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Requiem tendance swing
Introduire la voix oraculaire de la sibylle dans le parcours d'une messe pour les morts, telle est l'une des nombreuses originalités du "Requiem" de Thierry Lancino, qui a été donné en création, vendredi, Salle Pleyel, à Paris.
Introduire la voix oraculaire de la sibylle dans le parcours d'une messe pour les morts, telle est l'une des nombreuses originalités du Requiem de Thierry Lancino, qui a été donné en création, vendredi 8 janvier, Salle Pleyel, à Paris. Déployé dans un somptueux prologue, le chant (mezzo-soprano) de la prophétesse qui officiait dans la baie de Naples prépare l'auditeur à un parcours spirituel des plus énigmatiques. Le compositeur Thierry Lancino a redistribué les cartes du requiem avec la complicité de l'écrivain Pascal Guignard. Les exclamations du Kyrie sont, par exemple, lancées avant le "requiem aeternam" qui ouvre traditionnellement l'Introït. Mais le résultat est très prenant, comme le Dies Irae, qui semble investi par une nuée de feux follets à tendance swing. La partition écrite par ce Français de 55 ans résidant aux Etats-Unis manifeste de grandes qualités dramatiques. Souvent par le recours à des dispositifs inédits (le piano préparé évoque la grotte de la sibylle) mais parfois en toute simplicité (la prière chantée a cappella par la soprano soliste). Aussi peu dogmatique que le texte qui lui sert de support, la musique de Thierry Lancino balaye un large champ esthétique sans jamais paraître hybride. Requiem, (création) de Thierry Lancino. Heidi Grant Murphy (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Stuart Skelton (ténor), Nicolas Courjal (basse), Orchestre philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction). Le 8 janvier, Salle Pleyel, Paris. Pierre Gervasoni
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/requiem-tendance-swing_1289633_3246.html
Le jour où l'eau de la Seine faillit noyer le zouave du pont de l'Alma
Une exposition commémore la crue monumentale qui paralysa Paris il y a cent ans.
De l'eau jusqu'au sommet des arcades des ponts, des barques flottant au milieu des artères haussmanniennes, des bourgeois en habit allant voir l'inondation comme on se rend au spectacle... La grande crue qui a frappé Paris en janvier 1910 a marqué les esprits des contemporains, même au-delà des frontières de la France. Sa mémoire a été entretenue depuis un siècle par de nombreuses images, (cartes postales, photographies...), à la fois étranges et familières. Pour commémorer le centenaire de l'événement, la Bibliothèque historique de la ville de Paris a monté une exposition : plus de cent tirages originaux de photographies souvent inédites issues de son fonds, enrichie d'apports d'autres collections parisiennes (le Musée Carnavalet, la Bibliothèque Forney, les Archives de Paris et l'agence Roger-Viollet), et quelques acquisitions récentes. Le résultat est une passionnante évocation de cette crue, qui réussit à être spectaculaire sans basculer dans l'anecdote. La montée des eaux, causée par d'abondantes pluies et la fonte des neiges, commence le 20 janvier 1910. En une semaine, le niveau monte de 3,80 m à 8,50 m. Plus de 450 hectares se retrouvent sous l'eau, douze arrondissements sont touchés. Les gares d'Orsay et des Invalides sont inondées, comme celles de Lyon et de Saint-Lazare. L'électricité s'arrête, les quais de Seine sont envahis. L'eau s'engouffre même dans les tunnels du tout récent métropolitain. En quelques heures, la ville est paralysée. Comme les Halles échappent à l'inondation, la ville ne connaît pas de pénurie alimentaire. Mais les entrepôts de Bercy sont noyés. En leur centre se forme un lac malodorant de 5 mètres de profondeur, à la surface duquel flottent des barriques. De nombreux Parisiens s'amusent du visage insolite qu'a soudain pris leur environnement. Les chevaux suppléent les tramways, des canots réquisitionnés permettent aux Parisiens de circuler... "Avenue Montaigne, on a organisé des promenades de plaisance en barque. Pour deux sous, on passe au pied des hôtels les plus cossus, et des photographes prennent de vous un portrait d'inondé pour la somme de 50 centimes", écrit Guillaume Apollinaire dans Paris Journal, le 29 janvier 1910, au plus fort de la crue. L'exposition s'attarde, images à l'appui, sur les saynètes incongrues, spontanées ou pas, entraînées par l'inondation, et qui feront le tour du monde. Le parcours thématique permet d'aborder tous les aspects de l'épisode. La crue fut brutale, les eaux mirent plus d'un mois à se retirer. Outre les dégâts matériels (estimés à 400 millions de francs or), l'inondation, réveillant des peurs ancestrales, a provoqué un élan national de solidarité envers les 150 000 Parisiens et 200 000 banlieusards sinistrés. Ainsi les affiches collectées à l'époque témoignent-elles de la crainte des épidémies manifestée par les autorités. C'est pour les éviter que le préfet de police Louis Lépine fit déverser les déchets directement dans la Seine. L'image des monceaux d'ordures déversés depuis le pont de Tolbiac est saisissante. Durant toute l'année 1910, des opérations caritatives sont organisées pour venir en aide aux sinistrés. Dans le même temps, les cartes postales commémoratives connaissent un engouement spectaculaire. La mairie propose à qui le veut des plaques émaillées qui doivent être fixées sur les murs à la hauteur maximale de la crue, pour que les immeubles gardent la trace de l'événement. Et pour que les Parisiens n'oublient pas que le danger n'est pas écarté : malgré les aménagements du cours de la Seine, Paris reste vulnérable. Les bassins de retenue assurent une baisse du niveau de 60 centimètres seulement. "Paris inondé 1910 ". Du 8 janvier au 28 mars, du mardi au dimanche de 13 heures à 19 heures, nocturne le jeudi jusqu'à 21 heures. Galerie des bibliothèques, 22, rue Malher, Paris 4e. Visite virtuelle de l'exposition et cartographie interactive : inondation1910.paris. fr Jérôme Gautheret
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/le-jour-ou-l-eau-de-la-seine-faillit-noyer-le-zouave-du-pont-de-l-alma_1289632_3246.html
La Bourse fête 2010 mais ne s'enivre pas
Malgré une première semaine de hausse, les experts se gardent de tout enthousiasme.
Sur les marchés boursiers, l'année 2010 a commencé comme 2009 s'était terminée : bien. Trop bien, peut-être. En quelques séances, à la Bourse de Paris, le CAC 40 a franchi le seuil des 4 000 points. Pour la première semaine de l'année, entre le 4 et le 8 janvier, le marché parisien s'est adjugé 2,76 % à 4 045,14 points, après 22 % de hausse en 2009. La tendance a été identique à New York, à Londres ou à Tokyo. Sur la période les indices respectifs de ces places financières, le Dow Jones, le Footsie et le Nikkei ont gagné 1,82 %, 2,24 % et 2,39 %. Les marchés ont ainsi presque gommé l'intégralité des pertes accumulées depuis la faillite retentissante de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. Pourtant, sur le front de l'économie, "on est dans un environnement qui reste un peu pourri", reconnaît Phillippe Waechter, responsable de la recherche chez Natixis AM. Une illustration ? Les Etats-Unis, première économie mondiale, ont annoncé, vendredi 8 janvier, la destruction de 85 000 emplois en décembre 2009. Le taux de chômage stagne ainsi à 10 % de la population active. Rien de très réjouissant... Mais pour la plupart des investisseurs, tout cela n'est pas dramatique. "Ce chiffre est décevant, mais ne remet pas en cause l'amélioration progressive de l'économie", estime Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel. En étant même un peu provocateur, cette reprise molle arrangerait presque lesdits investisseurs. Car si l'économie ne redémarre pas en fanfare, cela signifie que les politiques monétaires ultra-accomodantes mises en places par les grandes banques centrales avec des taux d'intérêt très bas destinés à soutenir l'économie, vont se prolonger. Ainsi au regard des rendements des obligations et autres produits de taux, par exemple, les actions vont encore rester un placement attractif. En outre, les investisseurs constatent que si la croissance n'est pas encore très vigoureuse, les signaux d'une embellie se sont multipliés dès 2009. Dans le secteur automobile, le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a ainsi annoncé, le 4 janvier, que les immatriculations de voitures neuves avaient bondi de 48,6 % sur un an en décembre 2009. Ces ventes ont, certes, bénéficié du soutien de la prime à la casse. Mais les constructeurs ont aussi mis en place une organisation de combat en réduisant au maximum leurs coûts afin de doper leurs résultats. Et Renault s'est dit confiant pour le premier trimestre 2010, escomptant des ventes encore solides même après la réduction des aides publiques. Dans la foulée, les titres du constructeur, et celui de son concurrent Peugeot, ont bondi. Dans les autres secteurs aussi, afin de faire face à la crise, et à une reprise atone, "les entreprises se sont assainies", remarque Grégorie Volokhine, expert chez Meeschaert, à New York. Elles se sont désendettées, ont réduit leurs coûts pour redresser ou maintenir leur rentabilité. Vendredi, le groupe américain de messagerie UPS a donné une illustration de ce phénomène en annonçant de façon concomitante une amélioration attendue de son bénéfice pour le quatrième trimestre 2009 et la suppression de 1 800 emplois. Et la Bourse apprécie ce genre de nouvelle. Les investisseurs se gardent toutefois d'afficher un enthousiasme démesuré. Tous savent que la crise n'est pas terminée. Que les ménages demeureront inquiets et que la consommation restera sans doute un peu déprimée. Les titres des groupes français de la grande distribution, comme Casino ou Carrefour, restent ainsi à la peine. Même les secteurs dits défensifs, comme la pharmacie, ne sont pas à l'abri d'une mauvaise nouvelle. Cette semaine, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé que la France avait annulé une commande de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe A (H1N1). La campagne de vaccination n'ayant pas eu le "succès" attendu. Les laboratoires concernés, comme Novartis ou GSK ont vu leurs cours reculer. La prudence des boursiers est de mise. Le milliardaire américain Warren Buffett, gourou de Wall Street, l'a rappelé en s'opposant au rachat de Cadbury par Kraft, dont il est actionnaire. Il n'est pas question, par les temps qui courent, de gaspiller son argent en surpayant une acquisition, semble dire le septuagénaire, plutôt réputé pour son flair. Claire Gatinois
09/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/09/la-bourse-fete-2010-mais-ne-s-enivre-pas_1289619_3234.html
Orange frappée
En Floride, on tremble, ce week-end, pour la récolte des belles oranges de Jacksonville où les services de la météo locale annoncent un "gel féroce".
En Floride, on tremble, ce week-end, pour la récolte des belles oranges de Jacksonville où les services de la météo locale annoncent un "gel féroce" de 0 °Celsius pendant plusieurs heures, ce qui pourrait renchérir nos boissons de l'été prochain. Pas du tout, jurent les associations de producteurs d'agrumes : la récolte ne sera pas affectée par un gel inhabituel certes, mais supportable. Les marchés, qui n'entendent jamais raison, ont préféré parier sur la catastrophe possible. Le cours de la livre de concentré de jus d'orange, qui avait déjà progressé en 2009 de quelque 80 %, a grappillé encore plusieurs points à New York par rapport à la veille et a atteint 143,5 vendredi 8 janvier. Faut-il rire ou pleurer de cette lointaine conséquence boursière du phénomène climatique El Niño dans l'océan Pacifique ? Récolte maigrichonne D'abord, rassurons les assoiffés, la pénurie ne menace en rien nos rafraîchissements. Les stocks de jus restent massifs. Au début de la campagne 2008-2009, ils représentaient encore les deux tiers de la récolte annuelle de Floride. Il est vrai que la récolte mondiale s'annonce maigrichonne. Le département américain de l'agriculture prédit que le verger brésilien, le deuxième au monde, produira lui aussi 15 % de moins que la moyenne de ces dernières années. Pourquoi cette soudaine raréfaction ? Parce que la production floridienne est affectée par la maladie du "dragon jaune" ou chancre critique, bactérie transmise aux orangers par une sorte de puceron, mais aussi par le greening, autre méchante bactérie injectée par des homoptères psyllidés. "La chute brutale de la production floridienne est donc due auttant à l'état sanitaire du verger qu'à des raisons météo, explique Eric Imbert, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Les traitements insecticides et la surveillance des plantations génèrent des frais additionnels de l'ordre de 40 %." Faut-il s'étonner si les arboriculteurs réduisent des superficies plantées moins juteuses ? Au Brésil, la situation n'est pas meilleure. "La présence du greening et les perspectives de gains offerts par la canne à sucre n'encouragent pas le développement de l'oranger et aucune hausse de la production n'est à attendre dans les prochaines années", poursuit notre expert. Cette offre flageolante devrait d'autant plus vite venir à bout des stocks qui pèsent sur les prix depuis une dizaine d'années que l'on annonce un autre dégel. "La demande est repartie, notamment aux Etats-Unis, pays qui absorbe 40 % des volumes mondiaux", se félicite Eric Imbert. En effet, les boissons dites "énergisantes", type Redbull, auraient moins la cote. La bonne vieille vitamine C contenue dans le jus d'orange du petit-déjeuner - notamment le jus reconstitué, moins cher - profiterait d'un regain. On attend confirmation en Europe de ce retour en grâce. Alain Faujas
09/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/09/orange-frappee_1289618_3234.html
A Marseille, un salarié du port roué de coups pour avoir refusé d'adhérer à la CGT
La cour d'appel a confirmé la peine de six mois de prison avec sursis infligée à un syndicaliste
Vendredi 8 janvier, la cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a confirmé la peine de six mois de prison avec sursis infligée en première instance à un syndicaliste de la CGT employé sur le Port autonome de Marseille. Poursuivi pour violences volontaires, Guillaume Magne était accusé d'être le meneur d'un groupe d'hommes qui avaient roué de coups un collègue de travail. D'après la victime, ces violences seraient liées au fait qu'elle avait refusé de prendre sa carte à la CGT et de participer à deux mouvements de grève. Jean-Philippe Formosa a été recruté comme "conducteur d'engins" au premier semestre 2006 par le Port autonome de Marseille, récemment rebaptisé Grand Port maritime de Marseille. Plusieurs semaines après son embauche, des membres de la CGT, parmi lesquels M. Magne, lui auraient suggéré de façon assez virile d'adhérer à ce syndicat. M. Formosa ayant refusé, les pressions ont redoublé de vigueur, à tel point qu'il a demandé à changer d'équipe, d'après son avocat, Me Gaspard Jouan. Le 14 décembre 2006, à la fin d'un repas de Noël organisé dans un réfectoire du Port autonome, une altercation a éclaté entre M. Formosa et d'autres salariés. Les hommes sont sortis du local pour s'expliquer. Plusieurs individus ont alors passé à tabac M. Formosa. Bilan : des os du nez cassés, une cheville et le col du péroné fracturés. Qui a participé à la rixe ? L'enquête n'a pas pu le déterminer avec certitude. M. Formosa assure avoir été victime d'un "commando" emmené par M. Magne, ce que le syndicaliste a nié, devant les policiers et lors de ses procès en première instance puis en appel. La CGT du Port autonome, elle, a fait paraître un communiqué, en novembre 2008, pour dénoncer la "campagne de diffamation menée (...) à (son) encontre" par M. Formosa. Selon elle, "ce salarié immoral et cupide est vraisemblablement manipulé" lorsqu'il prétend avoir "été pris à partie pour avoir refusé de se syndiquer à la CGT". Quant aux témoins de la scène interrogés par les enquêteurs, la plupart ont indiqué qu'ils ne connaissaient pas le nom des protagonistes. "Les gens ont eu peur de parler, car ils craignaient des représailles de certains membres de la CGT, estime Me Jouan. C'est d'ailleurs ce qui ressort des procès-verbaux dressés par les policiers." Dans son jugement rendu le 2 décembre 2008, le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence écrit que "la loi du silence est bien respectée sur le site". En dépit de ces zones d'ombre, M. Magne a été condamné. "Cette décision l'a anéanti, réagit son avocat, Me Alain Molla, parce qu'il écope d'une peine de prison avec sursis, malgré son innocence, mais aussi parce qu'il est le seul à avoir été poursuivi alors même que la victime avait nommé deux autres personnes comme étant les auteurs des coups." D'après Me Molla, son client a l'intention de former un pourvoi en cassation. Bertrand Bissuel
09/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/09/a-marseille-un-salarie-du-port-roue-de-coups-pour-avoir-refuse-d-adherer-a-la-cgt_1289617_3234.html
Un monde envoûtant et érotique
Le "Julie" de Boesmans tient à la fois du théâtre et de l'opéra.
Le Belge Philippe Boesmans (né en 1936) est de ces compositeurs qui ont la chance de voir leurs oeuvres créées en de hauts lieux (le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles lui a commandé ses quatre premiers opéras, l'Opéra de Paris le cinquième) et immédiatement repris dans d'autres institutions prestigieuses. Parce que trois de ses cinq ouvrages lyriques - Reigen, (1993), Wintermärchen (1999), Julie (2005) - sont écrits en allemand - La Passion de Gilles (1983) et Yvonne Princesse de Bourgogne (2009) sont en français -, les maisons d'opéra germaniques y sont peut-être encore plus sensibles que ne le sont nos institutions. Pourtant, Julie, d'après Mademoiselle Julie (1888), d'August Strindberg, a fait l'objet d'une reprise, par le Festival d'Aix-en-Provence, de sa production originale (signée Luc Bondy auteur, avec Marie-Louise Bischofberger, du livret) et, comme Reigen, que beaucoup considèrent comme le chef-d'oeuvre lyrique de Boesmans, cet opéra de chambre a suscité plusieurs mises en scène, dont celle du Canadien Matthew Jocelyn, produite par la Scène nationale d'Orléans, présentée à Paris, puis dans quelques villes françaises. Julie a été également enregistré sur disque (1 CD Cyprès) et gravé sur DVD (BelAir Classics). De quoi faire verdir les compositeurs moins chanceux ou, tout simplement, moins doués. Car Boesmans a le don de savoir faire des opéras. Il y excelle par l'inventivité et l'expressivité de son langage, par sa capacité à être de son temps sans faire table rase du passé, par son adresse redoutable à composer une manière de musique spectrale, non par connivence avec les musiciens du groupe de l'Itinéraire mais parce qu'il convoque des fantômes du répertoire musical, pas vraiment cités dans le texte mais dont certains motifs récurrents, dans Julie, rappellent ici un incipit de Schubert ou de Mendelssohn, là des Wesendonck Lieder de Wagner (on entend même le spectre de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov dans les solos de violon !). L'auditeur se sent à la fois en terrain familier et au long cours aventureux d'un monde sonore envoûtant et érotique. CONVERSATION Ce qui manque peut-être à Julie pour être un chef-d'oeuvre à la hauteur de Reigen, de Wintermärchen ou de Yvonne Princesse de Bourgogne, c'est l'usage brillant que fait d'ordinaire Boesmans des lieux communs du genre lyrique (airs, ensembles, choeurs, etc.). Parce que Julie est une conversation, l'expression musicale du texte se cantonne à une sorte d'arioso (entre l'air et le récitatif) continu qui, s'il a pour mérite de laisser la pièce respirer, quasi intacte, a l'inconvénient d'aplanir quelque peu, selon nous, sa progression dramatique. Mais, cette réserve exprimée, on s'empressera de dire que si la création lyrique était toujours de la qualité de cette Julie, la vie musicale en serait considérablement enrichie. On n'aura pas retrouvé en cette nouvelle production la cruauté glaçante de la mise en scène princeps de Luc Bondy. Mais le travail de Matthew Jocelyn (assez banalement éclairé) et le professionnalisme de la distribution (moins convaincante que celle de la création), de l'ensemble belge Musiques nouvelles et du chef, Jean-Paul Dessy, sont loin de desservir l'opéra du compositeur belge. "Julie", de Philippe Boesmans. Par Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop (Jean), Agniszka Slawinska (Kristin), Ensemble Musique nouvelles, Jean-Paul Dessy (direction), Matthew Jocelyn (mise en scène). A l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 17, rue Boudreau, Paris 9e, le 8 janvier. Jusqu'au 13 janvier. De 14 € à 40 €.. Tél. : 01-53-05-19-19. Sur le Web : athenee-theatre.com. Reprise du spectacle à la Maison de la culture de Bourges, le 22 janvier (Tél. : 02-48-67-74-74), à l'Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, le 27 avril (Tél. : 04-79-85-55-43), à la Rampe, Echirolles, le 11 mai (Tél. : 04-76-40-05-05). Renaud Machart
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/un-monde-envoutant-et-erotique_1289631_3246.html
"Le ""Pocahontas bolivien"" reconstitué"
"Wara Wara", un film muet à la gloire des Indiens précolombiens vient d'être restauré en Bolivie, quatre-vingts ans après son tournage.
Un film muet à la gloire des Indiens précolombiens vient d'être restauré en Bolivie, quatre-vingts ans après son tournage. Wara Wara était sorti en salles à La Paz en janvier 1930, puis avait disparu de la circulation, sans qu'aucune copie ne soit conservée. Producteur de la restauration, Eduardo Lopez Zavala est fasciné par cette oeuvre indigéniste, un cas unique dans le cinéma des premiers temps en Amérique latine. "C'est le Pocahontas bolivien", s'exclame-t-il. Dans son atelier de La Paz, ce jour-là, on travaille sans relâche le soir pour peaufiner les derniers détails. Il espère présenter bientôt le film, accompagné de la publication des oeuvres musicales, picturales et littéraires de José Maria Velasco Maidana (vers 1900-1989), interprète et réalisateur de Wara Wara. Créateur polyvalent, Velasco Maidana appartenait à une avant-garde intellectuelle à la fois moderne, liée aux innovations comme le cinéma, et traditionaliste, à la recherche des racines de la nation. Sa démarche rejoint les peintres, écrivains et photographes du Cuzco, qui ont lancé à la même époque - les années 1920 - un mouvement indigéniste au Pérou. En 1989, Mario Fonseca Velasco, neveu du réalisateur, a trouvé dans un placard 70 boîtes contenant des centaines de morceaux de négatif nitrate, hautement inflammable. A défaut d'une copie du film, Fernando Vargas a reconstruit le montage à la manière d'un puzzle, aidé par une pièce théâtrale à l'origine de l'argument et des récits publiés par la presse lors de la sortie. "PETITE SUPERPRODUCTION" Wara Wara, sous-titré "le drame d'une race", évoque le XVIe siècle, lorsque les Espagnols détruisirent la société andine. Une scène présente l'exécution au garrot de l'Inca Atahualpa. Une princesse indienne s'éprend d'un conquistador au prénom significatif, Tristan, joué par Velasco Maidana lui-même, qui s'est souvenu sans doute de la tradition courtoise et du romantisme allemand. Le tournage a eu lieu dans des extérieurs des environs de La Paz et sur le lac Titicaca. "Pour l'époque, dans un pays dépourvu de tradition cinématographique, c'est une petite superproduction", note le conservateur Pedro Susz, qui a envoyé les matériaux trouvés à la cinémathèque de Munich, pour des travaux de préservation. La musique du compositeur Cergio Prudencio accompagne l'action avec l'émotion requise. Le baiser final annonce une nouvelle patrie fondée sur les deux "races". Un programme d'actualité, alors que le président d'origine aymara Evo Morales entame son second mandat le 22 janvier. Paulo A. Paranagua(La Paz, envoyé spécial)
09/01/2010
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/09/le-pocahontas-bolivien-reconstitue_1289630_3476.html
Malgré la reprise, le marché de l'emploi se dégrade des deux côtés de l'Atlantique
Le taux de chômage atteint 10 % de la population active, aux Etats-Unis comme en Europe.
Les Etats-Unis ont détruit 85 000 emplois en décembre 2009, a indiqué, vendredi 8 janvier, le département du travail américain (en données corrigées des variations saisonnières). Le taux de chômage, de son côté, est resté stable, à 10 % de la population active. Ces chiffres ont constitué une mauvaise surprise, les analystes misant sur un solde proche de zéro. La tendance favorable du mois de novembre 2009 (plus de 4 000 créations d'emploi) n'a donc pas pu être confirmée. Pour Christine Rifflart, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le décalage entre novembre et décembre 2009 n'a toutefois rien de "significatif. C'est une baisse de 0,06 % sur un mois." Mme Rifflart parle au contraire de "stabilisation". "Au début de l'année 2009, explique-t-elle, les destructions d'emploi touchaient 700 000 personnes par mois." Benjamen Carton, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii), juge lui aussi "les destructions modérées, même si on avait eu l'espoir d'un chiffre positif pour démarrer l'année". L'économie américaine, avec une croissance légèrement inférieure à 3 % et un taux de chômage aux environs de 10 % de la population active, demeure toutefois "fragile", voire "convalescente", indique M. Carton. En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l'année 2009 (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département américain du travail, qui remontent à 1939. EN EUROPE, LA CRISE EST LOIN D'ÊTRE TERMINÉE En fait, la crise financière de l'automne 2008 n'a pas eu un impact uniforme sur l'économie américaine. La moitié des emplois détruits se sont ainsi concentrés sur deux secteurs : celui de la construction (BTP) et celui de l'industrie, lesquels représentent 15 % de l'emploi total aux Etats-Unis. En décembre 2009, le BTP a "encore perdu 53 000 emplois, et le secteur manufacturier 27 000", indique Mme Rifflart, qui ajoute : "La faiblesse des mises en chantier ne permet pas d'espérer un rebond de la demande immobilière pour le reste de l'année." M. Carton estime de son côté que le "rebond des commandes à l'industrie, s'il est notable, ne se traduit pas par des créations d'emploi spectaculaires". Au sein du groupe des personnes privées d'emploi, un double clivage se produit selon l'âge et le sexe, note toutefois Mme Rifflart. Le taux de chômage des "jeunes" (25-34 ans) s'améliore et "passe de 9,2 % à 8,2 % de la population active", tandis que celui des plus de 50 ans demeure à un niveau élevé. En outre, le chômage apparaît plus élevé chez les hommes (+ 7,9 % en décembre 2009) que chez les femmes (+ 6,2 %). "Ce décalage tient aux secteurs qui ont été touchés : les hommes sont plus nombreux dans le BTP et l'industrie manufacturière." En Europe aussi, la crise est loin d'être terminée. Selon les données rendues publiques vendredi 8 janvier par Eurostat, le chômage a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10 % de la population active dans la zone euro en novembre 2009 (+ 0,1 % par rapport à octobre). Ces moyennes masquent toutefois des disparités importantes selon les pays. Un quart des pertes d'emploi de la zone euro est ainsi concentré en Espagne, qui affiche un taux de chômage record de 19,4 % en novembre 2009 (19,3 % en octobre). En France, il est de 10 %, et de 8,3 % en Italie. Dans presque tous les pays, la destruction d'emplois a donc continué en 2009, et pourrait se prolonger sur le moyen terme. La Commission européenne prévoit ainsi que le taux de chômage se situera à une moyenne de 10,7 % en 2010, pour atteindre 10,9 % en 2011 dans la zone euro, après 9,5 % en 2009. La stabilisation progressive du chômage ne se produirait qu'à la fin de 2010, et plus certainement au cours de l'année 2011. Yves Mamou
09/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/09/malgre-la-reprise-le-marche-de-l-emploi-se-degrade-des-deux-cotes-de-l-atlantique_1289616_3234.html
Epoustouflant Denis Podalydès en Dr. Jekyll
Au Théâtre de Chaillot, l'acteur interprète le héros de Stevenson.
Qui est-elle, cette étrange créature qui s'avance dans la pénombre ? Un homme ? Un monstre ? Un comédien ? Ou tout cela à la fois, que résume, sur le plateau de la salle Gémier, au Théâtre de Chaillot, un acteur magique : Denis Podalydès, qui interprète et met en scène Le Cas Jekyll, réécriture contemporaine, par l'auteure française Christine Montalbetti, du mythe inventé par Robert-Louis Stevenson à la fin du XIXe siècle. C'est le spectacle qui va faire fureur à Paris, en cette rentrée de janvier, avant de (re)partir en tournée un peu partout en France jusqu'à l'été (il a été créé à la maison de la culture d'Amiens en mai 2009) : parce qu'il est fin, drôle, et enveloppe délicatement son intelligence dans les replis d'un pur plaisir théâtral. Et que Denis Podalydès y est plus que jamais époustouflant, dans cette partition qu'il s'est taillée à sa mesure. Il faut dire qu'elle semble faite pour lui, l'histoire du respectable Dr. Jekyll et de son double noir, Hyde, hantant de ses forfaits les bas-fonds de Londres, tant elle se loge au coeur même du mystère de l'acteur, cet explorateur par essence des zones les plus obscures de l'homme. Le voici donc tel qu'on le découvre dans son antre victorien de guingois, ce Dr. Jekyll qui d'emblée, dans la confession qu'il livre de son inquiétante aventure, plonge le spectateur dans l'espace d'un récit et d'un mystère trop rares sur les scènes françaises : un petit homme tout ce qu'il y a de respectable, en costume de tweed brun bien coupé (par Christian Lacroix). Mais voilà : "La vérité, c'est que la vie studieuse que je menais alors me paraissait, comment dire, une chose étriquée." Alors, Jekyll inventa Hyde, créature de pulsions, libérée de toute morale. Et Hyde prit peu à peu possession de Jekyll, comme un rôle prend peu à peu possession d'un comédien, en une troublante opération de dédoublement à l'intérieur d'un même être. Ce qui est totalement jouissif, dans ce Cas Jekyll, c'est que la transformation progressive de Jekyll en Hyde offre à la fois la matière d'un formidable suspense théâtral, et une extraordinaire matière de jeu pour Denis Podalydès. C'est peu de dire que les métamorphoses de l'acteur sont fascinantes. Elles n'ont pourtant rien de spectaculaire. Quelques signes - deux mains velues, une perruque - y suffisent. Mais le corps du comédien, à l'image de ce que constate le savant fou qu'il incarne - "Notre corps est éminemment plastique et malléable", affirme Jekyll - se transforme insensiblement au fil de la représentation. Il y a par moments des échos de Richard III le boiteux dans cette créature hybride, clin d'oeil parmi d'autres à un Shakespeare qui est le premier grand poète de la dualité fondamentale de l'homme. Et c'est comme si Jekyll accouchait de sa part noire, lui donnant forme - presque - humaine, en une étonnante opération de transmutation théâtrale. Cet objet théâtral singulier est porté par la magie d'une atmosphère à laquelle concourent tous les éléments du spectacle. La scénographie pleine de poésie d'Eric Ruf, qui joue magnifiquement avec l'espace du plateau : l'antre jekyllien, très Radeau de la Méduse, en avant-scène, et, au fond, les docks de Londres sous la lune, d'une beauté expressionniste à couper le souffle. Les lumières en clair-obscur de Stéphanie Daniel. Le texte d'une ironie vive et délicate de Christine Montalbetti. L'utilisation de la voix off et du hors-champ, qui donne une qualité très littéraire à la mise en scène... Alors on la poursuivrait encore longtemps, cette trop courte balade dans l'envers de Londres et dans l'envers de l'homme, menée avec allégresse par un guide hors pair, en la personne de Denis Podalydès dont, décidément, l'étendue du talent et des curiosités ne cesse d'étonner. "Le Cas Jekyll", de Christine Montalbetti, d'après Robert-Louis Stevenson. Mise en scène et interprétation : Denis Podalydès. Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris-16e. Tél. : 01-53-65-30-00. Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30, jusqu'au 23 janvier. De 12 € à 27,50 €. Durée : 1 h 15. Puis tournée jusqu'en mai 2010 : Le Havre, Reims, Suresnes, Lyon, Aix-en-Provence, Madrid (Espagne), etc. Fabienne Darge
09/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/09/epoustouflant-denis-podalydes-en-dr-jekyll_1289629_3246.html
Ford, un rescapé dans un paysage sinistré
En 2009, Ford a limité la chute de ses ventes à 15 % sur l'année, alors que celles de General Motors ont plongé de près de 30 % et celles de Chrysler de 36 %.
"Nous regardons 2010 avec optimisme !", s'est écrié Ken Czuby, le directeur des ventes de Ford, commentant début janvier les chiffres des ventes de voitures neuves aux Etats-Unis. Des trois constructeurs américains, Ford est celui qui s'en sort le mieux. Il est le seul à avoir échappé à la faillite et à ne pas avoir demandé l'aide de l'Etat. En 2009, Ford a limité la chute de ses ventes à 15 % sur l'année, alors que celles de General Motors ont plongé de près de 30 % et celles de Chrysler de 36 %. Le constructeur a même gagné plus d'un point de part de marché : une première depuis 1995. Mieux, au troisième trimestre 2009, il a gagné de l'argent, ce qui ne lui était pas arrivé depuis début 2008. Ces bons résultats sont à mettre au crédit d'Alan Mulally, son directeur général. Dès son arrivée, en 2006, cet ancien de Boeing, âgé de 64 ans aujourd'hui, n'a pas hésité à provoquer ses troupes en posant les questions qui fâchent : pourquoi les coûts de production sont-ils si élevés ? Pourquoi la gamme est-elle si vieillissante ? Pourquoi les besoins des clients sont-ils aussi peu pris en compte ? Selon lui, l'une des clés du redressement repose sur une harmonisation de la production internationale des véhicules pour répondre aux besoins de plus en plus homogènes des consommateurs. Plus question que les entités américaines, européenne et asiatique travaillent séparément. DES MODÈLES PLUS PETITS Avec l'effondrement des ventes de 4 × 4 aux Etats-Unis, M. Mulally a décidé de faire tomber la part de ces véhicules sous la barre de 40 % et de proposer des modèles plus petits. En 2010, la Ford Fiesta, le modèle star de sa filiale européenne lancée il y a trente-trois ans et l'un des plus vendus en Europe, fera son entrée sur le marché américain. Trois usines américaines de 4 × 4 transformeront leurs plates-formes pour produire ce véhicule. Côté finances, pour pallier le manque de liquidités de Ford, M. Mulally a décidé d'emprunter 23 milliards de dollars. Pour obtenir cet argent, il gage les actifs du groupe, et arrive à convaincre les actionnaires dont la famille Ford, qui dispose de 5 % du capital mais de 40 % des droits de vote, de renoncer à leurs dividendes. Bien vu ! Deux ans plus tard, avec la crise financière, le robinet du crédit s'est fermé. Par ailleurs, M. Mullaly a entrepris de vendre certaines de ses marques haut de gamme, Aston Martin à un consortium d'investisseurs et Jaguar et Land Rover à l'indien Tata. Avant de céder Volvo au chinois Geely. Entre 1980 et 1990, Ford s'était lancé sur le segment des voitures de luxe. Il avait même créé une structure, baptisée Premier Automotive Group (PAG), qui devait rapporter un tiers des profits du groupe. Las ! PAG a gagné de l'argent... mais une seule fois, en 2003. N. Bn
09/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/09/ford-un-rescape-dans-un-paysage-sinistre_1289611_3234.html
A Detroit, l'automobile américaine veut croire à l'éclaircie
Au Salon de l'automobile de Detroit (Michigan) - qui s'ouvre ce lundi aux professionnels et aux médias -, tous les participants tendront à reléguer 2009 au rang de mauvais souvenir.
Au Salon de l'automobile de Detroit (Michigan) - qui s'ouvre lundi 11 janvier aux professionnels et aux médias, puis du 16 au 24 janvier au grand public -, tous les participants auront sans doute le même souhait : que 2009 soit reléguée au rang de mauvais souvenir, même si cette année restera forcément dans les annales comme la pire pour l'industrie automobile américaine. Avec 10,4 millions de voitures vendues, le marché américain a chuté de 21 % par rapport à 2008 et a réalisé sa pire performance depuis près de trente ans. C'est même plus d'un tiers de moins que la moyenne des ventes réalisées entre 2000 et 2007 ! Résultat : le marché automobile s'est fait rafler la place de numéro un mondial par la Chine. Les 4 × 4, que les Américains jugent trop gros, trop polluants et trop gourmands en carburant, ont poursuivi leur chute (- 24 %). Pire, la production a plongé de 35 %. Les trois constructeurs américains - General Motors (GM), Ford et Chrysler - se souviendront longtemps de 2009. Car ce qui semblait inimaginable est arrivé. A force de ne pas vouloir écouter leurs clients et engager les réformes nécessaires - stopper les rabais et crédits gratuits, réformer les systèmes de retraite et de dépenses de santé des salariés... -, GM et Chrysler ont dû déposer le bilan malgré les dizaines de milliards de dollars injectés par l'Etat américain. Le premier a été nationalisé, sommé de rétrécir en vendant des marques (Hummer), en en arrêtant certaines (Pontiac) et en fermant des usines (11 sur 47). Le deuxième a été racheté par l'italien Fiat. Ford est le seul à avoir passé la crise sans avoir reçu le soutien de l'Etat. La réalité est là : ceux qu'on appelle désormais les "Detroit Three" (les "trois de Detroit"), et non plus les Big Three, n'en finissent plus de perdre des parts de marché. Ils ne représentent plus que 44,6 % du marché américain (48,1 % en 2008, 69,7 % en 1999). Pour la première fois, les constructeurs asiatiques (Toyota, Honda, Nissan, Hyundai...) ont dépassé les américains, avec environ 47 % de parts de marché. "INDUSTRIE STABILISÉE" Même si la reprise "ne sera pas rapide", comme le pense Karl Brauer, du site spécialisé Edmunds.com, il y a toutefois des raisons d'espérer. "L'industrie semble s'être stabilisée", estime de son côté George Pipas, spécialiste des ventes chez Ford. D'abord, Ford et GM ont prévu de relancer leur production au premier semestre 2010. Les usines de GM devraient ainsi produire 650 000 véhicules, contre 371 000 au premier trimestre 2009. Chez Toyota, pour faire face à la demande et reconstituer les stocks chez les fournisseurs, des heures supplémentaires ont été instaurées dans toutes les usines nord-américaines du constructeur nippon. Mi-décembre 2009, il a annoncé qu'il allait aussi mettre en place une deuxième équipe composée de 800 ouvriers dans son usine de Woodstock (Ontario, Canada), qui fabrique l'un de ses modèles emblématiques, le Rav4, un 4 × 4 urbain. Parmi les autres bonnes nouvelles : Ford. Au troisième trimestre, le deuxième constructeur américain a enregistré des bénéfices - 1,1 milliard de dollars (770 millions d'euros) -, une situation inédite depuis le premier trimestre 2008. Ed Whitacre, le nouveau patron de GM, est aussi optimiste. Il a prévu un retour aux bénéfices en 2010, prévoit de rembourser intégralement les prêts du Trésor américain d'ici à juin et de faire son retour en Bourse en juillet. Plusieurs véhicules lancés par GM en 2009 se vendent bien, comme la Chevrolet Camaro ou la nouvelle version d'un crossover Cadillac. Enfin, même si de nombreux équipementiers sont toujours sous le "chapitre 11", le régime américain des faillites, de grands noms en sont sortis, comme Delphi ou encore Lear. Après la centaine de milliards de dollars injectés dans l'industrie automobile, une douzaine de membres du Congrès se rendront à Detroit lundi, emmenés par l'inflexible élue démocrate Nancy Pelosi, qui s'était opposée à toute aide faute de plan viable. Ils verront au moins deux choses. La première, c'est que les Detroit Three vont faire leur entrée sur le marché des petites voitures. Ford va vendre pour la première fois aux Etats-Unis sa Fiesta, et aussi sa nouvelle Focus tandis que GM commercialisera au troisième trimestre 2010 sa Chevrolet Cruse. Des véhicules inspirés des modèles vendus en Europe. Quant à Chrysler, le plus mal en point, la nouvelle direction compte sur le lancement de son Grand Cherokee pour 2010 et sur le renouvellement d'une dizaine de voitures lors du troisième trimestre pour enrayer la chute de sa part de marché (4 points entre 2007 et 2009). Detroit fera évidemment la part belle aux voitures électriques. Au total, entre 30 % et 40 % de la surface du Salon devrait concerner ce type de véhicule. Tout cela laisse espérer des jours meilleurs. "Les chiffres de décembre 2009 nous font penser que le marché va repartir à la hausse", estime Xavier Mosquet, qui dirige le Boston Consulting Group à Detroit. Selon lui, il devrait atteindre 11,5 millions d'unités. A moins d'une nouvelle récession. Nathalie Brafman
09/01/2010
economie
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"La Colombie décrète l'""état d'urgence environnemental"""
Confronté à une sécheresse attribuée au phénomène climatique El Niño et à une vague de froid, le gouvernement a instauré, jeudi, l'"état d'urgence environnemental" dans 25 des 32 départements du pays.
Confronté à une sécheresse attribuée au phénomène climatique El Niño et à une vague de froid, le gouvernement colombien a instauré, jeudi 7 janvier, l'"état d'urgence environnemental" dans 25 des 32 départements du pays. Cette mesure permet notamment de fermer les parcs naturels nationaux et d'acheter, sans appel d'offres, des équipements destinés à contrôler les incendies. Le ministère de l'environnement aura par ailleurs la possibilité de légiférer par décret. Les pique-niques, les feux de bois, les barbecues dans les campagnes ou l'utilisation de la poudre dans les fêtes régionales sont interdits, alors que la sécheresse a déjà provoqué, dans 77 municipalités, des incendies qui ont détruit 2 216 hectares de forêts. Le ministre de la défense, Gabriel Silva, a offert des récompenses pouvant aller jusqu'à 20 millions de pesos (7 000 euros) à ceux qui permettront d'identifier les incendiaires. Le code pénal prévoit une peine de prison maximale de quinze ans pour les pyromanes. L'aviation colombienne a rencontré des difficultés à juguler certains incendies à cause de l'altitude. C'est notamment le cas dans le parc Las Hermosas, sur la cordillère des Andes, situé à 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'assistance de pays ayant l'expérience des incendies, comme les Etats-Unis, a été sollicitée. En raison de la présence d'El Niño sur le Pacifique, la saison des pluies, qui s'étend généralement de septembre à décembre, a été cette année très courte et de faible intensité. La saison sèche qui lui a succédé devrait durer encore trois mois. FLORICULTURE COMPROMISE Les intempéries ont d'ores et déjà compromis 30 % de la production de fleurs, une des principales sources d'exportation pour la Colombie, puisqu'elle suscite 1,1 milliard de dollars (770 millions d'euros) de recettes par an. Les pertes provoquées par le gel dans la savane qui entoure Bogota, où la température a chuté jusqu'à -5°C, concernent notamment les récoltes destinées aux Etats-Unis pour la Saint-Valentin, le 14 février. A cette occasion, les Colombiens vendent aux Américains 1,7 million de caisses de fleurs, soit 15 % de leur production annuelle. 70 % de la production colombienne vient de la savane de Bogota, où 5 600 hectares sont consacrées à la floriculture. La Colombie est le deuxième exportateur de fleurs au monde, après les Pays-Bas. Paulo A. Paranagua
09/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/09/la-colombie-decrete-l-etat-d-urgence-environnemental_1289582_3244.html
Pourquoi l'hémisphère Nord subit des vagues de froid
Une oscillation nord-atlantique négative affecte l'Europe et l'Amérique du Nord, par ailleurs touchée par El Niño.
