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Des membres de l'association Dialogs au Parc de la tête d'or, le 17 avril, à Lyon. © Bruno AMSELLEM / SIGNATURES Pour Le Monde Bâtons de marche nordique en main, couvre-chef de sortie, une dizaine de courageux s'apprêtent, en ce lundi matin ensoleillé, à partir pour une randonnée d'une quinzaine de kilomètres. Du parc de la Feyssine à Villeurbanne (Rhône), derrière le campus de la Doua, le parcours longe les berges du Rhône avant d'emprunter le parc de la Tête-d'Or à Lyon et la voie verte, qui file de Caluire jusqu'aux Dombes. Accompagné d'une infirmière et d'une éducatrice sportive, le groupe de marcheurs appartient au réseau Dialogs, qui prend en charge les personnes atteintes de diabète de type 2, celui des sédentaires, favorisé par le surpoids ou l'hérédité. "Cela représente 92 % de la population de diabétiques, pour lesquels pas grand-chose n'est fait. La formation des médecins généralistes est en effet souvent très courte", explique Christelle Darras, infirmière à l'hôpital public et l'une des animatrices du réseau. Avant le départ, on fait le point sur la constitution des sacs à dos et les inévitables précautions avant ce type d'effort physique. "Michel, combien de sucres dois-tu avoir sur toi ?", lance l'infirmière à l'un des adhérents, membre depuis quatre ans. Michel Lièvre, 75 ans, belle stature, chemise à carreaux et casquette vissée sur la tête, ne se démonte pas : "Je ne fais pas d'hypoglycémie. Deux, non ?" "Et si tes voisines en font une ? C'est trois sucres pour une hypoglycémie", rectifie Christelle Darras avec le sourire. Créé en 2002 à l'initiative d'un médecin spécialiste, le réseau Dialogs fonctionne dans les faits depuis 2004. Il coordonne environ 600 professionnels de santé et réunit 700 patients. Aux côtés de deux médecins et de l'infirmière, l'éducatrice sportive Florence Odin, une brune énergique, complète le noyau des animateurs en s'occupant des activités physiques, de la randonnée à l'aquagym en passant par la remise en forme. "L'objectif est de les aider à reprendre, à maintenir, voire à augmenter cette activité", raconte-t-elle. Après le diagnostic, l'équipe met tout en place pour inciter les patients, dont la moyenne d'âge est de 60 ans, à reprendre le sport. "On trouve l'activité idoine puis on essaie de les orienter vers des clubs ou de permettre qu'ils se regroupent entre eux", explique Florence Odin.
sport
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Rached Ghannouchi à son arrivée à la Conférence nationale pour le dialogue à Tunis, le 5 octobre. AFP/FETHI BELAID Le lancement solennel des négociations entre Ennahda, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, et l'opposition, a débuté, samedi 5 octobre, avec la signature d'une feuille de route prévoyant la formation en trois semaines d'un gouvernement d'indépendants. Ce document, rédigé par quatre médiateurs et signé à Tunis, prévoit la désignation avant la fin de la semaine prochaine d'un premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former son cabinet. Le gouvernement dirigé par Ennahda, fragilisé par deux assassinats d'opposants, les crises politiques à répétition et les difficultés économiques, a ainsi accepté de quitter le pouvoir deux ans après sa victoire aux élections du 23 octobre 2011, le premier scrutin libre de l'histoire de la Tunisie. Avant d'obtenir la démission formelle du gouvernement, le "dialogue national" doit cependant dégager un compromis sur l'identité des futurs membres du nouveau gouvernement. La feuille de route prévoit aussi, dans les quatre prochaines semaines, l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral, à l'issue d'un "dialogue national" réunissant toute la classe politique. Le Congrès pour la République, parti du président Moncef Marzouki et allié séculier d'Ennahda, a lui refusé de parapher le document. Le président tunisien Moncef Marzouki s'exprime lors de la Conférence nationale pour le dialogue le 5 octobre. REUTERS/ZOUBEIR SOUISSI "ÉQUILIBRE FRAGILE" "Nous sommes maintenant dans un équilibre fragile, nous devons travailler à un consensus", a déclaré Maya Jribi, chef de file du Parti républicain, une formation d'opposants. "Nous n'allons pas décevoir les Tunisiens ni le dialogue", a assuré pour sa part le premier ministre, Ali Larayedh, devant une foule de responsables de partis, les médiateurs de la crise et le président, Moncef Marzouki. L'influente centrale syndicale UGTT joue un rôle de médiateur dans la crise, qui s'est accentué depuis l'assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, figure de l'opposition de gauche, et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), dont les travaux sont au point mort. Ennahda, accusé par ses adversaires de viser l'instauration de mesures islamistes dures, a accepté la semaine dernière l'ouverture de négociations, après avoir longtemps refusé leur principe. Lire l'entretien avec Béji Caïd Essebsi : "Ennahda ne doit plus présider le gouvernement"
tunisie
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L'attaque s'est déroulée vers 10 heures, heure locale, dans un hôpital géré par l'organisation Cure International, basée en Pennsylvanie. REUTERS/MOHAMMAD ISMAIL Trois ressortissants américains ont été tués par un policier afghan lors d'une fusillade survenue jeudi 24 avril dans un hôpital de Kaboul, géré par Cure International, une ONG américaine, a annoncé l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale afghane. L'attaque s'est déroulée vers 10 heures, heure locale (7 h 30, heure de Paris) dans un hôpital géré par l'organisation Cure International, sise à Lemoyne, en Pennsylvanie. Présente dans 27 pays, cette ONG fondée en 1998 est notamment spécialisée dans la prise en charge des enfants. « L'assaillant fait partie de la police », a déclaré le porte-parole du ministère de l'intérieur, Sediq Sediqqi, alors que les autorités afghanes avaient dans un premier temps indiqué qu'il s'agissait d'un garde. Le policier, affecté à la sécurité de l'hôpital, se trouvait apparemment à l'extérieur de l'établissement et « a ouvert le feu sur des étrangers qui (y) entraient (...). Malheureusement, trois d'entre eux ont été tués », a ajouté M. Sediqqi. Un autre ressortissant étranger, une femme membre du personnel médical, a également été blessé et son état est « stable », a précisé le porte-parole. VIOLENTS INCIDENTS CONTRE DES ÉTRANGERS L'attaque n'avait pas été revendiquée jeudi à la mi-journée et les talibans, qui mènent une violente insurrection dans le pays depuis leur éviction du pouvoir en 2001 par une coalition militaire internationale, n'avaient pas réagi. Il s'agit de la dernière attaque en date contre des étrangers ou un site fréquenté par des étrangers en Afghanistan, après un début d'année marqué par de violents incidents. A la mi-janvier, 21 personnes, dont 13 étrangers, ont été tuées par un commando suicide taliban dans le restaurant La Taverne du Liban à Kaboul. Le 20 mars, neuf personnes, dont quatre étrangers, ont péri lors d'une attaque des rebelles islamistes contre le Serena, un hôtel de luxe de la capitale. Et début avril, Anja Niedringhaus, une photographe allemande de l'agence américaine Associated Press, avait été tuée, par un policier afghan, dans la province de Khost, dans l'est du pays.
asie-pacifique
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Le groupe de télévision M6 a annoncé mardi 13 décembre être entré en négociations exclusives avec RTL Group pour l’acquisition de son pôle français de radios pour un montant de 216 millions d’euros. Le groupe voudrait acquérir « 100 % des titres du pôle radio de RTL Group en France, qui comprend les radios RTL, RTL2 et Fun radio, ainsi que leur régie publicitaire et leurs activités Internet ». Le groupe luxembourgeois RTL Group, lui-même filiale de Bertelsmann, est l’actionnaire à 48,26 % de M6, et détient 100 % de RTL France. Le CSA doit donner son feu vert L’opération, que M6 envisage de financer entièrement par endettement, doit encore recevoir le feu vert du Conseil supérieur de l’audiovisuel, tandis que le gouvernement luxembourgeois sera consulté par RTL Group. « Ce projet est une étape importante pour le groupe, qui réaliserait ainsi la plus grosse opération de croissance externe de son histoire, ajoutant à ses autres activités le métier de la radio » et deviendrait plurimédia, a souligné Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 cité dans le texte. « Il permettrait ainsi d’associer le deuxième groupe privé français de télévision avec le premier groupe privé français de radio », note-t-il. Radio la plus écoutée en France, RTL a enregistré une audience de 11,9 % en septembre/octobre. RTL Group voudrait obtenir par cette opération « une combinaison de ses activités TV et radio pour créer des synergies dans la publicité et les investissements technologiques », indique-t-il dans un communiqué distinct. Lire aussi Radio : rentrée dorée pour RTL et France Inter
actualite-medias
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La Secrète (La Oculta), d’Hector Abad, traduit de l’espagnol (Colombie) par Albert Bensoussan, Gallimard, « Du monde entier », 402 p., 24,50 €. Signalons, du même auteur et par le même traducteur, la parution de Trahisons de la mémoire (Traiciones de la memoria), Gallimard, « Arcades », 170 p., 20 €. Vendre ? Garder ? Lioubov Andréïevna, la propriétaire ruinée de La Cerisaie de Tchekhov, n’est pas la seule à se demander si elle doit se défaire d’un domaine dispendieux auquel la rattachent ses souvenirs les plus heureux comme les plus tragiques. Les personnages du nouveau roman d’Héctor Abad sont confrontés au même dilemme. Ils sont trois, un frère et deux sœurs, à s’interroger sur le devenir de La Secrète, la ferme familiale nichée depuis la fin du XIXe siècle en Antioquia, une région du nord-ouest de la Colombie. Leur mère vient d’y mourir. L’aînée, Pilar, prude et pieuse, attachée au maintien de la terre et des traditions, n’envisage pas de quitter la propriété où elle vit encore avec son mari. Eva, sa cadette, femme libérée, et mère célibataire, veut définitivement tourner la page après avoir manqué d’être assassinée dans cette ferme plusieurs années auparavant. Antonio, un violoniste qui a fui à New York pour vivre au grand jour son homosexualité, tout en rêvant d’un retour au pays, est nettement plus partagé. Livrant leur récit à tour de rôle en trois monologues qui alternent tout au long du livre et se complètent les uns les autres, quitte à se répéter parfois, chacun raconte une part de son histoire passionnelle avec les lieux. Tous y détaillent, sans fard, la façon dont la maison, construite à l’abri des regards, au cœur d’une riche plantation caféière, a modelé leur personnalité, et déterminé leurs choix de vie. Premières expériences sexuelles, découverte de la violence et du danger (de la guérilla marxiste, comme des paramilitaires), mais aussi initiation aux plaisirs simples : le goût des arepas au fromage, les baignades dans le lac, la vue des montagnes, ou encore « l’ululement nocturne du currucutú »… En biographe de l’intimité, Abad distille ces confessions à la première personne, comme dans un roman de formation. A cette fresque familiale de facture classique, l’écrivain superpose une veine historique qui lui donne à la fois profondeur et originalité. Antonio, archives à l’appui, entreprend ainsi de retracer la généalogie de sa famille, les Angel, descendants de juifs convertis de force au catholicisme.
livres
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Extrait de la vidéo Les Bons Profs « Dosage par titrage direct » Capture d’écran Les Bons Profs L’épreuve écrite de physique-chimie du bac 2018 aura lieu jeudi 21 juin. Pour réviser cette épreuve du bac S, le site de soutien scolaire Les Bons Profs a sélectionné à l’intention des candidats les rappels de cours incontournables, portant notamment sur l’effet Doppler, le travail d’une force constante ou les grands types de réactions en chimie organique. Cette sélection constitue ce que les enseignants de ce site de soutien scolaire en ligne estiment devoir être maîtrisé absolument. Elle permet de s’assurer de précieux points, mais ne représente pas pour autant une liste exhaustive. Le conseil reste le même qu’en classe : pas d’impasse ! Dans le cadre d’un partenariat Le Monde Campus - Les Bons Profs, nous publierons jusqu’au bac des sélections de vidéos incontournables dans les différentes matières, des conseils de profs pour réussir le jour J, et durant l’examen, ainsi des corrigés vidéo dès la fin de chaque l’épreuve, sur la page lemonde.fr/bac EFFET DOPPLER - LES FORMULES SPECTRE IR SPECTRE RMN - ANALYSE LE TRAVAIL D’UNE FORCE CONSTANTE RELATIVITÉ DU TEMPS CINÉTIQUE LES GRANDS TYPES DE RÉACTIONS EN CHIMIE ORGANIQUE COMMENT CALCULER LE PH D’UN ACIDE FORT ET D’UNE BASE FORTE ? LA CHAÎNE DE TRANSMISSION D’INFORMATIONS DOSAGE PAR TITRAGE DIRECT Les Bons Profs.com accompagne les élèves de la troisième à la terminale dans leurs révisions. Des programmes sur mesure pour réviser ses contrôles et examens, avec des profs connectés sept jours sur sept et des tuteurs particuliers. Retrouvez toutes leurs vidéos, exercices et corrigés sur Les Bons Profs.com.
campus
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Edith Windsor salue la foule, après avoir avancé des arguments sur la loi dite « de défense du mariage » à la Cour suprême, à Washington en 2013. Jonathan Ernst / REUTERS Edith Windsor, une militante LGBT à l’origine d’une décision historique en 2013 de la Cour suprême américaine pour les droits des homosexuels, est morte mardi 12 septembre à l’âge de 88 ans, a confirmé son avocate à l’Agence France-Presse (AFP). « Edie était la lumière de ma vie. Elle restera à jamais la lumière de la communauté LGBTQ qu’elle aimait tellement et qui l’aimait autant », a déclaré son épouse Judith Kasen-Windsor dans un communiqué. Après la mort de sa première épouse en 2009, qu’elle avait légalement épousée au Canada, Edith Windsor s’était vu réclamer 363 000 dollars car une loi fédérale sur le mariage lui interdisait de bénéficier du même régime fiscal que le dernier survivant d’un couple hétérosexuel. Le message de Barack Obama Soutenue par l’administration Obama, elle avait alors porté l’affaire devant la plus haute juridiction du pays. Cette dernière lui avait donné raison et avait notamment déclaré inconstitutionnelle la loi fédérale stipulant que le mariage était l’union d’un homme et d’une femme, accordant ainsi aux couples homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Cela avait jeté les bases pour que la Cour suprême légalise le mariage gay dans tout le pays en 2015. Lire aussi La Cour suprême américaine légalise le mariage homosexuel sur l’ensemble du territoire Barack Obama a réagi à sa mort dans un communiqué. « J’ai eu le privilège de parler avec Edie il y a quelques jours, et de lui redire à quel point elle a marqué ce pays que nous aimons », a déclaré l’ancien président démocrate, qui était au pouvoir en 2013.
disparitions
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Cette application est aussi simple que populaire. FaceApp, lancée en janvier, transforme les photos de ses utilisateurs pour les faire artificiellement sourire, vieillir, rajeunir ou se transformer en homme ou femme. Mais un autre de ses filtres lui a valu un certain nombre de critiques : celui censé rendre ses modèles plus beaux, appelé « hot » (sexy). Certains utilisateurs noirs ont remarqué qu’une fois appliqué, ce filtre blanchissait leur peau. #faceapp isn't' just bad it's also racist...🔥 filter=bleach my skin and make my nose your opinion of European. No t… https://t.co/bhh2cq6c2A — tweeterrance (@Terrance AB Johnson) So this app is apparently racist as hell. But at least I'm sassy. #faceapp https://t.co/I0L4yWWXaV https://t.co/v1ME8H8seP — kharyrandolph (@kung fu khary) D’autres ont remarqué que les yeux bridés étaient aussi modifiés. #faceapp removes glasses and replaces eyes. With white people eyes. :| https://t.co/mUgrcrXds1 — littlebunnyfu (@🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥) Pixels a essayé de son côté à partir d’une photo de l’acteur américain Idris Elba, avec un résultat sans appel. Le filtre « sexy » de FaceApp a blanchi la peau du comédien Idris Elba sur cette photo. JESSICA LEA / DFID / CC BY 2.0 Une intelligence artificielle mal « entraînée » Contacté par le site spécialisé Mashable, lundi 24 avril, le fondateur de FaceApp, Yaroslav Goncharov, a reconnu le problème et présenté ses excuses, évoquant « un problème sérieux ». En attendant d’y apporter une solution « qui devrait arriver bientôt », il a décidé de renommer le filtre, « pour retirer toute connotation positive ». Celui-ci est désormais baptisé « spark » (étincelle). Yaroslav Goncharov a aussi esquissé une explication liée à la technologie d’intelligence artificielle sur laquelle repose son application : « Il s’agit d’un effet pervers malheureux (…) causé par des biais dans les données d’entraînement. » Pour qu’un programme soit capable de transformer les visages aussi efficacement que FaceApp, il doit pour cela qu’il « s’entraîne » en analysant au préalable des milliers d’images de visages souriants, jeunes, vieux… ou beaux. Le fondateur de l’application, sans donner de détail, laisse entendre que les photos ayant servi à entraîner le programme seraient à la base du problème. En clair, les images labellisées « sexy » utilisées représentaient majoritairement des personnes blanches – la machine en a alors déduit qu’un teint clair était plus attirant. Lire aussi L’intelligence artificielle reproduit aussi le sexisme et le racisme des humains Ce n’est pas la première fois que se pose ce problème. En septembre 2016, un programme d’intelligence artificielle, utilisé comme jury d’un concours de beauté, avait éliminé la plupart des candidats noirs pour les mêmes raisons. La question du biais des bases de données utilisées pour entraîner l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse d’images ou de texte par exemple, prend une place grandissante dans les débats consacrés à l’éthique de l’intelligence artificielle : à mesure que ces technologies se développent, on se rend compte qu’elles reproduisent souvent des biais humains, comme le racisme ou le sexisme.
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Hasard du calendrier ? Vincent Bolloré, 66 ans, est rattrapé par ses affaires africaines, alors qu’il commence à passer les rênes de son groupe, avant un départ définitif programmé pour le 17 février 2022 : l’année du bicentenaire de la création de l’entreprise familiale. Le 19 avril, l’homme d’affaires breton, sixième génération à la tête du groupe, a fait cependant sensation en annonçant, au terme de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, dont il est premier actionnaire, qu’il cédait sa place à la tête du conseil de surveillance à son fils Yannick, 38 ans. Si l’aîné des enfants de Vincent Bolloré a toujours fait office de dauphin chez Vivendi, ce retrait soudain est en effet une surprise, alors que le propriétaire de Canal+ traverse une crise sans précédent en Italie. Il continue d’être à la manœuvre D’un côté, Vincent Bolloré est embourbé dans Mediaset, le groupe de médias de Silvio Berlusconi. L’ancien allié est devenu son ennemi, depuis que la société française est montée à la hussarde dans le capital. De l’autre, le fonds activiste Elliott s’est donné comme mission de réduire les pouvoirs du Français au sein de Telecom Italia, dont Vivendi détient 25 %. Les deux financiers croiseront le fer à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire, le 4 mai, à Rome. Pourquoi donc partir à un moment aussi crucial ? Ce départ anticipé n’a rien à voir avec la procédure en cours, précise une source proche du dossier. S’il semble organiser sa succession, Vincent Bolloré continue cependant d’être à la manœuvre. D’autres se posent cependant des questions, d’autant plus qu’il avait également pris du champ à Canal+ en abandonnant, le 10 avril, la présidence du conseil de surveillance. Officiellement pour laisser la place à Jean-Christophe Thiery, l’un de ses proches, après avoir assuré que le redressement du groupe de télévision payante était bien engagé. Aurait-il décidé de se retirer de ces postes après avoir reçu la convocation des juges ? Mystère. Lire aussi Vivendi : Vincent Bolloré propose son fils pour lui succéder à la tête du groupe Message supplémentaire d’un retrait progressif adressé à l’extérieur, son autre fils, Cyrille, 32 ans, à la fois à la tête de Bolloré Transport & Logistics, navire amiral des affaires de Bolloré en Afrique, et vice-président du groupe Bolloré, la holding familiale, a pris pour la première fois la parole. « A nous d’être aussi plus transparents et d’accepter de nous remettre en question », a-t-il admis dans Les Echos du 18 avril, en évoquant les difficultés de Vivendi. En attendant, la garde à vue du père a pesé sur le cours de Bourse du groupe Bolloré. A Paris, l’action qui avait dégringolé de 6,14 % % mardi 24 avril, se dépréciait encore de 2,24 % mercredi.
economie
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Devant l'appartement du tireur présumé à Aurora dans le Colorado. AFP/Chris Schneider Le président des Etats-Unis Barack Obama était attendu dimanche à Aurora au Colorado pour rencontrer les familles des victimes de la tuerie meurtrière de vendredi. Il devait y passer environ deux heures en fin d'après-midi et "rendre visite à des familles de victimes de la fusillade, ainsi qu'à des responsables des autorités locales", a indiqué la Maison Blanche samedi soir. M. Obama avait suspendu de facto sa campagne en vue de la présidentielle du 6 novembre après le drame qui a fait 12 morts et 58 blessés dans une salle de cinéma de cette ville de la banlieue de Denver. Son adversaire républicain Mitt Romney avait fait de même. Le président, qui a ordonné la mise en berne des drapeaux américains sur tous les bâtiments publics jusqu'au 25, avait estimé vendredi que cette "tragédie" rappelait "ce qui nous unit en tant qu'Américains". Il avait appelé à une "journée de prière et de réflexion". APPARTEMENT DÉMINÉ En outre, la police a annoncé avoir retrouvé un ordinateur appartenant à James Holmes, l'auteur présumé de la tuerie. Un espoir de faire avancer l'enquête. "Il sera examiné de fond en comble", a déclaré le chef de la police d'Aurora, Dan Oates, sur la chaîne CBS. "Cela peut prendre du temps mais nous avons espoir qu'il nous apportera des informations", a-t-il souligné. L'ordinateur a été découvert dans l'appartement du tireur présumé, à Aurora, où la police n'est entrée que samedi car il était truffé d'explosifs. Auparavant, la police avait annoncé avoir entièrement déminé l'appartement piégé par James Holmes. "Tous les éléments dangereux ont été retirés" du logement de James Holmes, ont précisé les forces de l'ordre dans un message sur Twitter. Des policiers vêtus de casques et de gilets pare-balles tentent de désamorcer l'arsenal d'explosifs dans l'appartement du tireur. AP/Alex Brandon Holmes, 24 ans, a déclaré à la police lors de son arrestation qu'il avait miné son appartement dans lequel des artificiers ont mis à l'œuvre un robot de déminage. Le chef de la police locale avait indiqué que l'appartement, rempli de substances incendiaires et explosives "était fait pour tuer la première personne qui serait entrée". Les artificiers ont pris soin de conserver ces différentes pièces à conviction dans la perspective du procès de James Holmes, qui sera déféré à la justice lundi à 08 H 30 (14 H 30 GMT). Le mystère reste entier sur les mobiles du jeune homme, un étudiant en neurologie de l'Université du Colorado, présenté comme un solitaire. Il avait acheté plus de 6 000 balles et cartouches sur internet ces deux derniers mois, avait indiqué vendredi la police. Les quatre armes à feu saisies sur les lieux du massacre ont quant à elles toutes été achetées légalement.
