes Benoît Frachon et Maurice Thorez lancent la « bataille pour la production » et les mines sont nationalisées pour former Charbonnages de France ; en 1958, le record national historique de production est atteint (58,9 Mt), suivi d'un déclin inexorable, les réserves s'épuisant ; l'émergence du nucléaire permet de remplacer le charbon, les centrales à charbon étant de plus en plus approvisionnées en charbon importé.
72
+
73
+ À l'occasion de la COP23, 25 pays et régions ont créé la Powering Past Coal Alliance, s'engageant à fermer leurs centrales au charbon d'ici 2030 ; parmi les signataires se trouvent le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada et ses principaux états, le Mexique, mais aucun des grands pays producteurs et consommateurs de charbon : Chine, Inde, États-Unis, Russie, Allemagne, Australie, Indonésie, Pologne[9]. L'élimination accélérée du charbon se confirme dans les pays développés : la France s'est engagée à fermer ses centrales d'ici à la fin du quinquennat ; l'Italie et la Grande-Bretagne feront de même en 2025. Des électriciens comme l'espagnol Iberdrola ont eux aussi programmé la fin de leurs capacités de production au charbon et le français Engie est en train de vendre ou de fermer celles qu'il détient dans le monde entier. Même aux États-Unis, malgré les mesures favorables au secteur prises par Donald Trump, la consommation de charbon va continuer à baisser : depuis 2016, pour la première fois, le gaz naturel a dépassé le charbon dans la production d'électricité américaine, et les prévisions 2017 de l'Agence internationale de l'énergie prévoyaient que la demande de charbon des États-Unis chuterait de 480 Mt en 2016 à 426 Mt en 2040 ; mais les pays développés représentent moins de 20 % de la demande mondiale et celle des pays émergents continue à croître, en particulier celle de l'Inde qui devrait doubler d'ici 2040 ; au total, la demande mondiale devrait croître de 5 % d'ici 2040[10].
74
+
75
+ Le rapport 2018 de l'Agence internationale de l'énergie sur le charbon prévoit que la consommation mondiale de charbon, après deux années de baisse suivies d'une augmentation de 1 % en 2017, et probablement encore en 2018, pourrait rester stable d’ici à 2023 ; la part du charbon dans la consommation mondiale d’énergie pourrait passer de 27 % en 2017 à 25 % en 2023. La baisse de la demande envisagée en Europe et en Amérique du Nord serait plus que compensée par une forte croissance de la consommation en Inde et en Asie du Sud-Est : entre 2017 et 2023, +25,8 % en Inde, et +39 % en Asie du Sud-Est ; la demande de la Chine baisserait de 3 %, mais toute variation de cette dernière aurait un impact majeur sur l'évolution mondiale[11].
76
+
77
+ Les négociateurs des États membres de l'Union européenne et du Parlement européen sont parvenus le 19 décembre 2018 à un accord sur la fin des subventions au charbon : les nouvelles centrales électriques émettant plus de 550 grammes de CO2 par kilowattheure d'électricité et démarrant leurs opérations après l'entrée en vigueur de la nouvelle législation ne pourront pas participer aux « mécanismes de capacité » ; pour les centrales déjà en fonctionnement, leur participation ne sera possible que jusqu'au 1er juillet 2025[12].
78
+
79
+ En mai 2019, le groupe minier anglo-australien BHP, premier groupe minier mondial, annonce son intention de se retirer progressivement de l'extraction de charbon thermique (utilisé dans les centrales électriques), même s'il reste un producteur majeur de charbon à coke, essentiel à la production d'acier ; quelques mois plus tôt, Glencore avait annoncé qu'il n'accroîtrait plus ses capacités de production de charbon thermique ; Rio Tinto a pris la même direction dès 2014 et n'a plus aucune activité en 2019 dans le charbon thermique ; Wesfarmers, un groupe multi-diversifié qui est le premier employeur d'Australie, a délaissé le charbon thermique en 2018 pour se réorienter notamment vers le lithium[13].
80
+
81
+ La préparation du charbon, également appelée lavage du charbon, désigne le traitement du minerai tout venant qui permet de garantir la qualité constante du charbon et de mieux l’adapter à des utilisations finales particulières. Ce traitement dépend des propriétés du charbon et de l’usage auquel il est destiné. Un simple broyage peut suffire mais il se peut aussi qu’un
82
+ processus plus complexe soit nécessaire pour réduire les impuretés ; on broie alors le minerai brut, puis on trie les fragments par taille ; les grands fragments sont en général triés
83
+ par flottation : on nettoie le charbon des impuretés en le plongeant dans un bac rempli d’un liquide d’une gravité particulière, normalement composé d’eau et de fines particules de magnétite en suspension. Le charbon étant plus léger, il flotte à la surface et peut être séparé des minerais plus lourds et des autres impuretés qui coulent au fond. Les fragments plus petits sont traités de diverses manières, dans des centrifugeuses par exemple, qui séparent les solides et les liquides contenus dans un récipient en le faisant tourner à très grande vitesse. D’autres méthodes sont basées sur les différentes propriétés de surface du charbon et des résidus. Dans le cas de la «flottation par écumage», on élimine les particules de charbon avec une mousse que l’on produit en soufflant de l’air dans un bain d’eau contenant certains réactifs chimiques. Les bulles attirent le charbon mais pas les résidus et sont enlevées pour récupérer les particules de charbon. Les récents progrès technologiques ont permis d’augmenter la quantité de particules de charbon ultra fines récupérées[1].
84
+
85
+ Sur le site minier, le transport se fait généralement par convoyeur ou camion.
86
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87
+ Un charbonnier est un navire vraquier destiné à transporter exclusivement du charbon.
88
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89
+ Les terminaux charbonniers sont les infrastructures portuaires spécialisées dans l'accueil de ce type de navires.
90
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91
+ Lorsque les sites de consommation de charbon (centrales électriques, aciéries) sont éloignés des terminaux charbonniers d'importation, le transport terrestre du charbon se fait par barges sur les fleuves et canaux, par chemin de fer ou même par camion.
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+
93
+ Les coûts de transport varient fortement en fonction de l'offre et de la demande, mais de façon générale le transport maritime est peu coûteux, d'où le développement des centrales à charbon en bord de mer ; par contre, les transports terrestres sont très coûteux, beaucoup plus que ceux du transport de pétrole par oléoduc ou du gaz par gazoduc, ce qui fait perdre au charbon sa compétitivité par rapport au pétrole et au gaz dès lors que la distance entre le terminal charbonnier et le site de consommation devient importante[14]. Pour tenter de résoudre ce problème, des carboducs transportant des particules de charbon en suspension dans de l'eau ont été construits, en général sur de courtes distances, mais parfois à longue distance, par exemple aux États-Unis, où le carboduc de Black Mesa (Arizona), en fonction de 1970 à 2005, utilisait 5,5 millions de litres d'eau par an pour transporter le charbon sur 437 km jusqu'au Nevada[15].
94
+
95
+ Le stockage du charbon s'effectue, en fonction des aléas de la production, du transport et de la consommation, soit sur le carreau de la mine, soit au niveau des terminaux charbonniers, soit à celui des sites de consommation.
96
+
97
+ Les réserves prouvées mondiales de charbon sont estimées fin 2019 à 1 069,6 Gt (milliards de tonnes) ; elles sont disséminées sur tous les continents dans plus de 70 pays. Les principales réserves sont situées aux États-Unis (23,3 %), en Russie (15,2 %), en Australie (13,9 %), en Chine (13,2 %) et en Inde (9,9 %). Si les consommations restaient constantes, les réserves connues de charbon pourraient durer 132 ans tandis que les réserves de pétrole et de gaz naturel s'épuiseraient en 50 ans[b 2].
98
+
99
+ Production de charbon des cinq principaux producteursSource : BP[b 3]
100
+
101
+ Selon BP, la production mondiale de charbon atteint 167,58 EJ en 2019, en hausse de 1,5 % ; elle a progressé de 16,6 % entre 2009 et 2013, puis a chuté de 8 % en trois ans avant de remonter de 9,3 % entre 2016 et 2019 ; la Chine concentre 47,6 % de la production, suivie par l'Indonésie (9,0 %), les États-Unis (8,5 %), l'Australie (7,8 %), l'Inde (7,6 %) et la Russie (5,5 %)[b 4].
102
+
103
+ Les statistiques en tonnes donnent un classement assez différent, car le pouvoir calorifique d'une tonne de lignite est très inférieur à celui d'une tonne d'anthracite :
104
+
105
+ Selon l'Agence internationale de l’énergie (AIE), la production mondiale de charbon atteignait 7 813 Mt (millions de tonnes) en 2018 contre 3 074 Mt en 1973, soit une progression de 154 % en 45 ans[k 1]. En tonnes équivalent pétrole (tep), la production mondiale de charbon atteignait 3 773 Mtep en 2017[k 2] et représentait 27,1 % de la production totale d'énergie primaire contre 24,5 % en 1973[k 3].
106
+
107
+ Après une période de forte croissance, cette production a connu un ralentissement marqué à partir de 2012 ; sa part dans la production mondiale d'énergie primaire a commencé à baisser en 2014, puis en 2015 c'est la quantité produite qui a reculé pour la première fois (-2,3 %) ; mais en 2017 et 2018, elle a repris son ascension :
108
+
109
+ Le rapport 2019 de l'AIE sur le charbon constate que la production mondiale a connu en 2018 un accroissement de 250 Mt (millions de tonnes, et non tep), soit +3,3 %, mais que malgré deux années de croissance, la production est encore inférieure de 162 Mt à son pic de 2013. La production a commencé à baisser en 2014, pour la première fois du siècle, baisse qui s'est poursuivie en 2015 et 2016, mais s'est inversée en 2017. La hausse de 2018 a surtout été le fait de la Chine : +152,9 Mt, soit +4,5 % (mais sa consommation ne s'est accrue que de 1 %), de l'Indonésie : +53,9 Mt, soit +10,9 %, et de l'Inde : +45,4 Mt, soit +6,3 % (consommation : +5,5 %) ; à l'inverse, la production a reculé aux États-Unis : -17,3 Mt, soit -2,5 % (elle a décliné d'un tiers depuis 2008, est la consommation américaine est tombée à son plus faible niveau depuis 1971), en Australie : -16,4 Mt, soit -3,3 %, en Allemagne : -6,1 Mt, soit -3,5 %, et en Pologne : -4,7 Mt, soit -3,7 %[18].
110
+
111
+ La consommation mondiale de charbon s'est élevée à 157,86 EJ en 2019, en baisse de 0,6 % ; elle a progressé de 12 % entre 2009 et 2013, puis a reculé de 4 % en trois ans avant de remonter de 1,5 % de 2016 à 2019 ; les principaux pays consommateurs sont la Chine (51,7 %), l'Inde (11,8 %) et les États-Unis (7,2 %)[b 1].
112
+
113
+ Le charbon couvrait 27,1 % des besoins énergétiques mondiaux en 2017, contre 24,5 % en 1973 ; il est la seconde ressource énergétique de l'humanité, derrière le pétrole (32,0 %) et devant le gaz naturel (22,2 %)[k 3].
114
+
115
+ Il est également le combustible fossile le plus utilisé dans le monde pour la production d'électricité, source de 38,5 % de l'électricité produite en 2017 contre 38,3 % en 1973[k 5].
116
+
117
+ De nombreux pays l'utilisent encore comme source d'énergie principale en 2017 comme la Chine (63,8 %, en baisse : 70,6 % en 2010)[19], l'Afrique du Sud (74,3 % de la consommation d'énergie primaire)[20], la Pologne (47,6 %)[21] et l'Inde (44,3 %)[22].
118
+
119
+ La crise du Covid-19 pourrait accélérer la transition énergétique et le recul de l'industrie du charbon en Europe et aux États-Unis. Ainsi, le Royaume-Uni n'a pas utilisé ses centrales au charbon pendant deux mois. L'Agence internationale de l'énergie prévoit pour 2020 une chute de la consommation de charbon pour la production d'électricité de 22 % en Europe et de 26,5 % aux États-Unis. Les mesures de confinement ayant entrainé une diminution de la demande d'électricité et une chute des prix du gaz, la consommation de charbon a chuté à des niveaux historiques ; la part des énergies renouvelables et des centrales à gaz a augmenté en contrepartie. Toutefois, l'Europe et les États-Unis ne représentent que 10 % de la consommation mondiale de charbon, et la consommation pourrait repartir de plus belle en Chine comme en Inde. Selon Wood Mckenzie, la Chine se prépare à autoriser 130 GW de nouvelles capacités de production d'électricité au charbon au cours des cinq prochaines années et atteindrait ainsi un pic de 1 200 GW ; la consommation mondiale de charbon devrait commencer son déclin à partir de 2025[23].
120
+
121
+ En 2018, la consommation mondiale de charbon a progressé de 66 Mtce (millions de tonnes équivalent-charbon), soit +1,2 % ; la Chine a contribué pour près de moitié à cette hausse : +28,4 Mtce (+1,0 %) ; sa consommation avait connu trois années de baisse (2014-2016), mais s'est redressée depuis 2017 ; elle est consacrée à 66,5 % à la production d'électricité et de chaleur ; la part de la Chine dans la consommation mondiale de charbon vapeur atteint 53,2 % ; la Chine occupe une place prépondérante dans les industries de l'acier et du ciment, grandes consommatrices de charbon : en 2018, sa part dans la consommation mondiale de charbon à coke atteint 59,2 %. L'Inde est le second pays consommateur de charbon, après avoir dépassé les États-Unis en 2015 ; sa consommation a progressé de 30,4 Mtce, soit +5,5 %. A l'inverse, la consommation de charbon des États-Unis a baissé pour la cinquième année consécutive, atteignant son plus bas niveau depuis 1978, du fait de la concurrence du gaz de schiste et secondairement des énergies renouvelables[18].
122
+
123
+ La consommation mondiale de charbon se répartissait en 2016 entre la production d'électricité et de chaleur, principale utilisation du charbon : 62,1 % (centrales électriques 44,8 %, cogénération : 16,7 %, production de chaleur pour les réseaux de chaleur : 0,6 %), les utilisations diverses dans l'industrie : 22,2 %, la cokéfaction (production de coke pour la sidérurgie) : 8,0 %, les utilisations pour les besoins de l'industrie énergétique : 2,0 %, les usages résidentielles (chauffage, cuisine) : 1,9 %, tertiaires : 0,9 % et agricoles : 0,4 %, la production de gaz : 0,4 % et de combustibles liquides (pétrole synthétique, etc): 0,3 %, les utilisations non énergétiques (carbochimie, goudron de houille, etc) : 1,5 %[16].
124
+
125
+ En 2017, la puissance totale des centrales à charbon de l'Union européenne atteint 156,9 GW, dont 48,6 GW en Allemagne, 28,8 GW en Pologne, 15,4 GW au Royaume-Uni, 10,5 GW en Espagne. Dix pays de l'Union ont annoncé qu'ils sortiraient totalement du charbon avant 2030, dont le Royaume-Uni, la France, l'Italie, l'Autriche et les pays scandinaves[24].
126
+
127
+ Dans son rapport Coal 2018, l’AIE estime que la consommation mondiale de charbon pourrait rester stable d’ici à 2023 : la baisse de la demande, envisagée en Europe et en Amérique du Nord, serait plus que compensée par une forte croissance de la consommation en Inde (+26 %) et en Asie du Sud-Est (+39 %) ; elle baisserait légèrement (-3 %) en Chine[11].
128
+
129
+ Le rapport annuel 2014 de l'AIE sur le charbon prévoit que la consommation mondiale de charbon devrait encore croître de 2,1 % par an d'ici à 2019 ; la Chine consommera 61 % de production mondiale : 471 millions de tonnes équivalent charbon (Mtec) sur un total de 772 Mtec, suivie par l'Inde : +177 Mtec, les pays de l'ASEAN : +79 Mtec et l'Afrique : +38 Mtec ; par contre, la consommation de charbon baissera de 54 Mtec en Amérique du Nord et de 14 Mtec en Europe. Depuis 2011, le marché du charbon est marqué par une offre excédentaire, qui a tiré les prix vers le bas : 70-80 dollars la tonne en 2014 sur le marché européen, contre 120 dollars en 2011[25].
130
+
131
+ Un an plus tard, l'AIE revoit en forte baisse le taux prévisionnel de croissance de la demande de charbon dans son scénario central : +0,8 % par an sur 2013-2020. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, « la Chine est définitivement entrée dans une nouvelle ère, dans laquelle sa croissance économique ralentit, l’intensité énergétique de sa croissance décline, et la dépendance au charbon diminue, sous l’influence des préoccupations environnementales comme la pollution de l’air et la réduction des émissions de CO2 ». L’AIE estime même que la Chine pourrait déjà avoir atteint son «  peak coal  » : des premières données sur 2015 indiquent que la demande de charbon en Chine aurait été inférieure à celle de 2013. Dans un scénario que l’AIE juge désormais « probable », la demande mondiale de charbon baisserait de 0,1 % par an entre 2013 et 2020, tirée à la baisse par un recul en Chine (-1,2 % par an, contre +0,8 % dans le scénario central). La moitié de la croissance de la demande mondiale prévue vient désormais de l’Inde : +4,1 % par an d’ici 2020, qui deviendrait le deuxième consommateur mondial, devant les États-Unis, dès 2018[26].
132
+
133
+ En 2018, les exportations de charbon ont atteint 1 420,1 Mt, en progression de 4,2 % sur l'année, de 33,2 % depuis 2010 et de 131 % depuis 2000. Les principaux exportateurs sont l'Indonésie : 439 Mt, l'Australie : 382 Mt et la Russie : 210 Mt ; les principaux importateurs sont la Chine : 295,4 Mt, l'Inde : 240,2 Mt, le Japon : 185,1 Mt et la Corée du Sud : 142,0 Mt[18].
134
+
135
+ Pour la production d'électricité et de chaleur (ses deux usages principaux) le charbon est concurrencé par le gaz naturel, qui explique la forte baisse de consommation de charbon aux États-Unis depuis 2008 où le gaz est passé de 8 à 4 $/MBtu suite à l'extraction massive de gaz de schiste ; le durcissement des normes de protection de l’environnement édictées par l’Environmental Protection Agency (EPA) y a également contribué avant que, malgré le soutien du président Donald Trump les centrales continuer de fermer car trop chères face au gaz[27].
136
+
137
+ En Russie, la consommation de charbon a été divisée par deux de 1980 à 2009 du fait de l’effondrement économique qui a suivi la disparition de l’Union Soviétique et d’un prix du gaz très bas sur le marché intérieur.
138
+ En Europe, la crainte de dépendre d'un approvisionnement gazier en provenance de Russie a atténué la concurrence gazière.
139
+ En Chine, le fort ralentissement de la consommation d'électricité depuis 2014 ainsi que le renforcement des mesures de protection de la qualité de l'air (interdiction de construire de nouvelles centrales thermiques charbon dans la région de Beijing-Tianjin-Hebei ainsi que sur les deltas du Yangtze et de la Pearl River, instauration de nouvelles normes de qualité de l'air impliquant l'abaissement de la concentration en particules dans toutes les régions critiques) et les investissements massifs dans la production d'électricité nucléaire et renouvelable ont abouti à une baisse significative de la consommation de charbon, en partie au profit du gaz naturel[28].
140
+
141
+ La consommation de charbon est soutenue par la compétitivité de la thermoélectricité et l'expansion de la sidérurgie dans les pays émergents ; mais le recul de la production d'acier en Chine depuis 2013, du fait de la conversion progressive de l'économie chinoise vers un modèle de consommation de pays développé, laisse prévoir un retournement dans la progression du charbon à coke, d'autant plus que des progrès techniques réduisent la consommation de charbon, de la fabrication du coke à celle de la fonte dans le haut-fourneau, et que la part de l'acier produit à partir de ferraille dans des fours électriques est passée de 17 % en 1970-74 à 26 % en 2014[28].
142
+
143
+ En Europe et en Amérique du Nord, la thermoélectricité charbon perd de sa compétitivité face au thermique gaz et aux renouvelables (éolien et solaire PV) dont les coûts ont beaucoup baissé. Elle reste avantageuse en Asie, surtout où les systèmes électriques ne disposent pas encore de moyens de gestion de l'intermittence et de la variabilité. Il n'en irait sans doute pas de même si était prise en compte le coût des émissions de GES par l'intermédiaire d'un prix du carbone d'au moins 50 $/tonne[28]. Après une baisse vers 2015-2016, la production mondiale de charbon est repartie à la hausse en 2017 et 2018 et début 2019 une inversion de tendance n'est pas attendue avant 2023[29]. La Chine — où la construction de centrales à charbon décélère — consomme 48 % de la production mondiale, mais la consommation progresse principalement en Inde et en Asie du sud[29]. En 2018, l'électricité est produite à 38 % par le charbon, un taux mondial qui reste très stable[29].
144
+
145
+ Dans les vieux pays charbonniers, en Europe principalement, l’extraction souterraine de plus en plus profonde de veines de moins en moins épaisses est devenue si coûteuse que les mines ont dû être fermées les unes après les autres au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. En 2016, les grandes régions d’extraction du charbon se sont déplacées vers le Powder River Basin (PRB) dans l’ouest des États-Unis, l’ouest de la Chine, le Queensland en Australie, le Kalimantan en Indonésie, la Sibérie orientale en Russie, la Mongolie et l’Afrique australe. Les méthodes d’extraction souterraine se sont améliorées, mais sont loin d’assurer des productivités du travail et une souplesse de gestion comparables à celles des mines à ciel ouvert. La productivité du travail ne dépassait pas, au milieu des années 2000, 300 tonnes/homme/an en Chine et 500 à 700 t/h/an en Allemagne et en Pologne contre 11 000 à 13 000 t/h/an dans les mines à ciel ouvert d’Australie, du Canada ou d’Australie[28].
146
+
147
+ Les coûts de transport internationaux, importants du fait du pouvoir calorifique modeste du charbon, ont néanmoins baissé grâce à la modernisation et extension de la flotte des vraquiers dont les capacités unitaires sont passées de celle d’un Handymax (50 000 tpl) à celle d’un Panamax (70 000 tpl) ou d’un Capesize (100 000 tpl), parallèlement à l’extension et à la mécanisation des installations portuaires de chargement (Richards Bay en Afrique du Sud ou Newcastle en Australie) et de déchargement (Anvers-Rotterdam-Amsterdam dits ARA en Europe) dont les capacités ont été multipliées par 12 entre 1980 et 2015[28].
148
+
149
+ Le gaz de houille est obtenu par le procédé chimique de pyrolyse, qui consiste à décomposer un composé organique par la chaleur, en absence d’oxygène, pour obtenir un solide carboné, une huile ou un gaz. On produit ainsi un gaz brut riche en hydrogène (H2), méthane(CH4), monoxyde de carbone (CO) et aussi du carbone impur tels le coke et le sulfure d’hydrogène. Ces gaz étaient fabriqués dans des usines à gaz et étaient stockés dans des gazomètres puis servaient dans un premier temps à des fins d’éclairage puis par la suite à des fins de chauffage[30].
150
+
151
+ La liquéfaction du charbon (en anglais « Coal-To-Liquids » ou « CTL ») est une conversion du charbon en hydrocarbures liquides proches des carburants issus de la pétrochimie. L’Afrique du Sud, pour des raisons d'indépendance énergétique, a développé plusieurs usines. Sasol y produit aujourd'hui à partir du charbon près de 30 % de la consommation en hydrocarbures liquides du pays, par la voie indirecte et le procédé Fischer-Tropsch[31].
152
+
153
+ De premiers impacts directs et indirects existent à ce stade : Les chantiers produisent des poussières susceptibles de causer la silicose quand elles sont inhalées durant une longue période (cause fréquente de mortalité des mineurs).
154
+
155
+ Certaines mines affectent directement la faune et la flore en détruisant leur habitat (mines à ciel ouvert, crassiers) ou indirectement par les pollutions directes ou indirectes ou par des modifications environnementales telles que les rabattements de nappe induits par les pompages de dénoiement des mines ou causés par l'utilisation d'une eau de surface pour les besoins miniers (arrosage pour abattement des taux d'empoussièrement, lavage du charbon, etc.).
156
+
157
+ Selon les caractéristiques du gisement, le charbon est plus ou moins riche en éléments indésirables (soufre, métaux lourds, radionucléides) et il peut laisser se dégazer du grisou.
158
+
159
+ La carbochimie quand elle est associée aux bassins charbonniers a été et reste une source importante de pollution. Elle a au XXe siècle laissé de lourdes séquelles de pollution de nappes, sols et sédiments.
160
+
161
+ La combustion du charbon est également une activité particulièrement polluante, plus que pour d'autres énergies fossiles en raison de la quantité de produits indésirables que contient le charbon.
162
+
163
+ Au cours de la pyrolyse, le charbon émet de nombreux gaz et particules volatiles toxiques et polluantes : HAP, dont benzène et ses dérivés aromatiques (notamment le benzo[a]pyrène), goudrons, dérivés du phénol comme les dioxines… Lorsque le charbon se met à brûler, il émet des oxydes de soufre et d'azote qui acidifie l'air, ainsi que des suies et d'autres éléments toxiques comme le cadmium, l'arsenic ou le mercure.
164
+
165
+ La combustion du charbon libère dans l'air des quantités importantes de soufre, qui contribue au phénomène de pluies acides et avec le CO2 (transformé en acide carbonique dans l'eau aux phénomènes d'acidification des eaux de surface et des mers. Or, dans un milieu acide ou acidifié, les métaux lourds, dont ceux mis en circulation par la combustion du charbon sont plus mobiles dans l'environnement, plus « biodisponible » et plus « bioassimilables ».
166
+
167
+ De nombreux foyers utilisent le charbon pour le chauffage et/ou pour la cuisine, en produisant une fumée nuisible à la santé : L'OMS estime que plus de 1,3 million de personnes meurent chaque année des suites de problèmes respiratoires causés par des combustibles solides (bois, herbacées, tourbe, bouses séchées et charbon)[32].
168
+
169
+ Un rapport publié en juin 2016 par WWF et trois autres ONG avec le soutien de l'Union européenne évalue à 22 900 décès prématurés les impacts de la pollution atmosphérique causée par les centrales au charbon de l'Union européenne en 2013, un bilan comparable à celui des accidents de la route : 26 000 décès. Ces centrales ont aussi été responsables en 2013 de 11 800 nouveaux cas de bronchite chronique et 21 000 admissions à l’hôpital. Les impacts transfrontaliers sont très importants : les centrales polonaises ont causé 4 700 décès prématurés dans les pays voisins et les centrales allemandes 2 500 décès ; l'impact le plus élevé dû à des centrales étrangères est celui de la France : 1 200 décès causés par les centrales allemandes, britanniques, polonaises, espagnoles et tchèques[33].
170
+
171
+ Le charbon est majoritairement formé de carbone. Sa combustion libère donc énormément de dioxyde de carbone (gaz à effet de serre).
172
+
173
+ L'Agence internationale de l'énergie évalue les émissions mondiales de CO2 dues au charbon à 14 500 Mt en 2015, contre 5 503 Mt en 1973 et 8 398 Mt en 1990 ; la progression depuis 1990 est de 72,7 %[34].
174
+
175
+ En 2017, 44,2 % des émissions dues à l'énergie proviennent du charbon, contre 34,6 % pour le pétrole et 20,5 % pour le gaz naturel ; cette part du charbon est en forte hausse : elle n'était que de 35,6 % en 1973[k 6].
176
+
177
+ Si la tendance se poursuit, en 2030 les émissions mondiales seront accrues de 14,0 Gt CO2 (+ 56 %), et les émissions de 7,5 Gt CO2 (+80 %) avec 4,8 Gt CO2 provenant du charbon. En 2050, la situation serait pire encore avec un accroissement de 30,5 Gt CO2 (+ 300 %) et 21,1 Gt CO2 en plus issus du charbon. Si les meilleures technologies actuellement disponibles (en 2000-2005) pour un charbon plus « efficace » et plus propre étaient utilisées partout, l'augmentation des émissions serait diminuée de 22 % relativement au niveau attendu en 2050, et de 11 % par rapport au niveau attendu en 2030. L'espoir de technologies propres fait envisager à certains une atténuation plus importante de l'augmentation des émissions (de 9,7 Gt CO2 ; soit une baisse relative de 32 % par rapport au scenario « business as usual » pour 2050, et de 18 % par rapport au même scenario pour 2030). Équiper toutes les centrales au charbon de ces technologies coûteuses et en grande partie encore hypothétiques d'ici 2030 ou 2050 semble cependant peu réaliste, et « en tous cas, même un déploiement total des meilleures technologies de charbon propre disponibles ne fait que limiter l’augmentation d’émissions de CO2 »[35].
178
+
179
+ La combustion du charbon libère aussi d'autres gaz à effet de serre (NOx en particulier).
180
+
181
+ Dans le cadre des négociations internationales sur le climat, tous les pays se sont engagés à maintenir la hausse des températures en deçà de 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Or Christophe McGlade et Paul Ekins, chercheurs à l'UCL (University College London), soulignent dans la revue Nature que pour aboutir à ce résultat, il faudrait que globalement, les pays s'abstiennent d'extraire un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80 % du charbon disponibles dans le sous-sol mondial, d'ici à 2050. Les chercheurs montrent ainsi, pays par pays, que cela concerne l'essentiel des immenses réserves de charbon qui se trouvent en Chine, en Russie, en Inde et aux États-Unis[36].
182
+
183
+ Sous la pression de l'Initiative Climate Action 100 +, composée de plus de trois cents investisseurs menés par l'Église d'Angleterre, le groupe Glencore, premier exportateur mondial de charbon, s'engage en février 2019 à plafonner sa production de charbon à son niveau actuel (150 millions de tonnes par an) et à cesser de faire des acquisitions d'ampleur dans ce secteur[37]
184
+
185
+ En 2020, les banques françaises ont toutes publié des stratégies de sortie du charbon en ligne avec les objectifs de l'Union européenne, soit à la fin de la décennie actuelle[38].
186
+
187
+ L'industrie cherche (notamment dans le contexte du marché du carbone) à « verdir » le charbon en projetant pour le futur proche une filière dite « clean coal » associant une combustion mieux contrôlée à un meilleur lavage des fumées et vapeurs, et à la capture et séquestration du dioxyde de carbone qui fait l'objet de tests et recherches au niveau de la post-combustion, de la précombustion ou avec une oxycombustion[39]. Le charbon ne pourrait devenir réellement propre que par la séquestration géologique du dioxyde de carbone (CCS), or si un meilleur contrôle de la combustion et du refroidissement des gaz permet de réduire les dioxines, SOx et NOx, la récupération du plomb et du mercure des vapeurs de combustion n'est pas encore au point.
188
+
189
+ La question se pose aussi du devenir et de la gestion des énormes crassiers de cendres et mâchefers ou du plomb, mercure et autres toxiques récupérés.
190
+
191
+ Enfin, le captage du CO2 n'est pas encore au point à échelle industrielle, et il consomme des quantités significatives d'énergie ou de ressources. Et le stockage géologique n'est pas sans risques si le CO2 reste sous forme de gaz.
192
+
193
+ Évoluer vers le charbon propre a un coût exorbitant pour les pays pauvres ; selon l'AIE, il faudrait 1 500 milliards de dollars d'investissements cumulés (auquel il faudrait ajouter les coûts d'entretien) rien que pour mettre aux normes des meilleures pratiques des années 2000 les centrales électriques au charbon de 2001 à 2030. Les coûts seraient encore bien plus élevés si une très faible émission de CO2 est visée[40]. Des pays comme l'Allemagne peuvent investir dans un charbon « propre » (mais ne l'ont pas fait) en espérant pouvoir valoriser ces investissements sous forme de techniques, savoir et savoir-faire, brevets et équipements de captation des polluants et du carbone, mais pour les pays pauvres, l'investissement paraît impossible, d'autant que l'exploitation et le transport de nouvelles ressources charbonnières devrait elle-même nécessiter pour la même période (2001-2030) un besoin supplémentaire en investissements cumulés d'environ 398 milliards USD. En outre ces techniques devraient augmenter le prix du charbon, ce qui pourrait le rendre moins compétitif face aux alternatives renouvelables (solaire, éolien, énergies marines, méthanisation, méthanation, etc.)
194
+
195
+ Comme le charbon est abondant, et qu'il pose des problèmes qui concernent aussi l'industrie pétrolière et gazière (dont pour la difficile dépollution du mercure) ainsi que des industries lourdes très émettrices de CO2 comme la métallurgie et les cimentiers, de nombreux programmes de R&D pour la capture et séquestration du dioxyde de carbone ont été lancés dans le monde, dont aux États-Unis (projet « FutureGen »), en Australie (COAL21) et en Europe (projets « Castor », « Hypogen » et « ENCAP »). Ces recherches impliquent en France des entités nationales telles que le BRGM, Gaz de France, Total, Air liquide, EDF, Arcelor, CNRS, GEOSTOCK, INERIS, Groupe Lafarge, SARP Industries[41], Schlumberger, l'Institut français du pétrole, Charbonnages de France, le Club CO2 et le Réseau des technologies pétrolières et gazières (RTPG), etc. avec le soutien de l'ADEME, qui peuvent coopérer avec d'autres groupes européens (Siemens par exemple) ou extra-européens. Mais à ce jour, les prototypes les plus avancés ne peuvent traiter qu'une infime partie des émissions totales.
196
+
197
+ Dans tous les cas, à moyen ou long terme, développer l'efficience énergétique et diminuer l'appel aux énergies fossiles et donc au charbon, au profit d'énergies renouvelables, propres, sûres et décentralisées devrait être une priorité estiment la plupart des experts[42].
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+
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+ La séquestration géologique du dioxyde de carbone est controversée car elle serait, selon ses détracteurs, limitée et risquée et car elle pourrait décourager les efforts nécessaires pour diminuer les émissions de CO2[43].
200
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201
+ L'extraction du charbon dans les mines est un travail dangereux (espérance de vie réduite pour les mineurs[44]) surtout quand le charbon est exploité dans des galeries souterraines : coup de grisou, intoxications, silicose, effondrements. L'inhalation de poussière de charbon est l'un des facteurs de maladies articulaires[45] et de maladies respiratoires[46],[47], dont silicose[48] et de risque accru de cancer du poumon[49] et du larynx[50].
202
+
203
+ Les mineurs sont aussi exposés au radon[51],[52] (gaz radioactif qu'ils inhalent, et qui devient alors source de cancer des poumons[53],[54],[55]) et ses produits de dégradation[56] ; certains charbons contiennent des quantités significatives d'uranium qui en se dégradant libère du radon : dans la mine de charbon de Figueira (sud du Brésil), on a trouvé une radioactivité ambiante 30 fois supérieure à la moyenne des mines de charbon[57], qui pourrait expliquer une mortalité anormalement élevée chez les mineurs qui y travaillent.
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+ En France, deux maladies professionnelles liées à l'extraction du charbon sont reconnues par la Sécurité sociale :
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+ Autres références :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le château de Versailles est un château et un monument historique français qui se situe à Versailles, dans les Yvelines, en France. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l'exception des années de la Régence de 1715 à 1723.
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+ Situés au sud-ouest de Paris, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française.
5
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+ Le château est constitué d'une succession d'éléments ayant une harmonie architecturale. Il s'étale sur 63 154 m2, répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée[1].
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+ Le parc du château de Versailles s'étend sur 815 ha, contre plus de 8 000 ha avant la Révolution française[note 1], dont 93 ha de jardins. Il comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon (qui fut également résidence de Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier, et Napoléon III), le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie (aujourd’hui détruite), une orangerie et la pièce d'eau des Suisses.
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+
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+ Le château de Versailles est situé au nord-ouest du territoire de la commune de Versailles sur la place d'Armes, à 16 kilomètres au sud-ouest de Paris, en France. On entend, par « château de Versailles », à la fois la construction palatiale et ses proches abords, ainsi que l'ensemble du domaine de Versailles, incluant alors — entre autres — les Trianons, le Grand Canal et le parc du château de Versailles.
11
+
12
+ Avant le château, la première mention de Versailles remonte à 1038 dans une charte de l’abbaye Saint-Père de Chartres[2]. En 1561, le domaine de Versailles et sa demeure seigneuriale sont vendus à Martial de Loménie, secrétaire des finances de Charles IX[3].
13
+
14
+ Albert de Gondi, comte de Retz, favori italien de la reine Catherine de Médicis, devient, contre 35 000 livres, propriétaire de la seigneurie de Versailles et de son château, consistant alors en une demeure seigneuriale située à l’emplacement de l’actuel hôtel des Affaires étrangères et de la Marine[4].
15
+
16
+ En 1589, un mois avant qu'il ne devienne roi de France, le roi de Navarre séjourne à Versailles[5]. Revenant de Blois, il s'y arrête du 7 au 9 juillet et est reçu par Albert de Gondi ; il y retourne en 1604 et 1609. Dès 1607, le futur Louis XIII, alors âgé de six ans, fait sa première chasse à Versailles[6].
17
+
18
+ Au début du XVIIe siècle, les terres environnantes sont la propriété, d'une part, de la famille de Gondi et, d'autre part, du prieuré Saint-Julien de Versailles dont le prieur est Mathieu Mercerie. De 1622 à 1654, Jean-François de Gondi est archevêque de Paris dont dépend hiérarchiquement le prieuré Saint-Julien. Jean-François de Gondi, seigneur de Versailles, est donc propriétaire du domaine qui est acquis par le roi en 1623[7]. « La terre et seigneurie de Versailles » sont elles vendues au roi le 8 avril 1632 par ce même Jean-François de Gondi[8],[note 2]. Sur le terrain de l'actuel château de Versailles, ne se trouve alors qu'un moulin à vent[9].
19
+
20
+ En 1623 Louis XIII, atteint d’agoraphobie et pris d'un besoin de retraite spirituelle[10] décide de faire construire un modeste pavillon de chasse en brique et pierre au sommet du plateau de Versailles, sur le chemin allant de Versailles à Trianon[11], en un lieu appelé le Val-de-Galie. Il fait acheter le 23 mars 1624 le moulin et la maison du meunier sis sur la butte entourée de marais[12],[13]. On ignore le nom de l'architecte mais le maître maçon se nomme Nicolas Huaut[11]. Comme le mentionne le marché publié par Jean Coural en 1959[14], le bâtiment consiste alors en un simple corps de logis de 35 mètres de long sur 5,80 mètres de large, s'élevant sur trois niveaux (trois étages : rez-de-chaussée, premier étage et galetas) à sept travées auquel s'ajoutent deux ailes en retour[note 3], légèrement plus basses (deux étages) et également en sept travées, de 27,30 mètres de long sur 4,85 mètres de large[15]. L'ensemble est entouré de fossés précédés d'une terrasse et d'un jardin de deux hectares dessiné par l'intendant des jardins du roi Jacques Boyceau. L'avant de la cour est fermé par un mur percé d'une porte cochère surmontée d’un tympan sculpté aux armes royales[16]. Louis XIII participe personnellement à l'élaboration du plan de ce premier édifice[17] et en prend possession le 9 mars 1624.
21
+
22
+ S’il constitue son rendez-vous de chasse favori, il ne forme pourtant qu’une construction rustique et purement utilitaire[12]. La disposition bastionnée de terre et les fossés qui l’entourent, rappellent encore certaines constructions féodales[4]. Ses matériaux de médiocre qualité (moellon avec mortier de chaux et sable enduit d'un crépi, encadrement des fenêtres en fausses pierres de plâtre) rappellent quant à eux l'hôtel de Guénégaud[18].
23
+
24
+ Louis XIII achète à Jean de Soisy un terrain dont la famille de celui-ci est propriétaire depuis le XIVe siècle[19] et y fait bâtir une nouvelle habitation. Dans sa petite demeure, il reçoit de temps à autre sa mère Marie de Médicis et son épouse Anne d’Autriche[12]. Elles ne font qu’y passer sans jamais y coucher, le château de Louis XIII ne comportant pas d'appartement pour les femmes[20].
25
+
26
+ L’appartement du roi comprend une petite galerie où était accroché un tableau représentant le siège de La Rochelle, puis viennent quatre pièces dont les murs sont couverts de tapisseries[12]. Le salon du roi occupe le centre de l’édifice, emplacement qui correspond aujourd'hui à celui du lit de Louis XIV[21].
27
+
28
+ Le 11 novembre 1630, le cardinal de Richelieu se rend secrètement à Versailles dans le but de regagner la confiance du roi en dépit des pressions exercées sur ce dernier par la reine mère et le parti dévot[22]. Cet événement sera connu, plus tard, sous le nom de journée des Dupes et constitue pour le château le premier acte politique d'importance avant qu'il ne devienne une résidence d'État[23]. Richelieu resta Premier ministre et la reine mère fut exilée.
29
+
30
+ Ce château est surnommé à cause de sa petite taille « le chétif château », ou « le chestif chasteau » en ancien français, par le maréchal de Bassompierre[12]. Saint-Simon l'appelle aussi « le château de cartes », à cause de ses couleurs (les briques rouges, le toit d'ardoises noires et la pierre blanche) qui rappellent celles d'un jeu de cartes, ou « le méchant cabaret à rouliers » pour souligner ainsi la modestie de la construction de Louis XIII par rapport à celle de son fils[24]. Un inventaire de 1630 fait en effet état uniquement pour l'appartement du roi au premier étage de quatre pièces tendues de tapisseries, d'une antichambre, d'une garde-robe, d'un bureau et d'une chambre[14].
31
+
32
+ Le 8 avril 1632, Louis XIII rachète le domaine de Versailles à Jean-François de Gondi, archevêque de Paris[note 2].
33
+
34
+ En mai 1631 débutent des travaux d’agrandissement qui sont dirigés par l’ingénieur-architecte Philibert Le Roy : à chaque angle sont ajoutés des petits pavillons en décroché, les ailes sont remaniées ; en 1634, le mur fermant la cour est remplacé par un portique en pierre à six arcades garnies de ferronneries[26]. Le nouveau château reçoit sa première décoration florale ; les jardins sont agencés « à la française » par Boyceau et Menours[27], décorés d’arabesques et d’entrelacs. Les crépis sur moellons sont remplacés par des façades de briques et de pierre. Une terrasse servant de promenade, avec une balustrade décorée d’oves, est aménagée en 1639 devant la façade principale du château au-dessus du parterre qui est accessible par un escalier. Ce château correspond actuellement à la partie en U qui entoure la cour de marbre[28].
35
+
36
+ En 1643, sentant sa mort approcher, Louis XIII déclare : « Si Dieu me rend la santé, disait-il à son confesseur, le jésuite Jacques Dinet, j'arrêterai le cours du libertinage, j'abolirai les duels, je réprimerai l'injustice, je communierai tous les huit jours, et sitôt que je verrai mon dauphin en état de monter à cheval et en âge de majorité, je le mettrai en ma place et je me retirerai à Versailles avec quatre de vos Pères, pour m'entretenir avec eux des choses divines et pour ne plus penser de tout qu'aux affaires de mon âme et de mon salut[29] ».
37
+
38
+ Le 14 mai, il meurt laissant le Royaume à son fils Louis XIV, âgé de quatre ans et trop jeune pour gouverner. Sous la régence d’Anne d'Autriche, Versailles cesse alors d'être une résidence royale pendant presque dix-huit ans[note 4].
39
+
40
+ À la mort de Louis XIII, le 14 mai 1643, son descendant, le jeune Louis XIV, n'est âgé que de quatre ans et huit mois. Selon un édit du défunt roi passé en avril, le gouvernement de la France est alors confié à sa veuve, Anne d'Autriche, assistée d'un conseil de régence comprenant le duc d'Orléans, lieutenant-général du Royaume, le cardinal Mazarin, le chancelier Séguier, les secrétaires d'État Bouthillier et son fils Chavigny. Mais la reine, qui ne souhaite pas gouverner avec ces créatures placées par Louis XIII et feu le cardinal de Richelieu[30], obtient du Parlement, le 15 mai 1643 l'administration du Royaume et l'éducation du jeune roi[31]. Bien vite, cependant, la reine prend conscience de l'extrême difficulté à exercer seule le pouvoir[32]. Elle fait donc appel au cardinal Mazarin en lui donnant, le 18 mai 1643, le poste de Premier ministre. Elle fait également de lui le tuteur de son fils. Le lendemain de la mort du roi[30], Louis et son jeune frère, le duc Philippe d’Anjou, ont quitté Saint-Germain-en-Laye pour s’installer à Paris, au Palais-Cardinal, rebaptisé Palais-Royal[33].
41
+
42
+ On sait que le futur Louis XIV était venu une première fois à Versailles en octobre 1641 avec son frère, pour échapper à une épidémie de vérole qui frappait Saint-Germain-en-Laye[34]. Après la mort de Louis XIII, le petit pavillon de chasse de Versailles, avec son architecture de brique et pierre désuète, tombe dans un oubli relatif. Jusque-là supervisé par Claude de Saint-Simon, père du célèbre mémorialiste, le domaine royal est administré, sans grande conviction, à partir de 1645 par le président au parlement de Paris, René de Longueil, qui prend la charge de capitaine des chasses et par Nicolas du Pont de Compiègne qui devient intendant. La terre de Versailles survit chichement avec 4 000 livres annuelles tirées du produit de ses fermes[35].
43
+
44
+ Le jeune Louis se rend à Versailles le 18 avril 1651, pour une partie de chasse, où il est reçu par le capitaine des chasses de Longueil. Il revient dîner sur les lieux les 15 et 28 juin[36]. Les troubles causés à Paris par la Fronde des princes contraignent le roi et la régente à un séjour forcé de trois mois à Poitiers d'octobre 1651 à janvier 1652. Au terme d'un voyage de retour de plusieurs mois, Anne d'Autriche et son fils font étape à Versailles le 27 avril 1652 pour dîner avant de rejoindre Saint-Germain-en-Laye. Le 14 novembre, le roi accompagné de Monsieur, son frère, et d'une partie de la cour va « prendre le divertissement de la Chasse à Versailles ». Il y retourne pour la même occupation les 8 et 22 janvier 1653. Le 3 avril, le jeune Louis passe la nuit à Versailles et y retourne deux semaines plus tard pour chasser. Le 20 mai, il vient chasser le renard en compagnie du cardinal Mazarin et reste dormir sur place[37].
45
+
46
+ Du fait de ces visites régulières, on remplace, dans la charge de capitaine des chasses, le président de Longueil, peu impliqué dans la gestion du domaine, par Louis Lenormand, sieur de Beaumont, le 28 juin 1653. Mais l'intérêt du souverain pour Versailles ne se confirme pas. Le jeune monarque de 14 ans préfère aller chasser à Vincennes. En cinq années, il ne vient à Versailles que quatre fois, de la fin 1654 à l'automne 1660[38]. Le domaine traverse alors une période de déshérence et d’irrégularités, marquée par les querelles violentes entre le colérique concierge du château, Henry de Bessay, sieur de Noiron (nommé en 1654), et le jardinier Guillaume Masson (nommé en 1652). En mars 1665 Noiron tire un coup de pistolet sur Masson et le menace de son épée. Le jardinier indélicat, quant à lui, exploite le parc à son profit en détournant du foin ou du bois, et en utilisant les terres comme pâturages pour ses bêtes ou celles de propriétaires des environs[39].
47
+
48
+ La situation ne s’améliore guère par la suite. Pour des raisons administratives, l’intendant Nicolas du Pont de Compiègne démissionne de sa charge. À sa place on nomme, le 11 mars 1659, Louis Lenormand, sieur de Beaumont, qui cumule donc la charge d’intendant avec celle de capitaine des chasses dont il est titulaire depuis cinq ans[40]. Mais M. de Beaumont se décharge des fonctions d’intendance, qui ne correspondent pas à son rang, sur son propre intendant, Denis Raimond qui se révèle peu efficace. Le laisser-aller règne sur le domaine royal, encore aggravé par l’assassinat, en forêt de Saint-Germain-en-Laye, de M. de Beaumont, le 3 mai 1660[41].
49
+
50
+ En septembre 1660, le roi amorce la reprise en main du domaine. Au lieu de donner un successeur à M. de Beaumont, il donne commission d’intendance à son proche serviteur, Jérôme Blouin, premier valet de chambre du roi, « ayant clefs des coffres de nostre chambre et couchant en icelle[42] ». Ce dernier remet de l'ordre dans la gestion du domaine en congédiant, sur ordre du roi, le jardinier Hilaire II Masson, accusé de déprédations. Louis XIV demande également que l'inventaire du château soit vérifié. Et le concierge Henry de Bessay, sieur de Noiron, doit, sur ordre du roi du 11 octobre 1660, se retirer à Saint-Germain-en-Laye[43]. Quatre mois après son mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche[44], Louis XIV va « prendre le divertissement de la Chasse[45] » avec son épouse à Versailles, le 25 octobre 1660. C’est à cette époque que l’intérêt du roi pour le domaine de son père se manifeste de façon explicite. Il envisage d’agrandir le jardin et de créer un nouveau parc d’une « étendue considérable[46] ». Dès le mois de novembre, Blouin se met en quête de financements pour ces travaux à venir. À cet effet, il remet en vente le fermage de la seigneurie et parvient non sans difficulté à le faire accepter par le receveur-fermier alors en place, Denis Gourlier, pour la somme de 5 200 livres[47].
51
+
52
+ Le premier changement effectif à Versailles concerne le verger. Le roi souhaite en faire régulariser la forme et augmenter la surface. Il veut également le clore d’un mur. Il ordonne que les terrains nécessaires à cette opération soient mis à sa disposition au 31 décembre 1660. Entre l’automne 1660 et le début de 1661, les travaux d’arpentages sont menés[48]. Le 9 mars 1661, alors que le cardinal Mazarin vient de mourir, Louis XIV annonce qu’il exercera le pouvoir directement, sans nommer un nouveau Premier ministre[49]. Le lendemain, sa première décision officielle consiste en la nomination de Jean-Baptiste-Amador de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, comme capitaine des chasses en remplacement de M. de Beaumont assassiné en 1660. Mais la gestion du domaine de Versailles, non mentionnée dans la capitainerie attribuée à Du Plessis, demeure sous le contrôle de Blouin.
53
+
54
+ Dans les premiers mois de 1661, le roi charge le peintre Charles Errard de remettre en état les appartements du château. Mais avec la naissance prochaine du dauphin et le mariage à venir de Monsieur, frère du roi, la famille royale va s'agrandir. Il faut donc procéder rapidement à un réaménagement de la distribution des pièces. Le rez-de-chaussée et l'étage sont divisés en appartements royaux ou princiers, desservis par deux nouveaux escaliers dans les ailes latérales. L'escalier de Louis XIII au centre du corps de logis est supprimé[50].
55
+
56
+ L'historiographie romantique veut que les architectes et jardiniers de Versailles Charles Le Brun, André Le Nôtre et Louis Le Vau se soient inspirés du château de Vaux-le-Vicomte, mais en fait Louis XIV n'a pas eu à capter tous ces talents au service de Nicolas Fouquet au profit de la monarchie puisqu'ils sont au service du roi depuis des années[10].
57
+
58
+ Sans compter des modifications mineures effectuées à partir de 1661, auxquelles le roi ne consacra qu’une somme modeste d’un million et demi de livres[51], les phases de construction se déclenchèrent en 1664 avec la première campagne de construction. En dépit des résultats de la construction d’un des plus merveilleux palais d’Europe, les poursuites de Louis XIV déclenchèrent des critiques sournoises parmi ses courtisans[52]. Il reste cependant des témoignages de ces secrètes oppositions ; le lieu parut surtout mal choisi ; Saint-Simon le rapportant ainsi : Versailles, lieu ingrat, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui n’est pas bon[53].
59
+
60
+ À cette époque, Versailles n’était qu’une résidence d’agrément, où des fêtes étaient données dans les jardins, le Louvre demeurant officiellement le palais royal. Dans une lettre restée célèbre, Colbert se plaignit d’ailleurs que Louis XIV délaissât le Louvre :
61
+
62
+ « Pendant le temps qu'elle a dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est assurément le plus superbe palais qu'il y ait au monde et le plus digne de la grandeur de Nostre Majesté. Et Dieu veuille que tout d'occasions qui la peuvent nécessiter d'entrer dans quelque grande guerre, en luy ostant les moyens d'achever ce superbe bastiment, ne luy donnent pas longtemps le déplaisir d'en avoir perdu le temps et l'occasion ! ...
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+
64
+ Ô quelle pitié, que le plus grand roy et le plus vertueux, de la véritable vertu qui fait les plus grands princes, fust mesuré à l'aune de Versailles[54] ! »
65
+
66
+ Cette phase de construction résultait des exigences de logement pour les membres de la cour invités au divertissement nommé fête des Plaisirs de l’Île enchantée[55] : pendant une semaine en mai 1664, Louis XIV présenta le divertissement — un prélude en allégorie de la guerre de Dévolution — comme hommage officiel à sa mère, Anne d'Autriche, et à sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche ; mais en réalité, le roi offrit la fête à sa favorite, Louise de La Vallière[56]. Au cours des fêtes de 1664 et 1668, les courtisans mesurèrent l’incommodité du petit château, car beaucoup ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57]. Le roi, désireux d’agrandir celui-ci, confia cette tâche à Le Vau qui présenta plusieurs projets[58]. Le premier prévoyait la destruction du château primitif et son remplacement par un palais à l’italienne. Le deuxième projet proposait d’agrandir le château, côté jardin, par une enveloppe de pierre[58]. Sur les conseils de Colbert, le roi opta pour la seconde solution[59].
67
+
68
+ À partir de 1664, Louis XIV fit aménager Versailles de façon à pouvoir y passer plusieurs jours avec son Conseil et membres de la Cour[60]. Il décida de conserver le château initial bâti par Louis XIII, plus pour des raisons financières que sentimentales[58]. Le Vau tripla la superficie du château[58], qui fut décoré avec beaucoup de luxe, en reprenant notamment le thème du soleil[61], omniprésent à Versailles. Le jardin de Versailles, particulièrement apprécié par Louis XIV, fut orné de sculptures de Girardon et de Le Hongre[58].
69
+
70
+ En 1665, les premières statues sont installées dans le jardin et la grotte de Téthys construite[62]. La première orangerie, la ménagerie et la grotte de Téthys caractérisèrent la construction à cette époque. Deux ans plus tard, commença le creusement du Grand Canal[63]. Les oiseaux et mammifères de la ménagerie servirent de modèles entre 1669 et 1671, au flamand Pieter Boel, peintre du roi, pour les compositions intitulées les Douze mois, dans les dessins de Charles Le Brun pour la manufacture des Gobelins. Le Louvre conserve vingt de ces études[64].
71
+
72
+ La deuxième campagne de construction fut inaugurée avec le traité d’Aix-la-Chapelle, le traité qui a mis fin de la guerre de Dévolution, et fut célébrée par la fête qui aura lieu le 18 juillet 1668. Connue sous le terme de « Grand Divertissement royal de Versailles », elle sera marquée par la création de George Dandin, de Molière, et des Fêtes de l’Amour et du Hasard, de Lully[65]. Comme lors de la fête de 1664, certains courtisans ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57], ce qui conforta le Roi dans ses projets d’agrandir le château. Le projet finalement accepté[59] fut caractérisé par une enveloppe de pierre[58].
73
+
74
+ À cette époque, le château commença à prendre des aspects qu’on voit aujourd’hui. La modification la plus importante de cette période fut l’enveloppe du château de Louis XIII. L’enveloppe « connue également comme le château neuf afin de se distinguer du vieux château de Louis XIII » environna celui-ci au nord, à l’ouest et au sud. Le château neuf fournit des logements nouveaux pour le roi, la reine et les membres de la famille royale. Le premier étage fut réservé complètement pour deux appartements : le grand appartement de la Reine (côté sud) et le grand appartement du Roi (côté nord). Au rez-de-chaussée du château neuf, deux appartements furent aménagés : l’appartement des bains, côté nord ; l’appartement pour le frère et belle-sœur du roi, le duc et la duchesse d’Orléans. À l’ouest, une terrasse s'édifia sur les jardins ; celle-ci fut supprimée quelques années plus tard pour faciliter le passage entre les appartements du roi et de la reine. À son emplacement fut construite la galerie des Glaces. Au deuxième étage, des appartements furent aménagés pour d'autres membres de la famille royale et membres choisis de la cour[66]. À la mort de Louis Le Vau, le 11 octobre 1670, Colbert désigna les travaux architecturaux à François II d'Orbay[67].
75
+
76
+ [réf. nécessaire]Précisions de construction
77
+
78
+ Avec le traité de Nimègue, qui mit fin à la guerre de Hollande, se déclencha la troisième campagne de construction à Versailles. Sous la direction de Jules Hardouin-Mansart, le château prit les aspects ce que nous lui connaissons aujourd’hui. La galerie des Glaces avec ses salons jumeaux — le salon de la Guerre et le salon de la Paix, les ailes au nord et au sud — dits respectivement « aile de Noble » et « aile des Princes » (également « aile du Midi ») et des travaux herculéens aux jardins furent les caractéristiques de marque de cette ère du règne du Roi-Soleil. À cette époque, Le Brun acheva le décor des grands appartements[68].
79
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80
+ Les eaux marécageuses répandaient un « mauvais air » responsable d'épidémies de paludisme mortel chez les ouvriers du chantier et de fièvres tierces parmi les courtisans, ces derniers étant parfois soignés par de la poudre de l'écorce de quinquina, un médicament ramené du Pérou par les jésuites. Le comblement des marais, les efforts d'équipement et de salubrité dans les années 1680 permirent la régression des maladies[69].
81
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82
+ Chronique de construction
83
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+ 1678 :
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+ 1679 :
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+ 1681 :
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+ 1682 :
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+ Dès lors que Louis XIV décida d'installer la Cour et le pouvoir central à Versailles, en 1682, le château rassembla des milliers de personnes : la famille royale et ses officiers commensaux (ceux qui la servaient), les courtisans et leurs propres domestiques, les ministres et leurs multiples commis, mais aussi tout un personnel de serviteurs, d'ouvriers, de marchands. Ces « gens du château », comme on les nommait, permettaient la bonne marche quotidienne de la « mécanique » versaillaise et de l'État[70].
93
+
94
+ Peu après la défaite de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), et vraisemblablement aussi par l’influence pieuse de Madame de Maintenon, Louis XIV se chargea d’entamer sa dernière campagne de construction à Versailles. La quatrième campagne de construction (1699-1710) fut caractérisée par l'élévation de la dernière chapelle (la chapelle du château de Versailles actuelle). Cette dernière fut dessinée par Jules Hardouin-Mansart et, après sa mort, achevée par Robert de Cotte en 1710, premiers architectes du Roi successifs. De même, l’agrandissement de l’appartement du roi fut entrepris à cette époque avec l’achèvement du salon de l'Œil-de-bœuf et la chambre du roi. Avec le parachèvement de la chapelle, virtuellement toutes les constructions du Roi-Soleil touchèrent à sa fin. Les constructions versaillaises ne se poursuivront que pendant le règne de Louis XV[71].
95
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96
+ Les travaux importants se déroulèrent en période de paix. Inversement, en période de guerre, les travaux et dépenses connurent un net ralentissement. Une idée fausse répandue par l'historiographie de la Troisième République veut que le chantier de Versailles ait ruiné le pays. L'historien François Bluche a pu évaluer la charge des chantiers de Versailles en se basant sur les archives comptables des bâtiments du roi (archives comptabilisant ensemble le château de Versailles, les eaux et les jardins, mais aussi Trianon, Marly et Clagny), et les estime à 80 millions de livres tournoi[note 5], soit moins de 3 % annuels dans les dépenses de l'État (en prenant en compte les principales charges réparties entre 1664 et 1715)[72]. C'est l'hydraulique du parc du château de Versailles qui représenta la dépense la plus importante du chantier, le Roi-Soleil se voulant être le maître des eaux : sur 65 millions de livres tournois que coûtèrent l'ensemble des travaux du château avant 1690, 25[note 6] furent affectés aux eaux de Versailles, soit près de 40 %[73].
97
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98
+ Dans une note datant de la fin du règne de Louis XIV, le premier architecte du Roi Jacques Gabriel recense que le château — hors ses dépendances en ville — dispose des appartements du roi et de la reine, de 20 appartements princiers et de 189 appartements à destination des courtisans[74].
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+ Louis XIV organise l'année de sa mort sa dernière cérémonie à Versailles lors d'une audience extraordinaire accordée le 19 février 1715 dans la galerie des Glaces au Mehmet Rıza Beğ de Perse[75], l'ambassadeur du Chah Huseyin de Perse. Il est accompagné de l'Arménien Hagopdjan de Deritchan. C'est aussi la première manifestation d'envergure à laquelle assiste le futur Louis XV[76].
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102
+ Le 13 août 1715 une seconde audience est accordée à l'ambassade qui débouche cette fois sur la signature du traité de commerce et d'amitié entre la France et la Perse. Celui-ci prévoit — notamment — l'établissement d'un consulat de Perse à Marseille, principal port de commerce avec l'Orient dont les Arméniens détenaient le monopole. Hagopdjan de Deritchan est ainsi choisi pour le rôle de premier consul dans le but de faciliter leurs activités et faire reconnaître le protectorat dont ils bénéficient.
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104
+ Cet événement révèle le contexte historique dans lequel Montesquieu écrit ses Lettres persanes[75] qu'il fait éditer en 1721 à Amsterdam sous le pseudonyme « Pierre Marteau » alors que la ville comptait de nombreux marchands arméniens et perses.
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+ Louis XV naît à Versailles le 15 février 1710.
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+ Les 3 et 4 septembre 1715, après la mort de Louis XIV, il accomplit ses premiers actes de roi lors de la messe célébrée pour lui à la chapelle de Versailles. Mais il n'est encore qu'un enfant. Son tuteur Philippe d’Orléans (dit le Régent, cousin au 2e degré de Louis XV) quitte Versailles le 9 septembre et s’installe dans sa résidence parisienne du Palais-Royal et la Cour aux Tuileries. Durant cette Régence, le duc de Noailles propose de raser le château[77].
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110
+ En 1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visite Versailles et réside au Grand Trianon[78].
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+ En 1722, âgé de 12 ans, Louis XV est fiancé à Marie-Anne-Victoire d'Espagne et la cour se réinstalle à Versailles dans les appartements de Louis XIV, après sept années passées à Vincennes puis aux Tuileries. Ce retour a lieu au moment de la puberté du roi. Selon certaines rumeurs, le Régent aurait voulu éloigner le jeune monarque de l'opinion parisienne. D'autres ont véhiculé l'idée que le cardinal aurait eu l'initiative du départ, pour ôter Louis XV de l'influence de l'entourage de Philippe d'Orléans. Il semble, d'après Bernard Hours, que le roi ait adhéré au projet. Hours se focalise sur des témoignages qui tendent à montrer son attachement au château de Versailles, tels ceux du maréchal de Villeroi. Ce retour symboliserait la prise de possession de l'héritage de son aïeul[79].
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114
+ L'avocat Barbier raconte qu'en arrivant à Versailles le jeune Louis XV âgé de douze ans se serait couché sur le parquet de la Galerie des Glaces pour admirer les peintures de la voûte, et les courtisans l'auraient alors imité[80].
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116
+ L'absence de la Cour durant six années a engendré une dégradation importante des lieux. Un fond spécial de 500 000 livres est affecté aux « réparations extraordinaires » entre les mois d'avril et juillet 1722.
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118
+ Trois projets de Louis XV furent menés à leur terme : l'achèvement du grand appartement avec l'aménagement du salon d'Hercule, le bassin de Neptune et l'ajout au château d'un opéra royal.
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120
+ C'est dans le domaine des arts que Louis XV rencontra le moins d'entraves à son action, il fut particulièrement moderne et novateur. Bien que peu attiré par la musique et la peinture, il voua le plus vif intérêt pour l'architecture. Le marquis d'Argenson, rapportant l'opinion de Madame de Pompadour, écrivait d'ailleurs dans son journal que : « La marquise et ses amis disent qu'on ne peut amuser le Roi absolument que de dessins d'architecture, que Sa Majesté ne respire qu'avec des plans et des dessins sur la table. »[81]. Passion héréditaire et personnelle, il eut pour précepte François Chavallier, proche de Vauban. Il n'est donc guère étonnant que Louis XV décida d'accommoder le château à ses propres goûts.
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122
+ La construction, l'ameublement et l'entretien des résidences royales étaient dévolus à deux services : les B��timents et le Garde-meuble. Au sein du premier service, la deuxième personne la plus importante après le directeur général était le premier architecte. En 1708, au décès de Mansart, ce poste fut dévolu à son beau-frère et disciple, Robert de Cotte. Ce dernier, épuisé et presque aveugle, meurt en 1734, sans s'être vu confier d'importants chantiers, tout à l'inverse de ses successeurs, les Gabriel père et fils. Le premier fut assisté du second, tant et si bien qu'il est difficile de distinguer la part de chacun dans nombre de projets.
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+ Dès le retour du roi en 1722, les appartements du Roi furent complètement modifiés. Le premier étage constitua l'appartement intérieur du Roi, conservant ses fonctions cérémoniales. Au second étage, en revanche, Louis XV fit aménager ses petits appartements et petits cabinets, d'usage privé. Cette même année il se fit installer un cabinet de tour, dans une mansarde et toujours au deuxième étage, donnant sur la cour de marbre. Le premier commissaire de police de la ville de Versailles Pierre Narbonne réalise un recensement de la cour de Versailles en 1722[82] : 4 000 personnes logées dans l'enceinte même du château et environ 2 700 personnes dans les dépendances (essentiellement le personnel appelé à l'époque les « utilités »[83]), sans compter les 1 434 hommes de la garde simple du roi pour lesquels aucun logement n'est noté[84].
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+ En 1723, un cabinet des bains fut aménagé. Les façades d'une des cours intérieures reçurent des têtes de cerfs, ce qui lui donna l'appellation de cour des Cerfs. On peut voir dans cette initiative du Roi son goût prononcé pour la chasse.
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+ La nouvelle administration des Bâtiments, à la tête de laquelle se trouvait depuis 1708 le duc d’Antin, entame la décoration de la grande salle (salon d’Hercule) sous la responsabilité de Robert de Cotte qui dirige les travaux suivant les projets élaborés dans les dernières années du règne de Louis XIV. Ce salon achève le grand appartement de Le Brun et l’esprit de grandeur rejoint celui du siècle précédent.
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+ En 1729 débutent des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la Reine. Robert de Cotte fournit les dessins des nouvelles boiseries. Les travaux sont achevés par Gabriel père et fils en 1735. C'est également en 1729 que reprennent les travaux dans le salon d'Hercule.
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+ La décoration de ce nouveau salon débute, dès 1712. Il se trouve à l'emplacement de l'ancienne chapelle, détruite en 1710. Le chantier est placé sous la direction de Robert de Cotte, le décorateur de la nouvelle chapelle royale. Cependant la mort du roi Louis XIV, en 1715 interrompt le chantier. Les parois sont recouvertes de marbres choisis par Louis XIV de son vivant et décorées par deux œuvres de Véronèse. Le salon d’Hercule relie les appartements du Roi au vestibule de la chapelle. Plus tard, Gabriel envisage de remplacer l’escalier des Ambassadeurs par un nouvel escalier qui déboucherait dans cette salle. Celui-ci ne reprend qu'après le retour de Louis XV au château, en 1729. La nouveauté réside dans le plafond compartimenté d’aucun cadre sculpté. François Lemoyne saisit l’occasion de rivaliser avec Véronèse en peignant L’Apothéose d’Hercule entre 1733 et 1736 par François Lemoyne. Sur le mur du fond est exposée une immense toile de Véronèse offerte par la République de Venise au roi Louis XIV en 1664, Le Repas chez Simon. L'aménagement de la pièce fut terminé en 1736. Mais l'inauguration n'eut lieu que le 26 janvier 1739, par un « bal paré » donné à l'occasion du mariage de la fille aînée de Louis XV avec l'Infant d'Espagne. Le salon d'Hercule servit de cadre à d'exceptionnels « grands couverts » (en 1769 pour le mariage du duc de Chartres, ou en 1782 pour la naissance du Dauphin) et à des audiences extraordinaires comme celle de l'ambassade du sultan du Mysore Tipou Sahib en août 1788[85].
133
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134
+ En 1737, Louis XV transforme le premier étage du corps central le long de la cour de Marbre, côté nord, en appartement privé destiné à l'habitation et au travail. Il fait renouveler les soieries des appartements du Roi et de la Reine. L'objectif était également de soutenir les manufactures de Lyon. Cette année-là voit également la construction d'un chenil pour les meutes de Louis XV.
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+ En 1738 à 1760, les pièces de l’appartement de collectionneurs de Louis XIV sont constamment remaniées. Les travaux commencent en 1738 par la création de la chambre à coucher privée du Roi, et se stabilisent vers 1760.
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+ En 1741, Philibert Orry, qui avait remplacé le duc d’Antin, fait procéder à l’achèvement du Bassin de Neptune.
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+ En 1742, Louis XV y accorde audience à Saïd Méhemet Pacha, ambassadeur extraordinaire du Grand Seigneur, sultan de l'Empire ottoman. Un traité d'alliance militaire contre l'Autriche est conclu avec l'Empire ottoman[86] dans la guerre de Succession d'Autriche. Il promet un soutien qui devait s'ajouter à ceux de la Prusse et de l'Empire russe[86], mais qui n'aura finalement pas lieu. Louis XV subira de plus un revers d'alliance de la part de la Russie. Versailles n'avait pas reçu d'ambassade depuis 1715.
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142
+ En 1745, à la tête de l’Administration des Bâtiments du Roi, Charles François Paul Le Normant de Tournehem succède à Philibert Orry, grâce à l’influence de sa pupille — peut-être même sa fille naturelle — Madame de Pompadour.
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144
+ Le 25 février 1745 se déroule le bal des Ifs[87].
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146
+ En 1750, Louis XV introduit un nouveau type de pièces dans les appartements royaux : la salle à manger des retours de chasse. Il connaît une série d'histoires sentimentales de courte durée dans le parc aux cerfs.
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148
+ En 1751, mort de Tournehem qui est remplacé par le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour. Sous ses directives vont se révéler l’architecte Ange-Jacques Gabriel, et deux sculpteurs de boiseries, Verbeckt et Rousseau. C’est l’appartement de Marie Leczinska qui fournit à Gabriel et à Verbeckt l’occasion de travailler ensemble.
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150
+ En 1752, destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la Petite Galerie et du cabinet des Médailles. Ces témoins glorieux du règne de Louis XIV sont détruits pour la création d’un appartement destiné à l’aînée des Filles de France : Madame Adélaïde. Dernière vente de mobilier de Louis XIV après celle de 1741 et de 1751[10].
151
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152
+ En 1755, la seconde transformation consiste à réunir l’ancien cabinet du Roi (ou du Conseil) avec le cabinet des Thermes (ou des Perruques) pour former le grand salon du Conseil. Jules Antoine Rousseau sculpte les boiseries dorées. Gabriel réutilise une partie des anciens panneaux pour décorer les murs. Au second étage se développent les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du château, aucune dorure ne colore les boiseries. Des couleurs vives et variées égayent les statues, peintes selon les techniques élaborées par Martin, l’inventeur du fameux « vernis Martin ». L’élément essentiel de cet appartement est une petite galerie éclairée sur la cour de Marbre. Des tableaux de Boucher, Carle van Loo, Lancret, Pater et Parrocel sont accrochés sur les boiseries colorées.
153
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154
+ Versailles demeure un haut lieu de la diplomatie française, le 1er mai 1756 : un traité d'alliance est signé à Versailles avec l'Autriche, il met fin à 250 ans de conflits avec les Habsbourg et opère en Europe un véritable renversement des alliances, qui fut défavorable à la France puisqu'elle perdit ses colonies d'Amérique à la suite de la Guerre de Sept Ans qui s'acheva en 1763[88].
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156
+ Le 5 janvier 1757, un attentat est commis par Damiens contre le Roi dans la cour de marbre.
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158
+ Pendant toute sa carrière, Ange-Jacques Gabriel, nommé Premier architecte du roi en 1742, doit faire face à des problèmes de logement, la reine met en effet au monde huit princesses :
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160
+ Pour loger toutes ces princesses dans des appartements qui conviennent à leur rang, Gabriel effectue de multiples travaux. Au fil des années « Mesdames » changent d’appartements, passant de l’aile du Midi à l’aile du Nord, et au rez-de-chaussée du Corps central (et même au premier étage comme nous l’avons noté pour Adélaïde). Ces déménagements successifs aboutissent à la disparition complète de l’appartement des bains, de l’escalier des Ambassadeurs, et au cloisonnement de la Galerie basse. Ces appartements sont détruits par Louis-Philippe, quelques splendides boiseries ont échappé à ce saccage et témoignent du luxe qui régnait chez Mesdames.
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162
+ Selon la tradition établie sous Louis XIV, le dauphin et son épouse prennent possession des deux appartements du rez-de-chaussée situés sous l’appartement de la Reine et, en retour d’équerre, sous une partie de la galerie des Glaces. De merveilleuses décorations sont alors créées. Le XIXe siècle ravagea cet ensemble. Seules sont conservées la chambre du dauphin et la bibliothèque.
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+ De 1761 à 1768 Ange-Jacques Gabriel construit le Petit Trianon.
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+ En 1769, la princesse Adélaïde déménage et son appartement est réuni à celui de Louis XV. Les deux pièces importantes de l’appartement intérieur sont la nouvelle chambre du roi et son cabinet intérieur, cette dernière formant la plaque tournante entre les anciens salons et les « salles neuves » de l’appartement d’Adélaïde.
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168
+ Dans la seconde partie du règne de Louis XV des projets de reconstruction des façades en regard de la ville vont prendre corps. On reproche aux murs de Le Vau leurs matériaux et leur disposition.
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+ En 1770, le 16 mai, mariage du dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, célébré dans la chapelle royale. Dans un même temps a lieu l’inauguration de l’Opéra royal à l’occasion du festin royal, elle marque le sommet de l’art de Gabriel.
171
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172
+ En 1771 Gabriel présente au roi son « grand projet » de reconstruction de toutes les façades côté ville. Seule l’aile droite, qui menaçait ruine, fut édifiée. Avec son pavillon à colonnes, les règles de l’architecture classique furent respectées. Le roi donna son agrément à ce projet. Comme l’argent manquait dans les caisses royales, Madame Du Barry se chargea de réunir les fonds à cette opération.
173
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174
+ En 1772, les travaux du « grand projet » débutent et ne sont jamais achevés, mais donnent naissance à l’aile Louis XV. À l’intérieur de l’aile, les travaux du grand escalier dit grand degré débutent, mais ne seront achevés qu’en 1785. À la fin de l’Ancien Régime, le palais sera la résidence royale la plus luxueuse de toute l’Europe.
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+ Pendant que Gabriel poursuit son œuvre la vie de la cour continue, toujours brillante et luxueuse, émaillée de bals et de fêtes. La distraction favorite de ce siècle est le théâtre. On apprécie Voltaire pour ses tragédies et sa prose. Madame de Pompadour donne une grande impulsion à ce mouvement.
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178
+ Louis XV est responsable de la destruction d’ensembles splendides datant de Louis XIV, mais il a su créer à l’intérieur du palais de magnifiques décorations. Les jardins et en particulier Trianon se sont enrichis du Pavillon français et du Petit Trianon.
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180
+ Le roi apprécie le style incognito et multiplie les bals masqués. Néanmoins la monotonie de ces festivités n'obtient pas le succès de celles qu'organisait Louis XIV, malgré les dépenses qu'elles occasionnent.
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182
+ L'Opéra royal de Versailles est sans doute l’œuvre majeure de Gabriel, il fut inauguré le 16 mai 1770 à l'occasion du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.
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184
+ Sous Louis XVI, la vie de cour à Versailles se perpétua, mais des restrictions d'ordre financier furent appliquées à la Maison du roi. De plus, l'entretien du château se révéla coûteux. L’absence de commodités (salle de bains, chauffage) dans les appartements rendit de plus en plus pressante la nécessité d’une rénovation profonde des bâtiments, mais le manque d’argent fit remettre le projet jusqu’à la Révolution française. Marie-Antoinette imposa d'importantes dépenses pour l'aménagement du Petit Trianon, ce qui contribua à la rendre impopulaire. Le 15 août, fête de l'Assomption, est commémoré par une grande procession à laquelle doivent assister tous les courtisans. Celle-ci rappelle la consécration de la France à Marie, décrétée par Louis XIII. C'est au cours de la cérémonie du 15 août 1785 que le roi fait arrêter dans la galerie des Glaces, pleine de monde, son grand aumônier, le prince-cardinal Louis de Rohan, compromis dans l'affaire dite du Collier de la reine.
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+ À son avènement en 1774, Louis XVI veut pour lui une pièce dédiée à sa détente. Le choix se porte sur une bibliothèque. Elle est commencée dès le début de son règne. Le décor, dessiné par Ange-Jacques Gabriel, est sculpté par Jules-Antoine Rousseau. Jean-Claude Quervelle réalise une grande table à plateau monoxyle pour permettre à Louis XVI d'exposer ses biscuits de Sèvres[89]. Deux globes, un terrestre et un céleste, complètent ce décor en 1777. C'est dans cette bibliothèque que Louis XVI décide de l'arrestation de son grand aumônier le 15 août 1785, après avoir été mal conseillé par le baron de Breteuil et son garde des Sceaux Armand Thomas Hue de Miromesnil.
187
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188
+ Cette pièce fut créée pour abriter une partie des collections de Louis XIV. Sous Louis XV, elle prit diverses affectations. Ainsi, elle servit au roi de pièce d'exposition pour son service de vaisselle d'or, d'où l'un de ses noms de « cabinet de la Vaisselle d'or ». Elle fut ensuite rattachée aux appartements de Madame Adélaïde, fille de Louis XV. Cette pièce devient dès lors son cabinet de musique où Adélaïde reçut des leçons de harpe de Beaumarchais. Mozart y aurait joué pour la famille royale en 1763. Sous Louis XVI, cette pièce redevient une pièce d'exposition. En 1788, Louis XVI y expose l'un de ses achats personnels, le cabinet des papillons.
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+ Versailles vit l’apogée de la France des Bourbons, mais aussi sa chute : c’est à Versailles que se tinrent les états généraux de 1789.
191
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+ Le 5 octobre 1789, malgré la pluie, le peuple de Paris, conduit par des femmes, marche sur Versailles où il se heurte aux grilles du château. Une fusillade éclate. Le peuple envahit le château, et ramène la famille royale à Paris. Abandonné après le départ de la famille royale pour Paris 6 octobre 1789, le château ne retrouvera jamais ses fastes. Avant de partir, le roi déclare au gouverneur du château : « Tâchez de me sauver mon Versailles ! »[90]. Avec eux, la famille royale emporte « le mobilier, les pendules, les tentures, le linge et tout le nécessaire »[90] : l'intendance en profite pour faire de grands ménages et des restaurations[90] ; néanmoins, et pour la première fois depuis 1723 (lorsque Louis XV revient à Versailles), « le gouverneur ordonne alors de fermer les contrevents, et le château sombre dans l'obscurité »[90]. Il est néanmoins préservé dans le but de le mettre à la disposition des citoyens pour en faire, comme il est prévu pour tous les châteaux royaux, un lycée, un gymnase, un musée du Génie[91]. La surveillance du château fut confiée à la Garde nationale de Versailles pour éviter les dégradations, ils menaient à bien cette mission aux côtés des Suisses restés au château[92].
193
+
194
+ Le mobilier du château est transporté dans des garde-meubles. Ainsi, le fameux secrétaire à cylindre de Louis XV par Oeben et Riesener, après avoir subi des modifications de son décor et de ses ornements (suppression de tout ce qui rappelait la royauté) est affecté à l'hôtel de la Marine[réf. nécessaire], place de la Concorde. Le château n'est pas plus pillé que soumis à des dégradations, sinon certains insignes de la royauté (fleurs de lys, couronnes, etc.) qui sont martelés[90].
195
+
196
+ En 1790 la municipalité de Versailles fit appel à la générosité du Roi pour venir en aide aux centaines d'ouvriers sans travail dont le nombre augmentait de jour en jour. Louis XVI versa un salaire à 600 travailleurs à partir du mois de janvier pour l'entretien du Grand Canal. Mais six mois plus tard, il cessa les paiements en expliquant qu'il ne pouvait plus subvenir à leurs besoins ; les travaux prirent fin et l'état du Grand Canal se dégrada jusqu'à ce qu'il se transforme en un marais putride. Un décret du 8 juillet 1792 protégea le Grand Canal en le réservant à l'installation d'une école de natation[92].
197
+
198
+ Au début de 1791, les tableaux, les glaces et tous les emblèmes trop explicites de la royauté sont décrochés des murs et des plafonds. Les œuvres d'art sont envoyées au Louvre, devenu le musée central des arts en 1792.
199
+
200
+ Après le 10 août 1792, le concierge du palais, Boucheman, qui était déjà en poste sous Louis XVI, fut chargé de dresser la liste des personnes habitant toujours le château, il en dénombra 70 ; celles qui étaient installées sans motif reçurent l'ordre d'évacuer les lieux, entre le 12 et le 25 août des scellés furent apposés sur les portes des différents appartements. Les habitants qui étaient restés dans le château étaient essentiellement des personnes chargées de son entretien et de sa surveillance[92].
201
+
202
+ La Convention, le 10 juin 1793, après la chute de la monarchie, vend à l'encan le mobilier du château (17 000 pièces, qui vont de l'argenterie aux boutons de porte[93]) : 17 182 lots, étalés sur les années 1793-1796. Les plus belles pièces partent pour l'Angleterre, achetées par des mandataires du roi Georges III, et meublent ou décorent le palais de Buckingham ou le château de Windsor. Charles-François Delacroix, le père du peintre Eugène Delacroix, pense en 1793 qu'il faudrait le démolir et y passer la charrue[92] ; la Convention pense par ailleurs, un temps, à raser le château[90]. Les sans-culottes arrachent les fleurs des jardins pour planter des pommes de terre et des oignons[94], le Petit Trianon devient une gargote et des clubs révolutionnaires s'installent dans l'opéra et la chapelle royale[93].
203
+
204
+ Le château toutefois n'était pas totalement fermé au public, au mois d'août 1793 treize citoyens et huit « gardes-bosquets » disposaient des clés du château, ils étaient habilités à y faire entrer des groupes de visiteurs et à leur faire découvrir les salles du château et le parc de Versailles en échange d'une rémunération[92].
205
+
206
+ Entre la fin de l'année 1793 et le début de l'année 1794 le pourtour du Grand Canal fut mis en culture ; 200 pommiers furent plantés à son extrémité en 1795. Les matelots et les gondoliers du canal conservèrent leur logement, étant chargés de l'entretien de la flottille. En avril 1794 les animaux de la Ménagerie furent transférés au Muséum d'Histoire naturelle à Paris[92].
207
+
208
+ Il est quelque temps dépôt central du département de Seine-et-Oise pour les œuvres d'art pillées chez les nobles émigrés[90]. En 1795, il devient un « muséum » (confirmé par Bonaparte en 1799)[90] ; le 18 avril 1796, il prend le nom de musée central des arts, puis en 1797 de musée spécial de l'École française, abritant 350 chefs-d'œuvre, dont de Nicolas Poussin, alors que le musée du Louvre présente les collections de Hollande et des Pays-Bas[95]. Alors, « le château n'est plus qu'une carcasse vide, à l'exception notable des deux institutions qu'il abrite : le Muséum national et le dépôt central des objets d'art de Seine-et-Oise. Un fourre-tout où se distingue, entre autres, une partie des anciennes collections royales »[93].
209
+
210
+ En 1796 l’École centrale de Versailles fut installée dans l'aile des ministres nord du château, les salles de classes étaient meublées avec le mobilier de l'hôtel des Affaires étrangères, le potager du château fut mis à la disposition du professeur de sciences naturelles[92].
211
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212
+ Le 1er novembre 1804, Duroc, grand maréchal du palais, prit possession du palais au nom de la couronne impériale. Le 3 janvier 1805 le pape Pie VII, venu pour le sacre de l'Empereur, bénissait la foule depuis la fenêtre centrale de la galerie des Glaces[96]. Les 13 et 22 mars 1805, l'Empereur visita le château et décida de repousser son installation dans le palais au profit du Grand Trianon.
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+ L'Empire installé, les aménagements de Versailles commencent : on commande en 1806 une série de tentures destinées à l'ameublement et on décida de faire tisser à la manufacture des Gobelins des tapisseries d'après des sujets impériaux[97] : l'Empereur et sa famille, l'Empereur et ses chefs de corps, les Grands Hommes de l'Antiquité et les statues du musée dont le Laocoon. Le 11 mars 1806, l'empereur confia à l'architecte Jacques Gondouin la transformation du palais. Gondouin présenta deux projets[98] :
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216
+ En 1806 et 1807, les dépenses liées aux nouvelles guerres entraînèrent l'arrêt des travaux, ce qui permit à Guillaume Trepsat et Pierre Fontaine de proposer leurs propres projets très proches du premier projet de Jacques Gondouin[99]. Après une visite du château le 11 mars 1808, l'Empereur abandonna le projet de Jacques Gondouin et ordonna la consolidation des bâtiments et la remise en état immédiate des lambris, glaces et serrures[100].
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+ En 1810, après son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise, Napoléon Ier souhaita de nouveau s'installer dans un Versailles transformé ; il ordonna que des crédits spéciaux soient alloués et fit appel à Alexandre Dufour qui lança les premiers travaux très rapidement dont la remise en eau du Grand Canal[101]. Dufour souhaitait détruire la cour de marbre et de construire en avant une aile avec un pavillon central qui aurait abrité la salle du trône ; en pendant de la chapelle, il envisageait un théâtre qui en aurait repris le plan[102].
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+ En 1811, à la suite de la naissance du roi de Rome, Napoléon Ier songea un temps à faire de Versailles son palais impérial[90], voire un palais pour son fils, avant qu'il ne décide la construction du palais du Roi de Rome à Chaillot[93]. La maison des enfants de France devait s'installer dans l'aile du Midi, près de leur mère, Marie-Louise qui aurait logé dans les appartements de la Reine. Deux projets retinrent l'attention de Napoléon Ier :
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+ La fin précipitée du Premier Empire empêcha la réalisation de ces travaux et Versailles resta inutilisé jusqu’au retour de la monarchie, l'empereur séjournant néanmoins de façon régulière au Grand Trianon[93]. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon Ier rappela ses projets pour Versailles[104]. Il s'agissait de transformer en un palais digne de l'Empire qu'il entendait construire[105].
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+ Après la Restauration, Louis XVIII entreprend des travaux en vue de faire du château sa résidence d'été[90] pour six millions de francs[95] : néanmoins, conscient du risque couru à se réinstaller à Versailles, pour son image de souverain non-absolu, il recule, mais permet aux bâtiments une restauration bienvenue à la suite des déconvenues des deux dernières décennies[90], travaux que poursuit Charles X[90].
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+ En 1815, Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix devient gouverneur de la Maison royale de Versailles et de Trianon, lieutenant-général, marguillier d'honneur de la paroisse et secrétaire général du gouvernement de Versailles. À ce titre, il représente le roi à Versailles et a en plus le soin de tout ce qui regarde la fabrique et l'œuvre de la paroisse Saint-Louis. Auguste de Rambaud, fils de son amie Agathe de Rambaud, ancien commissaire des guerres, est son secrétaire intime.
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+ Philippe Louis Marc Antoine de Noailles meurt le 15 février 1819 à Paris. Son éloge est prononcé à la Chambre des pairs par Armand-Maximilien-François-Joseph-Olivier de Saint-Georges, marquis de Vérac, mari d'une de ses nièces, et son successeur dans le gouvernement de Versailles.
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+ Louis-Philippe Ier confie à son ministre Camille Bachasson, comte de Montalivet, la tâche de transformer le château en musée : c’est de cette époque que date la dédicace « À toutes les gloires de la France », présente sur les frontons de l'aile Gabriel et du pavillon Dufour.
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+ En 1833 Louis-Philippe Ier décide, pour sauver Versailles de la ruine, de le transformer en un musée de l'histoire de France célébrant les conquêtes militaires de l'Ancien Régime, de la Révolution française, de l'Empire et même de la Restauration[107]. Très attaché à ce projet destiné à marquer l'entreprise de réconciliation nationale (entre monarchie et république[108]) menée par la monarchie de Juillet, le roi surveille de très près l'exécution des travaux et les commandes des tableaux.
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234
+ La restauration du château est dirigée par l'architecte Pierre Fontaine. Les travaux, payés sur la cassette personnelle du roi, s'élèvent à plus de 23 millions de francs.
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+ Louis-Philippe fait également restaurer le Grand Trianon pour son usage personnel. En octobre 1837, il y célèbre le mariage de sa fille, la princesse Marie avec le duc de Wurtemberg.
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+ Installée dans l'aile du Midi à la place des appartements des princes (ceux-ci sont littéralement détruits[108]), la galerie des Batailles a été conçue personnellement par Louis-Philippe. Elle surprend par ses vastes dimensions (120 mètres de long sur 13 mètres de large). Elle est ornée de trente-deux tableaux de grandes dimensions célébrant les actions militaires glorieuses de l'histoire de France depuis la bataille de Tolbiac en 496 jusqu'à celle de Wagram en 1809. Le peintre le plus sollicité a été Horace Vernet.
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+ Le musée de l'histoire de France du château de Versailles, dédié « à toutes les Gloires de la France », est inauguré officiellement par Louis-Philippe le 10 juin 1837, dans le cadre des festivités qui marquent le mariage du prince royal avec la princesse Hélène de Mecklembourg. Il comprend notamment la salle des Croisades dont les frises portent les armes et les noms des chevaliers croisés, ouverte au public en 1843.
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+ Le musée rencontre un très grand succès. Victor Hugo commente :
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+ « Ce que Louis-Philippe a fait à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c'est avoir été grand comme roi et impartial comme un philosophe ; c'est avoir fait un monument national d'un monument monarchique ; c'est avoir mis une idée immense dans un immense édifice ; c'est avoir installé le présent dans le passé, 1789 vis-à-vis de 1688, l'empereur chez le roi, Napoléon chez Louis XIV ; en un mot, c'est avoir donné à ce livre magnifique qu'on appelle l'histoire de France cette magnifique reliure qu'on appelle Versailles[109]. »
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246
+ Les collections du musée, consacrées d'abord aux peintures (6 000) et aux sculptures (1 500), puis aussi au remeublement du château, comptaient environ 65 000 œuvres en 2014[110], dont 18 861 en ligne sur le site du château au 1er décembre 2017 (8 593 estampes, 3 689 peintures et miniatures, 1 577 objets d'art, 1 403 dessins et pastels, 1 178 meubles, etc.)[111]. À lui seul, le Cabinet des dessins et gravures comprend au total 90 pastels, environ 1 400 dessins et environ 28 000 gravures, soit près de 30 000 œuvres et le Cabinet des médailles en compte 2 600.
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248
+ Sous le Second Empire, on assiste seulement à la « mise en place d'une salle commémorant les victoires de Crimée et d'Italie. Toutefois Napoléon III s'attache à conserver le château et ses dehors dans les meilleures conditions possibles »[112][réf. non conforme]. En 1855, il dîne avec la reine Victoria dans la galerie des Glaces[113].
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250
+ L'impératrice Eugénie, qui vouait un culte à Marie-Antoinette[réf. nécessaire], fut à l'origine d'un regain d'intérêt pour le château de Versailles. C'est sous son influence que lors de l'Exposition universelle de 1867, des meubles prestigieux furent réintégrés dans le Patrimoine du château. Ainsi, le grand serre-bijoux de Schwerdfeger ou le bureau de Roentgen.
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252
+ La France est vaincue et le château devient le quartier général de l’armée prussienne lors du siège de Paris pendant la guerre de 1870. La galerie des Glaces sert d'hôpital[114], 400 lits sont installés dans le château et 1 000 pièces d'artillerie sur la place d'Armes[115]. Le roi et sa cour investissent Versailles le 5 octobre[115] ; ils fêtent Noël et le réveillon dans les appartements royaux, dînant de plats à base de salade de hareng[115]. Le Kronprinz royal prussien décore ses soldats sous la statue équestre de Louis XIV[115]. L’Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces le 18 janvier 1871, avec l'union décidée entre la confédération de l'Allemagne du Nord et les États du Sud sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck. Le roi de Prusse ne loge alors pas au château, mais à la préfecture[116]. Les troupes ne partent que le 6 mars, alors qu'Adolphe Thiers signe l'armistice.
253
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254
+ L'état de délabrement du château fait dire à Émile Zola en 1874 : « Quand l'homme ferme portes et fenêtres et qu'il part, c'est le sang de la maison qui s'en va. Elle se traîne des années au soleil, avec la face ravagée des moribondes ; puis, par une nuit d'hiver, vient un coup de vent qui l'emporte. C'est de cet abandon que meurt le château de Versailles. Il a été bâti trop vaste pour la vie que l'homme peut y mettre »[117].
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256
+ En 1871, la Commune de Paris amène le gouvernement français et son administration à s'établir à Versailles[116] et notamment à la préfecture[118]. On installe alors l'Assemblée nationale dans l'ancien Opéra royal, puis on regroupe les 23 000 prisonniers de la Commune dans l'orangerie. Quelques-uns sont exécutés dans le parc, au mur des Fédérés (à Satory)[116]. En 1875, les lois constitutionnelles organisent un Parlement bicaméral : le Sénat continue de siéger dans l'Opéra royal alors que la Chambre des députés se dote d'une nouvelle salle, la salle du Congrès, plus grand hémicycle parlementaire d'Europe[119] construit dans l'ancienne grande cour de l'aile du Midi.
257
+
258
+ En application de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris, les deux assemblées regagnent Paris en 1879, tout en conservant des locaux au sein du château jusqu'en 2005[116].
259
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260
+ Sous les IIIe, IVe et Ve Républiques, le château reste en effet le lieu de réunion du Congrès du Parlement, chargé d'élire le président de la République française jusqu'en 1962 et de réviser la Constitution[116].
261
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262
+ Pierre de Nolhac arrive au château de Versailles en 1887, en tant qu'attaché de conservation, puis est nommé conservateur du musée le 18 novembre 1892[120]. Entre-deux, le château et les jardins a été déserté pendant vingt ans, si bien qu'on en a même oublié le nom des bassins[116]. Dès son arrivée au château, il envisage de mettre en place de véritables galeries historiques, organisées de façon scientifique, par opposition à Louis-Philippe qui avait créé les premières galeries d'histoire dans une optique de glorification de l'histoire de France. Parallèlement, il entreprend de rendre au château son aspect antérieur à la Révolution. Pour atteindre ces deux buts, Nolhac supprime des salles, décroche des œuvres, remet au jour certains décors historiques, etc. Il raconte par exemple dans ses Mémoires : « la première salle sacrifiée fut celle des rois de France qui alignait sur la cour de Marbre les effigies imaginaires, ou authentiques, de nos rois depuis Clovis »[121].
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264
+ La révolution opérée par Nolhac donne une notoriété nouvelle au château. Des membres de la haute société et de la noblesse se pressent pour découvrir les nouveaux aménagements, tel le duc d'Aumale, l'ancienne impératrice Eugénie ou encore Marcel Proust[116]. Nolhac s'emploie également à faire venir des personnalités étrangères. Le 8 octobre 1896, le tsar Nicolas II et son épouse arrivent à Versailles[122]. Nolhac organise également des événements qui visent à faire connaître le château à des donateurs potentiels. Le propriétaire du journal New York Herald, Gordon Bennett, donne 25 000 francs permettant de restructurer les salles du XVIIIe siècle. Le développement des dons privés amène à la création de la Société des amis de Versailles, en juin 1907.
265
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266
+ À l'approche de la Première Guerre mondiale, Nolhac met en place différents dispositifs visant à protéger le château. Les tapisseries de l'Histoire du Roy sont mises en caisse. Les œuvres et les objets précieux sont stockés sous l'aile Gabriel et l'accès est muré[115]. Ces précautions ont été inutiles parce qu'aucune destruction n'a été à déplorer au cours du conflit.
267
+
268
+ En souvenir de l'humiliation subie par la France en 1871, le gouvernement français décide de faire signer dans la galerie des Glaces le traité de Versailles. Le 28 juin 1919 est signé ce traité de paix par David Lloyd George, Georges Clemenceau, et Thomas Woodrow Wilson aux côtés des représentants allemands. Ainsi la France récupère l'Alsace-Lorraine au même endroit où elle l'avait perdue. Le château et ses jardins demeurent néanmoins dans un piteux état[116].
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270
+ Le 3 juillet 1919, Nolhac quitte ses fonctions, après trente-deux ans consacrés à Versailles.
271
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272
+ L'effort de Nolhac pour sortir de l'oubli le château n'a pas permis d'établir un financement pérenne. Ainsi, au sortir du conflit, le château qui n'a pas été entretenu fait face à d'importantes difficultés financières. À la suite de sa visite en France, John Davison Rockefeller décide de financer la réhabilitation du château de Versailles, notamment le gros œuvre et les pièces d'eau, dans le parc[116]. Il effectue un premier versement en 1924, un second en 1927. La générosité de ce ressortissant américain incite le gouvernement français à allouer un budget de restauration annuel au château.
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+ À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, l'inspecteur général des Beaux-Arts Pierre Ladoué prend des dispositions pour protéger les œuvres (les boiseries sont déposées et les pièces majeures sont envoyées en Sarthe ; on mure les accès à la galerie des Glaces[123]). Le drapeau nazi flotte sur le château[116], mais lorsque les Allemands arrivent, il ne reste pour tout personnel que le conservateur en chef, son épouse, et un pompier handicapé[123]. Cette période est marquée par les images de soldats allemands visitant la galerie des Glaces, lieu de naissance de l'Empire allemand. En juillet 1941, Goebbels visite le château[124]. À la fin de la guerre, les œuvres sont raccrochées et des travaux de restauration commencent, notamment dans la chambre de la Reine. En septembre 1944, le quartier général allié s'installe à l'hôtel Trianon Palace tout proche. Fred Astaire danse pour les soldats américains devant le château (du côté des jardins), lesquels visitent aussi les bâtiments pour observer les toiles[123].
275
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+ Déjà, en 1951, le conservateur en chef, Charles Mauricheau-Beaupré alerte le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts, André Cornu, sur l'état de délabrement de Versailles : il pleut dans la galerie des Glaces, et les peintures sont menacées[125]. Après une visite d'une journée, le ministre chiffre les travaux de rénovation à environ 5 milliards de francs ; en février 1952, il sollicite, par voie radiophonique, l'aide des Français en leur faisant prendre conscience de l'état de l'ancien palais royal : « Vous dire que Versailles menace de ruine, c'est vous dire que la culture occidentale est sur le point de perdre un de ses plus nobles fleurons. Ce n'est pas seulement un chef-d'œuvre que l'art de la France doit craindre de voir disparaître, mais en chacun de nous une image de la France qu'aucune autre ne saurait remplacer »[125]. Aussitôt, plusieurs mécènes se font connaître : le gouverneur de la Banque de France (il donne dix millions de Francs), Georges Villiers (président du Conseil national du patronat français) ainsi que de nombreux artistes (les écrivains Roger Nimier et Jean Cocteau, les peintres Henri Matisse et Maurice Utrillo)[125], et surtout la population (enfants, soldats, etc.).
277
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278
+ Versailles a servi de palais national à la disposition de la présidence de la République. Il sert à accueillir des chefs d’État étrangers, comme John Kennedy en 1961[118], Élisabeth II en 1957[119] et 1972, le shah d’Iran en 1974, Mikhaïl Gorbatchev en 1985, Boris Eltsine en 1992 ou Vladimir Poutine en 2017. Pour cela, en 1959, le général de Gaulle réaménage le Grand Trianon, pour loger les chefs d'État étrangers et leur entourage[119] : une aile est par ailleurs réservée au président de la République française (avec « chambres, salons, cuisines, chapelle », etc.[119]) ; en 1999, ces pièces sont restituées au château. Le pavillon de la Lanterne est, lui, réservé au Premier ministre, jusqu'à 2007 où Nicolas Sarkozy en fait une résidence présidentielle secondaire[119].
279
+
280
+ Lieu symbolique, le château de Versailles est l’objet d’un attentat dans la nuit du 25 au 26 juin 1978[126]. La bombe à retardement posée par deux nationalistes bretons endommage une dizaine de salles dont la galerie des Batailles, faisant pour trois millions de francs de dégâts.
281
+
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+ En 1982, du 4 au 6 juin, il abrite le « sommet de Versailles », la 8e réunion du G7 avec les dirigeants des sept pays démocratiques les plus industrialisés.
283
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284
+ Le 28 avril 1995, par le décret no 95-463[127], le gouvernement a procédé à la création de l'Établissement public du musée et du domaine national de Versailles regroupant dans une structure unique le musée national du château de Versailles et le domaine national de Versailles. Ce nouveau statut confère à l'établissement public une autonomie de gestion financière et une personnalité juridique. En 2010, par le décret no 2010-1367[128], le nom de l'établissement public est modifié et devient Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Depuis 2001, le château fait partie du réseau des résidences royales européennes[129].
285
+
286
+ Dernières institutions publiques disposant de locaux au sein du château (environ 25 000 m2 de locaux principalement dans l’aile du Midi), en vertu de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris et de l’ordonnance no 58-1100 du 17 novembre 1958, l'Assemblée nationale et le Sénat acceptent en 2005, en adoptant une proposition de loi émise par Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée nationale, de « mettre à la disposition du public les locaux dits du Congrès, au château de Versailles »[130]. Toutefois, en adoptant un amendement, le Sénat a refusé la restitution de la salle des séances du Congrès, considérée comme un « lieu de mémoire de l’histoire parlementaire de notre pays ».
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+
288
+ Depuis septembre 2005, l'établissement public de Versailles a lancé le projet « Grand Versailles numérique » qui consiste à faire de Versailles le laboratoire du numérique culturel. L'objectif de ce programme, soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication, est d'imaginer, tester et déployer des outils numériques d'enrichissement de la visite réelle ou virtuelle du château et du domaine. Les premières expérimentations numériques ont été lancées en juin 2006.
289
+
290
+ Le 23 février 2016 est inauguré le pavillon Dufour, entièrement modifié par l'architecte Dominique Perrault avec un espace d'accueil (consigne, audioguide, toilettes). Avant, il abritait plusieurs services du château (conservation, communication, présidence…) qui ont déménagé en 2014 dans le Grand Commun[131].
291
+
292
+ Le château de Versailles témoigne de l'art français aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour cela, le château ainsi que le domaine font l'objet de plusieurs protections au titre des monuments historiques[132]. Après une première mention sur la liste des monuments historiques de 1862, un arrêté détaillé est pris le 31 octobre 1906. Il concerne le palais et ses dépendances, le petit parc et ses dépendances, le Grand et le Petit Trianon avec leurs parcs respectifs et dépendances (dont la ferme de Gally), ainsi que le grand parc[132]. Un périmètre de protection étendu, en lieu et place des 500 mètres habituellement créés autour des monuments historiques est créé par décret du 15 octobre 1964. Il concerne une zone de cinq kilomètres de rayon autour de la Chambre du Roi[132] et d'un quadrilatère dans le prolongement du grand canal, de six kilomètres de long et de 2 à 3,5 kilomètres de large suivant les endroits[132]. L'ensemble du domaine est inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial établie par l'UNESCO[133].
293
+
294
+ En septembre 2016, la presse évoque l'hypothèse selon laquelle 4 lots de mobilier présents dans le château sont des faux[134],[135]. Ces copies avait été acquises entre 2008 et 2012 pour 2,7 millions d'euros[136].
295
+
296
+ Le château proprement dit comprend un corps central dans lequel sont situés les Grands Appartements. Ce corps central relie l'aide nord à l'aile sud, délimitant plusieurs cours ouvertes ou fermées.
297
+
298
+ Le château est situé face à la ville, à la convergence du trident formé par l'avenue de Saint-Cloud, l'avenue de Paris et l'avenue de Sceaux. Il est organisé autour de trois cours ouvertes imbriquées qui donnent sur la place d'Armes, où se trouve depuis 2009 la statue équestre de Louis XIV. Chaque cour se distingue des autres par une rupture, coïncidant avec le degré d'approche du château. De la place d'Armes, on franchit la grille d'honneur pour accéder à la plus grande des cours, la cour d'honneur. Vient ensuite la grille royale, entièrement dorée, fermant l'accès à la cour royale. Tout au fond de la cour royale, surélevée de cinq marches, se trouve la cour de Marbre, pavée de marbre noir et blanc.
299
+
300
+ Le corps central présente la forme d'un U encadrant la cour de Marbre, sur un rez-de-chaussée et deux étages. Chaque branche comprend plusieurs cours intérieures : petite cour du Roi et cour des Cerfs dans la partie nord, cour du Dauphin et cour de la reine dans la partie sud.
301
+
302
+ Le rez-de-chaussée abrite des appartements princiers réservés à la famille royale au XVIIIe siècle, avec du nord au sud[137] :
303
+
304
+ Au premier étage, le corps central comprend le Grand Appartement du Roi au nord, la galerie des Glaces à l'ouest côté jardin et le Grand Appartement de la Reine au sud[138] :
305
+
306
+ Le petit appartement du roi et les cabinets intérieurs de la Reine se poursuivent au deuxième étage[139].
307
+
308
+ L'appartement de madame du Barry et l'appartement du marquis de Maurepas sont situés au-dessus de l'appartement intérieur du roi.
309
+ Celui de la marquise de Pompadour surplombe en attique le Grand Appartement du Roi.
310
+
311
+ Au pied du château se trouvent les parterres d'Eau, du Nord et du Midi sous lequel se trouve l'orangerie.
312
+
313
+ Dans l'axe de la grande perspective qui part du parterre d'Eau, se trouvent le parterre de Latone et le Tapis vert qui ouvrent sur le Grand Canal.
314
+
315
+ Les bosquets principaux[140] sont : le bosquet des Bains d'Apollon, le bosquet de la Colonnade, le bosquet des Dômes et celui des Rocailles.
316
+
317
+ Les jardins accueillent les grandes eaux musicales et nocturnes organisées par Château de Versailles Spectacles, d’avril à octobre[141].
318
+
319
+ Six structures subsidiaires sont situées aux alentours du château de Versailles comptent dans l’histoire et dans l’évolution du château : la Ménagerie, le Trianon de porcelaine, le Grand Trianon — dit également Trianon de Marbre, le Petit Trianon, le hameau de la Reine et le pavillon de la Lanterne.
320
+
321
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322
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323
+ Compte tenu de sa place dans l'histoire de France, le château a également marqué la littérature française : par exemple avec L'Allée du Roi de Françoise Chandernagor, la série des Angélique de Anne et Serge Golon. L'intrigue des romans d'Annie Jay s'y déroule au temps de Louis XIV.
324
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325
+ Le domaine est le cadre de nombreux films, et ce dès le début du XXe siècle[148]. Certains films ont marqué le château.
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327
+ En 1954, Sacha Guitry réalise Si Versailles m'était conté..., qui retrace l'histoire du château de Versailles au travers de quelques épisodes et portraits des personnalités qui y ont vécu.
328
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329
+ En 2006, Sofia Coppola réalise Marie-Antoinette, qui reçoit l'Oscar des meilleurs costumes.
330
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331
+ En 2012 Benoît Jacquot réalise Les Adieux à la reine tiré du livre éponyme de Chantal Thomas.
332
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333
+ En 2014, Alan Rickman réalise Les Jardins du roi, qui met en scène la construction des jardins de Versailles.
334
+
335
+ En 2015, Canal+ sort la série franco-canadienne de fiction historique Versailles, qui met en scène les premières années au trône de Louis XIV ainsi que ses relations au sein de la cour.
336
+
337
+ Le film fantastique The King's Daughter de Sean McNamara, prévu pour 2018, y a été tourné.
338
+
339
+ Le château fut représenté en 1979 dans la série animée Lady Oscar, créée d'après le manga shōjo de Riyoko Ikeda La Rose de Versailles paru en 1972.
340
+
341
+ « Le 8 avril 1632, fut présent l’illustrissime et révérendissime Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, seigneur de Versailles, reconnoît avoir vendu, cédé et transporté... à Louis XIII, acceptant pour Sa Majesté, messire Charles de L'Aubespine, garde des sceaux et chancelier des ordres du roi, et messire Antoine Rusé, marquis d'Effiat, surintendant des finances, etc., la terre et seigneurie de Versailles, consistant en vieil château en ruine et une ferme de plusieurs édifices ; consistant ladite ferme en terres labourables, en prés, bois, châtaigneraies, étangs et autres dépendances ; haute, moyenne et basse justice... avec l'annexe de la grange Lessart, appartenances et dépendances d’icelle, sans aucune chose excepter, retenir, ni réserver par ledit sieur archevêque, de ce qu'il a possédé audit lieu de Versailles, et pour d'icelle terre et seigneurie de Versailles, et annexe de la grange Lessart, jouir par Sadite Majesté et ses successeurs rois, comme de choses appartenantes. Cette vente, cession et transport faits, aux charges et devoirs féodaux seulement, moyennant la somme de soixante-mille livres tournois, que ledit sieur archevêque reconnoît avoir reçues de Sadite Majesté, par les mains de..., en pièces de seize sous, de laquelle somme il se tient content, en quitte Sadite Majesté et tout autre, etc. »
342
+
343
+ — Jacques-François Blondel, Architecture françoise, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels & édifices les plus considérables de Paris., t. 4, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752-1756, p. 93.
344
+
345
+ Sur le château
346
+
347
+ Sur les parcs et jardins de Versailles
348
+
349
+ Sur les Trianons
350
+
351
+ Sur les communs
352
+
353
+ Musée
354
+
355
+ Divers
356
+
357
+ Châteaux et palais contemporains
358
+
359
+ Ville de Versailles
360
+
361
+ Architectes
362
+
363
+
364
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+ Felis silvestris catus
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+ Sous-espèce
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+
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+ Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
8
+
9
+ Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
10
+
11
+ Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
12
+
13
+ Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
14
+
15
+ Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
16
+
17
+ Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
18
+
19
+ On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
20
+
21
+ Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
22
+
23
+ En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
24
+
25
+ L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
26
+
27
+ Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
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+
29
+ La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
30
+
31
+ Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
32
+
33
+ Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
34
+
35
+ Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
36
+
37
+ Coussinet d'un chat.
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+
39
+ Griffe avec le nerf visible.
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+
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+ Thermographie infrarouge du chat.
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+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
45
+ Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
46
+
47
+ Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
48
+
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+ La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
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+
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+ Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
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+ Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
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+ La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
56
+
57
+ La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
58
+
59
+ En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
60
+
61
+ Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
62
+
63
+ L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
64
+ Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
65
+
66
+ Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
67
+
68
+ Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
69
+
70
+ L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
71
+
72
+ Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
73
+
74
+ Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
75
+
76
+ Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
77
+
78
+ En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
79
+
80
+ Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
81
+
82
+ Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
83
+
84
+ Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
85
+
86
+ Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
87
+
88
+ Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
89
+
90
+ La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
91
+
92
+ Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
93
+
94
+ Chat soumis à un autre.
95
+
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+ Chat se hérissant et courbant le dos.
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+ Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
101
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102
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103
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104
+ Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
105
+
106
+ Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
107
+
108
+ Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
109
+
110
+ En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
111
+
112
+ D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
113
+
114
+ Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
115
+
116
+ Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
117
+
118
+ Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
119
+
120
+ Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
121
+
122
+ Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
123
+
124
+ Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
125
+
126
+ La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
127
+
128
+ L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
129
+
130
+ Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
131
+
132
+ La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
133
+
134
+ L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
135
+
136
+ Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
137
+
138
+ Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
139
+
140
+ Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
141
+
142
+ Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
143
+
144
+ Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
145
+
146
+ Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
147
+
148
+ Approche.
149
+
150
+ Chat ayant capturé un oiseau.
151
+
152
+ Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
155
+
156
+ L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
157
+ C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
158
+ La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
159
+
160
+ Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
161
+
162
+ On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
163
+
164
+ Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
165
+
166
+ S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
167
+
168
+ En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
169
+
170
+ Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
171
+
172
+ Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
173
+
174
+ La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
175
+
176
+ Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
177
+
178
+ Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
179
+
180
+ La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
181
+
182
+ Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
183
+
184
+ Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
185
+
186
+ Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
187
+
188
+ Chatte et sa portée.
189
+
190
+ Chaton âgé de trois heures.
191
+
192
+ Chaton âgé d’un mois.
193
+
194
+ Chaton âgé de six semaines.
195
+
196
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
197
+
198
+ La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
199
+
200
+ Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
201
+
202
+ Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
203
+
204
+ Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
205
+
206
+ Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
207
+
208
+ Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
209
+
210
+ Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
211
+
212
+ Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
213
+
214
+ D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
215
+
216
+ Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
217
+ En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
218
+
219
+ Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
220
+ On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
221
+ À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
222
+
223
+ Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
224
+
225
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
226
+
227
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
228
+
229
+ Divagations de l’animal :
230
+ « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
231
+
232
+ En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
233
+
234
+ Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
235
+
236
+ Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
237
+ Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
238
+
239
+ La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
240
+
241
+ En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
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+ Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
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+ Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
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+ Felis silvestris ornata - Chat orné
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+ Felis silvestris bieti - Chat de Biet
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+ Felis silvestris lybica - Chat ganté
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+ Felis silvestris catus - Chat domestique
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+ Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
256
+
257
+ L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
258
+
259
+ Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
260
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+ L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
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+ Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
264
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+ En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
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+ Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
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+ En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
270
+
271
+ Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
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+ Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
274
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275
+ Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
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+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
278
+
279
+ Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
280
+
281
+ La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
282
+
283
+ Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
284
+
285
+ Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
286
+
287
+ Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
288
+
289
+ Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
290
+
291
+ Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
292
+
293
+ En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
294
+
295
+ Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
296
+
297
+ En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
298
+
299
+ Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
300
+
301
+ Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
302
+
303
+ Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
304
+
305
+ L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
306
+
307
+ Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
308
+
309
+ Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
310
+
311
+ S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
312
+
313
+ Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
314
+
315
+ Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
316
+
317
+ Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
318
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319
+ Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
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321
+ Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
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+ Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
323
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+ Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
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326
+ Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
327
+
328
+ De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
329
+
330
+ En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
331
+
332
+ Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
333
+
334
+ Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
335
+
336
+ Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
337
+
338
+ Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
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340
+ Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
341
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342
+ Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
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344
+ D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
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346
+ L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
347
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348
+ Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
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350
+ Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
351
+
352
+ La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
353
+
354
+ En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
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356
+ Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
357
+
358
+ En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
359
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360
+ Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
361
+
362
+ Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
363
+
364
+ Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
365
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366
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
367
+
368
+ D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
369
+
370
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
371
+
372
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
373
+
374
+ Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
375
+
376
+ Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
377
+
378
+ Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
379
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380
+ Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
381
+
382
+ Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
383
+
384
+ En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
385
+
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+ Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
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+ La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
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+ Dans la mythologie grecque, l'épisode du cheval de Troie est un événement décisif de la guerre de Troie.
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+ À l'initiative d'Ulysse, des guerriers grecs réussissent à pénétrer dans Troie, assiégée en vain depuis dix ans, en se cachant dans un grand cheval de bois, harnaché d'or[1], offert aux Troyens. Cette ruse de guerre entraîne la chute de la ville et permet le dénouement de la guerre.
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5
+ L'épisode du cheval de Troie est brièvement relaté pour la première fois par Homère dans l’Odyssée, son Iliade arrêtant la narration de la guerre de Troie aux funérailles d'Hector[2],[3]. Tout d'abord, au chant IV (251-290) :
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+ « (...) Dans le cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d'Argos. Mais, alors tu survins, Hélène ! en cet endroit, quelque dieu t'amenait pour fournir aux Troyens une chance de gloire ; sur tes pas, Déiphobe allait, beau comme un dieu, et, par trois fois, tu fis le tour de la machine ; tu tapais sur le creux, appelant nom par nom les chefs des Danaens, imitant pour chacun la voix de son épouse[4] »
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+ — Odyssée, édition de la Bibliothèque de la Pléiade, 1955.
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+ Puis Ulysse, hôte anonyme d'Alcinoos, demande à l'aède Démodocos de chanter (VIII, 492-495)
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+ « (...) l'histoire du chevalqu'Épéios, assisté d'Athéna, construisit,et traquenard qu'Ulysse conduisit à l'acropolesurchargé de soldats qui allaient piller Troie[5]. »
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+ — L'Odyssée d'Homère, traduction de Leconte de Lisle (1998).
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+ Homère résume ensuite sur une vingtaine de vers le récit de Démodocos.
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+ D'autre part, Virgile, qui a contribué à la popularité de l'épisode, en a fait l'objet de tout le livre II de l’Énéide, sous la forme d'un récit fait par Énée à Didon, reine de Carthage.
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+
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+ Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l'idée d'une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l'enceinte de la cité, franchit donc les portes Scées[a], les Troyens font alors une grande fête.
22
+
23
+ Lorsque les habitants de Troie sont pris par la torpeur de l'alcool, la nuit, les Grecs sortent du cheval et ouvrent alors les portes, permettant au reste de l'armée d'entrer et de piller la ville. Tous les hommes sont tués, les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une éventuelle vengeance.
24
+
25
+ Dans l'épisode du cheval de Troie, Ulysse, personnage devenu célèbre pour sa mètis (« intelligence rusée »), rend un conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. Ici, il s'agit en fait d'une ruse. Elle se distingue de la tricherie mais aussi du délit (ou du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société ou des accords internationaux. En l'espèce de l'art de la guerre chez les Grecs, il s'agit plus particulièrement d'une ruse de guerre.
26
+
27
+ Selon les Histoires incroyables de Paléphatos de Samos, les Grecs construisirent un cheval de bois d'après la dimension des portes : moins large afin de pouvoir être tiré à l'intérieur, mais plus haut. Les chefs se tenaient dans une vallée boisée, près de la cité — lieu baptisé « Creux de l'embuscade ». Sinon, venu du camp argien comme un déserteur, leur annonce que, s'ils se refusent à faire entrer le cheval dans la ville, alors les Achéens reviendront combattre. En entendant cela, les Troyens abattent les portes et introduisent l'animal de bois dans la cité. Pendant qu'ils festoient, les Grecs les assaillent, à travers la brèche qui avait été pratiquée dans les remparts, et c'est ainsi qu'Ilion aurait été prise.
28
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29
+ Certains auteurs ont suggéré que le cadeau n'était pas un cheval cachant des guerriers dans ses flancs, mais un bateau porteur d'une ambassade de paix, offre que les Troyens trop peu méfiants ou trop heureux de faire la paix auraient imprudemment acceptée[6]. Après la fête, les Troyens découvrent la sinistre réalité.
30
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+ À l'appui de cette interprétation, on remarquera que :
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33
+ De nombreuses interprétations sont proposées par des chercheurs : ex-voto équestre (symbole des forces souterraines) offert par les Achéens au dieu Poséidon Hippios pour le remercier d'avoir facilité la destruction de Troie par un tremblement de terre[9]. Selon l'historien Alexandre Tourraix, « cette hypothèse consiste à établir un rapport immotivé entre un fait probable, la destruction de Troie VI par un tremblement de terre, un mythème transmis par l'épopée et les mythographes, le stratagème du cheval de bois, et les liens bien connus de Poséidon, "l'Ébranleur du sol", avec le cheval[10] ».
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+ Selon une autre hypothèse, le cheval de Troie serait en fait une machine de guerre dont on a perdu la mémoire, tels les engins de siège comme le bélier souvent décrits en terme zoomorphes[11].
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+ L'analyse du site archéologique découvert près d'Hisarlık, ne plaide pas en faveur de ces hypothèses. Les remparts inclinés et l'absence de recul devant les portes ne sont pas favorables à l'idée d'un cheval contenant un bélier ou permettant aux combattants de se hisser au-dessus des remparts. Par ailleurs, des pointes de flèches achéennes ont été mis au jour dans l'enceinte fortifiée. Dans un film documentaire de 2014, une équipe de chercheurs et d'experts militaires conforte l'idée d'un cheval offrande contenant de l'ordre de 9 combattants (contre 30 selon Quintus Smyrnaeus) chargés d'ouvrir les portes de la cité au retour des troupes grecques[12].
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+ En informatique, un cheval de Troie désigne un type de programme informatique malveillant, invasif et parfois destructeur. Il est souvent porté :
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+ Le chocolat [ ʃɔkɔla], terme d'origine mésoaméricaine[1], est un aliment plus ou moins sucré produit à partir de la fève de cacao. Celle-ci est fermentée, torréfiée, broyée jusqu'à former une pâte de cacao liquide dont est extraite la matière grasse appelée beurre de cacao. Le chocolat est constitué du mélange, dans des proportions variables, de pâte de cacao, de beurre de cacao et de sucre ; auxquels sont ajoutées éventuellement des épices, comme la vanille, ou des matières grasses végétales.
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+ Consommé initialement sous forme de xocoatl (boisson épicée) au Mexique et en Amérique centrale, le chocolat se démocratise avec la révolution industrielle.
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+
7
+ Au XVIe siècle, il est consommé sous forme solide (chocolat noir ou au lait) ou liquide (chocolat chaud). Le chocolat se retrouve dans de nombreux desserts tels que les confiseries, biscuits, gâteaux, crèmes glacées, tartes, boissons.
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+
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+ Offrir du chocolat, moulé de différentes manières, est devenu traditionnel lors de certaines festivités : œufs, lapins, poules, cloches, et petites figurines de poissons ou fruits de mer à Pâques, pièces de monnaie pour Hanoucca, truffes pour Noël, cœurs pour la Saint-Valentin, ou les traditionnelles marmites de la fête de l'Escalade en Suisse dans le canton de Genève.
10
+
11
+ Le substantif masculin chocolat est un emprunt[2],[3],[4] à l'espagnol chocolate[2],[3],[4],[5], substantif masculin[6] attesté vers 1580 chez Francisco Hernández[3] et lui-même emprunté[3],[4] au nahuatl[2],[3],[5] xocolatl[3],[7],[8], qui est une combinaison des mots xocolli (signifiant « acide »[8],[9] ou «amer»[10]) et atl (qui veut dire « eau »)[8],[9],[10].
12
+
13
+ Les Aztèques associaient le chocolat avec Xochiquetzal, la déesse de la fertilité. Les Mayas l'associaient aussi à leur dieu de la fertilité
14
+ (voir la section Effets non prouvés).
15
+
16
+ Le philologue mexicain Ignacio Davila Garibi suggère que les Espagnols ont inventé ce mot en associant le terme chocol et en remplaçant le mot maya haa (signifiant eau) par le terme nahuatl atl[11]. Cependant, il semble plus probable que les Aztèques eux-mêmes inventèrent le mot[12], ayant adopté depuis longtemps en nahuatl le mot maya pour la fève de cacao. En effet, les Espagnols eurent peu de contact avec les Mayas avant que Cortés rapporte au roi d'Espagne une boisson chocolatée connue sous le nom de xocolatl[13]. Wiliam Bright relève que le mot xocoatl n'apparaît pas au début de la langue espagnole ou dans les sources coloniales Nahuatl[14].Le verbe maya chokola'j , qui signifie « boire du chocolat ensemble », a aussi été proposé comme origine possible[15].
17
+
18
+ Dans une étude controversée, les linguistes Karen Dakin et Søren Wichmann remarquent que dans de nombreux dialectes nahuatl, le nom est plutôt chicolatl que chocolatl. De plus, de nombreuses langues parlées au Mexique (telles que le popoluca, le mixtèque, le zapotèque) et même aux Philippines, ont emprunté cette version du mot. Le mot chicol-li fait référence à des ustensiles de cuisine (toujours utilisés dans certaines régions). Depuis que le chocolat a été servi, à l'origine dans des cérémonies, avec des fouets individuels, Dakin et Wichmann considèrent qu'il semble assez probable que la forme d'origine du mot était chicolatl, ce qui pourrait signifier « boisson battue ». Dans plusieurs régions du Mexique, en effet chicolear signifie « battre, remuer »[16].
19
+
20
+ Le livre de la Genèse Maya, le Popol Vuh, attribue la découverte du chocolat aux dieux. Dans la légende, la tête du héros Hun Hunaphu, décapité par les seigneurs de Xibalba, est pendue à un arbre mort qui donna miraculeusement des fruits en forme de calebasse appelés cabosses de cacao. La tête crache dans la main d'une jeune fille de Xibalba, l'inframonde maya, assurant ainsi sa fécondation magique. C'est pourquoi le peuple maya se sert du chocolat comme préliminaires au mariage. Le cacao permet aussi de purifier les jeunes enfants mayas lors d'une cérémonie. De même, le défunt est accompagné de cacao pour son voyage vers l'au-delà[A 1].
21
+
22
+ Originaire des plaines tropicales d'Amérique du Sud et centrale, le cacaoyer, produisant les fèves de cacao, est cultivé depuis au moins trois millénaires dans cette région et dans l'actuel Mexique.
23
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24
+ En novembre 2007, des archéologues affirment avoir trouvé la plus ancienne preuve de l'utilisation des fèves, la situant entre 1100 et 1400 av. J.-C.[17] : l'analyse chimique de résidus de récipients trouvés sur le site de fouilles de Puerto Escondido (Honduras) indique qu'à cette époque, le mucilage entourant les fèves servait à la fabrication d'une boisson fermentée. L'invention de la boisson chocolatée non alcoolisée fabriquée par la majorité des peuples mésoaméricains (y compris mayas et aztèques) fut postérieure ; cette boisson était vraisemblablement d'abord utilisée à des fins thérapeutiques ou lors de certains rituels[réf. nécessaire].
25
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26
+ Le chocolat est un produit de luxe dans toute la Mésoamérique durant la civilisation précolombienne et les fèves de cacao sont souvent utilisées comme monnaie d'échange[18] pour faire du troc, payer des impôts et acheter des esclaves et ce, dès 1000 av. J.-C.. Par exemple, un Zontli est égal à 400 fèves, tandis que 8 000 fèves sont égales à un Xiquipilli. Dans les hiéroglyphes mexicains, un panier contenant 8 000 fèves symbolise le nombre 8 000[19]. Plus tard, en 1576, il faut 1 200 fèves pour obtenir un peso mexicain[20]. Les Aztèques utilisent un système dans lequel une dinde coûte cent fèves de cacao et un avocat frais trois fèves[21].
27
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28
+ Les Mayas cultivent des cacaoyers[22] et utilisaient les fèves de cacao pour fabriquer une boisson chaude, mousseuse et amère[23], souvent aromatisée avec de la vanille, du piment et du roucou[24] nommée xocoatl. Une tombe maya du début de la période classique (460-480 av. J.-C.), retrouvée sur le site de Rio Azul (au Guatemala), contenait des récipients sur lesquels est représenté le caractère maya symbolisant le cacao et comportant des restes de boisson chocolatée[24]. Une poterie contenant des traces de cacao fut découverte au Belize, ce qui confirme l'existence d'une consommation de chocolat au VIe siècle[A 2]. Des documents rédigés en caractères Maya attestent que le chocolat est utilisé aussi bien pour des cérémonies que pour la vie quotidienne[25].
29
+
30
+ Les mayas n'utilisaient pas de monnaie métallique. Quand ils ne troquaient pas le tabac, le maïs et les vêtements, ils ont utilisé le tissus, des pierres vertes, et la fève fermentée séchée du cacao comme monnaie[26]. Certains se demandent même si la perte de cette ressource lors d'une grande période de sécheresse n'a pas joué un rôle dans la chute de la civilisation maya. Les comptes des colons espagnols du XVIe siècle montrent que les colons ont eux-mêmes payé des travailleurs mayas avec des fèves de cacao[26]. Et des documents plus anciens (codex et œuvres d'art mayas produits de l'an 250 à environ 900 le confirment pour la période précédent l'arrivée des colonisateurs. Le chocolat semble peu présent dans l'art maya primitif mais il le devient au VIIIe siècle de notre ère[26]. C'est alors un moyen de paiement et pas seulement un objet de troc (ainsi les palais en accumulent plus que pour leurs besoins, ce qui laisse supposer qu'ils s'en servent ensuite comme d'une monnaie pour acheter des biens et services). Environ 180 scènes peintes sur des céramiques et des fresques ont été retrouvées entre environ l'an 690 et 900 décrivant des marchandises livrées aux chefs mayas comme un hommage, paiement ou taxe, bien plus souvent que pour le tabac et le maïs[26]. ; sont souvent figurés des sacs étiquetés avec la quantité de fèves de cacao séchées qu'ils contiennent précise un article de Economic Anthropology (2018)[27]
31
+
32
+ Les Aztèques associent le chocolat avec Xochiquetzal, la déesse de la fertilité. Ils pensent que le Xocoatl permet de lutter contre la fatigue et cette croyance découle probablement de la teneur en théobromine du produit. Le roi et les notables accompagnent leur viande de mole poblano, première recette salée associant le cacao comme épice, et consomment à la fin des repas ce xocoatl en tant que boisson froide[28].
33
+
34
+ D'autres boissons et préparations chocolatées l'associent avec des aliments tels que le gruau de maïs (qui joue le rôle d'émulsifiant), ainsi le peuple épice son atole avec des fèves de cacao pour consommer une sorte de purée, le champurrado, ou l'iztac ātōlli à base de jus d'agave fermenté[A 3].
35
+
36
+ Durant plusieurs siècles, en Europe et en Amérique du Sud, on utilise les fèves de cacao pour soigner la diarrhée[29] (voir la section Autres bénéfices).
37
+
38
+ Tous les territoires conquis par les Aztèques où poussent des cacaoyers doivent leur verser les fèves de cacao comme taxe, ou, comme les Aztèques eux-mêmes le considéraient, comme un tribut[30].
39
+
40
+ Originaire d'Amérique, le cacaoyer est donc inconnu ailleurs dans le monde jusqu'au XVIe siècle[31].
41
+
42
+ En 1494, Christophe Colomb jette par-dessus bord les fèves qu'il avait reçues des Amérindiens. Il les aurait prises pour des crottes de chèvre[32]. C'est donc plus tard, en juillet 1502 sur l'île de Guanaja, qu'il découvre pour la première fois la boisson chocolatée[33].
43
+
44
+ José de Acosta, un missionnaire jésuite espagnol qui vécut au Pérou puis au Mexique à la fin du XVIe siècle, écrit[34] :
45
+
46
+ « Détestable pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'en consommer, tout en ayant une mousse ou une écume qui a très mauvais goût. Oui, c'est une boisson très estimée parmi les Indiens, dont ils régalent les nobles qui traversent leur pays. Les Espagnols, hommes et femmes, qui sont habitués au pays, sont très friands de ce chocolat. Ils disent qu'ils en font différents types, certains chauds, certains froids, certains tempérés, et mettent dedans beaucoup de ce « piment » ; ils en font une pâte, laquelle, disent-ils, est bonne pour l'estomac et pour lutter contre le rhume. »
47
+
48
+ Les colons espagnols n'apprécient cette boisson amère aux épices piquantes que lorsque les religieuses d’Oaxaca l'édulcorent et l'aromatisent avec du miel, du sucre de canne, du musc et de l’eau de fleur d'oranger[35].
49
+
50
+ Ce n'est qu'à partir de la conquête des Aztèques par les Espagnols que le chocolat est importé en Europe où il devient rapidement très prisé à la cour d'Espagne[31]. Hernán Cortés découvre le breuvage chocolaté en 1519. Il est le premier (en 1528) à en rapporter en Europe, à ses maîtres d'Espagne : mais ce n'est qu'en 1534 que cette boisson amère, écumeuse et poivrée retient l'attention lorsqu'on y ajouta de la vanille et du miel suivant une élaboration préparée à l'Abbaye de Piedra[36]. Dès le XVIIe siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l'aristocratie et du clergé espagnol. Son commerce s'étend alors aux autres colonies espagnoles comme les Pays-Bas espagnols.
51
+
52
+ La première expédition commerciale pour l'Europe (entre Veracruz et Séville) daterait de 1585. Le chocolat est alors toujours servi comme boisson, mais les Européens ajoutent du sucre et du lait pour neutraliser l'amertume naturelle ; ils remplacent le piment par de la vanille.
53
+
54
+ Pour faire face à la forte demande pour cette nouvelle boisson, les armées espagnoles commencent à réduire en esclavage les Mésoaméricains pour produire le cacao[37], une activité économique à part entière se développe. Cependant ce produit d'importation reste très cher, seuls les membres de la famille royale et les initiés peuvent en boire[38].
55
+
56
+ En parallèle, dans le nouveau monde, la consommation de cacao est très répandue chez les missionnaires et conquistadores. Deux développements permettent de réduire encore le prix : la généralisation de la culture dans les colonies de la canne à sucre et l'utilisation de main-d'œuvre africaine dans ces exploitations[39].
57
+
58
+ À la même époque, la situation est différente en Angleterre où n'importe qui, avec suffisamment d'argent, peut en acheter[40]. À Londres, la première chocolaterie ouvre en 1657[32],[40]. En 1689, l'éminent médecin et collectionneur Hans Sloane développe une boisson lactée au chocolat en Jamaïque qui est dans un premier temps utilisée par les apothicaires, mais vendue plus tard aux frères Cadbury[41].
59
+
60
+ La boisson reçoit un encouragement officiel en France par les reines françaises, infantes d'Espagne, Anne d'Autriche et Marie-Thérèse d'Autriche ou par les médecins qui après avoir jugé la boisson néfaste, en vantent les bienfaits, tel Nicolas de Blégny qui rédige en 1662 Le bon usage du thé, du café et du chocolat pour la preservation & pour la guérison des maladies[42]. La France découvre en 1615 le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage d'Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe III avec le roi de France Louis XIII[32]. Mais c'est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles, la reine se faisant préparer par ses servantes le chocolat « à l'espagnole »[A 4]. La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu’« il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d'un coup une fièvre continue »[A 5]. Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café. Seule la cour du roi avait accès à cette boisson[A 5].
61
+
62
+ Comme pour les boissons exotiques que sont le thé ou le café, l'Église se pose la question de savoir s'il s'agit d'un aliment ou d'une source de plaisir. En 1662, la sentence du cardinal Francisco Maria Brancaccio Liquidum non frangit jejunum (la « boisson — y compris le chocolat — ne rompt pas le jeûne ») tranche les débats théologiques : le chocolat est déclaré maigre, pouvant même être consommé pendant le Carême[43].
63
+
64
+ Durant plusieurs siècles, le mode de fabrication du chocolat reste inchangé. Dans les années 1700, les moulins mécaniques servent à extraire le beurre de cacao ce qui aide à créer du chocolat qui reste dur[44]. Il faut attendre l'arrivée de la révolution industrielle pour que ces moulins soient utilisés à plus grande échelle. Après que la révolution s'est essoufflée, peu à peu, des entreprises promeuvent cette nouvelle invention pour vendre le chocolat sous les formes que l'on connaît aujourd'hui[45].
65
+
66
+ Lorsque les nouvelles machines sont produites, la population commence à tester et consommer du chocolat partout dans le monde[46].
67
+
68
+ À Bristol, en 1780, Joseph Storrs Fry père ouvre une manufacture de pâte de chocolat : J.S.Fry & Sons. L'essentiel de sa production est vendu aux drogueries et aux pharmacies de la ville. En 1795, son fils (Joseph Storrs II Fry) se met à utiliser une machine à vapeur pour broyer les fèves de cacao. Cela permet de produire en grande quantité la pâte de chocolat pour fabriquer des boissons chocolatées, des pastilles, des gâteaux, des bonbons ainsi que des préparations médicales. En plus d'être vendu aux apothicaires et aux pharmaciens, le chocolat de la manufacture Fry approvisionne les confiseurs, les gérants de chocolate house et les cuisiniers réputés[32].
69
+
70
+ Au début du XIXe siècle, les premières fabriques de chocolat apparaissent en Europe ; avec les futurs grands noms de ce qui va devenir, au milieu du siècle, l'industrie chocolatière[A 6]. Le chocolat est de moins en moins consommé pour ses vertus médicinales supposées, et de plus en plus par plaisir[32]. Les manufactures de chocolat se multiplient[32], puis les chocolateries industrielles, principalement en France, en Suisse et aux Pays-Bas[A 6].