Europe, Etats-Unis, Asie : l'hémisphère Nord grelotte. Plus que d'une seule vague de froid, il convient de parler de vagues de froid au pluriel, c'est-à-dire de flux d'air polaire déferlant sur les continents sans être forcément reliés entre eux, précise Christophe Cassou, du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). La faute à deux phénomènes météorologiques bien distincts mais qui, dans le cas présent, sont tous deux à l'œuvre : l'oscillation nord-atlantique (NAO) et El Niño. La circulation atmosphérique au-dessus de l'Atlantique nord est régie par la variation (l'oscillation) de la position et de l'intensité, d'une part de la zone de dépression située sur l'Islande, de l'autre de la zone de haute pression (anticyclone) positionnée sur les Açores. "Depuis la mi-décembre, nous sommes dans une phase d'oscillation nord-atlantique négative, du fait d'une dépression sur l'Islande et d'un anticyclone sur les Açores l'un et l'autre plus mous que d'habitude", décrit Christophe Cassou. Conséquence pour l'Europe : les vents océaniques qui, d'ordinaire, tempèrent le climat continental, sont plus faibles, ce qui donne un hiver plus rigoureux. "Une oscillation nord-atlantique négative n'est pas nécessairement synonyme de vague de froid, souligne le chercheur, mais plutôt d'occurrence accrue de vague de froid." Et donc d'hiver contrasté, où phases de redoux et de rafraîchissement alternent, comme c'est le cas cette année. POUR LES MÉTÉOROLOGUES, LA FROIDURE DE CET HIVER N'A RIEN D'EXCEPTIONNEL Au cours des trente dernières années, les hivers à NAO positive (donc plus chauds) ont été plus nombreux que ceux à NAO négative. Les climatologues hésitent à y voir un effet du réchauffement global. Mais leurs modèles prévoient, pour la fin du siècle, des oscillations plus souvent positives que négatives. Et donc des hivers généralement plus doux. Les effets de l'oscillation nord-atlantique négative se font sentir, actuellement, jusqu'en Europe de l'Est et en Asie. Ils expliquent aussi, en partie, pourquoi l'Amérique du nord est frigorifiée. Mais un autre phénomène entre ici en jeu : El Niño. Cette élévation anormale de la température des eaux de surface, dans la bande équatoriale et tropicale de l'océan Pacifique, est associée à des anomalies de circulation atmosphérique au-dessus du Pacifique nord et de l'Amérique du nord. Anomalies qui provoquent des températures plus froides. "L'épisode El Niño actuel, qui a commencé l'été dernier et s'est renforcé à l'automne, est atypique, indique M. Cassou. Le réchauffement des eaux se produit au centre du Pacifique, et non près des côtes du Pérou et de l'Equateur, comme on l'observe habituellement." D'où un impact plus marqué sur les Etats-Unis. Cet épisode pourrait se poursuivre jusqu'au printemps, ce qui accroît la probabilité de nouvelles vagues de froid. Reste que, pour les météorologues, la froidure de cet hiver n'a rien d'exceptionnel, en Europe du moins. Pas plus que les chutes de neige sur les régions méditerranéennes. Météo-France rappelle qu'au cours des 39 derniers hivers, des hauteurs de neige supérieures à 10 cm à basse altitude - considérées comme des "phénomènes majeurs" - ont été enregistrées à 34 reprises, soit, en moyenne, quasiment une fois par an. D'ailleurs, les prévisions saisonnières de Météo-France - dont le niveau de fiabilité est par nature assez faible - annoncent, pour la métropole, un premier trimestre 2010 "plus chaud" que la normale. En attendant, cinq régions et vingt-neuf départements français ont été placés en vigilance orange, en raison de la neige et du verglas. Dans le Sud-Est, les TGV accusaient, vendredi 8 janvier, plusieurs heures de retard. A Lyon, 60 % des vols ont été supprimés et la direction générale de l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 25 % des vols prévus, samedi 9 janvier, sur Roissy-Charles-de-Gaulle. La Grande-Bretagne, où 22 personnes sont mortes du froid depuis le mois de décembre 2009, connaît son hiver le plus rigoureux depuis trente ans. L'Espagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas, sont, eux aussi, transis. Outre-Atlantique, les Etats-Unis subissent les rigueurs d'un hiver polaire. Dans certains Etats, la colonne de mercure a dégringolé jusqu'à - 45°C. Fait exceptionnel, la Floride, habituée à la douceur hivernale, connaît les affres du gel. Jeudi 7 janvier, la température est tombée à 0°C à Miami, et les producteurs d'agrumes craignent des pertes de récolte record. L'Asie frissonne aussi. En Chine, des chutes de neige et un vent glacé en provenance du désert de Gobi et des plaines de Sibérie paralyse la circulation à Pékin. Selon les services météorologiques, les températures enregistrées dans la capitale sont les plus basses depuis un demi-siècle. Pierre Le Hir
09/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/09/pourquoi-l-hemisphere-nord-subit-des-vagues-de-froid_1289579_3244.html
Afghanistan : la stratégie hésitante des Occidentaux
Avant la conférence de Londres du 28 janvier, Paris prépare prudemment une hausse de ses effectifs militaires.
Alors que les enjeux de la lutte contre Al-Qaida viennent d'être remis en évidence par la tentative d'attentat, le 25 décembre 2009, sur un avion de ligne reliant Amsterdam à Detroit, puis par la spectaculaire attaque-suicide du 30 décembre contre une base de la CIA à Khost, en Afghanistan, la communauté internationale se prépare à se réunir de nouveau au chevet de l'Afghanistan. L'opération de la coalition internationale sous mandat de l'ONU est désormais entrée dans sa neuvième année. Une conférence internationale, prévue à Londres le 28 janvier, vise à faire repartir sur de meilleures bases la relation compliquée entre le président afghan, Hamid Karzaï, réélu en novembre 2009 pour cinq ans, et les gouvernements occidentaux qui cherchent à stabiliser son pays face à l'extension de l'insurrection talibane. De lourdes incertitudes planent sur la conférence. Annoncée en novembre 2009 par le premier ministre britannique, Gordon Brown, qui est en pleine campagne électorale, elle est jugée prématurée par certains experts, car le renfort de troupes décidé par le président américain, Barack Obama, commence à peine à se mettre en place. "De quoi discutera-t-on au juste ?", s'interrogent des diplomates, d'autant que "personne n'a d'argent supplémentaire à mettre au pot". Une autre question se pose : M. Karzaï aura-t-il formé son gouvernement avant cette date ? Cet aspect est important pour les Occidentaux, qui veulent plus que jamais obtenir de lui des engagements de "bonne gouvernance" et de lutte contre la "corruption". Le 3 janvier, le Parlement afghan a récusé les deux tiers des ministres que M. Karzaï proposait. Des diplomates se demandent si le dirigeant afghan ne cherchera pas à tirer argument de cette situation pour faire baisser une partie de la pression qui s'exerce sur lui. L'enjeu pour les partenaires de l'Afghanistan est de relégitimer la relation avec un président dont la reconduction s'est faite dans des conditions chaotiques : fraudes au premier tour, annulation du second tour. "C'est une reprise en main un peu illusoire de Karzaï, après la tragi-comédie de l'élection", commente une source européenne. Le soutien des opinions publiques occidentales est dans la balance. Depuis 2001, les conférences internationales sur l'Afghanistan se succèdent à un rythme soutenu - en moyenne une par an. Celle de Londres à la particularité d'intervenir au moment où l'arrivée progressive de 30 000 soldats américains supplémentaires devrait, d'ici à l'été (en ajoutant les contributions nouvelles d'autres pays : 10 000 soldats, dont 7 000 de l'OTAN), porter la force internationale au-delà des 130 000 hommes. La France et l'Allemagne réservent leur réponse. Y aura-t-il des annonces à l'occasion de la conférence de Londres ? Les Etats-Unis demandent 1 500 soldats de plus à Paris, qui a déployé à ce jour 3 750 hommes sur l'ensemble du théâtre des opérations. Le président Nicolas Sarkozy serait, selon nos sources, tenté de "couper la poire en deux" en envoyant 600 ou 700 hommes de plus. L'idée est de renforcer la présence de gendarmes français (aujourd'hui 150) chargés de former des policiers afghans, d'envoyer d'autres instructeurs et aussi de dépêcher environ 200 soldats de plus pour les opérations de combat. Ce renfort est souhaité par la hiérarchie militaire française. Paris semble vouloir en savoir plus sur les intentions allemandes avant de fixer son choix. En Allemagne, les retombées politiques de la "bavure" militaire de Kunduz en septembre 2009 (plus de 140 civils tués dans un bombardement) compliquent le dossier pour la chancelière, Angela Merkel. Plus généralement, le débat qui s'est focalisé ces derniers mois sur le nombre de troupes fait craindre une dérive vers le tout-militaire, au détriment de la reconstruction et avec les risques de nouvelles pertes civiles que cela pourrait comporter. Selon l'ONU, sur les 2 021 civils tués au cours des dix premiers mois de l'année 2009, près de 1 400 ont péri dans des attaques des talibans et 465 dans des actions de la coalition. Non sans calculs politiques, le président Karzaï continue de concentrer ses critiques sur les pertes causées par l'OTAN. Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, le Norvégien Kai Eide, dont le successeur devrait être annoncé le 28 janvier, met en garde : "Le surge militaire ne doit pas miner les objectifs civils, qui sont tout aussi importants. Ni l'élaboration d'une stratégie à dominante politique", a-t-il dit devant le Conseil de sécurité. "Autrement, nous allons échouer." L'année 2009 a été la plus meurtrière pour la coalition. La qualité des renseignements dont l'OTAN dispose sur le terrain vient d'être fustigée par un de ses responsables à Kaboul, le général Michael Flynn. Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, assure pour sa part que le "grand atout" des troupes françaises est de "savoir parler aux paysans" afghans, qui "nous font confiance". Paris considère que la tenue d'une autre conférence internationale, au printemps, à Kaboul cette fois, permettrait de mieux souligner la volonté de transfert de responsabilités aux Afghans. Natalie Nougayrède
09/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/09/afghanistan-la-strategie-hesitante-des-occidentaux_1289584_3216.html
M. Sarkozy défend l'engagement français
"Les conditions du retrait ne sont pas réunies", a indiqué le président de la République, vendredi à Vannes (Morbihan), en évoquant l'engagement militaire français en Afghanistan.
"Les conditions du retrait ne sont pas réunies", a indiqué le président de la République, Nicolas Sarkozy, vendredi 8 janvier, à Vannes (Morbihan), en évoquant l'engagement militaire français en Afghanistan, lors des traditionnels vœux aux armées. M. Sarkozy avait choisi pour cette cérémonie de retourner pour la deuxième fois en quatre mois au 3e régiment d'infanterie de marine, qui a perdu cinq soldats en Afghanistan. Le chef de l'Etat n'a pas abordé la question de ce conflit isolément : elle a été englobée dans un passage du discours concernant les opérations extérieures de la France, et "la reconnaissance que la nation porte à nos soldats déployés" - 10 000 en ce moment - "à travers le monde", "prêts à défendre nos valeurs, la paix et la sécurité internationale". Cet engagement global "est à la hauteur des responsabilités qui incombent à un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU", a affirmé M. Sarkozy. Dans ce cadre, "dès que les conditions le permettent, il est de mon devoir de faire rentrer nos soldats à la maison, comme ce sera bientôt le cas, je l'espère, pour nos troupes en Côte d'Ivoire et au Kosovo", a-t-il poursuivi. Mais "lorsque les circonstances l'exigent, il est aussi de mon devoir de les maintenir à leur poste comme c'est le cas en Afghanistan aujourd'hui". Selon M. Sarkozy, la France doit "aider les Afghans jusqu'à ce qu'ils soient en mesure d'assumer seuls leur sécurité et leur développement dans le cadre d'un pays souverain, stable, en paix, acteur du dialogue international". Nathalie Guibert
09/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/09/m-sarkozy-defend-l-engagement-francais_1289585_3216.html
"""Le principe de précaution oblige à exagérer la menace"""
Mettant en perspective la gestion de crise, le philosophe François Ewald estime qu'"on ne peut pas faire le reproche à Mme Bachelot d'avoir engagé une démarche de précaution, notamment au début de la crise : les informations en provenance de l'Organisation mondiale de la santé étaient très alarmistes".
Philosophe du risque, François Ewald est professeur titulaire de la chaire d'assurances du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et directeur de l'Ecole nationale d'assurances. Ancien assistant de Michel Foucault au Collège de France, il a fondé l'observatoire du principe de précaution qu'il préside et vient de coordonner un ouvrage collectif "Aux risques d'innover" (éditions Autrement). Il décrit l'origine de ce principe de gestion de risques et les possibles dérives de son utilisation. Le principe de précaution s'est imposé comme principe cardinal de gestion de crise en France. Comment expliquer cette évolution ? Dans sa définition originelle, c'est un principe de gestion environnementale et non un principe de gestion de crise. Il apparaît en Allemagne à la fin des années 1960 ("Vorsorgeprinzip"). Les Allemands vont le décliner selon trois dimensions : éviter les dangers immédiats, prévenir les risques de moyen terme et avoir une gestion optimale, à long terme, des ressources naturelles. Il va ensuite prospérer sur le plan international en devenant une figure imposée de tous les traités internationaux en matière d'environnement - le premier acte important étant le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Etait-ce une conception nouvelle de l'action des pouvoirs publics ? Pas du tout. L'idée que les autorités en charge de la police administrative doivent faire preuve de précaution dans l'exercice de leur charge date du XVIIe siècle. On en retrouve trace dans le Traité de la police, de Nicolas de La Mare (1707), dans lequel la police de l'environnement est déjà inscrite (gestion de l'eau, de l'air, des déchets...). Sans parler strictement de principe de précaution, on retrouve la même notion dans la loi sur les communes de 1884 qui définit les devoirs du maire. Avec le principe de précaution, on réactive donc de vieilles notions dans un contexte d'événements nouveaux. Mais nous ne sommes pas à l'origine d'une interrogation qui, de Aristote à Hegel en passant par les jansénistes, est aussi vieille que la morale et la décision en situation d'incertitude. En France, quand apparaît le principe de précaution ? Jusqu'au Sommet de Rio, la France reste étrangère au débat. Les Français ne sont pas pionniers en la matière, ils prennent le train en marche : la première législation qui inscrit le principe de précaution, la loi Barnier de 1995, ne suscite à l'époque quasiment aucun débat. Par contre, l'inscription de ce principe dans la Constitution, au niveau des valeurs fondatrices de la République, avec la Charte de l'environnement de 2005, a fait prendre une longueur d'avance à la France. Mais en France, le principe de précaution s'est surtout fait connaître à l'occasion des crises sanitaires... Tout à fait, et c'est une spécificité française. Dans notre pays, le principe de précaution a d'abord été entendu comme principe de responsabilité de l'Etat, notamment à l'occasion de l'affaire du sang contaminé. Ce principe a été réfléchi en fonction des responsabilités qu'il pourrait engager. Il est devenu à la fois un épouvantail et un principe de couverture. En faire trop semble vous protéger d'une mise en cause éventuelle. J'ajoute qu'il y a deux manières différentes d'envisager le principe de précaution : soit on considère qu'il s'agit d'un processus de délibération qui ne préjuge pas de la décision finale - en situation d'incertitudes, j'analyse tous les paramètres et j'opte pour la solution la plus adaptée ; soit j'interprète le principe de précaution en décidant qu'à partir du moment où il y a une incertitude, je suspends toute action, j'omets d'agir : c'est la logique du moratoire. Sous le label "principe de précaution", on trouve toutes les utilisations. Comment expliquer cette diversité d'usages ? Le principe de précaution est toujours lié à la défense d'un système de valeurs précis. Si vous considérez que la santé n'est pas une valeur qui doit être hautement protégée, alors il n'y a pas de précaution particulière à prendre en matière sanitaire. Les choix faits par Roselyne Bachelot dans le cas du risque H1N1 supposent que la société veut se protéger au maximum, que le décès d'une seule personne devrait pouvoir être évité. Si vous vous appelez Marc Gentilini ou Bernard Debré, que vous êtes médecin, que vous voyez beaucoup de gens mourir et que vous relativisez les situations, vous ne donnez pas au principe de précaution la même interprétation. Une association écologiste qui se bat contre une société qui fabrique des OGM va surpondérer la protection de l'environnement face aux bénéfices potentiels d'un progrès technique. Nous sommes donc, en réalité, dans une bataille de valeurs. Jugez-vous excessive la gestion de la crise de la grippe A par le gouvernement ? Mais le principe de précaution est en soi-même excessif ! Il commande de donner le plus grand poids au plus petit risque. Il oblige à exagérer la menace. On ne peut pas faire le reproche à Mme Bachelot d'avoir engagé une démarche de précaution, notamment au début de la crise : les informations en provenance de l'Organisation mondiale de la santé étaient très alarmistes. Vient ensuite, logiquement, la phase de la déception. Le temps passe. On découvre que les choses ne sont pas comme on les avait imaginées. Il faut alors s'adapter. C'est ce que tente de faire, sous des critiques qui ne sont pas toujours honnêtes, Mme Bachelot. Il faut bien voir que, dans une conjoncture de précaution, les politiques ne gèrent pas seulement le risque objectif, difficile à établir scientifiquement en raison du manque de connaissances, mais aussi le risque subjectif, créé par l'imaginaire collectif autour de la menace. La dimension de la communication, la gestion des craintes absorbent la gestion du risque "réel". Les communicateurs prennent les choses en main et les politiques sont liés. Comment analysez-vous le fait que la population n'ait pas adhéré à la campagne de vaccination ? On assiste dans cette crise au croisement de deux logiques : une logique étatique classique, vaccinale et préventive, qui suppose que tout le monde va obéir aux prescriptions d'hygiène publique. Et une logique presque postmoderne selon laquelle on ne peut pas gouverner les gens par obligation parce qu'ils décident de ce qu'ils font, en fonction de l'information qu'ils reçoivent et de leurs propres jeux de valeurs. C'est une des dialectiques du principe de précaution : il ne conforte pas la légitimité du pouvoir de l'Etat, il disperse la décision au niveau des individus. Cette gestion de crise révèle une situation éminemment contemporaine. L'Etat est pris dans cette double obligation d'avoir à offrir tous les moyens pour la vaccination alors que les moyens seront utilisés librement par chacun. D'une certaine manière, le prix des vaccins en trop, c'est le prix de la liberté des gens ! Car s'ils voulaient se faire vacciner et que vous n'aviez pas les doses correspondantes, ils vous le feraient payer très cher. Quelle leçon tirer pour une prochaine crise sanitaire ? L'application, demain, du principe de précaution a toutes les chances de passer par les mêmes phases : excès dans l'évaluation de la menace, puis déception. Qu'est-ce que cela veut dire de la société d'aujourd'hui ? Avec le principe de précaution, on revient sur cette ascèse chère aux philosophes du XVIIIe selon laquelle un jugement juste devrait être dépassionné. Nous revendiquons un nouvel usage des émotions, de la peur en particulier, qui ne préserve pas de l'erreur. Le principe de précaution, loin de renforcer l'autorité de l'Etat, l'affaiblit et finalement prive la décision publique de sa légitimité. Enfin, en raison de l'exagération des émotions qui le constitue, il tend à placer la société dans une situation de crise, d'urgence permanente comme on le constate par exemple avec la question du climat. Cela témoigne d'un changement de paradigme politique, à une sorte d'hyperdémocratie des individus qui est fort préoccupante. Car on ne voit plus ce qui, dans un tel monde de dispersion des valeurs et des passions, pourrait rassembler les individus déboussolés. Propos recueillis par Cécile Prieur
09/01/2010
epidemie-grippe-a
https://www.lemonde.fr/epidemie-grippe-a/article/2010/01/09/le-principe-de-precaution-oblige-a-exagerer-la-menace_1289598_1225408.html
La voiture de M. Karoubi, figure de l'opposition en Iran, aurait essuyé des coups de feu
L'aile dure des fondamentalistes semble jouer la politique du pire devant les hésitations du pouvoir à accroître encore la répression.
La violence a franchi un pas en Iran. Selon les informations publiées vendredi 8 janvier par le site Internet réformateur Kaleme, la voiture blindée qui transportait Mehdi Karoubi, une des figures de proue de la vague de contestation qui secoue l'Iran depuis la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009, a essuyé plusieurs coups de feu. Le pare-brise et une vitre arrière ont été atteints, selon son fils Hossein, mais M. Karoubi, ex-candidat malheureux à la présidentielle et le premier à avoir dénoncé les tortures en prison, n'a pas été touché. Il s'était rendu à Ghazvin (ouest de Téhéran), dans le cadre du deuil chiite du Moharam et venait de rencontrer le dirigeant religieux Nassir Ghavami. A sa sortie, des hommes en civil l'ont insulté, selon des témoins, lui lançant des oeufs et des pierres. Puis les tirs ont éclaté. La police a tenté de protéger M. Karoubi. Parmi la foule se trouvaient les plus hautes autorités des services de sécurité de la province, dont le colonel Mirbaha, sous-préfet de Ghazvin, le général Ghorbani, conseiller du préfet ou le chef des services de renseignement des Gardiens de la révolution de la province, l'officier Khandjani. Autant de personnalités dont les partisans de M. Karoubi ont critiqué au minimum la "passivité". Par la suite, le chef de la police, Massoud Jafari Nassab, a confirmé l'attaque mais démenti les coups de feu, alléguant que M. Karoubi "veut faire de la propagande à l'étranger". Presque au même moment à Yazd, d'autres inconnus attaquaient la maison de l'imam de la prière du vendredi de la ville, l'ayatollah Sadoughi, un religieux proche de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami, qui soutient la contestation. La télévision iranienne qui n'a pas mentionné les événements de Ghazvin, a diffusé un débat sur la situation dans le pays. Au cours de ce débat, un député pourtant réputé parmi les plus fondamentalistes, Ali Mottahari, lui-même fils de l'un des fondateurs de la République islamique, l'ayatollah Morteza Mottahari, assassiné au début de la révolution, s'est élevé avec virulence contre ceux qui veulent accentuer encore la répression, estimant que la crise est grave et qu'une fuite en avant ne serait que dangereuse. Un point de vue partagé par Ali Larijani, le président du Parlement qui a défendu plusieurs personnalités du régime attaquées pour avoir dit qu'ouvrir un dialogue est encore possible. PEINES DE MORT "Ces interventions, quelques heures après l'attaque contre M. Karoubi montre à quel point les autorités restent encore divisées sur la façon de répondre à la contestation, estime un analyste iranien. Il y a nettement un noyau fondamentaliste, proche de M. Ahmadinejad, avec des représentants parmi les religieux et les Gardiens de la révolution qui cherchent à tout prix l'incident pour pouvoir s'autoriser un bain de sang, quitte à mettre le Guide suprême Ali Khamenei, devant le fait accompli. Et c'est dangereux." C'est sans doute dans ce sens qu'il faut comprendre la démarche de certains religieux de l'aile la plus dure du régime qui ont encouragé les autorités judiciaires à qualifier des manifestants de "Mohareb" ("ennemis en lutte contre Dieu"), ce qui, en Iran, est passible de la peine de mort. Cinq manifestants seront jugés dans ce cadre, a annoncé, vendredi, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi. Des condamnations à mort seraient prononcées "pour l'exemple" ? "Ce serait en violation de la Constitution, s'insurge Karim Lahidji, juriste et président de la Ligue des droits de l'homme iranienne : en effet l'article 183 dit qu'est "mohareb celui qui utilise des armes et par ce biais met la liberté et la sécurité de la population en danger" ou alors l'article 186, qui reconnaît comme mohareb "des groupes organisés et armés agissant contre le régime". Dans tous les cas, les manifestants étaient pacifiques, pas organisés, pas armés. Ceux qui correspondent à la définition sont plutôt les miliciens qui ont mené la répression." Marie-Claude Decamps
09/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/09/la-voiture-de-m-karoubi-figure-de-l-opposition-en-iran-aurait-essuye-des-coups-de-feu_1289588_3218.html
"""Copé, l'homme pressé"", de Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin : je veux être président !"
Le portrait que dressent Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin, journalistes respectivement à La Croix et à l'AFP, de Jean-François Copé est fidèle, soigné, précis, complexe. A l'image de leur sujet.
Ceux qui ont côtoyé Jean-François Copé durant ses années lycée et grande école se souviennent d'un élève "un peu fayot", empressé à lever la main et à vouloir participer, et qui agaçait pas mal de monde avec sa prétention à vouloir devenir président de la République. Cette ambition dévorante, quasi obsessionnelle, ne l'a pas quitté. "Je n'ai jamais eu de problème de grosse tête, confie-t-il aux auteurs de Copé, l'homme pressé. Elle était grosse dès le départ." Le portrait que dressent Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin, journalistes respectivement à La Croix et à l'AFP, du député de Seine-et-Marne, président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, maire de Meaux, président de la communauté d'agglomération du pays de Meaux, membre du bureau politique de l'UMP, secrétaire départemental de la fédération UMP de Seine-et-Marne, président-fondateur des clubs Generationfrance.fr et avocat dans le puissant et prestigieux cabinet Gide-Loyrette-Nouel est fidèle, soigné, précis, complexe. A l'image de leur sujet. Aucun des aspects les plus controversés du personnage n'est éludé, à commencer, justement, par le risque de mélange des genres entre ces diverses activités, ainsi que son rapport à l'argent, qui peuvent prêter le flanc à la critique sur les plans de la morale et de l'éthique. "Gagner de l'argent, c'est un sujet tabou en France, s'insurge M. Copé. Mais réussir, ça veut dire gagner de l'argent et en être fier. Il faut être capable de parler de tous ces sujets sans états d'âme." Sans pour autant aller jusqu'à mettre sur la place publique ses revenus, que les auteurs évaluent à 30 000 euros mensuels. Plus que le président de la République. C'est un des traits de caractère qui, au fond, rapprochent le patron des députés UMP de celui auquel il aspire à succéder. Entre les deux hommes, en effet, si l'inimitié est réelle, les analogies sont profondes. Ce côté décomplexé - "j'assume" -, cette capacité à rebondir après les échecs ou les faux pas, cette manière très "pro" de faire de la politique, à l'américaine. "JFC" a observé dans les moindres détails tout ce qui a permis à Nicolas Sarkozy d'asseoir sa victoire, il en a assimilé les ressorts. Et c'est avec le même souci d'organisation méthodique qu'il s'applique à en reproduire les mécanismes en vue de 2017, ou... qui sait ? Il veut être prêt à toutes les hypothèses, se rendre incontournable dans tous les cas de figure, quel que soit le scénario. Toujours prêt, au cas où. COPÉ, L'HOMME PRESSÉ de Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin. L'Archipel, 352 p., 19,95 €. Patrick Roger
09/01/2010
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/09/je-veux-etre-president_1289655_3260.html
La justice allemande rouvre le dossier d'un demandeur d'asile mort en garde à vue
Cinq ans après les faits, un policier accusé de négligence est renvoyé devant la justice.
Cette affaire était devenue le symbole d'une justice impuissante face aux bavures policières. Jeudi 7 janvier, la Cour de justice fédérale (BGH) a cassé un verdict du tribunal de Dessau, dans la région du Saxe-Anhalt dans l'est de l'Allemagne, qui avait acquitté en décembre 2008 un policier après la mort en garde à vue d'un demandeur d'asile. Cette décision, intervenue cinq ans jour pour jour après le drame, a été accueillie avec soulagement par les organisations de défense des droits de l'homme. Les faits "qui sont décrits sont difficilement compréhensibles", ont conclu les juges de Karlsruhe en renvoyant le fonctionnaire de police accusé de blessures ayant entraîné la mort devant la cour de Magdebourg. Le 7 janvier 2005, Ouri Jallow, un jeune homme de 23 ans originaire du Sierra Leone, suspecté d'avoir importuné deux femmes, avait été placé en détention provisoire dans un commissariat de Dessau. Comme il était ivre et se montrait peu coopératif, les policiers l'avaient menotté pieds et mains à un lit. Quelques heures plus tard, il était retrouvé mort dans sa cellule, son corps carbonisé. Le demandeur d'asile était, semble-t-il, en possession d'un briquet qui avait échappé au contrôle des policiers et qu'il aurait utilisé pour mettre le feu à son matelas. Lorsque l'alarme incendie s'est déclenchée, le fonctionnaire de police incriminé l'a éteinte à deux reprises, croyant à une erreur. Quand, quelques minutes plus tard, il s'est enfin rendu dans la cellule d'Ouri Jallow, il était trop tard. "L'accusé aurait peut-être pu empêcher la mort s'il avait pris les mesures de sécurité adéquates dès le déclenchement de l'alarme", a estimé la cour fédérale, qui s'étonne que le policier n'ait pas entendu les éventuels cris de la victime. IMPUISSANCE DU DROIT Ce n'est qu'après la mobilisation d'une poignée de militants et une forte pression médiatique, qu'un procès avait fini par s'ouvrir à Dessau en 2007. Mais sans pouvoir faire la lumière sur les circonstances du décès. Le tribunal avait clôturé cette affaire par un non-lieu : pour les juges, il était impossible de prouver que le policier avait volontairement cherché à blesser le demandeur d'asile, ou qu'une réaction plus rapide aurait pu le sauver. Surtout, les témoignages contradictoires ou incomplets du personnel de police avaient torpillé le travail de la justice. "Cela n'a rien à voir avec un Etat de droit", avait constaté, résigné, le juge Manfred Steinhoff. Après l'annonce du verdict, l'organisation de défense des réfugiés Pro Asyl avait accusé la police de "racisme institutionnel". "Il y avait un mur de silence à Dessau. Avec le renvoi devant la cour de Magdebourg, l'affaire a une chance d'être éclaircie", espère Regina Goetz, avocate de la famille de la victime. "Dans le cas Ouri Jallow, ce n'est pas l'impuissance du droit, mais la puissance du droit qui doit se montrer", a commenté le quotidien libéral Süddeutsche Zeitung. De son côté, la ville de Dessau, où un Mozambicain, Alberto Adriano, avait été assassiné en 2000 par des néonazis, a déjà tenté de tirer les leçons de ce drame. Un réseau de lutte contre l'extrême droite et un bureau d'aide pour les victimes de racisme ont été créés. Cécile Calla
09/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/09/la-justice-allemande-rouvre-le-dossier-d-un-demandeur-d-asile-mort-en-garde-a-vue_1289597_3214.html
La direction de l'UE se veut volontariste face à la crise
L'échec de l'agenda de Lisbonne, qui devait faire de l'Union une puissance compétitive, impose un changement de stratégie.
A chacun son rôle pour redéfinir le modèle de croissance de l'Union européenne (UE). Le trio placé à la tête de l'UE a tenté, vendredi 8 janvier à Madrid, d'accorder ses violons afin de refondre d'ici au mois de juin la stratégie économique des Vingt-Sept. Herman Van Rompuy, le tout nouveau président permanent du Conseil européen, José Luis Zapatero, le chef du gouvernement espagnol, dont le pays assure la présidence tournante ce semestre, et José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, tâtonnent encore sur la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Mais pour tourner la page de la récession, ils se sont promis de dépasser les petites rivalités suscitées par les nouvelles règles du jeu européen. "L'Europe a besoin d'unité, et de concertation", ont proclamé les trois hommes, après un déjeuner de travail offert par l'Espagnol. En début de semaine, c'est M. Van Rompuy qui avait pris l'initiative de convoquer un sommet informel des chefs d'Etat et de gouvernement, pour le 11 février à Bruxelles. D'après lui, l'Europe ne peut se contenter d'une croissance de l'ordre de 1 % dans les années à venir. Il s'agit donc de préciser à vingt-sept les réformes et les mesures susceptibles de relancer un continent affaibli par la récession. L'idée est de se projeter au-delà de la sortie de crise, pour remettre de l'ordre dans les finances publiques, et générer de nouveaux emplois, alors que la progression du chômage et le vieillissement fragilisent le modèle social européen. L'exercice est cependant redoutable après l'échec de l'agenda dit "de Lisbonne", un catalogue de bonnes intentions lancé voici dix ans pour faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus compétitive du monde en 2010. Les Européens ne sont jamais parvenus, par exemple, à consacrer 3 % de leur richesse à la recherche. A peine l'invitation était-elle lancée que M. Zapatero a proposé de rendre "contraignants" les objectifs que les Vingt-Sept pourraient se fixer en matière d'innovation, d'éducation, de politique énergétique ou d'économie numérique. La nouvelle stratégie doit "inclure des mesures incitatives et des mesures correctives", selon le socialiste espagnol, en particulier par le biais du budget européen. De l'avis général, l'échec de la précédente méthode tient au fait qu'il s'agissait d'un simple outil de coordination, sans aucune obligation de moyens, ni de résultats. Pour M. Zapatero, le moment serait venu de donner de "nouveaux pouvoirs" à la Commission européenne pour qu'elle supervise le processus. A ses yeux, les Vingt-Sept doivent même en profiter pour faire émerger "le gouvernement économique" que certaines capitales, comme Madrid et Paris, appellent de longue date de leurs voeux. Très soucieux d'exister face à M. Van Rompuy, l'Espagnol n'exclut pas de convoquer un sommet des pays de la zone euro au cours les six mois à venir. M. Barroso, qui sera chargé de synthétiser les débats du sommet du 11 février, a salué "l'ambition" du dirigeant espagnol. M. Van Rompuy n'a pas voulu aller aussi loin dès vendredi. "Le sens de l'urgence est beaucoup plus fort maintenant qu'il y a quelques années", a-t-il observé en faisant allusion à l'impact de la crise. L'ancien premier ministre belge entend annoncer des propositions plus détaillées le 11 février. Elles seront, dit-il, préparées en concertation avec le gouvernement espagnol, et la Commission. " Le positionnement de M. Zapatero peut servir M. Van Rompuy, le premier peut dire tout haut ce que le second pense tout bas", dit un fonctionnaire européen. Les débats s'annoncent néanmoins complexes. Car les avis divergent vite en Europe quand il s'agit de parler stratégie, voire de gouvernement économique. L'Allemagne se méfie de toute atteinte à l'indépendance de la Banque centrale européenne (BCE). Les Britanniques, surtout si les conservateurs prennent le pouvoir d'ici à juin, voient d'un mauvais oeil tout renforcement des prérogatives de la Commission. Depuis quelques mois, le gouvernement français pousse, de son côté, pour que les réflexions en cours permettent de lancer une véritable "politique industrielle". Vendredi, M. Van Rompuy s'est bien gardé de prononcer l'expression qui hérisse toujours les pays les plus libéraux. La veille en Allemagne, il s'était pourtant interrogé sur la meilleure façon de "maintenir un minimum d'activité industrielle" en Europe. Les prochains mois diront si le président du Conseil et ses interlocuteurs ont trouvé les bonnes réponses. Philippe Ricard et Philippe Ricard
09/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/09/la-direction-de-l-ue-se-veut-volontariste-face-a-la-crise_1289596_3214.html
Retour au Rwanda
Trois ans après la rupture par Kigali des relations diplomatiques avec Paris, la France est de retour au Rwanda.
La reprise des contacts, annoncée fin novembre par une discrète visite de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, au président Paul Kagamé, vient d'être concrétisée par la présence, jeudi 7 janvier à Kigali, du ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner. Il s'agit d'un retour par la petite porte dans un pays qui fut considéré, dans les années 1980 et jusqu'au génocide des Tutsi en 1994, comme un allié proche, et choyé comme tel. Pour le régime issu de la tragédie, dominé par les Tutsi, la France, parce qu'elle a armé les futurs génocidaires hutu et refusé de porter assistance à leurs victimes, porte une lourde responsabilité. La mise en accusation par le juge français Jean-Louis Bruguière, fin 2006, de l'actuel président, Paul Kagamé, comme instigateur de l'attentat mortel contre son prédécesseur, considéré comme l'élément déclencheur du génocide, a été interprétée comme un affront et a provoqué la rupture avec Paris. Le retour au dialogue, trois ans après, est une démarche de raison. Mais il ne signifie nullement que les lourds contentieux soient soldés. Pour le Rwanda, il s'agit de prendre acte des gestes de bonne volonté adressés par Nicolas Sarkozy, qui ont notamment permis à Kigali, en entrant dans la procédure Bruguière, de passer à l'offensive pour la démonter point par point, nier toute responsabilité dans l'attentat de 1994 et accuser les extrémistes hutu de l'avoir perpétré. Pour la France, le Rwanda ne présente guère d'intérêt économique. En adhérant au Commonwealth et en imposant l'enseignement de l'anglais, le régime de M. Kagamé a affirmé sa volonté de rupture. Reste le motif majeur de ces retrouvailles : sans le Rwanda, très influent dans la région, Paris ne pourrait pas peser sur la situation dans l'immense République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) voisine - ni pour faire avancer la paix à l'est de ce pays, ni pour faire valoir son intérêt pour les ressources de son riche sous-sol, notamment l'uranium. Il est à craindre que la réconciliation franco-rwandaise ne s'opère au prix d'un étouffement progressif de l'enquête sur l'attentat de 1994, dont les conclusions, quelles qu'elles soient, mettraient à nouveau à vif les plaies du passé. Or une relation saine ne peut se construire sur un non-dit aussi béant. Le droit à la vérité sur les événements de 1994 doit prévaloir. Au nom de l'indépendance de la justice et, en premier lieu, au nom de la mémoire des 800 000 victimes du génocide.
09/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/09/retour-au-rwanda_1289571_3232.html
L'élection des 73 e et 74 e eurodéputés français est annulée
L'élection des deux députés français appelés à siéger à titre d'observateurs au Parlement européen est repoussée sine die. Un véritable fiasco.
Un véritable fiasco ! L'élection des deux députés français appelés à siéger à titre d'observateurs au Parlement européen, qui devait avoir lieu mercredi 13 janvier à l'Assemblée nationale (Le Monde des 5 et 28 décembre 2009), est repoussée sine die. En tout cas, elle n'aura pas lieu avant l'été. "On verra d'ici à la fin de l'année", susurre le "M. élections" du gouvernement, Alain Marleix. Le tout, maintenant, est d'habiller la reculade. La faute aux Espagnols - qui ont pris depuis le 1er janvier la présidence, pour six mois, du Conseil européen -, comme le prétend l'exécutif ? Alors que le dernier Conseil européen, réuni les 11 et 12 décembre 2009 à Bruxelles, avait décidé de lancer sous la présidence espagnole la procédure permettant de faire passer le nombre de membres du Parlement européen de 736 à 754, "les Espagnols ne sont plus aussi pressés". "Ils estiment qu'il ne leur sera pas possible de réunir une conférence intergouvernementale pour adopter le nouveau protocole", explique M. Marleix. Zapatero a bon dos. Mais quid, alors, des mesures transitoires qui avaient été envisagées : envoyer au Parlement européen des représentants "observateurs", dont l'"élection" aurait été entérinée après-coup ? "Le Parlement n'admettra pas la présence d'observateurs en son sein avant l'adoption du protocole", déclare ingénument le secrétaire d'Etat à l'intérieur. Et pour cause ! Les députés européens n'ont pas du tout - mais alors pas du tout - apprécié la manière dont le gouvernement français avait envisagé de pourvoir les deux sièges supplémentaires revenant à la France depuis l'entrée en vigueur, le 1er décembre 2009, du traité de Lisbonne. Celui-ci s'est tout bonnement pris les pieds dans le tapis. D'abord, en n'anticipant pas une situation que le Conseil européen de décembre 2008 avait pourtant prévue. D'autres pays l'ont fait, en appliquant une règle simple, consistant à prendre en considération, pour l'octroi des sièges supplémentaires, le nombre de voix obtenues aux élections européennes. Dans ce cas, la "régularisation" ne pose aucun problème. "Simulacre de démocratie" A la veille de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le premier ministre, François Fillon, a demandé par courrier au président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, de désigner deux députés, un de la majorité et un de l'opposition, pour aller au Parlement européen. Quelque peu gêné de la mission qu'on lui avait confiée, M. Accoyer a décidé d'en passer par un vote en séance, qui devait avoir lieu le 13 janvier. Mais cette solution n'offre pas plus de garanties, quoi qu'en dise Nicolas Sarkozy, qui assurait, le 12 décembre 2009, à l'issue du Conseil européen, qu'elle avait eu l'aval de ses partenaires. "C'est ridicule, la polémique n'a pas de sens", balayait le chef de l'Etat, affirmant que la question était "réglée". De fait, l'opposition, toutes composantes confondues, a indiqué qu'elle refusait de participer à ce "simulacre de démocratie". Les juristes consultés ont fait savoir que, sur le plan juridique, la solution envisagée - "étrange et anachronique" - s'exposait à une contestation qui avait toutes les chances d'être jugée recevable. Et le gouvernement a enclenché la marche arrière, quitte à se passer de deux eurodéputés supplémentaires. Champion ! Patrick Roger
09/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/09/l-election-des-73e-et-74e-eurodeputes-francais-est-annulee_1289599_823448.html
Nouvelle offensive de l'armée contre les rebelles hutus dans l'est du Congo
Kinshasa demande le départ des casques bleus, qui appuient pourtant l'opération militaire.
