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Des membres de l'association Dialogs au Parc de la tête d'or, le 17 avril, à Lyon. © Bruno AMSELLEM / SIGNATURES Pour Le Monde Bâtons de marche nordique en main, couvre-chef de sortie, une dizaine de courageux s'apprêtent, en ce lundi matin ensoleillé, à partir pour une randonnée d'une quinzaine de kilomètres. Du parc de la Feyssine à Villeurbanne (Rhône), derrière le campus de la Doua, le parcours longe les berges du Rhône avant d'emprunter le parc de la Tête-d'Or à Lyon et la voie verte, qui file de Caluire jusqu'aux Dombes. Accompagné d'une infirmière et d'une éducatrice sportive, le groupe de marcheurs appartient au réseau Dialogs, qui prend en charge les personnes atteintes de diabète de type 2, celui des sédentaires, favorisé par le surpoids ou l'hérédité. "Cela représente 92 % de la population de diabétiques, pour lesquels pas grand-chose n'est fait. La formation des médecins généralistes est en effet souvent très courte", explique Christelle Darras, infirmière à l'hôpital public et l'une des animatrices du réseau. Avant le départ, on fait le point sur la constitution des sacs à dos et les inévitables précautions avant ce type d'effort physique. "Michel, combien de sucres dois-tu avoir sur toi ?", lance l'infirmière à l'un des adhérents, membre depuis quatre ans. Michel Lièvre, 75 ans, belle stature, chemise à carreaux et casquette vissée sur la tête, ne se démonte pas : "Je ne fais pas d'hypoglycémie. Deux, non ?" "Et si tes voisines en font une ? C'est trois sucres pour une hypoglycémie", rectifie Christelle Darras avec le sourire. Créé en 2002 à l'initiative d'un médecin spécialiste, le réseau Dialogs fonctionne dans les faits depuis 2004. Il coordonne environ 600 professionnels de santé et réunit 700 patients. Aux côtés de deux médecins et de l'infirmière, l'éducatrice sportive Florence Odin, une brune énergique, complète le noyau des animateurs en s'occupant des activités physiques, de la randonnée à l'aquagym en passant par la remise en forme. "L'objectif est de les aider à reprendre, à maintenir, voire à augmenter cette activité", raconte-t-elle. Après le diagnostic, l'équipe met tout en place pour inciter les patients, dont la moyenne d'âge est de 60 ans, à reprendre le sport. "On trouve l'activité idoine puis on essaie de les orienter vers des clubs ou de permettre qu'ils se regroupent entre eux", explique Florence Odin. | sport | 19 |
Rached Ghannouchi à son arrivée à la Conférence nationale pour le dialogue à Tunis, le 5 octobre. AFP/FETHI BELAID Le lancement solennel des négociations entre Ennahda, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, et l'opposition, a débuté, samedi 5 octobre, avec la signature d'une feuille de route prévoyant la formation en trois semaines d'un gouvernement d'indépendants. Ce document, rédigé par quatre médiateurs et signé à Tunis, prévoit la désignation avant la fin de la semaine prochaine d'un premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former son cabinet. Le gouvernement dirigé par Ennahda, fragilisé par deux assassinats d'opposants, les crises politiques à répétition et les difficultés économiques, a ainsi accepté de quitter le pouvoir deux ans après sa victoire aux élections du 23 octobre 2011, le premier scrutin libre de l'histoire de la Tunisie. Avant d'obtenir la démission formelle du gouvernement, le "dialogue national" doit cependant dégager un compromis sur l'identité des futurs membres du nouveau gouvernement. La feuille de route prévoit aussi, dans les quatre prochaines semaines, l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral, à l'issue d'un "dialogue national" réunissant toute la classe politique. Le Congrès pour la République, parti du président Moncef Marzouki et allié séculier d'Ennahda, a lui refusé de parapher le document. Le président tunisien Moncef Marzouki s'exprime lors de la Conférence nationale pour le dialogue le 5 octobre. REUTERS/ZOUBEIR SOUISSI "ÉQUILIBRE FRAGILE" "Nous sommes maintenant dans un équilibre fragile, nous devons travailler à un consensus", a déclaré Maya Jribi, chef de file du Parti républicain, une formation d'opposants. "Nous n'allons pas décevoir les Tunisiens ni le dialogue", a assuré pour sa part le premier ministre, Ali Larayedh, devant une foule de responsables de partis, les médiateurs de la crise et le président, Moncef Marzouki. L'influente centrale syndicale UGTT joue un rôle de médiateur dans la crise, qui s'est accentué depuis l'assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, figure de l'opposition de gauche, et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), dont les travaux sont au point mort. Ennahda, accusé par ses adversaires de viser l'instauration de mesures islamistes dures, a accepté la semaine dernière l'ouverture de négociations, après avoir longtemps refusé leur principe. Lire l'entretien avec Béji Caïd Essebsi : "Ennahda ne doit plus présider le gouvernement" | tunisie | 42 |
L'attaque s'est déroulée vers 10 heures, heure locale, dans un hôpital géré par l'organisation Cure International, basée en Pennsylvanie. REUTERS/MOHAMMAD ISMAIL Trois ressortissants américains ont été tués par un policier afghan lors d'une fusillade survenue jeudi 24 avril dans un hôpital de Kaboul, géré par Cure International, une ONG américaine, a annoncé l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale afghane. L'attaque s'est déroulée vers 10 heures, heure locale (7 h 30, heure de Paris) dans un hôpital géré par l'organisation Cure International, sise à Lemoyne, en Pennsylvanie. Présente dans 27 pays, cette ONG fondée en 1998 est notamment spécialisée dans la prise en charge des enfants. « L'assaillant fait partie de la police », a déclaré le porte-parole du ministère de l'intérieur, Sediq Sediqqi, alors que les autorités afghanes avaient dans un premier temps indiqué qu'il s'agissait d'un garde. Le policier, affecté à la sécurité de l'hôpital, se trouvait apparemment à l'extérieur de l'établissement et « a ouvert le feu sur des étrangers qui (y) entraient (...). Malheureusement, trois d'entre eux ont été tués », a ajouté M. Sediqqi. Un autre ressortissant étranger, une femme membre du personnel médical, a également été blessé et son état est « stable », a précisé le porte-parole. VIOLENTS INCIDENTS CONTRE DES ÉTRANGERS L'attaque n'avait pas été revendiquée jeudi à la mi-journée et les talibans, qui mènent une violente insurrection dans le pays depuis leur éviction du pouvoir en 2001 par une coalition militaire internationale, n'avaient pas réagi. Il s'agit de la dernière attaque en date contre des étrangers ou un site fréquenté par des étrangers en Afghanistan, après un début d'année marqué par de violents incidents. A la mi-janvier, 21 personnes, dont 13 étrangers, ont été tuées par un commando suicide taliban dans le restaurant La Taverne du Liban à Kaboul. Le 20 mars, neuf personnes, dont quatre étrangers, ont péri lors d'une attaque des rebelles islamistes contre le Serena, un hôtel de luxe de la capitale. Et début avril, Anja Niedringhaus, une photographe allemande de l'agence américaine Associated Press, avait été tuée, par un policier afghan, dans la province de Khost, dans l'est du pays. | asie-pacifique | 2 |
Le groupe de télévision M6 a annoncé mardi 13 décembre être entré en négociations exclusives avec RTL Group pour l’acquisition de son pôle français de radios pour un montant de 216 millions d’euros. Le groupe voudrait acquérir « 100 % des titres du pôle radio de RTL Group en France, qui comprend les radios RTL, RTL2 et Fun radio, ainsi que leur régie publicitaire et leurs activités Internet ». Le groupe luxembourgeois RTL Group, lui-même filiale de Bertelsmann, est l’actionnaire à 48,26 % de M6, et détient 100 % de RTL France. Le CSA doit donner son feu vert L’opération, que M6 envisage de financer entièrement par endettement, doit encore recevoir le feu vert du Conseil supérieur de l’audiovisuel, tandis que le gouvernement luxembourgeois sera consulté par RTL Group. « Ce projet est une étape importante pour le groupe, qui réaliserait ainsi la plus grosse opération de croissance externe de son histoire, ajoutant à ses autres activités le métier de la radio » et deviendrait plurimédia, a souligné Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 cité dans le texte. « Il permettrait ainsi d’associer le deuxième groupe privé français de télévision avec le premier groupe privé français de radio », note-t-il. Radio la plus écoutée en France, RTL a enregistré une audience de 11,9 % en septembre/octobre. RTL Group voudrait obtenir par cette opération « une combinaison de ses activités TV et radio pour créer des synergies dans la publicité et les investissements technologiques », indique-t-il dans un communiqué distinct. Lire aussi Radio : rentrée dorée pour RTL et France Inter | actualite-medias | 6 |
La Secrète (La Oculta), d’Hector Abad, traduit de l’espagnol (Colombie) par Albert Bensoussan, Gallimard, « Du monde entier », 402 p., 24,50 €. Signalons, du même auteur et par le même traducteur, la parution de Trahisons de la mémoire (Traiciones de la memoria), Gallimard, « Arcades », 170 p., 20 €. Vendre ? Garder ? Lioubov Andréïevna, la propriétaire ruinée de La Cerisaie de Tchekhov, n’est pas la seule à se demander si elle doit se défaire d’un domaine dispendieux auquel la rattachent ses souvenirs les plus heureux comme les plus tragiques. Les personnages du nouveau roman d’Héctor Abad sont confrontés au même dilemme. Ils sont trois, un frère et deux sœurs, à s’interroger sur le devenir de La Secrète, la ferme familiale nichée depuis la fin du XIXe siècle en Antioquia, une région du nord-ouest de la Colombie. Leur mère vient d’y mourir. L’aînée, Pilar, prude et pieuse, attachée au maintien de la terre et des traditions, n’envisage pas de quitter la propriété où elle vit encore avec son mari. Eva, sa cadette, femme libérée, et mère célibataire, veut définitivement tourner la page après avoir manqué d’être assassinée dans cette ferme plusieurs années auparavant. Antonio, un violoniste qui a fui à New York pour vivre au grand jour son homosexualité, tout en rêvant d’un retour au pays, est nettement plus partagé. Livrant leur récit à tour de rôle en trois monologues qui alternent tout au long du livre et se complètent les uns les autres, quitte à se répéter parfois, chacun raconte une part de son histoire passionnelle avec les lieux. Tous y détaillent, sans fard, la façon dont la maison, construite à l’abri des regards, au cœur d’une riche plantation caféière, a modelé leur personnalité, et déterminé leurs choix de vie. Premières expériences sexuelles, découverte de la violence et du danger (de la guérilla marxiste, comme des paramilitaires), mais aussi initiation aux plaisirs simples : le goût des arepas au fromage, les baignades dans le lac, la vue des montagnes, ou encore « l’ululement nocturne du currucutú »… En biographe de l’intimité, Abad distille ces confessions à la première personne, comme dans un roman de formation. A cette fresque familiale de facture classique, l’écrivain superpose une veine historique qui lui donne à la fois profondeur et originalité. Antonio, archives à l’appui, entreprend ainsi de retracer la généalogie de sa famille, les Angel, descendants de juifs convertis de force au catholicisme. | livres | 0 |
Extrait de la vidéo Les Bons Profs « Dosage par titrage direct » Capture d’écran Les Bons Profs L’épreuve écrite de physique-chimie du bac 2018 aura lieu jeudi 21 juin. Pour réviser cette épreuve du bac S, le site de soutien scolaire Les Bons Profs a sélectionné à l’intention des candidats les rappels de cours incontournables, portant notamment sur l’effet Doppler, le travail d’une force constante ou les grands types de réactions en chimie organique. Cette sélection constitue ce que les enseignants de ce site de soutien scolaire en ligne estiment devoir être maîtrisé absolument. Elle permet de s’assurer de précieux points, mais ne représente pas pour autant une liste exhaustive. Le conseil reste le même qu’en classe : pas d’impasse ! Dans le cadre d’un partenariat Le Monde Campus - Les Bons Profs, nous publierons jusqu’au bac des sélections de vidéos incontournables dans les différentes matières, des conseils de profs pour réussir le jour J, et durant l’examen, ainsi des corrigés vidéo dès la fin de chaque l’épreuve, sur la page lemonde.fr/bac EFFET DOPPLER - LES FORMULES SPECTRE IR SPECTRE RMN - ANALYSE LE TRAVAIL D’UNE FORCE CONSTANTE RELATIVITÉ DU TEMPS CINÉTIQUE LES GRANDS TYPES DE RÉACTIONS EN CHIMIE ORGANIQUE COMMENT CALCULER LE PH D’UN ACIDE FORT ET D’UNE BASE FORTE ? LA CHAÎNE DE TRANSMISSION D’INFORMATIONS DOSAGE PAR TITRAGE DIRECT Les Bons Profs.com accompagne les élèves de la troisième à la terminale dans leurs révisions. Des programmes sur mesure pour réviser ses contrôles et examens, avec des profs connectés sept jours sur sept et des tuteurs particuliers. Retrouvez toutes leurs vidéos, exercices et corrigés sur Les Bons Profs.com. | campus | 171 |
Edith Windsor salue la foule, après avoir avancé des arguments sur la loi dite « de défense du mariage » à la Cour suprême, à Washington en 2013. Jonathan Ernst / REUTERS Edith Windsor, une militante LGBT à l’origine d’une décision historique en 2013 de la Cour suprême américaine pour les droits des homosexuels, est morte mardi 12 septembre à l’âge de 88 ans, a confirmé son avocate à l’Agence France-Presse (AFP). « Edie était la lumière de ma vie. Elle restera à jamais la lumière de la communauté LGBTQ qu’elle aimait tellement et qui l’aimait autant », a déclaré son épouse Judith Kasen-Windsor dans un communiqué. Après la mort de sa première épouse en 2009, qu’elle avait légalement épousée au Canada, Edith Windsor s’était vu réclamer 363 000 dollars car une loi fédérale sur le mariage lui interdisait de bénéficier du même régime fiscal que le dernier survivant d’un couple hétérosexuel. Le message de Barack Obama Soutenue par l’administration Obama, elle avait alors porté l’affaire devant la plus haute juridiction du pays. Cette dernière lui avait donné raison et avait notamment déclaré inconstitutionnelle la loi fédérale stipulant que le mariage était l’union d’un homme et d’une femme, accordant ainsi aux couples homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Cela avait jeté les bases pour que la Cour suprême légalise le mariage gay dans tout le pays en 2015. Lire aussi La Cour suprême américaine légalise le mariage homosexuel sur l’ensemble du territoire Barack Obama a réagi à sa mort dans un communiqué. « J’ai eu le privilège de parler avec Edie il y a quelques jours, et de lui redire à quel point elle a marqué ce pays que nous aimons », a déclaré l’ancien président démocrate, qui était au pouvoir en 2013. | disparitions | 14 |
Cette application est aussi simple que populaire. FaceApp, lancée en janvier, transforme les photos de ses utilisateurs pour les faire artificiellement sourire, vieillir, rajeunir ou se transformer en homme ou femme. Mais un autre de ses filtres lui a valu un certain nombre de critiques : celui censé rendre ses modèles plus beaux, appelé « hot » (sexy). Certains utilisateurs noirs ont remarqué qu’une fois appliqué, ce filtre blanchissait leur peau. #faceapp isn't' just bad it's also racist...🔥 filter=bleach my skin and make my nose your opinion of European. No t… https://t.co/bhh2cq6c2A — tweeterrance (@Terrance AB Johnson) So this app is apparently racist as hell. But at least I'm sassy. #faceapp https://t.co/I0L4yWWXaV https://t.co/v1ME8H8seP — kharyrandolph (@kung fu khary) D’autres ont remarqué que les yeux bridés étaient aussi modifiés. #faceapp removes glasses and replaces eyes. With white people eyes. :| https://t.co/mUgrcrXds1 — littlebunnyfu (@🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥) Pixels a essayé de son côté à partir d’une photo de l’acteur américain Idris Elba, avec un résultat sans appel. Le filtre « sexy » de FaceApp a blanchi la peau du comédien Idris Elba sur cette photo. JESSICA LEA / DFID / CC BY 2.0 Une intelligence artificielle mal « entraînée » Contacté par le site spécialisé Mashable, lundi 24 avril, le fondateur de FaceApp, Yaroslav Goncharov, a reconnu le problème et présenté ses excuses, évoquant « un problème sérieux ». En attendant d’y apporter une solution « qui devrait arriver bientôt », il a décidé de renommer le filtre, « pour retirer toute connotation positive ». Celui-ci est désormais baptisé « spark » (étincelle). Yaroslav Goncharov a aussi esquissé une explication liée à la technologie d’intelligence artificielle sur laquelle repose son application : « Il s’agit d’un effet pervers malheureux (…) causé par des biais dans les données d’entraînement. » Pour qu’un programme soit capable de transformer les visages aussi efficacement que FaceApp, il doit pour cela qu’il « s’entraîne » en analysant au préalable des milliers d’images de visages souriants, jeunes, vieux… ou beaux. Le fondateur de l’application, sans donner de détail, laisse entendre que les photos ayant servi à entraîner le programme seraient à la base du problème. En clair, les images labellisées « sexy » utilisées représentaient majoritairement des personnes blanches – la machine en a alors déduit qu’un teint clair était plus attirant. Lire aussi L’intelligence artificielle reproduit aussi le sexisme et le racisme des humains Ce n’est pas la première fois que se pose ce problème. En septembre 2016, un programme d’intelligence artificielle, utilisé comme jury d’un concours de beauté, avait éliminé la plupart des candidats noirs pour les mêmes raisons. La question du biais des bases de données utilisées pour entraîner l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse d’images ou de texte par exemple, prend une place grandissante dans les débats consacrés à l’éthique de l’intelligence artificielle : à mesure que ces technologies se développent, on se rend compte qu’elles reproduisent souvent des biais humains, comme le racisme ou le sexisme. | pixels | 172 |
Hasard du calendrier ? Vincent Bolloré, 66 ans, est rattrapé par ses affaires africaines, alors qu’il commence à passer les rênes de son groupe, avant un départ définitif programmé pour le 17 février 2022 : l’année du bicentenaire de la création de l’entreprise familiale. Le 19 avril, l’homme d’affaires breton, sixième génération à la tête du groupe, a fait cependant sensation en annonçant, au terme de l’assemblée générale des actionnaires de Vivendi, dont il est premier actionnaire, qu’il cédait sa place à la tête du conseil de surveillance à son fils Yannick, 38 ans. Si l’aîné des enfants de Vincent Bolloré a toujours fait office de dauphin chez Vivendi, ce retrait soudain est en effet une surprise, alors que le propriétaire de Canal+ traverse une crise sans précédent en Italie. Il continue d’être à la manœuvre D’un côté, Vincent Bolloré est embourbé dans Mediaset, le groupe de médias de Silvio Berlusconi. L’ancien allié est devenu son ennemi, depuis que la société française est montée à la hussarde dans le capital. De l’autre, le fonds activiste Elliott s’est donné comme mission de réduire les pouvoirs du Français au sein de Telecom Italia, dont Vivendi détient 25 %. Les deux financiers croiseront le fer à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire, le 4 mai, à Rome. Pourquoi donc partir à un moment aussi crucial ? Ce départ anticipé n’a rien à voir avec la procédure en cours, précise une source proche du dossier. S’il semble organiser sa succession, Vincent Bolloré continue cependant d’être à la manœuvre. D’autres se posent cependant des questions, d’autant plus qu’il avait également pris du champ à Canal+ en abandonnant, le 10 avril, la présidence du conseil de surveillance. Officiellement pour laisser la place à Jean-Christophe Thiery, l’un de ses proches, après avoir assuré que le redressement du groupe de télévision payante était bien engagé. Aurait-il décidé de se retirer de ces postes après avoir reçu la convocation des juges ? Mystère. Lire aussi Vivendi : Vincent Bolloré propose son fils pour lui succéder à la tête du groupe Message supplémentaire d’un retrait progressif adressé à l’extérieur, son autre fils, Cyrille, 32 ans, à la fois à la tête de Bolloré Transport & Logistics, navire amiral des affaires de Bolloré en Afrique, et vice-président du groupe Bolloré, la holding familiale, a pris pour la première fois la parole. « A nous d’être aussi plus transparents et d’accepter de nous remettre en question », a-t-il admis dans Les Echos du 18 avril, en évoquant les difficultés de Vivendi. En attendant, la garde à vue du père a pesé sur le cours de Bourse du groupe Bolloré. A Paris, l’action qui avait dégringolé de 6,14 % % mardi 24 avril, se dépréciait encore de 2,24 % mercredi. | economie | 7 |
Devant l'appartement du tireur présumé à Aurora dans le Colorado. AFP/Chris Schneider Le président des Etats-Unis Barack Obama était attendu dimanche à Aurora au Colorado pour rencontrer les familles des victimes de la tuerie meurtrière de vendredi. Il devait y passer environ deux heures en fin d'après-midi et "rendre visite à des familles de victimes de la fusillade, ainsi qu'à des responsables des autorités locales", a indiqué la Maison Blanche samedi soir. M. Obama avait suspendu de facto sa campagne en vue de la présidentielle du 6 novembre après le drame qui a fait 12 morts et 58 blessés dans une salle de cinéma de cette ville de la banlieue de Denver. Son adversaire républicain Mitt Romney avait fait de même. Le président, qui a ordonné la mise en berne des drapeaux américains sur tous les bâtiments publics jusqu'au 25, avait estimé vendredi que cette "tragédie" rappelait "ce qui nous unit en tant qu'Américains". Il avait appelé à une "journée de prière et de réflexion". APPARTEMENT DÉMINÉ En outre, la police a annoncé avoir retrouvé un ordinateur appartenant à James Holmes, l'auteur présumé de la tuerie. Un espoir de faire avancer l'enquête. "Il sera examiné de fond en comble", a déclaré le chef de la police d'Aurora, Dan Oates, sur la chaîne CBS. "Cela peut prendre du temps mais nous avons espoir qu'il nous apportera des informations", a-t-il souligné. L'ordinateur a été découvert dans l'appartement du tireur présumé, à Aurora, où la police n'est entrée que samedi car il était truffé d'explosifs. Auparavant, la police avait annoncé avoir entièrement déminé l'appartement piégé par James Holmes. "Tous les éléments dangereux ont été retirés" du logement de James Holmes, ont précisé les forces de l'ordre dans un message sur Twitter. Des policiers vêtus de casques et de gilets pare-balles tentent de désamorcer l'arsenal d'explosifs dans l'appartement du tireur. AP/Alex Brandon Holmes, 24 ans, a déclaré à la police lors de son arrestation qu'il avait miné son appartement dans lequel des artificiers ont mis à l'œuvre un robot de déminage. Le chef de la police locale avait indiqué que l'appartement, rempli de substances incendiaires et explosives "était fait pour tuer la première personne qui serait entrée". Les artificiers ont pris soin de conserver ces différentes pièces à conviction dans la perspective du procès de James Holmes, qui sera déféré à la justice lundi à 08 H 30 (14 H 30 GMT). Le mystère reste entier sur les mobiles du jeune homme, un étudiant en neurologie de l'Université du Colorado, présenté comme un solitaire. Il avait acheté plus de 6 000 balles et cartouches sur internet ces deux derniers mois, avait indiqué vendredi la police. Les quatre armes à feu saisies sur les lieux du massacre ont quant à elles toutes été achetées légalement. | ameriques | 10 |
Le sélectionneur de l’Angleterre, Roy Hodgson, avec ses joueurs à la fin du match contre la Slovaquie, le 20 juin, à Saint-Etienne. Lee Smith / REUTERS « C’est vraiment une contre-performance, encore pire que contre la Russie », peste Bryan, un supporteur anglais frustré, quelques minutes après que son équipe a été incapable de marquer le moindre but à la Slovaquie (0-0). Lundi 20 juin, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, l’Angleterre, 5 points, a laissé échapper la première place du groupe B au profit de ses voisins gallois. Avec vingt-neuf tirs, vingt-cinq centres et onze corners, les coéquipiers de Wayne Rooney ont pourtant tout tenté. « On a été dominateur dans tous les recoins du terrain et chaque Slovaque doit être ravi du résultat. On est au tour suivant et personne ne voudra jouer contre nous. Je n’ai encore rien eu à faire de tout le tournoi pour être honnête. Cette défense héroïque face à nous, c’est frustrant, mais bon, on est qualifiés », a relativisé Joe Hart, gardien des Three Lions, qui n’a pas eu grand-chose à faire durant ce troisième match de la compétition. « La récompense viendra » Auréolés de la victoire de leurs protégés face au Pays de Galles il y a cinq jours, les fans anglais n’imaginaient pas autre chose que la victoire. Toute la journée, ils ont animé le centre-ville stéphanois. Entre deux chants, les jumeaux Adam et Ben, originaires du Kent, se voyaient déjà, comme tous leurs compatriotes, au Parc des Princes samedi pour le huitième de finale promis au leader du groupe B. « On a acheté nos places. C’est sûr, nous allons battre la Slovaquie », espéraient-ils. En lieu et place de la capitale française, la délégation britannique devra prendre l’avion en direction de la Côte d’Azur. A Nice, lundi 27 juin, les hommes du sélectionneur Roy Hogdson affronteront le deuxième du groupe F : la Hongrie, le Portugal, l’Islande ou l’Autriche. « En finissant deuxième, on va avoir plus de temps pour retrouver un peu de fraîcheur. La clé, c’est la récupération, mais il faudra aborder les matchs de la même façon. C’est difficile de mettre autant d’intensité. L’entraîneur était confiant et les joueurs aussi. On ne peut pas dire qu’on a mal joué », a expliqué Gary Cahill, capitaine lundi soir. Bousculé par les médias de son pays en conférence de presse, Hogdson, qui avait aligné six nouveaux joueurs par rapport au match contre les Gallois, ne s’est pas laissé faire. « Depuis quand l’Angleterre n’a-t-elle pas dominé autant trois matchs en tournoi ? Tôt ou tard, la récompense viendra et un adversaire pourrait se retrouver du mauvais côté d’un score lourd », a menacé l’expérimenté entraîneur de 68 ans. | euro-2016 | 367 |
« Par procuration, la Russie est responsable de la mort de chaque civil la semaine dernière. » Dimanche 9 avril, le ministre de la défense britannique, Michael Fallon, a vivement critiqué le soutien de la Russie au régime de Bachar Al-Assad dans une tribune publiée dans le Sunday Times. Dans ce même texte, il qualifie de « crime de guerre » l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, imputée au régime de Damas, qui a tué des dizaines de civils syriens mardi. « Si la Russie veut se décharger de ses responsabilités lors des prochaines attaques, [le président russe] Vladimir Poutine doit faire respecter les engagements, démanteler pour de bon l’arsenal chimique d’Assad et s’engager pleinement » dans le processus de paix en Syrie parrainé par les Nations unies, ajoute-t-il. Vendredi, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a annulé un déplacement à Moscou prévu lundi en raison « des derniers développements », déplorant « la défense continue par la Russie du régime d’Assad ». Moscou tacle Londres La Russie a réagi dimanche en estimant que cette décision reflétait un manque de compréhension de la situation sur le terrain. Le ministère russe des affaires étrangères a également jugé dans un communiqué que cela prouvait qu’il n’avait guère à gagner en parlant avec la Grande-Bretagne, qui, selon lui, n’a que peu d’influence sur les affaires internationales : « [Cette annulation] confirme encore une fois nos doutes quant à la valeur ajoutée d’un dialogue avec les Britanniques, qui n’ont pas de position propre sur la plupart des grandes questions actuelles, et pas d’influence réelle sur le déroulement des événements, se tenant dans l’ombre de leurs partenaires stratégiques. » Vendredi, en réaction à l’attaque chimique, les Etats-Unis ont tiré 59 missiles de croisière Tomahawk vers la base syrienne d’Al-Chayrat, depuis deux navires américains en Méditerranée. Londres a annoncé dans la foulée « soutenir pleinement l’action des Etats-Unis » en Syrie. | international | 13 |
Avant de fonder AgroGeneration, Charles Beigbeder avait lancé le premier courtier en ligne français, Selftrade, revendu au mieux, puis créé Poweo, le premier fournisseur alternatif d'énergie, aussi cédé un avec profit. AFP/PIERRE VERDY Charles Beigbeder semble bien parti pour prendre la présidence de la candidature d'Annecy à l'organisation des JO d'hiver en 2018. Le patron de Poweo — et frère de l'écrivain Frédéric Beigbeder —, dont le nom a été proposé par Christian Monteil, président du conseil général de la Haute-Savoie, a en effet reçu vendredi le soutien de la ministre des sports, Chantal Jouanno : "Il a mon approbation et celle de l'Elysée", a-t-elle indiqué. Pour Christian Monteil, Charles Beigbeder dispose des "qualités requises" pour occuper le poste : "une forte capacité à mobiliser le monde économique ; une parfaite maîtrise de l'environnement international ; une solide expérience du management et une forte sensibilisation à l'innovation et une bonne expertise des questions de développement durable". La désignation du président de la candidature doit intervenir lundi, à l'occasion de la constitution du groupement d'intérêt public (GIP), socle juridique de la candidature d'Annecy. Rien ne semble désormais pouvoir entraver la nomination de M. Beigbeder, qui affiche déjà sa détermination. "Je vais me rendre lundi à Annecy. On va décider d'un plan d'action massif pour donner à Annecy 2018 tous les atouts dont elle a besoin pour gagner", a-t-il avancé. Depuis la démission de l'ancien champion olympique de ski de bosses Edgar Grospiron de son poste de directeur général de la candidature d'Annecy, nombre de personnalités ont été approchées pour assurer sa succession. L'ancien ministre Jean-Louis Borloo avait notamment décliné l'offre, tout comme Jean-Claude Killy et Guy Drut. Mal engagé, le dossier de candidature d'Annecy doit officiellement être remis en début de semaine prochaine au CIO (lire notre article). | sport | 19 |
Marcel Kittel lors du Tour Down Under en Australie, en début de saison. Mark Gunter / AFP Le sprinteur allemand Marcel Kittel, vainqueur de huit étapes lors des deux dernières éditions, ne participera pas au Tour de France qui débute le 4 juillet à Utrecht, aux Pays-Bas, a annoncé son équipe Giant. Unfortunately, @marcelkittel will not participate in @letour this year, his basic fitness is not sufficient yet. http://t.co/a5RWSklUyS — GiantAlpecin (@Team Giant-Alpecin) Kittel, 27 ans, affaibli par un virus en début de saison, n’a pas été retenu par son équipe dans la sélection finale qui l’a jugé pas suffisamment en forme pour la Grande Boucle. L’équipe Giant sera emmenée par son compatriote John Degenkolb, lauréat de Milan-San Remo et Paris-Roubaix, et le grimpeur français Warren Barguil. « L’équipe a décidé que la forme de Kittel n’est toujours pas suffisante pour disputer le Tour de France », explique Giant dans un communiqué. « Je suis très déçu. J’ai essayé d’être au niveau durant les dernières semaines. Je dois désormais vivre avec cette décision », a déclaré Kittel dans une interview avec l’agence allemande SID. Après un assez bon début de saison au Tour Down Under, Kittel a souffert d’un virus en février qui l’a contraint à une pause durant deux mois. De retour à la compétition en mai au Tour du Yorkshire, il avait dû abandonner prématurément. Son meilleur résultat cette saison reste une 6e place au Tour de Cologne le 14 juin. Kittel était le patron du sprint mondial ces deux dernières années, remportant quatre étapes du Tour de France en 2013 et autant en 2014, où il a porté le maillot jaune pendant deux jours. | cyclisme | 226 |
Marine Le Pen, le 8 décembre. AFP/THOMAS SAMSON Appel à manifester ou simple "précision logistique" ? Au Front national, les lectures divergent quant au dernier communiqué du bureau politique (BP) à propos de la manifestation contre le "mariage pour tous", dimanche 13 janvier à Paris. La "motion" du BP envoyée lundi 7 janvier à la presse mentionne que "le FN appelle ceux qui, élus, cadres, militants ou sympathisants, veulent exprimer leur opposition à ce projet de loi en participant à 'la manifestation pour tous' (…) à retrouver sa délégation porte Maillot". "CELA CONVENAIT À TOUT LE MONDE" Pour beaucoup de membres du BP – une instance composée d'une quarantaine de dirigeants –, cette formulation équivaut à un appel à manifester. La plupart s'en félicitent, puisque c'est Marine Le Pen qui a proposé cette "motion", accueillie par un consensus chez les dirigeants frontistes. "Cela convenait à tout le monde", raconte un membre du BP. Problème : Marine Le Pen n'a pas du tout cette lecture. Selon la présidente du parti d'extrême droite, la motion "n'est pas un appel à manifester". "Ce texte appelle ceux qui veulent s'opposer au projet, à le faire à un point de rendez-vous donné", déclare-t-elle au Monde. "Une facilité pour les sympathisants" qui souhaitent manifester, selon elle. Une lecture partagée par Florian Philippot, critiqué en interne pour sa volonté de ne pas participer au défilé de dimanche : "Le communiqué est très clair. On écrit 'ceux qui'. Ce n'est pas un appel à manifester", estime le vice-président du FN. PARTICIPATION ACTIVE Le FN confirme sa difficulté à être lisible sur sa stratégie quant à la manifestation du 13 janvier. Lors des défilés de novembre 2012, la liberté de choix avait été laissée aux militants de participer ou non aux différents cortèges. Mais certaines personnalités importantes du FN – Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot, Marion Maréchal-Le Pen, Bruno Gollnisch – poussent depuis pour une participation active afin de ne pas laisser le champ libre à l'UMP sur une question jugée "essentielle" pour leur électorat. | politique | 9 |
Annabelle Wallis dans le film américain de John R. Leonetti, "Annabelle". WARNER BROS. PICTURE Sur le marché de la série B horrifique, il fallut attendre The Conjuring (2013) pour raviver le créneau moribond de la poupée maléfique, essoré par les incessants retours de la pantouflarde Chucky. Annabelle, qui se présente comme le prequel (épisode précédent) du récent succès de James Wan, fait remonter la malédiction aux années 1970, lors d’une nuit où les Form, jeunes mariés pieux et propres sur eux, furent assaillis chez eux par un couple de satanistes forcenés, qui frappèrent Mia Form (Annabelle Wallis) alors en pleine grossesse, d’un coup de couteau. La mère et l’enfant survivront, mais le sang de l’intruse, abattue de justesse par les forces de police, a entre-temps coulé sur le visage d’une inquiétante poupée que John (Ward Horton) avait offerte à sa femme. Les Form déménagent, mais d’étranges manifestations ne tardent pas à surgir dans les parages du jouet maudit. Dans l’imaginaire de l’épouvante, la figure de la poupée renvoie souvent à un fétiche d’enfant mort (figé dans son linceul de porcelaine) et recouvre une évidente névrose liée à l’angoisse de la maternité. Annabelle s’engage d’abord dans cette lecture et fonctionne dans un premier temps selon un artisanat de la peur plutôt traditionnel, avec son lot d’apparitions et disparitions, de suspensions et surgissements, d’allumages et extinctions, d’appareils qui se déclenchent et d’objets qui se déplacent tous seuls. quelques passages marquants John R. Leonetti fait preuve d’un certain sens du tempo et, même s’il bâcle ses phases d’accélération, réussit quelques passages marquants, comme celui d’un ascenseur s’ouvrant toujours sur la même cave hantée ou ce fantôme de petite fille qui, se jetant sur Mia, grandit d’un seul coup le temps de sa course. Si le film se déroule dans les années 1970, ce n’est évidemment pas un hasard : il paye sa dîme à ses illustres modèles, Rosemary’s Baby (les robes, la grossesse, « Mia » Farrow) et L’Exorciste (l’intervention d’un prêtre). L’erreur du film est certainement d’avoir cherché à tailler un visage expressément horrifique à sa poupée, rendant chacune de ses apparitions grotesques là où un simple masque enfantin aurait suffi à diffuser un trouble malsain. Mais le plus insupportable reste cet horizon d’infâme bigoterie qui, flottant jusque-là, cueille le film dans son dernier tiers, lui réservant une conclusion en tous points ridicule. On pensait plonger dans le délire paranoïaque du conformisme middle class, et l’on finit par nous faire lever les yeux sur la glorieuse façade d’une église. De quoi vraiment gâcher le plaisir. | cinema | 16 |
Paul du Saillant, directeur general adjoint d'Essilor. Matthieu RONDEL / ReservoirPhoto/POUR LE MONDE « La France est le seul pays à vouloir détruire une de ses filières d'excellence, c'est incompréhensible », lâche Paul du Saillant, directeur général adjoint d'Essilor et numéro deux du groupe, à l'occasion de l'inauguration à Créteil, jeudi 24 avril, du centre « innovation et technologies » du leader mondial des verres correcteurs. | economie | 7 |
Vue du mur d'enceinte de la maison d'arrêt de Borgo au sud de Bastia, où est incarcéré depuis 2009 Andy F. auteur du meurtre de son père, de sa mère et de ses deux petits frères, dans la nuit du 11 au 12 août 2009. AFP/FRANCOIS ANARDIN C'était le premier de sa classe. En 3e au collège à Porticcio (Corse-du-Sud) comme au lycée Laetitia-Bonaparte à Ajaccio, ses professeurs ne tarissaient pas d'éloges sur cet élève qui affichait des moyennes de 14 à 16 sur ses bulletins. Andy F., 19 ans aujourd'hui, n'a plus été au lycée depuis juin 2009. Il a poursuivi sa scolarité à la prison de Borgo (Haute-Corse), où il est incarcéré depuis août 2009. Il comparaîtra du 12 au 19 novembre devant la cour d'assises des mineurs d'Ajaccio, pour un quadruple meurtre : celui de son père, de sa mère et de ses deux petits frères. Liam et Duane étaient jumeaux. Ils avaient 10 ans. "JE DEVAIS LE FAIRE" Andy, lui, en avait 16 lorsque, dans la nuit du 11 au 12 août 2009, il a exécuté un à un tous les membres de sa famille avec un fusil à pompe. La soirée s'était pourtant déroulée sans incident. Les parents, Nadine et Patrice, étaient sortis dîner chez des amis, Andy avait gardé les jumeaux. Tout s'était bien passé. Les parents étaient rentrés vers minuit et tout le monde s'était couché vers 1 heure. Andy, seul dans sa chambre, les jumeaux et les parents chacun dans la leur. Mais, vers 3 heures, Andy s'est réveillé. Et, selon le récit qu'il a fait aux enquêteurs, il aurait alors agi "presque mécaniquement". Dans un premier temps, il voulait fuguer. Il avait rassemblé quelques affaires, réparties dans deux sacs : l'un pour le linge et l'autre pour des objets. Il avait enfilé des gants en latex et, en passant devant le râtelier auquel était accroché le fusil à pompe, l'idée lui avait traversé la tête de tirer. "Je devais le faire", a-t-il déclaré aux enquêteurs. Il avait chargé le fusil de six cartouches, s'était introduit dans la chambre de ses parents. Il avait alors épaulé l'arme et fait feu sur son père qui, alerté par le bruit, s'était réveillé et le regardait. Il avait ensuite tué sa mère, avant d'aller dans la chambre des jumeaux pour tirer à l'aveuglette en direction de leur lit. Les entendant gémir, il les avait achevés. | societe | 3 |
Reflet de la nouvelle place qu'occupe l'Asie dans le trafic aérien, l'aéroport de Pékin est devenu le deuxième mondial, devançant ceux d'O'Hare à Chicago (Illinois) et d'Heathrow à Londres. Quelque 73,9 millions de passagers y ont convergé au cours de l'année 2010, selon des chiffres publiés, mardi 15 mars, par le Conseil international des aéroports (ACI). C'est une augmentation de 13 % en un an qui le place désormais derrière l'aéroport d'Atlanta, plateforme de la compagnie américaine Delta. L'aéroport de Pékin n'était qu'en quinzième position en 2005 et hors du classement il y a dix ans. Son troisième terminal, la plus grande structure aéroportuaire du monde, n'a ouvert qu'en 2008 à la veille des Jeux olympiques. Mais déjà les autorités ont choisi l'emplacement d'un nouvel aéroport. Il sera situé au sud de Pékin et permettra à la capitale chinoise d'accueillir jusqu'à 120 millions de passagers chaque année, contre 80 millions aujourd'hui. L'aviation commerciale de la deuxième économie mondiale est portée par la hausse du nombre de touristes et d'hommes d'affaires chinois, ainsi que par l'afflux d'étrangers dans le pays, où 267 millions de voyages ont été effectués en 2010, soit 15,8 % de plus qu'en 2009, et où probablement 300 millions le seront en 2011. "Tandis que l'Amérique du Nord et l'Europe ont lutté pour atteindre des volumes d'avant la crise, l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine, les Caraïbes et le Moyen-Orient ont continué dans un élan soutenu", a constaté Angela Gittens, directrice générale d'ACI. Le nombre de passagers de vols internationaux à destination de l'Asie a augmenté de 14,2 % en 2010. Dans une récente note, les analystes de Goldman Sachs estiment que la Chine sera devenue le premier marché aérien à l'horizon 2020, devant les Etats-Unis, qu'elle dépassera le milliard de voyages annuels en 2022 et que l'aéroport de Pékin pourrait devenir le premier au monde dès 2013. En soutien à cette expansion, les aéroports poussent comme des champignons. Le gouvernement chinois injectera l'équivalent de 164 milliards d'euros dans le développement du secteur aérien, en en construisant 45 nouveaux en cinq ans, puis encore 45 autres cinq ans plus tard. Alors que les grandes agglomérations sont toutes dotées d'infrastructures modernes, le marché étant jeune, l'enjeu se porte désormais sur les villes de moindre importance. L'ouverture de cinq nouveaux aéroports est ainsi prévue au Xinjiang, région reculée de l'Ouest, qu'il s'agit de désenclaver pour accélérer son développement économique, en s'appuyant sur une enveloppe de 30 milliards de yuans (3,3 milliards d'euros). | economie | 7 |