71
+
72
+ Une usine de fabrication de chocolat est ouverte aux États-Unis en 1780, par un apothicaire nommé James Baker[32]. La première fabrique suisse de chocolat est créée par François-Louis Cailler en 1819[32]. Il est suivi six ans plus tard par Philippe Suchard, puis par Charles-Amédée Kohler en 1830[32]. La première fabrique de France est fondée par le chocolatier Jules Pares, en 1814, près de Perpignan (dans les Pyrénées-Orientales)[47]. En 1815, le Hollandais Coenraad Johannes van Houten crée une première usine[48]. De nouvelles manufactures apparaissent aussi en Angleterre. C'est par exemple le cas de Cadbury en 1824[32].
73
+
74
+ À l'origine, les fabricants de chocolat sont spécialisés dans la fabrication de la pâte de chocolat. Ils vont peu à peu diversifier leurs productions avec les confiseries et les gâteaux. La mécanisation ainsi que la concurrence des producteurs de chocolats vont entraîner une baisse continue du prix du chocolat[32].
75
+
76
+ En 1821, l’Anglais Cadbury produit le premier chocolat noir à croquer[49]. Pour répondre aux besoins de l'industrie, les cacaoyers sont introduits en Afrique et les premières plantations créées[50].
77
+
78
+ En 1828, Coenraad Johannes van Houten réalise la première poudre de cacao. Grâce à une presse hydraulique de son invention, il réussit à durcir le beurre de cacao sous forme de pain qui peut ensuite être réduit en poudre[32]. Van Houten est le premier à inventer un procédé pour séparer le cacao maigre (ou tourteau) et le beurre de cacao, permettant aux industriels de doser les quantités relatives de cacao maigre et de beurre de cacao dans la pâte de cacao[A 7]. Le chocolat entre alors dans l'âge industriel. La mécanisation entraîne une baisse des prix, ce qui permet de conquérir un public plus large. Van Houten, à partir de sa fabrique de chocolat d'Amsterdam, vendra ses boîtes de chocolat en poudre dans toute l'Europe[32].
79
+
80
+ L'année 1830 voit l'apparition du chocolat aux noisettes inventé par Kohler[32].
81
+
82
+ Antoine Brutus Menier crée en 1836 en France le concept de la tablette de chocolat, plaquette composée de six barres semi-cylindriques enveloppées du célèbre papier jaune Menier[51].
83
+
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+ Joseph, Richard et Francis Fry, qui dirigent la maison Fry & Sons depuis la mort de leur père (en 1835), découvrent en 1847 (ou 1846 selon les sources[52]) qu'un mélange « sucre, beurre de cacao, chocolat en poudre » permet d'obtenir une pâte molle que l'on peut verser dans des moules. Cette invention permet de consommer le chocolat d'une nouvelle manière, en plaque, telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ce produit est officiellement présenté lors d'une exposition à Birmingham en 1849 sous le nom de « Chocolat délicieux à manger », en français dans le texte[N 1],[32].
85
+
86
+ Vers 1860, la maison Fry & Sons devient une des principales chocolateries d'Angleterre. Francis Fry (1803-1886), resté seul à la tête de l'entreprise après la mort de ses frères en 1878 et 1879, est désigné fournisseur exclusif de chocolats pour la Royal Navy. Cela contribuera à la prospérité de la maison Fry & Sons qui devient, vers 1880, la première chocolaterie du monde. Elle emploie alors 1 500 salariés[32].
87
+
88
+ Vers 1870, Émile Menier fait construire une usine moderne de production de chocolat à Noisiel en Seine-et-Marne. Cette usine fait fortement baisser le coût du chocolat en France[A 6]. Elle est aujourd'hui en partie classée monument historique avec la cité ouvrière attenante[53].
89
+
90
+ Plusieurs innovations (notamment en Suisse) vont bouleverser l'industrie du chocolat.
91
+
92
+ En 1876, Daniel Peter crée dans sa fabrique de Vevey (Suisse) le premier chocolat au lait en utilisant du lait en poudre[A 8],[32]. En 1879, Daniel Peter s'associe avec Henri Nestlé (l'inventeur du lait concentré) pour fonder la firme Nestlé[32].
93
+
94
+ En 1879, Rudolf Lindt met au point le conchage. Ce nouveau procédé d'affinage permet de fabriquer des chocolats fondants[32]. Sa technique consiste à laisser tourner le broyeur contenant le chocolat pendant longtemps afin de rendre la pâte de cacao plus onctueuse. Son secret ne fut rendu public qu'en 1901[A 6].
95
+
96
+ Après la mort de Francis Fry en 1886, son fils Francis J. Fry lui succède. En 1919, il fusionne la maison Fry & Sons avec l'entreprise Cadbury Brothers[32].
97
+
98
+ Le Suisse Jean Tobler lance la barre triangulaire Toblerone en 1899[32]. Philippe Suchard se met à commercialiser la tablette Milka[32].
99
+
100
+ Au début des années 1900 apparaissent les premières barres chocolatées[A 9] : le hollandais Kwatta invente les premières barres de chocolat de 30 grammes[55]. L'américain Mars lance le Milky Way[56] et le hollandais Nuts, sa barre aux noisettes éponyme[57].
101
+
102
+ Dernière grande innovation de l'industrie, le chocolat blanc est produit pour la première fois en Suisse dans les années 1930 par Nestlé, dans le but d'utiliser les surplus de beurre de cacao. La société ne précise pas qui est à la source de cette invention exactement[58].
103
+
104
+ La domination de l'industrie chocolatière suisse, à la pointe de la technologie et du marketing, ne durera que la première moitié du XXe siècle jusqu'à l'arrivée des entreprises américaines Hershey's et Mars[32].
105
+
106
+ Le chocolat noir, aussi appelé chocolat fondant ou chocolat amer, est le chocolat à proprement parler. C'est un mélange de cacao et de sucre[59] qui doit contenir au minimum 35 % de cacao. En dessous, les grandes marques utilisent « confiserie chocolatée » à défaut de terme légal[60]. La quantité de sucre utilisée dépend de l'amertume de la variété de cacao utilisée. Pour faire les gâteaux très chocolatés, le chocolat utilisé contient souvent entre 52 et 64 % de cacao. Pour la dégustation, c’est souvent 70 à 85 % de cacao.
107
+
108
+ Le chocolat au lait est du chocolat qui est obtenu en ajoutant du lait en poudre ou du lait concentré. La loi américaine exige une concentration minimum de 10 % de cacao[61]. Les réglementations européennes et suisse indiquent un minimum de 25 % de cacao[62].
109
+ Il est aussi calorique que le chocolat noir. Il est moins gras mais plus sucré. Typiquement, il contient environ 30 % de cacao[N 2]. Cependant on peut trouver chez certaines enseignes de luxe des chocolats au lait à 45 % de cacao ou plus[63],[N 3],[64]. Le chocolat au lait a été inventé par Daniel Peter[65].
110
+
111
+ Le chocolat blanc est une préparation à base de beurre de cacao, additionné de sucre, de lait et d'arôme. Bien qu'il soit reconnu comme chocolat il n'est pas composé de cacao.
112
+ Il est utilisé en confiserie pour jouer sur le contraste des couleurs, ou sous forme de plaques[N 4].
113
+
114
+ Le chocolat de couverture est un chocolat de très bonne qualité utilisé par les chocolatiers et les pâtissiers comme matière première. Il peut être noir ou au lait, mais contient au moins 32 % de beurre de cacao, ce qui le rend très fluide pour réaliser un enrobage plus fin qu'un enrobage classique.
115
+
116
+ Le chocolat sans sucre ajouté a connu une croissance de 30 % en volume par an entre 2002 et 2006. On le fabrique soit en supprimant le sucre, on obtient alors un chocolat à 99 % de cacao, soit en substituant le saccharose par du maltitol[66].
117
+
118
+ L'organisme mondial du commerce du cacao (International Cocoa Organization ou ICCO) a mis en place depuis 1994 une liste des pays producteurs de cacaos fins ou cacaos à saveurs remarquables par leur arôme et leur couleur[A 10].
119
+
120
+ En France, l'Institut national de l'origine et de la qualité classifie les chocolats de qualité de la manière suivante[A 10] :
121
+
122
+ Le chocolat est produit à partir de la fève de l'arbre appelé cacaoyer. On en trouve différentes espèces réparties dans les régions chaudes du monde. Sa culture est assez exigeante et le fruit produit, appelé cabosse, est récolté deux fois par an lorsqu'il est à maturité : de janvier à avril[67] et de septembre à octobre[68]. Le botaniste Ernest Entwistle Cheesman (en) met au point en 1944 une terminologie qui distingue trois principales variétés de cacaoyer :
123
+
124
+ Aujourd'hui, on y ajoute le nacional. Toutes ces variétés produisent des cacaos de différentes saveurs et arômes[A 11]. Le cupuaçu, une espèce proche du cacaoyer, permet également de produire un chocolat appelé cupulate au Brésil[71].
125
+
126
+ Un cacaoyer moyen produit chaque année 40 cabosses, de quoi fabriquer 20 tablettes de 100 g à 70 % de cacao[72].
127
+
128
+ Les crus apportent des notes variées selon leur pays de culture. Le Forastero aux notes grillées de croûte de pain chaud et ses arômes de tête aux notes fleuries représente 80 à 90 % de la production[69]. Le criollo aux notes de fruits rouges ne représente que 1 à 5 % de la production[69]. Les fèves Trinitario aux notes de fruits secs ou de torréfaction représentent 10 à 15 % de la production[69]. Les fèves arriba aux notes florales de jasmin et de fleur d'oranger sont produites essentiellement en Équateur[73],[74],[75].
129
+
130
+ Le tableau suivant répertorie les principaux pays producteurs de fèves de cacao, les variétés qui y sont cultivées et les arômes correspondants, formés lors de la fermentation et le séchage de la fève de cacao[76],[77]. Les trois plus gros producteurs au monde (avec la variété Forastero) sont la Côte d'Ivoire, le Ghana et l'Indonésie[78].
131
+
132
+ Juste après la récolte, la cabosse est généralement fendue avec une machette et vidée de ses fèves et de sa pulpe, le plus souvent à quelques mètres du lieu de récolte[96]. Les fèves sont égrainées de l'axe central, triées[A 12], placées dans des bacs et recouvertes de feuilles de bananier[97]. D'autres plantations laissent les graines en tas ou utilisent des paniers suivant les moyens qu'elles ont[A 12]. La température varie de 40 à 50 °C[98]. On les laisse reposer environ une semaine en les brassant régulièrement[A 12].
133
+
134
+ Trois fermentations[99] vont débarrasser les fèves de leur pulpe, réduire le goût amer en acidifiant le milieu, solubiliser la matière grasse formant un film autour de la phase hydrosoluble, ce qui permet l'hydrolyse enzymatique qui développe les précurseurs d’arôme (acides aminés et produits de dégradation des glucides)[96].
135
+
136
+ Une première fermentation alcoolique se déroule de façon anaérobie (= sans contact avec l'oxygène) sous les feuilles de bananiers. Des levures transforment la pulpe acide et sucrée des cabosses en éthanol durant cette phase. C'est la même fermentation que pour le moût de raisin.
137
+
138
+ Une seconde fermentation, dite fermentation lactique, se déroule très rapidement pendant deux jours : les bactéries lactiques transforment l’alcool en acide lactique qui favorise la conservation naturelle du cacao.
139
+
140
+ Une troisième fermentation, la fermentation acétique est favorisée par le développement de bactéries acétiques sur les jus qui s'écoulent et avec l'air qui pénètre dans les tas de fèves. La température élevée tue le germe de la fève de cacao. Durant cette phase, les fèves changent de couleur : pendant la récolte, elles sont blanches ou violettes et virent après la fermentation au violet-pourpre voire rouge à brun chocolat en profondeur. La fermentation acétique libère des hydrolases (notamment la protéase) transformant les protéines en acides aminés et les glucides complexes en glucides simples à l'origine des précurseurs d'arômes[A 13].
141
+
142
+ À ce stade, elles contiennent encore 60 % d’humidité qu’il faut réduire à 7 % pour assurer une conservation et un transport optimaux. Les fèves sont alors séchées au soleil (séchage naturel) ou dans des séchoirs pendant 15 jours (ce séchage apporte une odeur de fumée au chocolat)[A 14] et parfois lavées (Madagascar). Elles sont retournées de façon régulière afin d'assurer un séchage homogène[96]. Le séchage comme la fermentation joue sur les arômes du cacao[A 14]. Elles sont ensuite expédiées et le reste du traitement se déroule en chocolaterie[A 15].
143
+
144
+ Comme pour le café, les fèves sont torréfiées afin d'augmenter leur arôme. Cette phase se déroule après nettoyage des graines dans un torréfacteur. Les fèves sont cuites à cœur avec leur coque puis elles sont décortiquées. Elles sont ensuite broyées à l'aide d'une meule et transformées en éclats, que l'on appelle grué (nib en anglais). La torréfaction dure en général 40 minutes à 140 °C. Mais elle diffère suivant les variétés et les arômes que l'on désire obtenir. La torréfaction permet aussi de réduire l'humidité des fèves de 7 % à 2 %[A 15].
145
+
146
+ Les grains de cacao sont broyés grossièrement (étape du décorticage séparant les cotylédons des coques et germes par un système de ventilation et de vibration) puis plus finement à chaud (50 à 60 °C) pour fondre et obtenir une pâte visqueuse malaxée : la pâte de cacao, aussi appelée masse de cacao (en anglais "cocoa mass" à l'état solide ou "cocoa liquor" à l'état liquide). Chauffée à 100−110 °C, cette pâte devient liquide : c'est la liqueur de cacao. Le beurre de cacao est séparé de cette huile par pression dans une broyeuse hydraulique (constituée de plusieurs cylindres de plus en plus serrés et permettant d'affiner le broyage en réduisant la fève en grains très fins non décelables sur le palais de la bouche[A 15]). Les résidus solides du broyage, les tourteaux, peuvent donner par pulvérisation le cacao en poudre.
147
+
148
+ Les étapes précédentes ont permis d'obtenir une pâte ou masse de cacao à laquelle on va ajouter différents ingrédients suivant le chocolat que l'on désire. Le chocolat noir est fabriqué en mélangeant beurre de cacao pour le fondant, cacao solide - également nommé « tourteau » - pour le goût, et sucre. Plus il y aura de sucre, moins le pourcentage de cacao sera élevé. Du lait en poudre est ajouté si on désire du chocolat au lait.
149
+
150
+ Le conchage est le fait de chauffer le cacao afin d'augmenter l'homogénéité, l'arôme et l'onctuosité du futur chocolat. Il dure environ 12 heures et se déroule à environ 70 °C dans une mélangeuse qui brasse lentement le mélange de chocolat. Durant cette étape, on peut ajouter des émulsifiants. Les chocolats industriels contiennent presque tous un émulsifiant sous forme de lécithine de soja, qui prolonge l'homogénéité du mélange[A 16].
151
+
152
+ Depuis le 23 juin 2000, une directive européenne[101] permet d'utiliser d'autres matières grasses végétales (« MGV »), moins chères que le beurre de cacao pour la fabrication du chocolat, dans la limite de 5 % du poids total du produit fini[102]. Sont considérés comme MGV : l'illipé, l'huile de palme, le sal, le beurre de karité, le kogum gurgi et les noyaux de mangue[A 17]. Cette directive a été adoptée dans un souci d'harmonisation européenne pour ne pas déséquilibrer la concurrence d'une part, et d'encadrer certaines pratiques d'autre part[103]. En effet, sous la pression des industriels du chocolat, plusieurs pays autorisaient déjà des matières végétales en proportion plus ou moins variable[104].
153
+ Pour satisfaire la demande de certains consommateurs connaisseurs, des marques ont créé leur label « 100 % beurre de cacao » pour signaler sur certains chocolats que c'est un chocolat de dégustation qui respecte la composition traditionnelle du cacao[A 17].
154
+
155
+ Le tempérage ou la précristalisation du chocolat consiste à amener le beurre de cacao dans sa forme cristalline la plus stable. Le beurre de cacao est composé de cinq molécules grasses différentes fondant chacune à des températures distinctes (comprises entre 26 et 31 °C), et ce mélange donne au chocolat un haut degré de cristallinité : il peut cristalliser en six formes différentes. Parmi celles-ci, le tempérage amène à la plus stable : la forme dite bêta du beurre de cacao[105].
156
+
157
+ L'opération consiste à d'abord chauffer le chocolat à une température suffisante pour faire disparaître toutes les formes cristallines et à ensuite refroidir rapidement[106] le chocolat de façon à favoriser la réapparition de cristaux des différentes formes, tout en évitant de trop favoriser des formes non-souhaitées par un refroidissement trop lent, et à ensuite réchauffer le mélange pour éliminer les formes cristallines plus fragiles au profit de celle recherchée.
158
+
159
+ Alternativement, une autre méthode couramment recommandée pour les amateurs consiste à refroidir le chocolat fondu en y ajoutant du chocolat du commerce froid, qui contient déjà la forme cristalline souhaitée, de façon à ensemencer la croissance des cristaux de la forme recherchée[107].
160
+
161
+ Le tempérage donne au chocolat (une fois qu'il a été refroidi) un aspect brillant et lisse, une dureté et un fondant caractéristiques, un retrait à la solidification qui facilite le démoulage, ainsi qu'une plus longue durée de conservation.
162
+
163
+ Le chocolat fond à partir de 36 °C. La courbe de cristallisation varie selon la proportion du beurre de cacao : pour du chocolat noir, une fois que tout le chocolat est fondu il faut le refroidir jusqu'à environ 28 °C puis le réchauffer à 32 °C sans jamais dépasser cette température. Pour finir, il faut le refroidir le plus rapidement possible autour de 20 °C.
164
+
165
+ Le chocolat est amené à l'état liquide au-delà de 36 °C. Il est ensuite ramené à l'état solide mais instable (température basse), stabilisé à la température haute et enfin, fixé lorsqu'il est complètement refroidi.
166
+
167
+ La température basse permet d'amorcer la cristallisation, celle de travail permet aux cristaux de s'ordonner dans leur forme stable. Si le chocolat descend en dessous de la température basse ou dépasse celle de travail, il n'atteindra pas la forme bêta du beurre de cacao et des marbrures se formeront, il aura une texture pâteuse. Il suffit alors de refondre le chocolat et de recommencer autant de fois que nécessaire jusqu'à la réussite du tempérage, le chocolat ne perdant pas ses propriétés lors de l'opération[108]. C'est le principe du cycle des tempéreuses.
168
+
169
+ Même si le chocolat fond à 36 °C, on le chauffe à une plus haute température pour aller plus vite car c'est un mauvais conducteur de chaleur : à partir de 40 °C pour le chocolat blanc et jusqu'à 55 °C pour le chocolat noir ; au-delà il risque de brûler. Jusqu'à la dernière étape de chauffage, il est nécessaire de toujours remuer le chocolat afin que la température soit uniforme. Il faut le maintenir à la température haute exactement pendant toute la durée du travail. Il ne faut jamais faire tomber de l'eau dans le mélange, il ne pourra être tempéré[109].
170
+
171
+ Dans la méthode industrielle, faire fondre le chocolat puis le refroidir jusqu'à la température basse : des cristaux se forment, il épaissit. Mélanger pour répartir les cristaux et réchauffer à 32 °C. Travailler et faire refroidir à 20 °C.
172
+
173
+ Dans la méthode du marbre, faire fondre le chocolat, en étaler 2⁄3 sur un marbre et travailler à la spatule jusqu'à ce qu'il épaississe légèrement. Rajouter le 1⁄3 restant qui le fera remonter à 32 °C.
174
+
175
+ La méthode dite d’ensemencement consiste à faire fondre 2⁄3 du chocolat, rajouter le tiers restant hors du feu et remuer jusqu'à la fonte complète. Pour une meilleure répartition de la chaleur, il est conseillé d'ajouter le chocolat solide sous forme de petits éclats, la semence. Attendre qu'il descende à la température basse et réchauffer à 32 °C[105].
176
+
177
+ Il existe des machines qui chauffent et refroidissent le chocolat en respectant les courbes de cristallisation. Ces machines, appelées tempéreuses le mélangent en permanence et le maintiennent à la bonne température pendant toute la durée du travail.
178
+
179
+ Pour obtenir la forme ou le motif désiré, le chocolat est directement versé dans des moules. Il s'agit du moulage du chocolat. Des ingrédients supplémentaires comme des noisettes, du riz soufflé ou des raisins peuvent être ajoutés selon la friandise que l'on désire. Les moules et le chocolat passent dans une machine appelée tapoteuse qui répartit le chocolat dans le moule. Enfin, il passe dans un tunnel réfrigéré qui le refroidit instantanément.
180
+
181
+ Chaque année, le magazine Candy Industries dresse la liste des plus gros fabricants de confiseries et produits chocolatés au monde selon leur chiffre d'affaires. L'International Cocoa Organization se base sur cette liste. En 2014, la liste des dix premiers fabricants de chocolats au monde (chiffre d'affaires en millions de dollar américain) est[110] :
182
+
183
+ Soit total des 10 premiers : 84,4 milliards de dollar américain, dont 40,3 milliards pour États-Unis (47,8 % de 84,4 milliards).
184
+
185
+ En France, Cémoi est le premier groupe fabricant de confiseries et produits chocolatés, se classant à la 26e place mondiale. Avec ses 14 usines et 3 000 employés, il réalise un chiffre d'affaires de 585 millions de dollars en 2013[111].
186
+
187
+ Poulain, Côte d'Or, Van Houten, Cailler, Suchard, De Neuville, Ligasia, Jeff de Bruges, Lindt & Sprüngli, Chocolat Frey, Villars.
188
+
189
+ Des chocolatiers peuvent être des inventeurs, chimistes ou entrepreneurs. Ils ont créé des nouvelles compositions chocolatées, tels que le gianduja ou des chocolats fins gourmets.
190
+
191
+ Le cacao est souvent cultivé par des travailleurs sous le seuil de la pauvreté, voire par l'utilisation d'enfants-esclaves[112]. Pour lutter contre l'utilisation d'esclave dans la production de cacao, un accord international, le Protocole Harkin-Engel a été signé en 2001. Cependant, en 2011, 1,8 million d'enfants étaient toujours exploités au Ghana et en Côte d'Ivoire, souvent affectés à des travaux dangereux.
192
+ Un documentaire, The Dark Side of Chocolate (en) a été produit en 2010 à ce sujet.
193
+
194
+ En 2019, 6 milliards vont aux agriculteurs sur les 100 milliards de dollars du marché mondial du chocolat. Les producteurs de cacao vivent souvent dans une pauvreté extrême. En 2019, les 2 premiers producteurs mondiaux, le Ghana et la Côte d'Ivoire, décident de suspendre la vente des récoltes de 2020/2021 afin de vendre le cacao à au moins 2 600 dollars par tonne[113].
195
+
196
+ Le chocolat se consomme à une température d'environ 20 °C. C'est un produit qui supporte mal les écarts de température car ils provoquent sa fonte ou son blanchissement (dû à l'accumulation de sucre ou de beurre de cacao en surface). Il faut également le conserver à l'abri des odeurs en raison de sa forte teneur en graisses[A 18].
197
+
198
+ Il peut être consommé en boisson (en général avec du lait), en tablettes, en bouchées (telles que les Coussins de Lyon) et sous de nombreuses autres formes. Il se marie très bien avec les alcools, en particulier avec la Chartreuse[N 6] et les fruits secs.
199
+
200
+ En France en 2012, la consommation se répartit de la manière suivante : tablettes (120 000 tonnes), bonbons et bouchées (100 000 tonnes), pâte à tartiner (75 000 tonnes), cacao en poudre (53 000 tonnes) et barres chocolatées (43 000 tonnes)[111].
201
+
202
+ Depuis la découverte des frères Fry en 1847, le mélange « sucre-beurre de cacao-chocolat en poudre » est toujours en vente.
203
+
204
+ Les formats couramment rencontrés sont les tablettes de 100 g à déguster, 200 g à cuisiner dont l'épaisseur des carrés est environ 2 fois supérieure aux carrés à déguster d’environ 5 g, en accompagnement de café ou de lait. Le choix du poids est seulement marketing.
205
+
206
+ Les règles relatives à la composition des tablettes de chocolat sont les mêmes pour l'ensemble des chocolats depuis la directive européenne 2000/36/CE[114], en 2000. Les multinationales y voient un avantage, du fait de l'autorisation à hauteur de 5 % de matières grasses végétales autre que le beurre de cacao, dans les produits chocolatés, leur permettant de faire des économies sur leurs coûts de production.
207
+
208
+ On appelle « bonbons de chocolat » des bonbons d'une dizaine de grammes composés de chocolat. Parmi ceux-ci figurent les pralines, les dragées et les bonbons enrobés dont l'intérieur peut être composé de ganache ou de praliné. Ces intérieurs sont en général préalablement découpés à l'aide d'une guitare.
209
+
210
+ Il peut être consommé sous forme de barre chocolatée qu'on appelle bouchée, selon le fourrage et la forme.
211
+
212
+ Pour fabriquer une dragée, on met en rotation dans la turbine un noyau solide (noisette, riz soufflé ou autre), on ajoute progressivement du chocolat liquide qui enrobe le noyau. On appelle cette opération charger en chocolat. Quand le poids de chocolat est atteint, on réalise un enrobage avec du sucre ou du glucose pour constituer une croûte cassante, et un agent brillant ou de glaçage peut-être ajouté[115].
213
+
214
+ Il existe bien d'autres formes de confiseries, les sucettes par exemple[116].
215
+
216
+ Le chocolat est utilisé dans la fabrication de nombreux autres produits tels que la ganache, le gianduja ou le praliné.
217
+
218
+ De nombreux chocolatiers présentent leur talent en réalisant des sculptures[117]. La réalisation de la plus belle sculpture ou « pièce en chocolat » est à la base de tout concours : une réalisation en chocolat avec un thème imposé, dans un délai imparti et parfois avec les matériaux imposés, en particulier dans le cas de concours parrainés par un fabricant. La chocolaterie est une des disciplines du concours du meilleur ouvrier de France[118].
219
+
220
+ Le chocolat comporte, selon les sources, jusqu'à 500 molécules identifiées[119] ou 300 composants. Les arômes sont liés à l'histoire et la transformation de la fève de cacao en cacao, puis en chocolat. En effet, les agents précurseurs des arômes se forment lors de la fermentation et le séchage de la fève de cacao[76],[77].
221
+
222
+ Sept critères sont pris en compte lors de la dégustation du chocolat[A 19] :
223
+
224
+ Il existe deux types de blanchiment. Le blanchiment gras est dû à une décristallisation qui fait ressortir en surface une fine couche de matière grasse. Cette décristallisation se produit lors de variations brutales de température ou lorsque le chocolat vieillit[120],[121]. Le blanchiment gras peut aussi provenir d'une sudation du fourrage. La graisse d'un fruit confit ou d'un praliné peut migrer vers la surface du chocolat. Pour éviter cette migration, les chocolatiers font un double enrobage. Une tablette de chocolat blanchie peut dans une certaine mesure être refondue pour être consommée quand même. En effet, en théorie les cycles de cristallisation du chocolat sont infinis.
225
+
226
+ Le second type de blanchiment, dit « sucrier »[122], est une cristallisation du sucre en surface, le plus souvent à cause de l'humidité[123].
227
+
228
+ Le chocolat peut aussi fondre lors d'épisodes de températures supérieures à 30 °C[125].
229
+
230
+ Afin d'éviter ces désagréments le chocolat doit être stocké à une température constante d'environ 16 °C et ne pas dépasser 19 °C et un taux d'humidité de 65 %.
231
+
232
+ Une armoire à chocolat permet de mieux contrôler ces éléments[126].
233
+
234
+ La consommation mondiale en 2003/2004 de cacao (c’est-à-dire le cacao contenu dans tous les produits de chocolat) a été d'environ 0,57 kg/personne ou 1,03 kg/personne si l'on exclut la Chine, l'Inde et l'Indonésie dont les grandes populations ont une influence disproportionnée sur les statistiques. Il existe toutefois de grandes variations régionales : la consommation moyenne par personne était d'environ 1,99 kg en Europe, 1,30 kg en Amérique, 0,12 kg en Asie/Océanie et 0,14 kg en Afrique[127].
235
+
236
+ En Europe, la consommation est plus forte dans les pays du Nord et alpins et plus faible dans les pays du Sud. Le premier pays consommateur est la Suisse (bien qu'une partie substantielle, estimée à 20 %, soit liée au tourisme[128]) avec 10,05 kg par an et par habitant, suivi du Royaume-Uni, de l'Allemagne, et de la Belgique. L'Espagne, le Portugal, la Slovénie et la Pologne (avec 840 g par an et par habitant) sont les plus faibles consommateurs. À titre de comparaison, la Chine consomme 120 g de chocolat par an et par habitant et les États-Unis 5,45 kg[129].
237
+
238
+ La consommation de chocolat varie dans l'année avec deux pics de consommation à Noël (10.1 % des ventes en 2018) et à Pâques (4.4 % des ventes en 2018)[130]. De manière générale, trois grands facteurs influent sur la consommation de chocolat :
239
+
240
+ Au Japon, par exemple, les femmes offrent à leurs connaissances (collègues, famille) des chocolats à l'occasion de la Saint-Valentin.
241
+
242
+ Le chocolat est composé de :
243
+
244
+ Le chocolat est un stimulant doux pour les humains, principalement en raison de la présence de théobromine[136]. Il contient en outre du magnésium, du phosphore, du potassium et du fer[137] ; 100 grammes de chocolat au lait fournissent un tiers des apports journaliers recommandés de magnésium[N 7].
245
+
246
+ Le chocolat contient une grande quantité de substances chimiques antioxydantes (flavonoïdes, de la famille des polyphénols ou « tanins ») découvertes dans les fèves de cacao et la poudre de cacao qui seraient à l'origine de ses qualités[138]. Ces substances possèdent de nombreuses propriétés.
247
+
248
+ Manger régulièrement du chocolat noir en quantités modérées peut avoir des effets positifs sur la santé ; le cacao ou le chocolat noir, en particulier, sont bénéfiques pour le système circulatoire[139]. D'autres effets bénéfiques ont été suggérés, tels qu'un effet anticancer, nootropique (stimulation cérébrale), de prévention de la toux ou antidiarrhéique[140]. Le chocolat est par ailleurs réputé aphrodisiaque, mais cet effet n'a jamais été prouvé.
249
+
250
+ D'un autre côté, la consommation excessive d'aliments riches en énergie, tel que le chocolat, est suspectée d'augmenter le risque d'obésité sans une augmentation correspondante de l'activité. Le chocolat brut est riche en beurre de cacao, une graisse qui est enlevée durant le raffinage du chocolat, puis ré-ajoutée en proportion variables lors de la fabrication. Les fabricants peuvent également ajouter d'autres graisses, des sucres et du lait, qui augmentent le contenu calorique du chocolat.
251
+
252
+ Il existe également une préoccupation quant à un léger empoisonnement au plomb pour certains types de chocolat et quant à certaines teneurs en cadmium et/ou nickel (voir la section Métaux lourds du présent article).
253
+
254
+ La BBC rapporte une étude indiquant que la fonte du chocolat dans la bouche provoque une augmentation de l'activité cérébrale et des pulsations cardiaques plus intenses qu'un baiser passionné, et durant quatre fois plus longtemps après l'arrêt de l'activité[141].
255
+
256
+ Le « chocolat cru[142] » est considéré avoir des effets encore plus bénéfique par les crudivores car il permet de conserver les saveurs et les nutriments originels (vitamines, minéraux) altérés lors de la torréfaction[143]. Ce type de chocolat était mangé jusqu'à l'époque d’Anne d'Autriche qui privilégia la torréfaction développant les arômes typiques de cacao[144].
257
+
258
+ Le cacao ou le chocolat noir pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine. Cela est principalement dû à une substance particulière présente dans le chocolat : l'épicatéchine[145]. Celle-ci se trouve en quantité encore plus élevée dans la poudre de cacao (avec 158 mg/100 g d'(-)-épicatéchine, la poudre de cacao est l'aliment qui en est le plus richement doté).
259
+
260
+ Les flavonoïdes du cacao ont des effets anti-inflammatoires[146] limitant l'hypertension[147]. Il existe une légère réduction de la pression artérielle[148] et un meilleur contrôle de la taille des vaisseaux après avoir consommé quotidiennement du chocolat noir[149],[150],[151],[152].
261
+
262
+ Il existe même un régime hyperlipidique, appelé « régime gras »[153] qui met en avant la consommation de chocolat et de cacao en poudre en capsules. Cependant, la consommation simultanée de lait (séparément ou incorporé comme chocolat au lait) en diminue fortement le bénéfice[154]. La poudre de cacao traitée à l'alcali (appelée « chocolat hollandais » du fait de l'inventeur de la méthode : Van Houten) réduit fortement les capacités antioxydantes par rapport à la poudre de cacao brute[155] car ce processus détruit la plus grande partie des flavonoïdes[156].
263
+
264
+ Un tiers des graisses du chocolat sont constitués par l'acide stéarique, un acide gras saturé, et par l'acide oléique, un acide gras insaturé. Cependant, au contraire des autres graisses saturées, l'acide stéarique n'augmente pas le niveau de lipoprotéine de basse densité (LDL), intimement lié au taux de cholestérol dans la circulation sanguine[157],[158]. Ainsi, malgré le degré de saturation du beurre de cacao, celui-ci ne semble pas induire d'athérosclérose[159]. Autrement dit, la consommation de relativement grandes quantités de chocolat noir et de cacao n'augmente vraisemblablement pas le niveau de « mauvais cholestérol » (ou LDL). Cela pourrait diminuer même la quantité de LDL produite par le foie[160].
265
+
266
+ En conclusion, la consommation de chocolat est corrélée avec une diminution du risque de survenue de maladies cardio-vasculaires, concernant également les accidents vasculaires cérébraux. Ces constatations reposent toutefois essentiellement sur des études observationnelles et non sur des études randomisées, avec un risque de biais statistique[161].
267
+
268
+ Les teneurs en oligoéléments varient peu selon les marques de chocolat[162]. Des polluants environnementaux sont retrouvés dans les coquilles de fèves de cacao mais pas ou peu dans les produits chocolatés. C'est notamment le cas pour deux neurologiques (Bismuth et Arsenic) retrouvés en quantités significatives dans les coquilles de fèves de cacao mais pas dans le chocolat[162].
269
+ Une corrélation entre le taux de métaux du chocolat et la teneur en cacao de ce chocolat [162] laisse penser que la source primaire de contamination est le cacao et/ou ses modalités de préparation.
270
+
271
+ En 2018 BartoszKruszewski & al. concluaient que les produits à base de chocolat devraient encore « être surveillés en permanence et une limite absolue devrait être établie en ce qui concerne les niveaux admissibles de métaux lourds »[170].
272
+
273
+ Le chocolat est particulièrement énergétique car très riche en sucres (glucides) et matières grasses (lipides) : 500 kcal pour 100 g (550 kcal dans le chocolat au lait). 100 grammes de chocolat noir apportent un quart des besoins quotidiens moyens d'une femme qui sont de l'ordre de 1 800 à 2 000 kcal/jour[171] il contient du saccharose (sucre de table, un disaccharide : Glucose-fructose). L'index glycémique (IG) du chocolat est comparable avec le pain de seigle. Avec un IG de 65, il est dans la moyenne[Quoi ?].
274
+
275
+ Pour le nutritionniste consommer du chocolat à petite dose n'affecte pas négativement le taux de cholestérol sanguin, la pression artérielle ou l'oxydation du LDL, et il n'est pas évident que les biomarqueurs des maladies cardiovasculaires en soient modifiés. La quantité nécessaire pour provoquer de tels effets irait de pair avec une grande quantité de calories qui, sans réduction par ailleurs, provoquerait un gain de poids. En conséquence, la consommation de grandes quantités de chocolat noir pour se protéger des maladies cardiovasculaires a été décrite comme « scier la branche sur laquelle on est assis »[172].
276
+
277
+ En 2015, une équipe de chercheurs allemands (menée par le Dr Johannes Bohannon) tenant à vérifier la viralité d'une fausse information basée sur de la junk science a publié une étude complètement farfelue suggérant (sans preuves tangibles) que le chocolat ferait maigrir[173]. Cette pseudo « étude » eut un retentissement spectaculaire dans la presse, faisant les gros titres du Huffington Post, Daily Mail, Modern Healthcare ou encore du Bild (journal au plus fort tirage d’Europe)[174], etc. Aucun journaliste n'a à aucun moment questionné la validité de cette étude, qui n'avait pourtant aucune apparence de sérieux, se contentant de reprendre les communiqués de presse triomphants sans demander leur avis à d'autres scientifiques[174]. Les auteurs du canular déplorent que leur « créature » leur ait échappé : la fausse nouvelle a été tellement virale que leur démenti et la révélation de l'affaire n'ont eu que peu d'impact sur cette croyance, désormais relayée par de nombreux gourous du « bien-être » et des « médecines alternatives ».
278
+
279
+ Jusqu'au début du XIXe siècle, le chocolat était vendu en pharmacie en tant que fortifiant[175]. En effet, la poudre de cacao contient 1 à 3 % de théobromine, produit voisin de la caféine ; mais il a clairement un effet différent sur l'organisme, car il est doux et stimulant de manière permanente, et affecte l'humeur. Pour les êtres humains, ce pourcentage est sans danger.
280
+
281
+ D'autres composants affectent l'humeur, entre autres : l'amphétamine ; la phényléthylamine, précurseur de la sérotonine ; le tryptophane, un antidépresseur naturel ; l'anandamide, un cannabinoïde découvert en 1996 par des chercheurs de l'université de San Diego[176]. Ce dernier est un dérivé de l'acide arachidonique, comme le THC présent dans le cannabis. Ses effets sur les récepteurs nerveux sont voisins mais beaucoup plus rapides en raison de la réduction des anandamides. Il faudrait cependant plusieurs kilos de chocolat pour un effet sensible[177],[178].
282
+
283
+ Plusieurs études sur des populations ont observé une augmentation du risque de certains cancers chez les personnes consommant fréquemment des aliments de type malbouffe contenant (entre autres) du chocolat[179]. Cependant il n'y a pas de preuves d'une influence du chocolat noir, riche en flavonoïdes, sur le risque de cancer. Certaines études laissent penser que les flavonoïdes contenus dans le cacao pourraient posséder des propriétés anticarcinogènes[179], mais ce n'est pas démontré.
284
+
285
+ D'autres études suggèrent qu'un type de cacao spécialement formulé pourrait être nootropique et retarder le déclin lié à l'âge des fonctions cérébrales[180].
286
+
287
+ Mars Incorporated, une société produisant des barres chocolatées, étudie depuis les années 1990 les flavonols[181]. La société est en relation avec l'industrie pharmaceutique pour produire des médicaments basés sur les molécules de flavanol du cacao, qui pourraient notamment aider à traiter le diabète ou certaines démences[182][Passage à actualiser].
288
+
289
+ D'autres recherches indiquent que le chocolat pourrait prévenir les toux persistantes. La théobromine a été montrée comme étant un tiers plus efficace que la codéine, le principal médicament contre la toux[183].
290
+
291
+ Les flavonoïdes peuvent inhiber le développement de la diarrhée, suggérant un effet antidiarrhéique du cacao[184].
292
+
293
+ Les tanins, le fluor et les phosphates contenus dans le cacao ont des propriétés anti-carie qui compenseraient l'effet cariant de sa forte teneur en glucides[185],[186],[187].
294
+
295
+ Le cacao contient de l'acide phénylpropanoïdique, qui a un impact sur la croissance des cellules de la peau[188]. Ainsi, le chocolat pourrait améliorer la cicatrisation, réduire les dommages cutanés et les rides, et prévenir le risque d'ulcère gastrique. La vitamine E et surtout les flavonoïdes (catéchine et épicatéchine) permettent également d'améliorer la densité et l'hydratation de la peau ainsi que la photoprotection en augmentant la circulation sanguine au niveau cutané[189].
296
+
297
+ Le chocolat peut aussi donner lieu à des allergies, que ce soit en raison du cacao[190] ou des substances ajoutées (soja, lait, noisette, etc)[191].
298
+
299
+ Les traditions romantiques identifient fréquemment le chocolat à un aphrodisiaque. Les qualités réputées aphrodisiaques du chocolat sont le plus souvent associées avec le simple plaisir sensuel de sa consommation. Bien qu'il n'y ait aucune preuve que le chocolat soit réellement un aphrodisiaque, offrir du chocolat reste un comportement chargé de connotations[192],[193].
300
+
301
+ Une croyance populaire non étayée par aucune étude scientifique est que le chocolat peut causer l'acné[194],[195],[196].
302
+ Diverses études pointent plutôt la nature hautement glycémique de certains aliments tels que le sucre, le sirop de maïs et d'autres simples hydrates de carbone comme cause de l'acné[197],[198],[199],[200],[201]. Le chocolat en lui-même a un indice glycémique bas[202].
303
+
304
+ De plus, il a été suggéré que puisque le chocolat augmente le niveau de sérotonine dans le cerveau, il pourrait au contraire diminuer le stress et aider à réduire l'acné[203]. D'autres causes alimentaires de l'acné ne peuvent être exclues, mais nécessitent des recherches plus rigoureuses[204].
305
+
306
+ Il existe plusieurs études concernant l'hypothèse selon laquelle le chocolat serait addictif[205]. La dépendance physique n'entre pas en ligne de compte.
307
+
308
+ Plusieurs molécules peuvent jouer un rôle dans cette supposée addiction :
309
+
310
+ Cette addiction est parfois nommée Chocoholisme.
311
+
312
+ Le chocolat est dangereux voire mortel pour certains animaux, en particulier pour les chiens, les chats, les perroquets ou les chevaux. La théobromine qu'il contient, proche de la caféine, sur-stimule leur système nerveux, et leur métabolisme ne permet pas de l'éliminer rapidement[207].
313
+
314
+ Ainsi, 150 g est une dose potentiellement létale pour un chiot ou un petit chien[208]) ; la théobromine persiste une vingtaine d'heures dans son sang, pouvant causer des convulsions épileptiques, un infarctus, des hémorragies internes et finalement la mort. En cas d'ingestion, il faut administrer un vomitif dans un délai de deux heures ou l'amener chez le vétérinaire. Celui-ci tentera à l'aide d'un traitement de limiter l'absorption de la théobromine par l'organisme[209],[210],[211]. Une dose plus faible peut entrainer d'autres lésions, notamment une cécité chez le chien.
315
+
316
+ La dose dangereuse s'évalue selon le type de chocolat, l'espèce et la masse corporelle de l'animal. Ainsi, un chocolat noir (à 50 % de cacao) peut déclencher une intoxication marquée à partir de 5 ou 6 grammes par kilogramme de masse corporelle, tandis qu'un chocolat au lait (de 35 % à 50 % de cacao) peut avoir le même effet avec 25 grammes par kilogramme : typiquement, un lapin en chocolat au lait de 500 grammes peut intoxiquer significativement un chien de 20 kilogrammes[212].
317
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Glycine max
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ Le soja, nommé soya au Canada[n 1] (Glycine max (L.) Merr.), est une espèce de plante annuelle de la famille des légumineuses (Fabaceae), originaire d'Asie orientale.
8
+
9
+ Le soja cultivé Glycine max a accumulé une diversité génétique prodigieuse depuis sa domestication. Il en existe de nombreuses variétés, se différenciant notamment par le port, la couleur des graines, la période de floraison. Les fruits sont des gousses velues, contenant en général 2 à 4 graines, comestibles après trempage et cuisson. Il n'est pas considéré comme un légume sec, mais comme un oléagineux par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
10
+
11
+ Le soja constitue une ressource économique importante depuis au moins 5 000 ans. Cultivé pour ses graines naturellement riches en protéine et en huile, en Asie orientale, il est utilisé dans l’alimentation humaine depuis des millénaires mais était resté quasiment inconnu ailleurs. À partir de la fin du XXe siècle, son introduction dans l’alimentation animale va provoquer un essor phénoménal de sa culture. De 1968 et 2017, la production mondiale de graines de soja a crû de 751 %[n 2].
12
+
13
+ Les utilisations alimentaires traditionnelles de soja non fermenté incluent le tofu et le lait de soja et les formes fermentées comprennent entre autres la sauce de soja, le nattō et le tempeh. L'huile de soja est utilisée dans de nombreuses applications industrielles (comme le biogazole). Elle est devenue la deuxième huile végétale consommée dans le monde derrière l’huile de palme[1].
14
+
15
+ Les trois-quarts de la production mondiale de graines de soja servent à faire des tourteaux de soja, utilisés dans l’alimentation animale. La Chine est le principal utilisateur de tourteaux de soja (avec 74 millions de tonnes), suivie loin derrière par les États-Unis et l’Union européenne (resp. 31 Mt et 30 Mt)[1]. Pour répondre à l’augmentation de la demande, les producteurs de soja sud-américains ont converti 24 millions d’hectares de la forêt amazonienne et de savanes et prairies du Cerrado, du Chaco et du Pantanal en terres agricoles[2], entre 2000 et 2010.
16
+
17
+ Les principaux producteurs de soja sont les États-Unis, le Brésil, l'Argentine, la Chine et l'Inde. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis dominent le marché mais sont peu à peu rattrapés par le Brésil. Entre 1968 à 2017, la production mondiale de graines de soja était multipliée par 8,51 alors que dans le même temps la production sudaméricaine de soja était multipliée par 228, grâce à de meilleurs rendements et à une multiplication par 71 des surfaces cultivées en soja[1]. Durant cette même période, la production mondiale de viande de volaille a crû de 888 % et celle de porc de 248 %. Le revers de ce prodigieux essor économique est la destruction de millions d’hectares d’écosystèmes naturels et la pollution des sols et des nappes phréatiques par les herbicides à base de glyphosate.
18
+
19
+ La domestication du soja à partir du soja sauvage se serait produite en Chine, il y a plusieurs millénaires et se serait répandue dans les pays voisins vers le Ier siècle de notre ère (selon Kaga et al.[3], 2012).
20
+
21
+ Le soja cultivé est une plante herbacée annuelle existant sous de nombreuses variétés, se différenciant notamment par le port, des plantes grimpantes ou rampantes qui sont plus proches des types originaux. Les formes naines sont le plus couramment cultivées. Les autres différences concernent la couleur des graines et la période de floraison.
22
+
23
+ La plante est entièrement (feuilles, tiges, gousses) revêtue de fins poils gris ou bruns. Les tiges dressées ont une longueur de 30 à 130 cm.
24
+
25
+ Les feuilles sont trifoliolées (portant rarement cinq folioles) et rappellent la forme générale des feuilles de haricot. Les folioles mesurent de 6 à 15 cm de long et de 2 à 7 cm de large. Comme chez le haricot, les deux premières feuilles sont entières et opposées. Les feuilles tombent avant que les gousses ne soient arrivées à maturité.
26
+
27
+ Les fleurs, blanches ou pourpres, de petite taille, presque imperceptibles, apparaissent à l'aisselle des feuilles, groupées en grappes de trois à cinq. Elles sont hermaphrodites et autogames, mais la pollinisation croisée est parfaitement possible.
28
+
29
+ Les fruits sont des gousses velues, longues de 3 à 8 cm, de forme droite ou arquée, et contiennent en général 2 à 4 graines (rarement plus).
30
+
31
+ Les graines, de forme sphérique ou elliptique, ont un diamètre de 5 à 11 mm et sont comestibles. Leur couleur varie du jaune au noir en passant par le vert[4].
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+
33
+ Aspect général de la plante.
34
+
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+ Feuilles trifoliolées.
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37
+ Fleurs violettes.
38
+
39
+ Le fruit est une gousse qui contient les graines.
40
+
41
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
42
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43
+
44
+
45
+ Les noms des variétés et des formes ne semblent pas attestées. Au sein d'une même variété, il est possible de trouver des formes présentant des graines de couleur différente[3].
46
+
47
+ L'appellation « soja jaune » fait toujours référence à Glycine max. Les variétés et formes à graines jaunes sont les plus courantes.
48
+
49
+ Ces formes sont quelquefois appelées « soja noir » sachant qu'il existe d'autres plantes ayant la même appellation (Haricot urd).
50
+ Parmi ces variétés ou formes, on trouve Iwaikuro, Banseihikarikuro, Shintanbakuro, Hyoukei kuro3 et Kurodamaru. La variété la plus connue au Japon est Tanbakuro, qui est à l'origine de plusieurs cultivars[3].
51
+
52
+ Les formes à graines vertes ou jaune-vertes de l'espèce Glycine max ne doivent pas être confondues avec le Haricot mungo, ni avec les gousses récoltées en vert pour cuisiner l'edamame.
53
+
54
+ Le soja cultivé (Glycine max) semble avoir été domestiqué à partir d’une espèce sauvage apparentée nommée Glycine soja, il y a entre 5 000 et 9 000 ans[5], en Chine, Corée et Japon.
55
+
56
+ Durant le processus de domestication, de nombreux gènes fort utiles, comme les gènes relatifs au contenu en protéine et à la résistance aux maladies, ont pu être perdus par la sélection humaine[6].
57
+
58
+ Quoique le lieu exact de la domestication ne soit pas précisément connu, plusieurs candidats possibles ont été identifiés : la Chine du Sud, la vallée du Fleuve Jaune (Chine du Centre) et la Chine du Nord-Est ainsi que des régions de Corée et du Japon[7]. La plus forte diversité des cultivars locaux se trouvent dans la vallée du Fleuve jaune, ce qui suggère, suivant l’hypothèse de Vavilov que cette région est le centre de la domestication. Une étude phylogénétique des microsatellites du soja sauvage et cultivé suggère que le centre d’origine du soja serait la Chine du Sud [8]. Il est aussi possible qu'il y ait eu plusieurs centres de domestication indépendants.
59
+
60
+ Les zones au climat subtropical humide se prêtent particulièrement bien à sa culture, mais la culture s'étend aux zones à climat continental avec été relativement chaud et humide, jusqu'au Québec par exemple.
61
+
62
+ Le Brésil et l'Argentine sont les plus grands exportateurs de soja après les États-Unis. L'Inde et la Chine sont aussi des producteurs importants de soja. Toutefois, la Chine, grande consommatrice, doit importer du soja américain et brésilien pour satisfaire ses besoins en alimentation humaine mais surtout animale (porcs et volaille).
63
+
64
+ Le genre Glycine est divisé en deux sous-genres : Glycine et Soja[9].
65
+
66
+ Comme d'autres cultures domestiquées depuis longtemps, la relation entre le soja moderne et les espèces sauvages ne peut plus être tracée avec un quelconque degré de certitude. Il existe un très grand nombre de cultivars.
67
+
68
+ En français, le mot « soja » dérive[11] d'un mot chinois, par l'intermédiaire du néerlandais, et du japonais shoyu (« sauce soja »):
69
+
70
+ En chinois, 酱油 jiangyou est la « sauce soja », composé de 酱 jiang pour « pâte » ou « sauce » et 油 you « huile ». On passe donc de l'étymon chinois jiangyou au japonais par une adaptation phonétique (prononciation on'yomi des caractères han en japonais), puis du japonais au néerlandais (et français) par un glissement sémantique (paronymie). Le nom chinois dàdòu 大豆 du soja (la plante et la graine) n'a donc morphologiquement rien à voir avec ses traductions dans les langues européennes.
71
+
72
+ Enfin, malgré son nom latin Glycine max, le soja ne doit pas être confondu avec les « glycines », nom commun de plantes ornementales du genre Wisteria.
73
+
74
+ En nomenclature botanique, le nom de genre Glycine a été introduit par Linné dans l’édition de 1753 de Species Plantarum. Le terme est dérivé du grec ancien γλυκύς, glukús (« doux, sucré ») en raison des tubercules sucrés de Glycine apios. Linné a donné huit espèces de Glycine dans Species Plantarum. Toutes ont depuis été changées de genre[12].
75
+
76
+ Linné désigna d'abord le soja sous deux noms différents, d’une part Phaseolus max, sur la base de spécimens qu’il put examiner[13],[14] (à côté de Phaseolus vulgaris L., le haricot commun), et d'autre part Dolichos soja, sur la base de descriptions d’autres auteurs[15]. Plus tard, il obtint des graines de soja qu’il sema et fit pousser. Il réalisa alors que P. max et D. soja étaient la même plante. Par la suite, la nomenclature du soja fut l’objet de nombreux débats jusqu’en 1917 quand un botaniste américain, Merrill proposa le nom de Glycine max[12].
77
+
78
+ La culture du soja s'est longtemps limitée à l’Asie orientale, mais au siècle dernier[Lequel ?] elle s'est rapidement étendue jusqu'à devenir une des principales cultures aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, en Inde, en Chine et en Corée. Le soja a d’abord était apprécié des agriculteurs dans la rotation des cultures pour sa faculté d’enrichir le sol puis il fut très recherché par la population à la suite de la mise au point de produits alimentaires fermentés (comme la sauce de soja, le tempeh, le nattō et le miso), très nourrissants.
79
+
80
+ L’origine géographique précise du soja cultivé reste actuellement d��battue mais les données archéologiques et historiques indiquent que la domestication d’un soja sauvage s’est passée en Asie orientale au néolithique précoce.
81
+ Le soja ayant commencé à être cultivé bien avant les débuts de l’écriture chinoise[16], la recherche sur la domestication du soja a dû s’appuyer sur les données des fouilles archéologiques menées dans le bassin du Fleuve jaune en Chine, au sud-est de la Corée et au Japon.
82
+
83
+ Puisque les formes sauvages et cultivées sont interfécondes et donnent des hybrides fertiles, il est aussi approprié de les classer comme des sous-espèces : G. max subsp. max et G. max subsp soja (Gyoung-Ah Lee et al.[5], 2011) que les archéologues ont bien du mal à distinguer. Des restes carbonisés de petites graines de soja ont été trouvées dans des sites du nord de la Chine, remontant à il y a 9 000−8 600 ans (site de Jiahu[17], vallée de la Huai, au Henan) et au Japon datant d’il y a 7 000 ans.
84
+ Les graines de grandes tailles sélectionnées par la domestication, apparaissent au Japon, il y a 5 000 ans (période Jōmon moyen) et en Corée un peu plus tard, il y a 3 000 ans. La datation au radiocarbone d'échantillons de soja récupérés par flottation lors de fouilles d’un site datant du début de la Période de la céramique Mumun en Corée a indiqué que le soja fut cultivé comme une culture vivrière en 1000-900 av. J.-C.[18].
85
+ Les graines de soja trouvées en Chine sur des sites datant d’il y à 3 500 ans (début de la dynastie Shang) jusqu’à la fin des Han (+220) sont moins grosses que celles du Japon et de la Corée. On observe toutefois dans chaque région, un accroissement de la taille des graines de soja au cours du temps. Gyoung-Ah Lee et ses collaborateurs[5] émettent l’hypothèse que la taille des graines a été sélectionnée dans les trois régions. L’augmentation significative des tailles au Japon, en Corée et en Chine, indiquent que la domestication était bien en cours avant le Jomon moyen au Japon, au moment de la transition Chulmun-Mumun en Corée et au cours des Shang en Chine. Ces données archéologiques semblent ainsi confirmer les données phylogénétiques selon lesquelles la domestication se serait passée en plusieurs lieux d’Asie orientale[5].
86
+
87
+ Le soja fut largement cultivé durant la dynastie des Zhou (1046 - 256 av. J.-C.) en Chine. Toutefois, le lieu, l’époque et les circonstances dans lesquels le soja a développé une relation étroite avec les populations sont mal compris[5]. Les témoignages écrits sur le soja, connu actuellement sous le nom de dadou 大豆, qui s’appelait dans l’Antiquité shu 菽, (terme générique pour les haricots) ne sont que des allusions sommaires et peu informatives. Les premières occurrences textuelles du caractère shu 菽 se trouvent dans la plus ancienne collection de poèmes, le Classique des vers, rassemblant des textes qui vont du xie au ve siècle av. J.-C., provenant de la Plaine centrale[n 3]. On trouve aussi des occurrences dans le Classique des rites (Lijing 礼经), le Mozi 墨子, les Annales des Printemps et des Automnes de Lü ( Lüshi Chunqiu 吕氏春秋).
88
+ Le terme dadou 大豆 est apparu la première fois dans le Shennong shu 神農書[19].
89
+
90
+ Du Ier siècle de notre ère à la période des Grandes découvertes (XVe – XVIe siècle), le soja fut introduit dans plusieurs pays comme l'Inde (Xe siècle), l'Indonésie (XIIe – XIIIe siècle), les Philippines, le Vietnam, la Thaïlande, le Cambodge, la Malaisie, la Birmanie, de Taïwan et du Népal. Le soja fut cultivé pour la première fois en Asie centrale, en 1876, par les Dungans[20]. La diffusion de la culture s’est faite par les routes commerciales maritimes et terrestres.
91
+
92
+ Le soja a été introduit pour la première fois en Amérique du Nord en provenance de Chine en 1765, par Samuel Bowen, un ancien marin de la East India Company. La culture fut pendant plus d’un siècle destinée à la production de fourrage puis à la fabrication d’huile et de tourteaux. La consommation humaine du tofu ne s’est développée qu’après la seconde Guerre mondiale.
93
+
94
+ Le soja est arrivé en Argentine (Amérique du Sud) en 1882.
95
+
96
+ La lenteur de sa diffusion hors d’Asie s’explique par l’absence dans les sols de ces régions des rhizobiums spécifiques du soja, et la culture ne s’est vraiment développée aux États-Unis qu’au début du XXe siècle, après la découverte du processus de nodulation par les scientifiques [9].
97
+
98
+ Dès le début du XVIIIe siècle, le naturaliste Buffon aurait reçu des envois de graines de soja des premiers missionnaires partis en Chine. En fait, le soja a été cultivé au Muséum depuis 1740 très probablement, en 1779 certainement, et plus tard de 1834 à 1880 sans interruption[21].
99
+
100
+ La France fut le premier pays occidental à expérimenter la culture du soja[22].
101
+ La Société d'Acclimatation fut la première institution à promouvoir les aliments à base de soja : durant les années allant de 1855 à 1880, elle publia dans son Bulletin plus de trente articles sur la culture du soja et l'utilisation de ses graines dans l'alimentation.
102
+ Le consul de France à Shanghai, M. de Montigny avait rapporté de Chine diverses variétés de pois oléagineux dont le pois jaune (ainsi nommait-il le soja). « Les pois oléagineux ont porté graine en France, en 1854. Leur acclimatation est assurée. » lit-on dans le Bulletin de la Société d'acclimatation[23]. En 1856, M. Vilmorin rapporte à la Société les essais de culture qu'il a effectué des pois oléagineux et ses expériences de fabrication de « fromage chinois » nommé teou-fou. Le Bulletin de 1866 contient une description complète et très précise du procédé de fabrication du tofu nommé « fromage de pois ». Le coagulant est le plâtre et du sel provenant des marais salants. L'auteur rapporte aussi que « les marchands de fromage de pois livrent aussi à la consommation le liquide chaud, non coagulé [le petit lait]… ; les Chinois pauvres se nourrissent de cette substance, d'un goût fade, mais nullement désagréable ».
103
+
104
+ La première usine de fabrication de tofu en France revient à un jeune Chinois, Li Shizeng (李石曾) (ou Li Yu Ying [李煜瀛]) qui vint faire des études d'agronomie à l’École pratique d'agriculture du Chesnoy, à Montargis. Li Shizeng créa dans les années 1908-1909 la première usine moderne de fabrication de tofu, à Colombes, quartier des Vallées, nommée la Caséo-Sojaïne. Il y fait travailler des étudiants chinois pour les aider à financer leurs études, suivant le principe du Mouvement travail-étude. Deng Xiaoping y a travaillé en 1920[24].
105
+ Le soja est arrivé en Europe avec des pains au soja destinés aux diabétiques commercialisés à partir de 1892.
106
+
107
+ Le soja a été introduit en Afrique à la fin du XIXe siècle, il est maintenant répandu à travers le continent[25],[26]. En Afrique tropicale, les graines sèches de soja sont bouillies et utilisées en condiment, ou servent à fabriquer des succédanés de lait ou de la farine[9].
108
+
109
+ Le soja se cultive sous des climats à étés chauds. Ses conditions de croissance optimales nécessitent des températures moyennes de 20 à 30 °C ; des températures inférieures à 20 °C et supérieures à 40 °C retardent sa croissance de manière significative. Le soja n'a pas de besoins élevés en eau, et il n'apprécie guère l'excès d'humidité.
110
+
111
+ Le soja peut pousser dans une large gamme de sols, avec une croissance optimale dans des sols humides alluviaux avec une bonne teneur en matière organique. Comme la plupart des légumineuses, le soja fixe l'azote du sol par l'établissement d'une symbiose avec une bactérie (Bradyrhizobium japonicum, voir Bradyrhizobium). Pour de meilleurs résultats, cependant, un inoculum de la souche de bactéries correcte doit être mélangé aux semences de soja (ou tout autre légumineuse) avant la plantation. Les cultivars modernes atteignent généralement une hauteur d'environ 1 m et nécessitent de 80 à 120 jours du semis (début mai) à la récolte.
112
+
113
+ Pour répondre à la constante augmentation de la demande mondiale de soja, de grandes étendues de forêts, de prairies et de savanes ont été converties en terres agricoles au Brésil et en Argentine. Entre 2000 et 2010, une surface de 20 millions d’hectares a été convertie en culture du soja, représentant 37 % du territoire de la France métropolitaine[27].
114
+ Des ONG telles que Greenpeace, WWF et CorpWatch accusent les producteurs de soja du Brésil de contribuer à la déforestation de la forêt amazonienne dans la région du Mato Grosso[28]. En Amérique latine, la culture du soja provoque des conflits entre les petits exploitants et les grands propriétaires, lesquels utilisent des méthodes de culture hautement mécanisées et demandant peu de main-d'œuvre.
115
+
116
+ En 2006, la culture du soja était responsable de 30 % de la déforestation en Amazonie brésilienne[29].
117
+
118
+ En 2012, presque la moitié des protéines végétales, majoritairement du soja issues de cultures OGM, consommées par les élevages français venaient du Brésil et de l'Argentine[30]. La culture du soja transgénique (OGM) étant interdite en France, les aliments à base de soja disponibles pour l'alimentation humaine sont généralement issus de la production française[31].
119
+
120
+ L'association Greenpeace avertit que le système d’élevage intensif et la surconsommation de viande en Europe provoque la déforestation de certaines régions d'Amérique du Sud, en particulier au Brésil et en Argentine, les importations de soja étant toujours plus importantes[32].
121
+
122
+ Le soja peut être affecté par certains parasites, dont le nématode du soja. Afin d’y faire face, les plantes mettent en place un système de défense faisant intervenir des protéines défensives végétales. Dans le cas du soja, il s’agit d’inhibiteurs de protéase. En effet, les agents nuisibles sécrètent des protéases et, en réponse, un « burst oxydatif » (BO) s’établit, conduisant aux transferts de signaux chimiques, notamment par l’intermédiaire de l’éthylène. La diffusion d’éthylène dans la plante permet d’acquérir une résistance globale aux agents nuisibles par la sécrétion des protéines de défense souvent allergènes. En ce qui concerne le soja, il a été montré[33] que la sécrétion de protéine PR–10 SAM22 de la famille « bet v1-like », est la réponse à une attaque d’un nématode. Les « bet v1-like » sont connues pour leur fort caractère allergène, responsables notamment de la sensibilité au pollen du bouleau. Le soja secrète également des inhibiteurs de sérines protéase (STKI) pour se défendre des larves d’insectes. La remarquable stabilité de STKI aux fortes températures et aux pH acides est certainement impliquée[34] dans sa qualité d’allergène alimentaire. Il existe de nombreux produits phytopharmaceutiques pour lutter contre les parasites du soja[35].
123
+
124
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis remplacent les matières grasses qu'ils devaient importer par le soja qu'ils décident de cultiver sur place à grande échelle. Ils deviennent le premier producteur mondial de soja devant la Chine et ne cessent d'augmenter leur production au début du XXIe siècle. Entre 1961 et 2017, ils ont multiplié leur production par six[1]. L'Amérique du Sud leur emboîte le pas dans les années 1970. D'abord le Brésil, puis l'Argentine. convertissent d'immenses zones de forêt, de prairie et de savane en terre agricole pour la production de soja. À partir de 2010, la croissance brésilienne s'accélère, ce qui leur permet de rattraper la production des États-Unis.
125
+
126
+ Pendant cette période, la production chinoise a augmenté beaucoup plus lentement. D'abord second producteur mondial derrière les États-Unis, la Chine est dépassée par le Brésil en 1974, puis par l'Argentine en 1991. Depuis le début des années 2000, les trois principaux pays producteurs sont les États-Unis, le Brésil et l'Argentine, très au-dessus de la Chine et de l'Inde.
127
+
128
+ Selon FAOSTAT[1] la production de graines de soja des principaux producteurs mondiaux est :
129
+
130
+ Évolution de la production des principaux producteurs de soja de 1961 à 2018 (par ordre décroissant en 2018)[1] :
131
+
132
+
133
+
134
+ En 2017, la France a produit 412 000 tonnes de soja, au même niveau que la Roumanie mais loin derrière le premier producteur de l'Union européenne, l'Italie, qui en a produit 1 019 781 tonnes.
135
+
136
+ En 1998, Monsanto a commercialisé aux États-Unis une variété de soja transgénique résistant au glyphosate (le Roundup Ready). Ce fut le premier soja tolérant aux herbicides.
137
+
138
+ En 2017, la culture du soja transgénique représente 77 % de la surface cultivée totale du soja[36].
139
+
140
+ La culture du soja transgénique, largement adoptée aux États-Unis et en Argentine, se développe à présent au Brésil. Les variétés transgéniques sont le plus souvent résistantes aux herbicides, notamment au glyphosate.
141
+
142
+ 93 % des semences de soja transgéniques vendues aux États-Unis contiennent des traits génétiques de Monsanto[37]. De nombreux semenciers vendent leurs propres variétés de soja avec des traits OGM de Monsanto.
143
+
144
+ Les Européens sont les principaux clients pour le soja non transgénique, facturé environ 10 % plus cher. En France, la filière de production de soja non OGM connaît un nouveau regain en 2017 avec la hausse constante des surfaces cultivées : 155 000 hectares semés en 2017 contre 21 000 en 2008[38]. Les perspectives semblent très favorables au développement de la filière soja non transgénique, à la fois pour l’alimentation animale et pour l’alimentation humaine, notamment pour répondre au développement des filières « viandes de qualité », voire aux substituts de la viande.
145
+
146
+ Proportion des différentes utilisations du soja dans le monde (2018)[39] :
147
+
148
+
149
+
150
+ Les trois-quarts de la production mondiale de graines de soja servent à faire des tourteaux de soja, utilisés dans l’alimentation animale.
151
+
152
+ Après avoir été utilisées exclusivement dans l’alimentation humaine en Asie, les graines de soja ont commencé servir à produire de l’huile à grande échelle aux États-Unis dans l’entre-deux guerres. La trituration de 1 kg de graines de soja donne en moyenne, 0,8 kg de tourteaux et 0,2 kg d'huile[40].
153
+
154
+ Si la graine de soja contient 30−38 % de protéines, une fois l’huile extraite, le tourteau en contient 48 %[40] et même 54 % sur une base de matière sèche. Au début du XXe siècle, les premiers essais d’incorporation de tourteaux de soja dans l’alimentation animale furent des échecs, comparés aux autres sources de protéines (colza, tournesol). On s’aperçut qu’il fallait au préalable procéder à un traitement thermique du soja pour obtenir des résultats satisfaisants. Ce n'est que plus tard qu'on comprit que la chaleur réduisait les facteurs antinutritionnels du soja, comme les lectines et les inhibiteurs de protéases qui diminuent la digestibilité et affectent la croissance des animaux[41]. L’incorporation de tourteaux de soja dans l’alimentation animale connut alors un immense succès pour répondre à la demande croissante de viande des pays émergents. Entre 1967 et 2007, la production porcine mondiale a crû de 294 %, celle d’œufs de 353 %, et celle de volailles de 711 % (Faostat[1]). L’utilisation des tourteaux de soja très riches en protéines a joué un rôle essentiel dans ce boom productif. Afin de pourvoir l’alimentation de ses animaux d’élevage, la Chine a importé de plus en plus de soja. En 2016, elle importait 86 millions de tonnes de soja[1] (représentant 86 % des importations mondiales de soja) lui permettant de devenir le premier producteur mondial de porc (représentant plus de la moitié de la production porcine mondiale[42]), le second producteur mondial de volaille et le troisième producteur mondial de viande bovine.
155
+
156
+ L'Union Européenne importe chaque année 32 millions de tonnes de soja OGM[43] et est le premier importateur mondial de tourteaux de soja[44]. Elle a importé 22 millions de tonnes de tourteaux de soja durant la campagne 2012-2013. Elle est suivie de très loin par la Thaïlande et le Vietnam. La Chine préfère importer des graines de soja qu’elle transforme elle-même en tourteaux et en huile. La production mondiale d’huile de soja a été multipliée par 3,45 entre 1984 et 2014, tirée par la Chine dont la production a été multipliée par 15.
157
+
158
+ Dans l'Union européenne, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Espagne sont les principaux triturateurs de soja[45]. L'Italie est un producteur significatif de graines avec plus d’un million de tonnes. En 2016, la France a produit 338 864 tonnes de graines de soja, à comparer à plus d’un million de tonnes de graines de soja qu’elle a importées, et aux 3 millions de tonnes de tourteaux importés.
159
+ Finalement, les principaux pays utilisateurs de tourteaux de soja (qu’ils soient importés ou produits sur place) sont :
160
+
161
+ La Chine en utilise plus que les États-Unis et l'Union Européenne combinés.
162
+
163
+ Comme les grains de blé, des lentilles, des haricots blancs, des pois chiches, la graine de soja nécessite une hydratation et une cuisson préalable à sa consommation, en raison de sa consistance naturellement dure et de la présence de facteurs antinutritionnels, notamment l'acide phytique qui séquestre le phosphore, les facteurs antitrypsiques qui perturbent la digestibilité des protéines chez les animaux monogastriques (dont l'humain) ou les lectines qui ont une activité hémagglutinante.
164
+
165
+ En 1998, l'Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA)[47] donne la mention GRAS (Generally Recognized As Safe : « généralement reconnu comme sans danger ») aux isoflavones contenues dans les graines de soja.
166
+
167
+ Le soja contient des isoflavones (principalement trois, génistéine (57 %), daidzéine (37 %) et glycitéine (6 %)[48]), des phytoestrogènes qui peuvent influer sur la santé humaine[49]. Un nombre élevé d'effets de l'ingestion d'isoflavones sur la santé[50] a été relevé. De nombreuses études ont été conduites, en particulier, chez la femme ménopausée : une alimentation supplémentée en isoflavones de soja pourrait réduire de près de moitié l'incidence des bouffées de chaleur[51]. Cela ne semble cependant pas avoir été retrouvé dans toutes les études, l'effet estrogénique ne semblant pas systématique[52].
168
+
169
+ Une étude sur des animaux de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) de 2005[53] suggère que l’exposition aux phyto-estrogènes pourrait favoriser la prolifération et la croissance des tumeurs chez les femmes ménopausées avec antécédents de cancer du sein. Toutefois, cette étude est présidée par Mariette Gerber, consultante pour la multinationale Unilever, grand fabricant de produits laitiers et de soja pour la consommation animale, constituant un conflit d'intérêts[54]. L'Anses suggère donc de limiter l'apport journalier d'isoflavones à 1 mg par kilogramme de poids corporel, alors que les études disponibles confirment la non toxicité de ces isoflavones[53].
170
+
171
+ La même étude de l'Anses met en garde contre l'usage de préparations à base de soja avant l'âge de trois ans, en précaution et en tenant compte de la teneur élevée en isoflavones[53]. Dans d'autres pays, cette prévention vis-à-vis des produits infantiles à base de soja n'existe pas, la recherche n'apportant pas d'éléments en faveur de la dangerosité des formules à base de soja[55]. De plus, le lait de vache contient de véritables œstrogènes, notamment l'œstradiol 17-β[56].
172
+
173
+ C'est la première légumineuse dont le génome (de 1,1 milliard de nucléotides) a été entièrement séquencé, avec l'espoir de l'améliorer ou de produire des OGM. Ce travail, terminé au début de l'année 2010, a nécessité la mobilisation d'un consortium de 18 instituts américains.
174
+
175
+ Sur 46 430 gènes identifiés, 73 % sont orthologues d'une ou plusieurs séquences d'autres angiospermes.
176
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+ Le climat est la distribution statistique des conditions de l'atmosphère terrestre dans une région donnée pendant une période donnée. L'étude du climat est la climatologie. Elle se distingue de la météorologie qui désigne l'étude du temps à court terme et dans des zones ponctuelles.
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+ La caractérisation du climat est effectuée à partir de mesures statistiques annuelles et mensuelles sur des données atmosphériques locales : température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent. Sont également pris en compte leur récurrence ainsi que les phénomènes exceptionnels.
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+ Ces analyses permettent de classer les climats des différentes régions du monde selon leurs caractéristiques principales.
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+ Le climat a varié fortement au cours de l'histoire de la Terre sous l'influence de nombreux phénomènes astronomiques, géologiques, etc., et plus récemment sous l'effet des activités humaines (réchauffement climatique).
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+ Le terme « climat » apparaît dans la langue française au XIIe siècle comme dérivé du latin climatis qui provient du grec κλίμα qui désigne l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil[1]. Les premiers découpages climatiques ont en effet été établis selon l'inclinaison des rayons du Soleil par rapport à l'horizon.
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+ Aristote (dans Météorologiques) est le premier à diviser le globe terrestre en cinq zones climatiques : deux zones froides, près des pôles (l’arctique et l’antarctique) ; une zone torride, près de l'équateur, qu'il considère comme inhabitable ; et deux zones tempérées comprises entre la zone torride et une des zones froides (la zone septentrionale, correspondant à l'Écoumène, et la zone méridionale, qu'il appelle les antipodes).
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+ La notion de changement climatique et celle de réchauffement climatique se réfèrent au climat planétaire et à ses variations globales et locales.
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+ Selon Antoine César Becquerel qui en 1865 cite Alexander von Humboldt, le climat d'un pays est :
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+ « la réunion des phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens, électriques, etc. qui impriment à ce pays un caractère météorologique défini, différent de celui d'un autre pays, placé sous la même latitude et dans les mêmes conditions géologiques. Selon que l'un de ces phénomènes domine, on dit que le climat est chaud, froid ou tempéré, sec ou humide, calme ou venteux. On considère toutefois la chaleur comme exerçant la plus grande influence : viennent ensuite les quantités d'eau tombée dans les diverses saisons de l'année, l'humidité ou la sécheresse de l'air, les vents dominants, le nombre et la répartition des orages dans le cours de l'année; la sérénité ou la nébulosité de l'air; la nature du sol et celle de la végétation qui le recouvre, selon qu'elle est spontanée ou le résultat de la culture[2]. »
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+ Le climat désigne les caractéristiques statistiques (moyenne, maxima et minima, dispersion), calculées sur une longue période de temps (30 ans, par convention, pour les météorologistes), des observations de paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie ou la vitesse du vent, en un lieu géographique et à une date donnés[1].
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+ Le système climatique est composé de plusieurs sous-ensembles : l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, la lithosphère continentale et la biosphère de la Terre. L'apport d'énergie du rayonnement solaire et les échanges d'énergies entre les sous-ensembles du système climatique déterminent le climat de la planète[1].
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+ Les océans représentent le principal réservoir de la chaleur capturée et de l'humidité. La circulation océanique, que l'on appelle aussi circulation thermohaline parce qu'elle est causée à la fois par des différences de températures et par différences de salinité, redistribue la chaleur des régions chaudes vers les régions froides[3].
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+ Le rayonnement solaire se distribue inégalement à la surface de la Terre. Les basses latitudes, autour de l’équateur, reçoivent davantage de rayonnement que les hautes latitudes, proches des pôles Nord et Sud. L’océan n’absorbe (ou ne réfléchit) pas le rayonnement solaire incident de la même manière que les surfaces continentales. Les écarts de température importants entre régions polaires et zone intertropicale induisent à leur tour des mouvements de l’air (vents) et de l’océan (courants marins). Les surfaces océaniques et continentales sont soumises à une forte évaporation qui alimente un cycle hydrologique. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, se condense en altitude, est transportée par les vents, et précipite sous forme de pluie ou de neige. La rotation de la Terre induit une accélération des vents (force de Coriolis) qui sont déviés vers la droite, dans l’hémisphère nord, et vers la gauche, dans l’hémisphère sud. Ce phénomène donne naissance aux vents alizés, dans la zone intertropicale, et à d’immenses tourbillons (les anticyclones de l’hémisphère nord). De vastes cellules de circulation générale ceinturent la Terre : elles contribuent à redistribuer la vapeur d’eau excédentaire des régions de basses latitudes vers les zones extratropicales, et elles assèchent les régions désertiques aux latitudes subtropicales (cellules de Hadley)[4].
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+ Une partie du rayonnement solaire qui arrive au sol est immédiatement réfléchie. Le rapport entre l'énergie réfléchie et l'énergie solaire incidente est l’albédo, qui est compris entre 0 pour un corps qui absorberait la totalité des ondes électromagnétiques et 1 pour une surface qui les réfléchirait toutes. L’albédo planétaire, mesuré au sommet de l’atmosphère, qui est de 0,3, connaît de grandes variations en fonction des surfaces, depuis 0,05 à 0,15 pour la surface de la mer, une forêt de conifères ou un sol sombre jusqu'à 0,75 à 0,90 pour la neige fraiche[5]. Toute variation de l'albédo modifie la température :ainsi, la fonte de la banquise arctique diminue l'albédo, donc augmente les températures dans la région arctique.
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+ Les continents et surtout le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifie grandement la distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.
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+ Il existe de nombreuses méthodes de classification des climats, elles dépendent des données observées et leur choix est fonction des buts recherchés par les observateurs. Une des plus connues est la classification de Köppen.
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+ Une représentation très simple permet d'identifier un climat d'un seul coup d’œil : le diagramme ombrothermique, qui représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées. Chaque climat, exception faite du climat équatorial, a deux diagrammes types, l'un pour les régions de l'hémisphère nord, l'autre pour l'hémisphère Sud. Le climat équatorial n'a pas cette caractéristique, car il ne connaît pas de saisons et se trouve près de l'équateur.
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+ Le climat équatorial concerne les régions voisines de l'équateur. Il se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations, ainsi qu'une température élevée quasiment constante toute l'année, dont la moyenne est de 28 °C. Les pluies sont presque quotidiennes, beaucoup plus abondantes aux équinoxes et tombant plutôt en soirée ; l'air chaud se charge en humidité et connaît un mouvement ascendant. Avec l'altitude, il se produit un refroidissement, avec formation de nuages de type cumulo-nimbus qui provoque des pluies souvent violentes. Ce mélange de chaleur et d'humidité permet l'épanouissement de la forêt équatoriale qui est le biome le plus riche en biodiversité.
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+ Ce climat est présent de part et d’autre de l’équateur, parfois jusqu’à 15 à 25 degrés de latitude nord et sud. La température mensuelle moyenne est toute l’année au-dessus de 18 °C. On distingue une saison sèche et une saison humide. Plus l’on s’approche de l’équateur et plus la saison humide s’allonge. Les littoraux tropicaux à l’ouest peuvent subir une variation très importante de température.
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+ Le climat désertique est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents.
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+ Ce type de climat se rencontre à des latitudes comprises entre 25 et 45°. Ces climats subissent l'influence de masses d'air tropicales pendant les mois d'été, leur apportant de fortes chaleurs. En revanche, ils connaissent une vraie saison froide, même si celle-ci est modérée, sous l'influence de masses d'air polaire. En outre, si le ressenti est agréable (douceur, ensoleillement), ces climats sont aussi sujet à des phénomènes brutaux (orages, inondations, tempêtes tropicales, cyclones).
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+ Généralement deux types de climats peuvent être qualifiés de subtropicaux : le climat méditerranéen sur les façades occidentales et le climat subtropical humide sur les façades orientales (on emploie souvent le terme « climat chinois »). Si ces deux climats ont en commun un hiver relativement doux et humide (même si un coup de froid n'est jamais exclu), les masses d'air tropical en été apportent des situations bien différentes. Le climat méditerranéen connait l'aridité estivale, alors que le climat subtropical humide subit une chaleur très moite.
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+ Les climats subtropicaux, par leur saison froide en hiver, peuvent aussi être qualifiés de "climats tempérés chauds".
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+ Ce climat est en général caractérisé par des températures tempérées, ainsi que deux saisons : une saison froide (hiver) et une saison chaude (été). On le divise en trois grands sous-groupes :
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+ Le climat océanique est un climat avec des étés généralement doux et des hivers généralement frais, humide en toutes saisons et influencé par la proximité des océans où l'on retrouve des courants chauds (en façade ouest des continents) et qui se dégrade peu à peu en un climat continental en se dirigeant vers l'Est, avec des étés chauds et orageux et des hivers très froids et plutôt secs. Le climat océanique est marqué par une amplitude thermique faible (moins de 18 °C), qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'intérieur des continents. Les précipitations sont en général de l'ordre du mètre et surtout bien réparties. On le retrouve entre 35 et 65 degrés de latitude dans l'hémisphère nord et sud[N 1] Berlin en serait la limite orientale en Europe.
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+ Certains auteurs parlent de climat hyper-océanique pour la bande de terre proche de l'océan [N 2] et où l'amplitude thermique annuelle moyenne est très faible (moins de 10 °C).
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+ Le climat continental se distingue par une amplitude thermique plus forte (dépassant les 23 °C) et des précipitations de l'ordre du mètre mais réparties surtout pendant la période estivale. L'influence de l'océan ne pouvant se faire sentir vu la direction générale des vents, c'est l'humidité due à l'évapotranspiration des terres (forêts et marécages) et des lacs qui fournit les précipitations[N 3]. Les villes côtières des façades orientales subissent également ce climat malgré leur proximité des océans, et ce, jusqu'à des latitudes très basses (New York, Boston, Washington, Shanghai, Séoul) à cause de l'absence de courant océanique chaud. Certains auteurs parlent de climat hypercontinental (amplitude supérieure à 40 °C) pour les régions intérieures des grands continents où seule la terre influence le climat[N 4]. Les températures extrêmes sont souvent étonnantes (+36 °C et −64 °C pour Snag au Yukon).
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+ Les régions présentant une amplitude thermique intermédiaire entre climat océanique et climat continental (autour des 20 °C) sont appelés climat océanique dégradé ou climat semi-continental.
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+ Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés chauds et très secs, d'où de nombreux incendies de forêts, et des hivers doux et humides avec des précipitations violentes susceptibles d'entraîner des inondations. Ce climat doit son nom à la proximité de la Méditerranée mais peut se rencontrer dans d'autres parties du monde (Afrique du Sud, Chili, etc.), et peut présenter d'assez fortes influences continentales (Madrid, Ankara, Tachkent, etc.).
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+ Ce climat est un intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire. Les étés sont moins chauds et les hivers plus rigoureux que dans le climat tempéré. La végétation correspond à la forêt boréale ou Taïga. On ne retrouve ce type de climat que dans l'hémisphère nord : partie centrale de tout le Canada, majeure partie de la Russie et nord-est de la Chine. C'est une région peu habitée aux étés courts et frais. En Eurasie, la Sibérie occidentale correspond à ce climat.
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+ Le climat subarctique correspond à l'appellation « climat tempéré froid sans saison sèche avec aucun mois chaud (+22 °C) » (Dfc) de Köppen.
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+ Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l'année, le mois le plus chaud étant toujours en dessous de +10 °C. La température moyenne mensuelle dépasse −50 °C sur les inlandsis. Vent fort et persistant, le blizzard. Il est caractéristique des côtes nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que du Groenland et de l'Antarctique.
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+ L'échelle des climats régionaux ou mésoclimats, qui s'applique à des régions de plusieurs milliers de kilomètres carrés, soumises à certains phénomènes météorologiques bien particuliers (Sirocco, vent venu du désert) du fait de l'interaction entre la circulation générale et le relief. Le climat de l'Alsace, asséché par l'effet de foehn, fournit un exemple typique de climat régional[6].
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+
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+ L'échelle des climats locaux s'applique à des sites qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres carrés tout au plus en moyenne. Cette échelle du climat reste en rapport étroit avec les particularités environnementales d'un espace peu étendu[6].
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+ La présence de reliefs (climat montagnard...) et d'étendues aquatiques induisent des climats spécifiques. En fond de vallée par exemple, au lever du jour, la température sera beaucoup moins élevée qu'au sommet des versants en adret, pourtant situé à quelques kilomètres de là. La circulation, les échanges entre masses d'air locales ne seront ainsi pas les mêmes que dans la vallée voisine, peut être orientée différemment par rapport au soleil.
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+
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+ Ces particularités peuvent avoir une origine humaine — il s'agit essentiellement de micro-climat urbain — ou être entretenues par un milieu naturel tel qu'un rivage marin ou lacustre, ou encore une forêt[6].
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+
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+ L'échelle micro-climatique concerne des sites peu étendus grands d'une centaine de mètres carrés, parfois beaucoup moins. Les traits spécifiques de la topographie et de l'environnement à petite échelle — bâtiments et obstacles divers, couvert végétal, niches rocheuses... — modifient dans ce cas sur des aires réduites, mais de façon parfois très notable, les caractéristiques générales du courant aérien, de l'ensoleillement, de la température et de l'humidité[6].
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+ Le climat global varie incessamment à toutes les échelles de temps - temps profond géologique (centaine à dizaine de millions d'années), temps du Quaternaire (million d'années), temps de la préhistoire et de l'histoire humaines (dizaine de milliers à millier d'années), temps de l'époque actuelle (centaine à dizaine d'années), selon des oscillations irrégulières continues enchaînant des périodes, des stades et des phases plus ou moins longs de chauds et de froids relatifs plus ou moins intenses.
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+ Les causes de ces variations sont essentiellement naturelles jusqu'au XIXe siècle, et majoritairement humaines depuis la deuxième moitié du XXe siècle ; le 5e rapport du GIEC, publié en 2014, estime avec une "haute confiance" qu'en l'absence de mesures additionnelles prises, « les scénarios de base conduisent à une augmentation de la température moyenne globale en 2100 située entre 3,7 °C et 4,8 °C comparée aux valeurs pré-industrielles »[7]. Leurs effets principaux sont d’une part géomorphologiques, variations de l’épaisseur et de l’étendue des surfaces marines et terrestres englacées, du niveau et de l’étendue de l’océan mondial, de l’étendue et du modelé des terres émergées... et d’autre part environnementaux, changement et/ou évolution des écosystèmes – migrations, disparitions, installations... de flores et de faunes selon les déplacements des zones climatiques.
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+ La période interglaciaire actuelle de l'Holocène a débuté il y a une douzaine de milliers d’années, à la fin de la dernière période glaciaire (appelée Würm pour sa composante alpine)[8]. La déglaciation qui l'a précédée a duré environ 10 000 ans ; elle s'est soldée par une hausse des températures d'environ 4 °C et une élévation du niveau marin d'environ 130 mètres[9]. L'optimum climatique de l'Holocène a duré d'environ 9000 à 5000 ans BP.
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+
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+ L'évolution de la température durant l'Holocène n’est pas monotone : durant le dernier millénaire, le climat européen a été successivement doux et sec (~ 1000/1250), très variable (~ 1250/1400) – Optimum climatique médiéval -, de plus en plus froid (~ 1400/1600), très froid (~ 1600/1850) - Petit âge glaciaire -, peu à peu réchauffé (~ 1850/1940), froid (~ 1940/1950). Depuis, il se réchauffe de nouveau, mais dans des proportions et à une vitesse sans commune mesure avec les évolutions antérieures : l'augmentation de température atteint 0,9 °C en 2017 par rapport par rapport à la moyenne 1951–1980[10] ; le GIEC attribue ce réchauffement accéléré aux activités anthropiques.
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+ Parmi les facteurs majeurs de variations climatiques de long terme, on peut citer :
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+ Le système climatique est très complexe : les interactions affectent simultanément l'atmosphère, les océans, les calottes glacaires, les systèmes hydrologiques continentaux, la biosphère marine ou terrestre. Simuler ces interactions nécessite la collecte et le traitement de masses considérables d'informations. L’apparition des images satellitaires a permis de visualiser de manière directe l’organisation à grande échelle de la circulation atmosphérique et, de manière plus indirecte, celle de la circulation océanique. Les premières tentatives de modélisation datent du XIXe siècle, avec la formulation des équations qui déterminent le mouvement de l’atmosphère, les équations de Navier-Stokes. Une des premières tentatives de modéliser le système climatique est celle de l’anglais Lewis Fry Richardson, publiée en 1922. Mais c'est seulement avec l'arrivée des ordinateurs que la modélisation a pu trouver les capacités de calcul énormes qu'elle nécessite. La première étape du travail de modélisation consiste à couvrir la Terre d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants ; un modèle atmosphérique incorpore des équations supplémentaires pour représenter l’effet collectif des nuages près du sol (les stratus), comme des grands nuages convectifs (les cumulonimbus), la présence de végétation, le débit des rivières, etc. L’allongement de la durée des simulations a permis d’explorer le comportement des modèles numériques sur des périodes de plus en plus longues, et de tester leur capacité à reproduire des climats passés: par exemple, le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, ou encore le climat chaud de l’Holocène entre 10 000 et 5 000 ans avant l’époque actuelle, quand le Sahara était humide. Le progrès le plus important a été le passage d’une modélisation de la circulation atmosphérique à une représentation du système climatique complet : atmosphère, océans et continents, en prenant en compte leurs interactions physiques, chimiques et biologiques[13].
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+ Le mot Arabes désigne à l'origine les habitants de la péninsule arabique, dont une partie parlait l'arabe (au nord et au centre de la péninsule), une autre s'exprimait dans des langues différentes (au sud). Aujourd'hui, le terme est utilisé pour désigner des populations liées par la pratique de la langue arabe et/ou la culture arabe, réparties sur une vaste zone qui s’étend d’Oman à la Mauritanie ; cela comprend la majorité des habitants de la péninsule arabique, du Machrek et du Maghreb qui parlent des variantes de l'arabe, une langue sémitique. Ces pays appartiennent pour la plupart à la Ligue arabe.
12
+
13
+ Ainsi définis, ils sont estimés à environ 450 millions dans le monde[4]. Ils forment la population majoritaire dans de nombreux pays d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord et une diaspora parfois importante ailleurs en Afrique, en Europe occidentale et en Amérique du nord et du sud.
14
+
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+ L’origine du mot Arabe, du latin Arabus, qui provient lui-même du grec Αραψ (Araps), demeure obscure, malgré les nombreuses recherches[5]. Dans la mythologie grecque ce nom vient du héros Arabos, né dans une vaste contrée à qui il donna son nom, l'Arabie, et à son peuple. Il est fils du dieu Hermès et père de Cassiopée[réf. nécessaire]. Il pourrait provenir de l'akkadien Arabu, qui veut dire désert[6].
16
+
17
+ L’étymologie arabe considère que le mot arabe dérive du verbe « exprimer »[5]. Ce radical pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf. Érèbe, les ténèbres), c’est-à-dire l’Occident. Arabe et Europe pourraient provenir du sémitique `ereb, qui signifie « coucher du soleil » (donc occident), en hébreu. Arabi a la même racine que « Erev »: le soir (« maarav »: l'occident, le couchant). L'arabe est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible, ce qui laisserait penser que l'hébreu (« Ivri » descend d'Ever / Eber, voulant dire la traversée, le passage) venait à l'origine de l'est de l'Arabie. « Erev » (« soir » en hébreu) et Ever (personnage biblique ancêtres des Hébreux, représentant le mouvement d'une traversée) sont constitués des mêmes lettres mais n'ont pas du tout la même racine (les langues sémitiques étant construites sur des racines/ des radicaux de lettres), ni étymologie, ni signification. (Erev # Ever.)
18
+
19
+ Le mot Aribi a été trouvé dans une inscription assyrienne qui date de 853 av. J.-C. Le roi Salmanazar III relate une rébellion du prince Gindibou l’Aribi[7]. Vers 530 av. J.-C., le mot Arabaya est transcrit dans plusieurs documents persans. Le nom de lieu Arabia est transcrit en grec par Hérodote. Par la suite tous les écrivains grecs ou latins élargissent le sens en désignant l’endroit et les habitants par le mot arabique[7].
20
+
21
+ D’après Deroy & Mulon, « arabe » s’« approche de l’ hébreu ‘arâb « aride, stérile »"[8].
22
+
23
+ Selon l’Encyclopædia Britannica : un Arabe est « quelqu’un dont la langue maternelle est l’arabe »[9].
24
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25
+ Pour Maxime Rodinson, on peut « considérer comme appartenant à l’ethnie, peuple ou nationalité arabe ceux qui : 1˚ parlent une variante de la langue arabe et, en même temps, considèrent que c’est leur langue “naturelle”, celle qu’ils doivent parler, ou bien, sans la parler, la considèrent comme telle ; 2˚ regardent comme leur patrimoine l’histoire et les traits culturels du peuple qui s’est appelé lui-même et que les autres ont appelé Arabes, ces traits culturels englobant depuis le VIIe siècle l’adhésion massive à la religion musulmane (qui est loin d’être leur exclusivité) ; 3˚ (ce qui revient au même) revendiquent l’identité arabe, ont une conscience d’arabisé »[10].
26
+
27
+ Selon Ibn Taymiyya, « est arabe celui que l'arabité domine, même s'il n'est pas descendant d'arabes, mais celui qui a abandonné l'arabité n'est plus arabe, même s'il est descendant d'arabes »[11].
28
+
29
+ Avec l’expansion de la religion musulmane à partir du VIIe siècle, certains groupes sociaux ou politiques s’arabisent petit à petit. La culture arabo-musulmane se propage, en particulier au détriment des langues locales (grec, égyptien, syriaque, berbère), notamment au Proche-Orient (Liban, Syrie, Palestine, Jordanie et Irak) et aussi en Afrique du Nord (Égypte, Maghreb, Soudan). Selon Maxime Rodinson, « les coutumes arabes admettaient et favorisaient l’adoption par les clans de gens de toute espèce et de toute origine qui devenaient ainsi des Arabes à part entière. [… De nombreux soumis] se rattachèrent aux Arabes, se considérèrent comme des Arabes, devinrent réellement des Arabes. Mais des masses encore bien plus nombreuses devinrent musulmanes »[12].
30
+
31
+ Les populations « arabisées » parlent souvent des variantes de l'arabe, mélangé aux langues antérieures, appelés « dialectaux ». À l'écrit, des formes normalisées de l'arabe sont cependant le plus souvent pratiquées, soit l'arabe classique, soit l'arabe moderne. Par exemple, les Maltais parlent le maltais, une variante de l'arabe proche du tunisien, sans se considérer comme Arabes. En effet, le mouvement nationaliste maltais, au XIXe siècle, s'est construit autour du mythe d'une origine phénicienne pour contrer les partisans de l’annexion de Malte par l’Italie, alors en cours d’unification.
32
+
33
+ Les habitants de l’Arabie et du désert s’étendant de la Mésopotamie jusqu’en Syrie sont de langue sémite. La présence de populations bédouines y est très ancienne, puisqu’elles sont mentionnées dans des textes assyriens et babyloniens du IXe siècle av. J.-C. mais aussi dans la Bible. Selon celle-ci, elles seraient issus des fils d’Abraham, leur ancêtre serait Ismaël, frère d’Isaac l'ancêtre des Hébreux.
34
+
35
+ L’historien Marc Bergé écrivit :
36
+
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+ « "Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854 av. J.-C. : l’arabe Gindibu soutint Bin Idri de Damas (le Ben Hadad II de la Bible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de la bataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés, à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites[13]. »
38
+
39
+ À partir du VIIe siècle, certains sont partis au Proche-Orient, vers l'Asie, l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique, dans le cadre de la diffusion de l’islam. Il existe aujourd’hui d'importantes diasporas issues de ces pays et qualifiées d'«arabes» en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique de l'Ouest, de l'Est.
40
+
41
+ Une étude génétique récente publiée dans le "European Journal of Human Genetics" dans Nature (2019) a montré que les populations d'Asie occidentale, arabes, européennes, nord-africaines, sud-asiatiques (Indiens) et certaines populations d'Asie centrale sont étroitement liées les unes aux autres, et peuvent être distinguées des Africains subsahariens ou des populations d'Asie de l'Est[14].
42
+
43
+ L'histoire traditionnelle arabe classe les peuples arabes en trois catégories, à savoir : les « arabes disparus », les « arabes arabisants » (Qahtân), et les « arabes arabisés » ('Adnân), ces derniers descendraient d'Ismaël fils d'Abraham. Qahtân, originaire du Yemen, est considéré l'ancêtre des « Arabes du sud », et 'Adnan, le descendant d'Ismaël ibn Ibrahim, celui des « Arabes du nord »[15]. Selon les textes coraniques et bibliques, Ibrahim (pour les musulmans) ou Abraham (pour les hébreux et les chrétiens) descendrait de Sem fils de Noé. Il est considéré comme l'ancêtre principal du peuple arabe. Son fils Ismaël ayant épousé la fille d'un descendant de Qahtân nommé Mudâd, engendra les douze ancêtres des douze tribus ayant peuplé La Mecque avant de se disperser de toutes parts en Arabie[16].
44
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45
+ Les « arabes disparus » formèrent des tribus qui laissèrent peu de traces archéologiques, la tradition nous livre cependant leurs noms, à savoir : les 'Ād (en arabe : عاد), les 'Imlaq, les Jadîs, les Tasm , ou encore les Thamûd disparus avant le VIe siècle. La légende pré-islamique des tribus de Tasm et Jadis les situe dans la région de Kharj.
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+ Les « arabes arabisants » descendant de Qahtân sont d'abord les tribus de Jurhum et de Ya'rub. De Ya'rub proviennent ensuite les Kahlân et les Himyar.
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+ Des Kahlân ayant émigré du Yémen vers le nord se détachent les Azd, ancêtres des Ghassanides établis de Tabûk à Palmyre. Les Judhâm et Lukhm descendent aussi des Kahlân, Lukhm est considéré l'ancêtre des Lakhmides qui occuperont la rive occidentale de l'Euphrate. Autres descendants des Kahlân sont les Kinda qui fondent un royaume tribal de Kinda dans le Najd, ils émigrent aussi à Bahrein, d'où ils redescendront vers l'Hadramaout. D'autres tribus descendant de Kahlân sont les Anmâr, les Aws, les Hamadân, les Khazraj, les Mudhaj, et bien d'autres encore dont les Tayyi' qui s'établirent dans les montagnes du même nom au grand désert de Néfoud.
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+ Les Himyar du Yémen sont les ancêtres de diverses tribus parmi lesquelles se détachent les Bahrâ dont un fils célèbre est Miqdad ibn Amr al-Bahrani compagnon du Prophète, les Balî, les Juhayna, les Kalb, les Qudâ'a et bien d'autres encore.
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+ La tradition nomme « arabes arabisés » les 'Adnân mentionnés ci-dessus car ils descendent d'Ismaël qui, par son mariage avec une fille arabe de la tribu de Mudâd, dut apprendre la langue arabe, lui-même et ses douze enfants mâles qui sont pour cette raison qualifiés d'arabes arabisés. L'un des douze est Qidâr, père de 'Adnân qui généra Mu'id, le père de Nizar. Le prophète Mahomet s'inscrit dans cette lignée des 'Adnân.
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+ Selon Ibn Khaldoun, les Arabes appartiennent à quatre groupes distincts, les Aribah, les Mustaribah, les Tabia lil Arab et les Mustajam[17]. D’après lui[18], les généalogistes arabes classent les tribus de leur nation en deux catégories. De la première, Qahtân, descendent les Kahlan et les Himyar comme expliqué ci-dessus, de la seconde, issue d’Ismaël[19] descend Nizar ibn Mu'id ibn Qîdâr, lequel Nizar eut quatre fils Anmâr, Iyad, Rabîa et aussi Mudr l'ancêtre lointain des Quraych et du prophète Mahomet, mais aussi de la famille Al Thani qui règne depuis 150 ans sur le Qatar.
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+ Selon Tabari, un historien musulman, Ève aurait habité à Jeddah et Adam seul à Sarandib (Sri Lanka) dans une montagne. L'explorateur Ibn Battuta prétend avoir identifié cette dernière, qui porte maintenant le nom de pic d’Adam[20]. Adam et Ève seraient passés par l’actuelle Arabie saoudite, où Adam fit son pèlerinage et retourna à sa nouvelle demeure, à savoir La Mecque actuelle[21].
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+ Tabari fait remonter Ismaël, en passant par Abraham et Noé, à Adam.
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+ D’autres philosophes musulmans pensent que la langue d’Adam était l’arabe, mais cela a été contesté par Ibn Jinni au Xe siècle[22].
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+ Une « Apocalypse d'Adam » qui reprend divers psaumes et préceptes d’Adam est un ouvrage apocryphe dont existent quatre versions en langue arabe conservées au Vatican[23], qui possède aussi deux versions en syriaque de cet écrit[24].
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+ D'après la Torah et le Coran, la mère d’Ismaël est Agar, une Égyptienne[25], et son père était Abraham[26]. Le roi égyptien avait quatre cents femmes, dont Agar. Il offre à Sarah, l’épouse d’Abraham, de choisir deux jeunes filles parmi ces femmes. Sarah n'en choisit qu'une seule, Agar, qui occupait un rang plus élevé que celui des autres, et qui se prit d’affection pour Sarah[27].
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+ Le géographe grec Strabon, au Ier siècle av. J.-C., commence à décrire avec précision le territoire des Arabes : il bénéficie du témoignage des marchands de la route de l'encens, et des explorateurs romains[28].
68
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+ Les livres Les Ethniques de Étienne de Byzance, lexicographe byzantin, formaient une étude philologique et grammaticale de termes toponymiques de l’Antiquité. La région d’Arabie y est présentée peuplée par des tribus nomades dont la langue semble être l'arabe. L’Arabie centrale y est peu présente, Yathrib et Makka ne sont pas mentionnées.
70
+ Des références à des ouvrages de l’Antiquité traitant uniquement de l’Arabie et de sa population sont faites. L'auteur s’était basé sur les travaux de géographes (Ptolémée, Strabon et Pausanias) et grammairiens et commentateurs d'Homère[29],[30].
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+ D’après Ctésias, au temps des Phéniciens, les Béroses étaient composés de Chaldéens et d’Arabes. Le roi arabe à cette époque était Ariée, il faisait la guerre contre Ninus, chef de Babylone et de Ninive[31]. Selon Ferd Hoefer, une dynastie arabe avait occupé Babylone en 1400 av. J.-C.Cusan - Risataim, un Madianite (tribu qui appartient aux Ismaélites) était le roi de la Mésopotamie. Plusieurs peuples (phéniciens, hébreux) étaient soumis à ce roi. Les Ismaélites occupaient une partie de la Mésopotamie et une grande partie de l’Arabie. La guerre éclate entre les Hébreux et Cusan - Risataim à cause de Yahweh (dieu du Proche-Orient). Les Hébreux ont dénigré ce dieu et se sont mis à adorer Baalim (les Baal) et Astaroth (Astarté). À la fin, les Hébreux offrent leur soumission à Cusan- Risataim durant huit ans[32].
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74
+ La langue du sud est différente du nord de la péninsule de l’Arabie. Le Sud était en plein déclin, après la chute successive du Royaume de Saba qui a duré des millénaires. Les Himyarites sont les derniers souverains de cette région. Dhu Nuwas fut le dernier roi de la dynastie à la fin du Ve siècle, il se convertit au judaïsme et punit les chrétiens à cause de la persécution des Byzantins. Les Éthiopiens, en majorité chrétiens, prennent la région. Vers 575, les Perses font une incursion. La domination des Éthiopiens et des Perses a été éphémère.
75
+ La société était très développée par rapport aux autres. Les habitants sont sédentaires, habiles dans la construction de digues et l’agriculture. Ils produisaient et exportaient les épices, la myrrhe, l’encens, les aromates, etc., à une partie du monde. Les routes étaient prospères pendant le temps de la paix (accord signé entre les Arabes et les Romains à l’époque de l’empereur romain et arabe Philippe l’Arabe). Le Yémen était une société monarchique et la religion était polythéiste. Plusieurs inscriptions découvertes dans la région laissent penser qu’une partie de la population savait écrire[33][source insuffisante].
76
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+ Ces régions étaient influencées par la culture araméenne hellénisée. Les pistes commerciales étaient établies. Les Nabatéens fondent leur royaume et la ville de Pétra fut la capitale. Trajan concrétise une province romaine au nord de la Nabatène. De 244 à 249, Philippe l’Arabe dirigeait toute la province. Au sud la Syrie était connue sous le nom de Palmyre, Odenathus (« Udhayna ») était le premier souverain puis sa femme Zénobie (« Zayneb ») le remplaça. Aurélien prend la région puisque presque la totalité de la population était semi-nomade ou nomade. L’histoire demeure sombre au sujet des autres dynasties Lihyan et Thamud. Des inscriptions relèvent l’existence des deux pays. Le Coran mentionne Thamud. En 384, le traité de paix entre les Sassanides et les Romains fait arrêter les guerres dans la région. Cette paix durera jusqu’en 502. Les Byzantins et les Perses parcouraient les routes de la région qui étaient sûres[34][source insuffisante].
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+ Entre le IVe siècle et le VIe siècle, la région se dégrade. Les Byzantins et les Sassanides s’en sont désintéressés. La société arabe demeure tribale. L’élevage était important pour la survie ; parfois les Bédouins attaquent les caravanes des Arabes sédentaires. Les tribus arabes avaient un chef élu et avaient un conseil formé de membre de la même famille (Ahl al Bayt) (les gens de la maison). La religion des tribus était le polydémonisme[34][source insuffisante].
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+ La ville réunissait les grands marchands de la tribu des Quraychites. Ces derniers concluaient des traités avec les Byzantins, les Éthiopiens, les Sassanides, etc. La Mecque était une ville marchande. Ses notables dirigeaient tout par l’intermédiaire d’un conseil (Madjles)[34][source insuffisante].
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+ Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes au centre de l’Arabie étaient essentiellement nomades, mais avaient développé des civilisations urbaines et des royaumes au sud de la péninsule Arabique; comme ceux du Yémen (Saba, Hadramaout, Ma'in, Himyar), au nord de la péninsule (royaumes Lakhmide de Al-Hira, Ghassanide), en Mésopotamie, et en Syrie (royaumes de Palmyre, de Pétra, de Hatra).
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+ C’est à Yathrib, la future Médine, que l’islam commence à établir son pouvoir (voir Tribus musulmanes et juives de Yathrib).
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+ Après la conquête de la péninsule Arabique par l’islam, les Arabes ont conquis aux VIIe et VIIIe siècles les régions voisines du Proche-Orient, l’Asie mineure, l’Afrique du Nord dans laquelle ils fondent Kairouan première cité musulmane du Maghreb[35]. Après une conversion rapide à l’islam, une armée d'Amazigh et Arabes conquit l’Espagne pour le compte du calife omeyyade de Damas. Toutes les villes tombaient au pouvoir des Omeyyades. Plusieurs dynasties se sont maintenues pendant huit siècles, mais le règne des musulmans finit par tomber sous les attaques des chrétiens du nord. La seule dynastie survivante était la dynastie arabe des Nasrides à Grenade, elle fut la dernière à tomber en 1492. En même temps, la découverte de l’Amérique fut entamée.
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+ Les musulmans ont régné près de huit siècles (de 711 à 1492) en Andalousie. Ils conquirent aussi le Portugal. Les Maures furent expulsés de la péninsule ibérique en 1609 sous Philippe III[36][réf. non conforme]. Une partie d’entre eux s’installe en France[réf. nécessaire] surtout les chrétiens. Le reste revient en Afrique du Nord. Certains pouvoirs en Andalousie s’entendaient avec les trois communautés religieuses chrétienne, juive et musulmane. À partir de 1492, les Espagnols diffusent en Amérique des techniques et des denrées empruntées à la culture maure (les techniques d’irrigation, le sucre, le café, etc.)[37].
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+ Une tête de pont musulmane se maintient en Provence dans le massif des Maures, dans le Sud de la France, jusqu’à la fin du Xe siècle[38].
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+ La Sicile fut également sous domination musulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes récupèrent l’île, fondant le royaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigration berbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 1040.
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+ Sur plusieurs vagues Les Hilaliens et les Banou Salim, des tribus du centre de la péninsule arabique, s'installent d'abord en Égypte avant de faire la conquête du Maghreb au milieu du XIe siècle[39].
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+ Le Proche-Orient et le Maghreb ont par la suite été intégrés en totalité ou en partie à d'autres empires (ottomans, espagnols, portugais, anglais, français, etc.).
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+ Dans l'Antiquité, les habitants de l'Arabie pratiquaient des religions animistes[40] variées[41]. La Mythologie arabe préislamique comptait de nombreuses divinités[42] (Allat (parfois écrit Al Lât), Hubel, Quzeh, , Al Ozzâ, Wadd (Amour), Amm, Yagût, Nasr, etc.[41]). La Kaaba était un lieu sacré en Arabie avant Mahomet[41],[43]. On peut mentionner aussi le mythe de la Reine de Saba, appelée « Balqis » en arabe.
100
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+ Des Arabes pratiquaient des religions monothéistes (christianisme, judaïsme, etc.) avant l’apparition de l’islam. De nombreux Arabes de religion juive vivaient dans la région[44], notamment à Yathrib (Médine) où ils étaient agriculteurs et artisans[33][source insuffisante]. Certaines y sont restées jusqu'au XXe siècle, en particulier au Yémen. Après l'hégire, une grande partie des Arabes embrassent la religion musulmane.
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+ Il existe près de quinze millions d’Arabes chrétiens dans l’aire géographique arabo-musulmane : en Égypte (de 8-16 %), en Syrie (5,4-9,4 %), au Liban (34-41 %), en Palestine (6 %, 11 % avec la diaspora palestinienne), en Israël (2%), en Jordanie (3-4 %), en Irak (2,7-3,5 %)[45].
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+ Parmi les Arabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population[46], la communauté arabe compte ainsi 8 millions[37]. Les chrétiens de la Grande Syrie sont venus au Brésil en 1837. En tout, il y a 17 millions d’Arabes en Amérique latine[37].
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+ Aux États-Unis, les Arabes sont estimés à 3,5 millions, dont environ 63 % sont chrétiens et 24 % musulmans[47]. Leur communauté qui s’est installée dès le début du XXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien assimilée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, tels John Sununu et Ralph Nader dans la politique, Bobby Rahal dans le sport, ou Paul Anka et Frank Zappa dans la musique. Ces dernières années, de nouveaux immigrants sont arrivés d’Irak.
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+ L'expression « juifs arabes » désigne les personnes de religion juive dont l'arabe est la langue maternelle et/ou originaires d'un pays arabe. La présence de juifs dans la péninsule arabique, et dans des pays qui seront arabisés après la conquête arabe du VIIe siècle, est très ancienne. Elle peut être attribuée d'une part à des vagues migratoires de juifs originaires de Jérusalem et du royaume de Juda, fuyant les persécutions (voir dans l'article diaspora juive, la première et la deuxième diaspora) ; d'autre part, à des conversions au judaïsme dans les pays où ces juifs exilés s'étaient établis[48]. Pour une vue d'ensemble, voir l'article Juifs arabes et pour l'histoire de ces juifs par pays, voir les différents articles Histoire des Juifs par pays[49].
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+ Après la création d'Israël en 1948, quand de nombreux pays arabes mènent une politique discriminatoire et répressive à l'égard des juifs, près de 900 000 d'entre eux partent ou sont chassés des pays arabes, où ils résidaient et étaient nés, et partent habiter dans le nouvel État dont ils obtiennent la nationalité ou ailleurs en Europe et en Amérique.
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+ Il est communément admis que ce sont des chrétiens syriaques qui ont traduit la majorité des textes des auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’Aristote, de Platon ou d’autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation du nom de ces commentateurs montre leur prestige auprès des savants européens[50] : Ibn Rushd est devenu Averroès, Ibn Sina Avicenne, Ibn Tufayl Abubacer, Ibn Bajjah Avempace, Hunayn ibn Ishaq Johannitius.
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+ L’islam a rapidement conquis la Perse sassanide et la majeure partie de la chrétienté orientale où chrétiens et juifs reçoivent le statut de dhimmi soumis à l’impôt. Les conquérants exigent également de leurs tributaires une contribution intellectuelle qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie devint le principal centre de la pensée hellénique, après que Justinien a fermé les écoles d’Athènes. À l’exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, les ouvrages grecs étaient traduits en syriaque, une forme tardive d’araméen, dans un mouvement qui s’amplifia après la conquête musulmane[51].
116
+
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+ Le calife Al-Mamun (Abbasside) qui est attaché à la doctrine Mutazilite met en place au début du IXe siècle un atelier de traduction appelé Bayt al Hikma (Maison de la sagesse) à Bagdad[52] et envoient des caravanes à Byzance pour acquérir des manuscrits grecs. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d’astronomie indienne qui font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’adab, imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier[53].
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+ Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner au IXe siècle le médecin Hunayn ibn Ishaq, connu en Occident sous le nom de Johannicius. Ce nestorien arabe transcrit les corpus médicaux d’Hippocrate et de Galien qui serviront de base au Canon de médecine d’Avicenne qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D’autres personnalités sont à mentionner tels al-Farabi (872-950) qui donne une interprétation d’Aristote et de Platon harmonisant les deux philosophies ou encore le savant al-Biruni (973-1048), qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l’œuvre d’Averroes (~1126-1198), philosophe, théologien et savant musulman, commentateur des œuvres d’Aristote, soulève des débats passionnés qui auront une influence telle dans l’Occident médiéval qu’on parle d’averroïsme.
120
+
121
+ Les traductions d’Aristote et d’autres auteurs antiques gagnent l’Espagne sarrasine et la Sicile où l’on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin. Tolède, conquise par les chrétiens en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture musulmane et monde chrétien : de 1130 à 1150, l’archevêque Raymond d’Agen emploie des «médiateurs juifs» qui parlent hébreux, arabe, castillan et latin ou encore des savants chrétiens comme Gérard de Crémone. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en Occident influençant profondément la pensée d'auteurs chrétiens comme Albert le Grand et Thomas d’Aquin[54].
122
+
123
+ Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens comme Jacques Heers ou Sylvain Gouguenheim[55]. Ce dernier explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs, Aristote au Mont-Saint-Michel[56],[57], qu’à côté de la transmission arabe, il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel aurait été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d’Aristote à Avranches, cette théorie relève du « roman », les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquement inexistants et le Mont-Saint-Michel traversant une période troublée à cette époque[58]. L’historien confirme néanmoins la reprise arabo-musulmane de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs, mais considère que la pensée d’Aristote n’y eut pas d’influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du VIIIe au XIIe siècle[59].
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125
+ Pour Gabriel Martinez-Gros, professeur à l’université de Paris X, « si le Moyen Âge occidental minimise l’apport des Arabes, c’est qu’il cherche avant tout à renouer avec un patrimoine antique qu’il tient pour sien ; l’Islam médiéval quant à lui exalte une Grèce antique sans parenté avec l’Empire byzantin »[60].
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+ Le climat est la distribution statistique des conditions de l'atmosphère terrestre dans une région donnée pendant une période donnée. L'étude du climat est la climatologie. Elle se distingue de la météorologie qui désigne l'étude du temps à court terme et dans des zones ponctuelles.
2
+
3
+ La caractérisation du climat est effectuée à partir de mesures statistiques annuelles et mensuelles sur des données atmosphériques locales : température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent. Sont également pris en compte leur récurrence ainsi que les phénomènes exceptionnels.
4
+
5
+ Ces analyses permettent de classer les climats des différentes régions du monde selon leurs caractéristiques principales.
6
+
7
+ Le climat a varié fortement au cours de l'histoire de la Terre sous l'influence de nombreux phénomènes astronomiques, géologiques, etc., et plus récemment sous l'effet des activités humaines (réchauffement climatique).
8
+
9
+ Le terme « climat » apparaît dans la langue française au XIIe siècle comme dérivé du latin climatis qui provient du grec κλίμα qui désigne l'inclinaison de la Terre par rapport au Soleil[1]. Les premiers découpages climatiques ont en effet été établis selon l'inclinaison des rayons du Soleil par rapport à l'horizon.
10
+
11
+ Aristote (dans Météorologiques) est le premier à diviser le globe terrestre en cinq zones climatiques : deux zones froides, près des pôles (l’arctique et l’antarctique) ; une zone torride, près de l'équateur, qu'il considère comme inhabitable ; et deux zones tempérées comprises entre la zone torride et une des zones froides (la zone septentrionale, correspondant à l'Écoumène, et la zone méridionale, qu'il appelle les antipodes).
12
+
13
+ La notion de changement climatique et celle de réchauffement climatique se réfèrent au climat planétaire et à ses variations globales et locales.
14
+
15
+ Selon Antoine César Becquerel qui en 1865 cite Alexander von Humboldt, le climat d'un pays est :
16
+
17
+ « la réunion des phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens, électriques, etc. qui impriment à ce pays un caractère météorologique défini, différent de celui d'un autre pays, placé sous la même latitude et dans les mêmes conditions géologiques. Selon que l'un de ces phénomènes domine, on dit que le climat est chaud, froid ou tempéré, sec ou humide, calme ou venteux. On considère toutefois la chaleur comme exerçant la plus grande influence : viennent ensuite les quantités d'eau tombée dans les diverses saisons de l'année, l'humidité ou la sécheresse de l'air, les vents dominants, le nombre et la répartition des orages dans le cours de l'année; la sérénité ou la nébulosité de l'air; la nature du sol et celle de la végétation qui le recouvre, selon qu'elle est spontanée ou le résultat de la culture[2]. »
18
+
19
+ Le climat désigne les caractéristiques statistiques (moyenne, maxima et minima, dispersion), calculées sur une longue période de temps (30 ans, par convention, pour les météorologistes), des observations de paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie ou la vitesse du vent, en un lieu géographique et à une date donnés[1].
20
+
21
+ Le système climatique est composé de plusieurs sous-ensembles : l'atmosphère, l'océan et la cryosphère, la lithosphère continentale et la biosphère de la Terre. L'apport d'énergie du rayonnement solaire et les échanges d'énergies entre les sous-ensembles du système climatique déterminent le climat de la planète[1].
22
+
23
+ Les océans représentent le principal réservoir de la chaleur capturée et de l'humidité. La circulation océanique, que l'on appelle aussi circulation thermohaline parce qu'elle est causée à la fois par des différences de températures et par différences de salinité, redistribue la chaleur des régions chaudes vers les régions froides[3].
24
+
25
+ Le rayonnement solaire se distribue inégalement à la surface de la Terre. Les basses latitudes, autour de l’équateur, reçoivent davantage de rayonnement que les hautes latitudes, proches des pôles Nord et Sud. L’océan n’absorbe (ou ne réfléchit) pas le rayonnement solaire incident de la même manière que les surfaces continentales. Les écarts de température importants entre régions polaires et zone intertropicale induisent à leur tour des mouvements de l’air (vents) et de l’océan (courants marins). Les surfaces océaniques et continentales sont soumises à une forte évaporation qui alimente un cycle hydrologique. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, se condense en altitude, est transportée par les vents, et précipite sous forme de pluie ou de neige. La rotation de la Terre induit une accélération des vents (force de Coriolis) qui sont déviés vers la droite, dans l’hémisphère nord, et vers la gauche, dans l’hémisphère sud. Ce phénomène donne naissance aux vents alizés, dans la zone intertropicale, et à d’immenses tourbillons (les anticyclones de l’hémisphère nord). De vastes cellules de circulation générale ceinturent la Terre : elles contribuent à redistribuer la vapeur d’eau excédentaire des régions de basses latitudes vers les zones extratropicales, et elles assèchent les régions désertiques aux latitudes subtropicales (cellules de Hadley)[4].
26
+
27
+ Une partie du rayonnement solaire qui arrive au sol est immédiatement réfléchie. Le rapport entre l'énergie réfléchie et l'énergie solaire incidente est l’albédo, qui est compris entre 0 pour un corps qui absorberait la totalité des ondes électromagnétiques et 1 pour une surface qui les réfléchirait toutes. L’albédo planétaire, mesuré au sommet de l’atmosphère, qui est de 0,3, connaît de grandes variations en fonction des surfaces, depuis 0,05 à 0,15 pour la surface de la mer, une forêt de conifères ou un sol sombre jusqu'à 0,75 à 0,90 pour la neige fraiche[5]. Toute variation de l'albédo modifie la température :ainsi, la fonte de la banquise arctique diminue l'albédo, donc augmente les températures dans la région arctique.
28
+
29
+ Les continents et surtout le relief introduisent des barrières physiques à ces échanges qui modifie grandement la distribution des précipitations, de la chaleur et de la végétation.
30
+
31
+ Il existe de nombreuses méthodes de classification des climats, elles dépendent des données observées et leur choix est fonction des buts recherchés par les observateurs. Une des plus connues est la classification de Köppen.
32
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+ Une représentation très simple permet d'identifier un climat d'un seul coup d’œil : le diagramme ombrothermique, qui représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées. Chaque climat, exception faite du climat équatorial, a deux diagrammes types, l'un pour les régions de l'hémisphère nord, l'autre pour l'hémisphère Sud. Le climat équatorial n'a pas cette caractéristique, car il ne connaît pas de saisons et se trouve près de l'équateur.
34
+
35
+ Le climat équatorial concerne les régions voisines de l'équateur. Il se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations, ainsi qu'une température élevée quasiment constante toute l'année, dont la moyenne est de 28 °C. Les pluies sont presque quotidiennes, beaucoup plus abondantes aux équinoxes et tombant plutôt en soirée ; l'air chaud se charge en humidité et connaît un mouvement ascendant. Avec l'altitude, il se produit un refroidissement, avec formation de nuages de type cumulo-nimbus qui provoque des pluies souvent violentes. Ce mélange de chaleur et d'humidité permet l'épanouissement de la forêt équatoriale qui est le biome le plus riche en biodiversité.
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37
+ Ce climat est présent de part et d’autre de l’équateur, parfois jusqu’à 15 à 25 degrés de latitude nord et sud. La température mensuelle moyenne est toute l’année au-dessus de 18 °C. On distingue une saison sèche et une saison humide. Plus l’on s’approche de l’équateur et plus la saison humide s’allonge. Les littoraux tropicaux à l’ouest peuvent subir une variation très importante de température.
38
+
39
+ Le climat désertique est caractérisé par une évaporation supérieure aux précipitations et une température moyenne annuelle supérieure à 18 °C. On distingue quelques mois où les précipitations peuvent se produire. La végétation est parfois absente. Il s'étend entre 10 et 35 degrés de latitude nord et sud. Ce climat est caractéristique des régions désertiques ou semi-désertiques des grandes régions continentales souvent entourées de montagnes, à l'ouest et au centre des continents.
40
+
41
+ Ce type de climat se rencontre à des latitudes comprises entre 25 et 45°. Ces climats subissent l'influence de masses d'air tropicales pendant les mois d'été, leur apportant de fortes chaleurs. En revanche, ils connaissent une vraie saison froide, même si celle-ci est modérée, sous l'influence de masses d'air polaire. En outre, si le ressenti est agréable (douceur, ensoleillement), ces climats sont aussi sujet à des phénomènes brutaux (orages, inondations, tempêtes tropicales, cyclones).
42
+
43
+ Généralement deux types de climats peuvent être qualifiés de subtropicaux : le climat méditerranéen sur les façades occidentales et le climat subtropical humide sur les façades orientales (on emploie souvent le terme « climat chinois »). Si ces deux climats ont en commun un hiver relativement doux et humide (même si un coup de froid n'est jamais exclu), les masses d'air tropical en été apportent des situations bien différentes. Le climat méditerranéen connait l'aridité estivale, alors que le climat subtropical humide subit une chaleur très moite.
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+
45
+ Les climats subtropicaux, par leur saison froide en hiver, peuvent aussi être qualifiés de "climats tempérés chauds".
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+ Ce climat est en général caractérisé par des températures tempérées, ainsi que deux saisons : une saison froide (hiver) et une saison chaude (été). On le divise en trois grands sous-groupes :
48
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+ Le climat océanique est un climat avec des étés généralement doux et des hivers généralement frais, humide en toutes saisons et influencé par la proximité des océans où l'on retrouve des courants chauds (en façade ouest des continents) et qui se dégrade peu à peu en un climat continental en se dirigeant vers l'Est, avec des étés chauds et orageux et des hivers très froids et plutôt secs. Le climat océanique est marqué par une amplitude thermique faible (moins de 18 °C), qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans l'intérieur des continents. Les précipitations sont en général de l'ordre du mètre et surtout bien réparties. On le retrouve entre 35 et 65 degrés de latitude dans l'hémisphère nord et sud[N 1] Berlin en serait la limite orientale en Europe.
50
+
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+ Certains auteurs parlent de climat hyper-océanique pour la bande de terre proche de l'océan [N 2] et où l'amplitude thermique annuelle moyenne est très faible (moins de 10 °C).
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+ Le climat continental se distingue par une amplitude thermique plus forte (dépassant les 23 °C) et des précipitations de l'ordre du mètre mais réparties surtout pendant la période estivale. L'influence de l'océan ne pouvant se faire sentir vu la direction générale des vents, c'est l'humidité due à l'évapotranspiration des terres (forêts et marécages) et des lacs qui fournit les précipitations[N 3]. Les villes côtières des façades orientales subissent également ce climat malgré leur proximité des océans, et ce, jusqu'à des latitudes très basses (New York, Boston, Washington, Shanghai, Séoul) à cause de l'absence de courant océanique chaud. Certains auteurs parlent de climat hypercontinental (amplitude supérieure à 40 °C) pour les régions intérieures des grands continents où seule la terre influence le climat[N 4]. Les températures extrêmes sont souvent étonnantes (+36 °C et −64 °C pour Snag au Yukon).
54
+
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+ Les régions présentant une amplitude thermique intermédiaire entre climat océanique et climat continental (autour des 20 °C) sont appelés climat océanique dégradé ou climat semi-continental.
56
+
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+ Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés chauds et très secs, d'où de nombreux incendies de forêts, et des hivers doux et humides avec des précipitations violentes susceptibles d'entraîner des inondations. Ce climat doit son nom à la proximité de la Méditerranée mais peut se rencontrer dans d'autres parties du monde (Afrique du Sud, Chili, etc.), et peut présenter d'assez fortes influences continentales (Madrid, Ankara, Tachkent, etc.).
58
+
59
+ Ce climat est un intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire. Les étés sont moins chauds et les hivers plus rigoureux que dans le climat tempéré. La végétation correspond à la forêt boréale ou Taïga. On ne retrouve ce type de climat que dans l'hémisphère nord : partie centrale de tout le Canada, majeure partie de la Russie et nord-est de la Chine. C'est une région peu habitée aux étés courts et frais. En Eurasie, la Sibérie occidentale correspond à ce climat.
60
+
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+ Le climat subarctique correspond à l'appellation « climat tempéré froid sans saison sèche avec aucun mois chaud (+22 °C) » (Dfc) de Köppen.
62
+
63
+ Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l'année, le mois le plus chaud étant toujours en dessous de +10 °C. La température moyenne mensuelle dépasse −50 °C sur les inlandsis. Vent fort et persistant, le blizzard. Il est caractéristique des côtes nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que du Groenland et de l'Antarctique.
64
+
65
+ L'échelle des climats régionaux ou mésoclimats, qui s'applique à des régions de plusieurs milliers de kilomètres carrés, soumises à certains phénomènes météorologiques bien particuliers (Sirocco, vent venu du désert) du fait de l'interaction entre la circulation générale et le relief. Le climat de l'Alsace, asséché par l'effet de foehn, fournit un exemple typique de climat régional[6].
66
+
67
+ L'échelle des climats locaux s'applique à des sites qui s'étendent sur quelques dizaines de kilomètres carrés tout au plus en moyenne. Cette échelle du climat reste en rapport étroit avec les particularités environnementales d'un espace peu étendu[6].
68
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69
+ La présence de reliefs (climat montagnard...) et d'étendues aquatiques induisent des climats spécifiques. En fond de vallée par exemple, au lever du jour, la température sera beaucoup moins élevée qu'au sommet des versants en adret, pourtant situé à quelques kilomètres de là. La circulation, les échanges entre masses d'air locales ne seront ainsi pas les mêmes que dans la vallée voisine, peut être orientée différemment par rapport au soleil.
70
+
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+ Ces particularités peuvent avoir une origine humaine — il s'agit essentiellement de micro-climat urbain — ou être entretenues par un milieu naturel tel qu'un rivage marin ou lacustre, ou encore une forêt[6].
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+ L'échelle micro-climatique concerne des sites peu étendus grands d'une centaine de mètres carrés, parfois beaucoup moins. Les traits spécifiques de la topographie et de l'environnement à petite échelle — bâtiments et obstacles divers, couvert végétal, niches rocheuses... — modifient dans ce cas sur des aires réduites, mais de façon parfois très notable, les caractéristiques générales du courant aérien, de l'ensoleillement, de la température et de l'humidité[6].
74
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75
+ Le climat global varie incessamment à toutes les échelles de temps - temps profond géologique (centaine à dizaine de millions d'années), temps du Quaternaire (million d'années), temps de la préhistoire et de l'histoire humaines (dizaine de milliers à millier d'années), temps de l'époque actuelle (centaine à dizaine d'années), selon des oscillations irrégulières continues enchaînant des périodes, des stades et des phases plus ou moins longs de chauds et de froids relatifs plus ou moins intenses.
76
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+ Les causes de ces variations sont essentiellement naturelles jusqu'au XIXe siècle, et majoritairement humaines depuis la deuxième moitié du XXe siècle ; le 5e rapport du GIEC, publié en 2014, estime avec une "haute confiance" qu'en l'absence de mesures additionnelles prises, « les scénarios de base conduisent à une augmentation de la température moyenne globale en 2100 située entre 3,7 °C et 4,8 °C comparée aux valeurs pré-industrielles »[7]. Leurs effets principaux sont d’une part géomorphologiques, variations de l’épaisseur et de l’étendue des surfaces marines et terrestres englacées, du niveau et de l’étendue de l’océan mondial, de l’étendue et du modelé des terres émergées... et d’autre part environnementaux, changement et/ou évolution des écosystèmes – migrations, disparitions, installations... de flores et de faunes selon les déplacements des zones climatiques.
78
+
79
+ La période interglaciaire actuelle de l'Holocène a débuté il y a une douzaine de milliers d’années, à la fin de la dernière période glaciaire (appelée Würm pour sa composante alpine)[8]. La déglaciation qui l'a précédée a duré environ 10 000 ans ; elle s'est soldée par une hausse des températures d'environ 4 °C et une élévation du niveau marin d'environ 130 mètres[9]. L'optimum climatique de l'Holocène a duré d'environ 9000 à 5000 ans BP.
80
+
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+ L'évolution de la température durant l'Holocène n’est pas monotone : durant le dernier millénaire, le climat européen a été successivement doux et sec (~ 1000/1250), très variable (~ 1250/1400) – Optimum climatique médiéval -, de plus en plus froid (~ 1400/1600), très froid (~ 1600/1850) - Petit âge glaciaire -, peu à peu réchauffé (~ 1850/1940), froid (~ 1940/1950). Depuis, il se réchauffe de nouveau, mais dans des proportions et à une vitesse sans commune mesure avec les évolutions antérieures : l'augmentation de température atteint 0,9 °C en 2017 par rapport par rapport à la moyenne 1951–1980[10] ; le GIEC attribue ce réchauffement accéléré aux activités anthropiques.
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+ Parmi les facteurs majeurs de variations climatiques de long terme, on peut citer :
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+ Le système climatique est très complexe : les interactions affectent simultanément l'atmosphère, les océans, les calottes glacaires, les systèmes hydrologiques continentaux, la biosphère marine ou terrestre. Simuler ces interactions nécessite la collecte et le traitement de masses considérables d'informations. L’apparition des images satellitaires a permis de visualiser de manière directe l’organisation à grande échelle de la circulation atmosphérique et, de manière plus indirecte, celle de la circulation océanique. Les premières tentatives de modélisation datent du XIXe siècle, avec la formulation des équations qui déterminent le mouvement de l’atmosphère, les équations de Navier-Stokes. Une des premières tentatives de modéliser le système climatique est celle de l’anglais Lewis Fry Richardson, publiée en 1922. Mais c'est seulement avec l'arrivée des ordinateurs que la modélisation a pu trouver les capacités de calcul énormes qu'elle nécessite. La première étape du travail de modélisation consiste à couvrir la Terre d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants ; un modèle atmosphérique incorpore des équations supplémentaires pour représenter l’effet collectif des nuages près du sol (les stratus), comme des grands nuages convectifs (les cumulonimbus), la présence de végétation, le débit des rivières, etc. L’allongement de la durée des simulations a permis d’explorer le comportement des modèles numériques sur des périodes de plus en plus longues, et de tester leur capacité à reproduire des climats passés: par exemple, le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, ou encore le climat chaud de l’Holocène entre 10 000 et 5 000 ans avant l’époque actuelle, quand le Sahara était humide. Le progrès le plus important a été le passage d’une modélisation de la circulation atmosphérique à une représentation du système climatique complet : atmosphère, océans et continents, en prenant en compte leurs interactions physiques, chimiques et biologiques[13].
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+ Le cœur est un organe musculaire creux qui assure la circulation sanguine en pompant le sang vers les vaisseaux sanguins et les cavités du corps à travers des contractions rythmiques. L'adjectif cardiaque veut dire « qui a un rapport avec le cœur » ; il vient du grec kardia (καρδία) « cœur » [1], et de la racine indo-européenne ḱḗr (« entrailles »).
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+ Coupe frontale dans le ventricule gauche du cœur humain
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+ La structure du cœur avec les parties principales
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+ Image artificielle d'un cœur battant
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Dans le corps humain, le cœur se situe dans la région thoracique (poitrine), où il occupe plus précisément la portion antéro-inférieure du médiastin entre la seconde et le cinquième espace intercostale . Il est situé sur la ligne médiane, un peu décalé à gauche de telle sorte que deux tiers de sa masse sont situés du côté gauche. C'est la position normale dite de lévocardie, terme qui peut désigner aussi une malformation congénitale (situs solitus (en), situs inversus). Des malformations de naissance peuvent le placer à droite (dextrocardie) ou au milieu (mésocardie (pt))[2]. Le cœur est contenu dans la cavité péricardique qu'il occupe entièrement, et il est entouré par les poumons (recouverts de la plèvre) de chaque côté, le diaphragme en bas, le sternum en avant, l'œsophage en arrière et les troncs artériels (aorte et artère pulmonaire) en haut.
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+
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+ Le cœur est un organe fibromusculaire de forme grossièrement conique ou pyramidale avec une base et un sommet, l'apex (ou pointe). L'axe base-apex est orienté approximativement en avant et à gauche selon un angle de 45°, et légèrement vers le bas. On décrit au cœur les faces postérieure (ou basale), inférieure (ou diaphragmatique), antérieure (ou sternocostale), et latérales (ou pulmonaires) gauche et droite.
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+ Le cœur d'un adulte mesure environ 12 cm de la base à l'apex. Son diamètre transversal maximal est de 9 cm et son diamètre antéropostérieur est de 6 cm. À titre de comparaison, sa taille est d'environ 1,5 fois la taille du poing de la personne[réf. nécessaire]. Un peu moins gros chez la femme que chez l'homme, il mesure en moyenne chez celui-ci 105 mm de largeur, 98 mm de hauteur, 205 mm de circonférence. Le cœur d'un adulte pèse environ 300 g chez un individu masculin et 250 g chez un individu féminin, soit en principe, respectivement 0,45 et 0,40 % de la masse corporelle totale.