Mieux équipée que l'armée congolaise, la Monuc fournira à celle-ci les renseignements militaires, l'appui logistique et sanitaire, le carburant, l'alimentation. AFP/ROBERTO SCHMIDT Une nouvelle opération militaire d'envergure a été lancée, début janvier, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette offensive bénéficie de l'appui de la majeure partie des quelque 20 000 casques bleus de la Mission d'observation des Nations unies au Congo (Monuc), à un moment où Kinshasa commence à remettre en cause la présence sur son sol du plus important déploiement de casques bleus dans le monde. Baptisée "Amani Leo", l'opération militaire prévue pour durer plusieurs mois doit permettre aux forces armées congolaises (FARDC), entre autres objectifs, de "libérer" des zones contrôlées par ceux que l'on appelle à Kinshasa, les "forces négatives " : les miliciens hutus rwandais présents en RDC et qui ont participé au génocide de 1994. Mieux équipée que l'armée congolaise, la Monuc fournira à celle-ci les renseignements militaires, l'appui logistique et sanitaire, le carburant, l'alimentation. Et, à l'occasion, elle apportera "un appui feu". "FORCES NÉGATIVES" Sans cette aide, personne n'imagine que l'armée dite régulière, peu motivée et faite d'éléments disparates, puisse s'imposer face aux anciens "génocidaires", même si les effectifs de ces derniers, disséminés en petits groupes dans la forêt, ne dépassent pas 6 000 combattants, selon la Monuc. Avec l'opération "Amani Leo", le rôle de la Monuc va différer de ce qu'il était lors des deux précédentes opérations aux objectifs similaires, en 2009, a prévenu à la mi-janvier son chef, le lieutenant général Babacar Gaye. Cette fois, l'appui des casques bleus ne sera pas automatique. Il n'interviendra que pour des "opérations planifiées conjointement" et qui devront être menées "dans le respect des droits de l'homme", insiste la Monuc. Le bilan humanitaire catastrophique des offensives antérieures explique les restrictions décidées par la Monuc et approuvées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Car si l'armée congolaise a réduit le fief des milices hutus, son comportement sur le terrain vis-à-vis des civils lui a valu d'être dénoncée par les associations non gouvernementales (ONG). Human Rights Watch (HRW), a ainsi "documenté les meurtres délibérés d'au moins 732 civils (...) par des soldats de l'armée congolaise et leur partenaire au sein de la coalition". La Monuc juge ces chiffres surévalués. " C'est clair, il y a eu des abus", reconnaît son porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, avant de rappeler que "les casques bleus ont cessé de fournir leur soutien à une brigade (la 213e) coupable d'exactions". "Ce cas mis à part, la Monuc fait confiance à la justice militaire congolaise pour punir les auteurs de violences contre des civils, identifiés par la mission de l'ONU", ajoute le militaire. "Il y aurait eu une trentaine de jugements prononcés ", croit savoir un porte-parole de la Monuc, Kevin Kennedy. Les auteurs de violences ont-ils été condamnés ? La Monuc l'ignore. SOUVERAINETÉ Paradoxalement, la Monuc a beau apporter un soutien essentiel à l'armée dans sa lutte contre les "génocidaires", sa présence au Congo fait débat à Kinshasa. Fin novembre 2009, le président Joseph Kabila a souhaité qu'un "plan de désengagement de la Monuc" soit présenté au gouvernement "avant le 30 juin". Pour justifier sa demande, le chef de l'Etat a mis en avant "l'amélioration nette de la situation sécuritaire dans l'est du pays". En juin, l'ancien Congo belge célébrera - en grande pompe - le 50e anniversaire de son indépendance. Il est possible que le président Kabila souhaite à cette occasion montrer un pays vide de toute présence militaire étrangère. Même celle de casques bleus. Mais il n'est pas exclu que le chef de l'Etat veuille se débarrasser de la Monuc pour se maintenir au pouvoir le plus discrètement possible, au prix d'un tour de passe-passe constitutionnel qui lui permettrait de briguer autant de mandats présidentiels qu'il le souhaite. Jean-Pierre Tuquoi
09/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/09/nouvelle-offensive-de-l-armee-contre-les-rebelles-hutu-dans-l-est-du-congo_1289589_3212.html
L'Argentine plonge dans une crise institutionnelle
La justice suspend un décret de la présidence limogeant le chef de la Banque centrale.
Le sort du président de la Banque centrale d'Argentine a soudainement plongé le pays dans une crise institutionnelle. Jeudi 7 janvier, la présidente (péroniste) Cristina Kirchner a en effet limogé par décret le chef de cette institution, Martin Redrado, dont le mandat expire en septembre. Vendredi, une juge fédérale suspendait provisoirement l'application du décret. Martin Redrado a donc repris le chemin de la Banque centrale, alors que toute la classe politique s'emparait du sujet. Les dissensions entre la présidence et la Banque centrale portent sur le paiement de la dette publique. Le 14 décembre 2009, Cristina Kirchner avait en effet décidé de créer, par décret, un fonds spécial - le Fonds du bicentenaire de la révolution de mai 1810 - qui devait être doté de 6,5 milliards de dollars (4,5 milliards d'euros). Puisée dans les réserves en devises de la Banque centrale, cette somme était destinée à payer une partie des échéances de 2010 (13 milliards de dollars) de la dette publique extérieure. M. Redrado a refusé d'opérer ce transfert, craignant les recours des créanciers privés. En retour, il a été accusé par le pouvoir de "manquement aux devoirs d'un fonctionnaire". Lui, assure être le garant de "la confiance de tous les Argentins dans leur monnaie, la prévisibilité des changes et la stabilité financière". Vendredi, la même juge a aussi suspendu le décret créant le Fonds de la révolution. Deuxième revers pour Mme Kirchner. Cette crise a précipité la fin de la trêve estivale. Les ténors de l'opposition sont rentrés à Buenos Aires. La députée centriste Elisa Carrio estime que "la présidente est passible d'une procédure de destitution". Selon ses détracteurs, le décret présidentiel viole l'autonomie de la Banque centrale. Il ignore l'avis du Congrès, nécessaire pour démettre le président de l'institution bancaire, alors que le gouvernement ne dispose plus de majorité parlementaire depuis les élections législatives de juin 2009. L'ancien sénateur Jorge Capitanich, gouverneur de la province du Chaco et partisan de Mme Kirchner, considère quant à lui que l'avis du Congrès est seulement consultatif. "Un changement à la tête de la Banque centrale est du ressort du pouvoir exécutif", plaide-t-il. "Peut-on retirer des réserves de la Banque centrale par un simple décret ? C'est une folie !", s'exclame le cinéaste Fernando Solanas, député (de gauche) à Buenos Aires. "C'est un affront à tous les Argentins que de prétendre honorer la révolution de mai en payant des dettes frauduleuses et en aggravant le modèle pervers d'endettement hérité de la dictature militaire et des présidences de Carlos Menem et Fernando de la Rua", ajoute le cinéaste. "AUTORITARISME" "Le problème est compliqué, car le gouvernement manque de ressources pour financer le budget", souligne Oscar Aguad, député du Parti radical (centre gauche). "Le message qu'on envoie à toute la planète est que l'Argentine est un pays sans lois", déplore le député Federico Pinedo (droite). Le quotidien conservateur La Nacion met en cause "l'autoritarisme" de la présidente. La Nacion accuse le gouvernement de s'approprier des ressources qui ne lui appartiennent pas, comme il le fit avec les fonds de pension privés, en octobre 2008. Cette crise institutionnelle pourrait avoir un impact économique. "M. Redrado avait gagné la confiance des marchés pour avoir bravé la crise financière internationale en limitant les coûts en termes de mouvements bancaires, note le consultant Aldo Abram. Le démettre ne peut avoir que des résultats négatifs." Paulo A. Paranagua
09/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/09/l-argentine-plonge-dans-une-crise-institutionnelle_1289587_3222.html
Fallait-il préférer sa mère à la justice ou affronter les ultras de l'OAS ?, par Messaoud Benyoucef
Quand le courage était du côté d'un "prof de philo" méconnu d'Oran
Le professeur de philosophie parlait de liberté et d'engagement et moi je me disais qu'il n'était pas le mieux placé pour discourir sur des catégories qu'il semblait avoir en exécration : dictant ses cours, cassant et sarcastique, ramenant tout à un bergsonisme invraisemblable, il n'avait pas - c'est le moins que l'on puisse dire - la cote auprès des élèves. Ce jour-là, il demanda inopinément, en regardant vaguement dans ma direction, qu'on - il ne nommait pas sa piétaille - évoquât des noms de penseurs engagés. Je citai Sartre et Camus. Cela se passait durant l'année scolaire 1960-1961, dans un lycée d'Oran, deuxième ville d'Algérie, dans une classe de terminale philo qui ne comptait que deux Arabes, sous-ensemble étique, certes, dont je faisais partie. Le professeur me foudroya du regard et me dit, sur un ton méprisant : "Savez-vous qu'à l'occasion de la remise du prix Nobel, M. Camus a été pris à partie par un étudiant algérien sur son silence à propos de la guerre qui a lieu ici et que M. Camus a répondu qu'il préférait sa mère à la justice ?" Je n'en savais rien. Tout avait entretenu mon ignorance jusque-là : l'âge, le confinement de l'internat mais surtout la censure de tout ce qui touchait aux "événements". Censure officielle et censure subjective : ma famille comptant beaucoup de nationalistes morts ou croupissant en détention, elle redoutait que je n'eusse à encourir l'anathème de "famille de fellaghas" qui était déjà notre lot au village natal - et d'abord de la part de certains de nos voisins arabes. J'étais écrasé de honte. Le silence qui suivit la saillie du professeur fut de plomb et dura une éternité. Je me sentais comme livré tout entier à ma propre mort symbolique et le professeur devait veiller à ce que rien ne vînt adoucir le travail de mortification qui était à l'oeuvre chez l'impétrant insensé qui avait perdu une occasion de ne pas l'ouvrir. La nature exacte de ce qui venait de se produire ne commencera à se dévoiler à moi que quelques semaines plus tard, après que le professeur aura fait un autre écart - un pas de côté - pour dénoncer avec des mots cinglants, et sur une tonalité que nous ne lui connaissions pas, ce qui était arrivé une journée auparavant : la ville, subitement, avait été prise de l'un de ses accès de folie homicide que l'on nommait "ratonnade" et qui la laissait pantelante et ivre de sang. Les lettres de menace, bientôt suivies d'attentats à l'explosif, n'intimidèrent pas l'homme qui prolongea ses diatribes contre les auteurs de ces actes par des articles dans le seul journal capable de les accueillir, Oran républicain, un quotidien de gauche, l'homologue d'Alger républicain. Je considérais, éberlué, un homme seul défiant et combattant par le verbe ce qui était en train de devenir, à vue d'oeil, une toute-puissante organisation armée qui allait plonger la ville dans un cataclysme. Je compris alors que ma malencontreuse réponse avait servi de prétexte bienvenu à quelqu'un qui avait décidé d'en découdre dans les pires conditions qui se puissent imaginer, simplement parce qu'il n'en pouvait plus de se taire. Pour le dire autrement, je compris que la chose politique avait fait une entrée retentissante dans le sanctuaire clos et supposé neutre du savoir et ce, par décision de celui dont c'est le devoir de garantir l'étanchéité des "lieux" aux scories du monde extérieur. Et d'un mot, d'un seul, le professeur avait fait de son coup de sabot à Camus une force de dissolution immédiate de tout le théâtre d'ombres par quoi la vérité des choses était travestie : plus encore que le mot "guerre", celui d'"algérien" était le tabou suprême ; or il avait été prononcé et cela valait, ipso facto, reconnaissance d'une appartenance politique propre à un peuple auquel ce droit était encore dénié. La classe - ce groupe d'élèves unis, bon an mal an, par les nécessités du management pédagogique - ne s'en remit pas ; le professeur cristallisa, en effet, sur sa personne la haine des élèves les plus politisés, ceux que l'on désignait à l'époque par le terme d'ultras. L'émergence de ce petit groupe délimita par effet spontané les contours des autres sous-ensembles : les tièdes, majoritaires et suivistes, les rebelles à l'ordre ultra, les trois qu'il me faut nommer (Joseph, Pierre et Saïman, ces deux derniers me sauveront simplement la vie lors d'une ratonnade) et les deux Arabes que nous étions, élevés maintenant, à nos propres yeux, à la dignité politique d'Algériens. Cette première chose qu'accomplit le professeur, appelons-la reconnaissance, catégorie par laquelle advient généralement l'atomisation des fantasmes unicitaires. Mais par son rejet du paralogisme fallacieux de l'écrivain - présentant sous la forme d'une disjonction exclusive, ou ma mère ou la justice, ce qui n'était que l'aveu candide qu'il ne pouvait imaginer pour sa mère d'autre statut que celui que lui garantissait l'oppression d'un peuple -, notre professeur nous disait quelque chose que je compris comme ressortissant à l'essence même de la vie : il faut oser penser contre "la mère" justement, contre l'ordre de la tribu, contre l'ordre du sang. Cette seconde chose-là, appelons-la, comme le poète, "la petite voix qui dit non", ou bien comme le philosophe, principe de négativité, pour célébrer la divine puissance du négatif (et aussi, je l'avoue, pour donner quelque chose en pâture à mon surmoi hégélien). La leçon de mon professeur se dégageait, maintenant, dans l'éclat du concept : pour avoir été incapable de consentir au négatif, pour avoir craint de se hisser sur ses sommets solitaires, Camus se fermait les voies de la reconnaissance de l'autre par quoi l'on est humain. Et la formule peut aussi se lire dans le sens inverse. Et voyez comme vont les choses : c'est au moment précis où l'on feint de débattre de l'image de soi pour mieux stigmatiser ceux que l'on accuse de ne pas avoir renoncé à l'ordre et aux oripeaux de la tribu, que l'on élève Camus - cet homme qui n'a pas renoncé à l'ordre de sa tribu - au rang de totem national. Ces temps, décidément, sont scélérats qui voient le Barnum indécent de ceux qui sont revenus de tout, de ceux qui ont renié tout et son contraire, de ceux qui n'attendaient qu'un alibi solide pour se soustraire à leur simple devoir d'humain, de ceux qui ne rêvaient que de dénoncer les "pièges de l'engagement" pour pouvoir se consacrer - enfin ! - à leur petitesse, s'ébranler pour de fabuleuses ripailles derrière une effigie qui n'en peut mais, certes, mais qui aurait dû y penser. Voilà pourquoi, dès que j'entends "Camus", je dégaine mon prof de philo, l'homme qui m'a appris ce qu'être un homme veut dire, l'homme qui a rendu à jamais impossible que je puisse devenir ségrégationniste ou rentier d'une culture de la dette et/ou de la haine à l'endroit d'un pays et d'une nation qui m'auront autant mutilé que régénéré. Mais j'allais oublier : au mois de juin, après avoir passé la dernière épreuve du bac et alors que j'attendais dans la cour d'honneur le moment propice - celui où les groupes de jeunes Européens se disperseraient - pour quitter le lycée et rentrer chez moi, je vis, se dirigeant vers moi, un condisciple ; c'était le chef des ultras de la classe ! Il me dit que je n'avais, désormais, nul intérêt à me trouver en ville (entendons : la ville européenne) et que si cela arrivait et qu'il me rencontrât, il me ferait la peau, lui-même. C'est ainsi qu'il parla, posément, calmement puis il ajouta : "Et voilà pour ton prof !", en me tendant un bout de papier. C'était un tract. Il y était écrit : "Yves Vié-Le Sage, chrétien-progressiste. Condamné à mort". La signature comportait les trois lettres de l'entreprise de l'Apocalypse (OAS, Organisation armée secrète). Ancien professeur de philosophie, écrivain, auteur du "Nom du père" (éd. de L'Embarcadère, 2005)
09/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/09/fallait-il-preferer-sa-mere-a-la-justice-ou-affronter-les-ultras-de-l-oas-par-messaoud-benyoucef_1289628_3232.html
"Pas facile d'imaginer ""Sisyphe heureux"" dans l'Algérie contemporaine, par Wassyla Tamzali"
Les atrocités de la décennie sanglante ( 1990-2002) ramènent à Camus
A Stockholm le 10 décembre 1957, Albert Camus disait avec les mots puisés dans la lumière et la misère de sa terre algérienne qu'il était "voué à tirer de son être double les créations qu'il essaie obstinément d'édifier dans le mouvement destructeur de l'histoire". Le 11 décembre 1957, l'histoire emportait mon père assassiné par un enfant de sa ville. Le 12 décembre, au foyer des étudiants de Stockholm, interpellé par un Algérien, l'enfant de Belcourt lança à la face du monde : "Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice." Malgré ses correspondances troublantes, Camus n'était pas encore entré dans ma vie. C'est sa mort qui le fera surgir entre les murs du lycée de Benaknoun. Le 5 janvier 1960 plus exactement, notre classe de philo s'enflamma, et cette fois, Français et Algériens étaient d'accord : Camus le traître est mort ! Inscrits au programme, je venais de découvrir en cette année 1960 : Noces à Tipaza - "Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure" -, Le Mythe de Sisyphe, L'Etranger. Souvenir lumineux de mes lectures sous les arbres du parc du lycée. Je cherchais et je trouvais dans ces pages les mots pour comprendre et accepter mon désir de bonheur que l'absurdité du destin cruel tenait loin de moi, inaccessible et coupable. J'apprenais aussi que la beauté était d'autant plus souveraine qu'elle naissait de cette absurdité même, car toutes choses étaient périssables. J'apprenais aussi le sens du mot liberté à cent lieues de celui de libération qui occupait tous les esprits. J'en savais déjà la force subversive, il la disait parfaitement. "Dans ce grand temple déserté par les dieux, toutes mes idoles ont des pieds d'argile." Aussi, les batailles autour de leur Camus ne m'intéressaient pas, et comme j'avais appris à échapper à la fougue des rouleaux de la mer, je plongeais en apnée avec les mots limpides de mon Camus. De ces lectures est née une reconnaissance qui me lie à lui pour toujours. C'est avec lui que je fuirai les vertus joyeuses du socialisme quand je chercherai refuge loin des chantiers bruyants de la Révolution agraire et de la reconstruction. Et puis surtout en cette année 1960, la querelle sur "la justice et ma mère" venait trop tard pour moi. L'histoire avait choisi, la violence avait fait son oeuvre, et j'attendais la justice qui comblerait le trou creusé par la mort de mon père. Mais la justice n'est pas venue, la violence ne s'est pas tue. Elle restait là, tapie sous le rêve d'un pays fraternel, incrustée dans notre histoire. Dans les années 1990, elle explosa. Mon pays se réveilla en proie à une guerre fratricide. Alors je suis retournée à Camus. Après un long "détour". J'avais été désorientée par son mutisme devant le désir de liberté des hommes de cette terre qu'il connaissait si bien. Comment avait-il pu être à ce point sourd à notre désir d'être libres ? Avait-il comme Meursault le coeur aveugle ? Ces hommes qu'il nomme Arabes tout le long de ses écrits, ses conférences, pourquoi refuse-t-il de les appeler Algériens ? Comment ne pas y voir une volonté d'occulter notre appartenance à cette terre, et le lien de ce pays avec nous. Une posture anhistorique, jusque dans sa réponse à l'Algérien de Stockholm, et c'est ce qui me frappe le plus aujourd'hui : "Jamais je n'ai parlé ainsi à un Arabe". L'Algérien, c'est lui Camus. Plus encore, Camus, le romancier de la condition humaine dans ce qu'elle a d'absurde et de tragique, nous a gommés du Roman de la vie. Il ne nous donna pas la chance de raconter notre histoire. Il nous voyait à peine dans nos villes : "Alger est plutôt italienne. L'état cruel d'Oran a quelque chose d'espagnol. Constantine fait penser à Tolède. Les cités dont je parle sont des villes sans histoire." Absence d'histoire qu'il revendique pour justifier une Algérie qui n'existerait que fécondée par son regard, son amour. Que proposait-il en réponse à cette volonté d'indépendance des Arabes ? Des constructions politiques hasardeuses par lesquelles il essaye pathétiquement de donner corps à la fiction d'un pays avec deux peuples. Un pays helvétisé. Comme les pieds noirs libéraux, il pensait que le régime colonial pouvait s'amender, et que si on avait fait les réformes sociales nécessaires, les Arabes n'auraient jamais réclamé leur indépendance. Quel fourvoiement ! Dans ma maison opulente, on ne rêvait que d'indépendance, même quand la mort frappa sous les traits d'un jeune Kabyle. Les années 1990 me ramènent à lui. Les crimes innommables, les assassinats d'hommes et de femmes algériens, certains mes amis, par des Algériens me replongent dans la violence politique. La déclaration que j'avais refusé d'entendre, cinquante ans avant - "J'ai toujours condamné la terreur, je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément... Je crois à la justice, mais je défendrais ma mère..." - prenait un sens nouveau. Et urgent. Ce que je m'étais interdit de penser, "entre la justice et mon père", tant les mots sont impossibles, quand la vie avance avec des exigences égales et opposées, venait lentement à la surface. Après ce long détour, je comprenais enfin ce qu'Albert Camus avait essayé de dire, avec trop de mots sans doute, un agaçant donneur de leçon disaient de lui ses amis, s'épuisant dans de longues explications pour maintenir entier l'enchantement de la jeunesse, ce temps de l'innocence où il n'était pas nécessaire de choisir entre la justice et sa mère, la justice et son père. Il semble alors que sa plume ardente et prolixe n'est là que pour mieux fuir devant la réalité de l'histoire, indifférente et silencieuse comme Catherine, la mère, de ce silence qui l'obsède. Qu'importe, ces pages tomberont dans l'oubli. Ce qui reste, ce que j'entendais moi dans les nuits fiévreuses de la décennie noire qui assombrissait mon pays de lumière, c'est que si la violence était nécessaire elle n'était jamais justifiable. "Il était pour ainsi dire cette inaltérable affirmation", dira Jean-Paul Sartre. L'enfant d'Alger, à travers le jeune Algérien de Stockholm, le frère douloureux dont il se sent plus proche que des Français, nous exhortait, nous jeunes Algériens nés de la guerre, des maquis, de la torture, des attentats, des liquidations sommaires, de ne jamais accepter la violence comme moyen politique. Il nous demandait de prendre le chemin étroit entre la violence nécessaire et la violence injustifiable. Une voie étroite, celle de la morale politique, la seule qui met fin à l'emprise de la violence sur nos vies quand elle n'est plus nécessaire. Sans cela, les raisons de la violence sont chaque fois renouvelées, et justifiées. Et, inexorablement la violence se transmet d'une génération à l'autre plus sûrement que l'art de la moisson et de la cueillette des olives. Sortir de la violence est difficile à penser, et encore plus à faire. Une tâche colossale. Il faut vaincre pour cela le mépris des hommes chez ceux qui commandent, la peur chez les autres, les haines. Faut-il désespérer ? Camus nous donne en exemple Sisyphe, voué par les dieux à une tâche absurde. Il nous dit aussi que contre les dieux, Sisyphe, parce qu'il comprend sa condition tragique d'homme, trouve la liberté de narguer ces mêmes dieux. Aussi sombres que soient les temps que nous vivons, l'Algérie encore, cette liberté trouvée, nous place au-dessus du malheur, et nous donne le goût de l'action. Avec Albert Camus, il nous reste le choix de croire Sisyphe heureux. p Avocate, directrice des droits des femmes à l'Unesco, auteur d'"Une femme en colère" (Gallimard, 2009) Lire aussi un hors-série du "Monde" , "Albert Camus : la révolte et la liberté", 122 pages, 6,50 €.
09/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/09/pas-facile-d-imaginer-sisyphe-heureux-dans-l-algerie-contemporaine-par-wassyla-tamzali_1289627_3232.html
A Detroit, le procès de l'auteur de l'attentat raté du 25 décembre commence
Le jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab plaide non coupable de six chefs d'accusation.
La justice fut ponctuelle. A 13 heures précises, vendredi 8 janvier, le juge fédéral Mark Randon est entré dans la petite salle archicomble du tribunal de Detroit. Les murmures se sont tus et les regards se sont tournés vers la frêle silhouette de l'accusé qui se présente à la barre. Il porte des chaînes aux chevilles. Tee-shirt blanc, pantalon large et kaki, le jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab, accusé d'avoir voulu faire exploser en vol, le jour de Noël, un avion de ligne américain entre Amsterdam et la métropole du Michigan, avance encore, hésite, se place à gauche de son avocate, Miriam Siefer, debout à ses côtés. Le juge demande ses nom, prénom et âge. Omar Farouk Abdulmutallab répond en anglais d'une voix polie, mais à peine audible. "Abdulmutallab, Farouk, 23 ans." Il tire sur son tee-shirt, se déhanche. Il affirme avoir bien suivi des études secondaires. Comprend-il les charges qui lui sont reprochées ? "Oui." A la question de savoir s'il a pris ces dernières vingt-quatre heures des pilules ou des médicaments, le jeune homme reprend : "Ces dernières vingt-quatre heures ? Oui, des antidouleurs." Ce seront ses dernières paroles. Omar Farouk Abdulmutallab laissera à son avocate commise d'office annoncer qu'il plaide, à ce stade de la procédure, non coupable des six chefs d'accusation pesant contre lui dont "tentative de meurtre" et "tentative d'utilisation d'armes de destruction massive". Miriam Siefer ajoute devant le juge qu'elle ne demande pas la libération de son client. "Nous acceptons la détention", conclut-elle. L'audience est levée. Le juge quitte la salle en empruntant la petite porte par laquelle il était entré il y a à peine plus de trois minutes. Omar Farouk Abdulmutallab s'avance, lui, vers le côté opposé de la cour. Avant d'être reconduit sous bonne escorte policière à la prison Milan, située à une petite heure de route du tribunal, il tourne pour la première fois la tête en direction du public, comme pour chercher un membre de sa famille, un proche. Des rumeurs avaient annoncé la venue de son père, qui avait alerté l'ambassade américaine au Nigeria, en novembre 2009, de la radicalisation de son fils. Mais il n'est pas là. Seule une avocate nigériane qui le représente a fait le déplacement. Elle n'esquisse aucun geste et garde le silence. Assise au premier rang, accompagnée de plusieurs membres de sa famille, Hebba Aref n'a pas quitté du regard le jeune accusé. Originaire du Michigan, cette avocate de 27 ans travaillant au Koweït se trouvait, ce 25 décembre, dans le même vol qu'Omar Farouk Abdulmutallab, six rangées derrière lui. Devant les journalistes, la jeune femme voilée dit avoir voulu "revoir une fois qui était cette personne". Et de poursuivre : "J'ai ressenti comme un pincement dans mon ventre. Le jour de l'incident, il était sans voix et sans expression. Aujourd'hui, il a parlé." La jeune femme ajoute encore qu'elle souhaite l'application de la peine maximale. "Il dévoie notre religion, lâche sa mère, Neveen Aref, présente à ses côtés. Il ne l'a pas lue correctement. Notre religion n'est que beauté et paix." Des propos répétés devant l'enceinte du tribunal par une trentaine de manifestants venus braver le froid glacial. Des musulmans pour la plupart arborant des drapeaux américains comme Jay Gonbey, 36 ans, propriétaire d'une petite librairie et qui dit être venu pour envoyer un message à ceux qui tirent les ficelles des attentats. Sur une de ses pancartes, on peut lire : "L'islam est contre le terrorisme." Viviane Majed porte, elle aussi, le voile, comme une poignée d'autres jeunes femmes regroupées au milieu de la rue. Originaire du Liban, elle dit avoir suivi son père, venu voilà plus de trente ans, ici, aux Etats-Unis, pour y travailler dans l'industrie automobile. Le tract qu'elle distribue se veut porteur d'un message adressé aux terroristes. Il prévient que "si vous voulez tuer des Américains, nous sommes des Américains, venez nous tuer en premier". Un petit groupe de personnes, membres de la communauté nigériane locale, estimée à quelque 10 000 individus, se fait plus discret. Ougnika Yanke, 50 ans, lui-même de confession musulmane et installé depuis quinze ans dans la région, affirme soutenir la guerre de Barack Obama contre le terrorisme. Surtout, il dit ne pas comprendre les motivations d'Omar Farouk Abdulmutallab : "Il est entré dans le mauvais gang, dans un pays lointain. Pourquoi ?" D'après les experts, le procès pourrait être rapidement bouclé, "deux semaines, peut-être même moins", selon Peter Henning, professeur de droit à l'université Wayne de Detroit. Le jeune homme encourt la réclusion à perpétuité. Nicolas Bourcier et Nicolas Bourcier
09/01/2010
ameriques
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Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin
Pour éviter la désintégration du "système Terre", il faut d'urgence changer nos modes de pensée et de vie, estime le sociologue.
Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. Le système Terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problèmes vitaux : périls nucléaires qui s'aggravent avec la dissémination et peut-être la privatisation de l'arme atomique ; dégradation de la biosphère ; économie mondiale sans vraie régulation ; retour des famines ; conflits ethno-politico-religieux tendant à se développer en guerres de civilisation. L'amplification et l'accélération de tous ces processus peuvent être considérées comme le déchaînement d'un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintègre irrémédiablement un système. Le probable est la désintégration. L'improbable mais possible est la métamorphose. Qu'est-ce qu'une métamorphose ? Nous en voyons d'innombrables exemples dans le règne animal. La chenille qui s'enferme dans une chrysalide commence alors un processus à la fois d'autodestruction et d'autoreconstruction, selon une organisation et une forme de papillon, autre que la chenille, tout en demeurant le même. La naissance de la vie peut être conçue comme la métamorphose d'une organisation physico-chimique, qui, arrivée à un point de saturation, a créé la méta-organisation vivante, laquelle, tout en comportant les mêmes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles. La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d'un agrégat de sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela aussi pour le pire : la guerre, l'esclavage. A partir du XXIe siècle se pose le problème de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d'un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l'histoire, c'est-à-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d'anéantissement, conduit à la quasi-destruction de l'humanité. Alors que, pour Fukuyama, les capacités créatrices de l'évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l'économie libérale, nous devons penser qu'au contraire c'est l'histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l'humanité. L'idée de métamorphose, plus riche que l'idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l'héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose, comment changer de voie ? Mais s'il semble possible d'en corriger certains maux, il est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux désastres. Et pourtant l'Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions : bouddhisme, christianisme, islam. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l'aide des royautés, les désintégrer. La science moderne s'est formée à partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s'introduisit dans les universités au XIXe siècle, puis au XXe siècle dans les économies et les Etats pour devenir l'un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siècle pour devenir une formidable force historique au XXe. Aujourd'hui, tout est à repenser. Tout est à recommencer. Tout en fait a recommencé, mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n'en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Il s'agit de les reconnaître, de les recenser, de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la voie nouvelle, laquelle nous mènerait vers l'encore invisible et inconcevable métamorphose. Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la Voie, il nous faut nous dégager d'alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de connaissance et de pensée hégémoniques. Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper. L'orientation mondialisation/démon-dialisation signifie que, s'il faut multiplier les processus de communication et de planétarisation culturelles, s'il faut que se constitue une conscience de "Terre-patrie", il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l'alimentation de proximité, les artisanats de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales. L'orientation "croissance/décroissan-ce" signifie qu'il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l'économie plurielle dont l'économie sociale et solidaire, les aménagements d'humanisation des mégapoles, les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d'objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage). L'orientation développement/envelop-pement signifie que l'objectif n'est plus fondamentalement le développement des biens matériels, de l'efficacité, de la rentabilité, du calculable, il est aussi le retour de chacun sur ses besoins intérieurs, le grand retour à la vie intérieure et au primat de la compréhension d'autrui, de l'amour et de l'amitié. Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l'urgence. Il faut savoir aussi commencer par définir les voies qui conduiraient à la Voie. Ce à quoi nous essayons de contribuer. Quelles sont les raisons d'espérer ? Nous pouvons formuler cinq principes d'espérance. 1. Le surgissement de l'improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de la petite Athènes à la formidable puissance perse, cinq siècles avant notre ère, fut hautement improbable et permit la naissance de la démocratie et celle de la philosophie. De même fut inattendue la congélation de l'offensive allemande devant Moscou en automne 1941, puis improbable la contre-offensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre par l'attaque de Pearl Harbor qui fit entrer les Etats-Unis dans la guerre mondiale. 2. Les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l'humanité. De même qu'il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes (totipotentes) propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de même il existe en tout être humain, en toute société humaine des vertus régénératrices, génératrices, créatrices à l'état dormant ou inhibé. 3. Les vertus de la crise. En même temps que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices s'éveillent dans la crise planétaire de l'humanité. 4. Ce à quoi se combinent les vertus du péril : "Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve." La chance suprême est inséparable du risque suprême. 5. L'aspiration multimillénaire de l'humanité à l'harmonie (paradis, puis utopies, puis idéologies libertaire /socialiste/communiste, puis aspirations et révoltes juvéniles des années 1960). Cette aspiration renaît dans le grouillement des initiatives multiples et dispersées qui pourront nourrir les voies réformatrices, vouées à se rejoindre dans la voie nouvelle. L'espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des faux espoirs. Les jeunes générations se désolent qu'il n'y ait plus de cause comme celle de notre résistance durant la seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en elle-même son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, la plus grande victoire de l'humanité était en même temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du même coup leur colonialisme. Aujourd'hui, la cause est sans équivoque, sublime : il s'agit de sauver l'humanité. L'espérance vraie sait qu'elle n'est pas certitude. C'est l'espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur. L'origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine. Sociologue et philosophe. Né en 1921, est directeur de recherches émérite au CNRS, président de l'Agence européenne pour la culture (Unesco) et président de l'Association pour la pensée complexe. En 2009, iI a notamment publié "Edwige, l'inséparable" (Fayard). A lire également, "La Pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d'", de Jean Tellez (éditions Germina)
09/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/09/eloge-de-la-metamorphose-par-edgar-morin_1289625_3232.html
La mort d'un élève poignardé relance le débat sur la sanctuarisation des lycées
Agressé vendredi 8 janvier par un camarade dans son établissement du Kremlin-Bicêtre, le jeune homme de 18 ans est décédé dans la nuit
Hakim, le lycéen victime d'une agression au couteau, vendredi 8 janvier, au lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) est décédé. Hospitalisé dans un état grave à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, le jeune homme de 18 ans est mort dans la soirée après une intervention chirurgicale de six heures. Agressé à l'intérieur du lycée par un camarade pour un différend apparemment anodin, il avait été frappé au thorax. L'agresseur présumé, un autre élève qui a pris la fuite, a été interpellé par la police durant la nuit de vendredi à samedi. Le lycée avait fermé ses portes dès la mi-journée, et seuls les journalistes attendaient devant la grille l'arrivée des ministres de l'éducation et de l'intérieur, Luc Chatel et Brice Hortefeux venus rencontrer l'équipe éducative. Les deux ministres ont insisté sur le "plan de sanctuarisation" des établissements, mis en place depuis septembre 2009. Plan décidé par le président Sarkozy et le précédent ministre de l'éducation, Xavier Darcos, après l'intrusion, en mars, d'une bande dans un lycée de Gagny (Seine-Saint-Denis), puis, en mai, l'agression au couteau d'une enseignante de collège à Fenouillet (Haute-Garonne). Les ministres ont aussi évoqué les "diagnostics de sécurité" réalisés depuis dans de nombreux établissements sensibles. Celui du lycée Darius-Milhaud avait été fait en décembre et, selon eux, était "bon". En mai, la proposition de M. Darcos de multiplier les portiques de détection à l'entrée des établissements, avait été très critiquée. Ce nouveau drame tend à souligner l'absence de solutions simples. Venu un peu plus tôt sur place, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a indiqué que le lycée était "bien protégé", notamment par des portiques de sécurité et des caméras de vidéosurveillance installés depuis un an et demi. Interrogé sur la pertinence de ces portiques M. Hortefeux a prudemment répondu qu'il s'agissait d'une "piste", mais pas d'une "réponse unique". Il a également insisté sur le fait que ce "drame individuel" n'était pas lié à un "phénomène de bande". M. Chatel propose " à l'ensemble des proviseurs de lycée et des principaux de collège de faire respecter une minute de silence à la mémoire d'Hakim dans la journée du mardi 12 janvier", et "suggère également d'organiser des temps de parole pour réfléchir collectivement sur la fraternité, le respect de l'autre et la dignité de la personne humaine". Il a aussi annoncé qu'il allait réunir les chefs d'établissement "la semaine prochaine" pour "faire le point sur les mesures de sécurisation". Parmi celles-ci figurent les "équipes mobiles de sécurité" (EMS) dont la mise en place, en cours dans toutes les académies, a été effectuée avec une large avance dans celle de Créteil, dont dépend le lycée Darius-Milhaud. Ce dispositif est composé à la fois de personnels de sécurité, au rôle dissuasif en cas de tension, et de personnels éducatifs. Ces derniers peuvent rester jusqu'à plusieurs semaines dans un établissement afin de "donner de l'air" à son équipe, explique Hervé Luxembourger, commissaire de police détaché comme conseiller "sécurité" du recteur de Créteil depuis la fin septembre 2009. Du début octobre à la fin décembre, l'EMS de l'académie, comprenant 45 personnes, est intervenue sous des formes diverses dans près de soixante établissements qui en avaient fait la demande. Les responsables de l'académie sont par ailleurs unanimes pour souligner que le lycée Darius-Milhaud, particulièrement "bien tenu", ne connaît "ni laxisme ni mauvaise ambiance", et que rien ne laissait présager le drame survenu vendredi matin. Luc Cédelle et Elise Vincent
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/la-mort-d-un-eleve-poignarde-relance-le-debat-sur-la-sanctuarisation-des-lycees_1289606_3224.html
Neige, gel, sécheresse : pourquoi la météo s'affole
L'hémisphère Nord connaît une vague de froid particulièrement intense Principale cause : la faiblesse des vents océaniques laisse passer l'air polaire
Soudain, les paysages de Provence ressemblent à la Scandinavie, les oranges de Floride sont givrées à peine mûres, et, de Londres à Pékin, de Washington à Amsterdam, l'hémisphère Nord est saisi par un hiver particulièrement rigoureux. En France, neige et verglas sèment la pagaille dans les transports : axes routiers coupés, trafic TGV ralenti... La Grande-Bretagne essuie la vague de froid la plus sévère depuis trente ans. Celle-ci a déjà fait 22 morts, et la société d'assurances RSA estime à plus de 750 millions d'euros le coût du ralentissement de l'économie. Pour l'instant, le Royaume-Uni n'a pas connu pire qu'une température de - 27,2 oC enregistrée en 1895, en 1982, puis en 1995. Mais, dans la nuit de jeudi à vendredi, le thermomètre est descendu à moins 21,5 oC dans les Highlands écossais. Le reste de l'Europe n'est pas épargné. En Pologne, le froid a déjà fait 139 morts. En Norvège, la température a plongé à - 41°C, le plus bas niveau depuis 1987. En Allemagne, elle est descendue à - 19°C. Les scientifiques expliquent le froid qui frappe l'hémisphère Nord par une "phase d'oscillation nord-atlantique négative" : les vents océaniques sont plus faibles et laissent passer l'air polaire. Autre phénomène à l'oeuvre : El Niño, qui provoque un réchauffement des eaux au centre du Pacifique, trop loin des côtes, donc, pour empêcher l'Amérique du Nord de grelotter et celle du Sud de subir la sécheresse. Cette anomalie pourrait durer jusqu'au printemps. A plus long terme, les climatologues s'attendent à des hivers plus doux. Réchauffement oblige...
09/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/09/neige-gel-secheresse-pourquoi-la-meteo-s-affole_1289567_3208.html
Guadeloupe : Domota dément avoir appelé à une grève générale pour le 20 janvier
Le leader du LKP affirme que le collectif est mobilisé, mais qu'aucune date n'a encore été fixée pour une hypothétique grève générale.
Volte-face ou mauvaise interprétation ? Le leader du LKP, Elie Domota, a démenti, samedi 9 janvier, avoir appelé à une grève générale en Guadeloupe pour le 20 janvier. Cité par Le Parisien, auquel il avait accordé un entretien vendredi, M. Domota déclarait : "Nous appelons la population à la grève générale, à partir du 20 janvier, pour une durée indéterminée." Des propos qu'il a rapidement démenti, estimant qu'ils avaient été déformés. "C'est très curieux, nous n'avons jamais lancé d'appel à la mobilisation générale le 20 janvier. Nous avons déposé un prévis de grève à partir du 9 janvier et nous allons définir dans les jours qui viennent les modalités d'action", a-t-il précisé sur Europe 1. "Nous restons mobilisés", a-t-il ensuite ajouté. AUGMENTATION DU PRIX DU CARBURANT Vendredi, plusieurs membres de la classe politique avaient fait part de leur scepticisme sur la capacité du LKP à déclencher une nouvelle grève générale. En 2008, le collectif avait mené à bien une mobilisation qui avait paralysé l'île pendant 44 jours. Le mouvement de grève s'était conclu par un accord dit "Bino" sur une augmentation des salaires de 200 euros et diverses aides Même si la grève générale semble donc pour l'instant exclue, le retour d'une conflit social en Guadeloupe se dessine. M. Domota estime que l'augmentation du prix du carburant de 4 centimes, décidée par le préfet, ainsi que "la perte de 200 euros d'augmentation de salaire promis lors de l'accord" va jeter le feu aux poudres. "Nous avons foi en l'avenir, nous demandons justice, vérité et respect des engagements" pris il y a un an pour mettre fin à la grève générale, a-t-il résumé. Le leader du LKP s'en prend également à la présence policière en Guadeloupe, qu'il juge disproportionnée. Il y a "près de 800 gendarmes en Guadeloupe depuis septembre", relevant que depuis le 1er décembre, ceux-ci étaient "postés aux carrefours". "On se croirait dans un pays occupé", s'est-il exclamé.
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/guadeloupe-domota-dement-avoir-appele-a-une-greve-generale-pour-le-20-janvier_1289564_3224.html
Pour la cour d’appel de Versailles, le chef de l’Etat est une victime comme les autres
A vingt jours du jugement dans l'affaire Clearstream, un arrêt confirme la recevabilité de Nicolas Sarkozy à se constituer partie civile pendant la durée de son quinquennat.