ameriques
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Le sélectionneur de l’Angleterre, Roy Hodgson, avec ses joueurs à la fin du match contre la Slovaquie, le 20 juin, à Saint-Etienne. Lee Smith / REUTERS « C’est vraiment une contre-performance, encore pire que contre la Russie », peste Bryan, un supporteur anglais frustré, quelques minutes après que son équipe a été incapable de marquer le moindre but à la Slovaquie (0-0). Lundi 20 juin, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, l’Angleterre, 5 points, a laissé échapper la première place du groupe B au profit de ses voisins gallois. Avec vingt-neuf tirs, vingt-cinq centres et onze corners, les coéquipiers de Wayne Rooney ont pourtant tout tenté. « On a été dominateur dans tous les recoins du terrain et chaque Slovaque doit être ravi du résultat. On est au tour suivant et personne ne voudra jouer contre nous. Je n’ai encore rien eu à faire de tout le tournoi pour être honnête. Cette défense héroïque face à nous, c’est frustrant, mais bon, on est qualifiés », a relativisé Joe Hart, gardien des Three Lions, qui n’a pas eu grand-chose à faire durant ce troisième match de la compétition. « La récompense viendra » Auréolés de la victoire de leurs protégés face au Pays de Galles il y a cinq jours, les fans anglais n’imaginaient pas autre chose que la victoire. Toute la journée, ils ont animé le centre-ville stéphanois. Entre deux chants, les jumeaux Adam et Ben, originaires du Kent, se voyaient déjà, comme tous leurs compatriotes, au Parc des Princes samedi pour le huitième de finale promis au leader du groupe B. « On a acheté nos places. C’est sûr, nous allons battre la Slovaquie », espéraient-ils. En lieu et place de la capitale française, la délégation britannique devra prendre l’avion en direction de la Côte d’Azur. A Nice, lundi 27 juin, les hommes du sélectionneur Roy Hogdson affronteront le deuxième du groupe F : la Hongrie, le Portugal, l’Islande ou l’Autriche. « En finissant deuxième, on va avoir plus de temps pour retrouver un peu de fraîcheur. La clé, c’est la récupération, mais il faudra aborder les matchs de la même façon. C’est difficile de mettre autant d’intensité. L’entraîneur était confiant et les joueurs aussi. On ne peut pas dire qu’on a mal joué », a expliqué Gary Cahill, capitaine lundi soir. Bousculé par les médias de son pays en conférence de presse, Hogdson, qui avait aligné six nouveaux joueurs par rapport au match contre les Gallois, ne s’est pas laissé faire. « Depuis quand l’Angleterre n’a-t-elle pas dominé autant trois matchs en tournoi ? Tôt ou tard, la récompense viendra et un adversaire pourrait se retrouver du mauvais côté d’un score lourd », a menacé l’expérimenté entraîneur de 68 ans.
euro-2016
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« Par procuration, la Russie est responsable de la mort de chaque civil la semaine dernière. » Dimanche 9 avril, le ministre de la défense britannique, Michael Fallon, a vivement critiqué le soutien de la Russie au régime de Bachar Al-Assad dans une tribune publiée dans le Sunday Times. Dans ce même texte, il qualifie de « crime de guerre » l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, imputée au régime de Damas, qui a tué des dizaines de civils syriens mardi. « Si la Russie veut se décharger de ses responsabilités lors des prochaines attaques, [le président russe] Vladimir Poutine doit faire respecter les engagements, démanteler pour de bon l’arsenal chimique d’Assad et s’engager pleinement » dans le processus de paix en Syrie parrainé par les Nations unies, ajoute-t-il. Vendredi, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a annulé un déplacement à Moscou prévu lundi en raison « des derniers développements », déplorant « la défense continue par la Russie du régime d’Assad ». Moscou tacle Londres La Russie a réagi dimanche en estimant que cette décision reflétait un manque de compréhension de la situation sur le terrain. Le ministère russe des affaires étrangères a également jugé dans un communiqué que cela prouvait qu’il n’avait guère à gagner en parlant avec la Grande-Bretagne, qui, selon lui, n’a que peu d’influence sur les affaires internationales : « [Cette annulation] confirme encore une fois nos doutes quant à la valeur ajoutée d’un dialogue avec les Britanniques, qui n’ont pas de position propre sur la plupart des grandes questions actuelles, et pas d’influence réelle sur le déroulement des événements, se tenant dans l’ombre de leurs partenaires stratégiques. » Vendredi, en réaction à l’attaque chimique, les Etats-Unis ont tiré 59 missiles de croisière Tomahawk vers la base syrienne d’Al-Chayrat, depuis deux navires américains en Méditerranée. Londres a annoncé dans la foulée « soutenir pleinement l’action des Etats-Unis » en Syrie.
international
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Avant de fonder AgroGeneration, Charles Beigbeder avait lancé le premier courtier en ligne français, Selftrade, revendu au mieux, puis créé Poweo, le premier fournisseur alternatif d'énergie, aussi cédé un avec profit. AFP/PIERRE VERDY Charles Beigbeder semble bien parti pour prendre la présidence de la candidature d'Annecy à l'organisation des JO d'hiver en 2018. Le patron de Poweo — et frère de l'écrivain Frédéric Beigbeder —, dont le nom a été proposé par Christian Monteil, président du conseil général de la Haute-Savoie, a en effet reçu vendredi le soutien de la ministre des sports, Chantal Jouanno : "Il a mon approbation et celle de l'Elysée", a-t-elle indiqué. Pour Christian Monteil, Charles Beigbeder dispose des "qualités requises" pour occuper le poste : "une forte capacité à mobiliser le monde économique ; une parfaite maîtrise de l'environnement international ; une solide expérience du management et une forte sensibilisation à l'innovation et une bonne expertise des questions de développement durable". La désignation du président de la candidature doit intervenir lundi, à l'occasion de la constitution du groupement d'intérêt public (GIP), socle juridique de la candidature d'Annecy. Rien ne semble désormais pouvoir entraver la nomination de M. Beigbeder, qui affiche déjà sa détermination. "Je vais me rendre lundi à Annecy. On va décider d'un plan d'action massif pour donner à Annecy 2018 tous les atouts dont elle a besoin pour gagner", a-t-il avancé. Depuis la démission de l'ancien champion olympique de ski de bosses Edgar Grospiron de son poste de directeur général de la candidature d'Annecy, nombre de personnalités ont été approchées pour assurer sa succession. L'ancien ministre Jean-Louis Borloo avait notamment décliné l'offre, tout comme Jean-Claude Killy et Guy Drut. Mal engagé, le dossier de candidature d'Annecy doit officiellement être remis en début de semaine prochaine au CIO (lire notre article).
sport
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Marcel Kittel lors du Tour Down Under en Australie, en début de saison. Mark Gunter / AFP Le sprinteur allemand Marcel Kittel, vainqueur de huit étapes lors des deux dernières éditions, ne participera pas au Tour de France qui débute le 4 juillet à Utrecht, aux Pays-Bas, a annoncé son équipe Giant. Unfortunately, @marcelkittel will not participate in @letour this year, his basic fitness is not sufficient yet. http://t.co/a5RWSklUyS — GiantAlpecin (@Team Giant-Alpecin) Kittel, 27 ans, affaibli par un virus en début de saison, n’a pas été retenu par son équipe dans la sélection finale qui l’a jugé pas suffisamment en forme pour la Grande Boucle. L’équipe Giant sera emmenée par son compatriote John Degenkolb, lauréat de Milan-San Remo et Paris-Roubaix, et le grimpeur français Warren Barguil. « L’équipe a décidé que la forme de Kittel n’est toujours pas suffisante pour disputer le Tour de France », explique Giant dans un communiqué. « Je suis très déçu. J’ai essayé d’être au niveau durant les dernières semaines. Je dois désormais vivre avec cette décision », a déclaré Kittel dans une interview avec l’agence allemande SID. Après un assez bon début de saison au Tour Down Under, Kittel a souffert d’un virus en février qui l’a contraint à une pause durant deux mois. De retour à la compétition en mai au Tour du Yorkshire, il avait dû abandonner prématurément. Son meilleur résultat cette saison reste une 6e place au Tour de Cologne le 14 juin. Kittel était le patron du sprint mondial ces deux dernières années, remportant quatre étapes du Tour de France en 2013 et autant en 2014, où il a porté le maillot jaune pendant deux jours.
cyclisme
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Marine Le Pen, le 8 décembre. AFP/THOMAS SAMSON Appel à manifester ou simple "précision logistique" ? Au Front national, les lectures divergent quant au dernier communiqué du bureau politique (BP) à propos de la manifestation contre le "mariage pour tous", dimanche 13 janvier à Paris. La "motion" du BP envoyée lundi 7 janvier à la presse mentionne que "le FN appelle ceux qui, élus, cadres, militants ou sympathisants, veulent exprimer leur opposition à ce projet de loi en participant à 'la manifestation pour tous' (…) à retrouver sa délégation porte Maillot". "CELA CONVENAIT À TOUT LE MONDE" Pour beaucoup de membres du BP – une instance composée d'une quarantaine de dirigeants –, cette formulation équivaut à un appel à manifester. La plupart s'en félicitent, puisque c'est Marine Le Pen qui a proposé cette "motion", accueillie par un consensus chez les dirigeants frontistes. "Cela convenait à tout le monde", raconte un membre du BP. Problème : Marine Le Pen n'a pas du tout cette lecture. Selon la présidente du parti d'extrême droite, la motion "n'est pas un appel à manifester". "Ce texte appelle ceux qui veulent s'opposer au projet, à le faire à un point de rendez-vous donné", déclare-t-elle au Monde. "Une facilité pour les sympathisants" qui souhaitent manifester, selon elle. Une lecture partagée par Florian Philippot, critiqué en interne pour sa volonté de ne pas participer au défilé de dimanche : "Le communiqué est très clair. On écrit 'ceux qui'. Ce n'est pas un appel à manifester", estime le vice-président du FN. PARTICIPATION ACTIVE Le FN confirme sa difficulté à être lisible sur sa stratégie quant à la manifestation du 13 janvier. Lors des défilés de novembre 2012, la liberté de choix avait été laissée aux militants de participer ou non aux différents cortèges. Mais certaines personnalités importantes du FN – Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot, Marion Maréchal-Le Pen, Bruno Gollnisch – poussent depuis pour une participation active afin de ne pas laisser le champ libre à l'UMP sur une question jugée "essentielle" pour leur électorat.
politique
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Annabelle Wallis dans le film américain de John R. Leonetti, "Annabelle". WARNER BROS. PICTURE Sur le marché de la série B horrifique, il fallut attendre The Conjuring (2013) pour raviver le créneau moribond de la poupée maléfique, essoré par les incessants retours de la pantouflarde Chucky. Annabelle, qui se présente comme le prequel (épisode précédent) du récent succès de James Wan, fait remonter la malédiction aux années 1970, lors d’une nuit où les Form, jeunes mariés pieux et propres sur eux, furent assaillis chez eux par un couple de satanistes forcenés, qui frappèrent Mia Form (Annabelle Wallis) alors en pleine grossesse, d’un coup de couteau. La mère et l’enfant survivront, mais le sang de l’intruse, abattue de justesse par les forces de police, a entre-temps coulé sur le visage d’une inquiétante poupée que John (Ward Horton) avait offerte à sa femme. Les Form déménagent, mais d’étranges manifestations ne tardent pas à surgir dans les parages du jouet maudit. Dans l’imaginaire de l’épouvante, la figure de la poupée renvoie souvent à un fétiche d’enfant mort (figé dans son linceul de porcelaine) et recouvre une évidente névrose liée à l’angoisse de la maternité. Annabelle s’engage d’abord dans cette lecture et fonctionne dans un premier temps selon un artisanat de la peur plutôt traditionnel, avec son lot d’apparitions et disparitions, de suspensions et surgissements, d’allumages et extinctions, d’appareils qui se déclenchent et d’objets qui se déplacent tous seuls. quelques passages marquants John R. Leonetti fait preuve d’un certain sens du tempo et, même s’il bâcle ses phases d’accélération, réussit quelques passages marquants, comme celui d’un ascenseur s’ouvrant toujours sur la même cave hantée ou ce fantôme de petite fille qui, se jetant sur Mia, grandit d’un seul coup le temps de sa course. Si le film se déroule dans les années 1970, ce n’est évidemment pas un hasard : il paye sa dîme à ses illustres modèles, Rosemary’s Baby (les robes, la grossesse, « Mia » Farrow) et L’Exorciste (l’intervention d’un prêtre). L’erreur du film est certainement d’avoir cherché à tailler un visage expressément horrifique à sa poupée, rendant chacune de ses apparitions grotesques là où un simple masque enfantin aurait suffi à diffuser un trouble malsain. Mais le plus insupportable reste cet horizon d’infâme bigoterie qui, flottant jusque-là, cueille le film dans son dernier tiers, lui réservant une conclusion en tous points ridicule. On pensait plonger dans le délire paranoïaque du conformisme middle class, et l’on finit par nous faire lever les yeux sur la glorieuse façade d’une église. De quoi vraiment gâcher le plaisir.
cinema
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Paul du Saillant, directeur general adjoint d'Essilor. Matthieu RONDEL / ReservoirPhoto/POUR LE MONDE « La France est le seul pays à vouloir détruire une de ses filières d'excellence, c'est incompréhensible », lâche Paul du Saillant, directeur général adjoint d'Essilor et numéro deux du groupe, à l'occasion de l'inauguration à Créteil, jeudi 24 avril, du centre « innovation et technologies » du leader mondial des verres correcteurs.
economie
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Vue du mur d'enceinte de la maison d'arrêt de Borgo au sud de Bastia, où est incarcéré depuis 2009 Andy F. auteur du meurtre de son père, de sa mère et de ses deux petits frères, dans la nuit du 11 au 12 août 2009. AFP/FRANCOIS ANARDIN C'était le premier de sa classe. En 3e au collège à Porticcio (Corse-du-Sud) comme au lycée Laetitia-Bonaparte à Ajaccio, ses professeurs ne tarissaient pas d'éloges sur cet élève qui affichait des moyennes de 14 à 16 sur ses bulletins. Andy F., 19 ans aujourd'hui, n'a plus été au lycée depuis juin 2009. Il a poursuivi sa scolarité à la prison de Borgo (Haute-Corse), où il est incarcéré depuis août 2009. Il comparaîtra du 12 au 19 novembre devant la cour d'assises des mineurs d'Ajaccio, pour un quadruple meurtre : celui de son père, de sa mère et de ses deux petits frères. Liam et Duane étaient jumeaux. Ils avaient 10 ans. "JE DEVAIS LE FAIRE" Andy, lui, en avait 16 lorsque, dans la nuit du 11 au 12 août 2009, il a exécuté un à un tous les membres de sa famille avec un fusil à pompe. La soirée s'était pourtant déroulée sans incident. Les parents, Nadine et Patrice, étaient sortis dîner chez des amis, Andy avait gardé les jumeaux. Tout s'était bien passé. Les parents étaient rentrés vers minuit et tout le monde s'était couché vers 1 heure. Andy, seul dans sa chambre, les jumeaux et les parents chacun dans la leur. Mais, vers 3 heures, Andy s'est réveillé. Et, selon le récit qu'il a fait aux enquêteurs, il aurait alors agi "presque mécaniquement". Dans un premier temps, il voulait fuguer. Il avait rassemblé quelques affaires, réparties dans deux sacs : l'un pour le linge et l'autre pour des objets. Il avait enfilé des gants en latex et, en passant devant le râtelier auquel était accroché le fusil à pompe, l'idée lui avait traversé la tête de tirer. "Je devais le faire", a-t-il déclaré aux enquêteurs. Il avait chargé le fusil de six cartouches, s'était introduit dans la chambre de ses parents. Il avait alors épaulé l'arme et fait feu sur son père qui, alerté par le bruit, s'était réveillé et le regardait. Il avait ensuite tué sa mère, avant d'aller dans la chambre des jumeaux pour tirer à l'aveuglette en direction de leur lit. Les entendant gémir, il les avait achevés.
societe
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Reflet de la nouvelle place qu'occupe l'Asie dans le trafic aérien, l'aéroport de Pékin est devenu le deuxième mondial, devançant ceux d'O'Hare à Chicago (Illinois) et d'Heathrow à Londres. Quelque 73,9 millions de passagers y ont convergé au cours de l'année 2010, selon des chiffres publiés, mardi 15 mars, par le Conseil international des aéroports (ACI). C'est une augmentation de 13 % en un an qui le place désormais derrière l'aéroport d'Atlanta, plateforme de la compagnie américaine Delta. L'aéroport de Pékin n'était qu'en quinzième position en 2005 et hors du classement il y a dix ans. Son troisième terminal, la plus grande structure aéroportuaire du monde, n'a ouvert qu'en 2008 à la veille des Jeux olympiques. Mais déjà les autorités ont choisi l'emplacement d'un nouvel aéroport. Il sera situé au sud de Pékin et permettra à la capitale chinoise d'accueillir jusqu'à 120 millions de passagers chaque année, contre 80 millions aujourd'hui. L'aviation commerciale de la deuxième économie mondiale est portée par la hausse du nombre de touristes et d'hommes d'affaires chinois, ainsi que par l'afflux d'étrangers dans le pays, où 267 millions de voyages ont été effectués en 2010, soit 15,8 % de plus qu'en 2009, et où probablement 300 millions le seront en 2011. "Tandis que l'Amérique du Nord et l'Europe ont lutté pour atteindre des volumes d'avant la crise, l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine, les Caraïbes et le Moyen-Orient ont continué dans un élan soutenu", a constaté Angela Gittens, directrice générale d'ACI. Le nombre de passagers de vols internationaux à destination de l'Asie a augmenté de 14,2 % en 2010. Dans une récente note, les analystes de Goldman Sachs estiment que la Chine sera devenue le premier marché aérien à l'horizon 2020, devant les Etats-Unis, qu'elle dépassera le milliard de voyages annuels en 2022 et que l'aéroport de Pékin pourrait devenir le premier au monde dès 2013. En soutien à cette expansion, les aéroports poussent comme des champignons. Le gouvernement chinois injectera l'équivalent de 164 milliards d'euros dans le développement du secteur aérien, en en construisant 45 nouveaux en cinq ans, puis encore 45 autres cinq ans plus tard. Alors que les grandes agglomérations sont toutes dotées d'infrastructures modernes, le marché étant jeune, l'enjeu se porte désormais sur les villes de moindre importance. L'ouverture de cinq nouveaux aéroports est ainsi prévue au Xinjiang, région reculée de l'Ouest, qu'il s'agit de désenclaver pour accélérer son développement économique, en s'appuyant sur une enveloppe de 30 milliards de yuans (3,3 milliards d'euros).
economie
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L'armée et la police irakiennes ont pris par la force le contrôle du camp des Moudjahidines du peuple, de farouches opposants au régime de Téhéran réfugiés en Irak, le 28 juillet 2009. AP/JIM WATSON Un responsable irakien, Sadeq Kazem, a été placé jeudi 21 juin en garde à vue à Paris après la plainte d'un opposant iranien pour tortures et crimes de guerre, lors de violences commises dans le camp d'Ashraf en Irak en 2009, a-t-on appris de sources judiciaire et proche du dossier. Sadeq Kazem, qui dirige le camp Liberty proche de Bagdad, où vivent des réfugiés de l'Organisation des moudjahidines du peuple iraniens (OMPI), a été interpellé et placé en garde à vue, après une plainte d'un Iranien disant avoir été détenu et torturé sous ses ordres à la fin juillet 2009, a-t-on précisé. Le responsable irakien a été interpellé alors qu'il était de passage en France, dans le cadre d'un déplacement en Europe d'une délégation gouvernementale irakienne. Il est en garde à vue dans les locaux de la section de recherche des gendarmes de Paris. Il avait été refoulé mardi alors qu'il tentait de rentrer au Parlement européen à Bruxelles, selon un porte-parole des Moudjahidines du peuple. PLAINTE POUR TORTURES ET CRIMES DE GUERRE L'opposant iranien assure avoir été pris en otage, avec 35 autres résidents, lors de l'attaque du camp d'Ashraf par les forces irakiennes les 28 et 29 juillet 2009, et détenu pendant soixante-douze jours au cours desquels il dit avoir été torturé sous les ordres de Sadeq Kazem, selon sa plainte, consultée par l'AFP. Il explique avoir été arrêté à l'entrée du camp d'Ashraf, frappé à la tête, puis emmené dans les locaux de la police, avant d'être enfermé dans une cellule de 12 m2 avec une trentaine d'autres prisonniers sous la direction des militaires irakiens. L'opposant a déposé sa plainte mercredi à Paris, donnant lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire. Pour l'avocat du plaignant, Me William Bourdon, "l'ouverture d'une enquête et l'interpellation, si rapidement après le dépôt de la plainte, est sans précédent s'agissant d'une procédure fondée sur la compétence universelle" de la justice française. PROCÉDURE FONDÉE SUR LA COMPÉTENCE UNIVERSELLE "L'ouverture de cette enquête témoigne de la volonté de la France de respecter ses engagements s'agissant de la lutte contre l'impunité des plus grands tortionnaires", a-t-il estimé. La justice française est compétente pour poursuivre les personnes qui seraient coupables de tortures à l'étranger, en application de la convention contre la torture adoptée à New York en décembre 1984. M. Sadeq Kazem est également visé par l'enquête d'un juge espagnol sur les violences commises par les forces irakiennes dans ce camp de réfugiés iraniens qui avaient fait onze morts en 2009. L'Irak avait prévu de fermer fin 2011 ce camp situé à 80 km au nord-est de la capitale près de la frontière avec l'Iran, où l'ancien président Saddam Hussein avait installé l'OMPI, dont les membres avaient servi de supplétifs durant sa guerre avec l'Iran (1980-1988). Cette organisation à l'idéologie hétéroclite a été fondée dans les années 60 pour combattre le chah d'Iran, puis, peu après la Révolution islamique de 1979, elle avait tourné ses armes contre les nouveaux dirigeants. Elle a annoncé en 2001 avoir renoncé à la violence. L'OMPI figure depuis 1997 sur la liste des organisations terroristes établie par les Etats-Unis, en dépit des tentatives répétées de ce groupe d'obtenir sa radiation. A deux reprises, le gouvernement irakien a mené des raids meurtriers contre ce site, en juillet 2009 puis en avril 2011 quand au moins 36 personnes avaient été tuées.