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+
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+ Le cœur est un muscle creux contenant deux parties séparées bien qu'accolées l'une à l'autre : le « cœur gauche » et le « cœur droit ». Ces deux « cœurs » sont situés côte-à-côte dans l'axe base-apex, séparés par une paroi globalement verticale et orientée dans l'axe du cœur. Chacune de ces deux parties est subdivisée en deux chambres ou cavités, l'oreillette (ou atrium) vers la base et le ventricule vers l'apex. Ces deux cavités sont séparées par une valve ; on distingue ainsi la valve mitrale, entre l'oreillette et le ventricule gauches, et la valve tricuspide, entre l'oreillette et le ventricule droits. L'organisation est symétrique entre le cœur gauche et le cœur droit, bien que le cœur gauche soit plus volumineux.
20
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+ La paroi séparant les cavités gauche et droite est appelée septum. On distingue le septum interventriculaire entre les ventricules gauche et droit, le septum interatrial entre les atriums gauche et droite, et le septum atrioventriculaire entre les oreillettes et les ventricules. La terminologie ne doit pas être source de confusion vis-à-vis des positions relatives ; en effet, du fait de l'axe globalement oblique vers la gauche, le cœur gauche est grossièrement situé en arrière et à gauche du cœur droit, exception faite de l'apex, principalement constitué de l'extrémité du cœur gauche.
22
+
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+ Le système valvulaire est composé des quatre valves cardiaques séparant les différentes cavités et empêchant le sang de refluer dans le mauvais sens. Il existe la valve tricuspide, la valve aortique , la valve pulmonaire et la valve mitrale.
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25
+ Le cœur est vascularisé par les artères coronaires. Les artères coronaires cheminent dans le tissu adipeux sous-épicardique et leur circulation est dite diastolique. Ce sont des artères terminales, ce qui signifie qu'une obstruction aura une répercussion immédiate sur le fonctionnement de l'organe, du fait d'une absence d'anastomoses. Il existe une artère coronaire gauche et une artère coronaire droite. Elles naissent précocement de l'aorte ascendante, au dessus de la valve aortique, au niveau des sinus de Valsalva.
26
+
27
+ L'artère coronaire droite longe le sillon coronaire droit jusqu'à atteindre le sillon interventriculaire postérieur. Elles donnent plusieurs branches collatérales dont l’artère marginale du bord droit, et se termine en bifurcation donnant l'artère interventriculaire postérieure et rétroventriculaire.
28
+
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+ L'artère coronaire gauche se divise en deux branches : circonflexe (qui se dirige postérieurement), et interventriculaire antérieure (le long du sillon interventriculaire antérieur jusqu'à l'apex).
30
+
31
+ Le retour veineux s'effectue principalement par le sinus coronaire constitué des veines coronaire, veine interventriculaire inférieure et oblique, qui rejoint directement l'atrium droit via la valvule de Thebesius.
32
+
33
+ La structure du cœur des autres mammifères et des oiseaux est semblable à celle de l'homme avec ses quatre chambres.
34
+
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+ Les amphibiens ont un cœur à trois chambres, comme la grenouille par exemple. Les poissons ont un système circulatoire simple plutôt que double, ainsi qu'un cœur à deux chambres. Les cœurs des arthropodes et des mollusques n'ont qu'une seule chambre.
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+ Les animaux plus petits ont en règle générale une fréquence cardiaque plus rapide. Les jeunes animaux ont une fréquence cardiaque plus rapide que les adultes de la même espèce.
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+ Quelques fréquences cardiaques en fonction des espèces :
40
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41
+ Il existe aussi un lien entre la longévité moyenne dans une espèce et la fréquence cardiaque dans cette espèce. Les espèces à cœur lent ont habituellement une plus grande longévité[3].
42
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43
+ Comme tous les organes, le cœur est composé de plusieurs types de tissus agencés entre eux ; on y trouve du tissu de revêtement, du tissu de soutien, du tissu contractile et du tissu de conduction.
44
+
45
+ Le tissu de revêtement forme les surfaces externe et interne des parois du cœur et joue le rôle d'une membrane. La surface externe est constituée par l'épicarde, en contact avec le liquide péricardique. La surface interne est constituée par l'endocarde, en contact avec le sang. L'épicarde est constituée d'une couche de mésothélium en contact avec le liquide péricardique, fait d'un épithélium de type simple (fait d'une couche de cellules) et pavimenteux (fait de cellules de forme aplatie), qui recouvre une couche de tissu conjonctif contenant du tissu adipeux et les principaux vaisseaux. L'endocarde est constitué d'une couche d'endothélium en contact avec le sang, fait d'un épithélium simple pavimenteux, qui recouvre une couche de tissu conjonctif sous-jacent d'épaisseur variable, moindre au niveau des valves et des cordages.
46
+
47
+ Le tissu de soutien est constitué par le tissu conjonctif qui forme le squelette fibreux du cœur, et des vaisseaux qu'il contient. Il prédomine au niveau des anneaux valvulaires mitral et tricuspide, mais il est retrouvé aussi sous les épithéliums sous la forme d'un tissu conjonctif lâche et au sein du myocarde sous la forme de réseau diffus de fibres. Du tissu adipeux est situé dans le tissu conjonctif de l'épicarde.
48
+
49
+ Il n'existe pas de continuité musculaire entre l'étage atrial et l'étage ventriculaire: seul le tissu nodal permet le passage de signaux entre ces deux étages[4].
50
+
51
+ Le tissu contractile constitue la masse principale du cœur et permet sa contraction. Il s'agit du myocarde, un type de tissu musculaire strié spécifique au cœur. Ce tissu est constitué de cardiomyocytes, cellules spécifiques mesurant 120 μm de long et 20 à 30 μm de diamètre chez l'adulte. Ces cellules contiennent un[5] ou deux noyaux en leur centre, de nombreuses mitochondries et surtout des myofibrilles agencées de manière linéaire et qui constituent la majeure partie de ces cellules. Les extrémités des cardiomyocytes sont divisées en plusieurs branches anastomosées avec plusieurs autres cellules, ce qui forme un réseau complexe de cardiomyocytes en continuité. Ces cellules sont entourées de tissu conjonctif, l'endomysium, et sont regroupées en travées également entourées de tissu conjonctif, l'épimysium. Le myocarde est situé principalement dans les parois du ventricule gauche, mais il est présent dans toutes les autres parois. Il n'est pas retrouvé au niveau des valves. Les cardiomyocytes atriaux sont de plus petite taille et contiennent en outre des granules.
52
+
53
+ Le tissu conducteur constitue l'élément de contrôle du fonctionnement du cœur, constitué de tissu cardionecteur et de tissu nerveux. Le tissu cardionecteur est un tissu de conduction spécifique au cœur qui organise son fonctionnement, c'est-à-dire la séquence de contractions coordonnées des différentes parties du cœur. Il est regroupé notamment en deux amas ou nœuds, situés dans la paroi de l'atrium droit. Il existe également un réseau de tissu cardionecteur reliant ces structures à l'ensemble du myocarde. Le tissu nerveux module le fonctionnement du tissu cardionecteur, et peut également agir directement sur le myocarde. Les terminaisons nerveuses sont situées dans le tissu conjonctif à proximité des diverses cellules, mais il n'y a pas de jonctions spécifiques.
54
+
55
+ Le cœur est le 1er organe à se développer. Il est nécessaire à l'embryon et fait son apparition avec les vaisseaux dès la 3e semaine de gestation, il commencera à battre avant même d'avoir acquis sa forme définitive vers j24 (4e semaine).
56
+ Le cœur dérive des angioblastes.
57
+
58
+ À la 3e semaine, des cellules épiblastiques vont traverser le nœud de Hensen et se rassembler au niveau de la zone cardiogénique (ou aire cardiogénique). Cette zone cardiogénique est très antérieure, elle prend une forme de fer à cheval en avant et sur les côtés de la vésicule vitelline de l'embryon. C'est avec le développement du système nerveux qui va pousser l'embryon à se recroqueviller, que la zone cardiogénique sera rejetée en dedans et trouvera sa place au niveau de la future gorge de l'embryon. Le cœur devra donc migrer ensuite de la gorge vers sa position définitive dans le médiastin.
59
+
60
+ Les tubes endocardiques sont des structures paires situés dans l'aire cardiogénique. Ils font fusionner grâce à un rapprochement provoqué par la délimitation de l’embryon (plicature de l'embryon[6]). La fusion des tubes endocardique forme le tube cardiaque primaire.
61
+
62
+ Le tube cardiaque primaire n’est au départ constitué que de cellules endothéliales (d'origine épiblastique). Puis dès J22, la splanchnopleure (provenant du mésoderme latéral) dépose plusieurs couches embryologiques supplémentaires :
63
+
64
+ La segmentation du tube cardiaque se voit à partir du milieu de la 4e semaine de gestation. Le tube cardiaque va s'infléchir (plicature) et former des coudes qui définiront ensuite les 4 cavités du cœur.
65
+
66
+ Le tube cardiaque en début de 4e semaine est composé de 5 portions. Dans l'ordre, on peut identifier les aortes (l'embryon possède 2 aortes ventrales), le cône artériel, le bulbe, les ventricules et les oreillettes.
67
+
68
+ Lors de la 4e semaine, on observera donc des plicatures, des rotations des différents segments favorisées par la croissance rapide du futur cœur afin d'obtenir un cœur à 4 cavités. Il y aura donc, successivement, un déplacement du bulbe vers le bas, l'avant et la droite. Puis les ventricules vont subir une rotation pour s'horizontaliser et enfin les oreillettes vont passer derrière les ventricules et migrer vers le haut et la gauche.
69
+
70
+ En fin de 4e semaine, on observera un cloisonnement des ventricules et des atriums avec une partie musculaire (septum inferius) et une partie conjonctive (septum intermedius) (on retrouvera cette particularité chez l'adulte car le septum interventriculaire est composé en partie de tissu musculaire mais aussi de tissus fibreux appelés « partie membranacée »).
71
+
72
+ Au niveau du septum inter-atrial, on observera une structure embryologique appelée septum primum. Ce septum primum évoluera en formant un croissant avec un orifice au centre appelé ostium primum. Puis ce septum primum va se renfermer sur lui-même pour adopter une forme de disque avec un orifice centrale appelé cette fois ostium secundum. Au-dessus de ce 1er septum va apparaître un 2e septum appelé septum secundum, lui aussi en forme de croissant et évoluant autour de l’ostium secundum. Cet ostium secundum prend alors le nom de « trou de Botal ». Il y a donc une communication inter-atriale physiologique chez le fœtus.
73
+
74
+ Le foramen ovale, dénommé anciennement « trou de Botal », est une communication physiologique présente entre les deux oreillettes (du cœur) durant la vie fœtale, et normalement appelée à se fermer après la naissance. La persistance d'un foramen ovale perméable est cependant observée avec une grande fréquence (9 à 35 % des adultes jeunes) et serait possiblement impliquée dans diverses maladies, dont la survenue d'accidents vasculaires chez des sujets jeunes.
75
+
76
+ Le septum évite le passage direct du sang. Les valves assurent le passage unidirectionnel coordonné du sang depuis les atria vers les ventricules. Le cœur droit est dit veineux (ou segment capacitif), et le cœur gauche est dit artériel (ou segment résistif). Les parois des ventricules sont plus épaisses, et leur contraction est plus importante pour la distribution du sang contre la résistance artérielle.
77
+
78
+ Du sang appauvri en oxygène par son passage dans le corps entre dans l'atrium droit par trois veines, la veine cave supérieure (vena cava superior), la veine cave inférieure (vena cava inferior) et le sinus coronaire. Le sang passe ensuite vers le ventricule droit. Celui-ci le pompe vers les poumons par l'artère pulmonaire.
79
+
80
+ Après avoir perdu son dioxyde de carbone dans les poumons et s'y être pourvu de dioxygène, le sang passe par les veines pulmonaires vers l'oreillette gauche. De là le sang oxygéné entre dans le ventricule gauche. Celui-ci est la chambre pompante principale, ayant pour but d'envoyer le sang par l'aorte vers toutes les parties du corps.
81
+
82
+ Le ventricule gauche est bien plus massif que le droit parce qu'il doit exercer une force considérable pour forcer le sang à traverser tout le corps contre la pression corporelle, tandis que le ventricule droit ne dessert que les poumons.
83
+
84
+ Le cœur est un muscle qui a donc la faculté de se contracter. La contraction musculaire du myocarde est comparable à la contraction du muscle squelettique à quelques différences près. Par exemple, à la différence du muscle squelettique, qui a besoin que chacune des cellules soient stimulé indépendamment , la stimulation d'une cellules cardiaque va mener à une réaction en chaîne qui va mener a la contraction de l'ensemble de celle ci.
85
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+ La séquence rythmique des contractions est coordonnée par une dépolarisation (inversion de la polarité électrique de la membrane par passage actif d'ions à travers celle-ci) du nœud sinusal ou nœud de Keith et Flack (nodus sinuatrialis) situé dans la paroi supérieure de l'atrium droit. Le courant électrique induit, de l'ordre du millivolt, est transmis dans l'ensemble des atriums et passe dans les ventricules par l'intermédiaire du nœud atrioventriculaire (nœud d'Aschoff Tawara). Il se propage dans le septum par l’intermédiaire du faisceau de His, qui possède des branches nommées les fibres de Purkinje et servant de filtre en cas d'activité trop rapide des atriums. Les fibres de Purkinje sont des fibres musculaires spécialisées permettant une bonne conduction électrique, ce qui assure la contraction simultanée des parois ventriculaires. Ce système électrique explique la régularité du rythme cardiaque et assure la coordination des contractions auriculo-ventriculaires. C'est cette activité électrique qui est analysée par des électrodes posées à la surface de la peau et qui constitue l'électrocardiogramme ou ECG.
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+ La fréquence cardiaque au repos chez l'Homme est de 60 à 80 battements par minute, pour un débit de 4,5 à 5 litres de sang par minute. Au total, le cœur peut battre plus de 2 milliards de fois en une vie. Chacun de ses battements entraîne une séquence d'événements collectivement appelés la révolution cardiaque. Celle-ci consiste en trois étapes majeures : la systole auriculaire, la systole ventriculaire et la diastole :
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+ Le cœur au repos passe un tiers du temps en systole et deux tiers en diastole.
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+ L'expulsion rythmique du sang provoque ainsi le pouls.
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+ Les multiples sensations générées par le cycle cardiaque sont filtrées par le cortex insulaire pour que nous n'en soyons pas conscients afin de ne pas perturber notre perception du monde extérieur[7].
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+ Si les contractions rythmiques se produisent spontanément, leur fréquence peut être affectée par des influences nerveuses ou hormonales telles l'exercice ou la perception de danger.
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+ La puissance et la fréquence des contractions sont modulées par des centres du système nerveux autonome situés dans le bulbe rachidien, par le biais de nerfs cardiomodérateur et cardiostimulateur. Ces centres nerveux sont sensibles aux conditions sanguines : pH, concentration en dioxygène.
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+ Les hormones telles que l'adrénaline et la noradrénaline (hormones du système adrénergique ou sympathique) ou les hormones thyroïdiennes (T3) favorisent la contractilité. Le système sympathique en plus de son action directe sur le cœur va provoquer une dilatation des artères coronaires qui vascularisent le cœur permettant alors une augmentation du débit sanguin dans le muscle cardiaque. Le système sympathique va également augmenter la fréquence cardiaque, contribuant également à la majoration du débit.
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+ Ces hormones agissent par l'intermédiaire de récepteurs qui sont de deux types pour le système sympathique : les récepteurs alpha et les récepteurs bêta. La stimulation des récepteurs alpha peut entraîner l'apparition des troubles du rythme (extrasystoles). La stimulation des récepteurs bêta comporte l'accélération du rythme cardiaque, l'augmentation de l'excitabilité et de la contractilité myocardique.
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+ Il existe actuellement des substances chimiques capables de stimuler ou d'inhiber séparément ces 2 types de récepteurs et qui peuvent être utilisées comme médicaments. Les plus utilisées sont bêta-stimulantes comme l'isoprénaline ou bêta-bloquantes, comme le propanolol, l'acébutolol... D'autres substances agissent sur les deux types de récepteurs en les stimulant, comme l'adrénaline.
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+ L'arrêt cardiaque est une urgence médicale absolue. Il se manifeste par un état dit de « mort apparente » :
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+ Dans 90 % des morts subites de l'adulte, le cœur est en fibrillation ventriculaire. Lorsque l'on est face d'un tel cas, il faut immédiatement appeler les secours puis commencer immédiatement la réanimation cardiopulmonaire, associée si possible avec un défibrillateur, en attendant les secours, afin d'améliorer les chances de survie qui reposent sur une prise en charge médicale très rapide pouvant permettre une défibrillation précoce.
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+ Les malformations simples les plus fréquemment observées sont les communications interauriculaire et les communications interventriculaires.
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+ Les bêta-bloquants sont des drogues qui ralentissent le battement du cœur et réduisent les besoins du cœur en oxygène. Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion constituent également un traitement habituel de l'insuffisance cardiaque. Les diurétiques sont un traitement symptomatique de la surcharge vasculaire. La nitroglycérine et d'autres composés qui émettent l'oxyde nitrique sont utilisés dans le traitement des maladies cardiaques parce qu'ils provoquent la dilatation des vaisseaux coronaires.
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+ L'angioplastie coronaire associée à la pose d'une endoprothèse permet la revascularisation du myocarde en cas de cardiopathie ischémique.
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+ Plusieurs interventions peuvent être proposées à visée cardiaque, comme un pontage coronarien ou un remplacement valvulaire (avec une bioprothèse par exemple). L'abord chirurgical permettant la meilleure exposition du cœur est la sternotomie médiane. Des abords mini-invasifs par thoracotomie sont également développés.
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+ En Égypte antique, le jugement de l'âme avait pour but d'évaluer la moralité d'un individu durant sa vie, en comparant le poids de son cœur avec une plume d’autruche (symbolisant Maât).
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+ Les traités d'anatomie de l'époque considéraient le cœur comme le siège des émotions, des passions, de la volonté, du courage, de la pensée, de l'intelligence et de la mémoire (l'expression "apprendre par cœur", en revanche, provient d'une déformation du mot chœur, désignant un groupe d´élèves, supposés connaître leurs leçons parfaitement[9]).
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+ Aristote (IVe siècle av. J.-C.) lui a attribué ce rôle, tandis que Galien (IIe siècle) situait plutôt ces fonctions dans le cerveau.
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+ Le Moyen Âge a longtemps hésité entre ces deux conceptions. Turisanus a nié au cœur le statut de faculté issue d’une puissance de l’âme[10].
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+ Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que le cœur commence à être détrôné définitivement de sa fonction de siège des sensations, avec les travaux de François Joseph Gall, puis de François Broussais sur le cerveau.
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+ Le médecin arabe Ibn Al-Nafis Damishqui (1210—1288) a été le premier scientifique à émettre l'hypothèse de la circulation sanguine. Trois siècles plus tard, en Angleterre, William Harvey redécouvrira la circulation sanguine.
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+ La première transplantation cardiaque fut effectuée à l'hôpital Groote Schuur au Cap (Afrique du Sud) le 3 décembre 1967. Louis WashkanskyLouis Washkansky, 53 ans, reçut un cœur d'une jeune femme morte dans un accident routier. Il mourut 18 jours plus tard de pneumonie. L'équipe chirurgicale fut dirigée par Christiaan Barnard. En France, Emmanuel Vitria vécut de 1968 à 1987 avec un cœur greffé.
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+ Le Colisée, à l'origine amphithéâtre Flavien (Colosseo en italien), est un immense amphithéâtre ovoïde situé dans le centre de la ville de Rome, entre l'Esquilin et le Cælius, le plus grand jamais construit dans l'Empire romain. Il est l'une des plus grandes œuvres de l'architecture et de l'ingénierie romaines.
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+ Sa construction, juste à l'est du Forum Romain, a commencé entre 70 et 72 apr. J.-C., sous l'empereur Vespasien, et s'est achevée en 80 sous Titus. D'autres modifications ont ensuite été apportées au cours du règne de Domitien (81-96)[1]. Le nom d'amphithéâtre Flavien dérive du nom de famille (gens Flavii) de l'empereur Vespasien et ses fils Titus et Domitien.
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+ Pouvant accueillir probablement 50 000 spectateurs (les estimations plus anciennes de 80 000 spectateurs, soit un douzième de la population romaine, étant exagérées)[2], le Colisée a été utilisé pour les venationes (combats d'animaux sauvages), les munera (combats de gladiateurs) et autres spectacles publics, tels que des exécutions de condamnés à mort, des reconstitutions de batailles célèbres et des drames basés sur la mythologie romaine. Il est resté en service pendant près de 500 ans, les derniers jeux se prolongeant jusqu'au VIe siècle. Pour l'inauguration du Colisée, en 80 apr. J.-C., Titus donne une naumachie dans le Colisée transformé en bassin reconstituant la bataille navale de Corinthe contre Corcyre. Le bâtiment a finalement cessé d'être utilisé au cours du haut Moyen Âge. Il a plus tard été réutilisé pour des usages variés tels que des habitations, des ateliers d'artisans, le siège d'un ordre religieux, une forteresse, une carrière et un sanctuaire catholique chrétien.
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+ Le Colisée est actuellement en état de ruine, en raison des dommages causés par les tremblements de terre et la récupération des pierres, mais il continue à donner la mesure de l'ancienne puissance de la Rome Impériale. Aujourd'hui, il est l'un des symboles de la Rome moderne, une de ses attractions touristiques les plus populaires avec 7,6 millions de visiteurs, et a encore des liens étroits avec l'Église catholique romaine : chaque Vendredi saint, le pape mène une procession aux flambeaux sur un chemin de croix aboutissant à l'amphithéâtre. Le Colisée est représenté sur la pièce de monnaie italienne de 5 centimes d'euro.
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+ Le nom latin initial du Colisée était amphitheatrum Flavium (en français « amphithéâtre Flavien »). Le monument a été construit par les empereurs de la dynastie Flavienne pour offrir aux citoyens des spectacles, d'où son nom d'origine[3]. Ce nom est encore fréquemment utilisé dans les ouvrages spécialisés, mais il est peu connu du grand public. Dans l'Antiquité, les Romains ont parfois évoqué le Colisée sous le nom d'Amphitheatrum Caesareum, dans un contexte poétique[4],[5].
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+ Le nom de Colosseum (du bas latin colossus qui vient lui-même du grec κολοσσός, « colosse, grande statue[6] ») est probablement[7] dérivé de celui d'une statue colossale de Néron érigée à proximité[1] et initialement ornant l'entrée de la Domus aurea[8]. Alors que le palais impérial a été démantelé après la mort de Néron frappé de damnatio memoriae, cette statue a été remodelée par les successeurs de l'empereur en une figure d'Hélios (Sol ou Apollon), dieu du soleil, par l'ajout de la couronne solaire. La tête de Néron a été remplacée à plusieurs reprises par celles de divers empereurs. En dépit de ses liens païens, la statue est restée debout une bonne partie de l'époque médiévale, et était créditée de pouvoirs magiques[réf. nécessaire]. Elle fut finalement considérée comme un symbole iconique de la permanence de Rome[9].
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+ Au VIIIe siècle, Bède le Vénérable (ca. 672-735) écrivit une célèbre épigramme célébrant la signification symbolique de la statue : Quandiu stabit coliseus, stabit et Roma ; quando cadet coliseus, cadet et Roma ; quando cadet Roma, cadet et mundus (« Tant que durera le Colosse, Rome durera ; quand le Colosse tombera, Rome tombera ; quand Rome tombera, le monde tombera »)[10]. Ceci est souvent mal traduit, en se référant au Colisée plutôt qu'au colosse (par exemple, dans le fameux poème de Byron Childe Harold's Pilgrimage) : à l'époque de Bède, le nom masculin coliseus était appliqué à la statue plutôt qu'à ce qui était encore connu sous le nom d'amphithéâtre Flavien.
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+ Le colosse de Néron a fini par tomber, probablement jeté bas en vue de la réutilisation de ses éléments de bronze. Le nom de Colosseum (nom neutre) a été utilisé vers l'an 1000, pour désigner l'amphithéâtre. La statue elle-même a été en grande partie oubliée, et seule sa base survécut, entre le Colisée et le Temple de Vénus et de Rome tout proche[11].
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+ Le nom a été corrompu en Coliseum au cours du Moyen Âge. En Italie, l'amphithéâtre est toujours connu sous le nom de il Colosseo, et d'autres langues romanes en sont venues à utiliser des formes similaires, telles que le Colisée en français, el Coliseo en espagnol, o Coliseu en portugais ou Colosseumul en roumain.
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+ Colisée est devenu un nom commun, synonyme d'amphithéâtre et arènes : colisée d'El Jem, colisée de Pula, colisée de Vérone...
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+ Après le grand incendie de Rome en 64 apr. J.-C, Néron se fit construire un somptueux palais. S'étant saisi de terrains au fond d'une vallée basse au fond de laquelle courait un ruisseau canalisé, entre le Cælius, l'Esquilin et le Palatin, il fit édifier la magnifique Domus aurea. Devant des pavillons, jardins, et portiques, il créa un lac artificiel et fit placer le Colosse de Néron non loin de l'entrée du domaine. L'aqueduc préexistant de l'Aqua Claudia fut prolongé pour l'approvisionnement en eau de cette zone[11].
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+ À sa mort en 68, Néron fit l'objet d'une damnatio memoriae. La zone fut transformée par Vespasien et ses successeurs. La statue colossale fut conservée, mais on démolit une grande partie de la Domus aurea dont les vestiges servirent de fondations aux thermes de Trajan. Le lac fut comblé et le terrain réutilisé pour la construction du nouvel Amphithéâtre Flavien qui était destiné à remplacer l'amphithéâtre de Statilius Taurus ravagé lors du grand incendie de Rome[12]. La construction du Colisée commença autour de 70-72 (le début et la durée des travaux de construction restent incertains, mais selon la plupart des historiens, ils durèrent environ dix ans, avec deux années supplémentaires pour la finition[13]) sous le règne de l'empereur Vespasien dont la décision peut être vue comme un geste populiste de retour au domaine public d'un quartier annexé par Néron pour son propre usage[14].
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+ Selon l'inscription portée sur un bloc de marbre trouvé sur le site, telle que reconstituée par l'épigraphiste Géza Alfödy, « l'empereur Vespasien a ordonné que l'on édifie ce nouvel amphithéâtre sur sa propre part de butin [15] ». Compte tenu des montants en cause, il ne peut s'agir que des trésors saisis par les Romains à la suite de leur victoire dans la Première Guerre judéoromaine de 70, notamment lors du sac de Jérusalem et du pillage de son temple[16],[17]. Il est peu probable que les 30 000 prisonniers juifs emmenés à Rome à la suite de cette campagne militaire aient été employés à la construction du monument, bien que certains, réduits en esclavage, aient pu être affectés aux travaux les moins qualifiés (ouvriers posant le béton plutôt que maçons spécialisés dans le travail du travertin)[18]. Le Colisée peut donc être interprété comme un grand monument triomphal construit dans la tradition romaine de célébration des grandes victoires, ce qui expliquerait la présence d'un arc de triomphe ornant l'entrée principale du Colisée et l'ajout par Domitien de boucliers de bronze sur l'attique[11].
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31
+ Contrairement à beaucoup d'autres amphithéâtres situés à la périphérie des villes, le Colisée fut construit littéralement et symboliquement au cœur de Rome. Des écoles de gladiateurs et d'autres bâtiments annexes furent construits à proximité. À la mort de Vespasien, en 79, le troisième étage du Colisée était achevé. Le dernier niveau fut inauguré par son fils Titus, en 80. Dion Cassius rapporte que 9 000 bêtes sauvages furent tuées lors des jeux inauguraux. Le bâtiment fut ensuite rénové par Domitien, fils cadet de Vespasien, empereur nouvellement désigné, qui ajouta l'hypogée, réseau de souterrains utilisés pour abriter les animaux et les gladiateurs. Il adjoignit également une galerie tout au sommet du Colisée, destinée à accroître encore le nombre de places.
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33
+ Sous le règne de Trajan, en 107, 11 000 animaux et 10 000 hommes auraient été impliqués durant 123 jours de fête. Côté technique, 2 000 marins étaient employés pour manœuvrer au-dessus du Colisée l'immense velarium qui donnait de l'ombre aux 55 000 spectateurs. Ceux-ci pouvaient alors admirer à la belle saison, et environ six fois par an, le combat des gladiateurs dont l'âge dépassait rarement 22 ans.
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35
+ En 217, le Colisée fut gravement endommagé par un incendie majeur (causé par la foudre, selon Dion Cassius[19]) qui détruisit les étages supérieurs des gradins construits en bois. Il ne fut entièrement réparé que vers 240 et subit d'autres réparations en 250 ou 252, puis en 320. Une inscription enregistre la restauration de diverses parties du Colisée sous Théodose II et Valentinien III (règne : 425-450), peut-être pour réparer les dommages causés par un tremblement de terre majeur, en 443 ; d'autres travaux furent entrepris en 484 et en 508.
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37
+ L'arène continua d'être utilisée pour des concours jusqu'au VIe siècle au moins, avec les derniers combats de gladiateurs vers 435. Les chasses aux animaux sauvages se poursuivirent au moins jusqu'en 523[11].
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39
+ Le Colisée a connu bien des changements au cours du Moyen Âge. Une petite église fut construite à l'intérieur de la structure, à la fin du VIe siècle, et l'arène devint un cimetière.
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41
+ Les nombreux espaces voûtés, sous les gradins, furent utilisés comme habitations ou comme ateliers, et on relève encore des locataires au XIIe siècle, époque où les Frangipani fortifièrent l'édifice, apparemment pour en faire une forteresse.
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+ Le Colisée eut à souffrir de plusieurs tremblements de terre, dont ceux de 443, 508, 801, 847 et surtout celui de 1349 qui provoqua l'effondrement de tout un pan du mur extérieur du côté sud bâti sur une couche d'alluvions argileuse[20]. Avec l'autorisation du pape, une grande partie des pierres fut alors récupérée pour la construction des palais, églises, hôpitaux et autres bâtiments. Ainsi les façades du palais de Venise et de la basilique Saint-Pierre sont issues du réemploi des blocs de travertin du Colisée[21]. Les placages de marbre alimentèrent les fours à chaux[11]. Les agrafes de fer ou de bronze scellées au plomb servant à assujettir les pierres furent systématiquement pillées en creusant au burin entre les joints, laissant les innombrables cicatrices (trous) aujourd'hui visibles sur tous les murs intérieurs et extérieurs, et affaiblissant encore l'édifice qui souffrit des tremblements de terre de 1703 et de 1812[22].
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+ Un ordre religieux s'installa dans les ruines au milieu du XIVe siècle, pour s'y maintenir jusqu'à la fin du XIXe siècle[23].
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+ Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les fonctionnaires de l'Église cherchèrent à donner un rôle productif au grand monument à l'abandon. Sixte Quint (1585-1590) envisagea de transformer l'édifice en filature de laine où l'on emploierait les prostituées, mais cette proposition ne fut pas suivie d'effet par suite de son décès[24]. En 1671, le cardinal Altieri autorisa son utilisation pour des courses de taureaux, ce qui provoqua un tollé.
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+ Au début du XVIIIe siècle, un moine Carme, le père Angiolo Paoli, intervint auprès du pape Clément XI pour préserver ce lieu qui « avait été imprégné du sang des martyrs » et avait été laissé à l'abandon. Le Pape approuva le projet du moine. Le Carme, avec l'aide de quelques volontaires, se transforma en maçon et fit fermer les arcs avec des murs épais, et les portes avec de grosses traverses en fer. À l'intérieur, il érigea trois grosses croix de bois[25].
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+ En 1749, Benoît XIV décida que la politique officielle de l'Église serait de faire du Colisée le lieu sacré où les premiers chrétiens ont été martyrisés. Il interdit l'utilisation du Colisée comme carrière, et consacra l'édifice à la Passion du Christ et fit installer un chemin de croix, le déclarant sanctifié par le sang des martyrs chrétiens qui y périrent. Plus tard furent entrepris divers projets de restauration et de stabilisation : sous l'Empire français, la façade fut renforcée par des étais de brique en 1807 et 1827, Napoléon faisant employer 1 800 hommes à la restauration et aux fouilles des principaux monuments de Rome de 1811 à 1814. À la suite de l'occupation de Rome, Napoléon III poursuivit les travaux de restauration et de fouilles[26]. L'intérieur fut restauré en 1831, 1846 et 1930. Avant le nettoyage et les restaurations effectuées au XIXe siècle par des archéologues et ingénieurs, les voyageurs avaient une vision romantique du site, les arcs et les ruines devenues un jardin rempli de fleurs et de verdure leur rappelant la splendeur passée de Rome[27].
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53
+ L'arène fut partiellement fouillée en 1810-1814 et en 1874, puis totalement déblayée dans les années 1930[11]. En 1995, débuta un chantier de restauration, le plus important depuis 1836, dont l'objectif était de diminuer le nombre de fragments du monument se détachant et d'ouvrir 85 % du monument au public (contre 15 % en 1995)[28]. Les restaurations se poursuivent encore actuellement.
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55
+ Contrairement aux amphithéâtres antérieurs construits entre deux collines, le Colisée est une structure autonome. Il est de plan ovoïde (courbe polycentrique très proche d'une ellipse)[29], orienté OSO-ENE, de 189 m de long et 156 m de largeur, avec une superficie de 2,4 ha. La hauteur de la paroi extérieure est de 48 m. Le périmètre d'origine mesure 545 m. L'arène centrale est un ovale de 86 m de long et 54 m de largeur, entouré par un mur de 4,5 m de hauteur, qui s'élève jusqu'au niveau des premiers gradins[30].
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+ Près de 100,000 m3 de travertin (dont 45 000 pour la paroi extérieure en opus quadratum), montés sans mortier, mais solidarisés par 300 t d'agrafes de fer, ont été utilisés[11]. Cette roche, issue d'une carrière près de Tibur, fut transportée au Colisée par une route spécialement aménagée à cet effet. Une quantité similaire de blocs de tuf, de briques et de béton en opus caementicium ont également été employés afin d'adapter la résistance des matériaux aux charges et poussées selon les structures (principaux piliers en travertin, murs radiaux en travertin et tuf, voûtes en briques de béton, plus léger que la pierre et plus solide que le mortier traditionnel)[31]. Cependant, l'ensemble de la structure a subi d'importants dommages au cours des siècles, avec de larges segments effondrés à la suite de tremblements de terre. Le côté nord du mur d'enceinte est toujours debout ; les rampes de brique à chaque extrémité ont été ajoutées au XIXe siècle pour consolider le mur. Le reste de l'actuel extérieur du Colisée est en fait le mur intérieur d'origine.
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+ Le bâtiment repose sur une base de deux marches. La partie survivante de la paroi extérieure de la façade monumentale se compose de trois niveaux d'arcades superposés, surmontés d'une plate-forme sur laquelle se dresse un attique de grande hauteur, percé de fenêtres à intervalles réguliers. Seulement 31 arcs de l'anneau extérieur, numérotés de XXIII à LIV, sont restés intacts. Les 80 arcades de chaque niveau sont respectivement encadrées de demi-colonnes de style dorico-toscan (style spécifiquement romain), ionique et corinthien, tandis que l'attique est orné de pilastres composites[32], les styles de ces trois niveaux devenant l'archétype des amphithéâtres romains postérieurs[33]. Les arcs au rez-de-chaussée font 7,05 m de hauteur pour 4,20 m de largeur. Les arcs aux premier et deuxième étages, qui ne font que 6,45 m de hauteur, étaient ornés de 160 statues en bronze doré hautes de cinq mètres probablement en l'honneur des divinités et des autres personnages de la mythologie classique, tandis que 40 boucliers en bronze ajoutés par Titus rythmaient l'attique et symbolisaient les conquêtes militaires romaines avec le bouclier pris à l'ennemi. Il est possible que les boucliers soient un rappel de ce décor déjà employé dans la basilique Æmilia[34].
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+ La construction est favorisée par la répétition d'un motif architectural, le fornix (travée formée d'une arcade et de deux piliers, répétée 80 fois pour constituer le périmètre et trois fois pour l'élévation) rappelant la prostitution qui se déroulait sous ces arcades[35].
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+ Deux cent quarante mâts d'une vingtaine de mètres de hauteur étaient dressés en encorbellement autour du sommet de l'attique. Ils soutenaient un vaste auvent rétractable, connu sous le nom de velum ou velarium (toile de lin ou de chanvre qui pouvait être colorée pour donner des ambiances particulières), qui abritait les spectateurs du soleil. C'était une immense toile soutenue par un anneau de cordes en filet, avec un trou au centre, entouré d’un anneau de fort cordage (du chanvre de 80 mm de diamètre environ) p[1]. Il couvrait deux tiers de l'arène, en pente vers le centre pour capter le vent et en diriger une brise vers les spectateurs. Des esclaves et marins, spécialement enrôlés au siège de la marine à Misène et basés à la proche caserne du Castra Misenatium, étaient chargés de la manœuvre du velarium[36]. À noter que des esclaves, armés de vaporisateurs, envoyaient des brumes rafraîchissantes et parfumées (les spartiones[37]) sur les notabilités. Des projections de suaves effluves (eau
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+ mêlée de safran ou de baume) par des pompes à piston pouvaient avoir lieu avant le spectacle. Pour neutraliser l'odeur des bêtes et les relents d'écurie, des brûle-parfums étaient répartis dans l'amphithéâtre[38].
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+
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+ Le Colisée était entouré d'une place de 17,5 m de large pavée de travertin et délimité par les bornes fixées[39] dans le sol dont la fonction est discutée (ancrage des cordes de rappel du velarium, portes pour filtrer et réguler les accès au monument)[40]. Les jours de spectacle, cette place regorgeait de colporteurs et de pickpockets[41]. L'énorme capacité du Colisée rendait indispensable un dispositif d'accès et d'évacuation rapide, pour lequel les architectes mirent au point des solutions similaires à celles que nous connaissons dans nos stades modernes. Quatre-vingts entrées s'ouvraient sur l'extérieur au rez-de-chaussée, dont soixante-seize, numérotées (de même que chaque escalier) étaient destinées aux spectateurs ordinaires[1]. Des grilles sous chaque arc (il ne reste plus que leurs gonds dans le mur) permettaient de réguler le flot de spectateurs. La porte principale nord-ouest (appelée « porta triumphalis » ou « porte de la vie ») était l'entrée principale réservée à la parade inaugurale des gladiateurs et à la sortie des combattants vainqueurs, la porte sud-est (la « porta libitinensis » ou « porte de la mort »)[42] pour emmener les mortellement blessés au spoliarium alors que les deux autres entrées axiales étaient destinées à l'élite (porte sud-ouest empruntée par l'empereur et ses proches, par les sénateurs et les vestales ; porte nord-est par les magistrats et riches patriciens)[43]. Les quatre entrées axiales étaient richement décorées de peintures et de reliefs en stuc, dont des fragments nous sont parvenus. Le « passage de Commode » (passage secret du nom de l’empereur qui, selon les sources historiques, y subit un attentat)[44] qui reliait la loge impériale méridionale à l'extérieur (probablement un palais) est le témoin de ce riche décor. Bon nombre des entrées originales extérieures ont disparu avec l'effondrement du mur extérieur, mais les entrées XXIII à LIV survivent encore. Tout l'édifice était probablement peint[11].
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+
68
+ Les spectateurs recevaient des billets sous forme de fragments de poterie numérotés (jeton d'entrée, ou tessera, distribué gratuitement la veille[45]) qui leur donnaient les instructions nécessaires de section et de rangée de sièges. Ils accédaient à leurs places par des vomitoria qui s'ouvraient sur les gradins, le public étant installé en une heure. Dès la fin des jeux ou en cas d'urgence, l'évacuation ne prenait que quelques minutes[46].
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70
+ Façade originale du Colisée
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+ Entrée LII du Colisée, avec chiffres romains encore visibles
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+ Les trous et 240 consoles marquent l'emplacement des mâts qui supportaient le velum[47]
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76
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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78
+ L'ensemble des gradins forme la cavea. Les travées inférieures forment un angle de 30°, les supérieurs de 40°, ce qui permet au public en hauteur d'avoir une vue dégagée de l'arène[49].
79
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80
+ Les spectateurs étaient assis dans un arrangement hiérarchisé qui reflète la nature rigide et stratifiée de la société romaine. Des inscriptions gravées sur les gradins indiquent à quelle catégorie de personnes ils étaient destinés, par exemple equitibus romanis (c'est-à-dire « pour les chevaliers romains »), ou encore pædagogis puerorum (« pour les maîtres d'école »).
81
+
82
+ Des loges spéciales étaient réservées respectivement au sud et nord à l'empereur et aux Vestales, offrant les meilleures vues sur l'arène. Une large plate-forme ou podium, au même niveau, accueillait les spectateurs de classe sénatoriale, autorisés à apporter leur propre chaise. Les noms de certains sénateurs du Ve siècle sont encore gravés dans la pierre.
83
+
84
+ Le niveau situé juste au-dessus de celui des sénateurs, connu sous le nom de primum mænianum, consistait en neuf travées en marbre occupées par la classe des chevaliers (ordre équestre : equites, noblesse non sénatoriale). Le niveau suivant, le mænianum secundum, était à l'origine réservé aux simples citoyens romains (les plébéiens) et était divisé en deux sections. La partie inférieure (l'immum) était destinée aux citoyens riches, alors que la partie supérieure (le summum) était dévolue à la classe moyenne. Des secteurs spécifiques étaient attribués à d'autres groupes sociaux : par exemple, les garçons avec leurs tuteurs, les soldats en permission, les dignitaires étrangers, les scribes, les hérauts, les prêtres et ainsi de suite. Certaines zones étaient réservées à des groupes spécifiques. Les sièges de pierre, et plus tard de marbre étaient rendus plus confortables par les coussins que chacun apportait pour son propre usage[50].
85
+
86
+ Deux niveaux supplémentaires, le mænianum summum secundum et le mænianum secundum in ligneis, ("2e étage en bois") furent ajoutés au sommet de l'édifice sous le règne de Domitien. Ce dernier consistait en une galerie destinée aux pauvres, aux esclaves et aux femmes, avec des places debout ou aménagées succinctement sur des tribunes de bois en pente très raide. Certains groupes étaient totalement exclus du Colisée, notamment les fossoyeurs, les acteurs et les anciens gladiateurs[11].
87
+
88
+ Chaque niveau, divisé en sections (mæniana) par des passages en courbe et des murets (praecinctiones ou baltei), était subdivisé en cunei, ou portions, et par les allées et les marches des vomitoria. Chaque rangée (gradus) avait ses sièges numérotés, permettant de désigner précisément chaque siège par son gradus, son cuneus et son numéro propre[51].
89
+
90
+ L'arène mesure 83 × 48 m (280 × 163 pieds romains)[11]. Elle est composée d'un plancher de bois recouvert de sable (le mot latin arena ou harena signifie « sable ») qui évitait aux combattants de glisser, absorbait facilement le sang répandu et pouvait être rapidement remplacé[52]. L'arène couvre une vaste structure souterraine appelée « hypogée » (nom masculin d'origine grecque, littéralement "le sous-sol": hupo (sous) et gê (la terre)). Il reste peu actuellement de l'arène originale, mais l’hypogée est encore bien visible : à la suite des fouilles entreprises en 1803, les souterrains sont envahis par les eaux d'égouts et de pluie, et il a fallu attendre les années 1880 pour que des pompes performantes puissent évacuer ces eaux et permettre la reprise des fouilles. Les souterrains sont édifiés quelques années après l’inauguration de l’amphithéâtre, à l’époque de Domitien (81-96 apr. J.-C.)[53].
91
+
92
+ L'hypogée était divisé en 15 couloirs réalisés en brique et blocs de tuf, bâtis parallèlement à une galerie centrale qui suivait le grand axe de l’ellipse (est-ouest). Il était constitué d'un réseau à deux niveaux souterrains de tunnels et de cages situés sous l'arène, où gladiateurs et animaux se tenaient prêts avant le spectacle. Quatre-vingts puits verticaux fournissaient un accès instantané à l'arène pour les animaux en cage et les accessoires de scène ; des plates-formes à charnières de plus grandes dimensions, appelées hegmata, permettaient l'accès des éléphants et autres grands animaux. L'hypogée a été restructuré à maintes reprises au cours des cinq siècles de fonctionnement du Colisée, et l'on peut distinguer au moins douze différentes phases de construction[11].
93
+
94
+ L'hypogée était relié par des tunnels souterrains à un certain nombre de points en dehors du Colisée. Les animaux et leurs dresseurs pouvaient rejoindre par un tunnel les écuries situées à proximité, de même que les gladiateurs pouvaient rallier sans peine à partir du couloir central leur caserne du Ludus Magnus, toujours visible, juste à l'est du Colisée. Des tunnels spéciaux étaient réservés à l'empereur et aux Vestales, afin qu'ils puissent rejoindre leurs loges sans avoir à se mêler à la foule[11].
95
+
96
+ Des quantités de machines de toutes sortes étaient entreposées dans l'hypogée. 28 ascenseurs[54], cabestans (des socles en pierre dans laquelle était attelée la pièce en bronze de ces treuils sont encore visibles au sol)[55] et poulies hissaient et descendaient décors et accessoires, ainsi que les animaux en cage jusqu'à la surface de l'arène où ils étaient libérés[56]. Il existe des preuves de l'existence de grands mécanismes hydrauliques permettant d'inonder rapidement l'arène, vraisemblablement par le biais d'une connexion à un aqueduc situé à proximité[11].
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+
98
+ Le Colisée attira dans son orbite toutes sortes d'activités annexes dans le voisinage : en plus de l'amphithéâtre lui-même, de nombreux autres bâtiments implantés à proximité étaient liés aux jeux. Immédiatement à l'est se trouvent les importants vestiges du Ludus Magnus, une école d'entraînement des gladiateurs, reliée au Colisée par un passage souterrain. Le Ludus Magnus avait sa propre arène, qui était elle-même une attraction populaire pour les spectateurs romains. D'autres écoles d'entraînement s'étaient installées dans la même zone, le Ludus Matutinus ("école du matin"), où étaient formés les chasseurs d'animaux, en plus des écoles des Daces et des Gaulois.
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+ À l'intérieur du Colisée se trouve l'Eglise Santa Maria della Pietà al Colosseo qui est un lieu de culte catholique. De taille modeste, elle est insérée dans une des arcades de l’amphithéâtre Flavien et a probablement été construite entre le VIe et le VIIe siècle bien que la première information certaine concernant son existence ne remonte qu'au XIVe siècle. Cette église représente depuis toujours un lieu de culte en mémoire des martyres chrétiens ayant perdu la vie à l'intérieur du Colisée, elle fut fréquentée par de nombreux saints notamment Ignace de Loyola, Philippe Néri et Camille de Lellis. L'archéologue romain Mariano Armellini a déclaré que cette chapelle : « (...) était destinée à l'origine à être la garde-robe de la compagnie de théâtre qui donnait des représentations dans l'arène de l'amphithéâtre, notamment le drame la Passion de Jésus-Christ, usage qui fut maintenu jusqu'aux temps de Paul IV. » Plus tard en 1622, l'édicule fut acheté par la Confraternité du Gonfalone qui le transforma en oratoire, il lui appartint jusqu'en 1936 puis il changea de main et fut confié au Cercle San Pietro à partir de 1955. Cette organisation le dirige toujours et y célèbre des messes tous les samedis et dimanches[57],[58].
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+ À proximité également se tenait l'Armamentarium, comprenant une armurerie pour stocker les armes, le Summum Choragium, où les machines étaient entreposées, le Sanitarium, où l'on soignait les gladiateurs blessés, et le Spoliarium, où les corps des gladiateurs morts étaient dépouillés de leurs armes et évacués.
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+ Sur le périmètre du Colisée, à une distance de 18 m du périmètre, était disposée toute une série de grosses bornes de pierre, dont cinq subsistent du côté est. Diverses explications de leur présence ont été avancées : elles pourraient avoir marqué une frontière religieuse, ou bien une limite extérieure pour le contrôle des billets, ou encore des points d'ancrage pour le velarium[11].
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+ Juste à côté du Colisée se dressait la Meta Sudans, et plus tard vint l'Arc de Constantin.
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+ Le velum, appelé également velarium, était une toile de protection, qui était ténue au-dessus du colisée afin de protéger les spectateurs du soleil ou de la pluie. Il se composait d’un grand nombre de bandes trapézoïdales, déployées à l’aide des cordes roulées par des treuils. La toile descendait le plus bas possible afin de mieux protéger les spectateurs contre le soleil. Les nombreux travaux réalisés par les archéologues pendant les dernières années, ont pu démontrer que  l’heure pendant laquelle la protection était moins favorable, était quand le soleil reste le plus bas dans le ciel (alors le matin ou le soir). Des études récentes, ont examiné l’influence du velum sur l’acoustique de l’amphithéâtre. Ces études ne peuvent pas apporter des résultats très concrètes car l’la taille même du velum n’est pas connue.
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+ La découverte du velum a eu lieu en 1876, quand les archéologues ont  mis au jour une fresque dans une maison de Pompéi, qui illustrait l’amphithéâtre de la ville, avec une grande pièce de tissu qui couvrait la semi-totalité des cavea. Jusqu’à nos jours, aucune image de cette période ne montre le velum déployé. Après que l’existence des voiles a été établie par les études archéologiques, cette conviction a été confirmée par un graffiti « publicitaire » déjà connu, trouvé  à Rome, qui finissait par la phrase suivante : « et uela erunt », littéralement « et il y aura des voiles ».
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+ Les représentations des vela romains ont commencé dès la fin du 19S. Les premières tentatives, étaient plutôt fantaisistes, sans avoir comme base des faits archéologiques. En 1999, Philippe Fleury, un archéologue français, a proposé une représentation du velum assez différente : un immense anneau central était levé 18 mètres au-dessus de l’arène afin de soutenir les 240 pans du velum, qui étaient déployés à l’aide d’un ensemble des treuils et cordages (qui pesaient 68 tonnes). Le velum avait alors, la forme d’un entonnoir. Jusqu’à nos jours, cette représentation reste une des plus respectés dans le domaine de l’archéologie, mais elle ne présente presque aucune ressemblance avec le velum de la peinture de Pompéi. [59],[60]
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+ Le Colisée a été utilisé pour accueillir des combats de gladiateurs et d'autres jeux très variés. Le matin, après un tour initial sur l’arène de tous les participants pour se présenter au public (la pompa gladiatoria), avait lieu un type de spectacle très populaire : la chasse aux animaux sauvages, ou venatio, qui faisait appel à une grande variété de bêtes sauvages, principalement importées d'Afrique, telles que rhinocéros, hippopotames, éléphants, girafes, lions, panthères, crocodiles, gnous et autruches. Des batailles et des chasses étaient souvent mises en scène parmi des décors comprenant des arbres et des bâtiments. Pendant l’après-midi se déroulaient les spectacles appelés munera qui ont toujours été donnés par des individus (appelés munerarii ou editores) plutôt que par l'État. Ils avaient une forte connotation religieuse, mais démontraient aussi la puissance et le prestige de la famille, auprès de la population qui les appréciait immensément[61]. Ces fêtes prenaient parfois une ampleur exceptionnelle : il est rapporté que Trajan, en 107, a fêté ses victoires sur les Daces par des jeux impliquant 11 000 animaux et 10 000 gladiateurs, durant 123 jours.
115
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116
+ Les écrivains anciens rapportent que le Colisée a vu se dérouler, dès les premiers jours (et avant la construction de l'hypogée), des naumachies, plus communément appelées navalia proelia (reconstitutions et mise-en-scène de combats navals avec de vrais morts).
117
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118
+ Il est consigné dans les comptes des jeux inauguraux offerts en 80 par Titus que l'arène remplie d'eau a alors accueilli des courses de chevaux et de taureaux spécialement entraînés à nager. Il est également fait état de la reconstitution d'une très fameuse bataille navale entre les Grecs de Corfou et de Corinthe.
119
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120
+ Cela a fait l'objet d'un débat entre les historiens, bien que l'approvisionnement en eau n'eût pas été un problème, de savoir comment on avait pu rendre l'arène suffisamment étanche et trouver assez d'espace pour y faire évoluer des navires de guerre. On peut penser que ces grands spectacles navals avaient lieu dans le volume vide occupé par la suite par l'hypogée, tel que nous le voyons encore aujourd'hui[11].
121
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122
+ Des sylvae ou recréations champêtres ont également eu leur place dans les Jeux de l'amphithéâtre. Des peintres, techniciens et architectes s'appliquaient à reconstituer toute une forêt, avec de vrais arbres et arbustes plantés dans le sable de l'arène. Cette forêt apparaissait progressivement peuplée d'animaux introduits tour à tour pour le plus grand plaisir de la foule. Ces scènes pouvaient simplement montrer à la population urbaine les scènes de la nature sauvage, ou bien devenir la toile de fond de chasses ou de scènes illustrant des épisodes de la mythologie.
123
+
124
+ Pendant l'intervalle du déjeuner, sur l'arène on exécutait des condamnations à mort. Lors de l'exposition aux bêtes, la damnatio ad bestias, le condamné était généralement lié à un poteau et poussé vers les bêtes. Occasionnellement, les décors ont pu être utilisés pour des exécutions dans lesquelles le héros de l'histoire - joué par un malheureux condamné - était tué de la façon dont le relataient les récits mythologiques -, dévoré par des fauves ou d'une autre façon[62]. Cette partie du spectacle était la moins prisée, de nombreux spectateurs en profitant pour s'alimenter ou se rafraîchir à la cinquantaine de fontaines disposées dans le Colisée[63].
125
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126
+ Le Colisée aujourd'hui est une attraction touristique majeure de Rome, avec des milliers de touristes chaque année qui paient leur billet pour voir seulement l'arène de l'intérieur, bien que l'entrée pour les citoyens de l'UE soit partiellement subventionnée et que les moins de 18 ans, ainsi que les plus de 65 ans ressortissants de l'UE soient admis gratuitement[64]. En 2001, un musée consacré à Éros est situé à l'étage supérieur du bâtiment. Une partie du plancher de l'arène est reconstituée la même année.
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+ Le Colisée a également été le site de cérémonies catholiques depuis le XXe siècle. Par exemple, le pape Jean-Paul II y a inauguré une nouvelle forme de processions du chemin de croix qui ont lieu chaque Vendredi saint[65],[66].
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+ Variations de température et d'humidité, secousses telluriques, trombes d'eau, pollution urbaine rongeant la pierre, surfréquentation... le Colisée est un géant malade. Chaque année, 500 000 euros lui sont alloués par l'État italien pour parer au plus urgent. Ce qui ne suffit pas pour des travaux plus ambitieux. Avec 7,6 millions de visiteurs par an (ce qui en fait le monument le plus visité d'Italie) et seulement 35 % du monument accessible au public en 2010, le Colisée poursuit ses restaurations pour éviter l'engorgement. En 2010, il ouvre ainsi une partie de l'hypogée à des visites guidées[67]. Face à la réduction du budget du ministère des Biens culturels, le site a dû se tourner vers le mécénat privé pour boucler le budget : en 2011, un accord signé avec Diego Della Valle, le PDG de la marque de chaussures Tod's, permet à ce groupe de se prévaloir d'être « le sponsor unique du Colisée » en finançant entièrement les travaux (nettoyage de la pierre noircie par la pollution, colmatage des fissures et brèches, remplacement des barrières métalliques obturant les arches du rez-de-chaussée, restauration de l'hypogée, mise en place d'un nouveau système d'illumination et construction d'un centre de services touristiques), soit 25 millions d'euros dont un tiers peut être déduit fiscalement[68]. En échange, l'association « Amici del Colosseo » créée par le sponsor a le droit exclusif d'utiliser l'image du monument pour ses publicités[69]. Le Colisée reste ouvert au public pendant ces travaux, prévus de 2013 à 2016, les échafaudages ne couvrant qu'un tiers du monument à la fois. Le nombre de visiteurs du Colisée est passé en une dizaine d'années d'un million par an à environ six millions en 2013, entre autres grâce au succès du film Gladiator de Ridley Scott en 2000[70].
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1
+ Sous-espèce
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+
3
+ Gallus gallus domesticus, en français la Poule domestique (femelle), le coq domestique (mâle), est une sous-espèce de l'ordre des Galliformes. Cet oiseau, principalement issu de la domestication d'une espèce sauvage particulière (le Coq doré), est élevé à la fois pour sa chair, pour ses œufs, pour le combat, pour le chant, parfois pour ses plumes et plus rarement encore pour sa crête (rites). En 2018, de nombreuses races issues de la sélection opérée par les paysans au fil des siècles ont disparu. Il s'agit de l'espèce d'oiseaux dont la population est la plus importante.
4
+
5
+ Le mâle de la poule est le coq. Un jeune est appelé poussin et un pré-adulte mâle est appelé coquelet puis devient poulet ; un poulet femelle est une poulette. Un jeune coq châtré pour que sa chair soit plus tendre est un chapon. Autrefois on pratiquait également l'ablation des ovaires sur des poulettes destinées à devenir des poulardes. De nos jours il s'agit seulement de poulettes qui n'ont pas encore pondu, et qu'on engraisse de la même manière que les chapons. Chapons et poulardes sont plus corpulents et ont une chair plus grasse que leurs équivalents non castrés.
6
+
7
+ Cette sous-espèce, bien que d'origine tropicale, a une répartition géographique très large, due à l'action des humains. Elle s'adapte à une multitude de milieux, si l'on excepte les hautes latitudes, au-delà du cercle polaire, où les jours sont trop courts en hiver. Les yeux des poules ne leur permettent pas de voir la nuit (absence de bâtonnets), ce qui en fait un animal diurne exclusivement.
8
+
9
+ La poule est un animal terrestre et nidifuge.
10
+
11
+ C'est un animal adapté à la course (trois doigts posés au sol), et volant peu.
12
+
13
+ Le coq se distingue de la poule par sa taille plus importante, par une crête rouge vif sur la tête et ses barbillons plus développés, par ses ergots, par les coloris plus éclatants de son plumage et par sa queue en panache de plumes. Il se distingue aussi par son cri, le « cocorico » qu'il commence à pousser vers l'âge de 15 semaines (4 mois) bien avant sa maturité sexuelle qui débute vers 25 semaines (6 mois) avant d'être pleinement efficace vers 37 semaines (9 mois). La fertilité du coq décline assez rapidement puisque le coq n'est pleinement fertile que de 9 à 15 mois.
14
+
15
+ Le coq tient un rôle spécifique dans le troupeau. Lorsqu'il trouve un point d'alimentation intéressant (vers, larves, insectes), il le signale aux poules et les laisse manger sa trouvaille. Lorsqu'un prédateur s'approche ou qu'un rapace survole le troupeau, il donne l'alerte en poussant un grondement particulier. Dès qu'elles l'entendent, toutes les poules se mettent à l'abri sous un arbre ou un buisson. En cas d'attaque, le coq est celui qui fera face aux prédateurs. Il se sacrifie souvent pour donner le temps aux poules de s'enfuir.
16
+
17
+ La combativité naturelle des coqs est mise à profit pour organiser des combats. Cette tradition fut très vivace dans le Nord de la France, où elle peut encore être observée, et en Belgique, où elle est désormais interdite. Elle perdure également dans le sud-est asiatique, en Amérique du Sud et centrale, ainsi qu'aux Antilles.
18
+
19
+ À la suite de dérèglements hormonaux, une poule ménopausée peut prendre partiellement les caractères sexuels secondaires du coq.
20
+
21
+ Dans une basse-cour, les poules sont clairement rangées par ordre de priorité pour la nourriture, les perchoirs, les partenaires sexuels ; généralement, la hiérarchie de dominance est linéaire : elle comporte un animal A qui domine tous les autres, un animal B qui les domine tous sauf l'animal A, etc. De la même manière, une hiérarchie de dominance règne au sein des coqs.
22
+
23
+ Les poules sont dotées d'une intelligence assez développée. Par exemple, elles sont capables de reconnaître individuellement chacune des poules du poulailler, même sur photographie[1].
24
+
25
+ Elles sont également dotées d'empathie. Une étude britannique en 2011 montre que les poules sont sensibles aux souffrances de leurs semblables (augmentation de leur rythme cardiaque et de leurs gloussements lorsqu'elles sont en présence de leurs poussins dont les plumes sont ébouriffées par des souffles d'air)[2],[3].
26
+
27
+ La poule cagnette, caquette (quand elle pond), claquette, cloque (quand elle parle à ses poussins dans l'œuf), clousse (quand elle couve), crételle, glousse (quand elle converse avec ses congénères). Il lui arrive même, rarement, de chanter comme un coq. Son répertoire comporte autour de 24 cris différents, associés à des événements particuliers (différents types de menace, présence de nourriture, etc.)[3].
28
+
29
+ Le poussin pépie, piaille, piaule. Son cri est appelé le pépiement.
30
+
31
+ Le coq se distingue aussi par son cri, le « cocorico » dont la transcription phonétique varie selon les langues (cock a doodle do en anglais, quiquiriqui en espagnol, kokeriko en espéranto, kukeleku en néerlandais, etc.). Le chant du coq est inné, il n'est pas appris. Des concours de chant de coq sont organisés[4].
32
+
33
+ « Cocorico » est aussi un symbole du chauvinisme français, probablement parce que ce cri est interprété comme une manifestation d'orgueil de la part du coq[réf. nécessaire], mais surtout parce que le coq gaulois est l'emblème du pays.
34
+
35
+ Si on la laisse en plein air, une poule passe la majeure partie de son temps à déambuler dans l'espace enherbé qu'on met à sa disposition. Elle picore quelques végétaux mais passe surtout beaucoup de temps à gratter le sol à la recherche d'invertébrés, d'insectes ou autres petits animaux (vers, fourmis, amphibiens, lézards, petits rongeurs, etc.) qui lui apportent les protéines dont elle a besoin. La poule est donc une solution idéale pour retourner régulièrement un tas de compost ou de fumier.
36
+
37
+ Si elle n'a pas accès à un lieu enherbé, une poule pondeuse adulte mange entre 100 et 150 grammes de provende par jour soit environ 45 kg/an[5], en sachant qu'elle mange plus en hiver qu'en été pour résister au froid, et que les besoins augmentent aussi pendant la période de mue. Lorsque les poules mangent moins à cause de la chaleur, il est conseillé de leur donner des aliments plus concentrés pour qu'elles aient un apport suffisant en éléments nutritifs malgré la diminution de leur consommation.
38
+
39
+ Idéalement, cette volaille doit avoir libre accès à la nourriture et à l'eau pour pouvoir en consommer à volonté. En général, elle se contente de la quantité nécessaire à la satisfaction de ses besoins nutritifs. À défaut, deux repas par jour sont recommandés[6].
40
+
41
+ L'oiseau est omnivore. Son alimentation varie selon qu'il s'agit d'un poulet en croissance (plus de protéines), d'une poule pondeuse industrielle (plus de calcaire) ou d'un reproducteur mais elle se compose généralement de :
42
+
43
+ Les minéraux peuvent être fournis de façon précise sous forme de granulés disponibles dans le commerce ou sous forme plus aléatoire à partir de divers fruits, légumes, feuilles et graines d'herbacées tels que :
44
+
45
+ L'apport de graines de lin à l'alimentation des poules permet d'augmenter la teneur en oméga 3 des œufs.
46
+
47
+ L'accès à la végétation d'un parcours permet à la poule d'avoir un fort apport en caroténoïdes (lutéine, zéaxanthine) qui donnent une couleur intense au jaune d’œuf[10] (les capucines, les roses d'Inde, le chou kale et les pissenlits sont les aliments les plus riches en lutéine). Les poules élevées en cage reçoivent une alimentation enrichie en zéaxanthine de synthèse pour avoir un jaune de couleur soutenue.
48
+
49
+ On peut également préparer des pâtées. Ainsi la poule de Bresse (seule volaille dont l'appellation d'origine est préservée administrativement) est engraissée pendant les deux dernières semaines uniquement de farine de maïs blanc délayé dans du lait et elle est abreuvée au lait et petit lait, ce qui contribue à lui donner une chair blanche.
50
+
51
+ Les agriculteurs spécialisés (nommés « aviculteurs » par l'administration française) considèrent qu'il faut 4 kg de céréales pour produire 1 kg de poulet[11].
52
+
53
+ On trouve dans le commerce des mélanges de grains ou des granulés dont la composition correspond exactement aux besoins des volailles selon leur type (pondeuse, poulet de chair ou poussins). Les mélanges de grains sont appréciés des volailles mais, comme elles peuvent trier, il arrive que certaines graines ne soient pas consommées. Les granulés évitent ce genre de problème mais ils sont parfois boudés par les volailles.
54
+
55
+ Poules et coqs sont sexuellement matures à partir de l'âge de cinq à neuf mois selon les races et la quantité de lumière reçue pendant les premiers mois (plus on éclaire de jeunes poules, plus elles seront matures jeunes mais plus la taille de leurs œufs sera réduite[12]).
56
+
57
+ La pleine maturité des poules et des coqs survient entre huit et quinze mois, ce sont donc des volailles de cet âge qu'il faut utiliser de préférence lorsqu'on cherche à faire de la reproduction. En effet, à partir de seize mois, les coqs sont moins fertiles[13] et les poules pondent des œufs plus gros, plus fragiles et moins nombreux.
58
+
59
+ La taille et le poids des œufs évoluent avec l'âge de la poule. La poule pond (même en l'absence d'un coq) un œuf par jour ou un tous les deux jours (en moyenne un œuf tous les 26 heures, soit cent à trois cents œufs par an selon les races et l'âge). Ils sont de couleurs variées selon les races de poules pondeuses. Les consommateurs urbains achètent certaines couleurs : œufs roux en Europe, blancs aux États-Unis, par exemple ; cela procède d'un préjugé fortement ancré socialement.
60
+
61
+ Animal ovipare, les œufs de la poule correspondent à des ovules non fécondés. L'œuf ne peut bien sûr être fécondé que s'il y a présence d'un coq, ce qui permettra de donner naissance aux poussins. En aviculture, il est conseillé pour obtenir un bon résultat de fécondation d'avoir un cheptel équilibré entre mâles et femelles :
62
+
63
+ La poule ovule de nouveau 15 à 20 minutes après avoir pondu. On pense souvent que la poule caquète après la ponte pour manifester sa « joie » mais il s'agit en fait d'un appel au coq pour lui préciser que c'est le moment où elle est fécondable (environ trente minutes par jour). En effet, une fois qu'un nouveau jaune est engagé dans l'oviducte, le coq ne coche plus la poule car ses spermatozoïdes seraient rejetés par l’œuf cheminant en sens inverse. De fait, le premier œuf pondu après un coït est fécondé (si le coq produit un sperme de bonne qualité).
64
+
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+ Après chaque coït, la poule conserve des spermatozoïdes utilisables sur les œufs qui seront pondus dans les une à trois semaines suivantes mais cela n'empêche pas le coq de la « cocher » quotidiennement.
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+
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+ L'intensité de ponte correspond au nombre d’œufs pondus sur une période donnée. Ainsi, si une poule pond neuf œufs en dix jours, elle a une intensité de ponte de 90 % sur cette période. Ce ratio varie en fonction de l'âge de la poule et des saisons avec des séries de ponte sans pause plus longues en été qu'en hiver. Lors du pic de ponte, une poule peut faire des séries ininterrompues de ponte de vingt à trente œufs sans aucune pause. Les séries de ponte sont fonction des séquences d'ovulation et d'ovoposition (acte de pondre et de placer ses œufs dans un endroit particulier)[14]. La durée des séries diminue avec l'âge de la poule.
68
+
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+ Le seuil d'intensité de ponte minimal de rentabilité des poules industrielles est de 65 % soit environ vingt œufs par mois. L'âge de l'intensité de ponte maximale des poules « industrielles » se situe entre sept et neuf mois (90 % d'intensité de ponte soit environ 27 œufs par mois). À partir de neuf mois, l'intensité de ponte diminue progressivement pour attendre 65 % vers seize mois (âge auquel elles sont abattues pour être remplacées par de nouvelles poules de cinq mois).
70
+
71
+ Dans son aire d'origine, la poule pond toute l'année, les saisons n'étant pas marquées. Dans les zones tempérées, l'intensité de ponte diminue quand les jours raccourcissent (de juillet à décembre pour éviter d'avoir des poussins pendant la saison froide). L'intensité de ponte augmente quand les jours rallongent car l'hormone déclenchant l'ovulation n'est produite qu'après au moins dix heures d'exposition de la poule à la lumière (notion de photopériode).
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+
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+ La ponte peut s'arrêter temporairement pour différentes raisons :
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+ Chaque année, la poule diminue son intensité de ponte d'environ 20 %, jusqu'à épuisement des ovocytes (ménopause, vers 7-9 ans)[15].
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+ Si une poule reçoit au moins dix heures de lumière en une journée, elle libère, le lendemain matin, un ovocyte dans l'oviducte. Cet ovocyte aura passé les dix jours précédant sa libération à accumuler des réserves nutritives pour former le vitellus (plus connu sous le nom de « jaune d'œuf »), c'est la période dite de vitellogénèse où l'ovule passe de 200 mg à 15 g[14].
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+
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+ Le vitellus est d'abord libéré seul dans l’infundibulum (c'est seulement là qu'il est fécondable si du sperme est disponible. Les spermatozoïdes mettent entre 15 minutes et 24 heures après le coït pour remonter du vagin à l'infundibulum) puis, en passant dans le magnum, il s'entoure d'albumen (le blanc) et des chalazes (durée : 3 heures), de membranes coquillières en passant dans l'isthme (durée : 1 à 1,5 heure) puis la coquille est fabriquée dans la glande à coquilles de l'utérus en seize à dix-neuf heures. La coquille ne mesure que 0,3 mm d'épaisseur mais, à la verticale, un œuf peut supporter un poids de 3 kg. Enfin, l'œuf est recouvert d'une cuticule de protection. Pendant tout le trajet, l'œuf se déplace la pointe en avant mais il est retourné lors de la calcification et sort donc par le gros bout. La ponte a lieu le plus souvent en fin de matinée.
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+
81
+ Le temps total nécessaire pour transformer un ovule et son vitellus en un œuf complètement développé est d'environ 25 à 26 heures. Environ 30 à 75 minutes après qu'une poule a pondu un œuf, l'ovaire libère l'ovule suivant. Cependant, l'ovulation se produit habituellement dans des conditions optimales de lumière du jour et donc presque jamais après 15 h. Ainsi, lorsqu'une poule pond un œuf trop tard dans la journée, la prochaine ovulation se produit le lendemain, et la poule a donc un jour de pause où elle ne pond pas d’œuf[16].
82
+
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+ Les œufs sont pondus dans des nids grossièrement bâtis. Une fois que huit à douze œufs sont déposés dans le nid, la poule commence à couver si elle est âgée d'au moins 40 semaines[17] et appartient à une race couveuse comme la poule soie, l'Orpington, la Sussex ou la Cochin par exemple). On dit qu'une poule n'est pas bonne couveuse quand elle couve peu ou mal, c'est-à-dire qu'elle se désintéresse de ses œufs après une ou deux semaines de couvaison (cas fréquent avec les poules hybrides industrielles).
84
+
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+ Lors de la couvaison, la poule change de comportement. Elle se met à glousser dès qu'on l'approche et se déplume au niveau du bréchet, le tout étant déterminé par une augmentation du taux de progestérone. Les œufs sont alors incubés : la poule se lève une fois par jour pour s'alimenter et prendre un bain de terre pour se nettoyer (dans un poulailler, on pourra mettre en place un bac abrité de la pluie et rempli de sable, cendre, copeaux de bois et poudre insecticide) ; elle retourne régulièrement les œufs (indispensable au développement harmonieux du fœtus).
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+
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+ Contrairement à une idée très répandue, la température des poules en période de couvée diffère à peine de celle des poules en période normale[18]. La température moyenne du corps d’une poule varie entre 40,5 et 41,7 °C. Au départ de la couvaison, la poule diffuse beaucoup de chaleur, mais vers la fin, elle chauffe moins les œufs, le métabolisme des poussins prenant le relais. Le développement embryonnaire s'effectue au cours d'une période d'incubation pendant laquelle l'œuf est maintenu à une température d’environ 38 à 39 °C (température optimale au centre d’un œuf incubé). Lorsque la couvaison est assurée par une poule (et non par une couveuse), la surface supérieure de l’œuf peut atteindre 39,4 °C mais si l'embryon est exposé à une température supérieure, il ne survit pas.
88
+
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+ La poule ne commence à couver qu'au dernier œuf pondu, de manière que les poussins se développent et éclosent en même temps (il faut dix-neuf à vingt-et-un jours, selon les races et la taille). Un œuf fécondé peut donc se conserver une quinzaine de jours avant d'être couvé et donner naissance à un poussin[19]. Une fois la couvaison démarrée, il est recommandé de déplacer la poule et ses œufs (à la nuit tombée) dans un espace isolé des autres poules pour que la poule couveuse ne soit pas dérangée par les autres poules qui voudront continuer à pondre dans leur pondoir habituel. Le déplacement est aussi utile pour protéger les poussins à la naissance car ils peuvent être tués par les autres poules lors de leur premier mois. En cas de déplacement, il est possible que la poule cesse de pondre dans les deux ou trois jours suivants.
90
+
91
+ Les poussins sont élevés d'un à trois mois selon les races. Les jeunes s'emplument progressivement (les mâles ont parfois un retard d'emplumage qui facilite le sexage[20]). Lorsque le taux de progestérone baisse chez la mère, et qu'elle va recommencer à pondre, elle rejette les jeunes, qui vivent alors en fratrie jusqu'à l'âge adulte.
92
+
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+ La couvaison peut être stimulée en laissant les œufs s'accumuler dans un pondoir à l'abri de la lumière pendant une quinzaine de jours[14].
94
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+ Le déclenchement de la couvaison est due à la sécrétion de l'hormone prolactine par le lobe antérieur de l'hypophyse. L'injection de prolactine chez les poules provoque l'arrêt de la ponte en quelques jours avec régression des ovaires.
96
+
97
+ Les poules pondeuses industrielles sont sélectionnées pour leur faible aptitude à la couvaison puisqu'une poule qui couve cesse de pondre pendant les vingt-et-un jours de la couvaison et pendant le mois suivant où elle s'occupe de sa progéniture. Les poussins industriels sont donc incubés en incubateurs artificiels automatisés à une température de 37,5 °C en couveuse ventilée ou 39 °C en couveuse simple.
98
+
99
+ Les poules muent chaque année généralement en fin d'été ou en automne. La première mue intervient vers 70 semaines soit 16 mois. C'est pour cette raison que les producteurs d’œufs renouvellent leur cheptel tous les 16 mois.
100
+
101
+ La mue s'effectue progressivement en démarrant par la tête pour finir par la queue. Elle peut durer de 2 à 6 mois (selon les races). Les poules à mue longue muent dès l'été. Elles sont généralement écartées de la sélection car la période de mue est une période à ponte réduite voire nulle. Les poules à forte intensité de ponte ont toujours une période de mue réduite[14].
102
+
103
+ La perte de plumes n'est pas toujours due à la mue. Une attaque de parasites ou un coq trop entreprenant peuvent entraîner également la chute de plumes.
104
+
105
+ Lors de la mue, la poule a besoin d'un apport plus important en protéines. On pourra par exemple lui donner des vers de farine, des graines de tournesol, des œufs brouillés, de la nourriture pour chat ou du poisson.
106
+
107
+ Compte tenu de la fragilité des nouvelles plumes, mieux vaut ne pas porter une poule et ne pas tailler ses plumes des ailes lorsqu'elle mue. Il convient également de limiter les facteurs de stress pendant cette période. On évitera par exemple d'introduire de nouvelles poules dans le groupe à cette période.
108
+
109
+ Une mue peut être volontairement induite par un stress tel qu'une baisse de luminosité soudaine ou une privation de nourriture ou d'eau pendant 7 à 28 jours par exemple[21]. Certains éleveurs américains (la pratique de la mue forcée est interdite dans de nombreux pays) induisent donc une mue après 50 semaines de production de façon à avoir ensuite un second cycle de ponte intense de 35 semaines.
110
+
111
+ Les particuliers propriétaires de poules se demandent souvent pourquoi leurs poules ne pondent plus, ou moins. Le phénomène est généralement dû à une période de mue en cours ou à un âge trop avancé de la poule.
112
+
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+ Si la longévité de la poule peut atteindre dix-huit ans, les prédateurs, les nombreuses maladies et sa santé fragile ne lui permettent que rarement de vivre plus de douze ans. La ménopause survient vers 7-9 ans, lorsque les 600 à 1000 ovocytes de l'ovaire unique sont épuisés. Cependant, elle survient beaucoup plus tôt pour les poules d'élevage.
114
+
115
+ Les poules pondeuses sont généralement abattues après une saison de ponte vers l'âge de 18 mois (70 à 80 semaines). Elles pourraient continuer à pondre, mais seulement après une période de mue et d'improductivité de deux à trois mois qui affecterait la rentabilité si on continuait à les nourrir pendant cette période. De plus, pendant la mue, la poule est plus sensible aux maladies et par la suite, ses œufs sont moins nombreux (environ 20 % d’œufs en moins chaque année), trop gros pour entrer dans les emballages de la grande distribution et plus fragiles (car la quantité de calcaire utilisée pour fabriquer la coquille est programmée génétiquement et reste donc identique pour un œuf plus gros, la coquille est donc plus fine et plus poreuse[22]).
116
+
117
+ En captivité, le coq et la poule domestiques ont besoin d'un poulailler pour vivre, entre autres pour se protéger du vent et de la pluie. Cet abri comporte perchoirs, nids (caisses stables remplies de foin ou paille) et abreuvoirs. Il mesure environ 1 m² pour 2 poules.
118
+
119
+ Différents espèces de gallinacés sauvages sont apparues sur chaque continent : le tétras en Europe, la pintade en Afrique, la dinde en Amérique et le coq doré (Gallus gallus) en Asie. C'est cette dernière espèce qui a donné lieu à la première domestication dans plusieurs régions d'Asie du Sud-est vers -6 000 avant JC[23]. Puis sa forme domestique s'est diffusée dans le monde entier pour la production de viande et d'œufs, si on se base sur le fait que le mot pour désigner le poulet domestique — *manuk — appartient à la langue reconstituée proto-austronésienne. Les poules, avec les chiens et les cochons, faisaient partie des animaux domestiques de la culture Lapita, la première culture néolithique de l'Océanie[24].
120
+
121
+ Grâce au commerce antique et aux mouvements de populations, les poules ont atteint tous les continents. En Égypte, en Grèce et en Italie, on les élevait pour l'alimentation, les combats, mais aussi comme animal d'ornement[25].
122
+
123
+ Les premières représentations de poules en Europe se trouvent sur les céramiques corinthiennes du VIIe siècle av. J.-C. Le premier élevage de poules retrouvé, était situé en Judée, pendant la période hellénique[26].
124
+
125
+ Sur l'île de Pâques, les poules n'ont été introduites par les navigateurs polynésiens que vers le XIIe siècle, et elles y étaient le seul animal domestique. Elles étaient logées dans des poulaillers de pierre particulièrement solides[27].
126
+
127
+ De même, les poules Araucana qui pondent des œufs à coquille bleue-verte[28], sont arrivées en Amérique bien avant l'explorateur Christophe Colomb. Elles y ont été introduites par les Polynésiens, selon une étude génétique publiée dans les Annales de l'Académie nationale des Sciences.
128
+
129
+ Vers 1850, les premières poules asiatiques « géantes » comme la Cochin furent introduites en Europe et donnèrent lieu à ce qu'on appela alors la « Cochinmania »[29].
130
+
131
+ Le génome de la poule est composé de 39 chromosomes (2n=78) dont 5 macro chromosomes, 33 micro chromosomes et un chromosome sexuel (système ZW de détermination sexuelle)[30]. Le coq (ZZ) a 2 chromosomes Z alors que la poule (ZW) a un chromosome Z et un chromosome W (celui-ci est vide et n'a qu'un rôle sexuel). Les gènes qu'on trouve sur le chromosome Z sont dits « liés au sexe » (sex link) et les gènes présents sur les autres chromosomes sont dits autosomaux.
132
+
133
+ L'amélioration génétique des différentes souches de poules a permis d'améliorer énormément la productivité au cours des 50 dernières années. En 1950, les meilleurs poules pondeuses pondaient 160 œufs par an contre 320 en 2015. Dans le même temps, les troupeaux ont vu leur taux de mortalité passer de 50 % à 5 % grâce à la vaccination et la quantité de nourriture nécessaire a été divisée par deux grâce à la réduction du poids des pondeuses.
134
+
135
+ Comme les poules ont seulement un allèle lié au sexe pour un locus donné, les allèles dominants et récessifs liés au sexe sont exprimés avec un seul gène (dit « hémizygote »). Si un allèle récessif lié au sexe est homozygote chez le mâle et qu'un allèle dominant lié au sexe est présent chez la femelle, tous les mâles issus du croisement hériteront du gène dominant lié au sexe de la mère, et toutes les femelles hériteront du gène récessif lié au sexe du père. L'inverse (père avec allèles dominants et mère avec allèle récessif) ne fonctionne pas de la même manière car tous les descendants auront le gène dominant.
136
+
137
+ Par exemple, dans un croisement de type « Red sex link », on croise un mâle doré (donc à gène sexuel homozygote récessif s+/s+) avec une femelle argentée (donc à gène sexuel hémizygote dominant S/-), on obtient alors obligatoirement des mâles uniquement argentés (S/s+) et des femelles uniquement rousses (s+/-) car l'allèle sexuel des femelles est obligatoirement donné par le père.
138
+
139
+ Ce phénomène est parfois utilisé pour sexer les poussins à la naissance.
140
+
141
+ En raison de l'existence d'un gène blanc dominant (comme chez la Leghorn par exemple), il est impossible d'utiliser une volaille blanche pour faire du sex link[31].
142
+
143
+ La couleur d'une poule peut beaucoup évoluer entre le stade poussin et le stade mature. Par exemple, un poussin noir peut donner une poule barrée, un poussin jaune peut devenir blanc, etc. Il faut donc attendre la maturité (vers cinq à six mois) pour connaitre la couleur définitive d'une poule (sauf si on connait ses caractéristiques génétiques qui, dans certains cas, permettent d'être fixés au préalable).
144
+
145
+ La poule ne dispose que de deux pigments pour créer ses différentes couleurs de robe : un pigment roux appelé phéomélanine (qui donne toutes les nuances du rouge au jaune en passant par le brun, le beige et l'orangé) et un noir appelé eumélanine (qui donne toutes les nuances de gris clair, foncé ou bleuté).
146
+
147
+ Certains gènes affectent uniquement les zones de phéomélanine. Par exemple :
148
+
149
+ Certains gènes affectent uniquement les zones d'eumélanine. Par exemple si la poule dispose des gènes bleus Bl ou brun Id, l'eumélanine est diluée en ces couleurs.
150
+
151
+ D'autres gènes affectent à la fois l’eumélanine et la phéomélanine, par exemple, le gène Lavande -lav dilue l'eumélanine en lavande pâle et la phéomélanine en beige pâle.
152
+
153
+ Trois gènes différents peuvent être à l'origine d'un plumage blanc, ce qui rend plus complexe la gestion de cette couleur :
154
+
155
+ Certains caractères s'expriment plus ou moins selon le nombre d'allèles qui les expriment. Par exemple, un coq barré homozygote B/B aura des rayures blanches plus épaisses et aura donc une apparence plus claire qu'un coq B/b+. Une femelle B/- (gène lié au sexe) aura le même type de rayures qu'un mâle B/b+ puisque le dosage de B est identique. Les femelles barrées ont une apparence plus foncée car elles ne peuvent pas porter qu'un gène barré puisque c'est un gène lié au sexe.
156
+
157
+ Autre exemple, le croisement d'une poule naine (dw/-) avec un coq normal (Dw/Dw) donnera des mâles normaux mais un peu plus petits (Dw/dw) et des femelles normales (Dw/-)
158
+
159
+ Le 9 décembre 2004, la revue scientifique Nature a annoncé qu'une équipe internationale de 170 chercheurs est parvenue à établir le séquençage du génome de la poule. C'est le premier génome d'oiseau séquencé.
160
+
161
+ Elle serait issue des sous-espèces du coq doré, ainsi que d'autres sous-espèces disparues, car :
162
+
163
+ L'amélioration génétique de la poule fait l'objet de nombreuses recherches par les grandes multinationales productrices d’œufs et de poussins. Les amateurs sont aussi nombreux à faire des essais de croisements et peuvent s'aider de calculateurs génétiques disponibles sur Internet[33].
164
+
165
+ Il existe plus de 200 grandes races de poules (dont 45 françaises), de forme, de taille et de couleur diverses et autant de races naines.
166
+
167
+ Coq crèvecœur.
168
+
169
+ Poule gâtinaise.
170
+
171
+ Poule nègre-soie, variété blanche.
172
+
173
+ Coq orpington fauve.
174
+
175
+ Padoue frisée blanche.
176
+
177
+ Poule Rhode Island.
178
+
179
+ Plymouth barrée.
180
+
181
+ Poules issues de croisements, de type « industriel ».
182
+
183
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
184
+
185
+ Traditionnellement, l'élevage se faisait en basse-cour. Dès le Moyen Âge, chaque ferme ou même chaque maison villageoise avait un poulailler qui fournissait des œufs pour la consommation familiale et pour la vente au marché, ce qui permettait un revenu régulier même avec un effectif très réduit.
186
+ La gestion du poulailler était le domaine des femmes et des enfants.
187
+
188
+ L'élevage industriel utilise le plus souvent des cages disposées en batteries ou au sol, dans des poulaillers. Le législateur a dû intervenir pour réglementer l'espace vital des poules en batterie. Pour sa part, le Conseil de l'Union européenne a pris la directive 1999/74/CE qui impose que les cages aménagées offrent une surface minimale de 750 cm2 par animal (contre 500 cm2 auparavant). Cette directive entre en application en novembre 2011.
189
+
190
+ Pour stimuler la ponte, l'accouveur joue sur l'éclairage dont la durée quotidienne est progressivement augmentée pour atteindre jusqu'à seize heures en période de ponte.
191
+
192
+ L'aviculture pose des problèmes de maltraitance animale. L'INRA constatait en 2004 que 75 à 90 % des poulets claudiquaient, dont 26 à 30 % « sévèrement ». Selon le Canard enchaîné du 26 juillet 2006, qui rapporte ces chiffres, ils passent près de 90 % du temps couchés faute d'espace (contre 60 à 70 % dans les années 1980), ce qui entraîne des déformations des pattes.
193
+
194
+ En 2014, la France était le quatrième plus gros producteur européen de poulets (derrière la Pologne, le Royaume-Uni et l'Allemagne) avec 500 millions de poulets de chair et 47 millions de poules pondeuses. La consommation moyenne annuelle de poulet était de 26 kg par habitant[34]. En 2016, ont été élevés et abattus : 66 milliards de poulets dans le monde, 7,4 milliards de poulets au sein de l’Union européenne, 800 millions de poulets en France[35].
195
+
196
+ De tous les œufs mis sur le marché, les œufs de poule sont de loin les plus consommés.
197
+
198
+ Un coquelet est un poulet qui est abattu à un poids inférieur à un kilogramme (alors que le poids d'un poulet standard peut varier de 1,5 à 2,5 kg et plus).
199
+
200
+ On choisit une race de poules en fonction de l'usage qu'on souhaite en faire. En effet, il existe des races :
201
+
202
+ En hiver, les poules pondent moins, voire pas du tout. Pour assurer une petite production d’œufs durant cette période froide, on peut opter pour une poule réputée bonne pondeuse l’hiver, telles que l’Orpington, la poule d’Alsace, la géline de Touraine, la gâtinaise ou la Faverolles.
203
+
204
+ Il existe différents modes d'élevages[40] :
205
+
206
+ Élevage fermier en plein air (à la belle saison, les poules trouvent l'essentiel de leur ration sur les parcours)
207
+
208
+ Élevage en parcs type Label Rouge (les bandes de poules sont alimentées par l'éleveur)
209
+
210
+ Élevage intensif au sol
211
+
212
+ Élevage en batterie industriel de poules pondeuses issues de Leghorn - « type américain ».
213
+
214
+ La poule est la proie de nombreux prédateurs : renard, chien domestique ou errant, fouine, belette, rat, rapaces, etc. Dans un élevage, la seule solution efficace contre la majorité des prédateurs est la clôture électrifiée (en bas et en haut). Les poussins sont des proies encore plus faciles qu'il convient de protéger étroitement au moins les 3 premiers mois.
215
+
216
+ Grâce au séquençage du génome du coq Bankiva, dernier ancêtre sauvage des poules domestiques, on a trouvé une mutation du récepteur de l'hormone thyréostimuline. Cette mutation a libéré la poule de sa dépendance (pour la reproduction et de ponte) à la durée du cycle jour-nuit. Cette mutation semble dater de plusieurs milliers d'années et elle a permis aux poules domestiques de pondre presque toute l'année, ou toute l'année quand on les éclaire artificiellement[42].
217
+
218
+ En France[43],[44]
219
+
220
+ En 2010 :
221
+
222
+ En 2008 :
223
+
224
+ Plus de 80 % de la production française en œufs provenaient d'élevages en batteries.
225
+
226
+ En Europe, le marquage des œufs commercialisés pour la consommation humaine est facultatif. Pour les paysans producteurs fermiers, ce droit au non-marquage est soumis :
227
+
228
+ Certains aspects seront susceptibles d'être vérifiés pas la DDT ; d'autres par la DGCCRF.
229
+
230
+ Pour les autres productions d’œufs (y compris pour des productions incluant la dénomination « Œufs fermiers » sous forme de marque commerciale), le passage par un centre d'emballage agréé et l'impression d'un code sur les coquilles est obligatoire :
231
+
232
+ Le poulet est sensible à de nombreuses maladies, dont la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1 notamment). Mais aussi la salmonellose, transmissible à l'homme, la coccidiose (maladie liée à la non-propreté du poulailler), qui ne l'est pas, et de nombreux autres virus et parasites mortels.
233
+
234
+ Tous les poussins issus de l'industrie avicole sont généralement vaccinés dans l’œuf (vaccination In Ovo) ou à la naissance par injection ou vaporisation notamment contre le virus de la bronchite infectieuse aviaire, la maladie de Newcastle, la maladie de Marek, la maladie de Gumboro et la coccidiose.
235
+
236
+ La vermifugation est recommandée pour lutter contre les vers tels qu'ascaridia et capillaria qui peuvent envahir l'intestin des volailles et les affaiblir. D'autres parasites tels que le pou rouge ou le pou mallophage (ou broyeur) s'attaquent aussi fréquemment aux poules en contact avec les oiseaux sauvages.
237
+
238
+ Expressions autour de la poule
239
+
240
+ Musique :
241
+
242
+ Sculpture :
243
+
244
+ Objets :
245
+
246
+ Der erste Schnee, par Ludwig Richter, 1840.
247
+
248
+ Gustav Klimt : Garten mit Hühnern in St. Agatha, 1899.
249
+
250
+ Poule et poussins, par un artiste chinois anonyme de la Dynastie Song (960–1279).
251
+
252
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+ France par naturalisation en 1930[1]
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+ Charles-Édouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte, urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur et auteur suisse naturalisé français en 1930, né le 6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds et mort le 27 août 1965 à Roquebrune-Cap-Martin.
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+ Il est l'un des principaux représentants du mouvement moderne avec, entre autres, Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Alvar Aalto et Theo van Doesburg. Il a ainsi côtoyé Robert Mallet-Stevens.
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+ Le Corbusier a également œuvré dans l'urbanisme et le design. Il est connu pour être l'inventeur de « l'unité d'habitation », concept sur lequel il a commencé à travailler dans les années 1920, expression d'une réflexion théorique sur le logement collectif. « L’unité d’habitation de grandeur conforme » (nom donné par Le Corbusier) ne sera construite qu'au moment de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, en cinq exemplaires tous différents, à Marseille, Briey-en-Forêt, Rezé, Firminy et Berlin. Elle prendra valeur de solution aux problèmes de logements de l'après-guerre. Sa conception envisage dans un même bâtiment tous les équipements collectifs nécessaires à la vie — garderie, laverie, piscine, école, commerces, bibliothèque, lieux de rencontre.
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+ L'œuvre architecturale de Le Corbusier regroupant 17 sites (dont 10 en France, les autres étant répartis sur trois continents) est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO le 17 juillet 2016. Un itinéraire culturel européen intitulé « Destinations Le Corbusier : promenades architecturales » est créé début mai 2019.
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+ En 2015, 50 ans après sa mort, deux ouvrages évoquent son compagnonnage avec le fascisme et l’antisémitisme, caractères qui avaient été jusque là cachés ou à peine esquissés dans les biographies consacrées à ce grand architecte.
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+ Charles-Édouard Jeanneret-Gris est, par son père Georges-Édouard Jeanneret-Gris, le descendant d'une lignée d'artisans suisses protestants, qu’il prétend émigrés du sud-ouest de la France, mais qui ont pour origine le village du Locle, à côté de La Chaux-de-Fonds, au moins jusqu’au 16e siècle, où est né son dernier ascendant connu Jehan Jeanneret en 1529, quinze générations plus tôt. Par sa mère Marie-Charlotte-Amélie Perret, Le Corbusier descend d'une lignée d'industriels horlogers suisses, auparavant originaires du Brabant wallon en Belgique, passés plus tard par Bruxelles. Là encore, l’architecte a voulu se rattacher à des « origines du nord de la France » et non à ses véritables origines belge et suisse. On retrouve le patronyme du wallon « Le Corbésier »[2] chez son arrière-grand-mère Caroline Le Corbésier (en wallon, « corbésier » est le métier de celui qui fabrique des chaussures délicates en cuir de Cordoue pour femmes et enfants[3]), nom qui influencera un de ses divers noms de plume utilisés dès 1920 dans la rédaction de L'Esprit nouveau, l'unique revue du courant puriste qu'il anime avec Amédée Ozenfant. Il semble que l’architecte transforme à nouveau l’histoire pour ramener ce nom au totem indien du corbeau ou Corbu, et le modifie en un plus honorable « Le Corbusier »[4].
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+ Dans un entretien donné chez lui à la limite de Paris et de Boulogne-Billancourt, dans son appartement-atelier de l'immeuble Molitor[5], deux mois avant sa mort, Le Corbusier se remémorait sa décision de prendre un pseudonyme : « si l’on doit parler d’architecture, je veux bien le faire, mais je ne veux pas le faire sous le nom de Jeanneret. J’ai dit « j’prendrai le nom de… d’un grand… d’un ancêtre maternel, Le Corbusier [sic] et je signerai mes articles d’architecture Le Corbusier »[6].
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+ Son père, Georges-Edouard (chef d'une petite entreprise spécialisée dans une filière spécifique de l'industrie horlogère jurassienne, en particulier la confection de montres et des boîtiers qui les protègent), comme sont grand-père paternel, sont de modestes émailleurs de cadrans de montre, la carrière de Charles-Édouard étant vouée au décor de ces boîtiers[7]. Sa mère est une pianiste qui enseigne cet instrument. Son frère Albert, d'une année son aîné, violoniste surdoué, devient compositeur et professeur de musique. L'historien de l'art et de la musique Peter Bienz analyse le rôle essentiel de cette culture musicale dans l'enfance de Charles-Édouard et son influence dans la conscience artistique du futur Le Corbusier[8],[9].
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+ Dès 1891, Charles-Édouard doit fréquenter une « école particulière » ou jardin d'enfants, qui suit la méthode Froebel[10],[11],[12] ; et cela pour de nombreuses années, car l'école primaire dans le canton de Neuchâtel était elle aussi froebelienne. C'est une méthode pédagogique enfantine, qui peut être vue comme étant « hyper » géométrique. Pourtant, l'architecte n'en parlera jamais ouvertement au cours de sa vie.
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+ En 1900, Charles-Édouard entame une formation de graveur-ciseleur à l'école d'art de La Chaux-de-Fonds dans le canton de Neuchâtel en Suisse. Il suit les traces de son père. L'élève-artisan réalise sa première gravure sur un boitier de montre — conservé au musée des Beaux-arts de La Chaux-de-Fonds — à quinze ans, obtenant une première récompense à l'exposition des arts décoratifs de Turin en 1902. Mais l'évolution catastrophique de sa vue — il ne voit que d'un œil[13] — et un artisanat en crise dont Charles-Edouard déteste la répétitivité et le manque de créativité (son professeur de dessin, directeur de cette école, Charles L'Eplattenier est d'ailleurs conscient que la formation traditionnelle de l'artisan-artiste est remise en cause par la production industrielle des montres, la concurrence étrangère et la mode des montres-bracelets destinée à supplanter la fabrication de montres de gousset) ne lui permettent plus d'envisager la poursuite de cette formation, encore moins d'espérer faire carrière. Charles-Édouard désire devenir artiste peintre. Charles L'Eplattenier, émule de art nouveau en France, l'accueille dans son cours de dessin d'art, mais, ne percevant pas son talent, le dirige vers l'architecture et la décoration en 1904[14]. Il l'invite avec deux autres élèves à participer à la réalisation d'une maison sous l'égide de l'architecte Chapallaz, en particulier la décoration de sa première villa à l'âge de dix-sept ans. Dans cette villa Fallet (en)[b], il exprime un courant architectural régionaliste jurassien, le style sapin, en reprenant le stéréotype du chalet, avec des traits classiques comme le fronton, et des détails qui préfigurent son futur style, notamment la simplicité des ornements qui reprennent des formes naturelles mais les ramènent à une stricte synthèse géométrique[15].
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+ L'argent de son travail à la Villa Fallet en poche, il quitte l'école sans prévenir ses parents, jugeant l'enseignement trop académique. À partir de 1907, il réalise de grands voyages d'étude à travers l'Europe. En 1911, il part avec son ami August Klipstein pour un périple qui durera 5 mois et qui les amènera à travers les Balkans, en Serbie, Bulgarie, Turquie et finalement en Grèce[16] (Athènes où la découverte des ruines blanches de l'Acropole provoquent chez lui un choc esthétique). Il rapporte de très nombreux croquis, montrant qu'il s'intéresse à l'art et l'architecture médiévale[17]. Comme pour presque tous ceux qui font le Grand Tour, sa première étape est l'Italie du Nord[17]. En 1909, il visite Paris et rencontre Eugène Grasset, architecte spécialiste de la décoration dont le livre constitue la base de sa formation d'architecte-décorateur. Sur les conseils d'Eugène Grasset, il apprend les premiers rudiments du dessin technique concernant l'architecture en béton armé en travaillant quelques mois à Paris comme dessinateur chez les frères Perret, industriels du bâtiment spécialisés dans des constructions techniques en France et qui lui font découvrir le béton armé[18]. Il rencontre le dernier fils de la fratrie qui est l'architecte de la maison par nécessité, Auguste Perret. En 1910, il est chargé, en tant que jeune professeur, par son école d'art d'une mission d'étude sur l'évolution des rapports entre industrie et arts du bâtiments en Allemagne. Au terme des rencontres et des colloques prévus, il gagne Berlin et se fait embaucher quelques mois comme dessinateur dans la grande agence dirigée par Peter Behrens. Il est un simple collègue, parmi d'autres dessinateurs ou architectes novices embauchés, de Ludwig Mies Van Der Rohe et Walter Gropius. Ses gains salariaux lui permettent d'accompagner vers la Roumanie et la Grèce son ami Klipstein qui prépare une thèse sur le peintre Le Gréco.
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+ De retour à La Chaux-de-Fonds, le jeune professeur ouvre son propre cabinet en février 1912. La première commande au cabinet est la villa Jeanneret-Perret (dite « Maison Blanche » ou « Villa Blanche ») pour ses parents, qui devient un vrai terrain d'expérimentation formel où il se sent libre d'appliquer ses idées mais les Jeanneret-Perret, famille protestante et frugale, se sont trop endettés pour ce palais fastueux, et doivent vendre la maison en 1919. La même année, il construit la villa Favre-Jacot, mais l'industriel commanditaire, effrayé du retard et du dépassement du coût prévu, lui retire la réalisation de la maison au profit de l'architecte Chapallaz[19]. Il s'engage dans la rénovation de son école, elle échoue et il démissionne début 1914[20]. Il s'empresse de passer l'examen fédéral de dessinateur, pour ne pas être sans diplôme officiel. Après quelques missions d'expert décorateur du bâtiment auprès des instances fédérales helvétiques, il décide de s'établir librement comme architecte.
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+ Avant le début des hostilités en 1914, il visite l'exposition du Werkbund à Cologne. Il en revient avec un projet de cité-jardin pour La Chaux-de-Fonds. Les terribles destructions de Reims au début du conflit mondial stimulent son imagination pour reconstruire la ville, avec le système Dom-Ino.
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+ Malgré un lancement publicitaire intense, l'agence d'architecture Jeanneret vivote et son architecte est contraint d'exercer son œil exercé de décorateur dans de menus services plus lucratifs, par exemple comme employé saisonnier dans le commerce de meubles d'occasion venant de France pendant la Guerre.
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+ En 1916, il construit la villa Schwob, dite aussi « villa Turque ». Mais, soucieux de bien construire, il dépasse le prix du devis de construction. De multiples tracas exaspèrent le jeune architecte, les fuites dans la toiture en béton dont il a revêtu un cinéma de La Chaux-de-Fonds et les impayés de son agence. En 1917, les dirigeants de l' usine Bayard lui confient la réalisation d'une cité-jardin à Saint-Nicolas-d'Aliermont[21],[22], il en dessine les plans, réalise des croquis et construit une maison à titre d'essai[c]. Mais là encore, à la suite de problèmes techniques, le projet s'arrête.
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+ En 1917, le jeune architecte végétant sans véritable clientèle rêve de participer à la reconstruction de la France dont il anticipe la victoire. Il a des projets plein la tête, pour (re)construire en série et à faibles coûts dans un grand pays. Paris est aussi une capitale de l'art et de la culture, il y a étudié avec joie en 1910, mais il n'a pas rencontré les milieux artistiques et se confronte au conformisme régnant dans la politique officielle de l'architecture, qui maintint une organisation professionnelle d'inspiration corporative, avec l'ordre des architectes dont la présidence est assurée par un académicien. Le Corbusier ne se sera jamais diplômé mais Perret mais acceptera d'intégrer cet ordre à la faveur d'une mesure d'exception[23]. Dès qu'il le peut, l'apprenti architecte presque trentenaire, artiste dans l'âme, fasciné par les machines et la vitesse, s'engage à transférer son petit cabinet d'architecte à Paris.
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+ Dès 1917, il habite rue Jacob à Paris. Il fonde rue d'Astorg un premier atelier d'architecture, inscrit au registre administratif sous le nom de société d'entreprise industrielle et d'étude. Auguste Perret le présente aussitôt à Amédée Ozenfant, qui l'initie à la peinture à l'huile. Ensemble, ils jettent les bases en 1918 du purisme, courant artistique proposant un retour à l'ordre, opposé aux dérives de l'art avant la déflagration mondiale, en particulier stigmatisant le cubisme (lire les propos acides sur le cubisme dans le livre manifeste « Après le cubisme », 1918) ou les excès futuristes. Il expose ses deux premières toiles galerie Thomas avec celles d'Ozenfant. La peinture doit être pure, autant au niveau de la morale que par sa simplicité. L'art a vocation à être rationnel, l'abstraction fruit d'une application ordonnée et rigoureuse appelle un langage normalisé de forme géométrique élémentaire, des constructions proscrivant a priori la figuration humaine, acceptant des couleurs types. L'art doit engendrer un émoi vibrant et réveiller l'esprit avec sobriété. L'exubérance et surtout l'exhibitionnisme sont condamnés[24].
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+ Pourtant l'avant-garde créatrice ne permet pas à Charles-Édouard, provincial anonyme, de vivre décemment. C'est pourquoi il travaille dès qu'il le peut en tant que dessinateur pour l'entreprise de bâtiment des frères Perret. Il multiplie les fonctions précaires de responsables techniques ou d'agent administratif dans l'industrie du bâtiment. Au sortir de la guerre, en 1919, il devient même directeur d'une entreprise de matériaux en banlieue parisienne. Mais celle-ci fait rapidement faillite.
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+ Les deux compères rejoints par un ami poète définissent le sens du nouveau mouvement d'avant-garde qu'ils inventent en détail dans leur revue L'Esprit nouveau dès 1920. Très vite, pour remplir les colonnes vides de la revue à diffusion confidentielle, le peintre actif et écrivain prolifique Jeanneret s'échine à rédiger de nombreux articles manifestes sur l'homme moderne.
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+ C'est au lancement de cette revue en 1920 qu'il utilise pour la première fois son pseudonyme « Le Corbusier », qui est une adaptation du nom de son ancêtre du côté maternel « Lecorbésier », d'origine albigeoise[25]. Il continue quand même à utiliser son nom pour signer certains de ses articles dans cette même revue de façon à faire diversion sur le nombre théorique de contributeurs. C'est à cette époque qu'il se construit son personnage (costume et lunettes strictes, pipe ou cigarette à la bouche) et sa légende[26]: « Son image très travaillée (lunettes rondes, costume strict monté d'un nœud papillon), et développée dans les années 1920, participe à l'édification de sa légende noire[27] ». Artiste bohème, il recherche des contacts avec les milieux artistiques et culturels parisiens, notamment dans les cabarets et les bordels de Montmartre[28].
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+ Ozenfant expose quelques toiles dans le Pavillon de l'Esprit nouveau, éphémère construction de Le Corbusier à l'occasion de l'Exposition internationale des Arts décoratifs en 1925. Mais déjà, Charles-Édouard Jeanneret accaparé par les créations architecturales ou d'équipement du logis, comme par les violentes polémiques sur l'architecture moderne et l'art décoratif fréquente avec plus de réticence le peintre Ozenfant. Jeanneret ne dévoile plus au public ses œuvres picturales traitant à l'aquarelle de sujets divers tels que des vues d'architecture, des scènes de genre, des natures mortes ou des nus de prostituées, sujet qu'il puise dans les maisons closes. Ozenfant juge mal son évolution picturale, cette phase de réaction poétique qui le rapproche des productions d'un Léger et d'un Picasso auxquels il accorde une amitié durable, bientôt suivie d'une attirance vers le saugrenu message surréaliste. Ne prend-il pas les objets trouvés, coquillages, bois, os, fossiles, cailloux, pommes de pin pour composer ses tableaux de collages ? Et ces dessins commencent à rechercher les courbes sensuelles du corps féminin ? La brouille entre les créateurs du purisme s'enfle ainsi irrémédiable après 1925[24].
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+ En 1922, la venue à Paris de son cousin, le jeune architecte et futur designer Pierre Jeanneret lui permet de trouver un solide associé pour relancer son activité d'architecte, son entreprise rue d'Astorg ayant fait faillite l'année précédente. Les deux cousins suisses installent leur agence commune au premier étage dans un long couloir de 50 mètres, soustrait à la partie supérieure d'un ancien vaste cloître d'un couvent jésuite, c'est l'atelier 35 S rue de Sèvres qui restera l'unique atelier architectural de Le Corbusier sa vie professionnelle durant. Pour faire connaître leur agence, Charles-Édouard publie Vers une architecture, une sélection des textes sur l'architecture signés Le Corbusier, parus dans la revue puriste L'Esprit nouveau. Le livre anti-académique, farouchement contre le décor dégradant la forme et les cinq ordres de l'architecture pontifiante, est un succès éditorial qui surpasse l'aura avant-gardiste de la revue puriste.
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+ Adhérant au taylorisme et au fordisme américains, il voit dans ces techniques industrielles un moyen de standardisation de logements accessibles et une clé pour la rénovation sociale[29]. La décennie 1920-1930 le voit réaliser un ensemble remarquable de projets de villas, d'ateliers ou d'habitations manifestes, construites ou non, où l'on voit se formaliser les éléments du langage architectural corbuséen[30]. On peut citer en une liste non exhaustive :
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+ Cette série culmine avec plusieurs études et(ou) réalisations remarquables entre 1927 et 1929 :
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+ Le Corbusier conçoit son métier d'architecte de façon moderne : construire nécessite une mise en œuvre rigoureuse, autant qu'une mise à l'épreuve d'idées architecturales qui, en dehors des volumes et des formes conçues par une pensée nécessairement « mathématique », n'excluent nullement la façon d'habiter (et donc le mobilier et l'agencement des espaces) et le cadre de vie urbain et paysager dans son ensemble. Il mène ainsi une réflexion théorique sur l'urbanisme, avec des projets qui provoquent parfois de violentes polémiques comme le plan Voisin en 1925, dans lequel il propose de ré-urbaniser Paris, en détruisant les habitations le long des quais et du centre (sauf les monuments historiques reconnus) pour y construire de vastes immeubles gratte-ciel. L'atelier 35 rue de Sèvres accueille les jeunes architectes de passage dans la capitale ainsi que des étudiants et stagiaires qui se prépare à leur vie professionnelle, les plus familiers sont souvent étrangers, mais les périodes de travail sont courtes, parfois renouvelées. Il y a aussi des jeunes dessinateurs amateurs, voire des jeunes artistes ou des inventeurs-bricoleurs qui parviennent par leur talent technique à s'inclure dans l'activité de l'atelier. Les responsables soucieux de l'ordre et les stagiaires fidèles de l'atelier se voient attribuer des surnoms basés sur leurs acronymes (« LC » pour Le Corbusier) ou le début du (pré)nom usuel (Corbu). À l'instar de jeunes architectes, techniciens ou ingénieurs familiers de l'atelier, l'assistant puis chef d'atelier de la fin des années trente, André Wogenscky (Vog) y rencontre sa future femme. Pour suivre les chantiers, Le Corbusier et Pierre Jeanneret choisissent des collaborateurs maîtres d'œuvre, comme Alfred Roth dans les années trente.
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+ Dès le début des années vingt, Le Corbusier multiplie les contacts avec les fournisseurs de mobilier. En 1925, mis à part ses propres créations, il n'est nullement satisfait du mobilier commercial qu'il peut exposer au Pavillon de l'Esprit Nouveau où il présente des chaises Thonet 209 et des tables et meubles casiers à piétement d'acier[36]. Il entame une recherche sur les matières et les formes de base les plus sobres et/ou économiques en collaboration avec la maison Thonet. Il participe à la réalisation de la cité expérimentale du Weissenhof, conçue en 1926 et construite en 1927 sous l'égide du Deutscher Werkbund, près de Stuttgart, où l'un de ses deux pavillons est intérieurement aménagé de manière minimaliste avec des casiers intégrés[37] dans des pièces desservies par un couloir. En 1927, il fait alors appel à Charlotte Perriand remarquée la même année au Salon d'automne, afin de réaliser en 1928 l'aménagement intérieur et l'ameublement global des villas La Roche et Church[35] (détruite), lequel, exposé sous l'appellation Équipement intérieur d'une habitation au Salon d'Automne de 1929, comprend la fameuse « Chaise longue LC4 »[38], le « Fauteuil à dossier basculant LC 1 », le « Fauteuil Grand Confort » et ses variantes, la « Table LC 10-P » en tube d'acier et verre, la « Table à piétement ovoïde LC 6 », ainsi que des meubles casiers qui s'inscrivent dans le style international des années 1930[39]. Le Corbusier fonde à cette occasion avec les autres designers français l'Union des Artistes Modernes (UAM). Alors qu'il apparaît avec son trio avec Charlotte Perriand et Jean Prouvé, très en pointe pour la fabrication industrielle, il faudra attendre 1965 pour qu'un industriel du luxe italien, Cassina, produise en modeste série quelques-unes de leurs œuvres.
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+ Il est parmi les architectes modernes européens qui prennent l'initiative de l'organisation, souhaitée par la mécène genevoise Hélène de Mandrot en 1928, du premier Congrès international d'architecture moderne (CIAM) réuni au château de La Sarraz, pays de Vaud[40]. Ce cofondateur, qui s'enorgueillit d'un succès puisque 21 nationalités sont représentées, participe d'emblée à la bataille du premier congrès. Au troisième congrès en 1930 à Bruxelles, l'axe Zurich-Amsterdam s'impose, laissant dans les marges Le Corbusier, vu et entendu parfois comme un agitateur dogmatique.
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+ À partir de la crise économique de 1929, Le Corbusier va concentrer sa réflexion théorique sur l'organisation de la concentration urbaine. Ces propositions d'urbanisme concernent :
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+ Tous ces projets une fois publiés sont fortement critiqués.
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+ En même temps il mène les réalisations, de la Cité-refuge de l'Armée du salut de 1929 Paris, le pavillon Suisse de la Cité internationale universitaire de Paris (1930-1932).
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66
+ En 1930, Charles-Édouard Jeanneret demande et obtient la nationalité française, faisant inscrire sur son passeport la profession d'homme de lettres[41]. Il épouse Yvonne Gallis, ancien mannequin monégasque (1er janvier 1892 - 5 octobre 1957) rencontrée en 1922[41]. Le couple emménage en 1933 au dernier étage d'un immeuble d'appartements construit par Le Corbusier rue Nungesser-et-Coli. Femme au foyer vivant dans l'ombre de l'architecte, elle ne lui donne aucun enfant, Charles-Édouard estimant que sa carrière ne lui en laisse pas le temps[41].
67
+
68
+ Sa peinture a admis la figuration et les formes humaines depuis des années, elle inclut désormais des "objets à réaction poétique", qui peuvent être des formes glanées par la main concrète ou l'œil.
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+ À partir des études d'urbanisme réalisées pour le CIAM, il propose le projet générique de « ville radieuse ».
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+ Le CIAM d’Athènes, tenu en 1933 sur le paquebot qui, de Marseille, se rend au Pirée, prend pour thème la ville fonctionnelle. Les quatre fonctions habiter, travailler, se cultiver (entretenir son corps et son esprit), circuler, enthousiasment Le Corbusier, pourtant toujours marginalisé au même titre que l'architecture moderne française. Ses simples notes servent à rédiger l'ouvrage La Charte d'Athènes, paru sous l'Occupation.
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+ Après 1934, la crise touche les architectes en France. Mais Le Corbusier est déjà une autorité internationale. Profitant de son audience à l'étranger, son cabinet qui a l'avantage d'accueillir un grand nombre de (jeunes) collaborateurs ou stagiaires non rémunérés continue d'être une ruche bourdonnante. Le conférencier au rayonnement attendu sur l'art architectural moderne multiplie les voyages en Amérique ou en Europe. La fondation Rockefeller l'invite à New York en 1934. En juillet et août 1936, Le Corbusier réside à Rio de Janeiro au Brésil, officiellement pour une tournée (rémunérée) de conférences, officieusement comme super-consultant pour améliorer le projet de construction du ministère de l'Éducation nationale et de la santé publique. L'architecte Lucio Costa, ancien élève des Beaux-Arts de Paris et familier de l'atelier de la rue de Sèvres est à l'origine de cette invitation. Avec Oscar Niemeyer, ils essaient de tirer le meilleur des propositions dessinées du maître. Les deux architectes brésiliens, avec d'autres collaborateurs, construisent ensuite à leur façon le ministère de l'Éducation nationale à Rio de Janeiro de 1936 à 1943.
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+ En France, les affaires des cabinets d'architecture sont inexistantes. Le Corbusier travaille à coût réduit et s'adapte à la demande. La maison de vacances pour monsieur Peyron aux Mathes près de Royan est construite par l'entrepreneur du village, elle a des murs porteurs qui supportent une charpente, portant une couverture en fibrociment. Le budget serré n'a pas permis le déplacement de l'architecte, qui s'est contenté d'être le dessinateur et le superviseur des plans précis réalisés à l'atelier. La maison de week-end pour monsieur Félix, à La Celle-Saint-Cloud, est, autre concession, de plain-pied, sans étage. Des voûtes de béton armé surbaissées permettent d'engazonner le toit, tout en réservant des entrées de lumière par des lanterneaux. L'art corbuséen s'investit dans les contrastes de matériaux : béton, maçonnerie de pierre meulière locale, brique de verre, panneaux de bois…
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+
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+ L'atelier participe sans succès au concours pour le musée d'art moderne de Paris en 1935.
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+ Le Corbusier prend sa revanche au cinquième CIAM qu'il organise en 1937 à Paris avec un mécénat français, sur le thème « logis et loisirs ». Un trio directeur, désolidarisant l'ancienne direction, se forme durablement : l'architecte allemand Walter Gropius, le secrétaire général des CIAM, le professeur zurichois Siegfried Giedon et Le Corbusier représentent l'architecture moderne jusqu'au sixième CIAM de Bridgwater (Angleterre) en 1947, qui voit l'irruption d'une nouvelle génération d'architectes turbulente, qui conteste l'ancienne. Les congrès vidés de leurs disputes ardentes, malgré la fidélité du vieux Le Corbusier, se maintiennent jusqu'en 1959.
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+ En 1937, invité in extremis à l'exposition internationale de Paris, Le Corbusier élabore le pavillon des Temps Nouveaux qui montre, peut-être avec ironie, l'état précaire de l'architecture en France, par sa conception. L'abri-tente, soutenu par des pylônes auxquels s'accrochent haubans et câbles, met exposants et expositions, en particulier celles des CIAM, sous une toile couvrant 1 200 m2. Théoriquement démontable pour être reconstitué dans d'autres villes, selon le vœu corbuséen, le chapiteau n'est pas réutilisé et les composants sont vendus ou dispersés.
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+ L'année suivante, Le Corbusier est invité à exposer sa conception de l'architecture dans le film Les Bâtisseurs, commande de la Fédération CGT des travailleurs du bâtiment de la région parisienne. Il y présente longuement ses idées sur l'architecture nouvelle, et dessine au fil de son exposé sur un grand tableau blanc[42].
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+ En mai 1940, il ferme son atelier de dessin-cabinet d'architecture rue de Sèvres. Pierre Jeanneret part à Grenoble. Le Corbusier et Yvonne se réfugient dans le midi français, le couple réside ensuite dans le petit village pyrénéen d'Ozon. Le Corbusier (re)devient un découvreur rêveur et artiste en collectionnant les objets trouvés ou jetés, en s'adonnant à la peinture murale. Mais la deuxième année d'occupation allemande le fait revenir à Vézelay en Bourgogne occupée, avec son épouse. Muni d'une doctrine des trois établissements humains, il intrigue — aux dires des hommes politiques — dans les ministères de Vichy. Son souhait de hâter la mutation industrielle du secteur du bâtiment et de réaliser à tout prix sa vision de la cité moderne, sans se soucier de la nature du régime politique susceptible de mettre en œuvre ses idées sur l'urbanisme, comme en témoigna Romain Rolland[43], reste vain. Il n'obtient que des modélisations de fabrications rapides pour le logement provisoire des sinistrés et des animations techniques de chantier de jeunes. De cette période morne sortent diverses constructions à base de matériaux naturels accessibles, qu'il avait dénommés « les murondins ». Il ne revient à Paris qu'après 1942. Son atelier n'est définitivement rouvert pour ses anciens collaborateurs qu'après la libération de Paris.
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+ Selon l'Encyclopédie Larousse : « Personnalité provocante : cet homme que les militants d'extrême droite qualifiaient si aisément de bolchevik était membre d'une organisation fasciste. » De même source : « En 1941 Destin de Paris reprenant le « Plan Voisin » est un appel ouvert à l'autorité de Vichy[44]. »
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+ En 1926, Le Corbusier se rapproche de membres du Faisceau de Georges Valois, un des premiers partis fascistes organisés en France[45] et dissous en 1928, associant antiparlementarisme et syndicalisme révolutionnaire, où certains participants prônent la mise en place d'une politique nationale d'aménagement du territoire et de planification urbaine. En janvier 1931, il devient ainsi membre du comité de rédaction de la revue Plans fondée en 1930 par Philippe Lamour, considéré comme le père de l'aménagement du territoire en France, un ancien membre de ce parti, tout comme Hubert Lagardelle, François de Pierrefeu et Pierre Winter membres du comité de rédaction. En 1933, il participe à la revue Prélude dirigée par son ami Winter, ancien membre du Faisceau également. Néanmoins, dans un article publié la même année dans cette revue, Le Corbusier attaque à la fois « l'architecture mussolinienne moderne » et le régime lui-même : « Rome imitant Rome, une folle redondance[46]. » François de Pierrefeu contribue pour sa part à la revue Plans et à la revue Prélude.
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+ Bien que d'origine suisse, Le Corbusier a tenté en vain de vendre ses idées au régime de Vichy, à l'occasion de la modernisation mise en œuvre de la règlementation de l'urbanisme[d] et des futures reconstructions, pendant les 17 mois et demi de son séjour dans cette ville, de janvier 1941 à juillet 1942, malgré la nomination d'Hubert Lagardelle comme ministre du Travail dans le gouvernement Pierre Laval (avril 1942-novembre 1943). Pour ce faire, François de Pierrefeu est aux côtés de Le Corbusier, période durant laquelle ils signent ensemble le livre La Maison des hommes[47]. En juin 1942, son plan d'urbanisme pour Alger est rejeté. Après le départ de Le Corbusier de Vichy, le 1er juillet 1942, il devient de mi-1942 au 20 avril 1944 conseiller technique à la Fondation française pour l'étude des problèmes humains dirigée par l'eugéniste et prix Nobel de médecine de 1912, le professeur Alexis Carrel[48]. François de Pierrefeu continue de défendre les intérêts de l'architecte auprès des autorités gouvernementales. Par la suite, en 1944, Pierre Winter sera quant à lui nommé inspecteur général du Travail du gouvernement de Vichy.
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+ En 1942 pour sa naissance et en 1943 pour son lancement, l'auteur est partie prenante de l'assemblée des constructeurs pour la rénovation architecturale ou ASCORAL. Il s'agit d'une organisation élargie du groupe CIAM-France à des acteurs de nombreuses disciplines d'ingénierie et de recherche scientifique qui vise à établir des normes dans l'industrie de la construction qui puissent répondre avec cohérence à ces principales fonctions.
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+ En 1942, en pleine occupation allemande et conflit mondial, Le Corbusier avait comme préoccupation la publication de la Charte d’Athènes[49].
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+ Le Corbusier est soupçonné d'antisémitisme et de collaboration avec le fascisme. Soutenu par Eugène Claudius-Petit et André Malraux, il échappe à l’épuration et engrangera des commandes architecturales[48]. En 2010, la banque UBS décidera toutefois de le retirer de ses publicités[50].
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+ Les destructions de la guerre mondiale, puis la croissance démographique en France appellent avec vigueur une reconstruction. « Reconstruire dans l'urgence », que ce soit pour des sinistrés ou des démunis, nécessite, selon Le Corbusier, une disposition d'esprit différente de « construire » où la quête d'émotions partagées nourrissant l'architecture créatrice s'adapte suivant un rythme propre à une manière d'habiter individuelle ou familiale. La solution économique idéale passe par l'industrialisation du bâtiment et les fabrications standardisées d'équipements en série.
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+ Pour répondre à ce défi, l'AtBat ou atelier des bâtisseurs se crée rue de Sèvres[e]. Des hommes de l'art reconnus apportent leurs compétences, leurs soutiens ou contributions financières, ou sympathisent avec l'atelier. Parmi eux :
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+ L'architecte planificateur souhaite pourtant développer des cités-jardins verticales (en hauteur) et horizontales, délimiter au mieux les espaces marchands, industriels, administratifs de la ville au bénéfice des transports efficaces et rapides tout en créant espaces verts et centres piétonniers, en respectant les éléments paysagers. C'est dans ce cadre qu'il accepte en 1945 de proposer des plans de villes, tels le port de La Rochelle-Pallice, Saint-Gaudens ou Saint-Dié[51]. Ses plans d'urbanisme n'auront pas de succès[f].
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+ Pourtant, de 1945 à 1952, Le Corbusier voit avec satisfaction se réaliser en France des unités modèles de sa ville moderne :
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+ En 1946, Le Corbusier, à la demande du ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, le communiste François Billoux, élabore les plans et supervise la construction de la Cité radieuse de Marseille, sa première unité d'habitation dont la construction s'achèvera en 1952. Il s'agit d'un immeuble d'habitation sous la forme d'un parallélépipède sur pilotis (en forme de piètements évasés à l'aspect rugueux) d'une longueur de cent trente mètres et d'une hauteur de cinquante-six mètres, qui constitue une innovation importante dans la conception architecturale des résidences d'habitations. Dans cet immeuble, il a tenté d'appliquer ses principes d'architecture pour une nouvelle forme de cité en créant un « village vertical », composé de 360 appartements en duplex distribués par des « rues intérieures ». Surnommé familièrement « La Maison du Fada », cette réalisation fait partie des œuvres de Le Corbusier classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.
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+ Édifié entre 1945 et 1952, situé sur le boulevard Michelet de Marseille, près du Stade Vélodrome, cet immeuble est l'une des cinq unités d'habitation construites par Le Corbusier au cours de sa carrière. Essentiellement composée de logements, elle comprend également à mi-hauteur de ses dix-sept niveaux, des bureaux et divers services commerciaux (épicerie, boulangerie, café, hôtel/restaurant, librairie, etc.). Le toit-terrasse de l'unité, libre d'accès au public, est occupé par des équipements publics : une école maternelle, un gymnase, une piste d'athlétisme, une petite piscine et un auditorium en plein air. Son inauguration officielle sur le toit-terrasse le 14 octobre 1952 en présence du ministre de la Reconstruction, Eugène Claudius-Petit, est un grand moment d'émotion dans la vie de son architecte concepteur. Entre 1953 et 1956, l'État pour récupérer les fonds investis vend l'ensemble des duplex aux particuliers privés et se désintéresse de la vie sociale interne qui l'impliquait paradoxalement dans la conception. Notons que l'unité d'habitation est expressément conçue pour le logement social, autant par son agencement que par l'ameublement.
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+ En 1950, à 63 ans, au départ récalcitrant, il est choisi par l'archevêque de Besançon et se lance dans l'aventure de la reconstruction de la chapelle Notre-Dame-du-Haut, situé au sommet de la colline de Bourlémont, à Ronchamp en Franche-Comté, détruite par les bombardements de septembre 1944. C'était son premier projet d'un bâtiment de culte, bien qu'il ait travaillé en 1929 sur les plans de l'église de Tremblay-lès-Gonesse : « Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter »[réf. à confirmer]. Athée, il disait avoir des ancêtres cathares (desquels il tire son pseudonyme Corbusier pouvant signifier marchand de corbeilles[52] ou encore cordonnier[53]). En mai 1955, il se réjouit de retrouver son premier métier d'apprentissage; il réalise seul en usine le décor de la grande porte de l'église de Ronchamp en y appliquant 18 m2 de peinture sur émail.
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+ Il participe à l'édification de deux autres bâtiments cultuels :
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+ La notoriété mondiale s'attache à sa figure. Dès 1947, il siège au Conseil économique et préside différentes délégations françaises d'affaires culturelles vers les pays francophiles, où il est populaire. Ses services envers l'État lui valent d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur (1937), promu officier en 1945 puis commandeur en 1952, et enfin élevé à la dignité de grand officier en 1964[54] La modestie du commandeur influença probablement le choix définitif de l'archevêque bisontin qui n'était qu'officier[pas clair].
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+ Ses obligations officielles, voire ses préparations minutieuses des CIAM, par exemple, le septième congrès de l'été 1949 à Bergame, n'entravent pas les activités de son cabinet d'architecture et leur participation à des chantiers internationaux. Par exemple, le 24 février 1949, il signe à Bogota avec son fidèle ancien élève barcelonais Sert et le New-Yorkais Wiener un contrat de reconstruction de la ville colombienne.
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+ Il va appliquer ses principes urbains et architecturaux à l'échelle d'une ville quand les autorités indiennes, au début des années 1950, lui confient le projet de la ville de Chandigarh, nouvelle capitale du Pendjab située sur un haut plateau dominé par la chaîne himalayenne. Dès 1951, associé à l'architecte indienne Eulie Chowdhury, il prend en charge l'urbanisme entier et dessine en premier lieu les bâtiments du complexe administratif ou capitole pour la ville indienne encore quasiment déserte :
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+ Avant les grands chantiers, Le Corbusier répond aux sollicitations des classes aisées indiennes en concevant des résidences privées de luxe. Ainsi de 1951 à 1954, il supervise la construction du palais de l'association des filateurs d'Ahmedabad, ainsi que les villas Sarabhaï et Shodan. Des observateurs ont montré que la villa Jaoul, à Neuilly-sur-Seine, a bénéficié en retour de l'approche pragmatique indienne.
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+ Son cousin collaborateur, Pierre Jeanneret, supervise sur place sur le chantier l'avancée des travaux. La sculpture pacifique de la Main ouverte, la Tour des ombres, la Fosse des considérations, sont des réalisations différées de trente années. Chandigarh offre une synthèse entre les théories novatrices de ses débuts et l’utilisation de formes non linéaires, influencées par la tradition locale.
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+ Entre 1948 et 1950, Le Corbusier gère un projet de résidences de vacances Roq et Rob sur une colline escarpée dominée par les bastions de Roquebrune à Cap Martin. Il y regroupe des modules d'habitation type maison Monol ou villa du Week-End à La Celle-Saint-Cloud. Mais le projet est abandonné par le promoteur. En 1952, le bâtisseur d'édifices gigantesques, séduit par ce bord de mer, construit avec Fernand Gardien, à Roquebrune-Cap-Martin, un cabanon-baraque de 3,66 m × 3,66 m × 2,26 m, mesures empruntées au Modulor, à bardage de croûte de pin « sur un bout de rocher battu par les flots »[55].
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+ Quelque temps auparavant, le 11 avril 1952, une exposition de ses dessins de la période 1918-1928 - période intense et cruciale, affirmait-il - était inaugurée à la galerie parisienne Denise René. Après trente ans d'éclipse, surtout en France, l'artiste discret choisit de revenir sur le devant de la scène. En décembre 1953, une grande exposition de ses œuvres marque le public au Musée national d'art moderne. Elle est aussi présentée à Londres.
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+ Au cours des années cinquante, si florissantes pour les grosses agences d'architecture engagées dans la Reconstruction, Le Corbusier gouverne avec dureté son atelier qui stagne à l'échelle artisanale, selon l'opinion d'Oscar Niemeyer. Le Corbusier, architecte ascétique et rigoureux sans concession, n'affiche que mépris pour les confrères enrichis, étalant un train de vie luxueux par propriété privée et voitures interposées. Les commandes de l'atelier restent faibles, mais le réseau des anciens étudiants-collaborateurs s'affirme efficace. Lucio Costa vient construire avec le maître le pavillon du Brésil à la Cité internationale universitaire de Paris, de 1957 à 1959. José-Luis Sert, doyen de la section d'urbanisme à l'université d'Harvard, impose Le Corbusier pour le centre Carpenter consacré aux arts visuels, projeté en 1959 et terminé en 1965. Les anciens étudiants nippons de l'atelier, Mayekawa et Sahakura, l'invitent à Tokyo construire le musée d'art occidental. Le Corbusier, figure internationale de l'architecture, passe ainsi de nombreuses semaines chaque année dans les avions et les aéroports.
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+ La fin des années cinquante est douloureuse. Il perd les deux femmes qui comptaient le plus dans sa vie, son épouse le 5 octobre 1957 puis sa mère début 1959. Mais Le Corbusier en privé ne s'enferme que pour créer. Il cultive l'amitié, on le voit copain avec André Malraux. Lorsqu'il réside à Paris, il passe en matinée à l'atelier pour accomplir ses obligations avec sa secrétaire et répondre aux sollicitations des collaborateurs et visiteurs. Mais l'après-midi il trouve refuge dans l'activité artistique dans son appartement-terrasse de l'immeuble Molitor situé au 24 rue Nungesser-et-Coli[5]. Il prend invariablement au minimum un mois de délassement estival dans son cabanon, en compensation de ses nombreux voyages et déplacements lointains.
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+ Ce sportif amaigri par l'âge meurt le 27 août 1965, à l'âge de 77 ans, à la suite d'un malaise cardiaque au cours de sa séance quotidienne de natation en Méditerranée, plage du Buse, située près du cabanon, à Roquebrune-Cap-Martin. Après de grandioses obsèques nationales dans la cour du Louvre, orchestrées par le ministre André Malraux, il est simplement enterré sur un promontoire de Roquebrune avec sa femme. Le sobre monument funéraire en béton à double forme dans le cimetière Saint-Pancrace à Roquebrune est de sa conception : une plate-forme horizontale de gravier est couverte de dalles de béton : celle de droite est ornée de l'empreinte d’un coquillage et scellée de la croix que sa femme ne quittait jamais. Un cylindre blanc, rappelant les formes pures que Le Corbusier affectionnait, complète la composition. La dalle de gauche est ornée d’une épitaphe émaillée aux couleurs vives qui représentent un coucher de soleil à l'horizon sur la mer[56].
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+ « Là où naît l'ordre, naît le bien-être. » Ses premiers choix en architecture sont ceux qui définissent le purisme : simplicité des formes, organisation, rigueur. Cette vision est mêlée d'utopie, le bonheur étant l'une des clés de ses réflexions sur l'urbanisme. Son « langage » architectural s'applique aussi bien au logement économique qu'à la villa de luxe.
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+ Dès 1926, Le Corbusier définit « UNE architecture moderne » (et non pas « l'architecture moderne ») en cinq points (ce sont les Cinq points de l'architecture moderne) :
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+ En 1933, au Congrès international d'architecture moderne (CIAM) d'Athènes, il affirme : « Les matériaux de l'urbanisme sont le soleil, l'espace, les arbres, l'acier et le ciment armé, dans cet ordre et dans cette hiérarchie. »[réf. à confirmer]
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+ Le docteur Pierre Winter lui déclare : « notre rôle et le vôtre, aujourd'hui est de restituer la nature à l'Homme, de l'y intégrer. »[réf. à confirmer]
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144
+ En 1938 et ce jusqu'en 1965, il n'eut de cesse de s'intéresser au projet de La Sainte-Baume, qui lui servit de brainstorming toute sa vie. Le projet utopique d'alors était de réconcilier les Français et les pays autour de la France, et de relever l'âme et l'esprit et la raison des gens pour leur redonner goût et espoir après toutes ces années de guerre.
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+ Déjà en 1938 il écrivait un livre intitulé Des canons, des munitions ? Merci ! Des logis… SVP.
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+ Son amitié avec Édouard Trouin, géomètre de père en fils depuis cinq générations, fut très prolifique.
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+ En 1946, « il développe une gamme de mesures harmoniques basées sur le rapport du nombre d'or [...] Le Modulor [dont] l'intérêt principal ne repose pas sur la qualité absolue des nombres en jeu, mais sur le rapport harmonique de leurs combinaisons[57]. »
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+ Le Corbusier a consigné ses théories et ses recherches dans 35 ouvrages écrits entre 1912 et 1966. Ses pairs le considéraient comme un visionnaire, mais un piètre bâtisseur. Le Corbusier s'en défendait : « En architecture, je ne serai jamais l'un de vos concurrents, puisque j'ai renoncé […] à pratiquer l'architecture de manière générale et que je me suis réservé certains problèmes qui mettent en jeu exclusivement des questions de plastique. »[réf. à confirmer]
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+ À l'annonce de la mort de Le Corbusier, Alvar Aalto reconnaissait qu'il n'avait jamais apprécié le prophète dogmatique ou le porte-parole de l'architecture moderne. Une fois la première surprise des présentations, il ne restait qu'un flux verbeux. Mais les réalisations méticuleuses de l'architecte bâtisseur méritaient, selon le maître finlandais, une tout autre considération, par leur variété et leur originalité, leur fonctionnalité et leur adaptation à la contrainte, leur spiritualité généreuse ou leur dénuement géométrique, leur surprenante évolution avec le temps…
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+ Le Corbusier se révèle l'architecte de la conciliation des contraires. Les dualités art/technique, règle/arbitraire, géométrie/nature, lumière/ombre, continuité/rupture appellent une véritable réponse artistique in loco. On peut aussi inclure l'esprit corbuséen de conciliation aux divers pôles opposés (au sens corbuséen) : nature/architecture, volumes (essences géométriques)/ objets décorum (sculpture ou peinture), vie individuelle/vie collective, compacité du béton/transparence du verre, construire/reconstruire…
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+ En même temps que sa pratique architecturale, Le Corbusier n'a de cesse de nourrir sa réflexion par une pratique régulière des arts plastiques. Son premier « voyage d'Orient » le fait passer par Vienne où il rencontre entre autres Gustav Klimt. On l'a vu, sa collaboration avec Amédée Ozenfant a été féconde (l'esprit nouveau, le purisme, etc.). Il s'est ensuite rapproché de Fernand Léger puis de Pablo Picasso et Georges Braque.