C'est à un immigré clandestin d'origine sénégalaise que l'on doit un débat approfondi sur l'épineuse question du statut de justiciable du président de la République. En se rendant coupable d'une escroquerie à la carte bancaire sur le compte de Nicolas Sarkozy, en septembre 2008, pour un montant de 176,80 euros, Ama M'Bodji a conduit successivement deux juridictions à se prononcer sur la recevabilité de la constitution de partie civile du chef de l'Etat. Ce n'est certes pas la première fois depuis son élection que M. Sarkozy, rompant avec la tradition de ses prédécesseurs, demande aux tribunaux de lui rendre justice. Mais Ama M'Bodji tient une place toute particulière dans le parcours judiciaire présidentiel. Le premier jugement le concernant a été prononcé par le tribunal correctionnel de Nanterre en juillet 2009, à quelques semaines de l'ouverture du procès Clearstream, et le second, rendu vendredi 8 janvier par la cour d'appel de Versailles, intervient tout juste vingt jours avant le dénouement attendu de cette affaire. Cette proximité de calendrier ne pèse pas pour rien dans le soin apporté par les juges à la rédaction de leur décision. Deux questions se posaient à eux: à la première – Nicolas Sarkozy est-il victime de l'escroquerie à la carte bancaire reprochée à Ama M'Bodji et à ses coprévenus – le tribunal de Nanterre et la cour d'appel de Versailles ont répondu "oui". Les faits sont établis et reconnus. Sur la seconde – le président de la République est-il une victime comme les autres? –, leurs appréciations divergent. Non, ont estimé les juges de Nanterre. Oui, ont répondu ceux de Versailles, en accordant à M.Sarkozy l'euro symbolique de dommages et intérêts qu'il sollicitait et 2500 euros pour frais de justice. Le 7 juillet 2009, le jugement rendu par le tribunal de Nanterre avait provoqué un certain trouble chez les juristes et chez l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, tout occupé à préparer la défense de son client dans le dossier de dénonciation calomnieuse qui allait l'opposer notamment à l'ancien premier ministre, Dominique de Villepin. En réponse aux conclusions déposées par l'un des avocats des prévenus, Me Pierre Degoul, qui avait soulevé l'irrecevabilité de la constitution de partie civile du chef de l'Etat, le tribunal, présidé par Isabelle Prévost-Desprez, avait ouvert une brèche en constatant que "le lien entre le président de la République et les magistrats peut laisser croire aux justiciables qu'ils ne bénéficieraient pas d'un tribunal indépendant et impartial, conformément à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme". Mais les juges de Nanterre étaient restés à mi-chemin, en admettant la constitution de partie civile du chef de l'Etat, tout en décidant de surseoir à statuer, jusqu'à l'expiration de son mandat, sur les demandes de réparation de son préjudice moral. Le parquet, comme Me Herzog, avait aussitôt fait appel. Ce débat sur l'irrecevabilité de M. Sarkozy à se constituer partie civile pendant la durée de son quinquennat avait ouvert le procès Clearstream. A l'appui de leurs conclusions, selon lesquelles le président de la République n'est pas un justiciable ordinaire, en raison de "l'importance considérable de ses responsabilités dans le fonctionnement même de l'autorité judiciaire", les avocats de M. de Villepin avaient bien évidemment brandi devant les juges du tribunal correctionnel de Paris le jugement rendu par leurs collègues de Nanterre. La polémique a donc rebondi devant la cour d'appel de Versailles, présidée par Jean-Pierre Getti et appelée à juger à son tour Ama M'Bodji et ses coprévenus. Leurs avocats ont notamment fait valoir que, dans ce dossier d'escroquerie, l'ordonnance du juge d'instruction est le "copié-collé" du réquisitoire du parquet, signé de Philippe Courroye, procureur de la République de Nanterre, dont les liens d'amitié avec le président de la République sont connus. Un élément supplémentaire, selon eux, dans l'atteinte au principe de l'égalité des armes. Autant dire que la réponse apportée par les juges de Versailles était attendue sur plusieurs points. D'abord sur le rôle joué par le parquet de Nanterre. Si les juges relèvent que la qualité de la victime a conduit le procureur de la République à déployer "un zèle manifeste" dans l'enquête, ils estiment que cela n'a pas pour autant porté préjudice aux droits des personnes mises en cause. Ils écartent également l'argument tiré de la proximité du procureur de la République avec M. Sarkozy, en observant que "rien n'établit que le ministère public ou l'autorité de nomination des magistrats ont pu porter atteinte, d'une quelconque façon, à l'indépendance ou à l'impartialité des juges". En conséquence, souligne l'arrêt, les prévenus "ne peuvent contester le pouvoir d'agir du président de la République comme citoyen ordinaire". Les juges de Versailles ont cependant pris soin d'ajouter, en conclusion de leur arrêt: "A supposer que l'organisation judiciaire française et la Convention européenne soient incompatibles, seule la réforme de la Constitution serait en mesure de résoudre cette contradiction." Prudence ou parapluie ? On attend désormais l'appréciation du tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire Clearstream. En attendant, Ama M'Bodji a été condamné à deux ans de prison, dont neuf mois avec sursis. Pascale Robert-Diard
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/pour-la-cour-d-appel-de-versailles-le-chef-de-l-etat-est-une-victime-comme-les-autres_1289559_3224.html
MANIPULATIONS NOCTURNES
TARD LE SOIR, "LES PASSAGERS DE LA NUIT" FONT DE L' INVENTION SONORE SUR FRANCE CULTURE
Il est dit des titres de presse qu'ils soient informatifs ou incitatifs. Les instigateurs du magazine "Les Passagers de la nuit", diffusé à 23 heures du lundi au vendredi sur France Culture (50 minutes), ont résolument choisi le second mode. Florilège : "C'est arrivé d'un coup, brutalement, soudainement : je n'ai plus eu envie de fraises !", en titre du 17 novembre 2009, ou bien, "Je suis décontenancée. Complètement. Désarmée par le bras de fer des circonstances", le 25 du même mois. Ou, enfin, "Je suis relativement pressée, alors si ça pouvait ne durer qu'une cinquantaine de minutes, ce serait chou", le 10 du mois suivant... De ce postulat d'apparence absconse naît une somme de propos mêlés, d'enregistrements pris sur le vif et d'adroites triturations sonores qui ne sont pas sans rappeler l'esprit du légendaire Atelier de création radiophonique (ACR), créé en 1969, et qui continue de faire les riches heures de France Culture. Enfants spirituels de l'ACR, donc, et de Yann Paranthoën (1935-2005), le premier "tailleur de son", "Les Passagers de la nuit" résument ainsi son aventure : "Fictions minimalistes, documentaires à épisodes, jeux de montages, manipulations d'archives... C'est le lieu de l'expérience ludique, du contre-pied, de la respiration" au service d'"une radio élaborée à la main." SÉDUIRE ET DÉCONTENANCER Thomas Baumgartner, la petite trentaine, est le promoteur et le producteur de ce drôle de rendez-vous dont les réalisations sont assurées par Séverine Cassar, Véronik Lamendour, Angélique Tibau, Gaël Gillon et Gilles Mardirossian. Ancien responsable de la revue de presse des matins d'été 2006 et 2007 sur France Culture, il a ensuite présenté, au côté de Caroline Broué, "Place de la Toile", un magazine consacré à Internet et aux nouvelles technologies. Ancien membre d'Arte Radio, c'est au sein de cette structure que Thomas Baumgartner et Christophe Rault ont défini le cadre de l'OuRaPo. Variante radiophonique du célèbre OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle cofondé en 1960 par l'écrivain et poète Raymond Queneau), il applique à l'enregistrement, au montage, au mixage et/ou à la diffusion des créations sonores, des "contraintes" que ses aînés appliquaient aux textes. Maîtres mots du duo : "De la radio en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu'à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques." On comprendra à quel point "Les Passagers de la nuit" doivent à cette initiative. Meilleur exemple des effets de ce dispositif, la chronique "Tout seul toute seule" où un(e) invité(e), seul(e) dans un studio, doit répondre aux questions automatiques générées par un programme informatique conçu par Albertine Meunier, artiste numérique et du Net. "Les Passagers de la nuit" obligent à avoir une oreille attentive, active. S'il leur arrive, le plus souvent, de séduire et de décontenancer, leur exercice d'invention radiophonique a ses limites dont le principal défaut est de parfois lasser. Voire, au pire, de nous brouiller l'écoute. OuRaPo : audioblog.arteradio.com/OuRaPo/ Jean-Jacques Larrochelle et Jean-Jacques Larrochelle
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/manipulations-nocturnes_1289507_3238.html
L'ART ET LA MANIÈRE : FELICE VARINI
ARTE 13.00 SÉRIE DOCUMENTAIRE UNE COLLECTION REMARQUABLE DRESSANT DES PORTRAITS D'ARTISTES
Voilà une série documentaire qui donne de l'espoir, qui montre qu'on peut faire des choses formidables à la télévision ! Produite par Jean-Paul Boucheny au sein d'Image et Compagnie (la société de production de Serge Moati), "L'Art et la manière", apparue en 2005, est sans doute l'une des meilleures collections de documentaires consacrées à la création contemporaine. Chaque film réalisé sous la forme d'un portrait d'artiste au travail, permet au téléspectateur de s'éveiller à l'art, d'aiguiser son regard, d'apprendre, de progresser. Sans exagérer, on peut dire que cette série constitue une vraie mine d'or. Dans ce sens, on peut la rapprocher d'"Architectures", la toute aussi excellente collection produite par Richard Copans et Serge Lalou (Les films d'ici). Diffusée depuis le 10 janvier, la nouvelle saison de "L'Art et la manière" promet encore de beaux portraits d'artistes en 2010. Après celui du photographe américain Saul Leiter réalisé par Claude Ventura, Antoine Parouty réalise cette semaine un portrait du plasticien suisse Felice Varini. Inspiré par l'abstraction géométrique, ce dernier joue avec l'architecture, le plein et le vide. Il met en place des dispositifs complexes, peignant des formes simples dans des espaces inattendus et donnant ainsi la sensation de les saturer. Loin du trompe-l'oeil, l'artiste suisse "ne cherche pas à leurrer, mais à montrer un autre aspect de la réalité". Hél. D.
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/l-art-et-la-maniere-felice-varini_1289491_3238.html
BEAUREGARD
FRANCE 3 20.35 TÉLÉFILM UN PENSIONNAT DE GARÇONS THÉÂTRE D'UN MONDE QUI BASCULE
Tourné en Savoie, au coeur des montagnes, Beauregard, le nouveau téléfilm en deux parties de Jean Louis Lorenzi (Epuration ; Chat bleu, chat noir ; Le Bal des célibataires) hisse son décor au rang de personnage principal. Cet écrin, soumis aux averses subites et aux belles éclaircies, épouse les tonalités du récit, influent sur l'action et dictent la conduite des protagonistes. Pierre Hautefort (Jean-François Balmer), professeur de littérature, qui dirige avec exigence et fermeté, Beauregard, un pensionnat de garçons niché dans ces hautes montagnes, est viscéralement attaché à ce lieu dont il aime la pureté et le silence. C'est pourquoi il tient tant à le préserver des futures stations bétonnées et mécanisées que les promoteurs envisagent d'y installer. Mais les temps changent. Homme du passé qui prône un enseignement traditionnel et rigoureux, Pierre Hautefort va devoir se confronter aux méthodes modernes du jeune professeur de sciences, Julien Ferrer, (Pierre Boulanger) qui vient d'arriver au pensionnat et qui s'attire la sympathie des élèves. Mais, au-delà des montagnes, c'est aussi tout un monde qui bascule. Nous sommes en 1961, en pleine guerre d'Algérie, au tournant d'une époque qui vante les mérites de la consommation et des loisirs, annonce la technologie, le rock... et Mai 68. APPRENTISSAGES MUTUELS C'est ce moment de rupture où s'affrontent l'ancien et le moderne, que met en scène le téléfilm de Jean Louis Lorenzi. Ce moment aussi où les élèves passent de l'enfance à l'adolescence et se heurtent au monde des adultes. Pour autant, Beauregard est bien loin de la fiction nostalgique. "Etre nostalgique, c'est regarder dans le rétroviseur, regretter de ne plus avoir 20 ans. A aucun moment, je n'ai été guidé par ce sentiment. Au-delà de leur confrontation, Pierre Hautefort et Julien Ferrer visent au fond, avec des méthodes différentes, le même idéal. Chacun dans sa propre conviction, trouve le moyen de se rejoindre ", précise le réalisateur. Jean-François Balmer n'a eu aucun mal à se glisser dans la peau de ce directeur amoureux des montagnes. "Hautefort, c'est moi, s'enthousiasme le comédien. Je me sens très proche de ce qu'il dit et de ce qu'il pense." Chaque acteur sert cette approche subtile que livre Lorenzi de cette époque charnière, où adolescents, hommes jeunes et vieux, ont tout à apprendre des uns et des autres. Jean Louis Lorenzi (France, 2009, 2 x 90 min). Avec Jean-François Balmer, Pierre Boulanger, Anne Jacquemin, Bruno Lochet. Diffusion de la deuxième partie le 23 janvier. Véronique Cauhapé
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/beauregard_1289487_3238.html
JOUR ET NUIT
FRANCE 2 13.15 REPORTAGE UNE SEMAINE DANS UN INTERNAT POUR ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ
Le portable est confisqué chaque lundi matin, dès l'arrivée. Dans cet internat des Cévennes, à Vialas, la cabine téléphonique est le seul lien avec l'extérieur. Notamment avec la famille et les amis, qu'il faudra attendre le week-end pour retrouver. En attendant, c'est "Jour et nuit" au collège pendant cinq jours, comme le souligne le titre de ce reportage proposé dans "13 h 15 le samedi", présenté par Laurent Delahousse. La nuit, entre batailles d'oreillers et couloirs inondés, l'ambiance rappelle celle du film à succès Les Choristes. L'internat accueille des élèves dits difficiles. Kevin, visage de poupon, explique qu'il a déjà été viré pour avoir menacé sa prof de lui "faire sa fête". Même internes, certains arrivent encore à sécher les cours... Mais il y a aussi les progrès spectaculaires de Lorenzo, passé "de 1,25 à 9,75 de moyenne". Ou leurs confessions, surprenantes de lucidité et révélatrices du double visage de ces enfants turbulents mais attachants. Pas si différents des autres, finalement, les élèves de Vialas. Toujours les mêmes approximations en cours d'histoire, les mêmes bras de fer avec les professeurs. Dommage que le rythme du reportage soit haché par la présentation des protagonistes, réalisée à partir d'images fixes. La liberté de parole des collégiens fait la force de ce court sujet (22 minutes). Quand ils racontent leur vie d'ados, ceux-ci se font même parfois poètes : "Il écoutait des chansons d'amour déchu avec moi, sur son portable", confie une jeune fille. Un romantisme du XXIe siècle. Gu. Pa.
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/jour-et-nuit_1289488_3238.html
VICTIMES D'UN PÉDOPHILE
FRANCE 3 20.35 DOCUMENTAIRE L'ENQUÊTE D'UN HOMME SEUL POUR FAIRE ARRÊTER SON BOURREAU
De 9 à 15 ans, Jérôme Nozet fut presque chaque jour la proie d'un pédophile - notable du coin dans l'Yonne et grand ami de la famille. Dans le plus grand silence. Avec le décès de sa mère, en 1994 - que l'enfant croyait être l'amante de son bourreau, comme ce dernier le lui laissait entendre -, les souvenirs enfouis des viols subis commencent à le vriller sans relâche. Il s'enfonce dans un mal-être ponctué de tentatives de suicide. Puis, fin 2002, vingt-deux ans après le début de son calvaire, il se décide à se rendre à gendarmerie et à "parler, pour la première fois". Jérôme Nozet a alors 31 ans, et ne sait pas qu'en vertu de la loi de l'époque sur la prescription, il ne peut porter plainte. Quelle que soit son incapacité à vivre et quels que soient les gamins que le pédophile continue ou non de détruire. Il a parlé trop tard. Trop tard pour que l'on reconnaisse son martyre, trop tard pour que le bourreau soit condamné... à moins que Jérôme Nozet ne retrouve d'autres victimes, plus jeunes que lui, prêtes à sortir du silence, et dont le cas ne soit pas prescrit... S'IMPROVISER ENQUÊTEUR, VOIRE PROFILEUR Pendant deux ans et demi, Emmanuel Amara, Vincent Kelner et Julien Mignot, les réalisateurs de Victimes d'un pédophile, le combat d'une vie - diffusé dans le cadre de "Hors Série" -, ont suivi Jérôme Nozet dans sa lutte acharnée pour que justice soit rendue. Car face à l'inertie de la gendarmerie, malgré les plaintes d'autres victimes retrouvées par Jérôme Nozet, ce dernier n'aura de cesse, une fois sorti du silence fin 2002, de mettre au jour les crimes commis par ce qui se révélera être un violeur en série. Pour cela, Jérôme Nozet va s'improviser enquêteur, voire profileur. Jusqu'à l'obsession. Ce que ce documentaire retrace. En acceptant de faire l'objet de ce film, Jérôme Nozet pensait y faire surtout état de son activité actuelle : le travail qu'il mène via l'association Maryse Nozet - du nom de sa mère - contre les maltraitances sexuelles sur enfant. Les auteurs du documentaire, eux, ont fait le choix heureux de se centrer sur son histoire personnelle et judiciaire, pour qu'il reconstitue les sept années de survie où, seul et se sentant trahi par les institutions, il s'est battu pour que d'autres victimes aient droit à un procès... au final inattendu. Toujours "célibataire sans enfant" en ce début 2010, encore soumis à des passes difficiles malgré "un gros travail de fond avec ma psy", Jérôme Nozet explique avoir "commencé à comprendre" qu'il n'était "pas coupable"... Emmanuel Amara, Vincent Kelner et Julien Mignot (Fr., 2009, 90 min). Martine Delahaye
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/victimes-d-un-pedophile_1289472_3238.html
APRÈS LA PLAGE
FRANCE Ô 15.15 DOCUMENTAIRE REPORTAGE À L'ÎLE MAURICE, LOIN DES CLICHÉS DE CARTE POSTALE
Plages de sable blanc, collines douces, végétation exotique... L'île Maurice est un véritable petit paradis touristique qui cache pourtant une réalité moins rose. Parmi la population multiethnique mauricienne se trouve une communauté dénigrée, en proie à la pauvreté, au chômage et à la délinquance. Les Créoles, descendants des esclaves africains, souffrent encore du poids de leur héritage et ont du mal à s'insérer dans la société actuelle. "Sans-façon", "Travailleur", "Rosette"... Ces noms parfois risibles, attribués par les anciens maîtres blancs, sont devenus aujourd'hui des patronymes difficiles à porter, souvenirs d'un passé humiliant. Peur d'être rejeté à cause de ses origines, découragement face à sa situation précaire, ce peuple laissé pour compte survit grâce au soutien de certaines figures charismatiques qui tentent de réaffirmer l'identité créole. Le réalisateur Pierre Lane a ainsi suivi le prêtre Jocelyn Grégoire, leur leader emblématique, dans une de ses tournées des bidonvilles en compagnie d'une travailleuse sociale engagée. Il a recueilli des témoignages de cette communauté marginalisée. Son documentaire donne la parole à ces exclus sans pour autant tomber dans le pathétique. Auteur de plusieurs reportages et documentaires sur l'archipel des Mascareignes, Pierre Lane met en lumière une réalité encore insuffisamment médiatisée. Pierre Lane (France, 2009, 52 minutes). Ma. Bo.
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/apres-la-plage_1289485_3238.html
FULL ACCESS ?
CANAL+ 23.15 DOCUMENTAIRE DANS LES COULISSES DE LA COMMUNICATION DE BARACK OBAMA
Laurence Haïm, seule journaliste de la télévision française accréditée à la Maison Blanche, n'est pas naïve. Même en faisant partie du petit cercle (130 journalistes) autorisé à camper jour et nuit à quelques mètres de "Mister president", l'expérimentée correspondante du groupe Canal+ sait bien qu'approcher Barack Obama et lui soutirer quelques paroles percutantes est une mission délicate. Après No Access, excellent documentaire sur la campagne électorale d'Obama, Laurence Haïm livre, avec ce Full Access ?, un témoignage révélateur sur les relations compliquées entre le président américain et les stars de la presse chargées de relater ses faits et gestes. Du quotidien sous tension à la Maison Blanche en passant par des déplacements présidentiels à l'étranger totalement encadrés, la caméra et le point de vue de Laurence Haïm parviennent à mieux faire comprendre ce petit jeu des pouvoirs et à décrypter la technique de communication officielle. TOUT EST VERROUILLÉ Les sourires, les blagues, les chaleureuses poignées de mains ne doivent pas faire illusion. Obama, encore plus que son prédécesseur, verrouille tout, entouré par des professionnels de la "com" bien décidés à ne pas se laisser piéger par la presse. Pour les stars des grands networks accrédités, la bataille est quotidienne et visiblement usante. Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, les grands médias traditionnels se font de plus en plus souvent snober par un staff présidentiel adepte d'Internet. Entassés dans une salle de presse étriquée, les yeux rivés sur un écran de contrôle interne ou sur celui de leur téléphone BlackBerry, celles et ceux qui se considèrent comme les "gardiens féroces de la démocratie" scrutent vingt heures par jour les moindres faits et gestes du président. Se faire détester par le pouvoir et tenter de le coincer fait partie du job. Mais y parvenir devient compliqué. "Les relations personnelles que la presse pouvait entretenir avec un Nixon ou un Ford, par exemple, c'est terminé ! Plus que jamais, il y a désormais un mur invisible entre le président et la presse", souligne un vétéran de NBC en poste à la Maison Blanche. Seuls les naïfs pouvaient croire aux promesses de transparence totale du nouveau pouvoir. Contrairement à ce qui pouvait arriver lorsque Bill Clinton était locataire à la Maison Blanche, Barack Obama n'improvise jamais. Lors de ses discours, son célèbre mouvement de tête (gauche, droite) est calé sur deux discrets prompteurs. Concernant les sujets sensibles (Afghanistan en tête), rien ne filtre et les questions embarrassantes sont évacuées par Robert Gibbs, porte-parole à la technique bien rôdée. Laurence Haïm (France, 2009, 75 minutes) A. Ct
09/01/2010
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THE FAIRY QUEEN
MEZZO 10.00 CONCERT L'ŒUVRE DE PURCELL DONNÉE AU FESTIVAL DE GLYNDEBOURNE 2009
Le DVD de cette merveilleuse production du Festival de Glyndebourne 2009 doit paraître au printemps. D'ici là, elle aura fait les beaux soirs de l'Opéra-Comique (coproducteur) mais, à l'occasion de son dernier passage sur Mezzo, on n'exagérera pas les mérites de la captation de François Roussillon. Si la distribution est sans faille - tant du côté des quinze chanteurs que des quinze acteurs, tous époustouflants de justesse comme de présence - si l'Orchestra of the Age of Enlightenment - alerte et capiteux tour à tour sous la direction très inspirée de William Christie - bénéficie aussi d'une prise de son flatteuse et naturelle, la possibilité de scruter les mille détails de la mise en scène de Jonathan Kent, mieux qu'on ne pourrait le faire en salle, est un cadeau qui ne se refuse pas. En 1989, à Aix-en-Provence, William Christie avait déjà tenté de présenter l'ouvrage sous sa forme originale où la musique de Purcell se borne à rehausser une longue pièce de théâtre imitée du Songe d'une nuit d'été. Très contesté alors, le succès ne se discute même plus ici tant cette nouvelle adaptation a été conçue comme un spectacle total où les chorégraphies modernes de Kim Brandstrup se fondent avec une direction d'acteurs toujours en harmonie avec le rythme musical, où les costumes et les décors à machines jouent avec les anachronismes. Gérard Condé
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/the-fairy-queen_1289476_3238.html
VANESSA PARADIS, CONCERT ACOUSTIQUE
UN SPECTACLE INTIMISTE, ENREGISTRÉ À LA CIGALE, PRÉCÉDÉ D'UN PORTRAIT
A l'occasion de la sortie de son album Best of - "Le premier et peut-être le dernier", s'amuse la chanteuse -, Vanessa Paradis donnait un concert en novembre 2009 dans le cadre intimiste de La Cigale à Paris. Un spectacle acoustique dans un décor drapé de rouge façon théâtre, où elle est apparue dans une robe tutu noire sexy, juchée sur un tabouret haut, entourée d'un orchestre restreint - deux guitaristes, deux violonistes, un violoncelliste, un percussionniste et un arrangeur (Albin de la Simone). C'est ce concert que propose ce soir Canal+, précédé d'un court film d'un quart d'heure retraçant la déjà longue carrière de Vanessa Paradis, 37 ans, propulsée en 1987, adolescente, en tête des hits parades avec un titre tube, Joe le taxi. Ce rapide portrait, fait d'extraits d'émissions de télévision et de coulisses de concert, la montre notamment en compagnie de quelques-uns de ses pygmalions - Etienne Roda-Gil, Franck Langoff, Serge Gainsbourg - qu'ont inspirés cette femme-enfant. De Joe le taxi, elle en livre une nouvelle version dans l'écrin de velours de La Cigale, où elle enchaîne joliment, en les revisitant, des chansons des années 1980-1990 et quelques titres de ses derniers albums, notamment Il y a, titre inédit du Best of, qu'elle interprète avec son auteur, Gaëtan Roussel, à la guitare, et qui clôt avec charme ce moment musical. S. Ke.
09/01/2010
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GLOBALMAG
ARTE 19.30 MAGAZINE L'ÉMISSION SUR L'ENVIRONNEMENT EST DÉSORMAIS DIFFUSÉE DU LUNDI AU JEUDI
L'objectif est noble, mais sa réalisation relève du défi. Car proposer une émission quotidienne consacrée aux questions d'environnement et de développement durable, c'est un peu comme essayer de faire avaler un gros comprimé d'antibiotique à un enfant de 4 ans. On est obligé de le camoufler dans une mixture plus appétissante, de l'écraser dans une compote en espérant que le sucre des fruits l'emporte sur l'amertume du cachet. Pour parler d'écologie, c'est la même chose. "On ne prononce quasiment jamais les mots "écologie" ou "développement durable", dans l'émission", souligne Emilie Aubry, l'animatrice du magazine "Globalmag", jusqu'ici hebdomadaire et désormais diffusé du lundi au jeudi sur Arte. Dans la mesure où l'émission qu'elle présente est précisément dédiée aux questions d'environnement, cette satisfaction personnelle laisse d'abord songeur... "Le regard français sur l'écologie est souvent culpabilisant. Or, on ne veut pas s'enfermer dans une image anxiogène de magazine sur l'environnement. Il s'agit de raconter de belles histoires, d'aborder l'écologie de manière positive, d'être lucide mais pas forcément sinistre", poursuit la présentatrice. Une volonté somme toute assez compréhensible. DES REPORTAGES VARIÉS ET BIEN CONSTRUITS Chapeauté par la société de production Capa, "Globalmag" se présente donc comme "le magazine du mieux-vivre sur la planète". On peut critiquer le côté artificiel de son découpage (très rubriqué) et l'aspect gadget de son décor de plateau, probablement censé "faire moderne" et au milieu duquel Emilie Aubry se démène avec des écrans tactiles pour lancer les reportages. Mais force est de constater l'intérêt et l'enrichissement que constitue cette émission, surtout lorsqu'on la compare à ses consternantes concurrentes du créneau horaire dit de "l'access prime time" (avant-soirée). On y découvre des reportages particulièrement bien construits et réalisés, sur des sujets variés, parmi lesquels : le traitement des déchets recyclés au Japon, l'essor de la lingerie bio, la disparition des requins, le bisphénol A (présent dans certains biberons)... Et même des sujets "people", où l'on s'interroge sur l'implication du comédien Leonardo DiCaprio dans des causes environnementales. Il en faut des idées (et des paillettes ?) pour appâter le téléspectateur, le décrocher du "Juste Prix", de "N'oubliez pas les paroles" ou du "Grand Journal", et tenter de l'attirer vers un programme plus citoyen ! C'est le pari ambitieux que semble faire Arte en transformant "Globalmag" en un rendez-vous quotidien, diffusé juste après son journal télévisé renouvelé. Hél. D.
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/globalmag_1289475_3238.html
LA FRANCE EN HÉRITAGE
FRANCE 3 20.35 MAGAZINE PORTRAITS DE CEUX QUI S'ENGAGENT POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE
Souvent décliné sous forme de plaidoyer régionaliste ou de cours d'histoire, le patrimoine français est aussi souvent synonyme d'ennui télévisuel. Les bâillements sont certes respectueux, mais insuffler de la vie à un château en sommeil depuis le XIIe siècle est un défi. "Des racines et des ailes" s'essaie à le relever à travers une collection intitulée "Passion patrimoine : les Français s'engagent...", qui sera déclinée au fil de plusieurs émissions, présentées par Louis Laforge. Pour le journaliste, il s'agit avant tout de "rencontres", d'"aventures humaines". La France en héritage, premier numéro de la collection proposé ce soir, nous transporte de la Bourgogne à la Somme. Chaque région est présentée sur le même mode : de beaux plans aériens commentés par une voix off qui remonte les siècles. Pas très original, le procédé se révèle vite crispant. Heureusement, lorsque la caméra se rapproche du sol viennent les tailleurs de pierre, les bénévoles, les restaurateurs comme Mathilde, encore stagiaire mais déjà habile. Scalpel en main, elle porte un casque aux confins de la soudure et de la réalité virtuelle. Et patiemment, Mathilde met au jour une peinture, notre regard perché sur son épaule. "GÉRANTS DE L'HISTOIRE" On découvre alors l'amour passionné de femmes et d'hommes pour ce qu'un regard non averti prendrait pour de simples cailloux. "Une Belle au bois dormant comme ça, il faut la réveiller avec des doigts de fée !", s'exclame ainsi un architecte. Dans ce décor de vieilles pierres, les réalisateurs, Dominique Lenglart et Frédéric Convert, nous invitent à de belles rencontres. Les meilleurs moments du documentaire sont là. Quand, par exemple, des prisonniers du centre de détention de La Varenne-le-Grand viennent restaurer les murs du château de Brancion, village médiéval de Bourgogne, et que les plus jeunes interrogent les anciens : "Pourquoi tu ne le fais pas au ciment ? ". "Parce que le ciment, ça n'existait pas au XIIe siècle", répond l'aîné. La réinsertion par le biais de la transmission... Dans la baie de Somme, là où les canards "marchent à la Aldo Maccione", des aveugles viennent écouter les oiseaux. Sur la paume de leurs mains, le guide dessine le paysage avec son doigt : la rambarde et au-delà, le sable, l'eau. Construit autour de trois lieux différents, ce premier volet de "La France en héritage" évite l'écueil du guide touristique et montre que la meilleure des sauvegardes, c'est parfois de cacher les découvertes. Remblayer une cavité, à contrecoeur, ou se contenter de prendre en photo une fresque qui ne pourra pas être sauvée. "Nous ne sommes propriétaires de rien. Nous ne sommes que les gérants de l'histoire et de la tradition", explique François de Murard, propriétaire du château de Brancion. Leçon d'humilité, leçon d'histoire. Le prochain volet nous conduira dans d'autres régions françaises, la Champagne et l'Aveyron notamment, où d'autres passionnés oeuvrent également, seuls ou au sein d'associations, pour la sauvegarde et la transmission des vestiges de l'Hexagone. Guillaume Pajot
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/la-france-en-heritage_1289477_3238.html
L'AMOUR VACHE
M6 20.40 TÉLÉFILM UNE COMÉDIE LÉGÈRE DANS LA VEINE DE "L'AMOUR EST DANS LE PRÉ"
Lili, directrice de marketing, est l'archétype de la femme d'affaires parisienne branchée et pétillante. Luc, agriculteur et père célibataire, est quant à lui le paysan bourru par excellence. Deux personnages qui n'ont a priori rien en commun, mais qui pourtant vont vivre une belle histoire d'amour... vache. Cette nouvelle fiction de M6 reprend le concept de l'émission de télé-réalité "L'amour est dans le pré", diffusée sur la même chaîne et gros succès d'audience avec, dans les rôles principaux, Delphine Chanéac (jeune actrice découverte en 2006 dans "Laura", la première série d'été de M6) et Thierry Neuvic ("Mafiosa, le clan", série diffusée sur Canal+). Un petit bout de femme surexcitée avec des faux airs de Cameron Diaz brune, et un grand mec baraqué casanier et rabat-joie : le duo comique fonctionne assez bien. Pas de grand travail de composition pour les deux acteurs qui ont beaucoup misé sur l'improvisation pour un résultat relativement convaincant. Cette comédie légère, réalisée par Christophe Douchand, à qui l'on doit des épisodes d'"Eloïse Rome" et, plus récemment, de "l'Internat", ne se distingue pas par son originalité mais elle pourra faire sourire des téléspectateurs fatigués par les excès des fêtes et désireux de ménager leurs capacités intellectuelles. Idéal pour une soirée d'hiver où l'on n'a qu'une envie la nuit tombée, se plonger dans une douce léthargie au chaud devant sa télé. ... Christophe Douchand (France, 2009, 90 minutes). Avec Delphine Chanéac, Thierry Neuvic, Laure Marsac Malysone Bovorasmy
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/l-amour-vache_1289482_3238.html
LE JOUR D'AVANT
ARTE 22.10 SÉRIE DOCUMENTAIRE DANS LES COULISSES DE LA PRÉPARATION DES DÉFILÉS DE MODE
Backstage" : tous ceux qui pensent compter dans le petit monde de la mode sont prêts à faire la queue pour accéder à cet endroit interdit où se prépare un défilé. Loïc Prigent fait mieux. Pour une série de quatre documentaires diffusés sur Arte tous les jeudis du 14 janvier au 4 février, il a filmé la journée qui précède le défilé de quatre maisons : l'italienne Fendi, l'américaine Proenza Schouler et les françaises Jean Paul Gaultier et Sonia Rykiel. C'est un régal de découvrir les doutes, les caprices ou les trouvailles des créateurs à quelques heures du "show". Karl Lagerfeld, qui dessine la collection Fendi, insiste pour que l'on rase les poils d'un manteau en agneau "pour que cela fasse moderne ". Sonia Rykiel minaude sur son trône avant de décider si un modèle défilera ou pas. Jack McCollough et Lazaro Hernandez les créateurs de Proenza Schouler s'y prennent à cinq fois pour ajuster le tombé d'un manteau. Jean Paul Gaultier s'inquiète de la température élevée dans l'atelier où s'affèrent les couturières. Toute cette effervescence, cette folie parfois, pour quelques robes peut faire sourire. Mais on devine aussi que derrière ce cirque se cachent des enjeux financiers. Surtout on s'extasie devant le savoir-faire des couturières de l'ombre sans lesquelles les créations les plus folles ne resteraient qu'à l'état d'idée ou de dessin. Le processus de création est "la combinaison étonnante de l'artisanat et d'une certaine hystérie décomplexée", résume Loïc Prigent. La caméra toujours vive du réalisateur passe entre les étages, les ateliers, les bureaux de presse, d'un ascenseur à une pièce secrète. "Il ne s'agit pas du portrait d'un créateur, mais du polaroïd le plus fidèle possible de ce qui se passe à l'instant "T" de la mode", explique le réalisateur. Tout cela est rythmé par ce compte à rebours frénétique, avant l'heure "H" du défilé qui paraît accessoire. Loïc Prigent (France, 2009, 4 x 52 minutes). Joël Morio et Joël Morio
09/01/2010
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https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/le-jour-d-avant_1289481_3238.html
REVENANTS, GEISHAS ET SAMOURAÏS
UNE SÉRIE D'HORREUR JAPONAISE, INÉDITE EN FRANCE, SITUÉE AUX XVIIE ET XVIIIE SIÈCLES
Des histoires de tromperie, d'adultère, de trahison et de cupidité conduisant toutes à des crimes ou des chagrins d'amour mortels... Située au temps de l'ère Edo (1603-1868) où la société était fortement hiérarchisée, "Au pays des fantômes" est une série d'horreur japonaise inédite en France. Tournée en 16 mm à la fin des années 1970, elle passionnera les férus de cinéma nippon. Car une grande partie de la série a été réalisée par deux maîtres du cinéma d'épouvante de l'époque : Nobuo Nakagawa (La Demeure du chat fantôme, L'Enfer, Histoire de fantômes japonais de 1959 et sorti en France... en 1994) et Teruo Ishii (L'Enfer des tortures, Femmes criminelles). Celui-ci a, par exemple, signé le deuxième épisode, particulièrement réussi, Okiku, la femme aux assiettes, de cette collection intitulée au Japon "Kaiki Jusanya" ("Les Treize Nuits de l'horreur"). On doit cette curiosité à la société Liliom Audiovisuel pour qui cette série "s'impose comme le chaînon manquant entre tous les films d'horreur japonais distribués en France depuis le succès de Ring, d'Hideo Nakata, et les classiques du genre redécouverts aujourd'hui grâce au DVD. " Liliom poursuit la restauration de la pellicule. Chacun des treize épisodes fait référence à des récits de fantômes fortement ancrés dans la culture populaire et met en scène des samouraïs, des yakuzas et des geishas, soit des luttes de pouvoir, rivalités entre chefs de guerre ou domestiques. Qui dit revenant à la voix douce, spectre tourmentant les assassins dit dissociation, confusion d'esprit. Ce sont bel et bien treize variations sur la folie qu'offre cette série fantastique aux plans stylisés, aux ralentis étudiés, aux effets de lumière bleutée, où la musique assourdit les hurlements d'effroi et rythme la chorégraphie de combats de sabre. Magistral ! "Au pays des fantômes", tous les samedis à 20 h 40, à partir du 16 janvier, sur Ciné Cinéma Club. M. S.
09/01/2010
vous
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TOLÉRANCE ZÉRO POUR LES MÉNAGÈRES FLINGUEUSES
ARTE DIFFUSE UNE NOUVELLE SÉRIE OÙ LES FEMMES AU FOYER SORTENT LES MITRAILLETTES
Desperate Housewives" croisé avec "Kill Bill", dit la chaîne en guise de présentation. Plutôt "Desperate Housewives" et "Absolutely Fabulous". Dans "Les Flingueuses", des femmes au foyer résidant dans une banlieue idéale, calme et prospère, ont mis leur bourgade en coupe réglée, et éradiqué la violence des rues. Une fois les hommes hors de leur vue, elles sortent leurs mitraillettes. Grâce à elles, plus un crime, nulle capuche de sauvageon à l'horizon, ni délit ni graffiti. C'est la tolérance zéro appliquée par des ménagères en twin-set, la terreur exercée par des mères de famille qui suent au cours de gym. Libérées, ces femmes-là ? Déchaînées plutôt. Classe moyenne, âge mur et attitude de petites pestes jouant les gros bras. Ici, la violence est de pacotille, l'hémoglobine n'effraie pas, la souffrance relève de la grimace. C'est peu dire que les dames de Little Stempington se crêpent le chignon, elles se menacent de mort à chaque épisode et lancent des bordées d'injures. Deux clans s'affrontent, celui des femmes, qui s'en tiennent au pacte initial - assurer l'ordre -, et les bourgeoises, qui ont franchi la ligne jaune en rackettant les commerçants. A leur tête, la belle Camilla (Anna Chancellor, repérée dans Quatre mariages et un enterrement et Le Guide du voyageur galactique), qui préside le club de bienfaisance. Et, pour passer de l'un à l'autre, une nouvelle venue dans la ville, Joyce, une oie blanche mêlée, contre son gré, à cette guerre larvée. OUTRANCE BURLESQUE On s'attendait à un feuilleton réaliste, un renouvellement des codes de la série mafieuse ("Les Sopranos", "Underbelly") par l'inversion des rôles sexués, la mise en scène du trafic d'armes et de drogues au sein d'une société matriarcale, à la manière des réseaux dirigés, aujourd'hui, par des veuves en Italie et en Amérique du Sud. Or, non, rien n'est crédible, le ton est à la comédie grotesque, à la caricature. Les hommes sont réduits à des stéréotypes - mari passif, chef de police aveugle, fils ingénu - bref des enfants auxquels les femmes maternantes ne se confient pas et qu'elles tiennent en dehors de leurs cachotteries criminelles. Le côté décalé de la série, l'outrance burlesque finissent par amuser. Il faut dire qu'il y a des scènes vraiment rigolotes, en premier lieu les soirées échangistes sous ecstasy, les réunions d'injections de Botox et le négoce illicite de patchs hormonaux aux oestrogènes afin de remonter le cours du temps, retrouver envie carnassière et pulsions sexuelles. Derrière le rire et les situations abracadabrantes de représailles, cette série de la BBC (14 épisodes de 25 minutes) dessine une réflexion sur les effets de la ménopause, sujet d'ordinaire tabou dans la fiction. "Les Flingueuses" de Gordon Anderson et Vito Rocco, avec Anna Chancellor, Felicity Montagu, Cathryn Bradshaw, Amelia Bullmore, Rachel Blake... Sur Arte, les mardis (à 22 h 35 le 12 janvier). Macha Séry
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/tolerance-zero-pour-les-menageres-flingueuses_1289470_3238.html
QUAND LE WEB COFINANCE LE CINÉMA
LA DISTRIBUTION DU FILM "LE SIFFLEUR" A ÉTÉ FINANCÉE PAR LES INTERNAUTES
L'événement n'est pas courant dans les salles obscures : Le siffleur, film de Philippe Lefebvre, avec François Berléand, Thierry Lhermitte et Virginie Efira, sorti sur les écrans mercredi 6 janvier, a en partie été financé par des internautes. Pour sa distribution, les visiteurs du site Peopleforcinema.com ont en effet été invités à verser leur obole. Au total, 372 internautes ont permis au film de récolter quelque 50 000 euros, soit une moyenne de 140 euros environ par personne. Un nouveau mode de financement bienvenu dans un secteur à la recherche d'alternatives économiques dans l'environnement du numérique qui bouscule les vieux modèles. En créant Peopleforcinema.com, Serge Hayat, spécialiste du financement du cinéma, et Simon Istolaien, ancien de chez MyMajorCompany (site où les internautes misent sur un artiste musical), ont préféré en rester au financement de la distribution. Des budgets trop importants, des retours sur investissement trop longs ne permettaient pas à l'opération de porter sur la production même du film. Sur Peopleforcinema.com, les internautes peuvent acheter des parts par tranches de 20 euros, et espérer des gains dès les premières places vendues. En échange, les investisseurs accèdent à du contenu original, des invitations à des avant-premières, des entretiens avec l'équipe du film, des goodies. "Cela permet aussi de porter un autre regard sur l'Hadopi, estime Serge Hayat. Les internautes sont plus respectueux des droits quand ils sont impliqués dans le financement des oeuvres." Le mouvement est en train de connaître un fort engouement. Touscoprod.com propose, comme son nom l'indique, de devenir coproducteur de films. Sur Kisskissbankbank.com, musique et cinéma devraient pouvoir trouver également de nouvelles sources de financement. Enfin, Tennis-angels.com permet de sponsoriser un jeune joueur de tennis en espérant qu'il intègre un jour le Top 100. Ah, la glorieuse incertitude du sport... O. Z.