L'armée et la police irakiennes ont pris par la force le contrôle du camp des Moudjahidines du peuple, de farouches opposants au régime de Téhéran réfugiés en Irak, le 28 juillet 2009. AP/JIM WATSON Un responsable irakien, Sadeq Kazem, a été placé jeudi 21 juin en garde à vue à Paris après la plainte d'un opposant iranien pour tortures et crimes de guerre, lors de violences commises dans le camp d'Ashraf en Irak en 2009, a-t-on appris de sources judiciaire et proche du dossier. Sadeq Kazem, qui dirige le camp Liberty proche de Bagdad, où vivent des réfugiés de l'Organisation des moudjahidines du peuple iraniens (OMPI), a été interpellé et placé en garde à vue, après une plainte d'un Iranien disant avoir été détenu et torturé sous ses ordres à la fin juillet 2009, a-t-on précisé. Le responsable irakien a été interpellé alors qu'il était de passage en France, dans le cadre d'un déplacement en Europe d'une délégation gouvernementale irakienne. Il est en garde à vue dans les locaux de la section de recherche des gendarmes de Paris. Il avait été refoulé mardi alors qu'il tentait de rentrer au Parlement européen à Bruxelles, selon un porte-parole des Moudjahidines du peuple. PLAINTE POUR TORTURES ET CRIMES DE GUERRE L'opposant iranien assure avoir été pris en otage, avec 35 autres résidents, lors de l'attaque du camp d'Ashraf par les forces irakiennes les 28 et 29 juillet 2009, et détenu pendant soixante-douze jours au cours desquels il dit avoir été torturé sous les ordres de Sadeq Kazem, selon sa plainte, consultée par l'AFP. Il explique avoir été arrêté à l'entrée du camp d'Ashraf, frappé à la tête, puis emmené dans les locaux de la police, avant d'être enfermé dans une cellule de 12 m2 avec une trentaine d'autres prisonniers sous la direction des militaires irakiens. L'opposant a déposé sa plainte mercredi à Paris, donnant lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire. Pour l'avocat du plaignant, Me William Bourdon, "l'ouverture d'une enquête et l'interpellation, si rapidement après le dépôt de la plainte, est sans précédent s'agissant d'une procédure fondée sur la compétence universelle" de la justice française. PROCÉDURE FONDÉE SUR LA COMPÉTENCE UNIVERSELLE "L'ouverture de cette enquête témoigne de la volonté de la France de respecter ses engagements s'agissant de la lutte contre l'impunité des plus grands tortionnaires", a-t-il estimé. La justice française est compétente pour poursuivre les personnes qui seraient coupables de tortures à l'étranger, en application de la convention contre la torture adoptée à New York en décembre 1984. M. Sadeq Kazem est également visé par l'enquête d'un juge espagnol sur les violences commises par les forces irakiennes dans ce camp de réfugiés iraniens qui avaient fait onze morts en 2009. L'Irak avait prévu de fermer fin 2011 ce camp situé à 80 km au nord-est de la capitale près de la frontière avec l'Iran, où l'ancien président Saddam Hussein avait installé l'OMPI, dont les membres avaient servi de supplétifs durant sa guerre avec l'Iran (1980-1988). Cette organisation à l'idéologie hétéroclite a été fondée dans les années 60 pour combattre le chah d'Iran, puis, peu après la Révolution islamique de 1979, elle avait tourné ses armes contre les nouveaux dirigeants. Elle a annoncé en 2001 avoir renoncé à la violence. L'OMPI figure depuis 1997 sur la liste des organisations terroristes établie par les Etats-Unis, en dépit des tentatives répétées de ce groupe d'obtenir sa radiation. A deux reprises, le gouvernement irakien a mené des raids meurtriers contre ce site, en juillet 2009 puis en avril 2011 quand au moins 36 personnes avaient été tuées. | proche-orient | 1 |
Une nouvelle plate-forme technique de l’Alliance, dédiée aux véhicules électriques, sera créée à l’usine de Douai (Nord). RGA / REA Renault va-t-il électriser la France ? Le constructeur a annoncé, jeudi 14 juin, vouloir investir plus de 1 milliard d’euros dans quatre sites industriels de l’Hexagone, afin de développer son offre de véhicules électriques sur le continent européen. L’entreprise ne dévoile pas l’échéance de ses investissements mais ceux-là s’insèrent dans le plan stratégique « Drive the Future », dévoilé en 2017 et qui court jusqu’en 2022. L’ambition affichée dans le communiqué est de faire de la France « un pôle d’excellence du véhicule électrique de Renault dans l’alliance ». Le groupe français est en effet intégré dans une entité automobile franco-japonaise, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui revendique 10,6 millions de véhicules commercialisés dans le monde en 2017. L’élément-clé du dispositif sera l’introduction d’une nouvelle plate-forme technique de l’alliance, consacrée aux véhicules électriques, à l’usine de Douai (Nord), qui deviendra le deuxième site d’assemblage Renault des voitures de ce type après Flins (Yvelines). Pour le moment, les deux partenaires Nissan et Renault, tous deux leaders de la mobilité électrique avec leurs best-sellers Renault Zoe et Nissan Leaf, produisent ces véhicules avec des composants élémentaires différents. Huit modèles 100 % électriques Cette nouvelle plate-forme servira donc de base commune à de nouveaux modèles de voitures à batterie, des trois marques de l’alliance. Le plan « Drive the Future » du groupe Renault prévoit le lancement de huit modèles 100 % électriques et de douze véhicules hybrides d’ici à 2022. Actuellement, Renault présente à son catalogue cinq véhicules : la Zoe (qui s’est vendue en 2017 à 32 000 exemplaires, en hausse de 44 %), les utilitaires Kangoo ZE et Master ZE, le petit monoplace Twizy et, sous la marque Samsung, une berline électrique destinée au marché asiatique. Voilà pour les créations. Concernant l’existant, le dispositif prévoit le doublement des capacités de production de Zoe et le lancement d’une nouvelle version à l’usine de Flins, à ce jour unique site de production de la citadine. D’ici à 2022, les capacités de production de la Zoe passeront de 60 000 unités par an en 2018 à environ 120 000. L’usine mécanique de Cléon (Seine-Maritime) triplera sa production de moteurs électriques (passant de 80 000 à 240 000) et l’introduction d’un moteur de nouvelle génération en 2021. Quant à l’usine de Maubeuge (Nord), elle bénéficiera d’investissements pour la future génération de la famille Kangoo, dont la Kangoo ZE électrique. Incontestablement, la nouvelle est réjouissante pour l’industrie française. La CFDT a salué « un signe positif pour l’emploi et la montée en compétence des salariés » dans « des thématiques d’avenir ». « Ces excellentes nouvelles doivent permettre de négocier un droit syndical innovant », ajoute le syndicat dans un communiqué. Carlos Ghosn, PDG à la fois de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et de la marque française proprement dite, devrait approuver ces paroles. « L’accélération de nos investissements en France pour le véhicule électrique va permettre d’améliorer la compétitivité et l’attractivité de nos sites industriels français », a déclaré M. Ghosn, cité dans le communiqué de presse. Il devrait être reconduit pour quatre ans à la tête du groupe Renault, avec la bénédiction de l’Etat, lors de l’assemblée générale de l’entreprise, vendredi 15 juin. | economie | 7 |
L’usine Lactalis de Craon (Mayenne), où serait apparue la salmonellose. DAVID VINCENT / AP Lactalis est dans le viseur de la justice après la découverte, ces derniers jours, de salmonelle dans des lots de laits infantiles fabriqués par le groupe laitier. Une enquête préliminaire a été ouverte, vendredi 22 décembre, par le pôle santé publique du parquet de Paris pour « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui » ou encore « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine », d’après une source judiciaire au Monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Salmonelle : Lactalis s’enfonce dans la crise Les investigations ont été confiées à la section de recherche d’Angers et à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). L’agence Santé publique France avait d’abord annoncé avoir identifié vingt-trois nourrissons ayant consommé des laits élaborés sur le site Lactalis de Craon (Mayenne) et présentant une salmonellose. Une douzaine d’entre eux avaient été hospitalisés ; ils sont aujourd’hui ressortis de l’hôpital et « vont bien », a-t-elle précisé. Des milliers de tonnes de produits retirés Lactalis avait ensuite annoncé, le 21 décembre, le retrait de 720 lots de laits infantiles et autres produits pour risque de contamination à la salmonelle. Cette annonce était intervenue alors que le groupe de Laval avait déjà retiré 625 lots deux semaines plus tôt. Le volume des produits concernés par le rappel se chiffre en milliers de tonnes. Le retrait concerne des produits de marque Picot (poudres et céréales infantiles), Milumel (poudres et céréales infantiles) et Taranis (mélange d’acides aminés en poudre destinés au traitement de pathologies), selon Lactalis. Une plainte avait été déposée à la mi-décembre par le père d’une enfant de trois mois, qui avait consommé un lot concerné par les rappels, mais n’était pas tombée malade. L’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir avait également annoncé son intention de déposer une plainte contre Lactalis pour « tromperie ». | police-justice | 110 |
Le chef d'orchestre et pianiste Daniel Barenboïm à Londres, le 26 mai 2015. ADRIAN DENNIS/AFP Un « rêve » de Daniel Barenboïm est en train, selon lui, de « devenir réalité ». Non pas qu’Israël et les Palestiniens aient décidé de vivre en paix. Plus modestement, l’orchestre du Divan d’Orient et d’Occident, fondé en 1999 par le chef d’orchestre juif israélo-argentin installé à Berlin et par l’écrivain chrétien américano-palestinien Edward Saïd, mort en 2003, va bientôt avoir un toit. A Berlin, où, à partir de septembre 2016, « l’académie Barenboïm-Saïd » va ouvrir ses portes. A peine un an après la pose de la première pierre, le gros œuvre est terminé. Lundi 15 juin, Daniel Barenboïm et quatre musiciens – « deux Israéliens, un Palestinien et un Espagnol », a précisé le maestro –, ont, pour célébrer l’événement, donné un petit concert dans la future salle Pierre-Boulez, en présence de représentants des pouvoirs publics allemands. Malgré le sacro-saint équilibre des comptes publics, Berlin a débloqué 20 millions d’euros pour transformer les anciens entrepôts d’un opéra (le Staatsoper Unter den Linden) en une salle de concert de 622 places, un auditorium et 21 salles de répétition. Un réaménagement conçu à titre bénévole par l’architecte américain Frank Gehry. La ville de Berlin, elle, a accepté de louer 1 euro par an et pour quatre-vingt-dix-neuf ans ce bâtiment classé, situé en plein centre-ville. Le ministère des affaires étrangères financera les bourses des étudiants. « Une modeste contribution au processus de paix au Proche-Orient », selon Monika Grütters, la ministre allemande de la culture. Des sponsors privés apporteront les 12 millions d’euros manquants. Symbole Composé de musiciens israéliens et arabes qui jouent dans différents orchestres d’Europe et du Proche-Orient, l’orchestre du Divan d’Orient et d’Occident se produit dans le monde entier, mais n’a pas de lieu à lui. Grâce à cette académie, il disposera de sa propre salle. Surtout, Daniel Barenboïm veut former chaque année une centaine de musiciens venus « du Proche-Orient, d’Europe et peut-être d’ailleurs » à la musique et aux sciences humaines. Chaque formation durera deux ans. Si, « à court terme », Daniel Barenboïm sait que son orchestre ne suffira pas à résoudre les conflits au Proche-Orient, il est convaincu que faire travailler un Syrien et un Israélien sur la même partition contribue à rapprocher les peuples et, par là même, « symbolise un avenir meilleur pour le Proche-Orient ». Le symbole aurait été encore plus fort si cette académie avait pu voir le jour au Proche-Orient, mais, selon Daniel Barenboïm, « les relations politiques dans la région ne le permettent pas ». Et puis Berlin est « la capitale mondiale de la musique » et fut au cœur d’une révolution pacifique : la réunification allemande. A défaut de faire avancer la paix, Daniel Barenboïm a accompli sinon un miracle, du moins un exploit : terminer, dans les temps et en respectant le budget initial, un chantier au cœur de la capitale allemande. | musiques | 88 |
Emmanuel Macron, après sa visite à la préfecture du Puy-en-Velay, où le cortège présidentiel a été conspué, le 4 décembre. philippe suc / PHOTOPQR/L'EVEIL/MAXPPP Il a voulu baisser la vitre de sa voiture pour les saluer. Face aux huées et aux cris de « Démission ! », Emmanuel Macron a renoncé. Il est 18 heures, la nuit est déjà tombée sur le Puy-en-Velay, ce mardi 4 décembre. Le chef de l’Etat a tenu à se rendre à la préfecture, partiellement incendiée samedi 1er décembre, lors de la mobilisation des « gilets jaunes ». Mais pas question, cette fois, d’aller au contact des manifestants, d’argumenter les yeux dans les yeux, de défendre son action, comme il aime tant à le faire, depuis le début du quinquennat. L’image est saisissante. A sa manière, Emmanuel Macron vient d’acter le recul du gouvernement. Il voulait être loin de Paris et des caméras, loin du bruit de la contestation, pendant qu’Edouard Philippe endossait, seul, la responsabilité de cette retraite en rase campagne sur la taxe carbone. Le chef de l’Etat a été rattrapé par la vingtaine de personnes venues l’attendre aux grilles de la préfecture, pour lui crier leur colère. A midi et demi, ce même jour, en direct de Matignon, le premier ministre a tourné une page du quinquennat, en actant la première capitulation du gouvernement. Lui qui martelait qu’il fallait « tenir le cap », pour ne pas sombrer dans l’impuissance politique qu’ont connue ses prédécesseurs, le voilà contraint d’annoncer très solennellement la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité écologique. « Aucun texte ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation », a déclaré le premier ministre lors d’une allocution télévisée de dix minutes. « C’est un moment central dans le quinquennat », avait-il expliqué deux heures plus tôt devant les élus de la majorité, à l’Assemblée nationale. « Le président a laissé Edouard Philippe en première ligne parce qu’il ne voulait pas engager tout son crédit dans un acte dont on n’est même pas sûr qu’il mette un terme au mouvement », explique un proche d’Emmanuel Macron. Pour l’heure, les appels à une nouvelle journée de mobilisation samedi 8 décembre se poursuivent. « Le retrait d’Emmanuel Macron, c’est aussi sa manière de dire à son premier ministre : “Tu ne voulais pas bouger, si on en est là, c’est de ta faute, alors maintenant assume”», poursuit cet habitué de l’Elysée, qui veut protéger le chef de l’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Macron, un président qui n’est plus sûr de rien « Entendre la souffrance » Jusqu’à dimanche, et malgré le déferlement de violences qui s’est abattu en France samedi 1er décembre, Edouard Philippe a résisté face à ceux qui militaient pour que l’exécutif fasse un geste. Au premier rang desquels François Bayrou, qui a déclaré vendredi sur Europe 1 : « On ne gouverne pas contre le peuple. » Mais aussi Philippe Grangeon, délégué général par intérim de La République en marche (LRM) et proche conseiller du président. Ou encore le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait appelé sur Europe 1, le 19 novembre, deux jours après les premières manifestations, à « entendre la souffrance » des « gilets jaunes ». | politique | 9 |
Le Florian Pellissier Quintet. LAURÈNE BERCHOTEAU Jeudi 26 avril 2018. Florian Pellissier présente au public du Duc des Lombards son nouvel album « Bijou Caillou Voyou ». La dernière fois que j’avais pu voir le quintet sur scène, c’était en octobre 2014 au Studio de l’Ermitage à l’occasion de la sortie des « Biches Bleues », son deuxième album. Au Duc je mesure le chemin parcouru. J’avais découvert Florian plusieurs années en arrière comme pianiste du groupe de latin soul Setenta. Le gars jouait dans une demi-douzaine de groupes en même temps tous dans des registres différents. Je m’étais promis de lui consacrer un papier, quitte à m’éloigner de la thématique de mon blog intitulé alors Mundo Latino. La rencontre avait fini par se faire un beau mois de mai 2016 en pleine promo du « Cap de Bonne Espérance », une interview qualifiée de mythique par Florian en raison de sa durée : plus de trois heures. Nous avions prévu de nous revoir pour la parution de « Bijou Caillou Voyou ». « Tu reprendras là où on s’est arrêté », m’avait-il soufflé. « Cette chanson, c’est pour les darons. » m’avait-il dit en parlant de What a Difference a Day Makes, le standard de Dinah Washington qu’il avait repris avec le chanteur Leron Thomas. Ce soir, tout au fond du Duc, la scène en ligne de mire, une silhouette massive et fébrile n’en perd pas une miette. Un air de famille... Je me lance : « Vous n’êtes pas le papa de Florian ? » Il acquiesce. On échange quelques mots. L’homme n’est pas très loquace mais ses yeux pétillants de fierté en disent long. Je l’avais, mon daron. Paris – Londres – New York Montparnasse, deux ans après la fameuse rencontre. Même endroit (seul le nom a changé, le mythique Petit Journal ayant laissé la place au Jazz Café), même heure. Nous nous étions quittés au moment du lancement de « Lost Myself », disque sur lequel le quintet accompagnait la chanteuse états-unienne Shola Adisa-Farrar. Du jazz vocal qui n’a pas dû déplaire au papa de Florian. Une jolie transition pour la formation, dans un registre plus groovy, plus anglo-saxon. Quelques semaines plus tard et ce serait le Paris New-York Festival, qui verra la collaboration de Setenta avec Joe Bataan, figure tutétaire du latin soul. Un concert à Paris, suivi de deux sold-out au Ronnie Scott’s de Londres, le clou du spectacle s’étant joué au Summerstage de New-York dans le Bronx. Un jour à New-York, le lendemain à La Rochelle aux claviers de Guts. Jetlag et gueule de bois lorsque Florian apprend l’interruption de la tournée. Cela faisait plusieurs mois que le DJ, ancien d’Alliance Ethnik, trimbalait son live-band aux quatre coins du monde. Florian ne s’arrêtera pas pour autant. Du Brésil au Bénin, de Trinidad à la Martinique, nous tenterons ensemble de retracer la timeline des mois écoulés, en vain. Une vie de musicien sur les routes. L’accélération des particules. Ca n’est qu’à l’automne 2017 qu’il finit par poser ses valises. Depuis, il n’arrête pas d’enregistrer. Comme s’il lui fallait graver dans l’acétate l’expérience cumulée. Toute l’histoire du jazz ! Je m’interroge. « Du coup, comment faites-vous pour vous voir avec les membres du quintet ? » « On ne se voit pas souvent. On joue cinq à six concerts par an. On vit tous des rythmes effrénés. On se fait un doodle, on trouve une date trois mois plus tard, c’est tragicomique ! » Florian marque une pause. « Les albums sortent tous les deux ans. On a enregistré Bijou Caillou Voyou pendant la fête de la musique l’an dernier. Il me reste un an pour écrire ! » Je lui demande comment se construisent les albums. « On arrive en studio, les musiciens découvrent les morceaux -beaucoup de choses se passent en studio !- C’est une musique très libre. Et puis les types sont tellement bons que j’ai vite compris que j’avais tout à gagner à être dans une dictature... participative. » Je suis circonspect. « C’est toute l’histoire du jazz ! Chez Blue Note, la répet’ se faisait aux studios, la découverte du morceau pendant l’enregistrement. Prends One Finger Snap. Herbie Hancock avait juste écrit l’intro. Freddie Hubbard joue son solo de trompette entre les deux riffs de piano. Ce qui n’était qu’une impro est devenu le thème qu’on trouve maintenant dans les Real Book [la bible des jazzeux]. Il y a des dizaines d’histoires comme ça ! » Je crois qu’on peut arrêter l’histoire Je lui fais remarquer qu’au fil des albums, sa musique se fait plus accessible. « Exactement. Plus dansant, avec l’arrivée de Roger Raspail et Erwan Loeffel aux percussions. » Il égrenne les morceaux : Boca, Jazz Carnival, South Beach, Fuck With The Police… » Je l’interromps. « Fuck The Police, mais c’est quoi ce titre !?! » « Attention, c’est Fuck With The Police. C’est tout doux. Jazz Fm à Londres refuse de le jouer alors qu’ils l’adorent ! Sur iTunes, c’est le seul instru avec le label explicit lyrics. Si ça c’est pas un accomplissement ! » Mon gars est mort de rire. « Je crois qu’on peut arrêter l’histoire. » Le jeu de Roger Raspail, la voix d’Anthony Joseph, après la participation de Leron Thomas sur l’album précédent, la musique de Florian est au croisement de tous ses cercles d’influences… caribéens (Anthony Joseph et Roger Raspail), anglo-saxons et urbains (Leron Thomas et Guts), brésiliens (Cotonete), africains (Julien Lebrun de Hot Casa), latins (Setenta) et jazz avec les membres du quintet : Yoni Zelnik à la contrebasse, Yoann Loustalot à la trompette, Christophe Panzani au saxophone et David Georgelet à la batterie. #thelongestday #florianpellissierquintet #2ndset #ducdeslombards Une publication partagée par Florian Pellissier (@captaincavern75) le 26 Avril 2018 à 4 :45 PDT Un des plus beaux studios de la planète « L’album est plus accessible… notamment au niveau du son. » Florian veut m’emmener sur un sujet qui sembe lui tenir à cœur. « On a enregistré dans un des plus beaux studios de la planète qui se trouve à Paris et qui s’appelle Question de Son. Je le connais depuis Caribean Roots [l’album d’Anthony Joseph]. Jordan Kouby, l’ingé-son, est un surgeek. La console -l’élément principal d’un studio-, c’est une Neve EMI. Il y en a eu dix sur la planète, la Rolls des consoles. Dans les années soixante-dix, EMI à son apogée avait commandé à Neve dix consoles identiques qu’ils avaient installé dans leurs studios du monde entier, Abey Road par exemple, avec des réglages identiques pour faciliter les enregistrements des artistes internationaux. Il en reste huit en activité. A Question de Son, ils ont racheté la Mexicaine. C’est un studio cher pour un disque de jazz. Je me suis offert cette folie, ce qui aurait été impossible il y a cinquante ans à l’époque des grands enregistrements de jazz. » « C’est quoi, cette histoire de studio improvisé à Trinidad ? » A l’automne 2017, Florian avait participé au dernier enregistrement d’Anthony Joseph à Trinité et Tobago. « A Port-d’Espagne, il n’y avait pas de studio digne de ce nom. Le concept, c’était de faire venir Jordan afin de créer un studio mobile. On est allé à Sans-Souci. On s’est installé dans une maison un peu classe qui donnait sur une plage privée de 1 km de long. Jordan a monté le studio en une journée avec du matériel de location en raccordant chacun des musiciens dans sa chambre. On a tracké toute la journée pendant une semaine. C’était une expérience incroyable. » Je n’avais jamais vu le quintet comme ça « Vous avez joué à Church of Sound. Tu veux bien me raconter ? » C’était Alexis Blondin, un français de Londres, qui nous avait fait venir. C’est lui qui est derrière le Total Refreshment Centre. » Le Total Refreshment Centre est la plaque tournante du nouveau jazz UK. Florian est un grand fan de ceux qu’il appelle « les enfants de Shabaka ». Shabaka Hutchings à trente-trois ans le vétéran d’un mouvement qui secoue la scène jazz actuelle. « Tu sais que l’église est en activité ? Il n’y a que les Anglais pour faire ça ! Un vendredi par mois, ils vident l’église, installent la sono en quadri-frontal au milieu de la nef. Ils font venir les pompes à bière. Le concert se termine à minuit. A 1h tout est nickel, prêt pour l’office le lendemain à 10h. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’acid jazz deuxième génération sur la scène londonienne « A Church of Sound, le jeu c’est de jouer un set de covers, un set de compos. On avait repris La valse pour Hélène de Jeff Gilson. Gilson, c’est un truc de digger : Personne ne connaît. Il a été surnommé par un journaliste « le secret le mieux gardé du jazz ». Alexis voulait qu’on joue un set de jazz français dans l’esprit de Freedom Jazz France, la compil d’Heavenly Sweetness. Hasard du calendrier, le père d’Alexis, qui avait tourné un docu pour lequel Jeff Gilson avait écrit la musique, était là ce soir-là. Premier set blindé, moyenne d’âge vingt-cinq/trente ans, minettes dans le public, le truc hallucinant. » « On joue Hectorologie : les parents d’Alexis les larmes aux yeux, super-émouvant. Je passe au Rhodes pour un titre de Texier. Au beau milieu du morceau : clac ! Plus rien, plus de jus. Le concert finissait à minuit, le temps de réparer c’était autant de temps perdu. Comme on est un groupe acoustique, je leur propose de continuer. On joue Autumn Leaves version Cannonbal avec Miles. Les Feuilles Mortes, incontournable du jazz français, en acoustique dans l’église, trop beau ! Je n’avais jamais vu le quintet comme ça. » « Deuxième set. L’électricité est de retour. On s’était mis d’accord avec Anthony Joseph pour qu’il vienne chanter si ça lui faisait envie. On joue un morceau, deux morceaux, on entame Boca que je venais d’enregistrer pour lui la semaine précédente à Paris et qu’Anthony ne connaît pas. Anthony me fait un signe : C’est celle-là que je veux faire. Il monte sur scène, improvise des paroles de Caribbean Roots, tout le monde se lève… jusqu’à la fin du concert. La dernière demi-heure, on joue tous les morceaux groovy. On termine avec Jazz Carnival d’Azimuth, jazz-funk brésilien, un morceau club, hyper-dansant. Toute l’église est partie en dance-floor. » Arthur H a bouleversé mon canevas « D’où t’es venue l’idée d’inviter Arthur H ? » « L’idée vient de Frank [Descollonges, le patron d’Heavenly Sweetness]. Il avait envie de faire un featuring avec un jazzman français. Finalement, on a demandé à Arthur H. Quand j’étais jeune, j’adorais le morceau Cool Jazz. Dans mon immense naïveté, j’avais imaginé écrire la suite. Mais c’était mon fantasme. Finalement il est venu avec sa chanson, avec des paroles à la Gainsbourg qu’il avait écrites à partir de l’histoire du vol des bijoux de la Kardashian. C’était mort pour ma collaboration. Mais au final, ça a fonctionné beaucoup mieux que ce que j’avais espéré. » « Je veux bien te croire. Il y a même une suite : Hibou bleu. » « Ça, c’est la coda. » « C’est quoi, la coda ? » « La coda, c’est le terme générique qu’on utilise pour signifier la fin d’un morceau. Depuis le hard-bop, et peut-être encore plus depuis la génération du jazz hip-hop, les musiciens s’amusent à improviser sur la coda et à la faire durer de plus en plus longtemps. Ça remonte aux débuts de l’histoire de la jam. Se servir du thème pour improviser, et plus que ça, de l’énergie du morceau qui se termine pour voir où cet univers peut t’emmener. » « On fait une prise. Il nous sert la main. C’était super, les gars, à bientôt. Imagine : On avait réservé le studio pour une journée et en dix minutes c’était plié ! La première prise était parfaite, impossible d’argumenter ! Le challenge était de faire jouer Arthur H avec un quintet de jazz. Je n’imaginais à quel point il allait être si bon, si précis, si juste avec un groupe qu’il ne connaissait même pas. Il va se poser au piano. Je vais le voir, tente de négocier. Je lui dis qu’on aimerait bien refaire un essai, voir si on pouvait improviser quelque chose. Au bout de quelques minutes il revient. Deuxième prise… nickel ! Troisième prise… nickel ! A la quatrième on est parti en vrille, il s’est mis dedans, a fait des volutes avec nous. Il s’est effacé quand le quintet est parti dans son trip. Une véritable intelligence musicale, très agréable. » Je tente une conclusion. « Ce double-morceau est central, très fort…» « Complètement. C’est le titre de l’album. Ça ne pouvait pas être autrement. Il a bouleversé mon canevas. Ce morceau est très fort émotionnellement et s’inscrit totalement dans ma folie. L’album ne pouvait pas être autre chose que Bijou Caillou Voyou. » Et toi, tu fais quoi en ce moment ? « Une sacrée expérience. Ca doit être ta plus belle rencontre… » Et là je vois mon gars mi gêné, mi sourire en coin : « Il y a trois semaines je t’aurais dit oui... » Il lâche le morceau. « En ce moment je bosse sur l’album d’Iggy Pop avec Leron Thomas. » Je tente de raccrocher ma mâchoire. « Le Iggy Pop ? » Je rassemble mes idées. « Attends, attends, attends ! Leron, c’est bien le type qui t’avait snobé quand tu étudiais à la New School à New York et qui chante sur le Cap de Bonne Espérance ? » « C’est ça. Le titre pour les darons. Leron, c’est un génie, le protégé de Gilles Peterson. Il n’a pas la carrière qu’il mérite parce qu’il n’écoute rien de ce qu’on lui dit. Un électron libre. Sauf que ça a fini par payer : Il a rencontré Iggy Pop ! Leron, c’est un punk. C’est le dernier punk qui rencontre le premier punk. » « Mais toi, qu’est-ce que tu viens faire dans tout ça ? » « Ce que je ne t’ai pas raconté, c’est qu’en septembre dernier, j’ai enregistré l’album de Leron. Mais il a procrastiné, son autre projet a cartonné, l’album n’est jamais sorti. Quand il a rencontré Iggy, il lui a fait écouter. Iggy lui a dit : C’est ce son-là que je veux ! Et lui a emprunté des compos. Il y a des morceaux sur lequel je joue ! On est en train de mixer l’album. » Florian s’interrompt. « Tu imagines : Quand tu croises un musicien, la première question que tu poses, c’est : Et toi, tu fais quoi en ce moment ? Qu’est-ce que je dois répondre ? Là, je bosse sur l’album de Iggy Pop ? » A la fois Amusé et éberlué, il rit dans sa barbe. « Et normalement, tu ajoutes : Et toi ? » A la fois amusé et éberlué, je me dirige vers la gare qui, à cette heure-là, n’est guère plus qu’une carcasse. De retour dans la chaleur du foyer, je me replonge dans la plaquette que m’avait envoyé sa production. Je tombe des nues. J’envoie immédiatement un message à Florian : « Le vaudou ! On n’a pas parlé du vaudou. » A suivre… A lire dans les archives du blog : Entretien avec Florian Pellissier Florian Pellissier Quintet – Nouvel album : « Bijou Caillou Voyou » (2018, Heavenly Sweetness) | le-jazz-et-la-salsa | 544 |
Alfred Wallace, vers 1895. London Stereoscopic & Photographic Company Le 7 novembre 1913 disparaissait un des esprits scientifiques les plus brillants de son temps, le naturaliste anglais Alfred Russel Wallace (1823-1913), codécouvreur du principe de la sélection naturelle. Longtemps plongée dans l'ombre de son illustre aîné, Charles Darwin (1809-1882), son oeuvre, d'une exceptionnelle ampleur, commence à être redécouverte, notamment en France, sous l'impulsion des Editions de l'Evolution, qui lui consacrent une collection et ont publié sa première biographie en français (Alfred R. Wallace, l'explorateur de l'évolution, de Peter Raby). N'eût été la sélection naturelle, Wallace demeurerait comme l'un des premiers savants à avoir tenté de décrire le monde naturel dans un contexte évolutionniste et l'un des très grands noms dans l'histoire d'un champ interdisciplinaire à la source de nombreuses problématiques actuelles en matière de biodiversité ou d'écologie, la biogéographie - c'est-à-dire l'étude de la distribution géographique des êtres vivants et de son histoire. Dans un des ouvrages qu'il lui consacra (Island Life, 1880), Wallace énonça en termes très simples l'objet de la biogéographie : expliquer pourquoi des organismes « sont là et d'autres ne sont pas là ». INVENTAIRE DES FAUNES ET DES FLORES DE LA PLANÈTE Ce n'est qu'au XIXe siècle que les naturalistes commencèrent un inventaire suffisamment complet des faunes et des flores de la planète pour que puissent être observées de grandes tendances dans leur répartition - des « motifs » représentables sur des cartes, dénommés « zones biogéographiques », ou « écozones », selon la terminologie actuelle. Wallace fut l'un de ces pionniers. Biogéographe lui-même et professeur à la Western Kentucky University, Charles H. Smith oeuvre à la « réhabilitation » du naturaliste anglais, auquel il consacre une étude, "Enquête sur un aventurier de l'esprit, le véritable Alfred Russel Wallace" (Editions de l'évolution, 340 p. 22 €) Enquête sur un aventurier de l'esprit LE VERITABLE ALFRED RUSSEL WALLACE . Pour lui, « Wallace est le véritable «père» de la biogéographie, tout au moins de la biogéographie historique » (la branche qui analyse l'histoire du peuplement, à travers l'histoire géologique du globe et la systématique phylogénétique). « Il a développé les méthodes d'étude utilisées dans la discipline et incorporé la théorie cruciale de la sélection naturelle. Certaines de ses idées sont toujours bien vivantes dans la biogéographie moderne. » Science Journal AAAS Pour preuve, la parution dans Science, en janvier, d'une nouvelle carte mondiale des vertébrés, élaborée à partir de données sur la distribution et les relations phylogénétiques de 21 037 espèces d'amphibiens, d'oiseaux et de mammifères. Un travail qui met à jour la carte publiée par Wallace, en 1876, dans l'ouvrage The Geographical Distribution of Animals, qui a façonné notre vision du monde vivant jusqu'à aujourd'hui (elle est encore à la base de la répartition du monde en « écorégions » du Fonds mondial pour la nature - WWF -, par exemple). NOUVELLE CARTE ET NOUVELLES ZONES BIOGÉOGRAPHIQUES A nouvelles données, nouvelle carte et nouvelles zones biogéographiques : « Wallace avait divisé le monde en six grands «royaumes» biogéographiques, nous en obtenons onze », explique Jean-Philippe Lessard, du Centre de la science de la biodiversité du Québec, l'un des auteurs. « Sur le plan pratique, cela oriente les travaux comparatifs en matière de diversité et de conservation », poursuit le chercheur. La région panaméenne (Amérique centrale et Caraïbe), par exemple, est désormais une région en soi, biologiquement dissociée de l'Amérique du Sud et pouvant faire l'objet d'une politique de conservation distincte. « Nous pouvons aussi songer à préserver les espèces non plus seulement en fonction de leur rareté, mais en nous assurant que nous préservons le tronc de l'arbre de la vie », complète Jean-Philippe Lessard. « Si les monotrèmes disparaissent, par exemple, ce ne sont pas seulement quelques espèces rares qui s'éteindront, mais des espèces qui représentent plusieurs millions d'années d'histoire évolutive du vivant. » Certains organismes intègrent déjà cette vue, comme le programme EDGE of Existence, initiative de conservation ciblant spécifiquement les espèces menacées représentant une part significative de notre histoire évolutive. "APPROCHE PHYLOGÉNÉTIQUE" Wallace ne disposait ni des données, ni des outils informatiques et statistiques, ni des concepts nécessaires en biologie et en géologie (systématique phylogénétique, tectonique des plaques) pour parvenir à de tels résultats. Mais, sur le plan conceptuel, Jean-Philippe Lessard estime que cette nouvelle carte des vertébrés rejoint sa démarche : « Plutôt que de se focaliser sur les espèces, Wallace a basé ses travaux sur la distribution des familles et des genres, en tenant compte des hiérarchies taxonomiques. C'est ainsi qu'il est parvenu à délimiter des régions qui reflétaient les relations ancestrales entre les groupes d'animaux, ce qui est en quelque sorte l'équivalent d'une approche phylogénétique. » Wallace pensait que les faunes avaient des parentés véritables, déterminables grâce aux parentés biogéographiques, et que ces parentés reflétaient l'histoire de l'arbre de la vie. Il fut le premier à ainsi lier la théorie de l'évolution à l'étude de la répartition des espèces, accordant autant d'importance aux fossiles qu'aux animaux actuels. Il sélectionna les genres comme unités plutôt que les espèces, car ces dernières étaient trop nombreuses et « représent[ai]ent les modifications les plus récentes de la forme ». Il préféra aussi s'en tenir aux mammifères, parce que leur large répartition dépendait essentiellement de celle des terres plutôt que d'accidents, et parce qu'ils étaient mieux classifiés et bien représentés dans les archives fossiles. Ces choix méthodologiques dominèrent la biogéographie jusqu'au milieu des années 1960. CONNAISSANCE ENCYCLOPÉDIQUE Mais comment, à son époque, Wallace en vint-il, d'une part, à récolter suffisamment de données pour estimer de façon principalement statistique l'importance relative des différents groupes d'animaux et, d'autre part, à imbriquer si étroitement l'étude de la dispersion et l'évolution des espèces par le biais de la sélection naturelle ? Il emprunta l'idée des grandes régions biogéographiques à Philip Lutley Sclater (1829-1913), qui venait d'effectuer une séparation du monde en six régions zoologiques pour les oiseaux (1858). Sa boulimie de lecture et sa prodigieuse mémoire lui permirent ensuite d'acquérir une connaissance encyclopédique des faunes de toutes les parties du globe. Mais, pour deux d'entre elles, il utilisa les données qu'il avait lui-même recueillies. En 1848, âgé de 25 ans, il convainquit son ami, l'entomologiste Henry Walter Bates (1825-1892), son initiateur en matière de collecte d'insectes, de partir pour le bassin amazonien. A la différence de Darwin, dix-sept ans plus tôt, Wallace embarqua pour son premier grand voyage naturaliste avec l'idée que les espèces apparaissaient par le moyen de lois naturelles. Mais « penser qu'il avait pour objectif de confronter cette hypothèse avec des données de terrain est un peu idéaliste », estime Jean Gayon, philosophe et historien des sciences. « Il avait à gagner sa vie, c'était avant tout un voyage d'exploration destiné à collecter des spécimens zoologiques pour pouvoir les vendre aux muséums et aux riches amateurs. » Alfred Wallace. Jean-Luc Navette «LIGNE WALLACE» » Dans la relation de ce premier voyage, Wallace montra que la dispersion des espèces et des variétés dans les bras de l'Amazone était fonction des obstacles géographiques. Malheureusement, la plupart de ces spécimens et de ses carnets de notes ayant été perdus dans le naufrage du bateau qui le ramenait en Angleterre, le manque de références techniques fit que ce premier livre fut peu prisé. En 1854, Wallace obtint l'aide de la Royal Geographic Society pour se rendre, cette fois, dans l'archipel malais, partiellement inexploré et fort dangereux (une dizaine d'explorateurs y avaient laissé leur peau entre 1821 et 1851). Il y resta huit ans, parcourant 14 000 milles (près de 25 000 km), visitant des dizaines d'îles et collectant 125 660 spécimens d'animaux - qu'il put monnayer, cette fois. Remarquable naturaliste de terrain, extrêmement attentif et méticuleux, il put déceler de très petites différences et les corréler aux lieux où il les observait. « C'est grâce à ces nombreuses années passées à observer la faune sur l'archipel malais qu'il put effectuer une très belle découverte à son époque : une discontinuité géographique dans la composition de la faune entre l'Asie et l'Australie, qui fut nommée en son honneur «ligne Wallace» », rappelle Jean Gayon. « LA SUCCESSION DES ESPÈCES » Ses observations biogéographiques en Insulinde furent aussi capitales dans sa découverte du principe de la sélection naturelle. Il rédigea, lors de son séjour, trois articles se rapportant à « la succession des espèces ». Dans le premier (septembre 1855), il écrivait que « chaque espèce a pris naissance en coïncidence géographique et géologique avec une autre espèce étroitement alliée et préexistante », mais ne disait mot du mécanisme en cause. A mille lieues de se douter que Wallace marchait dans ses pas, Darwin eut ce commentaire : « Lois de distribution géographique. Rien de très neuf ». Seulement trois ans plus tard, dans son troisième article, rédigé à Ternate, Wallace avait réorganisé ses idées et fut en mesure de proposer un mécanisme de transformation des espèces, la sélection naturelle, ce qui poussa Darwin à rédiger L'Origine des espèces en toute hâte. > A lire : Darwin a-t-il brûlé la politesse à Wallace ? Darwin affirma toujours que le principe de Wallace était identique à celui que lui-même proposait. Pour Jean Gayon, ils divergent tout de même sur quelques points : « Wallace récuse toute analogie avec la sélection artificielle, alors qu'elle est fondamentale pour Darwin. Darwin insiste aussi beaucoup sur le fait que la sélection naturelle est un processus de tri entre des différences héréditaires individuelles. Chez Wallace, c'est plus compliqué : la sélection naturelle s'applique, plus que chez Darwin, aussi aux groupes. » Mais c'est sur la place de l'homme dans l'évolution que le désaccord le plus sérieux doit être souligné. "L'HOMME EST DESCENDU D'UNE FORME ANIMALE INFÉRIEURE" Dès 1838, Darwin était persuadé que la sélection naturelle pouvait rendre compte de l'apparition et de l'évolution de l'espèce humaine - mais il écarta délibérément le sujet jusqu'à la publication de La Filiation de l'homme, en 1871. C'est Wallace qui, le premier, appliqua la théorie de la sélection naturelle à l'homme dans une communication retentissante donnée en 1864, avant d'opérer un brusque revirement. En 1869, il annonça finalement vouloir limiter la portée de la sélection naturelle dans le cas de l'homme. L'un de ses principaux arguments était que les hommes préhistoriques (et les « sauvages » : il avait recueilli de nombreuses données ethnographiques lors de ses expéditions) possèdent un cerveau disproportionné par rapport à leurs besoins, en contradiction flagrante avec le fait que la sélection naturelle fonctionne selon un principe d'utilité immédiate. « L'homme est descendu d'une forme animale inférieure, mais (...) a été modifié d'une manière spéciale par une autre force dont l'action s'est ajoutée à celle de la sélection naturelle », écrivit-il. CONVERSION AUX PHÉNOMÈNES SPIRITES Sa motivation semblait s'enraciner dans sa conversion aux phénomènes spirites qui subjuguaient ses contemporains. Cette force supplémentaire, mal définie, oscillait entre les « esprits » et une intelligence directrice supérieure, guidant l'apparition de nos capacités mentales et morales supérieures. Pour Darwin, c'était une défection regrettable au sein du camp évolutionniste. Amer, il écrivit à Wallace : « J'espère que vous n'avez pas tué trop complètement votre enfant et le mien. » Mais la démarche de Wallace, pour singulière qu'elle fût, avait à ses yeux une certaine cohérence - et relevait pour lui de la méthode scientifique. C'était l'échec de la sélection naturelle à tout expliquer qui l'avait poussé à postuler des forces relevant de lois naturelles encore inconnues. C'étaient donc les mêmes indices, qu'en bon biogéographe il s'était acharné à amasser des années durant en Amazone puis dans l'archipel malais, qui, après lui avoir permis de découvrir indépendamment le principe de sélection naturelle, allaient l'écarter de Darwin et projeter son oeuvre dans l'ombre durable de son aîné. > Lire aussi : Wallace, un engagé sur tous les fronts | sciences | 75 |