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+ Il ne cesse d'exercer, après 1917 la peinture, et compte de nombreuses expositions à l'étranger, malgré une trentaine d'années de mise entre parenthèses de son activité picturale en France (1923-1953). Dès 1940, il se lance dans la peinture murale.
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+ Le dessinateur instaure des partenariats en ce qui concerne la sculpture après 1947 et les tapisseries à partir de 1948 :
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+ Après 1950, il s'intéresse aux collages. Son œuvre peinte La Main Ouverte réalisée en novembre 1948, unit les techniques du papier collé et de la gouache. Elle est actuellement conservée au musée des Beaux-Arts Beaune suite au don de Georges Henri Rivière en 1955[h].
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+ Dans l'atelier de Jean Martin, à partir de 1953, il grave des émaux sur tôle d'acier.
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+ La diffusion de ses lithographies est immense.
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+ Pour expliquer cette production gigantesque de dessins, d'aquarelles et de toiles, il suffit de connaître son emploi du temps. Il avoue qu'après le sommeil réparateur, il se réserve en règle générale la matinée de 8 h à 13 h. C'est le premier temps libre pour la création picturale et le dessin. L'après-midi est réservée aux affaires d'architecture et d'urbanisme. Le soir, il peut se plonger dans l'écriture et les rapports de congrès ou de voyage.
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+ L'âge venant, après la disparition d'Yvonne, à la fin des années cinquante, il supervise le matin le travail à l'atelier et prend son après-midi et sa soirée au calme dans son haut logement 24, rue Nungesser et Coli. Ce lecteur assidu des aventures d'Ulysse, de Panurge ou du chevalier Don Quichotte, pour ne citer que ses héros favoris, grand observateur du toit-terrasse adjacent laissé en friche, préférait souvent peindre ou dessiner jusqu'à la nuit tombante.
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174
+ Il a beaucoup œuvré pour faire connaître son « autre » cousin Louis Soutter, qui est maintenant reconnu comme un grand artiste suisse et dont il possédait plusieurs centaines de dessins.
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+ Influencé par son stage effectué en 1909 chez Auguste Perret -célèbre précurseur de l'architecture poteau-poutre en béton armé (ossaturisme)- Le Corbusier est connu pour la technique constructive poteau/dalle dont l'archétype est la villa Savoye et dont l'élaboration théorique est passée par la « maison Dom-Ino ». Les planchers sont supportés par de fins poteaux disposés sur une trame. Ainsi les façades sont libérées de la fonction structurelle. Elles ne sont plus chargées de porter le bâtiment, comme dans la construction en maçonnerie, dite aussi période « pré-moderne ».
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+ L'organisation intérieure poursuit l'idée : les divisions de l'espace ne sont pas soumises aux impératifs de structure du bâtiment. Les ouvertures ainsi que les parties pleines sont implantées librement et organisent la façade.
179
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+ Cette nouvelle façon de concevoir la construction des bâtiments est riche de conséquences. Si Le Corbusier n'en est pas l'inventeur, il est cependant celui qui a su la formuler en termes lapidaires : « le plan libre », et en développer un vocabulaire architectural réellement nouveau.
181
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+ On a pu voir une redécouverte du travail de Le Corbusier à la fin des années 1960, où son vocabulaire est repris tantôt dans le détail formel, tantôt dans ses principes fondateurs. Les « villas blanches » de Richard Meier par exemple[i], quoique construites en bois et acier, reprennent des détails de liaison poteau-poutre aux réalisations de Le Corbusier, comme si elles étaient réalisées en béton. Au-delà de cet aspect anecdotique, ces villas quoique de dimensions « américaines » forment une sorte d'hommage aux villas corbuséennes des années trente.
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+
184
+ En France, cette redécouverte se formalisera dans les années 1970-1990, où une génération d'architectes formée principalement par Enrique Ciriani a pu être qualifiée de « néo-corbuséenne »
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir. Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur Le Corbusier.
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+ Villa La Roche et Jeannenet, Paris.
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+ Villa Savoye, Poissy.
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+ Cité Radieuse, Marseille.
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+ Couvent La Tourette, Éveux.
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+ Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Haute-Saône.
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+ Cité Frugès de Pessac.
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200
+ Même si ces études et projets n'ont jamais vu le jour, ils ont marqué la réflexion sur l'architecture moderne.
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202
+ Le Corbusier a travaillé à l'atelier rue de Sèvres avec plus de 200 collaborateurs directs de 1922 à 1965. Ce sont principalement des étudiants français et suisse avant 1929, qui œuvrent sous son égide rarement au-delà de six mois. Les étudiants étrangers sont beaucoup plus nombreux dès les années trente. N'oublions pas non plus les permanents ou les collaborateurs, employés ou élèves-stagiaires de l'atelier ou à l'étranger, sur des projets définis ou des axes de recherches. Ces derniers parfois, n'ont jamais été auparavant étudiants en art ou architecture. La liste non exhaustive ci-dessous en témoigne :
203
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+ Edith Schreiber, Roger Aujame, Jean Badovici, Balkrishna Vithaldas Doshi (entre 1951 et 1954), Vladimir Bodiansky (surnommé « Bod»), Bossard, Bossu, Candilis, Lucio Costa, Jane Drew, M. Ducret, Écochard, Marc Emery, Maxwell Fry, Guillermo Jullian de la Fuente, Fernand Gardien[j], Guillermo Gómez Gavazzo (es), Jean Ginsberg, Pierre Jeanneret, André Maisonnier (entre 1950 et 1959), Jean de Maisonseul, Georges Maurios (surtout après 65), Mayekawa, Jacques Michel, Miquel, Serge Micheloni, Oscar Niemeyer, José Oubrerie, Amédée Ozenfant, Charlotte Perriand, Jean Petit, Jean Prouvé, Sahakura, Rogelio Salmona, German Samper, Rainer Senn, José-Luis Sert, Justino Serralta (es), N.N Sharma, Jerzy Soltan, Édouard Trouin, Guy Rottier, Simonet, Jean-Louis Véret, André Wogenscky (surnommé « Vog »), Woods, Iannis Xenakis (entre 1947 et 1960), etc.
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206
+ Il figure sur le billet de 10 francs suisses mis en circulation le 8 avril 1997, où il est représenté avec les lunettes aux grands verres ronds, cerclés de noir, qu'il portait habituellement.
207
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208
+ En 1988, la place Le Corbusier est inaugurée à la jonction des 6e et 7e arrondissements de Paris.
209
+
210
+ Une fresque a été réalisée au marteau-piqueur par l'artiste Telmo Guerra en octobre 2017 à La Chaux-de-Fonds (sa ville natale) sur la façade arrière de l’ancien cinéma Corso[72].
211
+
212
+ En 1987 des timbres ont été émis, sur lui ou ses œuvres, en France, en Suisse et à Monaco.
213
+
214
+ Plusieurs pays proposent conjointement de nombreuses réalisations de Le Corbusier à l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, sous le titre de « L’œuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier, Allemagne, Argentine, Belgique, France, Japon et Suisse ». En 2009, lors de la 33e session de son comité, l'UNESCO a retourné le dossier aux États afin qu'ils complètent leur dossier[73],[74].
215
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216
+ Une nouvelle liste de dix-sept sites (ce qui représente moins de sites, mais un pays de plus avec le site de Chandigarh en Inde) est déposée fin janvier 2015 par le ministère de la Culture[75], en lien avec l'« Association des sites Le Corbusier »[76]. Ce dossier est soumis lors de la 40e session du Comité du patrimoine mondial qui se tient à Istanbul du 10 au 17 juillet 2016[77]. L'ensemble est finalement classé le 17 juillet 2016[78].
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218
+ Un itinéraire culturel européen intitulé « Destinations Le Corbusier : promenades architecturales » est créé début mai 2019[79].
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+ Après un cinquantenaire d’avis et de recherches régulièrement publiées par des historiens spécialistes, François Chaslin, auteur de Un Corbusier, et Xavier de Jarcy auteur de Le Corbusier, un fascisme français, révèlent l’ampleur de la part d’ombre de l’architecte, déjà évoquée dès 1986 par Marc Perelman, auteur de Urbs ex machina. Le Corbusier. Le courant froid de l'architecture, ouvrage complété par un second publié à cet effet en 2015 intitulé Le Corbusier, une froide vision du monde. Les spécialistes de Le Corbusier le savaient, même s’ils tentaient de le minimiser ou d'en éluder la question. La tentation fasciste ne fut pas une simple marque d’opportunisme pour l’architecte: ses relations avec les idéologues de la droite nationaliste ont duré des décennies et marqué en profondeur sa pensée urbaine. L’Esprit nouveau qu’il promeut dans l’entre deux guerres est aux côtés de l’Ordre nouveau. Le Dr Pierre Winter, leader du Parti fasciste révolutionnaire, l’avocat Philippe Lamour, rédacteur en chef de la revue Plans, et l’ingénieur François de Pierrefeu, sont ses amis les plus proches. Tous appartiennent à la frange la plus dure de la droite française, celle qui manifeste à Paris le 6 février 1934, jour qui, selon Le Corbusier, marque «le réveil de la propreté».
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+ Classement, hiérarchie, dignité sont pour lui les valeurs suprêmes, comme l’emploi systématique du blanc : «On fait propre chez soi. Puis on fait propre en soi.»
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+ Le Corbusier fait part de son mépris de la démocratie parlementaire, et c’est aux régimes autoritaires qu’il propose ses services. Mais Staline décline ses services à Moscou, Mussolini ne répond pas à ses appels.
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+ La débâcle de juin 1940 apparaît à Le Corbusier comme «la miraculeuse victoire française. Si nous avions vaincu par les armes, la pourriture triomphait, plus rien de propre n’aurait jamais plus pu prétendre à vivre», écrit-il à sa mère. Quelques semaines plus tard, il se réjouit du grand «nettoyage» qui se prépare : «L’argent, les Juifs (en partie responsables), la franc-maçonnerie, tout subira la loi juste. Ces forteresses honteuses seront démantelées. Elles dominaient tout.» Certaines lettres vont plus loin : «Nous sommes entre les mains d’un vainqueur et son attitude pourrait être écrasante. Si le marché est sincère, Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l’aménagement de l’Europe.»
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+ Le Corbusier rejoint Vichy dès la fin 1940. «Il s’est fait un vrai miracle avec Pétain. Tout aurait pu s’écrouler, s’anéantir dans l’anarchie. Tout est sauvé et l’action est dans le pays.» Conseiller pour l’urbanisme auprès du gouvernement, il dispose d’un bureau à l’hôtel Carlton et commence à écrire l’Urbanisme de la Révolution nationale. En 1941, il rencontre Pétain. Malgré ses relations à Vichy, les choses pourtant s’enlisent. En 1942, le plan d’urbanisme pour Alger est rejeté. Début juillet, il fait ses adieux «au cher merdeux Vichy». Rentré à Paris, il devient conseiller technique à la fondation du docteur Alexis Carrel, le théoricien de l’eugénisme. Il n’en démissionne qu’en avril 1944.
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+ Après la guerre, la reconversion est instantanée : «La page tourne et il faut se décider à l’admettre !» Le Corbusier toilette sa biographie, gomme les traces de son séjour à Vichy, se fait passer pour une victime des pétainistes. Mais il restera fidèle à certaines amitiés, et ne reviendra pas sur son mépris des «populations parasitaires» et des «habitants stériles»[48].
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+ Chaslin écrit que « les leaders de ces partis fascistes reconnaissaient en Le Corbusier l’homme incarnant leurs idéaux. »
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+ La découverte du côté obscur longtemps tu de l’architecte ne laisse pas indifférent ses admirateurs. Ceux-ci dénoncent une accusation qui ne prend nullement en considération les nombreux appuis et amitiés dont Le Corbusier bénéficie également dans la gauche française de l'époque qui se reconnait tout autant dans ses théories. Le Corbusier entretiendra une amitié affective et professionnelle avec Jean Cassou, élément moteur du cabinet du ministre de l’Éducation Nationale Jean Zay. Par ailleurs, Jean Cassou qui gardera intacte son amitié pour Le Corbusier du milieu des années 1930 jusqu'à sa mort, sera un membre important du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes mais également un résistant majeur, Compagnon de la Libération. Le Corbusier s’associe par ailleurs à Winter, Pierrefeu et Hubert Lagardelle pour créer la revue Plans, considérée par certains fascistes notoires dont Robert Brasillach, comme une « incarnation du fascisme ». Pour autant, Le Corbusier y publie l'ensemble de ses théories qui constitueront l'essence de son livre La Ville radieuse, encensé par le Front populaire. Les quatre hommes participent ensuite à la création de la revue Prélude, que François Chaslin décrit comme « la feuille d’un groupuscule fascisant, même s’ils expliquent, au milieu des années 1930, que le mot fascisme ne convient plus, parce qu’il doit être réservé à l’expérience italienne ». Pour Chaslin, Le Corbusier a ainsi été « l’un des “chefs” […] [d']un noyau militant qui aspirait au totalitarisme et que seule la confusion de l’époque a cantonné dans l’échec[80]. »
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+ Par ailleurs, toujours d'après Chaslin, Le Corbusier était « incontestablement antisémite » :
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+ « Il l’était pour des raisons diverses, notamment parce qu’il avait eu le sentiment que le milieu de l’horlogerie du Jura suisse, dans lequel il avait grandi, avait été accaparé par des familles juives. Il existe, de sa main, au milieu des années 1920, une caricature extraordinairement désagréable du critique d’art Léonce Rosenberg, dessiné comme un youtre, alors qu’il ne ressemblait pas du tout à ça. Mais je pense que les quelques traces d’antisémitisme qu'on trouve chez Le Corbusier se trouveraient chez beaucoup de personnes de sa génération et de son milieu dans les années 1920 et 1930, si on les cherchait[80]. »
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+
240
+ En 1913, Le Corbusier juge les Juifs « cauteleux au fond de leur race ». En 1940, il écrit à sa mère : « leur soif aveugle de l’argent avait pourri le pays[81]. »
241
+
242
+ « Même si à d'autres moments il qualifie le leader allemand de “monstre” », il écrit à sa mère en octobre 1940 : « s'il est sérieux dans ses déclarations, Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l'aménagement de l'Europe[82] », et s'installe en 1941 à Vichy pour collaborer avec le régime de Vichy[83]. D'après François Chaslin, Le Corbusier n'était pas « pro-nazi » :
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+
244
+ « Il en a sans doute été préservé par son antigermanisme, mais il n’était pas fasciné par Hitler, même si l'on trouve dans sa correspondance privée une poignée de jugements détestables où il exprime son admiration pour le sens de l’organisation ou les réalisations autoroutières du IIIe Reich[80]. »
245
+
246
+ Xavier de Jarcy, journaliste de mode et design de Télérama et auteur de l'ouvrage polémique Le Corbusier, un fascisme français, juge que « Le Corbusier s’est imposé car il a réussi à faire oublier son passé[80]. » Il développe la même thèse que François Chaslin, dans son livre Un Corbusier selon laquelle « Le Corbusier fraya avec les milieux du planisme, de l’eugénisme social, qui se reconnaissaient dans l’action de Mussolini et plus tard celle de Pétain. Il se précipita à Vichy dès l’automne 1940, fort de ces appuis, pour espérer devenir le grand architecte de l’État français[84]. » Ces affirmations ne coïncident nullement avec les recherches et publications des spécialistes et des historiens (cf. travaux de Mary Mc Leod, Rémi Baudouï).
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248
+ Roger-Pol Droit déplore que « ni les officiels, ni les commissaires d’exposition, ni les critiques, ni évidemment le grand public n’ont semblé vouloir s’y attarder. […] Se trouve effacé tout ce qui, dans cette œuvre, relie politique fasciste et urbanisme moderniste. […] Vue sous cet angle, la fameuse “unité d’habitation de grandeur conforme” n’est qu’une cage en béton, destinée à formater l’humain. On est très loin, des libertés et des droits de l’homme. Et très près du rêve mussolinien[81]. »
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+ Alors qu'une exposition lui est consacrée au centre Pompidou en 2015 sans aborder ce point, Serge Klarsfeld estime que l'exposition devrait montrer « toutes les facettes de la personnalité de Le Corbusier ». Les organisateurs précisent que « ses relations avec Vichy ont été traitées » lors d'une rétrospective en 1987[85]. Cette question polémique sera traitée par des historiens et spécialistes lors d'un colloque[86] au centre Pompidou les 23 et 24 novembre 2016.
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+ « L.C. : cas de ménopause masculine précoce sublimisée en coït mental[87]. »
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+ Les caractères chinois (ou sinogrammes) sont les unités logographiques qui composent l'écriture des langues chinoises.
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+ Ils sont appelés en chinois hànzì (« caractères han »), s'écrivant, en chinois traditionnel, 漢字, et depuis le XXe siècle en République populaire de Chine, en Malaisie et à Singapour, en chinois simplifié, 汉字. Ils ont été dans le passé ou sont également de nos jours utilisés pour écrire d'autres langues, à titre principal ou complémentaire, notamment le coréen (hanja), le japonais (kanji) ou le vietnamien (chữ nho). Leur utilisation s'étend donc sur une large étendue géographique, la « sinosphère ».
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+ Les caractères chinois forment le plus ancien système d'écriture qui soit resté d'un usage continu[1],[2],[3].
6
+ Du fait de leur usage généralisé en Chine et au Japon, et par l'usage historique qui en a été fait dans la sinosphère, les caractères chinois figurent au deuxième rang des systèmes d'écriture dans le monde, derrière l'alphabet latin, et devant tous les autres systèmes alphabétiques.
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+
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+ L’effectif précis des sinogrammes existants est sujet à débat. Leur nombre peut se compter en dizaines de milliers, les estimations vont de 40 000 à plus de 60 000 si on prend en considération leur nombre sur la durée totale d’existence de l’écriture chinoise. Mais les 3⁄4 sont des variantes graphiques (异体字 / 異體字, yìtǐzì) qui ne sont plus utilisées. Le chinois courant requiert la connaissance de 3 000 à 5 000 sinogrammes et le japonais de 2 000 à 3 000.
9
+
10
+ Les caractères chinois retranscrivent à l'origine le chinois archaïque et le chinois médiéval. Ils se rattachent à présent à divers standards nationaux de caractères, qui donnent une référence pour la forme et la prononciation. Les sinogrammes simplifiés (简体字 / 簡體字, jiǎntǐzì) sont utilisés officiellement en Chine continentale et à Singapour. Les sinogrammes traditionnels sont utilisés à Taïwan, à Hong Kong et à Macao. Cette écriture que les Occidentaux appellent « traditionnelle », est désignée en chinois soit par le terme 繁体字 / 繁體字, fántǐzì, « caractères compliqués » soit par le terme 正体字 / 正體字, zhèngtǐzì, « caractères normaux », cette deuxième appellation étant principalement utilisée en République de Chine (Taïwan).
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+
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+ Le Japon a également simplifié à sa manière une partie des caractères d'usage fréquent, en forme simplifiée japonaise (shinjitai).
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+
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+ Le nombre de traits (筆素, bǐ sù) d'un sinogramme peut aller de un (一 / 乙) à trente-six (齉, Nàng) pour ce qui est de l’écriture simplifiée, voire plus pour des idéogrammes traditionnels ou des variantes.
15
+
16
+ Les « caractères chinois » ne sont pas tous des idéogrammes, contrairement à ce que suppose la désignation populaire. Tous ne visent pas nécessairement à évoquer une idée. Il existe aussi des pictogrammes, qui représentent directement un objet ou une scène, et des idéophonogrammes, où le choix de la composition est conditionné par la phonétique.
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+
18
+ Le terme francophone « sinogramme » correspond au mandarin hànzì (chinois simplifié : 汉字 ; chinois traditionnel : 漢字 ; prononcé /xan.ts̩ɻ/), littéralement « écriture Han ». Ce terme a été notamment diffusé grâce à la Méthode d’initiation à la langue et à l’écriture chinoises[4]. Il est formé sur le préfixe latin sino-, désignant la Chine d'après la dynastie Qin (秦), et du suffixe grec -gramme, désignant la mise par écrit.
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+
20
+ En France, il était déjà en usage au XIXe siècle : on le trouve employé, par exemple, dans un article d’Alexandre Ular, « Notes sur la littérature en Chine[5] ». Il était également utilisé par les auteurs anglo-saxons : ainsi George Ripley et Charles A. Dana dans The New American Cyclopaedia : A Popular Dictionary of General Knowledge, dont l’édition fut entreprise dès 1858. Le premier usage attesté le serait en 1830, en langue latine : « sinogrammatum ». Cette année-là, l’abbé Janelli Cataldo publie un ouvrage dont le titre est : Tabulae Rosettanae hieroglyphicae et centuriae sinogrammatum polygraphicorum interpretatio per lexeographiam Temuricosemiticam tentata[6]. Le terme de « compétence sinographique » a été introduit dans les programmes scolaires de chinois publiés en 2002 par le ministère français de l'Éducation nationale, sous la direction de Joël Bellassen.
21
+
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+ Ryjik Kyril les désigne par le terme de « mnémographes[7] »,
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+ pour insister sur leur fonction constitutive : graphies permettant d'évoquer en mémoire des événements.
24
+
25
+ D'après la légende, les caractères chinois ont été inventés par Cang Jie (倉頡 Cāngjié) au temps mythique de l'empereur jaune, il y a près de cinq mille ans. Après avoir vu comment un chasseur peut identifier à son empreinte l'animal qu'il poursuit, il aurait formé son premier système d'écriture en désignant chaque chose par une marque immédiatement reconnaissable.
26
+
27
+ De fait, l'écriture chinoise, initialement, est formée à partir de pictogrammes, c'est-à-dire de dessins où le graphique primitif est une représentation directe de quelque chose.
28
+
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+ L'origine des caractères chinois peut être retracée jusqu'à d'anciens signes archaïques, tandis que l’écriture elle-même semble reliée à l’invention du fil de soie[8].
30
+
31
+ L'origine de ces graphismes premiers incluait probablement une sorte de représentation totémique, ce que reflète l'étude étymologique du caractère qui désigne ces pictogrammes, 文. En effet, le dessin d'origine montre un homme vu de face (le petit trait du haut forme la tête, la barre horizontale marque les bras, et les deux diagonales forment les jambes) qui comporte un signe distinctif sur sa poitrine. Ce tableau, et les significations secondaires du mot 文 (« Ornement où le rouge se mêle au vert ou au bleu », « Ensemble de lignes, dessin, veines dans le bois ou la pierre[9] »), suggèrent que ce tableau originel montre un homme portant sur sa poitrine des tatouages colorés.
32
+
33
+ Ainsi, le caractère chinois 文 désigne avant tout un dessin symbolique, et pour l'étymologie, l'idée du graphisme d'un caractère simple est essentiellement évoqué par un tableau montrant un tatouage, un dessin marquant l'appartenance d'un individu à un groupe social symbolique, un totem. Ceci ne signifie évidemment pas que tous ces tracés primitifs ont été hérités d'inscriptions totémiques, mais montre simplement que le glyphe à l'origine n'a pas nécessairement une fonction d'écriture.
34
+
35
+ Mais la simple représentation d'objet ne forme pas un système d'écriture. De tels dessins sont insuffisants pour représenter tous les éléments d'une langue. Un niveau d'abstraction supplémentaire est nécessaire.
36
+
37
+ Le principe qui permet de passer à un système d'écriture est que le dessin ne s'interprète plus nécessairement de manière isolée : l'unité signifiante peut être construite en faisant sémantiquement référence à d'autres, par transformation ou par composition. C'est une rationalisation qui permet de diminuer le nombre d'éléments qui peuvent constituer les graphèmes, tout en augmentant la capacité d'expression : c'est un tel système qui peut être qualifié d'écriture.
38
+
39
+ Ce principe étant acquis, il évolue très rapidement vers un système cohérent et signifiant : les dessins se simplifient et s'uniformisent, et les compositions se figent. Les briques élémentaires du système d'écriture sont des « éléments de caractère ». Ces éléments simples jouent le rôle des lettres dans les écritures alphabétiques pour ce qui est de la combinatoire, mais contrairement aux écritures alphabétiques, ils conservent généralement par eux-mêmes un contenu sémantique.
40
+
41
+ Soit par exemple la série de caractères suivants : 妞, 媽, 她, 好, 姓 et 妾. On remarque qu'ils ont tous en commun l'élément graphique 女 nǚ, plus ou moins déformé afin de ne pas dépasser du carré fondamental. Le graphique 女, qui apparaît comme « élément de caractère » dans ces composés, constitue aussi un caractère pictographique autonome. La valeur sémantique de ce caractère, celui de « femme » et « féminin », se retrouve par ailleurs dans chacun des dérivés. L'autre partie de ces caractères est soit un élément phonétique (privé du sens qu'il a en tant que caractère autonome le cas échéant), soit un autre radical sémantique. Il faut noter qu'un élément de caractère n'apparaît pas nécessairement comme caractère autonome : ainsi, le composé 亼 est relativement fréquent comme élément de caractère, mais n'existe pas comme caractère autonome.
42
+
43
+ Les premiers caractères qui nous sont parvenus sont ceux des premières inscriptions sur bronze de la première dynastie Xia (夏 xià), qui peuvent remonter au XXe siècle avant notre ère. Celles de la deuxième dynastie Shang (商 Shāng) remontent du XVIe au Xe siècle. C'est de cette deuxième dynastie que datent les inscriptions oraculaires, tracés par incision sur des os ou des carapaces de tortues. Ces caractères sont formés de traits d'épaisseur constante, plutôt rectilignes.
44
+
45
+ L'examen de ces graphies antiques (古文) montre que leur composition était bien définie, mais que leur forme variait beaucoup[10]. Les principes de l'écriture moderne sont visibles dès 1400-1200 avant notre ère, tandis que les caractères numéraires, surreprésentés, semblent indiquer une fonction administrative à l'écriture archaïque. Dans cette Chine ancienne, les Jiaguwen (~-1500), gravés sur des carapaces de tortues et omoplates de bovins avaient des allures très variables d’un support à l’autre, d’un site archéologique à un autre. Le rôle rituel, la faiblesse des échanges écrits, la barrière de la distance, mais aussi la main humaine permettent l’apparition de très nombreuses variantes pour un même caractère en style Jiaguwen, Jinwen, ou Dazhuan. Il existe ainsi des catalogues entiers de variantes Jiaguwen des caractères 龍,魚,鳥,etc. R. Sears, spécialiste des sinogrammes anciens, publie par exemple 80 variantes Jiaguwen, 62 Jinwen et 25 Dazhuan du caractères 馬 mǎ, cheval. Dans une même « phrase », la taille des caractères varient, et les représentations d’un même caractère peuvent également varier. C’est un concept que l’on dessine, aussi la graphie de chaque caractère n’est-elle pas vraiment fixée.
46
+
47
+ La troisième dynastie Zhou (周 Zhōu), du XIe au IIe siècle avant notre ère, a également fourni des bronzes. Vers l'an -800, l'annaliste impérial 籕 (Zhòu) dressa pour l'usage des scribes officiels un catalogue des caractères existants, dont il détermina la forme dorénavant obligatoire. La comparaison des graphies de la troisième dynastie avec celle des deux premières montre que ce fut plus qu'une nomenclature, ce fut presque une nouvelle création. Le système resta le même, une écriture plus simple remplaçant les anciens dessins trop compliqués[10]. Les philologues chinois appellent ces caractères 籕文 (Zhòuwèn, caractères de 籕 Zhòu), ou 大篆 (grand sigillaire), ou encore 蝌蚪字 (kēdǒuzì), caractères têtards.
48
+
49
+ À mesure que la décadence de la dynastie 周 (Zhōu) s'accentuait, les études étaient négligées, les scribes devinrent de plus en plus ignorants. Quand ils ne se rappelaient pas un caractère, ils en improvisaient un faux ; ces fausses lettres, recopiées par d'autres ignorants, devenaient usuelles[10]. C'est Confucius qui nous donne ces renseignements vers l'an 500 : « Dans ma jeunesse j'ai encore connu des scribes qui laissaient en blanc les caractères qu'ils ne savaient pas écrire, maintenant il n'y en a plus de pareils[11] ! » Aussi les « caractères bizarres » (奇 子) se multiplièrent-ils à cette époque presque à l'infini, au grand détriment de l'étymologie.
50
+
51
+ Vers l'an 213 avant notre ère, Li Si (李斯 Lǐ Sī), ministre de l'empereur Qin Shi Huang (秦始皇) qui fit brûler les livres, publia un nouvel index officiel des caractères, auxquels il assigna une forme désormais obligatoire pour les scribes : le petit sigillaire. Sa collection, intitulée 三倉 (sāncāng), contenait 3300 caractères. Il ne créa pas de nouvelles primitives, mais se contenta de composer au moyen d'éléments préexistants des noms pour les objets que l'antiquité n'avait pas connu : la période de création et d'évolution des caractères fut donc terminée avant cette époque. LiSi fut induit en erreur par les variantes fautives (奇子) alors si nombreuses, et fixa la composition de bien des caractères sous une forme erronée[10].
52
+
53
+ Après la normalisation des caractères, une des causes de la transformation successive des caractères est d'abord le changement des instruments et des matériaux servant à l'écriture[10].
54
+
55
+ La première mention des différents styles d'écritures peut être trouvée dans la postface du Shuowen :
56
+
57
+ Les anciens écrivaient les caractères sigillaires sur des lattes de bambou avec un instrument permettant de tracer dans tous les sens. Ainsi on voit dans les graphies sigillaires des figures rondes, ovales, sinueuses, souvent fort compliquées, mais sans pleins ni déliés.
58
+
59
+ Peu après l'édition du catalogue de Li Si, Cheng Miao, 程邈, chéng miǎo inventa l'écriture des scribes tracée au pinceau : les lignes tracées ainsi sont épaisses et ne permettent pas des arrondis ni des retours en arrière : les figures rondes devinrent carrées, les courbes se brisèrent à angle droit. Mais on écrivait beaucoup plus vite et les caractères étaient moins encombrants, aussi l'instrument fut-il adopté pour les actes publics, et l'écriture des clercs (隸書, lìshū) devint l'écriture courante[10].
60
+
61
+ Leur forme actuelle, Kǎishū, remonte à la dynastie des Han. Les caractères modernes ne peuvent utiliser qu'un nombre défini de traits (au rang desquels la courbe est exclue), ce qui explique les différences notables entre les graphies anciennes et le résultat actuel ; il existe vingt-quatre (ou vingt et un, selon les exégètes) traits fondamentaux (on en trouvera la liste, et les règles de tracé, à l'article Tracé d'un sinogramme).
62
+
63
+ Par la suite, le style herbe conduisit à des simplifications de plus en plus importantes du tracé, dont l'écriture standardisée a conduit à de nombreux caractères simplifiés, dont beaucoup ont été officialisés par la réforme graphique introduisant les sinogrammes simplifiés.
64
+
65
+ Mao Zedong initia une réforme dans les années 1950, visant à simplifier les caractères. Dans la plus grande majorité des cas, ces simplifications consistaient à accepter comme caractère ou élément de caractère des compositions héritées des styles cursifs.
66
+
67
+ La réforme se voulait rapprocher le chinois des écritures alphabétiques, perçues comme supérieures, et devait initier d'autres réformes ultérieures, mais celles-ci n'eurent pas lieu.[réf. nécessaire] Ces caractères simplifiés sont utilisés dans la majeure partie de la Chine mais certaines régions gardent l'usage des caractères traditionnels (notamment Hong Kong, alors sous contrôle britannique lors de la réforme, puis revenue par rétrocession à la Chine seulement en 1997).
68
+
69
+ Les sinogrammes ne sont pas tous des idéogrammes, encore moins des hiéroglyphes ou des dessins.
70
+ En effet, les sinogrammes se classent en différentes catégories, 4 principales, à savoir :
71
+
72
+ À ces quatre catégories vient se rajouter ce qu’on appelle communément les « clefs » dans les dictionnaires. Ces éléments graphiques (souvent des pictogrammes) sont là pour « indiquer » de quoi parle le sinogramme.
73
+
74
+ Dans leur très grande majorité les caractères chinois sont composés, c'est-à-dire formés par la juxtaposition de deux ou trois caractères (parfois davantage) plus simples, qui jouent alors le rôle d'« éléments de caractère ».
75
+ Plusieurs caractères juxtaposés indiquent un nouveau sens, découlant de l'association engendrée. Ces associations peuvent être expliquées par 會意 huìyì, une « réunion sémantique » (idéogramme proprement dit), ou par un assemblage en 形聲 xíngshēng « forme et son » (les idéophonogrammes).
76
+
77
+ Dans un cas comme dans l'autre, les caractères composés sont généralement compris comme la juxtaposition de deux éléments de caractère (simples, ou eux-mêmes composés), et d'une méthode de juxtaposition. Les juxtapositions les plus fréquentes sont la juxtaposition horizontale (un élément à droite, l'autre à gauche), ou la juxtaposition verticale (un en haut et l'autre en bas) ; d'autres formes d'assemblages existent (englobantes, en coin, répétées...).
78
+
79
+ Tout sinogramme devant s'inscrire dans un carré idéal, les éléments de tels caractères sont réduits ou déformés. En particulier, les formes pleines des caractères peuvent ne pas être maintenues dans les compositions, ce qui conduit à des déformations systématiques, que l'on peut notamment voir sur la différence entre les caractères pleins et ceux utilisés comme clefs en composition. Ainsi :
80
+
81
+ Plusieurs formes réduites sont possibles pour un même caractère.
82
+
83
+ En règle générale, la composition des caractères composés est stable par rapport à l'évolution graphique. Alors que les caractères simples évoluent dans leur graphisme, le fait qu'un caractère soit composé, et la nature de cette composition, sont (généralement) invariables : les deux éléments de caractère concernés évoluent comme le font tous les éléments de caractère de ce type ; et la nature de la composition reste (le plus souvent) invariable. De ce fait, pour toute composition rencontrée dans des styles archaïques (oraculaire, inscription sur bronze, grand sigillaire) il est possible de tracer un équivalent en style moderne (petit sigillaire, ou écriture normale). Inversement, quand on peut constater des modifications dans les éléments de caractère impliqués ou (plus rarement) dans la nature de la composition, de tels changements s'analysent alors comme des changements dans la composition proprement dite, et non comme de simples changements graphiques du caractère pris dans son ensemble.
84
+
85
+ 回也聞一以知十, « Quand Houei voit un caractère, il comprend dix choses » : cette traduction (inhabituelle mais possible)[12] d'une phrase classique illustre la polysémie naturelle à laquelle tendent les caractères chinois : ce qu'évoque un caractère pour un véritable lettré chinois va bien au-delà de ce que suggère la pratique commune, et ce, d'autant plus si l'on prend en compte les sens classiques[9]. Les termes chinois ont généralement de très nombreux sens : il est rare de rencontrer un caractère classique qui n'en ait pas trois ou quatre. Ils correspondent le plus souvent à des dérives du sens primitif, mais finissent par aboutir à de véritables polysémies, et peuvent conduire à de graves contresens si l'on ne connaît pas ces dérivations et sens classiques.
86
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+ Le caractère 中 (zhōng), par exemple, représente une flèche qui atteint le milieu de sa cible, d'où le sens principal de « milieu, centre » que l'on retrouve dans 中國 (zhōngguó), « le pays du milieu », qui désigne habituellement la Chine. Cependant ce qu'évoque 中 va bien au-delà de la simple notion de « centre » que suggérerait une traduction littérale, si l'on prend en compte la vingtaine de sens classiques[9]. Dans ces sens classiques, parfois rares, il est facile de retrouver une continuité faisant passer à l'idée de « vertu parfaite ». Pour illustrer notre propos, les différents glissements de sens seront illustrés par des clefs qui pourraient spécifier tel ou tel sens particulier du mot 中 (les sens entre guillemets sont ceux donnés par Couvreur[9]) :
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+ Tous ces sens (et beaucoup d'autres) sont des évolutions et des dérivations sémantiques, qui dérivent de l'image originelle d'une flèche qui atteint le milieu de sa cible. On voit à travers cet exemple à quel point la lecture d'un texte classique (et plus encore d'un texte poétique) peut être riche d'évocations totalement impossibles à traduire. On voit à quel point aussi ces dérives peuvent conduire facilement à des contresens, quand le même mot 中 peut signifier à la fois « complet » et « moitié »...
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+ 啊 爱 安 暗 按 八 把 爸 吧 白 百 拜 班 般 板 半 办 帮 包 保 抱 报 爆 杯 北 被 背 备 本 鼻
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+ 比 笔 避 必 边 便 遍 辨 变 标 表 别 病 并 补 不 部 布 步 才 材 采 彩 菜 参 草 层 曾 茶 察
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+ 查 差 产 长 常 场 厂 唱 车 彻 称 成 城 承 程 吃 冲 虫 出 初 除 楚 处 川 穿 传 船 窗 床 创
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+ 春 词 此 次 从 村 存 错 答 达 打 大 带 待 代 单 但 淡 蛋 当 党 导 到 道 的 得 灯 等 低 底
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+ 地 第 弟 点 典 电 店 掉 调 丁 定 冬 东 懂 动 都 读 独 度 短 断 段 对 队 多 朵 躲 饿 儿 而
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+ 耳 二 发 乏 法 反 饭 范 方 房 防 访 放 非 飞 费 分 坟 份 风 封 夫 服 福 府 父 副 复 富 妇
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+ 该 改 概 敢 感 干 刚 钢 高 搞 告 哥 歌 革 隔 格 个 给 跟 根 更 工 公 功 共 狗 够 构 姑 古
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+ 骨 故 顾 固 瓜 刮 挂 怪 关 观 官 馆 管 惯 光 广 规 鬼 贵 国 果 过 还 孩 海 害 含 汉 好 号
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+ 喝 河 和 何 合 黑 很 恨 红 后 候 呼 忽 乎 湖 胡 虎 户 互 护 花 华 划 画 化 话 怀 坏 欢 环
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+ 换 黄 回 会 婚 活 火 或 货 获 机 鸡 积 基 极 及 集 级 急 几 己 寄 继 际 记 济 纪 技 计 季
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+ 家 加 假 架 价 间 简 见 建 健 件 江 将 讲 交 饺 脚 角 叫 教 较 接 街 阶 结 节 解 姐 介 界
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+ 今 金 斤 仅 紧 近 进 尽 京 经 精 睛 景 静 境 究 九 酒 久 就 旧 救 居 局 举 句 具 据 剧 拒
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+ 觉 绝 决 军 开 看 康 考 靠 科 可 课 刻 客 肯 空 孔 口 苦 哭 快 筷 块 况 困 拉 来 浪 劳 老
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+ 乐 了 累 类 冷 离 李 里 理 礼 立 丽 利 历 力 例 连 联 脸 练 凉 两 辆 亮 量 谅 疗 料 烈 林
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+ 零 〇 领 另 留 流 六 龙 楼 路 旅 绿 虑 论 落 妈 马 吗 买 卖 满 慢 忙 毛 么 没 美 每 门 们
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+ 猛 梦 迷 米 密 面 民 名 明 命 某 母 木 目 拿 哪 那 男 南 难 脑 闹 呢 内 能 你 年 念 娘 鸟
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+ 您 牛 农 弄 怒 女 暖 怕 排 派 判 旁 跑 培 朋 皮 篇 片 票 品 平 评 漂 破 普 七 期 骑 其 奇
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+ 齐 起 气 汽 器 千 前 钱 强 墙 桥 巧 切 且 亲 轻 青 清 情 请 庆 穷 秋 求 球 区 取 去 趣 全
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+ 缺 却 确 然 让 扰 热 人 认 任 日 容 肉 如 入 三 色 杀 山 善 商 伤 上 少 绍 蛇 设 社 谁 身
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+ 深 什 神 甚 生 声 升 省 师 诗 十 时 识 实 食 始 使 史 是 事 市 室 示 似 视 适 式 士 试 世
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+ 势 收 手 守 首 受 书 舒 熟 数 术 树 双 水 睡 顺 说 思 司 私 死 四 送 诉 算 虽 随 岁 碎 所
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+ 索 他 她 它 台 太 态 谈 特 疼 提 题 体 替 天 田 条 铁 听 挺 停 通 同 统 头 突 图 土 团 推
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+ 托 外 完 玩 晚 碗 万 王 往 忘 望 为 围 委 位 卫 味 温 文 闻 问 我 屋 无 五 午 武 舞 物 务
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+ 西 息 希 析 习 喜 洗 细 系 下 吓 夏 先 鲜 显 现 线 限 香 乡 相 想 响 象 向 像 项 消 小 校
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+ 笑 效 些 鞋 写 谢 新 心 信 星 行 形 醒 姓 兴 幸 性 休 修 需 许 续 选 学 雪 血 寻 牙 呀 言
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+ 研 颜 眼 演 验 阳 羊 养 样 要 药 爷 也 夜 叶 业 一 医 衣 依 疑 以 已 意 义 艺 忆 易 议 因
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+ 音 阴 印 应 英 影 硬 映 用 优 由 油 有 友 又 右 鱼 于 语 雨 与 遇 育 欲 元 园 原 员 园 远
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+ 院 愿 约 月 越 云 运 杂 在 再 咱 早 造 则 怎 增 展 站 张 丈 章 招 找 照 者 这 着 真 诊 正
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+ 整 政 证 知 之 支 织 直 职 值 只 指 纸 止 至 制 治 致 志 中 钟 终 种 重 众 周 洲 州 竹 主
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+ 住 祝 注 著 助 专 转 庄 装 壮 准 资 子 仔 字 自 总 走 租 族 足 组 嘴 最 昨 左 作 做 坐 座
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+ Dans la langue classique chinoise, la plupart des mots étaient monosyllabiques, et il y avait une correspondance nette entre un caractère chinois et un mot de la langue.
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+ En chinois mandarin moderne, les caractères ne correspondent plus nécessairement à des mots au sens usuel du terme, la majorité des « mots » (référence à une sémantique non ambiguë) sont constitués de deux caractères ou plus[14].
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+ Cependant, les caractères correspondent pratiquement toujours dans l'écriture à des syllabes, porteuses d'un sens autonome, et ils peuvent être qualifiés de « morphosyllabiques » du fait qu'ils représentent des syllabes qui sont en même temps des morphèmes[15].
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+ Décrire le chinois comme polysyllabique ou monosyllabique est un faux problème, du fait de la déconnexion entre graphie et signifiant : la langue orale est nécessairement polysyllabique, mais la langue écrite est signifiante caractère par caractère[7].
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+ Il y a quelques exceptions à cette règle générale qui veut qu'un caractère corresponde à une syllabe et à un morphème. D'une part, on trouve en chinois mandarin un bon nombre de morphèmes bisyllabiques, qui sont écrits avec deux caractères, où le caractère associé à l'une ou l'autre syllabe n'a plus de sens autonome, et n'est par exemple plus utilisé que comme contraction poétique du mot bisyllabique. En mandarin moderne, près de 10 % des morphèmes ne se rencontrent plus que comme composants de mots composés, même si les caractères correspondants avaient un sens autonome en chinois ancien : par exemple, 蝴蝶 húdié (Papillon), dont chacun des caractères signifie isolément « papillon ». Inversement, certains mots monosyllabiques peuvent être transcrits par deux caractères, comme pour 花儿 huār « fleur », où le caractère 儿 représente le suffixe -er en mandarin, qui est la trace d'un ancien mot bi-syllabique.
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+ Famille
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+ Sous-familles de rang inférieur
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+ Les Crocodilidés (Crocodylidae) sont une famille de crocodiliens. Elle a été créée par Georges Cuvier en 1807. Cette famille regroupe comme espèces actuelles les crocodiles (Crocodylinae) et le Faux-gavial de Malaisie (Tomistominae). Toutefois des analyses génétiques récentes incluent les tomistominés dans la famille des gavialidés[1]
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+ Les espèces de cette famille se rencontrent en Afrique, en Amérique tropicale, en Asie du Sud, en Asie du Sud-Est et en Océanie.
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+ et les genres fossiles basaux, d'après Paleobiology Database (2014)[2]:
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+ (Le genre de crocodile Osteolaemus et les genres fossiles basaux cités sont parfois regroupés au sein de la sous-famille des Osteolaeminae.)
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+ Cladogramme simplifié possible d'après C. A. Brochu and G. W. Storrs (2012)[3] :
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+ Tomistoma
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+ †Mekosuchinae
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+ Osteolaemus
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+ Mecistops
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+ Crocodylus
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+ Le mot vient du latin crocodilus, mot venant lui-même du grec krokodilos qui désigne les lézards. Hérodote explique que le mot krokodilos était donné par les Ioniens aux lézards des murailles et par analogie a été donné aux crocodiles vivant dans le Nil.
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+ La lecture peut être définie comme une activité psychosensorielle qui vise à donner un sens à des signes graphiques recueillis par la vision et qui implique à la fois des traitements perceptifs et cognitifs[1].
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+ L'histoire de la lecture remonte à l'invention de l'écriture au cours du IVe millénaire avant notre ère. Bien que la lecture de textes imprimés soit aujourd'hui un moyen important d'accès à l'information pour la population en général, cela n'a pas toujours été le cas. À quelques exceptions près, seul un faible pourcentage de la population de nombreux pays était considéré comme alphabétisé avant la révolution industrielle. Parmi les sociétés prémodernes ayant un taux d'alphabétisation généralement élevé, on trouve l'Athènes classique et le califat islamique[2].
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+ Les érudits supposent que la lecture à haute voix (clare legere en latin) était la pratique la plus courante dans l'Antiquité, et que la lecture en silence (legere tacite ou legere sibi en latin) était inhabituelle[3]. Dans Les Confessions qu'il rédige au IVe siècle avant notre ère, Augustin d'Hippone remarque l'habitude inhabituelle d'Ambroise de Milan de lire en silence[3],[4].
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+ Au siècle des Lumières, les élites ont encouragé la lecture passive plutôt que l'interprétation créative. La lecture n'a pas de lois concrètes, mais elle permet aux lecteurs de s'évader pour produire leurs propres produits de manière introspective, en favorisant une exploration profonde des textes pendant l'interprétation. Certains penseurs de cette époque croyaient que la construction (c'est-à-dire la création de l'écriture et la production d'un produit) était un signe d'initiative et de participation active à la société; ils considéraient, en contrepartie, la consommation (c'est-à-dire la lecture) comme une simple absorption de ce que les constructeurs fabriquaient[5]. On considérait les lecteurs de cette époque comme des citoyens passifs, parce qu'ils ne fabriquaient pas de produit. L'historien français Michel de Certeau a fait valoir que les élites du siècle des Lumières étaient responsables de cette croyance générale. Pour Michel de Certeau, la lecture exigeait de s'aventurer dans le pays de l'auteur, mais de lui enlever ce que le lecteur voulait précisément. Cette opinion soutenait que l'écriture était un art supérieur à la lecture dans les contraintes hiérarchiques de l'époque[5].
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+ Dans l'Europe du XVIIIe siècle, la pratique alors nouvelle de la lecture seule au lit a été, pendant un temps, considérée comme dangereuse et immorale. La lecture devenant moins une pratique orale commune et plus une pratique privée et silencieuse, et le sommeil se déplaçant de plus en plus des zones communes vers les chambres individuelles, certains se sont inquiétés du fait que la lecture au lit présentait divers dangers, tels que les incendies provoqués par les bougies de chevet. Certains critiques modernes, cependant, spéculent sur le fait que ces préoccupations étaient fondées sur la crainte que les lecteurs —et en particulier les femmes— puissent échapper à leurs obligations familiales et communautaires et transgresser les limites morales à travers les mondes fantastiques privés des livres[6].
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+
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+ En lecture d'énonciation : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, c’est-à-dire lorsque l’identification d’un mot écrit entraîne immédiatement la récupération de sa prononciation et de sa signification avec des efforts de décodage très réduit[7].
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+ En lecture personnelle silencieuse : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, identifiant la signification sans que l'esprit se soucie de la phonétisation qui le ralentirait (libéré de la prononciation). Petit à petit le lecteur perfectionne sa vitesse de lecture (Lecture rapide) si la simple image des mots donne en directe l'accès au sens.
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+ L’efficacité de la lecture dépend de deux voies de traitement de l'information, qui coexistent et se complètent mutuellement : l’identification des signes ou mots écrits et l’accès au son de ces éléments. Si l’un des deux mécanismes est déficient, un trouble de la lecture s’ensuivra : « certains patients atteints d’une lésion cérébrale nommée dyslexie profonde ou dyslexie phonologique ont leur voie de conversion des lettres en sons sévèrement détériorée et ne parviennent plus à prononcer les mots rares, les néologismes et les mots inventés. D’autres patients atteints d’une dyslexie de surface doivent prononcer les mots pour les comprendre[9]. » D'autres troubles sont possibles : alexie, hyperlexie, troubles de la compréhension, etc.
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+ La lecture pose un paradoxe sur le plan de la neurobiologie. Alors que l’écriture n’existe que depuis quelques milliers d’années, un délai trop court pour permettre une évolution significative des aires cérébrales qui existent depuis des millions d’années, le cerveau humain semble malgré tout être remarquablement bien adapté à la tâche de reconnaissance de mots, l’humain étant notamment capable de reconnaître un mot peu importe la police de caractères et la casse (MAJUSCULE ou minuscule). La question est alors : comment expliquer notre capacité à lire si aucune aire cérébrale n’a de toute évidence eu le temps d’évoluer pour se dédier entièrement à cette tâche[10] ?
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+ La théorie du recyclage neuronal permet d’expliquer ce phénomène :
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+ « Chez tous les individus, dans toutes les cultures du monde, les mêmes régions cérébrales interviennent dans la lecture, et les mêmes contraintes caractérisent les systèmes d’écriture. Selon l’hypothèse du recyclage neuronal, les inventions culturelles telles que la lecture reposent sur des mécanismes cérébraux anciens, qui ont évolué pour un autre usage, mais qui disposent d’une marge suffisante de plasticité pour parvenir à se recycler ou se reconvertir à ce nouvel usage[11]. »
22
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+ Cette théorie suppose qu’un réseau de neurones à la base impliqué dans la reconnaissance visuelle générale serait sollicité durant la lecture et se spécialiserait graduellement dans la reconnaissance des lettres au cours de l’apprentissage. Ce réseau de neurones situé au niveau de la voie ventrale occipito-temporale gauche, également surnommé aire de la forme visuelle des mots, s’active par défaut lors de la reconnaissance de visages, d’objets et de formes géométriques. Or, avec l’apprentissage de la lecture, l’activation de l’aire de la forme visuelle des mots dans ce genre de tâches tend à diminuer, alors même qu’elle tend à augmenter durant la lecture. En d’autres mots, mieux on sait lire, mieux l’aire de la forme visuelle des mots répond durant la lecture, mais moins elle répond durant les autres tâches, ce qui témoigne d’une compétition entre la fonction préprogrammée de cette portion du cortex (la reconnaissance visuelle en général) et la nouvelle fonction qu’on tente de lui inculquer; c’est-à-dire la lecture[12]. Cette aire, au départ sensible aux combinaisons élémentaires de traits visuels présentés à la fovéa, apprendrait ainsi peu à peu à extraire une représentation visuelle stable des mots, laquelle serait responsable de notre capacité à reconnaître les mots malgré les variations de forme[10]. L’aire de la forme visuelle des mots stockerait également toutes les informations concernant l’importance de l’ordre des lettres dans un mot, les combinaisons de lettres possibles et impossibles dans notre langue ainsi que leur fréquence. Une atteinte à cette région à la suite d'une lésion rend d’ailleurs la lecture totalement impossible. On parle alors d’alexie pure[12]. Il est cependant à noter que l’aire de la forme visuelle des mots n’est pas la seule à s’activer préférentiellement lors de la présentation de mots : certaines régions du cortex visuel primaire (V1, V2, V3 et V4) s’activent davantage lors de la présentation de mots que lors de la présentation d’objets dessinés avec une graphie comparable aux mots[13].
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+ La lecture d’un mot exige plusieurs étapes de traitement : l’extraction visuelle des traits des lettres composant le mot ainsi que le codage orthographique, phonologique, morphologique et sémantique. Plusieurs modèles d’organisation du système de lecture ont été proposés pour déterminer la façon et l’ordre dans lequel ces différentes informations sont traitées[10].
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+ Une conception théorique qui a longtemps été soutenue mais qui ne l’est plus aujourd’hui est le modèle « sériel » qui considère que toutes les étapes de traitement s’enchaînent les unes à la suite des autres de sorte que chaque niveau de représentation linguistique est entièrement dérivé du niveau inférieur. Selon ce modèle, le processus de lecture débuterait par l’extraction des traits (lignes) des lettres composant le mot, serait suivi par le codage orthographique, lequel serait à son tour suivi par le codage phonologique et morphologique pour se terminer avec le codage sémantique, l’objectif ultime étant la compréhension du texte. De nos jours, ce modèle est toutefois rejeté à la suite de l'observation de données temporelles que l’on possède maintenant sur la lecture. Un tel processus serait en effet beaucoup plus long que le temps réel pris pour reconnaître un mot[10].
28
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29
+ Un autre modèle de traitement de la lecture est le modèle « interactif » qui suggère que les étapes de traitement de l’information sont en interaction les unes avec les autres au cours du processus de lecture, ce qui élimine la notion de niveau de traitement[14].
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+
31
+ Un modèle « en cascade » a également été formulé. Dans ce modèle, la hiérarchie et l’autonomie des étapes de traitement nécessaire à la lecture sont préservées, c’est-à-dire qu’elles ne se présentent pas en interaction. Les différentes étapes sont plutôt exécutées en parallèle, de sorte qu’un module X peut poursuivre le traitement d’un type donné d’information tout en transférant à un module suivant (Y) l’information déjà analysée pour qu’il puisse s’en servir pour exécuter ses propres analyses. Ce modèle suppose que les premières lettres d’un long mot (par exemple <coccinelle>) sont utilisées inconsciemment par le lecteur pour émettre des hypothèses sur l’identité du mot, le tout en attendant de disposer du reste de l’information visuelle pour pouvoir confirmer de quel mot il s’agit[15].
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33
+ Le modèle de traitement de la lecture le plus accepté de nos jours demeure toutefois une fusion des deux modèles précédents, soit le modèle « interactif en cascades ». Dans ce modèle, le traitement de l’information de haut niveau (c’est-à-dire de l’information morphologique et sémantique) débute presque en même temps que le traitement de l’information de bas niveau (visuel, orthographique et phonologique), les niveaux supérieurs donnent une rétroaction aux niveaux inférieurs et il existerait des connexions bidirectionnelles entre certains niveaux[10].
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+ Un effet de supériorité du mot a été trouvé par Reicher (1969). Selon cet effet, les personnes reconnaîtraient plus facilement une lettre lorsque celle-ci est présentée à l’intérieur un mot que lorsqu'elle est présentée seule ou dans un non-mot[16]. Dans la même veine, un mot serait plus facilement reconnu lorsqu'il est présenté dans une phrase que lorsqu'il est présenté seul et ce, tant à l'oral qu'à l'écrit[17].
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37
+ Le contexte aide à la reconnaissance du mot dans la phrase. Par exemple, dans le cas d’un texte écrit à la main, le contexte aide beaucoup à reconnaître un mot lorsque l’écriture est difficile à déchiffrer. Le type de contexte influence également la vitesse de reconnaissance. Dans un cas où le contexte est assez général et laisse place à plusieurs interprétations, c’est-à-dire dans le cas d’une phrase dite à faible contrainte, la reconnaissance du mot serait facilitée par le fait que plusieurs mots différents pourraient la compléter. Une phrase comme « Tous les jours, je... » serait ainsi considérée comme étant de faible contrainte, car plusieurs mots (mange, dors, lis, etc.) peuvent la compléter. À l’inverse, dans le cas d’une phrase à forte contrainte; c’est-à-dire d’une phrase où le contexte induit une attente bien précise quant au mot qui la complétera, si le mot écrit s’éloigne du mot attendu, la reconnaissance se fera plus lentement. Ainsi une phrase comme « La cuisinière jette les restants de nourriture dans la... » serait considérée comme étant de forte contrainte, car les possibilités pour compléter la phrase (poubelle, *maison, *toilette) sont plus restreintes, ce qui fait que le lecteur aura des attentes beaucoup plus précises quant au mot qui devrait compléter la phrase[17].
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+ En lecture, le contexte aide généralement à interpréter le sens de ce qu’on lit et plus particulièrement face à une ambiguïté. Dans les faits, il existe deux grands types d’ambiguïtés : les ambiguïtés lexicales et les ambiguïtés structurales. L'ambiguïté lexicale est liée au sens d'un mot polysémique ou homonymique tandis que l'ambiguïté structurale est associée à l'attachement d'un groupe de mot (aussi appelé syntagme) dans une phrase[17].
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+ Une phrase comme « Pierre sent la rose » contient une ambiguïté lexicale polysémique car, dans ce contexte, le mot « sent » admet deux sens, si bien que la phrase pourrait soit vouloir dire que Pierre hume une rose ou qu’il dégage lui-même l’odeur d’une rose. Une phrase comme « Cet ours a mangé un avocat » contient, quant à elle, un exemple d’ambiguïté lexicale homonymique, la forme « avocat » correspondant à deux mots distincts, l’un désignant un fruit et l’autre désignant un métier. Une phrase comme « Sylvain a vu un homme avec un télescope », quant à elle, contient une ambiguïté structurale, c’est-à-dire qu’il est possible de lui attribuer deux structures syntaxiques distinctes. Lorsque le mot « télescope » est rattaché à « Sylvain », la phrase nous suggère que c’est au moyen d’un télescope que Sylvain a vu un homme tandis que lorsque « télescope » est plutôt rattaché à « homme», la phrase signifie alors que Sylvain a vu un homme qui avait un télescope[18].
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+ Une étude menée par MacKay a évalué le temps de réponse nécessaire pour compléter des phrases ambiguës selon le type d'ambiguïté. Les résultats suggèrent que même si les sujets ne sont pas conscients de la présence d'une ambiguïté dans une phrase, ils prennent plus de temps pour y répondre et leur temps de réponse varie selon le type d'ambiguïté. Les ambiguïtés lexicales seraient traitées plus rapidement que les ambiguïtés structurales[19].
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+ La lecture est automatique et irrépressible, de sorte que, même si on demande explicitement à un lecteur d’ignorer un mot, celui-ci ne peut pas s’empêcher de récup��rer son sens en mémoire[10]. Une illustration claire de ce phénomène est fournie par « l’effet Stroop » qui peut être observé dans une tâche portant le même nom[20]. Dans cette tâche qui possède plusieurs variantes, le lecteur doit le plus souvent identifier à voix haute la couleur de l’encre avec laquelle est écrit le nom d’une autre couleur tout en ignorant le sens du mot comme tel. Par exemple, si le mot « rouge » est écrit en vert, le lecteur doit dire « vert ». Cette tâche est ardue car le lecteur ne peut s’empêcher de lire le mot et de récupérer le sens qui lui est rattaché. Cette lecture involontaire active effectivement un code de couleur en mémoire qui interfère avec la réponse à donner et engendre un délai supplémentaire dans l’émission de la réponse. Ce délai d’environ 100 millisecondes s’observe spécifiquement en condition « incongruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en vert), mais non en condition « congruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en rouge) ou « neutre » (par exemple, lorsque le mot « tasse » écrit en rouge)[10]. Il est à noter qu’un léger effet de facilitation (entre 20 et 50 millisecondes plus rapide) est obtenu dans la condition congruente par rapport à la condition neutre, mais cet effet demeure beaucoup plus petit que l’effet d’interférence (effet Stroop)[10]. Depuis l’article de Stroop en 1935, de nombreuses études ont répliqué l’effet Stroop dans des conditions de présentation variées[21].
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+ Pour reconnaître un mot, on utilise plusieurs types d’informations qui le caractérisent notamment sa fréquence, le fait qu’il soit proche orthographiquement ou sémantiquement d’un autre mot, etc. Dépendamment de ses caractéristiques et du contexte dans lequel il est présenté, un mot peut donc être plus ou moins facile à identifier.
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+ La proximité sémantique d’un mot avec un autre est une première caractéristique qui affecte la performance en lecture par l’entremise de l’effet d’amorçage. Cet effet se manifeste par un temps de décision plus rapide face à un mot précédé d’un autre mot qui lui est associé sémantiquement. Par exemple, dans une tâche de décision lexicale, il faut moins de temps pour décider que « docteur » est un mot véritable lorsqu’il est précédé d’un mot sémantiquement lié comme « infirmière » que lorsqu’il est précédé d’un mot non-sémantiquement lié comme « beurre », d’un non-mot ou encore d’aucun mot. En situation d’amorçage, le premier mot présenté (ici « infirmière ») s’appelle une amorce et le deuxième mot (ici « docteur »), une cible. Dans un cas comme celui-ci, on dit que l’amorce a un effet facilitateur sur la cible parce qu’il accélère son traitement, mais l’amorce peut toutefois avoir l’effet inverse dans d’autres contextes. Il existe au moins trois types d’amorçage : l’amorçage sémantique, l’amorçage associatif et l’amorçage de répétition. L’amorçage sémantique s’observe dans un cas comme « docteur » et « infirmière »; un cas où deux mots sont liés par leur signification. L’amorçage associatif, lui, unit deux mots qui n’ont pas nécessairement de signification en commun, mais qui sont fréquemment employés ensemble comme les mots « attente » et « docteur ». L’amorçage de répétition, lui, s’observe finalement dans un contexte où la présentation d’un mot facilite son traitement. Par exemple, la présentation du mot « docteur » une première fois dans une phrase ou un texte fera en sorte qu’il sera plus rapidement reconnu lorsqu’il sera présenté une deuxième fois[22].
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+ Les effets de voisinage orthographique, lesquels réfèrent à la proximité orthographique d’un mot avec un autre, affectent également la performance en lecture. La notion de voisinage orthographique correspond à l’ensemble des mots de même longueur qui partagent la même orthographe à une lettre près. Par exemple, le mot PAGE a de nombreux voisins orthographiques comme MAGE, NAGE, RAGE, SAGE, CAGE, PIGE, PAIE, PALE, PAPE, tandis que le mot OGRE n’a qu’un seul voisin orthographique (OCRE) et que le mot DRAP n’en possède aucun. Deux effets liés à cette notion ont pu être distingués au cours des études : un effet d’inhibition de la fréquence du voisinage et un effet de facilitation de la taille du voisinage[10]. L’effet d’inhibition de la fréquence du voisinage se traduit par un temps de reconnaissance plus long lorsque le mot cible possède des voisins orthographiques plus fréquents que lui dans la langue. Par exemple, parce qu’il a le mot FOIE comme voisin orthographique plus fréquent que lui, le mot FOIN est reconnu plus lentement[22]. L’effet de facilitation de la taille du voisinage, lui, se manifesterait par une diminution du temps de reconnaissance d’un mot, plus il possède de voisins orthographiques. Cela suggère que les mots possédant de nombreux voisins orthographiques comme PAGE seraient reconnus plus rapidement que les mots qui n’en possèdent peu ou pas comme OGRE ou DRAP[10].
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+ La fréquence d’un mot affecte elle aussi la performance en lecture par l’intermédiaire de l’effet de fréquence. L’effet de fréquence se manifeste par une reconnaissance plus rapide et plus souvent correcte des mots fréquents comparativement aux mots peu fréquents dans les tâches de : décision lexicale, d’identification perceptive, de prononciation, d’enregistrement des mouvements des yeux et de catégorisation sémantique. La fréquence d’occurrence d’un mot est formellement définie comme le nombre de fois qu’un lecteur a rencontré un mot particulier au cours de sa vie. Pour le français, cette estimation est faite à partir d’un corpus de millions de textes nommé LEXIQUE[10]. Bien que la plupart des modèles actuels de la lecture reposent sur l’explication de l’effet fréquence[10], ce dernier a toutefois fait l’objet de critiques, certains suggérant qu’il s’agirait simplement d’un biais lié à la tâche[23],[24], d’autres soutenant la présence de liens confondants avec des facteurs comme l’âge d’acquisition[25] ou la diversité contextuelle[26], et d’autres encore argumentant que cette mesure ne prend pas en compte la fréquence d’occurrence parlée[10].
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+ L’effet de familiarité influencerait également notre capacité à reconnaître les mots. Cet effet se manifeste par un temps de reconnaissance plus court pour les mots qui nous sont familiers comparativement aux mots qui nous le sont moins. Parce qu’elle varie énormément d’une personne à l’autre, surtout en ce qui concerne les mots de basse fréquence, la familiarité d’un mot est calculée en demandant aux sujets d’attribuer une note de 1 à 7 à ce mot en fonction du nombre de fois qu’ils estiment l’avoir lu, entendu, produit ou écrit dans leur vie[27].
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+ L’âge d’acquisition d’un mot affecterait également notre capacité à reconnaître ce mot, un phénomène appelé effet de l’âge d’acquisition. Cet effet se manifeste par une lecture significativement plus rapide des mots acquis tôt dans le développement linguistique que des mots acquis plus tard. Pour estimer l’âge d’acquisition d’un mot, les méthodes les plus couramment utilisées sont de demander à des adultes d’estimer l’âge auquel ils ont acquis ce mot ou encore de le vérifier directement auprès d’enfants en leur faisant passer des tâches de dénomination d’objets[10].
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+ La compréhension ainsi que le rappel d'un texte dépendent de trois facteurs : le lecteur, l'organisation du texte et le type de texte lu[28].
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+ Les connaissances antérieures du lecteur, c’est-à-dire son niveau de familiarité avec le sujet, auront un impact significatif dans sa compréhension d'un texte. Ainsi, en présence de matériel abstrait, le lecteur à qui le contexte de sa lecture a préalablement été fourni, est capable de faire des liens entre ses connaissances et ce qu’il lit, ce qui améliore à la fois sa compréhension et sa rétention du texte. Même si elles peuvent lui venir en aide, les connaissances antérieures du lecteur peuvent toutefois parfois lui nuire, notamment lorsque vient le temps de se rappeler la provenance de certaines informations. Les nouvelles informations acquises sur un sujet seraient effectivement greffées aux connaissances antérieures du lecteur, ce qui rendrait difficile la tâche de distinguer les provenances des différentes sources à plus ou moins long terme[28].
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+ On retrouve trois tendances chez chaque lecteur:
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+ Pour être bien organisé, un texte doit posséder une cohérence globale ainsi qu’une cohérence locale. Alors que la cohérence globale réfère à l'intégration des idées majeures dans le texte, notamment grâce à l’emploi des marqueurs de relations, la cohérence locale, elle, réfère à l'intégration des idées plus subtiles du texte en lien avec le contexte immédiat. En d’autres mots, un texte bien organisé aura non seulement une bonne structure du texte et des relations causales présentes dans la cohérence globale, mais également une bonne intégration des détails que l'on retrouve dans la cohérence locale[29].
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+
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+ Par rapport à la cohérence globale, la structure du texte a un impact sur la facilité du lecteur à le comprendre. Ainsi, dans une étude faite par Thorndyke, il a été démontré que le rappel d'une histoire est meilleur lorsque le thème est présenté au début, plutôt qu'à la fin. Par ailleurs, le fait de pouvoir établir des relations causales a un impact sur la vitesse de récupération des informations par le lecteur. Plus le lecteur peut tisser des liens entre les éléments, meilleure est l’intégration des informations et donc plus la vitesse de récupération sera élevée et le rappel fluide. Du côté de la cohérence locale, une étude a démontré que les idées qui ont été présentées précédemment dans le texte seront plus facilement intégrées que celles qui sont nouvelles. De même, une information du texte qui est toujours présente en mémoire à court terme sera plus facilement rappelée et intégrée qu'une information en mémoire à long terme. Pour finir, si le texte implique que le lecteur fasse des inférences, sa compréhension sera ralentie. Autrement dit, le besoin de procéder à une inférence aura pour effet d'augmenter la difficulté de compréhension du texte en augmentant du même coup le temps nécessaire à la compréhension[29].
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+
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+ Instinctivement, plusieurs personnes supposent l’existence d’un lien entre le type de texte présenté au lecteur et sa facilité à le comprendre. Par exemple, plusieurs présument qu’une personne avec des compétences normales en lecture jugera qu’une histoire pour enfant est plus simple à lire et à comprendre qu’un article scientifique. Or, très peu d’études ont véritablement cherché à comparer l’impact des différents types de textes sur la compréhension du lecteur, ce qui fait qu’il est difficile de pouvoir confirmer le bien- fondé de cette supposition[30]. Une étude rigoureuse menée par Haberlandt et Graesser est toutefois arrivée à la conclusion que les textes descriptifs sont généralement plus difficiles à interpréter que les textes narratifs car ils recrutent davantage de ressources cognitives[31].
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+ Diverses questions intéressent les chercheurs qui étudient dans le domaine de la lecture. Ceux-ci cherchent notamment à déterminer quelles sont les différentes étapes impliquées dans l’apprentissage de la lecture, s’il existe une aire cérébrale dédiée à la reconnaissance des mots, comment est organisé le système de traitement de la lecture, comment se déroulent et par quels facteurs sont influencées la reconnaissance des mots et la compréhension de texte, quelles sont les causes des troubles de la lecture. Comme les mécanismes mentaux impliqués dans la lecture ne sont pas observables directement, des méthodes comportementales et cérébrales ont été développées pour mesurer les performances du lecteur et ainsi répondre aux nombreuses questions qui se posent concernant le processus de lecture.
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+ La méthode de recherche en lecture la plus utilisée est la chronométrie mentale[10]. Cette technique consiste à mesurer les processus mentaux impliqués dans la lecture au moyen des temps de réaction et des taux d’erreurs durant une tâche de lecture[10]. Cinq techniques chronométriques différentes sont employées pour étudier la lecture :
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+ « La lecture commence dans la rétine, dont la structure impose des contraintes sévères à la reconnaissance visuelle des mots. Seule sa partie centrale, la fovéa, dispose d’une résolution suffisante pour l’identification visuelle des petites lettres. C’est pourquoi notre regard se déplace sans cesse au cours de la lecture. » Les études montrent que la fovéa peut saisir « 3-4 lettres à gauche et 7-8 lettres à droite » du point de fixation du regard[32].
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+ Ces données ont été confirmés depuis longtemps[33] par l'étude des mouvements oculaires, qui permet de suivre activement et en temps réel la performance en lecture. Les mouvements oculaires sont caractérisés par des pauses ou fixations et des saccades, car l'œil ne se déplace de façon linéaire et continue, mais va d’un lieu de fixation à un autre. Les études d'oculométrie observent des sujets en situation de lecture et cherchent à mesurer les types de saccades produites par le lecteur ainsi que la durée des fixations. Environ 15 % des saccades sont de type régressif. La durée de fixation est influencée par le statut grammatical des mots : les déterminants et les prépositions, qui sont des mots courts fréquemment employés dans la langue, sont fixés peu ;longtemps, vu le contenu informationnel plus limité qu’ils véhiculent. À l’inverse, les verbes et les noms — des mots qui contiennent des informations essentielles pour comprendre le sens d’une phrase — sont fixés plus longtemps, les premiers l’étant encore davantage que les seconds. Il en va de même des mots polysémiques ou dont la présence est imprévisible dans le contexte ainsi que des anaphores (ensemble de vers ou de phrases qui commencent par le même mot ou par le même syntagme). Par exemple, la lecture d'un passage comme « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »[34] entraîne des durées de fixation plus longues, car nécessitant une prise de décision lexicale[35].
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+ Dans une tâche de décision lexicale, le lecteur doit décider le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si la suite de lettres qui lui est présentée est un mot de sa langue ou non; les temps de réponses et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique très utilisée présente l’avantage de permettre à l’expérimentateur de manipuler les caractéristiques physiques et linguistiques du stimulus (sa longueur, sa fréquence, sa complexité morphologique ou sémantique, etc.) et de mesurer l’impact de ces manipulations sur la performance en lecture[10].
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+ Dans une tâche de lecture à voix haute demandant une prononciation immédiate, un lecteur est appelé à prononcer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, un mot présenté sur un écran d’ordinateur. Durant cette tâche, les latences de prononciation (temps écoulé entre la présentation du mot et le début de la réponse verbale) et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique de chronométrie mentale est la seule à faire appel à la fois à des processus perceptifs (lecture) et à des processus de production (prononciation). Pour distinguer la contribution des deux processus, une tâche de prononciation différée est souvent effectuée en complémentarité avec la tâche de prononciation immédiate. Dans la tâche de prononciation différée, le lecteur doit retenir le mot qui lui est présenté jusqu’à ce qu’un signal visuel apparaisse (de 500 millisecondes à 1,5 seconde après la présentation du stimulus), lui indiquant le moment où il doit donner sa réponse verbale. Les résultats obtenus dans la tâche de prononciation différée sont ensuite comparés avec les résultats obtenus dans la tâche de prononciation immédiate et certaines conclusions peuvent être tirées : si une différence entre deux types de mots (par exemple entre les mots de haute et de basse fréquence) est observée uniquement dans la tâche de prononciation immédiate, mais pas dans la tâche de prononciation différée, celle-ci sera attribuée aux processus de perception et d’identification; à l’inverse, si la différence est présente dans les deux tâches, elle sera attribuée aux processus de prononciation et d’articulation[10].
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+
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+ La tâche d’identification perceptive consiste à présenter très brièvement au lecteur un mot dégradé visuellement et à lui demander de l’identifier. Les variables mesurées dans cette tâche sont le pourcentage d’identifications correctes ainsi que le temps d’identification. Les études employant cette tâche aident à mieux comprendre le processus de codage et d’identification visuelle des mots[10].
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+ Dans une tâche de catégorisation sémantique, le lecteur doit déterminer si un mot appartient ou non à une catégorie sémantique prédéterminée. La tâche se déroule de sorte que le nom d’une catégorie sémantique comme « FLEUR » est présentée au sujet suivie d’un mot tel que « rose »; le sujet doit alors déterminer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si le second mot appartient ou non à la catégorie sémantique présentée précédemment. Comme cette tâche met l’accent sur l’information sémantique, elle est fréquemment utilisée pour étudier l'encodage en mémoire des informations lues. Il est toutefois à noter que cette tâche comporte plusieurs désavantages comme celui de confondre les processus de perception et d’identification avec les processus de jugement sémantique, de créer des effets d’amorçage qui ne sont pas pris en compte dans les données et de mesurer autre chose que le simple accès à la signification du mot. Cette technique doit donc être employée en toute connaissance de cause et en prenant les précautions nécessaires pour minimiser les inconvénients qui y sont liés (voir Forster et Shen pour plus de détails)[10],[36].
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+ La technique de la neuropsychologie cognitive appliquée à la lecture consiste à tenter de lier les problèmes de lecture observés chez les patients cérébrolésés à leurs atteintes anatomiques. Un concept souvent utilisé pour y parvenir est le concept de la double dissociation. De façon générale, ce concept employé dans plusieurs domaines d’études dit que si une manipulation expérimentale A affecte une variable X, mais non une variable Y et qu’une manipulation expérimentale B affecte la variable Y, mais non la variable X, il est possible de conclure que les variable X et Y sont indépendantes l’une de l’autre. Dans l’étude des lésions cérébrales, la double dissociation prend le plus souvent la forme d’une démonstration que la lésion d’une structure A du cerveau est associée au déficit d’une fonction X (ex. la lecture des non-mots), mais non au déficit d’une fonction Y (ex. la lecture des mots irréguliers), tandis que la lésion d’une structure B du cerveau est associée à un déficit de la fonction Y, mais non de la fonction X, ce qui nous permet de conclure à la fois que la fonction X et Y sont distinctes et qu’elles sont localisées dans des portions différentes du cerveau. Cette technique est très utilisée pour identifier les régions cérébrales impliquées dans le processus de lecture et pour tester et raffiner les modèles théoriques de la lecture, la neuropsychologie cognitive ayant notamment servi à appuyer l’existence du modèle de la lecture à deux voies de Coltheart[10].
88
+
89
+ L'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis de déterminer le rôle des aires cérébrales impliquées dans le découpage phonologique et dans le stockage de l'information sonore en mémoire, ce qui a mené à l’établissement de liens entre les structures anatomiques et la performance en lecture. L'imagerie cérébrale a notamment permis de découvrir qu'un problème de connexion entre les régions cérébrales affecte la capacité à discriminer les sons, ce qui se traduit par une modification anatomique plus ou moins visible, mais largement suffisante pour engendrer des difficultés lors de l'apprentissage de la lecture[35].
90
+
91
+ L’approche computationnelle permet de tester les modèles théoriques de la lecture en simulant des résultats expérimentaux sur ordinateur. Cette approche comporte de nombreux avantages : elle force le chercheur à expliciter ses hypothèses, elle permet de tester la cohérence interne d’un modèle théorique, elle peut prédire des effets cachés ou trop complexes pour être détectés par l’humain et elle permet finalement de tester rigoureusement plusieurs modèles en compétition. Il faut toutefois noter que l’approche computationnelle ne devrait jamais remplacer une collecte de données empirique sur des êtres humains, mais devrait plutôt la complémenter[10].
92
+
93
+ L’objectif principal de ces méthodes est de tester le contenu des représentations mentales construites par le lecteur durant sa lecture[37].
94
+
95
+ Dans cette méthode, le lecteur est appelé à identifier parmi les mots ou les phrases qu’on lui présente, ceux qu’il a préalablement lus lors de la phase préparatoire de l’exercice. On calcule ensuite le pourcentage de bonnes réponses[37].
96
+
97
+ Dans la méthode de rappel, le lecteur doit écrire ou mentionner ce dont il se souvient par rapport à tel ou tel autre aspect d’une histoire qu’on lui a préalablement demandé de lire. Une difficulté rencontrée avec cette méthode est de déterminer des critères de correction à la fois rigoureux et inclusifs, étant donné la diversité de réponses possibles[37].
98
+
99
+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de compléter une phrase par le mot le plus approprié, que ce soit un mot de son cru ou un mot parmi une liste de suggestions[37].
100
+
101
+ Dans cette méthode, le lecteur doit résumer dans ses propres mots un texte qu’il a lu. Cette technique a aujourd’hui été abandonnée vu les énormes difficultés de correction liées à la variabilité des réponses données par les lecteurs[37].
102
+
103
+ Cette méthode consiste à poser au lecteur différentes questions sur un texte qu’il vient de lire. Le plus souvent, le temps de latence, c'est-à-dire le temps nécessaire pour répondre à la question, est mesuré, ce qui permet de déterminer le degré de maîtrise du texte par le lecteur. On observe également que lorsque les questions sont posées pendant la lecture du texte, le lecteur comprend mieux le texte et s’en souvient mieux par la suite. Devoir répondre à des questions durant sa lecture permettrait également au lecteur d’orienter le traitement du texte qu’il est train de lire. Cette méthode est l’une des plus simples à utiliser et elle a l’avantage de pouvoir porter sur différents aspects du texte[37].
104
+
105
+ Cette tâche vise à tester les représentations spatiales que le lecteur a élaborées au cours de sa lecture. Durant cette tâche, le lecteur doit soit situer sur un plan les objets et le personnage principal de l’histoire, soit décrire les déplacements effectués par le personnage durant l’histoire ou encore dessiner les lieux et/ou les déplacements décrits dans le texte. Le temps de latence est mesuré pour chaque réponse et le degré de précision des réponses est évalué[37].
106
+
107
+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de réaliser les actions motrices décrites dans un texte. Par exemple, le lecteur pourrait devoir suivre le mode d'emploi pour réparer quelque chose. La rapidité de réalisation de la tâche, le respect de l'ordre des différentes étapes, le genre de manipulations effectuées et le nombre d'erreurs sont les variables qui sont considérées dans cette méthode[37].
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1
+ La lecture peut être définie comme une activité psychosensorielle qui vise à donner un sens à des signes graphiques recueillis par la vision et qui implique à la fois des traitements perceptifs et cognitifs[1].
2
+
3
+ L'histoire de la lecture remonte à l'invention de l'écriture au cours du IVe millénaire avant notre ère. Bien que la lecture de textes imprimés soit aujourd'hui un moyen important d'accès à l'information pour la population en général, cela n'a pas toujours été le cas. À quelques exceptions près, seul un faible pourcentage de la population de nombreux pays était considéré comme alphabétisé avant la révolution industrielle. Parmi les sociétés prémodernes ayant un taux d'alphabétisation généralement élevé, on trouve l'Athènes classique et le califat islamique[2].
4
+
5
+ Les érudits supposent que la lecture à haute voix (clare legere en latin) était la pratique la plus courante dans l'Antiquité, et que la lecture en silence (legere tacite ou legere sibi en latin) était inhabituelle[3]. Dans Les Confessions qu'il rédige au IVe siècle avant notre ère, Augustin d'Hippone remarque l'habitude inhabituelle d'Ambroise de Milan de lire en silence[3],[4].
6
+
7
+ Au siècle des Lumières, les élites ont encouragé la lecture passive plutôt que l'interprétation créative. La lecture n'a pas de lois concrètes, mais elle permet aux lecteurs de s'évader pour produire leurs propres produits de manière introspective, en favorisant une exploration profonde des textes pendant l'interprétation. Certains penseurs de cette époque croyaient que la construction (c'est-à-dire la création de l'écriture et la production d'un produit) était un signe d'initiative et de participation active à la société; ils considéraient, en contrepartie, la consommation (c'est-à-dire la lecture) comme une simple absorption de ce que les constructeurs fabriquaient[5]. On considérait les lecteurs de cette époque comme des citoyens passifs, parce qu'ils ne fabriquaient pas de produit. L'historien français Michel de Certeau a fait valoir que les élites du siècle des Lumières étaient responsables de cette croyance générale. Pour Michel de Certeau, la lecture exigeait de s'aventurer dans le pays de l'auteur, mais de lui enlever ce que le lecteur voulait précisément. Cette opinion soutenait que l'écriture était un art supérieur à la lecture dans les contraintes hiérarchiques de l'époque[5].
8
+
9
+ Dans l'Europe du XVIIIe siècle, la pratique alors nouvelle de la lecture seule au lit a été, pendant un temps, considérée comme dangereuse et immorale. La lecture devenant moins une pratique orale commune et plus une pratique privée et silencieuse, et le sommeil se déplaçant de plus en plus des zones communes vers les chambres individuelles, certains se sont inquiétés du fait que la lecture au lit présentait divers dangers, tels que les incendies provoqués par les bougies de chevet. Certains critiques modernes, cependant, spéculent sur le fait que ces préoccupations étaient fondées sur la crainte que les lecteurs —et en particulier les femmes— puissent échapper à leurs obligations familiales et communautaires et transgresser les limites morales à travers les mondes fantastiques privés des livres[6].
10
+
11
+ En lecture d'énonciation : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, c’est-à-dire lorsque l’identification d’un mot écrit entraîne immédiatement la récupération de sa prononciation et de sa signification avec des efforts de décodage très réduit[7].
12
+
13
+ En lecture personnelle silencieuse : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, identifiant la signification sans que l'esprit se soucie de la phonétisation qui le ralentirait (libéré de la prononciation). Petit à petit le lecteur perfectionne sa vitesse de lecture (Lecture rapide) si la simple image des mots donne en directe l'accès au sens.
14
+
15
+ L’efficacité de la lecture dépend de deux voies de traitement de l'information, qui coexistent et se complètent mutuellement : l’identification des signes ou mots écrits et l’accès au son de ces éléments. Si l’un des deux mécanismes est déficient, un trouble de la lecture s’ensuivra : « certains patients atteints d’une lésion cérébrale nommée dyslexie profonde ou dyslexie phonologique ont leur voie de conversion des lettres en sons sévèrement détériorée et ne parviennent plus à prononcer les mots rares, les néologismes et les mots inventés. D’autres patients atteints d’une dyslexie de surface doivent prononcer les mots pour les comprendre[9]. » D'autres troubles sont possibles : alexie, hyperlexie, troubles de la compréhension, etc.
16
+
17
+ La lecture pose un paradoxe sur le plan de la neurobiologie. Alors que l’écriture n’existe que depuis quelques milliers d’années, un délai trop court pour permettre une évolution significative des aires cérébrales qui existent depuis des millions d’années, le cerveau humain semble malgré tout être remarquablement bien adapté à la tâche de reconnaissance de mots, l’humain étant notamment capable de reconnaître un mot peu importe la police de caractères et la casse (MAJUSCULE ou minuscule). La question est alors : comment expliquer notre capacité à lire si aucune aire cérébrale n’a de toute évidence eu le temps d’évoluer pour se dédier entièrement à cette tâche[10] ?
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+ La théorie du recyclage neuronal permet d’expliquer ce phénomène :
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+ « Chez tous les individus, dans toutes les cultures du monde, les mêmes régions cérébrales interviennent dans la lecture, et les mêmes contraintes caractérisent les systèmes d’écriture. Selon l’hypothèse du recyclage neuronal, les inventions culturelles telles que la lecture reposent sur des mécanismes cérébraux anciens, qui ont évolué pour un autre usage, mais qui disposent d’une marge suffisante de plasticité pour parvenir à se recycler ou se reconvertir à ce nouvel usage[11]. »
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+
23
+ Cette théorie suppose qu’un réseau de neurones à la base impliqué dans la reconnaissance visuelle générale serait sollicité durant la lecture et se spécialiserait graduellement dans la reconnaissance des lettres au cours de l’apprentissage. Ce réseau de neurones situé au niveau de la voie ventrale occipito-temporale gauche, également surnommé aire de la forme visuelle des mots, s’active par défaut lors de la reconnaissance de visages, d’objets et de formes géométriques. Or, avec l’apprentissage de la lecture, l’activation de l’aire de la forme visuelle des mots dans ce genre de tâches tend à diminuer, alors même qu’elle tend à augmenter durant la lecture. En d’autres mots, mieux on sait lire, mieux l’aire de la forme visuelle des mots répond durant la lecture, mais moins elle répond durant les autres tâches, ce qui témoigne d’une compétition entre la fonction préprogrammée de cette portion du cortex (la reconnaissance visuelle en général) et la nouvelle fonction qu’on tente de lui inculquer; c’est-à-dire la lecture[12]. Cette aire, au départ sensible aux combinaisons élémentaires de traits visuels présentés à la fovéa, apprendrait ainsi peu à peu à extraire une représentation visuelle stable des mots, laquelle serait responsable de notre capacité à reconnaître les mots malgré les variations de forme[10]. L’aire de la forme visuelle des mots stockerait également toutes les informations concernant l’importance de l’ordre des lettres dans un mot, les combinaisons de lettres possibles et impossibles dans notre langue ainsi que leur fréquence. Une atteinte à cette région à la suite d'une lésion rend d’ailleurs la lecture totalement impossible. On parle alors d’alexie pure[12]. Il est cependant à noter que l’aire de la forme visuelle des mots n’est pas la seule à s’activer préférentiellement lors de la présentation de mots : certaines régions du cortex visuel primaire (V1, V2, V3 et V4) s’activent davantage lors de la présentation de mots que lors de la présentation d’objets dessinés avec une graphie comparable aux mots[13].
24
+
25
+ La lecture d’un mot exige plusieurs étapes de traitement : l’extraction visuelle des traits des lettres composant le mot ainsi que le codage orthographique, phonologique, morphologique et sémantique. Plusieurs modèles d’organisation du système de lecture ont été proposés pour déterminer la façon et l’ordre dans lequel ces différentes informations sont traitées[10].
26
+
27
+ Une conception théorique qui a longtemps été soutenue mais qui ne l’est plus aujourd’hui est le modèle « sériel » qui considère que toutes les étapes de traitement s’enchaînent les unes à la suite des autres de sorte que chaque niveau de représentation linguistique est entièrement dérivé du niveau inférieur. Selon ce modèle, le processus de lecture débuterait par l’extraction des traits (lignes) des lettres composant le mot, serait suivi par le codage orthographique, lequel serait à son tour suivi par le codage phonologique et morphologique pour se terminer avec le codage sémantique, l’objectif ultime étant la compréhension du texte. De nos jours, ce modèle est toutefois rejeté à la suite de l'observation de données temporelles que l’on possède maintenant sur la lecture. Un tel processus serait en effet beaucoup plus long que le temps réel pris pour reconnaître un mot[10].
28
+
29
+ Un autre modèle de traitement de la lecture est le modèle « interactif » qui suggère que les étapes de traitement de l’information sont en interaction les unes avec les autres au cours du processus de lecture, ce qui élimine la notion de niveau de traitement[14].
30
+
31
+ Un modèle « en cascade » a également été formulé. Dans ce modèle, la hiérarchie et l’autonomie des étapes de traitement nécessaire à la lecture sont préservées, c’est-à-dire qu’elles ne se présentent pas en interaction. Les différentes étapes sont plutôt exécutées en parallèle, de sorte qu’un module X peut poursuivre le traitement d’un type donné d’information tout en transférant à un module suivant (Y) l’information déjà analysée pour qu’il puisse s’en servir pour exécuter ses propres analyses. Ce modèle suppose que les premières lettres d’un long mot (par exemple <coccinelle>) sont utilisées inconsciemment par le lecteur pour émettre des hypothèses sur l’identité du mot, le tout en attendant de disposer du reste de l’information visuelle pour pouvoir confirmer de quel mot il s’agit[15].
32
+
33
+ Le modèle de traitement de la lecture le plus accepté de nos jours demeure toutefois une fusion des deux modèles précédents, soit le modèle « interactif en cascades ». Dans ce modèle, le traitement de l’information de haut niveau (c’est-à-dire de l’information morphologique et sémantique) débute presque en même temps que le traitement de l’information de bas niveau (visuel, orthographique et phonologique), les niveaux supérieurs donnent une rétroaction aux niveaux inférieurs et il existerait des connexions bidirectionnelles entre certains niveaux[10].
34
+
35
+ Un effet de supériorité du mot a été trouvé par Reicher (1969). Selon cet effet, les personnes reconnaîtraient plus facilement une lettre lorsque celle-ci est présentée à l’intérieur un mot que lorsqu'elle est présentée seule ou dans un non-mot[16]. Dans la même veine, un mot serait plus facilement reconnu lorsqu'il est présenté dans une phrase que lorsqu'il est présenté seul et ce, tant à l'oral qu'à l'écrit[17].
36
+
37
+ Le contexte aide à la reconnaissance du mot dans la phrase. Par exemple, dans le cas d’un texte écrit à la main, le contexte aide beaucoup à reconnaître un mot lorsque l’écriture est difficile à déchiffrer. Le type de contexte influence également la vitesse de reconnaissance. Dans un cas où le contexte est assez général et laisse place à plusieurs interprétations, c’est-à-dire dans le cas d’une phrase dite à faible contrainte, la reconnaissance du mot serait facilitée par le fait que plusieurs mots différents pourraient la compléter. Une phrase comme « Tous les jours, je... » serait ainsi considérée comme étant de faible contrainte, car plusieurs mots (mange, dors, lis, etc.) peuvent la compléter. À l’inverse, dans le cas d’une phrase à forte contrainte; c’est-à-dire d’une phrase où le contexte induit une attente bien précise quant au mot qui la complétera, si le mot écrit s’éloigne du mot attendu, la reconnaissance se fera plus lentement. Ainsi une phrase comme « La cuisinière jette les restants de nourriture dans la... » serait considérée comme étant de forte contrainte, car les possibilités pour compléter la phrase (poubelle, *maison, *toilette) sont plus restreintes, ce qui fait que le lecteur aura des attentes beaucoup plus précises quant au mot qui devrait compléter la phrase[17].
38
+
39
+ En lecture, le contexte aide généralement à interpréter le sens de ce qu’on lit et plus particulièrement face à une ambiguïté. Dans les faits, il existe deux grands types d’ambiguïtés : les ambiguïtés lexicales et les ambiguïtés structurales. L'ambiguïté lexicale est liée au sens d'un mot polysémique ou homonymique tandis que l'ambiguïté structurale est associée à l'attachement d'un groupe de mot (aussi appelé syntagme) dans une phrase[17].
40
+
41
+ Une phrase comme « Pierre sent la rose » contient une ambiguïté lexicale polysémique car, dans ce contexte, le mot « sent » admet deux sens, si bien que la phrase pourrait soit vouloir dire que Pierre hume une rose ou qu’il dégage lui-même l’odeur d’une rose. Une phrase comme « Cet ours a mangé un avocat » contient, quant à elle, un exemple d’ambiguïté lexicale homonymique, la forme « avocat » correspondant à deux mots distincts, l’un désignant un fruit et l’autre désignant un métier. Une phrase comme « Sylvain a vu un homme avec un télescope », quant à elle, contient une ambiguïté structurale, c’est-à-dire qu’il est possible de lui attribuer deux structures syntaxiques distinctes. Lorsque le mot « télescope » est rattaché à « Sylvain », la phrase nous suggère que c’est au moyen d’un télescope que Sylvain a vu un homme tandis que lorsque « télescope » est plutôt rattaché à « homme», la phrase signifie alors que Sylvain a vu un homme qui avait un télescope[18].
42
+
43
+ Une étude menée par MacKay a évalué le temps de réponse nécessaire pour compléter des phrases ambiguës selon le type d'ambiguïté. Les résultats suggèrent que même si les sujets ne sont pas conscients de la présence d'une ambiguïté dans une phrase, ils prennent plus de temps pour y répondre et leur temps de réponse varie selon le type d'ambiguïté. Les ambiguïtés lexicales seraient traitées plus rapidement que les ambiguïtés structurales[19].
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+ La lecture est automatique et irrépressible, de sorte que, même si on demande explicitement à un lecteur d’ignorer un mot, celui-ci ne peut pas s’empêcher de récup��rer son sens en mémoire[10]. Une illustration claire de ce phénomène est fournie par « l’effet Stroop » qui peut être observé dans une tâche portant le même nom[20]. Dans cette tâche qui possède plusieurs variantes, le lecteur doit le plus souvent identifier à voix haute la couleur de l’encre avec laquelle est écrit le nom d’une autre couleur tout en ignorant le sens du mot comme tel. Par exemple, si le mot « rouge » est écrit en vert, le lecteur doit dire « vert ». Cette tâche est ardue car le lecteur ne peut s’empêcher de lire le mot et de récupérer le sens qui lui est rattaché. Cette lecture involontaire active effectivement un code de couleur en mémoire qui interfère avec la réponse à donner et engendre un délai supplémentaire dans l’émission de la réponse. Ce délai d’environ 100 millisecondes s’observe spécifiquement en condition « incongruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en vert), mais non en condition « congruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en rouge) ou « neutre » (par exemple, lorsque le mot « tasse » écrit en rouge)[10]. Il est à noter qu’un léger effet de facilitation (entre 20 et 50 millisecondes plus rapide) est obtenu dans la condition congruente par rapport à la condition neutre, mais cet effet demeure beaucoup plus petit que l’effet d’interférence (effet Stroop)[10]. Depuis l’article de Stroop en 1935, de nombreuses études ont répliqué l’effet Stroop dans des conditions de présentation variées[21].
46
+
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+ Pour reconnaître un mot, on utilise plusieurs types d’informations qui le caractérisent notamment sa fréquence, le fait qu’il soit proche orthographiquement ou sémantiquement d’un autre mot, etc. Dépendamment de ses caractéristiques et du contexte dans lequel il est présenté, un mot peut donc être plus ou moins facile à identifier.
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+
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+ La proximité sémantique d’un mot avec un autre est une première caractéristique qui affecte la performance en lecture par l’entremise de l’effet d’amorçage. Cet effet se manifeste par un temps de décision plus rapide face à un mot précédé d’un autre mot qui lui est associé sémantiquement. Par exemple, dans une tâche de décision lexicale, il faut moins de temps pour décider que « docteur » est un mot véritable lorsqu’il est précédé d’un mot sémantiquement lié comme « infirmière » que lorsqu’il est précédé d’un mot non-sémantiquement lié comme « beurre », d’un non-mot ou encore d’aucun mot. En situation d’amorçage, le premier mot présenté (ici « infirmière ») s’appelle une amorce et le deuxième mot (ici « docteur »), une cible. Dans un cas comme celui-ci, on dit que l’amorce a un effet facilitateur sur la cible parce qu’il accélère son traitement, mais l’amorce peut toutefois avoir l’effet inverse dans d’autres contextes. Il existe au moins trois types d’amorçage : l’amorçage sémantique, l’amorçage associatif et l’amorçage de répétition. L’amorçage sémantique s’observe dans un cas comme « docteur » et « infirmière »; un cas où deux mots sont liés par leur signification. L’amorçage associatif, lui, unit deux mots qui n’ont pas nécessairement de signification en commun, mais qui sont fréquemment employés ensemble comme les mots « attente » et « docteur ». L’amorçage de répétition, lui, s’observe finalement dans un contexte où la présentation d’un mot facilite son traitement. Par exemple, la présentation du mot « docteur » une première fois dans une phrase ou un texte fera en sorte qu’il sera plus rapidement reconnu lorsqu’il sera présenté une deuxième fois[22].
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+ Les effets de voisinage orthographique, lesquels réfèrent à la proximité orthographique d’un mot avec un autre, affectent également la performance en lecture. La notion de voisinage orthographique correspond à l’ensemble des mots de même longueur qui partagent la même orthographe à une lettre près. Par exemple, le mot PAGE a de nombreux voisins orthographiques comme MAGE, NAGE, RAGE, SAGE, CAGE, PIGE, PAIE, PALE, PAPE, tandis que le mot OGRE n’a qu’un seul voisin orthographique (OCRE) et que le mot DRAP n’en possède aucun. Deux effets liés à cette notion ont pu être distingués au cours des études : un effet d’inhibition de la fréquence du voisinage et un effet de facilitation de la taille du voisinage[10]. L’effet d’inhibition de la fréquence du voisinage se traduit par un temps de reconnaissance plus long lorsque le mot cible possède des voisins orthographiques plus fréquents que lui dans la langue. Par exemple, parce qu’il a le mot FOIE comme voisin orthographique plus fréquent que lui, le mot FOIN est reconnu plus lentement[22]. L’effet de facilitation de la taille du voisinage, lui, se manifesterait par une diminution du temps de reconnaissance d’un mot, plus il possède de voisins orthographiques. Cela suggère que les mots possédant de nombreux voisins orthographiques comme PAGE seraient reconnus plus rapidement que les mots qui n’en possèdent peu ou pas comme OGRE ou DRAP[10].
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+ La fréquence d’un mot affecte elle aussi la performance en lecture par l’intermédiaire de l’effet de fréquence. L’effet de fréquence se manifeste par une reconnaissance plus rapide et plus souvent correcte des mots fréquents comparativement aux mots peu fréquents dans les tâches de : décision lexicale, d’identification perceptive, de prononciation, d’enregistrement des mouvements des yeux et de catégorisation sémantique. La fréquence d’occurrence d’un mot est formellement définie comme le nombre de fois qu’un lecteur a rencontré un mot particulier au cours de sa vie. Pour le français, cette estimation est faite à partir d’un corpus de millions de textes nommé LEXIQUE[10]. Bien que la plupart des modèles actuels de la lecture reposent sur l’explication de l’effet fréquence[10], ce dernier a toutefois fait l’objet de critiques, certains suggérant qu’il s’agirait simplement d’un biais lié à la tâche[23],[24], d’autres soutenant la présence de liens confondants avec des facteurs comme l’âge d’acquisition[25] ou la diversité contextuelle[26], et d’autres encore argumentant que cette mesure ne prend pas en compte la fréquence d’occurrence parlée[10].
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+
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+ L’effet de familiarité influencerait également notre capacité à reconnaître les mots. Cet effet se manifeste par un temps de reconnaissance plus court pour les mots qui nous sont familiers comparativement aux mots qui nous le sont moins. Parce qu’elle varie énormément d’une personne à l’autre, surtout en ce qui concerne les mots de basse fréquence, la familiarité d’un mot est calculée en demandant aux sujets d’attribuer une note de 1 à 7 à ce mot en fonction du nombre de fois qu’ils estiment l’avoir lu, entendu, produit ou écrit dans leur vie[27].
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+ L’âge d’acquisition d’un mot affecterait également notre capacité à reconnaître ce mot, un phénomène appelé effet de l’âge d’acquisition. Cet effet se manifeste par une lecture significativement plus rapide des mots acquis tôt dans le développement linguistique que des mots acquis plus tard. Pour estimer l’âge d’acquisition d’un mot, les méthodes les plus couramment utilisées sont de demander à des adultes d’estimer l’âge auquel ils ont acquis ce mot ou encore de le vérifier directement auprès d’enfants en leur faisant passer des tâches de dénomination d’objets[10].
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+ La compréhension ainsi que le rappel d'un texte dépendent de trois facteurs : le lecteur, l'organisation du texte et le type de texte lu[28].
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+ Les connaissances antérieures du lecteur, c’est-à-dire son niveau de familiarité avec le sujet, auront un impact significatif dans sa compréhension d'un texte. Ainsi, en présence de matériel abstrait, le lecteur à qui le contexte de sa lecture a préalablement été fourni, est capable de faire des liens entre ses connaissances et ce qu’il lit, ce qui améliore à la fois sa compréhension et sa rétention du texte. Même si elles peuvent lui venir en aide, les connaissances antérieures du lecteur peuvent toutefois parfois lui nuire, notamment lorsque vient le temps de se rappeler la provenance de certaines informations. Les nouvelles informations acquises sur un sujet seraient effectivement greffées aux connaissances antérieures du lecteur, ce qui rendrait difficile la tâche de distinguer les provenances des différentes sources à plus ou moins long terme[28].
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+ On retrouve trois tendances chez chaque lecteur:
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+ Pour être bien organisé, un texte doit posséder une cohérence globale ainsi qu’une cohérence locale. Alors que la cohérence globale réfère à l'intégration des idées majeures dans le texte, notamment grâce à l’emploi des marqueurs de relations, la cohérence locale, elle, réfère à l'intégration des idées plus subtiles du texte en lien avec le contexte immédiat. En d’autres mots, un texte bien organisé aura non seulement une bonne structure du texte et des relations causales présentes dans la cohérence globale, mais également une bonne intégration des détails que l'on retrouve dans la cohérence locale[29].
66
+
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+ Par rapport à la cohérence globale, la structure du texte a un impact sur la facilité du lecteur à le comprendre. Ainsi, dans une étude faite par Thorndyke, il a été démontré que le rappel d'une histoire est meilleur lorsque le thème est présenté au début, plutôt qu'à la fin. Par ailleurs, le fait de pouvoir établir des relations causales a un impact sur la vitesse de récupération des informations par le lecteur. Plus le lecteur peut tisser des liens entre les éléments, meilleure est l’intégration des informations et donc plus la vitesse de récupération sera élevée et le rappel fluide. Du côté de la cohérence locale, une étude a démontré que les idées qui ont été présentées précédemment dans le texte seront plus facilement intégrées que celles qui sont nouvelles. De même, une information du texte qui est toujours présente en mémoire à court terme sera plus facilement rappelée et intégrée qu'une information en mémoire à long terme. Pour finir, si le texte implique que le lecteur fasse des inférences, sa compréhension sera ralentie. Autrement dit, le besoin de procéder à une inférence aura pour effet d'augmenter la difficulté de compréhension du texte en augmentant du même coup le temps nécessaire à la compréhension[29].
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+
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+ Instinctivement, plusieurs personnes supposent l’existence d’un lien entre le type de texte présenté au lecteur et sa facilité à le comprendre. Par exemple, plusieurs présument qu’une personne avec des compétences normales en lecture jugera qu’une histoire pour enfant est plus simple à lire et à comprendre qu’un article scientifique. Or, très peu d’études ont véritablement cherché à comparer l’impact des différents types de textes sur la compréhension du lecteur, ce qui fait qu’il est difficile de pouvoir confirmer le bien- fondé de cette supposition[30]. Une étude rigoureuse menée par Haberlandt et Graesser est toutefois arrivée à la conclusion que les textes descriptifs sont généralement plus difficiles à interpréter que les textes narratifs car ils recrutent davantage de ressources cognitives[31].
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+ Diverses questions intéressent les chercheurs qui étudient dans le domaine de la lecture. Ceux-ci cherchent notamment à déterminer quelles sont les différentes étapes impliquées dans l’apprentissage de la lecture, s’il existe une aire cérébrale dédiée à la reconnaissance des mots, comment est organisé le système de traitement de la lecture, comment se déroulent et par quels facteurs sont influencées la reconnaissance des mots et la compréhension de texte, quelles sont les causes des troubles de la lecture. Comme les mécanismes mentaux impliqués dans la lecture ne sont pas observables directement, des méthodes comportementales et cérébrales ont été développées pour mesurer les performances du lecteur et ainsi répondre aux nombreuses questions qui se posent concernant le processus de lecture.
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+ La méthode de recherche en lecture la plus utilisée est la chronométrie mentale[10]. Cette technique consiste à mesurer les processus mentaux impliqués dans la lecture au moyen des temps de réaction et des taux d’erreurs durant une tâche de lecture[10]. Cinq techniques chronométriques différentes sont employées pour étudier la lecture :
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+ « La lecture commence dans la rétine, dont la structure impose des contraintes sévères à la reconnaissance visuelle des mots. Seule sa partie centrale, la fovéa, dispose d’une résolution suffisante pour l’identification visuelle des petites lettres. C’est pourquoi notre regard se déplace sans cesse au cours de la lecture. » Les études montrent que la fovéa peut saisir « 3-4 lettres à gauche et 7-8 lettres à droite » du point de fixation du regard[32].
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+ Ces données ont été confirmés depuis longtemps[33] par l'étude des mouvements oculaires, qui permet de suivre activement et en temps réel la performance en lecture. Les mouvements oculaires sont caractérisés par des pauses ou fixations et des saccades, car l'œil ne se déplace de façon linéaire et continue, mais va d’un lieu de fixation à un autre. Les études d'oculométrie observent des sujets en situation de lecture et cherchent à mesurer les types de saccades produites par le lecteur ainsi que la durée des fixations. Environ 15 % des saccades sont de type régressif. La durée de fixation est influencée par le statut grammatical des mots : les déterminants et les prépositions, qui sont des mots courts fréquemment employés dans la langue, sont fixés peu ;longtemps, vu le contenu informationnel plus limité qu’ils véhiculent. À l’inverse, les verbes et les noms — des mots qui contiennent des informations essentielles pour comprendre le sens d’une phrase — sont fixés plus longtemps, les premiers l’étant encore davantage que les seconds. Il en va de même des mots polysémiques ou dont la présence est imprévisible dans le contexte ainsi que des anaphores (ensemble de vers ou de phrases qui commencent par le même mot ou par le même syntagme). Par exemple, la lecture d'un passage comme « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »[34] entraîne des durées de fixation plus longues, car nécessitant une prise de décision lexicale[35].
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+ Dans une tâche de décision lexicale, le lecteur doit décider le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si la suite de lettres qui lui est présentée est un mot de sa langue ou non; les temps de réponses et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique très utilisée présente l’avantage de permettre à l’expérimentateur de manipuler les caractéristiques physiques et linguistiques du stimulus (sa longueur, sa fréquence, sa complexité morphologique ou sémantique, etc.) et de mesurer l’impact de ces manipulations sur la performance en lecture[10].
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+ Dans une tâche de lecture à voix haute demandant une prononciation immédiate, un lecteur est appelé à prononcer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, un mot présenté sur un écran d’ordinateur. Durant cette tâche, les latences de prononciation (temps écoulé entre la présentation du mot et le début de la réponse verbale) et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique de chronométrie mentale est la seule à faire appel à la fois à des processus perceptifs (lecture) et à des processus de production (prononciation). Pour distinguer la contribution des deux processus, une tâche de prononciation différée est souvent effectuée en complémentarité avec la tâche de prononciation immédiate. Dans la tâche de prononciation différée, le lecteur doit retenir le mot qui lui est présenté jusqu’à ce qu’un signal visuel apparaisse (de 500 millisecondes à 1,5 seconde après la présentation du stimulus), lui indiquant le moment où il doit donner sa réponse verbale. Les résultats obtenus dans la tâche de prononciation différée sont ensuite comparés avec les résultats obtenus dans la tâche de prononciation immédiate et certaines conclusions peuvent être tirées : si une différence entre deux types de mots (par exemple entre les mots de haute et de basse fréquence) est observée uniquement dans la tâche de prononciation immédiate, mais pas dans la tâche de prononciation différée, celle-ci sera attribuée aux processus de perception et d’identification; à l’inverse, si la différence est présente dans les deux tâches, elle sera attribuée aux processus de prononciation et d’articulation[10].
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+
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+ La tâche d’identification perceptive consiste à présenter très brièvement au lecteur un mot dégradé visuellement et à lui demander de l’identifier. Les variables mesurées dans cette tâche sont le pourcentage d’identifications correctes ainsi que le temps d’identification. Les études employant cette tâche aident à mieux comprendre le processus de codage et d’identification visuelle des mots[10].
84
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+ Dans une tâche de catégorisation sémantique, le lecteur doit déterminer si un mot appartient ou non à une catégorie sémantique prédéterminée. La tâche se déroule de sorte que le nom d’une catégorie sémantique comme « FLEUR » est présentée au sujet suivie d’un mot tel que « rose »; le sujet doit alors déterminer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si le second mot appartient ou non à la catégorie sémantique présentée précédemment. Comme cette tâche met l’accent sur l’information sémantique, elle est fréquemment utilisée pour étudier l'encodage en mémoire des informations lues. Il est toutefois à noter que cette tâche comporte plusieurs désavantages comme celui de confondre les processus de perception et d’identification avec les processus de jugement sémantique, de créer des effets d’amorçage qui ne sont pas pris en compte dans les données et de mesurer autre chose que le simple accès à la signification du mot. Cette technique doit donc être employée en toute connaissance de cause et en prenant les précautions nécessaires pour minimiser les inconvénients qui y sont liés (voir Forster et Shen pour plus de détails)[10],[36].
86
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+ La technique de la neuropsychologie cognitive appliquée à la lecture consiste à tenter de lier les problèmes de lecture observés chez les patients cérébrolésés à leurs atteintes anatomiques. Un concept souvent utilisé pour y parvenir est le concept de la double dissociation. De façon générale, ce concept employé dans plusieurs domaines d’études dit que si une manipulation expérimentale A affecte une variable X, mais non une variable Y et qu’une manipulation expérimentale B affecte la variable Y, mais non la variable X, il est possible de conclure que les variable X et Y sont indépendantes l’une de l’autre. Dans l’étude des lésions cérébrales, la double dissociation prend le plus souvent la forme d’une démonstration que la lésion d’une structure A du cerveau est associée au déficit d’une fonction X (ex. la lecture des non-mots), mais non au déficit d’une fonction Y (ex. la lecture des mots irréguliers), tandis que la lésion d’une structure B du cerveau est associée à un déficit de la fonction Y, mais non de la fonction X, ce qui nous permet de conclure à la fois que la fonction X et Y sont distinctes et qu’elles sont localisées dans des portions différentes du cerveau. Cette technique est très utilisée pour identifier les régions cérébrales impliquées dans le processus de lecture et pour tester et raffiner les modèles théoriques de la lecture, la neuropsychologie cognitive ayant notamment servi à appuyer l’existence du modèle de la lecture à deux voies de Coltheart[10].
88
+
89
+ L'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis de déterminer le rôle des aires cérébrales impliquées dans le découpage phonologique et dans le stockage de l'information sonore en mémoire, ce qui a mené à l’établissement de liens entre les structures anatomiques et la performance en lecture. L'imagerie cérébrale a notamment permis de découvrir qu'un problème de connexion entre les régions cérébrales affecte la capacité à discriminer les sons, ce qui se traduit par une modification anatomique plus ou moins visible, mais largement suffisante pour engendrer des difficultés lors de l'apprentissage de la lecture[35].
90
+
91
+ L’approche computationnelle permet de tester les modèles théoriques de la lecture en simulant des résultats expérimentaux sur ordinateur. Cette approche comporte de nombreux avantages : elle force le chercheur à expliciter ses hypothèses, elle permet de tester la cohérence interne d’un modèle théorique, elle peut prédire des effets cachés ou trop complexes pour être détectés par l’humain et elle permet finalement de tester rigoureusement plusieurs modèles en compétition. Il faut toutefois noter que l’approche computationnelle ne devrait jamais remplacer une collecte de données empirique sur des êtres humains, mais devrait plutôt la complémenter[10].
92
+
93
+ L’objectif principal de ces méthodes est de tester le contenu des représentations mentales construites par le lecteur durant sa lecture[37].
94
+
95
+ Dans cette méthode, le lecteur est appelé à identifier parmi les mots ou les phrases qu’on lui présente, ceux qu’il a préalablement lus lors de la phase préparatoire de l’exercice. On calcule ensuite le pourcentage de bonnes réponses[37].
96
+
97
+ Dans la méthode de rappel, le lecteur doit écrire ou mentionner ce dont il se souvient par rapport à tel ou tel autre aspect d’une histoire qu’on lui a préalablement demandé de lire. Une difficulté rencontrée avec cette méthode est de déterminer des critères de correction à la fois rigoureux et inclusifs, étant donné la diversité de réponses possibles[37].
98
+
99
+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de compléter une phrase par le mot le plus approprié, que ce soit un mot de son cru ou un mot parmi une liste de suggestions[37].
100
+
101
+ Dans cette méthode, le lecteur doit résumer dans ses propres mots un texte qu’il a lu. Cette technique a aujourd’hui été abandonnée vu les énormes difficultés de correction liées à la variabilité des réponses données par les lecteurs[37].
102
+
103
+ Cette méthode consiste à poser au lecteur différentes questions sur un texte qu’il vient de lire. Le plus souvent, le temps de latence, c'est-à-dire le temps nécessaire pour répondre à la question, est mesuré, ce qui permet de déterminer le degré de maîtrise du texte par le lecteur. On observe également que lorsque les questions sont posées pendant la lecture du texte, le lecteur comprend mieux le texte et s’en souvient mieux par la suite. Devoir répondre à des questions durant sa lecture permettrait également au lecteur d’orienter le traitement du texte qu’il est train de lire. Cette méthode est l’une des plus simples à utiliser et elle a l’avantage de pouvoir porter sur différents aspects du texte[37].
104
+
105
+ Cette tâche vise à tester les représentations spatiales que le lecteur a élaborées au cours de sa lecture. Durant cette tâche, le lecteur doit soit situer sur un plan les objets et le personnage principal de l’histoire, soit décrire les déplacements effectués par le personnage durant l’histoire ou encore dessiner les lieux et/ou les déplacements décrits dans le texte. Le temps de latence est mesuré pour chaque réponse et le degré de précision des réponses est évalué[37].
106
+
107
+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de réaliser les actions motrices décrites dans un texte. Par exemple, le lecteur pourrait devoir suivre le mode d'emploi pour réparer quelque chose. La rapidité de réalisation de la tâche, le respect de l'ordre des différentes étapes, le genre de manipulations effectuées et le nombre d'erreurs sont les variables qui sont considérées dans cette méthode[37].
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+ Arabie saouditeRoyaume d'Arabie saoudite
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+
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+ (ar) المملكة العربية السعودية / al-mamlaka al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya
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+
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+ 24° 42′ N, 46° 43′ E
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+ modifier
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+
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+ Vous pouvez corriger ou créer la discussion.
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+ L'Arabie saoudite ou Arabie séoudite (en arabe : العربيّة السّعودية, al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya?), nommée également le royaume d'Arabie saoudite (en arabe : المملكة العربيّة السّعودية, al-mamlaka al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya?), est une monarchie absolue islamique dirigée par la dynastie des Saoud, depuis sa création en 1932 par Abdelaziz ibn Saoud[11]. Peuplée de 33 millions d'habitants, occupant 80 % de la péninsule Arabique, c'est le plus grand pays du Moyen-Orient avec une superficie de plus de deux millions de kilomètres carrés, et le deuxième plus grand des pays du monde arabe, après l'Algérie.
12
+
13
+ Le pays, dont la capitale est Riyad, a l'islam pour religion d'État et l'arabe pour langue officielle. Il abrite les deux plus grands lieux saints de l'islam : la mosquée al-Harâm (à La Mecque) et la mosquée du Prophète (à Médine).
14
+
15
+ L'Arabie saoudite est limitrophe de l’Irak au nord, du Koweït au nord-nord-est, du Bahreïn à l'est-nord-est, du Qatar et des Émirats arabes unis à l'est, d’Oman à l'est-sud-est, du Yémen au sud-sud-est et de la Jordanie au nord-ouest ; elle est bordée par la mer Rouge à l'ouest-sud-ouest et le golfe Persique à l'est-nord-est.
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+
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+ En 2000, l'Arabie saoudite et le Yémen ont signé un accord afin de concrétiser leur frontière commune, source de discorde jusque-là. À l'est-sud-est, une grande partie des frontières avec les Émirats arabes unis et Oman n'est pas clairement établie, d'où la difficulté de calculer correctement la superficie du Royaume saoudien. Le gouvernement annonce 2 217 949 km2 tandis que d'autres estimations varient de 1 960 582 jusqu'à 2 240 000 km2. Cependant le pays est considéré comme le treizième au monde par sa superficie.
18
+
19
+ Depuis la région côtière occidentale Tihama, les terres s'élèvent depuis les montagnes du Hedjaz au-dessus desquelles s'étend le plateau de Nejd, dans la partie la plus centrale. La région du sud, Asir, possède des montagnes s'élevant jusqu'à 3 000 mètres et est réputée pour avoir le climat le plus frais et le plus humide du pays. L'Est est, quant à lui, plutôt rocailleux avec des étendues de sable en continuité jusqu'au golfe Persique. L'hostile Rub' al Khali (le « Quart Vide ») est un désert s'étendant dans le sud du pays.
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21
+ Relativement peu peuplées, la plupart des terres varient entre désert et zone semi-aride, occupées par une traditionnelle population bédouine. La végétation s'y limite à de maigres plantes et autres herbes. Moins de 2 % des terres sont cultivables. Le centre de population est principalement situé le long des côtes est et ouest, malgré quelques oasis densément peuplées à l'intérieur du pays, telles Al-Hufuf et Buraydah. Le reste du pays compte très peu d'habitants bien que l'industrie pétrolière y ait bâti quelques communautés artificielles. L'Arabie saoudite n'a aucun lac ou rivière permanente, bien que sa grande ligne côtière s'étende sur 2 640 km de la mer Rouge au golfe Persique, offrant de nombreux récifs de coraux et une large biodiversité côtière et aquatique.
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23
+ Alors que le terme « Arabie » désigne la péninsule arabique dans son ensemble, l'adjectif « saoudite » évoque les Al Saoud, et en particulier Abdelaziz ibn Saoud dit « Ibn Saoud », qui reconquit ce pays au profit de sa famille en 1932 et en fit le « Royaume arabe saoudien » (en arabe al-Mamlakat al-°Arabīyat as-Sa°ūdīyat ; المملكة العربية السعودية), en français le « royaume d'Arabie saoudite »[12], ou en plus court السعودية (es-saoudia), que l'on pourrait traduire par la « Saoudite » ou la « Saoudie ». « Saoud » se réfère ici à Saoud ben Mohammed Al Mouqrin, le père de Mohammed Ibn Saoud, patriarche de la famille et fondateur en 1744[13] du premier État saoudien.
24
+
25
+ En français, les orthographes « séoudite » (à la place de « saoudite ») et « Séoud » (au lieu de « Saoud ») fréquentes autrefois, se sont raréfiées sous l'influence de règles de transcription anglophones[14]. Par ailleurs, la transcription « saoudite » est conforme à la norme ISO 233 et à la norme DIN 31635 qui transcrivent par un /a/ la voyelle fatha / َ / que l'on trouve dans le mot sa'ûd (سَعود). On peut aussi relever que le moteur de recherche Google corrige automatiquement la recherche « séoudite » en « saoudite »[réf. nécessaire]. En revanche, on continue à trouver le nom du fondateur de la dynastie orthographié Ibn Séoud, à côté de Ibn Saoud.
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27
+ L'adjectif qualificatif « saoudite » ou « séoudite » s'écrit sans majuscule selon :
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+ Cependant, on le trouve écrit « Arabie Saoudite » dans le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale (3e édition, 1990).
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31
+ L’Arabie saoudite a globalement un climat désertique, avec des températures diurnes très élevées et une forte baisse de la température pendant la nuit. Les températures estivales moyennes sont d'environ 45 °C, mais peuvent atteindre 54 °C. En hiver, la température descend rarement en dessous de 0 °C. Au printemps et en automne, la chaleur est tempérée, avec des températures moyennes autour de 29 °C. Les précipitations annuelles sont extrêmement faibles.
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33
+ La région de l'Asir diffère, en raison de la mousson de l'océan Indien qui, généralement entre octobre et mars, donne une pluviométrie moyenne de 300 millimètres, soit environ 60 % des précipitations annuelles.
34
+
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+ La côte ouest du pays, sur la mer Rouge, a un climat subtropical. Dans la zone centrale, autour de Djeddah et La Mecque, les étés sont très chauds avec un degré d'humidité très élevé, alors que les hivers sont modérés avec une humidité basse. Cette région reçoit des pluies légères mais soudaines, parfois accompagnées d'orages de novembre à février. Au printemps et en automne, les pluies sont rares. Les vents du sud occasionnels durant l'hiver entraînent des tempêtes de sable et de pluie, provoquant des inondations dans les vallées ce qui cause de nombreux dommages aux populations nomades ou semi-nomades qui y résident.
36
+
37
+ En été, les moyennes de température sont de 45 °C, alors qu'en hiver, elles avoisinent 10 °C. Le 1er août 1996, une température de 49,6 °C a été enregistrée à La Mecque. Le 26 janvier 1997, à Taëf, un minimum de −1,5 °C a été constaté[19][source insuffisante].
38
+
39
+ La faune comprend des mammifères comme : des loups, des hyènes, des mangoustes, des babouins, des lièvres, des rats des sables et des gerboises. Les plus gros animaux sont les gazelles, les oryx et les léopards qui, relativement nombreux avant les années 1950, sont actuellement des espèces en voie de disparition, à cause de la chasse en véhicules motorisés.
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+ Parmi les oiseaux les plus courants, on trouve les faucons (qui sont capturés et entraînés pour la chasse), les aigles, les vautours, les gangas et les bulbuls.
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+ Il existe plusieurs espèces de serpents, dont beaucoup sont venimeux, et de nombreux types de lézards.
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+ La vie marine, dans le golfe Persique, est variée, avec une réserve de dugongs sur la mer Rouge.
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+ Les animaux domestiques sont les dromadaires, les moutons, les chèvres, les ânes et les poules.
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+ En raison du climat, la vie végétale naturelle de l'Arabie saoudite se compose essentiellement de petites herbes et d'arbustes nécessitant peu d'eau. On note cependant quelques petites zones herbeuses et des arbres dans le sud de l'Asir. Le palmier dattier (Phoenix dactylifera) y est très répandu.
50
+
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+ Un nombre important de zones naturelles, terrestres et marines, sont protégées.
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53
+ L'Arabie saoudite est divisée en 13 provinces (mintaqah idāriyya en arabe, expression qui se traduit littéralement par « région administrative », dont la forme au pluriel est manatiq idāriyya).
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+
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+ Les provinces sont divisées en 118 gouvernorats (arabe : محافظات, muhafazat au pluriel, muhafazah singulier), dont les capitales provinciales, qui ont un statut différent des municipalités (intègres), sont dirigées par des maires (amin).
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+ Les gouvernorats sont subdivisés en sous-gouvernorats (marakiz, au pluriel markaz).
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+ Médine.
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+ Al Qasim.
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63
+ Haïl.
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+ Asir.
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+ Tabuk.
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+ Najran.
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+ La Mecque.
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+ Jizan.
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+ Le premier État saoudien est constitué aux alentours de 1744. Un chef tribal local, Mohammed Ibn Saoud, s'associe avec un prédicateur religieux, Mohammed ben Abdelwahhab ; ensemble, ils fondent le wahhabisme.
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+ La famille Al Saoud et le royaume connaissent ensuite des confrontations augmentant ou réduisant leur pouvoir en fonction des accords et désaccords avec l'Égypte, l'Empire ottoman et d'autres pays arabes pour le contrôle de la péninsule. Trop instable, le royaume finit par disparaître en 1818.
78
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+ Un second État saoudien est fondé six années plus tard en 1824, mais disparaît en 1891.
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+ Dans la nuit du 15 au 16 janvier 1902, Abdelaziz ibn Saoud, souhaitant restaurer l'ancien État de son aïeul, s'empare de Riyad, alors occupée par la famille rivale Al Rachid, originaire de Haïl. En 1904, il s'empare de l'oasis de Buraydah, capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Abdelaziz fonde vers 1912, avec l'appui des bédouins, l'ordre des Ikhwâns (« frères ») qui lui permet d'agrandir son domaine[20]. Les Ikhwâns sont progressivement installés dans environ deux cents tentes (les hujjar). En 1913, Abdelaziz s'empare de la province de Al-Hassa, dans l'est, dont la majorité de la population est chiite. Son poids politique est reconnu par les Ottomans en mai 1914 lorsque ceux-ci le nomment wali du Nejd.
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+ Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Abdelaziz se rapproche graduellement des Britanniques. Un traité de protection est signé avec ces derniers en 1915.
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+ Profitant de la dislocation de l'Empire ottoman et de la faiblesse des États arabes qui se constituent pendant le conflit mondial, il fait la conquête par la force en 1924-1925 du Hedjaz, un État comprenant les villes de La Mecque et de Médine, en s'en emparant il met fin à près d'un millénaire de chérifat hachémite, la lignée des descendants du grand-père du prophète. Il finit par se faire reconnaître roi du Hedjaz, en 1927.
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+ L'État ainsi constitué est consolidé par Abdelaziz Al Saoud pour devenir un pays puissant et surtout acteur de la scène internationale. Cet arrêt des conquêtes le brouille avec ses alliés ikhwâns, qui voudraient poursuivre la conquête pour étendre les frontières à toute la communauté des croyants. L'appui des oulémas, essentiellement par une fatwa de 1927, profite à Abdelaziz : ils décrètent qu'il est interdit de se révolter contre le détenteur du pouvoir. Dès lors, il devient licite de faire la guerre contre les Ikhwâns, qui sont écrasés en 1929.
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+ L'Arabie saoudite est fondée officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz. Abdelaziz ibn Saoud (Ibn Saoud) en devient le roi. Les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud firent 500 000 morts entre 1901 et 1932[21].
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+ La découverte de pétrole en mars 1938 transforme le pays sur le plan économique et marque le début d'une alliance stratégique avec les États-Unis, concrétisée par le Pacte du Quincy. En échange d'un accès au pétrole, les États-Unis s'engagent à protéger militairement la dynastie des Saoud. Cette alliance se révèlera d'autant plus durable que le pays se présente comme un allié de poids face à la montée des nationalistes arabes dans les années 1950-1960 soutenus par l'Union soviétique[22].
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+ Abdelaziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies, ce qui se traduit concrètement par un confort matériel pour les Saoudiens, mais sans changement des mentalités. Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en 1953, lui succèdent ses fils — Saoud ben Abdelaziz, Fayçal ben Abdelaziz, Khaled ben Abdelaziz, Fahd ben Abdelaziz, Abdallah ben Abdelaziz et depuis 2015 le roi Salmane ben Abdelaziz.
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+ En 1973, l'Arabie saoudite est le leader du cartel des pays pétroliers, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et son ministre du Pétrole et des Ressources minérales Ahmed Zaki Yamani, diplômé de Harvard, est la tête pensante du quadruplement du prix du pétrole qui fait soudain de l'Arabie saoudite une super-puissance financière.
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+ La rapide augmentation des recettes saoudiennes au début des années 1980, qui passent de 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981, permet également au pays qui est le «berceau» du wahhabisme d'exporter sa doctrine religieuse sous la forme du salafisme. Cette politique extérieure se manifeste dans la lutte organisée contre l'Union soviétique dans le conflit afghan en accord avec l'allié américain[22], mais également dans le soutien financier de nombreuses organisations islamiques à travers le monde dans les années 2000-2015[23].
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+ Dans les années 1980, la prise de la Grande Mosquée de La Mecque met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la Muttawa, est mise en place, s'assurant que tout ce qui se passe dans le royaume n'enfreint pas les règles de l'islam. Les nouvelles technologies sont encadrées, la musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle est accentuée, et le port du voile intégral obligatoire.
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+ L'Arabie saoudite est une monarchie absolue islamique, contrôlée par les familles Saoud et Wahhab qui sont liées par le mariage.
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+ Pour le politologue Riadh Sidaoui, les deux dynasties du Nejd sont les «deux faces d’une même pièce»[24].
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+ Pour Nabil Mouline, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Arabie saoudite, le système successoral saoudien est de type adelphique, c'est-à-dire entre frères[25]. Toutefois, la transmission de la couronne demeure quelque peu aléatoire puisque le roi n'est pas nécessairement l'aîné : « Chaque roi potentiel est à la tête d’une faction, dont la puissance est déterminée par la force de son clientélisme, son soutien dans les forces armées et ses appuis dans le monde religieux et intellectuel[26]. »
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+ La loi fondamentale de l'Arabie saoudite définit le Coran comme constitution du pays et codifie depuis 1992 les règles d'organisation gouvernementale déjà existantes[27]. Le Conseil des oulémas et le Comité permanent des recherches islamiques et de la délivrance des fatwas sont compétents pour l'interprétation des règles religieuses. Aucune manifestation ou culte d'une autre religion ne sont acceptés, et ceux qui expriment à ce titre une opinion différente sont déclarés apostats et passibles de la peine de mort. La liberté de religion de la population non-musulmane d'origine y est très restreinte et doit s'exercer exclusivement dans le domaine privé. Une assemblée consultative existe.
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+ Depuis la fondation de l'État en 1932 par Abdelaziz ibn Saoud, le royaume a été gouverné par sept monarques.
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+ En novembre 1995, après un accident vasculaire cérébral du roi Fahd, en tant que prince héritier, Abdallah a pris de facto la direction de l'État. Il devient roi en 2005 après le décès de ce dernier.
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+ Le 4 novembre 2014, l'Arabie saoudite, confrontée à un ralentissement de son économie (basée en grande partie sur le pétrole) et à une recrudescence de son taux de chômage (30 % de sa population active), décide d'expulser des centaines de milliers de travailleurs étrangers[28],[29].
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+ En janvier 2015, Salmane succède à son demi-frère Abdallah, décédé.
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+ L'Arabie saoudite est l'une des puissances régionales au Moyen-Orient. En tant que gardienne des lieux saints de l'islam, elle jouit d'un grand prestige dans l'ensemble du monde musulman et diffuse le wahhabisme partout dans le monde. Elle rassemble autour d'elle la plupart des pays arabes à majorité sunnite dans une alliance contre l'Iran, où domine le chiisme, et ses alliés. L'Arabie saoudite bénéficie de revenus financiers considérables qu'elle tire de sa richesse en pétrole, dont elle est le premier pays exportateur au monde, et en gaz naturel. La rente pétrolière est la source de sa puissance, mais elle la rend dépendante aux variations du cours du baril et l'oblige à une alliance avec les États-Unis pour assurer la sécurité de l'approvisionnement en hydrocarbures dont les puissances économiques mondiales sont presque toutes très dépendantes[30].
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+ L'historien britannique Charles Allen a chiffré que depuis 1979, les autorités saoudiennes ont consacré plus de 70 milliards de dollars à la diffusion de leur idéologie[31], le wahhabisme, l'une des formes les plus rigoristes de l'islam sunnite. Ce financement a été rendu possible par les réserves de pétrole du pays et le soutien des États-Unis et de l'Europe qui dépendent de ces réserves pour le fonctionnement de leur économie[32].
120
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121
+ Dans une série d'entretiens en forme de bilan avec le magazine The Atlantic paru en avril 2016, le président américain Barack Obama a déclaré, selon Jeffrey Goldberg, que l'Arabie saoudite « propage l’extrémisme qui a généré le terrorisme » et expliqué comment l’Indonésie, notamment, « d’État musulman et tolérant, est devenu un pays extrémiste, à cause du financement par l’Arabie saoudite des mouvements fanatiques et des écoles wahhabites »[33],[34]. À la suite de ces propos peu diplomatiques, la maison royale saoudienne s'est dite « offensée »[35].
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+ Le 6 décembre 2015, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a estimé que l'Arabie saoudite devait cesser le financement des mosquées salafistes en Allemagne qui ne « sont pas moins dangereuses que les extrémistes de droite »[36].
124
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+ Initialement, l'Arabie saoudite entretient de bonnes relations avec les Frères musulmans[37]. La rupture se produit en 1991, lorsque la confrérie dénonce l'alliance saoudienne avec les États-Unis lors de la Guerre du Golfe[37],[38].
126
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127
+ À partir de 1993, la monarchie saoudienne tente un rapprochement avec sa minorité chiite[37]. En 2005, des partis religieux chiites sont autorisés à présenter des candidats aux élections[37]. Cependant, les chiites restent victimes de discriminations et cette période d'ouverture prend fin avec la répression du soulèvement bahreïnien et le début de la guerre civile syrienne en 2011[37].
128
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129
+ À l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, la dynastie des Saoud au pouvoir est contestée par les salafistes djihadistes qui rejettent la monarchie et réclament une théocratie pure[37],[39]. Ces derniers renient même leur citoyenneté saoudienne pour se revendiquer « jaziri » (de la péninsule arabique). À partir de 2003, le royaume est aux prises avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui commet plusieurs attentats et assassinats, mais finit par être repoussé au Yémen[39].
130
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+ En 2007, lors de la guerre d'Irak, l'Arabie saoudite joue un rôle déterminant dans la création et le financement des Sahwa, des milices sunnites qui contribuent à marginaliser les djihadistes de l'État islamique d'Irak et à instaurer jusqu'en 2011 une relative accalmie en Irak[39],[40]. Mais le 8 mars 2014, Nouri al-Maliki, alors Premier ministre irakien, proche allié de l'Iran, accuse l'Arabie saoudite et le Qatar de fournir un soutien politique, financier et médiatique aux groupes d'insurgés comme Daech, Front al-Nosra, Al-Qaïda, etc, allant même jusqu'à « acheter des armes au bénéfice de ces organisations terroristes » pour conclure en droit international que : « Ils attaquent l'Irak, via la Syrie, et de manière directe, ils ont déclaré la guerre à l'Irak »[41].