proche-orient
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Une nouvelle plate-forme technique de l’Alliance, dédiée aux véhicules électriques, sera créée à l’usine de Douai (Nord). RGA / REA Renault va-t-il électriser la France ? Le constructeur a annoncé, jeudi 14 juin, vouloir investir plus de 1 milliard d’euros dans quatre sites industriels de l’Hexagone, afin de développer son offre de véhicules électriques sur le continent européen. L’entreprise ne dévoile pas l’échéance de ses investissements mais ceux-là s’insèrent dans le plan stratégique « Drive the Future », dévoilé en 2017 et qui court jusqu’en 2022. L’ambition affichée dans le communiqué est de faire de la France « un pôle d’excellence du véhicule électrique de Renault dans l’alliance ». Le groupe français est en effet intégré dans une entité automobile franco-japonaise, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui revendique 10,6 millions de véhicules commercialisés dans le monde en 2017. L’élément-clé du dispositif sera l’introduction d’une nouvelle plate-forme technique de l’alliance, consacrée aux véhicules électriques, à l’usine de Douai (Nord), qui deviendra le deuxième site d’assemblage Renault des voitures de ce type après Flins (Yvelines). Pour le moment, les deux partenaires Nissan et Renault, tous deux leaders de la mobilité électrique avec leurs best-sellers Renault Zoe et Nissan Leaf, produisent ces véhicules avec des composants élémentaires différents. Huit modèles 100 % électriques Cette nouvelle plate-forme servira donc de base commune à de nouveaux modèles de voitures à batterie, des trois marques de l’alliance. Le plan « Drive the Future » du groupe Renault prévoit le lancement de huit modèles 100 % électriques et de douze véhicules hybrides d’ici à 2022. Actuellement, Renault présente à son catalogue cinq véhicules : la Zoe (qui s’est vendue en 2017 à 32 000 exemplaires, en hausse de 44 %), les utilitaires Kangoo ZE et Master ZE, le petit monoplace Twizy et, sous la marque Samsung, une berline électrique destinée au marché asiatique. Voilà pour les créations. Concernant l’existant, le dispositif prévoit le doublement des capacités de production de Zoe et le lancement d’une nouvelle version à l’usine de Flins, à ce jour unique site de production de la citadine. D’ici à 2022, les capacités de production de la Zoe passeront de 60 000 unités par an en 2018 à environ 120 000. L’usine mécanique de Cléon (Seine-Maritime) triplera sa production de moteurs électriques (passant de 80 000 à 240 000) et l’introduction d’un moteur de nouvelle génération en 2021. Quant à l’usine de Maubeuge (Nord), elle bénéficiera d’investissements pour la future génération de la famille Kangoo, dont la Kangoo ZE électrique. Incontestablement, la nouvelle est réjouissante pour l’industrie française. La CFDT a salué « un signe positif pour l’emploi et la montée en compétence des salariés » dans « des thématiques d’avenir ». « Ces excellentes nouvelles doivent permettre de négocier un droit syndical innovant », ajoute le syndicat dans un communiqué. Carlos Ghosn, PDG à la fois de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et de la marque française proprement dite, devrait approuver ces paroles. « L’accélération de nos investissements en France pour le véhicule électrique va permettre d’améliorer la compétitivité et l’attractivité de nos sites industriels français », a déclaré M. Ghosn, cité dans le communiqué de presse. Il devrait être reconduit pour quatre ans à la tête du groupe Renault, avec la bénédiction de l’Etat, lors de l’assemblée générale de l’entreprise, vendredi 15 juin.
economie
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L’usine Lactalis de Craon (Mayenne), où serait apparue la salmonellose. DAVID VINCENT / AP Lactalis est dans le viseur de la justice après la découverte, ces derniers jours, de salmonelle dans des lots de laits infantiles fabriqués par le groupe laitier. Une enquête préliminaire a été ouverte, vendredi 22 décembre, par le pôle santé publique du parquet de Paris pour « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui » ou encore « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine », d’après une source judiciaire au Monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Salmonelle : Lactalis s’enfonce dans la crise Les investigations ont été confiées à la section de recherche d’Angers et à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). L’agence Santé publique France avait d’abord annoncé avoir identifié vingt-trois nourrissons ayant consommé des laits élaborés sur le site Lactalis de Craon (Mayenne) et présentant une salmonellose. Une douzaine d’entre eux avaient été hospitalisés ; ils sont aujourd’hui ressortis de l’hôpital et « vont bien », a-t-elle précisé. Des milliers de tonnes de produits retirés Lactalis avait ensuite annoncé, le 21 décembre, le retrait de 720 lots de laits infantiles et autres produits pour risque de contamination à la salmonelle. Cette annonce était intervenue alors que le groupe de Laval avait déjà retiré 625 lots deux semaines plus tôt. Le volume des produits concernés par le rappel se chiffre en milliers de tonnes. Le retrait concerne des produits de marque Picot (poudres et céréales infantiles), Milumel (poudres et céréales infantiles) et Taranis (mélange d’acides aminés en poudre destinés au traitement de pathologies), selon Lactalis. Une plainte avait été déposée à la mi-décembre par le père d’une enfant de trois mois, qui avait consommé un lot concerné par les rappels, mais n’était pas tombée malade. L’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir avait également annoncé son intention de déposer une plainte contre Lactalis pour « tromperie ».
police-justice
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Le chef d'orchestre et pianiste Daniel Barenboïm à Londres, le 26 mai 2015. ADRIAN DENNIS/AFP Un « rêve » de Daniel Barenboïm est en train, selon lui, de « devenir réalité ». Non pas qu’Israël et les Palestiniens aient décidé de vivre en paix. Plus modestement, l’orchestre du Divan d’Orient et d’Occident, fondé en 1999 par le chef d’orchestre juif israélo-argentin installé à Berlin et par l’écrivain chrétien américano-palestinien Edward Saïd, mort en 2003, va bientôt avoir un toit. A Berlin, où, à partir de septembre 2016, « l’académie Barenboïm-Saïd » va ouvrir ses portes. A peine un an après la pose de la première pierre, le gros œuvre est terminé. Lundi 15 juin, Daniel Barenboïm et quatre musiciens – « deux Israéliens, un Palestinien et un Espagnol », a précisé le maestro –, ont, pour célébrer l’événement, donné un petit concert dans la future salle Pierre-Boulez, en présence de représentants des pouvoirs publics allemands. Malgré le sacro-saint équilibre des comptes publics, Berlin a débloqué 20 millions d’euros pour transformer les anciens entrepôts d’un opéra (le Staatsoper Unter den Linden) en une salle de concert de 622 places, un auditorium et 21 salles de répétition. Un réaménagement conçu à titre bénévole par l’architecte américain Frank Gehry. La ville de Berlin, elle, a accepté de louer 1 euro par an et pour quatre-vingt-dix-neuf ans ce bâtiment classé, situé en plein centre-ville. Le ministère des affaires étrangères financera les bourses des étudiants. « Une modeste contribution au processus de paix au Proche-Orient », selon Monika Grütters, la ministre allemande de la culture. Des sponsors privés apporteront les 12 millions d’euros manquants. Symbole Composé de musiciens israéliens et arabes qui jouent dans différents orchestres d’Europe et du Proche-Orient, l’orchestre du Divan d’Orient et d’Occident se produit dans le monde entier, mais n’a pas de lieu à lui. Grâce à cette académie, il disposera de sa propre salle. Surtout, Daniel Barenboïm veut former chaque année une centaine de musiciens venus « du Proche-Orient, d’Europe et peut-être d’ailleurs » à la musique et aux sciences humaines. Chaque formation durera deux ans. Si, « à court terme », Daniel Barenboïm sait que son orchestre ne suffira pas à résoudre les conflits au Proche-Orient, il est convaincu que faire travailler un Syrien et un Israélien sur la même partition contribue à rapprocher les peuples et, par là même, « symbolise un avenir meilleur pour le Proche-Orient ». Le symbole aurait été encore plus fort si cette académie avait pu voir le jour au Proche-Orient, mais, selon Daniel Barenboïm, « les relations politiques dans la région ne le permettent pas ». Et puis Berlin est « la capitale mondiale de la musique » et fut au cœur d’une révolution pacifique : la réunification allemande. A défaut de faire avancer la paix, Daniel Barenboïm a accompli sinon un miracle, du moins un exploit : terminer, dans les temps et en respectant le budget initial, un chantier au cœur de la capitale allemande.
musiques
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Emmanuel Macron, après sa visite à la préfecture du Puy-en-Velay, où le cortège présidentiel a été conspué, le 4 décembre. philippe suc / PHOTOPQR/L'EVEIL/MAXPPP Il a voulu baisser la vitre de sa voiture pour les saluer. Face aux huées et aux cris de « Démission ! », Emmanuel Macron a renoncé. Il est 18 heures, la nuit est déjà tombée sur le Puy-en-Velay, ce mardi 4 décembre. Le chef de l’Etat a tenu à se rendre à la préfecture, partiellement incendiée samedi 1er décembre, lors de la mobilisation des « gilets jaunes ». Mais pas question, cette fois, d’aller au contact des manifestants, d’argumenter les yeux dans les yeux, de défendre son action, comme il aime tant à le faire, depuis le début du quinquennat. L’image est saisissante. A sa manière, Emmanuel Macron vient d’acter le recul du gouvernement. Il voulait être loin de Paris et des caméras, loin du bruit de la contestation, pendant qu’Edouard Philippe endossait, seul, la responsabilité de cette retraite en rase campagne sur la taxe carbone. Le chef de l’Etat a été rattrapé par la vingtaine de personnes venues l’attendre aux grilles de la préfecture, pour lui crier leur colère. A midi et demi, ce même jour, en direct de Matignon, le premier ministre a tourné une page du quinquennat, en actant la première capitulation du gouvernement. Lui qui martelait qu’il fallait « tenir le cap », pour ne pas sombrer dans l’impuissance politique qu’ont connue ses prédécesseurs, le voilà contraint d’annoncer très solennellement la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité écologique. « Aucun texte ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation », a déclaré le premier ministre lors d’une allocution télévisée de dix minutes. « C’est un moment central dans le quinquennat », avait-il expliqué deux heures plus tôt devant les élus de la majorité, à l’Assemblée nationale. « Le président a laissé Edouard Philippe en première ligne parce qu’il ne voulait pas engager tout son crédit dans un acte dont on n’est même pas sûr qu’il mette un terme au mouvement », explique un proche d’Emmanuel Macron. Pour l’heure, les appels à une nouvelle journée de mobilisation samedi 8 décembre se poursuivent. « Le retrait d’Emmanuel Macron, c’est aussi sa manière de dire à son premier ministre : “Tu ne voulais pas bouger, si on en est là, c’est de ta faute, alors maintenant assume”», poursuit cet habitué de l’Elysée, qui veut protéger le chef de l’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Macron, un président qui n’est plus sûr de rien « Entendre la souffrance » Jusqu’à dimanche, et malgré le déferlement de violences qui s’est abattu en France samedi 1er décembre, Edouard Philippe a résisté face à ceux qui militaient pour que l’exécutif fasse un geste. Au premier rang desquels François Bayrou, qui a déclaré vendredi sur Europe 1 : « On ne gouverne pas contre le peuple. » Mais aussi Philippe Grangeon, délégué général par intérim de La République en marche (LRM) et proche conseiller du président. Ou encore le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait appelé sur Europe 1, le 19 novembre, deux jours après les premières manifestations, à « entendre la souffrance » des « gilets jaunes ».
politique
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Le Florian Pellissier Quintet. LAURÈNE BERCHOTEAU Jeudi 26 avril 2018. Florian Pellissier présente au public du Duc des Lombards son nouvel album « Bijou Caillou Voyou ». La dernière fois que j’avais pu voir le quintet sur scène, c’était en octobre 2014 au Studio de l’Ermitage à l’occasion de la sortie des « Biches Bleues », son deuxième album. Au Duc je mesure le chemin parcouru. J’avais découvert Florian plusieurs années en arrière comme pianiste du groupe de latin soul Setenta. Le gars jouait dans une demi-douzaine de groupes en même temps tous dans des registres différents. Je m’étais promis de lui consacrer un papier, quitte à m’éloigner de la thématique de mon blog intitulé alors Mundo Latino. La rencontre avait fini par se faire un beau mois de mai 2016 en pleine promo du « Cap de Bonne Espérance », une interview qualifiée de mythique par Florian en raison de sa durée : plus de trois heures. Nous avions prévu de nous revoir pour la parution de « Bijou Caillou Voyou ». « Tu reprendras là où on s’est arrêté », m’avait-il soufflé. « Cette chanson, c’est pour les darons. » m’avait-il dit en parlant de What a Difference a Day Makes, le standard de Dinah Washington qu’il avait repris avec le chanteur Leron Thomas. Ce soir, tout au fond du Duc, la scène en ligne de mire, une silhouette massive et fébrile n’en perd pas une miette. Un air de famille... Je me lance : « Vous n’êtes pas le papa de Florian ? » Il acquiesce. On échange quelques mots. L’homme n’est pas très loquace mais ses yeux pétillants de fierté en disent long. Je l’avais, mon daron. Paris – Londres – New York Montparnasse, deux ans après la fameuse rencontre. Même endroit (seul le nom a changé, le mythique Petit Journal ayant laissé la place au Jazz Café), même heure. Nous nous étions quittés au moment du lancement de « Lost Myself », disque sur lequel le quintet accompagnait la chanteuse états-unienne Shola Adisa-Farrar. Du jazz vocal qui n’a pas dû déplaire au papa de Florian. Une jolie transition pour la formation, dans un registre plus groovy, plus anglo-saxon. Quelques semaines plus tard et ce serait le Paris New-York Festival, qui verra la collaboration de Setenta avec Joe Bataan, figure tutétaire du latin soul. Un concert à Paris, suivi de deux sold-out au Ronnie Scott’s de Londres, le clou du spectacle s’étant joué au Summerstage de New-York dans le Bronx. Un jour à New-York, le lendemain à La Rochelle aux claviers de Guts. Jetlag et gueule de bois lorsque Florian apprend l’interruption de la tournée. Cela faisait plusieurs mois que le DJ, ancien d’Alliance Ethnik, trimbalait son live-band aux quatre coins du monde. Florian ne s’arrêtera pas pour autant. Du Brésil au Bénin, de Trinidad à la Martinique, nous tenterons ensemble de retracer la timeline des mois écoulés, en vain. Une vie de musicien sur les routes. L’accélération des particules. Ca n’est qu’à l’automne 2017 qu’il finit par poser ses valises. Depuis, il n’arrête pas d’enregistrer. Comme s’il lui fallait graver dans l’acétate l’expérience cumulée. Toute l’histoire du jazz ! Je m’interroge. « Du coup, comment faites-vous pour vous voir avec les membres du quintet ? » « On ne se voit pas souvent. On joue cinq à six concerts par an. On vit tous des rythmes effrénés. On se fait un doodle, on trouve une date trois mois plus tard, c’est tragicomique ! » Florian marque une pause. « Les albums sortent tous les deux ans. On a enregistré Bijou Caillou Voyou pendant la fête de la musique l’an dernier. Il me reste un an pour écrire ! » Je lui demande comment se construisent les albums. « On arrive en studio, les musiciens découvrent les morceaux -beaucoup de choses se passent en studio !- C’est une musique très libre. Et puis les types sont tellement bons que j’ai vite compris que j’avais tout à gagner à être dans une dictature... participative. » Je suis circonspect. « C’est toute l’histoire du jazz ! Chez Blue Note, la répet’ se faisait aux studios, la découverte du morceau pendant l’enregistrement. Prends One Finger Snap. Herbie Hancock avait juste écrit l’intro. Freddie Hubbard joue son solo de trompette entre les deux riffs de piano. Ce qui n’était qu’une impro est devenu le thème qu’on trouve maintenant dans les Real Book [la bible des jazzeux]. Il y a des dizaines d’histoires comme ça ! » Je crois qu’on peut arrêter l’histoire Je lui fais remarquer qu’au fil des albums, sa musique se fait plus accessible. « Exactement. Plus dansant, avec l’arrivée de Roger Raspail et Erwan Loeffel aux percussions. » Il égrenne les morceaux : Boca, Jazz Carnival, South Beach, Fuck With The Police… » Je l’interromps. « Fuck The Police, mais c’est quoi ce titre !?! » « Attention, c’est Fuck With The Police. C’est tout doux. Jazz Fm à Londres refuse de le jouer alors qu’ils l’adorent ! Sur iTunes, c’est le seul instru avec le label explicit lyrics. Si ça c’est pas un accomplissement ! » Mon gars est mort de rire. « Je crois qu’on peut arrêter l’histoire. » Le jeu de Roger Raspail, la voix d’Anthony Joseph, après la participation de Leron Thomas sur l’album précédent, la musique de Florian est au croisement de tous ses cercles d’influences… caribéens (Anthony Joseph et Roger Raspail), anglo-saxons et urbains (Leron Thomas et Guts), brésiliens (Cotonete), africains (Julien Lebrun de Hot Casa), latins (Setenta) et jazz avec les membres du quintet : Yoni Zelnik à la contrebasse, Yoann Loustalot à la trompette, Christophe Panzani au saxophone et David Georgelet à la batterie. #thelongestday #florianpellissierquintet #2ndset #ducdeslombards Une publication partagée par Florian Pellissier (@captaincavern75) le 26 Avril 2018 à 4 :45 PDT Un des plus beaux studios de la planète « L’album est plus accessible… notamment au niveau du son. » Florian veut m’emmener sur un sujet qui sembe lui tenir à cœur. « On a enregistré dans un des plus beaux studios de la planète qui se trouve à Paris et qui s’appelle Question de Son. Je le connais depuis Caribean Roots [l’album d’Anthony Joseph]. Jordan Kouby, l’ingé-son, est un surgeek. La console -l’élément principal d’un studio-, c’est une Neve EMI. Il y en a eu dix sur la planète, la Rolls des consoles. Dans les années soixante-dix, EMI à son apogée avait commandé à Neve dix consoles identiques qu’ils avaient installé dans leurs studios du monde entier, Abey Road par exemple, avec des réglages identiques pour faciliter les enregistrements des artistes internationaux. Il en reste huit en activité. A Question de Son, ils ont racheté la Mexicaine. C’est un studio cher pour un disque de jazz. Je me suis offert cette folie, ce qui aurait été impossible il y a cinquante ans à l’époque des grands enregistrements de jazz. » « C’est quoi, cette histoire de studio improvisé à Trinidad ? » A l’automne 2017, Florian avait participé au dernier enregistrement d’Anthony Joseph à Trinité et Tobago. « A Port-d’Espagne, il n’y avait pas de studio digne de ce nom. Le concept, c’était de faire venir Jordan afin de créer un studio mobile. On est allé à Sans-Souci. On s’est installé dans une maison un peu classe qui donnait sur une plage privée de 1 km de long. Jordan a monté le studio en une journée avec du matériel de location en raccordant chacun des musiciens dans sa chambre. On a tracké toute la journée pendant une semaine. C’était une expérience incroyable. » Je n’avais jamais vu le quintet comme ça « Vous avez joué à Church of Sound. Tu veux bien me raconter ? » C’était Alexis Blondin, un français de Londres, qui nous avait fait venir. C’est lui qui est derrière le Total Refreshment Centre. » Le Total Refreshment Centre est la plaque tournante du nouveau jazz UK. Florian est un grand fan de ceux qu’il appelle « les enfants de Shabaka ». Shabaka Hutchings à trente-trois ans le vétéran d’un mouvement qui secoue la scène jazz actuelle. « Tu sais que l’église est en activité ? Il n’y a que les Anglais pour faire ça ! Un vendredi par mois, ils vident l’église, installent la sono en quadri-frontal au milieu de la nef. Ils font venir les pompes à bière. Le concert se termine à minuit. A 1h tout est nickel, prêt pour l’office le lendemain à 10h. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’acid jazz deuxième génération sur la scène londonienne « A Church of Sound, le jeu c’est de jouer un set de covers, un set de compos. On avait repris La valse pour Hélène de Jeff Gilson. Gilson, c’est un truc de digger : Personne ne connaît. Il a été surnommé par un journaliste « le secret le mieux gardé du jazz ». Alexis voulait qu’on joue un set de jazz français dans l’esprit de Freedom Jazz France, la compil d’Heavenly Sweetness. Hasard du calendrier, le père d’Alexis, qui avait tourné un docu pour lequel Jeff Gilson avait écrit la musique, était là ce soir-là. Premier set blindé, moyenne d’âge vingt-cinq/trente ans, minettes dans le public, le truc hallucinant. » « On joue Hectorologie : les parents d’Alexis les larmes aux yeux, super-émouvant. Je passe au Rhodes pour un titre de Texier. Au beau milieu du morceau : clac ! Plus rien, plus de jus. Le concert finissait à minuit, le temps de réparer c’était autant de temps perdu. Comme on est un groupe acoustique, je leur propose de continuer. On joue Autumn Leaves version Cannonbal avec Miles. Les Feuilles Mortes, incontournable du jazz français, en acoustique dans l’église, trop beau ! Je n’avais jamais vu le quintet comme ça. » « Deuxième set. L’électricité est de retour. On s’était mis d’accord avec Anthony Joseph pour qu’il vienne chanter si ça lui faisait envie. On joue un morceau, deux morceaux, on entame Boca que je venais d’enregistrer pour lui la semaine précédente à Paris et qu’Anthony ne connaît pas. Anthony me fait un signe : C’est celle-là que je veux faire. Il monte sur scène, improvise des paroles de Caribbean Roots, tout le monde se lève… jusqu’à la fin du concert. La dernière demi-heure, on joue tous les morceaux groovy. On termine avec Jazz Carnival d’Azimuth, jazz-funk brésilien, un morceau club, hyper-dansant. Toute l’église est partie en dance-floor. » Arthur H a bouleversé mon canevas « D’où t’es venue l’idée d’inviter Arthur H ? » « L’idée vient de Frank [Descollonges, le patron d’Heavenly Sweetness]. Il avait envie de faire un featuring avec un jazzman français. Finalement, on a demandé à Arthur H. Quand j’étais jeune, j’adorais le morceau Cool Jazz. Dans mon immense naïveté, j’avais imaginé écrire la suite. Mais c’était mon fantasme. Finalement il est venu avec sa chanson, avec des paroles à la Gainsbourg qu’il avait écrites à partir de l’histoire du vol des bijoux de la Kardashian. C’était mort pour ma collaboration. Mais au final, ça a fonctionné beaucoup mieux que ce que j’avais espéré. » « Je veux bien te croire. Il y a même une suite : Hibou bleu. » « Ça, c’est la coda. » « C’est quoi, la coda ? » « La coda, c’est le terme générique qu’on utilise pour signifier la fin d’un morceau. Depuis le hard-bop, et peut-être encore plus depuis la génération du jazz hip-hop, les musiciens s’amusent à improviser sur la coda et à la faire durer de plus en plus longtemps. Ça remonte aux débuts de l’histoire de la jam. Se servir du thème pour improviser, et plus que ça, de l’énergie du morceau qui se termine pour voir où cet univers peut t’emmener. » « On fait une prise. Il nous sert la main. C’était super, les gars, à bientôt. Imagine : On avait réservé le studio pour une journée et en dix minutes c’était plié ! La première prise était parfaite, impossible d’argumenter ! Le challenge était de faire jouer Arthur H avec un quintet de jazz. Je n’imaginais à quel point il allait être si bon, si précis, si juste avec un groupe qu’il ne connaissait même pas. Il va se poser au piano. Je vais le voir, tente de négocier. Je lui dis qu’on aimerait bien refaire un essai, voir si on pouvait improviser quelque chose. Au bout de quelques minutes il revient. Deuxième prise… nickel ! Troisième prise… nickel ! A la quatrième on est parti en vrille, il s’est mis dedans, a fait des volutes avec nous. Il s’est effacé quand le quintet est parti dans son trip. Une véritable intelligence musicale, très agréable. » Je tente une conclusion. « Ce double-morceau est central, très fort…» « Complètement. C’est le titre de l’album. Ça ne pouvait pas être autrement. Il a bouleversé mon canevas. Ce morceau est très fort émotionnellement et s’inscrit totalement dans ma folie. L’album ne pouvait pas être autre chose que Bijou Caillou Voyou. » Et toi, tu fais quoi en ce moment ? « Une sacrée expérience. Ca doit être ta plus belle rencontre… » Et là je vois mon gars mi gêné, mi sourire en coin : « Il y a trois semaines je t’aurais dit oui... » Il lâche le morceau. « En ce moment je bosse sur l’album d’Iggy Pop avec Leron Thomas. » Je tente de raccrocher ma mâchoire. « Le Iggy Pop ? » Je rassemble mes idées. « Attends, attends, attends ! Leron, c’est bien le type qui t’avait snobé quand tu étudiais à la New School à New York et qui chante sur le Cap de Bonne Espérance ? » « C’est ça. Le titre pour les darons. Leron, c’est un génie, le protégé de Gilles Peterson. Il n’a pas la carrière qu’il mérite parce qu’il n’écoute rien de ce qu’on lui dit. Un électron libre. Sauf que ça a fini par payer : Il a rencontré Iggy Pop ! Leron, c’est un punk. C’est le dernier punk qui rencontre le premier punk. » « Mais toi, qu’est-ce que tu viens faire dans tout ça ? » « Ce que je ne t’ai pas raconté, c’est qu’en septembre dernier, j’ai enregistré l’album de Leron. Mais il a procrastiné, son autre projet a cartonné, l’album n’est jamais sorti. Quand il a rencontré Iggy, il lui a fait écouter. Iggy lui a dit : C’est ce son-là que je veux ! Et lui a emprunté des compos. Il y a des morceaux sur lequel je joue ! On est en train de mixer l’album. » Florian s’interrompt. « Tu imagines : Quand tu croises un musicien, la première question que tu poses, c’est : Et toi, tu fais quoi en ce moment ? Qu’est-ce que je dois répondre ? Là, je bosse sur l’album de Iggy Pop ? » A la fois Amusé et éberlué, il rit dans sa barbe. « Et normalement, tu ajoutes : Et toi ? » A la fois amusé et éberlué, je me dirige vers la gare qui, à cette heure-là, n’est guère plus qu’une carcasse. De retour dans la chaleur du foyer, je me replonge dans la plaquette que m’avait envoyé sa production. Je tombe des nues. J’envoie immédiatement un message à Florian : « Le vaudou ! On n’a pas parlé du vaudou. » A suivre… A lire dans les archives du blog : Entretien avec Florian Pellissier Florian Pellissier Quintet – Nouvel album : « Bijou Caillou Voyou » (2018, Heavenly Sweetness)
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Alfred Wallace, vers 1895. London Stereoscopic & Photographic Company Le 7 novembre 1913 disparaissait un des esprits scientifiques les plus brillants de son temps, le naturaliste anglais Alfred Russel Wallace (1823-1913), codécouvreur du principe de la sélection naturelle. Longtemps plongée dans l'ombre de son illustre aîné, Charles Darwin (1809-1882), son oeuvre, d'une exceptionnelle ampleur, commence à être redécouverte, notamment en France, sous l'impulsion des Editions de l'Evolution, qui lui consacrent une collection et ont publié sa première biographie en français (Alfred R. Wallace, l'explorateur de l'évolution, de Peter Raby). N'eût été la sélection naturelle, Wallace demeurerait comme l'un des premiers savants à avoir tenté de décrire le monde naturel dans un contexte évolutionniste et l'un des très grands noms dans l'histoire d'un champ interdisciplinaire à la source de nombreuses problématiques actuelles en matière de biodiversité ou d'écologie, la biogéographie - c'est-à-dire l'étude de la distribution géographique des êtres vivants et de son histoire. Dans un des ouvrages qu'il lui consacra (Island Life, 1880), Wallace énonça en termes très simples l'objet de la biogéographie : expliquer pourquoi des organismes « sont là et d'autres ne sont pas là ». INVENTAIRE DES FAUNES ET DES FLORES DE LA PLANÈTE Ce n'est qu'au XIXe siècle que les naturalistes commencèrent un inventaire suffisamment complet des faunes et des flores de la planète pour que puissent être observées de grandes tendances dans leur répartition - des « motifs » représentables sur des cartes, dénommés « zones biogéographiques », ou « écozones », selon la terminologie actuelle. Wallace fut l'un de ces pionniers. Biogéographe lui-même et professeur à la Western Kentucky University, Charles H. Smith oeuvre à la « réhabilitation » du naturaliste anglais, auquel il consacre une étude, "Enquête sur un aventurier de l'esprit, le véritable Alfred Russel Wallace" (Editions de l'évolution, 340 p. 22 €) Enquête sur un aventurier de l'esprit LE VERITABLE ALFRED RUSSEL WALLACE . Pour lui, « Wallace est le véritable «père» de la biogéographie, tout au moins de la biogéographie historique » (la branche qui analyse l'histoire du peuplement, à travers l'histoire géologique du globe et la systématique phylogénétique). « Il a développé les méthodes d'étude utilisées dans la discipline et incorporé la théorie cruciale de la sélection naturelle. Certaines de ses idées sont toujours bien vivantes dans la biogéographie moderne. » Science Journal AAAS Pour preuve, la parution dans Science, en janvier, d'une nouvelle carte mondiale des vertébrés, élaborée à partir de données sur la distribution et les relations phylogénétiques de 21 037 espèces d'amphibiens, d'oiseaux et de mammifères. Un travail qui met à jour la carte publiée par Wallace, en 1876, dans l'ouvrage The Geographical Distribution of Animals, qui a façonné notre vision du monde vivant jusqu'à aujourd'hui (elle est encore à la base de la répartition du monde en « écorégions » du Fonds mondial pour la nature - WWF -, par exemple). NOUVELLE CARTE ET NOUVELLES ZONES BIOGÉOGRAPHIQUES A nouvelles données, nouvelle carte et nouvelles zones biogéographiques : « Wallace avait divisé le monde en six grands «royaumes» biogéographiques, nous en obtenons onze », explique Jean-Philippe Lessard, du Centre de la science de la biodiversité du Québec, l'un des auteurs. « Sur le plan pratique, cela oriente les travaux comparatifs en matière de diversité et de conservation », poursuit le chercheur. La région panaméenne (Amérique centrale et Caraïbe), par exemple, est désormais une région en soi, biologiquement dissociée de l'Amérique du Sud et pouvant faire l'objet d'une politique de conservation distincte. « Nous pouvons aussi songer à préserver les espèces non plus seulement en fonction de leur rareté, mais en nous assurant que nous préservons le tronc de l'arbre de la vie », complète Jean-Philippe Lessard. « Si les monotrèmes disparaissent, par exemple, ce ne sont pas seulement quelques espèces rares qui s'éteindront, mais des espèces qui représentent plusieurs millions d'années d'histoire évolutive du vivant. » Certains organismes intègrent déjà cette vue, comme le programme EDGE of Existence, initiative de conservation ciblant spécifiquement les espèces menacées représentant une part significative de notre histoire évolutive. "APPROCHE PHYLOGÉNÉTIQUE" Wallace ne disposait ni des données, ni des outils informatiques et statistiques, ni des concepts nécessaires en biologie et en géologie (systématique phylogénétique, tectonique des plaques) pour parvenir à de tels résultats. Mais, sur le plan conceptuel, Jean-Philippe Lessard estime que cette nouvelle carte des vertébrés rejoint sa démarche : « Plutôt que de se focaliser sur les espèces, Wallace a basé ses travaux sur la distribution des familles et des genres, en tenant compte des hiérarchies taxonomiques. C'est ainsi qu'il est parvenu à délimiter des régions qui reflétaient les relations ancestrales entre les groupes d'animaux, ce qui est en quelque sorte l'équivalent d'une approche phylogénétique. » Wallace pensait que les faunes avaient des parentés véritables, déterminables grâce aux parentés biogéographiques, et que ces parentés reflétaient l'histoire de l'arbre de la vie. Il fut le premier à ainsi lier la théorie de l'évolution à l'étude de la répartition des espèces, accordant autant d'importance aux fossiles qu'aux animaux actuels. Il sélectionna les genres comme unités plutôt que les espèces, car ces dernières étaient trop nombreuses et « représent[ai]ent les modifications les plus récentes de la forme ». Il préféra aussi s'en tenir aux mammifères, parce que leur large répartition dépendait essentiellement de celle des terres plutôt que d'accidents, et parce qu'ils étaient mieux classifiés et bien représentés dans les archives fossiles. Ces choix méthodologiques dominèrent la biogéographie jusqu'au milieu des années 1960. CONNAISSANCE ENCYCLOPÉDIQUE Mais comment, à son époque, Wallace en vint-il, d'une part, à récolter suffisamment de données pour estimer de façon principalement statistique l'importance relative des différents groupes d'animaux et, d'autre part, à imbriquer si étroitement l'étude de la dispersion et l'évolution des espèces par le biais de la sélection naturelle ? Il emprunta l'idée des grandes régions biogéographiques à Philip Lutley Sclater (1829-1913), qui venait d'effectuer une séparation du monde en six régions zoologiques pour les oiseaux (1858). Sa boulimie de lecture et sa prodigieuse mémoire lui permirent ensuite d'acquérir une connaissance encyclopédique des faunes de toutes les parties du globe. Mais, pour deux d'entre elles, il utilisa les données qu'il avait lui-même recueillies. En 1848, âgé de 25 ans, il convainquit son ami, l'entomologiste Henry Walter Bates (1825-1892), son initiateur en matière de collecte d'insectes, de partir pour le bassin amazonien. A la différence de Darwin, dix-sept ans plus tôt, Wallace embarqua pour son premier grand voyage naturaliste avec l'idée que les espèces apparaissaient par le moyen de lois naturelles. Mais « penser qu'il avait pour objectif de confronter cette hypothèse avec des données de terrain est un peu idéaliste », estime Jean Gayon, philosophe et historien des sciences. « Il avait à gagner sa vie, c'était avant tout un voyage d'exploration destiné à collecter des spécimens zoologiques pour pouvoir les vendre aux muséums et aux riches amateurs. » Alfred Wallace. Jean-Luc Navette «LIGNE WALLACE» » Dans la relation de ce premier voyage, Wallace montra que la dispersion des espèces et des variétés dans les bras de l'Amazone était fonction des obstacles géographiques. Malheureusement, la plupart de ces spécimens et de ses carnets de notes ayant été perdus dans le naufrage du bateau qui le ramenait en Angleterre, le manque de références techniques fit que ce premier livre fut peu prisé. En 1854, Wallace obtint l'aide de la Royal Geographic Society pour se rendre, cette fois, dans l'archipel malais, partiellement inexploré et fort dangereux (une dizaine d'explorateurs y avaient laissé leur peau entre 1821 et 1851). Il y resta huit ans, parcourant 14 000 milles (près de 25 000 km), visitant des dizaines d'îles et collectant 125 660 spécimens d'animaux - qu'il put monnayer, cette fois. Remarquable naturaliste de terrain, extrêmement attentif et méticuleux, il put déceler de très petites différences et les corréler aux lieux où il les observait. « C'est grâce à ces nombreuses années passées à observer la faune sur l'archipel malais qu'il put effectuer une très belle découverte à son époque : une discontinuité géographique dans la composition de la faune entre l'Asie et l'Australie, qui fut nommée en son honneur «ligne Wallace» », rappelle Jean Gayon. « LA SUCCESSION DES ESPÈCES » Ses observations biogéographiques en Insulinde furent aussi capitales dans sa découverte du principe de la sélection naturelle. Il rédigea, lors de son séjour, trois articles se rapportant à « la succession des espèces ». Dans le premier (septembre 1855), il écrivait que « chaque espèce a pris naissance en coïncidence géographique et géologique avec une autre espèce étroitement alliée et préexistante », mais ne disait mot du mécanisme en cause. A mille lieues de se douter que Wallace marchait dans ses pas, Darwin eut ce commentaire : « Lois de distribution géographique. Rien de très neuf ». Seulement trois ans plus tard, dans son troisième article, rédigé à Ternate, Wallace avait réorganisé ses idées et fut en mesure de proposer un mécanisme de transformation des espèces, la sélection naturelle, ce qui poussa Darwin à rédiger L'Origine des espèces en toute hâte. > A lire : Darwin a-t-il brûlé la politesse à Wallace ? Darwin affirma toujours que le principe de Wallace était identique à celui que lui-même proposait. Pour Jean Gayon, ils divergent tout de même sur quelques points : « Wallace récuse toute analogie avec la sélection artificielle, alors qu'elle est fondamentale pour Darwin. Darwin insiste aussi beaucoup sur le fait que la sélection naturelle est un processus de tri entre des différences héréditaires individuelles. Chez Wallace, c'est plus compliqué : la sélection naturelle s'applique, plus que chez Darwin, aussi aux groupes. » Mais c'est sur la place de l'homme dans l'évolution que le désaccord le plus sérieux doit être souligné. "L'HOMME EST DESCENDU D'UNE FORME ANIMALE INFÉRIEURE" Dès 1838, Darwin était persuadé que la sélection naturelle pouvait rendre compte de l'apparition et de l'évolution de l'espèce humaine - mais il écarta délibérément le sujet jusqu'à la publication de La Filiation de l'homme, en 1871. C'est Wallace qui, le premier, appliqua la théorie de la sélection naturelle à l'homme dans une communication retentissante donnée en 1864, avant d'opérer un brusque revirement. En 1869, il annonça finalement vouloir limiter la portée de la sélection naturelle dans le cas de l'homme. L'un de ses principaux arguments était que les hommes préhistoriques (et les « sauvages » : il avait recueilli de nombreuses données ethnographiques lors de ses expéditions) possèdent un cerveau disproportionné par rapport à leurs besoins, en contradiction flagrante avec le fait que la sélection naturelle fonctionne selon un principe d'utilité immédiate. « L'homme est descendu d'une forme animale inférieure, mais (...) a été modifié d'une manière spéciale par une autre force dont l'action s'est ajoutée à celle de la sélection naturelle », écrivit-il. CONVERSION AUX PHÉNOMÈNES SPIRITES Sa motivation semblait s'enraciner dans sa conversion aux phénomènes spirites qui subjuguaient ses contemporains. Cette force supplémentaire, mal définie, oscillait entre les « esprits » et une intelligence directrice supérieure, guidant l'apparition de nos capacités mentales et morales supérieures. Pour Darwin, c'était une défection regrettable au sein du camp évolutionniste. Amer, il écrivit à Wallace : « J'espère que vous n'avez pas tué trop complètement votre enfant et le mien. » Mais la démarche de Wallace, pour singulière qu'elle fût, avait à ses yeux une certaine cohérence - et relevait pour lui de la méthode scientifique. C'était l'échec de la sélection naturelle à tout expliquer qui l'avait poussé à postuler des forces relevant de lois naturelles encore inconnues. C'étaient donc les mêmes indices, qu'en bon biogéographe il s'était acharné à amasser des années durant en Amazone puis dans l'archipel malais, qui, après lui avoir permis de découvrir indépendamment le principe de sélection naturelle, allaient l'écarter de Darwin et projeter son oeuvre dans l'ombre durable de son aîné. > Lire aussi : Wallace, un engagé sur tous les fronts
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La cour suprême de Caroline du Sud estime que les messages consultés puis stockés sur un "webmail" sont consultables par un tiers. D.R. Les e-mails archivés dans un service en ligne sont-ils consultables par un tiers ? Oui, répond la cour suprême de Caroline du Sud, qui a validé une demande de divorce pour adultère suite à la divulgation d'une série de courriels, révèle le site spécialisé Ars Technica. Les messages du mari, hébergés en ligne, ont été fournis par sa belle-fille à l'avocat de sa mère. Le mari a porté plainte, considérant ces messages comme privés, et a perdu. Le tribunal estime que les courriels hébergés sur une messagerie en ligne n'entrent pas dans la définition de "stockage électronique" de la loi protégeant les échanges (le stored communications act). UNE DÉFINITION À DÉTERMINER Cette loi de 1986 divise les juristes depuis plusieurs années. Dans une décision de 2004, des messages également hébergés sur un service en ligne (comme Gmail, Live Mail ou Yahoo Mail) étaient, eux, considérés comme protégés. Pour la justice, les messages ouverts et laissés sur le serveur – plutôt que d'être supprimés – constituaient bien des sauvegardes, donc entraient dans la définition du "stockage électronique". La décision rendue en Caroline du Sud contredit directement cette interprétation. La loi protège les emails hébergés en ligne dans deux cas : lorsqu'il est hébergé dans l'optique de son envoi ou lorsqu'une sauvegarde en est effectuée. C'est la définition de sauvegarde qui divise les juristes : s'agit-il d'une copie temporaire en cas de problème à l'envoi ou d'une copie à plus long terme, une fois le message reçu et ouvert ? La loi date d'une période où les courriels étaient téléchargés et consultés sur ordinateur et non à partir du service en ligne, à la capacité de stockage très limitée. Les messages qui restaient sur le serveur étaient donc considérés comme abandonnés, donc consultables par un tiers. Le besoin d'une définition précise serait bien réel pour les fournisseur d'accès Internet américains, qui fournissent une boîte e-mail à leurs clients. Ils doivent composer avec des législations contradictoires sur le sujet. "Cette décision [de Caroline du Sud] est une preuve supplémentaire que notre régime juridique de surveillance électronique est devenu insoluble et incohérent, a expliqué à Ars Technica Woodrow Hertzog, professeur à l'école de droit Cumberland à l'université de Samford. Les débats sur les sauvegardes, les copies temporaires et la distinction entre lu et non lu semble avoir peu à voir avec l'usage que perçoivent les gens de leurs courriels." Pour l'expert, ce débat sera sûrement résolu par un changement législatif, qui reste encore à déterminer.
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Léonard de Vinci. Domaine public GALA Qu’est donc devenu Léonard de Vinci Que je voyais autrefois se promener, à Paris, Au bras de Marcel Moré escorté de Jules Verne ? § L’histoire s’est effacée. Li Po, Thomas d’Aquin, Paz, La Fontaine, Bukowski baignent désormais Dans une même lumière § Ceci Maïakovski l’a compris, Lorca l’a compris, Coupes transversales, pigments cutanés ; La ville leur a mis des bibelots de perles dans les mains. S’il est bien mort dix fois, comme Aragon son maître, il garde la haute main sur ses « œuvres posthumes ». Sa biographie tronquée ou ses échanges glamour avec ses amants ano­nymes font de Jean Ristat (né en 1943) le plus iconoclaste des poètes romantiques. Voir l’invisible ? Saisir l’insaisissable ? En jetant un œil par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, Pierrick de Chermont (né en 1965) choisit de déblayer le terrain. Sous les « jambes de fourmis, (relevées) à l’infini », on joue à deviner ce qu’il sait nous cacher. Kling ! Le nom de l’auteur semble consonner avec le bruit de ses mots. En 1996, Thomas Kling (1957-2005) débarque à ­Manhattan pour un séjour éclair ; juste le temps de croquer la « grosse pomme », de zoomer sur ses rides, bref, d’en capter la matière addictive… Œuvres posthumes, tome II, de Jean Ristat, Gallimard, 240 p., 24 €. Par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, de Pierrick de Chermont, Corlevour, 148 p., 21 €.
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La discussion est passionnante mais aurait néanmoins gagné à être réduite de moitié. Car ce qu'exprime la comédienne Juliette Binoche (qui est aussi danseuse, peintre, réalisatrice...), dans les deux premiers volets de cette conversation fleuve avec le vice-pésident d'Arte et écrivain Jérôme Clément est enthousiasmant et intense. Mais cinq rendez-vous (du lundi au vendredi), selon le principe de l'émission "A voix nue", c'est peut-être trop. On n'aura qu'à prêter une oreille bienveillante lorsque, pendant le troisième épisode de cet entretien, la comédienne livre ses considérations sur les bienfaits de la médecine chinoise et de l'homéopathie en prévention de la grippe... On se montrera plus attentif dès qu'elle reviendra à sa réflexion première sur la création et sur son travail d'artiste. C'est quand elle évoque son approche personnelle des différentes disciplines artistiques que Juliette Binoche, 45 ans, se révèle la plus étonnante. A propos de sa vocation de comédienne et de ses débuts au cinéma, elle dit ainsi : "Cela part d'un feu, d'une intensité intérieure qui chez moi s'est exprimée par trop de volonté." En se souvenant du tournage du film Je vous salue, Marie (1985), de Jean-Luc Godard, elle raconte ainsi spontanément ses difficultés à communiquer avec le réalisateur. "J'avais trop envie de bien faire, et donc je l'énervais à cause de ça" , se souvient-elle, s'exprimant avec intelligence, sans jamais minauder. Une qualité personnelle qui semble d'ailleurs la caractériser. De cette série d'émissions, on retiendra également le beau poème d'Henri Michaux, Clown, lu par la comédienne comme un point d'orgue à cette conversation. "A voix nue : Juliette Binoche", du lundi 4 au vendredi 8 janvier, de 20 heures à 20 h 30 sur France Culture. Hél. D.