La cour suprême de Caroline du Sud estime que les messages consultés puis stockés sur un "webmail" sont consultables par un tiers. D.R. Les e-mails archivés dans un service en ligne sont-ils consultables par un tiers ? Oui, répond la cour suprême de Caroline du Sud, qui a validé une demande de divorce pour adultère suite à la divulgation d'une série de courriels, révèle le site spécialisé Ars Technica. Les messages du mari, hébergés en ligne, ont été fournis par sa belle-fille à l'avocat de sa mère. Le mari a porté plainte, considérant ces messages comme privés, et a perdu. Le tribunal estime que les courriels hébergés sur une messagerie en ligne n'entrent pas dans la définition de "stockage électronique" de la loi protégeant les échanges (le stored communications act). UNE DÉFINITION À DÉTERMINER Cette loi de 1986 divise les juristes depuis plusieurs années. Dans une décision de 2004, des messages également hébergés sur un service en ligne (comme Gmail, Live Mail ou Yahoo Mail) étaient, eux, considérés comme protégés. Pour la justice, les messages ouverts et laissés sur le serveur – plutôt que d'être supprimés – constituaient bien des sauvegardes, donc entraient dans la définition du "stockage électronique". La décision rendue en Caroline du Sud contredit directement cette interprétation. La loi protège les emails hébergés en ligne dans deux cas : lorsqu'il est hébergé dans l'optique de son envoi ou lorsqu'une sauvegarde en est effectuée. C'est la définition de sauvegarde qui divise les juristes : s'agit-il d'une copie temporaire en cas de problème à l'envoi ou d'une copie à plus long terme, une fois le message reçu et ouvert ? La loi date d'une période où les courriels étaient téléchargés et consultés sur ordinateur et non à partir du service en ligne, à la capacité de stockage très limitée. Les messages qui restaient sur le serveur étaient donc considérés comme abandonnés, donc consultables par un tiers. Le besoin d'une définition précise serait bien réel pour les fournisseur d'accès Internet américains, qui fournissent une boîte e-mail à leurs clients. Ils doivent composer avec des législations contradictoires sur le sujet. "Cette décision [de Caroline du Sud] est une preuve supplémentaire que notre régime juridique de surveillance électronique est devenu insoluble et incohérent, a expliqué à Ars Technica Woodrow Hertzog, professeur à l'école de droit Cumberland à l'université de Samford. Les débats sur les sauvegardes, les copies temporaires et la distinction entre lu et non lu semble avoir peu à voir avec l'usage que perçoivent les gens de leurs courriels." Pour l'expert, ce débat sera sûrement résolu par un changement législatif, qui reste encore à déterminer. | technologies | 21 |
Léonard de Vinci. Domaine public GALA Qu’est donc devenu Léonard de Vinci Que je voyais autrefois se promener, à Paris, Au bras de Marcel Moré escorté de Jules Verne ? § L’histoire s’est effacée. Li Po, Thomas d’Aquin, Paz, La Fontaine, Bukowski baignent désormais Dans une même lumière § Ceci Maïakovski l’a compris, Lorca l’a compris, Coupes transversales, pigments cutanés ; La ville leur a mis des bibelots de perles dans les mains. S’il est bien mort dix fois, comme Aragon son maître, il garde la haute main sur ses « œuvres posthumes ». Sa biographie tronquée ou ses échanges glamour avec ses amants anonymes font de Jean Ristat (né en 1943) le plus iconoclaste des poètes romantiques. Voir l’invisible ? Saisir l’insaisissable ? En jetant un œil par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, Pierrick de Chermont (né en 1965) choisit de déblayer le terrain. Sous les « jambes de fourmis, (relevées) à l’infini », on joue à deviner ce qu’il sait nous cacher. Kling ! Le nom de l’auteur semble consonner avec le bruit de ses mots. En 1996, Thomas Kling (1957-2005) débarque à Manhattan pour un séjour éclair ; juste le temps de croquer la « grosse pomme », de zoomer sur ses rides, bref, d’en capter la matière addictive… Œuvres posthumes, tome II, de Jean Ristat, Gallimard, 240 p., 24 €. Par-dessus l’épaule de Blaise Pascal, de Pierrick de Chermont, Corlevour, 148 p., 21 €. | livres | 0 |
La discussion est passionnante mais aurait néanmoins gagné à être réduite de moitié. Car ce qu'exprime la comédienne Juliette Binoche (qui est aussi danseuse, peintre, réalisatrice...), dans les deux premiers volets de cette conversation fleuve avec le vice-pésident d'Arte et écrivain Jérôme Clément est enthousiasmant et intense. Mais cinq rendez-vous (du lundi au vendredi), selon le principe de l'émission "A voix nue", c'est peut-être trop. On n'aura qu'à prêter une oreille bienveillante lorsque, pendant le troisième épisode de cet entretien, la comédienne livre ses considérations sur les bienfaits de la médecine chinoise et de l'homéopathie en prévention de la grippe... On se montrera plus attentif dès qu'elle reviendra à sa réflexion première sur la création et sur son travail d'artiste. C'est quand elle évoque son approche personnelle des différentes disciplines artistiques que Juliette Binoche, 45 ans, se révèle la plus étonnante. A propos de sa vocation de comédienne et de ses débuts au cinéma, elle dit ainsi : "Cela part d'un feu, d'une intensité intérieure qui chez moi s'est exprimée par trop de volonté." En se souvenant du tournage du film Je vous salue, Marie (1985), de Jean-Luc Godard, elle raconte ainsi spontanément ses difficultés à communiquer avec le réalisateur. "J'avais trop envie de bien faire, et donc je l'énervais à cause de ça" , se souvient-elle, s'exprimant avec intelligence, sans jamais minauder. Une qualité personnelle qui semble d'ailleurs la caractériser. De cette série d'émissions, on retiendra également le beau poème d'Henri Michaux, Clown, lu par la comédienne comme un point d'orgue à cette conversation. "A voix nue : Juliette Binoche", du lundi 4 au vendredi 8 janvier, de 20 heures à 20 h 30 sur France Culture. Hél. D. | vous | 8 |
Capture d’écran de la vidéo de DZ Joker dans laquelle il appelle au boycottage des législatives algérienne du 4 mai 2017. DR Ce sont des appels à l’abstention qui tombent mal pour les autorités algériennes. En l’espace de quelques jours, plusieurs youtubeurs ont posté des vidéos appelant sans détour à boycotter les élections législatives du jeudi 4 mai, sur lesquelles le pouvoir compte pourtant pour renforcer sa légitimité. Lire aussi A Alger, le désintérêt pour les élections législatives Postée le 27 avril, celle de DZ Joker, un youtubeur de 26 ans connu depuis 2011, a remporté le plus grand succès avec 3,3 millions de vues. Intitulée « Mansotich », littéralement « je ne sauterai pas », jeu de mots avec « Manvotich » (« je ne voterai pas »), elle s’adresse aux Algériens et au pouvoir. Les habits des maux algériens DZ Joker, filmé avec en fond le Monument des martyrs à Alger, y interroge en préambule : « Pourquoi veux-tu entendre ma voix seulement à l’approche des élections ? », avant d’endosser les différents habits des maux algériens. Dans l’eau, au milieu des débris d’un bateau qui a fait naufrage, il se met dans la peau d’un harraga, ces jeunes qui tentent de gagner l’Europe par la mer, et demande pardon à sa mère. Allongé sur un lit d’hôpital, il s’en prend au pouvoir : « Au lieu de nous bâtir un hôpital, tu as préféré bâtir une mosquée à 200 milliards [de dinars] », en référence à la Grande Mosquée d’Alger, projet pharaonique en cours d’achèvement. « Tu dis qu’il y a déjà un hôpital ? C’est pour cela que le maître de la maison court à l’aéroport dès qu’il se sent mal ? » En jeune supporteur de foot, il s’en prend à l’état déplorable de l’éducation : « L’école est gratuite, mais le niveau est bas. La preuve : leurs enfants étudient là-bas. » Les situations de détresse se succèdent : un sans abri attend un logement depuis 2001, un handicapé en fauteuil déplore sa maigre pension mensuelle, un jeune en prison pointe cette justice « qui accable les pauvres gens », un père de famille n’arrive pas à faire son marché avec son maigre salaire. En quelques saynètes, avec poésie et émotion, DZ Joker dénonce la pauvreté, les abus de pouvoir, la corruption. « Je ne comprends rien à ton Parlement, ni qui y fait quoi ! Tu veux me voir partir, mais c’est ici que je veux vivre. Je dois parler même s’ils veulent m’en empêcher. Le plus important est que ce soir je dormirai en paix », conclut-il. Tribu des « merdéputés » Dans un tout autre style, Anes Tina adresse un message aux parlementaires algériens. Sa vidéo, postée le 26 avril, est un pastiche hilarant de la version arabe du film Le Message sur la vie du prophète de l’islam réalisé en 1976 par Moustapha Akkad et que les chaînes de télévision du monde arabe diffusent régulièrement à la veille de l’Aïd. L’usage de la langue arabe classique par des acteurs vêtus d’accoutrements censés remonter à l’ère du Prophète pour évoquer des situations actuelles en Algérie rend le tout particulièrement comique. La vidéo commence par montrer le porte-parole de la « tribu du peuple » en colère qui lance : « Il ne nous reste qu’une solution. Ecrivons le message (…) Message d’Anas Ibn Tina porte-parole et chargé de l’info de la tribu du peuple au vicieux, dissolu, malfaisant, impudent, hypocrite, le maudit et débauché… émir de la tribu des Khalarmaniyine ». « Khalarmaniyine » est un mot-valise qui mixe les mots « merde » et « parlementaires », ce qui en français pourrait donner la tribu des « merdéputés ». Le message annonce au nom de tous les dieux dont celui de la « brosse » (sous-entendu à reluire) que la tribu du peuple boycottera la « campagne électorale » des « merdéputés », « n’achètera pas leur produit » et ne « se mariera pas avec eux ». Le porte-parole de la tribu du peuple demande à son secrétaire si le message a été envoyé, lequel lui répond : « Patience, les connexions de Koraiche [la tribu dont est issu le Prophète] est lente. » Une référence cocasse à la lenteur du débit d’Internet en Algérie, objet de blagues infinies dans le pays. Dans une autre scène, Ibn Tina découvre que l’émir de la tribu du peuple a accepté de l’argent du chef de la tribu des « merdéputés », il le gifle et rend l’argent en déclamant : « On ne nous achète pas. On ne vous a pas vus depuis cinq ans. Où étaient vos cadeaux durant ces années ? » Le « merdéputé » répond que la situation est « différente » cette fois : « Vous êtes entourée par Rome et la Perse qui menacent. Il faut participer à la construction du pays. » Allusion directe au discours officiel qui met en avant la situation dangereuse en Libye et dans les autres pays voisins pour appeler au calme social. L’offre du représentant des « merdéputés » devient alléchante : elle passe de 1 000 chameaux à 100 000 puis à un milliard. Ibn Tina est troublé. Un de ses partisans lui dit de ne pas céder. « Vous le paierez cher, peuple qui ne vaut pas cher », lance le « merdéputé » qui dit qu’ils ne les défendront plus jamais et que rien ne les lie. La vidéo s’approche des 2,5 millions de vues. Les « brosseurs » à reluire Le petit film le plus subversif s’intitule « La Takon Chiyatan », « ne sois pas un brosseur » (brosse à reluire). Parodie d’un film de zombies, il montre dans une ambiance à la Mad Max le président Bouteflika qui « a accaparé le pouvoir » et ceux qui lui font de la lèche, les « brosseurs » (« chiyatine »). Toutes les personnalités politiques y passent : le premier ministre Abdelmalek Sellal ; le chef du parti islamiste MSP Abderrezak Makri ; le chef du parti MPA, Amara Benyounes ; la cheffe du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune ; le chef du parti au pouvoir, le Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia ; et enfin le patron de la chaîne TV Ennahar et du journal du même nom, Anis Rahmani. Le film présente cette meute de « chiyatine » derrière la voiture du président, les seuls à s’intéresser à un rendez-vous électoral. La voix off déclare : « Aucune personne sage n’accorde de l’intérêt à l’élection sauf les brosseurs qui sentent leur maître dans l’air, ils courent derrière lui comme des bêtes dans le Sahara pour un peu d’eau. Les jours noirs arrivent. Ce sont des créatures viles qui font de la lèche à leur maître et qui halètent derrière lui. Qui se marchent dessus… alors que leur maître, comme d’habitude, les jettera au premier virage comme des sacs d’ordures. Mais les brosseurs sont sans foi, ils se relèveront et courront à nouveau derrière leur maître. Regarde-les, ne sont-ils pas la lie de l’humanité… Ne soit pas un brosseur, meurs en essayant de ne pas être un brosseur ! ». Kamal Labiad, l’auteur, intervient directement à la fin de la vidéo pour demander aux Algériens de ne pas aller voter « et de ne pas donner de légitimité à des gens qui trahissent le pays ». Le film a été vu plus de 150 000 fois. Lire aussi A Rouiba, la grande inquiétude des ouvriers algériens | afrique | 18 |
Cent vingt-trois pays représentés, 80 ministres, 900 experts, des dizaines d'ONG, des médecins, des juristes, des religieux… Jamais une conférence sur le sujet du viol, utilisé comme arme de guerre, n'avait pris une telle ampleur. Jamais un rassemblement de décideurs, au plus haut niveau, n'avait manifesté l'ambition collective d'éradiquer un tel fléau. Le sommet mondial organisé à Londres du 10 au 13 juin « pour mettre un terme à la violence sexuelle dans les conflits » s'est donc voulu historique. En proclamant solennellement une tolérance zéro pour ce qui est désormais reconnu comme un « crime international majeur ». En mettant en place un « protocole international » pour enquêter sur les faits, et faciliter les poursuites contre les auteurs. En affichant le souci de protéger et soigner les victimes, appelées dorénavant « survivantes ». Pendant quatre jours, les témoignages, les études, les statistiques ont afflué, donnant la mesure d'un sujet longtemps considéré comme tabou mais bel et bien universel. Des récits de barbaries à soulever le coeur, comme ces viols pratiqués sur des bébés de moins de 2 ans, soignés récemment à la clinique du docteur Denis Mukwege en République démocratique du Congo (RDC). Des chiffres à donner le vertige : plus de 150 millions de petites filles (selon l'Unicef) victimes de violences sexuelles chaque année ; 36 femmes ou enfants violées par jour en RDC, 200 000 au moins depuis 1998 ; plus d'un demi-million en Colombie dans la dernière décennie, avec une forte aggravation entre 2011 et 2012 ; entre 250 000 et 500 000 pendant le génocide rwandais ; au moins 20 000 en Bosnie au début des années 1990 ; 20 000 au Kosovo. Sans parler du Sri Lanka, de la Somalie, du Liberia, du Soudan, de la RCA, de l'Egypte, de la Libye… INJUSTICE ABSOLUE Des activistes syriennes ont témoigné. A la fois des viols perpétrés dans les centres de détention secrets du régime de Bachar Al-Assad et des violences commises contre les femmes dans les camps de réfugiés hors Syrie. Partout, une même constance : l'impunité des auteurs et ordonnateurs des viols. Partout le même désespoir des survivantes, le plus souvent rejetées par leur famille. Partout la honte des victimes. L'injustice absolue. | international | 13 |
A l'aube de la seconde guerre mondiale, au moment où les dirigeants européens ont le regard tourné vers l'Autriche et l'Allemagne nazie, la cour d'Angleterre se déchire lorsque le roi Edouard VIII abdique pour épouser Wallis Simpson, une Américaine divorcée, obligeant son jeune frère Albert, fragile et taciturne, incapable de parler en public, à porter la couronne sous le nom de George VI. Une histoire poignante portée à l'écran par Tom Hooper dans Le Discours d'un roi (2010). Ce documentaire de Claire Walding tente d'aller plus loin et revient sur les déchirements profonds qu'ont connus les Windsor au milieu des années 1930. Se fondant sur de nombreuses archives officielles, le film dresse le portrait des deux frères, Edward et George, et illustre la crise dynastique de l'année 1936 par les prises de position politiques d'Edward, dont plusieurs de ses fréquentations avaient des sympathies pour l'Allemagne nazie. Derrière le -style de vie, c'est bien l'identité de la monarchie anglaise, son rôle et ses valeurs que l'abdication d'Edward met au grand jour. Les spectateurs qui auront vu Le Discours d'un roi auront sans doute du mal à se passionner pour cet Edward et George, deux frères pour une seule couronne. Reste que le succès populaire du film pousse à la curiosité. Car, derrière l'histoire mélodramatique, se joue une pièce beaucoup plus politique, une page d'histoire assez méconnue de la Couronne britannique. Claire Walding (All., 2011, 52 min). | vous | 8 |
La compagnie Iberia a annulé 124 vols lundi 9 avril, soit 38 % du trafic prévu, pour la première journée d'une nouvelle série de grèves prévues tous les lundis et vendredis jusqu'au 20 juillet par les pilotes, qui dénoncent les conditions de création de la filiale à bas coûts Iberia Express. Une première série de 12 journées de grève lancée en décembre avait abouti à l'annulation d'environ un tiers des vols à chaque fois, coûtant environ 36 millions d'euros à la compagnie. Les négociations entre le principal syndicat des pilotes, Sepla, et la direction de la compagnie sont pour l'heure restées vaines. Sepla affirme que la création d'Iberia Express viole la convention collective des pilotes et que la direction a prévu de transférer 40 avions de la maison mère à la nouvelle filiale, ce qui signifierait "la suppression de 8 000 postes de travail". "ATTITUDE IRRESPONSABLE" De son côté, la direction a dénoncé "l'attitude irresponsable et intransigeante" du syndicat. Iberia a entamé une procédure en justice lundi dernier "pour que la grève soit déclarée illégale et abusive", a indiqué la porte-parole d'Iberia. La décision "peut prendre un mois, un mois et demi", a-t-elle ajouté. Iberia Express, filiale à bas coûts destinée à assurer le segment déficitaire des vols court et moyen-courrier d'Iberia, a vu son premier vol décoller le 25 mars, la direction ayant noué un accord avec la plupart du personnel, sauf les pilotes. Deux jours après, ces derniers décidaient 30 journées de grève. La compagnie commence avec quatre Airbus A320 et 17 liaisons, essentiellement en Espagne (Saint-Jacques de Compostelle, Ibiza, Palma de Majorque...), et quelques-unes avec l'étranger (Dublin, Naples, Amsterdam...). Elle prévoit de transporter d'ici fin 2012 2,5 millions de passagers sur "plus de 20" destinations, avec 14 avions et 500 employés. | economie | 7 |
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP. AP/Michel Euler A 24 heures de la convention de l'UMP sur "les défis de l'immigration", Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, a finalement décidé de revenir sur sa décision de démissionner du poste de secrétaire national de l'UMP chargé des questions d'immigration. Egalement membre du collectif la Droite populaire, il devrait conduire à la rentrée, avec Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, les travaux d'une convention dédiée à la "nationalité". "Il est hors de question de revenir sur la binationalité", déclarait pourtant, le 8 juin, le patron du parti présidentiel. Une déclaration qui faisait suite à un courrier envoyé aux 577 députés de l'Assemblée nationale par Marine Le Pen dans lequel la présidente du Front national pressait les parlementaires d'ouvrir le débat sur l'interdiction de la double nationalité. Cette fin de non-recevoir de Jean-François Copé a vivement irrité l'aile droite du parti présidentiel. "C'est un vrai sujet qui mérite d'être posé sans forcément adhérer aux thèses du Front national" explique Lionnel Luca, qui avait posé dans la balance sa démission de son poste de secrétaire national en charge de l'immigration. Soucieux de ne pas braquer cette frange de son parti, Jean-François Copé est donc revenu sur son engagement de clore le débat sur la question de la binationalité. Le député de Meaux a souhaité néanmoins souligner qu'"à titre personnel", il n'était "pas pour qu'on supprime la double nationalité." Après la promotion de Thierry Mariani, fondateur de la Droite populaire, de secrétaire d'Etat à ministre des transports, ce recul de Jean-François Copé est une nouvelle illustration du poids du collectif des députés de l'aide droite de l'UMP. Eric Nunès | politique | 9 |
Le ministre du redressement productif s'en est pris à la politique de la Commission européenne en matière d'aides publiques, qu'il juge destructrice pour l'industrie européenne. HAMILTON/REA « Si on attend qu'ils le fassent tout seuls, on attendra longtemps. » Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, entend « remettre de l'ordre » dans le secteur des télécommunications. Lors de ses vœux à la presse, jeudi 16 décembre à Bercy, M. Montebourg a annoncé qu'il allait demander aux opérateurs français des contreparties plus strictes en échange de l'utilisation des fréquences hertziennes, « qui relèvent du domaine public », a-t-il martelé. Ainsi, le prochain appel d'offres pour une bande hertzienne – celui concernant les fréquences 700 mégahertz (MHz) – devrait comporter des obligations en termes d'emplois, d'investissements « dans les zones rurales et les petites villes » et de relocalisation des centres d'appels. « Chaque fois qu'on attribuera une licence, on demandera des comptes », a précisé le ministre. « LES ARDEURS DES AMOUREUX DU LOW COST » Si M. Montebourg monte au créneau, c'est qu'il s'inquiète des conséquences – sur l'investissement et sur l'emploi – de la tension qui règne depuis des mois entre les opérateurs, à la suite du lancement des offres low cost de Free. Tension qui s'est encore aggravée à la fin 2013, quand le quatrième opérateur a aussi lancé des offres « 4G », la technologie récente de très haut débit mobile, à prix cassés. « Ils se font la guerre sur le dos de l'intérêt général. Hors de question de laisser les prix s'effondrer parce que des milliardaires [les patrons des opérateurs] se querellent sur la place publique », a asséné M. Montebourg, jeudi. « Nous voulons modérer les ardeurs des amoureux du low cost et préserver l'équilibre économique du secteur. Nous attendons que les opérateurs investissent 30 milliards d'euros ces prochaines années pour développer la fibre optique [le très haut débit fixe]. S'ils ne le font pas eux, qui le fera ? » Interrogés, jeudi, en réaction aux propos du ministre, des opérateurs minimisaient la portée de sa proposition. « Les déclarations du ministre rappellent juste une évidence : l'attribution d'une licence implique des droits et des devoirs », selon l'un d'eux. | technologies | 21 |
Le pape François a célébré le 24 décembre sa première messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican. AP/Gregorio Borgia Les célébrations ont débuté mardi 24 décembre au soir pour la communauté chrétienne. C'est le premier Noël que fête le pape François depuis son élection. A 21 h 30, François a commencé à dire sa première messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican. L'air grave, le pape argentin est arrivé au milieu d'une longue procession de 30 cardinaux et 40 évêques et s'est avancé dans la nef de l'immense église bondée pendant la prière solennelle de la Kalenda, chant qui récapitule l'attente biblique d'un Messie. Il a fait le tour de l'autel avec un encensoir, lançant d'une voix basse et rauque : « Pax vobis » (« la paix soit avec vous »). Avant d'embrasser une statuette de plâtre peinte représentant l'enfant Jésus. Neuf mois et demi après l'élection de Jorge Mario Bergoglio en tant que 265e successeur de l'apôtre Pierre, l'attente était grande sur les mots qu'allait dire le pape pour cette grande fête du calendrier catholique retransmise par les télévisions de 65 pays. La grande messe solennelle, dite « de minuit » devait finir une heure avant minuit. Les textes et les prières ont été récités ou chantés principalement en italien et en latin, de façon solennelle et classique. Une intention de prière a été prononcée en araméen, la langue du Christ. Une autre, pour les personnes persécutées en raison de leur foi, a été prononcée en chinois. UNE PRIORITÉ POUR LES GENS DÉMUNIS Dans sa courte homélie en trois points, le pape de 77 ans, d'une voix un peu rauque et essoufflé, a rappelé que les bergers, pauvres, de Bethléem avaient été les premiers à se rendre à la crèche où Jésus, dans la tradition biblique, venait de naître. « Les bergers, a-t-il dit, ont été les premiers (…) à recevoir l'annonce de sa naissance. Ils ont été les premiers parce qu'ils étaient parmi les derniers, les marginalisés. » Jorge Mario Bergoglio signifiait ainsi sa priorité aux gens démunis, signe distinctif de son pontificat. Jésus, a-t-il remarqué, n'est pas « un maître de sagesse » ou « un idéal dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés ». « En lui est apparue la grâce, la tendresse, la miséricorde », a-t-il déclaré, sans aucune allusion aux débats de société ou au relativisme comme le faisait son prédécesseur, Benoît XVI. « Le Seigneur vous répète : “N'ayez pas peur !” Moi aussi, je dis à tous : “N'ayez pas peur. Le Seigneur pardonne toujours. Là est notre paix” », a-t-il poursuivi. Jorge Mario Bergoglio est revenu sur un de ses mots préférés, « camminare » (« marcher », en italien) : « Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l'orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt dominent, alors les ténèbres descendent en nous. » « Le peuple est un peuple pèlerin, mais pas un peuple errant », a-t-il dit, affirmant qu'en chacun « il y a ténèbres et lumière ». CRÈCHE NAPOLITAINE Une bougie de la paix devant la crèche de la place Saint-Pierre, au Vatican. AFP/FILIPPO MONTEFORTE Une crèche napolitaine géante, figurant la naissance de Jésus à Bethléem, a été inaugurée dans la journée place Saint-Pierre, à Rome, et une lumière pour la paix allumée au nom du pape François, marquant le début des festivités au Vatican. Le cardinal de Naples Crescenzio Sepe a inauguré cette crèche, intitulée « Franscesco 1223 - Francesco 2013 » pour marquer le lien entre le saint (François) d'Assise, qui avait prêché la pauvreté radicale, et le pape argentin, qui a annoncé vouloir « une Eglise pauvre pour les pauvres ». Mais, à la déception des fidèles présents, le pape n'est pas apparu pendant la cérémonie pour allumer il lume della pace (« la bougie de la paix »). A Bethléem, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre Sainte, va appeler à une « solution juste et équitable » au conflit israélo-palestinien et à la réconciliation au Moyen-Orient, dans son homélie de Noël, en présence du président palestinien, Mahmoud Abbas, et de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en visite privée. La ville de Bethléem, en Cisjordanie, lieu de naissance de Jésus, illuminée pour les célébrations de Noël. REUTERS/AMMAR AWAD De Bethléem, le prélat rappellera « tous les drames de l'humanité sur les cinq continents : des guerres civiles en Afrique au typhon aux Philippines, en passant par la situation difficile en Egypte et en Irak et la tragédie syrienne ». Aux Philippines, les rescapés du violent typhon Haiyan ont fêté la Nativité avec ferveur au milieu des ruines, malgré les morts et les destructions. En Centrafrique, la capitale Bangui, toujours en effervescence, passait un triste réveillon de Noël sous couvre-feu et dans la psychose de nouvelles violences. Les messes catholiques et cultes protestants avaient été avancés dans l'après-midi pour raison de sécurité. CLIMAT ASSOMBRI A Bethléem, la place de la Mangeoire, en face de la basilique de la Nativité, a pris des allure de kermesse. La foule bon enfant se pressait au pied d'un sapin de Noël géant illuminé et d'une crèche. Mais le climat est assombri par les espoirs déçus après la reprise des négociations directes entre Israël et les Palestiniens à la fin de juillet. En dépit des violences et de l'impasse politique, la Terre Sainte se prépare à accueillir le pape François en mai prochain, un voyage prévu mais non encore annoncé officiellement. De son côté, le président palestinien a appelé lundi les pèlerins du monde entier à venir en Terre Sainte pour la visite du pape. Pour aller plus loin, lire l'analyse : Le pape François en fait-il trop ? | europe | 11 |
Sur les marches de la bourse de Bruxelles, le 23 mars. VIRGINIE NGUYEN HOANG/HANS LUCAS POUR "LE MONDE" Après les attentats qui ont frappé Bruxelles mardi 22 mars, le service culture du Monde a sollicité plusieurs artistes nés en Belgique, ou y ayant vécu et travaillé, pour recueillir leur réaction. Dick Annegarn : « Bruxelles est la capitale des bâtards » Chanteur néerlandais, vivant entre la France et le Maroc, il est notamment l’auteur du morceau iconique Bruxelles, fortement relayé par les réseaux sociaux depuis la tragédie : « Ma chanson accompagne la tristesse du moment et, du coup, je suis un peu sollicité. Demain, je dois passer au “Grand Journal”. C’est étrange, ce matin je faisais une animation en milieu scolaire dans la banlieue de Toulouse, et puis j’enchaîne avec des radios et des télés… Cette chanson résonne donc à nouveau. Bruxelles évoquait “une guerre qui est toujours à faire”. Je parlais de la guerre flamando-wallonne, de combattants et de combattus, et cette guerre je l’ai fuie. Je suis néerlandais mais j’ai vécu dans le nord de Bruxelles de 6 à 20 ans, mon père était traducteur pour le Marché commun. C’est une ville faussement paisible, avec beaucoup de misère, d’alcool, de violence. Une ville pleine de nostalgie. Je ne voulais pas rester avec ces soixante-huitards, ces types qui se tapent sur le ventre, “la danse des panses” dans la chanson. A l’époque, c’était un tas de verre et d’aluminium, que ce soit à l’aéroport de Zaventem ou à Molenbeek. Je me suis rendu compte alors que l’architecture pouvait être violente. La Belgique est un pays un peu artificiel, aujourd’hui un agglomérat d’intérêts européens. Bruxelles est la capitale des bâtards, et j’en suis un. C’est la ville d’Europe où l’on chante le mieux le blues, comme l’a montré Arno. La chanson a été écrite et enregistrée à Paris en septante-quatre. Elle a été reprise par Bashung. Il a fait une maquette qui était mieux que la version sur l’album [Le Grand dîner, Tribute à Dick Annegarn, Tôt ou Tard, 2006] mais il a eu peur de la sortir. La différence entre la sienne et la mienne, c’est que j’ai pleuré en l’enregistrant mais ça ne s’entend pas. Lui, je ne sais pas s’il pleurait mais ça s’entend. Ma voix est un peu fausse car je m’effondrais. L’artiste cède son œuvre. Bruxelles appartient donc à Bashung, Raphaël, Calogero, qui l’ont également chantée, à tout le monde. C’est une chanson qui n’est pas gaie, contrairement à la Bruxelles de Brel, guillerette, avec ses crinolines et la place de Brouckère. Précédée chez moi de “Artère vers l’enfer”… Bruxelles est une ville cosmopolite et j’espère qu’elle le restera. Je m’intéresse aux cultures belges, au pluriel, le wallon étant une des 70 langues. J’y ai été chanter en janvier, j’ai toujours de la famille, mon frère, ma sœur. Je vis aujourd’hui en Haute-Garonne et je passe beaucoup de temps au Maroc. J’ai une maison dans la Médina d’Essaouira, dans le quartier juif, où je suis bien accueilli. Il y a des alcoolos qui se défoncent à l’éther mais tout le monde sourit à tout le monde. C’est une ville avec trois religions, plus les Berbères, et ça cohabite. » Luc Dardenne : « Nous étions une génération qui n’avait pas connu la guerre » Cinéaste (Rosetta, L’Enfant, Le Silence de Lorna…), frère de Jean-Pierre, il vit à Bruxelles : « Je suis sous le choc. J’ai beaucoup de compassion pour les victimes et leurs proches. J’ai aussi beaucoup de haine pour ces terroristes qui nous haïssent à ce point. Nous étions une génération qui n’avait pas connu la guerre, eh bien, il faut se rendre à l’évidence, je crois que la guerre revient, sous une forme nouvelle et surprenante. Pour ma part, je crois que j’ai compris ce qui se passait chez nous dans les années 1990 lorsque j’ai été invité à participer à une initiative pédagogique destinée à intégrer les enfants de l’immigration. J’enseignais les mathématiques et le français, j’accueillais aussi chez moi certains élèves. J’ai donc pu voir comment, s’agissant de certains garçons avec lesquels j’entretenais un dialogue suivi, tout changeait dès lors qu’ils intégraient une école coranique. Or cet enseignement en Belgique est majoritairement assuré par des Wahhabites, des salafistes prédicateurs. Le dialogue ne devenait tout simplement plus possible. Ces adolescents, soudain, se trouvaient pris dans des questions de loyauté. J’ai vu, après le 11-Septembre, après l’attentat du Musée juif, comment une partie de la communauté musulmane réagissait chez nous, et j’en ai été stupéfait. Alors bien sûr, il y a un terreau social qui est à l’œuvre dans l’histoire de ce ressentiment. Mais il ne suffit pas à l’expliquer, loin de là. Le phénomène religieux a son autonomie, et sa responsabilité est grande dans cet idéalisme de la haine. Comme est grande la responsabilité des forces progressistes de n’avoir pas su voir ce phénomène, et d’avoir si souvent disqualifié la lutte légitime contre l’islamisme au nom de l’islamophobie. C’est aussi bien le modèle multiculturaliste belge qui est en cause, c’est lui qui a favorisé l’endoctrinement et la séparation de ces jeunes, et qui n’a pas su lutter pour la défense de valeurs communes. C’est pourquoi il serait important que nos amis musulmans qui défendent les idéaux des droits de l’homme le fassent publiquement et fortement savoir. Ils doivent descendre dans la rue et crier “pas en notre nom”, comme mon père, durant l’occupation, est entré en résistance pour signifier qu’on ne tuerait jamais en son nom. Beaucoup de Belges se trouveront alors à leur côté. » Jean-Pierre Dardenne : « Nous avons laissé se propager une culture de la haine » Cinéaste (Rosetta, L’Enfant, Le Silence de Lorna…), frère de Luc, il vit à Liège : « C’est le fanatisme en acte, et contre ce fanatisme, il ne faut avoir aucune pitié. Et pourtant ce sont aussi des circonstances où il importe de rester mesuré. Il faut garder notre calme, parce que les auteurs de ces crimes cherchent à nous le faire perdre. Il y a des gens qui ont visiblement décidé de partir en guerre contre tout ce que représente la démocratie. Ces gens-là sont des nihilistes, ils sont prêts à tout. Une rage les habite, qui me fait penser qu’ils se savent tenus en échec. De notre côté, nous avons été littéralement aveuglés par la culpabilité. En son nom, nous avons laissé se propager sur notre territoire une culture de la haine, et nous n’avons pas su défendre ceux qui, au sein de la communauté issue de l’immigration, défendaient des valeurs universelles. » François Schuiten : « Il faut défendre la beauté de Bruxelles, qui est sa mixité » Dessinateur de bande dessinée et scénographe belge, il réside à Bruxelles : « Ma maison est à Schaerbeck, c’est de là que sont partis les trois terroristes. A quelques rues de chez moi. Ce qui fait une grande partie de la beauté de Bruxelles, c’est sa mixité au cœur de la ville. Des migrations successives, turque, polonaise, marocaine, ont façonné les quartiers. Cette beauté en fait aussi sa fragilité. Les événements du 22 mars vont entacher l’image que nous avons de ces lieux. Molenbeek a tout pris dans la figure, mais il y a aussi Forest ou Schaerbeek. Il va falloir se méfier des raccourcis. Il risque, hélas, d’y avoir un mouvement favorisant l’exclusion, le rejet. C’est le moment de défendre Bruxelles, de réinventer son désir et sa fierté de ville, avec toutes ses particularités et sa mixité. Aujourd’hui, tout le monde est derrière nous, mais demain ? On ne va pas céder un pouce à ces gens-là. Surtout pas. C’est le moment où jamais d’aller faire la fête et je ne changerai rien à mes habitudes. Mais il faut être lucide avec la fragilité de nos sociétés ; il va falloir vivre avec. » Dominique A : « Ça ne me touche pas moins que le Bataclan » Chanteur, il a vécu quinze ans à Bruxelles avant de rejoindre Nantes cette année : « Je suis parti de Bruxelles en juin, j’ai l’impression d’être passé entre les gouttes. Je n’ai jamais eu d’affection outre mesure pour cette ville mais j’apprécie les gens là-bas. J’y étais pour des raisons familiales. Je n’ai pas aimé l’architecture : c’est un îlot isolé. Le façadisme bruxellois est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire en architecture, un assemblage hétéroclite de bâtiments. Je suis sensible au décor et ça jouait sur mon moral. Je me suis toujours senti un peu exilé, pas citoyen de cette ville. En fait, j’étais dans une semi-clandestinité. Mais j’y ai passé quinze ans de ma vie, donc j’ai des attaches. Ce qui s’est passé me touche énormément. Le batteur de mon groupe, Sacha Toorop, vit à Bruxelles, comme mon fils adolescent. Il était confiné dans son école qui n’est pas bien loin de la station de métro Maelbeek. Le frère du guitariste-clavier y passe lui à 9 heures tous les jours. Et un ami ingénieur du son se trouvait à une station de Schuman, où ça a pété. Quand je suis arrivé la première fois en 1993, il y avait l’idée que le centre-ville était mal famé, les maisons ne valaient rien, on disait que face à la Bourse c’était un coupe-gorge. Quand je suis revenu y vivre en 2000, la ville s’ouvrait. Je disais alors qu’à Bruxelles ça se passait bien, différemment de la France et de ses tensions communautaires. J’ai pourtant senti un durcissement ces dernières années. C’est du domaine de l’impression et je ne sais pas dans quelle mesure ce n’est pas influencé par le discours ambiant. Avant, quand tu passais de la Gare du midi à la Gare du nord, à Paris, l’agressivité te sautait à la gueule. Le contraste est moins violent aujourd’hui. J’ai vécu dans le centre, à majorité marocaine, avec quelques blancs-becs dans le lot dont je faisais partie. À 300 mètres du canal de Molenbeek. Cette commune avait mauvaise réputation, on m’avait dit de ne pas m’y installer, ni dans certains coins de Schaerbeek. Certains de mes amis y vivaient et ce n’était pas simple : il y avait des regards, des mots. J’ai enregistré au Jet studio à Molenbeek. Tu n’étais pas toujours le bienvenu. Je pense qu’il y a eu une sous-estimation des tensions entre les différents types de population. Quand je suis retourné jouer en janvier à l’Ancienne Belgique, plein centre, dans un espace piétonnier, on a tous été frappés par l’ambiance assez dure. Sur le coup de minuit, on voyait des mecs rôder et ça me rappelait la Gare du midi quand j’avais 23 ans. Les trois jours de couvre-feu avec les chars et les boulevards bloqués ont énormément marqué les gens. Il y avait déjà eu l’attentat au Musée juif [24 mai 2014]. Là, c’est un attentat de masse. On avait une nounou marocaine pour mon petit garçon, qui vit dans la rue des Quatre-vents [où ont été arrêtés Salah Abdeslam et quatre suspects]. Je pense très fort à elle et je vais prendre des nouvelles. Les familles musulmanes qui vivent dans ce quartier doivent se faire montrer du doigt et c’est épouvantable. Je pense aux gens que je connais là-bas, ce qu’ils doivent éprouver. Je viens de donner un concert en banlieue parisienne, à Sartrouville, et j’ai proposé une minute de silence, ce que je n’avais jamais fait. On m’avait demandé de m’exprimer sur le Bataclan, j’ai fermé la porte parce qu’il y avait trop de pathos et d’obscénité dans certains discours. Je m’exprime plus facilement s’agissant de Bruxelles. C’est quinze ans de ma vie. Ca ne me touche pas moins que le Bataclan, peut-être plus parce que ça touche quelque chose de plus intime chez moi. » Paul-Henri Wauters : « On vivait avec un syndrome pré-traumatique » Directeur artistique du Botanique, où est notamment organisé le festival Les Nuits Botaniques, il vit à Bruxelles : « Nous étions tous persuadés que cela allait arriver tôt ou tard. Si Paris a vécu un syndrome post-traumatique, nous vivions jusque-là avec un syndrome pré-traumatique. Après le 13 novembre, nous avons par exemple arrêté toute programmation pendant 10 jours. Jusqu’à récemment police et armée ont protégé le Botanique. Aujourd’hui, il va nous falloir gérer l’après traumatisme. Le concert de Rover, prévu mercredi 23 mars, a été annulé, mais il n’est pas impossible que nous décidions de très vite reprendre les concerts, histoire de ne pas abdiquer. Même si ce sera forcément compliqué, car nous sommes responsables de la vie des spectateurs. » Olivier Bastin : « Combien de temps tiendra notre résistance aux préjugés ? » Cofondateur de la coopérative d’architecture L’Escaut, implantée à Molenbeek, il vit à Bruxelles : « La forte présence militaire et policière dans le quartier suscite pour nous une forme de questionnement permanent. A chaque événement qui entraîne des niveaux de sécurité élevés, l’atmosphère est plombée. Molenbeek est d’habitude vivant, en effervescence. On y sent très fortement la présence des adultes et des enfants. Aujourd’hui, les rues sont vides, sauf lorsque les gens s’acheminent vers la mosquée au moment des prières. Il y a deux, trois jours, j’éprouvais un sentiment très positif ; on se disait “bonjour” dans la rue. Depuis mardi, les gens regardent le sol. On a peur du regard de l’autre, et en même temps notre regard change, notamment sur les jeunes qui vivent de petits trafics. On se dit que le parcours d’un Salah Abdeslam, dont la vie semble avoir été ordinaire, est accessible à n’importe lequel d’entre eux. On a l’impression que ce sera sans fin. Nous nous évertuons à garder un regard positif. Lorsque j’ai été Bouwmeester (maître architecte) pour la région bruxelloise, de 2009 à 2014, Molenbeek était la zone à investir, capable de porter des projets novateurs. On se demande aujourd’hui combien de temps ces tensions