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Aux Seychelles : « Nous ne voulons pas être les victimes passives de la montée des eaux »
Nouveau président de l’archipel, Danny Faure doit faire face à de nombreux défis, dont celui du climat, alors que son parti entre dans une cohabitation inédite avec l’opposition.
Le président des Seychelles Danny Faure, à Marrakech, lors de la COP22, le 16 novembre 2016. FADEL SENNA/AFP A 54 ans, Danny Faure préside depuis trois mois aux destinées des Seychelles. Ancien vice-président, il a accédé le 16 octobre 2016 à la fonction de chef de l’Etat à la suite de la démission de son prédécesseur, James Michel, qui dirigeait le pays depuis douze ans. Danny Faure doit faire face à des défis considérables. Aux élections de septembre 2016, l’opposition a obtenu la majorité à l’Assemblée nationale : une première historique, dans un pays où le même parti, le Lepep (« le peuple » en créole), dirige l’exécutif sous des noms différents depuis 1977. La République des Seychelles, minuscule par sa population – 93 000 habitants – mais immense par son territoire marin – 115 îles dispersées sur 1,4 million de km2 (trois fois l’Allemagne) –, est également menacée par la montée des eaux et son image est entachée par sa réputation de paradis fiscal. 80 % des îles seychelloises pourraient disparaître à cause du réchauffement climatique. Comment faire face à un tel défi ? La COP21 à Paris a été un grand pas en avant. Le mouvement a été prolongé à Marrakech [lors de la COP22]. Mais il faut passer des promesses aux décisions concrètes. Les pays riches ont promis 100 milliards de dollars par an (93 milliards d’euros) aux pays du Sud d’ici à 2020 pour lutter contre le réchauffement climatique. Nous attendons toujours cet argent. De notre côté, nous nous engageons à être exemplaires : je vais tout mettre en œuvre pour que les Seychelles tirent 100 % de leur énergie de sources renouvelables d’ici à 2030, et pousser l’importation de voitures électriques. Ne faut-il pas déjà envisager des projets d’adaptation à la montée des eaux ? Nous ne voulons pas être les victimes passives de la montée des eaux ! C’est pourquoi je compte créer une agence publique chargée de faire face au risque de désastre naturel national. Elle travaillera avec tous les secteurs de la société et devra concevoir des projets d’adaptation et, le cas échéant, envisager des déplacements de population. Vous mettez régulièrement en avant le concept d’« économie bleue ». De quoi s’agit-il ? Nous ne voyons pas l’océan comme une menace. Nous le considérons comme un capital et une chance pour notre croissance s’il est exploité de manière durable. C’est le sens de l’« économie bleue ». Nous négocions aujourd’hui l’émission de 10 millions de « bonds bleus » par le Trésor seychellois. Ils serviront à financer la pêche durable. Nous avons également obtenu une annulation de notre dette par le Club de Paris [un groupe informel de créanciers publics] en échange de la création d’un plan marin très précis de notre espace maritime, qui définira les zones à protéger et celles où l’on pourra pratiquer le tourisme ou la pêche. Tout cela est inédit et pourra être reproduit par d’autres Etats insulaires. « Nous n’allons pas renoncer au secteur offshore, qui représente une part importante de notre économie » Les Seychelles expérimentent une cohabitation inédite, avec votre parti, le Lepep, à la tête de l’exécutif, et l’opposition majoritaire au Parlement. Cette situation est-elle durable ? Je vous l’avoue : 2016 a été un choc. Après quarante ans de pouvoir, le Lepep doit entamer une vraie réflexion collective. L’électorat, aujourd’hui, est plus divers, plus mature, les élections plus sujettes à la compétition. Il ne vient plus vers nous naturellement. Je suis convaincu que cette cohabitation permettra l’unité nationale. Nous devons mener des réformes ambitieuses, revoir notre système de retraite, augmenter les salaires, rénover les infrastructures. Avec l’opposition, nous devons apprendre à partager la même maison… même si chacun garde sa propre chambre et son propre lit ! Je suis d’une nouvelle génération. Avec moi, tout le monde peut parler. Allez-vous convoquer une élection présidentielle anticipée comme le réclame l’opposition ? Non. La Constitution m’autorise à rester jusqu’en 2020. Il faut de la stabilité à la tête de l’Etat. Les Seychelles ont été impliquées dans le scandale des « Panama papers ». L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) devrait publier cette année une nouvelle liste noire des paradis fiscaux. Craignez-vous que votre pays y figure ? Je vais être très clair : nous n’allons pas renoncer au secteur offshore, qui représente une part importante de notre économie. Mais nous voulons que ce soit en parfaite adéquation avec les standards internationaux de transparence définis par l’OCDE. Beaucoup d’efforts ont été faits. Nous avons créé en 2013 l’Autorité des services financiers, la FSA, chargée de lister les propriétaires des sociétés offshore. Ça n’existait pas auparavant. Résultat : aujourd’hui, il n’y a plus rien de caché aux Seychelles. L’échange automatique d’informations est une réalité. Je sais que l’OCDE reconnaîtra nos efforts.
"2017-06-02T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/06/aux-seychelles-nous-ne-voulons-pas-etre-les-victimes-passives-de-la-montee-des-eaux_5075466_3212.html
L'absentéisme scolaire en otage, par Thibault Gajdos
Nicolas Sarkozy souhaite rendre systématique la suspension du versement des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire. L'objectif est de l'ordre de la sécurité publique et non un instrument de politique éducative.
Nicolas Sarkozy souhaite rendre systématique la suspension du versement des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire. Si la mesure n'est pas très originale, la motivation l'est davantage. En effet, la lutte contre l'absentéisme scolaire est en général conçue comme un instrument de politique éducative. Or, le titre du discours contenant cette proposition ne laisse aucun doute : "Discours sur le thème de la sécurité à l'occasion de la prise de fonctions du nouveau préfet". L'objectif est de l'ordre de la sécurité publique. Le raisonnement du président de la République est le suivant. Des actes de délinquance sont commis par des enfants. Si ceux-ci étaient à l'école, ils ne seraient pas dans la rue. Donc une baisse de l'absentéisme scolaire entraînera un recul de l'insécurité urbaine. Enfin, la suspension du versement des allocations familiales est une menace suffisante pour obtenir des parents qu'ils contraignent leurs enfants à aller à l'école. Les choses ne sont toutefois pas si simples. Ainsi, en Grande-Bretagne, entre 2002 et 2007, malgré la suspension des allocations, le taux d'absentéisme est passé de 0,7 % à 1 %. Rien ne dit non plus qu'accroître la participation scolaire réduira instantanément l'insécurité. Dans une étude parue en 2003, Brian Jacob et Lars Lafgren ont évalué l'effet de l'absentéisme scolaire sur la criminalité ("Are Idle Hands the Devil's Workshop ? Incapacitation, Concentration and Juvenile Crime", American Economic Review). Ils se sont, pour cela, appuyés sur les fermetures ponctuelles des établissements scolaires. En analysant les taux de criminalité juvénile locale quotidiens dans 29 grandes villes américaines entre 1995 et 1999, MM. Jacob et Lafgren ont observé que, les jours d'ouverture des écoles, les atteintes aux biens chutaient de 14 %, tandis que les agressions augmentaient de 28 %. Le premier effet s'explique sans doute par l'absence des jeunes dans les rues, tandis que le second pourrait être lié aux interactions entre les jeunes au sein des établissements. A supposer, donc, que la suspension des allocations familiales permette de lutter efficacement contre l'absentéisme, il se pourrait que cette mesure ait l'effet inverse de celui recherché. Les enfants ont néanmoins d'autant moins de chances de devenir délinquants qu'ils auront quitté l'école tardivement. Ainsi, en exploitant les variations des durées de scolarité obligatoire aux Etats-Unis, Lance Lochner et Enrico Moretti ont montré qu'une année de scolarité supplémentaire réduisait le taux d'incarcération de 11 % ("The Effect of Education on Crime : Evidence from Prison Inmates, Arrests, and Self-Reports", American Economic Review). Les politiques de scolarisation permettent donc de lutter efficacement contre l'insécurité. Evidemment, il ne peut s'agir que d'un investissement à long terme, laissant peu de place aux annonces spectaculaires. L'absentéisme scolaire est un défi majeur, qui concerne d'abord et avant tout les élèves des lycées d'enseignement professionnel (12,6 % d'absentéisme en mars 2006, contre 2,8 % au collège) et dans une moindre mesure les élèves des lycées d'enseignement général et technologique (5,8 % d'absentéisme). De ces élèves en déroute, le président de la République n'a pas dit un mot.