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Capture d’écran de la vidéo de DZ Joker dans laquelle il appelle au boycottage des législatives algérienne du 4 mai 2017. DR Ce sont des appels à l’abstention qui tombent mal pour les autorités algériennes. En l’espace de quelques jours, plusieurs youtubeurs ont posté des vidéos appelant sans détour à boycotter les élections législatives du jeudi 4 mai, sur lesquelles le pouvoir compte pourtant pour renforcer sa légitimité. Lire aussi A Alger, le désintérêt pour les élections législatives Postée le 27 avril, celle de DZ Joker, un youtubeur de 26 ans connu depuis 2011, a remporté le plus grand succès avec 3,3 millions de vues. Intitulée « Mansotich », littéralement « je ne sauterai pas », jeu de mots avec « Manvotich » (« je ne voterai pas »), elle s’adresse aux Algériens et au pouvoir. Les habits des maux algériens DZ Joker, filmé avec en fond le Monument des martyrs à Alger, y interroge en préambule : « Pourquoi veux-tu entendre ma voix seulement à l’approche des élections ? », avant d’endosser les différents habits des maux algériens. Dans l’eau, au milieu des débris d’un bateau qui a fait naufrage, il se met dans la peau d’un harraga, ces jeunes qui tentent de gagner l’Europe par la mer, et demande pardon à sa mère. Allongé sur un lit d’hôpital, il s’en prend au pouvoir : « Au lieu de nous bâtir un hôpital, tu as préféré bâtir une mosquée à 200 milliards [de dinars] », en référence à la Grande Mosquée d’Alger, projet pharaonique en cours d’achèvement. « Tu dis qu’il y a déjà un hôpital ? C’est pour cela que le maître de la maison court à l’aéroport dès qu’il se sent mal ? » En jeune supporteur de foot, il s’en prend à l’état déplorable de l’éducation : « L’école est gratuite, mais le niveau est bas. La preuve : leurs enfants étudient là-bas. » Les situations de détresse se succèdent : un sans abri attend un logement depuis 2001, un handicapé en fauteuil déplore sa maigre pension mensuelle, un jeune en prison pointe cette justice « qui accable les pauvres gens », un père de famille n’arrive pas à faire son marché avec son maigre salaire. En quelques saynètes, avec poésie et émotion, DZ Joker dénonce la pauvreté, les abus de pouvoir, la corruption. « Je ne comprends rien à ton Parlement, ni qui y fait quoi ! Tu veux me voir partir, mais c’est ici que je veux vivre. Je dois parler même s’ils veulent m’en empêcher. Le plus important est que ce soir je dormirai en paix », conclut-il. Tribu des « merdéputés » Dans un tout autre style, Anes Tina adresse un message aux parlementaires algériens. Sa vidéo, postée le 26 avril, est un pastiche hilarant de la version arabe du film Le Message sur la vie du prophète de l’islam réalisé en 1976 par Moustapha Akkad et que les chaînes de télévision du monde arabe diffusent régulièrement à la veille de l’Aïd. L’usage de la langue arabe classique par des acteurs vêtus d’accoutrements censés remonter à l’ère du Prophète pour évoquer des situations actuelles en Algérie rend le tout particulièrement comique. La vidéo commence par montrer le porte-parole de la « tribu du peuple » en colère qui lance : « Il ne nous reste qu’une solution. Ecrivons le message (…) Message d’Anas Ibn Tina porte-parole et chargé de l’info de la tribu du peuple au vicieux, dissolu, malfaisant, impudent, hypocrite, le maudit et débauché… émir de la tribu des Khalarmaniyine ». « Khalarmaniyine » est un mot-valise qui mixe les mots « merde » et « parlementaires », ce qui en français pourrait donner la tribu des « merdéputés ». Le message annonce au nom de tous les dieux dont celui de la « brosse » (sous-entendu à reluire) que la tribu du peuple boycottera la « campagne électorale » des « merdéputés », « n’achètera pas leur produit » et ne « se mariera pas avec eux ». Le porte-parole de la tribu du peuple demande à son secrétaire si le message a été envoyé, lequel lui répond : « Patience, les connexions de Koraiche [la tribu dont est issu le Prophète] est lente. » Une référence cocasse à la lenteur du débit d’Internet en Algérie, objet de blagues infinies dans le pays. Dans une autre scène, Ibn Tina découvre que l’émir de la tribu du peuple a accepté de l’argent du chef de la tribu des « merdéputés », il le gifle et rend l’argent en déclamant : « On ne nous achète pas. On ne vous a pas vus depuis cinq ans. Où étaient vos cadeaux durant ces années ? » Le « merdéputé » répond que la situation est « différente » cette fois : « Vous êtes entourée par Rome et la Perse qui menacent. Il faut participer à la construction du pays. » Allusion directe au discours officiel qui met en avant la situation dangereuse en Libye et dans les autres pays voisins pour appeler au calme social. L’offre du représentant des « merdéputés » devient alléchante : elle passe de 1 000 chameaux à 100 000 puis à un milliard. Ibn Tina est troublé. Un de ses partisans lui dit de ne pas céder. « Vous le paierez cher, peuple qui ne vaut pas cher », lance le « merdéputé » qui dit qu’ils ne les défendront plus jamais et que rien ne les lie. La vidéo s’approche des 2,5 millions de vues. Les « brosseurs » à reluire Le petit film le plus subversif s’intitule « La Takon Chiyatan », « ne sois pas un brosseur » (brosse à reluire). Parodie d’un film de zombies, il montre dans une ambiance à la Mad Max le président Bouteflika qui « a accaparé le pouvoir » et ceux qui lui font de la lèche, les « brosseurs » (« chiyatine »). Toutes les personnalités politiques y passent : le premier ministre Abdelmalek Sellal ; le chef du parti islamiste MSP Abderrezak Makri ; le chef du parti MPA, Amara Benyounes ; la cheffe du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune ; le chef du parti au pouvoir, le Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia ; et enfin le patron de la chaîne TV Ennahar et du journal du même nom, Anis Rahmani. Le film présente cette meute de « chiyatine » derrière la voiture du président, les seuls à s’intéresser à un rendez-vous électoral. La voix off déclare : « Aucune personne sage n’accorde de l’intérêt à l’élection sauf les brosseurs qui sentent leur maître dans l’air, ils courent derrière lui comme des bêtes dans le Sahara pour un peu d’eau. Les jours noirs arrivent. Ce sont des créatures viles qui font de la lèche à leur maître et qui halètent derrière lui. Qui se marchent dessus… alors que leur maître, comme d’habitude, les jettera au premier virage comme des sacs d’ordures. Mais les brosseurs sont sans foi, ils se relèveront et courront à nouveau derrière leur maître. Regarde-les, ne sont-ils pas la lie de l’humanité… Ne soit pas un brosseur, meurs en essayant de ne pas être un brosseur ! ». Kamal Labiad, l’auteur, intervient directement à la fin de la vidéo pour demander aux Algériens de ne pas aller voter « et de ne pas donner de légitimité à des gens qui trahissent le pays ». Le film a été vu plus de 150 000 fois. Lire aussi A Rouiba, la grande inquiétude des ouvriers algériens
afrique
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Cent vingt-trois pays représentés, 80 ministres, 900 experts, des dizaines d'ONG, des médecins, des juristes, des religieux… Jamais une conférence sur le sujet du viol, utilisé comme arme de guerre, n'avait pris une telle ampleur. Jamais un rassemblement de décideurs, au plus haut niveau, n'avait manifesté l'ambition collective d'éradiquer un tel fléau. Le sommet mondial organisé à Londres du 10 au 13 juin « pour mettre un terme à la violence sexuelle dans les conflits » s'est donc voulu historique. En proclamant solennellement une tolérance zéro pour ce qui est désormais reconnu comme un « crime international majeur ». En mettant en place un « protocole international » pour enquêter sur les faits, et faciliter les poursuites contre les auteurs. En affichant le souci de protéger et soigner les victimes, appelées dorénavant « survivantes ». Pendant quatre jours, les témoignages, les études, les statistiques ont afflué, donnant la mesure d'un sujet longtemps considéré comme tabou mais bel et bien universel. Des récits de barbaries à soulever le coeur, comme ces viols pratiqués sur des bébés de moins de 2 ans, soignés récemment à la clinique du docteur Denis Mukwege en République démocratique du Congo (RDC). Des chiffres à donner le vertige : plus de 150 millions de petites filles (selon l'Unicef) victimes de violences sexuelles chaque année ; 36 femmes ou enfants violées par jour en RDC, 200 000 au moins depuis 1998 ; plus d'un demi-million en Colombie dans la dernière décennie, avec une forte aggravation entre 2011 et 2012 ; entre 250 000 et 500 000 pendant le génocide rwandais ; au moins 20 000 en Bosnie au début des années 1990 ; 20 000 au Kosovo. Sans parler du Sri Lanka, de la Somalie, du Liberia, du Soudan, de la RCA, de l'Egypte, de la Libye… INJUSTICE ABSOLUE Des activistes syriennes ont témoigné. A la fois des viols perpétrés dans les centres de détention secrets du régime de Bachar Al-Assad et des violences commises contre les femmes dans les camps de réfugiés hors Syrie. Partout, une même constance : l'impunité des auteurs et ordonnateurs des viols. Partout le même désespoir des survivantes, le plus souvent rejetées par leur famille. Partout la honte des victimes. L'injustice absolue.
international
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A l'aube de la seconde guerre mondiale, au moment où les dirigeants européens ont le regard tourné vers l'Autriche et l'Allemagne nazie, la cour d'Angleterre se déchire lorsque le roi Edouard VIII abdique pour épouser Wallis Simpson, une Américaine divorcée, obligeant son jeune frère Albert, fragile et taciturne, incapable de parler en public, à porter la couronne sous le nom de George VI. Une histoire poignante portée à l'écran par Tom Hooper dans Le Discours d'un roi (2010). Ce documentaire de Claire Walding tente d'aller plus loin et revient sur les déchirements profonds qu'ont connus les Windsor au milieu des années 1930. Se fondant sur de nombreuses archives officielles, le film dresse le portrait des deux frères, Edward et George, et illustre la crise dynastique de l'année 1936 par les prises de position politiques d'Edward, dont plusieurs de ses fréquentations avaient des sympathies pour l'Allemagne nazie. Derrière le -style de vie, c'est bien l'identité de la monarchie anglaise, son rôle et ses valeurs que l'abdication d'Edward met au grand jour. Les spectateurs qui auront vu Le Discours d'un roi auront sans doute du mal à se passionner pour cet Edward et George, deux frères pour une seule couronne. Reste que le succès populaire du film pousse à la curiosité. Car, derrière l'histoire mélodramatique, se joue une pièce beaucoup plus politique, une page d'histoire assez méconnue de la Couronne britannique. Claire Walding (All., 2011, 52 min).
vous
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La compagnie Iberia a annulé 124 vols lundi 9 avril, soit 38 % du trafic prévu, pour la première journée d'une nouvelle série de grèves prévues tous les lundis et vendredis jusqu'au 20 juillet par les pilotes, qui dénoncent les conditions de création de la filiale à bas coûts Iberia Express. Une première série de 12 journées de grève lancée en décembre avait abouti à l'annulation d'environ un tiers des vols à chaque fois, coûtant environ 36 millions d'euros à la compagnie. Les négociations entre le principal syndicat des pilotes, Sepla, et la direction de la compagnie sont pour l'heure restées vaines. Sepla affirme que la création d'Iberia Express viole la convention collective des pilotes et que la direction a prévu de transférer 40 avions de la maison mère à la nouvelle filiale, ce qui signifierait "la suppression de 8 000 postes de travail". "ATTITUDE IRRESPONSABLE" De son côté, la direction a dénoncé "l'attitude irresponsable et intransigeante" du syndicat. Iberia a entamé une procédure en justice lundi dernier "pour que la grève soit déclarée illégale et abusive", a indiqué la porte-parole d'Iberia. La décision "peut prendre un mois, un mois et demi", a-t-elle ajouté. Iberia Express, filiale à bas coûts destinée à assurer le segment déficitaire des vols court et moyen-courrier d'Iberia, a vu son premier vol décoller le 25 mars, la direction ayant noué un accord avec la plupart du personnel, sauf les pilotes. Deux jours après, ces derniers décidaient 30 journées de grève. La compagnie commence avec quatre Airbus A320 et 17 liaisons, essentiellement en Espagne (Saint-Jacques de Compostelle, Ibiza, Palma de Majorque...), et quelques-unes avec l'étranger (Dublin, Naples, Amsterdam...). Elle prévoit de transporter d'ici fin 2012 2,5 millions de passagers sur "plus de 20" destinations, avec 14 avions et 500 employés.
economie
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Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP. AP/Michel Euler A 24 heures de la convention de l'UMP sur "les défis de l'immigration", Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, a finalement décidé de revenir sur sa décision de démissionner du poste de secrétaire national de l'UMP chargé des questions d'immigration. Egalement membre du collectif la Droite populaire, il devrait conduire à la rentrée, avec Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, les travaux d'une convention dédiée à la "nationalité". "Il est hors de question de revenir sur la binationalité", déclarait pourtant, le 8 juin, le patron du parti présidentiel. Une déclaration qui faisait suite à un courrier envoyé aux 577 députés de l'Assemblée nationale par Marine Le Pen dans lequel la présidente du Front national pressait les parlementaires d'ouvrir le débat sur l'interdiction de la double nationalité. Cette fin de non-recevoir de Jean-François Copé a vivement irrité l'aile droite du parti présidentiel. "C'est un vrai sujet qui mérite d'être posé sans forcément adhérer aux thèses du Front national" explique Lionnel Luca, qui avait posé dans la balance sa démission de son poste de secrétaire national en charge de l'immigration. Soucieux de ne pas braquer cette frange de son parti, Jean-François Copé est donc revenu sur son engagement de clore le débat sur la question de la binationalité. Le député de Meaux a souhaité néanmoins souligner qu'"à titre personnel", il n'était "pas pour qu'on supprime la double nationalité." Après la promotion de Thierry Mariani, fondateur de la Droite populaire, de secrétaire d'Etat à ministre des transports, ce recul de Jean-François Copé est une nouvelle illustration du poids du collectif des députés de l'aide droite de l'UMP. Eric Nunès
politique
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Le ministre du redressement productif s'en est pris à la politique de la Commission européenne en matière d'aides publiques, qu'il juge destructrice pour l'industrie européenne. HAMILTON/REA « Si on attend qu'ils le fassent tout seuls, on attendra longtemps. » Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, entend « remettre de l'ordre » dans le secteur des télécommunications. Lors de ses vœux à la presse, jeudi 16 décembre à Bercy, M. Montebourg a annoncé qu'il allait demander aux opérateurs français des contreparties plus strictes en échange de l'utilisation des fréquences hertziennes, « qui relèvent du domaine public », a-t-il martelé. Ainsi, le prochain appel d'offres pour une bande hertzienne – celui concernant les fréquences 700 mégahertz (MHz) – devrait comporter des obligations en termes d'emplois, d'investissements « dans les zones rurales et les petites villes » et de relocalisation des centres d'appels. « Chaque fois qu'on attribuera une licence, on demandera des comptes », a précisé le ministre. « LES ARDEURS DES AMOUREUX DU LOW COST » Si M. Montebourg monte au créneau, c'est qu'il s'inquiète des conséquences – sur l'investissement et sur l'emploi – de la tension qui règne depuis des mois entre les opérateurs, à la suite du lancement des offres low cost de Free. Tension qui s'est encore aggravée à la fin 2013, quand le quatrième opérateur a aussi lancé des offres « 4G », la technologie récente de très haut débit mobile, à prix cassés. « Ils se font la guerre sur le dos de l'intérêt général. Hors de question de laisser les prix s'effondrer parce que des milliardaires [les patrons des opérateurs] se querellent sur la place publique », a asséné M. Montebourg, jeudi. « Nous voulons modérer les ardeurs des amoureux du low cost et préserver l'équilibre économique du secteur. Nous attendons que les opérateurs investissent 30 milliards d'euros ces prochaines années pour développer la fibre optique [le très haut débit fixe]. S'ils ne le font pas eux, qui le fera ? » Interrogés, jeudi, en réaction aux propos du ministre, des opérateurs minimisaient la portée de sa proposition. « Les déclarations du ministre rappellent juste une évidence : l'attribution d'une licence implique des droits et des devoirs », selon l'un d'eux.
technologies
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Le pape François a célébré le 24 décembre sa première messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican. AP/Gregorio Borgia Les célébrations ont débuté mardi 24 décembre au soir pour la communauté chrétienne. C'est le premier Noël que fête le pape François depuis son élection. A 21 h 30, François a commencé à dire sa première messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican. L'air grave, le pape argentin est arrivé au milieu d'une longue procession de 30 cardinaux et 40 évêques et s'est avancé dans la nef de l'immense église bondée pendant la prière solennelle de la Kalenda, chant qui récapitule l'attente biblique d'un Messie. Il a fait le tour de l'autel avec un encensoir, lançant d'une voix basse et rauque : « Pax vobis » (« la paix soit avec vous »). Avant d'embrasser une statuette de plâtre peinte représentant l'enfant Jésus. Neuf mois et demi après l'élection de Jorge Mario Bergoglio en tant que 265e successeur de l'apôtre Pierre, l'attente était grande sur les mots qu'allait dire le pape pour cette grande fête du calendrier catholique retransmise par les télévisions de 65 pays. La grande messe solennelle, dite « de minuit » devait finir une heure avant minuit. Les textes et les prières ont été récités ou chantés principalement en italien et en latin, de façon solennelle et classique. Une intention de prière a été prononcée en araméen, la langue du Christ. Une autre, pour les personnes persécutées en raison de leur foi, a été prononcée en chinois. UNE PRIORITÉ POUR LES GENS DÉMUNIS Dans sa courte homélie en trois points, le pape de 77 ans, d'une voix un peu rauque et essoufflé, a rappelé que les bergers, pauvres, de Bethléem avaient été les premiers à se rendre à la crèche où Jésus, dans la tradition biblique, venait de naître. « Les bergers, a-t-il dit, ont été les premiers (…) à recevoir l'annonce de sa naissance. Ils ont été les premiers parce qu'ils étaient parmi les derniers, les marginalisés. » Jorge Mario Bergoglio signifiait ainsi sa priorité aux gens démunis, signe distinctif de son pontificat. Jésus, a-t-il remarqué, n'est pas « un maître de sagesse » ou « un idéal dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés ». « En lui est apparue la grâce, la tendresse, la miséricorde », a-t-il déclaré, sans aucune allusion aux débats de société ou au relativisme comme le faisait son prédécesseur, Benoît XVI. « Le Seigneur vous répète : “N'ayez pas peur !” Moi aussi, je dis à tous : “N'ayez pas peur. Le Seigneur pardonne toujours. Là est notre paix” », a-t-il poursuivi. Jorge Mario Bergoglio est revenu sur un de ses mots préférés, « camminare » (« marcher », en italien) : « Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l'orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt dominent, alors les ténèbres descendent en nous. » « Le peuple est un peuple pèlerin, mais pas un peuple errant », a-t-il dit, affirmant qu'en chacun « il y a ténèbres et lumière ». CRÈCHE NAPOLITAINE Une bougie de la paix devant la crèche de la place Saint-Pierre, au Vatican. AFP/FILIPPO MONTEFORTE Une crèche napolitaine géante, figurant la naissance de Jésus à Bethléem, a été inaugurée dans la journée place Saint-Pierre, à Rome, et une lumière pour la paix allumée au nom du pape François, marquant le début des festivités au Vatican. Le cardinal de Naples Crescenzio Sepe a inauguré cette crèche, intitulée « Franscesco 1223 - Francesco 2013 » pour marquer le lien entre le saint (François) d'Assise, qui avait prêché la pauvreté radicale, et le pape argentin, qui a annoncé vouloir « une Eglise pauvre pour les pauvres ». Mais, à la déception des fidèles présents, le pape n'est pas apparu pendant la cérémonie pour allumer il lume della pace (« la bougie de la paix »). A Bethléem, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre Sainte, va appeler à une « solution juste et équitable » au conflit israélo-palestinien et à la réconciliation au Moyen-Orient, dans son homélie de Noël, en présence du président palestinien, Mahmoud Abbas, et de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en visite privée. La ville de Bethléem, en Cisjordanie, lieu de naissance de Jésus, illuminée pour les célébrations de Noël. REUTERS/AMMAR AWAD De Bethléem, le prélat rappellera « tous les drames de l'humanité sur les cinq continents : des guerres civiles en Afrique au typhon aux Philippines, en passant par la situation difficile en Egypte et en Irak et la tragédie syrienne ». Aux Philippines, les rescapés du violent typhon Haiyan ont fêté la Nativité avec ferveur au milieu des ruines, malgré les morts et les destructions. En Centrafrique, la capitale Bangui, toujours en effervescence, passait un triste réveillon de Noël sous couvre-feu et dans la psychose de nouvelles violences. Les messes catholiques et cultes protestants avaient été avancés dans l'après-midi pour raison de sécurité. CLIMAT ASSOMBRI A Bethléem, la place de la Mangeoire, en face de la basilique de la Nativité, a pris des allure de kermesse. La foule bon enfant se pressait au pied d'un sapin de Noël géant illuminé et d'une crèche. Mais le climat est assombri par les espoirs déçus après la reprise des négociations directes entre Israël et les Palestiniens à la fin de juillet. En dépit des violences et de l'impasse politique, la Terre Sainte se prépare à accueillir le pape François en mai prochain, un voyage prévu mais non encore annoncé officiellement. De son côté, le président palestinien a appelé lundi les pèlerins du monde entier à venir en Terre Sainte pour la visite du pape. Pour aller plus loin, lire l'analyse : Le pape François en fait-il trop ?