132
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+ Bien qu'hostile aux révolutions du Printemps arabe, l'Arabie saoudite commence à soutenir les rebelles en Syrie, quelques mois après le début de la guerre civile syrienne[42]. Le royaume tient notamment à contenir l'influence de l'Iran, son principal rival dans la région. Il s'appuie sur les conservateurs, les officiers déserteurs, les tribus et les libéraux[43],[44], et soutient des groupes salafistes, notamment Jaych al-Islam, ainsi que l'Armée syrienne libre et des groupes modérés, en revanche, il s'oppose aux Frères musulmans[42],[44],[37]. Cependant, des milliers de Saoudiens partent combattre en Syrie et des groupes djihadistes comme l'État islamique ou le Front al-Nosra bénéficient de soutiens financiers venus d'acteurs privés, d'associations, ou d'hommes d'affaires, parfois liés à certains membres de la famille royale, qui profitent d'un certain laisser-faire de l'État[45],[46]. Selon le chercheur Pierre-Jean Luizard, au sein même de la famille royale, certaines branches s'estimant lésées font allégeance à l'État islamique[47]. En 2014 et 2015, l'hebdomadaire britannique The Economist et l'institut Soufan group estiment que 2 500 Saoudiens ont rejoint des groupes djihadistes en Syrie et en Irak, principalement l'État islamique[48],[49]. L'Arabie saoudite finit par s'inquiéter de la montée en puissance des salafistes djihadistes, qui contestent la légitimité de la dynastie saoudienne, et redoute qu'ils ne puissent bénéficier d'une certaine attractivité aux yeux d'une partie de la population saoudienne, ce qui pourrait déstabiliser le royaume[44],[37]. En mars 2013 les départs de combattants pour la Syrie sont rendus illégaux par le ministère de l'Intérieur dirigé par le prince Mohammed ben Nayef Al Saoud[42]. En février 2014, le Royaume saoudien classe le Front al-Nosra et l'État islamique comme organisations terroristes et interdit tout soutien ou financement à ces groupes[42],[46]. En septembre 2014, Riyad rejoint la coalition internationale contre l'EI.
134
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135
+ Dans une vidéo publiée le 26 décembre 2015, Abou Bakr al-Baghdadi, le « calife » de l'État islamique, appelle à des soulèvements en Arabie saoudite[50],[51]. De juin 2014 à novembre 2015, l'État islamique mène 7 attentats en Arabie saoudite qui font 88 morts[52]. Le Ministre saoudien de l'Intérieur Mohammed ben Nayef Al Saoud, responsable de la lutte anti-terroriste, est la cible de quatre tentatives d'assassinats de 2004 à 2015, dont un attentat-suicide d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique en 2009[53].
136
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+ Pour le politologue François Burgat : « le ressort de la politique de l’Arabie saoudite n’est pas idéologique. Arrêtons de penser que ce pays n’a qu’un rêve consistant à vouloir exporter son wahhabisme. Les Saoudiens n’ont qu’un rêve en se réveillant le matin : garder le pouvoir à n’importe quel prix, au prix de n’importe quelle concession idéologique, à savoir en étant capable de prendre appui sur des acteurs qui, sur le papier, leur sont hostiles ». Selon lui, plus que par l'Iran et les chiites, l'Arabie saoudite s'estime menacée principalement par son opposition : les « modérés » (Al-Islah, l'organisation yéménite apparentée aux Frères musulmans) et les radicaux[54].
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+ En Égypte, l'Arabie saoudite approuve le coup d'État mené le 3 juillet 2013 par l'armée qui porte au pouvoir le général Abdel Fattah al-Sissi et renverse le président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans[55].
140
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+ Le 7 mai 2014, le roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud fait inscrire les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes, mais son successeur, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, se montre plus conciliant à leur égard[56].
142
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+ Le journaliste Alain Gresh note qu'à partir de 2016 l'Arabie saoudite se rapproche à petits pas des Frères musulmans : « Prudemment, parce que, à terme, les Frères restent un danger, notamment à l’intérieur du royaume ; avec détermination, car la menace iranienne est prioritaire à court et moyen terme »[57].
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+ À partir de 2015, l'Arabie saoudite concentre ses efforts au Yémen, où elle intervient militairement contre les Houthis, alliés de l'Iran[42],[46],[58]. En janvier 2015, Mohammed ben Salmane est nommé ministre de la Défense. Il décide de conduire des opérations militaires au Yémen contre les rebelles houthistes afin de limiter l'influence iranienne dans le pays[59]. En décembre 2015, dans une déclaration publique, les services de renseignement allemands ont exprimé leur inquiétude devant la nouvelle politique étrangère du jeune prince héritier, soulignant la façon dont la « position diplomatique jusqu'ici prudente des chefs aînés de la famille royale est remplacée par une politique interventionniste impulsive » et présente un danger pour la stabilité de la région[60].
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+ En mars 2016, le royaume wahhabite désigne le Hezbollah comme organisation terroriste et remet en cause une aide financière de quatre milliards de dollars aux forces armées libanaises[61].
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+ Selon Ali Al-Ahmad, directeur du Institute for Gulf Affairs (en), basé à Washington, « Les Saoudiens sont extrêmement inquiets. Le point de départ d'une éventuelle révolution sera probablement un club de foot plutôt qu'une mosquée »[62].
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+ Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite accuse le Royaume qatari de complaisance avec l'Iran, le Hamas, le Hezbollah et de « soutenir le terrorisme » et d'avoir des liens avec les Houthis, Al-Qaïda, l'État islamique et les Frères musulmans, groupements classés « terroriste » par l'Arabie saoudite. Riyad décide de sanctionner Doha et, le 5 juin 2017, le gouvernement saoudien rompt ses relations diplomatiques avec le Qatar et ferme sa frontière avec l'émirat[63]. Ses alliés, les Émirats arabes unis, Bahreïn, Yémen et Égypte feront de même[64].
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+ Il s'en suit alors une crise diplomatique : expulsion des nationaux qataris du territoire saoudien, et en septembre 2017, une vague d'arrestations de journalistes, intellectuels, politiques (dont le conseiller du gouvernement saoudien, Issam Al Zamel), universitaires, chercheurs ou écrivains qui seraient proches des mouvances islamistes « pro-Qatar », accusés d'avoir maintenu « le silence sur le Qatar » et de « non-participation à la campagne médiatique contre le Qatar », faits qui sont récemment devenus des délits[65].
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+ Le pays pourrait construire le canal Salwa, qui transformerait le Qatar en île.
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+ Liée aux États-Unis depuis le pacte du Quincy en 1945, l'Arabie saoudite prend ses distances avec son allié américain au début des années 2010, en réponse à la non-intervention militaire du pays pendant la guerre civile syrienne et au rapprochement irano-américain qui fait suite à l'élection d'Hassan Rohani à la présidence de la République islamique. En conséquence, l'Arabie saoudite refuse son siège obtenu par l'élection du Conseil de sécurité des Nations unies de 2013[66].
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+ Il est à noter que 15 des 19 pirates de l'air, lors des attentats du 11 septembre 2001, étaient des sujets du roi d'Arabie saoudite[67]. Selon Bob Graham, ancien vice-président de la commission d'enquête parlementaire sur le 11 septembre, les 28 pages classifiées du rapport publié en 2002, intitulées « éléments, discussion et récit concernant certains sujets sensibles de sécurité nationale », mettraient en cause le consulat saoudien à Los Angeles, l'ambassade d'Arabie saoudite à Washington ainsi que de riches Saoudiens installés à Sarasota en Floride[68]. Et de conclure : « Pour moi, nous avons montré que quoi qu'ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir Al-Qaïda, puis plus récemment dans l'appui économique et idéologique à l'État islamique (Daech). C'est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d'extrémisme qui a frappé Paris (attentats contre Charlie Hebdo)[69]». En avril 2016, Bob Graham a déclaré sur la chaîne de télévision Fox News qu'il aurait reçu un coup de fil de la Maison blanche l'informant de la décision du président américain de déclassifier les 28 pages litigieuses sous 60 jours[70]. Selon le New York Times, l'Arabie saoudite menacerait de vendre des « centaines de milliards de dollars de titres américains si le Congrès adoptait un projet de loi qui permettrait de rendre responsable le gouvernement du Royaume arabe devant les tribunaux américains de leur éventuel rôle lors des attaques du 11 septembre 2001 »[71],[72]. Pour la première fois, en mai 2016, le Département du Trésor des États-Unis a dévoilé que le montant des bons du trésor détenus par l'Arabie saoudite s'élèveraient seulement à 117 milliards de dollars, ce qui en ferait le treizième adjudicataire très loin derrière la Chine et le Japon[73]. Par ailleurs, les sénateurs américains ont approuvé à l'unanimité la proposition de loi autorisant les victimes du 11 septembre 2001 à poursuivre l'Arabie saoudite[74]. En juillet 2016, le Congrès des États-Unis a publié un document de 28 pages crédibilisant les accusations[75] de Zacarias Moussaoui, qualifié de « dérangé » par l'Arabie saoudite[76],[77] :
160
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161
+ « [...] certains des pirates de l’air du 11 septembre étaient en contact avec des individus connectés avec le gouvernement saoudien qui leur apportaient de l’aide et du soutien [...] qu’au moins deux de ces individus ont été soupçonnés d’être des agents de renseignements saoudiens. »
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+ Une note de l'administration américaine datant de 2009 (et dévoilée par WikiLeaks un an après) avance que « les donateurs privés en Arabie saoudite demeurent la principale source mondiale de financement de groupes terroristes sunnites[78] ». Par ailleurs, deux articles, l'un paru dans The Daily Telegraph en septembre 2014, et l'autre dans Le Monde le 17 novembre 2015 (ce dernier étant un point de vue écrit par les historiens Sophie Bessis et Mohamed Harbi), affirment que l'Arabie saoudite serait, avec le Qatar et la Turquie, l'une des principales sources financières et militaires de l'extrémisme islamiste[79],[80],[81].
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+ Le 8 octobre 2012, Yves Bonnet, ancien patron de la DST, a affirmé : « On n'ose pas parler de l'Arabie saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d'alimenter de leurs fonds un certain nombre d'actions préoccupantes[82],[83].»
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+ Le 20 novembre 2015, dans une tribune publiée par le New York Times, le vainqueur du prix Goncourt du premier roman 2015, l'écrivain Kamel Daoud, visé par une fatwa, a affirmé que l'Arabie saoudite n'est qu'un « Daech qui a réussi » en sus d'être le principal « mécène idéologique de la culture islamiste ». Selon lui, pour lutter contre le terrorisme, l'Occident devrait enfin s'attaquer à « la cause » plutôt qu'à « l'effet »[84],[85].
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+ Pierre-Jean Luizard, historien et chercheur au CNRS, affirme en 2017 : « L'Etat qatari ne soutient pas plus le terrorisme que l'Etat saoudien : aucun des deux ne le fait de façon directe. Beaucoup de fonds privés venus d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis financent l'Etat islamique. [...] L'Arabie saoudite, elle, est gangrenée. La menace de la mouvance salafiste y est très présente, y compris dans les branches de la dynastie saoudienne. Il s'agit là d'une crise très grave du système saoudien »[86].
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+ Pour François Burgat, directeur de recherche à l'Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), ni le Qatar, ni l'Arabie saoudite ne soutiennent al-Qaïda ou l'État islamique : « Les dirigeants des monarchies pétrolières savent parfaitement qu’ils sont en tête de liste des cibles de Daech ou d’Al-Qaïda et aucun d’entre eux n’est suicidaire »[87].
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+ En 2015, Stéphane Lacroix, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), déclare : « Les princes saoudiens ne soutiennent plus les islamistes comme ils ont pu le faire jusqu'aux années 1990. Ils en ont même aujourd'hui une peur bleue, car ce sont les seuls à représenter un modèle concurrent aux Saoud, et donc à pouvoir déstabiliser la monarchie. L'Arabie saoudite est fondamentalement antirévolutionnaire. Au cours du Printemps arabe, elle a surtout soutenu le statu quo. [...] L'exception est la Syrie ». En Syrie, l'État saoudien a soutenu l'Armée syrienne libre, puis des islamistes nationalistes non-djihadistes. Cependant « en parallèle des financements étatiques, des oulémas n'appartenant pas à l'establishment officiel se sont rangés derrière des groupes politiques salafistes. Dès le début du conflit, ces religieux ont soutenu en Syrie le groupe Ahrar el Sham et le front Al-Nosra. Mais pour la plupart d'entre eux, ils ne soutiennent pas Daech. L'organisation État islamique est détestée d'eux, car elle prétend au leadership sur l'islam tout entier, ce qui est inacceptable pour ses concurrents. [...] Le pouvoir saoudien se méfie de ces oulémas islamistes, dont certains ont mené la contestation contre le régime dans les années 1990. Mais il ne peut se permettre de les envoyer en prison, le coût étant trop élevé en interne »[88].
174
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+ Afin de redorer son blason en France, l'Arabie saoudite aurait missionné quatre agences de communication et de relations presse françaises : Publicis, Image 7, Edile Consulting et une autre dont le nom n'a pas filtré[89],[90].
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+ L'Arabie saoudite consacre au budget militaire l'un des pourcentages les plus élevés du monde, ses dépenses militaires dépassant la barre des 10 % du PIB. Les forces armées saoudiennes se composent des Forces Terrestres Royales saoudiennes, de l'Air Force Royale Saoudienne, de la Marine Royale Saoudienne, de la Défense de l'Air royale saoudienne (en), de la Garde nationale de l'Arabie saoudite (en) (la SANG en anglais, un organisme indépendant de l'armée), et les forces paramilitaires, pour un total de près de 200 000 militaires en service actif. En 2005, les forces armées affichaient le personnel ci-après : pour l'armée de terre, 75 000 hommes ; pour l'armée de l'air, 18 000 hommes ; pour la marine, 15 500 hommes (dont 3 000 marins) ; et la SANG affichait 75 000 soldats actifs et 25 000 supplétifs tribaux. En outre, il y a le Al Mukhabarat Al Un'amah le service de renseignement militaire.
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+ Le royaume dispose d'une longue relation militaire avec le Pakistan, il a longtemps été avancé que l'Arabie saoudite aurait secrètement financé le programme nucléaire pakistanais et chercherait à acquérir des armes atomiques au Pakistan, dans un avenir proche. La SANG n'est pas une réserve, mais une force de première ligne pleinement opérationnelle, et est issue de la tribu militaro-religieuse des Saoud, les Ikhwan. Son existence perdure, quoiqu'elle soit présentée comme étant, de fait, l'armée privative de feu Abdallah depuis les années 1960 et, que contrairement au reste des forces armées, elle est indépendante du Ministère de la Défense et de l'Aviation. La SANG contrebalançait les factions Sudairi (en) dans la famille royale : le Prince Sultan, Ministre de la Défense et de l'Aviation, est l'un des soi-disant « Sept Sudairi » et contrôle le reste des forces armées[91].
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+ Les dépenses de défense et de sécurité de l'Arabie saoudite ont considérablement augmenté depuis le milieu des années 1990. Elles atteignaient environ 69,4 milliards de dollars en 2017, ce qui représente environ 10,3 % du produit intérieur brut et la classe au quatrième rang des pays qui dépensent le plus pour leurs forces armées. Son arsenal moderne de haute technologie fait de l'Arabie saoudite l'un des pays les plus puissamment armés du monde. Son équipement militaire est fourni principalement par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni[92].
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+ Les États-Unis ont vendu pour plus de 80 milliards de dollars de matériel militaire entre 1951 et 2006, aux forces armées saoudiennes. Le 20 octobre 2010, le Département d'État des États-Unis a notifié au Congrès son intention de conclure le plus grand marché de l'histoire américaine — une somme estimée à 60,5 milliards de dollars de commandes par le royaume d'Arabie saoudite. Le package constitue une amélioration considérable de la capacité offensive des forces armées saoudiennes. 2013 a vu les dépenses militaires saoudiennes s'élever à 67 milliards de dollars, dépassant celle du Royaume-Uni, de la France et du Japon au quatrième rang à l'échelle mondiale[93].
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+ Le Royaume-Uni a également été l'un des principaux fournisseurs d'équipements militaires à l'Arabie saoudite depuis 1965. Depuis 1985, le Royaume-Uni a fourni des avions militaires — notamment les avions de combat Tornado et l'Eurofighter Typhoon et d'autres équipements dans le cadre d'un contrat de long terme le marché militaire Al-Yamamah estimé à une valeur de 43 milliards de livres en 2006 et il est projeté un autre d'une valeur de 40 milliards de livres. En mai 2012, le géant britannique de la défense BAE a signé un marché de 1,9 milliard de livres (3 milliards de dollars) pour la fourniture de jets d'entraînement Hawk à l'Arabie saoudite[94].
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+ Selon le Stockholm International Peace Research Institute, le SIPRI, sur la période 2010-2014, l'Arabie saoudite est le deuxième plus grand importateur d'armes, recevant quatre fois plus d'armes majeures que sur la période 2005-2009. Les principales importations de 2010-2014 incluent 45 avions de combat du Royaume-Uni, 38 hélicoptères de combat des États-Unis, 4 avions ravitailleurs de l'Espagne et plus de 600 véhicules blindés du Canada. L'Arabie saoudite a une longue liste de commandes militaires en cours, dont 27 avions de combat supplémentaires du Royaume-Uni, 154 avions de combat des États-Unis et un grand nombre de véhicules blindés en provenance du Canada. L'Arabie saoudite a capté 41 % des exportations d'armes du Royaume-Uni, sur la période de 2010-2014.
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189
+ En dépit de ces dépenses militaires très importantes, pour le géopoliticien Renaud Girard, « son instrument militaire est extrêmement faible » comme le montrerait son incapacité de faire face aux rebelles houthistes au Yémen[95].
190
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+ Le 3 octobre 1988[96], l'Arabie saoudite a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, sans avoir pour autant signé le protocole additionnel de 1997 aux fins de vérification des accords de garantie[97].
192
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+ Toutefois, selon le Sunday Times, citant un haut responsable américain en mai 2015, l'Arabie saoudite, en parallèle avec l'Iran, aurait pris la décision stratégique d'acquérir des armes nucléaires au Pakistan[98]. En effet, pour la journaliste Dominique Lorentz, plus de doute, l'Iran est aujourd'hui une puissance nucléaire[99]. Or, dans ce cas de figure, Amos Yadlin (en), chef du renseignement militaire d’Israël, avait commenté que si l’Iran avait la bombe, « les Saoudiens n’attendront pas un mois. Ils ont déjà payé pour la bombe, ils iront au Pakistan et ils prendront ce dont ils ont besoin ». Dans ces conditions, toujours selon le Sunday Times, l’Arabie saoudite aurait donc demandé au Pakistan, dont elle finance depuis trente ans le programme nucléaire, un remboursement de sa dette sous la forme de bombes atomiques disponibles à volonté, mais dont le « produit fini » resterait stationné au Pakistan[100].
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195
+ Le 25 février 2016, le Parlement européen, lors d'une session plénière à Bruxelles, a adopté une résolution, à une large majorité des eurodéputés, pour un embargo sur les livraisons d'armes des pays de l'Union européenne à destination de l'Arabie saoudite[101]. Dans le même sens, le 15 mars 2016, le Parlement hollandais a adopté une résolution interdisant l'exportation d'armes vers l'Arabie saoudite[102].
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+ En 2015, l'Arabie saoudite affichait le troisième plus gros budget militaire avec 87,2 milliards de dollars, après les États-Unis (596 milliards de dollars) et la Chine (estimé à 215 milliards de dollars). Sur une période de dix ans (2006-2015), son budget a augmenté de +97 %. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), avec 2 778 dollars par habitant, l'Arabie saoudite est devenue la championne des dépenses militaires par habitant, devant Oman (2 574 dollars) et Israël (1 923 dollars)[103],[104]. Autre record mondial, l'Arabie saoudite consacre jusqu'à 13 % de son PIB pour le budget de la défense, lorsque la plupart des pays se bornent à dépenser entre 2 et 4 % de leur PIB[105].
198
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199
+ Le droit saoudien est officiellement fondé sur la charia. Toutefois, selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia)[108], il s'avère qu'en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, rétablir ou renforcer le patriarcat de la société[109].
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+ Pour la hedjazie Suhayla Zayn al-Abidin, le wahhabisme a servi à légitimer ce qui n’est rien d’autre que des coutumes locales najdies : « alors que l’islam a permis l’ijtihad (l’interprétation des textes) dans le but de s’adapter aux circonstances correspondant aux différents lieux et aux différentes époques, un groupe d’oulémas, qui n’est pas peu nombreux, s’est contenté de proclamer des interdictions au nom de sadd al-dharaʿi (« blocage des moyens », principe-clé du droit wahhabite). Ceux d’entre eux qui ont appliqué ce principe à la femme l’ont fait parce qu’ils la regardent avec des yeux païens (jahiliyya), et la traitent selon des coutumes et des traditions païennes, qui ne sont en rien une application de ce qu’a apporté l’islam » (in Al-Sharq al-Awsat, 30 mai 2004)[110].
202
+
203
+ L’assistance d'un avocat avant le procès et la représentation légale en salle est régulièrement déniée aux prévenus[111]. Les accusés sont parfois reconnus coupables sur la base d'« aveux » obtenus sous la torture ou les mauvais traitements. S'agissant des étrangers, beaucoup ne bénéficient pas de services de traduction adaptés durant leur procès et ont signé des documents – notamment des « aveux » – qu'ils ne comprennent pas[112].
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205
+ De nombreux crimes sont passibles de la peine de mort, comme l'homicide volontaire, le viol, le vol à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l'apostasie, le prosélytisme non-musulman, le trafic de stupéfiants, le sabotage, l'espionnage, la trahison ou la défiance vis-à-vis de la famille royale. En Arabie saoudite, les exécutés sont très généralement décapités au sabre, en particulier pour apostasie, ou lapidés pour l'adultère, rarement par d'autres méthodes comme la crucifixion ou l'arme à feu[113],[114]. Le fait de demander des réformes pour le pays est passible de prison[115]. Le fait de détenir des bouteilles de vin est passible de coups de fouet[116].
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+ Le fait de propager des contenus à caractère pornographique est passible de 5 ans de prison et d'une amende de 3 millions de riyals saoudiens, soit environ 700 000 euros[117]. Dans le cadre du programme de sécurité de la famille, une nouvelle loi de 2016 prévoit que le fait pour une femme de violer la vie privée de son mari en consultant son téléphone portable sans en avertir celui-ci ou sans son contentement (la réciproque n'étant pas vraie), est désormais passible de coups de fouet, d'une peine de prison ou d'une amende[118]. Par ailleurs, les étrangers jugés « trop beaux » (peu important qu'ils soient musulmans ou non) sont considérés par le comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice comme des « tentateurs » et font donc l'objet d'une mesure de reconduite à la frontière manu militari pour prévenir tout trouble à l'ordre public[119].
208
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209
+ Depuis le début de l'année 2016, les autorités ont fait exécuter plus de 90 personnes, criminels, opposants au régime ou manifestants laïcs (selon un décompte AFP sur la base d'annonces officielles). L'année 2015 constituait déjà un record en la matière avec pas moins de 153 exécutions, contre 90 exécutions en 2014[120], ce qui confirme le rythme « sans précédent » observé par Amnesty International[121]. Toujours en 2015, les autorités avaient publié une offre d'emploi pour recruter 8 bourreaux[122]. Pour James Lynch, directeur-adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, « Les autorités saoudiennes semblent déterminées à poursuivre cette vague d'exécutions. Les autorités saoudiennes invoquent la dissuasion pénale comme argument clé pour justifier la peine de mort. L'Arabie saoudite figure ainsi parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes avec la Chine, l'Iran, l'Irak et les États-Unis.
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+ Par ailleurs, l'abolition de l'esclavage en 1968 n'est que théorique, puisqu'il perdure de fait dans la péninsule arabique[123] sous des formes très diverses allant de l'esclave domestique à l'esclave sexuel.
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+ De nombreux colloques se sont tenus en Arabie saoudite pour condamner les attentats-suicides, l'agression physique des personnes civiles et les attentats du 11 septembre 2001, entre autres, comme contraires à l'islam[124]. Un décret royal de février 2014 punit de trois à vingt ans de prison toute « appartenance à des courants religieux ou intellectuels, à des groupes ou à des formations définis comme terroristes nationalement, régionalement ou internationalement ; tout appui quel qu’il soit à leur idéologie ou à leur vision, toute expression d’une quelconque sympathie avec eux », le mot « terrorisme » incluant l’athéisme et toute mise en cause des principes fondamentaux de la religion[125] ainsi que pour une femme enfreignant l'interdiction de conduire[126].
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+ Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le royaume wahhabite tolérait, dans les faits, l'homosexualité des Saoudiens qui n'étaient plus poursuivis à ce titre[127]. Toutefois, il est à noter qu'en mars 2016, des procureurs de la ville de Djeddah ont requis la peine de mort à l'encontre de Saoudiens qui avaient révélé leur homosexualité sur Internet, ce qui semble annoncer une remise en vigueur des exécutions[128].
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+ L'Arabie saoudite est l'un des pays qui respecte le moins les droits de l'homme, avec l'un des pires bilans en ce domaine. Les droits d'expression, d'association et la liberté d'opinion ne sont pas garantis[129]. Les droits des femmes sont très limités, la liberté religieuse est minimaliste et les droits LGBT sont inexistants. Les autorités considèrent toute voix dissidente comme du terrorisme[130]. L'Arabie saoudite figure en 164e position sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2015[131].
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+ Alors que l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à l'Office des Nations-Unies, Faisal bin Hassan Trad, est nommé le 22 septembre 2015 à la tête du panel du Conseil des droits de l'Homme, de nombreuses associations des droits de l'Homme ont manifesté leur désaccord avec cette nomination en raison de l'exécution de plus de 80 personnes depuis le début de l'année 2015 en Arabie saoudite[132]. Cette vague de protestations s'est amplifiée avec l'annonce de l'exécution d'Ali Mohammed al-Nimr[133],[134],[135],[136].
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+ Le 2 octobre 2015, l'Arabie saoudite a empêché la mise en place d’une enquête internationale sur la conduite de ses frappes aériennes au Yémen. Pour Karim Lahidji, président de la FIDH : « C’est là la vraie victoire de l’Arabie saoudite à l’ONU, et non comme on a pu l’entendre la nomination quelques semaines plus tôt de son ambassadeur à la tête du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme, une position honorifique mais aux pouvoirs restreints[137]». En effet, selon un responsable de l'administration américaine, la coalition conduite par les Saoudiens a recours à des armes à sous-munitions (interdites en droit international) dans le conflit armé au Yémen[138].
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+ Raif Badawi, auteur du blog Free Saudi Liberals visant à ouvrir le dialogue social, a été arrêté en 2012 et condamné en 2013 à plus de 1 000 coups de bâtons[139] pour avoir critiqué les autorités religieuses saoudiennes, il devient une cause célèbre internationale sur le sujet des droits de l'homme et est récipiendaire en 2015 du prix Sakharov[140],[141].
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+ Le 29 mars 2016, à effet de dévoiler la réalité des droits de l'Homme en Arabie saoudite, l'ONG Front Line a produit un documentaire de 54 minutes, intitulé Saudi Arabia Uncovered, de James Jones, tourné essentiellement en caméra caché[142].
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227
+ Afin de se prémunir de critiques des gouvernements occidentaux sur les droits de l'homme, l'Arabie saoudite n'hésite pas à recourir à des mesures de rétorsion financières à leur encontre et, selon Le Point, « cela fonctionne »[143].
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+ En 2019, l'athéisme et l'homosexualité restent passibles de la peine de mort en Arabie Saoudite, l'athéisme pouvant tomber sous le coup de la loi antiterroriste[144],[145].
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231
+ En juillet 2020, la presse révèle que l’Arabie saoudite avait tenté de ramener dans le pays Saad Al jabri, un ancien responsable du renseignement saoudien, et avait enlevé deux de ses enfants et les enfants adultes de son frère en guise de gage contre lui[Mal dit]. Le prince héritier lui aurait proposé un nouveau poste et aurait même porté des accusations de corruption contre son nom pour forcer son extradition[146].
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233
+ La torture est une pratique courante et bien documentée en Arabie Saoudite.
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235
+ Selon un rapport de l'ONU en date du 20 avril 2016, intitulé « Le sort des enfants en temps de conflit armé », l'Arabie saoudite serait impliquée dans la mort de plus de 500 enfants dans le cadre de son intervention contre la rébellion houthie au Yémen[149],[150].
236
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237
+ Par ailleurs, selon une étude menée par le Docteur Nura Al-Suwaiyan, directeur du programme de sécurité de la famille à la Garde nationale de l'hôpital (en), un enfant sur quatre est maltraité en Arabie saoudite. La Société nationale pour les droits de l'homme (en) rapporte que près de 45 % des enfants du pays sont confrontés à une certaine forme de violence et à la violence domestique. En 2013, le gouvernement a adopté une loi criminalisant la violence domestique à l'encontre des enfants[151].
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239
+ Il a été affirmé que la traite des femmes est un problème particulier en Arabie saoudite, à raison du grand nombre d'employées de maison qui sont étrangères au pays (en particulier Mauritaniennes), et des failles dans le système aboutissant à ce que nombre d'entre elles sont victimes de mauvais traitements et de torture[152], sous la forme d'esclavage[153].
240
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241
+ Dès leur naissance, les Saoudiennes sont placées par la charia sous l'autorité légale d'un homme, le « gardien » (mahram), qui peut être leur père, leur mari, leur frère, leur oncle ou même leur fils[154]. Les femmes ne peuvent rien entreprendre sans l'autorisation de leur « gardien », elles ne peuvent ni travailler, ni se marier, ni même se faire ausculter par un médecin (femme), sans l'agrément d'un homme[25]. De ce fait, quels que soient les droits accordés aux femmes (droit de vote, de conduire, etc.), ces droits restent dépendants de la permission du tuteur, ce qui se traduit dans les faits par la privation de ces droits[155]. La plupart des mariages sont arrangés, mais se concluent dans environ 20 % des cas par un divorce, la garde étant la plupart du temps confiée au père. Non accompagnées d'un tuteur, les femmes n'ont pas le droit de sortir dans un espace public, où les membres du comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice (Hai'a, une agence gouvernementale qui contrôle l'application de la charia) veillent à ce qu'elles portent bien le voile[156].
242
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243
+ Selon Gérard-François Dumont, de l'Académie de Géopolitique de Paris, l’espérance de vie à la naissance des Saoudiennes s'avère étonnamment faible eu égard à la rente pétrolière. D'un point de vue strictement féminin, les Saoudiennes ont une espérance de vie inférieure de deux ans à celle des Tunisiennes, et de dix ans à celle des Françaises. D'un point de vue plus masculin, les Saoudiennes vivent seulement deux ans de plus que les Saoudiens, lorsque les Tunisiennes vivent quatre ans de plus que les Tunisiens et les Françaises atteignent sept ans de plus que les Français[157].
244
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+ L'Arabie saoudite impose une stricte séparation des sexes. La plupart des maisons, banques ou universités ont une entrée pour les hommes et une entrée pour les femmes.
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+ En 2005, l'Arabie saoudite affiche un taux de travail féminin parmi les plus bas du monde (18 %). Le ministre du Travail Ghazi Al Gosaibi promulgue alors une loi pour autoriser les femmes à travailler dans les magasins de lingerie ; elle n'est en réalité appliquée que plus tard, à cause de l'opposition des religieux conservateurs, même si les agents Hai'a procèdent de temps à autres à la fermeture de certains de ces magasins. Jusque-là, les Saoudiennes diplômées qui travaillaient étaient limitées aux secteurs de l'enseignement pour filles ou de la médecine pour les femmes patientes. Les femmes qui travaillent disposent de leur propre compte bancaire. La plupart des Saoudiens souhaitent que leurs filles passent le baccalauréat ; par ailleurs, 42 % des étudiants dans les universités sont des jeunes filles[156].
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249
+ Le 25 septembre 2011, le roi Abdallah accorde le droit de vote aux femmes[158] aux élections municipales ainsi que leur éligibilité. Toutefois, il est à noter que les Saoudiennes n'ont voté qu'en 2015 (dans des isoloirs séparés)[159] ; que les candidates (sous réserves d'être autorisées et couvertes de l'abaya) n'ont pas eu le droit de prendre la parole en public[160] ; et que les élues (après plusieurs incidents) n'ont pas eu non plus le droit de siéger dans la même pièce que leurs collègues masculins[161]. En 2012, le roi Abdallah autorise les femmes à vendre de la lingerie et des cosmétiques[162]. Pour lutter contre le chômage des femmes, ce commerce (d'articles exclusivement féminins) est désormais réservé aux seules Saoudiennes qui n'auront plus besoin de permis de travail dans ce secteur[163]. En 2015, son successeur, le roi Salmane accorde aux femmes le droit de voyager sans qu'un « gardien » ne les accompagne, ni ne donne son autorisation pour qu'elles voyagent sans lui. Concrètement, les Saoudiennes n'auront plus besoin de se munir d'un papier jaune par lequel leur « gardien » les autorisait à partir à l’étranger et elles ne seront plus suspendues à une éventuelle opposition de dernière minute par retour de SMS au moment de quitter le territoire saoudien[164],[165]. La même année, le roi Salmane accorde aux veuves et aux divorcées (seulement) une carte d'identité pour leur permettre d'effectuer des démarches basiques, mais sans autre précision quant à la date d'entrée en vigueur de cette réforme[166]. En 2016, les Saoudiennes se voient accorder le droit de signer leur propre contrat de mariage et d'en obtenir une copie afin de leur permettre de « prendre connaissance » de leurs « droits » et des « termes du contrat »[167],[168].
250
+
251
+ Le 2 août 2019, un décret signé du roi Salmane annonce que les femmes sont désormais autorisées à se rendre à l’étranger sans requérir au préalable l’agrément du référent masculin qui leur tient de gardien. Le texte dispose qu’un passeport saoudien doit être délivré à tout citoyen qui en fait la demande et que toute personne âgée d’au moins 21 ans, sans distinction de sexe, peut voyager comme elle l’entend. Le décret dispose également que les femmes peuvent déclarer officiellement une naissance, un mariage ou un divorce et être titulaires de l’autorité parentale sur leurs enfants mineurs. Des prérogatives jusqu’ici réservées aux hommes[169].
252
+
253
+ Pendant de longues années, l'Arabie saoudite est pointée du doigt car les femmes y sont interdites du droit de conduire. C'est le dernier pays au monde à pratiquer cette interdiction[170],[171]. Selon un journal saoudien, cette mesure coûte près de 3,7 milliards de dollars à l'économie saoudienne du fait de l'emploi de chauffeurs privés ou de taxi[172]. Régulièrement, des femmes bravent cette interdiction en se filmant en train de conduire afin de faire évoluer la situation. En septembre 2017, un prêcheur saoudien déclare que l'interdiction de conduire imposée aux femmes se justifierait, car elles n'ont que le « quart » du cerveau d'un homme. Bien que cette déclaration ait obtenu des soutiens de milieux conservateurs, les autorités saoudiennes lui interdisent de prêcher en expliquant « que les plateformes de prêche ne seront pas utilisées pour porter atteinte aux valeurs d'égalité, de justice et de respect des femmes inhérentes à l'islam »[173]. Le 26 septembre 2017, le roi Salman d’Arabie saoudite signe un décret autorisant les femmes à conduire[174],[175]. La mesure est entrée en vigueur le 24 juin 2018 à minuit, mais les premières autorisations ont été délivrées aux saoudiennes dès le début du mois. Certaines femmes n'ont eu parfois qu'à échanger leurs permis étrangers contre des permis saoudiens après avoir passé un test. Selon le cabinet de consultants PricewaterhouseCoopers, quelque trois millions de Saoudiennes pourraient se voir attribuer un permis et commencer à conduire d'ici 2020[176].
254
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255
+ Le mariage entre cousins du premier ou deuxième degré, en Arabie saoudite, est parmi les taux les plus élevés dans le monde, environ 35 %[177]. Traditionnellement considéré comme un moyen de « sécuriser les relations entre les tribus et la préservation de la fortune de la famille »[178], la pratique a été citée comme un facteur dans les taux plus élevés de maladies génétiques sévères comme la mucoviscidose (fibrose kystique), les maladies du sang, le diabète de type 2 (qui affecte environ 32 % des adultes saoudiens), l'hypertension (qui affecte 33 %)[179], la thalassémie, la drépanocytose, l'amyotrophie spinale, la surdité et le mutisme[180],[181]. Neal Asbury (en) a écrit sur un site web nommé To The Point que : « Cela a conduit récemment des théologiens wahhabites à conseiller préventivement aux jeunes hommes de « choisir soigneusement une femme avec une attention toute particulière sur la santé »[182]. »
256
+
257
+ En 2018, l'Arabie saoudite était la 18e plus grande économie du monde (PIB nominal) et la 6e d'Asie. C'est également la première économie du monde arabe.
258
+
259
+ L'Arabie saoudite est membre de l'OPEP et sa compagnie nationale Saudi Aramco est la première productrice mondiale de pétrole. Le pays a dominé le palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010. En 2012, les revenus des exportations pétrolières (pétrole brut et dérivés) atteignent leur pic historique à hauteur de 337 milliards de dollars[183]. Aussi le krach sur le cours du baril qui passe de 127 $ fin 2014 à 30 $ en janvier 2016[184], a mis le budget 2015 en déficit de 98 milliards €, celui de 2016 étant estimé à 84 milliards €[185]. En 2017, les revenus pétroliers chutent à 170 milliards de $[186]. En 2018, le pétrole représente 31 % du PIB et 79 % des recettes d'exportations[187], l'activité économique non-pétrolière du pays reste fortement tributaire des dépenses publiques, ces dernières corrélées aux cours du pétrole[186].
260
+
261
+ L'exploitation et l'exportation du pétrole ont fortement développé l'activité économique de la côte nord-est du pays, autour de Dammam, Khobar et Dhahran avec le port d'Al-Jubayl, ainsi que la côte sur la mer Rouge (Djeddah, Yanbu)[188].
262
+
263
+ L'industrie chimique est le 2e secteur économique du pays dans les exportations, avec 62 milliards de $ de revenus générés en 2018 l’Arabie saoudite se positionne comme le plus grand producteur de la région et le 10e exportateur mondiale de produit chimique d'après la GPCA (en) [189]. SABIC, La plus importante entreprise saoudienne dans le domaine de la chimie, a été classé 4e mondial dans le C&EN's Global Top 50 chemical companies of 2018[190].
264
+
265
+ Le pèlerinage du Hajj et de la Omra représentent la 3e plus importante source extérieure de revenus (derrière les exportations de pétrole et de produits chimiques), elle rapporterait (en temps normal) 12 milliards de $ de revenus annuels[191].
266
+
267
+ The Atlas of Economic Complexity[192]
268
+
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+ Pour diversifier son économie l'Arabie saoudite mise sur le secteur des énergies non carbonées, avec un plan de 100 milliards de dollars pour construire 16 réacteurs nucléaires d'ici 2030, et sur l'énergie solaire avec 100 autres milliards pour construire 41 Gigawatts de panneaux photovoltaïques en plein désert équivalent en énergie à 25 réacteurs nucléaires.
270
+
271
+ En 2016, afin de réduire la dépendance de l'économie saoudienne vis-à-vis du pétrole, le prince Mohammed ben Salmane annonce une série de mesures dans le cadre d'un grand programme baptisé Vision 2030, qui prévoit la baisse des subventions, de nouvelles taxes, et la création d'un fonds souverain à partir des recettes de la vente de 5 % du capital de Saudi Aramco.
272
+
273
+ Sur le modèle des fonds norvégiens ou qataris, ce fonds d'environ 2 000 milliards de dollars serait chargé d'effectuer des investissements à l'étranger dans différents secteurs comme la technologie, les transports, l'industrie ou l'immobilier, afin de diversifier les recettes et de préparer l'après pétrole[195]. Parmi les premiers investissements importants, une levée de 3,5 milliards de dollars pour l'entreprise Uber permet au dirigeant du fonds Yasir Al Rumayyan d'entrer au conseil d’administration de l'entreprise californienne[196].
274
+
275
+ Dans le chantier destiné à diversifier son secteur énergétique, et plus largement son économie, l’Arabie saoudite affiche l'objectif de produire 10 % de son électricité à partir de sources d’énergies renouvelables en 2023 et d'en exporter les technologies[197].
276
+
277
+ En mars 2018, l'Arabie saoudite et le groupe japonais SoftBank Group signent un partenariat visant à développer un méga-projet solaire dans le royaume avec l'objectif de construire 200 GW de capacités d'ici 2030[198].
278
+
279
+ Les estimations du nombre de Saoudiens vivant en dessous du seuil de pauvreté se situent entre 12,7 % et 25 % de la population. Les rapports de presse privés et les estimations pour 2013 suggèrent que « entre 2 millions et 4 millions » de Saoudiens de souche vivent avec un revenu « inférieur à 530 dollars par mois » – environ 17 dollars par jour – considéré comme le seuil de pauvreté en Arabie saoudite. En revanche, le magazine Forbes évalue la fortune personnelle du roi Abdallah à 18 milliards de dollars[199].
280
+
281
+ Le pays compte environ 6 millions d'immigrés bénéficiant de peu de droits[21].
282
+
283
+ Les travailleurs étrangers constituent environ 30 % de la population du pays en 2011[200] pour 53,3 % de sa population active courant année 2013[201]. Elle représente 6 003 616 travailleurs employés (53,4 %) en comparaison aux 4 631 117 travailleurs saoudiens employés (46,6 %)[202].
284
+
285
+ En projet : Knowledge Economic City Al MAdinah (en).
286
+
287
+ La recherche scientifique est organisée et coordonnée au niveau national par la KACST (en).
288
+
289
+ Une stratégie nationale pour le développement de la science, de l'innovation et de la technologie dans le royaume a été mise en place en 2006, elle a pour ambition de transformer l'économie saoudienne en une économie fondée sur la connaissance et compétitive au niveau mondial[203].
290
+
291
+ Cette vision est échelonnée en quatre plans quinquennaux :
292
+
293
+ La production scientifique saoudienne, bien qu'historiquement faible, est entrée dans une phase de croissance rapide depuis 2008.
294
+
295
+ Cela est dû non seulement à une stratégie visant à augmenter le niveau de collaboration avec les institutions de recherche les plus renommées au monde via une collaboration internationale universitaire accrue et l'ouverture de plusieurs centres de recherche commun (voir JCEP)[204], mais également à une augmentation des fonds financiers alloués à la R&D dans le pays passant de 0,08 % du PIB en 2008[205] à près 1 % du PIB en 2014 selon les estimations de la revue Nature, pour un des secteurs R&D les plus efficients au monde en termes de rapport Qualité/Coût[206].
296
+
297
+ L'Arabie saoudite est citée dans le rapport Nature Publishing Index 2012 comme l'un des cinq pays à surveiller pour la croissance de leur publication scientifique dans la revue scientifique Nature[207], en 2013 le royaume est également cité dans un rapport de Thomson Reuters sur les performances scientifiques du G20 comme pays gagnant du poids dans le monde de la science[208].
298
+
299
+ La KACST (en) est l'agence nationale scientifique saoudienne, elle dispose de 7 instituts regroupant 28 centres de recherche[209],[210].
300
+
301
+ La KAUST est une université de recherche privée mixte internationale localisée à Thuwal. Elle est inaugurée en 2009 avec une dotation gouvernementale de 20 milliards de $, l'institution est envisionnée comme une nouvelle Maison de la sagesse[211]. Elle figure a la 119e position du top 500 académique mondial dans le classement Nature Index 2020[212],[213] ainsi que parmi les 10 meilleures universités de recherche de moins de 50 ans dans le monde[214],[215]
302
+
303
+ La KAPSARC (en) est une institution de recherche indépendante à but non-lucratif spécialisée dans les politiques énergétiques. En 2020, elle est placée à la 13e position du classement 2019 Top Energy and Resource Policy Think Tanks[216].
304
+
305
+ Selon l'indice de mesure scientifique SCImago, l'Arabie saoudite figure en 2019 à la 29e position par rapport au nombre d'articles publiés et à la 23e position par rapport au nombre de citations d'articles[217], au Moyen-Orient le royaume figure à la 3e position derrière l'Iran et la Turquie (en nombre d'articles publiés et cités)[218].
306
+
307
+ En 2019, l'Arabie saoudite est particulièrement active (en nombres d'articles publiés) dans les domaines du Génie chimique (19e position)[219], de la Chimie (17e position)[220], de l'Odontologie (9e position)[221], de l'Énergie (20e position)[222], de l'Ingénierie (25e position)[223], de la Science des matériaux (21e position)[224], des Mathématiques (21e position)[225], de la Pharmacologie, Toxicologie et Pharmacotechnie (19e position)[226], de la Physique et de la Astronomie (24e position)[227].
308
+
309
+ Dans le classement Nature Index 2020 dédié a la recherche de haute qualité le pays figure à la 29e position[228], la KAUST contribuant à hauteur de 78 % au classement du pays[229].
310
+
311
+ Selon l'ISI, la recherche dans le domaine des nanotechnologies se serait fortement intensifiée passant de 45 articles publiés en 2008 à 3803 articles en 2019[230].
312
+
313
+ Selon l'OMPI 3488 brevets ont été délivrés à des personnes résidents en Arabie saoudite pour l'année 2018, plaçant ce pays à la 25e position mondiale (comparativement à la 71e position en 2008 avec 70 brevets délivrés)[231],[232]. Les deux institutions saoudiennes ayant déposé le plus de brevets en 2019 sont :
314
+
315
+ D’après Statnano, l'Arabie saoudite était en 2019 le 11e pays le plus innovant dans les nanotechnologies[236].
316
+
317
+ D'après le Département central des statistiques et de l'information, la population du pays s'élève à 33 413 660 habitants en 2017 dont environ 38 % d'étrangers. La croissance démographique annuelle est de 2,46 %[253],[254].
318
+
319
+ La population est très jeune car 75 % des Saoudiens sont âgés de moins de 30 ans[255].
320
+
321
+ Les travailleurs immigrés non arabes viennent principalement du Bangladesh, du Pakistan, des Philippines, d'Inde et d'Indonésie[256].
322
+
323
+ Le Département Central des Statistiques et de l'Information d'Arabie saoudite estime la population étrangère à la fin de l'année 2016 à 38 % (12,6 millions)[254]. Le CIA Factbook estime qu'à compter de 2013 les ressortissants étrangers vivant en Arabie saoudite représentent environ 21 % de la population[257]. D'autres sources donnent diverses estimations[258] ; Indiens : 1,3 million ; Pakistanais : 1,5 million[259]; Égyptiens : 900 000 Yéménites : 800 000 ; Bangalais : 500 000, Philippins : 500 000 ; Jordaniens et Palestiniens : 260 000 ; Indonésiens : 250 000 ; Sri Lankais : 350 000, Soudanais : 250 000, Syriens : 100 000 et Turcs : 100 000[260]. Il y a environ 100 000 Occidentaux en Arabie saoudite, dont la plupart vivent dans des composés (en) ou des gated communities.
324
+
325
+ Les musulmans étrangers[261] qui ont résidé dans le royaume pendant dix ans peuvent être naturalisés. La priorité est donnée aux titulaires de diplômes dans divers domaines scientifiques[262], à l'exclusion des Palestiniens à moins qu'ils ne soient mariés à un ressortissant Saoudien, à raison des instructions de la Ligue Arabe défendant aux États Arabes de leur octroyer la nationalité. L'Arabie saoudite n'est pas signataire de la Convention des Nations Unies sur les Réfugiés de 1951[263].
326
+
327
+ Compte tenu de l'accroissement démographique saoudien et, en parallèle, de la stagnation des revenus du pétrole, la pression pour la « saoudisationSaoudisation » (le remplacement de travailleurs étrangers par des Saoudiens) de l'emploi croît, de sorte que le gouvernement saoudien entend réduire le nombre de ressortissants étrangers dans le pays[264]. L'Arabie saoudite a ainsi expulsé 800 000 Yéménites en 1990-1991[265] et a construit une barrière entre l'Arabie saoudite et le Yémen (en) face à l'afflux d'immigrants illégaux et contre la contrebande de drogue et d'armes[266]. En novembre 2013, l'Arabie saoudite a expulsé des milliers de clandestins éthiopiens résidant dans le royaume. Différentes organisations de Droits de l'Homme ont critiqué l'Arabie saoudite quant à l'instrumentalisation de la question[267]. Plus de 500 000 travailleurs migrants sans papiers (en), principalement en provenance de Somalie, d'Éthiopie et du Yémen — ont été arrêtés et expulsés depuis 2013[268].
328
+
329
+ Jusque dans les années 1960, la majorité de la population était nomade[269]. Du fait de la croissance du niveau de vie, 95 % de la population a aujourd'hui un mode de vie sédentaire.[réf. nécessaire]
330
+
331
+ Ces installations ont lieu dans les régions de La Mecque et de Djeddah, en Arabie saoudite[19].
332
+
333
+ En 1992, compte tenu de la situation de nomades très pauvres, vivant dans le désert et qui devaient faire face à des problèmes sévères de famine et de santé, le prince Majid ben Abdelaziz Al Saoud et ses conseillers, Zaki et Fayez Mandoura ont imaginé la création de villages pour répondre aux besoins sociaux de base de cette population.
334
+
335
+ Ce programme avait été conçu au départ pour loger une population très pauvre (plus de 8 000 personnes), dispersée dans des zones désertes au sud de La Mecque et au Nord de Djeddah. Il s'agissait de construire 1 154 maisons, 11 écoles, 25 mosquées, 4 centres de soins médicaux, 3 halls de marché et 2 puits. Le programme devait à terme donner des conditions de vie moins précarisées à plus de 55 000 semi-nomades.
336
+
337
+ Le programme a commencé en 1993. Les constructions étaient faites de roches volcaniques locales, par des maçons et des travailleurs non qualifiés des communes proches sous la supervision de deux ingénieurs et d'un architecte.
338
+
339
+ La première phase permit de construire 560 maisons avec quatre mosquées, quatre lieux de prières, quatre écoles de garçons, trois de filles, un puits et un réservoir d'eau dans une période de trois ans.
340
+
341
+ La seconde phase a commencé en 1996 et fut accompagnée d'une organisation de programme social pour le bien-être de ces personnes et leur permettre d'être auto-suffisantes par l'élevage de volailles, la fabrication de paniers, le tissage, la couture, l'artisanat et les soins de santé et aux enfants. De nombreuses conférences ont été mises en place à ce sujet avec les professeurs de l'université du roi Abdulaziz à Jeddah et à celle de l'université Oumm al-Qura à la Mecque.
342
+
343
+ Au début des années 2000, environ 10 % de la population semi-nomade de la région du Hedjaz a pu bénéficier d'abris de base.
344
+
345
+ Le principe était de fournir des constructions et des équipements de base afin d'avoir des abris très économiques avec un minimum de confort. Il s'agissait aussi de faire un maximum avec un minimum de coûts. Pour cela, l'architecte a décidé d'utiliser les matériaux à disposition et a adapté les techniques de construction à ces matériaux.
346
+
347
+ Centre de santé et de soins
348
+
349
+ École avec son réservoir d'eau
350
+
351
+ Petite mosquée
352
+
353
+ Habitations peintes à la chaux
354
+
355
+ Partie du plan du projet des architectes
356
+
357
+ En 2000, le prince Majid a été remplacé en tant que gouverneur de la Mecque par son plus jeune frère, Majid ben Abdulaziz Al Saoud (décédé en avril 2003) qui a semblé moins intéressé par le projet. D'autres changements sont intervenus dans la structure administrative de la société caritative qui se dénomme depuis le 26 avril 2006 : The Society of Majid Bin Abdulaziz for Development and Social Services. Le conseil d'administration est dirigé par le prince Mashal ben Madjid ben Abdulaziz. Le directeur général est M. Hammam K. Zare.
358
+
359
+ Les constructions de maisons en pierre de ce projet, dans les régions désertiques autour de la Mecque, ont été arrêtées.
360
+
361
+ Les différents programmes de l'actuelle fondation semblent majoritairement tournés vers les filles et jeunes filles pauvres et un programme de développement de villages y apparaît depuis 2009.
362
+
363
+ Voies terrestres :
364
+ total = 152 044 km, se répartissant en :
365
+
366
+ Les routes et les rues sont construites de manière à résister à l'action du soleil, du sable, du vent.
367
+
368
+ Les zones rurales offrent de petites routes, à deux voies.
369
+
370
+ Les autoroutes urbaines sont anciennes et bien entretenues[réf. nécessaire].
371
+
372
+ Les autoroutes inter-urbaines sont en très bon état, en extension[réf. nécessaire].
373
+
374
+ Les voies (auto)routières les plus importantes sont :
375
+
376
+ L'entreprise qui gère le transport ferroviaire en Arabie saoudite est la Saudi Railways Organization (SRO), entreprise publique créée en 1949. Ce domaine employait environ 3 500 personnes en 2008[270].
377
+
378
+ Le réseau compte environ 1 800 km de voies ferrées. Les deux principales lignes ferroviaires du réseau relient Dammam et Riyad, l'une affectée au fret est longue de 556 km, l'autre au transport de voyageurs est plus courte avec 449 km[270].
379
+
380
+ Depuis le 11 octobre 2018, la LGV Haramain, ligne de train à grande vitesse, relie La Mecque à Médine via Djeddah et est la première ligne électrifiée du pays[271].
381
+
382
+ Une ligne de 945 km, la Saudi Landbridge qui doit relier Riyad à Djeddah, à ces deux premiers tronçons et connecter ainsi la mer Rouge au golfe Persique est actuellement[Quand ?] en projet.
383
+
384
+ L'Arabie saoudite prend également une part importante dans le projet de la Gulf Railway, une ligne ferroviaire longeant les côtes occidentales du golfe Persique, et impliquant les cinq autres états du Conseil de coopération du Golfe. Cette ligne, qui doit être mise en service en 2017, doit relier entre elles toutes les capitales et autres villes importantes de la région, allant de Koweït (depuis la frontière irako-koweïtienne) à Mascate. La finalisation de la ligne ferroviaire Gulf Railway a été reporté en 2020-2021, sa longueur totale sera de 2 117 km dont 663 km dans le territoire Saoudien[272].
385
+
386
+ L'Arabie saoudite dispose de 36 infrastructures aéroportuaires dont quatre aéroports internationaux situés respectivement à Riyad (aéroport international du roi Khaled), Dammam (aéroport international du roi Fahd), Djeddah (aéroport international Roi-Abdelaziz) et Médine (aéroport international Prince Mohammad Bin Abdulaziz). Les deux premiers cités étant classés parmi les plus grands aéroports du monde.
387
+
388
+ La langue officielle est l'arabe, mais il diffère sensiblement de celui parlé en Syrie ou en Irak, bien que certains dialectes régionaux du pays partagent la moitié de leurs lexiques avec quelques parlers bédouins d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient. L'anglais est très courant. C'est la langue de l'élite et des affaires. Au moins 15 % des Saoudiens parleraient l'anglais en seconde langue, surtout les plus jeunes. Le farsi, ou persan, est parlé surtout en seconde langue dans la région du nord-est, la région de Dhahran, et vers la frontière avec le Bahreïn, où vit une forte communauté chiite.
389
+
390
+ L'islam sunnite hanbalite (connu pour son rigorisme) est déclaré religion d'État par les autorités saoudiennes qui démentent l'existence du wahhabisme (excommunié du sunnisme dès le milieu du XVIIIe siècle[273],[274],[275]) dans le royaume[276],[277],[278]. Les statistiques officielles font état de 100 % de sunnites parmi les musulmans.
391
+
392
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 93 % des habitants d'Arabie saoudite sont musulmans, alors que 4,4 % sont chrétiens, principalement catholiques (3,8 %), 1,1 % sont hindous, et 1,5 % de la population n'est pas affilié à une religion[279].
393
+
394
+ Mais, dans les faits, le sunnisme ne serait pratiqué que par 85 à 90 % des Saoudiens, le reste professant le chiisme (principalement duodécimain)[280],[281],[282], dont la pratique est tolérée dans la province orientale d'ach-Charqiya, et notamment dans la ville de Qatif. Perçus par le régime comme une cinquième colonne proche de l'ennemi iranien, la plupart des chiites sont, de plus, concentrés dans la région d'Al-Hassa qui recèle l'essentiel des ressources pétrolières du royaume. Une grande partie de ces Saoudiens chiites sont d'origine irakienne[283]. Par ailleurs, une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans le Golfe Persique est celle de Mehrdad Izady qui estime, « en utilisant des critères culturels et non confessionnels », à environ 4 millions le nombre de wahhabites qui se concentrent en particulier dans la région centrale du Nejd[284].
395
+
396
+ L'Arabie saoudite abrite les deux plus importants lieux saints de l'islam :
397
+
398
+ L'accès à ces deux villes reste rigoureusement interdit aux non-musulmans.
399
+
400
+ Il est à noter que l'ensemble du pays est sacralisé par les musulmans, qui se mettent en état d'irham. En effet, pour accomplir la dernière volonté de Mahomet qui aurait dit sur son lit de mort : « deux religions ne peuvent pas coexister en Arabie », le deuxième calife de l'islam, Omar ibn al-Khattab, a expulsé en son temps les juifs et les chrétiens de la péninsule arabique pour n'y laisser que les musulmans, considérés comme les seuls vrais adeptes de la religion d'Abraham[285]. À la suite de la première guerre du Golfe (invasion du Koweït en 1990), Oussama ben Laden entre dans une vive polémique avec le roi Fahd à qui il reproche d'avoir autorisé les « infidèles » à « souiller le sol sacré » de l'Arabie saoudite en permettant à l'armée américaine d'y installer des bases[286].
401
+
402
+ Dans ce contexte, tout autre culte religieux non-musulman est formellement interdit[280],[282] et la constitution du royaume ne connaît pas d'autre religion que l'islam[280]. Une police religieuse, la Muttawa, qui dépend du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, veille à la stricte application des préceptes wahhabites dans l'espace public. Toutefois, dans les faits, d'autres religions sont pratiquées dans un cadre privé. En effet, pour des raisons économiques, le pays fait appel à une importante immigration de travail ; principalement des travailleurs immigrés philippins de confession chrétienne (plus d'un million) et indiens de confession hindoue[287],[280]. Au total, 30 % de la population serait non musulmane[282]. Avant 1932 et la création de l'Arabie saoudite, il y avait des chrétiens locaux, au nord et au nord-est de l'actuelle Arabie saoudite : il s'agissait surtout de Chaldéens et de Nestoriens. Après 1932, les informations les concernant se firent rares, mais il semble avéré que certains partirent s'installer en Jordanie, Syrie, et Irak. D'autre part, de nombreux monastères et édifices religieux chrétiens furent alors rasés[réf. nécessaire].
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+
404
+ Le 13 février 2009, Abdallah, le successeur du roi Fahd, a annoncé des réformes d'ampleur tendant à dégager à terme le royaume de son idéologie d’État officielle, le wahhabisme, tout en gardant néanmoins cette même dénomination intacte sur le plan officiel. La Commission des Grands Oulémas, corps de savants religieux faisant autorité dans le pays, aura dorénavant 21 membres issus de courants divers du sunnisme (c'est-à-dire les écoles hanafite, malikite et shaféite), et non plus de la seule école hanbalite, connue pour son rigorisme. De même, le Conseil de la Shoura, sorte de corps législatif dénué cependant d’une pleine consécration de ses prérogatives judiciaires, inclura 5 chiites dans ce corps[288].
405
+
406
+ En 2013, le roi Abdallah a retiré aux officiers et agents de la police religieuse (accusée de commettre des abus) le pouvoir de procéder à des interrogatoires et d'engager des poursuites judiciaires. En 2016, son successeur, le roi Salmane, leur a retiré également le pouvoir d'arrêter ou détenir des personnes, de demander leurs cartes d'identité, et même de les suivre[289].
407
+
408
+ L'éducation est gratuite à tous les niveaux. Le système scolaire est composé d'écoles élémentaires, intermédiaires et secondaires. Une grande partie du programme, à tous les niveaux, est consacrée à l'islam et, au niveau secondaire, les étudiants peuvent suivre une filière religieuse ou technique. Le taux d’alphabétisation est de 90,4 % chez les hommes et d’environ 81,3 % chez les femmes[290]. Les classes sont séparées par sexe.
409
+
410
+ En 2018, l'Arabie saoudite se classait au 28e rang mondial en termes de résultats de recherche, selon la revue scientifique Nature[291].
411
+
412
+ L'École française internationale de Riyad enseigne de la maternelle au lycée.
413
+
414
+ Dans la culture arabe, les hommes ou les femmes ne portent pas un patronyme mais un nom qui mentionne le nom des parents, des ancêtres, ou l'appartenance à une confédération.
415
+
416
+ no 1 : ceci est le prénom.
417
+
418
+ no 2 : en arabe, le préfixe ben ou bin signifie l'appartenance à une famille, exemple "Ben Saoud" qui est de la lignée des Saoud. Quant à ibn, il signifie "fils de" suivi du nom du père, exemple "Ibn Abdelaziz" ce qui signifie fils d'Abdelaziz. L'affiliation à la mère est également utilisée, à une fréquence moindre.
419
+
420
+ no 3 : ceci désigne la dynastie ou le nom d'une confédération à laquelle appartient l'individu.
421
+
422
+ Avec les femmes, le principe reste le même, sauf que la forme du préfixe diffère ; ainsi -
423
+
424
+ no 1 : en arabe, le préfixe bent ou bint est l'équivalent du préfixe ben utilisé chez les hommes, et possède la même signification.
425
+
426
+ Ce mode d'appellation n'est pas propre à l'Arabie saoudite ou au Moyen-Orient ; il existe aussi en Afrique du Nord, bien qu'il soit de plus en plus abandonné en raison des changements patronymiques opérés par les Français lors de la colonisation.
427
+
428
+ Le code vestimentaire en Arabie saoudite suit strictement les principes du hidjab (le principe islamique de la pudeur, en particulier dans la tenue vestimentaire). Les vêtements, larges, amples, vagues, couvrant au maximum, sont également adaptés au climat.
429
+
430
+ Traditionnellement, les hommes portent une chemise longue, couvrant jusqu’aux chevilles, en tissu de laine ou de coton (connu sous le nom dishdasha), avec une sorte de chèche (carré en coton à damiers maintenu en place par un agal) sur la tête. Pour les rares périodes de froid, les hommes portent en plus un manteau en poil de chameau (bisht).
431
+
432
+ Les femmes portent obligatoirement une abaya, ou des vêtements discrets, ou effacés, en public. Le non-respect de ces obligations vestimentaires peut être poursuivi par la police. En décembre 2016 encore, une femme est arrêtée pour avoir posté sur twitter des photos la montrant en jupe et les cheveux non couverts défiant de ce fait le code vestimentaire saoudien[292].
433
+
434
+ L'habit traditionnel des femmes est décoré de motifs tribaux, de pièces de monnaie, de paillettes, de fil métallique, et d’appliques.
435
+
436
+ Les vêtements de travail diffèrent. Ils peuvent être internationaux, surtout sur les chantiers, ou adaptés, surtout dans les hôpitaux.
437
+
438
+ Le pèlerinage à La Mecque exige une attitude et un vêtement spécifique, l'ihram.
439
+
440
+ Quatre sites culturels d'Arabie saoudite sont inscrits patrimoine mondial de l'UNESCO : le site archéologique d'Al-Hijr, le quartier d'at-Touraïf dans la ville de Dariya, la ville historique de Djeddah (la porte de La Mecque) et l'art rupestre de la région de Haïl[293]. Dix autres demandes d'inscription ont été déposées en 2015. Néanmoins, l'Arabie saoudite qui pratique une politique wahhabiste rigoriste, qui condamne et combat l’idolâtrie aurait, entre 1985 et 2014, détruit 98 % de son patrimoine historique[294].
441
+
442
+ En juin 2014, le Conseil des ministres approuve une loi historique pour protéger ses antiquités et son patrimoine, ainsi que pour donner aux institutions saoudiennes du Tourisme et des Antiquités (SCTA) les moyens de les gérer[295]. Dans le cadre du Plan National de transformation Vision 2030 adopté en 2016, le royaume alloue 900 millions d'euros à la préservation de son patrimoine culturel[296]. L'Arabie saoudite fait également partie de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH), créée en mars 2017, et y contribue à hauteur de 18,5 millions d'euros[297].
443
+
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+ En juillet 2017, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud met en place des commissions de rénovation pour développer deux sites archéologiques et historiques majeurs, Al-'Ula et Diriyah Gate[298].
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+ L'Arabie saoudite a pour codes :
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1
+ Royaume de Danemark
2
+
3
+ (da) Kongeriget Danmark
4
+
5
+ 55° 43′ N, 12° 34′ E
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ Le Danemark, en forme longue le royaume de Danemark ou le royaume du Danemark (en danois : Danmark /ˈdanmɑɡ/[9] Écouter et Kongeriget Danmark), est un pays d’Europe du Nord et de Scandinavie[10], dont le territoire métropolitain est situé au sud de la Norvège, de laquelle il est séparé par le Skagerrak ; au sud-sud-ouest de la Suède, le Kattégat faisant office de frontière naturelle avec cette dernière ; et au nord de l'Allemagne, seul pays avec lequel il partage une frontière terrestre. Sa capitale est Copenhague.
10
+
11
+ Le royaume de Danemark est aussi composé de trois pays constitutifs : d'une part, le Danemark propre lui-même constitué de la péninsule continentale du Jutland ainsi que 443 autres îles, les plus grandes étant Seeland sur laquelle est située Copenhague, Vendsyssel-Thy et la Fionie ; et d'autre part, les Îles Féroé et le Groenland, respectivement dans l'océan Atlantique nord et l'océan Arctique. Le Danemark couvre une superficie de 42 924 km2, ce qui en fait le plus petit État de Scandinavie, mais une superficie totale de 2 210 579 km2 en incluant les îles Féroé et le Groenland. II était peuplé, en 2020, de 5,8 millions d'habitants. Pays essentiellement plat, son territoire est composé de surfaces agricoles et de côtes sablonneuses.
12
+
13
+ Monarchie constitutionnelle depuis 1849, le Danemark est une démocratie parlementaire et le monarque, actuellement la reine Margrethe II, n'exerce qu'un rôle symbolique dans le fonctionnement de ses institutions.
14
+
15
+ Le Danemark existe en tant que tel depuis le Xe siècle, lorsque Harald, premier roi du Danemark, a réalisé l'unité de la région. Son Histoire est intrinsèquement liée à celle du reste du continent européen. Participant des invasions vikings jusqu'au XIe siècle, le Danemark a connu des luttes d'influence incessantes et de contrôle des territoires avoisinants, en premier lieu avec la Suède et la Norvège, avec qui il a formé une union personnelle, le royaume de Danemark-Norvège jusqu'en 1814. Cette même union lui a permis d'acquérir les îles Féroé, le Groenland et un temps l'Islande. Des mouvements nationalistes à partir du XIXe siècle agitent le pouvoir absolu de la monarchie, instaurant une Constitution en 1849, parallèlement à un « âge d'or » des arts, des sciences et une industrialisation poussée.
16
+
17
+ Le pays s'oppose durant deux guerres à la Confédération germanique et est défait à l'issue de la seconde guerre du Schleswig de 1864, au terme duquel il est contraint de céder son territoire méridional, le duché du Schleswig, qu'il ne recouvrera qu'en partie après la Première guerre mondiale bien que le pays y soit demeuré neutre. Envahi par le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale, le Danemark a connu un développement au cours du XXe siècle de son État-providence basé sur un haut système de protection sociale, aujourd'hui l'un des plus avantageux au monde. Son économie est de nos jours l'une des plus développées au monde, le PIB nominal par habitant en 2013 étant au sixième rang. Avec son haut niveau de vie, le Danemark est régulièrement dans le peloton de tête des classements des indicateurs de performance sociale (ex : IDH)[11], et la population danoise est souvent citée comme la plus heureuse du monde[12].
18
+
19
+ Membre fondateur de l'OTAN, du Conseil nordique, et des Nations Unies, le Danemark est membre de l'Union européenne depuis 1973 et de l'espace Schengen, mais il n'est néanmoins pas membre de la zone euro et continue d'utiliser sa propre monnaie, la couronne danoise.
20
+
21
+ Danmark signifierait littéralement « le champ des Danes », soit une région peuplée par les Danes, un peuple scandinave installé sur l'actuelle péninsule du Jutland. Ce champ correspondrait à sa position entre la Germanie et les pays nordiques[13]. Cette étymologie est encore sujette à débats par les linguistes. Il est devenu Danemark en français.
22
+
23
+ Le Danemark a toujours tenu un rôle majeur en Europe du Nord. Son histoire est intrinsèquement liée à celle-ci, aux termes de luttes d'influence et de contrôle de territoires sur toute la région de la Scandinavie.
24
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25
+ Les premières traces humaines au Danemark remontent à l'Âge de pierre. Le Jutland et les îles danoises sont peuplés depuis plusieurs milliers d’années, la Culture de Bromme, des tribus utilisant des outils en pierre, à la fin du Paléolithique supérieur (à partir de 11300 av. J.-C.) ayant été découverte à l'ouest du Seeland. L'âge du bronze danois se situe entre - 1400 et - 450. Les spécialistes pensent que les chars solaires illustrent un important fondement mythologique de l'âge du bronze. C'est à cette période que se forment des communautés rurales notoires. Pendant l'âge du fer (500 av. J.-C. - 1 av. J.-C.), le climat du Danemark et de la Scandinavie méridionale devient plus frais et plus humide, limitant l'agriculture et forçant les groupes indig��nes à émigrer vers le sud, en Germanie. La culture nordique subit fortement l'influence de la civilisation romaine, notamment apportée par les provinces romaines de Germanie, proches du Danemark avec lesquelles il entretient des relations commerciales. C'est à la même époque qu'émerge le monde germanique, caractérisé notamment des langues communes.
26
+
27
+ La région connait une grande période de migration à partir du Ve siècle à la suite de la chute de l'Empire romain et la montée en puissance des « royaumes barbares ». Une tribu, appelée Daner, vraisemblablement originaire de la Scanie, s'installe au Jutland et dans les îles alentour, ainsi que d'autres tribus germaniques. Leur instabilité chronique et leurs divisions incessantes au cours du VIe siècle et des suivants s'expliquent par les luttes d'influence entre les peuples de la Baltique.
28
+
29
+ La population danoise se sédentarise tôt en comparaison des autres populations d'Europe du Nord, à partir du VIIIe siècle et apparaissent les premières villes.
30
+
31
+ Plusieurs tentatives d'union du Danemark ont été réalisées avec plus ou moins de succès. La première en 705, avec une succession de rois danois plus ou moins légendaires, comme Harald Hildetand.
32
+
33
+ Jusqu’au XIe siècle, les Danois participèrent aux expéditions vikings, colonisant, commerçant et pillant partout en Europe : Grande-Bretagne, empire carolingien, mais aussi Espagne. Cette activité essentiellement privée, qui n'est pas uniquement destructrice, opère une colonisation et une installation au long des rivages de l'Atlantique.
34
+
35
+ La christianisation du Danemark se recoupe en partie avec l'époque Viking. En 725, l'archevêque d'Utrecht se rend au Danemark, tentant en vain de convertir le roi. Les évangélisations sont interrompues sous Charlemagne qui interdit que les missionnaires se rendent dans des territoires non soumis à son autorité. Sous le règne de Louis le Pieux elles reprennent à partir de 823, notamment sous l'impulsion de l'archevêché de Hambourg. L'archevêque Anschaire de Brême reçoit en 847 l'autorisation d'ériger une église au Schleswig. Le roi Harald Ier fonde, dès son entrée au pouvoir avec son père Gorm l'Ancien aux environs de 940, trois évêchés au Danemark : Schleswig, Ribe et Aarhus.
36
+
37
+ L’unité du Danemark fut réalisée par Harald « à la dent bleue » (Harald Blåtand) vers 980 qui règne sur un territoire s'étendant du Jutland à la Scanie. Il se fait baptiser en 962 ; cette nouvelle religion, qui permet au pouvoir royal de recevoir un certain soutien de la part du Saint-Empire, lui permet aussi d'asseoir son pouvoir en organisant la purge d'opposants adorant les divinités païennes. Peu à peu, la religion chrétienne, d'abord le fait de missionnaires venus du reste de l'Europe, s'implante localement et l'Église danoise commence elle-même à se livrer à l'action missionnaire.
38
+
39
+ L'Église ne cesse d'étendre son influence séculaire. La société agricole de 700 000 personnes est à la fin du XIe siècle une société aux normes apparemment féodales : un clergé puissant, une noblesse séculière de grands propriétaires terriens qui constitue le noyau de la défense du royaume, une bourgeoisie qui grandit en même temps que les villes et une paysannerie très nombreuse. Sous le règne de Knut IV le Saint (1080-1086), la monarchie s'enrichit considérablement et contribue au rayonnement du Royaume, mais son pouvoir est contesté par son frère, Oluf Ier de Danemark, qui appuie des révoltes paysannes voyant d'un mauvais œil cet essor. Knut IV est assassiné en 1086.
40
+
41
+ Un moment fief du Saint-Empire entre 1153 et 1162, le royaume du Danemark redevient indépendant sous Valdemar le Grand, qui déplace la capitale de Roskilde à Copenhague, ville portuaire et marchande et qui impose une monarchie héréditaire. Sous son égide, le royaume entreprend au début du XIIIe siècle des conquêtes militaires vers la Baltique, comme l'Estonie, et l'Allemagne du Nord, devenant une puissance incontournable. À un moment ou à un autre, le royaume contrôla l’Angleterre, la Suède, la Norvège, la mer Baltique et des territoires en Allemagne.
42
+
43
+ La peste noire décime une grande partie de la population danoise à partir de 1350, entraînant par là-même une crise économique et des bouleversements sociaux : la dynastie régnante, les Esthrithides, éteinte, entame une lutte de succession résolue sous l'impulsion de Marguerite Ire de Danemark, qui, à partir de 1387, devient Reine du Danemark, de Norvège et de Suède avant de céder sa place à son petit-neveu, Éric de Poméranie, couronné le 17 juin 1397. Naît alors l'Union de Kalmar, où les trois royaumes qui conservent leur autonomie juridique et leur administration, s'accordent pour avoir le même roi et posséder des organes administratifs communs. Cette union, interrompue plusieurs fois, marquera un rapprochement culturel indéniable entre ces trois pays de la Scandinavie. Le Danemark prend la tête économique et politique de cet ensemble, qui profite pour asseoir sa domination économique, malgré la prépondérance économique de la Hanse.
44
+
45
+ La Suède cherche à recouvrer son indépendance grâce à Gustave Vasa en 1523, notamment en mettant à profit le conflit entre la noblesse danoise et le roi Christian II et force les Danois à quitter le territoire suédois, mettant définitivement fin à l'Union. La couronne de Norvège, en revanche, demeure unie à celle du Danemark pour former le Royaume de Danemark-Norvège.
46
+
47
+ La Réforme luthérienne, imposée aux Danois en 1530, bute sur des résistances débouchant sur une guerre civile terminée en 1536 : un conseil de régence composé d'évêques catholiques prend le contrôle du pays et refuse de reconnaître l'élection de Christian III, converti au luthéranisme.
48
+
49
+ Le Danemark s'enrichit durant le XVIe siècle, en grande partie grâce à l'accroissement du trafic maritime dans l'Øresund. Le pays contrôlant les deux côtes du détroit du Sund, il profite de la manne que représentait la taxation des commerçants empruntant ce détroit. Sous les règnes de Frédéric II et de Christian IV, le pouvoir royal s'attèle à la modernisation de l'économie du pays, notamment de l'agriculture, de la flotte marchande et du commerce maritime (la marine de guerre, pour sa part, connaît elle aussi une modernisation). Les nouvelles conditions favorisent l'apparition d'une noblesse aisée qui réduit les paysans au servage. Mais ce développement, encore accéléré par l'immigration massive de réfugiés hollandais après la guerre de Quatre-Vingts Ans aux Pays-Bas, se fait parallèlement à une rivalité persistante avec la Suède contre laquelle le Danemark entre en guerre à six reprises entre 1563 et 1720 : la partie sud de la Suède moderne, appelée Scanie (Skåne), sera cédée par le Danemark à la suite du traité de Roskilde en 1658.
50
+
51
+ Mais ces guerres incessantes causent des dommages et des destructions que critiquent la bourgeoisie et la noblesse danoises à partir de 1660, provoquant une insurrection populaire contre les nobles lors de la révolution de 1665, ce qui permet à Frédéric III d'instaurer une monarchie absolue, inspirée du modèle français que les dirigeants danois francophiles admirent.
52
+
53
+ Le Danemark entame un nouveau mouvement d'expansion à partir du XVIIe siècle : il commerce avec le reste de l'Europe grâce à sa flotte marchande qui échange toutes sortes de produits avec des contrées de plus en plus lointaines : Chine, comptoirs aux Indes, Antilles. Le Royaume conserve le Groenland et l'Islande (dans l'Atlantique nord), colonies dont la couronne avait hérité des Norvégiens, mais il s'engage aussi dans la course aux terres à coloniser dans le reste du monde : il s'établit notamment à Tranquebar, sur la côte sud de l'Inde, en 1620, ou à Saint-Thomas dans les actuelles Îles Vierges américaines en 1671. Les compagnies coloniales danoises prospèrent particulièrement aux Indes et dans l'Afrique de l'Ouest notamment grâce aux comptoirs établis le long des côtes africaines pour le commerce des esclaves.
54
+
55
+ Le XIXe siècle voit un déclin relatif de la puissance danoise. Allié forcé de Napoléon Ier pendant les guerres napoléoniennes, le Danemark est bombardé par l'Angleterre en 1807 et encerclé par un blocus portuaire par la flotte britannique ; l'économie danoise en souffre énormément, jusqu'à ce que l'État danois entre en faillite en 1814. La Suède de Charles-Jean en profite pour attaquer le Danemark, forçant Frédéric VI à signer le traité de Kiel le 14 janvier 1814 transférant le royaume de Norvège à la Suède, à l'exception du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé, qui sont laissées au Danemark.
56
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57
+ Exsangue de ces revers militaires et économiques, en 1831, le pays dirigé par Frédéric VI instaure des assemblées d'État provinciaux. Mais le mouvement nationaliste au Danemark devient de plus en plus puissant tout au long du XIXe siècle. Dans le sillage des révolutions européennes de 1848, le Danemark devient une monarchie constitutionnelle avec la signature d'une première Constitution parlementaire le 5 juin 1849 : la diète se compose de deux assemblées, le Folketing (Chambre du peuple) et le Landsting (Chambre des grands propriétaires).
58
+
59
+ Le règlement de la future succession au trône donne lieu en 1848 à des troubles entre nationalistes danois et activistes allemands, le Schleswig, le Holstein et le Lauenbourg ayant tenté à cette occasion de se séparer du Danemark, avec l'appui de la Prusse. À la mort de Frédéric VII de Danemark (1863), l'Allemagne réunie à Francfort réclame l'indépendance du Holstein et du Schleswig, ce qui donne lieu à deux guerres des Duchés dont la seconde en 1864 est désastreuse pour le Danemark : il est contraint de céder ces trois duchés.
60
+
61
+ De 1815 à 1914, plus de trois cent mille Danois émigrent définitivement, la plupart vers les États-Unis. En 1901, le régime parlementaire est instauré de facto. Durant les premières décennies du XXe siècle, le nouveau Parti radical et le plus ancien Parti libéral se partagent le pouvoir. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1915 et quelques-unes des colonies danoises sont vendues aux États-Unis. Durant cette période, le Danemark inaugure d'importantes réformes sociales et du marché du travail, jetant les bases de l'état-providence actuel.
62
+
63
+ Resté neutre pendant la Première Guerre mondiale, le pays est néanmoins considérablement affecté par le conflit mondial : le commerce a été largement interrompu, suivi par l'instabilité financière en Europe. Néanmoins, le Danemark a repris en 1920 une partie du Schleswig-Holstein, le Nord-Schleswig à l'issue de deux plébiscites organisés par le Traité de Versailles.
64
+
65
+ Bien que le Danemark se soit déclaré neutre au début de la Seconde Guerre mondiale, le 9 avril 1940, la Wehrmacht envahit son territoire, sans rencontrer de résistance, le roi Christian X étant conscient de la supériorité militaire du Troisième Reich. Le roi propose en vain à Adolf Hitler le régime du protectorat. Le pays fut occupé pendant toute la Seconde Guerre mondiale, dans des conditions toutefois beaucoup moins drastiques que dans les autres pays d'Europe : le Parlement put initialement maintenir ses sessions et la police resta sous contrôle danois. Malgré cela la population devint de plus en plus hostile aux Allemands ; les actes violents de résistance et l'organisation du sauvetage des Juifs, qui permit de faire évacuer et de protéger quelque 99 % de la population juive, conduisirent l'Allemagne nazie à considérer le Danemark comme territoire ennemi dès 1942 et à dissoudre le gouvernement danois en 1943. Le pays fut libéré en mai 1945.
66
+
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+ En 1944, l'Islande rompt l'union personnelle avec le Danemark, qui reconnait la séparation à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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+ En 1948, les Îles Féroé obtiennent un statut autonome. En 1953, d'autres réformes politiques sont effectuées avec l'adoption d'une nouvelle constitution : le Landsting, la chambre haute du parlement, est supprimé, le statut de colonie du Groenland est aboli et les femmes obtiennent le droit de monter sur le trône.
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+ Après la guerre, le Danemark renonce à sa neutralité sous la menace grandissante de l'URSS. Il s'installe résolument dans le bloc de l'Ouest : il devient membre fondateur de l'Organisation des Nations Unies et de l'OTAN, même s'il a tout d'abord essayé de former une union de défense scandinave avec la Norvège et la Suède.
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+ Le 5 juin 1953, une nouvelle constitution, à régime unicaméral, à possibilité de succession féminine au trône, à régime parlementaire de jure, est signée par le roi Frédéric IX.
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+ Le pays participe activement à la construction de l'Europe politique et économique. En 1960, le Danemark devient membre de l'Association européenne de libre-échange (AELE). En 1972, les Danois acceptent par référendum de rejoindre la Communauté européenne et le Danemark en devient membre le 1er janvier 1973. Depuis lors, le Danemark est un membre hésitant de l'Europe, rejetant de nombreuses propositions et refusant notamment par référendum le traité de Maastricht le 2 juin 1992 (50,7 % de votes négatifs) et l'euro le 28 septembre 2000 (53,2 % de votes négatifs). Le Danemark refuse aussi de participer à la Politique de sécurité et de défense commune mais demeure membre de l'espace Schengen. Le pont de l'Øresund, pont ferroviaire et routier à la fois, relie depuis 2000, Copenhague à la ville de Malmö en Suède, symbole de cet ancrage du pays au sein de l'Europe.
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+ En 2011, le Danemark élit sa première femme Premier ministre, Helle-Thorning Schmidt. Le pays n'est pas épargné par la menace terroriste présente en Europe occidentale depuis la décennie 2010 : les 14 et 15 février 2015, deux fusillades éclatent, la première lors d'une conférence nommée « Art, blasphème et liberté d'expression » (danois : Kunst, blasfemi og ytringsfrihed), la seconde le lendemain devant la Grande Synagogue de Copenhague, faisant au total 2 morts plus l'assaillant et 5 blessés.
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+
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+ Bordé par la mer Baltique, le Kattegat, le Skagerrak et la mer du Nord, le Danemark est situé au nord de l’Allemagne, au sud de la Norvège et au sud-sud-ouest de la Suède. Le Danemark est constitué d’une péninsule, le Jutland (Jylland) et de 443 îles, dont 72 sont habitées, formant un ensemble appelé l'archipel danois. Les plus importantes sont l’île de Fionie (Fyn) et le Seeland (Sjælland). L’île de Bornholm est située à l’est-sud-est du reste du pays dans la mer Baltique. L'ensemble des côtes danoises représentent 8 750 km de littoral. Le point le plus éloigné du littoral dans le pays est situé à 52 km de la côte. Les îles principales sont reliées par des ponts et le pont de l'Øresund relie le Seeland avec la région de Scanie en Suède.
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+ Si le Danemark est peu doté en ressources naturelles, il dispose néanmoins, en plus de sa position stratégique de carrefour maritime, de pétrole, de gaz naturel et de ressources halieutiques.
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+ Le Danemark est l'un des pays les plus plats du monde. L'altitude moyenne ne dépasse pas les 30 mètres au dessus de la mer.
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+
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+ Les cours d'eau (fleuves) les plus longs sont :
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+
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+ Le Danemark dispose d'un climat tempéré compte tenu de sa situation méridionale comparé au reste de la Scandinavie. Les hivers sont généralement humides, venteux, mais doux et les étés, assez frais[14], peuvent connaître des passages pluvieux fréquents. Selon la classification de Köppen, son territoire est partagé entre :
88
+
89
+ Il tombe environ 1 340 mm de précipitations sur toute l'année de manière assez stable sur l'année. Les mois les plus pluvieux sont entre les mois de novembre (121 mm) et de mai (134 mm)[15].
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+
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+ La variation moyenne de température sur l'année enregistrée est de 15,9 °C. Le mois de juillet est le plus chaud de l'année avec une température moyenne de 17,4 °C et janvier le plus froid avec 1,5 °C[15]. La température moyenne annuelle, elle, est fixée à 8,8 °C.
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+
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+
95
+ Le Danemark étant un État unitaire, les collectivités territoriales ne sont pas souveraines et ne disposent pas d'autonomie législative. Elles disposent en revanche d'un principe de libre administration garanti par l'article 82 de la Constitution dans sa version de 1953. Depuis le 1er janvier 2007, et à la suite d'une décision gouvernementale de juillet 2004, les 13 amter ont été remplacés par 5 régions, principalement compétente en matière de sécurité sociale, de culture et d'éducation :
96
+
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+ Le territoire est ensuite subdivisé entre 270 communes regroupées en 98 structures de 20 000 habitants avec des responsabilités proches de celles des anciens amter.
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+
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+ L'archipel Ertholmene, 39 hectares (0,39 km2), et peuplé de 90 habitants (2014), situé au nord-est de l'île de Bornholm, ne fait partie d'aucune région. Le Groenland et les îles Féroé sont deux régions autonomes rattachées au Danemark. Le Royaume de Danemark, qui inclut ces deux territoires insulaires, couvre 2 220 093 km2[16].
100
+
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+ Le Groenland, Grønland en danois (« terre verte »), Kalaallit Nunaat en groenlandais est une île située dans l’océan Atlantique. Bien que faisant géographiquement partie de l’Amérique du Nord, le territoire est juridiquement rattaché à l’Europe en tant que territoire autonome du Danemark. Le Groenland bénéficie d’une autonomie politique depuis 1994, fortement étendue à la suite du vote du 25 novembre 2008. Ses 56 500 habitants ont choisi, au cours d’un référendum en 1982 (entré en vigueur le 1er février 1985), de ne plus faire partie de la Communauté européenne et de la CECA auxquelles leur territoire appartenait depuis le 1er janvier 1973. À la suite du référendum du 25 novembre 2008, le Groenland a accédé le 21 juin 2009 à une autonomie renforcée. Le Danemark lui cède 32 domaines de compétences, dont ceux de la police et de la justice. Le groenlandais en est la langue officielle.
102
+ La capitale du Groenland est Nuuk (ou Godthåb en danois). La ville compte 17 000 habitants et sa population est essentiellement composée de Groenlandais (80 %) et de Danois (14,5 %).
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+ Les plus grandes villes sont Copenhague (sur l’île de Seeland), Aarhus (dans le Jutland) et Odense sur l’île de Fionie.
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+ Le pays est plat. Il est surtout composé de côtes sablonneuses et de terres agricoles. Il ne comporte que très peu de reliefs, les points les plus élevés sont Himmelbjerget, Møllehøj, Yding Skovhøj et Ejer Bavnehøj, qui sont à 170,86 ; 170,77 ; et 170,35 mètres d’altitude. Le territoire est composé à 55,99 % de terres arables, pourcentage le plus élevé du monde.[18] Les terres irriguées représentent au total 4 354 km2.
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+
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+ Falaises sur la Mer du Nord, près de Vendsyssel-Thy.
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+ Ny Carlsberg Glyptotek, à Copenhague.
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+ Paysage rural près de Fjerritslev (en), dans le Jutland.
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+ Fjord de Veststadil, dans le Jutland.
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+ Le fjord Kejser Franz Josef au Groenland.
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+ Quartier de Nyhavn, à Copenhague.
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+ Paysage près de Femo.
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+
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+ Château de Frederiksborg, à Hillerød.
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+
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+ Strøget, rue piétonne marchande d'Aarhus.
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+
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+ Église de Vagur, dans les îles Féroé.
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+ Forêt de Gribskov, dans le nord de Seeland.
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+
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+ Fjord de Norsminde dans le sud-ouest.
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+ Rues d'Odense.
133
+
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+ Littoral sur la Mer Baltique à Skagen.
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+ Nouveau pont du Petit Belt.
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+ Vue de Kolding depuis le Lac Slotsø.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le pays est devenu l’un des leaders mondiaux en matière d’énergie éolienne et a développé de nombreuses expériences d’écologie urbaine (écoquartiers, architecture de haute qualité environnementale) dans le domaine du développement durable. Malgré ces efforts, les émissions de CO2 par habitant au Danemark restent élevées (plus de 7,2 tonnes de CO2 par habitant en 2010[19]). Ce mauvais résultat s'explique par un usage massif des énergies fossiles (70% du mix énergétique total[20]). L’agriculture biologique s’est fortement développée et une taxe significative sur les pesticides a considérablement réduit l’usage de ces produits par les agriculteurs conventionnels.
143
+
144
+ Le pays est cependant encore grevé par une relative artificialisation du territoire et par la forte dégradation écologique de la mer Baltique (métaux lourds, radioactivité, surpêche, eutrophisation et « zones mortes » dans le Skagerrak). Cette mer abrite aussi plusieurs décharges de dizaines de milliers de tonnes de munitions immergées (issues de guerre) dont un grand nombre de munitions chimiques qui ont récemment commencé à se corroder et à libérer leur contenu toxique dans l’environnement. Le Danemark est membre de la commission Helcom qui se penche au chevet de la Baltique avec les autres pays Baltes et le soutien de l’Union européenne.
145
+
146
+ Depuis la ratification d'une première Constitution du 5 juin 1849, le Danemark est une monarchie constitutionnelle doté d'une système parlementaire de gouvernance de type monocaméral. C'est une démocratie parlementaire stable.
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+
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+ Le monarque est formellement le chef d’État et le détenteur de jure du pouvoir exécutif[21]. Dans les faits, il s'astreint à une position essentiellement symbolique limitée à la représentation officielle, notamment à l'étranger et au pouvoir de nomination, en premier lieu celui du Premier ministre et des ministres du cabinet gouvernemental. Le monarque n'est pas politiquement responsable de ses actes. Depuis le 14 janvier 1972, la reine de Danemark est Margrethe II de Danemark.
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+
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+ Le pouvoir exécutif est dévolu par le monarque au Cabinet, qui exerce le réel pouvoir exécutif, composé de ministres. Il est dirigé par un Premier ministre, nommé par le souverain, qui doit avoir le soutien d'une majorité au Folketing, et qui est le « premier d’entre ses pairs » (primus inter pares).
151
+
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le parlement, le Folketing, qui comprend 179 membres membres, dont 175 représentent le Danemark métropolitain, deux le Groenland et deux les îles Féroé. Les parlementaires sont élus au suffrage universel direct par scrutin majoritaire avec une importance dose de proportionnelle[22]. Il est renouvelé intégralement tous les quatre ans. La majorité électorale est fixée à 18 ans et les Danoises disposent du droit de vote depuis 1915[23]. Le Premier ministre est habilité par la Constitution à convoquer des élections parlementaires anticipés lorsqu'il le juge politiquement profitable. Il a l'obligation de l'organiser si le Folketing a voté une motion de censure. Dans les faits, aucun parti n'a jamais eu la majorité des voix depuis 1909, les gouvernements successifs depuis ayant toujours été minoritaires[23]. De fait, à chaque élection, négociations et alliances se font et défont entre les différents partis politiques selon un système pluripartite.
153
+
154
+ Un parti politique est représenté au Folketing dès lors qu'il a obtenu 2 % des suffrages exprimés du scrutin. Il existe une multitude de partis minoritaires non représentés au Folketing (dont les Démocrates du centre, Minoritetspartiet). Le mouvement populaire contre l'Union européenne et le Mouvement de juin (une scission du précédent) sont représentés au Parlement européen et ne se présentent que lors des élections européennes. Des partis locaux du Groenland et des îles Féroé sont représentés au Folketing.
155
+
156
+ Un tiers des membres du Folketing peut demander la soumission à un référendum populaire d'une loi ordinaire qu'il a adoptée. Un seul référendum a été organisé selon ce principe, en 1963, au sujet d'une réforme des lois agraires[23]. Les révisions constitutionnelles ainsi que les modifications de la majorité électorale font obligatoirement l'objet d'un référendum, de même que les transferts de souveraineté nationale.
157
+
158
+ Entre 2001 et 2009, le pays a été gouverné par Anders Fogh Rasmussen du parti Venstre (libéral) en coalition avec le parti conservateur et avec l’appui du parti populaire danois. Sa politique étrangère reposait sur une position atlantiste, l’arrêt de la hausse des impôts, une réduction de l’immigration et le maintien des acquis sociaux de l’État-providence. Il avait été reconduit en 2005 malgré une légère diminution du nombre de voix en sa faveur.
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+
160
+ Le gouvernement actuel, dirigé par Mette Frederiksen, est uniquement composé de membres du parti social-démocrate. Formé à la suite des élections de 2019, c'est un gouvernement minoritaire qui dépend du soutien du Parti populaire socialiste, de la Liste de l’unité et du Parti social-libéral danois. Il a succédé le 27 juin 2019 à un autre gouvernement minoritaire, celui de Lars Løkke Rasmussen, composé de 2015 à 2019 de membres du parti libéral Venstre, de l'Alliance libérale et du Parti populaire conservateur.
161
+
162
+ Autrefois synonyme de puissance majeure en Europe du Nord, la politique extérieure du Danemark a, depuis la fin du XIXe siècle, essentiellement consisté en l’affirmation de sa neutralité politique. Ceci a permis aux Danois d’échapper à la Première Guerre mondiale. Mais l’invasion du pays par l’Allemagne nazie en 1940 a montré les limites de cette neutralité et le pays a, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, adopté pour sa politique extérieure une orientation très atlantiste. Le Danemark a notamment soutenu l'intervention américaine en Irak de 2003, en déployant 530 soldats danois sur le sol irakien. Le pays est membre de l'OTAN depuis 1949 et cette appartenance à l'alliance atlantique continue de jouir d'un fort soutien populaire[24]. Le gouvernement et le Parlement sont, en parallèle, en dialogue permanent avec les autres pays scandinaves dans le cadre du Conseil nordique, forum de coopération économique et politique. Le Royaume participe également au Conseil de l'arctique en tant que pays riverain du cercle polaire via le Groenland.
163
+
164
+ Le Danemark est reconnu comme un acteur diplomatique majeur sur la scène européenne et internationale avec la stature d'une moyenne puissance[25]. Il participe régulièrement aux dialogues diplomatiques internationaux, le plus récemment à travers l'organisation de la Conférence de Copenhague de 2009 pour une action mondiale sur le climat. Cette conférence fut cependant considérée par certains comme un échec[26].
165
+
166
+ Le Danemark est membre de l'Union européenne depuis le 1er janvier 1973, date à laquelle il avait adhéré à l'ex-Communauté économique européenne à la faveur de son premier élargissement, au même moment que l'Irlande et le Royaume-Uni. Il avait très tôt demandé à adhérer, dès le 10 décembre 1961, mais le processus d'adhésion avait été bloqué par la France eurosceptique de Charles de Gaulle qui refusait dans le même temps l'adhésion britannique, le Danemark ayant décidé d'y joindre la sienne[27]. Fondamentalement ancré dans les échanges commerciaux au sein de l'Europe, les Danois se sont progressivement ralliés aux développements successifs de l'Union, ayant notamment largement soutenu l'Acte unique européen de 1986 qui a approfondi les libertés de circulation économique au sein du marché commun[28]. Les échanges commerciaux au sein de l'Union représentent 62 % du commerce extérieur du Danemark et comptent pour 71 % de ses importations[29].
167
+
168
+ Le pays est membre de l'Espace Schengen depuis 2001, puisqu'il n'a signé les accords qu'en 1996, soit onze ans après la création de l'espace de libre circulation des personnes. Membre depuis l'origine du système monétaire européen, il n'est cependant pas membre de la zone euro et continue d'utiliser sa propre monnaie, la couronne danoise, grâce à une option de retrait ; les accords d’Édimbourg de 1992 lui permettant d'être exempt de l'obligation d'adopter la monnaie unique. Il est cependant membre du MCE II qui arrime sa monnaie nationale à l'euro. Il bénéficie par ailleurs d'autres options de retrait l'exemptant notamment de la participation à la PESC, en matière de justice et affaires intérieures, y compris d'Europol, et jusqu'au Traité d'Amsterdam de la citoyenneté européenne, bien que ces options de retrait fassent l'objet de débats politiques en faveur de leur abandon[30],[31], un référendum pour plus d'intégration judiciaire et politique ayant été rejeté en 2015[32]. Le pays est cependant vu comme traditionnellement eurosceptique[33].
169
+
170
+ Le Danemark a présidé sept fois l'Union, la dernière fois entre janvier et juin 2012. Il est représenté par 13 députés au Parlement européen.
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+ Membre actif de l'OTAN depuis sa création en 1945, le pays a, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, abandonné sa politique de neutralité et d'isolationnisme qui n'avait pas évité au pays l’invasion allemande du 9 avril 1940. Prenant conscience de sa place de petit État au sein du continent européen, le Danemark a donc privilégié une politique d'influence[34], au nom de la sécurité et le bien-être sur le plan international, basés sur les règles et les actions des organisations internationales, rejetant l'unilatéralisme autoritaire[35]. Par exemple, le pays fut le deuxième pays à reconnaître l'indépendance des pays baltes après l'Islande et joua un rôle important dans l'édification de leur défense. L'ouverture et la coopération militaire avec les pays riverains de la Mer Baltique anciennement membres du bloc soviétique, constitue pour le pays une sphère d'influence nécessaire ainsi qu'un moyen de légitimer la présence de l'OTAN dans la région et de maintenir les intérêts américains dans la région[36]. Cette approche a été réitérée en resserrant les liens avec la Pologne dès 1993 aux côtés de l'Allemagne, avec notamment la création d'une coopération militaire trilatérale appelé Corps multinational du Nord-Est.
173
+
174
+ Le Danemark privilégiant une politique étrangère atlantiste, est volontairement resté à la marge de la construction européenne d'une politique commune de sécurité et de défense sous l'égide de l'Union européenne[35], dont il dispose d'une exclusion dérogatoire, choix eurosceptique régulièrement critiqué compte tenu de son analogie en matière d'orientation de défense commune et d'activisme international[35],[36]. Il suit néanmoins la doctrine de la défense totale, c'est-à-dire en assurant le maximum d'autonomie en ce qui concerne la mobilisation de moyens humains et matériels nécessaires à sa propre sécurité.
175
+
176
+ Le pays jouant par ailleurs un rôle actif dans la diplomatie et les opérations de maintien de la paix dirigées par l'ONU, l'OTAN ou la Coalition militaire en Irak, moyen pour lui de promouvoir ses valeurs libérales démocratiques[35]. Au 10 mars 2016, l'armée danoise déploie au total 473 personnels militaires dans les pays suivants :
177
+
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+ En 2017, le Danemark consacrait 25,165 milliards de couronnes danoises (DKK) - près de 3 milliards de dollars américains (USD) - à son budget militaire, soit environ 1,17 % de son PNB[38]. La défense est assurée par les Forces armées danoises (Forsvaret) composée de 15 034 personnes (militaires professionnels) ainsi que 4 877 civils, 12 000 réservistes et 51 000 volontaires au sein de la Garde nationale[39]. Elle dispose à ce jour d'un équipement et de matériel militaire contemporain de pointe, des chars de combat aux aéronefs avec notamment 30 Lockheed F-16 Fighting Falcon, huit Eurocopter AS550 Fennec ou encore quatre frégates et trois corvettes au sein de sa Marine royale.
179
+
180
+ Le système juridique danois est de tradition civiliste de type scandinave. Développé au Moyen Âge sur la base de coutumes régionales, il a pour source principale la jurisprudence et les édits royaux, c'est-à-dire les lois votées par le Parlement et contresignées par le monarque, en particulier le Code danois (Danske Lov) de 1683 qui a compilé le droit positif applicable.
181
+
182
+ Le système juridictionnel est organisé en deux niveaux d'instance : une voie de premier ressort (dont les Tribunaux de district (fogedret) et des cours spécialisées) et une voie d'appel, entendue par trois hautes-cours (Landsret), et un niveau de juridiction suprême représenté par la Cour suprême (Højesteret). Les tribunaux du Danemark sont indépendants des pouvoirs législatif et exécutif (séparation des pouvoirs suivant les principes de Montesquieu). Ils sont compétents pour connaître des litiges selon leur nature pénale ou civile[40]. Le système juridictionnel actuel est issu d'une dernière réforme importante du 1er janvier 2007 qui a considérablement réorganisé l'organisation des tribunaux ainsi que les recours aux jurys.
183
+
184
+ Le Danemark est une économie mixte classée comme un pays développé à hauts revenus participant activement dans la mondialisation. Il était classé au 18e rang mondial pour ce qui est du PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat et au 6e rang mondial pour le PIB nominal par habitant en 2015[41]. Le pays se classe comme huitième économie européenne la plus compétitive selon le Forum économique mondial dans son Rapport sur la compétitivité globale de 2014-2015[42]. Plusieurs entreprises danoises sont connues mondialement, telles que Carlsberg, Maersk, Danfoss, Vestas, The Lego Group, Velux, Stimorol, Bang & Olufsen. Malgré son faible poids démographique, le pays a une économie solide[43], jouissant de faibles taux d'intérêt et d'un faible taux d'inflation. Tout comme le reste de la zone euro, le sien s'élevait à 1,4 % en 2017 après être resté sous la barre des 1 % d'augmentation annuelle entre 2013 et 2016[44].
185
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186
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187
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+ Cette économie a, comme le reste de l'Union européenne, largement souffert de la crise économico-financière de 2008, connaissant une longue période de récession et de repli de la consommation intérieure considérée comme le pire ralentissement depuis quarante ans[45], bien qu'en des proportions légèrement moindres. Une situation financière saine a permis aux pouvoirs publics de prendre des mesures de stimulation budgétaire vigoureuses pour pallier des difficultés comme la hausse du chômage et la flambée des prix du logement entamée au début de la décennie 2010. Les mesures furent entre autres la flexibilisation du marché du travail ainsi que la hausse des investissements publics[45]. Les prévisions de croissance de son produit intérieur brut (PIB) pour 2016 sont de 1,7 % pour 2018 et de 1,9 % pour 2019, plus faible que pour l'ensemble de la zone euro à laquelle elle n'appartient pas, évaluée à 2,2 % en 2018 par la Commission européenne. Croissance timide mais consolidée[46] par la bonne forme du marché du travail, elle est poussée surtout par la consommation intérieure, l'investissement des entreprises et les exportations demeurant à la traîne. Plus généralement, la croissance danoise a nettement diminué depuis le début des années 2000 par rapport aux décennies précédentes[47]. En 2018, le PIB par habitant n'avait toujours pas retrouvé son niveau d'avant-crise.
189
+
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+ Les inégalités de revenus, relativement faibles par rapport aux autres pays de l’OCDE, se sont accrues de 9 % entre 1987 et 2012. Le Danemark est aussi confronté au phénomène récent des travailleurs pauvres[47].
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+
192
+ Le Danemark présente l'un des taux d'emploi dans les administrations publiques (nombre de fonctionnaires par habitants) les plus élevés des pays de l'OCDE, celui-ci s’élevant en 2018 à 143,5 ‰ (88,5 ‰ en France)[48]
193
+
194
+ Si les secteurs d'activités sont des plus diversifiés, le Danemark est l'une des économies les plus tertiarisées du monde. L'agriculture ne compte que pour 2 % du PIB en 2006[49], bien que plus de 60 % de sa surface au sol soit arable et utilisée pour l'agriculture, faisant du pays l'un des plus agricoles au monde[50]. Elle participe indirectement à 10 % des emplois. Elle est basée principalement sur un modèle de hauts-rendements, fortement spécialisé et industrialisé, avec par exemple un rendement de 6 222 kg de céréales par hectare en 2016, la moyenne mondiale étant de 3 966 kg par hectare[51]. Fortement équipé en hautes technologies, ce secteur se voit doté par les pouvoirs publics d'un pôle d'innovation agricole en 2014 pour regrouper les PME de recherche et développement en solutions informatiques spécialisées pour les produits agricoles[52], de sorte qu'il soit capable de nourrir 17 millions de personnes chaque année soit presque trois fois la population nationale. Il perd sa tradition d'agriculture familiale, la tendance actuelle étant une réduction du nombre de producteurs et de fermes et à l'augmentation de la taille des exploitations, à la suite d'un taux d'endettement élevé dans le secteur agricole depuis la crise[53].
195
+
196
+ Le Danemark produit une grande variété de produits agricoles : des volailles, de la viande bovine et porcine, du poisson, tout comme des céréales comme le blé, de l'herbe pour l'alimentation des animaux ou encore des graines horticoles. En revanche, la forêt ne représentant que 4 % de la surface du pays, dont 70 % composée de surfaces forestières privées, la production de bois danoise ne couvre que 25 % des besoins nationaux, le reste étant couvert par l'importation depuis les pays voisins[50]. Ses principales exportations sont les produits agroalimentaires, 16,1 milliards d'euros en 2011[54], puis la pêche et la viande porcine[50], le Danemark étant d'ailleurs le quatrième producteur européen de porc, derrière la France, pour 1,9 million de tec par an. Ces exportations comptaient en 2011 pour 20 % du total des exportations[54], le gouvernement cherchant à développer encore le secteur devant l'explosion de la demande mondiale. Ses principaux clients sont le reste de l'Union européenne, en premier lieu l'Allemagne[50].
197
+
198
+ Le Danemark fait partie des pionniers en matière d'agriculture biologique comptant pour 6 à 7 % du nombre total d'exploitations agricoles certifiées[50]. Son agriculture a d'ailleurs largement baissé sa consommation traditionnellement forte en insecticides et en pesticides, leur taxation étant bien plus élevée que dans le reste de l'Union[55].
199
+
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+ L'agriculture peut compter en outre sur un secteur agroalimentaire solide et puissant avec plusieurs entreprises multinationales comme Danish Crown, spécialisé dans la production et la transformation de viandes ou Arla Foods, spécialisé dans les produits laitiers, qui figurent parmi les plus grandes sociétés alimentaires d'Europe. Le secteur est structuré en coopératives où sont intégrées à la fois la production primaire et l'industrie agroalimentaire propre.
201
+
202
+ Comme le reste de l'Europe, le Danemark est une économie post-industrielle, le secteur industriel ne participe directement plus qu'à 19,43 % du total des emplois en 2016 contre 34,24 % en 1972[56].
203
+
204
+ Du fait de la taille réduite de son marché intérieur, l’économie danoise dépend fortement du commerce extérieur. Sa production est axée sur l'écotechnologie (éolienne, panneaux photovoltaïques), le design (architecture, mobilier, matériaux), l'industrie électronique (son, image, matériel médical), l'exploitation des ressources naturelles (pétrole et gaz), la production de nourriture et de boissons (poissons, porcs, bière), la production de machineries industrielles, les équipements militaires, ainsi que les soins de santé et la production pharmaceutique[57][source insuffisante]. Les médicaments sont le premier poste des exportations totales du pays pour 12 %, soit 12 milliards d'euros en 2015[58].
205
+
206
+ Le Danemark exporte abondamment ses produits grâce à une industrie spécialisée dynamique et à ses transports maritimes et fluviaux qui sont parmi les plus importants du monde. Plusieurs entreprises danoises ont ainsi acquis une notoriété mondiale sur des niches spécialisées en forte croissance.
207
+
208
+ Selon le rapport 2014 de l'Union internationale des télécommunications, le Danemark était le pays le plus connecté du monde en 2014[59]. Ce classement réalisé sur la base d'un « indice de développement » des technologies de l'information et de la communication (TIC) s'appuie le niveau d'accès aux TIC, l'utilisation qui en est faite et les compétences développées dans ce domaine.
209
+
210
+ Le secteur de l'énergie repose à la fois sur des ressources naturelles fossiles importantes mais finies, représentant 75 % de ses ressources totale d'énergie en 2014, et de ressources renouvelables, la biomasse mais surtout l'éolien, représentant ensemble 25 % des ressources.
211
+
212
+ Membre de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le Danemark dispose de ressources importantes de pétrole et de gaz naturel grâce à sa ZEE dans le Mer du Nord, le pays étant classé comme le 41e exportateur de pétrole brut en 2016 avec une production de 142 000 tonnes de barils par jour[60]. La production est néanmoins vouée à décliner dans les années à venir compte tenu de l'épuisement des ressources, le pétrole qui continuait à fournir 46,3 % de la production d'énergie primaire en 2016, était tombé de 523 pétajoules en 2005 à 293 en 2016, et le gaz naturel 26,3 %[61].
213
+
214
+ La production d'électricité reposait en 2015 pour 32 % sur des centrales thermiques à combustibles fossiles (surtout charbon : 24,5 % et gaz naturel : 6,3 %), et pour 65,5 % sur les énergies renouvelables, en particulier les éoliennes (48,8 %) et la biomasse (14,5 %) ; la part du solaire augmentant rapidement : 2,1 %.
215
+
216
+ En revanche, le Danemark apparaît comme l'un des États les plus avancés en matière d'énergie renouvelable, 29,4 % de sa production primaire et 57,4 % de sa production nette d'électricité étant issue de ressources renouvelables en 2014[62], cette part ayant doublé en dix ans. Signataire du Protocole de Kyoto, les pouvoirs publics considèrent la transition énergétique vers les énergies renouvelables comme une priorité, ainsi qu'en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre[62], l'objectif fixé étant que 50 % du total de la production primaire d'énergie soit couverte par les énergies renouvelables. L'AIE a d'ailleurs qualifié le pays de « leader mondial de la décarbonisation »[63].
217
+
218
+ La production éolienne est de loin la première source d'énergie renouvelable du pays, dont la production a plus que doublé pour passer de 6,1 TWh en 2006 à 12,8 TWh en 2016, pour assurer en 2017 43,7 % du total des besoins en électricité du pays, situant le pays à la première place mondiale de très loin pour cette proportion[63], ayant profité d'une politique de subvention généreuse. L'intermittence de la production est couverte par les capacités de régulation apportées par les barrages hydroélectriques de la Norvège et de la Suède, et aux nombreux câbles sous-marins d'interconnexion qui relient le Danemark à ces deux pays. Le fort potentiel éolien du pays est dû à son front littoral balayé par les vents maritimes, notamment de la Mer du Nord. Les Danois ont d'ailleurs été pionniers dans le développement de fermes éoliennes offshores[64], et ont établi un record de production de 9 MW d'énergie par éolienne seule[65]. Une telle spécialisation fait émerger des géants nationaux de l'éolien, tels que l'entreprise Vestas, leader mondial jusqu'en 2011.
219
+
220
+ Le pays ne produit pas d'énergie nucléaire.
221
+
222
+ La consommation danoise d'énergie primaire par habitant était en 2015 de 2,83 tep, nettement inférieure à celles de la France : 3,71 tep et de l'Allemagne : 3,77 tep. La part des énergies renouvelables dans cette consommation atteignait 29 % en 2016 contre 37 % de pétrole, 17 % de gaz naturel et 15 % de charbon. La consommation finale d'énergie du Danemark se caractérise avant tout par sa stabilité exceptionnelle ; en fait, elle avait légèrement augmenté jusqu'en 2007 (+4 %), puis est retombée de 7 % sous l'effet de la crise.
223
+
224
+ Le pétrole reste prédominant, mais décline progressivement en faveur du gaz, des énergies renouvelables thermiques (bois, biogaz, etc.) et du chauffage urbain ; l'électricité a progressé de 115,5 % entre 1972 et 2006, puis a régressé de 7,8 % en 6 ans ; le gaz naturel est monté en flèche de ses débuts en 1982 jusqu'à son apogée en 1996 (à 11,4 %) puis s'est stabilisé autour de 11 %.
225
+
226
+ La couronne danoise (krone) est relativement stable. Elle fait partie du Mécanisme de taux de change européen dit MCE II car liée à l’euro. 1 € vaut 7,42 DKK avec une marge de fluctuation de 2,25 %.
227
+
228
+ Le Danemark ne participe pas à l’euro car les Danois ont rejeté cette proposition par un référendum en septembre 2000. Il est l'une des Etats de l’Union européenne à avoir signé avec les autres États membres une clause dite d'opting out négociée dans l’accord d’Édimbourg en 1992, qui lui permet de rester hors de la zone euro.
229
+
230
+ Un nouveau référendum sur l’adhésion du Danemark à la zone euro aurait pu se tenir au deuxième semestre 2008, mais l’idée a été repoussée depuis la crise des dettes souveraines en Europe à partir des années 2010. Majoritairement favorable à l'introduction de l'euro jusqu'en mai 2010, une grande majorité (65 %) de la population danoise s'y est ensuite opposée, un dernier sondage en ce sens date de décembre 2016[66].
231
+
232
+ Le modèle social danois est régulièrement vanté comme l'un des meilleurs �� travers le monde, y compris en France[67],[68]. Il est caractérisé par une politique volontariste en matière d'assistance sociale faisant du pays un modèle d'État-providence, les pouvoirs publics consacrant 54,5 % du PIB en 2015 pour les dépenses des administrations publiques, soit le troisième pays de l'OCDE en pourcentage du PIB, juste derrière la Finlande et la France[69]. La population bénéficie de hauts niveaux de prestations sociales ; la protection sociale danoise couvre les salariés contre un très grand nombre de risques (maladie, maternité, accidents du travail et maladies professionnelles, invalidité, vieillesse, survivants et chômage)[70].
233
+
234
+ En 2014, il était estimé que seule 6 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté ajusté des taxes et impositions, soit le second plus faible taux de pauvreté de l'OCDE dont la moyenne était fixée à 11,3 % la même année[71].
235
+
236
+ Le fonctionnement du marché du travail se caractérise par un système de flexisécurité qui conjugue la facilité de licenciement avec d’importantes indemnités de chômage. La Banque mondiale a ainsi classé le Danemark comme ayant le marché du travail le plus libéral d'Europe. L'emploi temporaire n'y est pas synonyme de précarité. Selon Carole Tuchszirer, économiste au Cairn, ce système repose à la fois sur un marché du travail fluide et peu réglementé, un régime d'assurance-chômage qui joue pleinement son rôle de revenu de remplacement, et un ensemble de droits et obligations imposés aux chômeurs[72], pourtant de plus en plus décrié, les chômeurs devant envoyer deux lettres de candidature par semaine, être toujours disponibles pour l'agence pour l'emploi, toute absence temporaire y compris pour vacances étant soumise à autorisation préalable[73]. De plus, le faible taux de chômage, en dessous du niveau structurel, établi à 4,2 % au mois de décembre 2017, masque une pénurie récurrente de main-d'œuvre[45], expliquant au moins en partie le recours à l'immigration pour pallier ce manque.
237
+
238
+ Si le pays était globalement présenté comme hospitalier et doux à vivre[74], à la suite de la crise migratoire à partir de 2015, le royaume n'a accordé aux migrants que des droits d'asile temporaires, n'a pas facilité pas les regroupements familiaux, autorisés au bout de trois ans et a réduit de 10 % les allocations aux nouveaux arrivants, allant jusqu'à réserver la possibilité pour la police de confisquer les biens des demandeurs d’asile pour financer leurs aides, proposition vivement critiquée par les ONG et organismes de défense des droits de l'homme[75].
239
+
240
+ De par sa situation de passage terrestre obligé entre la péninsule scandinave et l'Europe continentale depuis l'inauguration du pont de l'Øresund, mais aussi par le détroit éponyme point de passage maritime pour entrer dans la mer Baltique et les ports russes, le Danemark a toujours historiquement représenté un carrefour pour les échanges commerciaux et les cultures. Des investissements significatifs ont néanmoins été nécessaires depuis une vingtaine d'années afin de resserrer le maillage des réseaux de transports danois.
241
+
242
+ Le réseau routier, bien développé et entretenu, représente un total de 73 197 km dont 1 111 km d'autoroutes. Plusieurs ponts monumentaux permettent de relier par voie routière les différentes îles danoises, notamment la liaison du Grand Belt reliant les deux plus grands îles, Seeland où se trouve Copenhague à la Fionie. Depuis le 2 juillet 2000, le pont de l'Øresund, à deux niveaux, autoroutier et ferroviaire, relie le Danemark et Malmö sur la rive suédoise voisine, ce qui permet de relier le reste de la Scandinavie à l'Allemagne sans ferry.
243
+
244
+ Un nouveau projet de tunnel sous-marin de 18 km, le Lien fixe du Fehmarn Belt, traversant le détroit du même nom, est actuellement en construction. Il reliera l'île allemande de Fehmarn à l'île danoise de Lolland, permettant aux véhicules et les trains reliant la Suède et la Norvège d'éviter un détour par la péninsule du Jutland. Il pourrait ainsi réduire le temps de trajet ferroviaire entre Hambourg et Copenhague de cinq à deux heures[76]. Il est prévu entre 2024 et 2029.
245
+
246
+ Le réseau ferré du Danemark comprend 2 667 km de lignes dont 640 électrifiées, à écartement normal, et dessert la plupart des plus grandes villes du pays. Il est exploité commercialement par l'opérateur national DSB pour le trafic passagers et DB Cargo pour le trafic fret. Le trafic passagers comprend des lignes Intercity, le réseau régional de Copenhague appelé S-Tog, ainsi que le trafic international desservant des villes étrangères comme Hambourg, Berlin, Malmö ou Helsingborg. Le Danemark ne dispose pas à ce jour de ligne à grande vitesse.
247
+
248
+ La capitale, Copenhague, dispose d'un système de métro léger automatique à courant continu fourni par troisième rail composé de deux lignes, dont l'une dessert l'aéroport de la ville. Il était emprunté par 63,5 millions de passagers en 2017[77]. Deux lignes nouvelles sont en construction, dont une circulaire programmée pour juillet 2019. La ville d'Aarhus, elle, dispose de son propre système de métro léger depuis fin 2017, composé de deux lignes. Odense construit actuellement son réseau de tramway moderne après avoir démantelé l'ancien en 1952, attendu pour 2020.
249
+
250
+ Le principal aéroport du pays est l'aéroport de Copenhague appelé aussi Kastrup du nom de la municipalité qu'il occupe, qui occupe le sud-est de l'île d'Amager à 8 km du centre-ville et à 24 km de Malmö (code AITA : CPH). Il est desservi par les trains Intercity vers la Suède ainsi que par le métro. Kastrup est le hub principal de la compagnie Scandinavian Airlines (SAS), ainsi que de la Cimber Air. Il était emprunté par environ 29 millions de passagers en 2017, faisant de lui le troisième aéroport le plus fréquenté d'Europe du Nord[78]. 83,5 % du trafic passager transitant par l'aéroport se fait depuis et vers le reste de l'Europe[79].
251
+
252
+ Le Danemark dispose aussi de trois autres aéroports :
253
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254
+ Pays en grande partie insulaire, le Danemark a toujours été un pays maritime, déjà à l'époque Viking. La compagnie nationale Maersk est ainsi l'un des plus grands armateurs mondiaux, et la plus grande entreprise du pays. Plusieurs ports de passagers permettent de desservir le pays ainsi que les pays voisins comme la Norvège de lignes de ferry régulières, dont certaines sont électrifiées. Le port d'Elseneur, le plus fréquenté, était emprunté par 10,9 millions de passagers en 2007.
255
+
256
+ Les ports danois étaient empruntés au total par 40 millions de passagers et voyaient passer 109 millions de tonnes de fret par an en 2009[80].
257
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258
+ Le vélo représente à la fois une activité de loisirs et un moyen de transport majeur. Un réseau national de pistes cyclables de plus de 12 000 km (en 2012) couvre l'ensemble du pays, y compris onze classées routes nationales cyclistes[81]. Le vélo représente 19 % du total des déplacements, jusqu'à 31 % à Copenhague[82] et 4,5 millions de vélos sont comptabilisés pour 5,6 millions d'habitants, faisant du pays un modèle pour les cyclistes à l'instar des Pays-Bas.
259
+
260
+ Les transports en commun danois (métro, trams et autobus) sont conçus pour pouvoir transporter en même temps les vélos des passagers qui les utilisent.
261
+
262
+ De nos jours, le mode de vie danois empreint de modération et de respect mutuel est particulièrement apprécié pour la ponctualité, la modestie mais surtout sa constante recherche de l'égalité[83]. Les Danois sont particulièrement connus pour être flegmatiques et tolérants. Son économie forte et moderne, l'efficacité de son système judiciaire vis-à-vis de la protection des droits fondamentaux inspire le respect du reste du monde[83].
263
+
264
+ La population danoise était estimée par Danmarks Statistik, organisation gouvernementale, à 5 822 763 habitants au 1er avril 2020[84]. L'âge médian se situe à 41,4 ans et le ratio hommes/femmes à 97 hommes pour 100 femmes.
265
+
266
+ Le taux de fécondité est resté stable depuis le début des années 2000 pour afficher un taux de 1,85 en 2006, soit légèrement en dessous du seuil naturel de renouvellement des générations fixé à 2,05. Le taux de natalité est régulièrement en baisse, tombé de 13,3 ‰ en 1995 à 10,2 en 2015[85], poussant d'ailleurs le gouvernement danois, inquiet, à lancer une campagne de publicité sur le ton humoristique encourant les couples à partir en vacances romantiques à l'étranger pour augmenter la natalité du pays[86].
267
+
268
+ Le taux d'accroissement naturel est de 0,22 % en 2012 selon la CIA[87].
269
+
270
+ Le Danemark est historiquement une nation homogène. La majorité de la population est d’origine scandinave, avec des individus d'origine inuite et féroénne issus des territoires autonomes du Groenland et des îles Féroé.
271
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272
+ Près de la frontière allemande, dans l’ancien amt du Jutland-du-Sud — un des anciens départements danois, correspondant pour les Allemands au Schleswig Septentrional et aujourd’hui intégré dans la région du Danemark du Sud (Syddanmark) — se trouve la seule minorité officielle du Danemark : la minorité allemande, dénommée Groupe ethnique allemand, qui comprend 25 000 personnes environ, soit près de 10 % de la population de l’ancien amt.
273
+
274
+ Les immigrés (1ère et 2e générations confondues) sont 807 169[88] au 1er avril 2020, ce qui représente environ 13,9% de la population[89]. La communauté la plus importante est formée par les Turcs[90].
275
+
276
+ En 2002, le gouvernement conservateur, nationaliste, imposait la règle dite des 24 ans : les Danois ne sont autorisés à se marier avec des étrangers que si les deux fiancés ont plus de 24 ans et remplissent un ensemble de conditions drastiques. En 2015, le pays adoptait une controversée loi de confiscation, qui permet de saisir aux migrants leur argent liquide et leurs objets valant plus de 1 340 euros. En 2018, le Parlement autorisait la transformation de la petite île de Lindholm en un centre de rétention à ciel ouvert pour les étrangers condamnés à une peine de prison, mais que les conventions internationales empêchent de renvoyer dans leur pays d’origine. En 2019, les demandes d’asile sont à leur plus bas niveau depuis 2008[91].
277
+
278
+ La langue officielle du Danemark est le danois. Il est la langue maternelle de 92 % de la population. Il comprend plusieurs variétés régionales.
279
+
280
+ L'allemand est lui aussi très présent en seconde langue et est maîtrisé par environ 47 % de la population en 2012 toujours selon Eurostat. Il bénéficie par ailleurs du statut de langue régionale dans le Nord-Schleswig.
281
+
282
+ La grand majorité de la population, soit 86 % parle ou comprend l'anglais selon Eurostat. L'anglais est souvent utilisé dans l'administration par une grande partie des 8,9 % d'immigrants étrangers (Nigérians, Pakistanais, Indiens, Ghanéens, Somaliens). Il est étudié par la totalité des élèves dans l'enseignement secondaire inférieur[92][source insuffisante]. Le Danemark figure régulièrement à la tête des classements des pays du monde maîtrisant le mieux l'anglais[93]. Il est ainsi souvent cité parmi les trois pays européens présentant les meilleurs indices de compétence en anglais[94], juste derrière les Pays-Bas et la Suède.
283
+
284
+ Le suédois, qui est issu de la même racine linguistique que le danois et est compréhensible pour un locuteur danois natif, n'est annoncé comme "courant" que par 13 % de la population.
285
+
286
+ Le Danemark investit énormément dans le système éducatif, consacrant jusqu'à 15,4 % de son PIB pour l'éducation en 2012. Son système éducatif privilégie autant l'égalité des chances en matière d'acquisition des compétences académiques[95] s'adaptant au cas par cas en fonction des avancées des élèves, que la transmission de valeurs comme la capacité à vivre en collectivité, le dialogue ou la générosité[96]. L'éducation est une compétence des collectivités territoriales, le conseil municipal décidant en matière de recrutement des personnels, de budget et de mise en œuvre des programmes dans l'enseignement primaire.
287
+
288
+ Le système éducatif danois est obligatoire à partir de 6 ans. Il est gratuit, non-laïque, les familles pouvant choisir de suivre des enseignements religieux ou non, et les élèves reçoivent une aide financière mensuelle s’élevant à 5 486 couronnes (DKK) par mois, soit 738 euros (EUR). Les écoles de petite enfance (børnehave) accueillent les jeunes enfants de 3 à 5 ans.
289
+
290
+ L'éducation de base obligatoire relève de la compétence des communes et est assurée par l'école primaire (folkeskole) pendant 9 ans, de 6 à 16 ans, où les enfants gardent quasiment le même groupe-classe et le même enseignant chargé à la fois de créer un esprit de groupe et de maintenir des relations proches avec les familles[95]. Les élèvs suivent des cours classiques, ainsi que (depuis les années 1990) des cours obligatoires spécifiques où les élèves sont invités à partager leurs émotions, notamment à travers la couture, le théâtre la musique ou le sport. Les enfants ne sont pas notés jusqu'à l'âge de 13 ans. À l'issue de ces neuf années, les élèves peuvent choisir de poursuivre une dixième année de remise à niveau, ce que font 50 % des élèves[95], ou de passer directement l'examen de fin d’études primaires (afgangeksamen).
291
+
292
+ Le passage dans l'enseignement secondaire (ungdomsuddannelser) se fait de manière concertée avec les parents, les élèves et les enseignants, qui décident ensemble le choix d'une orientation professionnelle ou la poursuite d'études au lycée (gymnasium)[97], durant 3 ans jusqu'à l'âge de 19 ans. Ce cursus préparé alors à l'équivalent du baccalauréat (studentereksamen) qui donne accès à l'enseignement supérieur. L'usage d'Internet est autorisé pendant les épreuves du baccalauréat.
293
+
294
+ Membre de l'Espace européen de l'enseignement supérieur, l'enseignement supérieur danois suit l'organisation européenne issue du système LMD : les jeunes diplômés peuvent choisir de suivre une licence de trois ans à l'université publique (bachelor), et peuvent poursuivre ensuite en master puis en doctorat. Ils peuvent aussi choisir une licence professionnelle (professionsbachelor), tandis que les élèves de l'orientation professionnelle peuvent suivre la même licence professionnelle ou un diplôme supérieur professionnel (erhversakademigrad, ou AK)[97]. Le pays participe activement aux échanges Erasmus au sein de l'Union européenne, son confort de vie, la qualité de ses enseignements universitaires attirant beaucoup d'étudiants étrangers, les étudiants danois bénéficiant de plusieurs aides y compris financières[98]. De nombreux enseignements au sein des douze universités danoises, et treize institutions spécialisées de niveau universitaire[99], voire des programmes entiers, sont dispensés en anglais. Les universités offrent un large éventail de programmes d'enseignement, des arts à la chimie en passant par la littérature, souvent reconnus de haut niveau[100]. L'enseignement universitaire de qualité faisait qu'en 2012, 34,2 % de la population danoise était diplômée du supérieur, contre 25,9 % pour la moyenne de l'Union européenne[101].
295
+
296
+ La formation professionnelle des adultes (grunduddannelse for voksne, ou GVU) permet à 32,8 % des 25–64 ans de suivre une formation tout au long de leur vie[101]. S'adressant aux plus de 25 ans, environ 3 000 programmes sont destinés à approfondir des connaissances dans un domaine spécifique ou à élargir son savoir. Ce dispositif généralisé de formation continue poursuit un objectif de flexibilité et d'adaptation du marché du travail, tant en ce qui concerne les changements technologiques que les besoins en main-d'œuvre. Ces formations sont dispensées en cours du soir ou à temps partiel. Trois niveaux existent dans la formation pour les adultes :
297
+
298
+ 4,3 millions[103] de Danois (au premier trimestre 2020), soit 74% de la population, appartenait à l’Église populaire danoise, de confession luthérienne, à laquelle appartient le monarque. Le reste de la population appartient en majorité aux autres Églises chrétiennes ou à la religion musulmane. L’Église catholique romaine, dont le culte n'a été légalement reconnu qu'en 1849, regroupe 0,7 % environ des Danois, soit environ 35 000 personnes.
299
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300
+ Le christianisme a été introduit au Danemark il y a plus de 1 000 ans. Avant l’an 1536, l’Église danoise était catholique et romaine. Au début du XVIe siècle, des protestations (notamment celles de Luther) s’élevèrent contre les pratiques catholiques. En 1536, l’Église protestante fut introduite au Danemark et le luthéranisme est maintenant la religion dominante au Danemark.
301
+
302
+ L'Église du Danemark est divisée en 11 diocèses (Copenhague, Elseneur, Roskilde, Lolland-Falster, Fionie, Aalborg, Viborg, Aarhus, Ribe, Haderslev et celui du Groenland), dotés d'une cathédrale et d'un évêque. Ces évêchés sont divisés en 2 300 paroisses dirigées par des pasteurs. Dans la Constitution, il est écrit que « l’Église évangélique luthérienne est l’Église du peuple danois » et qu’elle est soutenue par l’État.
303
+
304
+ Avec le baptême, on devient automatiquement membre de l’Église danoise. Chacun est libre de s’en retirer par la suite mais 90 % des Danois baptisés en restent membres. L'enfant baptisé reçoit un certificat de naissance et de baptême où sont inscrits ses lieu et sa date de naissance, un numéro personnel national ainsi que l’identité de ses parents. L’Église danoise joue le rôle d'état civil puisque, dans le cas où les parents ne souhaitent pas baptiser leur enfant dans cette Église, il est cependant obligatoire de s'adresser à elle pour obtenir l’attestation de naissance et d’identité. Cette attestation, similaire à celle des enfants baptisés dans l'Église danoise, comprend éventuellement la mention du baptême dans une autre Église. Dans le sud du Jutland, les règles sont différentes. On doit s’adresser au « registre du peuple » (folkregistret).
305
+
306
+ Les adolescents danois, à l'âge de 14–15 ans ont la possibilité de confirmer leur foi en Dieu. Cette confirmation a lieu après un an d'étude religieuse durant laquelle ils doivent se rendre huit fois à l'église. Cette cérémonie est un temps fort à travers le pays et a lieu chaque année au printemps. À cette occasion, les villes revêtent les couleurs du drapeau danois. Le lundi suivant la confirmation, les confirmants bénéficient d'un jour chômé le « Lundi bleu ».
307
+
308
+ Le ministre de l’Église est responsable des églises et des pasteurs. Mais chaque église dispose d’une gestion autonome. Tous les quatre ans, les membres de l’Église choisissent un « conseil de congrégation » (menighedsråd) pour leurs églises locales. Ces conseils désignent les pasteurs, mais ces derniers reçoivent leur salaire de l’État.
309
+
310
+ Les membres de l’Église danoise acquittent l’impôt de l’Église qui couvre une partie des dépenses de l'institution. Cet impôt est levé en même temps que l’impôt d’État. Les Danois qui ne sont pas membres de cette Église doivent payer l'équivalent de cet impôt à l'État. Depuis 1947, les Danoises peuvent accéder au pastorat. La plus haute dignité dans la hiérarchie de l’Église est l’épiscopat ; plusieurs femmes y ont accédé ces dernières années.
311
+
312
+ La mission des pasteurs est avant tout d'organiser l'office, les sacrements et autres rituels comme le baptême, la confirmation, le mariage, l’enterrement. L'office se tient tous les dimanches matin. On y chante des psaumes et écoute le prêche du pasteur concernant le texte de la Bible choisi. Il y a aussi des messes particulières à Noël, à Pâques ou à la Pentecôte. Les pasteurs ont en outre souvent un rôle social. Ils parlent avec les gens qui ont des problèmes, rendent visite aux personnes âgées ou malades de leur paroisse.
313
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314
+ Régulièrement cité comme l'un des pays les plus sûrs du monde[105], le pays connaît un très faible taux de criminalité, affichant un faible taux d'homicide de 0,8 pour 100 000 personnes en 2012[106] et de 64,2 vols pour 1 000 habitants[107], ce chiffre étant néanmoins en baisse de 10,5 % entre 2008 et 2013. 17 % des jeunes déclaraient ayant déjà pratiqué le vol à l'étalage en 2016 contre 46 % des jeunes en 1989. Les forces de police ont pour priorité la lutte contre les cambriolages et la criminalité organisée, et la lutte contre l'insécurité demeure un objectif permanent des pouvoirs publics, qui pénalisent la mendicité depuis une loi votée par le Parlement en juin 2017[108].
315
+
316
+ Le Danemark a définitivement aboli la peine de mort en 1978, après ne plus l'avoir appliquée dès 1950 et l'avoir abolie pour les crimes de droit commun dès 1933[109]. Son régime pénitentiaire repose sur un principe de normalisation du condamné, c'est-à-dire rapprocher au maximum les conditions carcérales des détenues à celles de l'extérieur[110]. Ainsi, 60 % des prisons sont « ouvertes », sans murs ni miradors. Les détenus préparent eux-mêmes leurs repas, travaillent, étudient ou suivent un programme de prise en charge et perçoivent à ce titre un salaire et une allocation hebdomadaire, certains établissements proposant des appartements où les familles des détenus et les détenus peuvent passer jusqu'à 48 heures ensemble[110],[111].
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318
+ Progressiste, le Danemark apparaît souvent comme un modèle de progrès social, ayant octroyé le droit de vote aux femmes dès 1915. Les femmes sont 35,4 % à avoir un niveau d'études équivalent à l'enseignement supérieur, contre 27,4 % des hommes, selon Eurostat en 2014, chiffre supérieur à la moyenne de l'Union Européenne fixée respectivement à 29,1 % et 25,4 %[112]. Les femmes danoises sont parmi les moins pauvres de l'Union européenne, avec un taux de pauvreté féminin de 6,5 % contre 10,8 % dans l'ensemble de l'Union[112]. La société danoise favorise l'activité professionnelle des femmes, car les soins de maternité sont gratuits, les droits à congés de maternité sont fixés à un total de 52 semaines que les deux parents peuvent se partager. Les allocations familiales étaient fixées ainsi à 484 euros par trimestre, par enfant de 0 à 3 ans[113]. Dès le plus jeune âge, les Danois peuvent suivre des cours de bricolage, couture, cuisine, musique, ou sport, qui ne sont pas considérés comme des tâches attribués à un sexe ou un autre ; toutes les compétences et tous les talents sont valorisés[114].
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320
+ Pays dit « gay-friendly »[115], et tout particulièrement sa capitale Copenhague, le Danemark a dépénalisé l'homosexualité dès 1933. Il est le premier pays du monde à avoir accordé un partenariat enregistré aux couples de même sexe, le 1er octobre 1989[116]. Le mariage homosexuel y est légal depuis le 15 juin 2012. Cette loi s’appliquait seulement sur le territoire métropolitain du Danemark et, dans un premier temps, ni au Groenland, jusqu'en 2017[117] ni dans les îles Féroé. Elle permet également le mariage homosexuel religieux à l’Église luthérienne d’État, permettant aux couples de même sexe de bénéficier d'une véritable cérémonie religieuse[115]. Le changement de sexe peut être demandé à l'état-civil à toute personne majeure capable sans procédure judiciaire ou médicale requise. La PMA est ouverte aux couples mariés de femmes depuis 2014[réf. souhaitée].