"2010-04-26T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/04/26/l-absenteisme-scolaire-en-otage-par-thibault-gajdos_1342505_3232.html
Commission électorale au Kenya : les étranges vacances de M. Chiloba
Le directeur exécutif de l’institution s’est mis en congé à moins d’une semaine du scrutin présidentiel et deux jours après la fuite aux Etats-Unis de l’une de ses membres.
Des partisans de l’oppposition manifestant, le 11 octobre à Nairobi, pour demander une réforme de la Commission électorale. Khalil Senosi / AP Où va le Kenya ? Jour après jour, le pays s’enfonce un peu plus dans l’incertitude concernant l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 26 octobre. Vendredi 20 octobre, à six jours du scrutin, le directeur exécutif de la Commission électorale indépendante (IEBC), Ezra Chiloba, a ainsi annoncé se mettre en congé pour trois semaines. « Une décision personnelle », a affirmé l’intéressé, dans le but de s’occuper d’un fils qui aura « 2 ans dans deux semaines ». Evidemment, personne n’y croit. Depuis le 1er septembre et l’annulation par la Cour suprême de l’élection du 8 août, qui avait vu la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta, M. Chiloba était devenu la cible des critiques de l’opposition, menée par Raila Odinga, accusant le directeur de l’IEBC d’être responsable des irrégularités du précédent scrutin et réclamant à grands cris sa démission, voire son emprisonnement. « Nous avons tous été surpris par son départ, confie au Monde Andrew Limo, chargé de la communication de l’IEBC. Les accusations portées contre [Ezra Chiloba] étaient sans fondement. Il aurait dû rester jusqu’au bout. Mais la pression exercée sur lui était monumentale. Il a été la victime d’un lynchage politique. » Appel au boycottage La « mise au vert » de son directeur exécutif plonge un peu plus l’IEBC dans la tourmente. Elle intervient en effet deux jours seulement après la démission fracassante et la fuite aux Etats-Unis d’une des sept commissaires de l’institution, Roselyn Akombe. Mais elle ne satisfait pas pour autant l’opposition, qui appelle toujours au boycottage du scrutin. « Tous ces changements interviennent trop tard, critique ainsi Peter Anyang’Nyong’o, puissant gouverneur du comté de Kisumu (ouest) et pilier de l’opposition. Par ailleurs, M. Chiloba n’a pas officiellement quitté ses fonctions. Et rien ne dit qu’il ne participera pas discrètement à l’organisation des prétendues élections du 26 ! Nous demandons donc aux Kényans de ne pas se rendre aux bureaux de vote. » Lire aussi Comprendre la grave crise politique qui secoue le Kenya Décapitée, décrédibilisée, engluée dans de sombres luttes intestines, la Commission électorale donne aujourd’hui l’image d’un bateau ivre, perdu dans un océan politique des plus confus. Nul ne sait exactement dans quelles conditions sera organisé le scrutin du 26 octobre et « difficile de garantir une élection libre, équitable et crédible », a lui même reconnu, presque découragé, le président de l’IEBC, Wafula Chebukati, rescapé du naufrage sans cesse annoncé sur le départ par les médias kényans. Face à une commission aux abois, les deux camps fourbissent donc leurs dernières armes. « Nous ne pouvons pas vivre dans une campagne électorale permanente », a prévenu vendredi, menaçant, M. Kenyatta lors de cérémonies officielles organisées à Nairobi. Le chef de l’Etat répondait aux menaces de manifestations de masse lancée par M. Odinga le jour même du scrutin. Chacun craint donc un retour des violences. Celles-ci, au mois d’août, auraient déjà fait jusqu’à 67 morts, selon un rapport récent publié par les ONG Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International.