vont durer et combien de temps tiendra notre résistance aux préjugés. La question se pose vraiment. Beaucoup de personnes impliquées dans le comité de quartier de Molenbeek n’excluent plus de quitter les lieux. On ne peut pas généraliser notre attitude positiviste. » Michèle Noiret : « A Molenbeek, je ressens depuis longtemps un malaise » Danseuse et chorégraphe, elle vit à Molenbeek : « Bruxelles meurtrie s’effondre, désolation, carnage ; minute de silence, hommage aux victimes : désarrois. Un mélange de colère, de tristesse et d’impuissance, comme à Paris, des vies brisées, fracassées… C’était dans l’air : quand, où, comment ? Des questions que l’on avait presque oubliées, car depuis le 13 novembre, les militaires étaient partout, les chars en pleine ville, devant les métros, images surréalistes ; on bombe le torse, on essaye de rassurer, cela faisait presque partie du décor. Molenbeek pointée du doigt ? Comme beaucoup d’artistes, j’y habite et y ai mon studio de répétitions ; une commune multiculturelle, qui aurait pu être un exemple d’intégration, si le laxisme qui y a sévi, le manque de fermeté et d’intransigeance sur le fondement de nos valeurs démocratiques, n’avaient pas perduré pendant des années. Si, parfois, la façon dont cette commune bruxelloise est stigmatisée à l’étranger est risible, je ressens depuis longtemps un profond malaise, particulièrement en tant que femme, devant l’augmentation du nombre de jeunes filles voilées, de groupes de jeunes désœuvrés, de cafés où les femmes ne sont pas admises, et d’écoles où les professeurs n’osent plus parler de la théorie de l’évolution, de peur de se faire insulter par des élèves. Faut-il dès lors s’étonner ? Plus que jamais, portons la création, la vie : la liberté. » Wim Delvoye : « Entendre dire que la sécurité est plus importante que la liberté est effrayant » Plasticien, il vit entre Gand – où il est né et a son atelier – et Brighton au Royaume-Uni : « J’étais à New York le 11 septembre. J’ai vu comme la ville a changé en une semaine. Et les gens aussi, comment ils sont devenus durs. J’ai peur qu’ici aussi après les premiers jours de compassion, le pessimisme et le négatif ne l’emportent. Au-delà des morts et des blessés, nous sommes tous victimes de ces attentats. J’ai entendu le ministre-président dire déjà que la sécurité est plus importante que la liberté. Je trouve cela effrayant. Comme aux Etats-Unis, à cause de quelques terroristes, les attentats vont servir à dénigrer nos droits. Tout s’est radicalisé en quelques années, on voit des débats politiques auxquels on n’était plus habitués. Il y a quelque chose qui me fait penser aux années 1930. Cela va devenir sinistre ici. » Lionel Vancauwenberghe : « On a cassé l’insouciance » Chanteur du groupe pop Girls in Hawaii, il est établi à Bruxelles, comme l’ensemble des musiciens, originaires de Braine l’Alleud, à une vingtaine de kilomètres : « C’est pas facile d’en parler si tôt. Il y a eu un sentiment trouble, le choc du réveil. Je me suis dit : “Ca y est, c’est arrivé…” C’est comme si on s’y était préparé depuis les attentats de Paris, une ville-soeur. Le Bataclan est une salle dans laquelle nous avons joué. C’était devenu imaginable. A Bruxelles, ces attentats ont fortement remué les gens. Après, il y a eu le lockdown. On n’était pas sûrs que le gouvernement maîtrisait totalement la situation. Le contexte était horrible. Tous ces gens morts, ces familles endeuillées, ça aurait pu être moi. Bruxelles est un grand village, avec quelque chose d’intime. Le métro orange des années 1960 qui a été éventré est celui que je connais depuis que je suis petit. Je vivais alors à Waterloo, à vingt minutes de Bruxelles, et je le prenais pour sortir en ville. L’aéroport de Zaventem est associé aux vacances en famille. A l’insouciance, et c’est bien cela qui a été cassé. Il y a une espèce d’absurdité de s’attaquer à Bruxelles. C’est une ville ouverte, bordélique, bonhomme… » Lucas Belvaux : « On ne sait plus comment vivre ensemble » Cinéaste (La Raison du plus faible, Rapt…), né à Namur, il vit en France : « Je vis à Paris depuis 1979. Tout cela est donc à la fois très douloureux et très étrange pour moi. Quoique belge, j’ai eu un sentiment de réelle proximité lors des attentats parisiens du 13 novembre. Le quartier visé, la population visée, la cible recherchée étaient les nôtres. De nombreux artistes, et notamment des gens de cinéma, habitent ce quartier. J’ai eu beaucoup d’amis directement touchés par ce drame. La foudre est tombée très près. Et aujourd’hui Bruxelles. Et de nouveau des amis, des proches, des parents qu’on appelle. Ni plus ni moins que ce qui s’est déroulé à Paris. Simplement le sentiment que ça s’élargit, que ce n’est pas fini. De toute façon, on le sait, ces réseaux sont transfrontaliers. C’est l’Europe, l’Occident qui sont visés. Un certain mode de vie et de pensée. La raison à tout cela est évidemment complexe. Un ratage évident dans l’intégration des immigrés sur trois générations, un radicalisme religieux qui monte, une culture du compromis qui mène au désastre, tout particulièrement en Belgique où l’on a eu le sentiment d’acheter la paix sociale. D’une manière plus générale, ce que je constate, c’est que quelque chose s’est délité dans nos sociétés et que la violence monte en proportion de ce délitement. L’antisémitisme absurde des banlieues, le racisme inepte et la peur de l’autre dans des régions dépourvues de populations issues de l’immigration. Tous les discours se durcissent. On ne sait plus comment vivre ensemble. » Jan Bijvoet : « A Anvers, mes voisins kurdes, marocains, turcs sont tous effondrés » Comédien (L’Etreinte du Serpent, Borgman…), il vit à Anvers : « Je vis dans le quartier Nord d’Anvers. La plupart des gens y sont musulmans. Il y a des Marocains, des Kurdes, des Turcs, et pourtant tout le monde y vit en grande harmonie. Mes voisins sont tous effondrés. Ils viennent me voir, ils disent : “Ce n’est pas possible”, “Vous devez savoir que nous désapprouvons”. Même si ce n’est pas mon cas et qu’elle ne doit surtout pas nous envahir, je peux comprendre que les gens aient peur. Et que face à cela, dans un très court terme, le gouvernement ait à prendre des dispositions coercitives. Mais je crois qu’à long terme – un long terme peut-être très très long – il faut que toutes les frontières disparaissent. Et un jour nous serons tous mêlés, nos enfants seront un peu russe, un peu arabe, un peu islandais. Et dans un monde égalitaire, il n’y aura plus de raison pour que cette guerre nous explose ainsi à la figure. » Dominique Gordon et Fiona Abel : « Un manque de progrès dans l’égalité des chances » Cinéastes (Rumba, La Fée…), ils vivent à Bruxelles : « On est très touchés, comme on l’a été pour d’autres événements, à Paris ou ailleurs. C’est un peu rapide pour nous de donner des impressions, si ce n’est-ce qu’on ressent depuis des années : une grosse fracture entre les communautés, un manque de progrès dans l’égalité des chances. En tant qu’artistes, on essaye humblement de partager nos valeurs, sans faire de morale. » Pieter Ampe : « J’ai besoin de m’asseoir et de me calmer » Danseur et chorégraphe, il vit à Bruxelles : « Je suis en colère. Je suis d’ailleurs plus en colère qu’effrayé. Et quand je dis que je suis effrayé, c’est surtout de la vision que nous avons, nous les Occidentaux, de nous-mêmes. Nos réactions vont être les mêmes que d’habitude, une rhétorique de guerre, une façon de parler de “nous” “contre” “eux”. J’ai besoin de m’asseoir et de me calmer. J’essaye de ne pas lire les journaux, je ne pense pas avoir besoin de connaître tous les détails cette fois-ci. Ils sont sensiblement les mêmes que la dernière fois et la fois d’avant, quand un acte terroriste a eu lieu. Je dois mettre mon esprit en pause. J’espère que nous allons reconnaître que nous avons un problème, que nous ne sommes pas en harmonie dans ce monde et qu’il y a un besoin de changement. Nous devons travailler là-dessus. Nous devons être respectueux du monde comme un tout et cela commence par nos voisins les plus proches, pour élargir le cercle ensuite. » Arne Quinze : « A ceux qui veulent détruire notre société… » Plasticien, il vit et travaille à Gand : « Ce matin, je me suis réveillé submergé par la colère, les larmes et l’incompréhension. Mais je vais continuer à lutter contre ces sentiments et laisser l’amour gagner, aussi difficile que cela puisse être. Pendant des décennies, nous avons travaillé à bâtir une culture où le respect, le champ du possible et l’unité étaient essentiels. En continuant, avec mes enfants, mes amis, mes voisins, de croire en ces valeurs, nous tiendrons en échec ceux qui veulent détruire notre société. » Stéphanie Manasseh : « J’espère que les choses ne vont pas s’aggraver encore » Canadienne ayant vécu à Prague, Milan puis Bruxelles, elle dirige depuis 2007 la foire Accessible Art Fair, dont la prochaine édition se tiendra au Musée juif de Belgique, à Bruxelles, du 22 au 25 septembre : « Le musée Juif de Belgique voulait ramener une nouvelle vie dans le musée, un public différent, plus jeune et notre audience correspond à ce qu’il recherchait. On a vu qu’après les attentats à Paris la vie a repris ses droits, avec une sécurité renforcée, et ce sera aussi le cas à Bruxelles. Nos exposants ont confiance même si mes amis, eux, se demandent si c’est vraiment la meilleure décision à prendre. Nous espérons qu’il n’y aura pas de nouveaux attentats d’ici là, mais on est plus en sécurité dans ce musée que n’importe où ailleurs. Il y a des gardes armés 24h sur 24h. On a constaté depuis les attentats de Paris que les gens venaient moins, y compris à Bruxelles. J’espère que les choses ne vont pas s’aggraver encore, que les gens n’auront pas peur. Notre message est clair : la vie doit continuer. » Lionel Estève : « A Molenbeek, on ne comprend pas ce qui s’est passé » Artiste plasticien, il vit et travaille à Bruxelles : « Ça fait douze ans que j’habite à Molenbeek. Tous ces terroristes dont on parle vivent sans doute à moins de 200 mètres de chez moi, je les ai certainement croisés dans la rue. Mais tous ceux qui les connaissent me disent qu’ils ne comprennent pas ce qui s’est passé. Ces gars, c’étaient des petits dealers, des petits caïds, même pas religieux… Les gens sont plutôt gentils ici, je n’ai pas eu de soucis. Quand je suis arrivé dans ce quartier, c’était un vrai ghetto, ça avait la réputation d’être le pire endroit au monde. Mais avec le changement de maire, il y a eu un phénomène de gentrification, plein d’étudiants sont arrivés. Bien sûr, on voit des gens en djellaba et parfois des femmes avec un voile intégral, et ça peut me choquer, mais c’est un quartier vivant. » Judah Warsky : « Je vais peut-être rajouter un couplet à ma chanson » Chanteur, il vit à Paris et a publié l’album Bruxelles en 2014 (Pan European Recording) : « Dire que lundi soir je chantais mon morceau Bruxelles, capitale de l’Europe sur la scène de La Maroquinerie, à Paris… Et, comme à chaque fois, j’ai pu constater à la réaction du public que mon amour pour cette ville est très largement partagé, partout où je vais… Je ne saurai plus la chanter avec l’insouciance d’avant. Je vais peut-être rajouter un couplet, un truc du style : “Mon cœur bat pour Bruxelles/Au rythme lent de la New-Beat/Je sais qu’elle se relèvera vite/Comme Paris l’a fait avant elle.” Mais il serait plus approprié de laisser la parole à un Belge… De toute façon, Jacques Brel avait tout dit : “Par-delà le concert des sanglots et des pleurs/Et des cris de colère des hommes qui ont peur/Il nous faut regarder ce qu’il y a de beau/Le ciel gris ou bleuté, les filles au bord de l’eau/L’ami qu’on sait fidèle, le soleil de demain/Le vol d’une hirondelle, le bateau qui revient.” » | culture | 4 |
En 2016, pour la première fois, la France a accueilli les Abilympics, à Bordeaux. ISABEL ESPANOL Une inspiration active le clic gauche. Une expiration, le clic droit. Un mouvement de la tête et le pointeur de la souris bouge. Sur la visière de sa casquette, Thomas Veillon dispose d’un système qui lui permet de coder sans utiliser ses mains. Car depuis un accident en 1996, ce webdesigner est tétraplégique. Il ne bouge que ses épaules et sa tête. En 2011 à Séoul, il participe aux Abilympics, un championnat du monde des métiers des personnes handicapées. Il remporte la médaille de bronze, et souligne l’intérêt d’une compétition qui véhicule une autre image du handicap. « La compassion, la pitié, me gênent un peu. C’est bien pour collecter de l’argent, mais ce n’est pas une bonne façon de parler du handicap. Les Abilympics, c’est autre chose : le public ne regarde plus le handicap, mais la compétence », raconte celui qui est aujourd’hui coach pour les Abilympics 2016. Les épreuves permettent aux travailleurs handicapés de montrer leur savoir-faire professionnel, de l’art floral à la soudure en passant par la cuisine et la maintenance aéronautique Car en 2016, pour la première fois, la France a accueilli les Abilympics. Les 25 et 26 mars à Bordeaux, les meilleurs champions en situation de handicap, aussi bien moteur, psychique, mental et sensoriel, ont fait la démonstration de leur savoir-faire. Objectif : valoriser les compétences professionnelles des personnes handicapées pour favoriser leur embauche. Car le taux de chômage des personnes en situation de handicap en France reste élevé, il est de 20 %, soit le double du taux de chômage de l’ensemble de la population active. Les épreuves permettent aux travailleurs handicapés de montrer leur savoir-faire professionnel, de l’art floral à la soudure en passant par la cuisine et la maintenance aéronautique. C’est dans cette dernière catégorie que concourt Sandra Loménie, une ancienne ambulancière reconvertie dans l’aéronautique en 2008, à la suite d’un accident de sport et une opération aux ligaments du genou. Aujourd’hui employée chez Dassault en tant que mécanicienne avion, elle affiche ses compétences aux Abilympics où elle démonte et remonte le sous-ensemble d’un moteur, retrouve et répare une panne sur un hélicoptère, et enfin fait le tour de l’appareil pour s’assurer qu’il est prêt pour le vol. « Forcer le destin » Miser sur l’excellence pour faire bouger les lignes ? Un projet ambitieux, que la France n’a rejoint que tardivement. « Quand on a voulu monter ce projet, on nous a traités de fous, on nous disait que c’était impossible », raconte Patrick Esteban. Le responsable métiers Abilympics France s’est heurté à de nombreuses réticences : comment aménager les postes de travail, les déplacements, la nourriture ? « On regarde ces personnes uniquement sous le prisme de la contrainte, on ne pense pas à ce qu’elles apportent dans le monde du travail », regrette-t-il. | emploi | 119 |
Distillées au compte-gouttes, les annonces officielles sur l'affaire Bo Xilai, l'un des scandales les plus retentissants de ces dernières années en Chine, passent rarement inaperçues, malgré la concision des informations révélées : ainsi de la confirmation, jeudi 26 juillet, par l'agence de presse Chine nouvelle de la mise en examen de Gu Kailai, l'épouse de l'ancien numéro un de Chongqing, pour avoir empoisonné un consultant britannique en novembre 2011. Son procès, au côté de celui d'un complice présumé, Zhang Xiaojun, un jeune homme d'une trentaine d'années qui faisait office de secrétaire de la famille Bo, aura lieu à Hefei, la capitale de la province d'Anhui, courant août. En Chine, les affaires d'importance sont habituellement jugées dans des juridictions différentes de celles où elles ont eu lieu. Neil Heywood, 41 ans, avait été retrouvé mort le 15 novembre 2011 – jour du 53e anniversaire de Gu Kailai – dans un complexe hôtelier situé à quelques dizaines de kilomètres de la mégalopole de Chongqing, où il s'était rendu à l'invitation de la famille Bo. M. Heywood avait fait office pendant plusieurs années d'intermédiaire, notamment pour tout ce qui concernait l'éducation en Angleterre du fils du couple, Bo Guagua. Sa mort avait en premier lieu été expliquée par une crise cardiaque, jusqu'à ce qu'elle apparaisse comme le principal "secret" livré par Wang Lijun, l'ex-superflic de Chongqing, aux Américains après sa fuite au consulat américain de Chengdu en février 2012. COULISSES D'UN POUVOIR OPAQUE Le 10 avril, Chine nouvelle avait annoncé, à la stupéfaction générale, que Gu Kailai était soupçonnée dans l'empoisonnement au cyanure de Heywood. Son mari, l'un des politiciens chinois les plus charismatiques et controversés de ces dernières années, a été limogé et est détenu dans le cadre d'une enquête interne au parti. La nouvelle annonce précise que Gu Kailai et son fils étaient "en conflit" avec Heywood "au sujet d'intérêts économiques". Et que Mme Gu "était inquiète de la menace que présentait Neil Heywood pour la sécurité personnelle de son fils", sans préciser de quel type de menace il s'agissait. | asie-pacifique | 2 |
Sous la houlette du prince héritier, Mohammed Ben Salman, Riyad prend acte de la nécessité d’en finir avec sa dépendance à la rente pétrolière. FAYEZ NURELDINE / AFP Les cours du pétrole peuvent-ils repartir à la hausse ? Jusqu’où ? Pour combien de temps ? Autant d’énigmes cruciales pour l’Arabie saoudite auxquelles la pétromonarchie a choisi de répondre, lundi 24 juillet, en promettant d’accentuer encore ses efforts de réduction de l’offre d’or noir, à l’issue d’une rencontre entre les principaux pays producteurs. Objectif de cette réunion tenue à Saint-Pétersbourg (Russie) : faire le point sur l’accord conclu fin 2016, sous l’égide de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), visant à diminuer la production pour enrayer la chute des prix. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pétrole : l’OPEP prolonge, sans la renforcer, la baisse de la production Las. Après une timide remontée, ceux-là sont repassés, ces dernières semaines, sous la barre des 50 dollars le baril de brut. Mardi, au lendemain de ces annonces, les cours étaient à 48,87 dollars. Un niveau difficilement supportable pour le premier exportateur mondial d’or noir. Riyad, dont les revenus dépendent aux trois quarts des recettes d’hydrocarbures, aurait besoin d’un baril à 70 dollars pour équilibrer son budget. Alors que ses comptes étaient excédentaires jusqu’en 2013, son déficit a enflé dangereusement, au point d’atteindre 17,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Une situation d’autant plus tendue que l’Arabie saoudite est engagée depuis deux ans dans une guerre coûteuse au Yémen. Selon les dernières prévisions de croissance mondiale publiées lundi par le Fonds monétaire international (FMI), l’activité économique du royaume wahhabite devrait quasiment stagner en 2017 (+ 0,1 %). D’autres analystes, de la banque Standard Chartered à l’Institut de recherche du Golfe (GRC), lui prédisent même une récession. Une première depuis 2009 et la crise financière mondiale. « Si les prix restent bas, cela sera très difficile à gérer financièrement, souligne John Sfakianakis, chef économiste du GRC. Mais, s’ils remontent, l’urgence d’un changement de modèle se fera moins ressentir et l’appétit de réformes risque de s’émousser. » Sous la houlette du prince héritier, Mohammed Ben Salman – dit « MBS » –, Riyad a effectivement pris acte de la nécessité d’en finir avec sa dépendance nocive à la rente pétrolière. La faiblesse des cours, assure le fils de l’actuel souverain, est l’occasion de se projeter plus concrètement dans l’après-pétrole. Ce chantier est développé dans un plan baptisé « Vision 2030 », dévoilé au printemps 2016, qui promeut la diversification de l’économie et le développement d’un secteur privé plus compétitif. | economie | 7 |
Nombre d'économistes, surtout en France, se demandent si le niveau relativement élevé de l'euro – à savoir 1,37 dollar, contre 1,168 dollar lors de sa création, en 1999 - n'handicape pas la reprise européenne. AFP/OFF Une reprise encourageante, mais sans éclat. Au quatrième trimestre 2013, le PIB de la zone euro a crû de 0,3 %, selon les chiffres publiés vendredi 14 février par Eurostat. Dans le détail, le PIB portugais a crû de 0,5 %, l'allemand de 0,4 %, l'italien de 0,1 % et le français, de 0,3 %. Mieux que ce qu'espéraient les économistes. Mais ces derniers restent néanmoins prudents. Le Fonds monétaire international estime ainsi que la zone euro ne devrait croître que de 1% en 2014, contre 2,8 % aux Etats-Unis. En cause : l'atonie de la consommation, d'abord. Les pays du sud de l'Europe pratiquent, depuis la crise, une politique de dévaluation interne pour regonfler leur compétitivité, par le gel des salaires. Résultat : les ménages ont drastiquement réduit les achats. « Le moteur de la demande domestique est à plat dans la zone euro », constate Christian Parisot, chez Aurel BGC. Le poids des dettes, publiques comme privées, pèse également sur le dynamisme de l'activité. Dans le sud de l'Europe, en particulier, ménages et entreprises sont toujours en train de se désendetter. « C'est ce qui explique en partie la faiblesse du crédit dans ces Etats », commente Patrick Artus, de Natixis. L'EURO SERAIT AUJOURD'HUI SURÉVALUÉ DE PRÈS DE 20 % Depuis quelques semaines, nombre d'économistes, surtout en France, se demandent également si le niveau relativement élevé de l'euro – à savoir 1,37 dollar, contre 1,168 dollar lors de sa création, en 1999 - n'handicape pas lui aussi la reprise européenne. « La zone euro étant en retard sur les Etats-Unis pour la croissance, la logique serait que le dollar s'apprécie face à l'euro », s'est ainsi étonné mercredi 12 février Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Et il n'est pas le seul. Trois jours plus tôt, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a affirmé sa volonté de « faire baisser l'euro », jugeant qu'il « annihile » nos efforts de compétitivité, tandis que les groupes Michelin et LVMH ont déclaré que l'euro fort a pesé sur leurs résultats 2013. « C'est un débat très français, qui n'a pas absolument lieu dans les autres pays membres », commente l'économiste Michel Santi. Mais alors, trop fort ou pas, l'euro ? Question de point de vue, estiment les économistes. Sur le long terme, note ceux du Conseil d'Analyse Economique (CAE), la valeur de la monnaie unique est stable, et rien n'indique qu'elle soit surévaluée. A court terme, en revanche, la faiblesse de la croissance européenne justifierait un euro temporairement plus faible. Selon les experts de Natixis, son cours devrait normalement tourner autour de 1,15 ou 1,20 dollar. En d'autres termes, l'euro serait aujourd'hui surévalué de près de 20 %. TOUTES LES ENTREPRISES N'EN PROFITERAIENT PAS Motif ? D'abord, la zone euro affiche aujourd'hui un large excédent extérieur. Depuis la crise, les pays périphériques de la zone euro ont en effet largement résorbé leurs déficits commerciaux, tandis que l'Allemagne est toujours exportatrice net. « Dans ces conditions, la demande d'euros venue de l'extérieur est tendanciellement plus forte que l'offre, ce qui pousse le cours à la hausse », commente Hugues Lemaire, chez Diamant Bleu Gestion. De plus, la Banque Centrale Européenne (BCE) mène une politique monétaire bien moins expansionniste que ses homologues. Depuis 2008, les banques centrales américaine, britannique et japonaise font massivement tourner la planche à billets pour soutenir leurs économies. Résultat : la quantité de dollars, livres et yens en circulation a augmenté dans des proportions bien plus grandes que celle d'euros. Ce qui, là encore, a poussé le cours de la monnaie unique à la hausse face à ces devises. Est-ce à dire que la zone euro profiterait d'un euro plus faible ? « Une chose est sûre : cela relancerait un peu l'inflation, aujourd'hui bien trop basse, en renchérissant le prix des produits importés », commente Christophe Blot, économiste à l'OFCE. Surtout : une euro moins fort soulagerait temporairement l'industrie de la zone euro prise dans son ensemble. Mais toutes les entreprises n'en profiteraient pas, selon leur créneau, leur pays, et la destination de leurs exportations. Ainsi les PME allemandes, spécialisées sur les machines outils haut de gamme, sont peu sensibles au taux de change. Elles ne vendraient pas tellement plus si l'euro se dépréciait. POSITIF POUR L'ITALIE ET L'IRLANDE Les industriels français, espagnols ou italiens, spécialisés sur le moyen de gamme, sont en revanche très sensibles au niveau des devises. Un euro plus faible leur permettrait donc d'augmenter nettement leurs ventes et leurs marges. Le CAE a ainsi calculé qu'une dépréciation de 10% de l'euro ferait grimper le PIB français de 0,6% après un an. « Ce chiffre est largement surévalué », conteste Patrick Artus, de Natixis, en rappelant que l'industrie pèse à peine 12% du PIB français. Et que la baisse de l'euro, en renchérissant le prix des produits importés, pénaliserait aussi le pouvoir d'achat des Français et donc, la consommation, principal moteur de notre croissance. « Au total, l'effet d'une dépréciation serait quasiment neutre pour notre économie », assure-t-il. L'Italie et L'Irlande en profiteraient en revanche clairement. Au demeurant, même si les pays membres s'entendaient sur la nécessité de déprécier l'euro, encore faudrait-il que la zone euro soit en mesure d'agir sur son cours. En théorie, l'outil le plus efficace serait une création monétaire massive de la BCE, via des rachats d'actifs sur les marchés, comme le font les banques centrales américaine, japonaise et britannique. « Mais les Allemands ne veulent pas entendre parler d'une telle politique, et les résultats ne sont pas garantis », nuance Christophe Blot. Maigre consolation, le cours de l'euro face au dollar devrait néanmoins se déprécier à mesure que la Fed resserre sa politique monétaire. « L'ennui, c'est qu'il est difficile de dire quand cette baisse interviendra », conclut Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques au Crédit Agricole SA. | economie | 7 |
Après des années d’interrogations, le Pentagone a reconnu l’existence d’un programme baptisé Advanced Aerospace Threat Identification Program (« Programme d’identification des menaces aérospatiales avancées ») chargé d’enquêter sur les observations d’objets volants non identifiés (OVNI). Le ministère de la défense américain assure que le programme s’est arrêté en 2012, mais le New York Times affirme que les enquêtes sur les incidents impliquant des ovnis continuent. The Pentagon has acknowledged a secret program to investigate UFOs. It began in 2007 as a pet project of Harry Reid. https://t.co/iW4cksDxfq — nytimes (@The New York Times) Entre 2007 et 2012, ce programme a documenté les rencontres en vol entre appareils de combats et objets volants évoluant à grande vitesse sans propulsion visible ou en position stationnaire sans moyen apparent de portance, détaille le quotidien américain. L’une des vidéos obtenues par le New York Times montre deux avions de chasse américains qui poursuivent un objet ovale de la taille d’un avion de ligne, au large de la côte californienne, en 2004. « Question de sécurité nationale » Le programme doté d’un budget de 22 millions de dollars – sur 600 milliards de dollars alloués par an à l’armée –, et seulement connu d’un petit nombre de responsables, a été mis en place par l’ancien sénateur démocrate du Nevada, alors chef de file de la majorité au Sénat, Harry Reid, qui portait un intérêt particulier aux phénomènes inexpliqués. La majeure partie de l’argent du programme est allée à une société de recherche aérospatiale dirigée par Robert Bigelow, un entrepreneur milliardaire et un ami de longue date de Harry Reid, selon le New York Times. « Nous n’avons pas les réponses, mais nous avons beaucoup d’éléments pour justifier de se poser des questions », a expliqué Harry Reid sur son compte Twitter après la publication de l’enquête du New York Times, samedi. « C’est une question scientifique et de sécurité nationale. Si l’Amérique ne se charge pas de répondre à ces questions, d’autres le feront. » | ameriques | 10 |
Henri Guaino, le 5 juillet 2010. AFP/MIGUEL MEDINA Après Dominique de Villepin, vendredi, c'est au tour de Henri Guaino d'apporter son soutien à Jean-François Copé dans la course à la présidence de l'UMP. L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy annonce dans une interview au Parisien daté de samedi 20 octobre qu'il "vote Copé" pour la présidence du parti. "Je vote Copé", déclare le député des Yvelines, en expliquant que son choix "est plutôt dicté par la situation actuelle de l'UMP [...]. Celui qui sera élu ne sera pas le chef, le leader naturel comme a pu l'être Nicolas Sarkozy. Il ne commandera pas. Il présidera", ajoute M. Guaino. "QUELQUES OUTRANCES" "Le défi qu'il aura à relever sera de faire en sorte que notre famille politique reste soudée, sans que personne n'ait à renier ses convictions. Comme je veux le faire moi-même en défendant la motion gaulliste. Dans ces circonstances, Jean-François Copé m'a paru être le meilleur animateur", estime Henri Guaino. Interrogé sur l'aspect "offensif" de Jean-François Copé dans cette campagne à la présidence de l'UMP, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy y voit "la preuve que sa volonté d'être élu est très forte". "Le revers de la médaille fait que cela peut parfois conduire à quelques outrances." Sur "l'affaire des pains au chocolat", Henri Guaino "met ça sur le compte des embardées des campagnes électorales". "Nous en avons parlé. Je lui ai dit qu'un responsable politique de haut niveau n'est pas là pour attiser les tensions, mais pour expliquer comment on peut les apaiser", dit-il. Blog : Pour Copé, "Fillon est en situation de faire obstacle" à Sarkozy | politique | 9 |
Le téléphone G2 du fabricant LG. LG Fort de ses récents succès, LG Electronics s'apprête à lancer en grande pompe le G2, son dernier smartphone haut de gamme équipé du système Android de Google. Ce modèle, disponible depuis le 16 septembre en pré-commande, est la réponse directe du groupe sud-coréen au Galaxy S4, le produit phare de son compatriote Samsung. LG n'hésite d'ailleurs pas à reprendre les recettes qui ont fait le succès de son rival. Il mise ainsi sur la puissance, sur un écran tactile de grande taille et sur un capteur photo de 13 mégapixels. Comme Samsung, il tente aussi de se démarquer de la concurrence en proposant des fonctionnalités maison, censées enrichir l'expérience utilisateur. Avec ses formes incurvées et sa coque en plastique, le smartphone présente en outre des allures similaires au Galaxy S4. Le lancement du G2 coïncide avec une période faste pour LG, devenu en début d'année le troisième acteur du marché des smartphones derrière Samsung et Apple. Au deuxième trimestre, le groupe a écoulé 12,1 millions d'appareils, un chiffre record. C'est aussi deux fois plus que l'année précédente. Selon le cabinet IDC, sa part de marché s'élève désormais à 5,1 %, contre 3,7 % l'an passé. "La décision de LG de se focaliser davantage sur le segment haut de gamme est une clé importante de son succès", explique Ramon Llamas, analyste chez IDC. La croissance de ses ventes ne repose ainsi pas sur des modèles à bas prix, comme c'est le cas pour les fabricants chinois Lenovo, ZTE et Huawei, qui se sont accaparé 13 % du marché mondial. RETARD CHEZ LES ÉMERGENTS L'activité mobile de LG est en outre rentable, là où HTC, Nokia ou encore Motorola accumulent les pertes. Pas de beaucoup : au deuxième trimestre, elle a dégagé un résultat opérationnel de 42 millions d'euros, soit une marge de 2 %. Il y a encore trois ans, la société avait pourtant raté le bon wagon sur le marché des smartphones, victime d'un choix stratégique désastreux : miser sur Windows Mobile, système vieillissant et dépassé, quand ses concurrents optaient alors pour Android – qui équipe désormais 80 % des terminaux vendus dans le monde. Aujourd'hui, LG ne cache plus ses ambitions. "Nous pensons être en mesure d'atteindre une part de marché de 10 %", assure Ken Hong, son directeur de la communication. Le fabricant va aussi bientôt se lancer sur le segment des tablettes. Lutter contre Samsung et Apple reste cependant difficile. "Nous n'avons pas les moyens marketing de nos concurrents", reconnaît M. Hong. "LG ne dispose également pas du même réseau de distribution pour ses produits", ajoute M. Llamas. Le G2 sera cependant bien disponible auprès des trois principaux opérateurs français (Orange, SFR et Bouygues Telecom). Ce retour en grâce demeure par ailleurs fragile, souligne Mark Newman, analyste au sein de Sanford Bernstein. "Sa présence très faible dans certains pays émergents constituent un problème critique", avance-t-il. Par exemple en Chine, désormais premier marché mondial devant les Etats-Unis, et en Inde. Or, c'est ici que devrait être générée une grande partie de la croissance dans les années à venir. | technologies | 21 |
Au-delà même de "la taxe à 75 %", l'impressionnante liste des mesures fiscales censurées par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre 2012, a suscité d'abondants commentaires. En revanche, le raisonnement déployé par la juridiction pour aboutir à un tel résultat a peu retenu l'attention. C'est pourtant sur ce terrain technique que la décision apparaît la plus novatrice et, surtout, la plus préoccupante : jamais auparavant le Conseil ne s'était aventuré si loin dans la mise en cause du pouvoir d'appréciation politique du Parlement. LES TAUX D'IMPOSITION FIXÉS PAR LA LOI Jusqu'à présent, le juge constitutionnel affirmait régulièrement ne pas détenir "un pouvoir général d'appréciation et de décision de même nature que celui du Parlement", et en tirait deux conséquences principales. En premier lieu, il contrôlait avec beaucoup de retenue les taux d'imposition fixés par la loi. Et pour cause : ce contrôle se fonde sur la Déclaration du 26 août 1789 qui affirme simplement que l'impôt "doit être également réparti entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés". En estimant, dans sa décision du 29 décembre, qu'imposer certains revenus (ceux tirés des "retraites chapeaux", en l'occurrence) à hauteur de 75,34 % violait ce principe, alors que le maintien d'un taux de 68,34 % restait admissible, le Conseil opère un tour de force interprétatif sans précédent. DÉRIVES DÉMAGOGIQUES Et l'opération surprend d'autant plus qu'elle conduit le juge à rogner le pouvoir du Parlement sur une question somme toute secondaire, et économiquement peu significative : celle des taux marginaux d'imposition (le taux maximal qui peut frapper la part la plus élevée d'un revenu) plutôt que celle des taux moyens (indiquant la part du revenu effectivement consacrée au paiement de l'impôt). Se focaliser ainsi sur les taux marginaux d'imposition revient à mesurer la vitesse des coureurs du Tour de France en ne prenant en compte que les descentes. En second lieu, le Conseil constitutionnel évitait jusqu'alors de se prononcer sur la pertinence des motifs politiques guidant les textes fiscaux. Tout juste annulait-il - au terme d'une jurisprudence déjà audacieuse - les mécanismes jugés incohérents au regard du but que la loi leur assignait. LE POUVOIR DE TRANCHER UNE QUESTION POLITIQUE C'est ce qui explique le sort funeste réservé en 2009 au projet de "taxe carbone" : tout en affichant un objectif de réduction des émissions de CO2, le projet exonérait en pratique la majorité des industries polluantes. Dans sa décision du 29 décembre, le juge va bien au-delà d'un tel contrôle de cohérence : il n'hésite pas à substituer sa propre vision de l'intérêt général à celle retenue par le Parlement. En annulant la prorogation d'une niche fiscale bénéficiant aux successions ouvertes en Corse, au motif qu'elle ne reposait sur aucun "motif légitime", il s'octroie le pouvoir de trancher une question politique : celle de l'opportunité de maintenir un avantage fiscal. Ce faisant, il conteste aux élus de la nation le monopole de la définition de ce qui est politiquement légitime. Sans doute cette décision constitutionnelle permettra-t-elle de prévenir, à l'avenir, certaines dérives démagogiques. Mais la conception de la démocratie qu'elle suggère mérite tout de même d'être interrogée. Gouvernement des juges, dites-vous ? Martin Collet, professeur de droit public à l'Université Panthéon-Assas (Paris-II) | idees | 12 |
Quelques milliers d'Egyptiens de gauche et de révolutionnaires ont protesté, lundi 28 mai, au Caire et à Alexandrie contre les résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle qui a mobilisé 46 % des électeurs les 23 et 24 mai. Selon le décompte définitif rendu public par la Commission suprême pour les élections présidentielles, Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, arrive en tête avec 24,78 % des voix. Il est suivi de très près par Ahmed Chafik, un symbole de l'ancien régime, qui a atteint un score inattendu, avec 23,6 % des suffrages. Des partisans d’Ahmed Chafik, devant son quartier général au Caire, le 28 mai. AFP/MARCO LONGARI En réveillant le spectre d'une renaissance des réseaux du Parti national démocratique (PND) d'Hosni Moubarak, dissous, la victoire d'Ahmed Chafik, ancien militaire qu'on dit proche du maréchal Tantaoui et qui est considéré par beaucoup comme le candidat de l'armée, scandalise révolutionnaires et islamistes, qui jugent sa candidature illégale. L'homme ne doit en effet sa présence au second tour qu'à un imbroglio juridique qui a conduit la commission électorale à valider sa candidature, malgré une loi interdisant aux anciens membres du PND et aux ministres d'Hosni Moubarak en poste au cours des dix dernières années de se présenter aux élections. De sorte que le candidat, qui fut ministre de l'aviation civile de 2002 à 2011 et surtout ultime premier ministre du raïs déchu, a pu entrer dans la course électorale alors même que la légalité de sa candidature est toujours suspendue à un jugement de la Cour constitutionnelle. SITUATION KAFKAÏENNE Fort de cette situation kafkaïenne, les partisans d'Hamdin Sabahi (un nassérien de gauche) et d'Abdel Moneim Aboul Foutouh (un islamiste réformiste), qui arrivent respectivement troisième et quatrième avec 20,72 % et 17,47 % des voix, espèrent faire invalider la candidature d'Ahmed Chafik. Dans un tel scénario, encore largement hypothétique, les élections seraient-elles annulées ou bien Hamdin Sabahi remplacerait-il Ahmed Chafik au second tour, comme ses partisans font mine de le croire ? Même les membres de la Commission semblent en difficulté pour répondre. Ce qui est sûr, c'est que les révolutionnaires sont prêts à réinvestir la place Tahrir pour réclamer l'élimination de M. Chafik. Lundi 28 mai, quelques heures après la proclamation des résultats officiels, son QG de campagne a d'ailleurs été attaqué. Un garage attenant au bâtiment, où étaient entreposées des affiches, a été incendié, mais le feu a rapidement été maîtrisé. Lundi, la Commission électorale, dont les décisions sont sans appel, a rejeté toutes les plaintes pour fraude déposées par les perdants. Ni l'accusation, lancée par Amr Moussa, selon laquelle 900 000 soldats et policiers auraient reçu des cartes d'électeur alors qu'ils n'ont pas le droit de voter, ni la découverte supposée d'une centaine de bulletins de vote en faveur d'Hamdin Sabahi dans un champ de Haute Egypte, n'ont été prises au sérieux par la Commission. Pas plus que les interrogations émises par le Mouvement des juges pour l'Egypte selon lequel le corps électoral égyptien aurait mystérieusement augmenté, entre mars 2011 et mai 2012, de 5 millions de personnes… Dans ces conditions, il y a de fortes chances que M. Chafik soit maintenu au second tour face au candidat des Frères musulmans. FAIBLE LÉGITIMITÉ Cette situation est d'autant plus inquiétante pour les révolutionnaires et les islamistes, que l'ancien commandant de l'armée de l'air égyptienne risque de mobiliser en sa faveur une partie de l'électorat d'Amr Moussa (11,13 % des voix), effrayé à l'idée de voir un islamiste diriger le pays. Les forces révolutionnaires, qui, réunies, représentent près de 40 % des voix, apparaissent plus divisées que jamais sur l'attitude à tenir. Hamdin Sabahi et Abdel Moneim Aboul Foutouh résistent pour l'instant aux appels des Frères musulmans qui les pressent de former avec eux une coalition contre le candidat de l'ancien régime. Mais si les forces de gauche pourraient choisir l'abstention ou le vote blanc, Abdel Moneim Aboul Fotouh, un ancien Frère musulman, pourrait, quant à lui, décider de soutenir M. Morsi si celui-ci se retrouvait face à M. Chafik au second tour. De quoi affaiblir un peu plus le camp révolutionnaire, creuser le clivage entre islamistes et libéraux et, surtout, risquer de relancer la violence contre un président dont les prérogatives ne sont pas définies et qui souffrira, dans tous les cas, d'une faible légitimité. Claire Talon et Claire Talon (Le Caire, correspondance) | afrique | 18 |
artir… Louis s’est fait très mal sur son long board. A son retour au skate park, il est célébré en héros. Une bonne nouvelle arrive et la vie est plus belle. Ceux de Barcelone font les comptes pour partir… Enzo, Liam, Pierrot, Ben, Orso, Glen et Louis : c’est la bande du skate park. Sept ados entre 13 et 15 ans qui rêvent d’une vie plus grande. Ils investissent le skate park, leur deuxième maison, no man’s land entre terre et mer près de Saint-Malo. Dans la bande, il y en 4 qui se promettent de quitter l’ennui et de partir à Barcelone, la capitale du skate pour une grande virée.* Réalisé par Marion Gervais Produit par FranceTV nouvelles écritures et Quark Productions Avec Enzo, Liam, Pierrot, Ben, Orso, Glen et Louis En partenariat avec VICE ▶ http://www.vice.com/fr/ SOMA ▶ http://www.somaskate.com/ Le Monde ▶ http://www.lemonde.fr/ IRL est aussi sur : Facebook ▶ http://www.facebook.com/IRLstories Twitter ▶ http://twitter.com/IRLstories Dailymotion ▶ http://www.dailymotion.com/IRLstories Youtube ▶ http://www.youtube.com/ | culture | 4 |