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/quand-le-web-cofinance-le-cinema_1289459_3238.html
LIONEL JOSPIN S'EXPLIQUE SUR SA VIE ET JUSTIFIE SON PARCOURS POLITIQUE
L'ANCIEN PREMIER MINISTRE SOCIALISTE SE RACONTE DANS UN FILM EN DEUX PARTIES DE PATRICK ROTMAN
Tout commence et tout s'achève le 21 avril 2002, ce jour où Lionel Jospin, non qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, se retire de la vie politique. Une même séquence de scène politique désertée et de militants anéantis ouvre chacune des deux parties de Lionel raconte Jospin, le film de Patrick Rotman : Engagements (1937-1988) ; Pouvoirs (1988- 2002). Du bébé né à Meudon, dont le lit était surélevé par des livres de Voltaire, à l'homme de 72 ans, "heureux en dehors de toute fonction politique", qui fait du bateau avec son épouse, la philosophe Sylviane Agacinski, Lionel Jospin se balade dans sa vie, revisite son parcours politique. Avec une pudeur qu'il arrive à dompter et une sincérité qui séduit et suscite le respect. DU MILITANT AU DIRIGEANT Le film est un long monologue de deux fois 90 minutes, entrecoupé d'images d'archives et d'actualités - comme celles où, jeune haut fonctionnaire au Quai d'Orsay, il parle à la télévision du tiers-monde, et où, déjà, Jospin perce sous Lionel -, passionnant d'un bout à l'autre. Lionel Jospin, qui n'est pas un"ressasseur", parle de lui, se découvre, s'explique, se justifie, se complimente plus qu'il ne se critique, mais arrive parfois à fendre l'armure. Il conforte l'image d'un homme rigoureux plutôt qu'austère, qui a puisé dans son enfance "une certaine horreur des bavardages" et qui a sculpté la statue d'un politique ennemi du cynisme. Un anti-cynique. Du militant de l'UNEF, manifestant contre la guerre d'Algérie mais qui aurait été prêt à la faire, au premier ministre de la gauche plurielle, en passant par le premier secrétaire du Parti socialiste et le ministre de l'éducation nationale, tout Jospin défile. Les questions, rares, portent surtout sur son passé trotskyste et sur François Mitterrand. Il décrit son adhésion au groupuscule de Pierre Lambert comme un "engagement d'idées", plus qu'un "militantisme effectif". Un "antidote" au risque du "conformisme". Sur l'ancien président, Lionel Jospin dévoile son "intimité politique" avec lui, évoque ses désaccords, revient sur "la blessure" - son amitié avec Bousquet - qui l'a éloigné, mais lui garde respect et "gratitude". Censeur d'une cohabitation source de "confusion " et d'"hypocrisie", il fait un bilan très positif de ses cinq ans à Matignon, réservant ses flèches à Jacques Chirac et à Jean-Pierre Chevènement. A l'image, Ségolène Royal est alors omniprésente. Intruse dans le monologue. "Lionel raconte Jospin", dans "Infrarouge", les jeudis 14 et 21 janvier à 22 h 35 sur France 2. Egalement en livre au Seuil. Michel Noblecourt
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/lionel-jospin-s-explique-sur-sa-vie-et-justifie-son-parcours-politique_1289464_3238.html
"AVEC ""N.O.V.A."" L'IPHONE TIENT SON ""HALO"""
L'ÉDITEUR GAMELOFT PROPOSE UN JEU DE TIR CONVAINCANT AUX SÉRIEUX ATOUTS
Puisque l'heure est encore aux (bonnes) résolutions du début d'année, pourquoi pas laisser souffler les consoles de salon, rudement mises à l'épreuve en décembre, pour se tourner vers l'iPhone, dont on connaît la richesse ludique ? Et pourquoi pas commencer 2010 avec N.O.V.A. (pour Near Orbital Vanguard Alliance), un jeu de tir diablement efficace et parfaitement adapté aux contraintes du smartphone d'Apple ? Moyennant 5,49 euros (soit la fourchette haute des prix pratiqués sur l'App Store) et une centaine de Mo de mémoire disponible, N.O.V.A. propose treize niveaux de jeu assez nerveux dans un univers qui n'est pas sans rappeler celui de Halo, le jeu culte de tir à la première personne de la Xbox. Les développeurs de Gameloft ne sont en effet pas allés très loin pour chercher un référent digne de ce nom pour leur nouvelle création : le personnage principal (un marine américain obligé de reprendre du service), des vaisseaux spatiaux colonisés par des bestioles peu avenantes alors que l'humanité a dû fuir la Terre, une jolie collection d'armes qui s'étoffe au fil des missions... tout ici rappelle l'atmosphère futuristico-pessimiste de Halo. UNE JOUABILITÉ PARFAITE Qui pourrait s'en plaindre ? Car s'il est une chose que l'on découvre au fil des semaines passées à jouer sur mobile, c'est bien le peu d'importance que l'on accorde aux ressemblances entre des titres sortis sur consoles et ceux calibrés pour la mobilité. La rapidité des parties et le contexte de jeu - métro, train, salle d'attente, queue à la poste... - rendent le joueur nomade beaucoup plus indulgent. Qu'importe les "emprunts" pourvu que la jouabilité soit au rendez-vous ! Un détour sur le site Gameloft.fr confirme d'ailleurs cette tendance : Guitar Rock Tour 2 ressemble à s'y méprendre au célèbre Guitar Hero d'Activision...C'est donc avec de faux airs assumés d'Halo que N.O.V.A. tente de se faire une place au soleil de l'App Store. Pour cela, le titre dispose de sérieux atouts. Au premier rang desquels, une prise en main immédiate et une jouabilité parfaite (le pouce gauche pour se diriger, le droit pour envoyer l'artillerie lourde, la tête pour ne penser à rien). A tel point que le petit tutoriel du début se révèle presque inutile. En mode facile, les niveaux se parcourent rapidement. Les choses se corsent si l'on choisit les difficultés plus hardies (la plus dure ne pouvant être débloquée qu'après avoir terminé l'aventure en mode "normal"). Le nombre de vilains augmente alors sensiblement, et leur obstination à vous faire mordre la poussière s'en trouve décuplée. Un grand classique du genre. Visuellement, N.O.V.A. séduit par la profondeur de ses décors et le soin apporté aux textures sans pour autant révolutionner un genre battu et rebattu sur toutes les plates-formes. Pour le reste, les missions sont suffisamment variées pour vous faire oublier que le ressort principal du titre consiste à appuyer sur une gâchette pour envoyer ad patres les créatures qui se présentent dans le viseur. Une fois terminé, le jeu trouve une seconde vie avec un mode multijoueur convaincant. En local (Wi-Fi ou Bluetooth) ou par Internet mobile, N.O.V.A. se transforme en jeu de combat fratricide. Un bon moyen d'y revenir régulièrement une fois la campagne solo achevée. N.O.V.A., Gameloft, sur iPod Touch et iPhone, 5,49 euros. Sur AppStore et gameloft.fr. Guillaume Fraissard
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/avec-n-o-v-a-l-iphone-tient-son-halo_1289460_3238.html
UN AUTRE REGARD
TOUJOURS PLUS PROS, TOUJOURS PLUS WEB, LES MÉDIAS DE QUARTIER FONT ENTENDRE LEUR VOIX DE LA BANLIEUE
Triste constat", relevait, amer, le rapport 2009 du Club Averroès. D'après les conclusions de ce cercle d'acteurs et de défenseurs de la diversité dans les médias français, "l'année 2009 ne marque pas une pause, mais une régression", tant en matière de recrutements de journalistes dans les rédactions que de contenus des programmes. Et Harry Roselmack, le présentateur martiniquais de TF1, bien que sacré à plusieurs reprises "chouchou des Français", n'y peut rien."Les grands médias ignorent-ils donc que les habitants des quartiers populaires représentent entre 8 et 15 millions de Français, soit près d'un quart de la population ?, s'insurge Erwan Ruty, le fondateur de Ressources urbaines, une agence de presse créée en 2005 et qui se veut "l'agence des quartiers". Alors que le service public, en particulier, est censé s'intéresser à l'ensemble du public, le fossé qui l'en sépare est ahurissant, poursuit-il. A l'exception de France Ô - sorte de ghetto de la diversité -, nous vivons une situation de non-droit médiatique." Et les nouvelles chaînes de la télévision numérique terrestre (TNT), relève le rapport du Club Averroès, loin d'inverser la tendance, "reproduisent les schémas de leurs aînées hertziennes". Face à cette inertie, les médias de quartier contre-attaquent. Conscients de la nécessité comme des enjeux de leur existence, convaincus par ailleurs que la crise du traitement médiatique des banlieues, lors des émeutes de 2005, fut le signe d'une défiance plus profonde de l'ensemble de la société française vis-à-vis de la presse, blogs, webzines ou sites de vidéo Web issus des quartiers veulent aujourd'hui combler un vide. FINI LES TÉMOIGNAGES, PLACE AUX ARTICLES Quartiers sans cible à Bordeaux, Med'in Marseille dans la cité phocéenne, Regards 2 banlieue en Ile-de-France... Ils sont, d'après l'association Presse et cité, qui, depuis 2008, les fédère pour leur conférer davantage de visibilité, une petite cinquantaine à diffuser de l'information relative aux quartiers. A l'heure d'Internet, ce sont eux qui prennent le relais des radios et magazines alternatifs de naguère. Mais sans adopter leur ton militant et démonstratif pour autant : les "médias de proximité" - comme ils souhaitent être nommés afin d'être identifiés à une réalité sociale plutôt qu'ethnoculturelle - se veulent avant tout professionnels. Les fondamentaux du journalisme (pluralité des sources, recoupement des faits, quête d'objectivité qui n'empêche pas un regard personnel), voilà leurs assises. "Nous refusons la solution de facilité - sous-entendu : c'est chouette, c'est branché, c'est de quartier. Nous essayons toujours qu'il y ait une information derrière", souligne ainsi Antoine Menuisier, le rédacteur en chef du Bondy Blog, né dans la foulée des émeutes, fin 2005, et devenu la référence de cette nouvelle génération de médias (le site de Seine-Saint-Denis, hébergé par Yahoo! depuis novembre dernier, compte quelque 23 000 visiteurs chaque jour). D'ailleurs, insiste-t-il, "la plupart de nos jeunes bloggeurs et bloggeuses viennent aujourd'hui à nous dans une optique professionnelle : ils souhaitent devenir journalistes". Fini le règne du témoignage à tout prix. Place aux enquêtes, aux reportages, aux analyses et aux dossiers. DES MÉDIAS TRÈS FRAGILES Jusqu'à présent , cependant, et malgré plusieurs tentatives avortées, aucune véritable télévision des quartiers n'a encore vu le jour, ce qui peut sembler paradoxal au regard de la fascination qu'exerce l'image, omniprésente dans leur vie, auprès des jeunes de banlieue. Si les moyens financiers nécessaires au lancement d'une télévision restent un frein majeur, la situation devrait changer, selon Erwan Ruty, "avec l'émergence d'élites issues des quartiers", lesquelles vont suppléer à l'absence actuelle d'investisseurs. "Alors, il n'est pas impossible qu'un tel projet finisse par voir le jour. Mais faut-il pour autant le souhaiter ?" Car pointerait le risque - beaucoup plus appuyé, en termes d'impact, que dans le cadre d'un site Internet - de la ghettoïsation. Ce que redoutent et combattent par-dessus tous les acteurs de ces médias en voie de professionnalisation. "Vit local, pense global" : tel est le slogan de Med'in Marseille. De même, "on ne s'est jamais dit qu'on voulait parler aux jeunes des banlieues, on s'est plutôt dit qu'on voulait parler de la banlieue à qui voulait écouter", a toujours affirmé le Bondy Blog. Une démarche qui explique notamment le succès de ces deux sites dans un milieu médiatique où la durée de vie est très courte. "Ce sont des médias extrêmement fragiles, qui vivent de subventions publiques", explique Farid Mebarki, le président de Presse et Cité, association pour la connaissance des quartiers, créée par des membres de Ressources urbaines dans le but de prolonger son action et dont le site (presseetcité.info) est un portail ouvert à tous les médias issus des quartiers. "Jamais, insiste-t-il, on n'a vu tel fouillis d'initiatives. Certaines ont de véritables exigences journalistiques." Pour elles, la démarche à suivre est claire, selon Farid Mebarki : "S'inscrire dans une logique de passerelles avec les médias professionnels." Lorraine Rossignol
09/01/2010
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/01/09/un-autre-regard_1289462_3238.html
La mort d’un élève poignardé relance le débat sur la sanctuarisation des lycées
Poignardé, vendredi, par un camarade dans son établissement du Kremlin-Bicêtre, le jeune homme de 18 ans est décédé dans la nuit.
Hakim, le lycéen victime d'une agression au couteau, vendredi 8 janvier, au lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) est décédé. Hospitalisé dans un état grave à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, le jeune homme de 18 ans est mort dans la soirée après une intervention chirurgicale de six heures. Agressé à l'intérieur du lycée par un camarade pour un différend apparemment anodin, il avait été frappé au thorax. L'agresseur présumé, un autre élève qui a pris la fuite, a été interpellé par la police durant la nuit de vendredi à samedi. Le lycée avait fermé ses portes dès la mi-journée, et seuls les journalistes attendaient devant la grille l'arrivée des ministres de l'éducation et de l'intérieur, Luc Chatel et Brice Hortefeux venus rencontrer l'équipe éducative. Les deux ministres ont insisté sur le "plan de sanctuarisation" des établissements, mis en place depuis septembre 2009. Plan décidé par le président Sarkozy et le précédent ministre de l'éducation, Xavier Darcos, après l'intrusion, en mars, d'une bande dans un lycée de Gagny (Seine-Saint-Denis), puis, en mai, l'agression au couteau d'une enseignante de collège à Fenouillet (Haute-Garonne). Les ministres ont aussi évoqué les "diagnostics de sécurité" réalisés depuis dans de nombreux établissements sensibles. Celui du lycée Darius-Milhaud avait été fait en décembre et, selon eux, était "bon". En mai, la proposition de M. Darcos de multiplier les portiques de détection à l'entrée des établissements, avait été très critiquée. Ce nouveau drame tend à souligner l'absence de solutions simples. Venu un peu plus tôt sur place, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a indiqué que le lycée était "bien protégé", notamment par des portiques de sécurité et des caméras de vidéosurveillance installés depuis un an et demi. Une affirmation qui s'est avérée inexacte (voir encadré). Interrogé sur la pertinence de ces portiques, M. Hortefeux a prudemment répondu qu'il s'agissait d'une "piste", mais pas d'une "réponse unique". Il a également insisté sur le fait que ce "drame individuel" n'était pas lié à un "phénomène de bande". M. Chatel propose "à l'ensemble des proviseurs de lycée et des principaux de collège de faire respecter une minute de silence à la mémoire d'Hakim dans la journée du mardi 12janvier", et "suggère également d'organiser des temps de parole pour réfléchir collectivement sur la fraternité, le respect de l'autre et la dignité de la personne humaine". Il a aussi annoncé qu'il allait réunir les chefs d'établissement "la semaine prochaine" pour "faire le point sur les mesures de sécurisation". Parmi celles-ci figurent les "équipes mobiles de sécurité" (EMS) dont la mise en place, en cours dans toutes les académies, a été effectuée avec une large avance dans celle de Créteil, dont dépend le lycée Darius-Milhaud. Ce dispositif est composé à la fois de personnels de sécurité, au rôle dissuasif en cas de tension, et de personnels éducatifs. Ces derniers peuvent rester jusqu'à plusieurs semaines dans un établissement afin de "donner de l'air" à son équipe, explique Hervé Luxembourger, commissaire de police détaché comme conseiller "sécurité" du recteur de Créteil depuis la fin septembre2009. Du début octobre à la fin décembre, l'EMS de l'académie, comprenant 45 personnes, est intervenue sous des formes diverses dans près de soixante établissements qui en avaient fait la demande. Les responsables de l'académie sont par ailleurs unanimes pour souligner que le lycée Darius-Milhaud, particulièrement "bien tenu", ne connaît "ni laxisme ni mauvaise ambiance", et que rien ne laissait présager le drame survenu vendredi matin. Luc Cédelle et Elise Vincent
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/la-mort-d-un-eleve-poignarde-relance-le-debat-sur-la-sanctuarisation-des-lycees_1289446_3224.html
"Le médecin qui a décapité la CIA en Afghanistan a agi ""par vengeance"""
L'homme responsable de l'attaque suicide qui a décimé l'état-major de la CIA en Afghanistan explique son acte dans une vidéo diffusée samedi.
Humam Al-Balawi, le médecin jordanien qui s'est fait exploser dans une base de la CIA en Afghanistan en décembre, affirme, dans une vidéo diffusée samedi 9 janvier par Al-Jazeera, avoir agi pour venger le meurtre de Baïtullah Mehsud, l'ancien chef des talibans pakistanais. "C'est un message aux ennemis de la nation [islamique] : les services de renseignement jordaniens et la CIA", indique-t-il dans cette vidéo. "Nous dirons à notre émir Baïtullah Mehsud que nous n'oublierons jamais son sang. Il nous revient de le venger en Amérique et hors d'Amérique. Nous n'oublierons pas qu'il avait dit que cheikh Oussama ben Laden ne se trouvait pas sur notre sol [le Pakistan] mais que s'il y venait nous le protégerions. Il a tenu parole et en a payé le prix de sa vie", dit-il à propos de Mehsud, abattu par un drone américain en septembre. La vidéo montre notamment Humam Al-Balawi lors d'un exercice de tir "quelques jours avant l'attaque" contre la base de la CIA, a indiqué Al-Jazeera, qui n'a cependant pas diffusé la vidéo. Al-Balawi, que les enquêteurs soupçonnent de ne jamais avoir cessé d'oeuvrer pour Al-Qaida, apparaît également aux côtés d'Hakimullah Mehsud, nouveau chef de file des taliban pakistanais. Al-Balawi, qui travaillait vraisemblablement comme informateur pour les renseignements jordaniens et de la CIA, est parvenu à se rendre au sein d'une base de la CIA dans la province de Khost, le 30 décembre, sans être fouillé. Une fois à l'intérieur, il a déclenché sa ceinture d'explosifs, emportant avec lui une grande partie des dirigeants des services secrets américains sur place. Parmi les sept morts américains, cinq agents du contre-espionnage, dont deux femmes, et deux contractuels de la firme de sécurité privée Xe, l'ancienne Blackwater. Il s'agit l'attaque la plus meurtrière contre les services de renseignement américains depuis 1983.
09/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/09/le-medecin-qui-a-decapite-la-cia-en-afghanistan-a-agi-par-vengeance_1289444_3216.html
Au moins deux morts dans la fusillade contre l'équipe du Togo
La délégation du Togo a été mitraillée vendredi alors qu'elle passait en bus la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola pour se rendre à la Coupe d'Afrique des nations.
Au moins deux personnes sont mortes après l'attaque meurtrière dont a été victime l'équipe du Togo à la frontière de l'Angola, vendredi 8 janvier, alors qu'elle se rendait à la Coupe d'Afrique des nations (CAN). La délégation du Togo a été mitraillée vendredi alors qu'elle passait en bus la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola. Cette attaque a été revendiquée par le Front de libération de l'enclave de Cabinda (FLEC), qui milite depuis 1975 pour l'indépendance de cette bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville. "Le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur adjoint Abalo Amelete ont rendu l'âme à quatre heures au petit matin", a déclaré Kodjo Samlan, chargé de presse pour le Togo par la CAF (Confédération africaine de football) et arrivé samedi matin à Cabinda avec la délégation de la CAF. La télévision togolaise a confirmé le nouveau bilan de "deux morts et un blessé grave". Un premier bilan délivré par la Fédération togolaise, qui parlait de neuf blessés parmi les joueurs et les officiels de l'équipe, faisait également état de la mort d'un chauffeur, une information qui n'a été confirmée ni par M. Samlan ni par la télévision togolaise. Le gouvernement togolais a précisé, dimanche, que le chauffeur était vivant mais "en soins intensifs". L'état du deuxième gardien de la sélection, Kodjovi Obilale, évacué vers l'Afrique du Sud, serait également préoccupant. Alors que son décès avait dans un premier temps été annoncé dans l'après midi, Obilale a bien été hospitalisé samedi après-midi à Johannesburg, où il devait être rapidement opéré, selon le responsable de l'établissement. "Il est conscient et dans un état stable", a déclaré le président du groupe médical privé qui détient la grande clinique de Milpark, Dr Richard Friedland, lors d'une conférence de presse. Obilalé, 25 ans, "souffre de deux blessures par balles dans le bas du dos et dans l'abdomen", a précisé le responsable du groupe Netcare. "Nous envisageons de l'opérer très rapidement", a ajouté le Dr Friedland. "NOUS ALLONS RENFORCER TOUS LES MÉCANISMES DE SÉCURITÉ" D'après les informations du gouvernement angolais, l'attaque aurait eu lieu "dix kilomètres après le passage de la frontière entre le Congo et l'Angola". Les auteurs sont ensuite retournés en République du Congo, selon Luanda. Un haut responsable de la CAF s'est toutefois étonné que le Togo soit la seule équipe à voyager en bus. "Toutes les équipes avaient leur plan de vol, sauf une, le Togo", regrette-t-il. Le gouvernement angolais et les instances de la CAF ont immédiatement souligné que la compétition aurait bien lieu, et que les mesures de sécurité seraient augmentées. "Nous allons renforcer tous les mécanismes de sécurité afin de réunir toutes les conditions pour garantir le succès, la tranquillité, et la sécurité des personnes et des biens", a soutenu le ministre des sports angolais, Gonçalves Muandumba. Samedi, lors d'un entretien à Luanda avec le président de la Confédération africaine de football (CAF) Issa Hayatou, le Premier Ministre angolais "a estimé que l'incident de Cabinda était un acte isolé et a réitéré que la sécurité de l'équipe du Togo et des autres sélections était garantie", selon un communiqué du comité local d'organisation. Tout en reconnaissant que l'équipe du Togo avait été victime d'un "acte terroriste", le chef du gouvernement Paulo Kassoma a "garanti que toutes les conditions de sécurité sont réunies" pour le déroulement de la compétition, qui s'ouvre dimanche, ajoute le texte."Le gouvernement angolais souhaite offrir toute sa compassion et apporter son soutien moral à la délégation togolaise", a déclaré M. Kassoma selon le communiqué, affirmant également que "le plus grand soin médical" était offert aux blessés. Les matches prévus au Cabinda pourraient par ailleurs être transférés dans la capitale, Luanda. ADEBAYOR EST PARTI D'après la BBC et l'agence AP, la sélection togolaise aurait pourtant décidé de se retirer de la compétition. L'agence Reuters précise qu'Emmanuel Adebayor, le capitaine du Togo, a quitté l'Angola samedi et ne participera pas à la CAN, en citant un porte-parole de son club, Manchester City. "Il est sur le chemin du retour en provenance d'Angola mais nous ne savons pas exactement où se rend son avion", a dit Simon Heggie à Reuters. "Le club a été en contacts permanents avec Emmanuel, nous avons parlé avec ses conseillers et avec sa compagne et il revient chez lui", a-t-il ajouté. "En tant que capitaine de mon équipe nationale je peux dire que si la sécurité n'est pas assurée, alors peut-être que nous partirons demain", avait déclaré Adebayor samedi matin au micro de la BBC. "Nous allons prendre la décision qui sera la bonne pour nos carrières, nos vies et nos familles. Au bout du compte, il ne s'agit que de football, avait relativisé le Togolais. De nombreux joueurs veulent partir. Ils ont vu la mort et veulent rentrer auprès de leurs familles."
09/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/09/malgre-la-fusillade-contre-l-equipe-du-togo-la-can-aura-bien-lieu_1289439_3242.html
L'agresseur présumé de l'élève poignardé placé en garde à vue
Arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à Ivry-sur-Seine, le lycéen soupçonné du meurtre d'un camarade de lycée vendredi matin n'explique pas son geste pour l'instant.
Arrêté dans la nuit de vendredi à samedi, à Ivry-sur-Seine, le lycéen soupçonné du meurtre d'un camarade vendredi matin dans un établissement scolaire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) n'explique pas son geste pour l'instant, a rapporté samedi 9 janvier le procureur de Créteil, Jean-Jacques Bosc. Le jeune meurtrier présumé, âgé de 18 ans, a été placé en garde à vue avant l'ouverture probable, lundi, d'une information judiciaire pour "homicide involontaire". "Est-ce qu'il avait amené exprès le couteau, est-ce qu'il avait l'habitude de se promener avec un couteau, il y a des choses qu'il faudra que l'enquête détermine", a ajouté M. Bosc. La victime âgée de 18 ans, Hakim, a succombé à ses blessures vendredi soir à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. Selon le procureur de Créteil, il a été frappé par trois coups de couteau. Les faits se sont produits vendredi matin vers 10 h 30 au lycée Darius-Milhaud, lorsqu'une dispute a éclaté entre deux jeunes hommes. L'un d'eux a sorti un couteau et poignardé l'autre au thorax, dans la région du cœur. DIFFÉREND PERSONNEL Selon les premiers éléments de l'enquête, un différend personnel à propos de la sœur de la victime serait à l'origine du drame. Décrit comme un jeune "en rupture familiale", l'agresseur présumé était hébergé depuis environ un mois par une amie de son frère, selon le procureur. Il avait changé "plusieurs fois d'établissement depuis la rentrée", mais n'avait pas d'antécédents judiciaires, et "aucun antécédent défavorable au niveau scolaire", a précisé Richard Srecki, chef de la sûreté territoriale du Val-de-Marne. Ce lycéen étudiait dans la même classe que la sœur de la victime. Il aurait interpellé la jeune fille de façon désinvolte jeudi, et celle-ci s'en serait plaint à son grand frère, Hakim, scolarisé dans le même établissement. Cherchant à avoir une explication, Hakim serait alors allé à la rencontre de son agresseur lors d'un intercours vendredi matin, et aurait reçu les coups de couteau. L'arme n'avait pas été retrouvée samedi après-midi.
09/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/09/le-lyceen-poignarde-dans-un-lycee-de-seine-et-marne-est-mort_1289437_3224.html
Clermont gagne à Toulouse et prend la tête du Top 14
Clermont s'est emparé de la première place du Top 14 de rugby grâce à son succès (16-15) à Toulouse, dimanche en épilogue de la 18e journée, à égalité de points avec Castres, battu (0-15) samedi à Montpellier.
Clermont s'est emparé de la première place du Top 14 de rugby grâce à son succès (16-15) à Toulouse, dimanche en épilogue de la 18e journée, à égalité de points avec Castres, battu (0-15) samedi à Montpellier. Les Clermontois devancent les Castrais grâce à une meilleure différence globale entre les points marqués et encaissés, les deux équipes étant à égalité parfaite en confrontation directe (match nul 9-9 le 5 novembre). Menés 15 à 9 à la mi-temps après deux essais toulousains de Shaun Sowerby et Vincent Clerc, les Clermontois ont emporté la décision à un quart d'heure du terme grâce à un essai de l'ouvreur néo-zélandais Tasesa Lavea transformé en coin par Morgan Parra. Le Toulousain Frédéric Michalak a manqué la pénalité de la victoire à la sirène. Le Stade Toulousain, qui marque un point de bonus défensif, est troisième à égalité de points avec Perpignan, vainqueur (31-12) vendredi du Racing-Métro. Clermont n'avait plus occupé la première place depuis la 9e journée.
10/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/10/clermont-gagne-a-toulouse-et-prend-la-tete-du-top-14_1289881_3242.html
L'ex-femme de Bertrand Cantat s'est suicidée
Kristina Rady, l'ancienne épouse du chanteur de Noir Désir, a mis fin à ses jours dimanche à Bordeaux.
Le chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, a été auditionné, dimanche 10 janvier, par la police judiciaire saisie par le procureur de la République après le suicide de son ex-compagne, Kristina Rady, dans le centre de Bordeaux. Bertrand Cantat, "digne et abattu", est ressorti des locaux de la PJ après avoir été auditionné. "Selon les premières constatations confirmés par certains éléments techniques, le décès est dû à un suicide par pendaison", a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Une autopsie devait être pratiquée dans la journée. Le chanteur, 45 ans, se trouvait au domicile de Kristina Rady, 41 ans, et dormait au moment où son ancienne épouse s'est donné la mort, dimanche, a-t-on expliqué de même source. Les deux enfants du couple, un garçon de 12 ans, et une fille de 7 ans, n'étaient pas au domicile au moment des faits. C'est l'un d'entre eux qui a découvert sa mère à la mi-journée en rentrant chez lui. Kristina Rady, interprète de formation, femme de lettres, de théâtre et traductrice, et Bertand Cantat s'étaient rencontrés en 1993, lors d'un festival à Budapest. Marié en 1997, le couple s'était séparé peu après la naissance de sa fille, le chanteur ayant fait la connaissance de l'actrice Marie Trintignant. Kristina Rady a toujours fait montre d'un soutien sans faille à l'égard de son ancien compagnon lorsque celui-ci a été poursuivi et condamné le 24 mars 2004 à huit ans de prison par un tribunal de Lituanie, pour avoir porté des coups mortels à sa nouvelle compagne, Marie Trintignant, au cours d'une violente dispute survenue en juillet 2003 à Vilnius. Dès l'annonce du drame à Vilnius, Kristina Rady avait pris résolument la défense de son ex-mari, pour le "soutenir, sans juger, sans prendre part". "Je n'ai jamais subi de violence de la part de Bertrand. Au contraire, dans ses rapports privés comme publics, il privilégiait la discussion, le fait de comprendre certaines choses dans la vie d'un couple", avait-elle notamment déclaré à l'époque lors d'une conférence de presse dans le studio d'enregistrement du groupe à Bègles, dans la banlieue bordelaise. Figure emblématique et parolier de Noir Désir, Bertrand Cantat a été libéré en octobre 2007, dans le cadre d'une mesure de liberté conditionnelle.
10/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/10/l-ex-femme-de-bertrand-cantat-s-est-suicidee_1289873_3382.html
Coupe de France : Plabennec sort Nice, l'OM et Paris passent
Les Bretons de Plabennec ont battu l'OGC Nice (2-1), alors que le tenant du titre guingampais s'est aussi qualifié lors des 32es de finale. L'OM bat Trélissac (2-0), Paris sort Aubervilliers (5-0).
Plabennec (National) a créé la sensation dimanche en se qualifiant pour les 16e de finale de la Coupe de France en éliminant 2 à 1 Nice (L1), dans une compétition tronquée par le froid, avec 13 matches sur 32 reportés en raison des intempéries. Nice, diminué par les joueurs partis à la CAN mais qui évoluait avec sa nouvelle recrue Digard, devient le premier club de l'élite éliminé par une formation de rang inférieur dans ces 32e. Le héros du jour s'appelle Jean-Michel Abiven, capitaine breton, auteur d'un doublé. "On savait qu'on pouvait le faire", a déclaré Abiven au micro d'Eurosport après le match. "Le problème, c'est que dans le coin, on nous donnait favoris, on nous disait : il y a beaucoup de joueurs partis à la CAN à Nice, il y a de la neige, vous devez les battre. Là, on avait la pression là-dessus." "On est une National qui bat une L1, ce n'est pas forcément illogique, mais on est peu atypique, on est 18e de National, on se bat au fond du classement," a continué le capitaine breton. Même joie mêlée de professionnalisme chez l'entraîneur de Plabennec, Franck Kerdilès : "c'est exceptionnel, c'est une grande page du club qu'on a écrit, on va savourer tout ça, c'est magnifique, dire qu'on était menés 1 à 0. Mais la priorité c'est le maintien, il va falloir recadrer les joueurs." Avant Plabennec, Vesoul, équipe de CFA, avait crée une petite surprise samedi en éliminant Laval (L2) après prolongation (2-1). Dimanche, le tenant du titre, Guingamp (L2) est venu à bout 2 à 0 de Bompchamp-les-Laval (DH). L'OM, lui, a tout fait pour éviter une mauvaise surprise en s'imposant à Périgueux contre Trélissac (CFA2). C'est Ben Arfa, au terme d'une belle action personnelle, qui a ouvert le score, avant que Cheyrou ne l'aggrave (2-0). LA LIGUE 1 TIENT LE COUP Samedi, les équipes de L1 entrées en lice, avaient tenu leur rang. L'OL, très attendu après une fin d'année 2009 crispante, a évité le piège de Strasbourg (L2) en s'imposant 3 à 1 avec un doublé de Bastos et un Gomis en pleine forme, auteur d'un but et d'une passe décisive. Bordeaux a fait le métier avec un petit 1 à 0 pour éliminer Rodez (Nat), qui avait ridiculisé le PSG en 8e de finale l'an passé. Un PSG qui a facilement écarté Aubervilliers (CFA2) dans un derby francilien à sens unique (5-0). Rennes, finaliste l'an dernier, s'est qualifié tranquillement 2 à 0 aux dépens de Caen (L2). Et Briand, un des joueurs français les plus suivis au mercato, a inscrit son premier but en 10 mois depuis son retour de blessure. Boulogne (L1) s'est amusé 4 à 1 contre Seclin, autre formation nordiste, en DHR. Toulouse n'a pas eu autant de plaisir et s'est contenté du service minimum 1 à 0 contre les Herbiers (CFA). Monaco a carrément souffert avec une séance de tirs au but contre Tours (4 t.a.b à 3; 0-0 a.p.). Ruffier fut le grand homme de ce match, arrêtant notamment un tir de Giroud, meilleur buteur de L2. Ces 32e de finale ont été marqués par le report de 13 matches en raison des conditions climatiques. La FFF, organisatrice de l'épreuve, et les chaînes de télévision, diffuseurs, ont été placés sur le banc des accusés. Et le débat sur les matches programmés en hiver est relancé. "Ce n'est pas normal de jouer des matches à 20h45 dans ces conditions, c'est la Fédé qui décide", a ainsi vitupéré Antoine Kombouaré, entraîneur du PSG.
10/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/10/coupe-de-france-plabennec-sort-nice-guingamp-assure_1289857_3242.html
Le chanteur Mano Solo est mort
Le chanteur est décédé dimanche à Paris à l'âge de 46 ans des suites de plusieurs anévrismes.
"Mes amis ne pleurez pas, le combat continue sans moi. Tant que quelqu'un écoutera ma voix, je serai vivant dans votre monde à la con",chantait Mano Solo en 1997 sur l'album Je sais pas trop, un de ses albums les plus personnels."J'ai tellement parlé de la mort, que j'ai cru la noyer, la submerger de ma vie, l'emmerder tant et tellement, qu'elle abandonne l'idée même de m'emmener avec elle", disait-il encore dans la chanson "C'est plus pareil". Le chanteur à la voix déchirante et reconnaissable entre mille est décédé, dimanche 10 janvier, à Paris des suites de plusieurs anévrismes à l'âge de 46 ans. Atteint du sida depuis de nombreuses années, il avait été hospitalisé après son dernier concert à l'Olympia à Paris, le 12 novembre. "Il a lutté courageusement pendant deux mois et jusqu'au bout contre plusieurs anévrismes", a indiqué sa famille. Fils du dessinateur Cabu et d'Isabelle Monin, cofondatrice du magazine consacré à l'écologie La Gueule ouverte, Mano Solo était né le 24 avril 1963 à Châlons-sur-Marne. C'est sa mère, sous son pseudonyme d'Isamona, qui a annoncé sa mort sur le forum de ManoSolo.net : "Il ne viendra plus. Il ne viendra plus nous invectiver. Il ne viendra plus nous encourager. Il ne viendra plus nous donner tout ce qu'il avait : son talent, sa force, son élan, sa générosité", écrit-elle. 100 000 EXEMPLAIRES VENDUS POUR "LA MARMAILLE NUE" Son œuvre engagée et musicalement riche lui a valu trois Disques d'or. Au fil de ses albums (une dizaine), il a réussi à marier la chanson réaliste et le rock indépendant, avec des sonorités variées issues du tango, du flamenco, de la java parisienne, de rythmes africains et du jazz manouche. C'est en 1993 qu'il rencontre le succès avec La Marmaille nue, un album où le chanteur, alors âgé de 30 ans, raconte notamment la drogue et la délinquance de son adolescence. "A quinze ans du matin / J'’ai pris par un drôle de chemin / Des épines plein les bras / Je me suis troué la peau mille fois / A dix-huit ans du matin / J'étais dans un sale pétrin / Jouant du poing, de la chignole, de la cambriole, du vol des bagnoles / Ça fait du temps, maintenant, inexorablement", lance-t-il dans la chanson "A quinze ans du matin". Un album qui s'écoulera à plus de 100 000 exemplaires. Visage anguleux, look un peu punk – il était flanqué sur scène de sa chienne, un berger allemand –, Mano Solo se situait "entre Damia et Tom Waits", comme l'écrivait Le Nouvel Observateur. Il s'impose comme un poète sur la scène française, n'hésitant pas à dire sa douleur dans ses chansons ni à aborder les thèmes sociaux les plus durs. Mais c'est surtout dans la maladie qu'il puise son inspiration. Atteint du sida, contracté dans les années 1980, l'artiste choisit de le dire : "J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que je ne suis plus séropositif. La mauvaise, c'est que j'ai le sida !", lance-t-il au public en octobre 1995 un soir de concert au Bataclan.Dans une interview publiée en 1997 par Le Nouvel Obs', il raconte ce qu'il a ressenti lorsqu'il a appris sa séropositivité : "En une seconde, j'ai basculé dans un autre monde, je n'étais plus le même homme. Et puis, surtout, une oppression : je crois que j'ai perdu ma liberté, ce jour-là. L'insouciance, la liberté de se tromper, de perdre du temps." Le succès est également au rendez-vous pour Les Années sombres, en 1995, et Mano Solo s'installe dans le paysage musical français, où il est suivi par de nombreux fidèles. Au fil des années, ses albums se font plus politiques, notamment avec l'album Les Frères misères réalisé avec son groupe Les Chihuahuas. "Il ne suffit pas de s'offusquer / Quand on tue un étranger / De dire que la France a la merde au cul / Qu'à Orange Toulon ça pue / Il ne suffit pas de s'étonner devant les scores de Le Pen", chante-il ainsi dans"Il ne suffit pas". Si ses albums se font plus engagés, ils sont aussi plus positifs (Dehors) : "Le son du tambour est mon meilleur ami / Chaque jour il me ramène la vie / Il bouscule mon sommeil me promet monts et merveilles / Et donne au temps sa propre mesure / Cicatrisant toutes les blessures." A la sortie de son dernier disque, Rentrer au port, en septembre, il expliquait sur Europe 1 son besoin de parler sans détours des choses de la vie : "On se met à travailler un peu désespérément en se disant 'est-ce qu'on va avoir quelque chose à dire ?' Et puis finalement oui, parce que de toute façon on vit."
10/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/10/le-chanteur-mano-solo-est-mort_1289854_3382.html
Quatre membres présumés d'ETA arrêtés en France et au Portugal
Quatre membres présumés de l'organisation séparatiste armée basque ont été arrêtés samedi soir en France et au Portugal.
Quatre membres présumés de l'organisation séparatiste armée basque ETA ont été arrêtés, samedi soir en France et au Portugal, ont annoncé dimanche 10 janvier le ministre espagnol de l'intérieur et des sources judiciaires françaises. "Il y a eu deux opérations cette nuit, et quatre étarras présumés arrêtés", deux en France et deux au Portugal, a déclaré le ministre Alfredo Perez Rubalcaba. Selon une source judiciaire française, un homme et une femme ont été arrêtés vers 22 h 30 : ils se trouvaient dans une voiture volée et avaient dû s'arrêter sur le bas-côté d'une route en raison des intempéries près de Clermont-Ferrand (centre). Ils ont été interpellés près d'une cache, où ils venaient semble-t-il de prendre de l'argent. Ils étaient armés, avaient un jeu de fausses plaques d'immatriculation et des faux papiers, a-t-on précisé de même source. Pour le ministère de l'intérieur espagnol, il s'agit d'Iæaki Iribarren Galbete et d'Eider Uruburu Zabaleta, membres de "l'appareil logistique militaire" de l'organisation. Par ailleurs, un homme et une femme ont été arrêtés par la police portugaise dans le nord du pays, au moment où ils s'enfuyaient d'Espagne, après y avoir échappé à la garde civile. Dans l'opération, une fourgonnette, à l'intérieur de laquelle "des explosifs, des armes et des documents" ont été trouvés, a été saisie, a déclaré M. Rubalcaba. L'ETA, qualifié de mouvement terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, est considéré comme responsable de 828 morts en plus de 40 ans de violences pour l'indépendance du Pays Basque. En 2009, 124 membres présumés de l'ETA ont été arrêtés en Espagne et en France, selon le gouvernement espagnol.
10/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/10/quatre-membres-presumes-d-eta-arretes-en-france-et-au-portugal_1289851_3214.html
Croatie : le social-démocrate Josipovic remporte la présidentielle
Ivo Josipovic est arrivé largement en tête de la présidentielle devant l'indépendant Milan Bandic, selon des résultats quasiment définitifs.
Le social-démocrate Ivo Josipovic a été élu, dimanche 10 janvier, président de la Croatie, selon les résultats quasi définitifs du second tour de l'élection présidentielle présentés par la Commission électorale centrale. M. Josipovic a obtenu 60,29 % de voix, selon ces résultats portant sur les bulletins dépouillés dans 99,62 % des bureaux de vote. Son adversaire, le maire de Zagreb, Milan Bandic, a recueilli, 39,71 % de voix. Plus de 4,4 millions d'électeurs avaient été appelés à participer à ce scrutin, dont le taux de participation a été de 50,28 %. Membre du Parti social-démocrate (SDP), M. Josipovic, 52 ans, est devenu ainsi le troisième président de cette ex-république yougoslave, depuis son indépendance en 1991. "Je veux une Croatie européenne (...) non seulement par son adhésion à l'UE mais aussi en partageant les valeurs que nous défendons : celles de la démocratie, de la liberté, des droits de l'homme, du respect des lois, des droits des minorités et de la liberté religieuse", a déclaré M. Josipovic après l'annonce des résultats devant un parterre de partisans. "Nous voulons tous vivre dans un pays où le travail est payé et les délits sont punis, un pays de la justice et de la sécurité sociale", a-t-il poursuivi. M. Bandic, 54 ans, qui a été exclu du SDP pour avoir présenté sa candidature en tant qu'indépendant à la présidentielle, a félicité le vainqueur du scrutin. UNE COHABITATION "LA PLUS LISSE POSSIBLE" AVEC LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR Cheveux grisonnants, lunettes, le maintien empreint d'une certaine rigidité, M. Josipovic est expert en droit pénal international mais aussi compositeur de musique classique. Sa biographie n'est pas entachée d'accusations de corruption. Mais ses détracteurs lui reprochent son "manque de charisme" et d'expérience politique. Dans son programme, il s'est engagé notamment à ce que la Croatie intègre l'UE avant 2012, à relancer l'économie frappée par une grave récession, et à combattre fermement la corruption qui ronge la haute administration et des entreprises d'Etat. M. Josipovic devra cohabiter deux ans avec le gouvernement conservateur de la première ministre, Jadranka Kosor, des élections législatives étant prévues fin 2011. Mme Kosor a déclaré à la presse qu'elle entendait œuvrer avec M. Josipovic pour l'intégration dans l'UE et comptait sur son soutien dans la lutte contre la corruption. "Je crois que M. Josipovic va apporter son soutien à mon gouvernement dans l'ensemble de ses efforts", a-t-elle dit. Pendant la campagne électorale, M. Josipovic a tendu la main à Mme Kosor en souhaitant une cohabitation "la plus lisse possible". Dans cette "république parlementaire", le président partage les pouvoirs avec le gouvernement. Commandant suprême des forces armées, le chef de l'Etat a notamment des prérogatives en matière de politique extérieure et concernant la nomination des dirigeants des services de renseignement. L'actuel président, Stipe Mesic, 75 ans, un centriste au pouvoir depuis 2000 et qui a piloté l'entrée du pays dans l'OTAN en 2009, ne pouvait se représenter, la Constitution limitant à deux le nombre des mandats (de cinq ans chacun) que peut exercer le chef de l'Etat. La cérémonie de passation des pouvoirs entre M. Mesic et M. Josipovic est prévue pour le 18 février.