"2017-10-20T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/20/commission-electorale-au-kenya-les-etranges-vacances-de-m-chiloba_5203972_3212.html
Compte pénibilité : un casse-tête pour les petits patrons
Le gouvernement est confronté à un début de fronde des PME qui dénoncent une « usine à gaz ».
Dans son entreprise de construction, Gabrielle représente toute l’administration à elle toute seule. Comptabilité, ressources humaines, mise aux normes, département juridique… Rien ne lui échappe. C’est comme ça depuis plusieurs années déjà, depuis que son mari est mort, lui laissant la gestion de la PME familiale à elle et à sa fille, qui espère-t-elle, reprendra la société quand il faudra. « Quand on est une petite PME, avec une vingtaine de salariés, il faut être sur tous les fronts, souligne la quinquagénaire, qui préfère conserver l’anonymat. Nous n’avons pas le luxe d’avoir des personnes dédiées comme dans les grands groupes. » Alors quand elle a vu que les six nouveaux critères à examiner pour le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) étaient entrés en vigueur en juillet, elle s’y est d’abord attelée méthodiquement, avant de « se noyer littéralement dedans ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les patrons face à l’application du compte pénibilité « Les quatre premiers ne nous concernaient pas, mais les nouveaux si, raconte-t-elle. J’y ai passé des nuits, des week-ends, j’ai fait et refait des tableaux. C’est d’une complexité ahurissante. A se demander si la personne qui a conçu ça a déjà mis les pieds dans une entreprise. Le reste du temps, il fallait tout de même que je gère l’entreprise ! » Le « C3P » est une mesure qui permet aux salariés ayant accompli des tâches pénibles pendant toute leur carrière de cumuler des points. Grâce auxquels ils pourront partir à la retraite de façon anticipée, travailler à temps partiel pour le même salaire, ou encore accéder à des formations afin de se reconvertir vers un métier moins pénible. Désobéissance civile Si les quatre premiers critères de mesure de la pénibilité (dont le travail de nuit, par exemple) sont en vigueur depuis 2015, ce sont les six derniers (posture pénible, manutention de charges, agents chimiques…) qui posent problème à Gabrielle en particulier, et au patronat en général. Furieux, le Medef et la CGPME ont bruyamment exprimé leur désaccord à plusieurs reprises, dénonçant « une usine à gaz » et appelant même, pour le premier, à la désobéissance civile. Une position qui a provoqué l’ire des syndicats et a poussé Myriam El Khomri et Marisol Touraine, respectivement ministre de l’emploi et ministre des affaires sociales, à rappeler Pierre Gattaz, le président du Medef, à l’ordre. Mardi 4 octobre, lors d’une rencontre avec des journalistes, Mme El Khomri a de nouveau mis le sujet sur la table en accusant le Medef de « ralentir l’application du compte pénibilité ». Le problème, pour la ministre, est que les référentiels de branche (sortes de guides visant à faciliter le travail des employeurs) ne sont pas publiés à cause de la pression exercée par le patronat.