Capture d'écran promotionnelle de Galileo réalisée sur le site de Hacking Team. Hacking Team Hacking Team, une entreprise italienne qui vend des outils de surveillance et d’espionnage informatiques dans le monde entier, a subi dimanche 5 juillet un piratage qui aurait abouti au vol de 400 gigaoctets de données confidentielles. Cette fuite massive contiendrait des emails et documents internes et le code source de plusieurs logiciels conçus par l’entreprise. Hacking Team a demandé en urgence à tous ses clients de ne pas utiliser son principal logiciel espion nommé Galileo, selon le site spécialisé Motherboard. Le compte Twitter de l’entreprise a également été piraté et a diffusé des liens vers les documents volés, ainsi que des captures d’écran d’emails. Le nom du compte Twitter a été changé de Hacking Team (« Equipe de pirates ») à « Hacked Team » (« Equipe de piratés »). Le compte Twitter de Christian Pozzi, un des responsables de la sécurité de l’entreprise, a également été piraté, et son compte est désormais inaccessible. Capture d'écran. Twitter De par ses activités, Hacking Team n’a pas la meilleure des réputations. L’association Reporters sans frontières (RSF) l’a même classé dans son édition 2013 du rapport sur les « ennemis d’Internet ». « L’entreprise italienne Hacking Team décrit elle-même ses technologies comme étant “offensives”. La société a été mise en cause pour des ventes au Maroc et aux Emirats arabes unis. Selon la société Hacking Team, le Remote Control System [logiciel espion de l’entreprise], dénommé avec modestie DaVinci, est capable de casser le chiffrement utilisé pour les emails, les fichiers et les protocoles VOIP [téléphonie via Internet] », indique le document de RSF. La dernière version de Remote Control System (RCS), nommée « Galileo », est présentée par Hacking Team comme « la suite de piratage pour les interceptions gouvernementales ». RCS peut infecter la majorité des systèmes d’exploitation (Windows, Android, OSX, iOS…), qu’il s’agisse d’un ordinateur ou d’un téléphone portable. Hacking Team assure que ses logiciels espions sont indétectables par les antivirus. RCS peut alors enregistrer des conversations Skype, voler des emails, des SMS ou même des clés de chiffrement utilisées pour s’échanger des informations confidentielles. L’entreprise assure qu’elle vérifie que ses outils ne soient jamais utilisés contre des journalistes, travailleurs humanitaires ou à toute fin constituant une violation des droits humains. Plusieurs rapports de l’entreprise russe en sécurité informatique Kaspersky et des chercheurs du Citizen Lab (lié à l’université de Toronto) ont affirmé que Hacking Team vendait des solutions de surveillance à des dictatures et gouvernements oppressifs. En 2012, les ordinateurs de journalistes citoyens marocains ont par exemple été infectés par un logiciel espion suspecté d’avoir été conçu par l’entreprise. « Nous faisons extrêmement attention à qui nous vendons nos produits. Nos investisseurs ont mis en place un comité légal qui nous conseille continuellement sur le statut de chaque pays avec lequel nous entrons en contact », avait assuré le PDG de Hacking Team, David Vincenzetti, dans une interview accordée en 2011 au journaliste Ryan Gallagher (aujourd’hui journaliste d’investigation pour The Intercept). « Le comité prend en compte les résolutions de l’ONU, les traités internationaux et les recommandations d’Human Rights Watch et d’Amnesty International », avait-il ajouté. Un contrat avec le Soudan Une experte de l’association militante Electronic Frontier Foundation a publié lundi 6 juillet sur Twitter une liste des clients supposés de Hacking Team, issue des documents volés à l’entreprise, parmi lesquels de nombreux services de police mais aussi de renseignement. Selon le document, l’entreprise a vendu ses services de manière non officielle aux services secrets et au ministère de la défense saoudiens, mais aussi aux services de renseignement russes, au ministère de la défense et aux services secrets soudanais. Un autre document volé indique que Hacking Team a facturé un contrat de 480 000 euros au Soudan, alors même que l’Organisation des nations unies (ONU) impose un embargo sur la vente d’armement et de « matériels connexes » au Soudan. Hacking Team avait d’ailleurs nié toute relation commerciale avec le Soudan. Parmi les clients supposés toujours en contrat, on trouve également la Turquie, la Thailande, les Etats-Unis, l’Espagne, le Nigeria, l’Australie mais aussi de nombreux clients au Mexique. Sur son compte Twitter, désormais supprimé, Christian Pozzi a réagi lundi matin à la publication des documents. « Une grande partie de ce que les pirates affirment concernant notre entreprise est faux. Merci de ne pas répandre de fausses informations sur les services que nous offrons », a-t-il tweeté. « Nous sommes en train de travailler étroitement avec la police », a-t-il assuré. | pixels | 172 |
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Il y avait le "hobo" du début du XXe siècle, cette figure américaine mythique du vagabond travailleur, se déplaçant dans les trains de marchandise au gré des opportunités d'emploi. Il y a désormais le journalier, recruté sur le marché noir du travail ou inscrit dans des agences spécialisées. C'est ce versant institutionnel que Sébastien Chauvin a choisi de décortiquer. De ses deux ans d'"observation participante" dans des agences de travail journalier de Chicago et leurs usines clientes, le sociologue tire un portrait en actes et une réflexion sur le "précariat". Ni agences d'intérim, ni bureaux de placement, ni officines pour main-d'oeuvre haut de gamme, ces agences de "day labor", qui prospèrent depuis 1990, fournissent des travailleurs déqualifiés à l'industrie légère, et des emplois aux inemployables. Pour les "sous-prolétaires noirs", touchés par une "incarcération de masse", l'agence permet de contourner les services de ressources humaines. De plus en plus leur sont d'ailleurs préférés les sans-papiers hispaniques. L'agence joue ici une "fonction assurantielle" : elle dédouane les entreprises de la responsabilité d'employer des illégaux. Pour échapper à l'instabilité, la fidélisation est au coeur des stratégies des acteurs. Pour l'agence, il s'agit de s'assurer un stock de main-d'oeuvre en récompensant les réguliers. Pour les journaliers, il faut s'attirer la bienveillance du dispatcheur pour obtenir un "ticket". Ou construire dans une même usine une carrière de "permatemps", temporaires permanents qui peuvent conquérir augmentations salariales, congés, responsabilités, etc. A la merci des faveurs - au lieu de droits - accordées par l'agence ou l'entreprise, le journalier est contraint à la fidélité, et donc à l'immobilité. L'emploi devient une récompense, dans une dynamique paternaliste. La flexibilité tant vantée n'est, pour Sébastien Chauvin, qu'une forme de reprise du contrôle des salariés mobiles. Et l'agence de travail journalier américaine n'est qu'une loupe grossissante de phénomènes existants aussi en France. Elodie Auffray Les Agences de la précarité : journaliers à Chicago, par Sébastien Chauvin, Seuil, 339 pages, 22 euros. | livres | 0 |
amuel Blumenfeld Si l’on se contentait de regarder superficiellement ces quatre photogrammes, on ne pourrait les distinguer que par leur grain. Celui, noir et blanc, d’une pellicule 35 mm pour les deux films de fiction de Serguei Eisenstein, La Grève (1924) et Octobre (1928). Celui, couleur, du numérique pour Maïdan, le documentaire du cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa sur la révolution ukrainienne, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes (en salles depuis le 23 mai). Maïdan est la place centrale de Kiev, où Loznitsa a tourné entre novembre 2013, lorsque des citoyens se réunissent pour protester contre le régime du président ukrainien Ianoukovitch, jusqu’en mars 2014, quand la situation est devenue insurrectionnelle. Durant ces mois, le réalisateur a observé comment une manifestation pacifique contre un régime hostile se transformait en révolution, avec pour objectif de maintenir l’indépendance du pays. Or d’une révolution à une autre, celle aboutie de 1917, et celle, en cours, de 2014, les photos de ces trois films se répondent et affirment leur parenté. Dans La Grève, Eisenstein mettait en scène, dans la Russie tsariste, des ouvriers opprimés se mobilisant contre la classe dirigeante. Avec Octobre, sa reconstitution de la révolution de 1917, produite pour le 10e anniversaire de ce soulèvement avec le soutien actif du régime communiste, le réalisateur soviétique recréait les dix jours qui allaient secouer le monde, du renversement du régime tsariste à la formation des soviets (les conseils ouvriers) et l’arrivée des bolcheviques au pouvoir. L’un des éléments les plus surprenants dans Maïdan est de voir comment un metteur en scène ukrainien revendique l’héritage du cinéma soviétique pour un documentaire qui dépeint la lutte d’un peuple contre les tentations hégémoniques russes de rebâtir l’ancien empire soviétique. « La Grève, plus encore qu’Octobre, a été l’un des modèles de mon film, explique-t-il. La Grève n’a pas de personnage principal, et se déploie avec une myriade de personnages secondaires que le réalisateur peut laisser tomber à n’importe quel moment du film. Le héros du film c’est le peuple, les masses. Il s’agit bien entendu d’un défi extrêmement audacieux, car il s’agit de faire un film sans personnage principal tout en gardant l’attention du spectateur, et Eisenstein y parvient brillamment. » Le cinéaste précise : « La Grève est également un film passionnant du point de vue de sa structure et des outils formels utilisés par le metteur en scène pour le construire. Cette tâche, particulièrement difficile, me préoccupait : comment bâtir la dramaturgie d’un film sans héros au sens traditionnel du terme ? » Sergueï Loznitsa ne filme la place Maïdan qu’en plan moyen ou large. Un systématisme qui saute aux yeux sur les deux photogrammes de son film, et qui devient encore plus évident tout au long des deux heures et six minutes de son documentaire. Ce parti pris stylistique contredit les clichés du cinéma en direct et du reportage télévisé : absence de gros plan, pas de caméra tremblante, un réalisateur placé à distance, extrait de la mêlée, revendiquant son statut de témoin, ne cherchant jamais à devenir un protagoniste de l’action, ce qui ne l’empêche pas de prendre le parti de son peuple. C’est toute la différence entre un film opportuniste, qui se contenterait de placer sa caméra au moment où bascule le destin de l’Ukraine, et une œuvre opportune qui, à l’image d’Octobre et de La Grève, reste attachée à un événement historique en s’affranchissant de l’actualité. Sergueï Loznitsa s’intéresse davantage à trouver une unité stylistique pour échapper au chaos de la révolution. Ce choix de mise en scène est une manière de prendre du recul par rapport aux événements, de laisser le spectateur face à cette foule, sans commentaire, sans narration. Et ces options permettent d’individualiser cette masse, et de donner un sens à l’événement populaire qu’il a suivi pendant quatre mois. A l’inverse, il n’existe aucune image de la révolution russe de 1917 et de la prise du Palais d’hiver. Ce qui fut une chance pour Eisenstein, qui a pu recréer l’événement de toutes pièces, sans se soucier de vérité officielle, au point où les images figurant dans des documentaires consacrés à la révolution, ou des photographies illustrant des manuels scolaires, proviennent du film. « Les images d’Octobre, de La Grève ou du Cuirassé Potemkine ont pris la place d’images qui n’existent pas, estime Natacha Laurent, directrice de la Cinémathèque de Toulouse, spécialiste du cinéma soviétique. La caractéristique d’Eisenstein durant cette période est la manière dont il va chercher dans la réalité la confirmation de son imaginaire. Il refusait les acteurs professionnels. Même pour les vêtements, il voulait tout trouver aux puces. Il était hors de question de fabriquer quoi que ce soit. » Le mouvement initié par Maïdan est inverse, ne serait-ce que parce que son réalisateur a la possibilité de filmer l’histoire en marche. Eisenstein fabriquait une réalité avec l’intention d’effacer la fiction. Serguei Loznitsa fait, au contraire, basculer son documentaire dans la fiction. « Si j’avais dû chroniquer tous les détails de cet épisode, explique-t-il, il aurait été impossible de les raconter dans un film de deux heures. Et notre capacité d’attention, en tant que spectateurs, reste limitée. Ces restrictions imposent des choix, et comment décrire ces choix si ce n’est en termes de “fiction” ? » Dans son documentaire, la fiction se transforme en épopée, la légende d’un siècle répondant, avec ses outils, à celle forgée, presque cent ans plus tôt, par Eisenstein. | culture | 4 |
La Reine Elisabeth II sort de la cathédrale Saint-Macartin, à Enniskillen, en Irlande du Nord, le 26 juin. AFP/PETER MUHLY Elizabeth II a entamé mardi 26 juin une visite de quarante-huit heures en Irlande du Nord dans le cadre des célébrations de son jubilé de diamant. Le temps fort de sa visite : sa rencontre mercredi à Belfast avec Martin McGuinness, numéro deux du parti nationaliste Sinn Féin et vice-premier ministre d'Irlande du Nord. Une photo immortalisera-t-elle cette poignée de main ? La réponse n'est pas encore claire, comme le rapporte l'Irish Central, mais cette entrevue n'en sera pas moins symbolique de l'apaisement des relations irlando-britanniques. MCGUINNESS, UN ANCIEN DIRIGEANT DE L'IRA Car Martin McGuinness était l'un des dirigeants l'Armée républicaine irlandaise (IRA) lorsque le cousin de la reine Elizabeth II a été tué dans un attentat en 1979, souligne d'emblée le Guardian dans un article consacré à la rencontre, vue comme "une nouvelle étape historique vers la réconciliation en Irlande". "Une rencontre impensable à l'époque", selon le correspondant de la BBC en Irlande. McGuinness a ainsi combattu la domination britannique en Irlande du Nord pendant les trente ans de "troubles" au cours desquels plus de 3 500 personnes ont été tuées. Ce face-à-face divise donc, comme dans la ville d'Enniskillen, où la reine d'Angleterre s'est rendue mardi pour assister à un office religieux. En 1987, cette ville de l'ouest de l'Irlande du Nord a été le théâtre d'un attentat perpétré par l'IRA faisant onze morts, comme le souligne le Telegraph. Stephen Gault a perdu son père dans l'attentat. "Personne n'a été traduit en justice pour Enniskillen, explique-t-il. Il est donc très difficile pour les familles d'accepter que M. McGuinness puisse serrer la main de la Reine." Mais McGuiness, catholique de 62 ans, s'avère aussi être l'un des principaux artisans du processus qui a conduit le mouvement clandestin à déposer les armes, et un négociateur majeur de l'accord de paix du Vendredi Saint en 1998. Il a donc assuré qu'il ne ferait pas référence à l'IRA durant son entrevue avec la reine. "TENDRE LA MAIN DE LA PAIX" "Il s'agit de tendre la main de la paix et de la réconciliation à la reine Elizabeth, qui représente des centaines de milliers d'unionistes dans le Nord", a-t-il commenté. "Il s'agit aussi, en tant que représentant de mon parti, de montrer aux unionistes du Nord que nous sommes prêts à respecter ce en quoi ils croient, même si nous sommes toujours des républicains irlandais." Selon l'éditorial de l'Irish Times, "cette réunion (...) en dit aussi beaucoup sur la transformation du Sinn Féin". Jusqu'alors, le parti politique nationaliste avait boycotté les visites de la reine en Irlande du Nord. Mais sa position a évolué depuis sa visite historique en mai 2011, la première visite d'un monarque britannique depuis la fin de la colonisation en 1922. La reine avait alors parlé en irlandais et déposé une gerbe de fleurs devant le monument des patriotes irlandais tués par les soldats britanniques pendant la guerre d'indépendence de l'Irlande. A l'époque, le numéro un du Sinn Féin, Gerry Adams, avait salué "la sincère compassion". UNE STRATÉGIE ÉLECTORALE POUR LE SINN FÉIN Quelques mois plus tard, en septembre 2011, Martin McGuinness, alors candidat à la présidentielle en Irlande, s'était dit prêt à rencontrer la reine s'il était élu. Les lignes politiques du parti Sinn Féin, qui a lutté pour l'indépendance de l'Irlande ont, ces dix dernières années, évolué vers le centre, estime un historien cité par la BBC. Mais cette rencontre symbolique représente également une stratégie électorale, estime ce commentateur. Le parti est donc prêt à avoir "son moment photo" avec la reine, révèle le journal irlandais Independent, bien que l'événement soit censé se dérouler à huis clos. L'initiative "implique des défis politiques et symboliques majeurs pour les républicains irlandais", nuance cependant dans son communiqué le président du parti nationaliste Gerry Adams, reconnaissant "que la décision posera des difficultés réelles et compréhensibles pour certains, et au premier chef, les victimes des forces de la couronne britannique en Irlande". Mais la décision d'approuver la rencontre est selon lui "la bonne décision, au bon moment et pour les bonnes raisons". | europe | 11 |
En moins de cinq ans, Wizkid a envoûté l’Afrique. Sacré en octobre 2016 « artiste de l’année » et « meilleur musicien » aux MTV Africa Music Awards, l’enfant des quartiers populaires de Lagos se lance désormais à la conquête de la scène internationale avec son album « Sounds from the Other Side » et un contrat avec Sony Music International. Portrait de l’enfant prodige de Lagos par Binetou Sylla. Binetou Sylla, est directrice de Syllart Records, le label de musiques africaines et afro-latines basé à Paris créé par son son père, Ibrahima Sylla, en 1978. Elle décrypte pour le Monde Afrique les nouvelles tendances musicales africaines et nous fait redécouvrir les artistes emblématiques du continent. | afrique | 18 |
François Hollande à Tulle, le 23 mars. BOB EDME/AP Par une cruelle ironie de l'histoire, François Hollande est devenu le fossoyeur de ce qu'il avait construit. S'il n'a pas inventé le socialisme municipal, qui est intrinsèquement lié à l'histoire du Parti socialiste français, les onze années qu'il a passées à la tête de son ancien parti ont fortement contribué à ancrer le phénomène : entre 1997 et 2008, alors qu'il en était premier secrétaire, les socialistes ont collectionné les gains aux élections cantonales et régionales ; ils ont arraché Paris et Lyon à la droite lors des municipales de 2001 et conquis, sept ans plus tard, 44 villes de plus de 20 00 habitants. Peu à peu, ils sont devenus les maîtres du territoire, au point d'arracher la présidence du Sénat à la droite en 2011. C'est ce patrimoine opiniâtrement constitué scrutin après scrutin que le même François Hollande, devenu président de la République, a brusquement amputé. Dimanche, sous l'effet d'un vote qui ressemble fort à de la colère, le Parti socialiste n'a pas seulement perdu 155 villes de plus de 9 000 habitants, dont 68 de plus de 30 000 habitants. Il a aussi amputé sa capacité d'action dans les métropoles : si Paris, Lille, Strasbourg et Lyon ont résisté à la vague bleue, les communautés urbaines de Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Marseille semblent bel et bien perdues. Lire la synthèse du second tour Le PS défait par la « vague bleue » de l'UMP et la poussée du FN HÉMORRAGIE D'ÉLUS ET DE FONCTIONNAIRES Pour les socialistes, c'est un véritable séisme, car la consolidation, élection après élection, d'un puissant réseau d'élus locaux qui avaient démontré leur capacité à gérer les territoires était un gage de stabilité. Elle permettait de rebondir après les défaites présidentielles (2002 et 2007) , d'entretenir une armada d'affidés dans les exécutifs locaux et d'expérimenter sur le terrain un socialisme marqué du sceau de l'ouverture. C'est tout cela qui brusquement s'écroule. Du jour au lendemain, le Parti socialiste va connaître une hémorragie d'élus et de fonctionnaires que ces élus faisaient vivre. Surtout, il va douter de son avenir avec, au sommet, un président de la République au plus bas dans les sondages et, à la base, de sérieuses pertes en ligne. L'IMPOPULARITÉ NATIONALE A ÉTÉ TROP FORTE Le procès en responsabilité risque d'être sans merci. Dès le début de la campagne municipale, les élus socialistes avaient tenté de se protéger du mauvais vent parisien. Tous avaient mené une campagne strictement locale et beaucoup avaient omis d'afficher sur leurs affiches la rose et le poing. Cette étanchéité cependant n'a pas suffi. L'impopularité nationale a été trop forte. A moins que le socialisme municipal ne soit devenu trop faible pour résister à cette impopularité. C'est une hypothèse à envisager, car la crise des finances publiques commence à toucher les collectivités locales. L'impôt local est de moins en moins bien supporté, les grands projets sont en berne, la problématique sécuritaire est en hausse. Le Front national, qui a fait campagne contre les impôts et « la gabegie », a marqué des points comme jamais. Tout cela traduit un changement de climat qui sonne comme une sérieuse alerte pour le PS : la responsabilité n'est peut-être pas que nationale. | municipales | 148 |
L’épicerie sociale de la Croix-Rouge à Paris (15e arrondissement) accueille les étudiants. Croix-Rouge française « En France, un jeune sur cinq a renoncé aux soins. Or un premier indice de la précarité est de ne pas se faire soigner. 13 000 étudiants parisiens sautent quatre à six repas par semaine, faute de pouvoir se les payer » : la deuxième édition du rapport annuel de la Croix-Rouge, « Pacte pour la santé globale des jeunes », publié mercredi 31 mai, dresse un panorama inquiétant de leur situation. Faire une croix sur les dépenses de santé et d’alimentation relève d’une « priorisation malheureuse » de la part de personnes « paupérisées », commente le président de l’organisation, Jean-Jacques Eledjam. Dans les 700 épiceries solidaires tenues par la Croix-Rouge, où les produits s’achètent à tarif réduit, la part des moins de 25 ans est passée de 11,9 % en 2015 à plus de 13 % en 2016. Pour ces bénéficiaires, le « reste pour vivre moyen », qui équivaut à ce dont un foyer dispose en fin de mois une fois les charges fixes payées, ne dépasse par 85 euros, à diviser sur trente jours pour se vêtir et se nourrir, expliquent les auteurs. Lire aussi Une épicerie solidaire pour les étudiants ouvre à Paris Ainsi, « la pauvreté rajeunit » » en France : près d’un enfant sur cinq vit dans une « situation sociale précaire » : « Ce sont principalement des jeunes et des enfants vivant dans des ménages n’ayant pas eu accès à une insertion professionnelle stable qui sont en situation de pauvreté, tandis que celle des retraités régresse », note le rapport. Le nombre de jeunes à la rue augmente, selon des enquêtes des structures d’urgence en ville. Dans les zones rurales, un jeune sur trois n’a pu se rendre à un entretien d’embauche faute de moyen de transport. S’ajoutant au manque de soins et d’alimentation équilibrée et suffisante, les signes du mal-être sont nombreux chez un grand nombre de jeunes, avec de hauts niveaux de pessimisme déclaré quant à l’avenir, d’addictions multiples – y compris aux écrans –, de manque de sommeil… Lire aussi Le pessimisme et la défiance de la jeunesse atteignent des records « Il faut que l’Etat prenne conscience de la nécessité d’augmenter ses financements pour la promotion de la santé », demande Jean-Jacques Eledjam, alors que nombre de jeunes pauvres ignorent les dispositifs d’aide sociale et de santé. Interpellant le nouveau gouvernement, et notamment la nouvelle ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, le rapport de la Croix-Rouge formule une série de propositions pour faire reculer la paupérisation et la précarité de la jeunesse : ouvrir l’accès aux minima sociaux à partir de 16 ans, déployer sur l’ensemble du territoire des Maisons des adolescents et des Espaces santé jeunes, augmenter les financements destinés aux actions éducatives de promotion de la santé, intégrer un volet « santé » dans le cadre des missions de service civique (bilan de prévention-santé, attribution d’un Pass santé) ou encore « la mise en œuvre effective de sanctions à l’encontre des professionnels de santé refusant de prodiguer des soins aux jeunes vulnérables ». | campus | 171 |
Sur les lieux de l’attaque de New York du 31 octobre à Manhattan, jeudi 2 novembre. SPENCER PLATT / AFP Citoyen ouzbek, Sayfullo Saipov, l’auteur présumé de l’attaque de New York qui a fait huit morts mardi 31 octobre à Manhattan, a bénéficié du système américain de « loterie des visas » pour entrer, en 2010, sur le territoire des Etats-Unis. Ce dispositif, le Diversity Visa Lottery Program, a été immédiatement vilipendé par Donald Trump : fidèle à son habitude, le président états-unien n’a pas manqué de réagir sur Twitter et promis son abrogation. Quand et pourquoi ce système a-t-il été mis en place ? La loterie officielle de la carte verte américaine, aussi connue sous le nom de Diversity Immigrant Visa Program, est un programme inscrit dans l’Immigration Act (« loi sur l’immigration ») de 1990. Il est expérimenté depuis 1986, mais les premiers visas de la loterie ont été attribués pour l’année 1995. A l’origine, le dispositif avait pour vocation de donner à des citoyens de pays qui obtenaient peu de visas états-uniens leur chance d’obtenir une carte de résident permanent, en établissant un tirage au sort des volontaires. Comment le système fonctionne-t-il ? Il existe une liste de pays pouvant prétendre au programme, le critère étant que moins de 50 000 de leurs ressortissants aient immigré aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années. A l’heure actuelle, le Canada, la Chine, la République dominicaine, l’Inde ou le Royaume-Uni en sont par exemple exclus. Pour postuler, il faut remplir un questionnaire très court, entre octobre et novembre chaque année. Les candidats doivent prouver qu’ils disposent d’un niveau d’éducation équivalent à celui du lycée. Après un tirage au sort, des vérifications sont menées pour s’assurer que les gagnants sont admissibles selon les critères des services d’immigration américains ; ce qui implique un contrôle de leurs antécédents judiciaires et de leur état de santé. Combien de visas sont-ils attribués avec ce système ? Environ 1 million de cartes vertes sont délivrées chaque année aux Etats-Unis, majoritairement sur la base du regroupement familial ou du droit d’asile, rappelle CNN. Parmi elles, 50 000 sont obtenues grâce à ce système. En 2016, environ 17,6 millions de personnes ont tenté leur chance dans le cadre de cette loterie. Seul 1 % des demandeurs ont reçu une carte de séjour, d’après les derniers chiffres du département d’Etat. Pourquoi ce système fait-il l’objet de critiques ? Depuis son adoption, le programme est vivement critiqué car il serait vulnérable à la fraude et permettrait à des migrants peu qualifiés, sans attache aux Etats-Unis, d’entrer sur le territoire. Des élus républicains et démocrates souhaitent le réformer, mais n’y sont jusqu’alors pas parvenus. Ainsi, en 2013, une proposition de loi bipartisane qui l’aurait abrogé a été votée au Sénat, mais enterrée à la Chambre des représentants, où les républicains étaient déjà majoritaires. Que veut faire Donald Trump ? Le président des Etats-Unis n’a jamais caché qu’il était hostile au système, et qu’il souhaiterait une sélection plus stricte des immigrés obtenant la carte verte. « Le terroriste est entré sur notre territoire grâce au Diversity Visa Lottery Program, une belle idée de Chuck Schumer. Tout le mérite lui revient », a écrit Donald Trump, après l’attaque à New York, mardi. Chuck Schumer, qui est le chef de file des démocrates au Sénat, avait participé à la création du programme en 1990, quand il était à la Chambre des représentants. « J’engage aujourd’hui le dispositif visant à mettre fin au programme de loterie. Je vais demander au Congrès de se mettre immédiatement au travail pour nous débarrasser de ce programme », a également déclaré M. Trump au cours d’une réunion à la Maison Blanche. Dans un discours au Sénat, M. Schumer a demandé, mercredi, au président d’arrêter de politiser les événements en ce jour de deuil. D’autant qu’en 2013 il était l’un des artisans de la réforme de l’immigration qui prévoyait son abrogation, mais qui n’a finalement pas abouti. | international | 13 |
Les effectifs du Samu social vont être renforcés avec le plan grand froid. REUTERS/© Stephane Mahe / Reuters La nuit approche et pour la première fois, Boubacar comprend qu'il n'aura pas d'endroit où dormir. C'est la veille de Noël, il appelle le 115 : "pas de place", lui répond-on. Son allure débonnaire se teinte d'embarras lorsqu'il évoque, quelques semaines plus tard, ces quelques nuits passées à la gare ou sur un banc public : "j'étais désespéré, désemparé (...), je suis tombé bien bas". Trois jours après son premier appel et à l'issue d'une heure de communication avec le Samu social, il trouvera finalement une place à l'Armée du salut, au Fort de Nogent (Val-de-Marne). Aujourd'hui, il s'estime chanceux : il pourra rester dans sa chambre jusqu'au 31 mars, date de la fermeture annuelle du centre alors que la majorité des hébergements d'urgence s'obtiennent pour une nuit ou deux. Son histoire ressemble à celle de nombreux autres occupant du foyer : perte d'emploi, séparation, plusieurs années dans des logements précaires... Boubacar s'installe pour la collation distribuée en fin d'après-midi aux bénéficiaires de l'Armée du salut. LeMonde.fr/Flora Genoux "IL FAUT QU'ON SE LES CAILLE POUR GÉRER LES SDF" Comme le premier appel de Boubacar, 49 % des demandes ont essuyé un refus en décembre, d'après la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars). En cause, un dispositif d'hébergement d'urgence sous dimensionné avec un déficit d'environ 70 000 places, selon un rapport parlementaire remis le 26 janvier. Les corapporteurs de ce rapport, Arnaud Richard (UMP) et Danièle Hoffman-Rispal (PS), soulignent la tension extrême entre le manque de structures d'accueil d'une part et une population sans domicile qui a probablement doublé depuis 2000 d'autre part. En décembre pourtant, le gouvernement avait rejeté l'éventualité d'augmenter les capacités d'hébergement d'urgence. "Il est possible de limiter la demande par la prévention et de mieux y répondre par l'accélération des sorties vers le logement", avaient alors avancé le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu et sa ministre de tutelle Nathalie Kosciusko-Morizet. A cette difficulté s'ajoute une "gestion au thermomètre" de l'hébergement dénoncée par les acteurs sociaux. Du fait d'un hiver clément, le volume de places mises à disposition a été longtemps réduit. Depuis ce week-end, et la chute des températures, le plan grand froid – enclenché lorsque les températures sont négatives le jour et comprises entre - 5 °C et - 10 °C la nuit – a pu être décrété dans plusieurs départements, permettant l'ouverture de places d'hébergement supplémentaires pour les sans domicile fixe et le renforcement des équipes du Samu social. Une logique dénoncée par l'Observatoire national du 115 (pdf) qui s'émeuvait, dans une étude publiée le 13 janvier, de voir des places inexploitées, car réservées au plan grand froid, alors que de nombreux SDF dormaient à la rue. Au moment de la publication de ce rapport, 150 places étaient ainsi bloquées dans la capitale. La polémique déclenchée par le texte a poussé les autorités à agir, et à mettre à disposition les places disponibles avant même l'arrivée de la rigueur hivernale. Au Fort de Nogent, l'Armée du salut a ainsi vu ses 23 places non disponibles débloquées alors que les températures étaient encore positives. Toutes ont été immédiatement remplies. "Il faut attendre qu'on se les caille pour gérer les SDF", s'insurge Juliette Laganier, chargée de mission "lutte contre l'exclusion" à la direction de l'action sociale de la Croix-Rouge. Selon le collectif Morts de la rue, autant de SDF meurent dans la rue l'été que l'hiver. "Les collectivités gèrent la question de l'hébergement d'urgence à l'aune des cas d'hypothermie", déplore Arnaud Richard, dont le rapport préconise ainsi la conservation des places ouvertes l'hiver pendant le reste de l'année. Selon le parlementaire, on dénombre 82 600 places en hébergement d'urgence l'été tandis que 9 300 places complémentaires sont ouvertes l'hiver. "Sur certains secteurs, la variation entre la période hivernale et le reste de l'année est de 50 %", considère de son côté Mathieu Angotti, directeur général du Fnars. DÉCLENCHER L'ACCOMPAGNEMENT SOCIAL Pour la Fnars comme pour les auteurs du rapport parlementaire, la meilleure façon de contenir l'urgence est la prévention. "Il faut déclencher tout de suite l'accompagnement social. En hôtel ou en gymnase, on tourne en rond, il faut une adresse, la possibilité de poser les bagages", préconise Mathieu Angotti. A l'étage de l'Armée du salut, de la musique s'échappe d'un dortoir, l'une des deux chambres de femmes, sept places chacune sur les 160 places que compte le centre. Cela fait un peu plus de deux mois que Grâce (le prénom a été changé) est arrivée. Sur le mur au-dessus de son lit, des photos de son fils, de moments festifs. La jeune femme de 25 ans a les mots amers : "Si j'avais su que c'était comme ça, je ne serais pas partie pour des gifles sur la figure." Elle a quitté son foyer pendant l'été, car son mari la battait. A l'évocation de son fils, placé en famille d'accueil, Grâce laisse échapper des larmes. Inscrite en intérim dans la vente, elle raconte ses journées d'été, "tu te balades dans la rue, avec pas grand-chose sur toi". Elle se rappelle de la difficulté à composer le 115 les premiers jours. "Pour moi, c'était pour les SDF", exprime-t-elle avec embarras. Elle appelle ensuite le Samu social tous les jours, à plusieurs reprises afin d'avoir une place pour la nuit. "Parfois je quittais le travail et je ne savais pas où aller", raconte-t-elle. Grâce a ramené quelques affaires à l'Armée du salut. Chaussures de sortie côtoient des sandalettes d'été, quelques bijoux et des photos collées sur les murs. LeMonde.fr/Flora Genoux Ce sera des chambres dans des foyers, pour une nuit avec départ obligatoire au petit matin. Les collectivités peuvent aussi loger dans des hôtels, pour des séjours plus longs ou ouvrir des gymnases, l'hiver, pour une nuit. Selon Arnaud Richard, cette gestion à l'urgence, outre le coût humain, présente un coût économique, un milliard d'euros par an selon le député. "A court terme, une nuit d'hôtel coûte peu cher, renchérit Mathieu Angotti, mais être coincé pendant trois ans à l'hôtel, c'est très coûteux." Le rapport corapporté par Arnaud Richard préconise plusieurs pistes : repenser le rôle des commissions de coordination des actions de préventions des expulsions qui pourraient "donner une chance" aux personnes en situation d'impayés, porter davantage d'attention au public vulnérable comme les jeunes sortant de l'Aide sociale à l'enfance. Le rapport propose encore d'inciter les communes à construire des hébergements d'urgence en "bonifiant" ces hébergements dans le cadre de la loi SRU. Le taux obligatoire de logement sociaux à atteindre (20 %) pourrait également être relevé dans les zones les plus sensibles. Enfin, le rapport propose une meilleure communication entre les acteurs sociaux afin que les dossiers soient traités de façon plus efficace. Lire l'entretien : "Il faut pérenniser les places ouvertes l'hiver" "C'est toute l'histoire du logement d'abord, note Mathieu Angotti, dès qu'on détecte une situation d'urgence il faut mettre le paquet tout de suite, quitte à investir beaucoup d'argent les premiers jours." Selon les calculs de la Fnars, il existe actuellement un travailleur social pour 30 à 50 personnes, "il faudrait un travailleur pour 2 à 5 cas les premiers jours de l'accompagnement", estime Mathieu Angotti. La Fnars cite l'exemple de la Finlande où le modèle révèle un meilleur "retour sur investissement". L'hiver comme l'été, "le moins cher reste de donner une chance à l'autonomie", résume Mathieu Angotti. Flora Genoux | societe | 3 |
M. Zombanakis, créateur du Libor, est considéré comme l'un des grands innovateurs étrangers dans la City, AFP/ATTA KENARE Il évoque à la fois Mark Twain et Albert Einstein. Minos Zombanakis est le créateur du Libor. Dans les années 1960, ce ressortissant grec, diplômé en économie de l'université d'Harvard, dirigeait la filiale londonienne de la banque américaine Manufacturers Hanover Trust. Expert en ingénierie financière, c'est lui qui a mis en place, en 1969, le premier prêt syndiqué de 80 millions de dollars consenti par un groupe de banques à l'Iran du chah. "J'ai assemblé les taux qui m'ont été communiqués par les membres du consortium. J'ai fait la moyenne et j'ai baptisé le mécanisme London Interbank Offered Rate, ou Libor", se remémore le financier, aujourd'hui âgé de 85 ans et à l'apparence très "british". Natif de Crète, au parler guindé, M. Zombanakis est considéré comme l'un des grands innovateurs étrangers dans la City, aux côtés de l'Allemand Sir Siegmund Warburg, fondateur de la banque homonyme, rachetée par le suisse UBS, ou du Français Patrick Stevenson, créateur de Paribas Capital Markets. INFATIGABLE OBSTINATION Son expertise, portée par une infatigable obstination, a permis de faire de la City l'un des pôles des prêts syndiqués à des pays, un marché longtemps informel. Le code d'honneur y était célèbre. Une seule phrase, "My word is my bond" ("Ma parole vous sert de garantie"), et l'on scellait une affaire de plusieurs dizaines, voire centaines, de millions de dollars. "De mon temps, tous ceux qui travaillaient à la City se comportaient en gentlemen. Nous avions une éthique des affaires", commente M. Zombanakis à propos des mésaventures de la Barclays. La banque britannique a accepté, le 27 juin, de payer plus de 360 millions d'euros pour mettre fin à des enquêtes la visant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Autres temps, autres moeurs… En 1986, la City a tiré définitivement un trait sur son passé et ses us et coutumes. Dans la foulée de l'invasion des géants américains, européens et japonais de la finance, la fixation du Libor a été "codifiée". La British Bankers Association, l'association des banquiers britanniques, a été chargée de collecter les données permettant de calculer cet indicateur, avec l'aide de l'agence Thomson Reuters. | economie | 7 |
Tendances France. A bien y regarder, il en va des finances publiques comme des comptes des entreprises : on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. La publication, le 26 mars, d’un déficit public tricolore de 2,6 % au titre de 2017, passé pour la première fois depuis une décennie sous le seuil des 3 %, n’a pas fait exception à cette règle. « Excellente nouvelle due à nos efforts pour moins dépenser et aux recettes du nouvel élan économique inspiré par Emmanuel Macron ! » s’est félicité, sur son compte Twitter, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin. La forte réduction du déficit l’an dernier doit beaucoup à la bonne conjoncture économique qui souffle sur la France depuis plus d’un an « Quand les résultats sont là, l’honnêteté, c’est de les attribuer à leurs auteurs. Les efforts et le sérieux engagés depuis 2012 ont payé », ont pour leur part estimé les députés du groupe Nouvelle Gauche dans un communiqué. Enfin Eric Woerth, le président (LR) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a mis en garde : « Il y a une embellie, mais pas une embellie sur les dépenses. (…) Le gouvernement actuel n’est pas le seul responsable, il y a aussi les décisions du quinquennat précédent. » Comme souvent, la réalité est nuancée. La forte réduction du déficit l’an dernier (il atteignait encore 3,4 % en 2016) doit beaucoup à la bonne conjoncture économique qui souffle sur la France depuis plus d’un an, et est allée en s’accélérant depuis l’été 2017. C’est ce qui a permis de doper les recettes fiscales nationales (TVA, impôt sur le revenu…), de gonfler le produit des taxes locales (comme les droits de mutation, cette taxe sur les transactions immobilières) et d’engranger des cotisations supplémentaires sur les salaires. « Business friendly » La confiance retrouvée des chefs d’entreprise et des investisseurs doit beaucoup à l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qui parle leur langue, partage leur vision de la mondialisation et s’applique à dérouler un programme « business friendly ». la consommation des ménages est restée dynamique jusqu’en fin d’année dernière Mais l’envolée de l’économie française l’an dernier ne vient-elle pas, au moins autant, de la bonne santé retrouvée de nos partenaires européens ? N’est-elle pas, surtout, à mettre en partie sur le compte des mesures prises par la précédente majorité ? Mal présentées et souvent mal comprises, elles ont coûté à François Hollande la possibilité de briguer un second mandat. | idees | 12 |
Boris Séméniako Mardi 3 février, une vidéo intitulée « Faites exploser la France » est publiée sur Internet. On y voit des hommes campés devant un camion, fusils et lance-roquettes à la main, qui appellent, en français, à commettre des attentats dans le pays. « Explosez leur la tête, que ce soit avec une pierre, ou quoi que ce soit si vous n’arrivez pas à vous procurer un pistolet », dit un homme cagoulé, debout et en armes. Cette vidéo apparaît comme la suite d’une première séquence, publiée en octobre 2014, dans laquelle un homme visiblement français, d’environ 25 ans et portant une longue barbe, invitait à visage découvert les musulmans de France à « prendre exemple sur notre frère Mohamed Merah ». Comme toutes les vidéos d’organisations djihadistes, « Faites exploser la France » n’est pas apparue par magie sur la Toile. Elle a été diffusée selon une méthode éprouvée que les militants de l’Etat islamique (EI) ont perfectionnée au fil du temps. Les vidéos, protégées ou non par des mots de passe, sont d’abord chargées sur des serveurs accessibles au grand public. Une heure avant la diffusion, les liens de téléchargement, actifs mais encore cachés, sont diffusés sur les forums djihadistes (très surveillés), puis par quelques comptes Twitter de propagande. Ces derniers seront rapidement supprimés par Twitter sur signalement, mais, par le biais d’un mot-clé connu à l’avance, les sympathisants retrouveront sans peine les nouveaux comptes… Avantage attendu de cette méthode : de nombreux militants disposent du fichier original avant qu’il n’attire l’attention des autorités – et peuvent donc le mettre en ligne sur les grandes plates-formes de diffusion comme YouTube et Dailymotion. Systèmes de modération Depuis un an, les vidéos de propagande de Daech se sont multipliées. Dans toutes les langues, elles appellent à commettre des attentats, montrent des décapitations d’otages et demandent au spectateur de rejoindre des groupes armés présentés comme fraternels et luttant pour une juste cause… L’organisation diffuse même de faux reportages en anglais, tournés de manière professionnelle, montrant une vie idyllique dans des villes « libérées » par l’EI… En France, la diffusion de ces vidéos, outils-clés de la politique d’embrigadement de l’EI, est contraire à la loi. Les services qui les hébergent sont passibles d’une amende importante et tenus de supprimer toutes les vidéos incitant à la haine ou faisant l’apologie du terrorisme. Et depuis les attentats qui ont frappé la France en janvier, les réseaux sociaux et les plates-formes de vidéo sont régulièrement montrés du doigt par le gouvernement, qui les accuse à demi-mot de laxisme. | pixels | 172 |