10/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/10/second-tour-de-l-election-presidentielle-en-croatie_1289837_3214.html
Ski : Julien Lizeroux gagne le slalom d'Adelboden
A un mois des JO de Vancouver (Canada), le Français Lizeroux a remporté dimanche le slalom d'Adelboden en Suisse lors d'une épreuve de la Coupe du monde.
Le Français Julien Lizeroux a réalisé une belle performance dimanche 10 janvier en gagnant le slalom d'Adelboden, sa troisième victoire en Coupe du monde de ski alpin, devant l'Autrichien Marcel Hirscher et le Croate Ivica Kostelic. Lizeroux, dossard 1, n'avait signé que le douzième temps de la première manche, avec 1 sec 15 de retard sur le plus rapide de la matinée, le Suédois Mattias Hargin, mais le vice-champion du monde a mis les gaz sur le second tracé au point de signer le temps de référence. Bien installé en tête, le Français a ensuite vu tous ceux qui l'avaient dépassé trois heures plus tôt échouer derrière lui. Cinquième à Levi, septième à Alta Badia, troisième à Zagreb mercredi, et vainqueur dimanche, le skieur de La Plagne confirme sa montée en puissance à un mois des jeux Olympiques de Vancouver et remonte à quatre points de l'Autrichien Reinfried Herbst au classement de la Coupe du monde de slalom. Ce dernier, deuxième meilleur chrono du premier tracé, est sorti de piste à quelques mètres de l'arrivée. L'Autrichien Benjamin Raich, 4e dimanche, conserve la tête du classement général de la Coupe du monde. Les Italiens, auteurs d'un doublé à Zagreb, n'ont pas été non plus à la fête : Guiliano Razzoli, vainqueur en Croatie, a chuté en première manche, et Manfred Moelgg, deuxième quatre jours plus tôt, en seconde.
10/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/10/ski-julien-lizeroux-gagne-le-slalom-d-adelboden_1289838_3242.html
Un journaliste britannique tué en Afghanistan
Rupert Hamer, journaliste au "Sunday Mirror", a été tué lors d'une explosion en Afghanistan, et son collègue photographe grièvement blessé.
Un journaliste britannique du Sunday Mirror a été tué samedi dans une explosion dans le sud de l'Afghanistan et l'un de ses collègues a été grièvement blessé, a annoncé dimanche 10 janvier le ministère britannique de la défense (MoD). Rupert Hamer, correspondant de l'hebdomadaire dominical britannique en charge des questions de défense, accompagnait une patrouille américaine au nord-ouest de Nawa, dans le sud de l'Afghanistan, lorsqu'un engin artisanal a explosé. Il est décédé sur place, malgré les efforts pour le réanimer. Un autre journaliste du Sunday Mirror, le photographe Philip Coburn, a été blessé et se trouve dans un "état grave mais stable", a indiqué le ministère. Un soldat américain et un soldat afghan ont également été tués dans cette explosion. Quatre autres soldats américains ont été grièvement blessés. "COURAGE, TALENT, ET DÉVOUEMENT" Le premier ministre britannique Gordon Brown s'est dit "profondément attristé par cette tragique nouvelle". Exprimant ses "sincères condoléances et sympathie" aux familles des deux journalistes, M. Brown a salué leur "courage, talent, et dévouement" à leur travail. Le ministre britannique de la défense Bob Ainsworth leur a également rendu hommage, en disant éprouver une "grande tristesse". "Rupert Hamer et Phil Coburn m'ont accompagné lors de mon dernier voyage en Afghanistan", a-t-il expliqué. "J'ai appris à les connaître et j'ai été impressionné par leur sens du travail et leur professionnalisme." Cet incident montre "les risques aussi encourus par les journalistes pour garder le public informé des événements sur la ligne de front", a ajouté M. Ainsworth. Selon le ministère britannique des affaires étrangères, Rupert Hamer serait le premier journaliste britannique tué en Afghanistan. A la fin décembre, une journaliste canadienne de 34 ans, Michelle Lang, qui travaillait pour le quotidien Calgary Herald, avait été tuée dans le sud de l'Afghanistan en même temps que quatre soldats canadiens, lorsqu'une bombe avait explosé au passage de leur véhicule blindé.
10/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/10/un-journaliste-britannique-tue-en-afghanistan_1289834_3216.html
François Hollande se voit à l'Elysée, pas à la Cour des comptes
Pressenti pour succéder à Philippe Séguin, l'ancien premier secrétaire socialiste préfère se concentrer sur sa candidature aux primaires.
François Hollande, pressenti pour succéder à Philippe Séguin à la tête de la Cour des comptes, a officiellement écarté cette possibilité, préférant se concentrer sur sa candidature aux primaires socialistes. "Ce n'est pas mon destin" a répondu l'ancien premier secrétaire socialiste sur Europe 1, lors qu'il a été interrogé sur la succession de M. Séguin, décédé jeudi. Car François Hollande vise les primaires du PS, puis l'élection présidentielle. "Je ne suis plus dans les petits rôles ou dans les personnages secondaires. Je me prépare pour être candidat", a-t-il déclaré, se prononcant à nouveau pour que le scrutin ait lieu un an avant la présidentielle. "Je considère qu'une élection présidentielle, ça se prépare longtemps à l'avance. Le plus tôt sera le mieux", a-t-il soutenu. M. Hollande, dont le corps d'origine est la Cour des comptes, a estimé qu'il y avait "au sein même de cette institution des hommes ou des femmes suffisamment remarquables" pour prendre la suite de Philippe Séguin. Au passage, il s'est opposé à l'idée que Nicolas Sarkozy désigne un homme politique à la tête de l'institution. "Pour une grande institution indépendante, il est très important que la nomination soit faite avec des règles qui soient celles de la promotion des magistrats de cette institution", a-t-il souligné.
10/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/10/francois-hollande-se-voit-a-l-elysee-pas-a-la-cour-des-comptes_1289828_823448.html
Ski : Vonn gagne le super-G et signe un triplé en Autriche
Lindsay Vonn s'est imposée dimanche 10 janvier lors du super-G de Haus im Ennstal.
La skieuse américaine, Lindsey Vonn, a signé son premier triplé en remportant dimanche 10 janvier le super-G de Haus im Ennstal après avoir enlevé les deux descentes disputées vendredi et samedi dans la station autrichienne. Vonn est leader de la Coupe du monde de ski alpin. A un mois des jeux Olympiques de Vancouver, la championne du monde de descente et super-G empoche ainsi sa 28e victoire en Coupe du monde, sa sixième cette saison. La double tenante du grand globe de cristal en profite pour creuser un peu plus l'écart au classement général sur l'Allemande Maria Riesch, qui a commis une grosse faute sur le bas du parcours. Au terme de 1 min 26 secondes et 69 centièmes de course, Vonn a devancé de plus d'une demi-seconde la Suédoise Anja Paerson, l'ancienne reine du circuit déjà sur le podium vendredi. L'Italienne Nadia Fanchini et la Suissesse Martina Schild partagent la troisième place. Vonn était passée déjà tout près d'un triplé à Lake Louise dans les Rocheuses canadiennes début décembre. Elle avait gagné les deux premières descentes, avant de se voir priver d'une troisième victoire d'affilée pour quelques centièmes par l'Autrichienne Elizabeth Goergl.
10/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/10/ski-vonn-gagne-le-super-g-et-signe-un-triple-en-autriche_1289825_3242.html
Les Français pessimistes sur l'avenir de leur retraite
Plus de trois Français sur quatre ne pensent pas qu'ils toucheront une retraite satisfaisante par rapport à leurs revenus, selon un sondage de l'IFOP.
Plus de trois Français sur quatre ne pensent pas qu'ils toucheront une retraite satisfaisante par rapport à leurs revenus, selon les conclusions d'un sondage IFOP pour le Journal du Dimanche. 30 % des personnes interrogées se disent "plutôt pas confiantes", 46 % "pas du tout confiantes" et seulement 24 % ont confiance quant à cette éventualité. La proportion de pessimistes (76 %) est nettement plus importante que lors d'un sondage similaire réalisé en octobre 2008, quand ils n'étaient que 61 %. Dans le détail, les classes d'âge 35-49 ans et 25-34 ans sont les moins confiantes, avec respectivement 86 % et 81 % de personnes estimant qu'elles ne toucheront pas une retraite adéquate. UNE MAJORITÉ D'ACTIFS VISE LES 65 ANS Autre question épineuse, celle de l'âge du départ à la retraite. Pour une majorité d'actifs (68 %), leur retraite n'interviendra en moyenne qu'à 65 ans. 24 % pensent qu'elle arrivera à 70 ans ou plus et seuls 8 % estiment qu'elle aura lieu avant les 60 ans. Les sondés se disent par ailleurs prêts à travailler bien au-delà de l'actuel âge limite (60 ans) pour s'assurer d'une "bonne retraite" : 44 % sont prêts à travailler jusqu'à 60-64 ans, 33 % jusqu'à 65-69 ans et 10 % jusqu'à 70 ans et plus. Enfin, s'ils avaient le choix, 41 % des actifs préfèreraient "cotiser d'avantage pour partir à la retraite plus tôt", 34 % souhaiteraient "travailler le plus longtemps possible pour se garantir une retraite suffisante", et 23 % "partir le plus tôt possible quitte à avoir une retraite moindre". La réforme des retraite figure parmi les priorités du gouvernement pour l'année 2010. Un dossier d'autant plus important qu'une très forte majorité des sondés (80 %) estiment qu'il a été mal géré ces dernières années. 40 % jugent en effet que le système des retraites "n'a pas vraiment fait l'objet de réformes" alors que 40 % dénoncent "des réformes qui allaient dans le mauvais sens".
10/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/10/les-francais-pessimistes-sur-l-avenir-de-leur-retraite_1289812_823448.html
La Chine devient le premier exportateur mondial
En publiant ses données économiques pour le mois de décembre, la Chine est devenue le premier exportateur mondial, ravissant cette place largement symbolique à l'Allemagne.
En publiant ses données économiques pour le mois de décembre, dimanche 10 janvier, la Chine est devenue le premier exportateur mondial, ravissant cette place largement symbolique à l'Allemagne. Les exportations chinoises ont augmenté de 17,7 % au mois de décembre en glissement annuel, selon les chiffres des douanes cités par la télévision d'Etat, pour s'établir à à 130,7 milliards de dollars. Dans l'ensemble de l'année 2009, la Chine a exporté pour plus de 1 200 milliards de dollars. Excédentaire, la Chine a également enregistré un solde positif de 195 milliards de dollars sur l'année. "Nous pouvons dire que les exportations chinoises ont rebondi après avoir chuté à un niveau historiquement bas", a constaté l'économiste chinois Huang Guohua, cité par la télévision d'Etat. Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, reprochent à Pékin de s'appuyer sur le cours artificiel du yuan et de subventionner illégalement certains secteurs pour gonfler leurs exportations. La prise de pouvoir de la Chine dans le classement des exportateurs était cependant largement attendue par les observateurs. La semaine dernière, la chambre de commerce allemande s'était résignée à perdre sa place, notant toutefois que la Chine, qui exporte principalement des chaussures, des jouets, des meubles et autres produits à faible valeur technologique, utilisait des machines à forte valeur technologique, exportées, elles, par l'Allemagne.
10/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/10/la-chine-premier-exportateur-mondial_1289810_3234.html
Météo : la vigilance orange levée sur l'ensemble de la France
Les chutes de neige cessent progressivement sur l'ensemble du territoire et les perturbations sur le trafic routier et ferroviaire s'atténuent.
La météo devrait être progressivement plus calme, dimanche 10 janvier, avec la fin des chutes de neige dans le sud-ouest et des faibles chutes sur le Rhône-Alpes, le Massif Central, la Bourgogne et les côtes de la Manche, annonce Météo France. La vigilance orange a été levée sur les 16 départements que Météo France surveillait encore. Dans son dernier bulletin, Météo France a qualifié l'épisode neigeux qui a frappé la France we week-end de rare "à la fois par les importantes quantités de neige et par son étendue géographique". Les perturbations sur le trafic routier, aérien et ferroviaire étaient moindres, dimanche, après les "grandes difficultés de circulation" constatées depuis vendredi. Toutefois, "aucun dégel n'est prévu sur le pays à l'exception des côtes" et "les sols et chaussées resteront très glissants". La circulation restera néanmoins très difficile sur l'ensemble du réseau des Autoroutes du Sud de la France. En Ile-de-France, le verglas a provoqué de nombreux accidents et perturbe la circulation sur A6, l'A3, l'A10 et l'A86, tout comme dans la Loire, notamment sur l'A57. La situation à l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry, où environ 800 passagers, dont près de 500 Britanniques, ont dû passer la nuit sur des lits de fortune après l'annulation de près d'un quart des vols, s'améliore. L'activité a repris dimanche "un peu avant 11H00 avec des atterrissages", ont précisé les autorités aéroportuaires. Dans le sud-est de la France, des milliers de foyers se sont réveillés sans électricité. Près de de 3 000 foyers étaient ainsi privés de courant, 1 800 dans les Bouches-du-Rhône, 400 dans le Vaucluse et 500 dans le Gard. Un retour à la normale est prévu en fin de week-end.
10/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/10/meteo-une-legere-accalmie-mais-encore-des-perturbations_1289802_3224.html
Toyota présente un prototype de voiture hybride compacte
Le constructeur automobile japonais a vendu l'an dernier 530 000 véhicules hybrides (électricité et essence).
Le constructeur automobile japonais Toyota a présenté, lundi 11 janvier au salon automobile de Detroit (nord des Etats-Unis), un prototype de berline hybride compacte, la FT-CH, préfigurant l'élargissement de sa gamme de voitures de cette catégorie, à côté de la Prius. Toyota a vendu l'an dernier 530 000 véhicules hybrides, ces voitures à motorisation mixte (électricité et essence), dont plus de 195 000 aux Etats-Unis, et l'objectif est d'atteindre 1 million de ventes par an dans le monde, a expliqué Jim Lentz, président de Toyota America. Pour y parvenir, le constructeur va lancer de nouveaux modèles de véhicules hybrides alors qu'un programme d'essai de 600 Prius hybrides rechargeables a débuté. Mais le constructeur prévoit aussi de lancer en 2012 un véhicule purement électrique. Il présente à Detroit la seconde version de sa petite citadine électrique FT-EV. Enfin, Toyota prépare aussi, à l'horizon 2015, un véhicule à pile à combustible, dont les récents "progrès sont encourageants", a dit M. Lentz.
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/toyota-presente-un-prototype-de-voiture-hybride-compacte_1290372_3234.html
Sarah Palin, nouvelle commentatrice de la chaîne Fox News
L'ex-candidate républicaine à la vice-présidence des Etats-Unis fera des analyses politiques et présentera certains épisodes d'une émission de télé-réalité.
L'ex-candidate républicaine à la vice-présidence des Etats-Unis Sarah Palin va être commentatrice sur Fox News, a annoncé la chaîne conservatrice qui appartient au magnat Rupert Murdoch dans un communiqué. L'ancienne gouverneure de l'Alaska (nord-ouest des Etats-Unis) "a captivé tout le monde à travers tout l'échiquier politique, et nous sommes enthousiastes à l'idée que sa voix dynamique rejoigne l'équipe de Fox News", indique le communiqué. Le montant de ce contrat, "qui porte sur plusieurs années", n'est pas précisé. Sarah Palin, qui aura 46 ans le 11 février prochain, fera des analyses politiques sur la chaîne, dont les orientations anti-Obama ne sont pas un secret. Elle présentera également certains épisodes d'une émission de télé-réalité intitulée De vraies histoires américaines, qui doit démarrer incessamment. Sarah Palin, qui a démissionné de son poste de gouverneur en juillet dernier, plusieurs mois avant la fin de son mandat, a publié en novembre un livre autobiographique, intitulé Virer rebelle : une vie américaine, grand succès en librairie.
11/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/11/sarah-palin-nouvelle-commentatrice-de-la-chaine-fox-news_1290375_3222.html
"En Italie, ""le racisme est un levier de l'exploitation des saisonniers migrants"""
Pour l'anthropologue Alain Morice, "les révoltes actuelles en Calabre témoignent de la gravité d'une situation qui est pourtant bien connue".
Pour Alain Morice, anthropologue, chercheur au CNRS et membre du laboratoire URMIS (Unité de recherches "Migrations et société", université Paris-Diderot), on peut se demander "si la mafia locale n'est pas derrière les premières exactions, qui ont déclenché une "chasse à l'immigré" dans le sud de l'Italie, faisant soixante-sept blessés entre jeudi et samedi. Le recours à la main-d'œuvre étrangère saisonnière est-il un phénomène ancien en Europe ? Oui, dans certains pays d'immigration ancienne, comme la France. On se souvient notamment des Belges recrutés pour la récolte des betteraves dans le nord de la France, ou des Italiens dans la région marseillaise pour le maraîchage, ou encore des Espagnols pour les vendanges. Le phénomène s'est développé avec l'industrialisation de certains secteurs agricoles, qui a été accélérée dans les années 1970 quand Jacques Chirac était ministre de l'agriculture et qui s'est traduite par une importante demande de main-d'œuvre pour des récoltes plus massives et plus ponctuelles. Il a fait tache d'huile dans les années 1980 en Espagne, puis en Italie, qui étaient auparavant des pays d'émigration, quand à leur tour ils ont développé la culture intensive de fruits et légumes. Mais il s'agit toujours de variantes du "modèle californien", qui s'est imposé il y a un siècle dans l'ouest des Etats-Unis : on recourt à une main-d'œuvre immigrée moins chère, fragile puisqu'on peut lui confisquer ses papiers ou empêcher leur renouvellement, et facilement corvéable car l'objectif de ces travailleurs, venus de pays démunis, est de gagner le maximum d'argent en un minimum de temps. L'idée est toujours que ces étrangers ne doivent pas s'installer durablement car, disent les exploitants, s'ils séjournent à l'année, alors ils deviendront des "bras cassés" sans ardeur à la tâche et surtout soucieux de toucher les aides sociales. Le racisme est ici un levier de l'exploitation de ces saisonniers migrants. L'origine et les conditions de travail de ces saisonniers varient-elles selon les pays ? On a plusieurs modèles de mobilisation de la force de travail dans l'agriculture, qui cependant convergent tous vers le souci de s'assurer de sa flexibilité et de sa précarité. En France, il y a eu surtout, après l'intégration des travailleurs espagnols et portugais dans l'Union européenne, des Marocains et, en moins grand nombre, des Tunisiens, leurs pays ayant signé avec la France, dès 1963, des accords de main-d'œuvre. Ce furent les fameux "contrats OMI", du nom de l'Office des migrations internationales, d'une durée de six mois (extensible jusqu'à huit mois). Récemment, les Polonais sont devenus majoritaires, surtout dans les vendanges, mais, à présent, ils sont à leur tour bénéficiaires de la libre circulation comme travailleurs européens. Ces contrats, mesurés au compte-gouttes chaque année par les autorités préfectorales, sont à la fois précieux pour les employeurs et pour les saisonniers. Ce système est supposé garantir la paix sociale. L'Andalousie, située dans le sud de l'Espagne, a d'abord surtout employé des Marocains, notamment irréguliers. Mais quand ceux-ci ont montré quelque résistance et tenté de faire valoir leurs droits à être régularisés, il y a eu une tentative de diversification. On a ainsi fait venir des Latino-Américains (surtout des Equatoriens), présumés plus proches par la religion et par la langue. Les pays de l'Europe de l'Est sont maintenant aussi représentés. Les femmes ayant de jeunes enfants sont désormais privilégiées pour les contrats en origen ("en origine"), négociés par exemple, comme en Andalousie, entre la province et une agence marocaine, avec la participation des syndicats de travailleurs : un contingent annuel de saisonniers est ainsi mis à la disposition des exploitants. En Italie du Sud, le recrutement se fait surtout de façon informelle, sous le contrôle des mafias locales (par exemple la 'Ndranghetta, en Calabre), qui ont la haute main sur le système administratif, ce qui garantit une certaine impunité aux employeurs. Recrutés sur des mensonges ou, parce que sans papiers, par peur d'être arrêtés, des Africains et des ressortissants des pays de l'Est sont surexploités et pratiquement emprisonnés, sous la surveillance de capos ("chefs"). Les révoltes actuelles en Calabre témoignent de la gravité de cette situation, qui est pourtant bien connue depuis qu'un journaliste, Fabrizzio Gatti, lui a consacré un article retentissant en septembre 2006. En Grèce de même, il s'agit surtout de travail au noir, et les saisonniers sont très mal acceptés par la population locale : donc, ils filent doux. Y a-t-il eu des précédents à l'explosion de violence qui vient de viser des saisonniers en Calabre ? En 2000, dans la région d'Almeria, en Andalousie, après le meurtre d'une Espagnole par un Marocain déséquilibré, les habitants se sont livrés à une véritable chasse à l'homme contre ces travailleurs largement clandestins. Ceux-ci avaient traversé le détroit de Gibraltar dans des conditions difficiles et avaient vocation à rester à l'année. Des hôtels meublés, de petits commerces et des locutorios ("boutiques téléphoniques") s'étaient développés en ville. La violence raciste a explosé parce que les saisonniers laissaient craindre aux habitants qu'ils se fixeraient, rompant ainsi le pacte d'invisibilité qui, tacitement, permettait de tolérer leur présence. Ce qui est en train de se passer en Italie du Sud est différent. Ces clandestins n'étaient là que pour quelques mois, et maintenus en situation très précaire. On ne sait pas bien encore, mais la flambée de violence raciste a peut-être surgi à point nommé : les ouvriers ont été chassés alors qu'on n'avait plus besoin d'eux, puisque les cours des agrumes sont tellement mauvais que la cueillette n'est plus rentable. On peut se demander si la mafia locale n'est pas derrière les premières exactions, qui ont déclenché leurs protestations puis une "chasse à l'immigré". Propos recueillis par Claire Ané
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/en-italie-le-racisme-est-un-levier-de-l-exploitation-des-saisonniers-migrants_1290327_3214.html
Nucléaire : des sanctions contre l'Iran discutées cette semaine
Les Etats-Unis et les cinq autres grands pays chargés du dossier du nucléaire iranien se réuniront à New York à la fin de la semaine pour discuter des nouvelles sanctions contre Téhéran.
Les Etats-Unis et les cinq autres grands pays chargés du dossier du nucléaire iranien se réuniront à New York à la fin de la semaine pour discuter des nouvelles sanctions contre Téhéran, a annoncé lundi la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. "Le groupe des 5 + 1 [Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne, ndlr] se réunira à New York à la fin de la semaine et étudiera le niveau des sanctions que nous devrions viser", a déclaré Mme Clinton à la presse. Téhéran, déjà touché par trois résolutions de l'ONU assorties de sanctions pour sa politique nucléaire, est menacé de nouvelles mesures en raison de son refus de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, qui lui ont valu une condamnation de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Les Etats-Unis n'ont pas abandonné formellement l'idée d'un dialogue avec l'Iran, proposée par le président Barack Obama depuis son investiture il y a un an, mais ils privilégient de plus en plus la piste des sanctions, devant le refus de Téhéran de la proposition de l'AIEA de faire enrichir son uranium à l'étranger. Mme Clinton a indiqué lundi que les Etats-Unis souhaitaient des sanctions prenant pour cible "un groupe relativement petit de décideurs", jugeant "plus malin" de viser "ceux qui prennent effectivement les décisions". L'un des défis de l'administration Obama est de riposter au pouvoir de Téhéran sans s'aliéner la population, et en particulier l'opposition qui défile depuis l'élection présidentielle controversée de juin 2009. "Mais tout cela reste à décider", a souligné la chef de la diplomatie américaine, alors que les Etats-Unis et les trois membres européens du groupe des Six tentent depuis des mois de convaincre la Russie et la Chine d'abandonner leurs réticences à de nouvelles sanctions.
11/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/11/nucleaire-des-sanctions-contre-l-iran-decidees-cette-semaine_1290371_3218.html
Enquête après la découverte des corps de deux nouveau-nées en Corrèze
Une enquête pour double infanticide a été ouverte après la découverte des corps sans vie de deux nouveau-nées cachés dans un sac poubelle.
Une enquête pour double infanticide a été ouverte après la découverte, en milieu de semaine dernière, des corps sans vie de deux nouveau-nées cachés dans un sac-poubelle au domicile d'un couple vivant à Cublac (Corrèze), a-t-on appris lundi de source judiciaire. Les autopsies des deux corps n'ont pas permis de déterminer la cause de la mort des jumelles, et la mère, hospitalisée, n'a toujours pu être entendue par les enquêteurs, a-t-on précisé de même source. "Il s'agit d'une nouvelle affaire de déni de grossesse. Personne dans l'entourage de la jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, ne se doutait qu'elle était enceinte, ni même son mari", a indiqué le parquet de Brive-la-Gaillarde, précisant que la femme, qui était proche du terme, "n'a pas fait de déclaration de grossesse". L'alerte a été donnée mercredi dernier par l'hôpital de Brive, où la femme avait été admise, victime d'une hémorragie après avoir semble-t-il tout juste accouché. Une perquisition au domicile du couple, et en présence du compagnon, avait permis de retrouver les cadavres placés dans un sac-poubelle dans la cour de la maison à Cublac, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Brive, a-t-on indiqué de source judiciaire. L'enquête, confiée à la brigade de recherches de Brive et à la section de recherches de Limoges, doit principalement déterminer si les jumelles étaient viables au moment de la naissance, aucune trace de coups n'ayant "a priori" été décelée sur les corps, selon le parquet. "Une simple privation de soins, des soins inappropriés ou le délaissement peuvent provoquer la mort", a-t-on rappelé de même source.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/enquete-apres-la-decouverte-des-corps-de-deux-nouveau-nees-en-correze_1290370_3224.html
"""Eric Rohmer a été notre créateur"""
Fabrice Luchini, Arielle Dombasle et Marie Rivière ont joué sous la direction d'Eric Rohmer, mort lundi 11 janvier. Ils rendent hommage à celui à qui ils "doivent tout".
"Eric Rohmer était tout pour moi. Il était le plus important. Je lui dois tout. Il m'a nommé, j'ai fait mes premiers films avec lui, notamment Le Genou de Claire, en 1970 Fabrice Luchini"Il était le plus grand cinéaste de la Nouvelle Vague après François Truffaut. Il ne reste que Godard, et éventuellement Chabrol"Perceval le Gallois Les Nuits de la pleine lune"Il m'a fait comprendre ce qu'était le cinéma, l'écriture cinématographique, l'écriture d'un vrai auteur. Moi, il m'a fait découvrir le cinéma"Arielle Dombasle"C'est quelqu'un qui m'a fait lire pour la première fois Marivaux"Perceval le GalloisMarie Rivière"un grand cinéaste""un grand cœur""Il donnait sa chance aux gens, aux techniciens, aux acteurs inconnus""Fabrice Luchini, moi-même et Arielle Dombasle n'étions pas connus quand ils nous a prisNous l'aimions comme un proche, il a été notre créateur.""les derniers jours, il voulait encore du papier et un crayon pour écrire"Thierry Frémaux"un cinéaste dont l'œuvre était unique""Sous l'apparente légèreté, il mettait dans ses films une rigueur qui le place parmi les plus grands metteurs en scènes de l'histoire" Jack Lang"Son écriture et ses créations sont placées sous le signe de l'exigence et de la rigueur. Il aura été l'homme de toutes les découvertes : un art cinématographique à nul autre pareil, la révélation d'acteurs encore inconnus, la prospection d'univers philosophiques et esthétiques insoupçonnés""Son œuvre dominera l'histoire cinématographique française par sa stature originale et révolutionnaire" , a expliqué l'acteur . , a expliqué celui qui a joué dans et sous la direction d'Eric Rohmer. , a expliqué à l'annonce de la mort du cinéaste. , a-t-elle ajouté sur Europe 1. Arielle Dombasle a joué dans plusieurs films d'Eric Rohmer, dont , en 1978, aux côtés de Fabrice Luchini. La comédienne a salué et . , a-t-elle expliqué. , a-t-elle ajouté. Marie Rivière, qui l'avait vu il y a peu de temps, raconte que, . , délégué général du Festival de Cannes, a regretté la mort d' . , a-t-il ajouté. L'ancien ministre de la culture a salué la mémoire du cinéaste. , a-t-il écrit dans un communiqué. , conclut l'ancien ministre.
11/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/11/eric-rohmer-a-ete-notre-createur_1290363_3382.html
Ambiance morose au salon de l'automobile de Detroit
"Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir jusqu'où le marché va descendre et qui va survivre, mais plutôt à quelle vitesse le marché va se reprendre", positive un spécialiste.
"Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir jusqu'où le marché va descendre et qui va survivre, mais plutôt à quelle vitesse le marché va se reprendre." Cette petite phrase de John McElroy, l'un des journalistes spécialisés dans l'automobile les plus réputés de Detroit, en dit long sur l'ambiance qui règne dans les allées du salon de Detroit. Car même si analystes et constructeurs estiment que le marché automobile américain a atteint un point bas en 2009, à 10,4 millions de véhicules (– 21 % par rapport à 2008), et que les jours meilleurs sont devant, l'ambiance est encore bien morose. Le salon de l'automobile a ouvert lundi 11 janvier aux professionnels et aux médias et accueillera le grand public du 16 au 24 janvier. La tendance est aux petites voitures et surtout aux véhicules respectueux de l'environnement. Une avenue "électrique" d'environ 3 500 mètres carrés, située dans le hall principal, est consacrée à la voiture électrique. C'est là que Nissan, absent des stands, présente sa Leaf, dont l'ouverture des réservations est prévue au printemps 2010 pour une commercialisation aux Etats-Unis à la fin 2010. C'est Ford qui a ouvert le bal des conférences de presse des constructeurs, au Cobo Arena. Celle-ci était très attendue, car le constructeur américain est le seul parmi les "big three" (les "trois grands" Ford, General Motors et Chrysler) à tirer son épingle du jeu : il n'a pas reçu d'aides du gouvernement Obama, il a dégagé des bénéfices au troisième trimestre 2009, et ses ventes sont reparties à la hausse en décembre. Malgré les applaudissements à l'américaine, le déluge de décibels, les lumières et la musique rock, qui ont accueilli Bill Ford, l'arrière-petit-fils du fondateur, ou encore Alan Mulally, le directeur général, les participants ont eu bien du mal à cacher leur déception. Ford n'a montré qu'une seule voiture, la Focus, déclinée en deux versions. Aucun concept car. "DONNEZ-NOUS DU TEMPS" "Pour nous, la Focus est plus qu'une voiture,a lancé M. Mulally, tout sourires. Elle prouve que nous avons changé. Elle est le symbole de notre stratégie mondialisée." Profil plutôt bas aussi chez General Motors. Le constructeur, passé sous la coupe de l'Etat et qui avait dû se résoudre à déposer le bilan à l'été 2009, est aussi discret. Deux marques, GMC et Buick ont dévoilé quelques modèles qui seront lancés en 2011, comme la Buick Regal GS, une familiale, et un concept car, la GMC Granit, une voiture compacte de la taille d'une Peugeot 3008. "Le nouveau GM est arrivé. Pour la première fois, nous sommes dans la position de gagner", veut croire Mark Reuss, le patron de GMC. En réalité, il faudra attendre mardi pour voir une voiture un peu futuriste. Ce sera chez Cadillac, une autre marque de GM, qui continue d'explorer le concept "art et science". Enfin, chez Chrysler, le plus petit des trois constructeurs, qui a perdu sa quatrième place au profit de Honda, il n'y a rien à attendre. Aucune annonce. Aucun nouveau modèle ne sera présenté. "Donnez-nous du temps,a insisté Sergio Marchionne, directeur général de Fiat. Ce que nous venons de vivre en 2009 est l'une des choses les plus douloureuses qui aient jamais été vécues par une industrie." Il va peut-être falloir s'habituer à ce nouveau visage des constructeurs américains : terminé les énormes 4x4, les mises en scène hollywoodiennes, les pom-pom girls et le champagne. Pour l'heure, la sobriété est à l'honneur, à Detroit. Nathalie Brafman
11/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/11/ambiance-morose-au-salon-de-l-automobile-de-detroit_1290360_3234.html
Le journal du Vatican dénonce le racisme des Italiens
Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Rosarno pour rejeter les accusations de racisme à leur égard.
L'Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, a dénoncé le "racisme" des Italiens, lundi, peu après la chasse aux immigrés de Rosarno, en Calabre (sud de l'Italie). "Non seulement écœurants, les épisodes de racisme dont la presse se fait écho nous ramènent à la haine muette et sauvage envers une autre couleur de peau que nous croyions avoir dépassée", écrit le quotidien dans un article"Les Italiens et le racisme". "Pour une fois, la presse n'exagère pas : un voyage en train, une promenade au parc ou une partie de football ne laissent pas de doute. Nous n'avons jamais brillé par notre sens de l'ouverture, nous Italiens du nord au sud", ajoute le journal, dans un texte qui relate des épisodes de racisme au cours des siècles. Pour lui, "l'exemple américain n'a servi à rien". Malgré "l'obamania qui envahit la politique, l'art, le style et le langage", "la valeur de la rencontre entre les diverses races" n'est toujours pas reconnue. "TIREZ SUR LES MAFIEUX" Entre jeudi et samedi, les affrontements à Rosarno ont fait soixante-sept blessés, dont trente et un immigrés. Un millier d'immigrés africains ont été contraints de quitter Rosarno. Le pape Benoît XVI avait affirmé dimanche, au cours de la prière de l'Angélus, que l'immigré était "un être humain à respecter". Le calme était revenu dimanche à Rosarno (quinze mille habitants), qui s'est vidée de sa population immigrée au cours des deux dernières journées. Selon la préfecture de police de Reggio de Calabre, mille cent vingt-huit immigrés ont quitté les environs de Rosarno. La justice a ouvert une enquête sur une éventuelle implication mafieuse dans les affrontements des derniers jours. Dans un éditorial, Il Giornale, le quotidien de droite de la famille Berlusconi, adresse dimanche un appel provocateur aux habitants de Calabre : "Plutôt que sur les nègres, tirez sur les mafieux." "Pourquoi les Calabrais ne tirent-ils pas sur la mafia ? Les immigrés sont pauvres et faibles, laids et sales, des cibles idéales. Le crime organisé, qui tient en échec les forces de l'ordre est fort, violent, avec un esprit de revanche et donc il convient de ne pas le toucher", estime le quotidien. "NOUS NE SOMMES PAS RACISTES" Lundi, au moins deux mille personnes ont défilé dans les rues de Rosarno pour rejeter les accusations de racisme à leur égard, a rapporté l'agence italienne ANSA. "Abandonnés par l'Etat, criminalisés par les médias de masse, vingt ans de cohabitation ne sont pas du racisme", pouvait-on lire sur la banderole de tête du cortège auquel participaient quelques immigrés d'origine africaine. La manifestation, pacifique et silencieuse, a rassemblé cinq mille personnes – sur quinze mille habitants – selon les organisateurs, deux mille selon la police. La région "n'a rien fait pour résoudre le problème de la forte présence d'immigrés à Rosarno et celui des mauvaises conditions d'hygiène dans lesquelles ils sont contraints de vivre", a expliqué l'un des organisateurs de la manifestation.
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/le-journal-du-vatican-denonce-le-racisme-des-italiens_1290351_3214.html
Vahid Halilhodzic parle de zone de guerre dans la province du Cabinda
Le sélectionneur ivoirien révèle que plusieurs de ses joueurs ont reçu des menaces de mort, et fustige l'organisation.
Vahid Halilodzic, sélectionneur de la Côte d'Ivoire, n'y est pas allé par quatre chemins pour décrire le climat en Angola, après l'attaque du bus togolais qui a fait deux morts vendredi dernier : "La situation actuelle n'a rien de confortable. Nous sommes logés dans un pavillon cerclé de policiers armés jusqu'aux dents, et nous nous entrainons sous leur protection. Tout rappelle la guerre ici. Le même sentiment m'habitait à Mostar en 1992 quand la guerre a éclaté en Bosnie", a-t-il confessé au quotidien Avaz, basé à Sarajevo, avant de préciser qu'il n'a "pas peur". L'ancien entraineur de Lille (1998-2002), de Rennes (2002-2003) et du Paris-Saint-Germain (2003-2005) a en outre affirmé que plusieurs de ses joueurs, dont l'attaquant de Chelsea Didier Drogba, avaient reçus des menaces de mort durant le week-end. Coach Vahid leur aurait assuré que rien de mal ne pouvait leur arriver dans l'enceinte du stade, parvenant ainsi à rassurer un effectif traumatisé par les récents évènements. Panique à bord Interrogé sur la capacité des organisateurs à faire face à cette situation, Vahid Halilhodzic s'est également montré stupéfait. "J'ai l'impression que l'organisation se laisse gagner par la panique, du fait de la proximité des rebelles, installés à quelques kilomètres seulement de là où se trouvent les équipes". Une conférence de presse aurait ainsi été annulée dimanche afin de minimiser les risques d'attaque. "Malgré tout, la Confédération africaine de football souhaite voir la compétition suivre son cours", a conclut Vahid Halilhodzic. Les Eléphants affrontent donc le Burkina Faso ce lundi à 17h00 dans la province du Cabinda, comme prévu.
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/vahid-halilhodzic-parle-de-zone-de-guerre-dans-la-province-du-cabinda_1290288_3242.html
CAN : la Côte d'Ivoire accrochée par le Burkina Faso
La Côte d'Ivoire, favori de la Coupe d'Afrique des Nations, a concédé un nul (0-0) face au Burkina Faso lors du 1er match du groupe B.
Manquant d'abord de vivacité avant de finir complètement statique, la Côte d'Ivoire n'a pas entamé de la meilleure des façons la Coupe d'Afrique des nations (CAN), en concédant un nul (0-0) face à un Burkina Faso bien regroupé en défense, lundi à Cabinda, lors du 1er match du groupe B. Sous pression avec son étiquette de favorite, la sélection ivoirienne sera sans doute obligée de battre le Ghana si elle veut terminer à l'une des deux premières places de ce groupe de seulement trois équipes, en l'absence du Togo, qui a déclaré forfait après le drame de vendredi. Avec Drogba, en manque de rythme mais combatif jusqu'au bout, et Yaya Touré bien lent en milieu de terrain, la Côte d'Ivoire aurait pu l'emporter en étant un peu plus réaliste et pourra regretter les occasions manquées par Bakari Koné. Alors que son équipe avait le contrôle total du jeu et d'une équipe alors inoffensive, le "lutin" de l'OM a ainsi laissé filer trois occasions (43e, 56e, 68e) de tromper des Burkinabè. Mais, avec Rouamba comme destructeur des offensives adverses devant sa défense et Pitroipa comme agitateur offensif, les Etalons ont pu, surtout en seconde période, croire en leur chance. Battus deux fois en qualifications (3-2 et 5-0), les Burkinabè n'ont, cette fois-ci, pas laissé passer l'occasion de décrocher un point précieux qui confirme leur statut de trouble-fête. Le Ghana, qui devait assister à la rencontre, est prévenu.
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/can-la-cote-d-ivoire-accrochee-par-le-burkina-faso_1290358_3242.html
"En Grande-Bretagne, la vogue du ""téléphone jetable"""
Un téléphone petit, pas cher et compatible avec toutes les cartes SIM : la chaîne de supermarchés Tesco a vendu 10 000 exemplaires de son "Party phone" dans les deux dernières semaines de 2009.
Il coûte 19 livres (21 euros). Il est sobre, n'a que des fonctions basiques, il est vendu sans abonnement et est débloqué, c'est-à-dire qu'il accepte toutes les cartes SIM. Le Party Phone, le téléphone portable "jetable" de Tesco Mobile, a aussi été l'une des surprises de la fin d'année 2009. Dans les deux dernières semaines de décembre, l'entreprise en a écoulé 10 000 exemplaires, propulsant l'appareil parmi ses meilleures ventes de fin d'année. Les Britanniques se désintéresseraient-ils des smartphones dernier cri ? Pas exactement : c'est surtout la conséquence de... la mode des jeans moulants. Les principaux résultats d'une étude de marché lancée par la branche téléphonie de la chaîne de supermarchés Tesco sont sans appel : huit femmes sur dix n'aiment pas porter un sac à main lorsqu'elles sortent le soir, et sept Britanniques sur dix trouvent inconfortable de transporter un téléphone portable dans leurs poches de pantalon. L'entreprise a donc décidé de faire fabriquer un téléphone à bas prix, petit et ouvert, qui pourrait être utilisé comme deuxième mobile en soirée. L'appareil acceptant toutes les cartes SIM, il permet de conserver son numéro de téléphone. Pour le PDG de Tesco Mobile, Lance Batchelor, la fin décembre était la période idéale pour lancer ce type d'appareil. "Nos enquêtes montrent que les Britanniques perdent facilement leurs affaires lors des fêtes du Nouvel An. Nous estimons qu'environ 2,6 millions de téléphones mobiles, 38 millions de livres en liquide et un demi-million de portefeuilles ont été perdus dans la dernière nuit avant 2010." En cas de perte ou de vol, le possesseur du Party Phone n'est toutefois pas sorti d'affaire : il lui faudra obtenir de son fournisseur d'accès une nouvelle carte SIM.