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+ Le Danemark est connu comme une des terres d'origine des Vikings. Petit pays peuplé de 5,3 millions d'habitants en 2006, sa culture repose néanmoins sur un héritage historique multi-millénaire issu de sa position de carrefour géographique et ses rêves d'impérialisme passé, et façonné par ses grands monarques tout au long de son histoire. La culture danoise est une des expressions de la culture scandinave. Elle a apporté un riche héritage intellectuel et artistique, des découvertes astronomiques de Tycho Brahé (1546–1601) à la physique atomique avec Niels Bohr (1885–1962), en passant par des cinéastes comme Carl Theodor Dreyer, Lars Von Trier, Thomas Vinterberg et des designers légendaires comme Arne Jacobsen, Poul Henningsen, Nanna Ditzel, Verner Panton.
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+ Les paysages, sa population accueillante ainsi que sa riche histoire font du Danemark une destination prisée du tourisme, avec 30,8 millions de nuitées enregistrées en 2015[118]. Le pays est visité tout autant par les Danois eux-mêmes que par les touristes étrangers, accueillant 8,9 millions de touristes internationaux en 2014, ce qui fait de ce pays la 29e destination touristique mondiale et la première de Scandinavie, les Allemands étant le premier groupe de touristes étrangers. Le tourisme participe pour 91,9 milliards de couronnes danoises (DKK) de revenus par an en 2015, soit 12,3 milliards d'euros[119]. Il participe directement à la création de 111 460 emplois et contribue à 3,7 % de PIB pour les exportations de l'économie[119].
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+ Le pays est particulièrement attractif et apprécié pour ses plages et son littoral, les activités urbaines et sa population jugée accueillante et amicale[119]. C'est Copenhague, la capitale, qui est la ville la plus visitée du pays, avec 11 millions de nuitées enregistrées en 2014, dont 6,8 millions pour les étrangers.
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+ La cuisine danoise, issue des produits locaux de la population paysanne, a été enrichie par les techniques de cuisson mises au point à la fin du XIXe siècle et par la plus grande disponibilité des produits après la révolution industrielle. Les sandwiches ouverts, connus sous le nom de smørrebrød, qui, dans leur forme de base, sont le repas habituel pour le déjeuner, sont une spécialité nationale. Ils sont préparés et décorés avec une variété d'ingrédients fins. Les plats chauds consommés pour le repas du soir sont traditionnellement préparés à partir de viande hachée, comme les frikadeller (boulettes de viande) et le medisterpølse (épaisse saucisse épicée), ou à partir de plats de viande et de poisson plus substantiels comme le flæskesteg (rôti de porc avec des craquelins) ou le kogt torsk (morue).
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330
+ Le Danemark est connu pour ses bières Carlsberg et Tuborg et pour ses akvavit (eau de vie de pomme de terre) et bitters (liqueur danoise). Cependant, le vin importé a gagné en popularité auprès des Danois depuis les années 1960. La cuisine au Danemark a toujours été inspirée par les pratiques étrangères et continentales et l'utilisation d'épices tropicales importées comme la cannelle, la cardamome, la muscade et le poivre noir étaient déjà utilisées dans la cuisine danoise du Moyen-Âge et même à l'époque des Vikings.
331
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332
+ Au cours des dernières années, certains chefs danois ont développé la nouvelle cuisine danoise, une façon innovante de cuisiner à base de produits locaux de haute qualité. Cette nouvelle philosophie a été célébrée par la communauté gastronomique internationale et a contribué au nombre considérable de restaurants très réputés à Copenhague, certains d'entre eux ayant reçu des étoiles au guide Michelin.
333
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+ Hans Christian Andersen (1805–1875) est un écrivain célèbre pour ses contes comme La Petite Sirène, La Reine des Neiges et Le Vilain Petit Canard. D’autres Danois très célèbres sont le philosophe existentialiste Søren Kierkegaard ou les écrivains Karen Blixen et Hans Scherfig.
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+ Dans le domaine des Beaux-arts, le Danemark occupe une place prépondérante en Scandinavie, grâce, à la richesse de certains de ses musées (musées d’art moderne Louisiana près de Copenhague, et d’Aalborg) et à plusieurs écoles qui permirent à la peinture danoise de rayonner à l’étranger (école de Skagen, mouvement CoBrA).
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+ La peinture danoise a souvent suivi les courants européens tout au long de son histoire et reste peu connue. Ce sont d'abord les églises qui ont été les plus représentées compte tenu de la tradition chrétienne du pays. Puis les paysages ont fait l'objet de l'intérêt des peintres à partir du XIXe siècle, avec l'âge d'or danois, mouvement artistique sous l'influence de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783–1853), qui a eu notamment comme disciples célèbres Constantin Hansen (1804–1880) ou Christen Købke (1810–1848), ainsi que Vilhelm Hammershøi (1864–1916). Émerge alors l'École de Copenhague au sein de l'Académie des beaux-arts de Copenhague, où foisonne une diversité de courants et de productions artistiques : dont les œuvres d'Eckersberg qualifiées ainsi : « les portraits cristallins de la bourgeoisie danoise, ses études de nus novatrices par leur caractère réaliste, ses paysages peints à partir d’études en plein air, ou encore ses marines dont la perspective témoigne d’une grande rigueur »[120].
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+ Les destructions puis la perte du Schleswig à la suite de la Guerre des Duchés perdue contre la Prusse en 1864 entament cet âge d'or danois, la peinture danoise délaissant alors les exemples étrangers pour se focaliser sur un art national et sur son propre paysage. C'est une lumière particulière, une apparente simplicité dans les portraits et un goût du paysage porté à son comble reflétant le climat et le relief désormais tourné vers le besoin de décrire ce paysage danois, qui acquiert son autonomie[121]. Les peintres danois sont plusieurs à se retirer dans le petit village de pêcheurs de Skagen, où ils recherchent une style plus personnel et national, assimilant notamment l’impressionnisme dans le respect des traditions scandinaves[122].
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+ Le XXe siècle, qui rouvre progressivement le pays aux influences artistiques européennes comme l'impressionnisme avec Paul Gustav Fischer (1860–1934) puis le symbolisme avec Jens Ferdinand Willumsen (1863–1958), elle se tourne plus vers les natures mortes ainsi que les portraits. La peinture danoise s'exprime aussi dans le surréalisme avec Richard Mortensen (1903–1998), s'inspirant notamment de Vassily Kandinsky : développant un style abstrait, il fonde ainsi l'école de la Linien (en français : ligne) école de peintres abstraits, se qualifiant elle-même d'association de l’abstraction et du surréalisme. Ses œuvres reflètent surtout la violence qu'a connue l'Europe pendant la Seconde guerre mondiale et le vide qui en a suivi. Ses œuvres expressionnistes ultérieures présentent de grandes surfaces aux couleurs vives. C'est dans ce contexte artistique qu'émerge à son tour Richard Winther (1926–2007), considéré comme l'un des plus grands peintres danois du XXe siècle : inspiré de l'école de la Linien et de l'art abstrait, il s'inscrit plus tard dans l'art concret[122].
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+ Riche d'une Histoire millénaire, le pays regorge de maisons uniques, trace des différentes époques et cultures qui ont traversé le Danemark, des maisons longues des Vikings aux moulins. L'architecture danoise, éminemment européenne dans son influence, a d'abord suivi le courant néoclassique dans les années 1770 qui a supplanté le style rococo. La monarchie danoise a favorisé l'émergence et le développement de l'architecture dès le XVIIIe siècle par une politique de mécénat et une politique de grands commandes publiques : Gustav Friedrich Hetsch (1788–1864) ou encore Jørgen Hansen Koch (1787–1860) en sont les représentants les plus éminents. Elle crée ainsi l'Académie des Beaux-Arts de Copenhague. Le musée Thorvaldsen à Copenhague, construit entre 1838 et 1848, aujourd'hui[Quand ?] consacré au sculpteur Bertel Thorvaldsen (1770–1844), s'inspire largement de l'architecture antique, expression du néoclassicisme en vogue dans l'Europe du XIXe siècle[123]. Le pays semble s'être cependant restée plus longtemps imprégnée de classicisme dans son architecture comme son design par le classicisme que ses pays voisins comme la Suède[123]. Plus tard, les architectes modernes du XXe siècle comme Jørn Utzon (1918–2008) et Arne Jacobsen (1902–1971), qui ont notamment construit l'Opéra de Sydney, affirmaient une architecture danoise moderne portée sur la rationalité et le fonctionnalisme, à l'instar du Corbusier en France ou de Walter Gropius en Allemagne : l'architecture organique à la scandinave, selon Jacobsen, doit retravailler la relation d'harmonie entre l'être humain et le monde naturel, matérialisée par le bâtiment et le mobilier érigés en composition unifiée et intriquée avec leur environnement[124].
345
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346
+ Elle s'est par la suite affirmée de nos jours par une préoccupation plus grande vis-à-vis du respect de l’environnement, soutenue par les subventions gouvernementales volontaristes pour trouver les solutions écologiques et réaliser la transition énergétique[125]. La construction de maisons écologiques dans le pays et exportées à l'étranger se caractérisent notamment par un standard de faible empreinte écologique, avec des matériaux naturels tels que le bois, mais aussi l'herbe, la paille, ou les algues marines et le développement de procédés économisant l'énergie comme les puits de lumière naturelle et la qualité de l'air intérieur[126]. Le Danemark se situe à la pointe du développement des écoquartiers.
347
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+ Le design danois est intiment lié à l'architecture avec laquelle il s'est construit réciproquement. S'il est aujourd'hui réputé pour ses lignes épurées et son élégance, mais aussi pour son côté fonctionnel et jouit d'une forte renommée à l'échelle mondiale[127] a d'abord émegé dans cette inspiration néoclassique : Nicolai Abildgaard dessine des chaises, la plus connue étant la chaise Klismos conçue en 1790. Il a subi l'influence du Bauhaus, mais s'en est écarté pour obtenir une identité propre, en se basant à la fois sur un artisanat de haute qualité et une industrie performante[128][source insuffisante]. Le design danois se manifeste d'abord des objets quotidiens comme le mobilier ou les objets ménagers tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, poussé par l'essor économique et l'émergence de la société de consommation post-Seconde Guerre mondiale : chaises, bouteilles isothermes, ustensiles de cuisine, vases, bijoux ou encore luminaires suivent des lignes épurées et courbes. C'est le designer Kaare Klint, considéré comme le père du design danois moderne, qui amorce dans les années 1950 une véritable transition des arts décoratifs vers le design moderne[129] : il a jeté les principes du design à la danoise, recentrant l'Homme dans la conception des objets du quotidien et une optimisation de l'espace de rangement par ces derniers. Selon lui, la tradition danoise correspond à un mélange de classicisme, de romantisme national et surtout à une tradition d’ébénisterie de grande qualité[129].
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350
+ Le design continue de rayonner à travers le monde, n'ayant pas omis de suivre la révolution numérique et le design des appareils électroniques comme ou encore plus récemment les casques électroniques ou les écouteurs. La maison Bang & Olufsen, aujourd'hui célèbre pour son matériel high-tech de manière sonorisation, a été fondée en 1925 à Quistruip dans le Jutland central.
351
+
352
+ Le Danemark possède une longue tradition de séries télévisées. Dès 1978, les Danois se sont passionnés pour une série érigée en chronique sociale de 24 feuilletons seulement, Matador[130]. Moyen culturel d'exporter et de dépeindre la société danoise et sa manière de vivre, c'est surtout l'impulsion dans les années 2000 de la chaîne de télévision publique DR, qui fait émerger des séries à succès exportées internationalement comme les séries policières The Killing (en danois : Forbrydelsen) puis la série dano-suédoise The Bridge (en danois : Broen) qui marquent véritablement l'esprit danois et plus généralement scandinave de conter une série. Elle se caractérisent généralement par une atmosphère noire et brute à la fois, évoluant dans un environnement urbain tendu et froid à la fois. La série Borgen, une femme au pouvoir, série télévisée diffusée en 2010 en trois saisons, connaît un grand succès international, diffusée en France sur Arte début 2012. Elle raconte l'accession au pouvoir d'une femme partagée entre sa vie familiale et les intrigues politiques, mais aussi compris comme un hommage à la démocratie des mots de son créateur, Adam Price[131]. Un rythme trépidant, une sobriété des décors et une limpidité de la forme, sont notés par une critique internationale très positive[132]. Le succès indéniable de ces séries a pu conduire à des réadaptations souvent américaines. En 2018, enfin, la plateforme de vidéo à la demande Netflix, souhaitant produire une série s'inscrivant dans cette spécificité de noir nordique, produit la série The Rain, suivant la quête et la survie d'un groupe de jeunes survivants dans une Scandinavie post-apocalyptique après qu'une pluie infectée et meurtrière a décimé quasiment toute la population[133].
353
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+ Les acteurs Sidse Babett Knudsen, Nikolaj Coster-Waldau, Lars Mikkelsen et Mads Mikkelsen ainsi que les cinéastes Carl Dreyer, Nicolas Winding Refn et Lars von Trier sont danois.
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+ L'actrice Sidse Babett Knudsen.
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+ Le réalisateur Lars von Trier.
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+ L'acteur Mads Mikkelsen.
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+ L'acteur Lars Mikkelsen, frère aîné du premier.
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+ L'acteur Nikolaj Coster-Waldau.
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+ L'actrice Sofie Gråbøl.
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+ La réalisatrice Susanne Bier.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le sport est populaire au Danemark. Ses habitants participent et pratiquent une grande variété de sports qui leur est offerte grâce à une politique volontariste du gouvernement et les écoles incitant les enfants à en pratiquer en plus.
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+ Le football, sport le plus pratiqué avec 313 000 joueurs inscrits dans 1 600 clubs, ainsi que le handball sont considérés comme les deux sports nationaux[134]. Ce dernier est d'ailleurs considéré comme un sport d'origine danoise. L'équipe olympique nationale de handball féminin est la première et la seule équipe à avoir remporté les Jeux olympiques trois fois d'affilée en 1996, 2000 et 2004. L'équitation ainsi que la chasse, respectivement septième et neuvième sports les plus pratiqués en 2013 tiennent une place prépondérante de la culture danoise[135]. Ses nombreuses côtes littorales, ses plages ont permis le développement d'activités nautiques et aquatiques, où la pêche comme le canoë-kayak sont notamment populaires.
375
+
376
+ Grâce à son réseau de pistes cyclables et sa population utilisant le vélo pour 36 % de leurs déplacements[136], le cyclisme tient naturellement une place prépondérante au sein des sports populaires au Danemark. Thorvald Ellegaard a ainsi gagné six titres mondiaux professionnels de cyclisme, trois européens et vingt-quatre nationaux, Bjarne Riis a gagné le Tour de France de 1996.
377
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+ La joueuse de tennis danoise Caroline Wozniacki est souvent citée comme la meilleure du pays. Elle a terminé les saisons 2010 et 2011 de la WTA à la première place mondiale.
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+ Le Danemark fait partie des 32 pays à avoir été sélectionné pour la coupe du monde de football de 2018.
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+ Le droit d’auteur est l’ensemble des droits dont dispose un auteur ou ses ayants droit (héritiers, sociétés de production), sur des œuvres de l’esprit originales et des droits corrélatifs du public à l'utilisation et à la réutilisation de ces œuvres sous certaines conditions.
2
+
3
+ C'est une construction juridique, philosophique et politique née en Europe avec le développement de l'imprimerie et l'institutionnalisation de l'édition[1], et dont le sens et la portée ont beaucoup évolué depuis, notamment avec le développement du numérique. Si, dans son usage originel, au XIXe siècle, le terme s'opposait au terme de propriété littéraire et artistique[2], les deux sont presque confondus en France depuis la loi sur la propriété intellectuelle de 1957. En droit français, le droit d’auteur est l'un des éléments essentiels de la propriété intellectuelle et de la propriété littéraire et artistique, qui comprend également les droits voisins du droit d'auteur.
4
+
5
+ Il est composé de deux types de droits[3] :
6
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7
+ Durant l’Antiquité et le Moyen Âge et encore aujourd’hui dans une grande partie du monde (Afrique, Inde, Asie du Sud-Est, Amérique du Sud), l’essentiel de la création artistique repose sur l'artisanat, très souvent anonyme avec de faibles possibilités de production en série.
8
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9
+ Les œuvres littéraires et musicales sont le plus souvent transmises oralement, alors que leur reproduction est réservée aux rares personnes qui maîtrisent l’écrit. C'est pourquoi la majeure partie du corpus artistique reste anonyme jusqu'à la Renaissance[5] et dans les pays dits en développement.
10
+
11
+ En Europe, le développement de l’imprimerie par Gutenberg, vers 1450, permet une plus large diffusion des œuvres et la généralisation de l'accès à l'écrit. En contrepartie de la censure préalable des contenus publiés[6], le pouvoir royal concède aux imprimeurs un monopole d'exploitation sur une œuvre, appelé « privilège », valable pour un territoire et une durée déterminés. Ce privilège de copie permet à la monarchie d'exercer un certain contrôle sur la diffusion de la pensée.
12
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13
+ Le phénomène concurrent de la Renaissance fait émerger un individualisme qui prend de l'importance dans le domaine de la création, et les auteurs cherchent à être reconnus pour leur travail créatif, ce que manifeste l'usage de la signature des œuvres[7]. En Angleterre, les intérêts des éditeurs et des auteurs sont, dès le XVIIe siècle, présentés comme « solidaires », et les intermédiaires sont considérés comme incontournables. Cela explique l’écart existant dès l’origine entre les fondements philosophiques du copyright et ceux du droit d'auteur continental.
14
+
15
+ La première véritable législation protectrice des intérêts des auteurs est le « Statute of Anne » du 10 avril 1710[8],[9]. L'auteur jouit à cette époque d'un monopole de 14 ans, renouvelable une fois sur la reproduction de ses créations.
16
+
17
+ Bien que sous l'influence de Beaumarchais et de Franklin, la constitution des États-Unis d'Amérique de 1787 protège expressément le droit exclusif de l'auteur (voir la rédaction de l'article 1), la loi fédérale de 1790 a introduit dans l'Union le régime anglais du droit d'auteur[10].
18
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19
+ En 1777, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, artiste et homme d'affaires, fonde la première société d'auteurs pour promouvoir la reconnaissance de droits au profit des auteurs[11]. Il ne s'agit pas seulement de protéger les revenus de l'auteur mais aussi l'intégrité de son œuvre contre les dénaturations fréquentes introduites à l'époque dans l'interprétation par les acteurs et dans l'impression par les imprimeurs. L'idée de protéger l'œuvre de l'esprit, que l'on retrouve chez plusieurs penseurs de cette époque, comme du siècle précédent, est tout à fait présente dans l'innovation de Beaumarchais.
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+ Dans la nuit du 4 août 1789, les révolutionnaires français abolissent l’ensemble des privilèges[12], puis les lois du 13[13] et 19 janvier 1791[14] et du 19[15] et 24 juillet 1793 accordent aux auteurs le droit exclusif d'autoriser la reproduction de leurs œuvres pendant toute leur vie puis aux héritiers pendant une durée de cinq ans. À l’issue de ce délai, l’œuvre entre dans le domaine public.
22
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+ Au cours du XIXe siècle, les tribunaux et les juristes, notamment français et allemands, font à nouveau évoluer les grands principes de la « propriété littéraire et artistique ». La formule « droit d’auteur » est reprise par Augustin-Charles Renouard dans son traité sur les droits d’auteur dans la littérature, publié en 1838, et se veut en opposition avec l'expression propriété littéraire[2]. On quitte progressivement le terrain du support matériel, de la copie, du papier et de l'encre pour considérer l'œuvre de l'esprit, quelle que soit sa forme.
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+ Pendant le Front populaire, les ministres Jean Zay et Marc Rucart proposent un projet de loi abolissant la propriété littéraire et artistique, le remplaçant par un droit d'auteur inaliénable, et faisant du contrat d'édition non pas un contrat de cession des droits, mais un contrat de concession temporaire à l'étendue extrêmement limitée. Déposé le 13 août 1936[16], ce projet de loi, soutenu par les auteurs, se heurta à une opposition farouche des éditeurs, notamment Bernard Grasset[17]. Les débats animés autour de cette question furent interrompus par la guerre en 1939.
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+ C'est parmi les opposants illustres au projet Zay-Rucart, comme René Dommange, François Hepp et Jean Escarra, que l'on retrouve les rédacteurs de la réforme du droit d'auteur du Gouvernement de Vichy, puis, après la Libération, de la loi du 11 mars 1957 qui réinstaure la propriété littéraire[18]. Sera néanmoins conservée l'idée d'un droit moral perpétuel et imprescriptible tel qu'il existe aujourd’hui.
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+ Parallèlement, pendant tout le XXe siècle, la durée de protection est augmentée, notamment aux États-Unis d'Amérique. Le champ du droit d'auteur est étendu aux nouvelles formes d'œuvres, telles que le cinéma ou les jeux vidéo, puis à certaines créations utilitaires (logiciels, dessins et modèles ou bases de données).
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+ À la fin des années 1990, alors que l'OMC prend un poids considérable, le développement d'Internet et des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) marque une avancée majeure dans les possibilités de diffusion interactive des savoirs et savoir-faire. L'accès récemment démocratisé et facilité aux NTIC s'est accompagné d'un fort mouvement de remise en question de la légitimité[19] du droit d'auteur ou du droit d'exposition qui va jusqu'à remettre en question l'accès gratuit au patrimoine artistique[20] tel qu'appliqué depuis deux siècles ou par la jurisprudence récente (qui tend à interdire par exemple la publication sans autorisation des auteurs de toute photo d'œuvre d'art et architecturales récentes même quand elles ont été créées pour être vues par tous, et dans l'espace public). Cette mise en cause est en partie expliquée par l'apparition de possibilités nouvelles de travail collaboratif et participatif, notamment autour du bien commun qu'est la donnée publique (néanmoins produite par des auteurs individuels). Depuis la toute fin du XXe siècle, les NTIC permettent de produire des œuvres à auteurs multiples et n'ayant pas vocation à être figées ou terminées (Wikipédia en est un exemple). Et, dans un contexte de crise économique, sociale et environnementale (exacerbé depuis 2008), d'émergence d'une société de l’information et de changement de paradigme technologique, ou le souhait d'un développement plus « soutenable », nombre de données et œuvres brevetées ou soumises à copyright et royalties, et certaines formes de propriétés intellectuelles sont présentées et vécues par les uns comme permettant la diffusion sécurisé et économiquement valorisable d'études, contenus et solutions techniques ou artistiques, mais par d'autres comme les rendant inaccessibles au plus grand nombre (et notamment aux moins riches), ou avec une certaine lenteur[pas clair]. Dans le même temps, le « brevetage du vivant » et de gènes manipulés, rendu possible dans les années 1980 fait l'objet de vives controverses. Et une explosion du téléchargement illégal de contenus (musique, cinéma, logiciels) est constatée, favorisé par une capacité et une vitesse croissante de connexion à Internet. Cette remise en question du droit d'auteur et de propriété intellectuelle, dans le cadre de la nouvelle économie numérique[21] se trouve également au cœur d’un plus vaste questionnement, éthique, économique et technique sur les modèles de régulation des secteurs informationnels techniques et culturels, dont l’essor vient bouleverser les équilibres socio-économiques antérieurs, alors même que depuis l'invention de l'imprimerie, les innovations technologiques (disque, radio, télévision, cassettes, etc.) ont plutôt été suivies d'un renforcement et allongement des droits de l'auteur, malgré des contestations croissantes en faveur d'un allègement de certaines contraintes induites par le copyright[21] et un nouvel équilibre entre intérêt général et intérêt particulier à trouver dans l'ère numérique[22] et notamment pour l'internet[21].
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+ Le droit d'auteur trouve ses fondements dans la théorie philosophique du naturalisme. Celle-ci se partage en deux courants : d'une part la conception fondée sur le travail, dérivée des travaux de John Locke, et d'autre part la théorie de la personnalité, dérivée des écrits de Kant et de Hegel.
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+ Selon John Locke, l’Homme en tant qu'être conscient et pensant, est propriétaire de lui-même. Or, l’Homme incorpore dans son travail une partie de sa personne, et devient dès lors propriétaire de l’œuvre originale qui résulte de son effort créatif[23]. L'œuvre originale, incorporant la conscience de son auteur à des données de la nature, est donc soumise à la forme la plus pure de la propriété.
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37
+ C'est à partir des conceptions de Locke que Frédéric Bastiat a promu un droit de propriété perpétuel, arguant que l’auteur étant le propriétaire total de son œuvre, il devait pouvoir la vendre et en faire héritage sans limites. Cette idée de monopole perpétuel de l’auteur a été reprise par Jean-Baptiste Jobard, sous le nom de « monautopole ». Bien que cette idée n’ait jamais été intégralement appliquée, l’existence d’un droit moral perpétuel dans le droit d’auteur français rejoint cette philosophie.
38
+
39
+ La théorie de la personnalité met en relief le rôle de l’auteur. Pour Kant, le lien qui unit l’auteur et son œuvre doit être compris comme une partie intégrante de la personnalité de son auteur[24]. Pour Hegel, c'est la manifestation de volonté de ce dernier, dont le fruit constitue l’œuvre, qui fonde le droit[25]. La théorie de la personnalité se présente donc comme un fondement particulièrement adapté aux conceptions française et allemande du droit d'auteur, qui ont les premières consacré le concept de droit moral.
40
+
41
+ À l’inverse, la théorie du droit naturel n'est pas reconnue dans les pays qui appliquent le copyright[26] : l'application du droit d'auteur y a pour but d'augmenter la diffusion de la culture.
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+
43
+ Sur le plan économique, l’œuvre de l’esprit est un bien non exclusif, c'est-à-dire qu’il n’est pas possible d’empêcher un agent d'utiliser ce bien, et un bien non rival, c'est-à-dire que son utilité ne décroît pas si le nombre d'utilisateurs augmente. Elle possède donc les qualités d'un bien public[27].
44
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45
+ À l’inverse, le support physique par lequel l’œuvre est communiquée est un bien rival et exclusif. Par exemple, lors d'une représentation théâtrale, l’œuvre dramatique elle-même est un bien public, alors que les sièges loués par les spectateurs sont des biens rivaux et exclusifs[28]. On peut alors dégager deux problématiques économiques principales liées aux œuvres :
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+
47
+ Pour certaines œuvres, comme la plupart des œuvres cinématographiques, les frais de conception sont élevés, alors que les coûts d'édition d'une copie supplémentaire de l’œuvre (coûts marginaux) sont négligeables, notamment en cas de transmission numérique. D'autres œuvres en revanche, comme la plupart des spectacles vivants, ont un coût de conception faible (écriture de scénario, conception de chorégraphie, etc.). Mais l’acte de représentation peut avoir un coût important, car il nécessite la mise en œuvre de moyens non négligeables (Loi de Baumol).
48
+
49
+ Le but du droit d'auteur est d'apporter une solution séquentielle à la contradiction entre financement des auteurs et libre accès aux œuvres[31]. L'instauration du droit d'auteur vise à rendre l’œuvre de l’esprit exclusive, en octroyant à l’auteur un monopole d'exploitation sur sa découverte.
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+
51
+ Le droit d'auteur encourage l’auteur à couvrir ses frais de création, et lui permet de percevoir une rémunération par l’exploitation pécuniaire du monopole qui lui est conféré. Dans un premier temps, l’auteur perçoit ainsi une rémunération équitable pour son travail. La possibilité de céder ou de concéder les droits d'auteur favorise une large diffusion des œuvres de l’esprit. Les producteurs et éditeurs qui deviennent cessionnaires des droits d'auteur bénéficient d'une sécurité juridique leur permettant de rentabiliser leurs investissements dans la création, et de financer par la suite de nouvelles œuvres. Le monopole de l’auteur a une durée limitée, fixée généralement à 50 ou 70 ans post mortem. Cependant, si ce monopole est accordé pour une durée qui excède le temps nécessaire pour couvrir les investissements, le bien-être social est diminué par cette rente de situation. C'est pourquoi une partie des économistes est opposée à l’extension continue de la durée du droit d'auteur. Dans un second temps, la protection juridique disparaît et l’œuvre entre dans le domaine public, ce qui permet à chacun de l’utiliser librement et gratuitement. L'œuvre est alors à nouveau un bien non exclusif, et son utilité sociale est maximale.
52
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53
+ Dans la mesure où le droit d'auteur exclut les utilisateurs qui ne veulent ou ne peuvent pas payer pour l’usage de l’œuvre, alors que l’utilité retirée par les personnes qui versent une rémunération ne serait pas amoindrie si tous avaient accès à l’œuvre, il ne peut s'agir que d'une solution imparfaite. C'est pourquoi d'autres modes de financement, tels que le mécénat ou la subvention lui sont parfois préférés. Le droit d'auteur peut également se révéler insatisfaisant pour le financement des œuvres jugées insuffisamment rentables par les investisseurs. Le droit d'auteur encourage les investissements dans les œuvres qui auront le plus de chances d'obtenir un grand succès commercial, au détriment parfois d'une originalité – plus risquée – des œuvres. La préservation de la diversité culturelle implique donc de trouver des substituts au droit d'auteur. Le cinéma d'auteur est ainsi souvent soutenu par des aides financières.
54
+
55
+ Des limites des justifications économiques (au sens d'économie néoclassique) au droit d'auteur sont largement apparues avec la crise liée à l'apparition du téléchargement illégal et au streaming. On s'est en effet aperçu que les violations du droit d'auteurs engendrées ne diminuait pas le nombre d'albums produits. Au contraire, le nombre de nouveaux albums tels qu’enregistrés par Nielsen Soundscan est passé de 35,516 en 2000 à 79,695 en 2007[32]. Cela se comprend lorsqu'on sait que les ventes de disques sont loin d’être la première source de revenus des artistes. Devant, il y a le travail non-artistique, la plupart des artistes vivant principalement d'un travail salarié à côté, et les revenus des concerts. En France, même les cours de musique et les droits voisins leur rapporteraient davantage[33].
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57
+ En outre, cette théorie économique du droit d'auteur omet la nature irrationnelle du consommateur, notamment en matière de musique : les principales motivations à l'achat de musique digitale sont d'ordre émotionnel (soutenir l'artiste, pour montrer leur appréciation de l'œuvre, le respect pour les auteurs, etc.). Ainsi, les données sur la question laissent largement entendre que le téléchargement illégal pourrait ne pas avoir de réel effet d'éviction, comme l'aurait la distribution de chocolat/bonbons/patates sur les achats de chocolat/bonbons/patates. À l'inverse, l'accès libre à la musique pourrait déclencher des vocations et avoir un effet d'émulation, favorisant l'intérêt pour la musique[33]. Au bout du compte, les artistes comme les consommateurs peuvent gagner beaucoup de la libre circulation de la musique.
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+ Outre le droit international, on distingue deux manières d'appréhender le droit d'auteur dans le monde. Les pays de droit commun utilisent le copyright, tandis que les pays de droit romano-civiliste font référence au droit d'auteur.
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61
+ Depuis le XIXe siècle, la propriété littéraire et artistique fait l’objet d'une réglementation mondiale :
62
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63
+ Deux organismes internationaux sont particulièrement impliqués dans les questions relatives au droit d'auteur :
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65
+ La Déclaration universelle des droits de l’homme énonce que toute personne a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont elle est l’auteur (article 27)[DUDH 1].
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67
+ Les conventions internationales sur le droit d’auteur garantissent que, dans chacun des pays qui en sont signataires, les auteurs étrangers bénéficient des mêmes droits que les auteurs nationaux. Elles prévoient des règles communes et certains standards minimums, concernant notamment l’étendue et la durée de protection.
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+ La quasi-totalité des États est signataire d'au moins l’une des principales conventions internationales relatives au droit d’auteur.
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+ Du fait de l’harmonisation opérée par les conventions internationales, la plupart des États garantissent des droits patrimoniaux et un droit moral à l’auteur sur ses œuvres de l’esprit originales. Des différences subsistent toutefois entre les pays de droit civil et les pays de common law (Australie, Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni principalement).
72
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73
+ Le droit d'auteur s'applique dans les pays de droit civil (Belgique et France notamment). Il protège les œuvres de l’esprit originales, dès leur création, mêmes si elles sont inédites ou inachevées[Berne 1]. Aucune formalité d'enregistrement ou fixation matérielle de l’œuvre n'est nécessaire pour bénéficier du droit d'auteur[Berne 2]. Dans la plupart des pays, il n’est donc pas nécessaire d’inscrire la mention « tous droits réservés », ni le symbole ©, qui ne servent qu’à indiquer que l’œuvre est protégée par le droit d’auteur, et non à conférer la protection juridique. Un enregistrement volontaire peut toutefois s'avérer utile pour prouver sa qualité d'auteur, ou pour faciliter la gestion collective des droits.
74
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75
+ La qualification d'œuvre de l'esprit suppose l’existence d'une création de forme perceptible par les sens. Les idées exprimées dans l’œuvre, qui sont de libre parcours, ne sont pas protégées en elles-mêmes. En conséquence, pour qu’il existe une atteinte au droit d’auteur, la forme originale par laquelle les idées sont exprimées doit être copiée[41]. À titre d'exemple, le droit d'auteur interdit la reproduction du personnage de Mickey Mouse, mais n'interdit pas la création de souris anthropomorphiques en général. Un auteur peut ainsi reprendre cette idée pour créer une œuvre originale[42]. Le style et les œuvres d'art conceptuel[43], de même que les théories scientifiques et les procédures, sont exclus du champ d'application du droit d'auteur faute de répondre à l’exigence d'une création de forme.
76
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77
+ La condition d'originalité requiert que l’œuvre porte l’empreinte de la « personnalité » de son auteur. L'originalité est un concept distinct de celui de « nouveauté », utilisé en droit des brevets. Alors que la conception de l’originalité donnée par la Convention de Berne s'inspirait du droit d'auteur, les ADPIC adoptent une conception de l’originalité plus large, fondée sur l’investissement. Les œuvres utilitaires (logiciels, dessins et modèles) sont ainsi désormais, dans certains pays, protégées au même titre que les œuvres littéraires et artistiques.
78
+
79
+ Un des principes essentiels du droit d’auteur est que la propriété de l’œuvre est indépendante de la propriété de son support[CPI 1]. Sauf en cas de cession des droits d’auteur à son profit, le propriétaire du support n’est jamais propriétaire de l’œuvre. Par exemple, le propriétaire d’un DVD n’est pas propriétaire du film qu’il contient, et le propriétaire d’un livre n’a pas la propriété de l’œuvre littéraire qui y est incorporée.
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+
81
+ Le champ du droit d'auteur dépend de la législation de chaque pays. Sont généralement considérés comme des œuvres de l’esprit, sous réserve qu'ils soient originaux :
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83
+ Ce dernier type d'œuvres regroupe par exemple un site web, un blog, ou un jeu vidéo qui peuvent rassembler des œuvres littéraires, vidéo et musicales. La protection du droit d'auteur est conférée à l’œuvre multimédia elle-même, et de façon distincte à l’ensemble des œuvres qui la composent.
84
+
85
+ Dans la plupart des pays, les programmes informatiques, ainsi que l’ensemble des travaux préparatoires de conception aboutissant à leur développement, sont protégés par le droit d'auteur. Au contraire, les appareils qui utilisent ces programmes ou les inventions liées aux programmes peuvent être protégés par un brevet d’invention.
86
+
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+ Dans certaines législations, le droit d'auteur s'applique aux bases de données ou aux dessins et modèles[Berne 3]. Les listes contenues dans la loi ne sont pas limitatives, et la reconnaissance de la qualité d'œuvre de l’esprit relève donc du pouvoir des juges. À cet égard, le genre, le thème de l’œuvre ou son mérite artistique ne sont pas des critères de protection. Certains tribunaux ont ainsi pu reconnaître la protection du droit d'auteur à un annuaire.
88
+
89
+ Plusieurs termes consacrés, permettent de décrire la relation de l'œuvre à ses auteurs :
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+
91
+ La création d'une œuvre dérivée nécessite l’autorisation de l’auteur de l’œuvre originelle. Par exemple, le film Le Seigneur des Anneaux est une adaptation cinématographique du livre éponyme. L'œuvre dérivée est la propriété de la personne qui l’a créée, sous réserve des droits de l’auteur de l’œuvre originelle.
92
+
93
+ L'œuvre de collaboration est la propriété commune des coauteurs, et son exploitation requiert l’autorisation de chacun d'entre eux. Si l’apport créatif personnel d'un auteur peut être distingué, il peut faire l’objet d'une exploitation séparée. Sont par exemple coauteurs le compositeur et le parolier d'un morceau de musique.
94
+
95
+ En revanche l'œuvre collective appartient exclusivement à la personne responsable de sa création. L'exploitation séparée de l’apport de chaque contributeur est donc impossible. Le régime des œuvres collectives se rapproche de celui du copyright. Il peut conférer la qualité de titulaire originel des droits d'auteur à une personne qui n'est pas l’auteur de l’œuvre, y compris s'il s'agit d'une personne morale. Entrent généralement dans cette catégorie les dictionnaires ou les logiciels commerciaux
96
+
97
+ L'œuvre, malgré l'absence de divulgation, est néanmoins protégée par le droit d'auteur dès sa création. Si l’auteur décède avant la publication de son œuvre, le droit de divulgation pourra être exercé à la discrétion de ses héritiers ou légataires.
98
+
99
+ L'auteur de l’œuvre, qui est présumé être la personne sous le nom duquel l’œuvre est divulguée[Berne 5], est toujours le titulaire originel des droits d’auteur, même s’il peut ensuite céder ses droits patrimoniaux. Une personne morale (société, association, fondation) ne peut jamais être auteur, sauf dans le cas spécifique des œuvres collectives. Elle peut toutefois acquérir la qualité d’ayant droit de l’auteur. La notion d'ayant droit renvoie à toute personne qui a acquis un droit ou une obligation d'une autre personne[45]. En matière de propriété littéraire et artistique, l’ayant droit de l’auteur peut être son héritier ou son légataire, ou toute personne qui a acquis les droits d'auteur, notamment le producteur, l’éditeur ou une société de gestion collective.
100
+
101
+ La titularité des droits d'auteur obéit à des règles particulières, en fonction des circonstances de conception des œuvres.
102
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103
+ Si l’auteur est un salarié, la loi peut prévoir que ses créations appartiennent à son employeur, comme en Suède, ou qu'elles appartiennent à l’employé sauf stipulation contraire du contrat de travail, comme en France.
104
+
105
+ Les œuvres de commande appartiennent à l’auteur et non au commanditaire. Il en est de même lorsqu'une personne a recours à un nègre littéraire, qui demeure titulaire des droits d'auteur à défaut de cession expresse.
106
+
107
+ L’auteur bénéficie d’un droit moral, qui reconnaît dans l’œuvre l’expression de la personnalité de l’auteur et la protège à ce titre. Le droit moral regroupe plusieurs droits, ce qui a parfois conduit la doctrine à parler de « droits moraux » plutôt que de « droit moral ». Le droit moral de l’auteur se rapproche des droits de la personnalité, tels que le droit au respect de la vie privée. Comme ces droits, il est inhérent à la personne et inaliénable[45].
108
+
109
+ Le droit moral comporte les prérogatives suivantes[Berne 6] :
110
+
111
+ Le droit de paternité regroupe également le droit d'utiliser un pseudonyme, ou de publier des œuvres de façon anonyme. La mention « droits réservés » très utilisée dans la pratique, ne respecte pas cette exigence, et constitue une atteinte au droit moral[46].
112
+
113
+ À titre d'exemple, les ayants droit de John Huston se sont opposés à la diffusion d'une version colorisée du film Quand la ville dort, que le réalisateur avait décidé de tourner en noir et blanc pour des raisons esthétiques[47],[48].
114
+
115
+ Le droit de retrait est une spécificité du droit d'auteur, qui n'existe pas dans les pays de common law. Le droit de retrait est notamment accordé en France, en Grèce et en Italie.
116
+
117
+ Le droit moral est attaché à la personne de l’auteur :
118
+
119
+ Dans le cas d'un droit moral perpétuel, à la mort de l’auteur, il est transmis aux héritiers ou à des exécuteurs testamentaires qui assurent sa protection, et conservent le pouvoir d’empêcher toute utilisation susceptible de porter atteinte à l’œuvre.
120
+
121
+ Le droit moral n’est pas absolu, et son exercice peut être jugé abusif par les tribunaux. Un architecte ne peut par exemple s’opposer à la modification de son œuvre pour des raisons de sécurité.
122
+
123
+ Les droits patrimoniaux confèrent à l’auteur le droit exclusif d’autoriser ou d'interdire toute utilisation de ses œuvres. Les droits patrimoniaux sont des prérogatives exclusives, et se distinguent d'un simple droit à rémunération. Hors des cas de licences légales et d'infraction au droit de la concurrence, le titulaire des droits peut interdire l’utilisation de son œuvre à un tiers, même si ce dernier est prêt à payer pour cet usage. À la différence du droit de propriété sur les biens corporels, qui est perpétuel, les droits patrimoniaux de l’auteur ne lui sont conférés que pour une durée limitée.
124
+
125
+ L'auteur peut accorder à un tiers le droit d'exploiter son œuvre, en signant avec lui un contrat de cession ou de licence de droits d'auteur, selon que les prérogatives sont transférées à titre exclusif ou non exclusif. Par exemple, les droits patrimoniaux permettent à un écrivain de négocier les conditions de la publication de ses œuvres littéraires par un éditeur, moyennant rémunération. Les parties au contrat déterminent les droits patrimoniaux cédés, les modes d'exploitation autorisés, la durée et l’étendue territoriale de la cession, ainsi que le montant de la rémunération de l’auteur. Le cocontractant obtient la qualité d'ayant droit de l’auteur et peut exercer directement les droits patrimoniaux qui lui ont été cédés, à la différence du droit moral qui demeure attaché à la personne de l’auteur. Les contrats relatifs au droit d'auteur obéissent le plus souvent à des conditions strictes de forme, telle que la mention expresse des droits cédés, et de fond, telle que l’octroi à l’auteur d'un pourcentage des recettes tirées de l’exploitation de son œuvre. Ces conditions, destinées à garantir les intérêts de l’auteur, sont sanctionnées par la nullité de la convention.
126
+
127
+ Dans la catégorie des droits patrimoniaux, on distingue principalement :
128
+
129
+ Un critère simple permet de distinguer le droit de représentation et le droit de reproduction : la fixation de l’œuvre sur un support. Lorsque l’œuvre est fixée sur un support physique, on parle de reproduction. Dans le cas contraire, on parle de représentation. Ainsi sur Internet, le fait de mettre en ligne une page est une représentation, le fait de l’enregistrer sur son disque dur est une reproduction.
130
+
131
+ La représentation, sous forme de film ou de photographie, d’œuvres protégées par le droit d’auteur, qu’il s’agisse d’objets manufacturés[50] ou d’œuvres d’architecture[51], est soumise à l’autorisation de l’auteur. En droit français, en vertu de la théorie de l’arrière-plan, si l’œuvre protégée par le droit d’auteur n’est qu’un élément accessoire de la représentation, l’autorisation de l’auteur n’est pas nécessaire[52],[53]. Les représentations et reproductions de presse échappent également au principe de l’autorisation en vertu de l’article L. 122-5, 9° du CPI.
132
+
133
+ Le droit de suite a pour fondement l’impossibilité pour les auteurs des arts visuels de percevoir une rémunération après la vente de leurs œuvres, qui sont des exemplaires uniques ou produits en nombre limité. L’Union européenne a introduit le droit de suite en 2001.
134
+
135
+ Toute représentation ou reproduction de l’œuvre qui n'a pas fait l’objet d'une autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit, et qui n'entre pas dans le champ d'une des exceptions au droit d'auteur, est un acte de contrefaçon. Le titulaire du droit d'auteur peut alors intenter une action sur le plan civil pour obtenir une indemnisation de son préjudice, ou sur le plan pénal afin de faire condamner le contrefacteur à une peine d'emprisonnement ou à une amende. La distinction entre contrefaçon et simple inspiration relève du pouvoir d'appréciation des tribunaux.
136
+
137
+ Les droits patrimoniaux sont accordés à l’auteur pour toute sa vie, et perdurent après sa mort au bénéfice de ses ayants droit, pour une durée qui varie de 50 à 100 ans selon les pays. Par exemple, en Belgique et en France, ils expirent 70 ans après la mort de l’auteur (au premier janvier). Passé ce délai, l’œuvre entre dans le domaine public et peut être utilisée librement par tous (voir « durée du droit d'auteur et domaine public »).
138
+
139
+ Lorsque les œuvres font l’objet d'une diffusion importante, il est en pratique difficile pour les auteurs de conclure un contrat d'autorisation avec chaque utilisateur. Les auteurs cèdent donc le plus souvent les droits sur leurs œuvres créées ou à créer à des sociétés qui en assurent la gestion pour leur compte[54]. La cession des droits confère aux sociétés de gestion l’ensemble des prérogatives attachées aux droits d'auteur. Elles peuvent ainsi conclure des contrats individuels ou généraux avec les utilisateurs, et répartissent ensuite les redevances perçues entre les auteurs. Les sociétés de gestion ont le pouvoir de poursuivre en justice tout contrefacteur d'une œuvre figurant dans leur catalogue. À la mort de l’auteur, elles assurent la gestion des droits au profit de ses héritiers. Les sociétés de gestion de droits assurent la collecte de certaines rémunérations spécifiques telles que la redevance pour copie privée ou la rémunération versée au titre de la reprographie des œuvres.
140
+
141
+ Des accords de représentation réciproque permettent aux sociétés de gestion collective de chaque pays de donner les autorisations nécessaires à l’utilisation des œuvres figurant dans les catalogues de sociétés de gestion étrangère. Ainsi, un utilisateur peut s'adresser à la société de gestion collective de son pays pour obtenir l’autorisation d'utiliser une œuvre, même étrangère.
142
+
143
+ Les sociétés de gestion collective sont aujourd’hui des acteurs importants dans les secteurs de la culture et du divertissement. Au-delà de leurs missions de collecte, de répartition, et de promotion, elles jouent un rôle d’interlocuteur avec les pouvoirs publics et les autres acteurs.
144
+
145
+ Pendant la durée des droits patrimoniaux, toute reproduction ou représentation de l’œuvre sans le consentement du titulaire de ces droits est en principe interdite. Toutefois, pour assurer un équilibre entre les droits de l’auteur et l’accès du public à l’information et à la culture, il est le plus souvent prévu un certain nombre d'exceptions dans le cadre desquelles il est possible de reproduire et de représenter l’œuvre sans autorisation préalable. Les exceptions concernent les seuls droits patrimoniaux, et non le droit moral. C’est pourquoi il est obligatoire de citer le nom de l’auteur à chaque utilisation de l’œuvre. Certaines exceptions ne concernent que le droit de reproduction (copie privée), d'autres seulement le droit de représentation (cercle de famille). La plupart des exceptions couvrent cependant ces deux prérogatives.
146
+
147
+ Les utilisations de l’œuvre pour lesquelles il n'est pas nécessaire d'obtenir une autorisation sont généralement les suivantes :
148
+
149
+ Les titulaires de droits d’auteur perçoivent une rémunération financée par une redevance sur les supports vierges instaurée en réponse à l’exception de copie privée. Cette dernière ne s’applique pas aux programmes d’ordinateur, bien que l’utilisateur ait le droit de réaliser une copie de sauvegarde.
150
+
151
+ L'exception de presse, elle, couvre la reproduction ou la représentation, intégrale ou partielle, d'une œuvre d'art graphique, plastique ou architecturale, par voie de presse écrite, audiovisuelle ou en ligne, dans un but exclusif d'information immédiate et en relation directe avec cette dernière, sous réserve que soit indiqué clairement le nom de l’auteur[CPI 2].
152
+
153
+ Enfin, l'exception pédagogique ne s'applique pas aux œuvres réalisées à des fins pédagogiques. D'autres critères viennent atténuer cette exception :
154
+
155
+ L’article 9 de la Convention de Berne énonce que les exceptions au droit d’auteur ne sont applicables qu’à la triple condition qu’elles correspondent à cas spéciaux, qu’elles ne portent pas atteinte à l’exploitation normale de l’œuvre, et qu’elles ne causent pas un préjudice injustifié aux intérêts légitimes du titulaire du droit. Cette règle, connue sous le nom de « triple test » ou « test des trois étapes », est reprise par l’article 13 de l’accord sur les ADPIC du 15 avril 1994, et par l’article 10 du Traité de l’OMPI du 20 décembre 1996 sur le droit d'auteur. L’exigence du triple test est retenue par la directive communautaire 2001/29 sur la société de l’information, et s’impose ainsi à l’ensemble des États-Membres de l’Union-Européenne. En pratique, le juge doit vérifier au cas par cas si une exception est conforme au triple test[58].
156
+
157
+ Au-delà du strict cadre de la loi elle-même, les licences libres et les licences ouvertes peuvent être considérées comme des exceptions au droit d'auteur, puisque l'auteur en détourne le principe monopolistique et redéfinit par là même la notion de droit d'auteur.
158
+
159
+ Il faut également souligner dans certains pays la privation des droits d'auteur d'œuvres qui ont été réalisées dans l'illégalité, comme des graffiti réalisés en France sans l'autorisation du propriétaire du support.
160
+
161
+ Dans les pays où elle existe et depuis qu'elle existe, la durée de protection de l’œuvre et de son auteur a toujours été limitée dans le temps, mais avec de grandes variations[59].
162
+
163
+ Avant 1993, une durée minimale de 50 ans après la mort de l’auteur a été imposée par la convention internationale de Berne à ses pays signataires, dont la première version a été signée le 9 septembre 1886[Berne 11]. L'expression latine post mortem auctoris, est couramment utilisée. Le délai post mortem commence le 1er janvier suivant le décès de l’auteur.
164
+
165
+ Une fois ces délais écoulés, l’œuvre entre dans le domaine public et - sous réserve du respect du droit moral, qui reste en France perpétuel - cette œuvre peut être reproduite par tous et chacun, par tout procédé graphique, phonographique ou littéraire sans besoin de s'acquitter de contrepartie financière. Le domaine public regroupe, d'une part, les œuvres qui ne peuvent par nature pas faire l’objet d’une protection par la propriété littéraire et artistique et, d'autre part, les œuvres qui ne font plus l’objet de protection du fait de l’épuisement des droits d’auteur. Néanmoins, par nature, certaines connaissances ou œuvres de l'esprit ne peuvent pas être soumises au droit d'auteur :
166
+
167
+ La durée et les conditions de protection des œuvres et auteurs varie encore considérablement selon les pays, dans la mesure où une partie des États applique une durée de protection supérieure au minimum imposé par les conventions internationales. Dans les États qui ont adopté une durée de protection longue, l’application du principe du traitement national aboutirait à conférer la protection du droit d'auteur à des œuvres qui sont déjà entrées dans le domaine public dans leur pays d'origine. C'est pourquoi les conventions internationales énoncent que la durée de protection d'une œuvre ne peut excéder celle de son pays d'origine, à moins que la loi du pays où la protection est réclamée n’en décide autrement[Berne 13].
168
+
169
+ L'extension de la durée des droits d'auteur est critiquée car elle augmente le coût des créations contemporaines[31]. Celles-ci constituent souvent des œuvres dérivées, ce qui suppose le versement d'une rémunération aux auteurs des œuvres dont elles sont issues. Cela est particulièrement le cas en matière d'œuvres cinématographiques (adaptations d'œuvres littéraires ou audiovisuelles), musicales (reprises et sampling), ou de design (mode et design industriel).
170
+
171
+ Depuis 2012, en France, le droit d'auteur est légèrement modifié par la loi sur les livres indisponibles. Celle-ci prévoit la création d'un « registre des livres indisponibles en réédition électronique » (ReLIRE), dans lequel sont répertoriés les livres publiés entre le 1er janvier 1901 et le 31 décembre 2000 et qui ne sont plus disponibles dans le circuit commercial classique. Cette loi offre la possibilité aux éditeurs d'exploiter ces livres. Toutefois, ce processus s'effectue sans consultation des auteurs concernés, ce qui prive l'auteur de son droit patrimonial.
172
+
173
+ Le droit d’auteur se distingue de la notion de droits voisins ou droits connexes. Les droits voisins du droit d’auteur sont accordés aux artistes-interprètes sur leur interprétation de l’œuvre, aux producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes sur les œuvres qu’ils ont financées, et aux entreprises de communication sur les œuvres qu'elles diffusent. En France des droits voisins ont été accordés aux interprètes (art. L. 213-1 s. C.p.i., en raison de la qualité artistique de leur apport) et aux producteurs de phonogrammes (art. L. 212-1 s. C.p.i., en dépit de l’absence de qualité artistique de leur apport) par la loi du 3 juillet 1985. Il existe donc deux cas d'entrée dans le domaine public : l’épuisement du droit d’auteur, et celui des droits voisins. Les droits voisins font l’objet d'une harmonisation internationale depuis la signature de la Convention de Rome de 1961. Mais les États-Unis ne les reconnaissent pas.
174
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175
+ Dans l’Union européenne, les droits voisins durent 70 ans, depuis leur prolongation le 12 septembre 2011 (auparavant 50 ans)[63]. Le point de départ du délai est l’interprétation pour les droits des artistes-interprètes, l’enregistrement de l’œuvre sur un support pour les droits des producteurs, et 50 ans à compter de la diffusion pour les droits des entreprises de communication. Un nombre significatif et croissant de phonogrammes de musique classique sont donc libres de droits d'auteurs mais aussi de droits voisins. De nombreux opéras chantés par Maria Callas, par exemple, relèvent déjà du domaine public.
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+
177
+ Les pays de common law appliquent le droit du copyright, concept réputé équivalent au droit d'auteur, bien que d'inspiration très différente. Issu du souci de la monarchie de contrôler l'impression des livres, le copyright s’attache plus à la protection des droits patrimoniaux qu’à celle du droit moral. Le droit d'auteur vise au contraire à affranchir le créateur de la tutelle du pouvoir politique et des empiétements des corps intermédiaires. Toutefois, depuis l’adoption de la Convention de Berne, le droit d’auteur et le copyright sont en partie harmonisés, et l’enregistrement de l’œuvre auprès d’un organisme agréé n’est en général plus nécessaire pour bénéficier d'une protection juridique.
178
+
179
+ Comme le droit d'auteur, le copyright ne protège pas les simples idées[64]. Son champ est généralement plus large que celui du droit d'auteur, car le copyright protège davantage l’investissement que le caractère créatif[65]. Une seconde différence réside dans l’exigence de fixation matérielle des œuvres, sur un dessin, une partition musicale, une vidéo, un fichier informatique, ou tout autre support. Par exemple, les discours et les chorégraphies ne sont pas protégés par le copyright tant qu’ils n’ont pas été transcrits ou enregistrés sur un support[66]. Sous réserve de cette fixation, la protection du copyright s'applique automatiquement aux œuvres publiées comme non publiées. Un enregistrement volontaire des œuvres auprès d’une administration peut être nécessaire pour apporter la preuve de ses droits devant les tribunaux.
180
+
181
+ Le titulaire du copyright peut être l’auteur, le producteur, ou l’éditeur de l’œuvre. Si l’œuvre a été créée par un employé dans le cadre de ses fonctions, l’employeur est seul titulaire du copyright. L’auteur n’a donc pas droit à une rémunération spécifique, en plus de son salaire. Il en est de même pour les œuvres de commande (works made for hire), qui appartiennent au commanditaire et non à l’auteur.
182
+
183
+ Le droit moral de l’auteur est reconnu par tous les pays de common law qui ont adhéré à la Convention de Berne, tels le Canada ou le Royaume-Uni. Malgré leur adhésion à cette convention, les États-Unis n'appliquent le droit moral qu'au niveau national, et pour certains types d'œuvres seulement. Le droit moral comporte :
184
+
185
+ Le droit moral est :
186
+
187
+ Les droits patrimoniaux confèrent le droit exclusif d'autoriser ou d'interdire les actes suivants :
188
+
189
+ Le concept de fair use aux États-Unis et celui de fair dealing dans les autres pays de common law constituent des exceptions plus larges que celles qui sont appliquées dans les pays de droit civil[67].
190
+
191
+ Alors que les exceptions au droit d'auteur sont limitativement énumérées dans la loi, et sont d'interprétation stricte, le fair use donne aux tribunaux, via la jurisprudence notamment, le pouvoir d'apprécier au cas par cas si l’usage d'une œuvre est « loyal ».
192
+
193
+ Cette appréciation se fait en fonction du caractère commercial ou désintéressé de l’usage, de la nature de l’œuvre, de l’ampleur de la reproduction effectuée, et de ses conséquences sur la valeur de l’œuvre[68],[69]. Ils sont également admis quand les coûts de transaction induits par la négociation dépassent les bénéfices de l’utilisation payante. La tradition du fair use reconnaît notamment l'importance d'une libre utilisation des œuvres à de fins éducatives de recherche.
194
+
195
+ En France, la loi prévoit 3 exceptions de ce type : la présentation gratuite et privée d'une œuvre dans le cercle familial ; la « copie privée » (à usage personnel ou pour les proches), et la « courte citation ».
196
+
197
+ Ces exceptions sont accordées dans un esprit différent de celui qui anime le droit anglo-saxon. Le législateur français a ouvert ce droit plus en référence au droit à la vie privée et pour tenir compte de l’impossibilité de contrôler chaque copieur potentiel que pour — comme dans le droit anglo-saxon — favoriser l’accès le plus large possible aux œuvres, à l'information, à la critique et aux découvertes[21]. La possibilité de manipuler une copie permet aussi de protéger un support original fragile, ou par exemple de directement annoter un texte ou une image ou un plan en cours d'étude, sans endommager l'original acheté ou légitimement détenu.
198
+
199
+ Plusieurs textes confèrent au droit d'auteur la qualification de droit de l’homme, soit directement comme la Déclaration universelle des droits de l’Homme (article 27), soit au travers du droit de propriété comme le protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l’Homme[70]. Le droit d'auteur doit toutefois être concilié avec les autres droits de l’Homme[71]. La liberté d'expression, le droit à l’information[72], et le droit à la culture fondent ainsi la plupart des exceptions à la propriété littéraire et artistique. L'auteur doit également respecter le droit à la vie privée des personnes identifiables dans son œuvre[73].
200
+
201
+ En droit international privé, il existe un conflit de juridictions et un conflit de lois dès lors qu’en présence d’un élément d’extranéité, une situation juridique est susceptible d'être régie par les tribunaux et les lois de plusieurs États.
202
+
203
+ En matière de droit des contrats, le tribunal compétent et la loi applicable peuvent être choisis par les parties[74]. À défaut de choix, le tribunal appliquera la loi qui a le lien le plus étroit avec le contrat : celle du lieu de sa conclusion ou celle du lieu de son exécution suivant les cas[75].
204
+
205
+ Dans l’hypothèse où l’existence d’un délit civil, comme la contrefaçon, est alléguée, le tribunal compétent est généralement celui du lieu d'où provient le dommage, ou celui du lieu où le dommage est subi[76],[77]. En matière de délit sur Internet, tous les tribunaux sont potentiellement compétents, car l’acte d’acte délictueux produit ses effets dans le monde entier[78]. Les juges modèrent toutefois ce principe en considérant que l’acte délictueux ne produit ses effets qu’à l’égard des personnes spécifiquement visées par le site. On retient à cet égard plusieurs éléments, comme la langue et la monnaie utilisées par le site Internet[79], ou l’extension de son nom de domaine[80]. Le tribunal reconnu compétent selon ces critères fera application de la loi du pays où la protection est revendiquée[Berne 14], ce qui renvoie en principe à la loi du pays où a eu lieu le fait générateur du dommage[81],[82].
206
+
207
+ La mise en œuvre du droit d'auteur peut constituer un abus de position dominante contraire au droit de la concurrence[83]. En droit de l’Union européenne, la liberté de circulation des biens et services implique que l’exercice des prérogatives reconnues à l’auteur et à ses ayants droit respecte la « finalité essentielle » du droit d’auteur, qui consiste en l’octroi d’un monopole temporaire d’exploitation[84],[85]. La théorie des installations essentielles énonce qu'une personne qui détient une ressource nécessaire à un opérateur voulant exercer une activité sur un marché en amont ou en aval doit permettre l’accès de l’opérateur à cette ressource[86]. Microsoft, notamment, a été condamnée sur ce fondement après avoir refusé de communiquer à ses concurrents des informations relatives à l’interopérabilité de ses logiciels, et protégées par le droit d'auteur[87].
208
+
209
+ Le droit d’auteur se distingue du brevet, qui confère un droit exclusif sur une invention, et de la marque, qui protège les signes distinctifs utilisés dans le commerce et l’industrie. Un même objet peut cependant être protégé par plusieurs types de droits de propriété intellectuelle, notamment en matière de design.
210
+
211
+ Dans la plupart des pays, les œuvres des fonctionnaires soumis à des contrats de droit public appartiennent à l’État dès lors qu'elles ont été créées au cours d'une mission de service public. Les fonctionnaires soumis à des contrats de droit privé bénéficient du régime des auteurs salariés, excepté le droit d'auteur. En revanche, ils peuvent recourir au droit d'exploitation, sauf en cas de contrat avec une personne morale de droit privé :
212
+
213
+ Code la propriété intellectuelle :
214
+
215
+ Article L111-1 -... « Sous les mêmes réserves, il n'est pas non plus dérogé à la jouissance de ce même droit lorsque l'auteur de l'œuvre de l'esprit est un agent de l'État, d'une collectivité territoriale, d'un établissement public à caractère administratif, d'une autorité administrative indépendante dotée de la personnalité morale ou de la Banque de France. »
216
+
217
+ Article L131-3-1 : Dans la mesure strictement nécessaire à l'accomplissement d'une mission de service public, le droit d'exploitation d'une œuvre créée par un agent de l'État dans l'exercice de ses fonctions ou d'après les instructions reçues est, dès la création, cédé de plein droit à l'État. Pour l'exploitation commerciale de l'œuvre mentionnée au premier alinéa, l'État ne dispose envers l'agent auteur que d'un droit de préférence. Cette disposition n'est pas applicable dans le cas d'activités de recherche scientifique d'un établissement public à caractère scientifique et technologique ou d'un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel, lorsque ces activités font l'objet d'un contrat avec une personne morale de droit privé.
218
+
219
+ Si l’auteur est un journaliste, sa rémunération comprend le droit pour l’employeur de publier ses œuvres pendant une certaine durée. Après cette période de référence, une rémunération supplémentaire est due au journaliste[46], qui reste seul titulaire des droits d'auteur.
220
+
221
+ Par exemple, en France, l’article 20 de la loi du 12 juin 2009 (loi Hadopi) prévoit que les œuvres du journaliste peuvent être utilisées par le titre dans lequel il travaille sur tous les supports (papier, Internet, téléphones mobiles, etc.). Pendant une période de référence déterminée par un accord collectif, cette utilisation a pour seule contrepartie le salaire (article L.132-37). Au-delà, une rémunération est due, également déterminée par un accord collectif (article L.132-38). En dehors du titre de presse, toute utilisation doit faire l’objet d’un accord préalable. L'utilisation peut avoir lieu au sein d’une « famille cohérente de presse », faisant partie d’un groupe de presse, mais un accord collectif doit en déterminer les contours et le montant de la rémunération (article L.132-39). Celle-ci peut être versée en salaire ou en droits d’auteur. En dehors, un accord préalable, collectif ou individuel est requis, ainsi qu’une nouvelle rémunération en droits d’auteur (article L.132-40). Faute d’accord dans un délai fixé par la loi, une commission paritaire présidée par un haut magistrat peut imposer un arbitrage (article L.132-44), c'est la Commission des droits d'auteur des journalistes (CDAJ). Les syndicats d'employeurs de toutes les formes de presse y sont représentés de même que le SNJ, le SNJ-CGT, l'Union syndicale des journalistes CFDT, la CFTC et la CGC, et FO. La CDAJ fait partie des cinq grandes commissions qui travaillent à la cogestion de la profession de journaliste, en vertu du paritarisme, des lois spécifiques à la profession (Loi Brachard, Loi Cressard), et de la Convention collective nationale de travail des journalistes. Les quatre autres sont :
222
+
223
+ Les enseignants et formateurs demeurent titulaires des droits d'auteur sur les cours qu'ils dispensent. Leur rémunération ne couvre que la communication d'un enseignement à un public déterminé. Sauf publication en licence de libre diffusion, toute reproduction des cours doit donc faire l’objet d'une autorisation préalable de leur auteur, ce qui pose des questions complexes dans les exemples de pédagogie active où ce sont les élèves qui parfois produisent eux-mêmes leurs cours avec l'aide du formateur, ou quand plusieurs enseignants ou formateurs participent à un même cours.
224
+
225
+ Sur Internet, les règles du droit d'auteur s'appliquent comme sur les autres supports. Toutefois, de nouveaux modèles de création et de diffusion des œuvres sont apparus. La frontière entre auteur et utilisateur s'est réduite, notamment du fait de l’apparition de nombreuses pages personnelles, et de l’extension du copyleft. Les techniques du pay per view ou de la vidéo à la demande (VOD) permettent aux utilisateurs d'accéder aux œuvres en tout lieu et à tout moment. La diffusion des œuvres sur Internet a également donné à la publicité une place plus importante dans le financement de la création. Les sites qui diffusent des œuvres musicales ou audiovisuelles en streaming, comme Deezer ou YouTube, ont conclu des accords avec les sociétés de gestion collective de droits pour permettre aux auteurs de percevoir un pourcentage de leurs recettes publicitaires. Ces sites bénéficient en contrepartie d'un accès licite aux catalogues d'œuvres des sociétés de gestion de droits.
226
+
227
+ La technologie numérique permet une reproduction peu coûteuse et techniquement aisée des œuvres, qui circulent sans réel contrôle des auteurs et de leurs ayants droit, notamment sur les réseaux de peer to peer. Les logiciels de peer to peer ne sont pas illicites en eux-mêmes dans la mesure où ils peuvent être utilisés pour échanger des œuvres libres de droit. Toutefois en France, s'ils sont manifestement destinés à violer le droit d'auteur, leur éditeur peut être sanctionné[CPI 3]. Afin de gérer leurs droits et d'empêcher les reproductions illicites, les titulaires de droits peuvent assortir les œuvres de mesures techniques dont le contournement est sanctionné par la loi[88]. Toutefois, ces mesures techniques limitent l’interopérabilité et le bénéfice de l’exception de copie privée aux dépens des utilisateurs. Ainsi, il est en principe impossible de transférer un film d'un DVD vers un autre support[89].
228
+
229
+ Après trois ans de débats intenses, la directive européenne 2019 sur le droit d'auteur à l'ère numérique a été votée le 27 mars dernier. Cette directive applicable aux créations artistique introduit deux articles d'importance :
230
+
231
+ En droit du copyright, un auteur peut renoncer à l’ensemble de ses droits et faire entrer ses œuvres dans le domaine public où elles pourront être utilisées librement par tous[91]. En droit d'auteur, l’auteur peut renoncer à ses droits patrimoniaux, mais pas à son droit moral[CPI 4]. Il lui est possible d'accepter par avance que son œuvre soit modifiée pour les besoins du libre usage. Il ne peut toutefois renoncer de manière préalable et générale à son droit au respect, et pourra ainsi interdire toute utilisation qui lui causerait un dommage. Juridiquement, cette renonciation s'analyse en un don à public indéterminé[92].
232
+
233
+ L'auteur peut également permettre à tous de reproduire, modifier et diffuser librement sa création, sous réserve de conditions stipulées dans un contrat de licence[93]. Dans la mesure où l’auteur n'a pas renoncé à ses droits, les modifications de sa création, qui constituent une œuvre dérivée, nécessitent son autorisation. L’auteur détermine ainsi les utilisations permises ou interdites, comme la possibilité d'utiliser l’œuvre à des fins commerciales. Si les termes de la licence ne sont pas respectés, celle-ci est résolue et l’usage de l’œuvre peut être qualifié de contrefaçon. Certaines licences libres, comme la licence BSD, permettent une appropriation privative des œuvres issues des modifications de l’utilisateur. D'autres licences, comme la Licence publique générale GNU ou certaines licences Creative Commons exigent que les œuvres dérivées héritent des conditions d'utilisation de l’œuvre originaire (licences copyleft)[94]. Alors que la mise en œuvre classique du droit d’auteur garantit un monopole d'exploitation au titulaire et à ses ayants droit, les licences de ce type visent à empêcher toute appropriation individuelle de l’œuvre. Chaque personne qui en fait usage accepte dans le même temps que l’œuvre qui résultera de ses modifications puisse être librement utilisée, modifiée et diffusée.
234
+
235
+ Il existe d'autres licences de libre diffusion, parmi lesquelles des licences libres, copyleft ou non.
236
+
237
+ De nombreux auteurs ont considéré que le droit d'auteur, de propriété intellectuelle ou le droit à la protection de certaines œuvres pouvait être un frein, voire un abus de droit qui pouvait avoir des conséquences néfastes sur l'intérêt général, le bien commun qu'est la culture, l'économie, la société, l'environnement ou la sécurité. Le caractère abusif de certaines demandes de protection a parfois été reconnu par la jurisprudence. Cependant, au moins dans les pays dits riches et occidentaux, la fin du XXe siècle a connu un durcissement juridique des cadres de la protection de la propriété intellectuelle et du patrimoine immatériel, avec une tendance à valoriser la privatisation et l'exploitation commerciale de ce patrimoine, et alors même que la cryptographie, les réseaux informatiques et la réalité virtuelle permettaient potentiellement aussi une meilleure protection à la fois de la vie privée et des œuvres[95].
238
+
239
+ Au XIXe siècle, Proudhon dénonçait l’assimilation artificielle de la propriété intellectuelle à la propriété sur les biens corporels, ainsi que les conséquences néfastes de l’appropriation des œuvres sur la libre circulation des connaissances[96]. Au XXe siècle, Richard Stallman et les défenseurs de la culture libre ont repris ces thèses[97]. Ce courant propose de recourir aux licences libres comme principe alternatif au droit d'auteur[98].
240
+
241
+ Après la crise de 1929, en 1934, A. Plant[99] dénonçait le copyright qui selon lui favorise en réalité dans l'industrie du livre des positions de monopoles et les rentes qui leur sont dues, au profit des auteurs connus et de leurs éditeurs. Après lui, S. Breyer[100] estimera même qu'une économie sans droit d'auteur faciliterait une diffusion plus importante des œuvres en éliminant les coûts de transaction élevés.
242
+
243
+ Certains économistes ou théoriciens, comme S. Breyer[100] ou David K. Levine, présentent le droit d'auteur comme un concept peu efficace ou obsolète[101], notamment dans le cadre de la société de l’information. D'autres, sans remettre en cause le principe du droit d'auteur, dénoncent ses excès[102], notamment l’extension continue de la durée de protection des œuvres et l’utilisation de DRM.
244
+
245
+ Il semble qu'une dissémination accrue et gratuite de certaines œuvres (éventuellement en version « basse définition », provisoire, ou incomplète), favorisée par l'Internet, puisse aussi profiter commercialement aux auteurs et producteurs[103] en faisant connaître l'œuvre et en donnant envie de l'acheter. Dans ces conditions, la copie privée n'est pas systématiquement un danger pour la diffusion commerciale d'une œuvre[104]. Certains jeunes auteurs s'en servent d'ailleurs pour se faire connaître. Dans le monde du multimédia, une gestion plus collaborative des droits liés aux œuvres[105] pourrait émerger.
246
+
247
+ En 2009, le journaliste néerlandais J. Smiers et la chercheuse M.v. Schijndel publient Un monde sans copyright... et sans monopole chez Framasoft, livre CC0 sur la possibilité de la généralisation du domaine public à l'ensemble de la production artistique. Ils défendent ainsi la thèse que non seulement le droit d'auteur tel qu'il a été pensé depuis le XIXe siècle est archaïque, mais qu'il est également contre-productif, en ce qu'il empêche le bon développement (artistique, moral, scientifique et technologique) de toutes les sociétés qui y sont soumises; et par là même, de sociétés tierces qui en subissent directement l'influence et les conséquences.
248
+
249
+ Selon la convention de Berne, la majorité des œuvres doivent être protégées durant toute la vie de l’auteur et au moins 50 ans après sa mort. Dans la majorité des pays, le délai de protection a été allongé jusqu’à 70-90 ans après la mort de l’auteur.
250
+
251
+ Si le droit d’auteur matériel appartient à une organisation, le délai de protection de l’œuvre est quand même calculé à partir de la durée de vie de l’auteur qui n’est plus son propriétaire.
252
+
253
+ Il est difficile de trouver le titulaire des droits d’auteur puisque les droits n’appartiennent pas à l’auteur et qu’il n’y a pas de système d’enregistrement des droits d’auteur.
254
+
255
+ En matière d'édition numérique des livres, la France a adopté une loi en mars 2012 dite des Livres indisponibles visant à une gestion collective des droits numériques des livres publiés en France au XXe siècle[106]. Ne reconnaissant aux auteurs que le droit de retrait d'une liste qui comprend 60 000 titres, publiés de 1800 à 2000, la loi permet de mettre en gestion collective l'édition numérique des titres (sans qu'il y ait de contrat avec l'auteur) et remet donc en cause le droit d'auteur.
256
+
257
+ Dans les pays en développement, les peuples autochtones perçoivent le droit d'auteur comme un concept essentiellement occidental qui n'est pas en mesure d'assurer une protection efficace de leurs savoirs traditionnels. De plus, le droit d'auteur est paradoxalement utilisé par certaines personnes pour s'approprier illégitimement des savoirs ancestraux, tels que techniques traditionnelles, médecines traditionnelles et jusqu'aux positions du yoga (asanas) de l’Inde[107].
258
+
259
+ Selon une étude commanditée par Arthena, le secteur des droits d’auteur a généré un chiffre d'affaires de plus de 32 milliards d’euros en Belgique pour 2008, soit 2,9 % du PIB, et y a employé 92 000 personnes[108].
260
+
261
+ Toutefois, sur la totalité de l'argent généré par la culture, une infime partie revient aux auteurs[précision nécessaire].
262
+
263
+ En 2007, le marché mondial des droits d'auteurs représentait 3 % du marché de la musique[109].
264
+
265
+ En France, le contrat-type prévoit que l'auteur d'un livre touche 8 % de droits jusqu'à 10 000 exemplaires vendus, 10 % entre 10 001 et 20 000, 12 % au-delà[110].
266
+
267
+ L'accord de Bangui du 2 mars 1977 institue l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle[111]. Son annexe VII harmonise le droit d'auteur dans les pays qui en sont signataires[112]. Le droit d'auteur dans les pays d'Afrique francophone est en partie inspiré du droit français. Le droit moral y est donc perpétuel, incessible et inaliénable. Tel est notamment le cas en Algérie.
268
+
269
+ Les pays d'Amérique latine appliquent en majorité le droit d'auteur, alors que le Canada et les États-Unis appliquent le copyright. De nombreux pays ont adhéré à la Convention interaméricaine sur le droit d'auteur du 22 juin 1946.
270
+
271
+ Au Chili, les dispositions sur le droit d'auteur sont contenues dans la loi no 17.336 du 2 octobre 1970 sur la propriété intellectuelle[113], et dans son décret d'application du 17 mai 1971[114].
272
+
273
+ En Colombie, l’auteur et ses ayants droit bénéficient des droits patrimoniaux pour une durée de 80 ans post mortem[115]. Si le titulaire des droits d'auteur est une personne morale, la durée est de protection est de 30 ans à compter de la divulgation de l’œuvre.
274
+
275
+ Le droit mexicain reconnaît le droit moral et les droits patrimoniaux de l’auteur, ainsi que les droits voisins. En vertu de la loi fédérale sur le droit d'auteur, les droits patrimoniaux sont accordés pour toute la vie de l’auteur et 100 ans après sa mort, ou celle du dernier auteur survivant dans le cas des œuvres de collaboration[116].
276
+
277
+ Au Canada, la protection accordée par le droit d'auteur dure 50 ans après le décès de l’auteur pour la plupart des œuvres[117]. Le concept d'utilisation équitable limite le champ du copyright dans certaines hypothèses afin de garantir l’équilibre entre protection des œuvres et droit du public à l’information. Selon l'alinéa 29 du chapitre C-42 de la Loi sur le droit d'auteur, l'utilisation équitable d'une œuvre dans un but d’étude privée, de recherche, d’éducation, de parodie ou de satire ne sont pas des violations de la loi[118].
278
+
279
+ Aux États-Unis une œuvre, même inachevée, est créée lorsqu'elle est fixée matériellement sur un support[119]. Depuis l’adhésion des États-Unis à la Convention de Berne en 1989, l’enregistrement des œuvres étrangères auprès du Bureau du Copyright n'est plus nécessaire pour bénéficier d'une protection juridique, mais il reste possible pour faciliter la preuve de ses droits. Le titulaire du copyright a le droit exclusif de reproduire ou de communiquer les œuvres, et d'autoriser la création d'œuvres dérivées. Un droit moral, comprenant le droit de paternité et le droit au respect de l’intégrité des créations est accordé aux seuls artistes des arts visuels. La durée du copyright dépend de la nature de l’œuvre et de sa date de publication. Désormais, toute œuvre créée bénéficie d'une protection de 70 ans post mortem si le titulaire est une personne physique. En vertu de la loi sur l’extension de la durée du copyright, les entreprises bénéficient d'une protection de 95 ans à compter de la publication, ou de 120 ans à compter de la création si cette durée est plus longue[120].
280
+
281
+ Depuis 1979, la Chine a adhéré aux principales conventions relatives à la propriété intellectuelle. En 2001, la Chine est devenue membre de l’OMC et a ratifié l’accord sur les ADPIC. Elle a également signé un certain nombre de traités bilatéraux dans ce domaine, notamment avec les États-Unis. Le premier accord bilatéral de coopération portant spécifiquement sur la lutte anti-contrefaçon a été signé avec la France en juillet 2009. Au niveau national, les droits des auteurs sont régis par la loi sur le droit d'auteur (中华人民共和国著作权法) et par ses normes de mise en œuvre (著作权法实施条例). Les articles 94 à 97 de loi sur les principes généraux du droit civil, adoptée en 1986, protègent les intérêts des titulaires du droit d'auteur. La loi sur la concurrence déloyale de 1993, et celle sur la protection douanière des droits de propriété intellectuelle de 1995 (中华人民共和国知识产权海关保护条例) complètent ce dispositif. Malgré l’existence de ces textes, la contrefaçon représente 8 % du PIB et touche aussi bien les créations artistiques et que les créations industrielles[121]. Afin d'y remédier, des tribunaux spécialisés en propriété intellectuelle ont été créés dans certaines provinces ou villes. Des actions de sensibilisation du public sont également menées, car la méconnaissance des principes du droit d'auteur est présentée comme une des principales causes de la contrefaçon[122].
282
+
283
+ La législation sur la propriété littéraire et artistique au Japon a été introduite par la loi de 1899, et a été refondue par la loi de 1970, plusieurs fois modifiée[123]. Le Japon a adhéré à la Convention de Berne, et est également partie aux accords sur les ADPIC et aux traités de l’OMPI. Les droits patrimoniaux et le droit moral sont accordés pour la vie de l’auteur et perdurent 50 ans après sa mort. En 2004, la durée de protection des œuvres cinématographiques a été fixée à 70 ans à compter de leur publication. Le droit moral est incessible, mais l’auteur peut renoncer à l’exercer par contrat.
284
+
285
+ Les législations des États membres de l’Union européenne ont été harmonisées afin de supprimer les obstacles aux échanges intracommunautaires. Cette harmonisation concerne l’étendue et la durée de la protection conférée par le droit d’auteur, ainsi que les sanctions applicables en cas de contrefaçon[124].
286
+
287
+ Les textes européens qui couvrent le sujet sont :
288
+
289
+ Les directives abordent les questions du câble et du satellite[136], du droit de location[137], et des semi-conducteurs[138].
290
+
291
+ La Cour de justice des Communautés européennes a établi une jurisprudence relative au droit d'auteur, notamment quant à son articulation avec le droit de la concurrence (voir supra Articulation avec les autres branches du droit).
292
+
293
+ En vertu de la règle d'épuisement des droits, il n'est pas possible d'empêcher la libre circulation des exemplaires d'une œuvre une fois que ceux-ci ont été mis sur le marché avec le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit[139].
294
+
295
+ Au sein de l’Union européenne, la majorité des vingt-sept États membres applique le droit d'auteur. Seuls Chypre, l’Irlande, Malte et le Royaume-Uni font application du copyright. Tous les États membres ont adhéré à la Convention de Berne.
296
+
297
+ Succinctement, on peut notamment présenter les différences suivantes :
298
+
299
+ Code de la propriété intellectuelle (France)
300
+
301
+ Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques (9 septembre 1886)
302
+
303
+ Déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948)
304
+
305
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
306
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Le fer est l'élément chimique de numéro atomique 26, de symbole Fe.
6
+
7
+ Le corps simple est le métal et le matériau ferromagnétique le plus courant dans la vie quotidienne, le plus souvent sous forme d'alliages divers. Le fer pur est un métal de transition ductile, mais l'adjonction de très faibles quantités d'éléments d'additions modifie considérablement ses propriétés mécaniques. Allié au carbone et avec d'autres éléments d'additions il forme les aciers, dont la sensibilité aux traitements thermomécaniques permet de diversifier encore plus les propriétés du matériau.
8
+
9
+ Le fer fait partie du groupe des éléments à l'origine des métaux de transition, il montre des analogies caractéristiques avec le ruthénium, l'osmium, le cobalt et le nickel.
10
+
11
+ Le fer 56 est le nucléide stable le plus lourd issu de la fusion du silicium par réactions α lors de la nucléosynthèse stellaire, qui aboutit en fait au nickel 56, lequel est instable et donne du 56Fe par deux désintégrations β+ successives ; les éléments de numéro atomique plus élevé sont synthétisés par des réactions plus énergétiques intervenant plutôt lors de l'explosion de supernovas.
12
+
13
+ Le noyau de fer 56 possède la masse par nucléon la plus faible de tous les nucléides mais pas l'énergie de liaison la plus élevée, en raison d'une proportion de protons un peu plus élevée que le nickel 62 qui, lui, a l'énergie de liaison la plus élevée par nucléon[9].
14
+
15
+ Le fer 56 résulte de la désintégration naturelle du nickel 56, isotope instable produit au cœur d'étoiles massives par fusion du silicium 28 au cours de réactions alpha en cascade qui s'arrêtent au nickel précisément parce que ce dernier possède l'énergie de liaison nucléaire par nucléon la plus élevée : poursuivre la fusion, pour produire par exemple du zinc 60, consommerait de l'énergie au lieu d'en libérer.
16
+
17
+ Le fer possède 28 isotopes connus, de nombre de masse variant de 45 à 72, ainsi que six isomères nucléaires. Parmi ces isotopes, quatre sont stables, 54Fe, 56Fe, 57Fe et 58Fe, 56Fe étant largement le plus abondant (91,754 %), suivi de 54Fe (5,845 % possiblement légèrement radioactif avec une demi-vie supérieure à 3,1 × 1022 années), 57Fe (2,119 %) et 58Fe (0,282 %). La masse atomique standard du fer est de 55,845(2) u.
18
+
19
+ Le plus stable des radioisotopes du fer est 60Fe avec une demi-vie de 1,5 million d'années, suivi de 55Fe (2,7 années), 59Fe (un peu moins de 44,5 jours) et de 52Fe (8,5 heures).
20
+
21
+ Le fer est ainsi l'élément le plus abondant au cœur des étoiles géantes rouges ; c'est également le métal le plus abondant dans les météorites ainsi que dans le noyau des planètes, comme celui de la Terre.
22
+
23
+ Le fer minéral est présent dans la nature sous forme pure ou d'alliages à base de nickel, le plus souvent d'origine météoritique mais aussi sous forme de fer terrestre dit « tellurique ». Trop rare et surtout disséminé, il est fabriqué artificiellement par l'Homme forgeron et sidérurgiste et massivement dans certaines civilisations caucasiennes depuis plus de trois millénaires à partir de ses principaux minerais. Les combinaisons chimiques et minérales impliquant le fer sont pléthoriques, mais les véritables minerais relativement purs à forte teneur en fer sont beaucoup moins communs et souvent très localisés dans des mines de fer la plupart connues de haute antiquité.
24
+
25
+ Le fer est le 6e élément le plus abondant dans l'Univers, il est formé comme « élément final » de fusion nucléaire, par fusion du silicium dans les étoiles massives. Tandis qu'il compose environ 5 % (en masse) de la croûte terrestre, le noyau terrestre est censé être en grande partie un alliage de fer-nickel, constituant ainsi 35 % de la masse de la Terre dans son ensemble. Le fer est peut-être, en fait, l'élément le plus abondant sur Terre ou du moins comparable (en juste 2e position) en masse à l'oxygène, mais seulement le 4e élément le plus abondant dans la croûte terrestre.
26
+
27
+ Des courants de convection dans la couche externe du noyau terrestre (noyau externe), de « l'alliage » liquide principalement fer-nickel, sont supposés être à l'origine du champ magnétique terrestre.
28
+
29
+ Le fer joue un rôle majeur en tant qu'oligoélément ou micronutriment pour de nombreuses espèces et comme élément régulant l'amplitude et la dynamique de la productivité primaire océanique, ce qui en fait une composante essentielle des cycles biogéochimiques marins et des puits de carbone marins[10].
30
+
31
+ Les données récentes montrent que le cycle du fer océanique d'abord supposé lié aux apports de poussières riches en fer est en réalité bien plus complexe, et étroitement couplé biogéochimiquement avec des nutriments majeurs (carbonés, azotés)[10]. On a montré en 2017 que dans les zones pauvre en fer de l'antarctique, le fer particulaire issu du rabotage des roches par les glaciers est une source alternative de fer que le phytoplancton sait exploiter[11].
32
+ Des études ont montré que certains phytoplanctons semblent effectivement bénéficier d'un taux élevé de CO2, mais pour assimiler ce CO2 il leur faut aussi du fer ; il est spéculé depuis la fin du XXème siècle que l'ensemencement de l'océan avec du fer pourrait aider à limiter le changement climatique. Or on découvre que chez la plupart des espèces phytoplanctoniques ce fer n’est assimilable qu’en présence de carbonates. Problème : les carbonates sont détruits par l’acidification induites par la solubilisation du CO2 dans l’eau[12].
33
+
34
+ Le fer dévoile un polymorphisme métallique. L'allotropie n'en applique pas moins un changement basique du cortège des propriétés physiques (dilatation, résistivité, chaleur spécifique liée à la structure cristallochimique, etc.).
35
+
36
+ C'est un métal qui, en fonction de la température, présente un évident polymorphisme métallique. L'allotropie distingue :
37
+
38
+ Le corps pur fond à 1 538 °C avec une chaleur latente de fusion qui est de l'ordre de 3,7 kcal/atome-gramme. L'ébullition du fer, caractérisée par une chaleur latente d'ébullition de l'ordre de 84,18 kcal/atome-gramme apparaît vers 2 860 °C, en pratique pour un corps simple plus ou moins impur entre 2 750 °C et 3 000 °C.
39
+
40
+ Le fer est insoluble dans l'eau et les bases. Il est attaqué par les acides.
41
+
42
+ Dans la nature, le fer est présent assez souvent sous forme d'alliage à faible ou forte teneur de nickel. Mais l'homme de l'art, à commencer par le forgeron, a multiplié les alliages.
43
+
44
+ Le fer présente essentiellement trois degrés d'oxydation :
45
+
46
+ Le fer, combiné à l'oxygène, s'oxyde, suivant les conditions en trois oxydes de fer :
47
+
48
+ À l'air libre en présence d'humidité, il se corrode en formant de la rouille, constituée d'oxydes et d'oxyhydroxydes ferriques hydratés, qu'on peut écrire Fe2O3·nH2O et FeO(OH)·nH2O respectivement. La rouille étant un matériau poreux, la réaction d'oxydation peut se propager jusqu'au cœur du métal, contrairement, par exemple, à l'aluminium, qui forme une couche fine d'oxyde imperméable.
49
+
50
+ La spectroscopie Mössbauer fournit un outil puissant pour la distinction des différents degrés d'oxydation du fer. Avec cette technique, il est possible de faire une analyse quantitative en présence de mélange de phases de fer.
51
+
52
+ En solution aqueuse, l’élément chimique fer est présent sous forme ionique avec deux valences principales :
53
+
54
+ Un certain nombre d'ions conduisent à la précipitation des ions du fer en solution. L'ion hydroxyde HO− est de ceux-là (voir ci-dessus). L'ion sulfure S2− permet de former le sulfure de fer(II) FeS, le sulfure de fer(III) et Fe2S3 pour des pH pas trop acides. Il faut en effet qu'une quantité raisonnable d'ions sulfure soit présents, ce qui n'est pas le cas à pH acide puisque l'ion sulfure est alors sous sa forme diacide, le sulfure d'hydrogène H2S.
55
+
56
+ Les potentiels de référence des couples du fer sont[réf. nécessaire] :
57
+
58
+ Cela indique que le fer métallique n'est pas stable en milieu aqueux. Il s'oxyde d'autant plus vite que le pH est bas.
59
+
60
+ Cela indique également qu'en présence de dioxygène dissous (E°(O2 / H2O) = 1,3 V[réf. nécessaire]), les ions fer(II) ne sont pas stables non plus.
61
+
62
+ Ces potentiels de référence changent en fonction des ions présents en solution, surtout si les constantes de stabilité des complexes correspondant en Fe(II) et Fe(III) sont notablement différentes.
63
+
64
+ L'oxydoréduction est une manière de titrer les ions fer(II), par exemple par les ions cérium(IV) (couple Ce4+/Ce3+) ou par les ions permanganate MnO4− (couple MnO4− / Mn2+ en milieu acide sulfurique).
65
+
66
+ Bien que la réduction en fer métallique des ions du fer soit possible, elle est rarement pratiquée à partir de solution aqueuse.
67
+
68
+ De nombreux complexes du fer en solution aqueuse se forment facilement, par simple addition du ligand (au bon pH). Parmi les complexes les plus courant se trouvent ceux impliquant les ligands :
69
+
70
+ Ces complexes permettent de préparer le bleu de Prusse ;
71
+
72
+ En chimie analytique, ce complexe permet de marquer la couleur des ions fer(III) ;
73
+
74
+ Le couple redox constitué de ces deux complexes est utilisé comme indicateur de titrage d'oxydoréduction ;
75
+
76
+ Ce complexe permet de mettre en évidence de petite quantité d'ion fer(III) en solution grâce à sa couleur caractéristique.
77
+
78
+ Le premier complexe organométallique isolé comme tel, en 1951, fut un complexe du fer : le ferrocène. Il est constitué d'un ions fer(II) avec deux ions cyclopentadiényles C5H5−. De nombreux autres complexes ont été produits depuis, soit dérivés du ferrocène, soit de nature toute différente.
79
+
80
+ La majeure partie du fer dans la croûte est combinée avec l'oxygène, formant des minerais d'oxyde de fer, tels que l'hématite (Fe2O3), la magnétite (Fe3O4) et la limonite (Fe2O3·nH2O). L'oxyde magnétique ou magnétite Fe3O4 est connu depuis l'Antiquité grecque. Il tire son nom du mont Magnetos (le grand mont), une montagne grecque particulièrement riche en ce minéral.
81
+
82
+ Environ une météorite sur vingt comprend de la taénite, unique alliage de minéral de fer-nickel (fer 35-80 %), et de la kamacite (fer 90-95 %). Bien que rares, les météorites de fer sont une source de fer nickelé, ce fer météorique arrivé sur la surface terrestre étant à l'origine de la sidérurgie au sens étymologique ; l'autre source naturelle de fer métal légèrement nickelé sont les gisements de fer tellurique ou fer natif des minéralogistes qui sont plus rares.
83
+
84
+ La couleur rouge de la surface de Mars est due à un régolithe riche en hématite amorphe ; la planète rouge est en quelque sorte une « planète rouillée ».
85
+
86
+ 90 % des gisements de minerai de fer dans le monde sont retenus dans une couche de faible épaisseur et très riche en Fe(II), la couche de fer rubané. Aux premiers temps de la vie, à l'éon Archéen vers -2 à -4 Ga, les cyanobactéries vivent dans des océans de Fe(II). Lorsqu'elles commencent à faire de la photosynthèse, l'oxygène produit est dissous et réagit avec Fe(II) pour former des oxydes de Fe(III) qui précipitent au fond des océans. Après consommation de Fe(II), l'oxygène se concentre dans les océans puis dans l'atmosphère, il constitue alors un poison pour la proto-vie. Ainsi, les gisements de fer rubané se trouvent systématiquement entre les couches géologiques des massifs cristallins (schistes, gneiss, etc.) et les couches calcaires dolomitiques (coraux) constituant les massifs préalpins.
87
+
88
+ Le fer était connu dès le chalcolithique à travers les sites de fer telluriques et surtout les météorites de fer au fer souvent déjà allié de grande qualité, et il n'est pas assuré que sa métallurgie soit demeuré confidentielle comme on l'estime souvent jusqu'au XIIe siècle av. J.-C., époque qui marque, précisément, le début de « l'Âge du fer » : les Hittites, en Anatolie, avaient développé une assez bonne maîtrise du travail du fer autour du XVe siècle av. J.-C., dont leur tradition attribuait l'origine dans la région du Caucase, et cette technique semble également avoir été connue assez tôt en Inde du nord, notamment dans l'Uttar Pradesh.
89
+
90
+ Dans le monde hellénistique le fer est l'attribut d'Héphaïstos, dieu grec de la métallurgie et des volcans[15]. Chez les Romains, toujours forgé par Vulcain, avatar italique de Héphaïstos, il est un attribut princier de Mars.
91
+ Les alchimistes donnèrent au fer le nom de Mars, dieu de la guerre dans la mythologie romaine.
92
+
93
+ Jusqu'au milieu du Moyen Âge, l'Europe raffina le fer au moyen de bas fourneaux, qui ne produisent pas de fonte ; la technique du haut fourneau, qui, elle, produit de la fonte brute à partir de charbon de bois et de minerai de fer, a été mise au point en Chine au milieu du Ve siècle av. J.-C.. Elle est courante en Europe occidentale dès le milieu du XVe siècle.
94
+
95
+ L’Occident réinvente indépendamment la technique plus d'un millier d'années après la Chine. Selon le doxographe antique Théophraste, c'est Délas, un Phrygien, qui inventa le fer[16].
96
+
97
+ Les infimes changements dans les pièces de métal solide obtenues par le labeur physique du forgeron (martelage, réchauffement, alliage superficiels, etc.) sont très peu importants pour le chimiste. La chimie du fer oublie en grande partie l'appréciation extrêmement fine des forgerons ou des mares de forges au cours de la longue histoire technique du fer.
98
+
99
+ Les principaux pays producteurs de minerais de fer en 2013 sont[17] :
100
+
101
+ (millions tonnes)
102
+
103
+ minerai fer
104
+
105
+ (millions tonnes)
106
+
107
+ fer contenu
108
+
109
+ Les principales sociétés productrices de minerais de fer dans le monde sont, en 2008[18] :
110
+
111
+ En 2007, la Chine produit un tiers de l'acier mondial et attire 50 % des exportations du minerai de fer[19].
112
+
113
+ La plupart des métaux à base de fer sont magnétiques. Cette propriété simplifie leur tri. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le faible coût des ferrailles rend les aciéries électriques plus compétitives que les hauts fourneaux.
114
+
115
+ Le fer s'obtient industriellement en réduisant par le monoxyde de carbone (CO) provenant du carbone, les oxydes de fer contenus dans le minerai ; ceci peut être réalisé :
116
+
117
+ Depuis l'Âge du fer et jusqu'au XIXe siècle dans certaines régions du monde : par réduction du minerai avec du charbon de bois dans un bas fourneau ou bas-foyer. On obtient, sans passer par une phase liquide, une masse hétérogène de fer, d'acier voire de fonte, mélangés avec des scories, appelée « loupe », « massiot » ou « éponge de fer ». Afin de rendre le métal propre à l'élaboration d'objets, la « loupe » peut être brisée et triée par type de teneur en carbone ou plus simplement être directement compactée à la forge.
118
+
119
+ C'est avec le développement des moulins et de la force hydraulique, que la lignée technique du haut fourneau a pu se développer et s'est globalement imposée sur celle du bas fourneau. La principale différence dans ce procédé est que la réduction des oxydes de fer se fait en même temps que la fusion. Le métal est produit en phase liquide sous forme de fonte qui a absorbé une partie du carbone du coke et qui fond plus facilement que le fer (température de fusion plus basse d'au moins 200 °C). Mais la fonte devra ensuite être transformée en fer.
120
+
121
+ C'est aussi en ajoutant de la silice au minerai à gangue calcaire, ou du calcaire au minerai à gangue siliceuse, que l'on est passé au haut fourneau : une proportion précise de silice et de calcaire donne un laitier facilement fusible qui se sépare naturellement de la fonte liquide.
122
+ Pendant longtemps les hauts fourneaux ont fonctionné au charbon de bois. Le coke, plus dur et plus abondant, a permis de faire des hauts fourneaux beaucoup plus hauts mais produisant une fonte chargée en soufre.
123
+
124
+ Pour obtenir un métal forgeable, il faut affiner la fonte. Cette étape, réalisée dans une aciérie consiste essentiellement à décarburer la fonte pour obtenir un alliage plus faible en carbone : fer ou acier. La fonte est transformée en acier au convertisseur. Dans cette cuve, on souffle de l'oxygène sur ou dans la fonte pour en éliminer le carbone.
125
+
126
+ Si l'élimination du carbone par combustion avec l'oxygène est l'étape principale dans l'affinage de la fonte, l'aciérie va également :
127
+
128
+ Dans certains cas, l'abondance de gaz naturel ou la difficulté d'adapter le minerai de fer au haut fourneau, ont mené à l'adoption de la filière dite de « réduction directe ». Le principe consiste à réduire le fer présent dans les minerais sans passer par l'étape de fusion (comme au bas fourneau), en utilisant des gaz réducteurs obtenus à partir d'hydrocarbures ou de charbon. Un grand nombre de procédés a été développé. En 2010, 5 % de l'acier produit est issu de fer obtenu par réduction directe.
129
+
130
+ Le fer n'est pratiquement pas utilisé à l'état pur (hormis pour résoudre certains problèmes de soudabilité, notamment sur aciers inoxydables). La fonte et l'acier (1 000 Mt) sont les principaux alliages :
131
+
132
+ L'ajout de divers éléments d'additions permet d'obtenir des fontes et des aciers spéciaux, mais l'élément ayant la plus forte incidence sur les propriétés de ces alliages reste le carbone.
133
+
134
+ Les aciers inoxydables doivent leurs propriétés de résistance à la corrosion à la présence de chrome qui, en s'oxydant, va former une fine pellicule protectrice.
135
+
136
+ L'appellation « fil de fer » ne signifie en rien fil en fer pur, les fils de fer sont en fait fabriqués en acier doux, très malléable.
137
+
138
+ Le fer métallique et ses oxydes sont utilisés depuis des décennies pour fixer des informations analogiques ou numériques sur des supports appropriés (bandes magnétiques, cassettes audio et vidéo, disquettes). L'usage de ces matériaux est cependant désormais supplanté par des composés possédant une meilleure permittivité, par exemple dans les disques durs.
139
+
140
+ Le fer est un élément indispensable au corps humain. Dans les toutes premières années de la vie d'un enfant, les besoins en fer alimentaire sont très importants, sous peine de carence alimentaire (anémie ferriprive). Par ailleurs, un surdosage en fer est également nocif pour la santé. En effet, une quantité trop importante de fer augmenterait le risque d'hépatite, de cancer, et pourrait être impliqué dans la maladie de Parkinson[20].
141
+
142
+ L'hémoglobine du sang est une métalloprotéine constituée d'un complexe du fer(II). Ce complexe permet aux globules rouges de transporter le dioxygène des poumons aux cellules du corps. La solubilité du dioxygène dans le sang est en effet insuffisante pour alimenter efficacement les cellules. Ce complexe est constitué d'un cation Fe(II) complexé par les quatre atomes d'azote[réf. nécessaire] d'une porphyrine et par l'azote d'un résidu histidine appartenant à la chaîne protéique. Le sixième site de complexation du fer est soit vacant, soit occupé par une molécule de dioxygène.
143
+
144
+ Il est notable que le fer(II) fixe une molécule de dioxygène sans être oxydé. Cela est dû à l'encombrement du fer par la protéine.
145
+
146
+ Le fer est un oligo-élément et fait partie des sels minéraux indispensables qu'on retrouve dans les aliments, mais peut être toxique sous certaines formes. Une carence en fer est source d'anémie et peut affecter le développement cognitif et socio-émotionnel du cerveau de l'enfant[21] ou exacerber les effets de certaines intoxications (saturnisme par exemple).
147
+
148
+ Le fer est essentiel au transport de l'oxygène et à la formation des globules rouges dans le sang. Il est un constituant essentiel des mitochondries, puisqu'il entre dans la composition de l'hème du cytochrome c. Il joue aussi un rôle dans la fabrication de nouvelles cellules, d'hormones et de neurotransmetteurs. Le fer contenu dans les végétaux (fer dit « non héminique ») Fe3+ ou fer ferrique est moins bien absorbé par l'organisme que celui contenu dans les aliments crus d'origine animale (fer « héminique ») Fe2+ ou fer ferreux. La cuisson des viandes transforme une partie du fer héminique en fer non héminique, moins biodisponible. Toutefois, l'absorption du fer est favorisée si on le consomme avec certains nutriments, comme la vitamine C ou le jus de citron. Mettre du jus de citron sur ses aliments est donc une excellente habitude culinaire si l'on manque de fer ; par contre, un complément en vitamine C est inutile si l'on ne souffre pas de carence en vitamine C (la carence extrême est le scorbut), même si cela ne peut pas mener à une hypervitaminose puisque la vitamine C est hydrosoluble (et donc son surplus s'élimine par la sudation et la voie urinaire). Comme le bœuf, les insectes sont une bonne source de fer[22].
149
+
150
+ En revanche son absorption est inhibée par la consommation de thé et/ou de café[23] car les tanins (polyphénols) sont des chélateurs de fer. C'est pourquoi il est recommandé aux personnes à risques (adolescentes, femmes enceintes, femmes en âge de procréer, végétariens) et buveuses de thé ou de café d'en boire plutôt une heure avant le repas ou deux heures après[24].
151
+
152
+ L'accumulation de fer dans l'organisme entraîne la mort cellulaire. Des chercheurs de l'Inserm suspectent, à cause de cela, que l'excès de fer pourrait être impliqué dans la dégénérescence des neurones chez les patients atteints de la maladie de Parkinson[25].
153
+
154
+ Pour la femme en ménopause et l’homme adulte, les apports journaliers recommandés de fer sont de 10 mg ; ce besoin nutritionnel est de 16 à 18 mg pour la femme de sa puberté à la ménopause[réf. souhaitée].
155
+
156
+ Le fer est utilisé en tant que médicament. Il est utilisé dans les cas de carences en fer (dites « carence martiale ») pouvant provoquer une asthénie, voire une anémie ferriprive. Il peut être donné par voie orale ou en injection.
157
+
158
+ La production mondiale de minerai de fer s'est élevée toutefois à 2,4 milliards de tonnes en 2010[26], assurée en grande partie par la Chine (37,5 %), devant l'Australie (17,5 %), le Brésil (15,4 %), l'Inde (10,8 %), la Russie (4,2 %) et l'Ukraine (3,0 %) ; les réserves mondiales de minerai de fer sont estimées à 180 milliards de tonnes, contenant 87 milliards de tonnes de fer, et sont détenues essentiellement par l'Ukraine (16,7 %), le Brésil (16,1 %) et la Russie (13,9 %). La Chine a produit 60 % du fer métallique mondial en 2010[27](environ 600 millions sur 1 milliard de tonnes) et 45 % de l'acier mondial (environ 630 millions sur 1,4 milliard de tonnes), devant le Japon (8,2 % du fer et 7,9 % de l'acier produits dans le monde).
159
+ La France est nette exportatrice de fer, d'après les douanes françaises. En 2014, le prix moyen à la tonne à l'export était de 55 €[28].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ modifier
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7
+ Le foie est le plus gros organe abdominal et fait partie de l'appareil digestif sécrétant la bile et remplissant plus de 300 fonctions vitales[1], notamment les trois suivantes : une fonction d'épuration, une fonction de synthèse et une fonction de stockage. Il s'agit d'une glande amphicrine permettant la synthèse de la bile (rôle exocrine) ainsi que celle de plusieurs glucides et lipides (rôle endocrine). Il joue aussi un rôle important dans l'hémostase. Il s'agit d'un organe richement vascularisé.
8
+
9
+ Le substantif masculin[2],[3],[4],[5],[6] « foie » (prononcé [fwa] en français standard)[3] est issu du latin[2],[5] tardif[3],[4],[6] ficatum (« foie gras » d'où, plus généralement, « foie ») formé sur ficus (« figue ») comme calque du grec ancien συκωτόν / sukôtón (« foie gras d'animal nourri de figues », dérivé de συκω (« nourrir de figues »), de σῦκον / sûkon (« figue »).
10
+
11
+ Le foie est impliqué dans plus de 300 fonctions vitales[1].
12
+
13
+ Le foie a cependant pour principale fonction de permettre le transport et stockage du sang, la formation de la bile et l'épuration du sang.
14
+
15
+ Le foie joue un rôle :
16
+
17
+ Il emmagasine les vitamines liposolubles (A, D, K et E) et le glycogène.
18
+
19
+ Il aurait une influence sur notre appétit et nos comportements alimentaires[1].
20
+
21
+ Il synthétise une grande partie des protéines circulantes du sang, notamment les transporteurs comme l'albumine et les apoprotéines. Il est aussi à l'origine de la synthèse de la bile, par capture et synthèse des acides biliaires à partir du cholestérol.
22
+
23
+ Durant le développement du fœtus, ce sont le foie et la rate qui produisent les globules blancs et rouges[1]. C'est l'hématopoïèse hépatosplénique.
24
+
25
+ Le foie est aussi le plus important régulateur de glycémie dans le sang (et plus précisément le plasma). En effet, il est le seul organe à passer de producteur à stockeur de glucose. On dit qu'il est hypoglycémiant (stockage de glucose sous forme de glycogène) ainsi qu'hyperglycémiant (libère du glucose dans le sang après avoir fait une glycogénolyse).
26
+ C'est en période de jeûne que le foie rejette du glucose dans le sang. Grâce à l'enzyme glucose-6-phosphatase, il peut sécréter dans le sang le glucose issu de la dégradation du glycogène. Cette enzyme étant inexistante dans les tissus adipeux et les muscles, le glucose-6-phosphate issu de la dégradation du glycogène ne peut pas y être transformé en glucose et être ainsi sécrété dans le sang. Le foie est donc le seul organe hyperglycémiant, bien que les lipocytes (tissus adipeux) et les myocytes (cellules musculaires) puissent stocker du glycogène.
27
+
28
+ Le foie permet l'hydroxylation du cholécalciférol en calcidiol, forme active de la vitamine D, la synthèse du proangiotensinogène, précurseur de l'angiotensinogène, et de la somatomédine C (ou IGF-1).
29
+
30
+ Chez l'humain, il est impair et asymétrique. Il est logé dans l'hypocondre droit, la loge sous-phrénique droite, la partie supérieure du creux épigastrique puis atteint l'hypochondre gauche. C'est le plus volumineux des viscères abdominaux (2 % du poids corporel, soit une moyenne de 1 500 grammes pour une vingtaine de centimètres de long[1]) et l'organe du corps humain qui effectue le plus grand nombre de transformations chimiques. La discipline médicale qui lui est rattachée se nomme l'hépatologie. Le foie contient près de 13 % de la quantité de sang présent dans notre corps. Il peut connaitre des variations de volume allant jusqu'à 40 %[1].
31
+
32
+ Le foie est un organe intrapéritonéal : il est recouvert à sa surface de péritoine viscéral, qui le rattache à la paroi abdominale en se réfléchissant sur le péritoine pariétal. La capsule de péritoine viscérale qui l'entoure est appelée la capsule de Läennec. Toutefois, elle possède une zone non péritonisée appelée l'area nuda, située en arrière et contre le diaphragme. De plus, le foie est entièrement recouvert d'une capsule fibreuse sous-jacente au péritoine viscéral, appelée la capsule de Glisson.
33
+
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+ On distingue habituellement deux faces au foie :
35
+
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+ La face diaphragmatique est séparée de la face viscérale en avant par le bord inférieur, qui est aigu et dit « tranchant », en regard du rebord costal inférieur, et en arrière par le bord postérieur, qui est plus arrondi.
37
+
38
+ Le ligament falciforme, issu du mésentère ventral lors du développement embryonnaire, relie le foie à la paroi abdominale antérieure. C'est un repli de péritoine tendu verticalement depuis l'appendice xiphoïde et le diaphragme jusqu'à l'ombilic. Il contient entre ses deux feuillets le ligament rond du foie, vestige de la veine ombilicale qui s'oblitère après la naissance. Ce ligament falciforme est continu avec la capsule de Glisson qui entoure le foie : sur la face antéro-supérieure (face diaphragmatique), il sépare le foie en deux parties gauche et droite, souvent considérées comme des lobes droit et gauche du foie. Sur la face viscérale, le ligament falciforme se continue par la capsule, tandis que le ligament rond qu'il contient s'insère dans la moitié antérieure d'un sillon appelé le sillon sagittal gauche.
39
+
40
+ On distingue donc au foie deux lobes - gauche et droit - sur la face diaphragmatique du foie, marqué par l'insertion du ligament falciforme. Cette subdivision du foie repose uniquement sur un critère anatomique : on ne devrait pas parler de « lobe », car la lobulation d'une glande repose sur d'autres critères structuraux, notamment la présence de septa conjonctifs qui viennent séparer la glande en plusieurs unités fonctionnelles. Le lobe droit du foie est le plus volumineux, tandis que le lobe gauche est petit et se termine en pointe (apex du foie).
41
+
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+ En plus de ces deux lobes principaux, on distingue deux petits lobes à la face viscérale du foie : le lobe caudé et le lobe carré.
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+
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+ La face diaphragmatique est lisse et convexe. Elle occupe les parties antéro-supérieure et postéro-supérieure du foie. Elle présente dans sa partie postérieure une zone à nue, non péritonisée, appelée l'area nuda, qui la fixe au diaphragme.
45
+
46
+ En avant, elle est séparée du diaphragme par le récessus subphrénique, une extension de la grande cavité péritonéale. Ce récessus subphrénique est séparé en deux par l'insertion du ligament falciforme à la paroi abdominale antérieure, sur le péritoine pariétal. Le foie est fixé en haut par les ligaments coronaires, qui sont des replis péritonéaux en continuité avec la capsule de Glisson, et donc en continuité avec les ligaments falciformes d'une certaine façon. On distingue deux lames à ces ligaments coronaires par rapport à la zone dépéritonisée qu'elles entourent : une lame antérieure, et une lame postérieure. Aux extrémités supérieures droite et gauche du foie, les deux lames s'adossent et forment les ligaments triangulaires droit et gauche du foie, respectivement.
47
+
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+ La face viscérale du foie occupe la partie inférieure du foie, dans le plan transversal, et regard en arrière, en bas et à gauche. Elle présente deux fissures sagittales et une fissure transversale qui lie ces dernières et forme un « H » :
49
+
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+ C'est donc par la face viscérale que rentrent et sortent des structures tels que des vaisseaux sanguins et lymphatiques, nerfs et conduits biliaires, au niveau de la porte du foie (hile hépatique) : la porte du foie sert de porte de rentrée pour l'artère hépatique propre, la veine porte hépatique et les lymphonoeuds hépatiques, et de point de sortie pour les conduits biliaires (conduit hépatique commun et cystique, formant le cholédoque à la sortie du hile).
51
+
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+ La face viscérale présente deux petits lobes accessoires : le lobe carré et le lobe caudé.
53
+
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+ Les vaisseaux qui irriguent et drainent le foie sont regroupés en trois groupes[7] :
55
+
56
+ L'apport sanguin est réalisé par l'artère hépatique propre, amenant le sang oxygéné, et par la veine porte ramenant le sang du tube digestif, du pancréas et de la rate riche en nutriments en période postprandiale. Le sang de ces deux vaisseaux se mélange dans les sinusoïdes hépatiques qui cheminent entre les travées hépatocytes pour se réunir dans une veine centrolobulaire.
57
+ En période post-prandiale, environ 70 % du sang est issu de la veine porte hépatique, et 30 % de l'artère hépatique propre. Le sang veineux porte est riche en nutriments, tandis que le sang artériel sert principalement à l'apport d'oxygène. La vascularisation hépatique est dite mixte. Le foie contient près de 13 % de la quantité de sang présent dans notre corps, avec une augmentation importante du volume la nuit, jusqu'à 40 %[1].
58
+
59
+ L'artère hépatique propre est la branche terminale de l'artère hépatique commune, issue du tronc cœliaque. L'artère hépatique commune donne sur son chemin les artères gastrique droite et gastroduodénale avant de devenir l'artère hépatique propre, qui remonte vers le hile hépatique (porte du foie). Une fois dans la porte du foie, l'artère hépatique propre bifurque en deux branches principales, les branches hépatiques droite et gauche, de la même manière que la veine porte hépatique se divise en deux branches droite et gauche.
60
+
61
+ Du fait de cette bifurcation des vaisseaux afférents, ainsi que des conduits biliaires, on divise arbitrairement le foie en deux compartiments lobaires : le foie droit et le foie gauche. Cette compartimentation repose sur des critères structurels et fonctionnels qui sont interne au foie. Sur le plan anatomique de surface, on divise habituellement le foie en deux lobes par l'insertion du ligament falciforme : les deux lobes « anatomiques » ne sont pas les mêmes que ceux qui viennent d'être cités. De plus, on peut considérer le lobe caudé du foie comme un troisième lobe fonctionnel, car il reçoit des artères et des veines des deux branches principales (veines et artères) caudées droite et gauche.
62
+
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+ Le retour veineux du foie s'effectue par les veines hépatiques, également appelées veines sus-hépatiques, qui se jettent dans la veine cave inférieure. On distingue trois veines hépatiques : la veine hépatique droite, moyenne, et gauche.
64
+
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+ Le foie est divisé en deux lobes séparés par le ligament falciforme (ou ligament suspenseur)[8], le lobe droit (deux tiers du volume du foie) et le lobe gauche (un tiers du volume). On peut également individualiser deux autres lobes mineurs en taille : le lobe caudé (ou lobe de Spiegel) et le lobe carré[9].
66
+
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+ Le lobe caudé, également appelé lobe de Spiegel, est visible à la partie postérieure de la face viscérale du foie, et est limité sur sa gauche par le sillon du ligament veineux (sillon sagittal gauche), sur sa droite par le sillon de la veine cave inférieure (sillon sagittal droit) et finalement en avant par le hile du foie. Il est nommé ainsi car il est muni d'un prolongement allongé en forme de queue, le processus caudé, qui rejoint le processus papillaire (faisant également partie du lobe caudé). Sur le plan anatomique comme fonctionnel, il est considéré comme un lobe individuel : sur le plan anatomique, grâce aux limites citées précédemment, et sur le plan fonctionnel, par l'apport vasculaire. Il est vascularisé par des vaisseaux afférents venant des foies droit et gauche (veines et artères caudées gauches et droites).
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+ Le lobe carré du foie est visible est à la partie antérieure de la face viscérale du foie. Il est limite sur la gauche par le sillon du ligament rond (partie antérieure du sillon sagittale gauche), à droite par le fond de la vésicule biliaire (fundus) et en avant par le hile du foie.
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+
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+ Cette subdivision du foie en plusieurs lobes - deux lobes principaux et deux lobes accessoires - repose sur des critères anatomiques et ne correspondent pas aux critères de lobes d'une glande. Cette subdivision est donc purement obsolète, et les lobes anatomiques ne sont pas séparés par des septa conjonctifs entre deux.
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+
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+ La segmentation hépatique est une division du foie en plusieurs segments, adaptée particulièrement pour la résection chirurgicale. Elle repose essentiellement sur une division fonctionnelle du foie : le foie est ainsi divisé en territoires fonctionnels dénommés secteurs et segments. Elle relève de nombreux travaux, notamment ceux de Cantlie (1898), Hjörstjö (1931), Harley et Schroy (1953), Goldsmith et Woodburne (1957) et Couinaud (1957).
74
+
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+ Selon la segmentation hépatique de Couinaud[10], le foie est divisé en secteurs, eux-mêmes divisés en segments.
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+ Les veines sus-hépatiques délimitent le foie en secteurs : la veine sus-hépatique gauche sépare le secteur latéral gauche du secteur paramédian gauche, la veine sus-hépatique médiane sépare le foie droit du foie gauche c'est-à-dire le secteur paramédian gauche du secteur antérieur droit (ou secteur paramédian droit) et la veine sus-hépatique droite sépare le secteur antérieur droit du secteur postérieur droit (ou secteur latéral droit)[8].
77
+
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+ Les branches de division de la veine porte délimitent les secteurs du foie en huit segments numérotés de I à VIII sur la face inférieure du foie dans le sens inverse des aiguilles d'une montre[11] :
79
+
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+ En chirurgie, on décompose ainsi le foie en deux hémi-foies qui correspondent aux ramifications vasculaires. Ainsi, le « foie » gauche reçoit la branche gauche de division de l'artère hépatique et de la veine porte, le « foie » droit la branche droite de ces vaisseaux. Le foie gauche comporte les segments II, III et IV ; le foie droit comporte les segments V, VI, VII et VIII. Le segment I est quant à lui partagé entre les deux. Cette segmentation est essentielle pour la chirurgie hépatique puisqu'elle permet l'ablation d'un segment sans gêner la vascularisation des autres segments.
81
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+ Cette division fonctionnelle ne se recoupe pas complètement avec la division anatomique[9] :
83
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+ La nomenclature anglo-saxonne est différente de la classification de Couinaud.
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+ Les hépatocytes sécrètent la bile dans les canalicules biliaires. Ceux-ci sont formés par des invaginations de la membrane plasmique des hépatocytes et forment en fait un espace virtuel. Les canalicules de chaque hépatocyte se déversent dans un canal biliaire primitif appelé canal de Hering. Par la suite, la bile poursuit son parcours dans des canaux biliaires interlobulaires lesquels sont constitués de cellules biliaires (cholangiocytes) qui reposent sur une lame basale. Les canaux interlobulaires forment ensuite des canaux biliaires de plus gros calibre et finissent par former les canaux hépatiques droit et gauche dont la réunion forme le canal hépatique commun qui quitte le foie au niveau du hile hépatique.
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+ Le canal cystique issu de la vésicule biliaire se jette dans le canal hépatique commun qui devient le cholédoque, lequel s'abouche dans le duodénum.
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+ Le foie est un organe possédant une innervation autonome, qui a deux origines. La première est le système nerveux sympathiques et parasympathique, qui donneront le plexus solaire, qui à son tour donnera la branche hépatique. La seconde origine est le nerf gastro-hépatique.
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+
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+ La capsule de Glisson est innervée, c'est cette capsule qui véhicule les sensations dont la douleur.
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+ Le foie est constitué de cellules hépatiques (hépatocytes) organisées en travées autour des sinusoïdes (capillaires hautement perméables où le sang circule). L'unité fonctionnelle du foie est le lobule hépatique. Ses échanges avec le reste du corps se font pour la plupart à travers sa double irrigation sanguine (veine porte et artère hépatique propre), qui se termine par une multitude de capillaires jusqu'à l'intérieur du foie. On peut rajouter que plusieurs shunts se font entre le système porte et la veine sus-hépatique.
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+ 80% des cellules du foie sont des hépatocytes ayant la particularité d'avoir un noyau qui peut contenir jusqu'à 8 jeux de chromosomes[1], ce qui facilite probablement la régénérescence du foie.
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+ Il existe d'autres types cellulaires :
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+
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+ Les cellules hépatiques sont groupées à l'intérieur du foie en formations spéciales, les lobules hépatiques. Les lobules hépatiques sont donc des groupements de cellules hépatiques, de forme polyédrique, dont l'agencement est déterminé par la disposition des vaisseaux et des voies biliaires intrahépatiques. Les lobules hépatiques sont séparés les uns des autres par des travées de tissu conjonctif, auxquelles on donne le nom d'espace-porte ou espace de Kiernan, où cheminent des vaisseaux et des canaux biliaires intrahépatiques.
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+ Métastases secondaires hépatiques provenant des cancers primitifs suivants :
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+ Le plus souvent un foie endommagé se régénère spontanément. Dans le cas contraire, le foie peut être remplacé chirurgicalement. Le foie destiné à la transplantation peut provenir soit d'une personne en état de mort cérébrale soit d'un donneur vivant. Dans ce dernier cas, le donneur se voit retirer une partie de son foie qui est transplantée chez le malade. Chaque moitié du foie se régénère en un foie complet.
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+
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Un gaz est un ensemble d'atomes ou de molécules très faiblement liés et quasi indépendants. Dans l’état gazeux, la matière n'a pas de forme propre ni de volume propre : un gaz tend à occuper tout le volume disponible. Cette phase constitue l'un des quatre états dans lequel peut se trouver un corps pur, les autres étant les phases solide, liquide et plasma (ce dernier, proche de l'état gazeux, s'en distingue par sa conduction électrique). Le passage de l'état liquide à l'état gazeux est appelé vaporisation. On qualifie alors le corps de vapeur (par exemple la vapeur d'eau).
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+ À basse pression, les gaz réels ont des propriétés semblables qui sont relativement bien décrites par le modèle du gaz parfait. La masse volumique d'un corps pur atteint son minimum à l'état gazeux. Elle décroît sous l'effet d'une baisse de pression (loi de Gay-Lussac et loi de Charles) ou d'une hausse de la température (on parle de dilatation des gaz). Les mouvements chaotiques des molécules qui composent le corps le rendent informe et lui permettent d'occuper entièrement l'espace clos qui le contient. Une propriété remarquable des gaz parfaits, valable approximativement pour les gaz réels, est que, dans les mêmes conditions de température et de pression, un volume donné contient toujours le même nombre de molécules quelle que soit la composition du gaz (loi d'Avogadro).
8
+
9
+ Au tout début du XVIIe siècle, un chimiste flamand, Jean-Baptiste Van Helmont, utilisa le mot « gas » par rapprochement avec le mot « chaos » (en néerlandais « ch » et « g » se prononcent de la même façon) venant du grec το χαος-χαους qui désigne l'espace immense et ténébreux qui existait avant l'origine des choses (dans la mythologie). En effet, il voulait introduire une notion de vide. Peu après, les français écrivirent « gas » avec un z : gaz. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que le mot prit son sens moderne.
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+ Les gaz sont miscibles entre eux : on parle de mixage pour l'action de mélanger et, de mélange gazeux pour l'état mélangé. Exemple : l'air sec, épuré de son dioxyde de carbone, est un mélange composé principalement de 78 % de diazote (N2), de 21 % de dioxygène (O2) et de 1 % d'argon (Ar).
12
+
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+ Un gaz peut se dissoudre dans l'eau (loi de Henry), ou d'autres liquides (comme le sang). Par exemple la pression d'oxygène dans le sang artériel PaO2 est de 85 ± 5 mmHg, et la pression du dioxyde de carbone PaCO2 est de 40 ± 4 mmHg. Les gaz dissous dans le sang peuvent créer des embolies gazeuses en cas de décompression rapide lors d'une plongée sous-marine — les gaz inertes (azote, remplacé par de l'hélium ou de l'hydrogène pour des plongées techniques) sont en cause.
14
+
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+ Un gaz peut même se dissoudre (faiblement) dans un métal (adsorption, désorption).
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+ La combustion des gaz oxydables est très importante en chimie, en chimie organique et, donc dans la vie courante.
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+ Des transformations d'état, les transitions de phase, affectent les gaz.
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+
21
+ Le passage direct de l'état solide à l'état gazeux est appelé sublimation (par exemple, le dioxyde de carbone CO2, ou neige carbonique) ; la transformation inverse s'appelle déposition, condensation solide ou encore sublimation inverse.
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+
23
+ Quand un liquide passe à l'état gazeux, il y a vaporisation (soit par évaporation, soit par ébullition). L'inverse s'appelle la liquéfaction.
24
+
25
+ En chimie : gaz halogènes, gaz rares, gaz naturel
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27
+ En physique : gaz parfait, gaz réel, ionisation des gaz, théorie cinétique des gaz
28
+
29
+ Pour les applications technologiques : compression des gaz, Histoire de la liquéfaction des gaz, machine à vapeur, moteur à gaz, moteur à combustion interne
30
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+ En relation avec les phénomènes atmosphériques : air, atmosphère, effet de serre, gaz à effet de serre, ozone, couche d'ozone oxyde d'azote
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une légende (de l'adjectif verbal latin legenda, « qui doit être lue ») est, à l’origine, un récit mis par écrit pour être lu publiquement : généralement il s'agit d'une hagiographie lue dans les monastères, pendant les repas ; dans les églises, pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Au XVIe siècle s'opère un glissement de sens, la légende devenant un récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique. Cette évolution « résulte de la nécessité devant laquelle se sont trouvés les hagiographes de fournir la matière destinée à alimenter le culte de saints personnages dont ils ignoraient à peu près tout »[1]. Dans ce genre de littérature, la précision historique passe ainsi au second plan par rapport à l’intention spirituelle
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+
7
+ Le légendaire désigne l'auteur, le compilateur de légendes mais aussi le recueil de légendes.
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+ Le légendier est un recueil de vies de saints sous forme de légendes hagiographiques qui ont plus un rôle liturgique et commémoratif que biographique[2].
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+ La légende diffère du mythe en ce qu'une légende tient de faits réels ; une histoire est racontée puis est transmise par oral d'où les modifications. On peut la définir comme un récit qui mêle le vrai et le faux[3].
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+ Le récit fictif dans les légendes, mythes, contes et fables, est le plus souvent d'origine orale et fait appel au merveilleux. Une légende est fortement liée à un élément clé, ceci est précisé et se concentre sur un lieu, un objet, un personnage, une histoire, etc. Au fil du temps, la légende peut évoluer en mythe pour les sociétés futures, car elle perd en précision et gagne en fantaisie et en amplification, et s'oriente vers du mystique. Ainsi, dans une légende, il peut y avoir une partie mythe, comme pour ce qui est d'Héraclès, le héros Grec, l'Hercule des Romains.
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15
+ Dans le langage courant, les notions de mythe, de légende, de conte et de fable sont souvent confondues[4]. Néanmoins, le mythe renvoie à une histoire inventée pour fonder des croyances dans un monde divin.
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17
+ Jean-Pierre Bayard, dans son Histoire des légendes, énumère une dizaine de théories relatives aux origines des légendes. La théorie anthropologique, soutenue par Henri Gaidoz, Wilhelm Mannhardt et Edward Tylor, postule que les légendes proviendraient de pensées humaines primitives, de restes de religions et cultures élémentaires. La théorie astrale ou naturaliste considère les contes et les légendes étiologiques comme divinisant les grandes manifestations de la nature. La théorie mythologique est avancée par Grimm qui attribue la création des contes à l'enfance préhistorique de la patrie, Angelo De Gubernatis, à un naturalisme enfantin, Schelling, à la conscience individuelle du peuple qui ajoute aux légendes créées une signification religieuse. La théorie linguistique considère que les légendes sont issues de la transmission de récits entre plusieurs peuples qui empruntent les mots à d'autres cultures, les déforme, ce qui obscurcit le sens primitif originel et donne naissance à de nouveaux récits[5].
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+ Une légende (de l'adjectif verbal latin legenda, « qui doit être lue ») est, à l’origine, un récit mis par écrit pour être lu publiquement : généralement il s'agit d'une hagiographie lue dans les monastères, pendant les repas ; dans les églises, pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Au XVIe siècle s'opère un glissement de sens, la légende devenant un récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique. Cette évolution « résulte de la nécessité devant laquelle se sont trouvés les hagiographes de fournir la matière destinée à alimenter le culte de saints personnages dont ils ignoraient à peu près tout »[1]. Dans ce genre de littérature, la précision historique passe ainsi au second plan par rapport à l’intention spirituelle
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+ Le légendaire désigne l'auteur, le compilateur de légendes mais aussi le recueil de légendes.
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+ Le légendier est un recueil de vies de saints sous forme de légendes hagiographiques qui ont plus un rôle liturgique et commémoratif que biographique[2].
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+ La légende diffère du mythe en ce qu'une légende tient de faits réels ; une histoire est racontée puis est transmise par oral d'où les modifications. On peut la définir comme un récit qui mêle le vrai et le faux[3].
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+ Le récit fictif dans les légendes, mythes, contes et fables, est le plus souvent d'origine orale et fait appel au merveilleux. Une légende est fortement liée à un élément clé, ceci est précisé et se concentre sur un lieu, un objet, un personnage, une histoire, etc. Au fil du temps, la légende peut évoluer en mythe pour les sociétés futures, car elle perd en précision et gagne en fantaisie et en amplification, et s'oriente vers du mystique. Ainsi, dans une légende, il peut y avoir une partie mythe, comme pour ce qui est d'Héraclès, le héros Grec, l'Hercule des Romains.
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+ Dans le langage courant, les notions de mythe, de légende, de conte et de fable sont souvent confondues[4]. Néanmoins, le mythe renvoie à une histoire inventée pour fonder des croyances dans un monde divin.
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+ Jean-Pierre Bayard, dans son Histoire des légendes, énumère une dizaine de théories relatives aux origines des légendes. La théorie anthropologique, soutenue par Henri Gaidoz, Wilhelm Mannhardt et Edward Tylor, postule que les légendes proviendraient de pensées humaines primitives, de restes de religions et cultures élémentaires. La théorie astrale ou naturaliste considère les contes et les légendes étiologiques comme divinisant les grandes manifestations de la nature. La théorie mythologique est avancée par Grimm qui attribue la création des contes à l'enfance préhistorique de la patrie, Angelo De Gubernatis, à un naturalisme enfantin, Schelling, à la conscience individuelle du peuple qui ajoute aux légendes créées une signification religieuse. La théorie linguistique considère que les légendes sont issues de la transmission de récits entre plusieurs peuples qui empruntent les mots à d'autres cultures, les déforme, ce qui obscurcit le sens primitif originel et donne naissance à de nouveaux récits[5].
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+ Une légende (de l'adjectif verbal latin legenda, « qui doit être lue ») est, à l’origine, un récit mis par écrit pour être lu publiquement : généralement il s'agit d'une hagiographie lue dans les monastères, pendant les repas ; dans les églises, pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Au XVIe siècle s'opère un glissement de sens, la légende devenant un récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique. Cette évolution « résulte de la nécessité devant laquelle se sont trouvés les hagiographes de fournir la matière destinée à alimenter le culte de saints personnages dont ils ignoraient à peu près tout »[1]. Dans ce genre de littérature, la précision historique passe ainsi au second plan par rapport à l’intention spirituelle
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+ Le légendaire désigne l'auteur, le compilateur de légendes mais aussi le recueil de légendes.
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+ Le légendier est un recueil de vies de saints sous forme de légendes hagiographiques qui ont plus un rôle liturgique et commémoratif que biographique[2].
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+ La légende diffère du mythe en ce qu'une légende tient de faits réels ; une histoire est racontée puis est transmise par oral d'où les modifications. On peut la définir comme un récit qui mêle le vrai et le faux[3].
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+ Le récit fictif dans les légendes, mythes, contes et fables, est le plus souvent d'origine orale et fait appel au merveilleux. Une légende est fortement liée à un élément clé, ceci est précisé et se concentre sur un lieu, un objet, un personnage, une histoire, etc. Au fil du temps, la légende peut évoluer en mythe pour les sociétés futures, car elle perd en précision et gagne en fantaisie et en amplification, et s'oriente vers du mystique. Ainsi, dans une légende, il peut y avoir une partie mythe, comme pour ce qui est d'Héraclès, le héros Grec, l'Hercule des Romains.
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+ Dans le langage courant, les notions de mythe, de légende, de conte et de fable sont souvent confondues[4]. Néanmoins, le mythe renvoie à une histoire inventée pour fonder des croyances dans un monde divin.
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+ Jean-Pierre Bayard, dans son Histoire des légendes, énumère une dizaine de théories relatives aux origines des légendes. La théorie anthropologique, soutenue par Henri Gaidoz, Wilhelm Mannhardt et Edward Tylor, postule que les légendes proviendraient de pensées humaines primitives, de restes de religions et cultures élémentaires. La théorie astrale ou naturaliste considère les contes et les légendes étiologiques comme divinisant les grandes manifestations de la nature. La théorie mythologique est avancée par Grimm qui attribue la création des contes à l'enfance préhistorique de la patrie, Angelo De Gubernatis, à un naturalisme enfantin, Schelling, à la conscience individuelle du peuple qui ajoute aux légendes créées une signification religieuse. La théorie linguistique considère que les légendes sont issues de la transmission de récits entre plusieurs peuples qui empruntent les mots à d'autres cultures, les déforme, ce qui obscurcit le sens primitif originel et donne naissance à de nouveaux récits[5].
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+ Lego, stylisé en LEGO, est une gamme de jouets de construction fabriqués par le groupe danois The Lego Group. Elle se compose de briques emboîtables, de figurines[1] et diverses autres pièces. Les briques Lego peuvent être assemblées et reliées afin de construire des objets tels que des véhicules, des bâtiments, des robots, des paysages, etc. Les constructions peuvent être démontées pour créer de nouveaux montages avec les pièces. The Lego Group a commencé à fabriquer des briques de jeu à verrouillage en 1949[2],[3]. Le fabricant de jouets devient en 2014 le numéro 1 du marché du jouet devant Mattel[4] et s'offre de nouvelles licences, comme la licence The Simpson[5] et la licence Minecraft, jeu vidéo à succès souvent qualifié de « Lego virtuel » et tout juste racheté par Microsoft. En 2014, Lego enregistre un chiffre d'affaires de 3,83 milliards d'euros (+ 13 % par rapport à 2013) et un bénéfice net de 941 millions d'euros (+ 15,6 % par rapport à 2013)[4].
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+ Le 17 février 2015, Lego est classée « entreprise la plus puissante au monde » par le cabinet Brand Finance (en)[6]. Sont évaluées sa capacité de développer son image mais aussi son habileté à convertir cette image en valeur commerciale[7]. Détrônée l'année suivante par Disney, elle retrouve la première place du classement pour l'année 2016[8].
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9
+ Les premiers jouets Lego sont créés en 1932 par un charpentier danois, Ole Kirk Christiansen. Le nom lego vient des mots danois leg godt, qui signifient « joue bien »[9],[10].
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+ C'est à cause de la crise de l'époque que Christiansen se reconvertit pour fabriquer des jouets en bois. Mais l'incendie de son usine, la guerre et la mauvaise qualité du bois le poussent vers le plastique. En 1952, il crée les premières briques en plastique à tenons (les picots) et, après les avoir testées en les donnant à ses enfants, les commercialise en 1954 mais le Clutch Power (la capacité qu'ont les différentes pièces à s'imbriquer entre elles et à se séparer) est peu efficace. Les premiers essais de brique en plastique ne s'emboîtent pas très bien. En 1958, le plastique ABS apporte une amélioration car il est plus résistant et dur. La première figurine a, quant à elle, vu le jour beaucoup plus tard, en 1978[11].
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+ Christiansen a ensuite passé le flambeau de l'entreprise à son fils, Godtfred Kirk Christiansen. Le premier parc Legoland est ouvert en 1969 au Danemark.