Chronique Article réservé à nos abonnés « A l’heure où la parole décomplexée des dirigeants misogynes scandalise, la montée en puissance de femmes âgées a comme un goût de revanche » Marie Charrel Tribune Article réservé à nos abonnés « L’hôpital public s’écroule et nous ne sommes plus en mesure d’assurer nos missions » Collectif Tribune Article réservé à nos abonnés « Les musulmans n’en peuvent plus d’entendre parler de leur religion sur le mode de la dénonciation » Christian Delorme Prêtre du diocèse de Lyon Idées Editorial : Les erreurs du président bolivien Evo Morales | politique | 9 |
Faut-il y voir une manœuvre dilatoire ? Lors de sa conférence de presse, lundi 6 février, François Fillon a annoncé son intention de contester, en droit, la compétence du parquet national financier (PNF) à enquêter sur les faits de « détournement de fonds publics » qui lui sont reprochés. « Le parquet financier s’est saisi en vingt-quatre heures. Les premiers témoins ont été entendus en quarante-huit heures. Et mes avocats viennent de signaler au parquet financier qu’il n’était sans doute pas compétent pour se saisir de cette affaire », a déclaré le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Un mémoire visant à soulever un vice de procédure a été déposé, lundi, auprès du PNF, par l’avocat de François Fillon, Antonin Lévy, dans l’enquête ouverte le 25 janvier sur les soupçons d’emplois fictifs visant Penelope Fillon et deux enfants du couple. Une démarche à laquelle l’avocat de Penelope Fillon, Pierre Cornut-Gentille, a dit « s’associer », dans une déclaration au Monde. Les avocats contestent le fait que le délit de détournement de fonds publics s’applique à un parlementaire, étant réservé, selon leur analyse et en l’absence de jurisprudence, aux personnes dépositaires de l’autorité publique ou chargées d’une mission de service public et non à tous les titulaires d’un mandat électif. Ce qui désignerait un maire, par exemple, chargé en tant qu’élu local d’une mission de service public, mais pas un député ou un sénateur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’opération de contrition de François Fillon pour sauver sa campagne Les conseils des époux Fillon s’appuient ensuite sur le principe de la séparation des pouvoirs, pour contester à l’autorité judiciaire la faculté de contrôler la façon dont un député emploie les fonds qui lui sont affectés. « La justice peut s’assurer que l’argent est bien utilisé pour les collaborateurs, mais ce n’est pas à elle de choisir à qui et à quoi il doit aller », estime Pierre Cornut-Gentille. Le travail de la justice s’arrêterait ainsi dès lors qu’il existe un contrat de travail. « Sérénité et célérité appropriées » Dans un communiqué diffusé sans délai, lundi soir, le PNF a répondu que les investigations étaient diligentées « conformément aux critères de compétence définis par l’article 705 du code de procédure pénale » – qui définit son champ d’action, pour des infractions allant de la corruption active et du trafic d’influence au détournement de biens. A François Fillon qui a, par ailleurs, déploré, lundi, les nouvelles révélations sur l’enquête, parues dans Le Monde du 7 février, le PNF a répondu que l’enquête se déroulait « avec la sérénité et la célérité appropriées », « dans le strict respect de l’article 11 du code de procédure pénale » – qui régit le secret de l’enquête. « Une décision sur l’orientation de la procédure sera prise lorsque les investigations seront terminées. Il serait hasardeux de préjuger dès à présent de leur issue », conclut le PNF. Lire aussi François Fillon joue la transparence en publiant sa déclaration de patrimoine | affaire-penelope-fillon | 425 |
PSYCHOLOGIE La pornographie, première source d'information sexuelle des adolescents ? La plupart des jeunes ont visionné des films X, que ce soit à la télévision ou sur Internet. Pour contrer l'influence de ces images, un groupe d'amis a lancé, en juin, deux sites dont l'objectif est d'apporter une vision structurante de la sexualité et de la relation à l'autre. L'un est gratuit et s'adresse aux parents (Educationsexuelle.com), l'autre, payant (Educationsensuelle.com ; 3 euros pour un mois, 6 euros pour six mois), cible les adolescents. Plusieurs films pédagogiques conseillent les adolescents sur le baiser, les caresses et les attitudes sensuelles, l'impact des mots, l'amour dans le respect de l'autre. Pudiques - la seule nudité visible est la poitrine - mais explicites, ces petits films en noir et blanc mettent en scène les ébats de deux jeunes gens. Par ailleurs, des experts, psychologues, sexologues, pédiatres, gynécologues, mais aussi un acteur de films X, témoignent sur ce qu'est la sexualité dans la "vraie vie". 67 % des garçons de 14 ans (77 % de ceux de 15 ans) ont vu au moins une fois un film pornographique, 36 % des filles du même âge (45 % de celles de 15 ans), selon les derniers chiffres disponibles (étude Inserm dirigée par l'épidémiologiste Marie Choquet, en 2003, à la demande du CSA). Les garçons sont non seulement plus nombreux à regarder des images X, mais ils sont aussi plus assidus : près d'un garçon de 14 à 18 ans sur quatre a vu au moins dix films dans l'année, pour une fille sur cinquante. Quelles sont les répercussions sur leur sexualité future ? L'enquête ne le dit pas. En revanche, les garçons qui visionnent régulièrement ces images boivent plus d'alcool que les autres et font presque deux fois plus de tentatives de suicide (sans qu'on puisse établir à ce stade de lien de cause à effet). Pour Nathalie Bajos, sociologue et démographe, directrice de recherche à l'Inserm, qui a codirigé l'enquête, en 2006, sur la sexualité en France, la pornographie est "une influence parmi d'autres", comme celles des médias, de la famille, de l'école ou des copains. "Elles peuvent entrer en contradiction. Ce n'est que si les adolescents sont exposés à des sources normatives qui vont dans le même sens que la pornographie risque de structurer l'entrée dans la sexualité", précise-t-elle. | vous | 8 |
Pour le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les politiques choisies par la zone euro conduisent celle-ci tout droit vers une décennie perdue. A moins que les Etats membres ne changent les règles du jeu. Le taux de chômage des jeunes atteint des records en zone euro. Peut-on parler de « génération sacrifiée » ? Oui, et les conséquences ne sont pas seulement dramatiques pour les 18-25 ans. Cela coûtera plusieurs points de croissance à la zone euro et ce, pendant au moins une décennie, car le taux de chômage structurel s’est envolé. C’est très grave. Alors que la croissance repart aux Etats-Unis, la zone euro s’enfonce dans la stagnation. Comment l’expliquer ? Principalement à cause des politiques économiques choisies sur le Vieux Continent. Alors que les Etats-Unis ont laissé leur déficit se creuser pendant la crise, la zone euro a très vite opté pour des mesures d’austérité qui, loin d’avoir permis de réduire les dettes publiques, ont contribué à les creuser. Pire, les règles institutionnelles de l’union monétaire, telles que la limitation du déficit public à 3 % du produit intérieur brut (PIB), sont contre-productives. Elles ne laissent aucune marge de manœuvre aux Etats et accentuent les cycles récessifs. Que peuvent faire les pays membres pour relancer la croissance ? Il faudrait d’abord qu’ils renoncent à l’austérité. Puis que les pays proches de l’équilibre, principalement l’Allemagne, mènent des politiques plus expansionnistes, avec par exemple une hausse des salaires. Mais il conviendrait surtout de revoir le fonctionnement même de la zone euro. En l’état, l’union monétaire n’est pas viable. Elle doit être complétée par l’union bancaire et par une forme d’union budgétaire. Celle-ci peut prendre différentes formes : des obligations européennes, un fonds de solidarité pour les nouveaux membres, ou bien pour les Etats en difficulté… Si elle ne change pas les règles du jeu dans ce sens, la zone euro est condamnée à une décennie perdue. Faut-il généraliser les mesures visant à encourager les embauches, comme celles instaurées en France ? Ces mesures auront une efficacité limitée, tout comme les réformes structurelles ciblant l’offre, car elles ne répondent pas au problème le plus urgent de la zone euro : la faiblesse de la demande. Les dispositifs tels que le pacte de responsabilité français, censé encourager les entreprises à créer des emplois, auront bien sûr des effets positifs à long terme. Mais dans l’immédiat, ils ne servent à rien puisque, en face, la demande adressée aux PME est nulle. Tant que cette dernière ne redémarrera pas, les embauches resteront au point mort. | economie | 7 |
Moussa Dembélé (en bas) félicité par son coéquipier Martin Terrier après son but lors de la rencontre entre l’OL et Nîmes, le 19 octobre. PHILIPPE DESMAZES / AFP L’Olympique lyonnais retrouve le goût de la victoire et le podium de Ligue 1. L’OL s’est imposé 2-0 face à Nîmes, vendredi 19 octobre au soir, en ouverture de la 10e journée de championnat. Après trois matchs de suite sans succès toutes compétitions confondues, dont une déroute au Paris-SG (5-0), les Gones se sont relancés au bon moment, à quatre jours de leur déplacement à Hoffenheim en Ligue des champions. Lire aussi : L’exploit de Kylian Mbappé face à Lyon Approximations dans le replacement défensif Moussa Dembélé (24e) et Memphis Depay (90e) permettent aux Lyonnais de grimper provisoirement à la 3e place du classement, tandis que Nîmes, qui n’a plus gagné depuis le 19 août, glisse à la 16e place. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une Ligue 1 sans suspense mais pas sans intérêt(s) L’ancien attaquant du Celtic a donné l’avantage à l’OL en marquant de près à la suite d’une passe en profondeur de Marcelo. C’est son troisième but de la saison, après son doublé à Dijon (3-0), le 26 septembre. Quant au Néerlandais, il a bénéficié d’une action confuse dans la surface en fin de rencontre. C’est seulement la seconde fois que Memphis Depay marque cette saison en Championnat. Au-delà de leur inefficacité offensive, les Lyonnais ont affiché beaucoup d’approximations dans le replacement défensif et sont restés jusqu’au bout sous la menace d’une égalisation des Crocodiles. Lire aussi : Pourquoi Lyon est meilleur face aux grandes équipes Mardi, face aux Allemands d’Hoffenheim, l’OL devra afficher plus de rigueur et de cohésion pour espérer obtenir un bon résultat. | ligue-1 | 227 |
Le jeu "Glory of Rome", de Kabam, conçu pour le réseau social Facebook. Kabam Les Français consacrent douze heures et douze minutes par semaine aux jeux vidéo ou sur mobile, soit deux heures de plus par rapport à 2011, alors que le temps accordé à la lecture et à la musique a peu évolué, selon l'étude REC+ de l'institut GfK. Pour cette enquête, 2 314 personnes âgées de 10 à 65 ans ont été interrogées en ligne, du 13 mars au 5 avril. GfK indique que le temps consacré chaque semaine par les Français à la musique et aux livres est resté stable depuis 2011 : ils écoutent six heures vingt-deux minutes de musique (hors radio, soit sur CD, MP3, en streaming, etc.), contre six heures en 2011, et passent cinq heures trente-deux minutes à lire des livres, contre cinq heures trente-six minutes il y a deux ans. Les sondés consacrent cependant nettement plus de temps à jouer : douze heures douze minutes par semaine, contre dix heures quatorze minutes il y a deux ans. Outre les jeux sur console ou PC, les jeux sur téléphone portable sont également pris en compte dans la mesure. "Le jeu sur PC et console reste stable. Mais depuis plus d'un an la pratique nomade du jeu augmente, grâce au développement des mobiles, et permet de convertir du temps mort dans les transports par exemple, notamment avec des jeux ou des applications de 'casual gaming'", soit destinés aux joueurs occasionnels, explique ainsi Gaël Babarit, analyste de GfK. Le nombre de Français à s'être procuré des applications ou jeux sur tablette ou smartphone "a augmenté de 50 %" en un an seulement, précise l'étude. Côté vidéo, les Français en regardent également plus qu'il y a deux ans : quatre heures vingt-trois minutes chaque semaine, contre trois heures quarante minutes en 2011. "Il y a de plus en plus de services qui sont mis en place, et le 'streaming' (regarder la télévision sur Internet) comme la télévision de rattrapage sont donc en progression", souligne M. Babarit. Les films et les séries télé restent les types de vidéos les plus téléchargées, et les films pour enfants (qui arrivent en troisième place) sont en constante progression depuis deux ans, note GfK, qui souligne que "malgré une plus forte utilisation des tablettes au détriment des ordinateurs, ceux-ci restent les plus utilisés pour télécharger". Plus de 9 Français sur 10 (93 %) ont également acheté un bien culturel au cours des douze derniers mois, alors que seul 1 Français sur 4 (26 %) a acheté au moins un bien culturel dématérialisé. Les sondés ont dépensé 83 euros sur un an pour l'achat de livres, un budget qui décroît et était par exemple de 95 euros en 2010. La part des Français téléchargeant des livres sous format numérique a en revanche augmenté au cours des douze derniers mois : 20 % des sondés indiquent l'avoir fait, contre 11 % en 2010. "Cette pratique se fait de plus en plus de manière légale", souligne GfK : sur ces 20 % en effet, seuls 3 % disent avoir téléchargé des fichiers de livres numériques illégalement. | technologies | 21 |
Le convoi du chef des observateurs de l'ONU à Homs, le 3 mai 2012. AFP/JOSEPH EID Une explosion a eu lieu au passage d'un convoi d'observateurs de l'ONU à l'entrée de Deraa, berceau de la contestation dans le sud de la Syrie, blessant six soldats syriens, rapporte mercredi 9 mai la chaîne de télévision progouvernementale Addounia. Le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, se trouvait dans le convoi, mais il est sain et sauf, selon un photographe de l'Agence France-Presse. "Dans le convoi visé, il y avait les quatre voitures de l'ONU dans lesquelles se trouvaient 13 observateurs, dont le général Mood et le porte-parole Neeraj Singh", a précisé le photographe, indiquant que la charge avait explosé après le passage des véhicules de l'ONU. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a aussitôt accusé le régime qui, selon lui, cherche à saboter la mission de l'ONU censée mettre un terme à près de quatorze mois de violences. Paris a également rapidement réagi en condamnant "fermement" l'attaque contre le convoi et tenant Damas pour responsable de la sécurité des casques bleus. Le chef de mission de l'ONU a également dénoncé l'attaque. Une cinquantaine d'observateurs et collaborateurs civils sont déployés en Syrie pour vérifier la bonne application du plan Annan, qui comprend un cessez-le-feu, le déploiement d'observateurs et un libre accès au pays pour les journalistes et les organisations humanitaires. C'est la première fois qu'une explosion se produit au passage des observateurs. L'ARMÉE SYRIENNE LIBRE PRÊTE À REPRENDRE LES COMBATS Ailleurs dans le pays, les troupes syriennes pilonnaient Douma, près de Damas, ignorant toujours le plan de Kofi Annan, jugé par l'émissaire international comme étant probablement "la dernière chance d'éviter la guerre civile" dans le pays. Mercredi, huit personnes ont été tuées dans les violences qui se poursuivaient, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui a par ailleurs accusé dans un communiqué les services secrets d'avoir "contraint à l'exil des milliers de jeunes hommes" de la ville côtière de Banias, parmi les premières à s'être soulevées contre le régime de Bachar Al-Assad. M. Annan, qui a défendu son plan de paix mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, a reconnu qu'il était "très difficile de convaincre" le régime de Bachar Al-Assad et la rébellion de déposer les armes. Par ailleurs, une Libanaise de 70 ans a été tuée dans le nord-est du Liban par des tirs des forces syriennes à la frontière entre les deux pays, a indiqué mercredi un responsable libanais sous couvert de l'anonymat. Des membres de l'ASL, le 5 mai 2012, à Qusair. REUTERS/STRINGER Parallèlement, Riad Al-Assad, le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), a menacé de reprendre les attaques contre les forces du président Bachar Al-Assad. "Nous n'allons pas rester les bras croisés (…) alors que les tueries, les arrestations et les bombardements continuent en dépit de la présence d'observateurs (…)", déclare M. Assad au journal basé à Londres Achark Al-Aousat. Ces déclarations risquent de rendre encore un peu plus difficile l'application effective du plan Annan. L'opposition syrienne armée apparaît comme divisée et de nombreux rebelles disent ne pas recevoir d'ordre de la hiérarchie de l'ASL, formée à l'origine par des déserteurs de l'armée régulière. Selon M. Riad Al-Assad, l'ASL a quitté les villes pour laisser une chance au plan Annan. | proche-orient | 1 |
Sarah Palin et sa fille Piper, à New York, le 31 mai 2011. AP/Craig Ruttle Les médias américains ont commencé à décortiquer, vendredi, le contenu de 24 000 pages de courriers électroniques rédigés par Sarah Palin lorsqu'elle était gouverneur d'Alaska, avant de devenir la possible candidate républicaine à l'élection présidentielle de 2012. Il s'agit de la correspondance des deux premières années de Palin à la tête de l'Alaska, de décembre 2006 à septembre 2008. CNN et le quotidien Anchorage Daily News avaient demandé en 2008, au moment où Mme Palin avait rejoint John McCain sur le "ticket" républicain à la présidentielle, à ce que soit rendue publique sa correspondance électronique, au nom de la liberté d'information. D'autres médias ont demandé à voir les courriels de Sarah Palin jusqu'à sa démission en juillet 2009 pour se consacrer à sa carrière nationale, comme commentatrice politique et animatrice sur la chaîne de télévision Fox News et auteur de livres à succès. Cette requête est en cours d'examen. Les six cartons de correspondance électronique sont accessibles pour quiconque accepte de payer 725 dollars pour les photocopies et plusieurs centaines de dollars supplémentaires pour leur livraison. Ils contiennent les courriels de Sarah Palin sur son adresse professionnelle ainsi que sur deux comptes privés sur Yahoo qu'elle utilisait aussi à des fins professionnelles [[email protected] et [email protected]]. Des dizaines de journalistes se sont rendus à Juneau, capitale de l'Alaska, pour récupérer ces documents réclamés depuis 2008. Neuf heures plus tard, près de la moitié des courriels avait été épluchée et mise sur internet par de nombreux médias. La plupart des courriels concernent la gestion de son administration au jour le jour et sont rédigés dans le style très familier — ponctués par des interjections telles que "unflippinbelievable", "holy....", "ugh" et "thank the lord" — qui plaît à ses supporters et suscite l'ironie de ses détracteurs. De nombreux passages ont été effacés pour protéger la vie privée ou des secrets de l'administration. Quelque 2 400 pages sont également retenues, les avocats de l'Alaska ayant estimé qu'ils contenaient trop d'informations. La tâche de passer au peigne fin ces courriels est telle que plusieurs médias, au nombre desquels le Huffingtonpost.com et le New York Times, demandent à leurs lecteurs de les aider et de leur signaler d'éventuels "pépites" que pourraient receler ces courriels. En savoir plus : les mails de Sarah Palin par le New York Times | ameriques | 10 |
La chancelière allemande, Angela Merkel, et la première ministre britannique, Theresa May, à l’issue de leur rencontre, le 20 juillet, à Berlin. John MacDougall / AFP Si Theresa May a montré qu’elle n’hésitait pas à faire la révérence devant la reine, la nouvelle première ministre britannique n’entend manifestement pas s’agenouiller devant les Européens. Mercredi 20 juillet, c’est une femme apparemment très sûre d’elle qui a effectué sa première visite officielle à l’étranger, en l’occurrence à Berlin, avant de se rendre le lendemain au palais de l’Elysée, à Paris. Rouge à lèvres et vernis à ongles éclatants, grand collier de perles, bijoux scintillants : Theresa May n’a manifestement pas cherché à amadouer la chancelière allemande en imitant son style austère. Même si, lors de leur conférence de presse commune, Mme May a qualifié leurs premiers échanges de « constructifs », les deux femmes savent pertinemment que les négociations à venir ne vont « pas être faciles », a reconnu Angela Merkel. Lire aussi Brexit : Theresa May joue Angela Merkel contre François Hollande Les Allemands ont longtemps espéré, après le vote des Britanniques en faveur du Brexit, que celui-ci ne soit que formel, voire que les Britanniques, s’apercevant de leur erreur, y renoncent d’une façon ou d’une autre. Theresa May a rappelé, mercredi, qu’il n’en était pas question : « Brexit veut dire Brexit », a-t-elle une nouvelle fois indiqué au tout début de son intervention. Même lorsqu’elle se veut rassurante, elle emploie des expressions qui montrent la distance qui se creuse déjà entre Londres et l’Union européenne. « Je veux aussi dire clairement, ici aujourd’hui et dans le reste de l’Europe dans les semaines à venir, que nous ne nous détournons pas de nos amis européens. » Les Allemands sont sur le registre du divorce, les Britanniques sur celui de l’amitié. L’annonce par Theresa May, quelques heures avant son arrivée à Berlin, que son pays renonçait à occuper la présidence tournante de l’Union européenne (UE), prévue pour le second semestre 2017, est considérée comme un signal positif, tant à Berlin qu’à Bruxelles. Les diplomates et les dirigeants européens ne s’attendaient pas à ce que cette décision très symbolique, intervienne si tôt. « Nous écoutons la Grande-Bretagne, ce qu’elle souhaite et nous lui donnerons alors la juste réponse », Angela Merkel La première ministre britannique a confirmé que le Royaume-Uni ne demanderait pas l’activation de l’article 50, qui prévoit le départ d’un pays de l’UE, « avant la fin de cette année ». « Cela va prendre du temps et demander un travail très précis », explique-t-elle. Tout juste concède-t-elle : « Nous chercherons à trouver des solutions qui respectent les intérêts des électeurs britanniques, mais qui respectent aussi les intérêts de nos partenaires européens. » | referendum-sur-le-brexit | 362 |
En mars 1931, avec la liquidation judiciaire de l'Aéropostale, l'aviation française s'enfonce un peu plus dans le marasme. Le vide ainsi créé laisse aux équipages un sentiment de colère teinté d'incompréhension. En effet, la France, qui avait déjà accordé aux Zeppelin - les fameux dirigeables allemands - le droit de survoler le territoire national sans contrepartie, récidive en autorisant le transporteur américain Pan American et l'allemand Kondor à voler entre Rio et Natal en utilisant les structures mises en place par... Mermoz. Pis. En 1932, le ministère de l'air permet l'installation de la Lufthansa à Orly. Une exploitation commune France-Amérique du Sud est même évoquée. Un projet différé qui ressurgit en 1933 et 1934. C'est à cette époque que l'administration française engage une refonte du transport aérien pour contrer... la concurrence étrangère. Ainsi, en mars 1933, les lignes Farman, Air Union, la Cidna fusionnent au sein de la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes (Scela) avant de s'unir à la plus grande compagnie française d'alors, Air Orient. Ensemble, elles reprennent les actifs de l'Aéropostale au mois de juillet 1933. C'est finalement à la faveur de ces rapprochements que naît Air France, le 30 août de la même année. Les Allemands redoublent d'efforts pour "aider" la compagnie nationale en lui proposant de se rapprocher d'elle et d'assurer le trafic sur l'Atlantique sud en profitant du réseau (installations radio, aérodromes, organisation commerciale) créé par Latécoère et Bouilloux-Lafont. Le 1er juillet 1935, l'idée d'un rapprochement, jusque-là repoussé, entre Air France et la Lufthansa se concrétise sous la forme d'un pool de services aériens. L'accord prévoit deux vols postaux hebdomadaires sur l'Atlantique sud, dont le transporteur allemand n'a qu'à se féliciter... Petit à petit, Air France abandonne les réseaux sud-américains aux Américains et aux Allemands. La compagnie allemande profite de l'occasion pour se déployer, à l'exception toutefois du tronçon principal Paris - Buenos Aires. Elle peut même s'enorgueillir d'avoir la ligne la plus haute du monde avec des vols au-dessus des Andes. Kondor, la filiale de Lufthansa au Brésil, réussit à devenir le plus gros actionnaire de la compagnie brésilienne Varig. | vous | 8 |
Des élèves du collège Santee Education Complex ont milité pour des toilettes neutres dans le district de Los Angeles, en avril dernier. LUCY NICHOLSON / REUTERS La Cour suprême des Etats-Unis a annoncé vendredi 28 octobre qu’elle déciderait dans quelles toilettes doivent aller les personnes transgenres, une question ultrasensible qui a pris une dimension nationale en Amérique. Le dossier concerne une personne de 17 ans nommée Gavin Grimm, née de sexe féminin mais qui s’identifie comme un garçon. L’adolescent a saisi la justice pour obtenir le droit d’utiliser les toilettes pour hommes de son lycée situé à Gloucester, en Virginie. Cette affaire extrêmement chargée politiquement sera plaidée d’ici fin juin et s’annonce comme l’une des plus importantes de la session en cours. Une douzaine d’Etats républicains dénoncent la circulaire Le gouvernement de Barack Obama affirme que l’accès aux toilettes et aux vestiaires sportifs du système éducatif public doit se faire selon le sexe auquel un élève s’identifie, et non selon son sexe de naissance. Les autorités fédérales, voulant lutter contre la discrimination des personnes transgenres, ont donc envoyé une circulaire nationale demandant au système d’enseignement public de se conformer à cet avis. Lire aussi Aux Etats-Unis, les élèves transgenres ne pourront pas tous utiliser les toilettes de leur choix Mais l’idée est violemment combattue par une douzaine d’Etats républicains, qui ont entamé des poursuites en justice visant l’administration centrale. Ces directives de Washington ont été vues par les Américains les plus conservateurs comme une ingérence dans leurs affaires scolaires locales et un abus de pouvoir de la Maison Blanche. Les défenseurs de cette position avancent deux arguments principaux, l’un religieux, l’autre sécuritaire. En pointe dans le défi aux autorités fédérales, la Caroline du Nord avait ainsi adopté une loi imposant aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes en fonction de leur sexe quand elles sont nées. Cette loi de Caroline du Nord, qui concerne une infime minorité de la population, a été jugée discriminatoire par de multiples personnalités, issues de la société civile, du monde des affaires et sportif ou du parti démocrate. Un blocage possible La Cour suprême fonctionne depuis le décès en février du juge Antonin Scalia avec huit magistrats au lieu de neuf : quatre juges conservateurs et quatre juges progressistes. Elle est menacée de blocage. Une des premières tâches du futur président des Etats-Unis sera de nommer le neuvième juge actuellement manquant. Les dossiers idéologiquement chargés sont actuellement davantage susceptibles de déboucher sur des décisions boiteuses, à égalité de quatre juges contre quatre. « C’est relativement surprenant que la Cour suprême ait accepté de prendre ce dossier avec seulement huit membres siégeant. Il faut espérer que d’ici qu’ils entendent cette affaire ils aient retrouvé leur collège complet de neuf », a commenté Elizabeth Cooper, professeur à la Fordham Law School. | ameriques | 10 |
L'Olympique de Marseille, en conflit avec la mairie au sujet du montant de la location du Stade-Vélodrome, jouera son premier match à domicile le week-end du 15 au 17 août, contre Montpellier, au stade de la Mosson. AFP/BORIS HORVAT L'Olympique de Marseille, en conflit avec la mairie au sujet du montant de la location du Stade-Vélodrome, jouera son premier match à domicile le week-end du 15 au 17 août, contre Montpellier, au stade de la Mosson, a annoncé le club, jeudi 24 juillet, sur son site Internet. « Après l'échec des dernières négociations avec la mairie afin de trouver un accord raisonnable sur le montant du loyer du Stade-Vélodrome, la direction de l'OM annonce que son équipe ne jouera pas à Marseille », écrit le club. L'OM « présente, une nouvelle fois, toutes ses excuses à ses supporteurs ». « DOULOUREUSE DÉCISION » « Tout a été tenté, de notre côté, afin de permettre aux Marseillais de venir soutenir leur équipe au Stade-Vélodrome », assure le directeur général de l'OM, Philippe Pérez, cité dans le communiqué publié sur le site. « Mais la position radicale de la municipalité ne nous laisse d'autre choix que de prendre cette douloureuse décision. Il s'agit, malheureusement, de notre seule option pour préserver les intérêts vitaux de l'OM, qui ne peut pas et ne paiera jamais ce que réclame la mairie. » Le conseil municipal de Marseille avait voté une résolution le 30 juin fixant le loyer du stade, entièrement rénové et en partie couvert dans la perspective de l'Euro 2016, à 381 000 euros par match plus une part variable sur la billetterie, soit 8 millions d'euros par an, 10 millions avec la billetterie. | football | 122 |
Des inconnus se recevant les uns chez les autres pour partager un moment convivial et se distribuant des notes à la fin de la soirée, cela ne vous rappelle rien ? Trois ans après le lancement d'"Un dîner presque parfait" sur M6 (gros carton d'audience à la clé), TF1 propose sa réplique sur un concept et une écriture quasiment similaires. Seule nuance : il ne s'agit pas ici de savoir qui a réussi la meilleure blanquette de veau ou le plus fameux dos de cabillaud, mais de déterminer quelles sont les meilleures chambres d'hôtes... Une subtilité qui pourrait ne pas suffire à éviter les accusations de plagiat. Les deux chaînes sont en effet chatouilleuses en ce moment à propos de l'émission de M6 "On ne choisit pas ses voisins", copie de "Voisins, vont-ils se mettre d'accord ?" sur TF1. Pas d'assiettes donc - encore qu'il y ait des séquences dégustation - mais des chambres, des lits et des maisons d'hôtes que nous découvrons tout au long de la semaine selon un principe éprouvé qui veut que chaque couple d'"hôteliers" donne son avis sur les installations des voisins. ÇA CRITIQUE SEC Tout y passe : les cheveux dans la douche, les taches "suspectes" sur les matelas, la poussière sur les étagères, les activités proposées... Autant le dire, ça critique sec chez les professionnels de l'accueil à la maison, qui ne se font pas de cadeau. D'où l'impression d'une moins grande convivialité que dans l'émission de M6 et d'assister à une compétition plus sérieuse. Reste qu'en reprenant une formule qui fonctionne et en jouant sur les thèmes de la décoration, de la découverte des régions et des gastronomies locales, TF1 tient sans doute avec "Bienvenue chez nous" un programme fédérateur. Un nouvel avatar de cette télévision du plaisir et de la proximité qui a permis à M6 de se hisser sur la troisième marche du podium des chaînes françaises. | vous | 8 |
C'est le grand test pour Viadeo. Lundi 7 juillet marque le début de cotation des actions du réseau social professionnel français. Mais tombés à l'ouverture des marchés à 14,82 euros, soit plus de deux euros en dessous du titre d'introduction fixé à 17,10 euros, les titres du groupe n'ont pas brillé. Le marché, rassasié par un nombre d'introductions record ces six derniers mois, ne semble pas vraiment croire au destin de cette « pépite française » du Web. « Les marchés ont été très sollicités ces derniers mois et ont, du coup, été plus sélectifs, ayant déjà placé de fortes sommes », indique Greg Revenu, de la banque Bryan Garnier. Son problème : la difficile coexistence avec un mastodonte du marché, l'américain LinkedIn, qui a su séduire la planète entière et qui a construit en une décennie un modèle économique solide. Lancé en 2004, Viadeo a, comme son concurrent américain, pour but de mettre en relation les professionnels entre eux afin de créer un réseau virtuel permettant de faire évoluer sa carrière. L'idée étant de se connecter, grâce à Internet, à des individus ou des entreprises que l'utilisateur n'aurait pas nécessairement rencontré dans la vie réelle et qui peuvent lui être utiles pour sa carrière. « CERCLE VERTUEUX » Aujourd'hui le réseau compte 60 millions de membres dont 9 en France et 20 en Chine. Il est par ailleurs présent en Afrique francophone et en Russie où il s'est associé à un groupe de média local du nom de Sanoma. Au coeur de la stratégie de Dan Serfaty, le cofondateur et aujourd'hui PDG de Viadeo, l'expansion internationale a été en grande partie permise par une levée de fonds de 24 millions d'euros, effectuée il y a deux ans auprès d'investisseurs dont Bpifrance. S'il s'introduit en bourse aujourd'hui, c'est pour lever à nouveau des fonds (22 millions d'euros) et pérenniser cette stratégie. Le but : engranger le plus d'utilisateurs dans le plus de pays possibles. « On monétise plus facilement lorsqu'on a une masse critique, explique Jérôme Colin, du cabinet Roland Berger. C'est un cercle vertueux : les utilisateurs vont sur le service où il y a le plus de monde, car c'est là qu'ils sont susceptibles de trouver d'autres profils qui les intéressent. Ils sont alors plus susceptibles de souscrire à des services payants ». Or cette masse critique a largement été atteinte par LinkedIn. Fondé en 2003, un an à peine avant le français, le groupe de Mountain View en Californie compte aujourd'hui 280 millions de membres et pèse 21 milliards de dollars. Soit plus de cent fois la valorisation de Viadeo, estimée à moins de 150 millions d'euros. Lire aussi : LinkedIn revendique 300 millions de membres Le français a-t-il une chance face à ce rouleau compresseur ? D'autant que les modèles économiques ne sont pas tout à fait similaires, celui de LinkedIn étant plus solide selon les analystes. Certes ils reposent tous les deux, en grande partie, sur les comptes premium payants (qui permettent d'accéder à de nouvelles fonctionnalités, comme savoir qui a visité son profil) et sur la publicité. Mais LinkedIn dispose en plus de services aux sociétés comme la possibilité, pour les recruteurs, d'avoir accès à des profils d'utilisateurs « passifs », qui ne sont pas en recherche d'emploi. Une manière moins onéreuse pour les grands groupes de débaucher les salariés sans passer par les chasseurs de tête. 20 MILLIONS DE MEMBRES EN CHINE « LinkedIn est plus gros, ils ont non seulement plus d'utilisateurs et plus d'entreprises mais ils ont aussi plus de personnel pour rechercher en permanence de nouveaux services aux entreprises et pour les vendre », explique un spécialiste du secteur. Et si Viadeo a de l'avance en Chine avec ses 20 millions de membres, l'américain pourrait très vite le rattraper. « Nous avons 4 millions de membres en Chine pour l'instant, explique Jeff Weiner, PDG de la plateforme, récemment de passage à Paris, nous sommes le seul site étranger habilité à opérer en anglais en Chine et nous espérons croître vite. Nous avons un bureau conséquent sur place et un nouveau dirigeant qui connaît bien le pays. » « Les deux réseaux ne sont pas présents dans les mêmes zones géographiques, tempère Jérôme Colin, Viadeo étant dans des régions où LinkedIn n'est pas encore très fort. » Le problème, selon l'analyste, c'est qu'il est difficile de monétiser les utilisateurs dans ces zones « émergentes » que sont l'Afrique francophone ou encore la Russie. Résultat, la France est la principale source de revenus du site, ce qui le fragilise. | economie | 7 |
Le tajine aux pâtes de Raphaële Marchal. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Temps de préparation : 20 min Temps de cuisson : 2 h 10 Difficulté : facile Ingrédients pour 4 personnes (et des restes) 3 belles cuisses de poulet désossées 3 gros oignons 300 g de pruneaux d’Agen 3 bonnes poignées d’amandes entières 100 g de pâte de curry rouge (mild) huile végétale 500 g de pâtes au choix beurre salé fleur de sel Etape 1 : les cuisses de poulet Peler les oignons. Les faire revenir dans une cocotte avec une cuillerée d’huile, jusqu’à ce qu’ils soient translucides et légèrement colorés. Couper les cuisses de poulet en gros morceaux, les faire revenir et colorer rapidement avec les oignons. Etape 2 : la cuisson Ajouter la pâte de curry, les pruneaux, les amandes, saler, couvrir d’eau à hauteur. Porter à ébullition, puis baisser le feu et laisser mijoter à couvert à feu très doux, au moins 2 heures. Plus ça mijote, mieux c’est, et c’est encore meilleur le lendemain. Servir avec des pâtes au beurre. Un plat sans queue ni tête La journaliste culinaire Raphaële Marchal se définit elle-même comme étant « goulue de nature ». Pourtant, entre un père qui réservait ses petits plats mitonnés comme un chef aux copains et une mère pas douée pour la cuisine, elle n’était pas vraiment destinée à un métier autour de la gastronomie. Après un stage de troisième dans les cuisines du Caïus, restaurant parisien du chef Jean-Marc Notelet, elle se dirige plus tard vers une école de commerce, mais revient à la gastronomie, « à travers différents petits boulots, un blog, et aujourd’hui des articles, des émissions, des événements culinaires ». C’est avec émotion qu’elle se souvient du « frichti » de sa mère, une sorte de tajine express agrémenté de curry et accompagné de pâtes. « Quand ma mère nous fait le frichti, il en reste toujours pour plusieurs jours. A la fin, il n’y a plus de poulet, et on se retrouve à manger des bols de pâtes aux pruneaux, ce qui est vraiment bizarre. C’est ainsi que ce plat sans queue ni tête, rustique et apatride à la fois, est devenu emblématique de mon enfance et de ma voracité. » | les-recettes-du-monde | 542 |
Une grande étude conduite en Suède indique que les gènes sont aussi importants que les facteurs environnementaux parmi les causes de l'autisme, alors que des études précédentes leur donnaient beaucoup plus d'importance. AFP Une grande étude conduite en Suède indique que les gènes sont aussi importants que les facteurs environnementaux parmi les causes de l'autisme, alors que des études précédentes leur donnaient beaucoup plus d'importance. Les chercheurs disent avoir été surpris de découvrir que l'hérédité pesait pour environ 50 %, beaucoup moins que des estimations précédentes de 80 à 90 %, selon un article publié dans le Journal of the American Medical Association. L'hérédité est néanmoins bel et bien présente : l'étude montre que les enfants ayant un frère ou une sœur atteint d'autisme sont dix fois plus susceptibles de développer eux-mêmes l'autisme ; trois fois s'ils ont un demi-frère ou une demi-sœur ; et deux fois s'ils ont un cousin atteint d'autisme. LA PLUS VASTE ÉTUDE SUR LES ORIGINES GÉNÉTIQUES DE L'AUTISME Ces résultats proviennent de l'analyse de données de plus de deux millions de personnes nées en Suède entre 1982 et 2006, dont plus de 14 000 étaient atteintes d'autisme. Il s'agit de la plus grande étude réalisée à ce jour sur les origines génétiques de l'autisme, qui affecte environ une personne sur 100 dans le monde. Des statistiques américaines récentes ont estimé qu'une personne sur 68 était autiste aux Etats-Unis. « Nous sommes surpris par nos résultats, car nous ne nous attendions pas à ce que les facteurs environnementaux soient aussi importants dans l'autisme », a expliqué Avi Reichenberg, chercheur au Mount Sinai Seaver Center for Autism Research, à New York – dont les coauteurs sont au King's College, à Londres, et au Karolinska Institutet, à Stockholm. MÉDICAMENTS PRIS AVANT ET PENDANT LA GROSSESSE Ces facteurs, non disséqués par l'étude, pourraient inclure selon les auteurs le statut socio-économique du foyer, des complications à la naissance, des infections maternelles et les médicaments pris avant et pendant la grossesse. Les scientifiques comprennent encore mal les origines de l'autisme, et plus de recherche est nécessaire dans ce domaine. Des études récentes se sont notamment penchées sur l'origine prénatale, pendant la grossesse, de ce trouble du développement. | sante | 82 |