11/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/11/en-grande-bretagne-la-vogue-du-telephone-jetable_1290331_651865.html
"Paul Krugman, prix Nobel américain, vante la ""réussite économique"" de l'Europe"
Le prix Nobel d'économie américain vante le modèle européen dans le "New York Times" pour tenter de convaincre les républicains de voter la réforme de la santé voulue par Barack Obama.
Le prix Nobel américain d'économie Paul Krugman a vanté lundi "la réussite économique de l'Europe" pour contrer les arguments des parlementaires républicains convaincus que la réforme de la santé voulue par Barack Obama conduira au naufrage économique des Etats-Unis. Cette réforme vise à fournir une couverture santé à au moins 31 millions des 36 millions d'Américains qui en sont dépourvus. "La véritable leçon que nous donne l'Europe est en fait le contraire de ce que les conservateurs affirment : l'Europe est un succès économique, et ce succès montre que la social-démocratie fonctionne, écrit M. Krugman dans sa chronique régulière publiée dans le New York Times. Aux Américains qui l'ont visité : Paris avait-il l'air pauvre ou arriéré ? Et Londres, et Francfort ?", demande M. Krugman, qui milite fermement en faveur de l'adoption aux Etats-Unis d'une réforme du système de santé qui rapprocherait ce dernier de celui de l'Europe, où "les dépenses sociales sont largement plus élevées". La croissance moyenne du PIB américain a atteint en moyenne 3 % par an depuis 1980 – "Quand notre politique prenait un virement marqué à droite, contrairement à l'Europe" –, contre 2,2 % pour les quinze pays de l'Union européenne d'avant l'élargissement de 2004, reconnaît M. Krugman. Cependant, "depuis 1980, le PIB par tête – soit ce qui sert à mesurer le niveau de vie – a augmenté à peu près au même rythme en Amérique et dans l'UE : 1,95 % par an ici, contre 1,83 % là-bas", ajoute-t-il. L'EURO, UNE "ERREUR" L'économiste regrette "le dogme économique en vigueur" aux Etats-Unis, "chez de nombreux démocrates aussi bien que chez tous les républicains, par essence", selon lequel "une social-démocratie à l'européenne ne peut être qu'un désastre absolu". En matière d'avancement technique, l'Internet à haut débit "est tout aussi répandu en Europe qu'il l'est aux Etats-Unis, et il y est beaucoup plus rapide et bien moins cher", ajoute M. Krugman, qui enseigne à l'université de Princeton, dans le New Jersey (dans le nord-est des Etats-Unis). Si l'on peut considérer que l'Amérique fait mieux que l'Europe en matière d'emploi, avec un taux de chômage officiel habituellement bien plus faible, "le taux d'emploi chez les adultes de 25 à 54 ans était de 80 % dans l'Europe des Quinze [et de 83 % en France]. C'est à peu près la même chose qu'aux Etats-Unis", écrit-il. "Les Européens sont moins susceptibles que nous de travailler quand ils sont jeunes ou vieux, mais est-ce foncièrement une mauvaise chose ?", ajoute son plaidoyer. D'autant que, selon lui, "les Européens sont également plutôt productifs : ils font moins d'heures". Dans une deuxième chronique intitulée "Europe's OK; the Euro isn't" ("L'Europe va bien, pas l'euro"), Paul Krugman nuance néanmoins son enthousiasme en soulignant qu'il a toujours considéré la création de l'Euro comme une "erreur". "Il est important de le rappeler car, si je pense que l'Europe s'en sort mieux que ce que les Américains imaginent, cela ne signifie pas que tout ce qu'ils font est bien", conclut-il.
11/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/11/paul-krugman-prix-nobel-americain-vante-la-reussite-economique-de-l-europe_1290344_3222.html
Ulster : empêtré dans un scandale d'adultère, le premier ministre se retire
Peter Robinson a renoncé à ses fonctions pendant six semaines afin de blanchir son nom dans le scandale provoqué par une liaison extraconjugale de son épouse.
Empêtré dans un scandale provoqué par une liaison extraconjugale de son épouse, le premier ministre nord-irlandais, Peter Robinson, a dû renoncer, lundi, à ses fonctions pour une durée de six semaines afin de s'employer à blanchir son nom. "En tant que père et que mari, je dois consacrer du temps à régler des affaires familiales", a déclaré le chef du parti protestant DUP, la voix chevrotante d'émotion, dans un communiqué lu aux médias. L'intérim sera assuré par l'actuelle ministre nord-irlandaise chargée des entreprises, Arlene Foster. M. Robinson est soumis à forte pression depuis que son épouse Iris, 60 ans, a été accusée d'avoir commis des malversations en obtenant une aide financière à un jeune homme avec lequel elle avait eu une liaison extraconjugale. Selon la BBC, Mme Robinson aurait obtenu de deux promoteurs qu'ils investissent 50 000 livres (55 000 euros) au total pour aider son amant, alors âgé de 19 ans, à ouvrir un restaurant, en 2008. Cette affaire, d'abord privée, a rapidement débouché sur une crise politique en Irlande du Nord, où protestants unionistes du DUP et catholiques séparatistes du Sinn Féin se partagent le pouvoir depuis mai 2007, dans le cadre des accords de paix de 1998. "ICÔNE GAY" Le dirigeant protestant, soupçonné de n'avoir pas divulgué aux autorités compétentes l'existence de ce conflit d'intérêt, a lui-même diligenté la semaine dernière une enquête sur son comportement dans cette affaire. Il s'est défendu d'être au courant des engagements financiers pris par son épouse en faveur de son jeune amant. Mme Robinson devrait quant à elle démissionner cette semaine de ses postes de députée au Parlement de Londres et de membre de l'assemblée régionale nord-irlandaise. Selon le Belfast Telegraph, elle suit actuellement un traitement psychiatrique dans une clinique de Belfast. Dimanche, le DUP avait dû publier un communiqué pour démentir une rumeur selon laquelle elle s'était envolée pour les Alpes françaises afin de s'adonner à sa passion du ski. Son jeune amant, Kirk McCambley, de quarante ans son cadet, est quant à lui devenu une véritable star sur Internet. Plus de 5 400 personnes se sont inscrites à un groupe de fans créé en son honneur sur Facebook. Selon la presse locale, une grande part de ce succès serait due à la communauté homosexuelle. Les gays nord-irlandais se rallieraient au jeune homme en signe de revanche contre les déclarations homophobes faites par Mme Robinson, une chrétienne dévote opposée à l'avortement, qui avait qualifié, en 2008, l'homosexualité d'"abomination". Le jeune amant aurait même littéralement gagné le statut d'"icône gay", selon le Belfast Telegraph. Le nombre de téléchargements de la chanson Mrs Robinson, du duo américain "Simon and Garfunkel", s'est par ailleurs envolé de 1 200 % en Irlande du Nord d'une semaine sur l'autre, a indiqué l'Official UK Charts Company. La chanson avait été écrite pour le film américain Le Lauréat, sorti en 1967 et qui raconte une liaison entre un jeune étudiant et une certaine Mme Robinson d'âge beaucoup plus mûr.
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/ulster-empetre-dans-un-scandale-d-adultere-le-premier-ministre-se-retire_1290299_3214.html
Une agence de la Société générale attaquée à la voiture bélier
Les deux attaquants se seraient enfuis avec un butin de 20 000 euros.
Une agence de la société générale du 12e arrondissement de Paris aurait été percutée, lundi 11 janvier, par un véhicule lors d'un casse, selon une information révélée par 20minutes.fr. Selon le site, il s'agirait d'une attaque à la voiture bélier. Deux personnes auraient percuté le distributeur de billets en marche arrière avant d'y mettre le feu et, selon une source de la préfecture, ils se seraient enfuis dans une voiture volée avec un butin de 20 000 euros.
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/une-agence-de-la-societe-generale-attaquee-a-la-voiture-belier_1290333_3224.html
Le cinéaste Eric Rohmer est mort
Hospitalisé il y a une semaine, le cinéaste est mort à l'âge de 89 ans.
Le cinéaste Eric Rohmer est mort, lundi 11 janvier au matin à Paris, à l'âge de 89 ans, selon sa productrice aux "Films du Losange", Margaret Menegoz. Il avait été hospitalisé il y a une semaine, ont indiqué ses proches sans plus de détails. Aucune disposition n'était encore prise pour les obsèques du cinéaste. Eric Rohmer, de son vrai nom Maurice Schérer, était le plus secret des cinéastes de la Nouvelle Vague, l'auteur de fraîches comédies sentimentales peuplées de jeunes filles en fleur et un érudit qui célébrait la langue et la littérature françaises. Souvent vu comme le Marivaux ou le Musset du cinéma français, cet ethnologue de l'espèce humaine plaçait la parole au coeur de ses films, dont l'intrigue narrative se nouait autour de la conversation et du badinage amoureux. En quelque cinquante ans, il a signé vingt-quatre longs-métrages, un documentaire sur les films Lumière et des programmes scolaires pour la télévision. Né à Tulle (Corrèze) sous le nom de Jean-Marie Maurice Schérer le 4 avril 1920, Eric Rohmer enseigne la littérature avant de se consacrer à la critique cinématographique. Il co-signe un livre sur Hitchcock avec Claude Chabrol et publie une thèse de doctorat sur "l'organisation de l'espace dans le 'Faust' de Murnau". Collaborateur des Temps modernes et d'Arts, il devient rédacteur en chef de la Gazette du cinéma en 1950 puis des Cahiers du cinéma de 1957 à 1963. Après le scénario de Tous les garçons s'appellent Patrick tourné par Jean-Luc Godard en 1958, il signe son premier moyen métrage, Le signe du Lion, en 1959. Créateur indépendant et artisanal, il fonde alors la société de production Les films du Losange avec Barbet Schroeder. COMÉDIE SOCIALE Observateur des comportements amoureux et de la comédie sociale, il organise son oeuvre en séries ou "cycles" de films. Les six Contes moraux (1962-72), dont Ma nuit chez Maud en 1969, qui lui assure la notoriété, et Le genou de Claire, transposent des contes du XVIIIe siècle, écrits par Marmontel. Avec les Comédies et proverbes des années 1980 (Les nuits de la pleine lune, Le rayon vert, L'ami de mon amie) inspirées d'Alfred de Musset, Rohmer analyse les codes de la modernité et les égarements du coeur. Les Contes des quatre saisons des années 90 poursuivent la même veine. Avec La marquise d'O (1976), Perceval le Gallois (1978) ou L'Anglaise et le duc (2000), tournés hors des séries, il s'essaie à des recherches plus picturales et à une exploration de l'Histoire, poursuivie dans Triple agent (2003). Tiré du roman du XVIIe siècle d'Honoré d'Urfé L'Astrée, son dernier film Les amours d'Astrée et de Céladon a été sélectionné en compétition à la Mostra de Venise 2007. "Après ce film, je crois que je prendrai ma retraite", avait-il alors indiqué lors de sa présentation. Couronné du Prix Louis-Delluc et d'un Lion d'Or à Venise pour Le rayon vert (1986), officier des Arts et des Lettres, Eric Rohmer a également signé la pièce de théâtre Trio en mi bémol et le roman Elizabeth, publié en 1946 sous le pseudonyme de Gilbert Cordier.
11/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/11/le-cineaste-eric-rohmer-est-mort_1290323_3382.html
"Pour Christiane Taubira, ""le refus de l'autonomie en Guyane est un cri de détresse"""
Après le non au référendum en outre-mer, Christiane Taubira regrette, dans un chat au Monde.fr, qu'on ait fait "croire qu'il y avait des risques de perdre ces revenus de dépendance".
Gregoire (Mana) : Le "non" massif sorti des urnes ce dimanche n'est-il pas tout simplement un vote de défiance envers les élus locaux, auxquels les électeurs ne souhaitent pas donner plus de pouvoir ? Christiane Taubira : Il y a une part de ça, c'est indiscutable. Pendant la campagne, il y a eu une appréciation très sévère du bilan de l'équipe régionale sortante. C'est un argument qui a fait mouche car, effectivement, il y a à débattre. Je ne suis pas élue locale et, pendant des années, j'ai été moi-même très critique sur la gestion régionale. Mais nous devions voter pour ou contre l'article 74. C'est un article de la Constitution qui nous donne l'occasion de définir un projet territorial et de négocier avec l'Etat la réalisation d'un schéma de développement qui serait propre à la Guyane. Les pro-74, dont je faisais partie, voulaient saisir cette opportunité. Les anti-74 ont fait croire que, au deuxième scrutin qui sera organisé le 24 janvier, on aurait un article 73 aménagé, donc un changement prétendument plus en douceur. De toute façon, il n'était pas raisonnable de demander aux citoyens de devenir des spécialistes du droit constitutionnel. Face à ces questions, tous les arguments, et leur contraire, pouvaient faire mouche. Mais la ruse première a été, de la part du président de la République, d'imposer deux consultations, alors qu'une seule lui était demandée, et ainsi de faire croire aux électeurs qu'ils auraient une session de rattrapage. ND : Avec la victoire du "non", les DOM ne s'enferment-ils pas dans une situation de dépendance à l'égard de la métropole, en refusant plus d'autonomie ? Christiane Taubira : Ce rejet d'une possibilité de disposer de plus de libertés et de responsabilités locales correspond effectivement au maintien d'une situation où l'on subit des lois nationales inadaptées à nos économies, à nos sociologies et à notre position géographique. Tant que nous restons dans l'article 73, nous relevons du droit commun, et les décisions pour l'essentiel sont prises en fonction des urgences et des priorités de la société française. Une société qui n'est pas au même stade des réalités historiques, économiques et sociales de la Guyane. Il est certain que, alors qu'on comprend partout qu'il faut prendre un certain nombre de décisions au plus près du citoyen, ce refus est contraire à une dynamique de rationalité et d'efficacité de l'action publique. Au lieu d'expliquer aux gens qu'il est urgent de sortir de cette dépendance, on leur a fait croire qu'il y avait des risques de perdre ces revenus de dépendance (revenus sociaux, taux d'importation), ce qui est faux. Christophe Sirodot : Plutôt que de débattre des questions institutionnelles, n'est-il pas plus urgent d'apporter des réponses concrètes aux problèmes du chômage et du pouvoir d'achat ? Christiane Taubira : La situation économique est effectivement très difficile. Lorsque les indicateurs économiques et sociaux sont les suivants : 30 % de chômage, 55 % chez les jeunes, 85 % de dépendance à l'importation pour la consommation, à peu près 20 % de personnes dépendant des minima et revenus sociaux et un taux de croissance démographique de 3,8 % par an, cela veut dire, pour le quotidien des gens, des difficultés matérielles, une angoisse liée à leur fragilité économique et l'absence de perspectives. Les responsables politiques doivent définir les actions publiques et les conditions dans lesquelles on apporte des réponses durables à ces difficultés. Louise B. : Les populations antillaise et guyanaise se sont mobilisées l'an dernier contre la cherté de la vie. La situation a-t-elle évolué depuis ? Christiane Taubira : Non, la situation n'a pas évolué, parce que l'Etat s'est contenté d'un cautère sur une jambe de bois. Sur le prix des carburants, qui a tout fait flamber, il s'est contenté d'installer un observatoire des prix sans aucun pouvoir d'investigation ni de sanction. Il a gelé les prix, mais a recommencé à les augmenter sans avoir réformé le dispositif de fixation des prix administrés. Il a imposé une baisse de prix sur certains produits et s'est contenté de constater que ces produits avaient disparu des rayons. L'Etat n'a procédé à aucune réforme de fond sur nos économies organisées pour la dépendance, il n'a donc pas touché aux situations de rente des négociants et importateurs, qui fragilisent les productions locales. Et on peut penser que le refus de l'autonomie est un cri de détresse de personnes qui se disent que, si en étant totalement sous la responsabilité de l'Etat il y a si peu d'initiatives en faveur des citoyens, qu'est-ce que cela risque d'être si on ne peut même plus obliger l'Etat à faire. Tina T. : Est-ce qu'une autonomie accrue aurait été une solution à ces problèmes socio-économiques ? Christiane Taubira : Pour la Guyane, une autonomie accrue consacrée à réaliser un projet de développement aurait bien sûr permis de réduire le chômage, de réduire les importations de biens, de marchandises, de rationaliser les modèles de consommation, de créer des richesses, de générer des revenus. C'est possible parce que nous avons un grand territoire terrestre, avec des ressources naturelles, une biodiversité, donc des possibilités de métiers d'environnement, de métiers d'artisanat, de métiers industriels. Et nous avons aussi un grand territoire marin dont le plateau continental a été étendu l'année dernière, avec à la fois des ressources halieutiques, des ressources minérales et des ressources énergétiques. Il est possible pour la Guyane de concevoir un développement vertueux qui réponde à la fois au souci que nous avons de préserver la forêt amazonienne et de respecter sa fragilité – ainsi que sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique (par la séquestration du carbone) –, et à la nécessité de développer des activités qui permettent à la jeunesse d'accéder à un emploi, donc à une vie sociale. Cerrumios : Quel vont être selon vous les conséquences de ces scrutins sur les élections régionales à venir ? Christiane Taubira : Ceux qui se refont une vertu à l'ombre de la victoire du "non" s'imaginent que les électeurs sont amnésiques et ont oublié leur participation aux exécutifs territoriaux, donc au pouvoir local. Je crois, pour l'avoir abondamment entendu pendant la campagne, que les citoyens font la part des responsabilités des uns et des autres et qu'ils peuvent avoir suivi un mot d'ordre sans forcément faire confiance à certains partisans du "non" et ne pas avoir suivi un mot d'ordre tout en gardant leur confiance à des élus favorables au "oui". Les régionales serviront à éclaircir tout cela. Garry : Quelles sont selon vous les options qui restent aux ultramarins pour bénéficier d'un traitement proche de celui des métropolitains au niveau économique et social ? Christiane Taubira : Il n'y en a pas. Le rendez-vous du 10 janvier était un rendez-vous d'opportunité. Ce n'était pas le processus idéal, mais il était ainsi. Il offrait une occasion d'engager avec l'Etat des discussions sur le fond. Désormais, les options sont soit la réforme administrative, c'est-à-dire une extension aux collectivités de la politique drastique de réduction des effectifs dans la fonction publique, soit, éventuellement, la réforme territoriale proposée par Edouard Balladur. Mais tout cela reste dans le champ juridique et institutionnel et ne traite absolument pas des problèmes des gens. Ça ne concerne absolument pas les grands dossiers. Garry Weishaupt : Serez-vous candidate aux régionales en Guyane ? Christiane Taubira : Je réserve ma décision à après le scrutin du 24. Les problèmes de la Guyane sont extrêmement graves. La jeunesse représente 60 % de la population, et la moitié n'a pas d'emploi. Nos jeunes sont éjectés des lycées car il n'y a pas assez de places. Ils ne sont pas accueillis en formation parce qu'il n'y a pas assez d'options et que celle-ci est frappée par un taux de chômage de 55 %. Le territoire est dans un état de pillage (l'orpaillage clandestin), et d'extraversion (exploration du pétrole par une multinationale). Si la mission principale de la région consiste uniquement à faire de la fusion administrative, je réfléchirai au lieu et aux conditions les plus efficaces pour servir l'intérêt général. Les urgences et les priorités sont d'arracher cette jeunesse à la déréliction, de recréer le lien social, de dissoudre les enclaves ethniques afin de construire de la cohésion, de normaliser les relations avec les pays voisins, bref, de dégager l'horizon pour redonner de l'espoir. Chat modéré par Elise Barthet
11/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/11/pour-christiane-taubira-le-refus-de-l-autonomie-en-guyane-est-un-cri-de-detresse_1290255_823448.html
Le pape dénonce les lois qui, selon lui, nient la différence entre les sexes
Benoît XVI a dénoncé les lois qui, selon lui, aboutissent à nier la différence entre les sexes, peu après l'adoption par le Portugal d'un texte autorisant le mariage homosexuel.
Lors de sa traditionnelle audience de début d'année au corps diplomatique accrédité auprès du Vatican, Benoît XVI a qualifié, lundi 11 janvier, d'"attaque" envers ce que Dieu a créé, les "lois ou des projets qui, au nom de la lutte contre la discrimination, portent atteinte au fondement biologique de la différence entre les sexes". Il a précisé se "référer, par exemple, à des pays européens ou du continent américain", dans un discours consacré à la défense de l'environnement dans son sens le plus large, "une exigence morale" selon lui. Le 8 janvier, le Parlement du Portugal a adopté un projet de loi permettant aux homosexuels de se marier, un texte présenté comme une "loi de liberté, justice, égalité et humanisme" par le premier ministre José Socrates. Le 28 décembre, le premier mariage gay de l'histoire de l'Amérique latine, la plus grande région catholique au monde, a été célébré à Ushuaïa, dans le sud de l'Argentine. "La liberté ne peut être absolue parce que l'homme n'est pas Dieu" et "le chemin à suivre ne peut être fixé par l'arbitraire ou le désir", a affirmé le chef de l'Eglise. Dans cette intervention, le pape a aussi dénoncé "un sentiment parfois d'hostilité, pour ne pas dire de mépris, envers la religion, en particulier la religion chrétienne", qui existe "dans certains pays, surtout occidentaux". "Si le relativisme est considéré comme un élément constitutif essentiel de la démocratie, on risque de ne concevoir la laïcité qu'en termes d'exclusion ou, plus exactement, de refus de l'importance sociale du fait religieux." Qualifiant cette approche de "voie sans issue", il a jugé "urgent de définir une laïcité positive, ouverte, qui, fondée sur une juste autonomie de l'ordre temporel et de l'ordre spirituel, favorise une saine collaboration". Dans un large tour d'horizon, Benoît XVI a également dénoncé "le terrorisme, qui met en danger tant de vies innocentes et provoque une anxiété diffuse", réitérant son appel du 1er janvier "à ceux qui font partie de groupes armés, quels qu'ils soient, afin qu'ils abandonnent la voie de la violence". Le souverain pontife a aussi durement critiqué "l'augmentation des dépenses militaires ainsi que le maintien et le développement des arsenaux nucléaires". Et il a "espéré fermement que, lors de la Conférence d'examen du traité de non-prolifération des armes nucléaires (en mai à New York), soient prises des décisions efficaces en vue d'un désarmement progressif, visant à libérer la planète des armes nucléaires". Benoît XVI a aussi estimé que la crise économique "dramatique", qui a provoqué "une instabilité sociale grave et diffuse", trouve ses racines dans une mentalité "égoïste et matérialiste". Il a enfin demandé à la communauté internationale de "ne pas se résigner au trafic de drogue et aux graves problèmes moraux et sociaux que cela engendre".
11/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/11/le-pape-reaffirme-son-opposition-aux-mariages-homosexuels_1290290_3214.html
"Parents et professeurs : ""chacun doit faire un pas vers l'autre"""
Dans un chat sur LeMonde.fr, Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l'Institut universitaire de formation des maîtres de Créteil, estime que "les parents peuvent être perdus" par l'école et qu'il faut leur permettre de "comprendre celle-ci".
Véronique Pillet : Avez-vous conscience que l’éducation nationale est en échec complet en particulier dans ce domaine des relations parents-profs ? Jean-Louis Auduc : Je pense que les relations parents-enseignants sont un domaine particulièrement difficile car l'enseignant et le parent ne se situent pas toujours au même niveau. L'enseignant est porteur de l'intérêt de tous les élèves de la classe, du "pour tous", et le parent est souvent porteur du "pour chacun", c'est-à-dire de l'intérêt de son seul enfant. On a donc un couple difficile à gérer. Mais si ce couple est difficile à gérer, pour l'intérêt et la réussite de l'enfant, il y a une chose que je crois, c'est que le divorce est là totalement impossible. L'enjeu est que chacun fasse un pas l'un vers l'autre, et les derniers textes, notamment ceux de 2006, peuvent y aider. Victorine : Je suis institutrice. Le gros problème avec ma classe de CM2 est le manque de sommeil chez beaucoup d'enfants. Souvent, ils ne se couchent pas avant 11 heures du soir. Lorsque j'en parle aux parents, soit ils ne font rien soit ils me répondent carrément que "ce ne sont pas mes affaires"... L'intérêt de l'enfant pour la réussite de sa scolarité et de sa vie, c'est d'avoir un rythme équilibré. C'est vrai que, souvent, il est difficile pour des parents de dire non à leur enfant le soir, et d'interdire de regarder la télévision ou Internet. Je pense qu'une rencontre, comme cela se fait dans des écoles, entre enseignants, parents et un spécialiste des questions de rythme de l'enfant peut être un moment en commun sur l'éducation de l'enfant. Je crois que tout le monde est concerné, car un enfant ne peut pas être découpé en tranches de saucisson : des heures à l'école, des heures dans la famille, des heures dans des activités socio-éducatives, et qu'il faut que l'harmonie puisse s'installer dans le déroulement de sa vie et de sa journée. A. Joubert : Comment redonner du crédit à la parole de l'enseignant aux yeux de certains parents ? Je crois que la question doit s'entendre ainsi : Comment l'école et ses enseignants peuvent-ils reconquérir une pleine légitimité ? Je crois qu'aujourd'hui les parents sont angoissés par l'avenir, aucun n'est sûr que son enfant vive mieux qu'eux, et cette angoisse est accrue par le bouleversement rapide du système scolaire depuis une à deux générations. Un enseignant ne doit pas hésiter à expliquer ce qui a changé entre l'école d'aujourd'hui et l'école qu'ont connue les parents. Pour montrer la légitimité de ces approches par rapport aux défis d'aujourd'hui. Benoît D. : Pensez-vous, comme le chercheur Patrick Rayou, qu'il est naïf de penser qu'il suffit que les parents aident leur enfants à faire leurs devoirs pour que les résultats s'améliorent ? N'est-ce pas omettre que les méthodes pédagogiques des enseignants et des parents peuvent entrer en contradition ? Je suis entièrement d'accord avec M. Patrick Rayou, les parents n'ont pas à faire de l'école après l'école, mais ils ont à épauler l'action de l'école et à participer à l'ouverture de l'horizon du jeune. Un partenariat, c'est chacun apportant sa pierre en fonction du jeune, des réalités de l'environnement, et des enjeux. Ce n'est donc pas, pour moi, concurrence, mais complémentarité nécessaire entre la famille et l'école. Christian : Il semblerait que les "écarts" se creusent entre enfants pour des raisons de méthodologie dans le travail à la maison. Existe-t-il une bonne méthode qui pourrait être enseignée aux enfants via leurs parents ? C'est vrai que l'écart se creuse. Un rapport récent l'a montré, entre juin et septembre plus largement qu'entre septembre et juin, c'est-à-dire pendant l'année scolaire. Et ce rapport a montré que ce qui se creusait, ce n'était pas les connaissances des élèves, mais le réinvestissement de ces connaissances pour acquérir des compétences. Parce que certaines familles ont des techniques qu'elles ont pu connaître, du par-coeur, du jeu télévisé, du savoir, et d'autres, plus favorisées dans la culture, mettent en relation des connaissances pour faire travailler le jeune. Nous retrouvons d'ailleurs cet écart dans les évaluations internationales, où les Français sont bons sur les connaissances et moins sur les compétences. C'est pourquoi la tentative de mettre en place un socle commun de connaissances et de compétences visait à montrer aux yeux des enseignants et des familles l'importance de la mise en relation des disciplines. Je regrette d'ailleurs qu'à l'inverse de la Belgique wallonne, la France n'ait pas élaboré un document de quatre pages précis, pour présenter aux familles l'intérêt de la démarche par compétences alliées à celle par connaissances. EdwiG : Mettons les pieds dans le plat ! N'y a-t-il pas tout simplement une dégradation globale de la qualité de l'instruction reçue par les enfants à la maison ? Sans un minimum de discipline, les efforts indispensables à l'apprentissage ne sont pas faits et alors peu importe les heures passées sur les bancs de l'école... Aujourd'hui, les parents ont des difficultés à travailler, à faire agir leurs enfants. Il n'y a pas de permis d'éduquer ses enfants délivré aux parents, et il n'y a plus les médiateurs naturels d'apprentissage qu'étaient auparavant les grands-parents. C'est vrai qu'aujourd'hui, dans les familles, on a spécifiquement des difficultés dans l'éducation des garçons. C'est, d'ailleurs, une des causes de la particularité française, qui est le grand écart de réussite scolaire en lecture entre filles et garçons. Il y a là un problème de société. Pourquoi les collectivités locales ne prévoieraient-elles pas des structures d'aide, de formation à la parentalité ? XXX XXX : Vous dites : "d'autres [familles] plus favorisées dans la culture, mettent en relation des connaissances pour faire travailler le jeune." Concrètement ça veut dire quoi ? Cela veut dire qu'une famille qui visite un monument va, en regardant une rosace, parler du cercle et des calculs, revisiter les notions d'histoire, et montrer au jeune que, par rapport à un problème donné, il faut mobiliser plusieurs disciplines. Nicolas D. : De nos jours, les collèges tendent tous la main vers les parents : sites Internet, e-mails, carnet de correspondance, reunions parents-profs... que faire de plus ? Dans l'académie de Créteil, le rectorat présentait aux parents une "mallette" pour qu'ils comprennent les objectifs et les missions du collège, quelques documents sur le collège aujourd'hui mais aussi sur ce qui avait changé par rapport au collège d'avant. Et également, ce qui change entre l'école et le collège. Pensons à une mère de famille qui a un enfant de 12 ans, qu'elle a pu avoir à 27 ans, lorsqu'elle était scolarisée et aujourd'hui, il y a eu sept changements de programmes. Les parents peuvent aussi être perdus, redonner du sens par rapport à l'école, c'est leur permettre de comprendre celle-ci, les personnels, et ce que recouvre un nom de discipline, ce qui n'est pas toujours clair. J'ai parlé de sept réformes, une discipline a changé six fois de nom au collège en vingt-cinq ans : sciences et vie de la Terre, qui se sont appelées biologie-géologie, sciences expérimentales, sciences naturelles... Agnès : Personnellement, j'ai consacré un nombre d'heures important pour les devoirs. Est-ce normal ? Le problème ne vient-il pas que le nombre d'heures en classe diminue... et que le programme reste le même ? Les devoirs sont pour moi un travail permettant à l'enfant de revisiter ce qu'il a appris pendant la classe. Je pense que la majeure partie des devoirs doivent se dérouler dans l'espace scolaire, après les heures de cours, comme cela se pratique dans d'autres pays d'Europe, notamment pour garantir l'égalité de tous les élèves par rapport à des manuels, des dictionnaires, des documents. Les devoirs sont nécessaires, mais ils font partie, pour moi, de la mission de l'école. A la maison, le rôle des parents est plutôt de faire parler l'enfant sur ce qu'il a appris, lui redemander d'expliquer telle ou telle notion en faisant quelquefois semblant de ne pas les connaître, et mettre en relation des éléments qu'il n'a pas toujours connus ou reconnus. Faire parler un enfant sur ce qu'il a appris, c'est important. Et ça ne nécessite pas que le parent ait bac + 5 ou + 6. Ben Yahia : Bonjour. J' ai 3 enfants. Le 1er a 22 ans, élève ingénieur; la fille, 16 ans, bac sc maths, pas de problème; mais je souffre du comportement du 3e: il a 14 ans, collégien, il ne s' intéresse pas aux études, il aime surtout être devant l'ordinateur. Que faire? Derrière votre question, il y a le problème du rapport de l'adolescent garçon à l'école. Je pense important qu'un garçon voie que son père s'intéresse à l'école, la prend au sérieux, et ne délègue pas cela à la mère. Je pense inquiétant que sur 140 000 jeunes sortant sans qualification du système scolaire, il y ait plus de 100 000 garçons. Marc : Les parents qui n'ont eux-mêmes pas bénéficié de l'école peuvent-ils aider leurs enfants ? Oui, en faisant parler l'enfant sur ce qu'il a appris à l'école. Vous savez, des enquêtes montrent que des jeunes de milieu défavorisé qui rentrent au pays, lorsqu'ils reviennent en France, sont mieux à même de reprendre le fil de l'école parce que, pour se faire bien voir de la cousine ou du cousin, ils lui ont montré tout ce qu'ils avaient appris à l'école et spontanément revisité leur programme scolaire de l'année. Cette simple revisite est un atout pour le jeune. Florence : Bien démunie face au problème de lenteur de mon enfant scolarisé, ai-je raison ou non d'interroger le professeur ? Car, au-delà du constat du professeur, je n'ai obtenu aucune réponse concrète et pratique. N'est-ce pas le rôle du professeur de conseiller ? Le rôle de l'enseignant, c'est – et nous essayons de les former à cette mission – de diagnostiquer les raisons de l'échec de l'élève. Au-delà du diagnostic, l'enseignant n'est pas un psychologue, un orthophoniste, un médecin, il est plutôt un aiguilleur par rapport à des personnes ressources susceptibles, à partir du diagnostic, d'apporter des réponses précises. MPC : L'an dernier, sur un peu plus de 800 000 naissances, plus d'une sur huit avait lieu dans une famille avec les deux parents inactifs. Est-ce que ces enfants sont déjà mal partis ? Le concept de parent inactif est soit un concept de chômage, soit un concept – et c'est un phénomène nouveau – de retraité ou préretraité. C'est vrai que les chiffres montrent qu'une non-présence du travail dans l'univers familial pose question à l'entrée du jeune à l'école. L'école, c'est le moment où le jeune va rencontrer la tâche, l'organisation, le rythme. Si les parents ne se lèvent pas régulièrement, si l'enfant ne les voit pas partir pour le travail, il risque d'y avoir des difficultés par rapport à son entrée en apprentissage scolaire. Ce qui veut dire un travail spécifique à la maison sur le travail qui s'y effectue et surtout, que l'enfant ne soit pas le seul à se lever tôt le matin et à avoir des obligations de rythme précis. Ninoune : Pensez-vous qu'un ordinateur portable est dangereux pour une collégienne ou bien un outil de construction ? Un ordinateur, c'est un outil. Je sais lire, je peux lire des choses intéressantes, je peux lire des choses scandaleuses. Il y a une nécessité à l'école, en commun avec les familles, de voir que l'ordinateur, parce qu'il peut véhiculer telle ou telle perversion, peut revêtir un caractère dangereux. C'est justement sur cette question qu'il est important que les familles et l'école parlent d'une même voix sur, effectivement, ce qui est interdit et ce qui est inadmissible. Aujourd'hui, dans notre société, un des enjeux importants de l'éducation de l'enfant, c'est que la ligne rouge de l'inadmissible soit la même pour les parents et pour l'ensemble des acteurs du système scolaire. CapVert : Objectivement, le rôle principal d'un parent d'élève aujourd'hui n'est-il pas de faire en sorte que son enfant se retrouve dans les bonnes écoles ? La différence entre lycées est telle que cela peut définitivement plomber un jeune de se retrouver dans un établissement aux exigences "limitées". Le problème du système scolaire français, ce ne sont pas les très bons élèves qui ne redoublent jamais, ce sont le tiers d'élèves moyens. Si cet élève moyen est mis dans une école – et il y en a – à très forte exigence, il peut s'effondrer, et ce n'est pas un service à lui rendre, alors que dans d'autres types d'établissements, il pourra, à son rythme, progresser et obtenir une qualification quelquefois de haut niveau, correspondant à ses potentialités. Pensons à une chose : les IUT [institut universitaire de technologie] ont été des tremplins extraordinaires par rapport à ces élèves moyens, qui, s'ils avaient tenté quelques grandes écoles, auraient pu s'effondrer. Attention, la bonne école, c'est celle qui correspond au profil de l'enfant, pas seulement au désir des parents ou au palmarès des médias. Yohann Marcet : Quelle place doit occuper la télévision dans la réussite scolaire ? La télévision est un outil. Il y a d'excellentes émissions, il y en a de moins bonnes. Là aussi, on voit des différences de traitement dans les familles. On va regarder muets un programme de télévision dans certaines familles, dans d'autres, on va parler sur ce qu'on voit à la télévision. Dans le journal télévisé, comme dans le film, comme dans l'émission de variétés. Et en parlant de l'image, on éduque, on forme, on instruit l'enfant. Et c'est vrai que des écarts se creusent entre l'enfant sujet passif devant la télévision et celui qui va avoir, dans sa famille, l'habitude de parler sur ce qu'il voit. C'est pourquoi je considère que cela fait partie du programme de l'école ce qui existe en éducation civique au collège sur savoir regarder un média. Cerrumios : Comment redonner goût d'éduquer et d'apprendre à des enfants ou ados qui ont comme modèle de réussite musiciens, rappeurs, sportifs ? L'acte d'éduquer peut se comparer à l'entraînement. L'enseignant est un coach. Quand on parle d'un sportif, quand on parle d'un rappeur, quand on parle d'un musicien, on le voit cinq, dix minutes, et on ne parle jamais des heures d'entraînement fastidieux qu'il a faites pour arriver à sa performance. Quand j'étais enseignant, j'étais dans le collège où avait été élève Basile Boli, le footballeur. Je l'ai fait venir devant les élèves. Le discours qu'il leur a tenu, c'est : vous avez beaucoup de chance, parce que moi, pour parvenir à quatre-vingt-dix minutes de rêve chaque semaine, je passais des heures à tourner autour du stade depuis l'âge de 10 ans, je n'avais pas de samedi, pas de dimanche. Il faut réhabiliter, dans notre société de l'immédiateté, l'entraînement. Et c'est vrai que l'école étant le terrain d'entraînement, elle sème, et les fruits sont récoltés plus tard. Mais il y a là un vrai enjeu, on n'obtient quelque chose qu'avec des efforts, du travail, et de la persévérance. Barbara : Enseignant à l'université, j'observe de plus en plus clairement des disparités entre les néo-bacheliers arrivant de lycées différents. Certains ne rechignent pas devant le travail. D'autres expliquent clairement qu'ils n'ont pas l'habitude de travailler : "c'est trop dur! " Ils ont pourtant quasiment tous le meme bac S. Peut-on continuer avec cette hypocrisie ? Je pense qu'on n'obtient rien dans la société sans effort et sans travail. Et que la posture de travail est extrêmement importante. Aujourd'hui, un jeune peut penser qu'arrivé à l'université, il en a terminé et qu'il est du bon côté de la barrière. Il y a trente ans, une génération, être à l'université, quel que soit le rythme d'apprentissage, c'était l'assurance d'une entrée satisfaisante dans la vie active. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, et par rapport aux familles, on assiste à une certaine démobilisation lorsque les enfants arrivent à un niveau supérieur à celui où elles ont été. D'où l'enjeu de leur expliquer qu'aujourd'hui, entrer en seconde, c'est une aventure d'au moins cinq-six ans, trois ans de lycée, trois ans d'université ou deux ans de BTS [brevet de technicien supérieur] ou d'IUT. C'est un des problèmes des liaisons lycée-enseignement supérieur. Maryline Baumard
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/parents-et-professeurs-chacun-doit-faire-un-pas-vers-l-autre_1290269_3224.html
L'explosion d'un appartement fait un mort à Saint-Dizier
Une explosion due au gaz s'est produite dans un immeuble d'un quartier sensible de Saint-Dizier, faisant un morts et une dizaine de blessés.
Une explosion due au gaz, qui s'est produite lundi à 15 h 45 dans un immeuble de Saint-Dizier (Haute-Marne), a fait un mort et une dizaine de blessés, dont deux graves, a-t-on appris de sources convergentes. Un premier bilan provisoire avait fait état de la mort de deux personnes. "Mais l'une d'elles, brûlée à plus de 80 %, vit encore", a corrigé le lieutenant-colonel Gérard Zanchi, directeur adjoint des pompiers du département. D'après un porte-parole de la mairie, "des témoignages font état d'un incendie au rez-de-chaussée de l'immeuble, puis d'une explosion au premier étage". Selon un autre témoin, il y aurait eu en tout trois explosions dans cette barre HLM de quatre étages construite dans les années 1970, comptant une cinquantaine de logements, dont une quarantaine occupés, située dans le quartier sensible du Vert-Bois. Les blessés ont tous été transportés vers le centre hospitalier de la ville. Une quinzaine de personnes sont en outre en cours de relogement. Une soixantaine de pompiers et dix-huit véhicules ont été mobilisés, ainsi que les policiers de Saint-Dizier et deux véhicules du service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR). Une porte-parole de GRDF, la filiale distribution de GDF-Suez, a indiqué que l'alimentation en gaz avait été interrompue dans l'immeuble et dans l'immeuble voisin, en précisant qu'il n'existait "aucune certitude quant aux causes".
11/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/deux-morts-dans-l-explosion-d-un-appartement-a-saint-dizier_1290286_3224.html
Le procès du meurtrier d'un médecin pratiquant l'avortement tardif s'ouvre aux Etats-Unis
Le docteur Tiller, qui pratiquait des avortements jusqu'à la 22e semaine de grossesse, a été assassiné en mai 2009. Il. Son assassin présumé estime que tuer un meurtrier n'est pas un meurtre.