"2016-10-10T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/10/compte-penibilite-un-casse-tete-pour-les-petits-patrons_5011067_823448.html
« Le jour où des demandeurs d’asile soudanais sont montés sur la scène de Gannat »
Les Soudan Célestins Music et moi (2). En 2016, Pablo Aiquel, journaliste à Vichy, permettait à un groupe de migrants de se produire au festival Cultures du monde.
Concert des Soudan Célestins Music, dans le parc des Bourrins, à Vichy, pour la soirée du 14 juillet 2017. Sandre Mehl pour Le Monde L’événement, en juillet 2016, était passé totalement inaperçu pratiquement partout en France. Seuls le quotidien La Montagne, dans son édition vichyssoise, et l’antenne de RCF dans l’Allier s’en étaient fait l’écho. Deux semaines avant le début des Jeux olympiques de Rio – qui avaient vu une délégation d’une dizaine d’athlètes réfugiés participer au rendez-vous sportif planétaire –, sept demandeurs d’asile soudanais montaient sur une autre scène mondiale, celle du festival Cultures du monde de Gannat. La comparaison peut paraître excessive, voire dithyrambique, mais c’est un peu comme ça que nous l’avions vécu. Lire la première chronique : « Le jour où les migrants sont sortis de la télé pour s’installer au coin de ma rue » Dans cette bourgade de 5 800 habitants, dans le sud de l’Allier, cela fait plus de quarante ans que l’on fête les cultures du monde. Des ballets folkloriques roumains ou russes, des enfants d’un carnaval de Corée du Sud, des tribus aborigènes d’un coin reculé de l’Afrique, des chanteurs québécois ou des étudiants danseurs de Colombie… Chaque année, pas moins d’une vingtaine de délégations composent le programme. Et en 2016 un groupe de « migrants » du Soudan. « Nous n’avions plus de voix » Le jour de l’ouverture, telles des batucadas en carnaval, les délégations défilent, dans leurs habits colorés, dans les rues de la petite ville, pleines à craquer, en chantant et en dansant. Et, au milieu, plusieurs fois, ces Soudanais, qui, l’été d’avant, avaient survécu à la traversée de la Méditerranée en radeau, ont dû se demander ce qu’ils faisaient là à taper des mains dans leurs djellabas blanches. « Nous n’avions pas compris que c’était comme ça. Nous n’avons plus de voix », protestait, mais sans cesser de sourire, l’un d’entre eux à la fin du défilé. Peut-être avais-je mal expliqué ce qu’était qu’un défilé. Ou alors pensaient-ils que c’était comme celui des JO, sans chants. Tout a été à l’avenant : spontané, improvisé, limite rocambolesque. Du clavier trouvé sur le site Leboncoin dans la Creuse, la veille du début du festival, en passant par les soucis techniques, devant 2 500 spectateurs sur la grande scène, jusqu’aux improvisations avec des Italiens de Lampedusa (cela ne s’invente pas), des Colombiens chaleureux ou des Sud-Coréens pédagogiques, essayant de leur apprendre à danser le « Gangnam style » au bord de la rivière. Ni des exclus ni des parias Et pourtant, c’était tout sauf anodin, innocent ou fortuit. C’était à Gannat, et nulle part ailleurs, que ces réfugiés pouvaient être accueillis comme des égaux par des citoyens du monde entier. C’était à Gannat qu’ils pouvaient être applaudis comme des chanteurs de n’importe quelle autre nationalité, de n’importe quelle autre ethnie. C’était à Gannat qu’ils pouvaient obtenir l’élan et la confiance nécessaires pour continuer de jouer ailleurs. Lire aussi Une étude bouleverse les idées reçues sur les mineurs africains qui migrent en Europe Quand leurs visages sont apparus sur l’écran géant, mélangés à ceux des Russes, des Colombiens, des Italiens, des Sénégalais et de tous les autres durant la cérémonie de clôture, nous avons compris que le pari avait été réussi. Qu’ils n’étaient ni des exclus ni des parias. Qu’ils faisaient partie de l’humanité. Certains en ont pleuré, de joie. Ainsi fut la naissance de Soudan Célestins Music. Inoubliable. Pablo Aiquel est journaliste indépendant. Il travaille pour La Gazette des communes comme correspondant Auvergne et ruralités. Il est aussi membre de l’association Réseau Vichy solidaire. Pablo Aiquel
"2017-07-28T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/28/le-jour-ou-des-demandeurs-d-asile-soudanais-sont-montes-sur-la-scene-de-gannat_5165958_3212.html
Accord Colombie-FARC : Uribe scandalisé, Washington rassuré
L'ancien président, qui n'a jamais fait la moindre concession envers les FARC, ne s'est pas privé de critiquer son successeur et ancien ministre de la défense. Washington, en revanche, se félicite de l'avancée des pourparlers.