François Fillon, le 26 février à Paris. REUTERS/© Philippe Wojazer / Reuters François Fillon était, jeudi 25 et vendredi 26 avril, en visite à Berlin, où l'ancien premier ministre UMP a rencontré plusieurs responsables chrétiens-démocrates de la CDU, dont le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble. Il s'est exprimé sur "l'avenir de la défense européenne" devant un panel de diplomates et de militaires européens. Ancien adversaire du traité de Maastricht, François Fillon plaide désormais pour "un ministre des finances commun aux pays de la zone euro". Il n'y voit aucune contradiction. "J'étais contre la monnaie unique car je pensais qu'elle impliquait une politique économique unique. Comme on ne peut plus se passer de cette monnaie, il faut pousser plus loin l'intégration européenne", explique-t-il. François Fillon a critiqué le gouvernement français actuel, estimant que François Hollande va devoir choisir entre un changement de politique "pour rendre le pays plus compétitif" ou un virage à gauche. Il reproche au chef de l'Etat de miser sur la défaite de la chancelière Angela Merkel aux élections de septembre 2013 et de "ne pas avoir compris au bout d'un an" que la relation franco-allemande s'imposait à tout président de la République, quelle que soit la couleur politique du chancelier. Selon lui, "le ton va se durcir entre les deux rives du Rhin s'il n'y a pas de signe envoyé sur une convergence des économies franco-allemandes." Mais contrairement à Jean-François Copé qui, le 21 janvier, s'était livré à un véritable french bashing à Berlin, François Fillon s'est montré plus mesuré. "Nous-mêmes avons mené une politique de baisse des dépenses publiques très mesurée", a-t-il reconnu, avec un brin d'autocritique dans la voix. "L'écart entre les deux économies existait déjà", a-t-il admis, même s'il déplore qu'il se creuse. De même, "les Allemands n'ont pas raison sur tout". "Grande prudence" "Mme Merkel fait preuve d'une grande prudence à l'égard de tout ce qui viendrait créer un débat institutionnel", observe-t-il, regrettant notamment que "le gouvernement allemand n'ait jamais vraiment adhéré à un projet de noyau dur pour piloter la zone euro". | a-la-une | 15 |
Bord à bord, les catamarans Groupe Edmond de Rothschild et Oman Air, dimanche 21 octobre, lors des Extreme Sailing Series. Lloyd Images/Mark Lloyd L'ancien président d'Amaury Sport Organisation (ASO) dirige aujourd'hui l'antenne française d'OC Sport, l'organisateur du circuit de catamarans de course Extreme Sailing Series. La 3e étape du circuit, à Qingdao, en Chine, débute par une bonne nouvelle : l'arrivée d'un partenaire majeur, Land Rover, qui valide la stratégie adoptée depuis 2005 par OC Sport. Land Rover vient d'officialiser son arrivée comme partenaire majeur de la 7e saison de catamarans Extreme 40. Pourquoi cette annonce intervient-elle maintenant ? Les Extreme Sailing Series (ESS) proposent une nouvelle manière de développer les sports nautiques, il faut prendre le temps de l'expliquer. Et puis, sur le terrain de l'exposition médiatique, la voile ne boxe pas dans la même catégorie qu'un tournoi de tennis du grand chelem ou le Tour de France. Le tennis, le football, le cyclisme sont des sports très suivis, ils ont des publics très larges. Nous, nous sommes sur plusieurs points d'activités : un spectacle global ; certaines valeurs liées à l'esprit d'équipe, à la haute technologie ; un outil de B to B très opérationnel. La décision de Land Rover est rationnelle, ce n'est pas un coup de cœur de milliardaire amoureux de la voile. La marque a mandaté plusieurs études dans le sport en général et la voile en particulier. Elle a opté pour les Extreme 40 parce que le circuit dure toute l'année, qu'il touche différents marchés et qu'il est abordable. Le contrat est de 3 ans avec option de reconduction [Land Rover ne veut pas communiquer le montant du contrat]. Le circuit des trimarans MOD 70, qui dispose globalement des mêmes atouts, peine en revanche à trouver des sponsors. Comment l'expliquez-vous ? Les MOD 70 sont plus jeunes encore, ils n'ont pas encore trouvé le format de compétition qui leur convienne. Si le Vendée Globe rencontre autant de succès, c'est parce que l'événement est installé depuis longtemps dans le paysage et qu'il développe un concept simple : le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Quel est précisément le concept des compétitions d'Extreme 40 ? C'est le "stadium racing". Ce principe développé par Mark Turner, le fondateur d'OC Sport, consiste à faire naviguer les bateaux tout près du rivage. Les régates sont spectaculaires car au plus près de la côte. Les parcours sont courts, adaptés au vent, faciles à comprendre. Les journées de compétition alternent match race, course en flotte, ou d'autres formats encore. Tout est fait pour toucher un public de non-connaisseurs de voile. La qualité des équipages, la technologie des bateaux nous offrent de formidables atouts. A terme, nous espérons étendre ce spectacle sur une semaine, avec des régates d'Extreme 40 bien sûr, mais aussi avec des épreuves de planche à voile, des concerts, des animations. Notre concept sera abouti lorsqu'on saura amener à une ville hôte, pendant 5 jours ou plus, un véritable "entertainment" autour de la voile. Le circuit 2013 compte huit villes hôtes. A-t-il été facile de les convaincre ? Rien n'est facile. Dans notre équation, il faut un circuit international, mais il faut également qu'il tourne pour découvrir de nouveaux territoires qui soient si possible des centres économiques et des bassins de population. Et puis, il faut qu'il y ait du vent ! Singapour, où les Extreme 40 ont navigué mi-avril, est un bon exemple de ce que l'on cherche. Les régates avaient pour décor la somptueuse Marina Bay, dans le cœur économique de la cité-Etat, au sein d'une ville qui cherche à développer de nouvelles activités. Combien coûte l'organisation d'une étape d'Extreme Sailing Series ? Je ne peux vous donner un chiffre car les coûts sont très variables d'une étape à l'autre. Côté équipages, c'est plus simple à déterminer. Pour inscrire un bateau pour la saison, le coût minimum est de 650 000 euros. Si vous voulez déployer de la publicité, organiser du "réceptif" autour de l'événement, votre budget devra atteindre un million d'euros. Un million d'euros pour intégrer un circuit de huit étapes, sur les cinq continents, ce n'est pas très cher : cela ne représente finalement qu'un mois de salaire pour une star du foot ! Le continent asiatique est-il un terrain privilégié pour vous ? Nous avons un point de départ puisque deux des huit étapes du circuit 2013 sont en Asie, Singapour et Qingdao en Chine. Au-delà de cela, nos partenaires sont intéressés par le marché de la zone Asie et Océanie. Nous sommes d'ailleurs en train d'activer à Singapour la quatrième antenne d'OC Sport [après l'Angleterre, la Suisse et la France]. Les opportunités de développement sont évidentes en termes d'organisation d'événements ou de partenariats avec des entreprises implantées localement. Ce qui peut paraître exotique aujourd'hui sera une évidence dans quelques années. Une nouvelle géopolitique de la voile est selon vous à l'œuvre… Pendant longtemps, les compétitions de voile n'ont intéressé qu'un nombre restreint de pays. C'est en train de changer comme changent les centres de croissance économique et de richesses. La mutation observée en Asie est la même au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Auparavant, les courses étaient gérées par de riches armateurs, qui avaient leurs propres bateaux et régataient entre eux. L'America's Cup n'est pas loin de ce modèle. Aujourd'hui, la voile parvient à attirer des marques désireuses de transmettre des valeurs plus universelles. Tous les pays qui ont de grandes façades maritimes et des économies en développement vont immanquablement s'y intéresser. Vous avez longtemps travaillé pour l'organisation du Tour de France, qui fête sa 100e édition cet été. Les activités que vous développez aujourd'hui sont jeunes. La transition a-t-elle été compliquée ? Avant le Tour, j'avais travaillé sur le tournoi de Roland-Garros. Ce qui est intéressant, c'est de développer des projets, de défricher. La différence est nette entre le Tour et les Exteme Sailing Series : ce ne sont ni les mêmes moyens ni la même audience. Lorsque vous travaillez pour l'organisation du Tour de France ou de Roland-Garros, les portes s'ouvrent facilement, ce sont deux machines économiques qui dégagent des marges importantes, pour lesquelles on peut se permettre de prendre des risques en termes d'investissement. Avec les Extreme 40 et OC Sport, on est libre d'imaginer ce que l'on veut. En revanche, on a l'obligation de convaincre et de ne pas se tromper de cible. | sport | 19 |
Une foule, en Inde, en 2015. STRINGER/INDIA / REUTERS La population continue d’augmenter et le scénario moyen prévoit que nous serons près de 10 milliards en 2050 – 9,77 milliards exactement –, soit une augmentation de près de 30 % par rapport aux 7,55 milliards actuels. Selon un rapport des Nations unies publié mercredi 21 juin, la planète compterait 11,18 milliards d’individus en 2100. « La population mondiale augmente mais la croissance décélère, observe Gilles Pison, professeur au Muséum d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. La croissance a atteint son taux maximal, à plus de 2 % par an, il y a cinquante ans, et elle se situe à un peu plus de 1 % aujourd’hui. Mais le véritable défi porte sur la modification du mode de vie plus que sur le nombre d’habitants. On n’arrêtera pas la croissance de la population mondiale tout de suite, mais nous sommes capables de modifier rapidement et durablement nos modes de consommation. » Chaque année, la population mondiale croît de 83 millions d’habitants, et ceux-ci vont être de plus en plus nombreux en Afrique, alors que l’Europe va régresser et l’Asie perdre du terrain. En 2017, ce dernier continent représente 60 % de la population mondiale (4,5 milliards), mais ce pourcentage tombera à 43 % à l’horizon 2100. A l’inverse, l’Afrique connaîtra une importante croissance, passant de 1,256 milliard d’habitants (17 % de la population mondiale) actuellement, à 4,468 milliards (40 %). « Et la tendance à l’urbanisation devrait se poursuivre plus particulièrement en Asie et en Afrique », précise M. Pison. Vieillissement A l’horizon 2030, le trio des pays les plus peuplés sera composé de l’Inde, qui aura dépassé la Chine avec 1,51 milliard d’habitants contre 1,44 milliard de Chinois. Le Nigeria aura évincé les Etats-Unis de la troisième marche du podium avec 410 millions d’habitants. Entre 2017 et 2050, plus de la moitié de l’augmentation de la population mondiale se trouvera concentrée dans une dizaine de pays : Inde, Nigeria, République démocratique du Congo, Pakistan, Ethiopie, Tanzanie, Etats-Unis, Ouganda, Indonésie et Egypte. Autre tendance marquante, la proportion de personnes âgées de 60 ans ou plus ne cesse d’augmenter. En 2017, elles sont 962 millions, soit près de 13 % de la population mondiale. En 2030, on comptera 1,4 milliard de personnes au moins sexagénaires, avant d’atteindre 3,1 milliards à la fin du siècle. Elles représenteront alors près du tiers de l’humanité. Ce vieillissement de la population mondiale est dû à une baisse de la fécondité constatée dans presque toutes les régions du monde. « Même en Afrique où les taux de fertilité sont les plus élevés du monde, la fertilité totale est tombée de 5,1 naissances par femme (2000-2005) à 4,7 au cours de la période 2010-2015 », écrit l’ONU. L’Europe connaît le plus faible taux, avec 1,6 naissance par femme. « Quand la fertilité tombe au-dessous du seuil de 2,1 naissances par femme, le nombre de bébés chaque année est insuffisant pour remplacer la génération des parents », rappelle John Wilmoth, directeur de la division population du département des affaires économiques sociales des Nations unies. | planete | 5 |
DANNY LYON, COURTESY EDWYNN HOUK GALLERY Six ans avant que Hunter S. Thompson n'écrive Hell's Angels et sept avant le mythique Easy Rider, de Dennis Hopper, Danny Lyon, magnétophone en poche et Leica en main, s'immerge dans le quotidien d'un gang de motards : les Outlaws Motorcycle Club de Chicago. Ils s'appellent Cal, Zipco, Cokroach ou Kathy, et parlent de leurs bécanes, de leurs embrouilles et de leur soif de liberté. DANNY LYON, COURTESY EDWYNN HOUK GALLERY Depuis plus de cinquante ans, le photographe américain Danny Lyon révèle le côté pile d'une Amérique obsédée par la réussite, en donnant corps et voix à ceux qui vivent en marge de la société, ces losers magnifiques qui ne sacrifient rien à leurs idéaux. DANNY LYON, COURTESY EDWYNN HOUK GALLERY Tiré à quelques milliers d'exemplaires, en noir et blanc, faute de budget pour reproduire les images en couleurs, The Bikeriders voit le jour pour la première fois en français dans sa version originale de 1968. Un livre plein de bruit et de fureur, plaidoyer pour la liberté. A RETIRER A RETIRER (M le magazine) | m-actu | 70 |
Nathalie Kosciusko-Morizet, le 21 novembre à Paris. AFP/MARION RUSZNIEWSKI Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a annoncé son intention, si elle est élue maire de Paris, de « piétonniser le centre-ville », dans un entretien au Journal du dimanche paraissant le 25 janvier. NKM estime que « la municipalité sortante a organisé un embouteillage géant, avec l'objectif affiché de dégoûter les automobilistes ». Affirmant qu'il « est normal de vouloir limiter la place de la voiture en ville, et [que] d'ailleurs toutes les métropoles mondiales le font », la tête de liste UMP annonce vouloir mettre « en place une politique très différenciée par quartier. La voiture individuelle n'a pas sa place dans certains quartiers. Prendre sa voiture par exemple pour aller aux Halles ou dans le Sentier, c'est fou ». DEUX PROPOSITIONS SOUMISES À « RÉFÉRENDUM » L'ancienne ministre de l'écologie dit vouloir « expérimenter une piétonnisation partielle sur les quatre arrondissements du centre – les 1er, 2e, 3e et 4e –, ainsi que sur les “collines” de Paris : la montagne Sainte-Geneviève, Montmartre, Belleville ». Pour ces quartiers, la député de l'Essonne envisage de soumettre deux propositions à « référendum ». La première consisterait à « réserver l'accès aux véhicules des résidents et aux livraisons, comme à Rome, avec un service de navettes et des parkings en bordure ». La seconde à « faire un quartier tout électrique, c'est-à-dire réservé – hormis les résidents – uniquement aux véhicules électriques », ceci en excluant les grands axes tels que « le boulevard Sébastopol, la rue de Rivoli, la rue Réaumur, la rue Saint-Jacques ». | paris | 117 |
Après des sondages plaçant Marine Le Pen en tête du premier tour de l’élection présidentielle en 2017, en voici un qui situe son parti en tête aux départementales. Lire aussi Marine Le Pen en tête en 2017, des sondages à lire avec prudence Le Figaro a publié, dans son édition de lundi 23 février, un sondage de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), fait sur Internet auprès de 918 personnes, qui attribue au Front national (FN) 30 % des intentions de vote au premier tour des élections départementales du 22 mars. Selon cette étude, l’alliance Union pour un mouvement populaire - Union des démocrates et indépendants (UMP-UDI) recueillerait 28 % des voix, et le Parti socialiste (PS) 20 %. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) obtiendrait 7 %, le Front de gauche (FG) 6 %, et l’extrême gauche 2 %. Cependant, comme pour les projections concernant 2017, ces chiffres sont à relativiser. Lire notre séquence spéciale sur les élections départementales : les enjeux département par département L’article du Figaro précise d’ailleurs qu’« il s’agit toutefois d’un sondage d’intentions de vote national, qui ne tient pas compte des particularismes locaux ». Une mise en garde que faisait déjà Alexandre Dézé, maître de conférences en sciences politiques à l’université Montpellier-I, dans une tribune publiée le 26 décembre. Le chercheur pointait ainsi deux biais. Tout d’abord, « le mode de recueil de l’échantillon par Internet […] tend à produire des effets de surdéclarations en faveur des formations extrêmes ». Ensuite, et surtout : « L’enquête a été réalisée comme s’il s’agissait d’une élection nationale, autrement dit sans tenir compte des caractéristiques locales du scrutin départemental ni même des particularités du mode d’élection, alors que les candidats ainsi que les suppléants devront se constituer en binôme paritaire. De fait, il faut se poser la question : quelle est la valeur des résultats d’un sondage qui cherche à mesurer des intentions de vote pour un scrutin dont les singularités sont en l’occurrence complètement ignorées ? » | politique | 9 |
L’Amérique rend hommage à John McCain, sans Trump Les funérailles nationales du sénateur John McCain, à la cathédrale nationale de Washington, le 1er septembre 2018. CHRIS WATTIE / REUTERS Les Etats-Unis ont rendu hommage, samedi, au défunt sénateur John McCain, lors de funérailles nationales à la cathédrale de Washington. Ce « héros américain », connu pour son anticonformisme et pour sa capacité à transgresser les lignes politiques, a été salué par ses anciens adversaires politiques George W. Bush et Barack Obama. Conformément au souhait du défunt, Donald Trump, qu’il méprisait royalement, n’était pas convié à la cérémonie. Le président américain en a profité pour jouer au golf et vociférer contre le Canada, qu’il a menacé d’exclure de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) s’il ne se pliait pas à ses conditions. Lire le récit de notre correspondant : Trump sabote le deuil national Les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » interdits en France L’apiculteur Thomas Le Glatin à Ploerdut, le 19 juin 2018. FRED TANNEAU / AFP C’en est fini des néonicotinoïdes dans les champs français. Depuis samedi, ces pesticides sont bannis en France, afin de protéger les colonies d’abeilles décimées par l’usage de ce produit chimique. « Cette interdiction place notre pays en précurseur pour la protection des pollinisateurs, de l’environnement et de la santé », s’est réjouie la ministre de la santé Agnès Buzyn. Plusieurs de ses collègues ministres, ainsi qu’Emmanuel Macron, se sont attribués les mérites de cette décision... qui a en fait été prise dans le cadre de la loi sur la biodiversité, votée sous le quinquennat Hollande, en 2016. Le gouvernement hésite toujours sur le prélèvement à la source La semaine de cacophonie du gouvernement sur l’entrée en vigueur du prélèvement à la source en janvier 2019 s’est poursuivie ce week-end. Pour la première fois, le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, a avancé samedi l’hypothèse d’un arrêt de la réforme, invoquant les potentiels effets « psychologiques » de la réforme. Dimanche, Le Parisien a révélé une inquiétante note confidentielle du fisc, qui tire un bilan « calamiteux » de la première phase de test de la réforme. Bercy assure toutefois que les nombreux « bugs » constatés au début de l’été (une même personne prélevée deux fois, un homonyme prélevé par erreur...) concernent un nombre « epsilonesque » de contribuables et devraient pouvoir être corrigés d’ici janvier. Lula exclu par la justice de la course à la présidentielle brésilienne L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le 2 avril 2018 lors d’un meeting, avant son incarcération. MAURO PIMENTEL / AFP Après des mois de bataille judiciaire, l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a subi vendredi un coup qui pourrait lui être fatal. Le favori de l’élection présidentielle du 7 octobre a vu sa candidature invalidée par le tribunal supérieur électoral. Les juges ont estimé que sa condamnation à douze ans pour corruption passive et blanchiment d’argent (il purge sa peine de prison depuis avril) l’empêchait de briguer un nouveau mandat. Le Parti des travailleurs n’est toutefois pas résolue à le remplacer par un nouveau candidat. Il entend « lutter par tous les moyens pour garantir la candidature » de son champion, qui se dit victime d’un complot politique visant à l’empêcher de reprendre la tête du pays. L’analyse de notre correspondante : Sans la candidature de Lula, la présidentielle au Brésil plonge dans l’inconnu A Chemnitz, pro et anti-étrangers manifestent dans une Allemagne sous tension La manifestation anti-étrangers du 1er septembre 2018 à Chemnitz, à l’appel du parti Alternative pour l’Allemagne et du mouvement xénophobe Pegida. JOHN MACDOUGALL / AFP La ville de Chemnitz, dans la Saxe, a été une nouvelle fois le théâtre de manifestations sous tension, samedi, six jours après un meurtre dont est suspecté un demandeur d’asile irakien. L’extrême-droite a défilé pour protester contre la politique d’accueil des immigrés d’Angela Merkel, tandis que, quelques mètres plus loin, des militants de gauche marchaient sous le mot d’ordre « le cœur plutôt que la haine ». Au total, plus de 11 000 manifestants étaient présents, encadrés par un énorme dispositif policier. Dix-huit personnes, dont trois policiers, ont été blessés. Le reportage de notre correspondant : A Chemnitz, des manifestations parallèles révèlent les deux visages de l’Allemagne Plus de financement américain pour les réfugiés palestiniens Les Etats-Unis ont suscité des réactions d’indignation en annonçant qu’ils ne financeraient plus l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, dont il assurait le tiers du budget. Le secrétaire général de l’ONU a dit « regretter » la décision américaine, alors que l’UNRWA « fournit des services essentiels aux réfugiés palestiniens et contribue à la stabilité de la région ». Sport : Mbappé inspiré, mais Mbappé expulsé La reprise de volée victorieuse de Kylian Mbappé, auteur du troisième but du PSG contre Nîmes (4-2), le 1er septembre, avant d’être expulsé. EMMANUEL FOUDROT / REUTERS En Ligue 1 de football, le Paris Saint-Germain s’est offert une quatrième victoire en quatre matchs à Nîmes (4-2), au terme d’un match difficile. L’entraîneur allemand Thomas Tuchel a pu compter sur les exploits individuels de Neymar, Di Maria et Mbappé, auteur d’un but exceptionnel avant d’être expulsé pour avoir voulu se faire justice lui-même après une faute. Le Français Xavier Thévenard a remporté pour la troisième fois l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, et les Jeux asiatiques ont désigné pour la première fois une femme comme meilleur athlète. Les articles qu’il ne fallait pas manquer | en-bref | 289 |
Des migrants du camp de Grande-Synthe montent dans l’un des bus qui les conduira dans un centre d’accueil et d’orientation, le 14 avril. PHILIPPE HUGUEN / AFP Hussein a longtemps hésité. Comme la grande majorité des migrants qui occupaient le camp de la Linière de Grande-Synthe (Nord), réduit en cendres à la suite d’un incendie dans la nuit de lundi 10 à mardi 11 avril, ce Kurde de 32 ans a finalement accepté de regagner un centre d’accueil et d’orientation (CAO). Accompagné de sa femme et de ses enfants, Hussein se dit « chanceux » : le bus dans lequel il s’engouffre, jeudi 13 avril, se rend à Lens, à quelques dizaines de kilomètres de la côte d’Opale et de son rêve d’Angleterre. D’autres camarades d’infortune, eux, ont été conduits à Montpellier, Vannes, Toulouse, Marseille, Saint-Dié, Laon, au gré des décisions des maires acceptant de revoir à la hausse les capacités d’accueil de leurs centres. Au total, sur les 1 370 migrants recensés sur le camp de la Linière, près de 1 000 ont accepté de regagner des CAO. Selon la préfecture, l’opération s’est achevée samedi en fin d’après-midi. D’après les associations et les autorités locales, 400 personnes se sont « volatilisées » dans la nature. « Paradis perdu » Dans la confusion, ils étaient quelques centaines à avoir pris la route en solitaire, alors que les municipalités de Grande-Synthe, Dunkerque et Craywick avaient ouvert en urgence cinq gymnases pour les accueillir. Où sont-ils allés ? La situation préoccupait en premier lieu les pouvoirs publics, inquiets de voir apparaître des points de fixation, des campements sauvages ou des petites jungles. Les associatifs partis à leur recherche n’ont pas eu à chercher bien loin. Les jours suivants, ils sont nombreux à avoir repris à pied le chemin de l’autoroute A16 les conduisant au camp de la Linière, où ils pensaient se réinstaller. « Grande-Synthe représente un paradis perdu pour eux, depuis la fermeture de la “jungle”. Il s’agissait du seul grand camp proche de l’Angleterre », constate le maire de Grande-Synthe, Damien Carême (Europe Ecologie-Les Verts), qui a vite évacué l’idée de le rouvrir, faute du soutien de l’Etat et en raison des fortes tensions entre Kurdes et Afghans. Si le jour suivant le feu, certains migrants ont pu pénétrer dans le camp pour récupérer quelques rares affaires conservées durant leurs mois d’exil, l’accès a ensuite été totalement bloqué par les nombreux CRS sur place. A l’intérieur, l’incendie a laissé place à un paysage de désolation. Dans les cabanons en bois qui n’ont pas été totalement détruits, des plats sont encore disposés sur les réchauds. « On dirait qu’ils sont partis pendant leur repas », constate Laura, une employée de la ville qui s’affaire à récupérer les biens épargnés par les flammes, dans l’espoir d’en retrouver les propriétaires, rassemblés dans les gymnases. Des migrants montent dans des bus à Grande-Synthe le 14 avril. PHILIPPE HUGUEN / AFP A quelques kilomètres de là, s’amorcent les premiers départs vers les CAO. Un long travail de pédagogie et de conviction qui durera quatre jours, avec son lot d’échecs et d’atermoiements. Devant le gymnase Basroch de Grande-Synthe, où sont réunis les Afghans célibataires, des hommes et des femmes portant des gilets aux couleurs de leur association (Emmaüs, Médecins sans frontière, l’Auberge des migrants, etc.) discutent avec les migrants et distribuent de la nourriture. « Où est-ce qu’on va aller ? » A l’intérieur où s’entreposent des lits de camp, une centaine de personnes, en arc de cercle, questionnent le maire de la ville et le préfet du Nord, Michel Lalande. « Où est-ce que l’on va aller ? », interroge un jeune Afghan, se faisant le porte-voix de tous les autres. Durant cette prise de parole se font jour autant de récits d’exil que de migrants. « Je veux rentrer en Afghanistan mais on m’a volé mes papiers en Italie, comment je peux faire ? », demande l’un d’eux. « Je dois bientôt recevoir des papiers à Grande-Synthe, comment ça va se passer si je pars dans un centre très loin ? », poursuit un autre. Tous confient leur fatigue et leur crainte d’être interpellé et reconduit dans les pays d’Europe où leurs empreintes digitales ont été relevées. « Allez dans ces centres vous reposer sans peur. Je vous donne ma parole que vous serez sous la protection de l’Etat français et que personne ne vous reconduira à la frontière », assure le préfet du Nord, dont les propos sont traduits par un membre de l’Association des Flandres pour l’éducation, la formation des jeunes et l’insertion sociale (Afeji), qui supervise les départs. Vendredi, en fin de journée, le gymnase du Basroch était vide, tous les Afghans ayant accepté de regagner un CAO. Mais chez certains, le rêve d’Angleterre est tenace. « Des migrants veulent absolument traverser la Manche. Ils ont donné des avances à des passeurs qui leur ont dit de ne pas partir dans les CAO », fait savoir Maya Konforti, de l’association l’Auberge des migrants. Ainsi, plus de 300 personnes ont passé la nuit de jeudi à vendredi caché dans les clairières de la forêt du Puythouck, non loin du camp de la Linière. Dans le huis clos de cette zone environnementale protégée, où aucune association ni aucun journaliste n’étaient autorisés, le maire de Grande-Synthe et le préfet du Nord ont une nouvelle fois tenté de désamorcer le discours des passeurs, en rappelant les dangers que représente un passage en Angleterre. Vendredi, en fin de matinée, les 340 migrants sont sortis au compte-gouttes de la forêt, direction un nouveau gymnase où ils ont passé la nuit. Des bus les attendaient samedi matin, direction les CAO. Si la majorité des migrants ont donc accepté de rejoindre des centres, Damien Carême, lucide, pense déjà à l’avenir : « Il restera en France des lieux, comme Grande-Synthe, où il y aura du transit. Il faut que l’on continue à trouver des solutions pour répondre à ces gens. » 20 Si la prise en charge des migrants du camp sinistré de la Linière a permis de placer en centre d’accueil et d’orientation la majorité d’entre eux, la situation a toutefois été compliquée par l’influence des passeurs sur les velléitaires au départ en Angleterre. « Depuis le démantèlement de Calais, de nombreux passeurs se sont repliés sur Grande-Synthe pour soudoyer de l’argent aux migrants désireux de traverser la Manche », a constaté un personnel de la ville chargé de toute la logistique du camp de la Linière. Les autorités estimaient à une centaine le nombre de passeurs gravitant autour du camp. Durant la semaine, une vingtaine a pu être interpellée, a fait savoir lors d’un point presse vendredi 14 avril, Daniel Lejeune, directeur adjoint de la sécurité publique du Nord. | immigration-et-diversite | 219 |
Ghislaine Dehaene-Lambertz, en 2013. BALTEL/SIPA « Travailler avec mon mari, cela ne m’a jamais gênée. Je viens d’un milieu paysan, des éleveurs de chevaux de trot, où c’est tout à fait normal. D’ailleurs, c’est moi qui l’ai attiré vers mon domaine de recherche, le développement de l’enfant ! », s’amuse Ghislaine Dehaene-Lambertz. L’œil pétillant de vivacité, un large sourire et un enthousiasme communicatif, elle a beau être la femme du plus connu des neuroscientifiques français, Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, nommé par le gouvernement en janvier à la tête du nouveau Conseil scientifique de l’éducation nationale, cette pédiatre devenue chercheuse ne vit pas dans l’ombre de son brillant époux. Celle qui vient d’obtenir à 58 ans la médaille d’argent du CNRS a tracé sa voie dans un domaine de recherche complètement nouveau lorsqu’elle l’a abordé au milieu des années 1980, celui du développement cognitif du nourrisson. La recherche scientifique ? Dans sa famille, des éleveurs de Mayenne donc, tout tourne autour du cheval. « Lire, faire des études, l’école même… tout cela était plutôt mal vu. » Ni week-end ni vacances, si ce n’est dans les tribunes des champs de course. La petite Ghislaine s’y ennuie ferme et cherche à s’en évader. Mais comment ? Aînée d’une fratrie de quatre et entourée d’enfants, elle s’intéresse à leur développement. C’est décidé, elle sera pédiatre. Et même, espère-t-elle, pédopsychiatre pour soigner ceux qui sont atteints de troubles. « Sauf qu’en France c’est impossible : pour devenir pédopsychiatre, il faut avoir fait psychiatrie », déplore-t-elle en dénonçant ce cloisonnement toujours actuel entre la psychiatrie et les autres disciplines. Nouveau-né et langue maternelle Par chance, elle bénéficie d’une réforme qui offre aux étudiants en médecine la possibilité de faire un an de recherche. Ce sera un DEA en 1986 à l’Ecole des hautes études en science sociales (EHESS), chez l’un des pionniers des sciences cognitives en France, Jacques Mehler. Elle découvre un nouveau monde. « En pédiatrie, on ne s’intéresse alors à la cognition des enfants que lorsqu’ils commencent à parler, vers 2 ans. Or Jacques m’envoie à la maternité de Port-Royal suivre une expérience où il s’agit de déterminer si un nouveau-né est capable de distinguer sa langue maternelle – en l’occurrence le français – du russe. C’est totalement incongru pour moi et… passionnant. » L’imagerie cérébrale n’existe pas encore. L’équipe utilise des changements dans la succion pour déterminer si un nouveau-né remarque ou non une langue étrangère. Et c’est le cas : à quelques jours, le bébé reconnaît déjà sa langue maternelle ! Une découverte qui confirme les intuitions de Jacques Mehler, l’un des rares scientifiques à penser à l’époque qu’il faut étudier les capacités cognitives du bébé si on veut comprendre celles de l’adulte. Depuis, suivant le chemin ouvert par son mentor à qui elle reconnaît une grande ouverture d’esprit – « Jacques accueillait tout le monde » –, elle n’a eu de cesse d’explorer le cerveau des bébés pour y découvrir les secrets de l’intelligence humaine. | sciences | 75 |
CHRONIQUE. Coïncidence : les cent premiers jours de Donald Trump à la Maison Blanche, le 29 avril, tombent à pic, entre les deux tours de l’élection présidentielle en France. Puisque Marine Le Pen, candidate de l’extrême droite, avait applaudi dès potron-minet sur Twitter à la victoire de M. Trump, le 8 novembre 2016, et puisque ce dernier lui a renvoyé la politesse à la veille du premier tour en prédisant élégamment que l’attentat des Champs-Elysées contre des policiers lui profiterait, nous pourrions énumérer ici le nombre de promesses auxquelles le président américain a renoncé depuis son entrée en fonctions. Facile. Dans le registre des expériences populistes au pouvoir, nous pourrions aussi parler de la stagnation de l’économie en Russie, du chaos au Venezuela, voire des exécutions sommaires érigées en justice aux Philippines… Trop facile. Aucun de ces pays, objectera-t-on, ne nous ressemble vraiment. Même les Etats-Unis ont leurs propres spécificités, un système social plus inégalitaire que le modèle européen, un bipartisme qui résiste, un système de « checks and balances » éprouvé. Aucune avancée Alors, restons en Europe. C’est du Vieux Continent qu’est partie la vague des insurrections électorales de cette décennie. D’est en ouest et du nord au sud, propulsés par une révolte contre les inégalités, la crise économique et l’indifférence des élites, des partis bousculent – pulvérisent, parfois – la politique traditionnelle au nom du peuple. En Hongrie, où Viktor Orban est premier ministre depuis 2010, et en Pologne, où le parti nationaliste Droit et Justice (PiS) a chassé le gouvernement de centre-droit en 2015, la poussée populiste s’est, en plus, nourrie du désenchantement post-communiste. De quelles avancées ces forces peuvent-elles aujourd’hui se targuer ? La réponse est simple : d’aucune. Ni Marine Le Pen ni son parti, le Front national, ne s’appuient d’ailleurs sur ces expériences dans la campagne présidentielle. Si un seul de ces dirigeants avait réussi, nul doute qu’il serait mis en avant. Dans la famille populiste de gauche, les Grecs de Syriza ont eu vite fait de renier leur programme, contraints par la réalité après six mois d’exercice du pouvoir. En Espagne, après avoir atteint 20 % des voix aux législatives de 2015, Podemos, incapable de se mettre d’accord avec les socialistes pour empêcher la réélection du conservateur Mariano Rajoy en 2016, ne parvient pas à enrayer sa chute. Lire aussi La douloureuse conversion de Tsipras au réalisme « Touche pas à l’Europe » | idees | 12 |
En mai 2018, la séquence de deux jours fériés tombant un mardi et un jeudi de la même semaine (un mardi 8 mai et un jeudi de l’Ascension) était une rareté : elle ne se présente que quatre fois par siècle. La prochaine occurrence de ce hasard calendaire ne se produira pas avant… 2029, puis 2035, 2040, 2046, avant de ne pas réapparaître jusqu’à la fin du XXIe siècle. Le calendrier ne se montre pas toujours clément pour les salariés : quatre fois tous les cent ans environ, le 8 mai cohabitent à la fois l’Ascension et l’anniversaire symbolique de la capitulation de l’Allemagne nazie. Ce fut ainsi le cas en 1975, 1986, 1997 et 2008. Qu’on se rassure, la prochaine séquence n’est pas prévue avant 2059 puis 2070, 2081 et 2092. Cent six jours fériés en semaine d’ici à 2030 Sept jours au minimum, dix au maximum : c’est le nombre de jours fériés tombant un jour de semaine (entre lundi et vendredi), tous mois confondus, que les salariés français peuvent espérer. En la matière, 2019 s’annonce encore meilleure que 2018 avec dix jours fériés en semaine, contre neuf cette année. D’ici à 2030, ce scénario se répétera encore trois fois. On comptera aussi trois années avec un minimum de sept jours fériés en semaine. Répartition des jours fériés selon le jour jusque 2030 Source : Les Décodeurs Notre générateur de jours fériés jusqu’en 2100 Pour les plus prévoyants, nous vous livrons un générateur de jours fériés jusqu’à… la fin du siècle. | les-decodeurs | 164 |
La désormais ex-ministre de l'écologie, Delphine Batho, ici à l'Assemblée nationale le 11 juillet 2012, dira "tout" sur son limogeage jeudi. CHARLES PLATIAU/Reuters Mix énergétique, taxe carbone, lutte contre la pollution, les sujets conflictuels ne manquent pas à la veille de l'inauguration de la conférence par François Hollande. Quelle transition énergétique ? Le gaz de schiste n'aurait pas dû être l'une des vedettes de la conférence environnementale puisqu'il est l'un des thèmes-clés du débat à venir sur la transition énergétique. Mais les déclarations d'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, suivies de celles de Jean-Marc Ayrault, qui semblaient plaider pour une réouverture du dossier de cet hydrocarbure non conventionnel, ont relancé le débat et la mobilisation dans le sud-est de la France où la contestation était partie dès fin 2010. Selon plusieurs sources, François Hollande qui inaugurera, vendredi 14 septembre, la conférence, pourrait "recadrer" le chantier. Il y est notamment poussé par de nombreux parlementaires socialistes qui veulent fermer ce front. Le président de la République pourrait donc se prononcer pour un moratoire sur les expérimentations scientifiques, autorisées sous moult contraintes, dans la loi du 13 juillet 2011. Le nucléaire pourrait être aussi évoqué. Ne serait-ce que pour rappeler les engagements du candidat Hollande, à savoir la réduction de la part de la production d'électricité issue de l'atome de 74 % à 50 % d'ici à 2025 et la fermeture de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne du parc français, d'ici à 2017. Un nouvel incident chimique – après un départ de feu au printemps – survenu le 5 septembre dans la centrale alsacienne a remobilisé les Verts qui attendent du gouvernement un calendrier plus précis sur la fermeture des deux réacteurs. Relance de l'éolien et du solaire ? Le secteur des énergies renouvelables attend une clarification de la stratégie des pouvoirs publics après deux années de décisions contradictoires. Les installateurs d'éoliennes espèrent une simplification des procédures réglementaires. Les opérateurs du photovoltaïque, dont beaucoup sont en difficulté, réclament de leur côté des mesures d'urgence sur le tarif de rachat de l'électricité ainsi qu'un nouvel appel d'offres pour les centrales d'une puissance supérieure à 250 kW. Mais c'est sur le développement de l'éolien en mer que les annonces sont attendues avec le lancement d'un deuxième appel d'offres pour des sites au large du Tréport (Seine-Maritime) et de l'île de Noirmoutier (Vendée). Chantier de la rénovation thermique Le candidat Hollande a promis la réalisation d'un million de logements basse consommation par an, moitié en neuf, moitié en ancien. La rénovation thermique des bâtiments est l'un des plus gros chantiers du gouvernement. Son objectif est triple : créer des emplois, lutter contre la précarité énergétique et réduire les émissions de CO 2 . Le gouvernement doit trancher deux questions : faut-il rendre obligatoire, notamment pour les ménages, cette mesure et trouver les moyens de financer le plan de réhabilitation. Une des pistes évoquées par la ministre du logement, Cécile Duflot, serait de mieux utiliser les fonds européens. Mais ce sera loin d'être suffisant. Biodiversité Les défenseurs de la nature n'ont rien contre une loi-cadre sur la biodiversité, dont la méthode et le calendrier devraient être précisés durant la table ronde du même nom. Mais leur urgence reste la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), lancée en mai 2011 par le précédent gouvernement. Car pour qu'elle soit déterminante dans les politiques publiques, tout ou presque reste à faire. A commencer par l'engagement de tous les ministères concernés. Pour coordonner et aider les décisions au plan régional et local, la création d'une Agence nationale de la biodiversité, sur le modèle de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), est évoquée depuis 2007. Cette structure, pour laquelle une mission de préfiguration pourrait être annoncée, aurait pour tâche première d'aiguiller les élus désireux d'agir en faveur des écosystèmes. Enfin, le candidat François Hollande avait promis de rendre contraignante la création de la trame verte et bleue prévue par le "Grenelle de l'environnement". La promesse sera-t-elle tenue dès ce week-end ? Ce serait un signal fort. Risques sanitaires Le dossier des perturbateurs endocriniens est représentatif des souhaits des Français, dont plus de la moitié (52 %) attend de la conférence environnementale des décisions vis-à-vis de l'impact de l'environnement sur la santé, selon un sondage IFOP pour le WWF et le Rassemblement pour la planète publié mercredi. Pour un nombre croissant de scientifiques, de lanceurs d'alerte et d'associations, il est urgent d'agir contre les substances comme le bisphénol A (Bpa) ou les phtalates présentes dans l'environnement, susceptibles d'altérer le bon fonctionnement hormonal et d'avoir des répercussions sur les futures générations. Le Parlement examinera prochainement un projet de loi interdisant le Bpa, mais au-delà d'un des produits en cause, les associations estiment que la conférence environnementale est l'occasion d'avancer vers une loi sur l'ensemble des perturbateurs endocriniens. La conférence devrait surtout être l'occasion de partager un constat et d'avancer sur la méthode pour mieux prendre en compte les risques sanitaires liés à l'environnement et notamment les risques émergents et les expositions professionnelles. Il sera aussi question de savoir comment prendre en compte les facteurs environnementaux dans une stratégie nationale de santé, de biosurveillance, de toxicologie. Enfin, l'épineux sujet de l'indépendance de la recherche et de l'expertise sera aussi abordé. Pesticides Les pesticides, sources de pathologies graves chez les agriculteurs – "leurs premières victimes", disent les associations environnementalistes –, s'inscrivent à la fois dans le thème de la santé et dans celui de la biodiversité par leurs impacts sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. La question des abeilles et des néonicotinoïdes, une famille très toxique de pesticides, devrait être une nouvelle fois posée. Le Rassemblement pour la planète demande que l'évaluation de ces produits ne relève plus exclusivement du ministère de l'agriculture mais dépende aussi des ministères de la santé et de l'environnement. L'ensemble des associations attendent que le gouvernement relance le plan qui prévoyait de réduire de moitié l'usage de pesticides d'ici à 2018. Dans les faits, sur le marché français, les ventes ont progressé de 1,3 % en volume en 2011. Les représentants de la profession agricole jugent que l'objectif du Grenelle est inatteignable. Un nouveau droit L'environnement a besoin de nouvelles règles de droit, estiment plusieurs ONG. Elles espèrent voir abroger un décret de 2011 qui limite leur représentativité auprès des instances officielles à celles d'entre elles qui comptent le plus d'adhérents, au détriment des petites associations d'experts. Par ailleurs, certaines réclament la possibilité pour des plaignants de présenter des recours collectifs devant la justice sur des questions de santé et d'atteintes à l'environnement. Une loi inspirée du droit anglo-saxon permettrait, par exemple, à des victimes de pollution présentant la même pathologie d'avoir, ensemble, plus de chance de voir leurs plaintes aboutir. La ministre de la justice, Christiane Taubira, avait formulé une proposition en ce sens début juin, mais seulement pour les préjudices en matière de consommation. Plusieurs projets de création de recours collectifs ont été rédigés sous des gouvernements précédents, sans avoir débouché. Etalement urbain L'étalement urbain est devenu une question écologique majeure depuis que les statistiques ont révélé la gravité de la situation : 74 000 hectares de terres agricoles sont engloutis chaque année par la ville sous toutes ses formes, alors que le territoire français est déjà artificialisé à 8,5 %. L'idée d'un moratoire se répand et Nicolas Hulot a proposé dans Le Monde l'objectif de ne pas dépasser les 10 %. Durant la préparation de la Conférence environnementale, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) s'est montrée volontariste sur ce sujet, à la surprise de plusieurs écologistes, peu habitués à un tel allié. La ministre du logement, qui préside l'atelier Biodiversité, sait qu'elle joue une part de sa crédibilité écologique sur ce terrain : elle a annoncé, le 5 septembre, que le projet de loi sur l'urbanisme qu'elle présentera au printemps 2013 abordera l'artificialisation des terres, une des questions "sur lesquelles il y a absolument besoin d'avancer de manière déterminante". Une fiscalité verte Alors que le gouvernement doit réduire le déficit budgétaire, ce pourrait être le moment de s'attaquer aux nombreuses niches fiscales défavorables à l'environnement, notamment toutes les aides aux énergies fossiles. Le total de ces dépenses atteindrait de 21 à 33,5 milliards d'euros par an, selon les modes de calcul. Le collectif budgétaire adopté en juillet n'en a pas montré le chemin mais M. Hollande s'est plusieurs fois prononcé en faveur d'une fiscalité écologique. La Conférence environnementale doit aussi être l'occasion de remettre sur la table le débat sur la création d'une taxe-carbone abandonnée par le précédent gouvernement. Ce alors que la proposition de loi sur la tarification progressive des prix du gaz et de l'électricité est critiquée par les associations au motif, selon elles, qu'elle n'incitera pas les foyers à réaliser les travaux nécessaires à une meilleure efficacité énergétique. D'autres propositions sont soutenues par les ONG, comme la taxation de certains produits alimentaires nocifs pour la santé. La taxe pour les sodas, un instant discutée lors du Grenelle de l'environnement, n'a jamais vu le jour. Les entreprises des secteurs polluants et énergivores vont cependant être très vigilantes à ce qu'aucune nouvelle charge ne vienne peser sur leur activité. La crise économique et l'emploi seront leur premier argument. le service Planète | planete | 5 |