europe
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Sur les marches de la bourse de Bruxelles, le 23 mars. VIRGINIE NGUYEN HOANG/HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Après les attentats qui ont frappé Bruxelles mardi 22 mars, le service culture du Monde a sollicité plusieurs artistes nés en Belgique, ou y ayant vécu et travaillé, pour recueillir leur réaction. Dick Annegarn : « Bruxelles est la capitale des bâtards » Chanteur néerlandais, vivant entre la France et le Maroc, il est notamment l’auteur du morceau iconique Bruxelles, fortement relayé par les réseaux sociaux depuis la tragédie : « Ma chanson accompagne la tristesse du moment et, du coup, je suis un peu sollicité. Demain, je dois passer au “Grand Journal”. C’est étrange, ce matin je faisais une animation en milieu scolaire dans la banlieue de Toulouse, et puis j’enchaîne avec des radios et des télés… Cette chanson résonne donc à nouveau. Bruxelles évoquait “une guerre qui est toujours à faire”. Je parlais de la guerre flamando-wallonne, de combattants et de combattus, et cette guerre je l’ai fuie. Je suis néerlandais mais j’ai vécu dans le nord de Bruxelles de 6 à 20 ans, mon père était traducteur pour le Marché commun. C’est une ville faussement paisible, avec beaucoup de misère, d’alcool, de violence. Une ville pleine de nostalgie. Je ne voulais pas rester avec ces soixante-huitards, ces types qui se tapent sur le ventre, “la danse des panses” dans la chanson. A l’époque, c’était un tas de verre et d’aluminium, que ce soit à l’aéroport de Zaventem ou à Molenbeek. Je me suis rendu compte alors que l’architecture pouvait être violente. La Belgique est un pays un peu artificiel, aujourd’hui un agglomérat d’intérêts européens. Bruxelles est la capitale des bâtards, et j’en suis un. C’est la ville d’Europe où l’on chante le mieux le blues, comme l’a montré Arno. La chanson a été écrite et enregistrée à Paris en septante-quatre. Elle a été reprise par Bashung. Il a fait une maquette qui était mieux que la version sur l’album [Le Grand dîner, Tribute à Dick Annegarn, Tôt ou Tard, 2006] mais il a eu peur de la sortir. La différence entre la sienne et la mienne, c’est que j’ai pleuré en l’enregistrant mais ça ne s’entend pas. Lui, je ne sais pas s’il pleurait mais ça s’entend. Ma voix est un peu fausse car je m’effondrais. L’artiste cède son œuvre. Bruxelles appartient donc à Bashung, Raphaël, Calogero, qui l’ont également chantée, à tout le monde. C’est une chanson qui n’est pas gaie, contrairement à la Bruxelles de Brel, guillerette, avec ses crinolines et la place de Brouckère. Précédée chez moi de “Artère vers l’enfer”… Bruxelles est une ville cosmopolite et j’espère qu’elle le restera. Je m’intéresse aux cultures belges, au pluriel, le wallon étant une des 70 langues. J’y ai été chanter en janvier, j’ai toujours de la famille, mon frère, ma sœur. Je vis aujourd’hui en Haute-Garonne et je passe beaucoup de temps au Maroc. J’ai une maison dans la Médina d’Essaouira, dans le quartier juif, où je suis bien accueilli. Il y a des alcoolos qui se défoncent à l’éther mais tout le monde sourit à tout le monde. C’est une ville avec trois religions, plus les Berbères, et ça cohabite. » Luc Dardenne : « Nous étions une génération qui n’avait pas connu la guerre » Cinéaste (Rosetta, L’Enfant, Le Silence de Lorna…), frère de Jean-Pierre, il vit à Bruxelles : « Je suis sous le choc. J’ai beaucoup de compassion pour les victimes et leurs proches. J’ai aussi beaucoup de haine pour ces terroristes qui nous haïssent à ce point. Nous étions une génération qui n’avait pas connu la guerre, eh bien, il faut se rendre à l’évidence, je crois que la guerre revient, sous une forme nouvelle et surprenante. Pour ma part, je crois que j’ai compris ce qui se passait chez nous dans les années 1990 lorsque j’ai été invité à participer à une initiative pédagogique destinée à intégrer les enfants de l’immigration. J’enseignais les mathématiques et le français, j’accueillais aussi chez moi certains élèves. J’ai donc pu voir comment, s’agissant de certains garçons avec lesquels j’entretenais un dialogue suivi, tout changeait dès lors qu’ils intégraient une école coranique. Or cet enseignement en Belgique est majoritairement assuré par des Wahhabites, des salafistes prédicateurs. Le dialogue ne devenait tout simplement plus possible. Ces adolescents, soudain, se trouvaient pris dans des questions de loyauté. J’ai vu, après le 11-Septembre, après l’attentat du Musée juif, comment une partie de la communauté musulmane réagissait chez nous, et j’en ai été stupéfait. Alors bien sûr, il y a un terreau social qui est à l’œuvre dans l’histoire de ce ressentiment. Mais il ne suffit pas à l’expliquer, loin de là. Le phénomène religieux a son autonomie, et sa responsabilité est grande dans cet idéalisme de la haine. Comme est grande la responsabilité des forces progressistes de n’avoir pas su voir ce phénomène, et d’avoir si souvent disqualifié la lutte légitime contre l’islamisme au nom de l’islamophobie. C’est aussi bien le modèle multiculturaliste belge qui est en cause, c’est lui qui a favorisé l’endoctrinement et la séparation de ces jeunes, et qui n’a pas su lutter pour la défense de valeurs communes. C’est pourquoi il serait important que nos amis musulmans qui défendent les idéaux des droits de l’homme le fassent publiquement et fortement savoir. Ils doivent descendre dans la rue et crier “pas en notre nom”, comme mon père, durant l’occupation, est entré en résistance pour signifier qu’on ne tuerait jamais en son nom. Beaucoup de Belges se trouveront alors à leur côté. » Jean-Pierre Dardenne : « Nous avons laissé se propager une culture de la haine » Cinéaste (Rosetta, L’Enfant, Le Silence de Lorna…), frère de Luc, il vit à Liège : « C’est le fanatisme en acte, et contre ce fanatisme, il ne faut avoir aucune pitié. Et pourtant ce sont aussi des circonstances où il importe de rester mesuré. Il faut garder notre calme, parce que les auteurs de ces crimes cherchent à nous le faire perdre. Il y a des gens qui ont visiblement décidé de partir en guerre contre tout ce que représente la démocratie. Ces gens-là sont des nihilistes, ils sont prêts à tout. Une rage les habite, qui me fait penser qu’ils se savent tenus en échec. De notre côté, nous avons été littéralement aveuglés par la culpabilité. En son nom, nous avons laissé se propager sur notre territoire une culture de la haine, et nous n’avons pas su défendre ceux qui, au sein de la communauté issue de l’immigration, défendaient des valeurs universelles. » François Schuiten : « Il faut défendre la beauté de Bruxelles, qui est sa mixité » Dessinateur de bande dessinée et scénographe belge, il réside à Bruxelles : « Ma maison est à Schaerbeck, c’est de là que sont partis les trois terroristes. A quelques rues de chez moi. Ce qui fait une grande partie de la beauté de Bruxelles, c’est sa mixité au cœur de la ville. Des migrations successives, turque, polonaise, marocaine, ont façonné les quartiers. Cette beauté en fait aussi sa fragilité. Les événements du 22 mars vont entacher l’image que nous avons de ces lieux. Molenbeek a tout pris dans la figure, mais il y a aussi Forest ou Schaerbeek. Il va falloir se méfier des raccourcis. Il risque, hélas, d’y avoir un mouvement favorisant l’exclusion, le rejet. C’est le moment de défendre Bruxelles, de réinventer son désir et sa fierté de ville, avec toutes ses particularités et sa mixité. Aujourd’hui, tout le monde est derrière nous, mais demain ? On ne va pas céder un pouce à ces gens-là. Surtout pas. C’est le moment où jamais d’aller faire la fête et je ne changerai rien à mes habitudes. Mais il faut être lucide avec la fragilité de nos sociétés ; il va falloir vivre avec. » Dominique A : « Ça ne me touche pas moins que le Bataclan » Chanteur, il a vécu quinze ans à Bruxelles avant de rejoindre Nantes cette année : « Je suis parti de Bruxelles en juin, j’ai l’impression d’être passé entre les gouttes. Je n’ai jamais eu d’affection outre mesure pour cette ville mais j’apprécie les gens là-bas. J’y étais pour des raisons familiales. Je n’ai pas aimé l’architecture : c’est un îlot isolé. Le façadisme bruxellois est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire en architecture, un assemblage hétéroclite de bâtiments. Je suis sensible au décor et ça jouait sur mon moral. Je me suis toujours senti un peu exilé, pas citoyen de cette ville. En fait, j’étais dans une semi-clandestinité. Mais j’y ai passé quinze ans de ma vie, donc j’ai des attaches. Ce qui s’est passé me touche énormément. Le batteur de mon groupe, Sacha Toorop, vit à Bruxelles, comme mon fils adolescent. Il était confiné dans son école qui n’est pas bien loin de la station de métro Maelbeek. Le frère du guitariste-clavier y passe lui à 9 heures tous les jours. Et un ami ingénieur du son se trouvait à une station de Schuman, où ça a pété. Quand je suis arrivé la première fois en 1993, il y avait l’idée que le centre-ville était mal famé, les maisons ne valaient rien, on disait que face à la Bourse c’était un coupe-gorge. Quand je suis revenu y vivre en 2000, la ville s’ouvrait. Je disais alors qu’à Bruxelles ça se passait bien, différemment de la France et de ses tensions communautaires. J’ai pourtant senti un durcissement ces dernières années. C’est du domaine de l’impression et je ne sais pas dans quelle mesure ce n’est pas influencé par le discours ambiant. Avant, quand tu passais de la Gare du midi à la Gare du nord, à Paris, l’agressivité te sautait à la gueule. Le contraste est moins violent aujourd’hui. J’ai vécu dans le centre, à majorité marocaine, avec quelques blancs-becs dans le lot dont je faisais partie. À 300 mètres du canal de Molenbeek. Cette commune avait mauvaise réputation, on m’avait dit de ne pas m’y installer, ni dans certains coins de Schaerbeek. Certains de mes amis y vivaient et ce n’était pas simple : il y avait des regards, des mots. J’ai enregistré au Jet studio à Molenbeek. Tu n’étais pas toujours le bienvenu. Je pense qu’il y a eu une sous-estimation des tensions entre les différents types de population. Quand je suis retourné jouer en janvier à l’Ancienne Belgique, plein centre, dans un espace piétonnier, on a tous été frappés par l’ambiance assez dure. Sur le coup de minuit, on voyait des mecs rôder et ça me rappelait la Gare du midi quand j’avais 23 ans. Les trois jours de couvre-feu avec les chars et les boulevards bloqués ont énormément marqué les gens. Il y avait déjà eu l’attentat au Musée juif [24 mai 2014]. Là, c’est un attentat de masse. On avait une nounou marocaine pour mon petit garçon, qui vit dans la rue des Quatre-vents [où ont été arrêtés Salah Abdeslam et quatre suspects]. Je pense très fort à elle et je vais prendre des nouvelles. Les familles musulmanes qui vivent dans ce quartier doivent se faire montrer du doigt et c’est épouvantable. Je pense aux gens que je connais là-bas, ce qu’ils doivent éprouver. Je viens de donner un concert en banlieue parisienne, à Sartrouville, et j’ai proposé une minute de silence, ce que je n’avais jamais fait. On m’avait demandé de m’exprimer sur le Bataclan, j’ai fermé la porte parce qu’il y avait trop de pathos et d’obscénité dans certains discours. Je m’exprime plus facilement s’agissant de Bruxelles. C’est quinze ans de ma vie. Ca ne me touche pas moins que le Bataclan, peut-être plus parce que ça touche quelque chose de plus intime chez moi. » Paul-Henri Wauters : « On vivait avec un syndrome pré-traumatique » Directeur artistique du Botanique, où est notamment organisé le festival Les Nuits Botaniques, il vit à Bruxelles : « Nous étions tous persuadés que cela allait arriver tôt ou tard. Si Paris a vécu un syndrome post-traumatique, nous vivions jusque-là avec un syndrome pré-traumatique. Après le 13 novembre, nous avons par exemple arrêté toute programmation pendant 10 jours. Jusqu’à récemment police et armée ont protégé le Botanique. Aujourd’hui, il va nous falloir gérer l’après traumatisme. Le concert de Rover, prévu mercredi 23 mars, a été annulé, mais il n’est pas impossible que nous décidions de très vite reprendre les concerts, histoire de ne pas abdiquer. Même si ce sera forcément compliqué, car nous sommes responsables de la vie des spectateurs. » Olivier Bastin : « Combien de temps tiendra notre résistance aux préjugés ? » Cofondateur de la coopérative d’architecture L’Escaut, implantée à Molenbeek, il vit à Bruxelles : « La forte présence militaire et policière dans le quartier suscite pour nous une forme de questionnement permanent. A chaque événement qui entraîne des niveaux de sécurité élevés, l’atmosphère est plombée. Molenbeek est d’habitude vivant, en effervescence. On y sent très fortement la présence des adultes et des enfants. Aujourd’hui, les rues sont vides, sauf lorsque les gens s’acheminent vers la mosquée au moment des prières. Il y a deux, trois jours, j’éprouvais un sentiment très positif ; on se disait “bonjour” dans la rue. Depuis mardi, les gens regardent le sol. On a peur du regard de l’autre, et en même temps notre regard change, notamment sur les jeunes qui vivent de petits trafics. On se dit que le parcours d’un Salah Abdeslam, dont la vie semble avoir été ordinaire, est accessible à n’importe lequel d’entre eux. On a l’impression que ce sera sans fin. Nous nous évertuons à garder un regard positif. Lorsque j’ai été Bouwmeester (maître architecte) pour la région bruxelloise, de 2009 à 2014, Molenbeek était la zone à investir, capable de porter des projets novateurs. On se demande aujourd’hui combien de temps ces tensions vont durer et combien de temps tiendra notre résistance aux préjugés. La question se pose vraiment. Beaucoup de personnes impliquées dans le comité de quartier de Molenbeek n’excluent plus de quitter les lieux. On ne peut pas généraliser notre attitude positiviste. » Michèle Noiret : « A Molenbeek, je ressens depuis longtemps un malaise » Danseuse et chorégraphe, elle vit à Molenbeek : « Bruxelles meurtrie s’effondre, désolation, carnage ; minute de silence, hommage aux victimes : désarrois. Un mélange de colère, de tristesse et d’impuissance, comme à Paris, des vies brisées, fracassées… C’était dans l’air : quand, où, comment ? Des questions que l’on avait presque oubliées, car depuis le 13 novembre, les militaires étaient partout, les chars en pleine ville, devant les métros, images surréalistes ; on bombe le torse, on essaye de rassurer, cela faisait presque partie du décor. Molenbeek pointée du doigt ? Comme beaucoup d’artistes, j’y habite et y ai mon studio de répétitions ; une commune multiculturelle, qui aurait pu être un exemple d’intégration, si le laxisme qui y a sévi, le manque de fermeté et d’intransigeance sur le fondement de nos valeurs démocratiques, n’avaient pas perduré pendant des années. Si, parfois, la façon dont cette commune bruxelloise est stigmatisée à l’étranger est risible, je ressens depuis longtemps un profond malaise, particulièrement en tant que femme, devant l’augmentation du nombre de jeunes filles voilées, de groupes de jeunes désœuvrés, de cafés où les femmes ne sont pas admises, et d’écoles où les professeurs n’osent plus parler de la théorie de l’évolution, de peur de se faire insulter par des élèves. Faut-il dès lors s’étonner ? Plus que jamais, portons la création, la vie : la liberté. » Wim Delvoye : « Entendre dire que la sécurité est plus importante que la liberté est effrayant » Plasticien, il vit entre Gand – où il est né et a son atelier – et Brighton au Royaume-Uni : « J’étais à New York le 11 septembre. J’ai vu comme la ville a changé en une semaine. Et les gens aussi, comment ils sont devenus durs. J’ai peur qu’ici aussi après les premiers jours de compassion, le pessimisme et le négatif ne l’emportent. Au-delà des morts et des blessés, nous sommes tous victimes de ces attentats. J’ai entendu le ministre-président dire déjà que la sécurité est plus importante que la liberté. Je trouve cela effrayant. Comme aux Etats-Unis, à cause de quelques terroristes, les attentats vont servir à dénigrer nos droits. Tout s’est radicalisé en quelques années, on voit des débats politiques auxquels on n’était plus habitués. Il y a quelque chose qui me fait penser aux années 1930. Cela va devenir sinistre ici. » Lionel Vancauwenberghe : « On a cassé l’insouciance » Chanteur du groupe pop Girls in Hawaii, il est établi à Bruxelles, comme l’ensemble des musiciens, originaires de Braine l’Alleud, à une vingtaine de kilomètres : « C’est pas facile d’en parler si tôt. Il y a eu un sentiment trouble, le choc du réveil. Je me suis dit : “Ca y est, c’est arrivé…” C’est comme si on s’y était préparé depuis les attentats de Paris, une ville-soeur. Le Bataclan est une salle dans laquelle nous avons joué. C’était devenu imaginable. A Bruxelles, ces attentats ont fortement remué les gens. Après, il y a eu le lockdown. On n’était pas sûrs que le gouvernement maîtrisait totalement la situation. Le contexte était horrible. Tous ces gens morts, ces familles endeuillées, ça aurait pu être moi. Bruxelles est un grand village, avec quelque chose d’intime. Le métro orange des années 1960 qui a été éventré est celui que je connais depuis que je suis petit. Je vivais alors à Waterloo, à vingt minutes de Bruxelles, et je le prenais pour sortir en ville. L’aéroport de Zaventem est associé aux vacances en famille. A l’insouciance, et c’est bien cela qui a été cassé. Il y a une espèce d’absurdité de s’attaquer à Bruxelles. C’est une ville ouverte, bordélique, bonhomme… » Lucas Belvaux : « On ne sait plus comment vivre ensemble » Cinéaste (La Raison du plus faible, Rapt…), né à Namur, il vit en France : « Je vis à Paris depuis 1979. Tout cela est donc à la fois très douloureux et très étrange pour moi. Quoique belge, j’ai eu un sentiment de réelle proximité lors des attentats parisiens du 13 novembre. Le quartier visé, la population visée, la cible recherchée étaient les nôtres. De nombreux artistes, et notamment des gens de cinéma, habitent ce quartier. J’ai eu beaucoup d’amis directement touchés par ce drame. La foudre est tombée très près. Et aujourd’hui Bruxelles. Et de nouveau des amis, des proches, des parents qu’on appelle. Ni plus ni moins que ce qui s’est déroulé à Paris. Simplement le sentiment que ça s’élargit, que ce n’est pas fini. De toute façon, on le sait, ces réseaux sont transfrontaliers. C’est l’Europe, l’Occident qui sont visés. Un certain mode de vie et de pensée. La raison à tout cela est évidemment complexe. Un ratage évident dans l’intégration des immigrés sur trois générations, un radicalisme religieux qui monte, une culture du compromis qui mène au désastre, tout particulièrement en Belgique où l’on a eu le sentiment d’acheter la paix sociale. D’une manière plus générale, ce que je constate, c’est que quelque chose s’est délité dans nos sociétés et que la violence monte en proportion de ce délitement. L’antisémitisme absurde des banlieues, le racisme inepte et la peur de l’autre dans des régions dépourvues de populations issues de l’immigration. Tous les discours se durcissent. On ne sait plus comment vivre ensemble. » Jan Bijvoet : « A Anvers, mes voisins kurdes, marocains, turcs sont tous effondrés » Comédien (L’Etreinte du Serpent, Borgman…), il vit à Anvers : « Je vis dans le quartier Nord d’Anvers. La plupart des gens y sont musulmans. Il y a des Marocains, des Kurdes, des Turcs, et pourtant tout le monde y vit en grande harmonie. Mes voisins sont tous effondrés. Ils viennent me voir, ils disent : “Ce n’est pas possible”, “Vous devez savoir que nous désapprouvons”. Même si ce n’est pas mon cas et qu’elle ne doit surtout pas nous envahir, je peux comprendre que les gens aient peur. Et que face à cela, dans un très court terme, le gouvernement ait à prendre des dispositions coercitives. Mais je crois qu’à long terme – un long terme peut-être très très long – il faut que toutes les frontières disparaissent. Et un jour nous serons tous mêlés, nos enfants seront un peu russe, un peu arabe, un peu islandais. Et dans un monde égalitaire, il n’y aura plus de raison pour que cette guerre nous explose ainsi à la figure. » Dominique Gordon et Fiona Abel : « Un manque de progrès dans l’égalité des chances » Cinéastes (Rumba, La Fée…), ils vivent à Bruxelles : « On est très touchés, comme on l’a été pour d’autres événements, à Paris ou ailleurs. C’est un peu rapide pour nous de donner des impressions, si ce n’est-ce qu’on ressent depuis des années : une grosse fracture entre les communautés, un manque de progrès dans l’égalité des chances. En tant qu’artistes, on essaye humblement de partager nos valeurs, sans faire de morale. » Pieter Ampe : « J’ai besoin de m’asseoir et de me calmer » Danseur et chorégraphe, il vit à Bruxelles : « Je suis en colère. Je suis d’ailleurs plus en colère qu’effrayé. Et quand je dis que je suis effrayé, c’est surtout de la vision que nous avons, nous les Occidentaux, de nous-mêmes. Nos réactions vont être les mêmes que d’habitude, une rhétorique de guerre, une façon de parler de “nous” “contre” “eux”. J’ai besoin de m’asseoir et de me calmer. J’essaye de ne pas lire les journaux, je ne pense pas avoir besoin de connaître tous les détails cette fois-ci. Ils sont sensiblement les mêmes que la dernière fois et la fois d’avant, quand un acte terroriste a eu lieu. Je dois mettre mon esprit en pause. J’espère que nous allons reconnaître que nous avons un problème, que nous ne sommes pas en harmonie dans ce monde et qu’il y a un besoin de changement. Nous devons travailler là-dessus. Nous devons être respectueux du monde comme un tout et cela commence par nos voisins les plus proches, pour élargir le cercle ensuite. » Arne Quinze : « A ceux qui veulent détruire notre société… » Plasticien, il vit et travaille à Gand : « Ce matin, je me suis réveillé submergé par la colère, les larmes et l’incompréhension. Mais je vais continuer à lutter contre ces sentiments et laisser l’amour gagner, aussi difficile que cela puisse être. Pendant des décennies, nous avons travaillé à bâtir une culture où le respect, le champ du possible et l’unité étaient essentiels. En continuant, avec mes enfants, mes amis, mes voisins, de croire en ces valeurs, nous tiendrons en échec ceux qui veulent détruire notre société. » Stéphanie Manasseh : « J’espère que les choses ne vont pas s’aggraver encore » Canadienne ayant vécu à Prague, Milan puis Bruxelles, elle dirige depuis 2007 la foire Accessible Art Fair, dont la prochaine édition se tiendra au Musée juif de Belgique, à Bruxelles, du 22 au 25 septembre : « Le musée Juif de Belgique voulait ramener une nouvelle vie dans le musée, un public différent, plus jeune et notre audience correspond à ce qu’il recherchait. On a vu qu’après les attentats à Paris la vie a repris ses droits, avec une sécurité renforcée, et ce sera aussi le cas à Bruxelles. Nos exposants ont confiance même si mes amis, eux, se demandent si c’est vraiment la meilleure décision à prendre. Nous espérons qu’il n’y aura pas de nouveaux attentats d’ici là, mais on est plus en sécurité dans ce musée que n’importe où ailleurs. Il y a des gardes armés 24h sur 24h. On a constaté depuis les attentats de Paris que les gens venaient moins, y compris à Bruxelles. J’espère que les choses ne vont pas s’aggraver encore, que les gens n’auront pas peur. Notre message est clair : la vie doit continuer. » Lionel Estève : « A Molenbeek, on ne comprend pas ce qui s’est passé » Artiste plasticien, il vit et travaille à Bruxelles : « Ça fait douze ans que j’habite à Molenbeek. Tous ces terroristes dont on parle vivent sans doute à moins de 200 mètres de chez moi, je les ai certainement croisés dans la rue. Mais tous ceux qui les connaissent me disent qu’ils ne comprennent pas ce qui s’est passé. Ces gars, c’étaient des petits dealers, des petits caïds, même pas religieux… Les gens sont plutôt gentils ici, je n’ai pas eu de soucis. Quand je suis arrivé dans ce quartier, c’était un vrai ghetto, ça avait la réputation d’être le pire endroit au monde. Mais avec le changement de maire, il y a eu un phénomène de gentrification, plein d’étudiants sont arrivés. Bien sûr, on voit des gens en djellaba et parfois des femmes avec un voile intégral, et ça peut me choquer, mais c’est un quartier vivant. » Judah Warsky : « Je vais peut-être rajouter un couplet à ma chanson » Chanteur, il vit à Paris et a publié l’album Bruxelles en 2014 (Pan European Recording) : « Dire que lundi soir je chantais mon morceau Bruxelles, capitale de l’Europe sur la scène de La Maroquinerie, à Paris… Et, comme à chaque fois, j’ai pu constater à la réaction du public que mon amour pour cette ville est très largement partagé, partout où je vais… Je ne saurai plus la chanter avec l’insouciance d’avant. Je vais peut-être rajouter un couplet, un truc du style : “Mon cœur bat pour Bruxelles/Au rythme lent de la New-Beat/Je sais qu’elle se relèvera vite/Comme Paris l’a fait avant elle.” Mais il serait plus approprié de laisser la parole à un Belge… De toute façon, Jacques Brel avait tout dit : “Par-delà le concert des sanglots et des pleurs/Et des cris de colère des hommes qui ont peur/Il nous faut regarder ce qu’il y a de beau/Le ciel gris ou bleuté, les filles au bord de l’eau/L’ami qu’on sait fidèle, le soleil de demain/Le vol d’une hirondelle, le bateau qui revient.” »
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En 2016, pour la première fois, la France a accueilli les Abilympics, à Bordeaux. ISABEL ESPANOL Une inspiration active le clic gauche. Une expiration, le clic droit. Un mouvement de la tête et le pointeur de la souris bouge. Sur la visière de sa casquette, Thomas Veillon dispose d’un système qui lui permet de coder sans utiliser ses mains. Car depuis un accident en 1996, ce webdesigner est tétraplégique. Il ne bouge que ses épaules et sa tête. En 2011 à Séoul, il participe aux Abilympics, un championnat du monde des métiers des personnes handicapées. Il remporte la médaille de bronze, et souligne l’intérêt d’une compétition qui véhicule une autre image du handicap. « La compassion, la pitié, me gênent un peu. C’est bien pour collecter de l’argent, mais ce n’est pas une bonne façon de parler du handicap. Les Abilympics, c’est autre chose : le public ne regarde plus le handicap, mais la compétence », raconte celui qui est aujourd’hui coach pour les Abilympics 2016. Les épreuves permettent aux travailleurs handicapés de montrer leur savoir-faire professionnel, de l’art floral à la soudure en passant par la cuisine et la maintenance aéronautique Car en 2016, pour la première fois, la France a accueilli les Abilympics. Les 25 et 26 mars à Bordeaux, les meilleurs champions en situation de handicap, aussi bien moteur, psychique, mental et sensoriel, ont fait la démonstration de leur savoir-faire. Objectif : valoriser les compétences professionnelles des personnes handicapées pour favoriser leur embauche. Car le taux de chômage des personnes en situation de handicap en France reste élevé, il est de 20 %, soit le double du taux de chômage de l’ensemble de la population active. Les épreuves permettent aux travailleurs handicapés de montrer leur savoir-faire professionnel, de l’art floral à la soudure en passant par la cuisine et la maintenance aéronautique. C’est dans cette dernière catégorie que concourt Sandra Loménie, une ancienne ambulancière reconvertie dans l’aéronautique en 2008, à la suite d’un accident de sport et une opération aux ligaments du genou. Aujourd’hui employée chez Dassault en tant que mécanicienne avion, elle affiche ses compétences aux Abilympics où elle démonte et remonte le sous-ensemble d’un moteur, retrouve et répare une panne sur un hélicoptère, et enfin fait le tour de l’appareil pour s’assurer qu’il est prêt pour le vol. « Forcer le destin » Miser sur l’excellence pour faire bouger les lignes ? Un projet ambitieux, que la France n’a rejoint que tardivement. « Quand on a voulu monter ce projet, on nous a traités de fous, on nous disait que c’était impossible », raconte Patrick Esteban. Le responsable métiers Abilympics France s’est heurté à de nombreuses réticences : comment aménager les postes de travail, les déplacements, la nourriture ? « On regarde ces personnes uniquement sous le prisme de la contrainte, on ne pense pas à ce qu’elles apportent dans le monde du travail », regrette-t-il.