L'ancien président, qui n'a jamais fait la moindre concession envers les FARC, ne s'est pas privé de critiquer son successeur et ancien ministre de la défense, Juan Manuel Santos, dont le gouvernement a négocié un accord avec la guérilla. AP/Fernando Vergara L'ancien président colombien Alvaro Uribe, qui n'a jamais fait la moindre concession envers les FARC, ne s'est pas privé de critiquer son successeur et ancien ministre de la défense, Juan Manuel Santos, dont le gouvernement a négocié un accord avec la guérilla. "Ces terroristes des FARC assassinent nos soldats et nos policiers et le gouvernement Santos leur offre une récompense avec un accord", a-t-il lancé sur son compte Twitter. Quelques heures auparavant, Bogota et les FARC signaient à Cuba un accord sur le développement rural, premier point à l'ordre du jour des pourparlers de paix entre les deux délégations. L'accord porte sur "l'accès et l'usage de la terre, les terres improductives, la régularisation de la propriété, la délimitation des terres agricoles et la protection des zones de réserve", selon le communiqué commun signé. SOUTIEN DES ÉTATS-UNIS "Inacceptable que le gouvernement Santos négocie le modèle agricole colombien avec le narcoterrorisme", a encore ajouté l'ex-chef de l'Etat, déplorant que la rébellion des FARC sorte "légitimée" de cette première étape des pourparlers. Elu en 2010 pour succéder à M. Uribe, M. Santos a ouvert en novembre dernier des négociations de paix, délocalisées à Cuba, avec la principale guérilla colombienne, qui ne compte plus selon les autorités que 8 000 combattants après 49 ans d'existence. Lundi, il s'est félicité des avancées obtenues, et a promis qu'en cas de succès des pourparlers, son gouvernement "terminerait en beauté ce qui a commencé il y a treize ans" avec le "Plan Colombie". Ce dispositif de près de 8 milliards de dollars, financé par les Etats-Unis, consiste en une assistance technique et logistique destinée à lutter contre les guérillas et le narco-trafic. Le vice-président américain Joe Biden s'est également félicité de la signature de cet accord : "J'ai assuré au président Santos que les Etat-Unis soutenaient fermement ses efforts afin de conclure la paix avec les FARC. De la même façon que nous avons soutenu les dirigeants colombiens sur le champ de bataille, nous approuvons totalement les négociations". Le vice-président américain, Joe Biden, et le président colombien, Juan Manuel Santos, le 27 mai à Bogota. AP/Fernando Vergara
"2013-05-27T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/05/27/en-colombie-uribe-scandalise-par-l-accord-passe-avec-les-farc_3419303_3222.html
Donald Trump évoque une sortie des Etats-Unis de l’OMC
Le candidat républicain veut renégocier l’appartenance américaine à l’organisation internationale du commerce, pour pouvoir rétablir des droits de douane avec le Mexique.