Des manifestants contre le portique à écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère), aux prises avec les forces de l’ordre, samedi 26 octobre. AFP/FRED TANNEAU Le gouvernement va annoncer, lundi 28 octobre, de nouvelles dispositions pour tenter d'apaiser la colère des professionnels bretons contre l'écotaxe. La détaxe de 50 % accordée à la Bretagne devrait être portée à un niveau supérieur et un mécanisme va être mis en place afin que la grande distribution prenne sa part du surcoût engendré. Après avoir demandé aux ministres concernés de lui remettre leurs propositions, le premier ministre Jean-Marc Ayrault devait se rendre en milieu de journée à l'Elysée pour caler le nouveau dispositif avec François Hollande. L'exécutif devrait prendre une initiative pour s'adresser à l'opinion. "Je veux recréer les conditions du dialogue", affirme le premier ministre, espérant que ces mesures suffiront à éviter un ajournement de l'écotaxe. Récit d'un week-end de tourmente. Dès vendredi 25 octobre, un vent de panique souffle dans la majorité. La mesure uniformisant les prélèvements sociaux sur les plans d'épargne logement (PEL), plans d'épargne en actions (PEA), certains contrats d'assurance-vie et l'épargne salariale au taux de 15,5 % a généré un tollé. Les élus appellent le gouvernement à revoir cette disposition. Une source proche de Matignon confie au Monde qu'un « aménagement » est possible. Samedi, en milieu de journée Jean-Marc Ayrault, décide, en accord avec les trois ministres concernés, Pierre Moscovici (économie), Marisol Touraine (affaires sociales) et Bernard Cazeneuve (budget), de revoir le dispositif. Dans l'après-midi, le repli est engagé. "Matignon a demandé à Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve de stabiliser les règles en matière de fiscalité de l'épargne. Des améliorations peuvent être apportées pour le PEL et le CEL", indiquent les services du premier ministre aux agences de presse. Reste à fournir le kit de démontage. M. Cazeneuve le livre dans un entretien au Journal du dimanche du 27 octobre : "Nous entendons les inquiétudes et nous voulons en lien avec la majorité, y mettre un terme, explique le ministre délégué. Nous avons donc décidé d'amender le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour sortir les PEL, les PEA et l'épargne salariale de la mesure pour épargner les patrimoines moyens et modestes." Invité du "Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-i-Télé", M. Moscovici confirme le retrait : "Quand on est capable d'écouter, d'entendre un pays aussi fragile, c'est aussi une vertu." > | politique | 9 |
03:34 Société Emploi des femmes : pourquoi l’égalité des salaires ne veut pas dire égalité économique Commémorations du 11-Novembre Pourquoi des archives de la première guerre mondiale sont mises en scène 06:34 Vidéos Comment Berlin est devenu la capitale de l’« urbex », l’exploration de ruines 14:02 International L’histoire du mur de Berlin en vidéo : de la guerre à la chute | international | 13 |
Le sénateur de l’Arizona, John McCain, à Phoenix, le 30 mai. Ralph Freso / AP Il le dit à chaque élection mais, cette fois, ce n’est pas une figure de style : « C’est la course de ma vie. » John McCain est candidat à un sixième mandat de sénateur de l’Arizona. Face à la tornade Trump, ses contorsions politiques pourraient lui valoir une sérieuse déconvenue le 8 novembre. Les ennemis ne manquent pas. Le Tea Party, qui lui reproche certaines positions trop « centristes », espère mettre un terme à sa carrière. Les latinos (21 % du corps électoral) ne lui pardonnent pas d’avoir refusé de désavouer Donald Trump. Et les démocrates espèrent profiter des divisions républicaines pour récupérer son siège, l’un des cinq qui leur manquent pour reprendre la majorité au Sénat. Premier obstacle le 30 août : John McCain doit gagner la primaire républicaine. Le grognard du Grand Old Party aura fêté ses 80 ans la veille, et son adversaire, Kelli Ward, 47 ans, une « trumpiste » de choc, ne se prive pas de rappeler son âge. Forte de son expérience de médecin qui sait « ce qu’il advient du corps et de l’esprit à la fin de la vie », elle a insinué que le sénateur pourrait ne pas finir son mandat. Soutien du bout des lèvres A trois jours de la primaire, Mme Ward tient une réunion, samedi 27 août, dans un country-club de Gold Canyon, à 70 km de Phoenix. Les militants portent des chemises jaunes qui ne font pas mystère de leur programme : « Retire McCain » (« mettez McCain à la retraite »). L’un des intervenants, Dustin Stockton, se présente sous une double casquette : journaliste au site Breitbart News – applaudissements nourris – et chargé de liaison à Gun Owners of America (GOA), un lobby des armes qui n’a pas désespéré de doubler la NRA sur sa droite. Le reporter explique sa présence : il en a « assez de devoir défendre les droits donnés par Dieu » contre les attaques d’élus flageolants, comme M. McCain, sur le deuxième amendement, autorisant le port d’armes. Les orateurs distillent quelque venin. « Loin de moi l’idée de dire quoi que ce soit de négatif sur ses années de prisonnier de guerre au Vietnam. Mais il y a des choses dans la légende de John McCain qui méritent d’être réexaminées », glisse Louie Gohmert, le représentant du Texas. John McCain, qui préside la commission des forces armées du Sénat, n’a pas que des amis parmi les anciens combattants, lui qui apparaît comme l’inlassable défenseur des affaires militaires. « Sa fondation [le McCain Institute] a reçu 1 million de dollars de l’Arabie saoudite », dénonce Scott Kissee, un ancien engagé en Bosnie. Le sénateur a indiqué qu’il n’a aucun rôle opérationnel dans l’institut qui porte son nom. | elections-americaines | 57 |
Jeudi 24 octobre, la pépite française de la musique en ligne Qobuz, créée en 2007, a annoncé qu'elle allait mettre le cap sur l'étranger en se vendant comme une marque premium. AFP/Kara Andrade Toute comparaison avec le siège de Google France serait fortuite. Deezer, jeune pousse française devenue en cinq ans le numéro deux mondial du streaming musical - ces titres que l'on écoute en ligne sans téléchargement - vient d'emménager dans de nouveaux locaux rue d'Athènes, à Paris. A deux pas de la gare Saint-Lazare, non loin du siège hexagonal du géant américain. Les fils pendent encore au plafond. Les salariés ont l'habitude : ils déménagent pour la cinquième fois. En bas, face au jardin, une grande salle avec fauteuils et canapés moelleux, la cafétéria et une salle de sport garnie de vélos d'entraînement et de punching-balls. A l'étage, les open spaces et quelques bureaux, dont celui partagé par Daniel Marhely, le fondateur de Deezer, et son directeur général, Axel Dauchez. A terme, l'espace est prévu pour accueillir 170 salariés. Nous sommes bien loin de la chambre de bonne des débuts, puis de l'appartement de la rue Emile-Menier, dans le 16e, prêté par l'entrepreneur Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde). Nouveaux locaux, nouveaux capitaux. Mercredi 10 octobre, les responsables de Deezer devraient annoncer une levée de fonds d'environ 100 millions d'euros. Un actionnaire de poids va faire son entrée au capital de l'entreprise : le milliardaire russe Len Blavatnik, l'un des donateurs de la campagne de Nicolas Sarkozy. Dans le monde de la musique, M. Blavatnik est surtout le propriétaire du numéro trois mondial du disque, Warner Music, par le biais de sa holding Access Industries. Orange, qui détient 11 % du capital de Deezer, ne devrait pas participer à ce tour de table. En juin, l'opérateur de télécommunications a pourtant renouvelé le contrat qui le lie à Deezer depuis juillet 2010, et qui a largement assuré le développement du site de musique en ligne. L'entreprise compte aujourd'hui plus de 2 millions d'abonnés payants et 20 millions d'inscrits, dans 172 pays. L'ENTREPRISE DEMEURE FRANÇAISE Cette manne ne devrait pas entraîner de changement de pavillon pour l'entreprise, qui demeure française mais développe des ambitions mondiales. Des bureaux à Londres, New York, Palo Alto, Barcelone, Sydney ou Sao Paulo sont déjà ouverts. Mais le débarquement outre-Atlantique n'est pas prévu, pour l'instant. "Le jour où l'on met le pied aux Etats-Unis, on deviendra forcément américain", explique M. Dauchez. Celui-ci entend plutôt accélérer la croissance de Deezer en suivant une stratégie en quatre points : lancer un service mondial de streaming gratuit, créer la marque Deezer partout où elle n'est pas présente, renforcer la pertinence éditoriale du site et investir massivement dans le produit pour le rendre encore plus "social". De fait, la richesse du service repose sur la force des recommandations des utilisateurs et sur les cent millions de listes d'écoute (playlists) qui circulent. A l'origine de Deezer, se cache la figure discrète de Daniel Marhely. Un petit surdoué du codage qui n'a pas son bac. Tout part de son idée de "scanner" le Web pour détecter les morceaux de musique mis en ligne par les internautes. Il les indexe, puis les met à disposition sur un site Internet "avec une interface d'iPod, très sobre". En juin 2006, BlogMusik.net propose 200 000 titres. Son intuition ? La musique sera, grâce à Internet, accessible partout et de manière illimitée. Le streaming marque le passage de la propriété (d'un disque, d'un fichier) à l'usage (l'écoute), et accessoirement du téléchargement piraté à une écoute légale. Un mouvement de fond : le bouche-à-oreille suffit à faire connaître le site, qui devient en quelques clics la coqueluche des soirées étudiantes. Un robinet à musique très simple à utiliser. C'est le début d'une histoire parfois agitée. En janvier 2007, Daniel Marhely rencontre Jonathan Benassaya, avec lequel il s'associe pour développer son projet. Xavier Niel, qui les a repérés, leur avance 250 000 euros. Peu après, le patron d'Iliad les prévient qu'Alice et Universal sont sur le point de lancer une offre concurrente. "Vous avez le week-end pour trouver un nouveau nom, un logo et signer un accord avec la Sacem [Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique]". Pari tenu : "Deezer" - "un nom de domaine simple et payé 2 000 dollars" est né, premier service légal d'écoute de musique en ligne. LE TRAFIC QUADRUPLE Du jour au lendemain, le trafic quadruple. Entre septembre 2007 et septembre 2008, Deezer signe avec les quatre majors du disque : Sony/BMG, EMI, Universal et Warner, sans oublier plus de 1 000 labels indépendants. Mais la vie de la start-up reste périlleuse. A trois reprises, celle-ci frôle la mort. La première fois, c'était le jour de sa naissance. La deuxième frayeur se produit en avril 2009. Deezer est sommé de payer deux millions d'euros à Universal, alors qu'il ne reste rien de la mise de départ de M. Niel, ni des cinq millions injectés début 2008 par les frères Rosenblum - les créateurs de Pixmania. In extremis, IdInvest, ex-AGF, entre au capital. "Nous signons dans la nuit, et au matin, nous portons le chèque à Pascal Nègre [PDG d'Universal France]", raconte M. Marhely. A l'époque, les jeunes hommes doivent jouer avec la concurrence de Jiwa ou de musicMe, mais surtout avec les exigences des majors. "Nos concurrents n'ont pas réussi à financer les avances réclamées par les maisons de disque", explique le programmeur. Vient ensuite la troisième crise, managériale cette fois. En janvier 2011, M. Marhely et M. Bennassaya se séparent - "conflit humain", lâche M. Marhely. Axel Dauchez arrive. Le courant passe bien avec ce polytechnicien qui a appris le marketing chez Procter & Gamble. "Avec Axel, Daniel Marhely a trouvé son binôme complémentaire ", juge Julien Codorniou, directeur des partenariats de Facebook. "Je sais gérer l'hypercroissance, affirme Axel Dauchez, mais au départ, je ne croyais pas aux abonnements." Il se ravise en voyant les chiffres : les abonnés passent 40 heures par mois sur Deezer, avec un taux de satisfaction de 90 %. "En réalité, c'est une pépite que j'avais entre les mains." La société devient rentable fin 2010, grâce aux partenariats qu'elle a su établir. D'abord, l'accord avec Orange qui lui apporte 1,3 million d'abonnés, fin 2011. "Le passage au mobile, c'est aussi le passage au payant ", résume M. Dauchez. "L'accord avec Orange a rendu Deezer institutionnel, ce qui a facilité ses rapports avec les majors", souligne Benoist Grossman, managing partner chez Idinvest. L'autre accord majeur est celui signé avec Facebook, le 22 septembre 2011. La moitié des utilisateurs de Deezer s'enregistrent grâce au réseau social. Pas d'échange monétaire entre les deux partenaires. "Au départ, ils ne voulaient pas de notre service. Ils prévoyaient de ne proposer que celui de Spotify, notre concurrent. Mais nous les avons convaincus grâce à notre technique", précise M. Marhely. La technique, en réalité, c'est lui : décalage horaire aidant, le jeune homme a passé des nuits entières à "brancher" son système sur celui de Facebook. Pour rester à la pointe, il organise des "hackathons" avec son équipe toutes les six semaines : 24 heures dans une grande salle, avec des pizzas et des bières, à se lancer des défis techniques. Dans le champ du streaming musical, Deezer tient à se distinguer de son rival européen, le suédois Spotify. Mais les deux sociétés ont adopté des stratégies très différentes pour conquérir le monde sans frontière de la musique. Des pays scandinaves, Spotify a pris pied au Royaume-Uni (où Deezer est présent en partenariat avec Orange UK) et aux Etats-Unis. Deezer a choisi le reste du monde (Russie, Chine, Brésil, Inde). Les deux sociétés n'ont pas la même approche des consommateurs. Spotify ressemble à un jardin à l'anglaise, c'est un joli jukebox où tout est proposé. Deezer met en avant des choix éditoriaux, partage ses coups de coeur et sa conception de la musique. Un modèle de jardin à la française. Alain Beuve-Méry et Julien Dupont-Calbo | economie | 7 |
Les forces gouvernementales irakiennes en pleine opération contre l’Etat islamique, au sud-ouest de la ville de Falloujah, le 21 juin 2016. MOADH AL-DULAIMI / AFP Le « califat » d’Abou Bakr Al-Baghdadi ne durera pas. Son prétendu Etat islamique (EI), autodéclaré il y a deux ans, est sur la défensive. Il se dissipera aussi vite qu’une brume matinale sur les rives de l’Euphrate. Mais le djihadisme, le terrorisme islamiste, les guerres d’Irak et de Syrie, ce qui constitue le chaos moyen-oriental ? Hélas, tout cela ne disparaîtra pas avec l’EI. D’ici quelques semaines, quelques mois, la ville sunnite de Fallouja, aux mains de l’EI depuis janvier 2014, sera reprise. L’armée irakienne progresse, l’EI recule. Courant 2016, les hommes de l’EI ont déjà dû abandonner Tikrit et Ramadi. Bientôt se profilera la bataille de Mossoul, deuxième ville d’Irak et « capitale » du « califat » au bord du Tigre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Irak proclame la victoire à Fallouja L’autre bastion d’Al-Baghdadi, en Syrie celui-là, la ville de Rakka, sur les rives de l’Euphrate, va subir les assauts conjugués de l’armée du régime, d’un côté, et des Kurdes, de l’autre. Il ne faut pas se tromper On prête à Barack Obama le désir de voir l’EI chassé de Mossoul et de Rakka d’ici à janvier 2017, quand il quittera la Maison Blanche. Aucune des percées réalisées ces derniers mois en direction de ces deux villes n’a été possible sans les interventions de l’US Air Force. Dans la lutte contre l’EI, la contribution aérienne décisive, jusqu’à présent, est venue des Etats-Unis, pas de la Russie (qui n’intervient qu’en Syrie). Que signifiera la perte de Rakka et de Mossoul pour l’organisation d’Al-Baghdadi ? Elle marquera la démantèlement des structures paraétatiques du « califat » : ce début d’administration, de collecte de l’impôt, d’application de la charia, de vente de pétrole – ce qui a fait dire que l’EI était un mouvement terroriste plus riche et plus durable que les autres. Conséquence salutaire : les six millions de personnes qui, de part et d’autre de la frontière, vivent sous la tyrannie de la soldatesque du « calife », seront libres. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gilles Dorronsoro : « Si l’Etat islamique perd ses territoires, il pourrait disparaître d’ici deux ans » Il ne faut pas se tromper. L’avènement de l’EI, mouvement sunnite, a ajouté aux tragédies irako-syriennes, il ne les a pas créées. Au contraire, l’EI est né de ces drames et s’en nourrit. Avec la reprise de Rakka et de Mossoul, l’embryon d’Etat qu’est l’EI sera détruit. Bon point, la défaite militaire lui enlèvera ce qui a été l’un des éléments de son « aura » : son image d’invincibilité. Mais l’idéologie qui anime son action, le djihadisme sunnite, lui survivra, sous une forme ou sous une autre. Il en ira ainsi tant que les Arabes sunnites seront dans le malheur. Explication, à gros traits. | idees | 12 |
Une manifestation à Kourou, en Guyane, le 4 avril 2017. JODY AMIET / AFP Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé », à l’origine du mouvement de grève générale qui a démarré le 25 mars en Guyane, annonce un « blocage général » à partir de lundi 10 avril. Les barrages érigés dans les villes guyanaises seront ainsi ouverts dimanche de 7 heures (midi à Paris) à minuit (5 heures lundi), puis il y aura « fermeture totale jusqu’à nouvel ordre », avec « interdiction », même pour les personnes voulant passer « à pied », « à moto » ou « à vélo », de les franchir, a annoncé l’un de ses cadres sur la radio Péyi. Après les échauffourées qui ont éclaté vendredi devant la préfecture de Guyane, où des manifestants ont gravement blessé un policier, la situation était beaucoup plus calme samedi à Cayenne. Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour que la Guyane décolle) a néanmoins annoncé un durcissement des blocages, mécontent notamment du montant de l’aide de plus de un milliard d’euros débloquée par le gouvernement vendredi. Le collectif réclame 2,1 milliards d’euros supplémentaires. Le contrôle des barrages s’était fait jusqu’alors avec une certaine souplesse. Son durcissement a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, où un fossé semble apparaître à propos du maintien du blocage. « Il n’est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire. (…) Une partie de la Guyane a peur de s’exprimer », affirment les signataires d’une pétition en ligne qui a recueilli un millier de paraphes. Environ 700 internautes font désormais partie d’un groupe Facebook intitulé « Stop aux barrages en Guyane ». La Guyane connaît depuis plus de deux semaines un mouvement social marqué par des revendications sécuritaires, sanitaires et éducatives. Une « grève générale illimitée » a été décrétée le 25 mars, paralysant l’activité économique. Le blocage du port de Cayenne provoque des pénuries, notamment celle de produits frais. Le policier blessé reçoit le collectif contre la délinquance Le commissaire Joël Terry, numéro 2 de la police en Guyane blessé vendredi, a reçu samedi sur le seuil de sa chambre d’hôpital quelques dizaines de membres des « 500 frères contre la délinquance », très actifs durant la manifestation. Des heurts sont en effet survenus vendredi devant la préfecture de Guyane, où des centaines de personnes s’étaient rassemblées. L’administration, craignant une possible « invasion » du bâtiment, à l’image de l’occupation mardi du centre spatial de Kourou, a refusé de recevoir une délégation du collectif, qui avait pourtant rendez-vous avec le préfet, ce qui a attisé les tensions. Plusieurs policiers ont été frappés et le commissaire Joël Terry, « blessé lourdement à la clavicule », est resté « inconscient au sol pendant une dizaine de minutes », a précisé vendredi soir Laurent Lenoble, directeur de cabinet du préfet de Guyane. « Les valeurs que nous partageons sont bien plus importantes que nos différences », a déclaré samedi M. Terry. Il a exprimé son « respect » des « 500 frères » puis serré la main de ses nombreux membres présents, presque tous cagoulés. « Les forces de l’ordre ne sont pas nos ennemies. On se bat pour qu’elles travaillent dans de meilleures conditions », a dit leur porte-parole Mikaël Mancée, un policier en disponibilité, depuis l’hôpital. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour « extraire » l’officier, selon M. Lenoble, renforçant la colère de la foule, qui a ensuite jeté pierres et bouteilles contre la préfecture. Une courte vidéo des heurts de vendredi, accessible sur les réseaux sociaux, montre deux membres des « 500 frères », dont M. Mancée, devant la préfecture, tentant de protéger un policier que semblent agresser d’autres membres du collectif. Le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, a « condamné avec la plus grande fermeté les violences commises contre les forces de l’ordre ». La préfecture a annoncé samedi avoir saisi le procureur de la République. | societe | 3 |
M le mag Article réservé à nos abonnés Adaptation de son Goncourt au cinéma, nouveau roman, défense des libertés des femmes… Leïla Slimani sur tous les fronts Enquête Article réservé à nos abonnés De « Charlie » aux « gilets jaunes », la fierté perdue de la police nationale L'époque Article réservé à nos abonnés S’aimer comme on se quitte : « Il est laid, chauve, j’ai la conviction absolue que ce n’est pas son amant » Les recettes du Monde La salade en trois déclinaisons : la recette de Thomas Grunberg | actualite-medias | 6 |
Les détenus s'exhibaient avec une liasse de billets de 50 euros à la main ou postaient des images de produits stupéfiants. La direction interrégionale de l'administration pénitentiaire a décidé, lundi 5 janvier, d'ouvrir des enquêtes administrative et judiciaire, à la suite de la révélation par le journal La Provence de l'existence d'une page Facebook intitulée « MDR o Baumettes », fermée depuis. Selon Philippe Perron, le directeur de l'administration pénitentiaire de Marseille, la page a été publiée de « l'extérieur » de la prison, avec des clichés « remontés de l'établissement ». Son auteur, qui n'a pas encore été identifié, a retiré la page dès que « ça a commencé à se savoir ». « LA PRISON N'IMPRESSIONNE PLUS » La page Facebook a suscité la colère de plusieurs syndicats de surveillants de prison. Dans un communiqué, le Syndicat pénitentiaire des surveillants non gradés (SPS) a déploré la circulation de ces photos sur les réseaux sociaux, notamment « plusieurs selfies de détenus en train d'exhiber leurs muscles, se montrant avec des liasses de billets, ou avec des stupéfiants ainsi que des téléphones portables », autant d'objets prohibés en détention. Le SPS réclame « une fouille générale du centre pénitentiaire de Marseille ; l'apport d'effectifs de surveillants ; l'abrogation de l'article 57 de la loi pénitentiaire de 2009 [qui interdit la fouille systématique après les parloirs] et le désencombrement des cellules en détention ». Thierry Serran, de l'UFAP-UNSA justice (Union fédérale autonome pénitentiaire - Union nationale des syndicats autonomes), a, quant à lui, dénoncé « le manque de moyens », avec un déficit d'une soixantaine d'agents sur cet établissement. « La prison n'impressionne plus, les détenus ont plus peur des règlements de comptes », a-t-il déclaré. De son côté, le Front national a dénoncé dans un communiqué une « page Facebook de la honte ». « Les faits (...) sont d'une extrême gravité [et] exposent au vu et au su de tous les violations quotidiennes et massives du règlement intérieur de la prison », assure-t-on. 1 800 DÉTENUS POUR 1 200 PLACES M. Perron a affirmé que « des fouilles sectorielles », notamment auprès d'individus reconnaissables sur les photos diffusées, ont permis de « retrouver certains des objets présentés » ; « 700 à 800 téléphones portables » ont été saisis l'an passé, a-t-il poursuivi, preuve selon lui à la fois de « l'efficacité des fouilles » et du niveau d'activité des trafics. D'après le directeur de l'administration pénitentiaire de Marseille, « il existe aujourd'hui des téléphones en matière indétectable par les portiques de sécurité », et « le brouillage des communications » se heurte à l'évolution des technologies comme « le passage à la 4G ». Depuis 2013, après un rapport alarmant du contrôleur général des lieux de privation de liberté, de lourds travaux ont été entrepris à la prison marseillaise des Baumettes. Ils devraient se poursuivre jusqu'en 2016, selon le ministère de la justice. Le centre pénitentiaire des Baumettes accueille actuellement 1 800 détenus pour 1 200 places. | societe | 3 |
Près de 500 hommes, appuyés de 150 engins et plusieurs moyens aériens (Canadair, Tracker, Dash) sont encore mobilisés à Artigues dans le Var. BERTRAND LANGLOIS / AFP Trois hommes ont été interpellés et présentés à un juge vendredi 28 juillet, après cinq jours de violents incendies dans le Sud-Est. Un homme a été mis en examen pour incendie involontaire dans les Bouches-du-Rhône. Âgé de 42 ans, il est soupçonné d’avoir causé accidentellement un feu à Peynier, et a été placé sous contrôle judiciaire dans la soirée, a annoncé le parquet d’Aix-en-Provence. « L’homme a reconnu être à l’origine du feu. Il faisait usage d’une disqueuse et des étincelles ont mis le feu à des herbes sèches », a-t-on ajouté de même source Deux adolescents de 16 et 17 ans, soupçonnés d’être à l’origine d’un incendie à Carro (Bouches-du-Rhône, 163 hectares brûlés), ont été placés sous le statut de témoins assistés pour « destruction volontaire par incendie ». Au cours de leurs investigations, les enquêteurs avaient retrouvé dans leur sac à dos « des allumettes et un briquet », a-t-on précisé de source proche de l’enquête. La garde républicaine attendue dans les Alpes-Maritimes Dans les Alpes-Maritimes, l’enquête sur un incendie qui s’était déclaré à Carros et confiée à la brigade de recherches de Nice « se poursuit activement » afin de vérifier si le feu était « dû à l’intervention d’un tiers », a déclaré le parquet de Grasse. Un détachement équestre de la garde républicaine est attendu lundi dans les Alpes-Maritimes, « afin de participer activement à la surveillance des massifs forestiers en vue de lutter contre les incendies de forêt », avec les services d’incendie et de secours, a annoncé le département. Plus de 7 000 hectares partis en fumée en quatre jours Le sud-est de la France et la Haute-Corse ont été victimes cette semaine d’incendies importants, qui ont brûlé 7 208 hectares de végétation en quatre jours, sans faire de victimes, selon un bilan provisoire du Centre opérationnel de crise de la zone sud (CEZOC). Le Sud-Est semble connaître une accalmie. Il reste toutefois un dernier foyer important, « fixé mais pas maîtrisé » à Artigues dans le Var, où « environ 1 700 hectares de végétation » ont brûlé. Près de 500 hommes, appuyés de 150 engins et plusieurs moyens aériens (Canadair, Tracker, Dash) sont encore mobilisés pour tenter de l’éteindre, selon les secours. Quelques épaisses fumées étaient visibles jeudi soir depuis la commune voisine de Brue-Auriac, selon un habitant de la commune. Les pompiers avaient alors évoqué une « reprise importante » de ce foyer, précisant qu’aucune habitation n’était toutefois menacée. En Haute-Corse, où un incendie a détruit 1 800 hectares de maquis, « les investigations se poursuivent. Néanmoins, il existe déjà des éléments troublants. En effet, le feu est parti de la route. Mais, pour l’heure, aucun élément matériel ne permet d’établir si le sinistre est volontaire ou involontaire », a déclaré le procureur de Bastia, Nicolas Bessone. Les évacués de Bormes-les-Mimosas sont rentrés A Bormes-les-Mimosas (Var), le feu a été fixé jeudi et les 10 000 habitants qui avaient été évacués ont pu rejoindre dans la soirée leurs logements. Le premier incendie, qui s’était déclenché lundi dans le massif du Luberon, dans le sud du Vaucluse, a ravagé 1 275 hectares. L’incendie de Carros (Alpes-Maritimes) a brûlé 70 hectares. Dans le Var, 500 hectares ont brûlé à La Croix-Valmer et 1 600 à Bormes-les-Mimosas. Dans les Bouches-du-Rhône, 163 hectares ont brûlé à Carros et 100 à Peynier. | planete | 5 |
Le texte ici publié est une partie du discours qu’a prononcé Jürgen Habermas le 4 juillet à l’occasion de la remise, à Berlin, du Grand Prix franco-allemand des Médias 2018. On ne s’étonnera pas qu’un tel prix soit décerné à l’auteur de « L’Espace public ». Non content d’avoir sérieusement envisagé dans ses jeunes années une carrière de journaliste, Habermas n’a pas cessé, sa vie durant, d’intervenir dans les colonnes des plus grands journaux européens, dont il a toujours souligné le rôle crucial – à l’échelle de la nation comme à celle de l’Europe. Et c’est bien le défenseur infatigable d’une Europe politique ambitieuse qui, une fois de plus, a été salué le 4 juillet. Mais les cérémonies officielles n’ont jamais poussé le philosophe à éluder les sujets qui fâchent ni recourir aux euphémismes, et celle-ci n’a pas fait exception. Il a ainsi saisi cette occasion pour tancer sévèrement, une fois encore, le « chauvinisme de la prospérité » de l’Allemagne, son indestructible bonne conscience et ce qu’il considère être le manque de courage de son gouvernement, renouvelant par la même occasion la sympathie exigeante que lui inspirent les initiatives européennes du président Macron. Face aux appels à la « loyauté » de la Chancelière, qui, à ses yeux, se ramènent à de simples injonctions d’une « cheffe » autoritaire et fragilisée, Habermas en a appelé avec ferveur à une politique de la solidarité, faite d’une véritable confiance, entre Etats égaux. Le seul moyen selon lui de générer sur la durée un authentique agir politique commun. Frédéric Joly Par Jürgen Habermas Dans le cadre des négociations menées autour des propositions de réforme émises par Emmanuel Macron, l’Allemagne – avec à sa remorque les pays dits bailleurs – renâcle à transformer une union monétaire fonctionnant pour l’instant dans des conditions sous-optimales en une union politique de la zone euro. Afin d’atteindre un tel objectif, une zone euro démocratique ne devrait pas seulement être conçue pour résister à toutes les tempêtes spéculatives – avec une union bancaire controversée et sa procédure de règlement des passifs, avec une garantie commune des dépôts protégeant les avoirs des épargnants et un fonds monétaire contrôlé au niveau européen. Une zone euro démocratique devrait surtout être dotée des compétences et des moyens budgétaires nécessaires pour que cessent de se creuser les écarts économiques et sociaux entre Etats membres. Il n’est pas seulement question ici de stabilisation en matière fiscale mais de convergence. C’est dire que les Etats membres les plus puissants sur les plans économique et politique doivent se montrer décidés à honorer enfin ce à quoi ils s’étaient engagés : mettre en place une monnaie unique menant à la convergence des situations économiques respectives des Etats membres. | series-d-ete-2018-long-format | 549 |
Le défenseur de Troyes Maxime Colin bataille contre Alexandre Dupas de Fontenay-Le-Comte. AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER Lorient, Troyes et Evian-Thonon se sont qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe de France face à des équipes de divisions inférieures, la surprise venant d'Epinal (Nat.), tombeur de Nantes (L2) aux tirs au but (1-1 a.p.; 4-3 t.a.b.), mardi en seizièmes de finale. Les équipes de Ligue 1 n'ont pas trébuché mardi. Ce fut difficile pour Lorient à Sedan (L2) (1-0) et pour l'ETG à Vertou (CFA2)(2-0), mais sans problème pour Troyes à Fontenay-le-Comte (CFA) (5-0). Un but de Giuly en fin de match (74) a suffi à Lorient pour venir à bout des "Sangliers". De son côté, Evian-Thonon a assuré l'essentiel dans la banlieue nantaise, grâce à Bérigaud en début de rencontre (24), puis à Adnane dans le temps additionnel (90+3). Troyes a fait peu de cas de Fontenay-le-Comte. Prenant l'avantage en première période par Marcos (30) et Bettiol (41), les Troyens ont déroulé en fin de match avec trois buts en dix minutes, par Bahebeck (83) et un doublé de Camus (89, 90+3). Le Havre (L2) aussi a tenu son rang contre les amateurs de Mende (DH), s'imposant sans trembler en Lozère (3-0). La surprise est venue d'Epinal. Les Spinaliens, 19e de National, ont réussi l'exploit de battre le 2e de L2, certes avec une équipe bis dans les Vosges. Malgré l'égalisation de Djordjevic dans le temps additionnel (90+3), Epinal n'a pas baissé les bras, pour permettre à Robin d'arrêter deux tirs au but nantais. Le match entre Rouen (Nat) et Marseille, prévu mardi soir, avait été reporté, à la suite d'une décision de la préfecture de la Seine-Maritime, en raison d'une fuite de gaz dans l'usine chimique Lubrizol de Rouen. La date de report du match n'a pas encore été communiquée. Trois chocs entre équipes de L1 seront à l'affiche mercredi, alors que les amateurs de Meaux (DH) défieront Saint-Etienne. Paris SG-Toulouse, Nice-Nancy et Montpellier-Sochaux seront les affiches de la deuxième journée des seizièmes de finale, qui se termineront jeudi avec le déplacement de Lille à Brest pour affronter Plabennec (CFA). | sport | 19 |
Bataillant pour défendre le plan de soutien européen à la Grèce, Angela Merkel a eu le mot juste : "Le primat du politique sur les marchés doit être rétabli", a-t-elle dit. Bon principe. C'était le 21 mai devant le Bundestag, et la chancelière allemande a eu gain de cause : le plan a été voté. Reste à en tirer les conséquences. Là commencent les malentendus. Pour ne pas dépendre des marchés, il y a une règle simple : il faut leur devoir le moins possible. Les Etats n'ont recours à l'emprunt, sur le fameux marché des bons du trésor, que parce qu'ils sont endettés. Les "marchés" - banques, compagnies d'assurances, fonds de pension - achètent la dette des Etats déficitaires. Les pays sans dette nationale, ou à la dette souveraine modérée, se fichent des "marchés". Conclusion : la victoire sur les marchés, que la gauche, plus encore que la droite, appelle de ses voeux en Europe, requiert de s'attaquer aux déficits. Sans doute était-il de bonne politique de creuser ces derniers en 2008 et 2009. A l'époque, l'excès de dépense publique se justifiait. Il fallait empêcher un effondrement du système financier. Pareil collapse aurait eu des conséquences dramatiques sur la situation économique et sociale - notamment sur l'emploi. Au printemps 2008, Le Monde avançait cet argument : que vaut un point de déficit budgétaire de plus dans un pays comme la France s'il s'agit d'empêcher 400 PME de fermer la porte d'ici à l'automne ! La situation n'est plus la même. On est dans une autre phase de la crise. L'ampleur des déficits mine la zone euro et finira par peser sur les taux d'intérêt, donc sur la croissance. On connaît la menace : ce qui est arrivé à la Grèce pourrait arriver à d'autres, etc. D'où les plans de rigueur budgétaire mis à l'oeuvre un peu partout en Europe, et la question qu'ils soulèvent : la rigueur va-t-elle tuer la croissance ? Le risque est réel, dit l'Américain Joseph Stiglitz, Nobel d'économie, qui met en garde contre une politique d'austérité trop rapide et trop drastique. A gauche, de Madrid à Paris en passant par Rome, bref, chez les "latins", l'austérité budgétaire a souvent mauvaise presse. La dépense publique, en revanche, y est positivement connotée. On y voit un facteur de croissance quasi mécanique, à l'aune duquel le niveau de la dette passe pour secondaire. C'est une attitude dangereuse. Pas plus que la dépense publique n'est toujours synonyme de croissance (la France serait en surchauffe permanente...), la modération budgétaire n'est forcément l'ennemie de la relance. On permettra à un ancien correspondant à Washington de convoquer ici quelques souvenirs. Au tout début des années 1990, trois mandats républicains avaient saigné les finances publiques des Etats-Unis. Huit années de Ronald Reagan et quatre de George Bush senior avaient plombé le budget fédéral comme jamais en temps de paix. C'était le résultat d'une gestion très originale : pas de hausse des impôts - l'horreur absolue pour les républicains - mais une augmentation continue du budget de l'Etat, notamment des dépenses militaires. L'idéologie de la haine de l'impôt avait transformé le Parti républicain en parti du déficit - c'est toujours le cas. La croissance était atone, le chômage montait, le pessimisme gagnait. Les sondages disaient les Américains d'humeur sombre, convaincus que leurs enfants vivraient moins bien, persuadés que les Etats-Unis étaient sur le déclin. Ce qui nous rappelle quelque chose, ici en Europe, aujourd'hui... Le démocrate Bill Clinton gagne l'élection présidentielle de 1992. Contre l'opinion de la plupart des économistes proches de son parti, il mène une politique d'assainissement budgétaire. Il veut faire durablement baisser les taux d'intérêt pour relancer l'investissement et la consommation. Pour cela, un moyen : réduire le déficit de l'Etat, donc la dépendance à l'égard du marché des bons du trésor. Il augmente les impôts, maîtrise la dépense publique et obtient un rapide et spectaculaire redressement budgétaire. S'en suit une détente sur les taux d'intérêt à long terme, qui produit les effets escomptés : des années de croissance retrouvée, comme l'Amérique n'en n'avait pas connues depuis longtemps. Et sans que la dette privée soit encore atteinte de folie. L'objection Stiglitz paraît autant politique qu'économique. Pour être acceptée, la rigueur budgétaire doit être rigoureusement équitable - de façon ostensible, indiscutable. Elle doit épargner les transferts sociaux essentiels, qui pèsent plus dans le PIB en France qu'aux Etats-Unis. Elle doit répartir de manière scrupuleusement proportionnelle le surcroît de charge fiscale qui ne manquera pas de nous tomber dessus. Critique de Stiglitz, un autre économiste américain, Kenneth Rogoff, a étudié, avec sa collègue Carmen Reinhart, l'impact des crises financières sur l'activité. Ils ont travaillé sur des séries longues et en ont tiré une conclusion : quand elle franchit le seuil des 90 % du PIB - la France s'en rapproche -, la dette publique mine la croissance. Le cas le plus frappant est celui du Japon qui, avec une dette de l'ordre de 200 % du PIB, peine à sortir d'un quart de siècle d'anorexie. L'Europe veut à la fois réguler les marchés - projet en cours - et diminuer sa dépendance à leur égard - politiques de redressement budgétaire. Avec un peu d'inflation et un euro en douce dévaluation compétitive, qui sait si ce cocktail, ce policy mix, laborieusement agencé, n'est pas ce qu'il faut pour sortir de la déprime ? Courriel : [email protected]. Alain Frachon | idees | 12 |