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Distillées au compte-gouttes, les annonces officielles sur l'affaire Bo Xilai, l'un des scandales les plus retentissants de ces dernières années en Chine, passent rarement inaperçues, malgré la concision des informations révélées : ainsi de la confirmation, jeudi 26 juillet, par l'agence de presse Chine nouvelle de la mise en examen de Gu Kailai, l'épouse de l'ancien numéro un de Chongqing, pour avoir empoisonné un consultant britannique en novembre 2011. Son procès, au côté de celui d'un complice présumé, Zhang Xiaojun, un jeune homme d'une trentaine d'années qui faisait office de secrétaire de la famille Bo, aura lieu à Hefei, la capitale de la province d'Anhui, courant août. En Chine, les affaires d'importance sont habituellement jugées dans des juridictions différentes de celles où elles ont eu lieu. Neil Heywood, 41 ans, avait été retrouvé mort le 15 novembre 2011 – jour du 53e anniversaire de Gu Kailai – dans un complexe hôtelier situé à quelques dizaines de kilomètres de la mégalopole de Chongqing, où il s'était rendu à l'invitation de la famille Bo. M. Heywood avait fait office pendant plusieurs années d'intermédiaire, notamment pour tout ce qui concernait l'éducation en Angleterre du fils du couple, Bo Guagua. Sa mort avait en premier lieu été expliquée par une crise cardiaque, jusqu'à ce qu'elle apparaisse comme le principal "secret" livré par Wang Lijun, l'ex-superflic de Chongqing, aux Américains après sa fuite au consulat américain de Chengdu en février 2012. COULISSES D'UN POUVOIR OPAQUE Le 10 avril, Chine nouvelle avait annoncé, à la stupéfaction générale, que Gu Kailai était soupçonnée dans l'empoisonnement au cyanure de Heywood. Son mari, l'un des politiciens chinois les plus charismatiques et controversés de ces dernières années, a été limogé et est détenu dans le cadre d'une enquête interne au parti. La nouvelle annonce précise que Gu Kailai et son fils étaient "en conflit" avec Heywood "au sujet d'intérêts économiques". Et que Mme Gu "était inquiète de la menace que présentait Neil Heywood pour la sécurité personnelle de son fils", sans préciser de quel type de menace il s'agissait.
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Sous la houlette du prince héritier, Mohammed Ben Salman, Riyad prend acte de la nécessité d’en finir avec sa dépendance à la rente pétrolière. FAYEZ NURELDINE / AFP Les cours du pétrole peuvent-ils repartir à la hausse ? Jusqu’où ? Pour combien de temps ? Autant d’énigmes cruciales pour l’Arabie saoudite auxquelles la pétromonarchie a choisi de répondre, lundi 24 juillet, en promettant d’accentuer encore ses efforts de réduction de l’offre d’or noir, à l’issue d’une rencontre entre les principaux pays producteurs. Objectif de cette réunion tenue à Saint-Pétersbourg (Russie) : faire le point sur l’accord conclu fin 2016, sous l’égide de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), visant à diminuer la production pour enrayer la chute des prix. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pétrole : l’OPEP prolonge, sans la renforcer, la baisse de la production Las. Après une timide remontée, ceux-là sont repassés, ces dernières semaines, sous la barre des 50 dollars le baril de brut. Mardi, au lendemain de ces annonces, les cours étaient à 48,87 dollars. Un niveau difficilement supportable pour le premier exportateur mondial d’or noir. Riyad, dont les revenus dépendent aux trois quarts des recettes d’hydrocarbures, aurait besoin d’un baril à 70 dollars pour équilibrer son budget. Alors que ses comptes étaient excédentaires jusqu’en 2013, son déficit a enflé dangereusement, au point d’atteindre 17,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Une situation d’autant plus tendue que l’Arabie saoudite est engagée depuis deux ans dans une guerre coûteuse au Yémen. Selon les dernières prévisions de croissance mondiale publiées lundi par le Fonds monétaire international (FMI), l’activité économique du royaume wahhabite devrait quasiment stagner en 2017 (+ 0,1 %). D’autres analystes, de la banque Standard Chartered à l’Institut de recherche du Golfe (GRC), lui prédisent même une récession. Une première depuis 2009 et la crise financière mondiale. « Si les prix restent bas, cela sera très difficile à gérer financièrement, souligne John Sfakianakis, chef économiste du GRC. Mais, s’ils remontent, l’urgence d’un changement de modèle se fera moins ressentir et l’appétit de réformes risque de s’émousser. » Sous la houlette du prince héritier, Mohammed Ben Salman – dit « MBS » –, Riyad a effectivement pris acte de la nécessité d’en finir avec sa dépendance nocive à la rente pétrolière. La faiblesse des cours, assure le fils de l’actuel souverain, est l’occasion de se projeter plus concrètement dans l’après-pétrole. Ce chantier est développé dans un plan baptisé « Vision 2030 », dévoilé au printemps 2016, qui promeut la diversification de l’économie et le développement d’un secteur privé plus compétitif.
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Nombre d'économistes, surtout en France, se demandent si le niveau relativement élevé de l'euro – à savoir 1,37 dollar, contre 1,168 dollar lors de sa création, en 1999 - n'handicape pas la reprise européenne. AFP/OFF Une reprise encourageante, mais sans éclat. Au quatrième trimestre 2013, le PIB de la zone euro a crû de 0,3 %, selon les chiffres publiés vendredi 14 février par Eurostat. Dans le détail, le PIB portugais a crû de 0,5 %, l'allemand de 0,4 %, l'italien de 0,1 % et le français, de 0,3 %. Mieux que ce qu'espéraient les économistes. Mais ces derniers restent néanmoins prudents. Le Fonds monétaire international estime ainsi que la zone euro ne devrait croître que de 1% en 2014, contre 2,8 % aux Etats-Unis. En cause : l'atonie de la consommation, d'abord. Les pays du sud de l'Europe pratiquent, depuis la crise, une politique de dévaluation interne pour regonfler leur compétitivité, par le gel des salaires. Résultat : les ménages ont drastiquement réduit les achats. « Le moteur de la demande domestique est à plat dans la zone euro », constate Christian Parisot, chez Aurel BGC. Le poids des dettes, publiques comme privées, pèse également sur le dynamisme de l'activité. Dans le sud de l'Europe, en particulier, ménages et entreprises sont toujours en train de se désendetter. « C'est ce qui explique en partie la faiblesse du crédit dans ces Etats », commente Patrick Artus, de Natixis. L'EURO SERAIT AUJOURD'HUI SURÉVALUÉ DE PRÈS DE 20 % Depuis quelques semaines, nombre d'économistes, surtout en France, se demandent également si le niveau relativement élevé de l'euro – à savoir 1,37 dollar, contre 1,168 dollar lors de sa création, en 1999 - n'handicape pas lui aussi la reprise européenne. « La zone euro étant en retard sur les Etats-Unis pour la croissance, la logique serait que le dollar s'apprécie face à l'euro », s'est ainsi étonné mercredi 12 février Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Et il n'est pas le seul. Trois jours plus tôt, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a affirmé sa volonté de « faire baisser l'euro », jugeant qu'il « annihile » nos efforts de compétitivité, tandis que les groupes Michelin et LVMH ont déclaré que l'euro fort a pesé sur leurs résultats 2013. « C'est un débat très français, qui n'a pas absolument lieu dans les autres pays membres », commente l'économiste Michel Santi. Mais alors, trop fort ou pas, l'euro ? Question de point de vue, estiment les économistes. Sur le long terme, note ceux du Conseil d'Analyse Economique (CAE), la valeur de la monnaie unique est stable, et rien n'indique qu'elle soit surévaluée. A court terme, en revanche, la faiblesse de la croissance européenne justifierait un euro temporairement plus faible. Selon les experts de Natixis, son cours devrait normalement tourner autour de 1,15 ou 1,20 dollar. En d'autres termes, l'euro serait aujourd'hui surévalué de près de 20 %. TOUTES LES ENTREPRISES N'EN PROFITERAIENT PAS Motif ? D'abord, la zone euro affiche aujourd'hui un large excédent extérieur. Depuis la crise, les pays périphériques de la zone euro ont en effet largement résorbé leurs déficits commerciaux, tandis que l'Allemagne est toujours exportatrice net. « Dans ces conditions, la demande d'euros venue de l'extérieur est tendanciellement plus forte que l'offre, ce qui pousse le cours à la hausse », commente Hugues Lemaire, chez Diamant Bleu Gestion. De plus, la Banque Centrale Européenne (BCE) mène une politique monétaire bien moins expansionniste que ses homologues. Depuis 2008, les banques centrales américaine, britannique et japonaise font massivement tourner la planche à billets pour soutenir leurs économies. Résultat : la quantité de dollars, livres et yens en circulation a augmenté dans des proportions bien plus grandes que celle d'euros. Ce qui, là encore, a poussé le cours de la monnaie unique à la hausse face à ces devises. Est-ce à dire que la zone euro profiterait d'un euro plus faible ? « Une chose est sûre : cela relancerait un peu l'inflation, aujourd'hui bien trop basse, en renchérissant le prix des produits importés », commente Christophe Blot, économiste à l'OFCE. Surtout : une euro moins fort soulagerait temporairement l'industrie de la zone euro prise dans son ensemble. Mais toutes les entreprises n'en profiteraient pas, selon leur créneau, leur pays, et la destination de leurs exportations. Ainsi les PME allemandes, spécialisées sur les machines outils haut de gamme, sont peu sensibles au taux de change. Elles ne vendraient pas tellement plus si l'euro se dépréciait. POSITIF POUR L'ITALIE ET L'IRLANDE Les industriels français, espagnols ou italiens, spécialisés sur le moyen de gamme, sont en revanche très sensibles au niveau des devises. Un euro plus faible leur permettrait donc d'augmenter nettement leurs ventes et leurs marges. Le CAE a ainsi calculé qu'une dépréciation de 10% de l'euro ferait grimper le PIB français de 0,6% après un an. « Ce chiffre est largement surévalué », conteste Patrick Artus, de Natixis, en rappelant que l'industrie pèse à peine 12% du PIB français. Et que la baisse de l'euro, en renchérissant le prix des produits importés, pénaliserait aussi le pouvoir d'achat des Français et donc, la consommation, principal moteur de notre croissance. « Au total, l'effet d'une dépréciation serait quasiment neutre pour notre économie », assure-t-il. L'Italie et L'Irlande en profiteraient en revanche clairement. Au demeurant, même si les pays membres s'entendaient sur la nécessité de déprécier l'euro, encore faudrait-il que la zone euro soit en mesure d'agir sur son cours. En théorie, l'outil le plus efficace serait une création monétaire massive de la BCE, via des rachats d'actifs sur les marchés, comme le font les banques centrales américaine, japonaise et britannique. « Mais les Allemands ne veulent pas entendre parler d'une telle politique, et les résultats ne sont pas garantis », nuance Christophe Blot. Maigre consolation, le cours de l'euro face au dollar devrait néanmoins se déprécier à mesure que la Fed resserre sa politique monétaire. « L'ennui, c'est qu'il est difficile de dire quand cette baisse interviendra », conclut Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques au Crédit Agricole SA.
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Après des années d’interrogations, le Pentagone a reconnu l’existence d’un programme baptisé Advanced Aerospace Threat Identification Program (« Programme d’identification des menaces aérospatiales avancées ») chargé d’enquêter sur les observations d’objets volants non identifiés (OVNI). Le ministère de la défense américain assure que le programme s’est arrêté en 2012, mais le New York Times affirme que les enquêtes sur les incidents impliquant des ovnis continuent. The Pentagon has acknowledged a secret program to investigate UFOs. It began in 2007 as a pet project of Harry Reid. https://t.co/iW4cksDxfq — nytimes (@The New York Times) Entre 2007 et 2012, ce programme a documenté les rencontres en vol entre appareils de combats et objets volants évoluant à grande vitesse sans propulsion visible ou en position stationnaire sans moyen apparent de portance, détaille le quotidien américain. L’une des vidéos obtenues par le New York Times montre deux avions de chasse américains qui poursuivent un objet ovale de la taille d’un avion de ligne, au large de la côte californienne, en 2004. « Question de sécurité nationale » Le programme doté d’un budget de 22 millions de dollars – sur 600 milliards de dollars alloués par an à l’armée –, et seulement connu d’un petit nombre de responsables, a été mis en place par l’ancien sénateur démocrate du Nevada, alors chef de file de la majorité au Sénat, Harry Reid, qui portait un intérêt particulier aux phénomènes inexpliqués. La majeure partie de l’argent du programme est allée à une société de recherche aérospatiale dirigée par Robert Bigelow, un entrepreneur milliardaire et un ami de longue date de Harry Reid, selon le New York Times. « Nous n’avons pas les réponses, mais nous avons beaucoup d’éléments pour justifier de se poser des questions », a expliqué Harry Reid sur son compte Twitter après la publication de l’enquête du New York Times, samedi. « C’est une question scientifique et de sécurité nationale. Si l’Amérique ne se charge pas de répondre à ces questions, d’autres le feront. »
ameriques
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Henri Guaino, le 5 juillet 2010. AFP/MIGUEL MEDINA Après Dominique de Villepin, vendredi, c'est au tour de Henri Guaino d'apporter son soutien à Jean-François Copé dans la course à la présidence de l'UMP. L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy annonce dans une interview au Parisien daté de samedi 20 octobre qu'il "vote Copé" pour la présidence du parti. "Je vote Copé", déclare le député des Yvelines, en expliquant que son choix "est plutôt dicté par la situation actuelle de l'UMP [...]. Celui qui sera élu ne sera pas le chef, le leader naturel comme a pu l'être Nicolas Sarkozy. Il ne commandera pas. Il présidera", ajoute M. Guaino. "QUELQUES OUTRANCES" "Le défi qu'il aura à relever sera de faire en sorte que notre famille politique reste soudée, sans que personne n'ait à renier ses convictions. Comme je veux le faire moi-même en défendant la motion gaulliste. Dans ces circonstances, Jean-François Copé m'a paru être le meilleur animateur", estime Henri Guaino. Interrogé sur l'aspect "offensif" de Jean-François Copé dans cette campagne à la présidence de l'UMP, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy y voit "la preuve que sa volonté d'être élu est très forte". "Le revers de la médaille fait que cela peut parfois conduire à quelques outrances." Sur "l'affaire des pains au chocolat", Henri Guaino "met ça sur le compte des embardées des campagnes électorales". "Nous en avons parlé. Je lui ai dit qu'un responsable politique de haut niveau n'est pas là pour attiser les tensions, mais pour expliquer comment on peut les apaiser", dit-il. Blog : Pour Copé, "Fillon est en situation de faire obstacle" à Sarkozy
politique
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Le téléphone G2 du fabricant LG. LG Fort de ses récents succès, LG Electronics s'apprête à lancer en grande pompe le G2, son dernier smartphone haut de gamme équipé du système Android de Google. Ce modèle, disponible depuis le 16 septembre en pré-commande, est la réponse directe du groupe sud-coréen au Galaxy S4, le produit phare de son compatriote Samsung. LG n'hésite d'ailleurs pas à reprendre les recettes qui ont fait le succès de son rival. Il mise ainsi sur la puissance, sur un écran tactile de grande taille et sur un capteur photo de 13 mégapixels. Comme Samsung, il tente aussi de se démarquer de la concurrence en proposant des fonctionnalités maison, censées enrichir l'expérience utilisateur. Avec ses formes incurvées et sa coque en plastique, le smartphone présente en outre des allures similaires au Galaxy S4. Le lancement du G2 coïncide avec une période faste pour LG, devenu en début d'année le troisième acteur du marché des smartphones derrière Samsung et Apple. Au deuxième trimestre, le groupe a écoulé 12,1 millions d'appareils, un chiffre record. C'est aussi deux fois plus que l'année précédente. Selon le cabinet IDC, sa part de marché s'élève désormais à 5,1 %, contre 3,7 % l'an passé. "La décision de LG de se focaliser davantage sur le segment haut de gamme est une clé importante de son succès", explique Ramon Llamas, analyste chez IDC. La croissance de ses ventes ne repose ainsi pas sur des modèles à bas prix, comme c'est le cas pour les fabricants chinois Lenovo, ZTE et Huawei, qui se sont accaparé 13 % du marché mondial. RETARD CHEZ LES ÉMERGENTS L'activité mobile de LG est en outre rentable, là où HTC, Nokia ou encore Motorola accumulent les pertes. Pas de beaucoup : au deuxième trimestre, elle a dégagé un résultat opérationnel de 42 millions d'euros, soit une marge de 2 %. Il y a encore trois ans, la société avait pourtant raté le bon wagon sur le marché des smartphones, victime d'un choix stratégique désastreux : miser sur Windows Mobile, système vieillissant et dépassé, quand ses concurrents optaient alors pour Android – qui équipe désormais 80 % des terminaux vendus dans le monde. Aujourd'hui, LG ne cache plus ses ambitions. "Nous pensons être en mesure d'atteindre une part de marché de 10 %", assure Ken Hong, son directeur de la communication. Le fabricant va aussi bientôt se lancer sur le segment des tablettes. Lutter contre Samsung et Apple reste cependant difficile. "Nous n'avons pas les moyens marketing de nos concurrents", reconnaît M. Hong. "LG ne dispose également pas du même réseau de distribution pour ses produits", ajoute M. Llamas. Le G2 sera cependant bien disponible auprès des trois principaux opérateurs français (Orange, SFR et Bouygues Telecom). Ce retour en grâce demeure par ailleurs fragile, souligne Mark Newman, analyste au sein de Sanford Bernstein. "Sa présence très faible dans certains pays émergents constituent un problème critique", avance-t-il. Par exemple en Chine, désormais premier marché mondial devant les Etats-Unis, et en Inde. Or, c'est ici que devrait être générée une grande partie de la croissance dans les années à venir.