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+ L'entreprise marche de mieux en mieux, mais elle doit faire face à une baisse des ventes en 2000 car Lego s'occupe de trop de produits différents. Lego se recentre alors sur l'activité principale : la brique. Depuis, l'entreprise familiale a très bien remonté la pente[11] et est classée en 2014 numéro 1 des jouets vendus dans le monde. Les ventes ont en effet augmenté de 15%, et cela grâce aux performances de certaines lignes de produits comme LEGO®City, LEGO Creator et THE LEGO® MOVIETM. Cette année là, alors que la croissance sur le marché du jouet traditionnel était faible, le groupe LEGO voyait lui une très forte croissance dans toutes ses régions. C’est ce qui a permis à LEGO de dépasser le leader Mattel, connaissant lui un essoufflement de son jouet Barbie[12],[13]. L’entrée sur le marché en 2014 des premiers longs-métrages LEGO a aussi contribué à l’extension du groupe[14].
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+ Les clés de leur succès résident dans leur capacité d’innovation, notamment en créant des gammes touchant des thèmes actuels (LEGO® City, LEGO® Star Wars™, LEGO Friends, …), mais aussi leurs normes de qualités très strictes permettant aux enfants de développer leur imagination sans danger[12].
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+ Kjeld Kirk Kristiansen, petit-fils du créateur, a dirigé la société The Lego Group de 1979 à 2004, puis a passé la main à Jørgen Vig Knudstorp.
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+ Alors que jusqu'aux années 1990 toutes les figurines Lego présentaient un sourire figé, la gamme s'élargit ensuite à de nouvelles expressions faciales[15].
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+ En août 2018, Lego lance ses premières pièces en plastique végétal. Conçu dans le laboratoire de recherche de la firme pour le développement répondre à la demande des consommateurs, ce matériau durable est élaboré à partir de canne à sucre[16].
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+ Les briques Lego constituent un ensemble d’éléments modulaires. De ce fait, leurs dimensions sont multiples d’une valeur de base, appelée module et constituant l’unité Lego, et qui vaut en l’occurrence 1⁄8 de pouce (soit 3,175 mm).
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27
+ Si on considère la brique la plus commune, de 2×4 plots, elle est large de 5⁄8 de pouce (15,875 mm), longue de 10⁄8 (31,75 mm) et haute de 3⁄8 (9,525 mm ), soit trois fois la hauteur d’une plaque. Un plot a pour rayon 2,381 25 mm, de plus, l’espace entre deux plots vaut 1⁄8 de pouce, ce qui permet d’y glisser une plaque. Ainsi en superposant 4 plaques 2×2 et une tuile, on obtient un cube de 5⁄8 de côté. La plupart des produits concurrents sont proposés dans les mêmes dimensions, une compatibilité qui les rend plus attrayants pour le consommateur.
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29
+ Les premières briques, en 1949, étaient relativement simples : une coque vide avec des plots sur le dessus. Deux fentes latérales conféraient aux briques l’élasticité suffisante pour l’assemblage. Le brevet du 28 janvier 1958 concerne le modèle actuel, avec en particulier les fûts cylindriques disposés à l’intérieur de la coque venant en quinconce avec les plots : ainsi, le nombre de contacts entre deux éléments superposés est augmenté et garantit la bonne tenue des briques. Pour ce qui est des briques d’au moins 2×2, l’épaisseur de la coque est diminuée, et compensée par de petites nervures. Enfin, une nervure centrale assure la bonne tenue des parois et limite le retrait au moulage.
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+ À la simplicité d’utilisation correspondent une recherche et une précision dans la fabrication. Les briques sont testées aux différents stades de leur production ; elles sont produites avec une précision de 10 μm[17]. En 2008, le nombre de pièces défectueuses était estimé à une vingtaine de briques par million.
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+ Un des éléments-clés fut d’être un système complet. Chaque nouvelle série ou ensemble est compatible avec le reste du système : quelles que soient ses dimensions, sa forme ou sa fonction, chaque pièce est utilisable avec toutes les autres. L’engrenage et les mécanismes motorisés inclus dans les modules techniques les plus avancés peuvent être attachés presque sans effort aux Duplo pour les enfants de trois ans. Ces possibilités infinies arrivent même à fasciner les adultes.
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+ Avec la composition précise de l’ABS, les moules sont la pierre angulaire du succès commercial de Lego. Ces moules sont donc des pièces à (très) haute valeur stratégique pour Lego. Lorsqu’un moule n’est plus tout à fait conforme aux normes de qualité que s’impose son fabricant, il est coulé dans le béton d’un nouveau bâtiment Lego sur un site de l’entreprise.[réf. nécessaire]
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37
+ Les briques à tenons ont été souvent copiées. Les marques les plus connues les ayant reprises sont Mega Bloks, Smoby et Kre-O (en).
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+ En septembre 2016, la marque Lego a introduit une action en justice contre la marque chinoise Lepin, très prisée des AFOLs[18]. Selon la firme, les copies bon marché produites par Lepin seraient potentiellement dangereuses pour les consommateurs ; en 2013 déjà, Lego qui cherche à s'implanter en Chine avait été débouté dans un recours contre un autre fabricant chinois accusé de copier ses produits[19]. En décembre 2017, The Lego Group remporte un procès contre la marque chinoise Bela pour la copie des figurines Lego, et non des briques[20],[21].
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+ Lego a créé ou adopté de nombreuses gammes sous trois catégories : Lego Duplo, Lego System et Lego Quatro.
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+ Parmi les gammes notables de Lego et celles en cours de production, on trouve Lego Architecture, Bionicle, Castle, City, Creator, Espace, Friends, Ideas, Mindstorms, Ninjago, Super Heroes et Star Wars.
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+ En juillet 2020, Lego annonce la sortie d'une toute nouvelle gamme, « Lego Art », à destination des adultes. La marque proposera dès août 2020 des posters en briquettes inspirées de la culture pop : Marilyn Monroe, les Beatles, Dark Vador et Iron Man. [22].
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+ Le thème Lego Castle débute en 1978 avec l'apparition du premier château fort Lego System : le château jaune. Il a pour sujet le Moyen Âge, les chevaliers et les châteaux forts.
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+ Lego Ideas (anciennement Cuusoo) est une gamme de Lego basée sur un système de projets désignés par des fans de Lego sur la plateforme Ideas. Si le projet atteint dix mille votes (par les internautes), il est soumis à un comité professionnel et si accepté, il est produit et commercialisé. Ainsi, près de 30 produits ont vu le jour depuis 2008 et la sortie du tout premier set : le sous-marin japonais Shinkai.
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+ En avril 2019, la Lego Foundation, entité de la société dédiée aux projets sociaux en faveur de l’éducation chez les enfants, annonce officiellement la sortie d'une gamme Braille Bricks destinée à faciliter l'apprentissage du braille aux enfants malvoyants : en 2020 seront lancés des sets multicolores de 250 briques dont les tenons représenteront l’alphabet, les chiffres et les caractères particuliers de l'alphabet braille[23].
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53
+ La forme définitive des briques Lego, avec les tubes internes, est brevetée par le groupe Lego en 1958[24]. Plusieurs concurrents ont tenté de tirer parti de la popularité du jouet danois en produisant des blocs de dimensions similaires et en les annonçant compatibles avec les briques Lego. En 2002, Lego intente une action contre la CoCo Toy Company à Pékin pour violation de droits d'auteur sur son produit « Coko briques ». CoCo reçoit l'ordre de cesser la fabrication des produits, de publier des excuses officielles et de verser des dommages et intérêts[25]. Lego poursuit ensuite l'entreprise anglaise Best-Lock Construction Toys à la cour suprême allemande en 2004[26] et en 2009[27] ; la Cour fédérale des brevets d'Allemagne refuse la protection de la marque Lego pour la forme de ses briques pour le dernier cas[28]. En 2005, l'entreprise Lego poursuit l'entreprise canadienne Mega Bloks pour violation du droit des marques, mais la Cour suprême du Canada confirme les droits de Mega Bloks de vendre son produit[29]. En 2010, la Cour de justice de l'Union Européenne statue que la conception à huit pions de la brique originale de Lego « remplit simplement une fonction technique et ne peut pas être enregistrée en tant que marque »[30].
54
+
55
+ Logo de Lego de 1934 à 1936.
56
+
57
+ Logo de Lego de 1936 à 1940.
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59
+ Logo de Lego de 1940 à 1946.
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+ Logo de Lego de 1946 à 1948.
62
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+ Logo de Lego de 1948 à 1950.
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65
+ Logo de Lego de 1950 à 1953.
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+ Logo de Lego de 1953 à 1959.
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+ Logo alternatif de Lego de 1954 à 1959.
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+ Logo de Lego System de 1959 à 1964.
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+ Logo de Lego System de 1964 à 1972.
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+ Logo de Lego de 1972 au 17 novembre 1998.
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+ Logo de Lego depuis le 18 novembre 1998.
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+
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+ Un film d'animation retrace l'aventure de la société : The LEGO® Story[31].
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+
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+ La plupart des adaptations mettent en scène des héros représentés sous forme de personnages Lego évoluant dans un univers Lego :
82
+
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+ Un « Lego Store », ou Lego Imagination Center, est une boutique de The Lego Group qui ne vend que des produits Lego.
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+ Un adolescent andorran né avec un bras atrophié en raison du syndrome de Poland a créé sa propre prothèse en lego[44].
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+ Des roues lego ont été utilisées par un vétérinaire en Belgique pour rendre sa mobilité à une tortue amputée des pattes arrière[45].
88
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+ Depuis 2007, le sculpteur franco-allemand et artiste urbain Jan Vormann parcourt les grandes villes du monde entier pour y boucher trous et fissures dans les murs à l'aide de briques colorées Lego[46],[47].
90
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91
+ À Wuppertal, en Allemagne, l'ancien pont du chemin de fer a été peint en trompe-l'œil en briques lego géantes par l'artiste urbain Martin Heuwold alias MEGX[48],[49].
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+ Quelques reproductions de tableaux ont également été construites en briques.[réf. nécessaire]
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+ Arabie saouditeRoyaume d'Arabie saoudite
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+ (ar) المملكة العربية السعودية / al-mamlaka al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya
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+ 24° 42′ N, 46° 43′ E
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+ Vous pouvez corriger ou créer la discussion.
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+ L'Arabie saoudite ou Arabie séoudite (en arabe : العربيّة السّعودية, al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya?), nommée également le royaume d'Arabie saoudite (en arabe : المملكة العربيّة السّعودية, al-mamlaka al-ʿarabiyya as-saʿūdiyya?), est une monarchie absolue islamique dirigée par la dynastie des Saoud, depuis sa création en 1932 par Abdelaziz ibn Saoud[11]. Peuplée de 33 millions d'habitants, occupant 80 % de la péninsule Arabique, c'est le plus grand pays du Moyen-Orient avec une superficie de plus de deux millions de kilomètres carrés, et le deuxième plus grand des pays du monde arabe, après l'Algérie.
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+ Le pays, dont la capitale est Riyad, a l'islam pour religion d'État et l'arabe pour langue officielle. Il abrite les deux plus grands lieux saints de l'islam : la mosquée al-Harâm (à La Mecque) et la mosquée du Prophète (à Médine).
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+ L'Arabie saoudite est limitrophe de l’Irak au nord, du Koweït au nord-nord-est, du Bahreïn à l'est-nord-est, du Qatar et des Émirats arabes unis à l'est, d’Oman à l'est-sud-est, du Yémen au sud-sud-est et de la Jordanie au nord-ouest ; elle est bordée par la mer Rouge à l'ouest-sud-ouest et le golfe Persique à l'est-nord-est.
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+ En 2000, l'Arabie saoudite et le Yémen ont signé un accord afin de concrétiser leur frontière commune, source de discorde jusque-là. À l'est-sud-est, une grande partie des frontières avec les Émirats arabes unis et Oman n'est pas clairement établie, d'où la difficulté de calculer correctement la superficie du Royaume saoudien. Le gouvernement annonce 2 217 949 km2 tandis que d'autres estimations varient de 1 960 582 jusqu'à 2 240 000 km2. Cependant le pays est considéré comme le treizième au monde par sa superficie.
18
+
19
+ Depuis la région côtière occidentale Tihama, les terres s'élèvent depuis les montagnes du Hedjaz au-dessus desquelles s'étend le plateau de Nejd, dans la partie la plus centrale. La région du sud, Asir, possède des montagnes s'élevant jusqu'à 3 000 mètres et est réputée pour avoir le climat le plus frais et le plus humide du pays. L'Est est, quant à lui, plutôt rocailleux avec des étendues de sable en continuité jusqu'au golfe Persique. L'hostile Rub' al Khali (le « Quart Vide ») est un désert s'étendant dans le sud du pays.
20
+
21
+ Relativement peu peuplées, la plupart des terres varient entre désert et zone semi-aride, occupées par une traditionnelle population bédouine. La végétation s'y limite à de maigres plantes et autres herbes. Moins de 2 % des terres sont cultivables. Le centre de population est principalement situé le long des côtes est et ouest, malgré quelques oasis densément peuplées à l'intérieur du pays, telles Al-Hufuf et Buraydah. Le reste du pays compte très peu d'habitants bien que l'industrie pétrolière y ait bâti quelques communautés artificielles. L'Arabie saoudite n'a aucun lac ou rivière permanente, bien que sa grande ligne côtière s'étende sur 2 640 km de la mer Rouge au golfe Persique, offrant de nombreux récifs de coraux et une large biodiversité côtière et aquatique.
22
+
23
+ Alors que le terme « Arabie » désigne la péninsule arabique dans son ensemble, l'adjectif « saoudite » évoque les Al Saoud, et en particulier Abdelaziz ibn Saoud dit « Ibn Saoud », qui reconquit ce pays au profit de sa famille en 1932 et en fit le « Royaume arabe saoudien » (en arabe al-Mamlakat al-°Arabīyat as-Sa°ūdīyat ; المملكة العربية السعودية), en français le « royaume d'Arabie saoudite »[12], ou en plus court السعودية (es-saoudia), que l'on pourrait traduire par la « Saoudite » ou la « Saoudie ». « Saoud » se réfère ici à Saoud ben Mohammed Al Mouqrin, le père de Mohammed Ibn Saoud, patriarche de la famille et fondateur en 1744[13] du premier État saoudien.
24
+
25
+ En français, les orthographes « séoudite » (à la place de « saoudite ») et « Séoud » (au lieu de « Saoud ») fréquentes autrefois, se sont raréfiées sous l'influence de règles de transcription anglophones[14]. Par ailleurs, la transcription « saoudite » est conforme à la norme ISO 233 et à la norme DIN 31635 qui transcrivent par un /a/ la voyelle fatha / َ / que l'on trouve dans le mot sa'ûd (سَعود). On peut aussi relever que le moteur de recherche Google corrige automatiquement la recherche « séoudite » en « saoudite »[réf. nécessaire]. En revanche, on continue à trouver le nom du fondateur de la dynastie orthographié Ibn Séoud, à côté de Ibn Saoud.
26
+
27
+ L'adjectif qualificatif « saoudite » ou « séoudite » s'écrit sans majuscule selon :
28
+
29
+ Cependant, on le trouve écrit « Arabie Saoudite » dans le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale (3e édition, 1990).
30
+
31
+ L’Arabie saoudite a globalement un climat désertique, avec des températures diurnes très élevées et une forte baisse de la température pendant la nuit. Les températures estivales moyennes sont d'environ 45 °C, mais peuvent atteindre 54 °C. En hiver, la température descend rarement en dessous de 0 °C. Au printemps et en automne, la chaleur est tempérée, avec des températures moyennes autour de 29 °C. Les précipitations annuelles sont extrêmement faibles.
32
+
33
+ La région de l'Asir diffère, en raison de la mousson de l'océan Indien qui, généralement entre octobre et mars, donne une pluviométrie moyenne de 300 millimètres, soit environ 60 % des précipitations annuelles.
34
+
35
+ La côte ouest du pays, sur la mer Rouge, a un climat subtropical. Dans la zone centrale, autour de Djeddah et La Mecque, les étés sont très chauds avec un degré d'humidité très élevé, alors que les hivers sont modérés avec une humidité basse. Cette région reçoit des pluies légères mais soudaines, parfois accompagnées d'orages de novembre à février. Au printemps et en automne, les pluies sont rares. Les vents du sud occasionnels durant l'hiver entraînent des tempêtes de sable et de pluie, provoquant des inondations dans les vallées ce qui cause de nombreux dommages aux populations nomades ou semi-nomades qui y résident.
36
+
37
+ En été, les moyennes de température sont de 45 °C, alors qu'en hiver, elles avoisinent 10 °C. Le 1er août 1996, une température de 49,6 °C a été enregistrée à La Mecque. Le 26 janvier 1997, à Taëf, un minimum de −1,5 °C a été constaté[19][source insuffisante].
38
+
39
+ La faune comprend des mammifères comme : des loups, des hyènes, des mangoustes, des babouins, des lièvres, des rats des sables et des gerboises. Les plus gros animaux sont les gazelles, les oryx et les léopards qui, relativement nombreux avant les années 1950, sont actuellement des espèces en voie de disparition, à cause de la chasse en véhicules motorisés.
40
+
41
+ Parmi les oiseaux les plus courants, on trouve les faucons (qui sont capturés et entraînés pour la chasse), les aigles, les vautours, les gangas et les bulbuls.
42
+
43
+ Il existe plusieurs espèces de serpents, dont beaucoup sont venimeux, et de nombreux types de lézards.
44
+
45
+ La vie marine, dans le golfe Persique, est variée, avec une réserve de dugongs sur la mer Rouge.
46
+
47
+ Les animaux domestiques sont les dromadaires, les moutons, les chèvres, les ânes et les poules.
48
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49
+ En raison du climat, la vie végétale naturelle de l'Arabie saoudite se compose essentiellement de petites herbes et d'arbustes nécessitant peu d'eau. On note cependant quelques petites zones herbeuses et des arbres dans le sud de l'Asir. Le palmier dattier (Phoenix dactylifera) y est très répandu.
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+ Un nombre important de zones naturelles, terrestres et marines, sont protégées.
52
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53
+ L'Arabie saoudite est divisée en 13 provinces (mintaqah idāriyya en arabe, expression qui se traduit littéralement par « région administrative », dont la forme au pluriel est manatiq idāriyya).
54
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55
+ Les provinces sont divisées en 118 gouvernorats (arabe : محافظات, muhafazat au pluriel, muhafazah singulier), dont les capitales provinciales, qui ont un statut différent des municipalités (intègres), sont dirigées par des maires (amin).
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57
+ Les gouvernorats sont subdivisés en sous-gouvernorats (marakiz, au pluriel markaz).
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+ Médine.
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+ Al Qasim.
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+ Haïl.
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+ Asir.
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+ Tabuk.
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+ Najran.
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+ La Mecque.
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+ Jizan.
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+ Le premier État saoudien est constitué aux alentours de 1744. Un chef tribal local, Mohammed Ibn Saoud, s'associe avec un prédicateur religieux, Mohammed ben Abdelwahhab ; ensemble, ils fondent le wahhabisme.
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+ La famille Al Saoud et le royaume connaissent ensuite des confrontations augmentant ou réduisant leur pouvoir en fonction des accords et désaccords avec l'Égypte, l'Empire ottoman et d'autres pays arabes pour le contrôle de la péninsule. Trop instable, le royaume finit par disparaître en 1818.
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+ Un second État saoudien est fondé six années plus tard en 1824, mais disparaît en 1891.
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+ Dans la nuit du 15 au 16 janvier 1902, Abdelaziz ibn Saoud, souhaitant restaurer l'ancien État de son aïeul, s'empare de Riyad, alors occupée par la famille rivale Al Rachid, originaire de Haïl. En 1904, il s'empare de l'oasis de Buraydah, capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Abdelaziz fonde vers 1912, avec l'appui des bédouins, l'ordre des Ikhwâns (« frères ») qui lui permet d'agrandir son domaine[20]. Les Ikhwâns sont progressivement installés dans environ deux cents tentes (les hujjar). En 1913, Abdelaziz s'empare de la province de Al-Hassa, dans l'est, dont la majorité de la population est chiite. Son poids politique est reconnu par les Ottomans en mai 1914 lorsque ceux-ci le nomment wali du Nejd.
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+ Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Abdelaziz se rapproche graduellement des Britanniques. Un traité de protection est signé avec ces derniers en 1915.
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+ Profitant de la dislocation de l'Empire ottoman et de la faiblesse des États arabes qui se constituent pendant le conflit mondial, il fait la conquête par la force en 1924-1925 du Hedjaz, un État comprenant les villes de La Mecque et de Médine, en s'en emparant il met fin à près d'un millénaire de chérifat hachémite, la lignée des descendants du grand-père du prophète. Il finit par se faire reconnaître roi du Hedjaz, en 1927.
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+ L'État ainsi constitué est consolidé par Abdelaziz Al Saoud pour devenir un pays puissant et surtout acteur de la scène internationale. Cet arrêt des conquêtes le brouille avec ses alliés ikhwâns, qui voudraient poursuivre la conquête pour étendre les frontières à toute la communauté des croyants. L'appui des oulémas, essentiellement par une fatwa de 1927, profite à Abdelaziz : ils décrètent qu'il est interdit de se révolter contre le détenteur du pouvoir. Dès lors, il devient licite de faire la guerre contre les Ikhwâns, qui sont écrasés en 1929.
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+ L'Arabie saoudite est fondée officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz. Abdelaziz ibn Saoud (Ibn Saoud) en devient le roi. Les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud firent 500 000 morts entre 1901 et 1932[21].
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+ La découverte de pétrole en mars 1938 transforme le pays sur le plan économique et marque le début d'une alliance stratégique avec les États-Unis, concrétisée par le Pacte du Quincy. En échange d'un accès au pétrole, les États-Unis s'engagent à protéger militairement la dynastie des Saoud. Cette alliance se révèlera d'autant plus durable que le pays se présente comme un allié de poids face à la montée des nationalistes arabes dans les années 1950-1960 soutenus par l'Union soviétique[22].
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+ Abdelaziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies, ce qui se traduit concrètement par un confort matériel pour les Saoudiens, mais sans changement des mentalités. Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en 1953, lui succèdent ses fils — Saoud ben Abdelaziz, Fayçal ben Abdelaziz, Khaled ben Abdelaziz, Fahd ben Abdelaziz, Abdallah ben Abdelaziz et depuis 2015 le roi Salmane ben Abdelaziz.
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+ En 1973, l'Arabie saoudite est le leader du cartel des pays pétroliers, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et son ministre du Pétrole et des Ressources minérales Ahmed Zaki Yamani, diplômé de Harvard, est la tête pensante du quadruplement du prix du pétrole qui fait soudain de l'Arabie saoudite une super-puissance financière.
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+ La rapide augmentation des recettes saoudiennes au début des années 1980, qui passent de 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981, permet également au pays qui est le «berceau» du wahhabisme d'exporter sa doctrine religieuse sous la forme du salafisme. Cette politique extérieure se manifeste dans la lutte organisée contre l'Union soviétique dans le conflit afghan en accord avec l'allié américain[22], mais également dans le soutien financier de nombreuses organisations islamiques à travers le monde dans les années 2000-2015[23].
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+ Dans les années 1980, la prise de la Grande Mosquée de La Mecque met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la Muttawa, est mise en place, s'assurant que tout ce qui se passe dans le royaume n'enfreint pas les règles de l'islam. Les nouvelles technologies sont encadrées, la musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle est accentuée, et le port du voile intégral obligatoire.
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+ L'Arabie saoudite est une monarchie absolue islamique, contrôlée par les familles Saoud et Wahhab qui sont liées par le mariage.
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+ Pour le politologue Riadh Sidaoui, les deux dynasties du Nejd sont les «deux faces d’une même pièce»[24].
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+ Pour Nabil Mouline, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Arabie saoudite, le système successoral saoudien est de type adelphique, c'est-à-dire entre frères[25]. Toutefois, la transmission de la couronne demeure quelque peu aléatoire puisque le roi n'est pas nécessairement l'aîné : « Chaque roi potentiel est à la tête d’une faction, dont la puissance est déterminée par la force de son clientélisme, son soutien dans les forces armées et ses appuis dans le monde religieux et intellectuel[26]. »
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+ La loi fondamentale de l'Arabie saoudite définit le Coran comme constitution du pays et codifie depuis 1992 les règles d'organisation gouvernementale déjà existantes[27]. Le Conseil des oulémas et le Comité permanent des recherches islamiques et de la délivrance des fatwas sont compétents pour l'interprétation des règles religieuses. Aucune manifestation ou culte d'une autre religion ne sont acceptés, et ceux qui expriment à ce titre une opinion différente sont déclarés apostats et passibles de la peine de mort. La liberté de religion de la population non-musulmane d'origine y est très restreinte et doit s'exercer exclusivement dans le domaine privé. Une assemblée consultative existe.
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+ Depuis la fondation de l'État en 1932 par Abdelaziz ibn Saoud, le royaume a été gouverné par sept monarques.
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+ En novembre 1995, après un accident vasculaire cérébral du roi Fahd, en tant que prince héritier, Abdallah a pris de facto la direction de l'État. Il devient roi en 2005 après le décès de ce dernier.
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+ Le 4 novembre 2014, l'Arabie saoudite, confrontée à un ralentissement de son économie (basée en grande partie sur le pétrole) et à une recrudescence de son taux de chômage (30 % de sa population active), décide d'expulser des centaines de milliers de travailleurs étrangers[28],[29].
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+ En janvier 2015, Salmane succède à son demi-frère Abdallah, décédé.
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+ L'Arabie saoudite est l'une des puissances régionales au Moyen-Orient. En tant que gardienne des lieux saints de l'islam, elle jouit d'un grand prestige dans l'ensemble du monde musulman et diffuse le wahhabisme partout dans le monde. Elle rassemble autour d'elle la plupart des pays arabes à majorité sunnite dans une alliance contre l'Iran, où domine le chiisme, et ses alliés. L'Arabie saoudite bénéficie de revenus financiers considérables qu'elle tire de sa richesse en pétrole, dont elle est le premier pays exportateur au monde, et en gaz naturel. La rente pétrolière est la source de sa puissance, mais elle la rend dépendante aux variations du cours du baril et l'oblige à une alliance avec les États-Unis pour assurer la sécurité de l'approvisionnement en hydrocarbures dont les puissances économiques mondiales sont presque toutes très dépendantes[30].
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+ L'historien britannique Charles Allen a chiffré que depuis 1979, les autorités saoudiennes ont consacré plus de 70 milliards de dollars à la diffusion de leur idéologie[31], le wahhabisme, l'une des formes les plus rigoristes de l'islam sunnite. Ce financement a été rendu possible par les réserves de pétrole du pays et le soutien des États-Unis et de l'Europe qui dépendent de ces réserves pour le fonctionnement de leur économie[32].
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+ Dans une série d'entretiens en forme de bilan avec le magazine The Atlantic paru en avril 2016, le président américain Barack Obama a déclaré, selon Jeffrey Goldberg, que l'Arabie saoudite « propage l’extrémisme qui a généré le terrorisme » et expliqué comment l’Indonésie, notamment, « d’État musulman et tolérant, est devenu un pays extrémiste, à cause du financement par l’Arabie saoudite des mouvements fanatiques et des écoles wahhabites »[33],[34]. À la suite de ces propos peu diplomatiques, la maison royale saoudienne s'est dite « offensée »[35].
122
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+ Le 6 décembre 2015, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a estimé que l'Arabie saoudite devait cesser le financement des mosquées salafistes en Allemagne qui ne « sont pas moins dangereuses que les extrémistes de droite »[36].
124
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125
+ Initialement, l'Arabie saoudite entretient de bonnes relations avec les Frères musulmans[37]. La rupture se produit en 1991, lorsque la confrérie dénonce l'alliance saoudienne avec les États-Unis lors de la Guerre du Golfe[37],[38].
126
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127
+ À partir de 1993, la monarchie saoudienne tente un rapprochement avec sa minorité chiite[37]. En 2005, des partis religieux chiites sont autorisés à présenter des candidats aux élections[37]. Cependant, les chiites restent victimes de discriminations et cette période d'ouverture prend fin avec la répression du soulèvement bahreïnien et le début de la guerre civile syrienne en 2011[37].
128
+
129
+ À l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, la dynastie des Saoud au pouvoir est contestée par les salafistes djihadistes qui rejettent la monarchie et réclament une théocratie pure[37],[39]. Ces derniers renient même leur citoyenneté saoudienne pour se revendiquer « jaziri » (de la péninsule arabique). À partir de 2003, le royaume est aux prises avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui commet plusieurs attentats et assassinats, mais finit par être repoussé au Yémen[39].
130
+
131
+ En 2007, lors de la guerre d'Irak, l'Arabie saoudite joue un rôle déterminant dans la création et le financement des Sahwa, des milices sunnites qui contribuent à marginaliser les djihadistes de l'État islamique d'Irak et à instaurer jusqu'en 2011 une relative accalmie en Irak[39],[40]. Mais le 8 mars 2014, Nouri al-Maliki, alors Premier ministre irakien, proche allié de l'Iran, accuse l'Arabie saoudite et le Qatar de fournir un soutien politique, financier et médiatique aux groupes d'insurgés comme Daech, Front al-Nosra, Al-Qaïda, etc, allant même jusqu'à « acheter des armes au bénéfice de ces organisations terroristes » pour conclure en droit international que : « Ils attaquent l'Irak, via la Syrie, et de manière directe, ils ont déclaré la guerre à l'Irak »[41].
132
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133
+ Bien qu'hostile aux révolutions du Printemps arabe, l'Arabie saoudite commence à soutenir les rebelles en Syrie, quelques mois après le début de la guerre civile syrienne[42]. Le royaume tient notamment à contenir l'influence de l'Iran, son principal rival dans la région. Il s'appuie sur les conservateurs, les officiers déserteurs, les tribus et les libéraux[43],[44], et soutient des groupes salafistes, notamment Jaych al-Islam, ainsi que l'Armée syrienne libre et des groupes modérés, en revanche, il s'oppose aux Frères musulmans[42],[44],[37]. Cependant, des milliers de Saoudiens partent combattre en Syrie et des groupes djihadistes comme l'État islamique ou le Front al-Nosra bénéficient de soutiens financiers venus d'acteurs privés, d'associations, ou d'hommes d'affaires, parfois liés à certains membres de la famille royale, qui profitent d'un certain laisser-faire de l'État[45],[46]. Selon le chercheur Pierre-Jean Luizard, au sein même de la famille royale, certaines branches s'estimant lésées font allégeance à l'État islamique[47]. En 2014 et 2015, l'hebdomadaire britannique The Economist et l'institut Soufan group estiment que 2 500 Saoudiens ont rejoint des groupes djihadistes en Syrie et en Irak, principalement l'État islamique[48],[49]. L'Arabie saoudite finit par s'inquiéter de la montée en puissance des salafistes djihadistes, qui contestent la légitimité de la dynastie saoudienne, et redoute qu'ils ne puissent bénéficier d'une certaine attractivité aux yeux d'une partie de la population saoudienne, ce qui pourrait déstabiliser le royaume[44],[37]. En mars 2013 les départs de combattants pour la Syrie sont rendus illégaux par le ministère de l'Intérieur dirigé par le prince Mohammed ben Nayef Al Saoud[42]. En février 2014, le Royaume saoudien classe le Front al-Nosra et l'État islamique comme organisations terroristes et interdit tout soutien ou financement à ces groupes[42],[46]. En septembre 2014, Riyad rejoint la coalition internationale contre l'EI.
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135
+ Dans une vidéo publiée le 26 décembre 2015, Abou Bakr al-Baghdadi, le « calife » de l'État islamique, appelle à des soulèvements en Arabie saoudite[50],[51]. De juin 2014 à novembre 2015, l'État islamique mène 7 attentats en Arabie saoudite qui font 88 morts[52]. Le Ministre saoudien de l'Intérieur Mohammed ben Nayef Al Saoud, responsable de la lutte anti-terroriste, est la cible de quatre tentatives d'assassinats de 2004 à 2015, dont un attentat-suicide d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique en 2009[53].
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137
+ Pour le politologue François Burgat : « le ressort de la politique de l’Arabie saoudite n’est pas idéologique. Arrêtons de penser que ce pays n’a qu’un rêve consistant à vouloir exporter son wahhabisme. Les Saoudiens n’ont qu’un rêve en se réveillant le matin : garder le pouvoir à n’importe quel prix, au prix de n’importe quelle concession idéologique, à savoir en étant capable de prendre appui sur des acteurs qui, sur le papier, leur sont hostiles ». Selon lui, plus que par l'Iran et les chiites, l'Arabie saoudite s'estime menacée principalement par son opposition : les « modérés » (Al-Islah, l'organisation yéménite apparentée aux Frères musulmans) et les radicaux[54].
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+ En Égypte, l'Arabie saoudite approuve le coup d'État mené le 3 juillet 2013 par l'armée qui porte au pouvoir le général Abdel Fattah al-Sissi et renverse le président Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans[55].
140
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+ Le 7 mai 2014, le roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud fait inscrire les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes, mais son successeur, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, se montre plus conciliant à leur égard[56].
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+ Le journaliste Alain Gresh note qu'à partir de 2016 l'Arabie saoudite se rapproche à petits pas des Frères musulmans : « Prudemment, parce que, à terme, les Frères restent un danger, notamment à l’intérieur du royaume ; avec détermination, car la menace iranienne est prioritaire à court et moyen terme »[57].
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145
+ À partir de 2015, l'Arabie saoudite concentre ses efforts au Yémen, où elle intervient militairement contre les Houthis, alliés de l'Iran[42],[46],[58]. En janvier 2015, Mohammed ben Salmane est nommé ministre de la Défense. Il décide de conduire des opérations militaires au Yémen contre les rebelles houthistes afin de limiter l'influence iranienne dans le pays[59]. En décembre 2015, dans une déclaration publique, les services de renseignement allemands ont exprimé leur inquiétude devant la nouvelle politique étrangère du jeune prince héritier, soulignant la façon dont la « position diplomatique jusqu'ici prudente des chefs aînés de la famille royale est remplacée par une politique interventionniste impulsive » et présente un danger pour la stabilité de la région[60].
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147
+ En mars 2016, le royaume wahhabite désigne le Hezbollah comme organisation terroriste et remet en cause une aide financière de quatre milliards de dollars aux forces armées libanaises[61].
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+ Selon Ali Al-Ahmad, directeur du Institute for Gulf Affairs (en), basé à Washington, « Les Saoudiens sont extrêmement inquiets. Le point de départ d'une éventuelle révolution sera probablement un club de foot plutôt qu'une mosquée »[62].
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+ Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite accuse le Royaume qatari de complaisance avec l'Iran, le Hamas, le Hezbollah et de « soutenir le terrorisme » et d'avoir des liens avec les Houthis, Al-Qaïda, l'État islamique et les Frères musulmans, groupements classés « terroriste » par l'Arabie saoudite. Riyad décide de sanctionner Doha et, le 5 juin 2017, le gouvernement saoudien rompt ses relations diplomatiques avec le Qatar et ferme sa frontière avec l'émirat[63]. Ses alliés, les Émirats arabes unis, Bahreïn, Yémen et Égypte feront de même[64].
152
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153
+ Il s'en suit alors une crise diplomatique : expulsion des nationaux qataris du territoire saoudien, et en septembre 2017, une vague d'arrestations de journalistes, intellectuels, politiques (dont le conseiller du gouvernement saoudien, Issam Al Zamel), universitaires, chercheurs ou écrivains qui seraient proches des mouvances islamistes « pro-Qatar », accusés d'avoir maintenu « le silence sur le Qatar » et de « non-participation à la campagne médiatique contre le Qatar », faits qui sont récemment devenus des délits[65].
154
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155
+ Le pays pourrait construire le canal Salwa, qui transformerait le Qatar en île.
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157
+ Liée aux États-Unis depuis le pacte du Quincy en 1945, l'Arabie saoudite prend ses distances avec son allié américain au début des années 2010, en réponse à la non-intervention militaire du pays pendant la guerre civile syrienne et au rapprochement irano-américain qui fait suite à l'élection d'Hassan Rohani à la présidence de la République islamique. En conséquence, l'Arabie saoudite refuse son siège obtenu par l'élection du Conseil de sécurité des Nations unies de 2013[66].
158
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+ Il est à noter que 15 des 19 pirates de l'air, lors des attentats du 11 septembre 2001, étaient des sujets du roi d'Arabie saoudite[67]. Selon Bob Graham, ancien vice-président de la commission d'enquête parlementaire sur le 11 septembre, les 28 pages classifiées du rapport publié en 2002, intitulées « éléments, discussion et récit concernant certains sujets sensibles de sécurité nationale », mettraient en cause le consulat saoudien à Los Angeles, l'ambassade d'Arabie saoudite à Washington ainsi que de riches Saoudiens installés à Sarasota en Floride[68]. Et de conclure : « Pour moi, nous avons montré que quoi qu'ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir Al-Qaïda, puis plus récemment dans l'appui économique et idéologique à l'État islamique (Daech). C'est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la nouvelle vague d'extrémisme qui a frappé Paris (attentats contre Charlie Hebdo)[69]». En avril 2016, Bob Graham a déclaré sur la chaîne de télévision Fox News qu'il aurait reçu un coup de fil de la Maison blanche l'informant de la décision du président américain de déclassifier les 28 pages litigieuses sous 60 jours[70]. Selon le New York Times, l'Arabie saoudite menacerait de vendre des « centaines de milliards de dollars de titres américains si le Congrès adoptait un projet de loi qui permettrait de rendre responsable le gouvernement du Royaume arabe devant les tribunaux américains de leur éventuel rôle lors des attaques du 11 septembre 2001 »[71],[72]. Pour la première fois, en mai 2016, le Département du Trésor des États-Unis a dévoilé que le montant des bons du trésor détenus par l'Arabie saoudite s'élèveraient seulement à 117 milliards de dollars, ce qui en ferait le treizième adjudicataire très loin derrière la Chine et le Japon[73]. Par ailleurs, les sénateurs américains ont approuvé à l'unanimité la proposition de loi autorisant les victimes du 11 septembre 2001 à poursuivre l'Arabie saoudite[74]. En juillet 2016, le Congrès des États-Unis a publié un document de 28 pages crédibilisant les accusations[75] de Zacarias Moussaoui, qualifié de « dérangé » par l'Arabie saoudite[76],[77] :
160
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161
+ « [...] certains des pirates de l’air du 11 septembre étaient en contact avec des individus connectés avec le gouvernement saoudien qui leur apportaient de l’aide et du soutien [...] qu’au moins deux de ces individus ont été soupçonnés d’être des agents de renseignements saoudiens. »
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+ Une note de l'administration américaine datant de 2009 (et dévoilée par WikiLeaks un an après) avance que « les donateurs privés en Arabie saoudite demeurent la principale source mondiale de financement de groupes terroristes sunnites[78] ». Par ailleurs, deux articles, l'un paru dans The Daily Telegraph en septembre 2014, et l'autre dans Le Monde le 17 novembre 2015 (ce dernier étant un point de vue écrit par les historiens Sophie Bessis et Mohamed Harbi), affirment que l'Arabie saoudite serait, avec le Qatar et la Turquie, l'une des principales sources financières et militaires de l'extrémisme islamiste[79],[80],[81].
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+ Le 8 octobre 2012, Yves Bonnet, ancien patron de la DST, a affirmé : « On n'ose pas parler de l'Arabie saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d'alimenter de leurs fonds un certain nombre d'actions préoccupantes[82],[83].»
166
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167
+ Le 20 novembre 2015, dans une tribune publiée par le New York Times, le vainqueur du prix Goncourt du premier roman 2015, l'écrivain Kamel Daoud, visé par une fatwa, a affirmé que l'Arabie saoudite n'est qu'un « Daech qui a réussi » en sus d'être le principal « mécène idéologique de la culture islamiste ». Selon lui, pour lutter contre le terrorisme, l'Occident devrait enfin s'attaquer à « la cause » plutôt qu'à « l'effet »[84],[85].
168
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+ Pierre-Jean Luizard, historien et chercheur au CNRS, affirme en 2017 : « L'Etat qatari ne soutient pas plus le terrorisme que l'Etat saoudien : aucun des deux ne le fait de façon directe. Beaucoup de fonds privés venus d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis financent l'Etat islamique. [...] L'Arabie saoudite, elle, est gangrenée. La menace de la mouvance salafiste y est très présente, y compris dans les branches de la dynastie saoudienne. Il s'agit là d'une crise très grave du système saoudien »[86].
170
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171
+ Pour François Burgat, directeur de recherche à l'Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), ni le Qatar, ni l'Arabie saoudite ne soutiennent al-Qaïda ou l'État islamique : « Les dirigeants des monarchies pétrolières savent parfaitement qu’ils sont en tête de liste des cibles de Daech ou d’Al-Qaïda et aucun d’entre eux n’est suicidaire »[87].
172
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+ En 2015, Stéphane Lacroix, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), déclare : « Les princes saoudiens ne soutiennent plus les islamistes comme ils ont pu le faire jusqu'aux années 1990. Ils en ont même aujourd'hui une peur bleue, car ce sont les seuls à représenter un modèle concurrent aux Saoud, et donc à pouvoir déstabiliser la monarchie. L'Arabie saoudite est fondamentalement antirévolutionnaire. Au cours du Printemps arabe, elle a surtout soutenu le statu quo. [...] L'exception est la Syrie ». En Syrie, l'État saoudien a soutenu l'Armée syrienne libre, puis des islamistes nationalistes non-djihadistes. Cependant « en parallèle des financements étatiques, des oulémas n'appartenant pas à l'establishment officiel se sont rangés derrière des groupes politiques salafistes. Dès le début du conflit, ces religieux ont soutenu en Syrie le groupe Ahrar el Sham et le front Al-Nosra. Mais pour la plupart d'entre eux, ils ne soutiennent pas Daech. L'organisation État islamique est détestée d'eux, car elle prétend au leadership sur l'islam tout entier, ce qui est inacceptable pour ses concurrents. [...] Le pouvoir saoudien se méfie de ces oulémas islamistes, dont certains ont mené la contestation contre le régime dans les années 1990. Mais il ne peut se permettre de les envoyer en prison, le coût étant trop élevé en interne »[88].
174
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+ Afin de redorer son blason en France, l'Arabie saoudite aurait missionné quatre agences de communication et de relations presse françaises : Publicis, Image 7, Edile Consulting et une autre dont le nom n'a pas filtré[89],[90].
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+ L'Arabie saoudite consacre au budget militaire l'un des pourcentages les plus élevés du monde, ses dépenses militaires dépassant la barre des 10 % du PIB. Les forces armées saoudiennes se composent des Forces Terrestres Royales saoudiennes, de l'Air Force Royale Saoudienne, de la Marine Royale Saoudienne, de la Défense de l'Air royale saoudienne (en), de la Garde nationale de l'Arabie saoudite (en) (la SANG en anglais, un organisme indépendant de l'armée), et les forces paramilitaires, pour un total de près de 200 000 militaires en service actif. En 2005, les forces armées affichaient le personnel ci-après : pour l'armée de terre, 75 000 hommes ; pour l'armée de l'air, 18 000 hommes ; pour la marine, 15 500 hommes (dont 3 000 marins) ; et la SANG affichait 75 000 soldats actifs et 25 000 supplétifs tribaux. En outre, il y a le Al Mukhabarat Al Un'amah le service de renseignement militaire.
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+ Le royaume dispose d'une longue relation militaire avec le Pakistan, il a longtemps été avancé que l'Arabie saoudite aurait secrètement financé le programme nucléaire pakistanais et chercherait à acquérir des armes atomiques au Pakistan, dans un avenir proche. La SANG n'est pas une réserve, mais une force de première ligne pleinement opérationnelle, et est issue de la tribu militaro-religieuse des Saoud, les Ikhwan. Son existence perdure, quoiqu'elle soit présentée comme étant, de fait, l'armée privative de feu Abdallah depuis les années 1960 et, que contrairement au reste des forces armées, elle est indépendante du Ministère de la Défense et de l'Aviation. La SANG contrebalançait les factions Sudairi (en) dans la famille royale : le Prince Sultan, Ministre de la Défense et de l'Aviation, est l'un des soi-disant « Sept Sudairi » et contrôle le reste des forces armées[91].
180
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181
+ Les dépenses de défense et de sécurité de l'Arabie saoudite ont considérablement augmenté depuis le milieu des années 1990. Elles atteignaient environ 69,4 milliards de dollars en 2017, ce qui représente environ 10,3 % du produit intérieur brut et la classe au quatrième rang des pays qui dépensent le plus pour leurs forces armées. Son arsenal moderne de haute technologie fait de l'Arabie saoudite l'un des pays les plus puissamment armés du monde. Son équipement militaire est fourni principalement par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni[92].
182
+
183
+ Les États-Unis ont vendu pour plus de 80 milliards de dollars de matériel militaire entre 1951 et 2006, aux forces armées saoudiennes. Le 20 octobre 2010, le Département d'État des États-Unis a notifié au Congrès son intention de conclure le plus grand marché de l'histoire américaine — une somme estimée à 60,5 milliards de dollars de commandes par le royaume d'Arabie saoudite. Le package constitue une amélioration considérable de la capacité offensive des forces armées saoudiennes. 2013 a vu les dépenses militaires saoudiennes s'élever à 67 milliards de dollars, dépassant celle du Royaume-Uni, de la France et du Japon au quatrième rang à l'échelle mondiale[93].
184
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+ Le Royaume-Uni a également été l'un des principaux fournisseurs d'équipements militaires à l'Arabie saoudite depuis 1965. Depuis 1985, le Royaume-Uni a fourni des avions militaires — notamment les avions de combat Tornado et l'Eurofighter Typhoon et d'autres équipements dans le cadre d'un contrat de long terme le marché militaire Al-Yamamah estimé à une valeur de 43 milliards de livres en 2006 et il est projeté un autre d'une valeur de 40 milliards de livres. En mai 2012, le géant britannique de la défense BAE a signé un marché de 1,9 milliard de livres (3 milliards de dollars) pour la fourniture de jets d'entraînement Hawk à l'Arabie saoudite[94].
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+ Selon le Stockholm International Peace Research Institute, le SIPRI, sur la période 2010-2014, l'Arabie saoudite est le deuxième plus grand importateur d'armes, recevant quatre fois plus d'armes majeures que sur la période 2005-2009. Les principales importations de 2010-2014 incluent 45 avions de combat du Royaume-Uni, 38 hélicoptères de combat des États-Unis, 4 avions ravitailleurs de l'Espagne et plus de 600 véhicules blindés du Canada. L'Arabie saoudite a une longue liste de commandes militaires en cours, dont 27 avions de combat supplémentaires du Royaume-Uni, 154 avions de combat des États-Unis et un grand nombre de véhicules blindés en provenance du Canada. L'Arabie saoudite a capté 41 % des exportations d'armes du Royaume-Uni, sur la période de 2010-2014.
188
+
189
+ En dépit de ces dépenses militaires très importantes, pour le géopoliticien Renaud Girard, « son instrument militaire est extrêmement faible » comme le montrerait son incapacité de faire face aux rebelles houthistes au Yémen[95].
190
+
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+ Le 3 octobre 1988[96], l'Arabie saoudite a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, sans avoir pour autant signé le protocole additionnel de 1997 aux fins de vérification des accords de garantie[97].
192
+
193
+ Toutefois, selon le Sunday Times, citant un haut responsable américain en mai 2015, l'Arabie saoudite, en parallèle avec l'Iran, aurait pris la décision stratégique d'acquérir des armes nucléaires au Pakistan[98]. En effet, pour la journaliste Dominique Lorentz, plus de doute, l'Iran est aujourd'hui une puissance nucléaire[99]. Or, dans ce cas de figure, Amos Yadlin (en), chef du renseignement militaire d’Israël, avait commenté que si l’Iran avait la bombe, « les Saoudiens n’attendront pas un mois. Ils ont déjà payé pour la bombe, ils iront au Pakistan et ils prendront ce dont ils ont besoin ». Dans ces conditions, toujours selon le Sunday Times, l’Arabie saoudite aurait donc demandé au Pakistan, dont elle finance depuis trente ans le programme nucléaire, un remboursement de sa dette sous la forme de bombes atomiques disponibles à volonté, mais dont le « produit fini » resterait stationné au Pakistan[100].
194
+
195
+ Le 25 février 2016, le Parlement européen, lors d'une session plénière à Bruxelles, a adopté une résolution, à une large majorité des eurodéputés, pour un embargo sur les livraisons d'armes des pays de l'Union européenne à destination de l'Arabie saoudite[101]. Dans le même sens, le 15 mars 2016, le Parlement hollandais a adopté une résolution interdisant l'exportation d'armes vers l'Arabie saoudite[102].
196
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197
+ En 2015, l'Arabie saoudite affichait le troisième plus gros budget militaire avec 87,2 milliards de dollars, après les États-Unis (596 milliards de dollars) et la Chine (estimé à 215 milliards de dollars). Sur une période de dix ans (2006-2015), son budget a augmenté de +97 %. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), avec 2 778 dollars par habitant, l'Arabie saoudite est devenue la championne des dépenses militaires par habitant, devant Oman (2 574 dollars) et Israël (1 923 dollars)[103],[104]. Autre record mondial, l'Arabie saoudite consacre jusqu'à 13 % de son PIB pour le budget de la défense, lorsque la plupart des pays se bornent à dépenser entre 2 et 4 % de leur PIB[105].
198
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199
+ Le droit saoudien est officiellement fondé sur la charia. Toutefois, selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia)[108], il s'avère qu'en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, rétablir ou renforcer le patriarcat de la société[109].
200
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201
+ Pour la hedjazie Suhayla Zayn al-Abidin, le wahhabisme a servi à légitimer ce qui n’est rien d’autre que des coutumes locales najdies : « alors que l’islam a permis l’ijtihad (l’interprétation des textes) dans le but de s’adapter aux circonstances correspondant aux différents lieux et aux différentes époques, un groupe d’oulémas, qui n’est pas peu nombreux, s’est contenté de proclamer des interdictions au nom de sadd al-dharaʿi (« blocage des moyens », principe-clé du droit wahhabite). Ceux d’entre eux qui ont appliqué ce principe à la femme l’ont fait parce qu’ils la regardent avec des yeux païens (jahiliyya), et la traitent selon des coutumes et des traditions païennes, qui ne sont en rien une application de ce qu’a apporté l’islam » (in Al-Sharq al-Awsat, 30 mai 2004)[110].
202
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203
+ L’assistance d'un avocat avant le procès et la représentation légale en salle est régulièrement déniée aux prévenus[111]. Les accusés sont parfois reconnus coupables sur la base d'« aveux » obtenus sous la torture ou les mauvais traitements. S'agissant des étrangers, beaucoup ne bénéficient pas de services de traduction adaptés durant leur procès et ont signé des documents – notamment des « aveux » – qu'ils ne comprennent pas[112].
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+ De nombreux crimes sont passibles de la peine de mort, comme l'homicide volontaire, le viol, le vol à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l'apostasie, le prosélytisme non-musulman, le trafic de stupéfiants, le sabotage, l'espionnage, la trahison ou la défiance vis-à-vis de la famille royale. En Arabie saoudite, les exécutés sont très généralement décapités au sabre, en particulier pour apostasie, ou lapidés pour l'adultère, rarement par d'autres méthodes comme la crucifixion ou l'arme à feu[113],[114]. Le fait de demander des réformes pour le pays est passible de prison[115]. Le fait de détenir des bouteilles de vin est passible de coups de fouet[116].
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+ Le fait de propager des contenus à caractère pornographique est passible de 5 ans de prison et d'une amende de 3 millions de riyals saoudiens, soit environ 700 000 euros[117]. Dans le cadre du programme de sécurité de la famille, une nouvelle loi de 2016 prévoit que le fait pour une femme de violer la vie privée de son mari en consultant son téléphone portable sans en avertir celui-ci ou sans son contentement (la réciproque n'étant pas vraie), est désormais passible de coups de fouet, d'une peine de prison ou d'une amende[118]. Par ailleurs, les étrangers jugés « trop beaux » (peu important qu'ils soient musulmans ou non) sont considérés par le comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice comme des « tentateurs » et font donc l'objet d'une mesure de reconduite à la frontière manu militari pour prévenir tout trouble à l'ordre public[119].
208
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209
+ Depuis le début de l'année 2016, les autorités ont fait exécuter plus de 90 personnes, criminels, opposants au régime ou manifestants laïcs (selon un décompte AFP sur la base d'annonces officielles). L'année 2015 constituait déjà un record en la matière avec pas moins de 153 exécutions, contre 90 exécutions en 2014[120], ce qui confirme le rythme « sans précédent » observé par Amnesty International[121]. Toujours en 2015, les autorités avaient publié une offre d'emploi pour recruter 8 bourreaux[122]. Pour James Lynch, directeur-adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, « Les autorités saoudiennes semblent déterminées à poursuivre cette vague d'exécutions. Les autorités saoudiennes invoquent la dissuasion pénale comme argument clé pour justifier la peine de mort. L'Arabie saoudite figure ainsi parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes avec la Chine, l'Iran, l'Irak et les États-Unis.
210
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211
+ Par ailleurs, l'abolition de l'esclavage en 1968 n'est que théorique, puisqu'il perdure de fait dans la péninsule arabique[123] sous des formes très diverses allant de l'esclave domestique à l'esclave sexuel.
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+ De nombreux colloques se sont tenus en Arabie saoudite pour condamner les attentats-suicides, l'agression physique des personnes civiles et les attentats du 11 septembre 2001, entre autres, comme contraires à l'islam[124]. Un décret royal de février 2014 punit de trois à vingt ans de prison toute « appartenance à des courants religieux ou intellectuels, à des groupes ou à des formations définis comme terroristes nationalement, régionalement ou internationalement ; tout appui quel qu’il soit à leur idéologie ou à leur vision, toute expression d’une quelconque sympathie avec eux », le mot « terrorisme » incluant l’athéisme et toute mise en cause des principes fondamentaux de la religion[125] ainsi que pour une femme enfreignant l'interdiction de conduire[126].
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215
+ Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le royaume wahhabite tolérait, dans les faits, l'homosexualité des Saoudiens qui n'étaient plus poursuivis à ce titre[127]. Toutefois, il est à noter qu'en mars 2016, des procureurs de la ville de Djeddah ont requis la peine de mort à l'encontre de Saoudiens qui avaient révélé leur homosexualité sur Internet, ce qui semble annoncer une remise en vigueur des exécutions[128].
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217
+ L'Arabie saoudite est l'un des pays qui respecte le moins les droits de l'homme, avec l'un des pires bilans en ce domaine. Les droits d'expression, d'association et la liberté d'opinion ne sont pas garantis[129]. Les droits des femmes sont très limités, la liberté religieuse est minimaliste et les droits LGBT sont inexistants. Les autorités considèrent toute voix dissidente comme du terrorisme[130]. L'Arabie saoudite figure en 164e position sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2015[131].
218
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219
+ Alors que l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à l'Office des Nations-Unies, Faisal bin Hassan Trad, est nommé le 22 septembre 2015 à la tête du panel du Conseil des droits de l'Homme, de nombreuses associations des droits de l'Homme ont manifesté leur désaccord avec cette nomination en raison de l'exécution de plus de 80 personnes depuis le début de l'année 2015 en Arabie saoudite[132]. Cette vague de protestations s'est amplifiée avec l'annonce de l'exécution d'Ali Mohammed al-Nimr[133],[134],[135],[136].
220
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221
+ Le 2 octobre 2015, l'Arabie saoudite a empêché la mise en place d’une enquête internationale sur la conduite de ses frappes aériennes au Yémen. Pour Karim Lahidji, président de la FIDH : « C’est là la vraie victoire de l’Arabie saoudite à l’ONU, et non comme on a pu l’entendre la nomination quelques semaines plus tôt de son ambassadeur à la tête du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme, une position honorifique mais aux pouvoirs restreints[137]». En effet, selon un responsable de l'administration américaine, la coalition conduite par les Saoudiens a recours à des armes à sous-munitions (interdites en droit international) dans le conflit armé au Yémen[138].
222
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223
+ Raif Badawi, auteur du blog Free Saudi Liberals visant à ouvrir le dialogue social, a été arrêté en 2012 et condamné en 2013 à plus de 1 000 coups de bâtons[139] pour avoir critiqué les autorités religieuses saoudiennes, il devient une cause célèbre internationale sur le sujet des droits de l'homme et est récipiendaire en 2015 du prix Sakharov[140],[141].
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225
+ Le 29 mars 2016, à effet de dévoiler la réalité des droits de l'Homme en Arabie saoudite, l'ONG Front Line a produit un documentaire de 54 minutes, intitulé Saudi Arabia Uncovered, de James Jones, tourné essentiellement en caméra caché[142].
226
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227
+ Afin de se prémunir de critiques des gouvernements occidentaux sur les droits de l'homme, l'Arabie saoudite n'hésite pas à recourir à des mesures de rétorsion financières à leur encontre et, selon Le Point, « cela fonctionne »[143].
228
+
229
+ En 2019, l'athéisme et l'homosexualité restent passibles de la peine de mort en Arabie Saoudite, l'athéisme pouvant tomber sous le coup de la loi antiterroriste[144],[145].
230
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231
+ En juillet 2020, la presse révèle que l’Arabie saoudite avait tenté de ramener dans le pays Saad Al jabri, un ancien responsable du renseignement saoudien, et avait enlevé deux de ses enfants et les enfants adultes de son frère en guise de gage contre lui[Mal dit]. Le prince héritier lui aurait proposé un nouveau poste et aurait même porté des accusations de corruption contre son nom pour forcer son extradition[146].
232
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233
+ La torture est une pratique courante et bien documentée en Arabie Saoudite.
234
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235
+ Selon un rapport de l'ONU en date du 20 avril 2016, intitulé « Le sort des enfants en temps de conflit armé », l'Arabie saoudite serait impliquée dans la mort de plus de 500 enfants dans le cadre de son intervention contre la rébellion houthie au Yémen[149],[150].
236
+
237
+ Par ailleurs, selon une étude menée par le Docteur Nura Al-Suwaiyan, directeur du programme de sécurité de la famille à la Garde nationale de l'hôpital (en), un enfant sur quatre est maltraité en Arabie saoudite. La Société nationale pour les droits de l'homme (en) rapporte que près de 45 % des enfants du pays sont confrontés à une certaine forme de violence et à la violence domestique. En 2013, le gouvernement a adopté une loi criminalisant la violence domestique à l'encontre des enfants[151].
238
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239
+ Il a été affirmé que la traite des femmes est un problème particulier en Arabie saoudite, à raison du grand nombre d'employées de maison qui sont étrangères au pays (en particulier Mauritaniennes), et des failles dans le système aboutissant à ce que nombre d'entre elles sont victimes de mauvais traitements et de torture[152], sous la forme d'esclavage[153].
240
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241
+ Dès leur naissance, les Saoudiennes sont placées par la charia sous l'autorité légale d'un homme, le « gardien » (mahram), qui peut être leur père, leur mari, leur frère, leur oncle ou même leur fils[154]. Les femmes ne peuvent rien entreprendre sans l'autorisation de leur « gardien », elles ne peuvent ni travailler, ni se marier, ni même se faire ausculter par un médecin (femme), sans l'agrément d'un homme[25]. De ce fait, quels que soient les droits accordés aux femmes (droit de vote, de conduire, etc.), ces droits restent dépendants de la permission du tuteur, ce qui se traduit dans les faits par la privation de ces droits[155]. La plupart des mariages sont arrangés, mais se concluent dans environ 20 % des cas par un divorce, la garde étant la plupart du temps confiée au père. Non accompagnées d'un tuteur, les femmes n'ont pas le droit de sortir dans un espace public, où les membres du comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice (Hai'a, une agence gouvernementale qui contrôle l'application de la charia) veillent à ce qu'elles portent bien le voile[156].
242
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243
+ Selon Gérard-François Dumont, de l'Académie de Géopolitique de Paris, l’espérance de vie à la naissance des Saoudiennes s'avère étonnamment faible eu égard à la rente pétrolière. D'un point de vue strictement féminin, les Saoudiennes ont une espérance de vie inférieure de deux ans à celle des Tunisiennes, et de dix ans à celle des Françaises. D'un point de vue plus masculin, les Saoudiennes vivent seulement deux ans de plus que les Saoudiens, lorsque les Tunisiennes vivent quatre ans de plus que les Tunisiens et les Françaises atteignent sept ans de plus que les Français[157].
244
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245
+ L'Arabie saoudite impose une stricte séparation des sexes. La plupart des maisons, banques ou universités ont une entrée pour les hommes et une entrée pour les femmes.
246
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247
+ En 2005, l'Arabie saoudite affiche un taux de travail féminin parmi les plus bas du monde (18 %). Le ministre du Travail Ghazi Al Gosaibi promulgue alors une loi pour autoriser les femmes à travailler dans les magasins de lingerie ; elle n'est en réalité appliquée que plus tard, à cause de l'opposition des religieux conservateurs, même si les agents Hai'a procèdent de temps à autres à la fermeture de certains de ces magasins. Jusque-là, les Saoudiennes diplômées qui travaillaient étaient limitées aux secteurs de l'enseignement pour filles ou de la médecine pour les femmes patientes. Les femmes qui travaillent disposent de leur propre compte bancaire. La plupart des Saoudiens souhaitent que leurs filles passent le baccalauréat ; par ailleurs, 42 % des étudiants dans les universités sont des jeunes filles[156].
248
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249
+ Le 25 septembre 2011, le roi Abdallah accorde le droit de vote aux femmes[158] aux élections municipales ainsi que leur éligibilité. Toutefois, il est à noter que les Saoudiennes n'ont voté qu'en 2015 (dans des isoloirs séparés)[159] ; que les candidates (sous réserves d'être autorisées et couvertes de l'abaya) n'ont pas eu le droit de prendre la parole en public[160] ; et que les élues (après plusieurs incidents) n'ont pas eu non plus le droit de siéger dans la même pièce que leurs collègues masculins[161]. En 2012, le roi Abdallah autorise les femmes à vendre de la lingerie et des cosmétiques[162]. Pour lutter contre le chômage des femmes, ce commerce (d'articles exclusivement féminins) est désormais réservé aux seules Saoudiennes qui n'auront plus besoin de permis de travail dans ce secteur[163]. En 2015, son successeur, le roi Salmane accorde aux femmes le droit de voyager sans qu'un « gardien » ne les accompagne, ni ne donne son autorisation pour qu'elles voyagent sans lui. Concrètement, les Saoudiennes n'auront plus besoin de se munir d'un papier jaune par lequel leur « gardien » les autorisait à partir à l’étranger et elles ne seront plus suspendues à une éventuelle opposition de dernière minute par retour de SMS au moment de quitter le territoire saoudien[164],[165]. La même année, le roi Salmane accorde aux veuves et aux divorcées (seulement) une carte d'identité pour leur permettre d'effectuer des démarches basiques, mais sans autre précision quant à la date d'entrée en vigueur de cette réforme[166]. En 2016, les Saoudiennes se voient accorder le droit de signer leur propre contrat de mariage et d'en obtenir une copie afin de leur permettre de « prendre connaissance » de leurs « droits » et des « termes du contrat »[167],[168].
250
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251
+ Le 2 août 2019, un décret signé du roi Salmane annonce que les femmes sont désormais autorisées à se rendre à l’étranger sans requérir au préalable l’agrément du référent masculin qui leur tient de gardien. Le texte dispose qu’un passeport saoudien doit être délivré à tout citoyen qui en fait la demande et que toute personne âgée d’au moins 21 ans, sans distinction de sexe, peut voyager comme elle l’entend. Le décret dispose également que les femmes peuvent déclarer officiellement une naissance, un mariage ou un divorce et être titulaires de l’autorité parentale sur leurs enfants mineurs. Des prérogatives jusqu’ici réservées aux hommes[169].
252
+
253
+ Pendant de longues années, l'Arabie saoudite est pointée du doigt car les femmes y sont interdites du droit de conduire. C'est le dernier pays au monde à pratiquer cette interdiction[170],[171]. Selon un journal saoudien, cette mesure coûte près de 3,7 milliards de dollars à l'économie saoudienne du fait de l'emploi de chauffeurs privés ou de taxi[172]. Régulièrement, des femmes bravent cette interdiction en se filmant en train de conduire afin de faire évoluer la situation. En septembre 2017, un prêcheur saoudien déclare que l'interdiction de conduire imposée aux femmes se justifierait, car elles n'ont que le « quart » du cerveau d'un homme. Bien que cette déclaration ait obtenu des soutiens de milieux conservateurs, les autorités saoudiennes lui interdisent de prêcher en expliquant « que les plateformes de prêche ne seront pas utilisées pour porter atteinte aux valeurs d'égalité, de justice et de respect des femmes inhérentes à l'islam »[173]. Le 26 septembre 2017, le roi Salman d’Arabie saoudite signe un décret autorisant les femmes à conduire[174],[175]. La mesure est entrée en vigueur le 24 juin 2018 à minuit, mais les premières autorisations ont été délivrées aux saoudiennes dès le début du mois. Certaines femmes n'ont eu parfois qu'à échanger leurs permis étrangers contre des permis saoudiens après avoir passé un test. Selon le cabinet de consultants PricewaterhouseCoopers, quelque trois millions de Saoudiennes pourraient se voir attribuer un permis et commencer à conduire d'ici 2020[176].
254
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255
+ Le mariage entre cousins du premier ou deuxième degré, en Arabie saoudite, est parmi les taux les plus élevés dans le monde, environ 35 %[177]. Traditionnellement considéré comme un moyen de « sécuriser les relations entre les tribus et la préservation de la fortune de la famille »[178], la pratique a été citée comme un facteur dans les taux plus élevés de maladies génétiques sévères comme la mucoviscidose (fibrose kystique), les maladies du sang, le diabète de type 2 (qui affecte environ 32 % des adultes saoudiens), l'hypertension (qui affecte 33 %)[179], la thalassémie, la drépanocytose, l'amyotrophie spinale, la surdité et le mutisme[180],[181]. Neal Asbury (en) a écrit sur un site web nommé To The Point que : « Cela a conduit récemment des théologiens wahhabites à conseiller préventivement aux jeunes hommes de « choisir soigneusement une femme avec une attention toute particulière sur la santé »[182]. »
256
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257
+ En 2018, l'Arabie saoudite était la 18e plus grande économie du monde (PIB nominal) et la 6e d'Asie. C'est également la première économie du monde arabe.
258
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259
+ L'Arabie saoudite est membre de l'OPEP et sa compagnie nationale Saudi Aramco est la première productrice mondiale de pétrole. Le pays a dominé le palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010. En 2012, les revenus des exportations pétrolières (pétrole brut et dérivés) atteignent leur pic historique à hauteur de 337 milliards de dollars[183]. Aussi le krach sur le cours du baril qui passe de 127 $ fin 2014 à 30 $ en janvier 2016[184], a mis le budget 2015 en déficit de 98 milliards €, celui de 2016 étant estimé à 84 milliards €[185]. En 2017, les revenus pétroliers chutent à 170 milliards de $[186]. En 2018, le pétrole représente 31 % du PIB et 79 % des recettes d'exportations[187], l'activité économique non-pétrolière du pays reste fortement tributaire des dépenses publiques, ces dernières corrélées aux cours du pétrole[186].
260
+
261
+ L'exploitation et l'exportation du pétrole ont fortement développé l'activité économique de la côte nord-est du pays, autour de Dammam, Khobar et Dhahran avec le port d'Al-Jubayl, ainsi que la côte sur la mer Rouge (Djeddah, Yanbu)[188].
262
+
263
+ L'industrie chimique est le 2e secteur économique du pays dans les exportations, avec 62 milliards de $ de revenus générés en 2018 l’Arabie saoudite se positionne comme le plus grand producteur de la région et le 10e exportateur mondiale de produit chimique d'après la GPCA (en) [189]. SABIC, La plus importante entreprise saoudienne dans le domaine de la chimie, a été classé 4e mondial dans le C&EN's Global Top 50 chemical companies of 2018[190].
264
+
265
+ Le pèlerinage du Hajj et de la Omra représentent la 3e plus importante source extérieure de revenus (derrière les exportations de pétrole et de produits chimiques), elle rapporterait (en temps normal) 12 milliards de $ de revenus annuels[191].
266
+
267
+ The Atlas of Economic Complexity[192]
268
+
269
+ Pour diversifier son économie l'Arabie saoudite mise sur le secteur des énergies non carbonées, avec un plan de 100 milliards de dollars pour construire 16 réacteurs nucléaires d'ici 2030, et sur l'énergie solaire avec 100 autres milliards pour construire 41 Gigawatts de panneaux photovoltaïques en plein désert équivalent en énergie à 25 réacteurs nucléaires.
270
+
271
+ En 2016, afin de réduire la dépendance de l'économie saoudienne vis-à-vis du pétrole, le prince Mohammed ben Salmane annonce une série de mesures dans le cadre d'un grand programme baptisé Vision 2030, qui prévoit la baisse des subventions, de nouvelles taxes, et la création d'un fonds souverain à partir des recettes de la vente de 5 % du capital de Saudi Aramco.
272
+
273
+ Sur le modèle des fonds norvégiens ou qataris, ce fonds d'environ 2 000 milliards de dollars serait chargé d'effectuer des investissements à l'étranger dans différents secteurs comme la technologie, les transports, l'industrie ou l'immobilier, afin de diversifier les recettes et de préparer l'après pétrole[195]. Parmi les premiers investissements importants, une levée de 3,5 milliards de dollars pour l'entreprise Uber permet au dirigeant du fonds Yasir Al Rumayyan d'entrer au conseil d’administration de l'entreprise californienne[196].
274
+
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+ Dans le chantier destiné à diversifier son secteur énergétique, et plus largement son économie, l’Arabie saoudite affiche l'objectif de produire 10 % de son électricité à partir de sources d’énergies renouvelables en 2023 et d'en exporter les technologies[197].
276
+
277
+ En mars 2018, l'Arabie saoudite et le groupe japonais SoftBank Group signent un partenariat visant à développer un méga-projet solaire dans le royaume avec l'objectif de construire 200 GW de capacités d'ici 2030[198].
278
+
279
+ Les estimations du nombre de Saoudiens vivant en dessous du seuil de pauvreté se situent entre 12,7 % et 25 % de la population. Les rapports de presse privés et les estimations pour 2013 suggèrent que « entre 2 millions et 4 millions » de Saoudiens de souche vivent avec un revenu « inférieur à 530 dollars par mois » – environ 17 dollars par jour – considéré comme le seuil de pauvreté en Arabie saoudite. En revanche, le magazine Forbes évalue la fortune personnelle du roi Abdallah à 18 milliards de dollars[199].
280
+
281
+ Le pays compte environ 6 millions d'immigrés bénéficiant de peu de droits[21].
282
+
283
+ Les travailleurs étrangers constituent environ 30 % de la population du pays en 2011[200] pour 53,3 % de sa population active courant année 2013[201]. Elle représente 6 003 616 travailleurs employés (53,4 %) en comparaison aux 4 631 117 travailleurs saoudiens employés (46,6 %)[202].
284
+
285
+ En projet : Knowledge Economic City Al MAdinah (en).
286
+
287
+ La recherche scientifique est organisée et coordonnée au niveau national par la KACST (en).
288
+
289
+ Une stratégie nationale pour le développement de la science, de l'innovation et de la technologie dans le royaume a été mise en place en 2006, elle a pour ambition de transformer l'économie saoudienne en une économie fondée sur la connaissance et compétitive au niveau mondial[203].
290
+
291
+ Cette vision est échelonnée en quatre plans quinquennaux :
292
+
293
+ La production scientifique saoudienne, bien qu'historiquement faible, est entrée dans une phase de croissance rapide depuis 2008.
294
+
295
+ Cela est dû non seulement à une stratégie visant à augmenter le niveau de collaboration avec les institutions de recherche les plus renommées au monde via une collaboration internationale universitaire accrue et l'ouverture de plusieurs centres de recherche commun (voir JCEP)[204], mais également à une augmentation des fonds financiers alloués à la R&D dans le pays passant de 0,08 % du PIB en 2008[205] à près 1 % du PIB en 2014 selon les estimations de la revue Nature, pour un des secteurs R&D les plus efficients au monde en termes de rapport Qualité/Coût[206].
296
+
297
+ L'Arabie saoudite est citée dans le rapport Nature Publishing Index 2012 comme l'un des cinq pays à surveiller pour la croissance de leur publication scientifique dans la revue scientifique Nature[207], en 2013 le royaume est également cité dans un rapport de Thomson Reuters sur les performances scientifiques du G20 comme pays gagnant du poids dans le monde de la science[208].
298
+
299
+ La KACST (en) est l'agence nationale scientifique saoudienne, elle dispose de 7 instituts regroupant 28 centres de recherche[209],[210].
300
+
301
+ La KAUST est une université de recherche privée mixte internationale localisée à Thuwal. Elle est inaugurée en 2009 avec une dotation gouvernementale de 20 milliards de $, l'institution est envisionnée comme une nouvelle Maison de la sagesse[211]. Elle figure a la 119e position du top 500 académique mondial dans le classement Nature Index 2020[212],[213] ainsi que parmi les 10 meilleures universités de recherche de moins de 50 ans dans le monde[214],[215]
302
+
303
+ La KAPSARC (en) est une institution de recherche indépendante à but non-lucratif spécialisée dans les politiques énergétiques. En 2020, elle est placée à la 13e position du classement 2019 Top Energy and Resource Policy Think Tanks[216].
304
+
305
+ Selon l'indice de mesure scientifique SCImago, l'Arabie saoudite figure en 2019 à la 29e position par rapport au nombre d'articles publiés et à la 23e position par rapport au nombre de citations d'articles[217], au Moyen-Orient le royaume figure à la 3e position derrière l'Iran et la Turquie (en nombre d'articles publiés et cités)[218].
306
+
307
+ En 2019, l'Arabie saoudite est particulièrement active (en nombres d'articles publiés) dans les domaines du Génie chimique (19e position)[219], de la Chimie (17e position)[220], de l'Odontologie (9e position)[221], de l'Énergie (20e position)[222], de l'Ingénierie (25e position)[223], de la Science des matériaux (21e position)[224], des Mathématiques (21e position)[225], de la Pharmacologie, Toxicologie et Pharmacotechnie (19e position)[226], de la Physique et de la Astronomie (24e position)[227].
308
+
309
+ Dans le classement Nature Index 2020 dédié a la recherche de haute qualité le pays figure à la 29e position[228], la KAUST contribuant à hauteur de 78 % au classement du pays[229].
310
+
311
+ Selon l'ISI, la recherche dans le domaine des nanotechnologies se serait fortement intensifiée passant de 45 articles publiés en 2008 à 3803 articles en 2019[230].
312
+
313
+ Selon l'OMPI 3488 brevets ont été délivrés à des personnes résidents en Arabie saoudite pour l'année 2018, plaçant ce pays à la 25e position mondiale (comparativement à la 71e position en 2008 avec 70 brevets délivrés)[231],[232]. Les deux institutions saoudiennes ayant déposé le plus de brevets en 2019 sont :
314
+
315
+ D’après Statnano, l'Arabie saoudite était en 2019 le 11e pays le plus innovant dans les nanotechnologies[236].
316
+
317
+ D'après le Département central des statistiques et de l'information, la population du pays s'élève à 33 413 660 habitants en 2017 dont environ 38 % d'étrangers. La croissance démographique annuelle est de 2,46 %[253],[254].
318
+
319
+ La population est très jeune car 75 % des Saoudiens sont âgés de moins de 30 ans[255].
320
+
321
+ Les travailleurs immigrés non arabes viennent principalement du Bangladesh, du Pakistan, des Philippines, d'Inde et d'Indonésie[256].
322
+
323
+ Le Département Central des Statistiques et de l'Information d'Arabie saoudite estime la population étrangère à la fin de l'année 2016 à 38 % (12,6 millions)[254]. Le CIA Factbook estime qu'à compter de 2013 les ressortissants étrangers vivant en Arabie saoudite représentent environ 21 % de la population[257]. D'autres sources donnent diverses estimations[258] ; Indiens : 1,3 million ; Pakistanais : 1,5 million[259]; Égyptiens : 900 000 Yéménites : 800 000 ; Bangalais : 500 000, Philippins : 500 000 ; Jordaniens et Palestiniens : 260 000 ; Indonésiens : 250 000 ; Sri Lankais : 350 000, Soudanais : 250 000, Syriens : 100 000 et Turcs : 100 000[260]. Il y a environ 100 000 Occidentaux en Arabie saoudite, dont la plupart vivent dans des composés (en) ou des gated communities.
324
+
325
+ Les musulmans étrangers[261] qui ont résidé dans le royaume pendant dix ans peuvent être naturalisés. La priorité est donnée aux titulaires de diplômes dans divers domaines scientifiques[262], à l'exclusion des Palestiniens à moins qu'ils ne soient mariés à un ressortissant Saoudien, à raison des instructions de la Ligue Arabe défendant aux États Arabes de leur octroyer la nationalité. L'Arabie saoudite n'est pas signataire de la Convention des Nations Unies sur les Réfugiés de 1951[263].
326
+
327
+ Compte tenu de l'accroissement démographique saoudien et, en parallèle, de la stagnation des revenus du pétrole, la pression pour la « saoudisationSaoudisation » (le remplacement de travailleurs étrangers par des Saoudiens) de l'emploi croît, de sorte que le gouvernement saoudien entend réduire le nombre de ressortissants étrangers dans le pays[264]. L'Arabie saoudite a ainsi expulsé 800 000 Yéménites en 1990-1991[265] et a construit une barrière entre l'Arabie saoudite et le Yémen (en) face à l'afflux d'immigrants illégaux et contre la contrebande de drogue et d'armes[266]. En novembre 2013, l'Arabie saoudite a expulsé des milliers de clandestins éthiopiens résidant dans le royaume. Différentes organisations de Droits de l'Homme ont critiqué l'Arabie saoudite quant à l'instrumentalisation de la question[267]. Plus de 500 000 travailleurs migrants sans papiers (en), principalement en provenance de Somalie, d'Éthiopie et du Yémen — ont été arrêtés et expulsés depuis 2013[268].
328
+
329
+ Jusque dans les années 1960, la majorité de la population était nomade[269]. Du fait de la croissance du niveau de vie, 95 % de la population a aujourd'hui un mode de vie sédentaire.[réf. nécessaire]
330
+
331
+ Ces installations ont lieu dans les régions de La Mecque et de Djeddah, en Arabie saoudite[19].
332
+
333
+ En 1992, compte tenu de la situation de nomades très pauvres, vivant dans le désert et qui devaient faire face à des problèmes sévères de famine et de santé, le prince Majid ben Abdelaziz Al Saoud et ses conseillers, Zaki et Fayez Mandoura ont imaginé la création de villages pour répondre aux besoins sociaux de base de cette population.
334
+
335
+ Ce programme avait été conçu au départ pour loger une population très pauvre (plus de 8 000 personnes), dispersée dans des zones désertes au sud de La Mecque et au Nord de Djeddah. Il s'agissait de construire 1 154 maisons, 11 écoles, 25 mosquées, 4 centres de soins médicaux, 3 halls de marché et 2 puits. Le programme devait à terme donner des conditions de vie moins précarisées à plus de 55 000 semi-nomades.
336
+
337
+ Le programme a commencé en 1993. Les constructions étaient faites de roches volcaniques locales, par des maçons et des travailleurs non qualifiés des communes proches sous la supervision de deux ingénieurs et d'un architecte.
338
+
339
+ La première phase permit de construire 560 maisons avec quatre mosquées, quatre lieux de prières, quatre écoles de garçons, trois de filles, un puits et un réservoir d'eau dans une période de trois ans.
340
+
341
+ La seconde phase a commencé en 1996 et fut accompagnée d'une organisation de programme social pour le bien-être de ces personnes et leur permettre d'être auto-suffisantes par l'élevage de volailles, la fabrication de paniers, le tissage, la couture, l'artisanat et les soins de santé et aux enfants. De nombreuses conférences ont été mises en place à ce sujet avec les professeurs de l'université du roi Abdulaziz à Jeddah et à celle de l'université Oumm al-Qura à la Mecque.
342
+
343
+ Au début des années 2000, environ 10 % de la population semi-nomade de la région du Hedjaz a pu bénéficier d'abris de base.
344
+
345
+ Le principe était de fournir des constructions et des équipements de base afin d'avoir des abris très économiques avec un minimum de confort. Il s'agissait aussi de faire un maximum avec un minimum de coûts. Pour cela, l'architecte a décidé d'utiliser les matériaux à disposition et a adapté les techniques de construction à ces matériaux.
346
+
347
+ Centre de santé et de soins
348
+
349
+ École avec son réservoir d'eau
350
+
351
+ Petite mosquée
352
+
353
+ Habitations peintes à la chaux
354
+
355
+ Partie du plan du projet des architectes
356
+
357
+ En 2000, le prince Majid a été remplacé en tant que gouverneur de la Mecque par son plus jeune frère, Majid ben Abdulaziz Al Saoud (décédé en avril 2003) qui a semblé moins intéressé par le projet. D'autres changements sont intervenus dans la structure administrative de la société caritative qui se dénomme depuis le 26 avril 2006 : The Society of Majid Bin Abdulaziz for Development and Social Services. Le conseil d'administration est dirigé par le prince Mashal ben Madjid ben Abdulaziz. Le directeur général est M. Hammam K. Zare.
358
+
359
+ Les constructions de maisons en pierre de ce projet, dans les régions désertiques autour de la Mecque, ont été arrêtées.
360
+
361
+ Les différents programmes de l'actuelle fondation semblent majoritairement tournés vers les filles et jeunes filles pauvres et un programme de développement de villages y apparaît depuis 2009.
362
+
363
+ Voies terrestres :
364
+ total = 152 044 km, se répartissant en :
365
+
366
+ Les routes et les rues sont construites de manière à résister à l'action du soleil, du sable, du vent.
367
+
368
+ Les zones rurales offrent de petites routes, à deux voies.
369
+
370
+ Les autoroutes urbaines sont anciennes et bien entretenues[réf. nécessaire].
371
+
372
+ Les autoroutes inter-urbaines sont en très bon état, en extension[réf. nécessaire].
373
+
374
+ Les voies (auto)routières les plus importantes sont :
375
+
376
+ L'entreprise qui gère le transport ferroviaire en Arabie saoudite est la Saudi Railways Organization (SRO), entreprise publique créée en 1949. Ce domaine employait environ 3 500 personnes en 2008[270].
377
+
378
+ Le réseau compte environ 1 800 km de voies ferrées. Les deux principales lignes ferroviaires du réseau relient Dammam et Riyad, l'une affectée au fret est longue de 556 km, l'autre au transport de voyageurs est plus courte avec 449 km[270].
379
+
380
+ Depuis le 11 octobre 2018, la LGV Haramain, ligne de train à grande vitesse, relie La Mecque à Médine via Djeddah et est la première ligne électrifiée du pays[271].
381
+
382
+ Une ligne de 945 km, la Saudi Landbridge qui doit relier Riyad à Djeddah, à ces deux premiers tronçons et connecter ainsi la mer Rouge au golfe Persique est actuellement[Quand ?] en projet.
383
+
384
+ L'Arabie saoudite prend également une part importante dans le projet de la Gulf Railway, une ligne ferroviaire longeant les côtes occidentales du golfe Persique, et impliquant les cinq autres états du Conseil de coopération du Golfe. Cette ligne, qui doit être mise en service en 2017, doit relier entre elles toutes les capitales et autres villes importantes de la région, allant de Koweït (depuis la frontière irako-koweïtienne) à Mascate. La finalisation de la ligne ferroviaire Gulf Railway a été reporté en 2020-2021, sa longueur totale sera de 2 117 km dont 663 km dans le territoire Saoudien[272].
385
+
386
+ L'Arabie saoudite dispose de 36 infrastructures aéroportuaires dont quatre aéroports internationaux situés respectivement à Riyad (aéroport international du roi Khaled), Dammam (aéroport international du roi Fahd), Djeddah (aéroport international Roi-Abdelaziz) et Médine (aéroport international Prince Mohammad Bin Abdulaziz). Les deux premiers cités étant classés parmi les plus grands aéroports du monde.
387
+
388
+ La langue officielle est l'arabe, mais il diffère sensiblement de celui parlé en Syrie ou en Irak, bien que certains dialectes régionaux du pays partagent la moitié de leurs lexiques avec quelques parlers bédouins d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient. L'anglais est très courant. C'est la langue de l'élite et des affaires. Au moins 15 % des Saoudiens parleraient l'anglais en seconde langue, surtout les plus jeunes. Le farsi, ou persan, est parlé surtout en seconde langue dans la région du nord-est, la région de Dhahran, et vers la frontière avec le Bahreïn, où vit une forte communauté chiite.
389
+
390
+ L'islam sunnite hanbalite (connu pour son rigorisme) est déclaré religion d'État par les autorités saoudiennes qui démentent l'existence du wahhabisme (excommunié du sunnisme dès le milieu du XVIIIe siècle[273],[274],[275]) dans le royaume[276],[277],[278]. Les statistiques officielles font état de 100 % de sunnites parmi les musulmans.
391
+
392
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 93 % des habitants d'Arabie saoudite sont musulmans, alors que 4,4 % sont chrétiens, principalement catholiques (3,8 %), 1,1 % sont hindous, et 1,5 % de la population n'est pas affilié à une religion[279].
393
+
394
+ Mais, dans les faits, le sunnisme ne serait pratiqué que par 85 à 90 % des Saoudiens, le reste professant le chiisme (principalement duodécimain)[280],[281],[282], dont la pratique est tolérée dans la province orientale d'ach-Charqiya, et notamment dans la ville de Qatif. Perçus par le régime comme une cinquième colonne proche de l'ennemi iranien, la plupart des chiites sont, de plus, concentrés dans la région d'Al-Hassa qui recèle l'essentiel des ressources pétrolières du royaume. Une grande partie de ces Saoudiens chiites sont d'origine irakienne[283]. Par ailleurs, une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans le Golfe Persique est celle de Mehrdad Izady qui estime, « en utilisant des critères culturels et non confessionnels », à environ 4 millions le nombre de wahhabites qui se concentrent en particulier dans la région centrale du Nejd[284].
395
+
396
+ L'Arabie saoudite abrite les deux plus importants lieux saints de l'islam :
397
+
398
+ L'accès à ces deux villes reste rigoureusement interdit aux non-musulmans.
399
+
400
+ Il est à noter que l'ensemble du pays est sacralisé par les musulmans, qui se mettent en état d'irham. En effet, pour accomplir la dernière volonté de Mahomet qui aurait dit sur son lit de mort : « deux religions ne peuvent pas coexister en Arabie », le deuxième calife de l'islam, Omar ibn al-Khattab, a expulsé en son temps les juifs et les chrétiens de la péninsule arabique pour n'y laisser que les musulmans, considérés comme les seuls vrais adeptes de la religion d'Abraham[285]. À la suite de la première guerre du Golfe (invasion du Koweït en 1990), Oussama ben Laden entre dans une vive polémique avec le roi Fahd à qui il reproche d'avoir autorisé les « infidèles » à « souiller le sol sacré » de l'Arabie saoudite en permettant à l'armée américaine d'y installer des bases[286].
401
+
402
+ Dans ce contexte, tout autre culte religieux non-musulman est formellement interdit[280],[282] et la constitution du royaume ne connaît pas d'autre religion que l'islam[280]. Une police religieuse, la Muttawa, qui dépend du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, veille à la stricte application des préceptes wahhabites dans l'espace public. Toutefois, dans les faits, d'autres religions sont pratiquées dans un cadre privé. En effet, pour des raisons économiques, le pays fait appel à une importante immigration de travail ; principalement des travailleurs immigrés philippins de confession chrétienne (plus d'un million) et indiens de confession hindoue[287],[280]. Au total, 30 % de la population serait non musulmane[282]. Avant 1932 et la création de l'Arabie saoudite, il y avait des chrétiens locaux, au nord et au nord-est de l'actuelle Arabie saoudite : il s'agissait surtout de Chaldéens et de Nestoriens. Après 1932, les informations les concernant se firent rares, mais il semble avéré que certains partirent s'installer en Jordanie, Syrie, et Irak. D'autre part, de nombreux monastères et édifices religieux chrétiens furent alors rasés[réf. nécessaire].
403
+
404
+ Le 13 février 2009, Abdallah, le successeur du roi Fahd, a annoncé des réformes d'ampleur tendant à dégager à terme le royaume de son idéologie d’État officielle, le wahhabisme, tout en gardant néanmoins cette même dénomination intacte sur le plan officiel. La Commission des Grands Oulémas, corps de savants religieux faisant autorité dans le pays, aura dorénavant 21 membres issus de courants divers du sunnisme (c'est-à-dire les écoles hanafite, malikite et shaféite), et non plus de la seule école hanbalite, connue pour son rigorisme. De même, le Conseil de la Shoura, sorte de corps législatif dénué cependant d’une pleine consécration de ses prérogatives judiciaires, inclura 5 chiites dans ce corps[288].
405
+
406
+ En 2013, le roi Abdallah a retiré aux officiers et agents de la police religieuse (accusée de commettre des abus) le pouvoir de procéder à des interrogatoires et d'engager des poursuites judiciaires. En 2016, son successeur, le roi Salmane, leur a retiré également le pouvoir d'arrêter ou détenir des personnes, de demander leurs cartes d'identité, et même de les suivre[289].
407
+
408
+ L'éducation est gratuite à tous les niveaux. Le système scolaire est composé d'écoles élémentaires, intermédiaires et secondaires. Une grande partie du programme, à tous les niveaux, est consacrée à l'islam et, au niveau secondaire, les étudiants peuvent suivre une filière religieuse ou technique. Le taux d’alphabétisation est de 90,4 % chez les hommes et d’environ 81,3 % chez les femmes[290]. Les classes sont séparées par sexe.
409
+
410
+ En 2018, l'Arabie saoudite se classait au 28e rang mondial en termes de résultats de recherche, selon la revue scientifique Nature[291].
411
+
412
+ L'École française internationale de Riyad enseigne de la maternelle au lycée.
413
+
414
+ Dans la culture arabe, les hommes ou les femmes ne portent pas un patronyme mais un nom qui mentionne le nom des parents, des ancêtres, ou l'appartenance à une confédération.
415
+
416
+ no 1 : ceci est le prénom.
417
+
418
+ no 2 : en arabe, le préfixe ben ou bin signifie l'appartenance à une famille, exemple "Ben Saoud" qui est de la lignée des Saoud. Quant à ibn, il signifie "fils de" suivi du nom du père, exemple "Ibn Abdelaziz" ce qui signifie fils d'Abdelaziz. L'affiliation à la mère est également utilisée, à une fréquence moindre.
419
+
420
+ no 3 : ceci désigne la dynastie ou le nom d'une confédération à laquelle appartient l'individu.
421
+
422
+ Avec les femmes, le principe reste le même, sauf que la forme du préfixe diffère ; ainsi -
423
+
424
+ no 1 : en arabe, le préfixe bent ou bint est l'équivalent du préfixe ben utilisé chez les hommes, et possède la même signification.
425
+
426
+ Ce mode d'appellation n'est pas propre à l'Arabie saoudite ou au Moyen-Orient ; il existe aussi en Afrique du Nord, bien qu'il soit de plus en plus abandonné en raison des changements patronymiques opérés par les Français lors de la colonisation.
427
+
428
+ Le code vestimentaire en Arabie saoudite suit strictement les principes du hidjab (le principe islamique de la pudeur, en particulier dans la tenue vestimentaire). Les vêtements, larges, amples, vagues, couvrant au maximum, sont également adaptés au climat.
429
+
430
+ Traditionnellement, les hommes portent une chemise longue, couvrant jusqu’aux chevilles, en tissu de laine ou de coton (connu sous le nom dishdasha), avec une sorte de chèche (carré en coton à damiers maintenu en place par un agal) sur la tête. Pour les rares périodes de froid, les hommes portent en plus un manteau en poil de chameau (bisht).
431
+
432
+ Les femmes portent obligatoirement une abaya, ou des vêtements discrets, ou effacés, en public. Le non-respect de ces obligations vestimentaires peut être poursuivi par la police. En décembre 2016 encore, une femme est arrêtée pour avoir posté sur twitter des photos la montrant en jupe et les cheveux non couverts défiant de ce fait le code vestimentaire saoudien[292].
433
+
434
+ L'habit traditionnel des femmes est décoré de motifs tribaux, de pièces de monnaie, de paillettes, de fil métallique, et d’appliques.
435
+
436
+ Les vêtements de travail diffèrent. Ils peuvent être internationaux, surtout sur les chantiers, ou adaptés, surtout dans les hôpitaux.
437
+
438
+ Le pèlerinage à La Mecque exige une attitude et un vêtement spécifique, l'ihram.
439
+
440
+ Quatre sites culturels d'Arabie saoudite sont inscrits patrimoine mondial de l'UNESCO : le site archéologique d'Al-Hijr, le quartier d'at-Touraïf dans la ville de Dariya, la ville historique de Djeddah (la porte de La Mecque) et l'art rupestre de la région de Haïl[293]. Dix autres demandes d'inscription ont été déposées en 2015. Néanmoins, l'Arabie saoudite qui pratique une politique wahhabiste rigoriste, qui condamne et combat l’idolâtrie aurait, entre 1985 et 2014, détruit 98 % de son patrimoine historique[294].
441
+
442
+ En juin 2014, le Conseil des ministres approuve une loi historique pour protéger ses antiquités et son patrimoine, ainsi que pour donner aux institutions saoudiennes du Tourisme et des Antiquités (SCTA) les moyens de les gérer[295]. Dans le cadre du Plan National de transformation Vision 2030 adopté en 2016, le royaume alloue 900 millions d'euros à la préservation de son patrimoine culturel[296]. L'Arabie saoudite fait également partie de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH), créée en mars 2017, et y contribue à hauteur de 18,5 millions d'euros[297].
443
+
444
+ En juillet 2017, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud met en place des commissions de rénovation pour développer deux sites archéologiques et historiques majeurs, Al-'Ula et Diriyah Gate[298].
445
+
446
+ L'Arabie saoudite a pour codes :
447
+
448
+ Sur les autres projets Wikimedia :
449
+
450
+ Asie centrale
451
+
452
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
453
+
454
+ Asie de l’Est
455
+
456
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
457
+
458
+ Asie de l'Ouest
459
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460
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Carcharodon carcharias
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+
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU  : Vulnérable
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+ Statut CITES
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+ Le Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) est une espèce de requin de la famille des Lamnidés et de l'ordre des lamniformes (et non des Carcharhiniformes car dépourvu de paupière nictitante). Il est le seul représentant actuel du genre Carcharodon.
16
+
17
+ Avec une taille maximale supérieure à 6 m de long, c'est l'un des plus grands poissons prédateurs vivant actuellement dans les océans. La population des grands requins blancs a diminué de 75 % dans l’Atlantique Nord-Ouest[1].
18
+
19
+ Il est considéré comme un requin dangereux puisqu'il est responsable d'attaques contre les hommes, la grande majorité d'entre elles étant non mortelles[2]. Néanmoins, contrairement à certaines idées reçues, il n'est pas un « mangeur d'hommes » et l'homme n'est pas une proie pour lui, la plupart des attaques étant dues à une erreur d'analyse visuelle du requin. Le grand requin blanc a une alimentation très variée : pinnipèdes, poissons, tortues marines, cétacés...
20
+
21
+ Ce type de requin est connu du grand public pour avoir été le sujet du best-seller Les Dents de la mer de Peter Benchley et de son adaptation cinématographique par Steven Spielberg.
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+
23
+ Le grand requin blanc mesure en moyenne de 4 à 6 m de long. À approximativement 26 ans, âge de sa maturité sexuelle, il mesure 3,50 à 4,10 m. Les requins blancs de Méditerranée sont plus massifs que leurs cousins océaniques. Les femelles sont matures plus tard, environ 33 ans et mesurent alors 4 à 5 m[3].
24
+
25
+ La taille du plus grand spécimen jamais pêché a fait l'objet d'un grand nombre de débats, de conjectures et de fausses informations[4].
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+
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+ Pendant des décennies, le livre Guinness des records, ainsi que les travaux de nombreux ichtyologues, présentaient deux spécimens comme les plus grands jamais capturés : l'un de 11 m capturé dans les eaux sud australiennes près de Port Fairy dans les années 1870, et l'un de 11,30 m capturé au Nouveau-Brunswick, Canada dans les années 1930. Richard Ellis et John E. McCosker, dans leur livre The Great White Shark (1991), dédient un chapitre entier à ce sujet. Ils concluent que le plus grand spécimen jamais capturé et mesuré correctement devait faire 6,40 m (mesuré à plat sur le sol et non suspendu à un filin) pour 3 324 kg. Il a été pêché à Cuba en 1945. Le requin blanc de 7,13 m, capturé en 1987 à Malte, ne devait mesurer d'après les experts qu'entre 5,30 et 5,70 m[5].
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+
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+ Concernant les records non vérifiés de plus de 10 mètres, Richard Ellis et John E. McCosker doutent de la fiabilité des mesures, notant qu'elles étaient trop importantes en les comparant aux très grands requins blancs avérés que l'on a pu répertorier. Le requin blanc de 11,30 m prétendument pêché au New Brunswick (Canada) a été mal identifié car il s'agissait d'un requin pèlerin, ayant un corps de forme similaire au requin blanc. La question du requin blanc de 11 m de Port Fairy dans les eaux australiennes a été réglée dans les années 1970, lorsque J. E. Reynolds a examiné les mâchoires du requin et a conclu qu'il ne faisait que 5 m de long. Il a suggéré qu'une erreur avait été commise dans l'enregistrement original en 1870.
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+
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+ Pour conclure, la taille maximale est estimée à 7,5 m de long tout au plus, par des spécialistes comme l'Italien Alessandro de Maddalena, mais les grands requins blancs de plus de 6 mètres sont extrêmement rares. Aucun grand requin blanc atteignant les 7 mètres n'a jamais été capturé.
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+ La masse du grand requin blanc mâle varie entre 680 et 2 000 kg. Celui de la femelle est compris entre 1 000 et 1 900 kg. Ellis et McCosker écrivent en ce qui concerne la masse des requins blancs et concluent qu'ils peuvent peser jusqu'à 3 tonnes mais notent également que le plus lourd pesé scientifiquement pesait 3,3 tonnes.
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+ Profil.
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+ « Deep Blue » est le surnom donné à l'un des plus grands spécimens de requin blanc jamais observés à partir de l'année 2013.
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+ Il s'agit d'une femelle vivant au large de l'île Guadalupe (Mexique). Sa taille est estimée à 20 pieds, soit 6,09 mètres[6].
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+ Ce requin femelle fascine aussi bien les scientifiques que le grand public. L'une des vidéos faites en 2013 par le biologiste marin Mauricio Hoyos Padilla et mise en ligne sur YouTube en juin 2015 a déjà été vue plus de 7 millions de fois au 14 août 2015, date de sa présentation au JT de 20 heures de France 2.
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+
45
+ Il s'agit d'un requin femelle, dont l'imposante taille donne à penser qu'elle a environ 50 ans[6].
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+
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+ Or, pour mettre bas, les requins femelles se rapprochent des côtes afin de libérer leurs petits dans des eaux peu profondes, où il y a moins d'animaux prédateurs et où la nourriture est plus abondante. Mais ces zones proches des côtes sont très exposées à plusieurs menaces humaines.
48
+
49
+ En 2015, le biologiste Mauricio Hoyos Padilla et son association Pelagios-Kakunjá souhaitent donc réunir des dons pour sécuriser les endroits où les requins femelles mettent bas, en taguant les requins femelles en vue de créer une base de données permettant de développer de nouvelles stratégies de conservation près des côtes de l'île Guadalupe[7],[8],[9].
50
+
51
+ En 2004, une femelle grand requin blanc, surnommée Nicole, parcourt l'hémisphère sud. Puis en 2013, une autre femelle, surnommée Lydia, traversant l'Atlantique, devient la coqueluche des réseaux sociaux comme Deep Blue.
52
+
53
+ Il possède un museau conique assez long. Ses dents, tranchantes comme des lames de rasoir, sont plates, triangulaires, dentelées et peuvent mesurer 76 mm de long en maximum (60 mm dépassant des « gencives »). S'il advient qu'une dent tombe, une autre de la rangée arrière (ses mâchoires sont pourvues de quatre à six rangées), qui est inclinée vers l'intérieur, s'avance vers l'avant de la mâchoire pour prendre sa place. Seules les deux premières rangées sont fonctionnelles.
54
+ Les mâchoires du grand requin blanc sont impressionnantes. Elles mesurent 90 cm de large pour un spécimen de 6 mètres (il s'agit de la largeur totale, la largeur de la bouche sur un requin vivant de 6 m étant de 60 cm.).
55
+
56
+ Les fentes branchiales, très longues, n'encerclent pas la tête. Elles précèdent les nageoires pectorales falciformes bien développées, ainsi que des fossettes précaudales et de fortes carènes caudales, caractéristiques des Lamnidae. La nageoire caudale est courte, presque symétrique en forme de croissant. L'espérance de vie est évaluée par la pollution radioactive à 40 ans pour les femelles et à 73 ans pour les mâles[10]. Il possède entre 44 et 52 dents[3].
57
+
58
+ Le grand requin blanc possède une ouïe et un odorat très sensibles. Il est capable de sentir une goutte de sang dans plus de 4,6 millions de litres d'eau et d'entendre une proie à 1 km de distance. De plus, sous le museau, des récepteurs sensibles aux champs magnétiques lui permettent de détecter bruits et vibrations de basses fréquences à plusieurs centaines de mètres. Ce sont les ampoules de Lorenzini. Elles lui permettent, entre autres, de détecter des animaux en détresse. Il faut également savoir que le grand expert du grand requin blanc, Andre Hartmann (le premier homme à nager et toucher le grand prédateur hors d'une cage) a découvert qu'en touchant ces ampoules, le requin devient quasiment inoffensif et se laisse dériver pendant quelques secondes le ventre à la surface. Il a aussi une vue supérieure à l'être humain. Bien qu'il ait effectivement une vue supérieure aux hommes, sa vue de près reste néanmoins mauvaise, et c'est pourquoi dans certains cas une proie très proche de lui peut lui échapper, du fait qu'il ne l'aperçoit pas immédiatement. En revanche, sa vue de loin reste excellente et d'une très grande précision. Il fait partie des rares espèces de poissons capable d’utiliser sa vue à l’air libre: des requins blancs vivant à proximité de colonies de phoques ont ainsi été vus avec la tête émergée de façon à observer les phoques réfugiés sur des rochers.
59
+
60
+ Contrairement à d'autres requins le grand requin blanc n'a pas de paupières. C'est pourquoi il roule ses yeux en arrière lors d'une attaque.
61
+
62
+ L'habitat du grand requin blanc est principalement côtier dans les eaux tempérées, mais il a aussi été observé en zones épipélagiques dans l'océan. C'est un amateur des eaux peu profondes, mais un spécimen a cependant été pêché sur une longue ligne de 1 280 m. Il aime toutefois évoluer dans plus de 30 m de fond, ce qui explique, en partie, pourquoi il y a plus d'attaques de ce requin sur les côtes où l'on atteint très vite des grandes profondeurs. Il possède une faculté d'adaptation aux températures très importantes. Il peut réguler la température de son corps jusqu'à 20 °C au-dessus de la température ambiante, ce qui explique sa présence dans des eaux parfois relativement froides.
63
+
64
+ Espèce cosmopolite, on trouve le grand requin blanc dans toutes les mers tempérées du globe et parfois même dans les mers tropicales, suivant probablement les migrations des baleines qui viennent y mettre bas. Il est particulièrement présent en Australie, en Afrique du Sud, et en Californie ainsi que dans les Caraïbes. Le grand requin blanc est également présent dans l'océan Pacifique, notamment au large des côtes hawaiiennes, du Japon aux Philippines, de la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande. Il a même été observé au large des côtes d'Alaska. Il serait devenu rare en mer Méditerranée, conséquence directe de l'intensification du trafic commercial entre l'Europe et l'Afrique du Nord dont la pollution engendrée perturbait son habitat, d'après un rapport de 2008 de l'ONG Greenpeace.
65
+
66
+ Il se déplace le plus souvent seul ou en couple, mais jamais en colonie. S'il arrive d'observer un même spécimen plusieurs années de suite dans les mêmes eaux, la territorialité n'a jamais pu être démontrée. En revanche, il semblerait que les animaux les plus grands effectuent parfois de très longs trajets. En 2005, un grand requin blanc femelle, qui a été doté d'un capteur de localisation, a traversé, aller-retour, l'océan Indien, du Cap (Afrique du Sud) jusqu'aux côtes méridionales d'Australie. Soit un périple de près de 10 000 km en moins de neuf mois. Une autre a effectué la traversée de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande à la Grande barrière de corail. Les raisons de telles traversées demeurent encore très mystérieuses car il n'y a pas de lien avec la migration des grands cétacés. Une récente étude génétique montre que les spécimens présents en Méditerranée sont arrivés d'Australie il y a 450 000 ans.
67
+
68
+ A la différence de presque tous les poissons, cette espèce est gigantotherme (c'est-à-dire qu'elle conserve une température corporelle chaude), ce qui implique de manger plus et/ou économiser son énergie. Yuuki Watanabe et ses collègues ont récemment (publication 2019) équipé huit requins de cette espèce de balises de suivi (au large de l'Australie)[11]. Leur vitesse était généralement comprise entre 2,9 et 4,9 km/h ce qui est lent comparé à la nage jusqu'alors supposée la plus efficace pour ce requin[11]. Les requins doivent toujours se mouvoir pour alimenter leurs branchies. Les chercheurs ont notés que ces animaux plongent souvent, mais en planant, c'est-à-dire sans faire d'efforts[11]. Une hypothèse est que ce comportement lui permet de respirer en consommant aussi peu d'énergie que possible, pour ensuite mieux chasser en surface des animaux rapides et agiles tels que phoques ou gros poissons[11].
69
+
70
+ Son cycle de reproduction n'est pas bien connu. On estime que le mâle atteint sa maturité sexuelle à 26 ans et la femelle à 33 ans[12],[13]. Il est ovovivipare : les œufs se développent et éclosent dans l'utérus de la femelle, avec cannibalisme utérin (comme les autres lamnidés). Le temps de gestation n’est pas encore connu, car jusqu'à maintenant il n'a encore jamais été observé un accouplement de grand requin blanc. Il est estimé entre 12 et 18 mois. La période de reproduction est de 2 à 3 ans[14]. Les jeunes grands requins blancs, à la naissance, mesurent entre 1,09 et 1,60 m[3] et sont déjà des prédateurs capables de survivre.
71
+ Ils se reproduisent au printemps. Son espérance de vie est évaluée à plus de 70 ans[15].
72
+
73
+ La croissance de la population est faible, avec un taux intrinsèque d'accroissement naturel de 0,04 à 0,056[14].
74
+
75
+ Le grand requin blanc est de nature plutôt solitaire et il est rare que plusieurs individus se rassemblent pour chasser. Il se situe au sommet de la chaîne alimentaire dans l'océan juste en dessous de l'orque. Du fait de sa taille, de son métabolisme et de ses capacités physiques exceptionnelles, il n'a que très peu de concurrents, hormis l'orque. Il se nourrit de poissons de grande taille (comme le thon, l'espadon ou le tarpon), de calmars, de tortues marines, de phoques et de dauphins. Les jeunes se nourrissent exclusivement de poissons. D'après l'analyse d'émetteurs placés dans leurs estomacs, les grands requins blancs prennent un repas en moyenne tous les trois jours, d'une masse qui avoisine 3 % de leur masse corporel. Quand les proies sont rares, ils peuvent attendre plusieurs semaines avant de s'alimenter[16].
76
+
77
+ Les rares cas d'attaque sur l'homme sont plus considérés comme des « accidents », en majorité sur des surfeurs ou véliplanchistes, une forme ovoïde battant des « nageoires » à la surface et rappelant à ce prédateur sa proie favorite. Son attaque se décompose en plusieurs phases : d'abord le « coup de dents » qui va saigner la proie, le grand requin blanc n'avalant pas des quartiers de viande d'une grosse proie du premier coup. Puis, lorsque la proie est inerte, commence alors l'alimentation à proprement parler. Les attaques contre l'homme se terminent dans la majorité des cas après le coup de dents. En effet, lors de la morsure, des récepteurs situés dans la gueule « goûtent » la proie, ce qui permet au requin de savoir si celle-ci est suffisamment riche en graisse. L'homme n'apporte pas assez de graisse pour le requin ; le squale ne reconnaissant pas le goût de sa proie l'abandonne, et les rares cas mortels résultent de l'hémorragie (artère ou membre sectionnés). Il est évident que la pression exercée par la mâchoire (plus de cinquante centimètres de diamètre) et les dents coupantes comme des lames de rasoir laissent un résultat impressionnant, souvent désastreux, sur un corps humain.
78
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Un grand requin blanc saisit un appât au large de l'île Guadalupe.
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+ Toujours près de l'île mexicaine de Guadalupe.
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+ Un grand requin blanc mord à l'appât dans la False Bay, en Afrique du Sud.
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87
+ La couleur du dos de l'animal varie du gris-noir (Afrique du Sud, Australie, Californie) au marron clair pour la Méditerranée, où l'on a observé un comportement alimentaire différent, peut-être une adaptation au milieu méditerranéen : des chasses de thons, de marlins, un comportement plus opportuniste et tourné vers les grands poissons plutôt que les mammifères marins devenus rares dans cette région (raréfaction du Phoque moine). Comme lui, d'ailleurs. À noter que les grands requins blancs de la région du Cap ont adopté une technique de chasse unique en son genre. Pour surprendre une otarie, le requin se met à l'affût près du fond et, après avoir repéré une proie qui s'agite en surface, s'élance comme une torpille (sa vitesse est telle qu'il bondit hors de l'eau) pour la percuter, gueule grande ouverte, et la happer en retombant. Les scientifiques ont désigné cette forme d'attaque auparavant méconnue sous le nom anglais de breaching, ce qui veut dire « créer une brèche ».
88
+
89
+ Le grand requin blanc a aussi démontré une certaine intelligence par rapport aux autres requins. Il est le seul squale à sortir la tête hors de l'eau pour observer son environnement extérieur. Certaines expériences scientifiques ont démontré qu'il était aussi capable d'apprendre des tours, à l'instar des dauphins et orques, pour obtenir du poisson. D'autres scientifiques ont réussi l'exploit de nager avec des grands requins blancs sans cage de protection, voire de s'accrocher à son aileron dorsal. Le spécialiste André Hartmann s'est même permis de « caresser » le museau de grands blancs, mettant les squales en état d'immobilité tonique.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ En 1758, Carl von Linné fut le premier à décrire le grand requin blanc, sous le nom Squalus Carcharias. Andrew Smith lui donna le nom générique de Carcharodon en 1833 et en 1873, le nom générique et le nom spécifique furent associés pour donner Carcharodon carcharias. Carcharodon vient du grec karcharos (aiguisé) et odous (dent). Le mot karcharias signifie « requin » en grec.
92
+
93
+ Le grand requin blanc est le seul représentant du genre Carcharodon. Il serait apparu au milieu du Miocène. Les premières dents fossilisées retrouvées datent de 16 millions d'années. Sa phylogénie est controversée. Certains taxonomistes font de lui un descendant direct du requin préhistorique, le Mégalodon. Selon des hypothèses plus récentes, le grand requin blanc ne serait en fait qu'un « cousin », regroupé dans la famille des Lamnidés. Cette hypothèse ferait du grand requin blanc le descendant de Isurus hastalis, le mako préhistorique.
94
+
95
+ Son génome (qui intéresse notamment les cancérologues du fait qu'il semble protéger l'espèce des cancers) a été récemment complété et publié en 2019 par le Centre de recherche sur les requins de la Fondation Save Our Seas de la Nova Southeastern University (NSU) et par l'Institut de recherche Guy Harvey (IRSH), du Collège de médecine vétérinaire de l'Université Cornell et par l'aquarium de Monterey Bay [17]. Il est très long (une fois et demie plus grand que le génome humain) et il semble particulièrement riche en éléments stabilisateurs et réparateurs de l'ADN. Certains gènes pourraient aussi expliquer leur capacité à cicatriser très rapidement[17].
96
+
97
+ Les requins attaquent les hommes ; le nombre d'attaques peut être estimé comme faible. Toutes espèces confondues entre 2007 et 2016, durant dix années, une source américaine recense environ 800 attaques dans le monde entier, soit environ 80 par année. 61 des 766 attaques sont mortelles, soit plus de 6 par année. 23 des 61 morts l'ont été entre 2013 et 2016[18]. Les raisons conduisant le requin à s'attaquer à un homme ne sont pas connues ; le manque de données ne permet pas d'explication fiable. Le comportement en milieu naturel des requins est également mal connu (et peu étudié).
98
+
99
+ Néanmoins, le grand requin blanc est le requin le plus souvent impliqué lors des attaques sur l'homme[19] devant le requin tigre et le requin bouledogue. Cela peut s'expliquer par le fait que le territoire de chasse du requin blanc inclut notamment les rivages côtiers où se concentrent les activités humaines (notamment les sports nautiques). Il peut y avoir une confusion entre l'homme et les proies habituelles des requins blancs (phoques ou pinnipèdes) qui induiraient des attaques.
100
+
101
+ Le comportement du requin blanc vis-à-vis de l'homme n'est pas systématiquement agressif ni hostile : de nombreux plongeurs ont nagé près de requins blancs sans que ceux-ci manifestent une quelconque hostilité envers eux.
102
+
103
+ Lorsque le requin attaque l'homme, il en dépèce d'abord un membre puis se désintéresse souvent de cette proie.
104
+
105
+ Observé et connu en Méditerranée depuis l'Antiquité (surtout en Italie, Sicile, Sardaigne, Corse[20], Tunisie, mer Adriatique, îles Baléares, Libye, Grèce, côtes françaises[21]...), il y est toujours présent aujourd'hui mais beaucoup plus rare, la population serait d’environ 350 individus d'après une source, de 2003[22].
106
+
107
+ Les grands requins blancs de Méditerranée se distinguent des spécimens australiens, sud-africains ou américains par la couleur de leur dos ; celle-ci tend vers le marron clair[23]. Il est parfois confondu par les plaisanciers avec le requin pèlerin (inoffensif pour l'homme), qui lui aussi est de couleur marron sur le dos, et de taille imposante. Cependant, il est bien différent, rien qu'au niveau de sa mâchoire, son aileron, ses nageoires pectorales, son corps de forme fusiforme, son régime alimentaire et son comportement.
108
+
109
+ Des études génétiques récentes faites par des chercheurs de la Royal Society B suggèrent, que cette population serait très différente de la population américaine, mais plus proche de celle d'Australie et de Nouvelle-Zélande. En conséquence, les quelques différences entre les requins australiens et de la Méditerranée suggèrent qu'ils se séparèrent il y a 450 000 ans. Durant l'âge de glace et à cause des nombreux effets du changement climatique, quelques individus d'Australie migrèrent vers l'Afrique du Sud, et, portés par les courants chauds, se déplacèrent plus au nord. Certains se seraient trompés de voie migratoire, et seraient passés par le détroit de Gibraltar[24] qui était beaucoup plus large à cette époque, qu'il l'est aujourd'hui.
110
+
111
+ De 1876 à 2010, soit en plus d'un siècle, sont recensées 31 attaques de grands requins blancs en Méditerranée. Le plus souvent, selon les spécialistes, ce prédateur mord « pour goûter », mais ne mange pas l'homme. Ce comportement est indifférent, du point de vue des blessures infligées. Ainsi, une quinzaine de personnes attaquées sont décédées à la suite de blessures graves, essentiellement en Italie, en Tunisie, en Croatie ainsi qu'en Grèce, là où ces requins sont les plus abondants. Le long des côtes françaises de Méditerranée, une ou deux attaques officielles non mortelles recensées (1876-1999)[25], l'une d'entre elles date de 1998, touchant les bouteilles d'un plongeur[26] au large du Cap d'Antibes.
112
+
113
+ D'après le biologiste Nicolas Ziani, les abords des côtes françaises servent de nurserie à certains squales comme le requin gris, le requin bleu ou les grands requins blancs qui viennent accoucher en eaux profondes[réf. nécessaire]. Afin de suivre en temps réel leurs déplacements, savoir quand ils arrivent et quand ils repartent, l’association Ailerons a coordonné au mois d’août 2011 deux campagnes de marquage de squales au large de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. Une fois les requins capturés, des balises satellites seront installées sur leur peau pour déterminer leur zone de migration.
114
+
115
+ En Méditerranée, la proportion infime de requins dangereux en fait une menace très faible. Le grand requin blanc, victime de sa mauvaise réputation, est répertorié comme une espèce en voie de disparition. À tel point que certains experts cherchent une manière de le réintroduire dans la nature, grâce peut-être à la création de zones spéciales[27].
116
+
117
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118
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119
+ Il est extrêmement difficile de conserver cet animal en aquarium ; les individus meurent généralement au bout de quelques mois s'ils ne sont pas relâchés. Le record de 198 jours de captivité est détenu par l'Aquarium de la baie de Monterey en Californie, qui avait accueilli une jeune femelle de 1,50 m de long entre septembre 2004 et avril 2005 dans un bassin de 16 000 mètres cubes. Après six mois de captivité, elle avait dû être relâchée devant une agressivité de plus en plus importante et des blessures sur le museau[28]. En 2015 encore, l'aquarium de Churaumi au Japon a expose un requin blanc mâle de 3,5 mètres après une capture accidentelle, mais l'animal a survécu pendant 3 jours[29].
120
+
121
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122
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123
+ Il a été popularisé au cinéma par la tétralogie Les Dents de la mer (titre original : Jaws), dont le premier volet est sorti en salles en 1975. Cette tétralogie a largement contribué à la terreur qu'il inspire dans l'imaginaire collectif, sentiment moyennement justifié au regard des statistiques. Cet imaginaire collectif s'inspire des recherches scientifiques, bien antérieures au cycle, qui ont considéré le grand requin blanc comme une des rares espèces de squales, dangereuses pour l'être humain (cinq ou six sur plusieurs centaines) ; si minoritaires soient ces espèces au sein de la famille des squales elles existent. Dans une approche plus écologique, sa dangerosité pour l'humain est combattue dans Orca, film tourné en 1977 non par la chasse humaine mais par l'intervention d'une orque qui sauve un plongeur imprudent.
124
+
125
+ De nombreuses personnes croient encore qu'il n'est qu'une machine sanguinaire et lui attribuent beaucoup plus d'intelligence qu'il n'en possède[30]. Sa taille maximale est souvent surévaluée. Mais depuis des années, des scientifiques réhabilitent ce requin, le démystifient. Plusieurs de leurs émissions ont fait le tour du monde, montrant ce qu'est vraiment le grand requin blanc dans la réalité. Peter Benchley, l'auteur du best-seller Les Dents de la mer adapté pour le célèbre film de Steven Spielberg, a aussi défendu la cause du grand requin blanc.
126
+
127
+ Il aura fallu des décennies avant que l'être humain commence à véritablement comprendre le grand requin blanc. André Hartman, un plongeur professionnel sud-africain mondialement connu, est le premier à être sorti de la cage pour nager en sa compagnie. D'autres l'ont imité, dont Jean-Michel Cousteau et François Sarano (sur le tournage du films Océans [Perrin/Cluzaud], séquence réalisée à Guadalupe, île de la côte Pacifique mexicaine, avec une femelle).
128
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+ Le grand requin blanc est aujourd'hui une espèce menacée, ajouté à l'annexe II de la CITES sur une proposition de Madagascar et de l'Australie à la CoP13[31]. La proposition se base sur la constatation d'une forte diminution des prises depuis les années 1970 (diminution>70%) et un faible renouvellement de la population[14]. Si le suivi de la population réelle est très difficile à évaluer, les scientifiques s'accordent pour considérer que leur nombre est en chute rapide[32]. Sa pêche est désormais interdite dans de nombreux pays comme l'Australie, l'Afrique du Sud[32], Nouvelle Zélande[33]. Mais cette interdiction est régulièrement violée car les gens ont toujours peur du Carcharodon carcharias. Les pêcheurs le pêchent pour sa viande, ses dents (vendues comme souvenirs aux touristes) mais le plus souvent pour ses ailerons. La pollution de la mer et la raréfaction de ses proies favorites ont aussi un impact très négatif. Bien que la situation du grand requin blanc soit préoccupante, il ne faut surtout pas oublier que la majorité des espèces de squales sont menacées par l'homme.
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+ Kalaallit Nunaat (kl)Grønland (dk)
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+ Le Groenland[b] (en groenlandais : Kalaallit Nunaat, en danois : Grønland) est un pays constitutif du royaume du Danemark et un territoire d'outre-mer associé à l'Union européenne[3], situé entre les océans Arctique et Atlantique, à l'est de l'archipel Arctique, au nord-est de l'Amérique du Nord. Bien qu'appartenant physiographiquement au continent nord-américain, le Groenland a été politiquement et culturellement associé à l'Europe — en particulier à la Norvège et au Danemark, les puissances coloniales, ainsi qu'à l'île voisine d'Islande — pendant plus d'un millénaire[4]. Le Groenland est la deuxième plus grande île du monde. Plus des trois quarts de son territoire sont couverts par la seule calotte glaciaire contemporaine en dehors de l'Antarctique. Avec une population de 56 081 habitants au 1er janvier 2020[2], il est le pays le moins densément peuplé[Quoi ?] au monde[5].
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+ Le Groenland a été habité pendant au moins les 4 500 dernières années par des peuples de l'Arctique dont les ancêtres ont migré depuis ce qui est aujourd'hui le Canada[6],[7].
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+ Les Vikings se sont installés dans la partie sud (alors inhabitée) du Groenland, à partir du Xe siècle, y fondant des colonies médiévales qui n'auraient pas dépassé 2 000 habitants (et non 3 000 comme évoqué par Bandi en 1952[8]) (Thomas McGovern, spécialiste américain des Vikings, parle de 6 000[9]), puis ils ont disparu aux environs de l'an 1500 apr. J.-C.[10],[11], les colonies nordiques ont disparu à la fin du XVe siècle et les peuples inuits actuels sont arrivés au XIIIe siècle. Au début du XVIIIe siècle, la Scandinavie et le Groenland ont repris contact l'un avec l'autre, et le royaume de Danemark et de Norvège a établi sa souveraineté sur l'île.
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+ Le Danemark-Norvège a revendiqué le Groenland pendant des siècles. Le Groenland a été colonisé il y a plus de mille ans par les Norvégiens, qui avaient déjà colonisé l'Islande pour échapper aux persécutions du roi de Norvège et de son gouvernement central. C'est depuis le Groenland et l'Islande que les Norvégiens auraient pris la mer pour découvrir l'Amérique — près de 500 ans avant Christophe Colomb — et tenté de coloniser la terre. Bien que sous l'influence continue de la Norvège et des Norvégiens, le Groenland n'était pas formellement sous la couronne norvégienne avant 1262. Le royaume de Norvège s'est étendu et devient une puissance militaire jusqu'au milieu du XIVe siècle. Mais la Norvège fut considérablement frappée par la peste noire, avec un nombre de morts supérieur à celui du Danemark, l'obligeant à accepter une union avec ce dernier dans laquelle le gouvernement central, l'université et d'autres institutions fondamentales étaient situés à Copenhague. Ainsi, les ressources des deux royaumes ont fusionné, la Norvège devenant ainsi la partie la plus faible et perdant également sa souveraineté sur le Groenland en 1814 lors de la dissolution de l'union. Le Groenland devint alors une colonie danoise, puis une partie de la Communauté du royaume du Danemark en 1953 en vertu de la Constitution du Danemark.
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+ En 1973, le Groenland rejoint la Communauté économique européenne (CEE) avec le Danemark. Cependant, lors d'un référendum en 1982, une majorité de la population a voté en faveur d'un retrait du Groenland de la CEE, retrait qui sera par la suite étendu à l'Union européenne. En 1984, le Danemark a signé un traité modificatif avec la Communauté européenne pour préciser la situation du Groenland. Ce territoire a été retiré des accords sur le charbon et l'acier (CECA)[12] et des accords sur l'énergie atomique (Euratom)[13]. Des dispositions particulières ont été convenues pour protéger la pêche[14]. Le Groenland bénéficie néanmoins de la libre circulation des Européens au sens de la convention de Schengen. En 1979, le Danemark a accordé une autonomie interne au Groenland, et le 25 novembre 2008, les Groenlandais se sont prononcés par référendum consultatif sur la perspective d'une autonomie renforcée, la proposition étant approuvée par 75 % des suffrages exprimés. Le Parlement danois a ensuite voté la loi sur l'autonomie renforcée du Groenland, promulguée le 19 mai 2009[15] et entrée en application le 21 juin 2009. Le Danemark cède à son ancienne colonie 32 domaines de compétences, dont ceux de la police et de la justice. La politique monétaire, la défense et la politique étrangère restent toutefois sous contrôle danois. En août 2019, le président des États-Unis Donald Trump a offert d'acheter le Groenland, offre que la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a refusée.
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+ Ce sont les anciens colons scandinaves qui ont donné au pays le nom de Groenland. Dans les sagas islandaises, il est dit que l'Islandais d'origine norvégienne Erik le Rouge fut chassé d'Islande pour meurtre. Avec sa famille élargie et ses esclaves (thrall), il partit à bord de navires pour explorer la terre glacée connue pour se situer au nord-ouest. Après avoir trouvé une zone habitable et s'y être installé, il l'a nommée Grœnland, littéralement « terre verte », soi-disant dans l'espoir que le nom serait agréable pour attirer des colons[16],[17],[18]. Le nom du pays en groenlandais est Kalaallit Nunaat (« terre des Groenlandais »).
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+ Le Groenland est situé au nord-est de l'Amérique du Nord, entre les latitudes 59° et 83° N et les longitudes 11° et 74° W. Il est bordé au sud-est par l'océan Atlantique, à l'est par la mer du Groenland, au nord par l'océan Arctique et à l'ouest par la mer de Baffin. Il est frontalier du Canada à l'ouest, de l'autre côté de la mer de Baffin, et de l'Islande à l'est, dans l'océan Atlantique.
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+ La superficie totale du Groenland est de 2 166 086 km2 (y compris d'autres îles côtières mineures), dont la calotte glaciaire couvre 1 755 637 km2 (soit 81 % du territoire) et a un volume d'environ 2,85 millions de kilomètres cubes[19].
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+ Le Groenland est la plus grande île non-continentale du monde[20], le troisième plus grand pays d'Amérique du Nord[21] ainsi que le plus grand territoire dépendant dans le monde. Il possède également le plus grand parc national au monde.
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+ L'île est recouverte à 80 % par un inlandsis de 1 710 000 km2 de superficie et d'une épaisseur atteignant près de trois kilomètres de glace au centre, correspondant à l'altitude la plus élevée. Cet inlandsis est bordé de reliefs montagneux modérés entre lesquels s'écoule la glace par des glaciers. De certains d’entre eux se détachent des icebergs qui sont entraînés au large par les courants. C'est le cas à Ilulissat où les plus gros icebergs de l'hémisphère nord sont produits. En 1912, c'est l'un d'eux que le Titanic heurta.
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+
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+ Sous cet inlandsis se trouve un grand canyon. Découvert en 2013 grâce à des observations satellitaires, ce canyon, qui traverse toute la partie nord-ouest de l'île, mesure au moins 750 kilomètres de long et 800 mètres de profondeur par endroits, ce qui en fait le plus grand au monde[22].
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+ Une étude menée par le scientifique français Paul-Émile Victor en 1951 concluait que sous la calotte glaciaire, le Groenland est composé de trois grandes îles[24]. Cette hypothèse est contestée, mais si elle vérifiée, ces îles seraient séparées par d'étroits détroits atteignant la mer au fjord glacé d'Ilulissat, au Grand Canyon du Groenland et au sud de Nordostrundingen.
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+
29
+ Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées différenciées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par des sismographes loin du pôle à travers le monde. Ces « tremblements de terre glaciaires » du Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions climatiques[25].
30
+
31
+ Les sommets les plus hauts du pays sont situés sur la côte est. Le point culminant est le mont Gunnbjørn, haut de 3 733 mètres. Le plus connu est le mont Forel (3 360 mètres). Il porte le nom du professeur suisse François-Alphonse Forel qui, en 1912, organisa une souscription pour financer une expédition suisse au Groenland. On signalera qu'un autre mont proche porte le nom de Paul-Émile Victor, l'explorateur et ethnologue français. Deux autres Français ont contribué à la connaissance de ce pays : Jean-Baptiste Charcot et Jean Malaurie.
32
+
33
+ Depuis 1992, le Groenland aurait perdu près de 3 800 milliards de tonnes de glace. Une perte qui s’accélère plus vite que prévu par le GIEC et qui « pourrait exposer 100 millions de personnes dans le monde à des inondations annuelles d’ici la fin du siècle »[26].
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35
+ D’après l’Institut technique du Danemark, la vitesse de la fonte des glaciers du Groenland a été multipliée par quatre entre 2003 et 2013[27]. Le 1er août 2019, « le Groenland vient de connaître les taux de fonte parmi les plus élevés de tous les temps » selon Ruth Rottman, car celui-ci a perdu, et va commencer à perdre régulièrement entre 11 et 12,5 milliards de tonnes de glace en un jour[28],[29], alors que ce scénario le plus pessimiste n'était attendu que pour 2050[30].
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+ La calotte s'est formée il y a 4,1 millions d'années, durant le Pliocène, par la fermeture de l'isthme de Panama. Les précipitations neigeuses qui s'accumulent au centre de l'île, se transforment progressivement en glace et assurent théoriquement la pérennité de cette calotte. Les scientifiques s'intéressent de près à l'évolution de l'épaisseur de la glace et aux apports d'eaux douces générés par la fonte (impact sur la circulation thermohaline) dans le cadre du réchauffement climatique. Ce désert de glace représentant 80 % de la surface de l'île, est très inhospitalier. On y trouve des températures extrêmes été comme hiver, des vents violents dits catabatiques et un sol fait de glace, impropre au développement d'une vie animale (à l'exception des tardigrades).
38
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+ En hiver, dans le nord du Groenland, le soleil disparaît presque totalement pendant plus de trois mois. La température moyenne avoisine −30 °C et il souffle un vent violent. Tandis que l'intérieur du Groenland connait un climat d'inlandsis, les températures moyennes en bord de mer varient de −15 °C dans le nord à 0 °C dans le sud. La côte sud-ouest bénéficie d'étés assez longs et assez doux. Les maximales y avoisinent les 10 °C en été, avec un record de chaleur de 28 °C. Alors que le nord connaît un climat très sec, le sud bénéficie d'un climat beaucoup plus humide. Les précipitations tombent majoritairement sous forme de neige en hiver sur la côte orientale alors que sur la côte occidentale elles tombent majoritairement en été sous forme de pluie. Narsarsuaq, dans le sud-ouest du Groenland, a un climat non polaire puisqu'en juillet on y mesure une température moyenne supérieure à 10 °C.
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+ −66,7 °C est le record de froid absolu, mesuré à Northgrip à environ 2 900 mètres, le 8 janvier 2007[32]. −66,1 °C est le record mesuré à Northice à 2 341 mètres,78° 04′ N, 38° 29′ O, le 9 janvier 1954[33].
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+ En hiver, la bande côtière montagneuse est cernée par la banquise à l'exception du Sud-Ouest de l'île (environ jusqu’à la capitale Nuuk). En effet une branche du courant du Gulf Stream y empêche la mer de geler. La côte n'en bénéficiant pas, elle possède un climat plus hostile et un dégel de la banquise plus court. Ceci explique que seuls deux villages y existent : Ammassalik et Ittoqqortoormiit. Ce dégel, qui se déroule de la fin mars jusqu'en juillet, s'appelle la débâcle. La reformation progressive de la banquise a lieu vers le mois de novembre.
44
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+ On sait qu’une partie du Groenland aujourd'hui couverte de glace a perdu ses glaces, probablement à plusieurs reprises dans les 2 à 10 millions d'années précédentes, mais dans quelle proportion et à quelle vitesse, ceci fait encore l'objet d'études. Depuis la fin du XXe siècle, les carottages profonds commencent à éclairer l’histoire paléoclimatique de cette région[34].
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+ En 2007, Mark Meier de l'université du Colorado à Boulder (États-Unis) a évalué que la fonte partielle prévue des glaces du Groenland et de l'Antarctique ne contribuerait qu'à hauteurs respectives de 28 % et 12 % à l'élévation du niveau des mers durant le XXIe siècle. Ce serait donc dans un premier temps les petits glaciers du monde qui, fondant désormais à une vitesse accélérée, contribueraient à des apports excédentaires de 417 km3 en eau par an. Ils devraient rester les plus gros contributeurs jusqu'à la fin du siècle, avec 10 à 25 cm de surélévation du niveau marin actuel, à laquelle il faudrait rajouter l'expansion du volume d'eau des mers due à leur réchauffement (l'eau chaude est moins dense que l'eau froide).
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+
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+ Pendant l'été 2012, la calotte glaciaire a fondu en surface sur 97 % de sa superficie, pourcentage le plus important enregistré depuis qu'on mesure le dégel[35]. De nombreux sites d'information francophones[36],[37] indiquent faussement que 97 % de l'inlandsis a disparu.
50
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+ En 2013, après 20 ans de fonte croissante des glaces, un net ralentissement de cette fonte est constaté en été (mais qui ne durera pas). Cette année là des chercheurs montrent que la glace du Groenland a très bien résisté à un long épisode chaud entre −130000 et −115000 (à la fin de l’Eémien)[38].
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+
53
+ Fin 2016, Joerg Schaefer (paléoclimatologue à l’Observatoire de la Terre de Lamont-Doherty à New York et co-auteur d’une étude publiée le 7 décembre 2016 dans la revue Nature[39][source insuffisante]) a classé le Groenland « sur la carte des glaces en voie de disparition », ce qui n’est pas anodin car si toute la glace de cette région devait entièrement fondre (ce qui pourrait se produire dans 2 500 ans environ au vu des taux atmosphériques de gaz à effet de serre[40]), le niveau marin monterait de 7 mètres (et bien plus si l’Antarctique fondait aussi)[34].
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55
+ Cet article montre qu’il y a environ 2,6 millions d’années, à l’emplacement du forage GISP2, la glace avait disparu à l’occasion d’un épisode chaud dont les traces sont conservées par le socle rocheux. Cependant, dans un autre article du même numéro de la revue, Paul Bierman (géomorphologue de l'université du Vermont à Burlington) et ses collègues montrent que plus à l’est, le Groenland est resté couvert de glace depuis 7,5 millions d'années[34]. Dans ces deux cas, les isotopes radioactifs du béryllium et de l'aluminium ont permis d’estimer la durée d’exposition directe du socle rocheux à l'atmosphère et aux rayons cosmiques (ces derniers génèrent des radionucléides comme le béryllium 10 et l'aluminium 26, sauf là où la glace est épaisse). Ainsi, la roche remontée en 1993 du forage GISP2 (centre du Groenland) contient des isotopes montrant qu'elle a déjà été libre de glace, semble-t-il durant une période de 280 000 ans, il y a plus de 1,1 million d'années. Mais la datation des séquelles érosives des glaciers, montre qu’ils ont toujours été actifs sur une majeure partie de l’île durant les derniers 7,5 millions d'années (au moins à l’est du Groenland)[34].
56
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57
+ Des simulations laissent penser que si l’étendue de la glace diminuait d'environ 5 à 10 % de son étendue actuelle, la zone du forage GISP2 serait effectivement nue alors que l'Est du Groenland serait encore englacé[34].