Le 31 mai 2009, Scott Roeder a tué le docteur George R. Tiller parce que ce dernier pratiquait des avortements tardifs. Scott Roeder a reconnu, alors qu'il était en prison, être l'homme qui s'était avancé dans une église luthérienne de Wichita, Kansas, pour tirer plusieurs balles sur le docteur Tiller avant de prendre la fuite. Rapidement arrêté près de Kansas City, à 270 kilomètres des lieux du crime, il comparaît à partir du lundi 11 janvier à Wichita. Le procès devrait durer trois semaines. Le docteur Tiller, 67 ans, pratiquait des avortements jusqu'à la 22e semaine de gestation ; stade auquel le fœtus est viable hors du ventre de sa mère. Ces interventions sont légales au Kansas si deux médecins indépendants certifient que la mère risque de connaître des problèmes de santé irréversibles lors de l'accouchement. Après le meurtre, la clinique du docteur Tiller, qui était déjà très controversée a été fermée. Un successeur avait bien proposé de reprendre la place laissée vacante par le docteur Tiller, mais sa famille a préféré en fermer définitivement les portes. En 1986, l'établissement avait été gravement endommagé par une bombe placée sur le toit du bâtiment. En 1993, le médecin avait été blessé aux deux bras par des coups de feu tirés par une femme, Rachelle Renae Shannon, arrêtée puis condamnée à onze ans de prison. Lui-même poursuivi par la justice pour avoir pratiqué 19 avortements "illégaux" en 2003, le médecin avait été acquitté en mars. Dénonçant une "chasse aux sorcières", il avait expliqué qu'il était sous la protection du FBI depuis la découverte, en 1994, d'une liste de personnes à abattre dont il occupait la tête. "AVORTEMENTS SÛRS ET LÉGAUX" Son meurtre "est un acte de terrorisme" qui vise à intimider les autres médecins pratiquant l'avortement, a déploré Terry O'Neill, présidente de l'organisation en faveur des droits pour l'IVG, National Organization for Women (NOW), rappelant que le docteur Tiller avait prodigué "des avotements sûrs et légaux à des patientes qui se trouvaient souvent dans circonstances désepérées". Pourtant, dans une Amérique où le mouvement "pro-life" a toujours beaucoup de poids, écourter la grossesse à ce moment avancé est jugé inacceptable et toutes les associations anti-IVG se sont réjouies de la fermeture de sa clinique. Mais toutes ne se sont pas ralliées à l'acte de Scott Roeder. Pour sa défense, Scott Roeder explique que tuer un meurtrier ne doit pas être considéré comme un meurtre. S'il a admis avoir tiré sur le docteur Tiller, il plaidera toutefois non-coupable, revendiquant un acte "nécessaire" pour protéger la vie des fœtus. Si un juge a déjà statué qu'il ne pouvait appuyer sa défense sur cette notion de "nécessité", il est néanmoins possible que la justice autorise la défense à plaider pour une requalification criminelle des faits à un degré moindre que l'assassinat, en prenant en compte les convictions de l'accusé. Il risquerait alors une peine de prison moins lourde que la perpétuité. Première étape de ce procès placé sous haute sécurité, la sélection des jurés a commencé dans la matinée de lundi. Ils seront interrogés par les avocats des deux parties sur leur position personnelle au sujet de l'avortement. A quelques heures du début du procès, le doute subsiste encore quant à la publicité des débats. Déjà, le juge Warren Wilbert a refusé l'entrée des journalistes lors de la sélection des jurés. Il estime que cela serait de nature à "effrayer les jurés potentiels".
11/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/11/le-proces-du-meurtrier-d-un-medecin-pratiquant-l-avortement-tardif-s-ouvre-aux-etats-unis_1290248_3222.html
Le Malawi crée la surprise face à l'Algérie (3-0)
Les hommes de Rabah Saadane sont derniers de leur groupe après cette défaite surprise.
Le groupe A de la CAN est riche en surprises. Dimanche, en match d'ouverture, l'Angola a concédé le nul (4-4) alors qu'elle menait 4-0 à moins d'un quart d'heure de la fin du temps réglementaire. Lundi, l'Algérie, qui se présentait en favorite face au Malawi, a subi une lourde défaite 3-0, sur laquelle peu auraient parié, puisque jamais les "Flammes" n'avaient remporté la moindre victoire dans cette compétition... Dans un Stade-du-11 Novembre particulièrement peu garni, les Algériens étaient pourtant les premiers à se montrer dangereux, sur un tir de Ghezzal. Face à un adversaire qui semble décidé à ne pas prendre le jeu à son compte, la domination des Fennecs est stérile et la première occasion malawite fait mouche, Mwafulirwa profitant d'une mauvaise sortie du gardien algérien Chaouchi. Les Algériens tentent de réagir par Saïfi, mais le lob de l'ancien Lorientais ne trouve pas le cadre. En manque de réussite en attaque, les coéquipiers de Ziani ne brillent pas plus en défense et se laissent surprendre à la 35e par un beau mouvement conclu par une tête de Kafoteka sur un centre venu de la gauche. Les Fennecs ne profitent pas de la pause pour se remettre en ordre de marche, et ils sombrent d'entrée en encaissant un 3e but dès la 48e : sur une balle mal renvoyée par Chaouchi, Mwafulirwa trouve le poteau mais Banda a suivi. Les Algériens vont pousser pendant toute la deuxième mi-temps, se créant plus d'occasions que leurs adversaires, mais sans succès. Au terme de cette première journée, l'Algérie se trouve à la dernière place de son groupe mais peut encore croire en ses chances. Il lui faudra d'abord faire ses preuves jeudi 14 janier face au Mali avant d'affronter l'Angola, lundi 18.
11/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/11/le-malawi-cree-la-surprise-face-a-l-algerie-3-0_1290282_3242.html
Le FMI envoie une mission en Grèce à la demande d'Athènes
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé l'envoi d'une mission en Grèce à la demande des autorités d'Athènes, indiquant qu'y serait examinée "l'éventualité d'une assistance technique".
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, lundi 11 janvier, l'envoi d'une mission en Grèce à la demande des autorités d'Athènes, indiquant qu'y serait examinée "l'éventualité d'une assistance technique", formule qui se rapporte généralement à un prêt de l'institution. "A la demande des autorités grecques, une équipe du Fonds monétaire international se rendra à Athènes à partir du 12 janvier pendant environ une semaine pour examiner l'éventualité d'une assistance technique du FMI sur la réforme des retraites, la politique fiscale, l'administration fiscale et la gestion du budget", a indiqué un porte-parole du FMI à Washington dans un communiqué. "La mission s'inscrit dans le cadre de la surveillance habituelle que le FMI apporte à ses Etats membres", a ajouté ce porte-parole. La Grèce avait reçu pendant trois jours, de mercredi à vendredi, une visite d'experts de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, venus examiner l'état des finances publiques du pays. L'Union européenne et le FMI ont déjà fourni conjointement à deux Etats membres de l'Union des prêts destinés à les sortir de la crise : la Hongrie en novembre 2008 et la Lettonie le mois suivant.
11/01/2010
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/11/le-fmi-envoie-une-mission-en-grece-a-la-demande-d-athenes_1290274_3210.html
Une rentrée très politique…
En ce début d'année 2010, la rentrée des politiques s'annonce chargée.
Le rejet du texte sur la taxe carbone par le Conseil constitutionnel et le non au référendum pour une autonomie accrue en Guyane et en Martinique donnent le ton, tandis que la mort brutale de Philippe Seguin a ému l'ensemble de la classe politique, tous courants confondus. L'Assemblée nationale reprend ses travaux avec la deuxième lecture du texte sur le redécoupage électoral, tandis que la discussion relative au statut de La Poste se poursuit, suite au rapport de la commission mixte paritaire. Le projet de loi organisant la concomitance des renouvellements des conseils généraux et des conseils régionaux, qui fait partie des dispositions de la réforme des collectivités locales, arrive également le 13 janvier dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, suite à l'adoption du texte par le Sénat. Enfin, la mission d'information sur la pratique du port du voile intégral devrait remettre ses conclusions d'ici la fin du mois, alors même que Jean-François Copé a annoncé son propre projet d'interdiction de la burqa sur le territoire national, sans attendre le rapport de la mission. Selon le président du groupe UMP à l'Assemblée, " le temps de la décision politique est venu ". Les invités de Ca vous regarde reviendront ce soir sur cette rentrée et une année qui s'annonce très politique… Invités : Nicole Ameline, députée UMP du Calvados Marie-Pierre de la Gontrie, première vice-présidente PS du Conseil régional d'Ile-de-France Nicolas Perruchot, député NC du Loir-et-Cher Noel Mamère, député Verts de Gironde
11/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/11/une-rentree-tres-politique_1290277_3208.html
La bataille des tablettes tactiles s'annonce pour 2010
La plupart des constructeurs informatiques préparent le lancement de "tablet PC", des ordinateurs sans clavier à mi-chemin entre le téléphone portable et le netbook.
Il y a le projet de tablette Hewlett-Packard, présenté par le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, lors du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas la semaine dernière. Il y aura aussi les tablettes de Dell, de Compal, de Lenovo, d'Archos, de Motorola, le Joojoo... Quasiment tous les constructeurs ont prévu de sortir en 2010 un ou plusieurs "tablet PC", ces mini-ordinateurs sans clavier à mi-chemin entre le téléphone portable et le netbook. Dotées d'un écran tactile, ces machines multifonctions peuvent servir à la fois d'ordinateur classique, de livre électronique, voire à téléphoner, pour un encombrement minimal. Les analystes financiers prévoient que ces machines seront l'un des produits phares de l'année 2010. Seul constructeur majeur à ne pas avoir confirmé officiellement le lancement d'une tablette, Apple prévoit également le lancement d'une machine dans les prochaines semaines. C'est ce qu'a confirmé le numéro un d'Orange, Stéphane Richard, ce matin au micro d'Europe 1, expliquant que cette tablette pourrait servir de visiophone en se connectant au réseau 3G du fournisseur d'accès. SYSTÈMES D'EXPLOITATION Apple laissait circuler depuis désormais plus d'un an les rumeurs du développement de cette tablette, sans jamais l'avoir infirmé ou confirmé. Ce délai a laissé le temps aux autres constructeurs de concevoir leurs propres modèles. Les tablettes ne sont pas une nouveauté : plusieurs modèles existent déjà, mais les constructeurs estiment tous que le marché est suffisamment mûr pour que les ventes décollent en 2010. La multiplication des offres laisse présager non seulement une bataille commerciale autour des machines elles-mêmes, mais aussi et surtout autour de leurs systèmes d'exploitation. Les analystes estiment que les ventes de tablettes devraient représenter un peu moins d'un milliard de dollars sur l'année. Pour Apple, la tablette est un nouveau moyen de renforcer la domination de son magasin en ligne Itunes, qui ne vend pas seulement de la musique, mais aussi des épisodes de séries télévisées ou des livres. Particulièrement adaptées à la lecture et au visionnage de films, les tablettes pourraient constituer un nouveau marché lucratif pour la vente de contenus multimédias. Microsoft a également décidé de miser sur les tablettes, mais pour d'autres raisons. Avec Windows 7, la dernière version du système d'exploitation de la firme, intégrant la gestion d'écrans tactiles, Microsoft souhaite utiliser ces nouveaux ordinateurs comme une vitrine pour promouvoir son logiciel. C'est d'ailleurs le PDG de Microsoft en personne, Steve Ballmer, qui est venu présenter au CES le modèle de tablette développé par Hewlett-Packard, et qui utilisera Windows 7. Sans toutefois convaincre. De son côté, Google espère conquérir des parts de marché sur ce secteur grâce à son système d'exploitation Androïd, initialement développé pour les téléphones portables à partir du logiciel libre et gratuit Linux. Plusieurs constructeurs ont d'ores et déjà adopté le logiciel de Google, notamment pour des raisons de coût. D'autres fabricants, comme Lenovo, ont fait le choix de développer leur propre système d'exploitation à partir de Linux.
11/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/11/la-bataille-des-tablettes-tactiles-s-annonce-pour-2010_1290014_651865.html
Politiques de l'intime, sous la direction d'Isabelle Berrebi-Hoffmann
La politique se préoccupe depuis peu de légiférer au coeur même de ce que notre société définit comme le plus intime : le corps, la sexualité, le couple, la famille, etc. La même ingérence s'observe dans le monde du travail.
L'intime, c'est à la fois le subjectif, le personnel, le caché, le familier. C'est "ce qu'il y a de plus profondément intérieur", rappelle Isabelle Berrebi-Hoffmann, maître d'oeuvre de ce livre, sous-titré "Des utopies sociales d'hier aux mondes du travail d'aujourd'hui", auquel ont participé une quinzaine d'auteurs. Pour la chargée de recherche au CNRS, une "recomposition" est en cours. "Les sphères privées et publiques ont été pensées comme séparées depuis plus de deux siècles maintenant. Aujourd'hui, elles ont maille à partir l'une avec l'autre", écrit-elle. "Depuis le pacs (pacte civil de solidarité) jusqu'à l'interdiction de fumer dans les lieux publics et les cafés, la politique se préoccupe depuis peu de légiférer au coeur même de ce que notre société définit comme le plus intime : le corps, la sexualité, le couple, la famille, etc." La même ingérence s'observe dans le monde du travail. Cette emprise croissante de l'Etat, de la société, de l'entreprise sur les individus, les Anglo-Saxons la nomment "soft paternalism". La première partie de l'ouvrage rappelle la généalogie de ce "paternalisme doux", qui a succédé au paternalisme - ou au maternalisme - classique. La deuxième partie, plus contemporaine, explore "l'immixtion croissante" des politiques d'entreprise "au coeur de l'intime". La troisième partie enfin se présente comme une esquisse d'une théorie des émotions dans le monde du travail. François Sarfati, enseignant à l'université Paris-XII, montre ainsi comment, de plus en plus, les émotions sont une "ressource" sur laquelle s'appuient les entreprises. Olivia Foli, enseignante à Paris-IV, dépeint de façon judicieuse comment les sentiments d'impuissance et de frustration intime sont au coeur des mécanismes d'intégration dans une bureaucratie ; ce qu'elle résume par une formule : "la socialisation dans une culture de la plainte". L'hypothèse avancée par Mme Berrebi-Hoffmann est que nous arrivons peut-être "au bout d'un phénomène tri-séculaire d'individuation". Mais ce livre, par la prise de distance intelligente qu'il favorise, ne montre-t-il pas, paradoxalement, que la capacité critique de l'individu face à ces ingérences est toujours bien vivante ? Politiques de l'intime, sous la direction d'Isabelle Berrebi-Hoffmann. La Découverte, 2009, 280 pages, 25 euros. Philippe Arnaud et Philippe Arnaud
11/01/2010
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/01/11/politiques-de-l-intime-sous-la-direction-d-isabelle-berrebi-hoffmann_1289960_3260.html
La Chine se lance à son tour dans l'économie verte, par Joël Ruet
Un standard chinois des systèmes de gestion de l'énergie vient d'être publié, alors que la norme internationale ISO50001 est encore en préparation. Et les économistes chinois réfléchissent à l'intérêt de crédits carbone dans les secteurs du ciment, de l'acier.
En se fixant un objectif de réduction de plus de 40 % de l'intensité énergétique de son produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2020 par rapport à 2005, la Chine voit plus loin que Copenhague. Et elle possède les atouts pour faire éclore, et exporter, un modèle économique original. En 1937, après la Longue Marche (une retraite de 12 000 kilomètres pour échapper aux nationalistes), Mao Zedong disait "la situation n'a jamais été aussi bonne". Car il avait trouvé la stratégie qui lui donnerait la clé de Pékin. La Chine a aujourd'hui une stratégie claire en matière environnementale. Sous l'impulsion des réformes lancées par Deng Xiaoping, le PNB a quadruplé entre 1978 et 1995, alors que la consommation d'énergie n'a "que" doublé dans la même période. Au début du millénaire, lorsque celle-ci s'est emballée, Pékin a lancé "10 projets clés" et un programme dit des "1 000 entreprises". Ces politiques nationales, associées à l'impact de la crise, ont permis une baisse de 20 % de la consommation énergétique par point de PIB entre 2005 et 2010. Un résultat exceptionnel qui a mobilisé un effort financier conséquent : il a doublé en 2008, pour atteindre 42 milliards de yuans. Cette cascade de programmes, qui a entraîné la fermeture des usines les moins performantes, va continuer à cibler les entreprises publiques les plus énergivores, à encourager la tertiarisation de l'économie et à poursuivre l'objectif de 15 % d'électricité renouvelable ou nucléaire. Pour cela, la Chine a besoin d'améliorer l'efficacité énergétique des PME industrielles et des villes, en appliquant de nouvelles solutions de gestion de l'énergie pour le bâtiment, les infrastructures et les transports - le pays possède une réelle avance dans ce dernier domaine. Le bâtiment est aujourd'hui le défi majeur. Les programmes de coopération technologique se multiplient avec les Occidentaux dans ce secteur. Mais la question centrale est moins la technologie que son déploiement. L'impulsion gouvernementale est nécessaire, mais pas suffisante. Formation et information seront essentielles à tous les niveaux. L'"économie verte" prendra racine par des initiatives locales. Les zones expérimentales "à basse intensité carbone" - inspirées des zones franches - comme à Nanjing, les cités et îles écologiques - comme à Chongming - sont des laboratoires des villes du futur, dont l'exposition universelle de Shanghaï en 2010 affirmera les premiers contours. Cette économie verte est aussi financière : des fonds privés de capital-risque sont dédiés aux entrepreneurs de l'environnement ; le principal bras industriel et financier de l'Etat dans ce secteur, la China Energy Conservation Investment Company, monte en puissance. De véritables Bourses environnementales ont été lancées à Pékin, Shanghaï et Tianjin afin de ne pas laisser aux Occidentaux la mainmise sur les marchés des crédits carbones. L'organe chargé de préparer le XIIe Plan, la Commission nationale de réforme et de développement, a demandé à son Institut de recherche sur l'énergie d'étudier l'option d'une taxe carbone, pour sensibiliser le consommateur... et écarter la menace d'une taxe carbone aux frontières imposée par les pays importateurs. Un standard chinois des systèmes de gestion de l'énergie vient d'être publié, alors que la norme internationale ISO50001 est encore en préparation. Et les économistes chinois réfléchissent à l'intérêt de crédits carbone dans les secteurs du ciment, de l'acier... Le pays entier expérimente, dans ce typique mélange d'émulation et de duplication. Toutes les initiatives ne réussiront pas. Mais les modèles vainqueurs seront vite repris à l'échelle nationale, voire à l'étranger. Joël Ruet est chercheur au CNRS, président de l'Observatoire des émergents. Cette chronique a été rédigée avec Jean Pasternak, directeur de la Stratégie carbone de Schneider Electric
11/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/la-chine-se-lance-a-son-tour-dans-l-economie-verte-par-joel-ruet_1289965_3232.html
Dialoguer et critiquer, un travail nécessaire, par Armand Hatchuel
En exigeant flexibilité et autonomie, les organisations actuelles du travail sont génératrices de stress. Mais celui-ci ne devient pathologique que lorsqu'il y a absence de... management.
Les suicides dans de grandes entreprises sont la forme extrême d'une tendance plus ancienne à la dégradation de la santé mentale au travail. Mais quelles en sont les causes ? L'intensification du travail ? L'individualisation des objectifs ? L'absence de reconnaissance des salariés ? Si les grandes enquêtes peinent à dégager des explications précises, une thèse est souvent avancée : la croissance du stress au travail résulterait des méthodes de management contemporaines qui détruisent les collectifs de travail. Or une recherche récente vient amender cette vision. Certes, en exigeant flexibilité et autonomie, les organisations actuelles du travail sont génératrices de stress. Mais celui-ci ne devient pathologique que lorsqu'il y a absence de... management ! Et tout particulièrement lorsqu'il y a déstabilisation des cadres de proximité et absence de débats collectifs sur le travail. Menée dans seize entreprises et organisations diverses, cette étude a réuni, autour d'une équipe de recherche en gestion, des sociologues, des économistes et des médecins du travail qui ont pu croiser les données sur la santé des salariés avec des analyses fines de l'organisation du travail et des systèmes de management ("Les déterminants organisationnels et managériaux de la santé au travail. L'enjeu de la parole sur le travail", rapport ANR, coordonné par Mathieu Detchessahar, septembre 2009). L'enquête confirme les pressions de la gestion contemporaine : des directions qui luttent "aux frontières" de l'entreprise (actionnaires, stratégies externes, tutelles), l'irruption du client et des flux tendus dans la production, le foisonnement des outils de contrôle, etc. Mais elle montre surtout que les cadres de proximité peuvent aménager l'impact de ces pressions lorsqu'ils disposent de ressources suffisantes (légitimité, temps, marges de manoeuvre) pour favoriser des lieux de débat sur l'organisation du travail. Car seule la discussion conjointe des enjeux de l'entreprise et des méthodes de travail permet d'explorer des solutions moins agressives pour la santé mentale des salariés tout en suscitant des solidarités vis-à-vis des plus exposés. Reste que cette action locale est souvent limitée par l'attitude des directions. Lorsque celles-ci restent lointaines, multiplient les objectifs intenables et subissent en désordre les défis de la compétition mondiale, les cadres de proximité se retrouvent sans soutien, et leurs efforts de dialogue sont peu crédibles. C'est dans de telles situations que l'on observe les données de santé les plus dégradées. L'étude signale aussi le cas paradoxal de directions se battant sincèrement pour la survie de l'entreprise mais qui sollicitent trop les cadres de proximité, notamment par le déploiement incessant de nouveaux systèmes de gestion. Débordés "par le haut", ces cadres n'assurent plus leur rôle d'animation du dialogue sur le travail. D'où la surprise des dirigeants lorsqu'ils découvrent le désarroi des salariés. La question de la santé psychique au travail renvoie à l'essence même de la fonction managériale. Depuis un siècle, travail, entreprise et société ne sont plus séparables. L'entreprise n'existe que si les salariés répondent à une autorité qu'ils jugent légitime. Et le travail n'a de sens qu'au sein d'un projet collectif qui promet reconnaissance sociale, compétence et revenus. Ce rapprochement a été la mission historique des dirigeants, et il leur revient aujourd'hui de soutenir l'encadrement de proximité et l'organisation de dialogues critiques sur le terrain. Car, face aux pressions des organisations contemporaines, l'enjeu a changé de nature : il ne s'agit plus seulement d'améliorer les conditions de travail, mais de maintenir le sens même du travail. Armand Hatchuel est professeur à Mines ParisTech.
11/01/2010
idees
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Pierre Massé, le planificateur des années 1960, par Jean-Marc Daniel
S'il ne prétend pas attribuer au plan quinquennal français, qu'il définit comme l'"anti-hasard", le caractère contraignant et rigide des plans soviétiques, Pierre Massé en fait un cadre strict pour les entreprises publiques et un élément de référence pour les entreprises privées.
Commencé sous des auspices libéraux, le mandat de Nicolas Sarkozy semble de plus en plus étatiste. La politique industrielle est de nouveau à l'ordre du jour, un "Fonds stratégique" a été créé pour dynamiser l'investissement, le "grand emprunt" est supposé préparer l'avenir. Certains parlent de retour aux années 1960 et à l'industrialisme gaullo-pompidolien. A l'époque, la politique économique s'appuyait sur un plan national considéré, selon l'expression du général de Gaulle, comme une "ardente obligation", alors incarnée par Pierre Massé. Né le 13 janvier 1898 à Paris, M. Massé est reçu à l'Ecole polytechnique en 1916. Il part sur le front où il se distingue par son courage. A la sortie de l'X, il rejoint le corps des Ponts et Chaussées et commence une carrière dans l'industrie électrique. La seconde guerre mondiale le conduit à participer activement à la Résistance, où il rejoint les gaullistes. Le général de Gaulle lui confie la direction du Commissariat général du Plan, en 1959. S'il ne prétend pas attribuer au plan quinquennal français, qu'il définit comme l'"anti-hasard", le caractère contraignant et rigide des plans soviétiques, il en fait un cadre strict pour les entreprises publiques et un élément de référence pour les entreprises privées. Pendant son passage rue de Martignac, qui s'achève en 1966, il supervise l'exécution du IVe et la préparation du Ve Plan, dont la mise en oeuvre débute en 1965. Cette préparation est l'occasion d'un grand travail de prospective et de réflexion sur l'avenir de l'économie française. M. Massé met alors en avant deux soucis majeurs : favoriser l'augmentation de la productivité, et bien cerner l'obsolescence du capital afin de préciser les règles d'amortissement que doivent appliquer les entreprises. Il demande en outre à ses équipes d'essayer de concevoir ce que pourrait être la France de 1985. Car une de ses préoccupations est de corriger la propension des décideurs à se contenter du court terme. Pour lui, la mission essentielle du Commissariat du Plan est d'être le lieu où l'on raisonne à long terme. En 1986, alors qu'il est question de le supprimer, il s'en émeut : "Supprimer le Plan au nom d'un libéralisme impulsif serait priver le pouvoir d'une de ses armes contre la dictature de l'instant." Mobilisant de façon systématique les premiers ordinateurs, les experts de 1965 imaginent un monde de 1985 encore en forte croissance, continuant à s'urbaniser, où le rôle des femmes est de plus en plus important. Ils voient aussi une France bridée par son déficit extérieur et menacée de façon récurrente par l'inflation. Mais ils n'anticipent pas le choc pétrolier et surtout le chômage, qui sera LE problème en 1985 et les années suivantes. Même si les prévisions de 1965 ne sont a posteriori pas ridicules, M. Massé avait conscience des limites d'un tel exercice. A ses Mémoires parues en 1984 sous le titre Aléas et progrès, il donne le sous-titre "Entre Candide et Cassandre". Ni trop optimiste ni trop pessimiste, le Plan devait être à ses yeux un "réducteur d'incertitudes". Dans La Crise du développement (1973), il met en garde contre un volontarisme brouillon en rappelant que l'Etat ne peut pas tout faire, n'a pas vocation à tout décider et ne peut pas prétendre se donner le bonheur comme objectif tant cette notion relève de la vie intime de chacun. C'est à ce sens de la mesure et à une grande détermination qu'il doit d'être considéré depuis sa mort, en 1987, comme une sorte de commissaire au Plan emblématique. Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe.
11/01/2010
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Heurs et malheurs de l'euro, par Martin Wolf
Les déséquilibres budgétaires entre les pays de la zone euro, antérieurs à la crise, ont fait entrer certains d'entre eux en récession. En 2006, l'Allemagne avait un excédent de 190 milliards de dollars, l'Espagne un déficit de 111 milliards.
Que se serait-il passé durant la crise financière si l'euro n'avait pas existé ? Les monnaies grecque, irlandaise, italienne, portugaise et espagnole auraient à coup sûr fortement chuté face au deutschemark. C'est précisément le genre de chose que les créateurs de la zone euro souhaitaient éviter. Ils y sont parvenus. Mais si le taux de change ne peut plus être ajusté, alors il faut que quelque chose d'autre le soit. En l'occurrence, ce sont les économies des pays membres situés à la périphérie de la zone. L'économie de la zone euro est presque aussi forte que celle des Etats-Unis. Elle a trois fois la taille de celles de la Chine ou du Japon. Jusqu'ici, elle a passé avec succès son premier test. Pourtant, le fléchissement de l'économie américaine entre son pic et son point bas n'a été que de 3,8 % (du deuxième trimestre 2008 au deuxième trimestre 2009), alors que celui de la zone euro a été de 5,1 % (entre le premier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009). Mais plus que la performance globale de la zone euro, c'est ce qui se passe en son sein qui est important. Examinons d'abord l'état des déficits et des excédents des comptes courants. En 2006, l'Allemagne avait un excédent de 190 milliards de dollars - soit 6,5 % de son produit intérieur brut (PIB) - et les Pays-Bas un excédent de 64 milliards de dollars (9,4 % du PIB). A l'autre extrémité, on trouvait les importateurs de capitaux, au premier rang desquels l'Espagne, qui accusait un déficit de 111 milliards de dollars (9 % du PIB). Beaucoup soutiennent que, dans une union monétaire, les déficits des comptes courants des différents membres n'ont pas plus d'importance qu'entre, disons, le Yorkshire et le Lancashire [comtés de Grande-Bretagne]. Ils ont tort. Les pays déficitaires sont des vendeurs nets de créances au reste du monde. Que se passe-t-il si les opérateurs mondiaux vendent ces créances ou retirent leurs prêts ? Réponse : une récession. Dans un même pays, il est relativement facile de s'installer dans une autre région. Il est généralement plus difficile de sortir des frontières. Mais il y a une autre différence, plus importante encore : le gouvernement espagnol ne peut répondre au mécontentement des chômeurs espagnols en leur expliquant que les choses ne vont pas si mal que ça ailleurs dans la zone euro. Il doit proposer une solution nationale. La question est de savoir laquelle. Avant la crise, les pays périphériques présentaient un excédent de demande par rapport à l'offre, tandis que les pays du centre se trouvaient dans la situation opposée. En 2006, les secteurs privés grec, irlandais, portugais et espagnol dépensaient beaucoup plus qu'ils ne gagnaient, tandis que les secteurs privés allemand et néerlandais dépensaient beaucoup moins. Puis vint le crash qui, inévitablement, frappa le plus durement les secteurs privés les plus exposés. Entre 2006 et 2009, les secteurs privés irlandais, espagnol et grec ont modifié le rapport entre leurs revenus et leurs dépenses dans une proportion équivalant à respectivement 16 %, 15 % et 10 % du PIB national. Conséquence, une énorme détérioration de la position budgétaire. Ce qui souligne un point que les économistes semblent curieusement réticents à admettre : la position budgétaire n'est pas durable si le financement du secteur privé ne l'est pas. Pendant la première décennie de son existence, les déséquilibres au sein de la zone euro ont causé des dégâts considérables au crédit des secteurs privés des économies les plus prospères. Aujourd'hui, ces déséquilibres grèvent le crédit de leurs secteurs publics. Alors que les spreads (écarts de taux) de risque ont chuté sur les marchés financiers, ceux qui concernent la dette souveraine dans la zone euro constituent une exception notable. Ainsi les spreads sur les obligations allemandes à dix ans sont montés en flèche alors qu'ils étaient à des niveaux négligeables ; en Grèce, ils ont récemment atteint 274 points de base. Au vu de tout cela, dans quelle situation se trouvent aujourd'hui les pays périphériques ? Réponse : en récession structurelle. A un moment donné, ils devront réduire leurs déficits budgétaires. Sans compensation sur le plan de la monnaie ou du taux de change, il semble inévitable que cela aggrave encore la récession qu'a déjà entraîné l'effondrement de leurs dépenses privées alimentées par la bulle. Le pire, c'est qu'au cours des années de boom ces pays ont perdu de leur compétitivité au sein de la zone euro. Cela aussi était inhérent au système. Les taux d'intérêt fixés par la Banque centrale européenne, destinés à équilibrer l'offre et la demande dans la zone euro, étaient trop faibles pour les pays alimentés par la bulle. Avec une inflation relativement élevée dans les secteurs produisant des biens non exportables, les taux d'intérêt réels étaient aussi relativement faibles dans ces pays. Une perte de compétitivité extérieure et une forte demande intérieure ont creusé les déficits extérieurs. Ceux-ci ont à leur tour généré la demande dont avaient besoin les pays du centre de la zone présentant des capacités excédentaires. Et pour ajouter l'insulte à la blessure, les pays du centre étant hautement compétitifs au niveau mondial et la zone euro présentant une forte position extérieure et une monnaie saine, la valeur de l'euro lui-même est montée en flèche. Cela a entraîné les pays périphériques dans un piège : ils ne peuvent pas facilement générer un excédent extérieur ; ils ne peuvent pas aisément relancer l'emprunt du secteur privé ; et ils auront du mal à supporter durablement les déficits budgétaires actuels. L'émigration de masse serait une possibilité, mais on voit mal comment elle pourrait être recommandée. Une immigration massive d'étrangers aisés qui pourraient s'installer dans des logements aujourd'hui peu coûteux serait de loin préférable. Au pire, il faudrait peut-être un fléchissement durable qui permette de réduire les salaires et les prix nominaux. L'Irlande semble avoir accepté un tel avenir. Ce n'est pas le cas de l'Espagne ni de la Grèce. De plus, le pays affecté subirait aussi une déflation de la dette : avec des prix nominaux et des salaires en baisse, le fardeau réel de la dette libellée en euros s'alourdirait. Le pays serait alors sous la menace d'une vague de défauts de paiements - privés et même publics. La crise qui affecte la périphérie de la zone euro n'est pas un accident : elle est inhérente au système. Les membres les plus faibles doivent trouver un moyen de sortir du piège dans lequel ils se trouvent. Ils ne seront guère aidés : la zone ne possède pas de membre disposé à jouer le rôle d'acheteur de dernier ressort ; et l'euro lui-même est aussi très fort. Mais ils doivent absolument y parvenir. Lors de la création de la zone euro, on a assisté à la publication de quantité de documents se demandant si elle serait la meilleure des unions monétaires. Nous savons à présent que ce n'était pas le cas. Nous n'allons pas tarder à en voir les conséquences. Cette chronique de Martin Wolf, éditorialiste économique, est publiée en partenariat exclusif avec le "Financial Times". © FT. (Traduit de l'anglais par Gilles Berton).
11/01/2010
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Keynes aujourd'hui, par Paul Jorion
Le communisme est mort et le capitalisme est en très petite forme. En revanche, comme à l'époque de Keynes, les libertés individuelles doivent être respectées et, sur certains points, restaurées. Et la misère qui prive celles-ci de tout objet doit toujours être éradiquée.
On a parlé de révolution keynésienne au sein de la science économique, mais encore davantage à propos des politiques menées par les Etats et les banques centrales face à la crise. Certains continuent d'en parler en termes techniques, évoquant par exemple l'accent mis sur la demande macroéconomique plutôt que sur l'offre. La question en réalité n'est pas là. Le capitalisme des années 1930 était en train d'échouer, et la quasi-totalité des membres de l'entourage immédiat de John Maynard Keynes s'étaient convertis au marxisme et citaient désormais l'Union soviétique en exemple. Mais lui n'avait que dégoût pour le communisme, et il entreprit de "sauver" le capitalisme pour ce qu'il avait de bon à ses yeux : un attachement jusque-là indéfectible aux libertés individuelles. La pensée de Keynes était loin d'être aussi originale au sein de la science économique de son époque qu'on ne le dit aujourd'hui. Ce qui était neuf, ce n'était pas le remplacement de quelques courbes économiques par d'autres, c'était de placer au centre de son édifice théorique un impératif : faire du plein-emploi un principe intangible autour duquel redéfinir l'économie. Pourquoi le plein-emploi ? Keynes n'était pas d'avis que les travailleurs font les révolutions : pour lui - il l'écrivit à propos de l'Union soviétique - ce sont les intellectuels qui entraînent les travailleurs à leur suite. Si ses amis se ralliaient à la cause du communisme, c'était par écoeurement devant la misère, un fléau qui rendait vain tout accent mis sur les libertés individuelles. Les intellectuels brandiraient bientôt l'étendard de la révolution, et la Grande-Bretagne, déjà secouée par les mouvements sociaux, serait déchirée par la guerre civile. Son souci était de sauver le capitalisme, mais en éliminant la cause principale du dégoût qu'il suscitait chez lui et chez ses amis. Keynes mit donc le plein-emploi au centre de la réflexion économique, sut convaincre ses contemporains et, comme il en avait fait le voeu, sauva le capitalisme... Les choses sont bien différentes aujourd'hui : le communisme est mort et le capitalisme est en très petite forme. En revanche, comme à l'époque de Keynes, les libertés individuelles doivent être respectées et, sur certains points, restaurées. Et la misère qui prive celles-ci de tout objet doit toujours être éradiquée. Le plein-emploi signifiait minimiser l'impact de la pauvreté, mais aussi maximiser la demande : une manière d'exorciser le spectre de la surproduction. On pouvait encore légitimement espérer alors que le travail générerait des revenus suffisants sous forme de salaires pour que la totalité de la production puisse être absorbée par la demande. Or, l'informatisation et l'automatisation ont dopé à ce point la productivité, dans les services aussi bien que dans l'industrie, qu'il est devenu chimérique d'envisager que les salaires suffiront à l'avenir à absorber l'offre entière de marchandises. Par ailleurs, la fuite en avant consistant à produire autant qu'il est matériellement possible pour générer ensuite, à l'aide du marketing, une demande équivalente, a trouvé ses limites dans l'épuisement des ressources et la dégradation de l'environnement. Consommer mieux et à meilleur escient s'est transformé en une nécessité si l'espèce humaine entend sauvegarder son habitat. Le projet de Keynes doit donc être réactualisé. L'impératif demeure de maintenir et, le cas échéant, de restaurer, ce qui du système mérite d'être sauvé - les libertés individuelles en premier lieu -, mais aussi faire en sorte que soit éliminée la source du dégoût qui se répand dans la population, comme dans les années 1930, envers un système qui, chaque jour davantage, appauvrit encore les plus pauvres et enrichit davantage les plus riches. Paul Jorion est économiste et anthropologue.
11/01/2010
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L'année dernière à Copenhague, par Jean Pisani-Ferry
L'accord de Copenhague peut-il être la base d'une politique climatique globale ? Même si l'on souscrit à l'interprétation optimiste, force est de souligner les obstacles économiques et institutionnels qui subsistent.
Le fiasco du multilatéralisme onusien sur lequel s'est achevée la dernière décennie a vite été enseveli sous les cotillons. Le sommet de Copenhague sur le climat, dira-t-on, ne méritait pas mieux : le plus grand rassemblement de chefs d'Etat de l'histoire a débouché, dans la confusion, sur un texte ambigu de trois pages, qui n'a pas même été formellement adopté. Il faut cependant y revenir, en raison de ses enjeux comme des leçons à en tirer. En Europe, les réactions à l'événement ont été très négatives. La présidence suédoise de l'Union européenne (UE) a parlé de désastre et le philosophe Michel Serres de Munich de la géopolitique( Le monde du 22 décembre 2009). Hors d'Europe, cependant, elles ont été moins sévères. Le ministre indien de l'environnement, Jairam Ramesh, a parlé de tout petit pas, Barack Obama, le président américain, de percée, et Wen Jiabao, le premier ministre chinois, d'un accord qu'il faut chérir. La déception des Européens se comprend. C'était leur sujet, la conférence se tenait chez eux, ils avaient annoncé des objectifs ambitieux de réduction des émissions et des financements notables pour l'aide aux pays pauvres. Pour une fois, ils étaient unis. Pourtant, ils ont été exclus de l'accord final entre les Etats-Unis et les pays Basic (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), et s'y sont ralliés en ordre dispersé. L'UE a été marginalisée pour avoir oublié que, pour négocier, il faut un négociateur et pas vingt-huit (ni même quatre ou cinq). Triste résultat pour une Europe qui se rêvait en leader mondial de la croisade climatique. Tout aussi compréhensible est la satisfaction chinoise. La Chine ne voulait pas se laisser entraîner dans la mécanique de Kyoto et souscrire à des engagements contraignants susceptibles de limiter sa croissance, et elle entendait s'affirmer comme un acteur central de la discussion. Elle a atteint ses deux objectifs. La position américaine était plus complexe. Même les partisans les plus fermes d'un accord international sur le climat rejetaient un traité engageant les seuls pays industriels. Comme l'écrivait avant Copenhague Robert Stavins, professeur à Harvard, un "Kyoto sous stéroïdes", contraignant pour les seuls pays avancés, aurait été une fausse victoire et n'aurait eu aucune chance d'être ratifié par le Congrès. L'objectif américain était plutôt d'associer tous les pays importants à un accord de principe et de mettre en place des mécanismes de vérification. Quitte à ce que les pays émergents ne s'engagent à rien de sérieux pour les prochaines années. Bref, il fallait, pour faire monter la Chine et l'Inde à bord, leur offrir un billet gratuit pour la première étape du voyage. C'est en gros le résultat de Copenhague et c'est ce qui explique la satisfaction américaine. Reste le plus important : cet accord peut-il être la base d'une politique climatique globale ? Même si l'on souscrit à l'interprétation optimiste, force est de souligner les obstacles économiques et institutionnels qui subsistent. Economiquement, énormément reste à faire, alors que le temps est compté. La question essentielle du partage du fardeau entre les pays avancés, responsables des émissions passées, et les pays émergents, d'où viendront les émissions futures, n'est pas réglée. L'objectif d'un prix mondial unique du carbone - essentiel pour guider l'investissement privé - est encore loin. La distorsion liée au fait que les pays sont comptables des émissions induites par ce qu'ils produisent, et non par ce qu'ils consomment, n'est pas abordée. Surtout, il n'est pas question de pénalités pour ceux qui ne rempliront pas leurs engagements. Institutionnellement, le système des Nations unies a montré tous ses défauts. La règle de l'unanimité a permis la multiplication des querelles de procédure et la prise en otage des négociations par des pays d'importance secondaire. Surtout, les alliances ne se sont pas recomposées en fonction du sujet, mais sont restées figées dans une représentation obsolète du débat Nord-Sud. La déconvenue de Copenhague est peut-être un échec utile. Mais beaucoup de persévérance sera nécessaire pour en faire un nouveau départ. Et il faudra sans doute apprendre à se passer de l'ONU. Jean Pisani-Ferry est économiste et directeur de Bruegel, centre de recherche et de débat sur les politiques économiques en Europe. Courriel : [email protected]
11/01/2010
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"Des tags ""anti-minarets"" sur le domicile du maire de Strasbourg"
Le domicile du maire socialiste de Strasbourg a été tagué d'inscriptions à caractère islamophobe, et notamment "anti-minarets".
Le domicile du maire socialiste de Strasbourg Roland Ries a été tagué ce week-end d'inscriptions à caractère islamophobe, et notamment "anti-minaret", une affaire qui suscite l'indignation de la classe politique locale.Les inscriptions "Non aux minarets" et "Ries connard" ont été découvertes dimanche matin sur la façade de la maison où M. Ries est locataire d'un appartement, a précisé le vice-procureur Laurent Fabre. "Il y avait également, en guise de signature, une croix celtique", symbole couramment utilisé dans les milieux d'extrême droite, a-t-il ajouté, précisant qu'une enquête avait été ouverte. "Les voisins n'ont rien vu et il n'y a pas de vidéo-surveillance dans cette rue", a observé le magistrat. Les inscriptions ont été rapidement effacées par les services municipaux. En novembre, suite à la polémique qu'avait suscitée en France la "votation" suisse sur l'interdiction des minarets, M. Ries avait déclaré publiquement qu'il ne voyait "aucune raison" d'interdire aux musulmans de Strasbourg de doter d'un minaret leur future mosquée, actuellement en construction. Le chantier en cours de réalisation, approuvé par la précédente municipalité UMP, ne prévoit pas de minaret. "ON PEUT ESPÉRER QUE CE SOIT UN ACTE À CARACTÈRE ISOLÉ" Selon son directeur de cabinet, Patrick Pincet, M. Ries, qui n'était pas chez lui ce week-end, devrait déposer plainte. "Il était à la fois gêné pour ses voisins et un peu inquiet quant à la tournure que peut prendre un débat sur une question certes sensible, mais qui vient le chercher jusque chez lui, ce qui n'est pas dans la tradition politique française", a déclaré M. Pincet. "On peut espérer que ce soit un acte à caractère isolé, même s'il y a une signature politique." Roland Ries a reçu le soutien de plusieurs élus municipaux et notamment du tandem UMP auquel il a succédé à la tête de la municipalité. L'ancienne maireFabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, a qualifié d'"inadmissible" l'inscription de ces "tags insultants". L'ancien maire adjoint et actuel chef de file de l'opposition, Robert Grossmann, a condamné "avec la plus extrême fermeté (cette) agression par tags".
11/01/2010
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