technologies
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Au-delà même de "la taxe à 75 %", l'impressionnante liste des mesures fiscales censurées par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre 2012, a suscité d'abondants commentaires. En revanche, le raisonnement déployé par la juridiction pour aboutir à un tel résultat a peu retenu l'attention. C'est pourtant sur ce terrain technique que la décision apparaît la plus novatrice et, surtout, la plus préoccupante : jamais auparavant le Conseil ne s'était aventuré si loin dans la mise en cause du pouvoir d'appréciation politique du Parlement. LES TAUX D'IMPOSITION FIXÉS PAR LA LOI Jusqu'à présent, le juge constitutionnel affirmait régulièrement ne pas détenir "un pouvoir général d'appréciation et de décision de même nature que celui du Parlement", et en tirait deux conséquences principales. En premier lieu, il contrôlait avec beaucoup de retenue les taux d'imposition fixés par la loi. Et pour cause : ce contrôle se fonde sur la Déclaration du 26 août 1789 qui affirme simplement que l'impôt "doit être également réparti entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés". En estimant, dans sa décision du 29 décembre, qu'imposer certains revenus (ceux tirés des "retraites chapeaux", en l'occurrence) à hauteur de 75,34 % violait ce principe, alors que le maintien d'un taux de 68,34 % restait admissible, le Conseil opère un tour de force interprétatif sans précédent. DÉRIVES DÉMAGOGIQUES Et l'opération surprend d'autant plus qu'elle conduit le juge à rogner le pouvoir du Parlement sur une question somme toute secondaire, et économiquement peu significative : celle des taux marginaux d'imposition (le taux maximal qui peut frapper la part la plus élevée d'un revenu) plutôt que celle des taux moyens (indiquant la part du revenu effectivement consacrée au paiement de l'impôt). Se focaliser ainsi sur les taux marginaux d'imposition revient à mesurer la vitesse des coureurs du Tour de France en ne prenant en compte que les descentes. En second lieu, le Conseil constitutionnel évitait jusqu'alors de se prononcer sur la pertinence des motifs politiques guidant les textes fiscaux. Tout juste annulait-il - au terme d'une jurisprudence déjà audacieuse - les mécanismes jugés incohérents au regard du but que la loi leur assignait. LE POUVOIR DE TRANCHER UNE QUESTION POLITIQUE C'est ce qui explique le sort funeste réservé en 2009 au projet de "taxe carbone" : tout en affichant un objectif de réduction des émissions de CO2, le projet exonérait en pratique la majorité des industries polluantes. Dans sa décision du 29 décembre, le juge va bien au-delà d'un tel contrôle de cohérence : il n'hésite pas à substituer sa propre vision de l'intérêt général à celle retenue par le Parlement. En annulant la prorogation d'une niche fiscale bénéficiant aux successions ouvertes en Corse, au motif qu'elle ne reposait sur aucun "motif légitime", il s'octroie le pouvoir de trancher une question politique : celle de l'opportunité de maintenir un avantage fiscal. Ce faisant, il conteste aux élus de la nation le monopole de la définition de ce qui est politiquement légitime. Sans doute cette décision constitutionnelle permettra-t-elle de prévenir, à l'avenir, certaines dérives démagogiques. Mais la conception de la démocratie qu'elle suggère mérite tout de même d'être interrogée. Gouvernement des juges, dites-vous ? Martin Collet, professeur de droit public à l'Université Panthéon-Assas (Paris-II)
idees
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Quelques milliers d'Egyptiens de gauche et de révolutionnaires ont protesté, lundi 28 mai, au Caire et à Alexandrie contre les résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle qui a mobilisé 46 % des électeurs les 23 et 24 mai. Selon le décompte définitif rendu public par la Commission suprême pour les élections présidentielles, Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, arrive en tête avec 24,78 % des voix. Il est suivi de très près par Ahmed Chafik, un symbole de l'ancien régime, qui a atteint un score inattendu, avec 23,6 % des suffrages. Des partisans d’Ahmed Chafik, devant son quartier général au Caire, le 28 mai. AFP/MARCO LONGARI En réveillant le spectre d'une renaissance des réseaux du Parti national démocratique (PND) d'Hosni Moubarak, dissous, la victoire d'Ahmed Chafik, ancien militaire qu'on dit proche du maréchal Tantaoui et qui est considéré par beaucoup comme le candidat de l'armée, scandalise révolutionnaires et islamistes, qui jugent sa candidature illégale. L'homme ne doit en effet sa présence au second tour qu'à un imbroglio juridique qui a conduit la commission électorale à valider sa candidature, malgré une loi interdisant aux anciens membres du PND et aux ministres d'Hosni Moubarak en poste au cours des dix dernières années de se présenter aux élections. De sorte que le candidat, qui fut ministre de l'aviation civile de 2002 à 2011 et surtout ultime premier ministre du raïs déchu, a pu entrer dans la course électorale alors même que la légalité de sa candidature est toujours suspendue à un jugement de la Cour constitutionnelle. SITUATION KAFKAÏENNE Fort de cette situation kafkaïenne, les partisans d'Hamdin Sabahi (un nassérien de gauche) et d'Abdel Moneim Aboul Foutouh (un islamiste réformiste), qui arrivent respectivement troisième et quatrième avec 20,72 % et 17,47 % des voix, espèrent faire invalider la candidature d'Ahmed Chafik. Dans un tel scénario, encore largement hypothétique, les élections seraient-elles annulées ou bien Hamdin Sabahi remplacerait-il Ahmed Chafik au second tour, comme ses partisans font mine de le croire ? Même les membres de la Commission semblent en difficulté pour répondre. Ce qui est sûr, c'est que les révolutionnaires sont prêts à réinvestir la place Tahrir pour réclamer l'élimination de M. Chafik. Lundi 28 mai, quelques heures après la proclamation des résultats officiels, son QG de campagne a d'ailleurs été attaqué. Un garage attenant au bâtiment, où étaient entreposées des affiches, a été incendié, mais le feu a rapidement été maîtrisé. Lundi, la Commission électorale, dont les décisions sont sans appel, a rejeté toutes les plaintes pour fraude déposées par les perdants. Ni l'accusation, lancée par Amr Moussa, selon laquelle 900 000 soldats et policiers auraient reçu des cartes d'électeur alors qu'ils n'ont pas le droit de voter, ni la découverte supposée d'une centaine de bulletins de vote en faveur d'Hamdin Sabahi dans un champ de Haute Egypte, n'ont été prises au sérieux par la Commission. Pas plus que les interrogations émises par le Mouvement des juges pour l'Egypte selon lequel le corps électoral égyptien aurait mystérieusement augmenté, entre mars 2011 et mai 2012, de 5 millions de personnes… Dans ces conditions, il y a de fortes chances que M. Chafik soit maintenu au second tour face au candidat des Frères musulmans. FAIBLE LÉGITIMITÉ Cette situation est d'autant plus inquiétante pour les révolutionnaires et les islamistes, que l'ancien commandant de l'armée de l'air égyptienne risque de mobiliser en sa faveur une partie de l'électorat d'Amr Moussa (11,13 % des voix), effrayé à l'idée de voir un islamiste diriger le pays. Les forces révolutionnaires, qui, réunies, représentent près de 40 % des voix, apparaissent plus divisées que jamais sur l'attitude à tenir. Hamdin Sabahi et Abdel Moneim Aboul Foutouh résistent pour l'instant aux appels des Frères musulmans qui les pressent de former avec eux une coalition contre le candidat de l'ancien régime. Mais si les forces de gauche pourraient choisir l'abstention ou le vote blanc, Abdel Moneim Aboul Fotouh, un ancien Frère musulman, pourrait, quant à lui, décider de soutenir M. Morsi si celui-ci se retrouvait face à M. Chafik au second tour. De quoi affaiblir un peu plus le camp révolutionnaire, creuser le clivage entre islamistes et libéraux et, surtout, risquer de relancer la violence contre un président dont les prérogatives ne sont pas définies et qui souffrira, dans tous les cas, d'une faible légitimité. Claire Talon et Claire Talon (Le Caire, correspondance)
afrique
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artir… Louis s’est fait très mal sur son long board. A son retour au skate park, il est célébré en héros. Une bonne nouvelle arrive et la vie est plus belle. Ceux de Barcelone font les comptes pour partir… Enzo, Liam, Pierrot, Ben, Orso, Glen et Louis : c’est la bande du skate park. Sept ados entre 13 et 15 ans qui rêvent d’une vie plus grande. Ils investissent le skate park, leur deuxième maison, no man’s land entre terre et mer près de Saint-Malo. Dans la bande, il y en 4 qui se promettent de quitter l’ennui et de partir à Barcelone, la capitale du skate pour une grande virée.* Réalisé par Marion Gervais Produit par FranceTV nouvelles écritures et Quark Productions Avec Enzo, Liam, Pierrot, Ben, Orso, Glen et Louis En partenariat avec VICE ▶ http://www.vice.com/fr/ SOMA ▶ http://www.somaskate.com/ Le Monde ▶ http://www.lemonde.fr/ IRL est aussi sur : Facebook ▶ http://www.facebook.com/IRLstories Twitter ▶ http://twitter.com/IRLstories Dailymotion ▶ http://www.dailymotion.com/IRLstories Youtube ▶ http://www.youtube.com/
culture
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Capture d'écran promotionnelle de Galileo réalisée sur le site de Hacking Team. Hacking Team Hacking Team, une entreprise italienne qui vend des outils de surveillance et d’espionnage informatiques dans le monde entier, a subi dimanche 5 juillet un piratage qui aurait abouti au vol de 400 gigaoctets de données confidentielles. Cette fuite massive contiendrait des emails et documents internes et le code source de plusieurs logiciels conçus par l’entreprise. Hacking Team a demandé en urgence à tous ses clients de ne pas utiliser son principal logiciel espion nommé Galileo, selon le site spécialisé Motherboard. Le compte Twitter de l’entreprise a également été piraté et a diffusé des liens vers les documents volés, ainsi que des captures d’écran d’emails. Le nom du compte Twitter a été changé de Hacking Team (« Equipe de pirates ») à « Hacked Team » (« Equipe de piratés »). Le compte Twitter de Christian Pozzi, un des responsables de la sécurité de l’entreprise, a également été piraté, et son compte est désormais inaccessible. Capture d'écran. Twitter De par ses activités, Hacking Team n’a pas la meilleure des réputations. L’association Reporters sans frontières (RSF) l’a même classé dans son édition 2013 du rapport sur les « ennemis d’Internet ». « L’entreprise italienne Hacking Team décrit elle-même ses technologies comme étant “offensives”. La société a été mise en cause pour des ventes au Maroc et aux Emirats arabes unis. Selon la société Hacking Team, le Remote Control System [logiciel espion de l’entreprise], dénommé avec modestie DaVinci, est capable de casser le chiffrement utilisé pour les emails, les fichiers et les protocoles VOIP [téléphonie via Internet] », indique le document de RSF. La dernière version de Remote Control System (RCS), nommée « Galileo », est présentée par Hacking Team comme « la suite de piratage pour les interceptions gouvernementales ». RCS peut infecter la majorité des systèmes d’exploitation (Windows, Android, OSX, iOS…), qu’il s’agisse d’un ordinateur ou d’un téléphone portable. Hacking Team assure que ses logiciels espions sont indétectables par les antivirus. RCS peut alors enregistrer des conversations Skype, voler des emails, des SMS ou même des clés de chiffrement utilisées pour s’échanger des informations confidentielles. L’entreprise assure qu’elle vérifie que ses outils ne soient jamais utilisés contre des journalistes, travailleurs humanitaires ou à toute fin constituant une violation des droits humains. Plusieurs rapports de l’entreprise russe en sécurité informatique Kaspersky et des chercheurs du Citizen Lab (lié à l’université de Toronto) ont affirmé que Hacking Team vendait des solutions de surveillance à des dictatures et gouvernements oppressifs. En 2012, les ordinateurs de journalistes citoyens marocains ont par exemple été infectés par un logiciel espion suspecté d’avoir été conçu par l’entreprise. « Nous faisons extrêmement attention à qui nous vendons nos produits. Nos investisseurs ont mis en place un comité légal qui nous conseille continuellement sur le statut de chaque pays avec lequel nous entrons en contact », avait assuré le PDG de Hacking Team, David Vincenzetti, dans une interview accordée en 2011 au journaliste Ryan Gallagher (aujourd’hui journaliste d’investigation pour The Intercept). « Le comité prend en compte les résolutions de l’ONU, les traités internationaux et les recommandations d’Human Rights Watch et d’Amnesty International », avait-il ajouté. Un contrat avec le Soudan Une experte de l’association militante Electronic Frontier Foundation a publié lundi 6 juillet sur Twitter une liste des clients supposés de Hacking Team, issue des documents volés à l’entreprise, parmi lesquels de nombreux services de police mais aussi de renseignement. Selon le document, l’entreprise a vendu ses services de manière non officielle aux services secrets et au ministère de la défense saoudiens, mais aussi aux services de renseignement russes, au ministère de la défense et aux services secrets soudanais. Un autre document volé indique que Hacking Team a facturé un contrat de 480 000 euros au Soudan, alors même que l’Organisation des nations unies (ONU) impose un embargo sur la vente d’armement et de « matériels connexes » au Soudan. Hacking Team avait d’ailleurs nié toute relation commerciale avec le Soudan. Parmi les clients supposés toujours en contrat, on trouve également la Turquie, la Thailande, les Etats-Unis, l’Espagne, le Nigeria, l’Australie mais aussi de nombreux clients au Mexique. Sur son compte Twitter, désormais supprimé, Christian Pozzi a réagi lundi matin à la publication des documents. « Une grande partie de ce que les pirates affirment concernant notre entreprise est faux. Merci de ne pas répandre de fausses informations sur les services que nous offrons », a-t-il tweeté. « Nous sommes en train de travailler étroitement avec la police », a-t-il assuré.
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Il y avait le "hobo" du début du XXe siècle, cette figure américaine mythique du vagabond travailleur, se déplaçant dans les trains de marchandise au gré des opportunités d'emploi. Il y a désormais le journalier, recruté sur le marché noir du travail ou inscrit dans des agences spécialisées. C'est ce versant institutionnel que Sébastien Chauvin a choisi de décortiquer. De ses deux ans d'"observation participante" dans des agences de travail journalier de Chicago et leurs usines clientes, le sociologue tire un portrait en actes et une réflexion sur le "précariat". Ni agences d'intérim, ni bureaux de placement, ni officines pour main-d'oeuvre haut de gamme, ces agences de "day labor", qui prospèrent depuis 1990, fournissent des travailleurs déqualifiés à l'industrie légère, et des emplois aux inemployables. Pour les "sous-prolétaires noirs", touchés par une "incarcération de masse", l'agence permet de contourner les services de ressources humaines. De plus en plus leur sont d'ailleurs préférés les sans-papiers hispaniques. L'agence joue ici une "fonction assurantielle" : elle dédouane les entreprises de la responsabilité d'employer des illégaux. Pour échapper à l'instabilité, la fidélisation est au coeur des stratégies des acteurs. Pour l'agence, il s'agit de s'assurer un stock de main-d'oeuvre en récompensant les réguliers. Pour les journaliers, il faut s'attirer la bienveillance du dispatcheur pour obtenir un "ticket". Ou construire dans une même usine une carrière de "permatemps", temporaires permanents qui peuvent conquérir augmentations salariales, congés, responsabilités, etc. A la merci des faveurs - au lieu de droits - accordées par l'agence ou l'entreprise, le journalier est contraint à la fidélité, et donc à l'immobilité. L'emploi devient une récompense, dans une dynamique paternaliste. La flexibilité tant vantée n'est, pour Sébastien Chauvin, qu'une forme de reprise du contrôle des salariés mobiles. Et l'agence de travail journalier américaine n'est qu'une loupe grossissante de phénomènes existants aussi en France. Elodie Auffray Les Agences de la précarité : journaliers à Chicago, par Sébastien Chauvin, Seuil, 339 pages, 22 euros.
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amuel Blumenfeld Si l’on se contentait de regarder superficiellement ces quatre photogrammes, on ne pourrait les distinguer que par leur grain. Celui, noir et blanc, d’une pellicule 35 mm pour les deux films de fiction de Serguei Eisenstein, La Grève (1924) et Octobre (1928). Celui, couleur, du numérique pour Maïdan, le documentaire du cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa sur la révolution ukrainienne, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes (en salles depuis le 23 mai). Maïdan est la place centrale de Kiev, où Loznitsa a tourné entre novembre 2013, lorsque des citoyens se réunissent pour protester contre le régime du président ukrainien Ianoukovitch, jusqu’en mars 2014, quand la situation est devenue insurrectionnelle. Durant ces mois, le réalisateur a observé comment une manifestation pacifique contre un régime hostile se transformait en révolution, avec pour objectif de maintenir l’indépendance du pays. Or d’une révolution à une autre, celle aboutie de 1917, et celle, en cours, de 2014, les photos de ces trois films se répondent et affirment leur parenté. Dans La Grève, Eisenstein mettait en scène, dans la Russie tsariste, des ouvriers opprimés se mobilisant contre la classe dirigeante. Avec Octobre, sa reconstitution de la révolution de 1917, produite pour le 10e anniversaire de ce soulèvement avec le soutien actif du régime communiste, le réalisateur soviétique recréait les dix jours qui allaient secouer le monde, du renversement du régime tsariste à la formation des soviets (les conseils ouvriers) et l’arrivée des bolcheviques au pouvoir. L’un des éléments les plus surprenants dans Maïdan est de voir comment un metteur en scène ukrainien revendique l’héritage du cinéma soviétique pour un documentaire qui dépeint la lutte d’un peuple contre les tentations hégémoniques russes de rebâtir l’ancien empire soviétique. « La Grève, plus encore qu’Octobre, a été l’un des modèles de mon film, explique-t-il. La Grève n’a pas de personnage principal, et se déploie avec une myriade de personnages secondaires que le réalisateur peut laisser tomber à n’importe quel moment du film. Le héros du film c’est le peuple, les masses. Il s’agit bien entendu d’un défi extrêmement audacieux, car il s’agit de faire un film sans personnage principal tout en gardant l’attention du spectateur, et Eisenstein y parvient brillamment. » Le cinéaste précise : « La Grève est également un film passionnant du point de vue de sa structure et des outils formels utilisés par le metteur en scène pour le construire. Cette tâche, particulièrement difficile, me préoccupait : comment bâtir la dramaturgie d’un film sans héros au sens traditionnel du terme ? » Sergueï Loznitsa ne filme la place Maïdan qu’en plan moyen ou large. Un systématisme qui saute aux yeux sur les deux photogrammes de son film, et qui devient encore plus évident tout au long des deux heures et six minutes de son documentaire. Ce parti pris stylistique contredit les clichés du cinéma en direct et du reportage télévisé : absence de gros plan, pas de caméra tremblante, un réalisateur placé à distance, extrait de la mêlée, revendiquant son statut de témoin, ne cherchant jamais à devenir un protagoniste de l’action, ce qui ne l’empêche pas de prendre le parti de son peuple. C’est toute la différence entre un film opportuniste, qui se contenterait de placer sa caméra au moment où bascule le destin de l’Ukraine, et une œuvre opportune qui, à l’image d’Octobre et de La Grève, reste attachée à un événement historique en s’affranchissant de l’actualité. Sergueï Loznitsa s’intéresse davantage à trouver une unité stylistique pour échapper au chaos de la révolution. Ce choix de mise en scène est une manière de prendre du recul par rapport aux événements, de laisser le spectateur face à cette foule, sans commentaire, sans narration. Et ces options permettent d’individualiser cette masse, et de donner un sens à l’événement populaire qu’il a suivi pendant quatre mois. A l’inverse, il n’existe aucune image de la révolution russe de 1917 et de la prise du Palais d’hiver. Ce qui fut une chance pour Eisenstein, qui a pu recréer l’événement de toutes pièces, sans se soucier de vérité officielle, au point où les images figurant dans des documentaires consacrés à la révolution, ou des photographies illustrant des manuels scolaires, proviennent du film. « Les images d’Octobre, de La Grève ou du Cuirassé Potemkine ont pris la place d’images qui n’existent pas, estime Natacha Laurent, directrice de la Cinémathèque de Toulouse, spécialiste du cinéma soviétique. La caractéristique d’Eisenstein durant cette période est la manière dont il va chercher dans la réalité la confirmation de son imaginaire. Il refusait les acteurs professionnels. Même pour les vêtements, il voulait tout trouver aux puces. Il était hors de question de fabriquer quoi que ce soit. » Le mouvement initié par Maïdan est inverse, ne serait-ce que parce que son réalisateur a la possibilité de filmer l’histoire en marche. Eisenstein fabriquait une réalité avec l’intention d’effacer la fiction. Serguei Loznitsa fait, au contraire, basculer son documentaire dans la fiction. « Si j’avais dû chroniquer tous les détails de cet épisode, explique-t-il, il aurait été impossible de les raconter dans un film de deux heures. Et notre capacité d’attention, en tant que spectateurs, reste limitée. Ces restrictions imposent des choix, et comment décrire ces choix si ce n’est en termes de “fiction” ? » Dans son documentaire, la fiction se transforme en épopée, la légende d’un siècle répondant, avec ses outils, à celle forgée, presque cent ans plus tôt, par Eisenstein.
culture
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La Reine Elisabeth II sort de la cathédrale Saint-Macartin, à Enniskillen, en Irlande du Nord, le 26 juin. AFP/PETER MUHLY Elizabeth II a entamé mardi 26 juin une visite de quarante-huit heures en Irlande du Nord dans le cadre des célébrations de son jubilé de diamant. Le temps fort de sa visite : sa rencontre mercredi à Belfast avec Martin McGuinness, numéro deux du parti nationaliste Sinn Féin et vice-premier ministre d'Irlande du Nord. Une photo immortalisera-t-elle cette poignée de main ? La réponse n'est pas encore claire, comme le rapporte l'Irish Central, mais cette entrevue n'en sera pas moins symbolique de l'apaisement des relations irlando-britanniques. MCGUINNESS, UN ANCIEN DIRIGEANT DE L'IRA Car Martin McGuinness était l'un des dirigeants l'Armée républicaine irlandaise (IRA) lorsque le cousin de la reine Elizabeth II a été tué dans un attentat en 1979, souligne d'emblée le Guardian dans un article consacré à la rencontre, vue comme "une nouvelle étape historique vers la réconciliation en Irlande". "Une rencontre impensable à l'époque", selon le correspondant de la BBC en Irlande. McGuinness a ainsi combattu la domination britannique en Irlande du Nord pendant les trente ans de "troubles" au cours desquels plus de 3 500 personnes ont été tuées. Ce face-à-face divise donc, comme dans la ville d'Enniskillen, où la reine d'Angleterre s'est rendue mardi pour assister à un office religieux. En 1987, cette ville de l'ouest de l'Irlande du Nord a été le théâtre d'un attentat perpétré par l'IRA faisant onze morts, comme le souligne le Telegraph. Stephen Gault a perdu son père dans l'attentat. "Personne n'a été traduit en justice pour Enniskillen, explique-t-il. Il est donc très difficile pour les familles d'accepter que M. McGuinness puisse serrer la main de la Reine." Mais McGuiness, catholique de 62 ans, s'avère aussi être l'un des principaux artisans du processus qui a conduit le mouvement clandestin à déposer les armes, et un négociateur majeur de l'accord de paix du Vendredi Saint en 1998. Il a donc assuré qu'il ne ferait pas référence à l'IRA durant son entrevue avec la reine. "TENDRE LA MAIN DE LA PAIX" "Il s'agit de tendre la main de la paix et de la réconciliation à la reine Elizabeth, qui représente des centaines de milliers d'unionistes dans le Nord", a-t-il commenté. "Il s'agit aussi, en tant que représentant de mon parti, de montrer aux unionistes du Nord que nous sommes prêts à respecter ce en quoi ils croient, même si nous sommes toujours des républicains irlandais." Selon l'éditorial de l'Irish Times, "cette réunion (...) en dit aussi beaucoup sur la transformation du Sinn Féin". Jusqu'alors, le parti politique nationaliste avait boycotté les visites de la reine en Irlande du Nord. Mais sa position a évolué depuis sa visite historique en mai 2011, la première visite d'un monarque britannique depuis la fin de la colonisation en 1922. La reine avait alors parlé en irlandais et déposé une gerbe de fleurs devant le monument des patriotes irlandais tués par les soldats britanniques pendant la guerre d'indépendence de l'Irlande. A l'époque, le numéro un du Sinn Féin, Gerry Adams, avait salué "la sincère compassion". UNE STRATÉGIE ÉLECTORALE POUR LE SINN FÉIN Quelques mois plus tard, en septembre 2011, Martin McGuinness, alors candidat à la présidentielle en Irlande, s'était dit prêt à rencontrer la reine s'il était élu. Les lignes politiques du parti Sinn Féin, qui a lutté pour l'indépendance de l'Irlande ont, ces dix dernières années, évolué vers le centre, estime un historien cité par la BBC. Mais cette rencontre symbolique représente également une stratégie électorale, estime ce commentateur. Le parti est donc prêt à avoir "son moment photo" avec la reine, révèle le journal irlandais Independent, bien que l'événement soit censé se dérouler à huis clos. L'initiative "implique des défis politiques et symboliques majeurs pour les républicains irlandais", nuance cependant dans son communiqué le président du parti nationaliste Gerry Adams, reconnaissant "que la décision posera des difficultés réelles et compréhensibles pour certains, et au premier chef, les victimes des forces de la couronne britannique en Irlande". Mais la décision d'approuver la rencontre est selon lui "la bonne décision, au bon moment et pour les bonnes raisons".
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En moins de cinq ans, Wizkid a envoûté l’Afrique. Sacré en octobre 2016 « artiste de l’année » et « meilleur musicien » aux MTV Africa Music Awards, l’enfant des quartiers populaires de Lagos se lance désormais à la conquête de la scène internationale avec son album « Sounds from the Other Side » et un contrat avec Sony Music International. Portrait de l’enfant prodige de Lagos par Binetou Sylla. Binetou Sylla, est directrice de Syllart Records, le label de musiques africaines et afro-latines basé à Paris créé par son son père, Ibrahima Sylla, en 1978. Elle décrypte pour le Monde Afrique les nouvelles tendances musicales africaines et nous fait redécouvrir les artistes emblématiques du continent.
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