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+ La végétation du Groenland est constituée en très grande majorité de toundra, une végétation basse et pauvre composée de mousses et herbes poussant dans les zones polaires qui occupent une grande partie du Groenland hors inlandsis. Le retrait de l'inlandsis a mis au jour de très nombreuses cuvettes lacustres se colonisant progressivement par une végétation de type tourbière, à l'exception des cas où l'évaporation l'emportant, la concentration en sels permet l'implantation d'une flore halophile en périphérie. La grande végétation ne peut en général pas y pousser car le sol est trop gelé en profondeur. Il ne pousse que quelques arbustes, tels les bouleaux rampants, qui sont une adaptation de la végétation aux conditions très rudes du milieu, en particulier des vents desséchants. Il n'existe que deux petites zones à l'abri des vents qui sont pourvues d'arbres, toutes situées dans le Sud de l'île. La première, la vallée de Qinngua, est la seule forêt naturelle groenlandaise et abrite principalement des espèces de bouleau pubescent (Betula pubescens) et de saule à feuilles grises (Salix glauca) poussant jusqu'à une hauteur de sept à huit mètres[41]. La seconde est l’Arboretum Groenlandicum, un arboretum à Narsarsuaq abritant sur quinze hectares des arbres de taïga arctique tels que le mélèze de Sibérie, le pin tordu, l'épinette blanche et l'épinette de Sitka[42],[43].
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+ Au-delà de 66° de latitude nord (figurant le cercle arctique), la végétation de la côte ouest se réduit progressivement et fortement jusqu'à devenir une pelouse rase et clairsemée (par exemple à Thulé/Qaanaaq) et le sol est soit recouvert par les glaciers, soit constitué de roche nue. Seuls quelques animaux vivent dans de tels milieux, comme l'ours blanc (au nord et à l'est surtout), le phoque du Groenland, le bœuf musqué, le renard polaire, le lièvre arctique et le renne. C'est une des zones du monde les plus exposées au réchauffement climatique et les effets de ces changements climatiques sur la biosphère semblent y être plus rapides qu'ailleurs. Au sud de 66° de latitude nord se trouve la « zone verte » où poussent des arbres et dont le sol peut être cultivé sous certaines conditions, qui est en permanence dépourvue de glace : cette zone, tout au sud, couvre environ 5 000 km2 et son climat ressemble à celui de l'Islande et du nord de la Suède ou de la Norvège : on peut y trouver des ours bruns, des sangliers, des lapins, des oies sauvages ou des canards et différentes variétés de lézards.[réf. nécessaire]
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+ Malgré l'éloignement des grands centres urbains et industriels, le Groenland reçoit paradoxalement des polluants aéroportés de tout l'hémisphère nord, et via l'alimentation (produits de la mer en particulier) les Groenlandais sont exposés à certains contaminants, plus que la moyenne des humains et souvent excessivement par rapport aux recommandations de l'OMS ou de la Commission européenne. C'est le cas pour les polluants organochlorés (dioxines, furanes, PCB…) et pour des métaux toxiques tels que le plomb, le cadmium, le mercure et le sélénium par exemple[44].
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+ Le Groenland est marqué par des déséquilibres spatiaux multiples. D'une part, la population vit presque exclusivement sur la côte. D'autre part, il possède l'originalité d'avoir une capitale qui regroupe près d'un tiers de la population totale du pays ainsi que la quasi-totalité des étudiants et des sièges de grandes entreprises.
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+ Après les années 1960, la population des villes a augmenté rapidement, absorbant la croissance nette de la population ainsi que les migrations depuis les zones rurales. Cette tendance se poursuit depuis 40 ans. Le tableau ci-dessous liste les principales villes du pays en 2012 classées en fonction de leur population.
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+ Aucun réseau routier n'existe entre les différents villages, les glaciers et la ligne côtière fortement découpée par les fjords empêchant de construire des routes entre les localités. Seuls des ferrys, et plus rarement des avions, relient les villages entre eux en été. En hiver, des hélicoptères permettent d'assurer certains ravitaillements de villages pour la plupart isolés par la banquise.
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+ Il existe néanmoins quelques rares itinéraires à travers la toundra, comme les deux cents kilomètres qui séparent Kangerlussuaq et Sisimiut, balisés par les Inuits grâce à des cairns (ou inuksuit). Ceux-ci étaient et sont encore parcourus en été par des marcheurs et parfois même des coureurs, et de plus en plus empruntés par les touristes en quête de treks (grandes randonnées) originaux.
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+ L'histoire du Groenland est celle de la survie et de l'adaptation des hommes dans les conditions climatiques extrêmes de l'Arctique. La couverture de glace recouvrant environ 95 % du territoire, l'activité humaine est cantonnée aux seules régions côtières. Le Groenland était inconnu des Européens jusqu’au milieu du Xe siècle[45], époque à laquelle il a été aperçu par un certain Gunnbjörn, puis colonisé par Erik le Rouge en 984 ou en 985 (« quinze hivers avant que le christianisme fût légalement adopté en Islande », dit la Saga des Groenlandais[46]) ; il avait été cependant habité auparavant pendant près de quatre millénaires par des peuples de l'Arctique (cultures du Dorset et de Saqqaq notamment). Lors de l'arrivée des Vikings qui y subsistèrent pendant plus de quatre siècles, il pourrait avoir été inhabité, les premiers arrivants ayant disparu lors de la période froide précédente et les peuples inuits vivant actuellement au Groenland ne s’y étant établis qu'au début du XIIIe siècle[réf. nécessaire] (les données génétiques disponibles sont en accord avec l'opinion selon laquelle les Esquimaux actuellement présents au Groenland descendent essentiellement des « Neo-Esquimaux » d'Alaska[47]). Jean Malaurie, considéré comme expert du Groenland, estime quant à lui, que les Vikings y ont rencontré les Inuits[48].
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+ Ivar Baardson, émissaire épiscopal, signale l'abandon du Vesterbygden dès l'an 1350[49].
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+ En 1491-1492, l’île est visitée par le navigateur portugais João Fernandes Lavrador.
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+ Alors que les établissements vikings de la côte sud-ouest disparaissaient finalement au cours du XVe siècle, probablement vers 1450[50], au moins en partie du fait du refroidissement de plusieurs siècles dit « petit Âge glaciaire »[51], les Inuits y ont, quant à eux, survécu jusqu'à nos jours. Ils ont développé une société capable de vivre sous un climat très rude, demeurant pendant plusieurs siècles le seul peuple à habiter l'île. Au XVIIIe siècle, le royaume du Danemark et Norvège fait cependant valoir ses droits sur le territoire, alors que l'on était sans nouvelle des Vikings partis coloniser l’île depuis plusieurs siècles. Craignant qu'ils ne soient retombés dans le paganisme, les autorités danoises organisent une expédition missionnaire en 1721. Ne trouvant aucun descendant des Vikings groenlandais, les membres de l'expédition se consacrèrent à la conversion des Inuits et à l'établissement de colonies commerciales le long de la côte. L’île repassa donc sous domination scandinave et conserva son statut de colonie jusqu'en 1953.
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+ Entre 1793 et 1810, le Groenland manque à plusieurs reprises de passer dans le domaine colonial britannique, mais est sauvé par son isolement. De plus, l'état-major britannique considère qu'une île isolée et recouverte de glace, n'était nullement d'un intérêt stratégique. Aussi, une invasion aurait un coût exorbitant, d'autant plus que rien n'était prévu pour ravitailler les soldats. Les Britanniques, désintéressés, maintiennent alors le Danemark comme puissance coloniale.
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, le Groenland se détache socialement et économiquement du Danemark, alors occupé par les Allemands. En 1940, l'Islande danoise est occupée par les Britanniques et leur flotte de guerre surveille les côtes du Groenland. L'année suivante les Américains aident les Britanniques et des liens se nouent avec le Canada et les États-Unis. Ceux-ci, qui considèrent que l'île appartient géographiquement à l'espace « des Amériques » défini par la doctrine Monroe, avaient déjà fait en 1867 une offre de rachat du Groenland et de l'Islande[52]. En 1946, le président Harry S. Truman renouvelle l'offre et propose 100 millions de dollars pour l'achat de l'île. Le Danemark, qui après la guerre avait repris le contrôle du territoire, refuse cette offre.
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+ En 1953, le Groenland passe du statut de colonie à celui de comté d'outre-mer, avant d'acquérir son autonomie interne par rapport au Danemark en 1979. En 1982, les habitants décident de demander leur retrait de la CEE, à laquelle le Danemark avait adhéré en 1973. À cette fin, ils organisent un référendum, qui est approuvé à 53 %. Le retrait est effectué le 1er février 1985.
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+ Le début du xxie siècle voit une montée de l'indépendantisme groenlandais[53],[54]. Par ailleurs, la Russie entreprend une remilitarisation en Arctique tandis que la Chine développe ses investissements au Groenland, commence à y exploiter des terres rares[55],[56] et propose d'y construire des aéroports[57]. La richesse du sous-sol en matières premières, pétrole, gaz et minerais rares, peu exploités du fait des orientations écologiques du gouvernement danois, attire les investisseurs. Dans ce contexte, le président américain Donald Trump réitère l'offre des États-Unis d'acheter l'île[58],[59]. La Première ministre danoise répond que ce territoire n'est pas à vendre et que cette idée est « absurde[60] », mot qui suscite l'irritation du président américain[61],[62],[63]. Le 23 août, le département d'État des États-Unis manifeste son intention d'ouvrir un consulat à Nuuk en 2020[64].
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+
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+ Le royaume du Danemark est une monarchie constitutionnelle, dont la reine Margrethe II est l'actuel chef d'État. Le monarque conserve officiellement le pouvoir exécutif et préside le Conseil d'État (en) (conseil privé)[65],[66]. Cependant, à la suite de l'introduction d'un système de gouvernement parlementaire, les devoirs du monarque sont devenus strictement représentatifs et cérémonieux[67], comme la nomination formelle et la révocation du Premier ministre et d'autres ministres dans le gouvernement exécutif. Le monarque n'a pas à répondre de ses actes et sa personne est sacrosainte[68].
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+ Le 25 novembre 2008, le référendum consultatif portant sur l'autonomie de l'île a très majoritairement approuvé un plan d'autonomie vis-à-vis du Danemark. Selon les résultats officiels définitifs, 75,5 % des suffrages exprimés se sont prononcés en faveur d'un régime d'autonomie élargie. Le nouveau statut, soutenu par Copenhague, prévoit entre autres d'accorder au Groenland le pouvoir sur sa police, ses tribunaux et ses garde-côtes, de faire du groenlandais, qui est une langue inuite, la langue officielle. Il accorde également aux Groenlandais le droit de contrôle sur leurs ressources (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb). Le texte soumis à la population proposait, au total, des transferts de compétence dans trente domaines. Il est entré en vigueur le 21 juin 2009, jour de la fête nationale du Groenland. Néanmoins, seules les dispositions relevant des compétences transférées par le statut d'autonomie de 1978 s'appliquent. En particulier, la politique étrangère, la défense nationale et la politique monétaire constituent un domaine réservé du pouvoir central danois[69]. Les Groenlandais peuvent ainsi participer à des négociations internationales sur les sujets qui les concernent exclusivement, sauf sur les questions de défense et de sécurité. Cet accord ne limite pas les pouvoirs constitutionnels du Danemark et il est réaffirmé que les affaires internationales, la défense et la politique de sécurité sont affaires du royaume de Danemark. Néanmoins, le gouvernement du Groenland peut envoyer des représentants au sein des missions diplomatiques danoises à l'étranger pour faire valoir les intérêts groenlandais. Enfin, tout projet de loi concernant le Groenland doit faire l'objet d'observations de la part du Parlement groenlandais avant que le Folketing (le Parlement danois) adopte (ou refuse) le texte. Ce procédé concerne aussi les projets d'ordonnance administrative, auquel cas c'est le gouvernement groenlandais qui se charge de l'observation.
92
+
93
+ En cas de doute dans la dévolution des pouvoirs, une cour constituée de deux représentants du gouvernement danois, deux représentants du gouvernement groenlandais et trois membres de la Cour suprême danoise nommés par le président de celui-ci doivent trancher. Si aucun accord n'est trouvé, les membres de la Cour suprême ont le dernier mot[70].
94
+
95
+ À la suite d'une réforme territoriale entrée en vigueur le 1er janvier 2009, le Groenland est divisé en seulement quatre municipalités[71] : Kujalleq, Qaasuitsup, Qeqqata et Sermersooq. En 2018, la municipalité de Qaasuitsup étant divisée entre deux : Avannaata et Qeqertalik, portant leur nombre à cinq. À ces cinq municipalités s'ajoutent les zones non incorporées du parc national du Nord-Est du Groenland et de la base aérienne de Thulé, enclave de la municipalité de Avannaata.
96
+
97
+ Des élections municipales sont organisées tous les quatre ans au système proportionnel pour élire les membres des conseils municipaux[71]. Les maires sont ensuite élus, de manière indirecte, par les conseils[71]. Les municipalités étant extrêmement étendues, les conseils municipaux peuvent décider d’établir des conseils villageois dans certaines parties de leur territoire[72]. Comptant peu de membres — généralement entre trois et cinq — ils sont élus pour une période de quatre ans au suffrage universel[72].
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+
99
+ Margrethe II, reine du Royaume de Danemark.
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+ Kim Kielsen, Premier ministre depuis 2014.
102
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103
+ Le 28 novembre 2014 ont eu lieu des élections législatives, moins de deux ans après les précédentes. Ce scrutin anticipé est une conséquence de la suspension de la Première ministre Aleqa Hammond, qui a quitté le pouvoir en raison d'un scandale financier[73]. Le parti du gouvernement sortant, Siumut, remporte la majorité des suffrages avec 34,3 % des voix mais perd trois députés, ce qui le place à égalité avec le principal parti d'opposition, Inuit Ataqatigiit, qui remporte 33,2 % des voix[74]. Siumut ayant cependant remporté un pourcentage légèrement supérieur des suffrages, son chef Kim Kielsen est autorisé à former un gouvernement de coalition avec Les Démocrates et Atassut[75].
104
+
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+ Lars Emil Johansen est président du Parlement depuis 2013[76].
106
+
107
+ Une importante base militaire américaine intégrée à l'OTAN se situe à Thulé. Créée en 1941, elle est intégrée à l'OTAN en 1951. En 1961, l'effectif atteint 10 000 personnes. C'est à cette époque qu'est construit un radar du Ballistic Missile Early Warning System (BMEWS), un élément stratégique de la défense antimissiles des États-Unis (12th Space Warning Squadron, 22d Space Operations Squadron).
108
+
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+ La base de Thulé a été très active pendant la guerre froide. Un vol de bombardier armé d'armes nucléaires, non déclaré au Danemark, s'est écrasé au Groenland en janvier 1968 (accident de Thulé). Il dissémine quatre bombes, dont l'une semble n'avoir jamais été retrouvée[77]. En 2004, le gouvernement danois a signé un accord avec les États-Unis autorisant le renforcement de la base pour la modernisation du système antimissiles. Il existe aux États-Unis une conscience aiguë de l'importance du Groenland. Le journaliste John J. Miller déclare : « C’est une honte qu’un pays aussi insignifiant que le Danemark puisse tenir une telle place à propos d’un aspect aussi essentiel pour la sécurité des États-Unis[78]. »
110
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+ De 1958 à 1966, les États-Unis ont tenté de déployer au Groenland, à 200 km de la base de Thulé, un projet nommé Iceworm[79] qui consistait à créer un réseau de centaines de kilomètres de tunnels sous-glaciers pour y déployer des dizaines de missiles nucléaires mobiles. L’implantation a commencé à Camp Century avec une logistique alimentée en énergie par un réacteur nucléaire mobile. Le projet a été abandonné à cause des problèmes de stabilité des tunnels. L’ensemble avait été présenté à l’époque, notamment par le gouvernement danois, comme un projet scientifique de recherches polaires[80].
112
+
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+ En tant que territoire autonome, le Groenland est membre du Conseil nordique. Cependant le Danemark le représente auprès du Conseil de l'Arctique. À l'occasion du référendum consultatif du 23 février 1982, le Groenland a souhaité modifier ses relations avec l’Union européenne. Il s'agissait de ne pas être soumis à certaines contraintes de la CEE, en particulier pour protéger son industrie de pêche. Ce souhait a donné lieu à une demande du Danemark présentée à la Communauté européenne. À la suite de l'acceptation de celle-ci en 1984, un traité modifiant les traités instituant les communautés européennes en ce qui concerne le Groenland a été signé. Le Groenland a été retiré des accords sur le charbon et l'acier, ainsi que des accords sur l'énergie atomique. Il a été placé sur la liste des territoires d'outre-mer associés à la Communauté européenne (devenue Union européenne). En 2006, le Conseil européen se prononce sur les relations entre l'Union européenne, d'une part, et le Groenland et le royaume de Danemark, d'autre part. Il a notamment été déclaré : « La Communauté européenne a un intérêt durable, sur un plan géostratégique, à tisser des relations privilégiées avec son voisin groenlandais, qui est partie intégrante de l’un de ses États membres, et à participer au bien-être et au développement économique de ce territoire[81]. »
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+
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+ D'après Naatsorsueqqissaartarfik, l'institut groenlandais de statistiques, 56 081 personnes vivent au Groenland au 1er janvier 2020[2].
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+ Le Groenland possède l'un des taux de suicide les plus élevés du monde[82].
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+ Les Inuits nomades étaient traditionnellement chamanistes, avec une mythologie bien développée. Ils s'inquiétaient principalement d'apaiser le courroux de la déesse de la mer sans doigts qui contrôlait le succès de la chasse aux phoques et à la baleine.
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+ Les premiers colons scandinaves étaient païens, mais le fils d'Erik le Rouge, Leif, a été converti au christianisme catholique par le roi Olaf Trygvesson lors d'un voyage en Norvège en 999 et le monarque a envoyé des missionnaires au Groenland. L'arrivée de ceux-ci a eu pour conséquence l'établissement de seize paroisses, de monastères et d'un évêché à Gardhar.
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+
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+ La redécouverte de cette colonie et la diffusion de la Réforme protestante figurent parmi les principales raisons de la recolonisation danoise au XVIIIe siècle. Sous le patronage de la Mission Collège royal à Copenhague, des luthériens norvégiens et danois ainsi que des missionnaires moraves allemands ont cherché les établissements scandinaves manquants. En l'absence de survivants des colonies scandinaves, les religieux ont commencé à prêcher aux Inuits. Hans et Poul Egede, ainsi que Matthias Stach, sont les principales figures de la christianisation du Groenland. Le Nouveau Testament a été traduit de manière fragmentaire dès l'époque de la première colonie sur l'île Kangeq, mais la première traduction de la Bible ne fut achevée qu'en 1900. Une traduction améliorée en utilisant l'orthographe moderne a été achevée en 2000.
124
+
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+ Aujourd'hui, la principale religion est le protestantisme et la plupart des croyants appartiennent à l'Églises évangéliques luthériennes du Danemark. Bien qu'il n'y ait pas de données officielles du recensement sur la religion au Groenland, l'évêque luthérien du Groenland Sofie Petersen estime que 85 % de la population groenlandaise sont membres de sa congrégation[84].
126
+
127
+ Le groenlandais et le danois ont tous les deux été utilisés dans les affaires publiques depuis la mise en place de l'autonomie interne en 1979 ; la majorité de la population est bilingue. Le groenlandais est devenu la seule langue officielle en juin 2009[1]. L'orthographe du groenlandais a été établie en 1851[85] et révisée en 1973, et le pays a un taux d'alphabétisation de 100 %[86].
128
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129
+ Dans la pratique, le danois est encore largement utilisé dans l'administration et dans l'enseignement supérieur et reste également la première ou la seule langue pour certains immigrants danois à Nuuk et dans d'autres villes. Il y a un débat constant sur le rôle du groenlandais et du danois dans la société future. Environ 12 % de la population a le danois comme langue maternelle, en particulier les immigrants danois au Groenland, dont beaucoup occupent des postes tels qu'administrateurs, professionnels, universitaires ou ouvriers qualifiés. Alors que le groenlandais est dominant dans tous les villages, une partie de la population inuite ou d'ascendance mixte, en particulier dans les villes, parle le danois. La plupart de la population inuite a le danois comme langue seconde. Dans les grandes villes, en particulier à Nuuk, et dans les classes sociales plus élevées, les danophones constituent encore un grand groupe. Tandis qu'une stratégie vise à promouvoir le groenlandais dans la vie publique et dans l'éducation, en développant son vocabulaire et sa pertinence pour tous les contextes complexes, cette approche est étiquetée de « groenlandisation » par ses opposants qui ne souhaitent pas que le groenlandais devienne l'unique langue nationale.
130
+
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+ L'anglais est une langue importante pour le Groenland, enseignée dans les écoles dès la première année scolaire[87].
132
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+ Le système d'éducation est calqué sur le système danois. L'école publique du Groenland est, comme au Danemark, sous la juridiction des municipalités : ce sont donc des écoles municipales. L'assemblée législative précise les normes autorisées pour les contenus dans les écoles, mais les administrations municipales décident des modalités du fonctionnement des écoles placées sous leur responsabilité. L'éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de sept à seize ans. L'effort financier consacré à l'éducation est aujourd'hui très important (11,3 % du PIB). L'article 1 de l'Ordonnance du gouvernement relative aux écoles publiques (modifiée au 6 juin 1997) impose le groenlandais comme langue d'enseignement. L'éducation est régie par le règlement no 10, du 25 octobre 1990, concernant l'enseignement primaire et secondaire du premier cycle. Ce règlement a été modifié par le règlement no 8 du 13 mai 1993 et le règlement no 1 du 1er mars 1994. En vertu du règlement no 10 du 25 octobre 1990, l'intégration linguistique dans les écoles primaires et secondaires du premier cycle est devenue obligatoire pour tous les élèves. L'objectif est de placer les élèves de langue groenlandaise et ceux de langue danoise dans les mêmes classes, alors que, auparavant, ils étaient répartis dans des classes séparées en fonction de leur langue maternelle. En même temps, le gouvernement garantit aux danophones de pouvoir apprendre le groenlandais. Le gouvernement groenlandais désire ainsi donner la même formation linguistique, culturelle et sociale à tous les élèves, tant ceux d'origine groenlandaise que danoise. Une étude, qui a été réalisée au cours d'une période d'essai de trois ans, est arrivée à la conclusion que cette politique avait obtenu des résultats positifs. C'est cette politique de bilinguisme qui est en vigueur depuis 1994.
134
+
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+ Une centaine d'établissements scolaires ont été créés. Le groenlandais et le danois y sont enseignés. Normalement, le groenlandais est enseigné de la maternelle à la fin du secondaire, mais le danois est obligatoire dès le premier cycle du primaire comme langue seconde. Comme au Danemark avec le danois, le système scolaire prévoit des cours de « Groenlandais 1 » et des cours de « Groenlandais 2 ». Des tests linguistiques autorisent les élèves à passer d'un niveau à l'autre. Selon l'évaluation des enseignants à l'égard de leurs élèves, un troisième niveau de cours a été ajouté : le « Groenlandais 3 ». Au Groenland, l'enseignement secondaire correspond généralement à une formation professionnelle et un enseignement technique. Le système est régi par le règlement no 16 du 28 octobre 1993 relatif à la formation professionnelle et l'enseignement technique, les bourses d'études et l'orientation professionnelle. Le danois reste la principale langue d'enseignement. La capitale, Nuuk, abrite un collège (bilingue) de formation des maitres et une université (bilingue). À la fin de leurs études, tous les étudiants doivent passer avec succès un test en langue groenlandaise.
136
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+ Un enseignement supérieur est offert au Groenland : « formation universitaire » (règlement no 3 du 9 mai 1989) ; formation des journalistes, la formation des enseignants de l'école primaire et secondaire du premier cycle, la formation des travailleurs sociaux, la formation des éducateurs sociaux (règlement no 1 du 16 mai 1989) ; et formation d'aides-soignants et d'infirmiers (règlement no 9 du 13 mai 1990). Les élèves groenlandais peuvent poursuivre leur scolarité au Danemark, s'ils le désirent et en ont les moyens financiers. Pour être admis dans les établissements d'enseignement danois, les candidats groenlandais sont placés sur un pied d'égalité avec les candidats danois. Des bourses d'études sont accordées aux élèves groenlandais admis dans les établissements d'enseignement du Danemark. Pour avoir droit à ces bourses, le candidat ou la candidate doit avoir la citoyenneté danoise et avoir une résidence permanente au Groenland depuis au moins cinq ans. La durée totale des séjours effectués hors du Groenland ne peut pas être supérieure à trois années.
138
+
139
+ Kalaallit Nunaata Radioa (KNR) est l'entreprise de radiotélévision publique du Groenland. Elle est membre-associée de l'Eurovision et membre-associée du réseau Nordvision. Près d'une centaine de personnes sont directement employées par cette entreprise qui compte parmi les plus importantes du territoire[88]. La ville de Nuuk dispose également d'une chaîne de télévision locale, Nanoq Media, créée le 1er août 2002. Il s'agit de la plus grande station de télévision locale au Groenland, pouvant toucher plus de 4 000 ménages en tant que membres réceptionnaires, ce qui correspond à environ 75 % de tous les ménages dans la capitale[89].
140
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+ Aujourd'hui seuls deux journaux sont publiés au Groenland, tous deux sont distribués nationalement. L'hebdomadaire groenlandophone Sermitsiaq est publié tous les vendredis, tandis que la version en ligne est mise à jour plusieurs fois dans la journée. Il était distribué uniquement à Nuuk jusque vers les années 1980. Son nom vient de la montagne Sermitsiaq, située à environ 15 kilomètres au nord-est de Nuuk. Le bihebdomadaire Atuagagdliutit/Grønlandsposten (AG) est l'autre journal du Groenland, publié tous les mardis et tous les jeudis en groenlandais sous le nom de Atuagagdliutit et en danois sous le nom du Grønlandsposten. Les articles sont tous publiés dans les deux langues.
142
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+ Le sport est une partie importante de la culture groenlandaise, la population étant généralement assez active[90]. Les principaux sports traditionnels au Groenland sont les sports de l'Arctique, une forme de lutte probablement originaire de l'époque médiévale.
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+ Les sports les plus populaires sont le football, l'athlétisme, le handball et le ski. Le handball est souvent désigné comme le sport national[91], et l'équipe du Groenland masculine de handball a été classée parmi les 20 premières dans le monde en 2001. Les Groenlandaises excellent au football par rapport aux autres danoises.
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+
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+ Le Groenland présente d'excellentes conditions pour le ski, la pêche, le snowboard, l'escalade glaciaire et l'escalade, mais l'alpinisme et la randonnée sont préférés par le public en général. Bien que l'environnement du pays soit généralement mal adapté pour le golf, il existe néanmoins des terrains de golf sur l'île. Le Groenland accueille le plus grand multisports d'une biennale internationale du monde et événement culturel pour les jeunes de l'Arctique pour la deuxième fois en 2016[92].
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+ Le football est le sport national du Groenland. L'organe directeur, la Fédération du Groenland de football (Kalaallit Nunaanni Arsaattartut Kattuffiat), n'est pas encore membre de la FIFA en raison de désaccords en cours avec Sepp Blatter. Cependant, il est le 17e membre de la NF-Board.
150
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+ La plus ancienne association sportive au Groenland est la Fédération de ski du Groenland, fondée en 1969. Ce qui est arrivé quand le Président de la commutation GIF Daniel a obtenu réformé connecté et pris l'initiative de fédérations trouvés.[Quoi ?] La fédération de ski du Groenland est plus tard divisée en ski alpin et le ski de comité de sélection. La fédération n'est pas membre de la Fédération internationale de ski (FIS), mais les skieurs groenlandais ont participé aux Jeux olympiques et aux championnats du monde sous le drapeau danois en 1968, 1994, 1998 et en 2014[93].
152
+
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+ En janvier 2007, le Groenland a pris part au championnat du monde masculin de handball en Allemagne, terminant 22e sur un total de 24 équipes nationales.
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+ Le Groenland participe à la biennale des Jeux des îles, ainsi qu'à la biennale des Jeux d'hiver de l'Arctique. En 2002, Nuuk a accueilli les Jeux d'hiver de l'Arctique en liaison avec Iqaluit, au Nunavut[94]. De plus en 2002 et auparavant en 1994, ils ont remporté le trophée Hodgson (en) pour l'esprit sportif[95].
156
+
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+ La pêche représente 95 % des exportations. Il existe un accord de partenariat en matière de pêche entre la Communauté européenne, d’une part, et le gouvernement du Danemark et le gouvernement local du Groenland. Le Groenland présente un fort potentiel minier et pétrolier. Ses eaux côtières recèleraient des réserves de pétrole équivalentes à la moitié de celles de la mer du Nord. Le réchauffement climatique va faciliter l'accès à ces ressources. L'US Geological Survey estime les réserves pétrolières à la moitié de celle de l'Arabie saoudite[96]. Cela représenterait environ 10 % des réserves mondiales connues. Les réserves de gaz sont importantes, mais elles n'ont pas été évaluées précisément. Le groupe américain Alcoa envisage l'implantation d'une grande usine d'aluminium sur la côte ouest (Maniitsoq)[97]. Elle pourrait occuper 5 000 personnes à la construction[98], et créer environ 700 emplois. L'investissement prévu est de l'ordre de trois milliards d'euros[99]. La date prévue de mise en service était 2014. Ce projet suscite d'ores et déjà un conflit avec le Danemark. Le gouvernement groenlandais souhaite que les droits d'émission de gaz à effet de serre soient ceux d'un pays en voie de développement. Actuellement, ce sont les règles danoises qui s'appliquent. Elles impliquent une pénalisation de la production de gaz à effet de serre[100].
158
+
159
+ À la pointe sud de l'île, dans le sous-sol du plateau surplombant la ville de Narsaq, la compagnie australienne Greenland Minerals and Energy Ltd a découvert ce qui pourrait être le plus grand gisement mondial de métaux rares (Kvanefjeld). L'exploitation des richesses du sous-sol est une perspective à double tranchant : elle ouvre la possibilité de s'affranchir de la tutelle danoise, mais, ce faisant, menace l'environnement et les traditions[101].
160
+
161
+ La lecture des œuvres de Jørn Riel, un Danois qui a vécu lui-même au Groenland pendant de nombreuses années, offre une excellente représentation des modes de vie des Groenlandais et des Inuits. Une grande partie de la population, surtout urbaine, parle ou comprend l'anglais, qui est la seule langue étrangère enseignée et parlée, avec le danois, qui était langue officielle[1]. En première ou seconde langue, vu le statut international de l'anglais, au niveau du tourisme, de la proximité avec le Canada ou les États-Unis, les échanges avec les autres Inuits qui vivent au Canada, le nombre de locuteurs anglophones dépasse sans doute les locuteurs danophones. L'anglais est enseigné dès l'école primaire.
162
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+ La littérature groenlandaise écrite commence dès la fin du XIXe siècle, alors que le taux d'alphabétisation atteint presque 100 %. Au début du XXe siècle, les premiers romans (Le rêve groenlandais de Mathias Storch (da) et Trois cents ans après d'Augo Lynge (en)) sont des utopies sociales dont l'action se situe dans le futur. Aujourd'hui, le poète Aqqaluk Lynge (en) (Des veines du cœur au sommet de la pensée) et les romanciers Kelly Berthelsen (sv) (Je ferme les yeux pour couvrir l'obscurité) et Niviaq Korneliussen (HOMO sapienne) témoignent plutôt de la révolte politique et du désarroi des Groenlandais face aux difficultés sociales et à l'incertitude de leur identité. La plupart des œuvres groenlandaises sont traduites en danois, mais peu le sont dans d'autres langues. Depuis quelques années, certains auteurs ont été publiés en français, tels Aqqaluk Lynge, Augo Lynge, Mathias Storch et Kelly Berthelsen.
164
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+ Thulé est la ville la plus anglophone du Groenland, car une base militaire américaine est située juste à côté de la ville. Généralement, les personnalités politiques et les élites maitrisent parfaitement l'anglais.
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+ Le Groenland a pour codes :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Le côlon est le segment du gros intestin situé entre le cæcum et le rectum chez les mammifères. Il se dispose en cadre dans la cavité abdominale. Chez l'humain, il mesure environ 1,5 m de long pour 4 cm de diamètre, soit un volume d'environ 1,8 litres.
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+ Le côlon se divise en plusieurs segments :
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+ La notion de côlon droit ne désigne pas le côlon qui est situé à droite, mais le côlon qui est situé avant l'angle splénique, c'est-à-dire le côlon ascendant + le côlon transverse, car ces deux structures dérivent de la même structure embryonnaire : l'intestin moyen.
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+ Bien qu'il existe d'importantes différences entre les côlons de différents organismes, son rôle est principalement de stocker les déchets, de récupérer l'eau, de maintenir l'équilibre hydrique et d'absorber certaines vitamines, telles que la vitamine K.
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+ Avant que le chyme n'atteigne le côlon, presque tous les nutriments et environ 90 % de l'eau auront déjà été absorbés par l'organisme. À ce niveau, certains électrolytes comme le sodium, le magnésium et le chlore, ainsi que les fibres alimentaires restent en place. Alors que le chyme continue son parcours dans le côlon, la majeure partie de l'eau résiduelle est absorbée, puis le chyme se mélange avec le mucus et les bactéries que l'on appelle flore intestinale ou microbiote, et devient alors la matière fécale. Les bactéries cassent certaines fibres pour se nourrir, produisant ainsi de l'acétate, du propionate et du butyrate comme déchets, qui sont à leur tour utilisés comme nutriments par les cellules du côlon. C'est un exemple de relation symbiotique qui fournit une centaine de calories par jour à l'organisme.
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15
+ Au niveau du côlon, le pH varie entre les limites normales de 4,5 et 7,5 chez l'adulte.
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+ C'est dans le côlon que l'absorption de l'eau et des électrolytes est sous le contrôle nerveux et hormonal. Le système nerveux contrôle les sécrétions tout le long de la digestion. Le système endocrinien, quant à lui, intervient dans la production d'une hormone, l'aldostérone, qui favorise l'élimination du potassium et l'absorption du sodium.
17
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18
+ Le côlon peut être le siège de nombreuses maladies :
19
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20
+ L'opération chirurgicale qui consiste en l'ablation de cet organe est appelée « colectomie ». Elle peut concerner tout le côlon (colectomie totale), le côlon droit (hémicolectomie droite), le côlon gauche (hémicolectomie gauche), ou un segment du côlon (colectomie segmentaire). Elle peut se conclure par un anus artificiel ou colostomie, ou par une anastomose (raccordement) entre iléon et côlon ou côlon et rectum.
21
+
22
+ La coloscopie ou colonoscopie est l'examen visuel du côlon par l'intermédiaire d'une sonde.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Acinonyx jubatus
2
+
3
+ Espèce
4
+
5
+ Répartition géographique
6
+
7
+ Statut CITES
8
+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU A2acd; C1 : Vulnérable
12
+
13
+
14
+
15
+ Le guépard (Acinonyx jubatus) est un grand mammifère carnassier de la famille des félidés vivant en Afrique et en Asie de l'Ouest. Le guépard a une allure svelte et fine, avec de longues pattes élancées (aux griffes semi-rétractiles ou non-rétractiles selon les sources), et une face au museau court marquée par deux traces noires partant des yeux. Son pelage est entièrement tacheté de noir sur un fond fauve à beige très clair ; les petits sont pourvus d'une courte crinière qui disparaît à l'âge adulte. Il est considéré comme l'animal terrestre le plus rapide au monde, sa vitesse à la course pouvant atteindre 112 km/h.
16
+
17
+ Classé vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le guépard fait actuellement l'objet de diverses tentatives de protection, incluant des procédés de clonage. L'espèce est divisée en cinq sous-espèces présentant des différences mineures de morphologie ou de comportement. Parmi celles-ci, le guépard asiatique et le guépard du Sahara sont classées en danger critique d'extinction. La population de guépards est passée de 100 000 individus au début du XXe siècle à 7 100 en 2019[1],
18
+
19
+ Le corps, musclé, est très aérodynamique et ressemble à celui d'un lévrier : svelte, presque maigre, avec de longues pattes fines. Sa poitrine est profonde et sa taille étroite. Les os sont légers et la colonne vertébrale, extrêmement flexible, lui permet de projeter ses membres postérieurs très loin et, ainsi, de courir très vite[réf. nécessaire].
20
+
21
+ Sa queue agit comme un balancier et un gouvernail lorsqu'il prend des virages brusques en poursuivant sa proie[2]. Les griffes du guépard ne sont pas totalement rétractiles[3] ni crochues, contrairement à celles des autres félins (d'où le nom latin du genre « acinonyx », cf. infra). Cette particularité lui permet d'avoir une très bonne adhérence au sol pour courir très vite, mais a aussi pour effet qu'elles s'usent rapidement, ce qui l'empêche de grimper aux arbres pour y cacher ses proies par exemple, ou de s'en servir pour se battre. Seuls les petits peuvent grimper aux arbres, et ils n'y semblent pas très habiles[réf. nécessaire].
22
+
23
+ Un gros cœur et des poumons développés favorisent les échanges gazeux. Le guépard a de larges fosses nasales, lui assurant une bonne oxygénation pendant sa course.
24
+
25
+ Il a une petite tête et un museau court, des yeux haut placés et bien déterminés, soulignés par une ligne noire ressemblant à une larme qui chemine du canthus interne des paupières jusqu'à la commissure des lèvres, et qui permet de différencier à coup sûr le guépard des autres grands félins tachetés, tel que le léopard. Ces traînées amélioreraient sa vision en minimisant les reflets de la lumière du soleil[4].
26
+
27
+ Les oreilles sont petites et rondes. Comparativement aux autres grands félins, son crâne est de plus petite dimension, et la structure de sa mâchoire supérieure permet un bon passage de l'air, grâce aux canines peu développées, mais réduit la puissance de la morsure. Le faible développement de ses crocs et de leurs racines favorise les voies respiratoires : c'est un atout indéniable pour la course, mais un handicap pour le combat[2].
28
+
29
+ Le guépard fait preuve d'un léger dimorphisme sexuel, les mâles étant plus grands que les femelles. Les guépards adultes mesurent de 66 à 81 cm au garrot pour les femelles contre 79 à 94 cm de hauteur au garrot[5] pour les mâles, et de 1,10 à 1,30 m de longueur pour les femelles contre 1,30 à 1,50 m de long[5] pour les mâles auxquels s'ajoutent 65 à 85 cm de queue[5]. Les animaux adultes pèsent de 21 à 42 kg pour les femelles contre 36 à 72 kg pour les mâles avec une moyenne pour les mâles de 48 kg et de 38 kg pour les femelles[6].
30
+
31
+ La couleur de base des parties supérieures d'un adulte s'étend du fauve au beige pâle ou au blanc grisâtre, les parties inférieures de la robe étant plus pâles, souvent blanches. La fourrure est parsemée de taches noires, rondes ou ovales, mesurant de deux à quatre centimètres de diamètre. Seul le blanc de la gorge et de l'abdomen est exempt de taches. La fourrure est épaisse avec des poils légèrement plus longs sur la nuque qu'ailleurs. Le dernier tiers de la queue est couronné de quatre à six anneaux noirs et possède à son extrémité une épaisse touffe blanche. Les anneaux de la queue sont caractéristiques de chaque guépard et permettent une identification individuelle[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Le guépard royal (Acinonyx jubatus f. rex) est parfois considéré comme une sous-espèce, mais il s'agit d'une simple forme qui résulterait d'une mutation récessive. En effet, il peut apparaître dans une portée de guépards normaux[7].
34
+
35
+ Il se rencontre dans les zones les plus boisées d'un petit secteur de l’Afrique du Sud et au Zimbabwe.
36
+
37
+ Son aspect est différent de celui des autres guépards : ses taches sont nettement plus grandes et forment des lignes par endroits, avec une bande noire sur le dos se prolongeant de la tête à la queue. Ce pelage, marbré plutôt que moucheté, semble lui assurer un excellent camouflage dans le miombo[8] du Botswana et du Zimbabwe.
38
+
39
+ Le guépard parcourt quelque sept ou huit mètres en une seule foulée et accomplit quatre foulées à la seconde. Cela en fait un des mammifères quadrupèdes les plus rapides. Un sprint l'amène à 70 km/h en deux secondes[9] puis 90 km/h une seconde plus tard[10]. Une étude publiée en 2013 dans la revue Nature portant sur l'analyse statistique de 367 courses de chasse réalisées par cinq guépards en liberté dans la nature, munis de colliers d'enregistrement couplés à des GPS, a montré que si une vitesse maximum unique de 93 km/h a pu être enregistrée, la moyenne des courses des animaux se situe à 49,89 km/h et que très peu d'entre elles dépassent les 72 km/h[11]. En revanche, les données ont montré des accélérations et décélérations latérales les plus importantes jamais enregistrées pour un animal terrestre démontrant que le succès de la chasse pour le guépard repose plus sur la puissance musculaire, son adhérence au sol et la manœuvrabilité de son corps que sur sa vitesse linéaire maximale[11].
40
+
41
+ Par ailleurs, un guépard en captivité a atteint la vitesse record de 112 km/h[10], mais on estime cependant qu'il ne peut maintenir sa vitesse que sur 300 à 400 mètres[9]. Sur une distance plus longue, il serait largement dépassé par une antilope. En 2009, Sarah, un guépard femelle du zoo de Cincinnati a parcouru le 100 mètres en six secondes et 13 centièmes[12], soit une vitesse moyenne de presque 60 km/h. Le 20 juin 2012, Sarah a battu son propre record du monde du 100 mètres, en 5,95 secondes[13], terminant à plus de 98 km/h.
42
+
43
+ Lorsque le guépard arrive suffisamment près de sa proie, il lui arrive souvent de lui faire un simple croc-en-jambe et, ainsi, de la déséquilibrer afin qu'elle fasse une chute fatale du fait de la vitesse[14].
44
+
45
+ Les pattes des guépards sont moins arrondies et plus solides que celles de la plupart des félins ; cela les aide à prendre des virages serrés. Les griffes, non-rétractiles[15],[16],[17] ou semi-rétractiles[3],[18], fournissent traction et adhérence lors d'une course et contribuent ainsi à maintenir les accélérations. Enfin, sa petite tête est plus aérodynamique[19].
46
+
47
+ Selon Marco Polo, il y a 700 ans, Kubilai Khan possédait, dans sa résidence d'été dans l'Himalaya, 1 000 guépards dressés pour la chasse[20]. Akbar en aurait à lui seul, durant son règne, fait domestiquer 9 000[21].
48
+
49
+ L'utilisation de ce félin, le plus rapide du monde, comme auxiliaire des chasses royales, daterait au moins des Sumériens (il y a environ 5 000 ans) et des pharaons égyptiens, mais, des rois de France, des princes indiens et des empereurs autrichiens en ont également possédé.
50
+
51
+ La chasse que les hommes ont faite aux guépards est peut-être une des raisons de leur actuelle variabilité génétique anormalement basse[20] et d'une incidence élevée de semence anormale.
52
+
53
+ Selon certains chercheurs, ils auraient été victimes de la dernière ère glaciaire, celle-ci ayant éliminé la majorité des individus il y a environ 10 000 ans. On pense dans ces deux cas qu'ils ont subi une période prolongée de consanguinité. D'après certains biologistes, les guépards ont même atteint un degré de consanguinité trop élevé pour prospérer. Alors que des milliers d'animaux ont été capturés et élevés en captivité, il n'y a eu jusqu'en 1956 aucun cas connu de reproduction de guépard en captivité[20]. Depuis 1970, malgré les techniques de reproduction assistée, seuls 10 à 15 % des couples captifs mettent bas, et le taux de mortalité est élevé (29,1 %)[20].
54
+
55
+ En Europe, les guépards ont maintenant disparu à l'état sauvage : il n'en reste que quelques dizaines d'individus en Afrique du Nord (guépard du Sahara) et en Asie (Iran). On ne les trouve à l'état sauvage en Afrique australe et orientale que dans des territoires de plus en plus écologiquement fragmentés[20].
56
+
57
+ Le guépard est le seul représentant actuel du genre Acinonyx, mais, avant la fin du Pléistocène supérieur, ce genre comprenait plusieurs espèces dont la plus connue est Acinonyx pardinensis, ou le guépard géant d'Eurasie[22].
58
+
59
+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Avec l'étude de phylogénie moléculaire, on sait que la famille des félidés a pour dernier ancêtre commun un félin préhistorique apparu il y a environ 20 millions d'années, Pseudaelurus. La première lignée de félins à diverger est celle des Panthérinés, il y a environ 10,8 millions d'années[23]. Le guépard résulte d'une divergence bien plus récente, il y a environ 6,7 millions d'années, de la lignée du Puma[23], qui est en effet le félin actuel le plus proche du guépard. À la suite de l'apparition de la lignée du Puma, celle-ci divergea pour donner d'un côté le genre Puma et d'un autre le genre Acinonyx[23]. Le genre Acinonyx est apparu durant le Pliocène : on retrouve des fossiles du guépard en Afrique du Sud qui datent de la fin de cette période. L'apparition du guépard semble donc dater d'il y a trois millions d'années[22].
60
+
61
+ Cinq sous-espèces de guépards sont distinguées[24] :
62
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63
+ La forme Acinonyx jubatus f. rex, le guépard royal semble par certains anciens auteurs considéré à tort comme une sous-espèce supplémentaire. Si certains secteurs géographiques présentent plus d'individus de ladite forme, comme au Zimbabwe, celle-ci peut aussi apparaître « spontanément » dans une portée par le jeu de la génétique[25].
64
+
65
+ La première observation attestée du guépard saharien en Algérie a eu lieu en 1884[26]. Cependant le guépard n'a pas été signalé depuis 2011. En mai 2020, le guépard saharien a été photographié par un groupe de chercheurs du PPCA dans le parc culturel de l'Ahaggar grâce à des pièges photographiques[26].
66
+
67
+ Acinonyx jubatus subsp. hecki a été découvert par Hilzeimer en 1913. Exceptionnellement pâle, on le trouve exclusivement dans le désert du Sahara. Il a des taches mais plus espacées que celles des guépards des savanes. C'est une sous-espèce, appelée communément « guépard du Sahara ». Elle a été photographiée pour la première fois en 2002, au Niger[27].
68
+
69
+ Acinonyx jubatus subsp. venaticus a été découvert par Edward Griffith en 1821. Le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) est maintenant également connu sous le nom le « guépard iranien », les derniers spécimens du monde sont connus pour vivre principalement en Iran. Bien que récemment présumée éteinte en Inde, cette sous-espèce est aussi connue sous le nom « guépard Indien ».[réf. nécessaire]
70
+
71
+ Le guépard asiatique est rare et gravement menacé d'extinction et cette sous-espèce du guépard n'est rencontrée aujourd'hui qu'en Iran, avec quelques observations occasionnelles dans le Balouchistan au Pakistan. Il vit dans un vaste désert central en fragmentations de morceaux d'habitats favorables restants. Il ne resterait plus que 70 à 100 guépards asiatique dans le monde. Le guépard asiatique, le Lynx d'Eurasie et la Panthère de Perse sont les seules espèces subsistant de gros félins en Iran aujourd'hui.[réf. nécessaire]
72
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73
+ La population de cette sous-espèce a divergé des variétés africaines il y a 30 000 ans.[réf. nécessaire]
74
+
75
+ Le guépard d'Asie ou guépard d'Iran a la fourrure bien plus claire que son cousin d'Afrique. Il présente par ailleurs une crinière plus visible au niveau de la nuque. Seule une soixantaine de guépards d'Asie survivrait en Iran, en bordure du désert de Kavir[2] dont une moitié d'immatures. La survie de cette sous-espèce placée sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) est menacée[réf. nécessaire].
76
+
77
+ Dans la nature, un guépard vit en moyenne durant treize ans. En captivité, il peut vivre pendant vingt-et-un ans voire davantage.[réf. nécessaire]
78
+
79
+ Les vocalisations du guépard peuvent parfois s'apparenter à un cri d'oiseau, mais aussi au miaulement d'un chat. Lorsque le guépard manifeste sa colère, il feule. Le guépard ne peut pas rugir, car il a une ossification complète de l'os hyoïde comme les animaux du genre Felis. Les félins du genre Panthera à l'inverse possèdent une ossification incomplète de l'os hyoïde ce qui leur permet de rugir[28].
80
+
81
+ Les femelles (parfois appelées guépardes[29]) mettent bas de trois à cinq petits (guépardeaux[30]) et même parfois jusqu'à huit. Mais cela est très rare, et souvent uniquement trois ou quatre petits arrivent à survivre. La période de gestation dure de 90 à 95 jours[5]. Les petits pèsent de 300 à 500 grammes à la naissance, mesurent environ 30 cm et sont aveugles[5].
82
+
83
+ Les femelles adultes sans petits vivent souvent seules[2]. Les mâles forment parfois de petits groupes, surtout lorsqu'ils sont issus de la même portée.
84
+
85
+ Les femelles sont polyœstrales (en), avec un cycle menstruel moyen de 12 jours. La période de fertilité s'étale sur une à trois journées. La reproduction a lieu pendant toute l'année. Un pic des naissances a toutefois été constaté de mars à juin[réf. nécessaire].
86
+
87
+ Les jeunes guépards possèdent un manteau de poils ressemblant à une crinière le long de leur dos. On suppose que ce manteau permet un meilleur camouflage des petits dans l'herbe. Ce pelage, qui les fait ressembler à un ratel, un féroce blaireau, serait une manière d'éloigner les prédateurs[2],[6]. Le manteau commence à disparaître à trois mois, mais peut encore être vu à l'âge de deux ans. Pendant leurs toutes premières semaines de vie, les petits sont déplacés presque tous les jours par leur mère pour éviter les prédateurs[réf. nécessaire].
88
+
89
+ Le taux de mortalité infantile est très élevé. Durant les premières semaines après la naissance, jusqu'à 70 % des jeunes sont tués par d'autres prédateurs[31]. Les petits commencent à suivre leur mère à l'âge de 6 semaines. Ils sont sevrés à trois ou six mois. Ils restent en général avec leur mère pendant 13 à 20 mois[5], période pendant laquelle elle leur apprend à chasser. Les membres d'une fratrie peuvent parfois demeurer plusieurs mois ensemble[2].
90
+
91
+ La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 15 mois[5].
92
+
93
+ Aucun cas avéré d'infanticide par des guépards mâles n'a été rapporté[31].
94
+
95
+ Son régime alimentaire est carnivore, essentiellement constitué de mammifères de moins de 50 kg, dont plusieurs variétés d'antilopes, tels des gazelles, springboks, Péléas, impalas, petits koudous, cobes, jeunes des gnous et des topis, steenboks, ourébis, mais aussi jeunes des phacochères et des autruches, lièvres, lapins, et parfois des pintades[réf. nécessaire].
96
+
97
+ En Afrique de l'Est, les petites gazelles de Thomson et leurs faons constituent 80 % de son alimentation. Ce taux est élevé en comparaison des autres espèces de gazelles qui vivent dans la même région. En effet, la gazelle de Thomson est plus abondante dans cette région.[réf. nécessaire]
98
+
99
+ En Inde, il chasse la gazella bennettii, l'antilope cervicapre et le cerf axis.
100
+
101
+ La technique de chasse du guépard se distingue de la chasse à l'affût adoptée par la plupart des grands félins : pour attraper sa proie, il s'approche du troupeau après avoir scruté le terrain depuis une branche d'arbre, le sommet d'une termitière ou même depuis les toits des voitures. Une fois qu’il a repéré un animal qui s’est éloigné de son groupe, le guépard s'en approche patiemment à moins de 50 mètres. Il accélère alors subitement, durant quelques dizaines de secondes jusqu'à atteindre son exceptionnelle vitesse, qui lui permet d'attraper des animaux rapides.[réf. nécessaire]
102
+
103
+ Le guépard chasse surtout pendant le jour (dans le début de la matinée et dans la fin de l'après-midi), lorsque les autres prédateurs dorment, probablement parce qu’il se laisse facilement intimider par tous ceux qui veulent lui voler sa proie ; même les vautours peuvent forcer un guépard à abandonner une carcasse. C’est pourquoi le guépard tire sa proie à l’abri pour pouvoir la dévorer en paix. Lorsqu’il est repu, il abandonne les restes aux charognards. Les guépards des montagnes du Sahara constituent une exception puisque ce sont des chasseurs nocturnes.[réf. nécessaire]
104
+
105
+ Lorsque le guépard arrive suffisamment près de sa proie, il se sert de sa patte, pourvue de grosses griffes solides. Il lui fait ainsi un croc-en-jambe et la déséquilibre afin qu'elle tombe. La vitesse lors du choc suffit souvent à tuer les gazelles, sinon le guépard s'empresse de la plaquer au sol et enserre la gorge de la victime. Il exécute ses proies par strangulation. Une fois sa victime achevée, le guépard doit toutefois attendre pour manger. Il est épuisé par l'effort qu'il a fourni. Pendant la course, son corps s'est dangereusement échauffé, sa température corporelle monte alors jusqu’à 41 °C[32]. Par ailleurs, il est essoufflé. Il se repose donc pendant de longues minutes, toujours aux aguets, avant de pouvoir enfin dévorer sa proie. Cette explication est contestée par une étude récente[33].
106
+
107
+ Le guépard est un chasseur efficace, bien que son taux de réussite varie fortement selon le type de proie, l'expérience et le sexe du chasseur. La chasse aux faons de gazelles est couronnée de succès dans 76 à 100 % des cas selon les études, tandis que sur les sujets adultes le taux de réussite descend de 37 à 53,5 %. Une fratrie de jeunes guépards tue dans 75 % des poursuites lorsque les membres chassent ensemble, tandis qu'individuellement, ce taux tombe à 15 %. L'association de mâles adultes n'est cependant pas plus efficace lorsque la chasse est réalisée seul, en paire ou en trio ; les félins tendent juste à chasser de plus grosses proies[34]. En comparaison, le taux de réussite du lion varie de 15 à 52 %[35].
108
+
109
+ À la fois patient et véloce, il a mérité son nom arabe « targui ». Après sa course, épuisé, le guépard est à la merci des prédateurs plus puissants que lui, tels que le lion ou la hyène qui n'hésitent pas à voler la nourriture des autres. Mais le guépard est meilleur pour la course que pour les combats. Il est bien trop léger et trop fragile pour se battre ainsi. Risquer une blessure l'empêcherait de chasser et le condamnerait à mourir de faim… Aussi, lorsqu'un carnivore plus fort que lui veut lui voler sa proie, le guépard n'a guère d'autre choix que de fuir.[réf. nécessaire]
110
+
111
+ Le guépard peut être victime de la prédation des lions, des hyènes et parfois des léopards. En effet, les jeunes guépards sont souvent la proie de ces derniers, limitant ainsi le développement de l’espèce.
112
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113
+ La compétition interspécifique entre le Lycaon (Lycaon pictus) et le guépard est forte en raison du fort recouvrement entre leurs régimes alimentaires et leurs activités[36]. Malgré l'avantage du nombre, les meutes de Lycaons ont tendance à éviter les interactions avec le guépard[36]. Deux cas rares de cleptoparasitisme de meutes de lycaons aux dépens de guépards ont été rapportés[36]. Ces deux espèces volant rarement les proies des autres prédateurs, il s'agit plus probablement d'un comportement opportuniste[36].
114
+
115
+ Il existe plusieurs populations isolées de guépard, en Afrique comme dans la dépression de Qattara en Égypte, et en Asie du Sud-Ouest. Environ 50 individus vivent en Iran, dans le Khorassan, où ils sont l'objet d'une campagne de préservation[37]. La présence du guépard asiatique a été plusieurs fois signalée au Pakistan dans le Baloutchistan, sans que cela n'ait pu être confirmé[38].
116
+
117
+ Les guépards sont inscrits sur la liste UICN comme espèce vulnérable (sous-espèce africaine menacée, sous-espèce asiatique en situation critique) ainsi que sur celle de l'US ESA comme espèce menacée au titre de l'appendice I de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species). Statut mondial : Catégorie 3 (A), statut régional : Catégorie 1 (A).[Quoi ?][réf. nécessaire]
118
+
119
+ Les estimations de sa population varient de 10 000 à 15 000 en Afrique[2]. En Asie, il n'en resterait environ que soixante à l'état sauvage[2]. L'effectif restant est rarement observable et, de fait, rarement observé.
120
+
121
+ Au cours du XXe siècle, l'aire de distribution des guépards a connu une spectaculaire régression. En Asie, on ne les trouve plus qu'en Iran ; ils ont disparu de l'Inde en 1947, au cours de la seconde moitié du XXe siècle de Syrie, d'Irak (1950), d'Israël (1956), de Jordanie (années 1960), de l'Arabie, du Pakistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan dans les années 1970. Ils sont probablement éteints aussi en Afghanistan. Ils ont déserté l'Afrique du Nord, sont devenus très rares dans l'ouest de l'Afrique mais subsistent au Sahara (confirmé en 2009). Les principales populations habitent désormais la Namibie, le Botswana, le Kenya et la Tanzanie.[réf. nécessaire]
122
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123
+ Depuis la fin du XIXe siècle, la population des guépards ne cessent de baisser, en effet en 1900, on comptait 100 000 guépards qui vivaient à travers l’Afrique et l’Asie. Aujourd’hui, il n'en resterait que 10 000. 9/10e de la population a donc disparu en 100 ans. L’homme a chassé le guépard pendant plus d’un siècle, sa fourrure étant très prisé pour fabriquer des manteaux, écharpe etc. Sa fourrure est aussi utilisée pour fabriquer des tapis de prière. De plus, les os et les dents du guépard sont utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise. En effet les dents du guépard sont utilisées en Chine pour soigner les maux de tête et d’estomac.
124
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+ Sa chasse est interdite dans tous les pays d’Afrique depuis la fin des années 1990. Cependant, le braconnage est encore aujourd’hui très actif.
126
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+ Dans certains pays (Tanzanie notamment), il existe des quotas permettant de chasser un certain nombre de guépards durant l’année (une vingtaine par an).
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129
+ De plus, les guépards ont longtemps été capturés par les nobles de l’Occident et l’Orient pour en faire des bêtes de chasse. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir dans les fresques des anciens temples égyptiens, des guépards apprivoisés à côté du Pharaon ; le guépard était en effet à l’époque symbole de noblesse.
130
+
131
+ Il est aussi important de signaler que les zones agricoles en Afrique ne cessent d’augmenter, au détriment de nombreuses espèces sauvages, dont le guépard qui a vu disparaitre ses niches écologiques. De plus, le guépard est considéré comme une nuisance selon les fermiers africains. En effet, les guépards chassent les troupeaux de chèvres et de bœufs des fermiers. Avec la disparition de l’habitat du guépard, le nombre d’attaques ne cesse d’augmenter. Les fermiers n’hésitent donc pas à installer des pièges comme des appâts empoisonnés pour tuer les guépards qui rôdent autour des troupeaux. En Namibie, les fermiers comptent annuellement des pertes de 10 à 15 % de leurs moutons et leurs chèvres et 3 à 5 % de leurs veaux de bétail[39].
132
+
133
+ Enfin, bien que les réserves protégées ne cessent d’augmenter en Afrique, seuls 10 % des guépards restants s'y trouvent (les guépards évitant les territoires des autres grands prédateurs tels que le lion et le léopard, lesquels se trouvent généralement dans les réserves). Les guépards à l'extérieur des réserves ne sont donc pas protégés par des lois empêchant la chasse.
134
+
135
+ Le nombre de prédateurs en Afrique est incroyablement élevé. En effet, parmi les grands prédateurs principaux, il y a : le lion, la hyène, la panthère, le guépard, etc.
136
+
137
+ De nombreux observateurs ont remarqué la vulnérabilité du guépard dans la compétition avec les autres grands carnivores et c’est actuellement le centre principal de l’étude à long terme du guépard dans le Serengeti en Tanzanie[40]. Le guépard est aussi victime de la prédation des lions, des hyènes et parfois des léopards. En effet, les jeunes guépards sont souvent la proie de ces derniers, limitant ainsi le développement de l’espèce.
138
+
139
+ De plus, là où d’autres grands carnivores ont en grande partie été éliminés, comme dans les pâturages de Namibie, mais aussi au Kenya et en Somalie, les guépards semble exister en plus grande densité[41]. Cependant, ne compter que sur ces zones n’est pas une stratégie viable pour assurer la conservation des sous-populations viables.
140
+
141
+ Enfin, leur constitution légère et souple destinée à la course est aussi un inconvénient par rapport aux autres grands prédateurs. En effet, l’effort de la poursuite les épuise, nécessitant ainsi jusqu’à 20 minutes de repos après avoir tué leur proie. Cette phase de récupération augmente ainsi les risques de vol de leur proie par les lions, léopards et hyènes, contre lesquels ils ne peuvent pas lutter, car leurs mâchoires peu puissantes et ses petites dents ne lui permettent pas de se défendre contre les grands prédateurs (notamment les hyènes et les lions, réputés pour avoir des mâchoires bien plus puissantes).
142
+
143
+ Diverses recherches concernant le guépard ont montré que ce dernier, aussi bien en captivité qu’en liberté, présente un haut niveau d’homogénéité dans le génome. En effet, le guépard a probablement subi ce qu’on appelle des goulots d’étranglements de populations au cours de son histoire. La plus grosse perte d’individus a eu lieu vraisemblablement au pléistocène il y a 10 000 ans pendant les dernières grandes extinctions. Les raisons de cette première vague de disparitions sont aujourd’hui encore inconnues.
144
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+ Un des principaux facteurs du manque de diversité génétique du guépard est la consanguinité. En effet, après que la mère a fini d’élever ses jeunes, la mère retombe immédiatement en chaleur, et il n’est pas rare de voir les jeunes mâles s’accoupler avec leur propre mère. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique le manque de diversité génétique du guépard.
146
+
147
+ Sur ce point, il existe deux thèses qui s’opposent sur le monomorphisme du guépard. D’une part, certains chercheurs soutiennent que le manque de diversité génétique peut mettre en grand péril le guépard. En effet, La variation génétique est considérée comme indispensable pour une adaptation à long terme et la survie de l’effectif. En effet les facteurs environnementaux exercent des pressions sur le guépard et sur le monde animal. Il y a donc une sélection. Les individus adaptés survivront et permettront la survie de leur espèce. On comprend ainsi que la diversité génétique des individus doit être la plus grande possible pour assurer la pérennité d’une espèce à long terme. Ces conclusions ont été tirées en constatant une augmentation de sensibilité aux maladies infectieuses et une mortalité de plus en plus importante chez les guépards en captivité (parcs animaliers notamment). Cette évolution alarmante est considérée aujourd’hui comme liée au monomorphisme génétique chez Acinonyx jubatus (O’Brien and Evermann 1988). Dans les parcs animaliers, on remarque de grandes difficultés pour accoupler les guépards. Les femelles captives conçoivent rarement et lorsqu’elles le font, le taux de mortalité infantile est particulièrement élevé (28 à 38 %)[42]. Mais il est important de signaler qu’on observe aussi cela sur d’autres grands félins comme le lion. Cependant, il est inquiétant de constater que le sperme des guépards, qu’ils soient libres ou captifs, présente des taux particulièrement élevés de sperme anormal ou stérile (71-76 %)[43]. De plus, les taux de réussite de fécondation in-vitro sont relativement bas par rapport à d’autres espèces de félins. Enfin, Les études menées sur les deux sous-espèces de guépards montrent largement que le guépard d’Afrique orientale (Acinonyx jubatus raineyi) et le guépard africain du Sud (Acinonyx jubatus jubatus) sont 10 à 100 fois moins séparés génétiquement que les groupes raciaux humains. Cette découverte met en doute la validité des classifications en sous-espèces existantes et pourrait être significative dans la gestion des populations de guépards, comme l’hybridation qui pourrait aider à améliorer la santé de ces populations distinctes.
148
+
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+ La 2e thèse est quant à elle plus modérée. En effet, cette thèse affirme qu’on ne possède pas la preuve que la reproduction du Guépard soit aussi compromise dans la nature[44]. Il est vrai que le faible taux de reproduction des guépards dans les parcs animalier est dû aux méthodes utilisées dans ces derniers. En effet certains zoos ont obtenu un franc succès dans la reproduction du guépard en captivité, car ils ont respecté des conditions bien particulières, comme de vastes enclos permettant aux guépards d’observer sur de longues distances ; ou encore en respectant la séparation des mâles et des femelles avant l’accouplement, ainsi que la mise en place d’un « nid » pour la mère et ses petits[45]. Ensuite, on a certes observé que la santé général des guépards captifs était faible, mais on n’a pas observé d’épidémies particulières dans les populations sauvages, même si on a rapporté des cas de rage plutôt nombreux dans certains parcs en Afrique[46]. Enfin, pour ce qui est du sperme, il est important de nuancer les études réalisées ces dernières années : en effet parmi des mâles ayant une qualité de sperme basse, certains étaient très infertiles mais d’autres sont très fertiles malgré la basse qualité de leur sperme[47].
150
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+ Une part notable du déclin de l'espèce en Asie, est liée aux activités de chasse alliées à des guépards apprivoisés. En effet, seuls des individus pris dans la nature permettaient le maintien de cette tradition.[réf. nécessaire]
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153
+ Des propositions diverses ont été avancées pour réintroduire le guépard dans des réserves sub-sahariennes, par exemple en Israël, Inde, Turkménistan et Ouzbékistan.[réf. nécessaire]
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+ La conservation des populations reste toutefois la priorité. De plus, la réintroduction ne doit pas être sérieusement considérée avant que des comparaisons génétiques et des évaluations d'impact environnementales n'aient été effectuées. Enfin, l’accord du conseil de l'UICN/SSC (l’organisme mondial spécialiste de la réintroduction) doit être obtenu.[réf. nécessaire]
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157
+ Il est aujourd’hui question de ressusciter le « cheetah », le guépard indien. Des généticiens indiens veulent s’appuyer sur des méthodes de pointe de clonage au Lacones (Laboratoire pour la conservation des espèces menacées) : « Si tout se passe bien, nous pourrons cloner le guépard indien d'ici cinq ans », affirme Laji Singh, directeur du Centre de biologie cellulaire et moléculaire d'Hyderabad et principal instigateur du projet. Une banque de gènes, de sperme et d’ovules a d’ores et déjà été collectée[48].
158
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159
+ Cependant, les chercheurs rencontrent de nombreux obstacles : ils doivent s’approprier du tissu de guépard iranien qui figure parmi les espèces les plus menacées de la planète. Conformément à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), il est illégal d'échanger du matériel génétique d'espèces menacées à l'état naturel. « Mais si les animaux sont élevés en captivité, nous avons légalement une bonne chance de les obtenir », affirme M. Sinha. Le guépard africain semble moins proche mais pourrait convenir en second recours : les analyses de protéines sanguines n'ont mis en évidence que des différences minimes entre les diverses populations de guépards. Les taux d'avortement des embryons clonés étant très élevés, les biologistes devront disposer d'un nombre suffisant d'ovules[48].
160
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161
+ Au-delà du clonage, les détracteurs du projet s'interrogent sur l'avenir du guépard : « Supposons que l'on parvienne à cloner le guépard. Très bien, mais où sont passées les savanes dans lesquelles ils rôdaient autrefois ? Où trouvera-t-il suffisamment de proies pour survivre ? » demande Divyabhanu Sinh, auteur de The End of the Trail. Les détracteurs soulignent également la difficulté à réintroduire des animaux captifs en milieu naturel. D’autres protestent contre le coût de l’opération : l’argent devrait d’abord servir à protéger les animaux menacés. Ainsi, l’idée excitante de revoir le guépard indien entre dans le cadre d’une grande réflexion sur la réintroduction des espèces disparues[48].
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163
+ En 2009, un comité d'experts doit se réunir afin de trouver une solution de réintroduction du guépard en Inde. Les négociations avec l'Iran pour obtenir des spécimens ayant abouti à un échec, l'Inde se tourne vers l'Afrique pour réintroduire l'espèce. Trois peaux de guépards indiens sont analysées par l'université de San Diego : des premières analyses ont montré, selon Divyabhanusinh Chavda, que les guépards indiens étaient très similaires aux guépards africains. Considéré comme un « patrimoine de l'Inde » en raison de son utilisation pour la chasse par les maharadjahs, le guépard a disparu de l'Inde depuis 1968. De nombreux écologistes sont sceptiques sur une telle réintroduction et déclarent qu'il serait plus appréciable de sauver le tigre avant d'essayer de réintroduire une nouvelle espèce[49].
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165
+ Au 31 décembre 2010, selon l'International Cheetah Studbooks, la population de guépards captifs s’élève à 1 578 individus, répartis dans 240 établissements de 44 pays. Sur cet effectif de guépards, 79,5 % sont nés en captivité. Seuls 323 de ces guépards sont nés dans la nature. En France, il y a 79 guépards répartis dans 18 établissements. L'un des plus notables concernant cette espèce est le Safari de Peaugres en Ardèche, dans lequel sont nés plus de 60 guépards en 23 ans, un chiffre unique en France et rare en Europe[50].
166
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167
+ La population de guépards captifs a considérablement augmenté durant les dernières décennies, cela est dû à plusieurs organisations de programme d’élevage des espèces en voie de disparition tel que l'EEP mis en place par l'European Association of Zoos and Aquaria (EAZA). Dans le cas des guépards, les objectifs principaux sont de limiter la consanguinité, ainsi que l’étude de l'espèce. Mais plusieurs problèmes viennent freiner ces projets. En effet, la population de guépards captifs se révèlent bien plus encline à de nombreuses maladies que la population sauvage contracte rarement telles que la glomérulosclérose, la myélolipomes et la gastrite bactérienne à helicobacter[51],[52].
168
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169
+ Le mot guépard est attesté en français depuis le XVIIe siècle, importé de la langue franque d'Afrique du Nord sous la forme « gapar[d] » (parfois latinisé en gapardus), lui-même emprunté à l'Italien « gattopardo », formé de gatto : « chat », et pardo : « léopard »[53]. Cette forme ancienne doit sa notoriété moderne à un roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Il Gattopardo (1958), porté à l'écran ensuite par Luchino Visconti.
170
+
171
+ De sa particularité, exceptionnelle chez les félidés, d'avoir des griffes non totalement rétractiles, vient le nom latin de son genre, dont il est le seul représentant : Acinonyx, formé lui-même sur le grec ancien ἀ, préfixe privatif, κινέω/kinéô, « mouvoir », et ὄνυξ/ónyx, « griffe, ongle ». Le nom binominal complet de l'espèce est Acinonyx jubatus (du latin jubatus, qui signifie « qui a une crinière »)[54].
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+ L'étymologie romane a été conservée dans la plupart des langues Européennes :
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+ Il existe néanmoins d'autres formes pour ce nom en Europe, par exemple :
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+ Selon une ancienne légende San, le créateur organisa une course pour savoir quel était l'animal le plus rapide sur terre. Cette course opposa le guépard et le tsessebe (une antilope très rapide). Rapidement le guépard pris du retard et la victoire semblait proche pour l'antilope, mais tout à coup celle-ci tomba à terre, contre toute attente le guépard l'aida à se relever plutôt que de continuer. Pour le récompenser de son attitude généreuse le créateur en fit l'animal le plus rapide sur terre[55].
178
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+ Dès le IVe millénaire avant Jésus-Christ, les chasseurs de l'Euphrate ont apprivoisé le guépard afin d'en faire un auxiliaire de chasse, tout comme les Égyptiens le firent deux mille ans plus tard. Il ne s'agit pas d'une domestication à proprement parler car comme le guépard se reproduit très difficilement en captivité (la première naissance en zoo date du XXe siècle) il n'a pas été possible de sélectionner les individus à faire se reproduire selon quelque critère que ce soit[56]. En Europe, au XIe siècle, Guillaume le Conquérant appréciait les chasses à courre originales où le guépard tenait le rôle du lévrier. L'amateur le plus cité reste cependant le Grand Moghol Akbar qui, au XVIe siècle aurait possédé près de mille guépards et traité son favori avec les égards dus à un prince[21]. À la manière des fauconniers, les dresseurs « aveuglaient » le guépard à l'aide d'un capuchon, ne le libérant qu'à l'approche du gibier. Recouvrant la vue, celui-ci se ruait instantanément sur cette cible soudaine. Seuls des animaux sauvages capturés adultes pouvaient être dressés. Des populations entières furent ainsi décimées pour le renouvellement des meutes, ce qui fut l'une des causes principales de la raréfaction des guépards, attestée dès la fin du XIXe siècle de la péninsule arabique jusqu'aux Indes, d'où les guépards ont aujourd'hui disparu. Les rares survivants sur le continent asiatique hantent une petite zone de l'Iran occidental, vraisemblablement le seul pays où l'espèce n'a pas été exterminée[4].
180
+
181
+ La peau du guépard était autrefois perçue comme symbole de richesse. Aujourd'hui, le guépard a une importance économique croissante dans l'écotourisme. On le trouve également dans les zoos. Des bénéfices sont également tirés de la commercialisation illégale des petits des guépards comme animaux de compagnie, le prix d'un guépard de six semaines va de 3 000 à 5 000 dollars américain. Les Émirats arabes unis sont une destination fréquente pour les importations illicites de guépards[57]. Les jeunes guépards sont achetés illégalement car les lois interdisent la propriété individuelle d'animaux sauvages ou menacés d'extinction.
182
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+ Les guépards étaient auparavant chassés car de nombreux agriculteurs estimaient qu'ils constituaient une menace pour le bétail. L'espèce étant menacée, de nombreuses campagnes ont été lancées pour tenter de concilier l'approche des fermiers et le souhait de protection des guépards.[réf. nécessaire]
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+
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+ Les gouvernements des pays où le guépard vit en liberté essayent de modifier l’opinion publique quant au guépard : il n’est pas nuisible si on apprend à vivre avec lui, sa conservation est nécessaire pour l’équilibre écologique.[réf. nécessaire]
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+ En outre, le gouvernement namibien est épaulé par la Cheetah Conservation Fund (CCF), qui travaille à prévenir les populations et à aider les fermiers à mieux vivre avec le guépard et ainsi à minimiser leur perte de bétail[58].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un légume est la plante ou une partie comestible d'une espèce potagère[1]. Cette définition, reprise par la plupart des dictionnaires de langue française, doit être étendue aux champignons comestibles, dont certains sont cultivés (champignon de Paris, shiitaké, etc.) et à certaines algues, dont la consommation est la plus développée en Extrême-Orient[2]. Cette partie peut être une racine (carotte, betterave rouge), un tubercule (pomme de terre, topinambour), un bulbe (oignon)[3], une jeune pousse (asperge), une pseudo-tige (poireau), un pétiole (bette, céleri), un ensemble de feuilles (laitue, endive), une fleur (artichaut, chou-fleur), un fruit (tomate, concombre), ou une graine (pois, fèves, haricots, etc.)…
2
+
3
+ Le terme désigne aussi par métonymie les plantes potagères cultivées pour la production de légumes.
4
+
5
+ Dans le langage culinaire, « légume » s'oppose à « fruit », mais dans certains cas le même produit peut être cuisiné ou consommé soit comme légume soit comme fruit. Il s'oppose aussi à plante condimentaire, dont l'usage culinaire est différent, même si ce sont également des plantes potagères.
6
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7
+ Dans le domaine de la cuisine et de la gastronomie, « légume » peut également avoir une acception plus large, désignant « tout aliment non carné et non sucré accompagnant un plat de viande ou de poisson au cours d'un repas »[1]. Ce sont en outre généralement des « fruits » au sens botanique qui constituent l'accompagnement dans ces plats salés particuliers dits « sucrés-salés ».
8
+
9
+ Mais le terme « légume » peut aussi avoir un sens plus restreint quand il ne concerne pas certains féculents (pomme de terre, riz…), la viande ou le poisson étant typiquement accompagné de « légume » et de féculent.
10
+
11
+ La production des légumes frais destinés à la commercialisation se fait via le maraîchage, qui est une branche de l'horticulture, elle-même rameau de l'agriculture. Une partie non négligeable des légumes est produite dans les jardins potagers familiaux et essentiellement autoconsommée. Les légumes destinés à la conservation (appertisation, surgélation) et les légumes secs sont cultivés en plein champ, et leur récolte est le plus souvent mécanisée.
12
+
13
+ Le terme « légume » est attesté en français depuis 1531 selon le Robert historique et vient du latin « legumen », plante à gousse. Féminin à son origine, il a d'abord désigné les graines de légumineuses et de céréales anciennement la base de l'alimentation végétale. L'étymologie populaire fait rapprocher ce terme du verbe latin « legere » « cueillir », « choisir » et par extension « lire ». Cependant, l'étymologie exacte reste problématique car on est plutôt en présence d'un mot non indo-européen, emprunt à une langue inconnue[4].
14
+
15
+ « Fruit » et « légume » ont une double acception selon que l'on se place dans le cadre de la cuisine ou de la botanique.
16
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17
+ Selon les botanistes, un fruit est la structure issue de l'évolution arrivée à maturité de l'ovaire, dont le rôle est de protéger et d'assurer la diffusion des graines. On les classe en drupes, baies, ou fruits secs. De nombreux fruits au sens botanique ne sont pas comestibles et peuvent même être toxiques.
18
+
19
+ Parmi les fruits au sens botanique on peut citer : l'avocat, les pois, l'épi de maïs, le concombre, les fruits à coque, l'olive, le potiron, la graine de tournesol, la tomate, ou encore le poivre, le poivron et le piment.
20
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21
+ Note : En anglais, legume désigne une légumineuse, le fruit d'une Fabaceae, que l'on nomme également « gousse ».
22
+
23
+ Au sens culinaire, le terme « fruit » désigne des fruits charnus, mais parfois aussi d'autres parties de plantes, qui sont à la fois comestibles, de goût agréable, que l'on peut généralement consommer crus et qui conviennent à la préparation de plats sucrés et de desserts, par exemple les fraises, pêches, prunes, etc.
24
+
25
+ À contrario, nombre de fruits botaniques comestibles, tels que la tomate, l'aubergine ou le poivron, se préparent sans sucre et entrent habituellement dans la confection de recettes salées. Ils sont donc considérés en cuisine comme des légumes, et plus particulièrement des légumes-fruits.
26
+
27
+ Ainsi, une partie de plante peut tout à fait être désignée comme fruit dans un contexte scientifique, même si elle se prépare en cuisine comme un légume.
28
+
29
+ Dans certains cas, la distinction entre fruit et légume devient délicate, certains fruits pouvant être consommés comme légumes, par exemple dans le cas du melon, fruit couramment consommé en entrée[Où ?], ou de certains fruits cuisinés en accompagnement de plats de viande, par exemple le canard à l'orange, et inversement certains légumes, parfois naturellement sucrés, peuvent s'accommoder en dessert, par exemple la patate douce.
30
+
31
+ La question de savoir si la tomate était un fruit ou un légume a été portée en 1893 devant la Cour suprême des États-Unis. Cette dernière décida à l'unanimité dans l'affaire Nix vs. Hedden que, dans le cadre de la loi de 1883 sur les droits de douane applicables aux produits importés, la tomate devait être assimilée à un légume et taxée comme tel. La Cour reconnut toutefois le caractère botanique de fruit de la tomate.
32
+
33
+ En revanche, la Commission européenne a décidé d'assimiler à des fruits certains légumes, dont la tomate, la carotte et la patate douce lorsqu'ils entrent dans la composition de confitures, bien que les deux derniers ne soient en rien des fruits botaniques. Il s'agissait en réalité de se conformer à la Directive 2001/113/CE du 20 décembre 2001[5], qui définit la confiture comme un mélange à base de sucre et de fruits, tout en préservant certaines traditions locales de production de confitures à base de légumes. C'est notamment le cas de la Doce de cenoura, confiture de carottes portugaise.
34
+
35
+ Selon la partie de la plante qui est consommée et ses caractéristiques, on distingue plusieurs catégories de légumes.
36
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37
+ Les légumes secs sont ceux dont on consomme les graines récoltées à maturité. Leur faible teneur en eau, d'environ 12 %, permet de les conserver longtemps à l'abri de l'humidité. Ils sont essentiellement représentés par des légumineuses : fève, haricot, lentille, pois cassé, pois chiche, soja.
38
+
39
+ Les légumes frais ou légumes verts peuvent être distingués selon l'organe végétal récolté :
40
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41
+ La couleur verte de nombreux légumes, notamment les légumes-feuilles, est due à la présence d'un pigment vert, la chlorophylle. Celle-ci est affectée par le pH et vire au vert-olive en conditions acides et au vert clair en conditions alcalines. Certains de ces acides sont libérés dans la vapeur pendant la cuisson, particulièrement si c'est une cuisson à couvert.
42
+
43
+ Les couleurs jaune/orange des fruits et légumes sont dues à la présence de caroténoïdes, qui sont aussi affectés par les procédés de cuisson ou les variations de pH.
44
+
45
+ La coloration rouge/bleue de certains fruits et légumes (par exemple les mûres et le chou rouge) est due aux anthocyanes, qui sont sensibles aux variations de pH. Quand celui-ci est neutre, les pigments sont pourpres, rouges quand ils sont acides et bleus quand ils sont basiques. Ces pigments sont très hydrosolubles.
46
+
47
+ En 2016, environ 21 000 variétés de légumes sont inscrites au catalogue européen et sont donc autorisées à la commercialisation en France[6],[7], près de 2 700 variétés sont inscrites au catalogue français, dont 370 variétés dites « anciennes » auxquelles il faut ajouter près de 280 variétés sur la liste des variétés anciennes pour amateurs et non autorisées à la commercialisation en France. Le nombre de variétés conservées (accessions) dans les réseaux européens est estimé à plus de 100 000, il est inconnu à l'échelle mondiale. Le nombre de variétés anciennes mises en culture chaque année à des fins de conservation est supérieur à 5 000. Le nombre de variétés nouvelles créées et inscrites en moyenne par an est en France de 250 en moyenne et de 1 600 en Europe.
48
+
49
+ Ces variétés sont créées par une vingtaine d'établissements qui sélectionnent des espèces potagères en France et les variétés anciennes sont maintenues par une quinzaine d'entreprises spécialisées.
50
+
51
+ La sélection a permis ces dernières années d'apporter de nombreuses modifications telles que :
52
+
53
+ De nombreux travaux sont actuellement en cours afin d'améliorer les résistances aux bioagresseurs, la taille, la forme et les couleurs, ainsi que la qualité gustative et nutritionnelle de différentes espèces.
54
+
55
+ Des collections de variétés sauvages et de cultivars des différentes espèces de légumes sont entretenues dans différents pays pour préserver les ressources génétiques de ces espèces.
56
+
57
+ En France, par exemple, le « Centre de Ressources Biologiques Légumes » (CRB-Leg) basé à Avignon a la responsabilité de la conservation de nombreuses variétés de laitues, melons, piments, tomates et aubergines[8].
58
+
59
+ La production familiale de légumes dans les jardins potagers est traditionnellement importante dans les régions rurales mais a perdu beaucoup d'importance avec la progression de l'urbanisation.
60
+
61
+ La production professionnelle ou marchande est généralement le fait de producteurs spécialisés, les maraîchers ; toutefois certains légumes donnent lieu à une importante production de plein champ dans le cadre de l'agriculture contractualisée. C'est le cas par exemple de la pomme de terre ou des pois.
62
+
63
+ Longtemps, le maraîchage s'est développé à proximité immédiate des villes et de leur marchés, exploitant les fonds de vallée humides à proximité des agglomérations. On peut citer l'exemple des hortillonnages d'Amiens. Le développement de l'urbanisation et la diminution des coûts de transport ont bien souvent provoqué la migration de cette activité dans des régions, voire des pays, plus adaptées aux différentes cultures, plus spécialisées et à la main d'œuvre bon marché.
64
+ Il y a des milliers de légumes dans le monde.
65
+
66
+ Les légumes produits entrent soit dans le circuit de distribution pour la consommation en frais, qui passe par différentes étapes et aboutit aux commerce de détail, aux étals des marchés ou dans les super et hypermarchés de la grande distribution, soit dans des circuits de transformation industrielle, conserves, surgelés, etc.
67
+
68
+ En France, le marché d'intérêt national de Rungis, situé dans le sud de la banlieue parisienne, joue un rôle très important dans la distribution des légumes ainsi que d'autres produits alimentaires (fruits, viandes, poissons, fruits de mer).
69
+
70
+ Les légumes sont disponibles dans le commerce sous diverses formes, qui tendent à faciliter leur emploi et leur disponibilité tout au long de l'année. On distingue cinq « gammes »[9] :
71
+
72
+ À partir de la 2e gamme, les légumes sont commercialisés avec une DLC (date limite de consommation) ou une DLUO (date limite d'utilisation optimale) obligatoirement inscrite sur l'emballage.
73
+
74
+ Dans l'Union européenne, de nombreuses appellations populaires de légumes sont protégées commercialement par Appellation d'origine protégée (AOP); les marques collectives le sont par Indication géographique protégée (IGP)[10].
75
+
76
+ Au Danemark
77
+
78
+ En Espagne
79
+
80
+ En Finlande
81
+
82
+ En Grèce
83
+
84
+ Au Portugal
85
+
86
+ Au Royaume-Uni
87
+
88
+ Deux appellations de légume ont été inscrites au registre des AOC/IGP de la Confédération[11] :
89
+
90
+ À l'exception des légumes secs, les légumes sont des denrées périssables, pour lesquelles le problème de la conservation s'est posé de longue date.
91
+
92
+ Certains légumes du type tubercules ou bulbes peuvent se conserver assez facilement à l'abri de l'humidité et du froid. C'est le cas de l'oignon, de l'ail et de la pomme de terre. Cette dernière doit en outre être protégée de la lumière pour éviter le développement des germes. Certains tubercules, notamment le topinambour, se conservent toutefois mal une fois déterrés. Les courges et potirons peuvent également se conserver pendant plusieurs mois à l'abri.
93
+
94
+ Pour d'autres légumes, notamment les légumes racines (betteraves, carottes, navets) ainsi que les poireaux, une conservation temporaire peut se pratiquer par mise en jauge au jardin ou dans un récipient, recouverts d'un substrat, placés dans un endroit frais.
95
+
96
+ Les procédés de conservation parmi les plus anciens sont la fermentation lactique, qui est à la base de la production de la choucroute, et la conservation dans le vinaigre (cornichons, petits oignons…).
97
+
98
+ La dessiccation se pratique pour certains légumes, notamment la tomate. Les tomates séchées au soleil et conservées dans l'huile sont une spécialité italienne.
99
+
100
+ L'appertisation (en bocal ou en boite de conserve) apparue au XIXe siècle s'applique à de nombreux légumes, notamment les haricot vert, flageolets et petit pois. Elle comprend une stérilisation en autoclave pendant 15 à 20 minutes à 110−120 °C, nécessaire pour éliminer les germes responsables du botulisme.
101
+
102
+ La conservation par le froid au réfrigérateur (entre 5 et 10 °C) permet de conserver les légumes durant quelques jours.
103
+
104
+ La surgélation (conservation à une température inférieure ou égale à −18 °C), plus récente, s'est largement développée en se substituant de plus en plus à l'appertisation.
105
+
106
+ La production des légumes est dépendante des conditions climatiques propres à chaque région. Selon la facilité de conservation des différents légumes, leur disponibilité sera plus ou moins étalée, et généralement très brève pour les produits frais, tels les petits pois ou les haricots verts, qui ne supportent pas le stockage même à basse température au-delà d'une semaine.
107
+
108
+ L'approvisionnement des marchés, en particulier dans la grande distribution est complété par deux types de produits : des légumes forcés dans des tunnels et récoltés en avance sur la saison normale, des légumes importés cultivés dans des pays offrant des conditions climatiques plus adaptées. En outre, les techniques de conservation modernes (appertisation, surgélation, déshydratation, irradiation) ont permis d'étaler la saison de consommation de nombreux produits. La spécialisation des régions s'explique aussi par la professionnalisation de la production légumière et la recherche d'une plus grande productivité.
109
+
110
+ Bien qu'étant un fruit au sens botanique, la tomate est comptabilisée comme un légume par la FAO[12],[13].
111
+
112
+ Les légumes peuvent se consommer crus ou cuits. Ils servent le plus souvent d'accompagnement du plat principal et peuvent être préparés et cuits avec la viande ou séparément. Ils peuvent aussi se consommer en entrée, par exemple les plats de crudités, ou sous la forme de soupes et potages. Les salades constituent généralement un plat séparé.
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+
114
+ La consommation des légumes a longtemps eu un caractère local, les paysans consommant les produits adaptés aux conditions climatiques locales. Avec le développement des moyens de transport, les échanges de légumes se sont fortement développés, à des distances toujours plus grandes. C'est ainsi que le consommateur français peut se voir offrir, hors saison, des haricots verts produits au Kenya et transportés par avion. Les migrations contribuent aussi à populariser des légumes plus ou moins exotiques.
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+ Ils jouent un rôle très important, associés aux céréales et aux fruits, dans les régimes végétariens.
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+ Les légumes sont aussi à la base de jus de légumes.
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+
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+ Les légumes constituent un apport alimentaire important. Ils apportent dans des proportions variables selon l'espèce, la partie de la plante concernée et les modes de préparation ou de conservation :
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+
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+ Toutes ces propriétés font qu'il est recommandable de consommer des légumes tous les jours, sous la forme d'une portion à chaque repas, et sous des formes le plus variées possible.
123
+ Pour cette raison, les légumes ont été placés, conjointement avec les fruits frais, sur le second niveau de la pyramide alimentaire.
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+
125
+ Dans les pays occidentaux, où l'alimentation est en règle générale trop riche, les diététiciens recommandent d'augmenter la part des légumes dans l'alimentation. Cette part avait sensiblement diminué dans la deuxième moitié du XXe siècle, tandis que celle des protéines animales augmentait fortement. En France, depuis plusieurs années, le ministère de la santé conseille de consommer « au moins cinq fruits et légumes par jour »[14]. Au Canada, aussi[15].
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+
127
+ La Fondation Louis-Bonduelle, créée en 2004, agit en France et à l'international dans le but de faire évoluer de manière durable les comportements alimentaires, en apportant à tous les moyens de faire entrer les légumes dans leur quotidien. La Fondation a lancé en 2005 Le jour du légume[16],[17].
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+
129
+ Par ailleurs, surtout chez ceux n'ayant pas la coutume d'en manger, les légumes peuvent avoir certains aspects moins désirables telles les difficultés digestives dues aux :
130
+
131
+ Les fruits et légumes sont les principales sources de vitamines dans l'alimentation[19][source insuffisante].
132
+
133
+ La consommation de fruits et légumes joue un rôle protecteur en santé humaine, vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires[20] et de certains cancers[21],[22].
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+
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+ Les végétariens sont moins sujets au diabète et à l'obésité[23], ainsi qu'aux troubles cognitifs[24] et à la maladie d'Alzheimer[25].
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+
137
+ On pense que les facteurs en cause sont le contenu en antioxydants (dont la vitamine C) et en fibres alimentaires[26], ou d'autres facteurs spécifiques à un fruit ou un légume, comme le lycopène par exemple.
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+
139
+ En France, la consommation de fruits et légumes est encouragée auprès du grand public par le Programme National Nutrition Santé dont le principal message est « Au moins 5 fruits et légumes par jour[27] ». C'est le cas dans plusieurs pays.
140
+
141
+ De nombreux légumes peuvent contenir des facteurs antinutritionnels[28], en particulier les légumineuses et les pommes de terre. Les facteurs antinutritionnels sont habituellement détruits par cuisson, trempage, ou un autre procédé.
142
+
143
+ Comme les aliments issus du règne animal, les légumes peuvent contenir des résidus de pesticides et d'herbicides, particulièrement les salades, haricots, et en général toutes les plantes directement exposées aux traitements phytosanitaires aériens. Celles cultivées en conduite biologique (AB) sont moins exposées.
144
+
145
+ En France, selon le programme de surveillance mené en 2004 par la DGCCRF, 96,2 % des échantillons fruits et légumes analysés respectent la règlementation, seuls 3,8 % dépassent la LMR (limite maximale de résidus autorisée)[29].
146
+
147
+ Certains légumes tels que les carottes et les tomates peuvent être infectés par des mycotoxines[30]
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+
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+ De nombreux légumes se consomment crus, soit en salades soit en crudités. Certains peuvent se consommer crus ou cuits, la plupart nécessitent une cuisson.
150
+
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+ Il existe de multiples modes de cuisson applicables aux légumes : à l'eau, à la vapeur, sautés, rissolés, frits, braisés, grillés, au four…
152
+
153
+ Les légumes sont parfois consommés entiers, par exemple les pommes de terre en robe des champs. Le plus souvent, ils doivent être épluchés et taillés en morceaux, par exemple en rondelles, en bâtonnets (frites), en dés, en julienne (fines lamelles) ou en brunoise (petits dés). On peut employer à cet effet un couteau ou des ustensiles tels qu'une mandoline ou une moulinette.
154
+
155
+ La diversité des légumes disponibles à notre époque est impressionnante, même si la consommation se concentre principalement sur quelques espèces, dans l'ordre : pommes de terre, manioc, patates douces, tomates, choux, oignons…
156
+
157
+ Si l'on se réfère à l'Europe, certains légumes sont connus et consommés depuis l'Antiquité. Ce sont les fèves, lentilles et pois, les navets, les choux pommés, les oignons, les carottes et le panais bien oublié.
158
+
159
+ D'autres légumes ont été introduits anciennement, à partir du Xe siècle, d'Orient : artichauts, épinards, aubergines…
160
+
161
+ Une vague importante d'introduction a suivi la découverte de l'Amérique (1492) : tomates, haricots, poivrons et piments, courges…
162
+
163
+ Par la suite, un nombre restreint de nouveaux légumes sont apparus, soit à la suite d'introduction, par exemple le crosne, plante originaire d'Extrême-Orient, soit parce qu'ils ont été « inventés » comme l'endive découverte par un jardinier belge au milieu du XIXe siècle.
164
+
165
+ Les principaux légumes cultivés se répartissent ainsi (d'après J.R. Harlan[31]) selon les grandes aires d'origine :
166
+
167
+ La diversité des espèces et variétés de légumes consommés s'est fortement réduite au cours du XXe siècle avec le développement de nouveaux modes de production et surtout de nouveaux modes de distribution qui ont conduit à ne retenir qu'un nombre restreint de formes standardisées de grande diffusion. Les deux grandes guerres du XXe siècle, et leurs périodes de famine, durant lesquelles seuls les légumes les mieux adaptés étaient mangés en quantité, ont également été quasi-fatales à ceux-ci. Le topinambour ou le rutabaga ont ainsi été longtemps considéré comme des légumes de disette[35][source insuffisante]. L'action de quelques passionnés a permis de remettre au goût du jour des légumes secondaires, connus sous le nom de « légumes oubliés », tels que le crosne du Japon, le panais, le cerfeuil tubéreux. D'autres ont bénéficié d'effets de mode, ainsi certaines espèces de cucurbitacées, le pâtisson, connaissent un certain engouement en Europe depuis le développement de la fête de Halloween importée d'outre-Atlantique dans les années 1990.
168
+
169
+ Cependant, la biodiversité agricole est préservée par les réseaux de conservation, et en particulier par les sélectionneurs, qui répertorient, caractérisent, évaluent, maintiennent et régénèrent les ressources génétiques indispensables à la création de nouvelles variétés. La filière semence, en améliorant les plantes et en créant de nouvelles variétés, enrichit la biodiversité. Ces variétés, loin d'être « privatisées », sont mises à la disposition de quiconque souhaite continuer le travail d'amélioration.
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+ Des légumes entrent dans de nombreuses expressions populaires, souvent péjoratives :
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+ Les légumes-phénomènes, qui sortent de l'ordinaire soit par leur forme inhabituelle, soit par leur taille, sont souvent l'objet de concours entre jardiniers amateurs.
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1
+ Un légume est la plante ou une partie comestible d'une espèce potagère[1]. Cette définition, reprise par la plupart des dictionnaires de langue française, doit être étendue aux champignons comestibles, dont certains sont cultivés (champignon de Paris, shiitaké, etc.) et à certaines algues, dont la consommation est la plus développée en Extrême-Orient[2]. Cette partie peut être une racine (carotte, betterave rouge), un tubercule (pomme de terre, topinambour), un bulbe (oignon)[3], une jeune pousse (asperge), une pseudo-tige (poireau), un pétiole (bette, céleri), un ensemble de feuilles (laitue, endive), une fleur (artichaut, chou-fleur), un fruit (tomate, concombre), ou une graine (pois, fèves, haricots, etc.)…
2
+
3
+ Le terme désigne aussi par métonymie les plantes potagères cultivées pour la production de légumes.
4
+
5
+ Dans le langage culinaire, « légume » s'oppose à « fruit », mais dans certains cas le même produit peut être cuisiné ou consommé soit comme légume soit comme fruit. Il s'oppose aussi à plante condimentaire, dont l'usage culinaire est différent, même si ce sont également des plantes potagères.
6
+
7
+ Dans le domaine de la cuisine et de la gastronomie, « légume » peut également avoir une acception plus large, désignant « tout aliment non carné et non sucré accompagnant un plat de viande ou de poisson au cours d'un repas »[1]. Ce sont en outre généralement des « fruits » au sens botanique qui constituent l'accompagnement dans ces plats salés particuliers dits « sucrés-salés ».
8
+
9
+ Mais le terme « légume » peut aussi avoir un sens plus restreint quand il ne concerne pas certains féculents (pomme de terre, riz…), la viande ou le poisson étant typiquement accompagné de « légume » et de féculent.
10
+
11
+ La production des légumes frais destinés à la commercialisation se fait via le maraîchage, qui est une branche de l'horticulture, elle-même rameau de l'agriculture. Une partie non négligeable des légumes est produite dans les jardins potagers familiaux et essentiellement autoconsommée. Les légumes destinés à la conservation (appertisation, surgélation) et les légumes secs sont cultivés en plein champ, et leur récolte est le plus souvent mécanisée.
12
+
13
+ Le terme « légume » est attesté en français depuis 1531 selon le Robert historique et vient du latin « legumen », plante à gousse. Féminin à son origine, il a d'abord désigné les graines de légumineuses et de céréales anciennement la base de l'alimentation végétale. L'étymologie populaire fait rapprocher ce terme du verbe latin « legere » « cueillir », « choisir » et par extension « lire ». Cependant, l'étymologie exacte reste problématique car on est plutôt en présence d'un mot non indo-européen, emprunt à une langue inconnue[4].
14
+
15
+ « Fruit » et « légume » ont une double acception selon que l'on se place dans le cadre de la cuisine ou de la botanique.
16
+
17
+ Selon les botanistes, un fruit est la structure issue de l'évolution arrivée à maturité de l'ovaire, dont le rôle est de protéger et d'assurer la diffusion des graines. On les classe en drupes, baies, ou fruits secs. De nombreux fruits au sens botanique ne sont pas comestibles et peuvent même être toxiques.
18
+
19
+ Parmi les fruits au sens botanique on peut citer : l'avocat, les pois, l'épi de maïs, le concombre, les fruits à coque, l'olive, le potiron, la graine de tournesol, la tomate, ou encore le poivre, le poivron et le piment.
20
+
21
+ Note : En anglais, legume désigne une légumineuse, le fruit d'une Fabaceae, que l'on nomme également « gousse ».
22
+
23
+ Au sens culinaire, le terme « fruit » désigne des fruits charnus, mais parfois aussi d'autres parties de plantes, qui sont à la fois comestibles, de goût agréable, que l'on peut généralement consommer crus et qui conviennent à la préparation de plats sucrés et de desserts, par exemple les fraises, pêches, prunes, etc.
24
+
25
+ À contrario, nombre de fruits botaniques comestibles, tels que la tomate, l'aubergine ou le poivron, se préparent sans sucre et entrent habituellement dans la confection de recettes salées. Ils sont donc considérés en cuisine comme des légumes, et plus particulièrement des légumes-fruits.
26
+
27
+ Ainsi, une partie de plante peut tout à fait être désignée comme fruit dans un contexte scientifique, même si elle se prépare en cuisine comme un légume.
28
+
29
+ Dans certains cas, la distinction entre fruit et légume devient délicate, certains fruits pouvant être consommés comme légumes, par exemple dans le cas du melon, fruit couramment consommé en entrée[Où ?], ou de certains fruits cuisinés en accompagnement de plats de viande, par exemple le canard à l'orange, et inversement certains légumes, parfois naturellement sucrés, peuvent s'accommoder en dessert, par exemple la patate douce.
30
+
31
+ La question de savoir si la tomate était un fruit ou un légume a été portée en 1893 devant la Cour suprême des États-Unis. Cette dernière décida à l'unanimité dans l'affaire Nix vs. Hedden que, dans le cadre de la loi de 1883 sur les droits de douane applicables aux produits importés, la tomate devait être assimilée à un légume et taxée comme tel. La Cour reconnut toutefois le caractère botanique de fruit de la tomate.
32
+
33
+ En revanche, la Commission européenne a décidé d'assimiler à des fruits certains légumes, dont la tomate, la carotte et la patate douce lorsqu'ils entrent dans la composition de confitures, bien que les deux derniers ne soient en rien des fruits botaniques. Il s'agissait en réalité de se conformer à la Directive 2001/113/CE du 20 décembre 2001[5], qui définit la confiture comme un mélange à base de sucre et de fruits, tout en préservant certaines traditions locales de production de confitures à base de légumes. C'est notamment le cas de la Doce de cenoura, confiture de carottes portugaise.
34
+
35
+ Selon la partie de la plante qui est consommée et ses caractéristiques, on distingue plusieurs catégories de légumes.
36
+
37
+ Les légumes secs sont ceux dont on consomme les graines récoltées à maturité. Leur faible teneur en eau, d'environ 12 %, permet de les conserver longtemps à l'abri de l'humidité. Ils sont essentiellement représentés par des légumineuses : fève, haricot, lentille, pois cassé, pois chiche, soja.
38
+
39
+ Les légumes frais ou légumes verts peuvent être distingués selon l'organe végétal récolté :
40
+
41
+ La couleur verte de nombreux légumes, notamment les légumes-feuilles, est due à la présence d'un pigment vert, la chlorophylle. Celle-ci est affectée par le pH et vire au vert-olive en conditions acides et au vert clair en conditions alcalines. Certains de ces acides sont libérés dans la vapeur pendant la cuisson, particulièrement si c'est une cuisson à couvert.
42
+
43
+ Les couleurs jaune/orange des fruits et légumes sont dues à la présence de caroténoïdes, qui sont aussi affectés par les procédés de cuisson ou les variations de pH.
44
+
45
+ La coloration rouge/bleue de certains fruits et légumes (par exemple les mûres et le chou rouge) est due aux anthocyanes, qui sont sensibles aux variations de pH. Quand celui-ci est neutre, les pigments sont pourpres, rouges quand ils sont acides et bleus quand ils sont basiques. Ces pigments sont très hydrosolubles.
46
+
47
+ En 2016, environ 21 000 variétés de légumes sont inscrites au catalogue européen et sont donc autorisées à la commercialisation en France[6],[7], près de 2 700 variétés sont inscrites au catalogue français, dont 370 variétés dites « anciennes » auxquelles il faut ajouter près de 280 variétés sur la liste des variétés anciennes pour amateurs et non autorisées à la commercialisation en France. Le nombre de variétés conservées (accessions) dans les réseaux européens est estimé à plus de 100 000, il est inconnu à l'échelle mondiale. Le nombre de variétés anciennes mises en culture chaque année à des fins de conservation est supérieur à 5 000. Le nombre de variétés nouvelles créées et inscrites en moyenne par an est en France de 250 en moyenne et de 1 600 en Europe.
48
+
49
+ Ces variétés sont créées par une vingtaine d'établissements qui sélectionnent des espèces potagères en France et les variétés anciennes sont maintenues par une quinzaine d'entreprises spécialisées.
50
+
51
+ La sélection a permis ces dernières années d'apporter de nombreuses modifications telles que :
52
+
53
+ De nombreux travaux sont actuellement en cours afin d'améliorer les résistances aux bioagresseurs, la taille, la forme et les couleurs, ainsi que la qualité gustative et nutritionnelle de différentes espèces.
54
+
55
+ Des collections de variétés sauvages et de cultivars des différentes espèces de légumes sont entretenues dans différents pays pour préserver les ressources génétiques de ces espèces.
56
+
57
+ En France, par exemple, le « Centre de Ressources Biologiques Légumes » (CRB-Leg) basé à Avignon a la responsabilité de la conservation de nombreuses variétés de laitues, melons, piments, tomates et aubergines[8].
58
+
59
+ La production familiale de légumes dans les jardins potagers est traditionnellement importante dans les régions rurales mais a perdu beaucoup d'importance avec la progression de l'urbanisation.
60
+
61
+ La production professionnelle ou marchande est généralement le fait de producteurs spécialisés, les maraîchers ; toutefois certains légumes donnent lieu à une importante production de plein champ dans le cadre de l'agriculture contractualisée. C'est le cas par exemple de la pomme de terre ou des pois.
62
+
63
+ Longtemps, le maraîchage s'est développé à proximité immédiate des villes et de leur marchés, exploitant les fonds de vallée humides à proximité des agglomérations. On peut citer l'exemple des hortillonnages d'Amiens. Le développement de l'urbanisation et la diminution des coûts de transport ont bien souvent provoqué la migration de cette activité dans des régions, voire des pays, plus adaptées aux différentes cultures, plus spécialisées et à la main d'œuvre bon marché.
64
+ Il y a des milliers de légumes dans le monde.
65
+
66
+ Les légumes produits entrent soit dans le circuit de distribution pour la consommation en frais, qui passe par différentes étapes et aboutit aux commerce de détail, aux étals des marchés ou dans les super et hypermarchés de la grande distribution, soit dans des circuits de transformation industrielle, conserves, surgelés, etc.
67
+
68
+ En France, le marché d'intérêt national de Rungis, situé dans le sud de la banlieue parisienne, joue un rôle très important dans la distribution des légumes ainsi que d'autres produits alimentaires (fruits, viandes, poissons, fruits de mer).
69
+
70
+ Les légumes sont disponibles dans le commerce sous diverses formes, qui tendent à faciliter leur emploi et leur disponibilité tout au long de l'année. On distingue cinq « gammes »[9] :
71
+
72
+ À partir de la 2e gamme, les légumes sont commercialisés avec une DLC (date limite de consommation) ou une DLUO (date limite d'utilisation optimale) obligatoirement inscrite sur l'emballage.
73
+
74
+ Dans l'Union européenne, de nombreuses appellations populaires de légumes sont protégées commercialement par Appellation d'origine protégée (AOP); les marques collectives le sont par Indication géographique protégée (IGP)[10].
75
+
76
+ Au Danemark
77
+
78
+ En Espagne
79
+
80
+ En Finlande
81
+
82
+ En Grèce
83
+
84
+ Au Portugal
85
+
86
+ Au Royaume-Uni
87
+
88
+ Deux appellations de légume ont été inscrites au registre des AOC/IGP de la Confédération[11] :
89
+
90
+ À l'exception des légumes secs, les légumes sont des denrées périssables, pour lesquelles le problème de la conservation s'est posé de longue date.
91
+
92
+ Certains légumes du type tubercules ou bulbes peuvent se conserver assez facilement à l'abri de l'humidité et du froid. C'est le cas de l'oignon, de l'ail et de la pomme de terre. Cette dernière doit en outre être protégée de la lumière pour éviter le développement des germes. Certains tubercules, notamment le topinambour, se conservent toutefois mal une fois déterrés. Les courges et potirons peuvent également se conserver pendant plusieurs mois à l'abri.
93
+
94
+ Pour d'autres légumes, notamment les légumes racines (betteraves, carottes, navets) ainsi que les poireaux, une conservation temporaire peut se pratiquer par mise en jauge au jardin ou dans un récipient, recouverts d'un substrat, placés dans un endroit frais.
95
+
96
+ Les procédés de conservation parmi les plus anciens sont la fermentation lactique, qui est à la base de la production de la choucroute, et la conservation dans le vinaigre (cornichons, petits oignons…).
97
+
98
+ La dessiccation se pratique pour certains légumes, notamment la tomate. Les tomates séchées au soleil et conservées dans l'huile sont une spécialité italienne.
99
+
100
+ L'appertisation (en bocal ou en boite de conserve) apparue au XIXe siècle s'applique à de nombreux légumes, notamment les haricot vert, flageolets et petit pois. Elle comprend une stérilisation en autoclave pendant 15 à 20 minutes à 110−120 °C, nécessaire pour éliminer les germes responsables du botulisme.
101
+
102
+ La conservation par le froid au réfrigérateur (entre 5 et 10 °C) permet de conserver les légumes durant quelques jours.
103
+
104
+ La surgélation (conservation à une température inférieure ou égale à −18 °C), plus récente, s'est largement développée en se substituant de plus en plus à l'appertisation.
105
+
106
+ La production des légumes est dépendante des conditions climatiques propres à chaque région. Selon la facilité de conservation des différents légumes, leur disponibilité sera plus ou moins étalée, et généralement très brève pour les produits frais, tels les petits pois ou les haricots verts, qui ne supportent pas le stockage même à basse température au-delà d'une semaine.
107
+
108
+ L'approvisionnement des marchés, en particulier dans la grande distribution est complété par deux types de produits : des légumes forcés dans des tunnels et récoltés en avance sur la saison normale, des légumes importés cultivés dans des pays offrant des conditions climatiques plus adaptées. En outre, les techniques de conservation modernes (appertisation, surgélation, déshydratation, irradiation) ont permis d'étaler la saison de consommation de nombreux produits. La spécialisation des régions s'explique aussi par la professionnalisation de la production légumière et la recherche d'une plus grande productivité.
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+
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+ Bien qu'étant un fruit au sens botanique, la tomate est comptabilisée comme un légume par la FAO[12],[13].
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+ Les légumes peuvent se consommer crus ou cuits. Ils servent le plus souvent d'accompagnement du plat principal et peuvent être préparés et cuits avec la viande ou séparément. Ils peuvent aussi se consommer en entrée, par exemple les plats de crudités, ou sous la forme de soupes et potages. Les salades constituent généralement un plat séparé.
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+ La consommation des légumes a longtemps eu un caractère local, les paysans consommant les produits adaptés aux conditions climatiques locales. Avec le développement des moyens de transport, les échanges de légumes se sont fortement développés, à des distances toujours plus grandes. C'est ainsi que le consommateur français peut se voir offrir, hors saison, des haricots verts produits au Kenya et transportés par avion. Les migrations contribuent aussi à populariser des légumes plus ou moins exotiques.
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+ Ils jouent un rôle très important, associés aux céréales et aux fruits, dans les régimes végétariens.
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+ Les légumes sont aussi à la base de jus de légumes.
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+ Les légumes constituent un apport alimentaire important. Ils apportent dans des proportions variables selon l'espèce, la partie de la plante concernée et les modes de préparation ou de conservation :
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+ Toutes ces propriétés font qu'il est recommandable de consommer des légumes tous les jours, sous la forme d'une portion à chaque repas, et sous des formes le plus variées possible.
123
+ Pour cette raison, les légumes ont été placés, conjointement avec les fruits frais, sur le second niveau de la pyramide alimentaire.
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125
+ Dans les pays occidentaux, où l'alimentation est en règle générale trop riche, les diététiciens recommandent d'augmenter la part des légumes dans l'alimentation. Cette part avait sensiblement diminué dans la deuxième moitié du XXe siècle, tandis que celle des protéines animales augmentait fortement. En France, depuis plusieurs années, le ministère de la santé conseille de consommer « au moins cinq fruits et légumes par jour »[14]. Au Canada, aussi[15].
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+ La Fondation Louis-Bonduelle, créée en 2004, agit en France et à l'international dans le but de faire évoluer de manière durable les comportements alimentaires, en apportant à tous les moyens de faire entrer les légumes dans leur quotidien. La Fondation a lancé en 2005 Le jour du légume[16],[17].
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129
+ Par ailleurs, surtout chez ceux n'ayant pas la coutume d'en manger, les légumes peuvent avoir certains aspects moins désirables telles les difficultés digestives dues aux :
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+ Les fruits et légumes sont les principales sources de vitamines dans l'alimentation[19][source insuffisante].
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+ La consommation de fruits et légumes joue un rôle protecteur en santé humaine, vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires[20] et de certains cancers[21],[22].
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+ Les végétariens sont moins sujets au diabète et à l'obésité[23], ainsi qu'aux troubles cognitifs[24] et à la maladie d'Alzheimer[25].
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+ On pense que les facteurs en cause sont le contenu en antioxydants (dont la vitamine C) et en fibres alimentaires[26], ou d'autres facteurs spécifiques à un fruit ou un légume, comme le lycopène par exemple.
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139
+ En France, la consommation de fruits et légumes est encouragée auprès du grand public par le Programme National Nutrition Santé dont le principal message est « Au moins 5 fruits et légumes par jour[27] ». C'est le cas dans plusieurs pays.
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141
+ De nombreux légumes peuvent contenir des facteurs antinutritionnels[28], en particulier les légumineuses et les pommes de terre. Les facteurs antinutritionnels sont habituellement détruits par cuisson, trempage, ou un autre procédé.
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143
+ Comme les aliments issus du règne animal, les légumes peuvent contenir des résidus de pesticides et d'herbicides, particulièrement les salades, haricots, et en général toutes les plantes directement exposées aux traitements phytosanitaires aériens. Celles cultivées en conduite biologique (AB) sont moins exposées.
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145
+ En France, selon le programme de surveillance mené en 2004 par la DGCCRF, 96,2 % des échantillons fruits et légumes analysés respectent la règlementation, seuls 3,8 % dépassent la LMR (limite maximale de résidus autorisée)[29].
146
+
147
+ Certains légumes tels que les carottes et les tomates peuvent être infectés par des mycotoxines[30]
148
+
149
+ De nombreux légumes se consomment crus, soit en salades soit en crudités. Certains peuvent se consommer crus ou cuits, la plupart nécessitent une cuisson.
150
+
151
+ Il existe de multiples modes de cuisson applicables aux légumes : à l'eau, à la vapeur, sautés, rissolés, frits, braisés, grillés, au four…
152
+
153
+ Les légumes sont parfois consommés entiers, par exemple les pommes de terre en robe des champs. Le plus souvent, ils doivent être épluchés et taillés en morceaux, par exemple en rondelles, en bâtonnets (frites), en dés, en julienne (fines lamelles) ou en brunoise (petits dés). On peut employer à cet effet un couteau ou des ustensiles tels qu'une mandoline ou une moulinette.
154
+
155
+ La diversité des légumes disponibles à notre époque est impressionnante, même si la consommation se concentre principalement sur quelques espèces, dans l'ordre : pommes de terre, manioc, patates douces, tomates, choux, oignons…
156
+
157
+ Si l'on se réfère à l'Europe, certains légumes sont connus et consommés depuis l'Antiquité. Ce sont les fèves, lentilles et pois, les navets, les choux pommés, les oignons, les carottes et le panais bien oublié.
158
+
159
+ D'autres légumes ont été introduits anciennement, à partir du Xe siècle, d'Orient : artichauts, épinards, aubergines…
160
+
161
+ Une vague importante d'introduction a suivi la découverte de l'Amérique (1492) : tomates, haricots, poivrons et piments, courges…
162
+
163
+ Par la suite, un nombre restreint de nouveaux légumes sont apparus, soit à la suite d'introduction, par exemple le crosne, plante originaire d'Extrême-Orient, soit parce qu'ils ont été « inventés » comme l'endive découverte par un jardinier belge au milieu du XIXe siècle.
164
+
165
+ Les principaux légumes cultivés se répartissent ainsi (d'après J.R. Harlan[31]) selon les grandes aires d'origine :
166
+
167
+ La diversité des espèces et variétés de légumes consommés s'est fortement réduite au cours du XXe siècle avec le développement de nouveaux modes de production et surtout de nouveaux modes de distribution qui ont conduit à ne retenir qu'un nombre restreint de formes standardisées de grande diffusion. Les deux grandes guerres du XXe siècle, et leurs périodes de famine, durant lesquelles seuls les légumes les mieux adaptés étaient mangés en quantité, ont également été quasi-fatales à ceux-ci. Le topinambour ou le rutabaga ont ainsi été longtemps considéré comme des légumes de disette[35][source insuffisante]. L'action de quelques passionnés a permis de remettre au goût du jour des légumes secondaires, connus sous le nom de « légumes oubliés », tels que le crosne du Japon, le panais, le cerfeuil tubéreux. D'autres ont bénéficié d'effets de mode, ainsi certaines espèces de cucurbitacées, le pâtisson, connaissent un certain engouement en Europe depuis le développement de la fête de Halloween importée d'outre-Atlantique dans les années 1990.
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+
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+ Cependant, la biodiversité agricole est préservée par les réseaux de conservation, et en particulier par les sélectionneurs, qui répertorient, caractérisent, évaluent, maintiennent et régénèrent les ressources génétiques indispensables à la création de nouvelles variétés. La filière semence, en améliorant les plantes et en créant de nouvelles variétés, enrichit la biodiversité. Ces variétés, loin d'être « privatisées », sont mises à la disposition de quiconque souhaite continuer le travail d'amélioration.
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+ Des légumes entrent dans de nombreuses expressions populaires, souvent péjoratives :
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+ Les légumes-phénomènes, qui sortent de l'ordinaire soit par leur forme inhabituelle, soit par leur taille, sont souvent l'objet de concours entre jardiniers amateurs.
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+ République arabe d'Égypte
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+ جمهورية مصر العربية
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+ 30° 02′ 40″ nord, 31° 14′ 44″ est
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+ L'Égypte Écouter (en arabe : مصر / miṣr ; en arabe égyptien : مصر / maṣr [masˤɾ]), en forme longue la république arabe d'Égypte (en arabe : جمهورية مصر العربية?) / jumhuriyat misr al arabiya[3], est un pays se trouvant en Afrique du Nord-Est et, pour la péninsule du Sinaï, en Asie de l'Ouest. Située sur la côte sud de la Méditerranée orientale, le bassin Levantin, l'actuelle Égypte occupe l'espace géographique qui fut autrefois celui de l'Égypte antique.
12
+
13
+ Avec près de 105 millions d'habitants en 2020, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. En très forte croissance, sa population a été multipliée par quatre en soixante ans.
14
+
15
+ Sa capitale est Le Caire et sa monnaie la livre égyptienne. La langue officielle du pays est l'arabe, utilisé dans tous les documents et dans l'éducation. Par contre, la langue parlée est l'arabe égyptien (arabe dialectal). Le siwi — tamazight (berbère) de l'ouest du pays — est parlé à Siwa. Le copte n'est utilisé que comme langue liturgique des chrétiens d'Égypte. Le nubien est parlé par les habitants de Haute-Égypte, dans la province d'Assouan, une région communément appelée Nubie.
16
+
17
+ On distingue généralement quatre régions : la Basse-Égypte, la Moyenne-Égypte, la Haute-Égypte et la Nubie.
18
+
19
+ L'Égypte multiplie les extrêmes : pays arabe le plus peuplé, 90 % de sa population habite dans une bande de terre fertile qui longe le Nil (24 km dans sa plus grande largeur près du Fayoum, en moyenne 10 km, mais elle peut ne faire qu’une centaine de mètres). Le reste du territoire est désertique.
20
+
21
+ Outre la capitale, Le Caire qui comprend également Gizeh, les grandes villes égyptiennes sont les suivantes :
22
+ Alexandrie, Saqqarah, Assouan, Assiout, Benha, Dahab, El-Arich, El-Mahalla el-Koubra, Hurghada, Mansourah, Marsa Matruh, Louxor, Karnak, Kôm Ombo, Port Safaga, Port-Saïd, Charm el-Cheikh, Suez, Tanta, Zagazig, etc.
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+
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+ En 2015, un projet de nouvelle capitale propose de déplacer la capitale politique d'Égypte à l'Est du Caire[4].
25
+
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+ L’air y est particulièrement sec et salubre, et seul le Nil fait qu’on n’y retrouve pas totalement le climat saharien. En hiver, la température est douce et les gelées nocturnes sont exceptionnelles. Mis à part les mois de janvier, février et mars, parfois assez froids dans le nord, les températures moyennes avoisinent 20 °C sur la côte méditerranéenne (maximales 31 °C) et 28 °C à Assouan (maximales 50 °C). Dans le désert, les températures extrêmes sont de rigueur — incandescent le jour, glacial la nuit.
27
+
28
+ Devenue sensiblement plus humide depuis la construction du haut barrage, la Haute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
29
+
30
+ Le delta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
31
+
32
+ Au printemps, sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brûlant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l'air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d'où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth.
33
+
34
+ En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
35
+
36
+ Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs des anciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraichissaient l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
37
+
38
+ C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés cachaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
39
+
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+ Si l'Égypte est à 94 % désertique, elle n'en abrite pas moins diverses plantes qui se sont adaptées à des conditions particulièrement hostiles : lotus, papyrus, palmiers, tamaris, acacias, jacarandas, poincianas, mangroves, etc.
41
+
42
+ L'Égypte compte environ 430 espèces d'oiseaux et une centaine de mammifères, au nombre desquels les dromadaires[N 1], les ânes et les gazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards, oryx, hyènes, lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces de serpents, des scorpions et quelques crocodiles vivent près d'Assouan.
43
+
44
+ Durant près de trois millénaires, la vallée du Nil vit prospérer une des civilisations les plus brillantes de l'Histoire. L'invention d'une écriture originale sous forme d'idéogrammes syllabiques, les hiéroglyphes, peu de temps après l'apparition du cunéiforme en Mésopotamie vers -3300, contribue à sortir l'espèce humaine de la Préhistoire. L’Égypte des pharaons put ainsi largement s'épanouir pour atteindre son apogée au XIIIe siècle avant notre ère, laissant une œuvre monumentale au patrimoine mondial.
45
+
46
+ Après de nombreuses invasions et occupations diverses (essentiellement Perses, Grecs, Romains et Byzantins), au Ier siècle s'est formée la communauté chrétienne, convertie par saint Marc, les Coptes (déformation arabe du mot grec Aiguptios : Égyptien). Ils sont aujourd'hui plusieurs millions. Le pays passa ensuite sous domination arabe au VIIe siècle, puis ottomane.
47
+
48
+ Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848 apparaît comme un grand réformateur du pays dont il modernise les structures. Il utilise l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Les puissances européennes s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. La Grande-Bretagne envoie sa flotte pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur l'Égypte, bombardant les ports libanais contrôlés par Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1841, Méhémet Ali doit céder le contrôle de la Syrie par le traité de Londres. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques qui provoqua sa désindustrialisation. Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre [...] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons. »[5].
49
+
50
+ Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre de khédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après la révolte nationaliste du colonel Ahmed Urabi, l'Égypte est conquise par l'Empire britannique après une courte guerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de la guerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent les Mahdistes qui se sont emparés du Soudan : leur victoire fait naître un Soudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[6]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle[réf. nécessaire].
51
+
52
+ Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelle ottomane puis britannique, sa culture reste aujourd'hui encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le président Gamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers.
53
+ Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc)[7]
54
+
55
+ Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de 500 millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et des bidonvilles se développent autour de la capitale[8]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, le FMI demande la suppression de toutes les subventions aux produits de base ce qui provoque des émeutes en janvier 1977. Le gouvernement fait intervenir l'armée, générant un nombre de victimes inconnu. Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[9].
56
+
57
+ Après l'assassinat de Sadate (1981), Hosni Moubarak fut Président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Hosni Moubarak poursuivit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier en Haute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[10] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[11].
58
+
59
+ En janvier et février 2011, une série de manifestations d'ampleur inégalée se déroulent à travers le pays et mènent à la démission d'Hosni Moubarak le 11 février. Les nouvelles élections législatives et présidentielle ont été remportées par le Parti de la liberté et de la justice, le bras politique des Frères musulmans.
60
+ Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu, Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci l'ont destitué en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[12]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[13].il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique , et met sous contrôle les médias et la justice[14].
61
+
62
+ Outre ses ouvrages monumentaux tels que le canal de Suez ou le haut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richesses archéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
63
+
64
+ Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république. Depuis 1981, Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence fut pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée la Choura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le président Hosni Moubarak a démissionné de son poste le 11 février 2011 à la suite des protestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchal Al-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014.
65
+
66
+ Les chrétiens, qui représentent environ 15 % de la population, ne sont presque pas représentés dans l'administration ou la politique[réf. souhaitée].
67
+
68
+ Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. Sous Hosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives aux droits de l'Homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[15]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[16]. Sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans la prison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par les ONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[17],[18]. Des centaines d'atteintes à la liberté de la presse sont en outre recensées par l'ONG Egyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[19]. En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Aljazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[20]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïc Sherif Gaber ou le militant des droits de l'homme Wael Abbas en mai 2018[21].
69
+
70
+ L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[22]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[23].
71
+
72
+ Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[24].
73
+
74
+ Présidents de la République d’Égypte :
75
+
76
+ L'Égypte est divisée en vingt-sept gouvernorats :
77
+
78
+ De 2008 à 2011, il existait deux autres gouvernorats :
79
+
80
+ Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères est Sameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[25]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deux îles stratégiques de la Mer Rouge (Sanafir et Tiran) à l'Arabie saoudite[26]. L'Égypte commence la rétrocession le 11 juin 2017. Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[27]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie Saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[28].
81
+
82
+ Les forces armées égyptiennes sont les plus importantes en nombre du continent africain avec plus d'un million de soldats. Elles se composent de l'armée égyptienne, de la marine égyptienne, de l'armée de l'air égyptienne et des Forces de la défense aérienne égyptienne.
83
+
84
+ Le pays est en proie à de grandes difficultés économiques, malgré les ressources en pétrole et surtout en gaz naturel. La pauvreté y est croissante. Autrefois essentiellement agraire, l'économie égyptienne tente désormais de se diversifier vers des domaines comme le tourisme ou l'industrie. Les principaux partenaires économiques de l'Égypte étaient en 2004 les États-Unis, l'Union européenne, la Chine, l'Inde, le Pakistan et le Japon. Les principales ressources économiques de l'Égypte sont le pétrole et le gaz naturel, les revenus issus du canal de Suez, le tourisme, les métaux et l'agriculture (surtout le coton). Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010.
85
+
86
+ Première ressource en devises de l'Égypte et l'un de ses principaux secteurs d'activités, le tourisme qui représentait 11 % du PIB avant 2011 a fortement baissé avec les attentats djihadistes[29]. Le pays dépend également en grande partie de l'aide internationale. Parmi ses points faibles se trouve sa production agricole, il était ainsi deuxième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
87
+
88
+ Le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer une TVA et à augmenter le prix des billets du métro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[30]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de 3 millions suite à ces réformes.
89
+
90
+ La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[30], et 38 % en 2018[31]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[31].
91
+
92
+ Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de 30 millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[24].
93
+
94
+ Le film documentaire Zelal rends compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
95
+
96
+ La grande majorité des Égyptiens (environ 95 %[32]) se réclament de l'islam sunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est le sheikh de la mosquée Al-Azhar.
97
+
98
+ Les chrétiens, essentiellement coptes, forment la principale minorité religieuse (environ 5 %). Les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute-Égypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l'arrivée de l'islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion prédominante dans le pays, l'un des premiers à avoir embrassé cette nouvelle foi. La majorité des chrétiens en Égypte est de rite copte-orthodoxe, une minorité est copte-catholique (issus d'une scission et d'un rattachement à Rome au XIXe siècle, patriarche actuel Antonios Naguib), quelques dizaines de milliers de coptes-protestants.
99
+
100
+ Enfin, il existe aussi encore quelques milliers de chrétiens levantins d'origine syrienne et libanaise, de rite grec-catholique, grec-orthodoxe ou maronite, appelés Shawam Masr/Syro-Libanais d'Égypte, ainsi qu'une minorité arménienne (orthodoxe et catholique). Ce sont en fait les restes de communautés levantines qui furent bien plus importantes en nombre. Installées aux XVIIIe et XIXe siècles en Égypte, elles ont joué un rôle économique et culturel important jusqu'à ce que leur nombre décroisse fortement après la révolution de 1952, et en particulier avec la mise en place du régime nassérien et les lois de nationalisation de 1961.
101
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+ Les Coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali) et une minorité économiquement puissante[réf. nécessaire]. Leur marginalisation en Égypte a poussé 1,5 million de chrétiens à émigrer aux États-Unis, en Europe et en Australie[33]. En effet, les coptes sont actuellement persécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de graves discriminations au quotidien allant jusqu'à des attentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église Copte d'Alexandrie le 1er janvier 2011, entre autres, qui a fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés. Les chiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions de misère très dures. En effet, depuis le massacre de leurs porcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de la pandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes des islamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie de grippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des Coptes se sont aggravés.
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+ Une petite minorité chiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[34]. Les Chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents à Alexandrie.
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+ Les baha'is égyptiens, dont le nombre est estimé à environ 10 000 personnes, ont obtenu définitivement le 19 mars 2009, après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisser libre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identités et leurs certificats de naissance[35].
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+ Les différentes communautés juives vivant dans ce pays à toutes les époques ont subi des persécutions plus ou moins importantes au cours du temps (sous Trajan à l'époque romaine) et préférèrent quitter l'Égypte entre 1956 et 1967 (au plus fort des tensions israélo-arabes). La communauté est alors passée de 80 000 personnes dans les années 1940 à quelques dizaines en 2010[36].
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+ Avec plus de 95 millions d'habitants en 2017, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. L'Égypte est également le pays le plus peuplé du monde arabe, du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen. Sa densité théorique est de 95 hab./km2, mais dans la seule vallée du Nil et son delta, avec la zone du canal (53 000 km2, soit 5 % de sa superficie, seule habitable, et largement urbanisée), elle est évaluée à 1 500 hab./km2.
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+ En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[37]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
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+ La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[37].
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+ Le 11 février 2020, le pays franchit le cap des 100 millions d'habitants c'est le pays arabe le plus peuplé et c'est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière l'Éthiopie et le Nigeria[38].
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+ La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Le dialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le mot beau se prononce jamīl en Haute-Égypte et gamīl en Basse-Égypte, pour la deuxième le mot coupole se prononce gubba [ˈɡob.ba] en Haute-Égypte et ʔubba [ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
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+ Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais le français y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[39].
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+ Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant le calendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Le ramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
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+ Mosquée du Caire.
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+ Bus décoré.
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+ Vente d'artisanat.
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+ Bijoux.
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+ Darbouka.
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+ Douceurs égyptiennes.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les Mawlid[40], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'un saint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
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+ Le football est le sport le plus populaire du pays. Le Al Ahly Sporting Club est le plus connu du pays et le plus titré du continent, avec huit Ligues des champions à son palmarès. Son grand rival est le Zamalek Sporting Club.
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+ L'équipe nationale égyptienne a remporté sept fois la coupe d'Afrique des nations de football (un record), dont trois titres consécutifs, en 2006, 2008 et 2010[41].
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+ Le squash, le tennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales de basket et handball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres de champion du monde pour Ramy Ashour et Nour El Sherbini et une domination sans partage au classement individuel.
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+ L'Égypte participe aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 de Pyeong-Chang en Corée du Sud.
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+ L'Égypte est membre de l'Organisation internationale de la francophonie.
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+ De plus, les villes d'Alexandrie, du Caire et de Port-Saïd sont membres de l'Association internationale des maires francophones[réf. nécessaire].
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+ Il y a 50 000 francophones réels (un grand nombre travaille dans le tourisme), et quelque 300 000 Égyptiens qui ont des notions de français. L'anglais est beaucoup plus important, et a détrôné le français dès les années 1950[42]. Il y a sans doute quelque deux millions d'Égyptiens anglophones complets, surtout chez les plus jeunes, ainsi qu'un nombre équivalent d'Égyptiens qui ont des notions d'anglais. L'italien est parlé par quelque 20 000 Égyptiens, ainsi que le grec, surtout à Alexandrie et sa région. Dans l'Antiquité, le grec antique cohabitait avec le démotique, la langue des anciens Égyptiens, à Alexandrie.
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+ Depuis les campagnes napoléoniennes qui amenèrent, à côté de corps expéditionnaires, de nombreux ingénieurs, historiens, égyptologues, linguistes, juristes et médecins, l'Égypte accueillit une communauté française importante. D'autres communautés étrangères existèrent au même moment, italienne, grecque, israélite, etc. Toutes avaient en commun une « lingua franca » qui était le français. L'élite égyptienne, puis la classe moyenne, envoya ses enfants apprendre le français. Le code napoléonien servit de base aux institutions égyptiennes modernes. Jusqu'en 1956, année de la crise du canal de Suez, la langue française joua un rôle important en Égypte, y compris sous le protectorat britannique.
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+ Avec le départ des communautés étrangères d'Égypte, le français ne disparut pas pour autant. Sur le plan international, l'Égypte fut un membre actif au sein de la communauté francophone. C'est l'Égypte qui imposa la langue française dans tous les traités internationaux concernant la crise du Proche-Orient, par l'action du haut-diplomate égyptien, Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, qui fut même Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie[43].
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+ Pour favoriser l'ouverture d'un département de littérature francophone, la Bibliothèque nationale de France a de son côté, dans le cadre de ses actions de coopération internationale, effectué le don à la Bibliotheca Alexandrina de 500 000 ouvrages. Il s'agit de doubles d'ouvrages reçus au titre du dépôt légal, parus entre 1966 et 2006 et couvrant tous les domaines de l'édition française[44],[45].
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+ La caractéristique essentielle du paysage bilingue égypto-français est sa diversité. Les types d’établissements sont de statuts différents (écoles expérimentales, lycées Al Horreya, écoles d’investissement, écoles confessionnelles).
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+ Soixante-douze écoles dites « bilingues » enseignent le français renforcé (LV1) à 45 000 élèves. Les cours sont assurés par environ 2 000 enseignants, dont une cinquantaine de Français.
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+ Élément phare d’un autre pan du bilinguisme en Égypte, le lycée français du Caire scolarise, quant à lui, plus de 1 600 élèves, parmi lesquels 47 % sont de nationalité française et 32,5 % de nationalité égyptienne. L'Institut français d'Égypte (antennes du Caire, d'Alexandrie et d'Héliopolis) participe également à l'enseignement du français en Égypte avec quelque 22 salles de classes donnant des cours 7 jours sur 7 rien que pour l'antenne principale du quartier Mounira du Caire.
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+ Il faut y ajouter les 10 000 élèves supplémentaires répartis dans les cinq autres établissements cairotes, ainsi que dans le lycée d’Alexandrie, le lycée de Port Saïd, les petites écoles françaises de Charm el-Cheik, Hurghada et les nombreux instituts et écoles à cursus français qui poursuivent le même objectif. Néanmoins, il existe aujourd'hui des collèges privés catholiques, qui assurent un enseignement français, et cela dès la Seconde. Les élèves passent aussi le baccalauréat français tout comme le lycée français du Caire. Les collèges du sacré-cœur de Ghamra, de la mère de Dieu, de la sainte famille ainsi que le collège de la Salle en sont des exemples.
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+ Enfin, comme composante non négligeable du paysage francophone éducatif égyptien, on évalue à quelque 1,7 million le nombre d’élèves, encadrés par environ 10 000 enseignants, qui étudient le français en deuxième langue vivante (LV2)[46].
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+ En ce qui concerne les écoles privées chrétiennes d'enseignement francophone (dont certaines très anciennes et prestigieuses comme le Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire (CSF) ou bien le Collège Saint-Marc à Alexandrie), elles accueillent aujourd'hui une majorité de jeunes musulmans et en minorité seulement les élites chrétiennes traditionnelles (Coptes mais aussi des Égyptiens chrétiens d'origine syro-libanaise ou arménienne). Un contrat passé avec l'État égyptien assure en théorie un contrôle du contenu pédagogique[47].
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+ L'Égypte a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)