La croisade de Donald Trump contre le libre-échange commercial se poursuit. Après avoir dénoncé l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et le Traité transpacifique (TPP), le candidat républicain à la présidentielle américaine a franchi dimanche 24 juillet une nouvelle étape, en évoquant une possible sortie des Etats-Unis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Interrogé sur NBC News sur sa vision de la politique commerciale, M. Trump a évoqué l’instauration d’une « taxe » de 15 % à 35 % sur les produits mexicains, censée prévenir les délocalisations d’entreprises du sol américain. Une initiative strictement incompatible avec les règles commerciales de l’OMC, à laquelle les Etats-Unis adhèrent. L’OMC, un « désastre » « Eh bien nous allons renégocier ou sortir [de l’OMC], a-t-il répondu. Ces accords commerciaux sont un désastre. L’Organisation mondiale du commerce est un désastre. L’Alena est un désastre. » L’OMC, créée en 1995 sur les bases du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) de 1947, rassemble 162 Etats engagés dans la réduction des barrières au commerce – ce qui passe notamment par une réduction des droits de douane et un rapprochement des réglementations. Jusqu’à récemment, les critiques se retrouvaient plutôt sur l’aile gauche de l’échiquier politique, qui voyaient dans cette organisation l’un des bras armés de la mondialisation capitaliste. Mais le scepticisme croissant des Américains à l’égard des bienfaits du libre-échange a conduit les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, Donald Trump et Hilarry Clinton, à souligner les limites des accords commerciaux internationaux et à prôner davantage de protectionnisme, à rebours des positions défendues depuis des décennies par leurs partis respectifs.
"2016-07-24T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/07/24/donald-trump-evoque-une-sortie-des-etats-unis-de-l-omc_4974063_829254.html
Syrie : les recommandations de Ban Ki-moon sur les armes approuvées
Les membres du Conseil de sécurité ont approuvé d'une manière générale les recommandations du sécrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sur la manière d'éliminer l'arsenal chimique syrien.
Les membres du Conseil de sécurité ont approuvé d'une manière générale les recommandations du sécrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sur la manière d'éliminer l'arsenal chimique syrien, ont indiqué jeudi 10 octobre des diplomates. Dans un rapport remis lundi au Conseil, M. Ban avait recommandé la création d'une "mission conjointe" de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), forte d'une centaine d'hommes, située à Damas avec une base arrière à Chypre et dirigée par un "coordinateur civil spécial". Lors d'une première discussion jeudi de ce rapport, les 15 membres du Conseil n'ont élevé "aucune objection", a déclaré à la presse l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine. "La bonne coopération du gouvernement syrien a été notée", a-t-il affirmé. "Tout le monde a dit que l'ONU et l'OIAC faisaient un travail magnifique", a déclaré l'ambassadeur français Gérard Araud, qui a évoqué une "réunion très consensuelle". CONCLUSIONS À ENTÉRINER DANS UNE LETTRE Le président du Conseil de sécurité pour le mois d'octobre, l'ambassadeur d'Azerbaïdjan Agshin Mehdiyev, va préparer un projet de lettre du Conseil adressé à l'OIAC et entérinant les conclusions du rapport. Si aucun des 15 pays membres n'objecte à cette lettre, il n'y aura pas besoin d'une nouvelle résolution pour donner un mandat officiel à la mission conjointe. Le Conseil avait adopté, à la fin de septembre, une résolution exigeant l'élimination de l'arsenal chimique syrien d'ici à la mi-2014. Une petite équipe d'une trentaine d'experts de l'ONU et de l'OIAC se trouve en Syrie depuis le 1er octobre pour entamer le démantèlement de cet arsenal. Lire aussi le compte-rendu de chat avec Jean-Jacques Roche, professeur de relations internationales à Paris-II : "La résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie est un échange gagnant-gagnant"
"2013-11-10T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/10/11/syrie-les-recommandations-de-ban-ki-moon-sur-les-armes-approuvees_3493906_3218.html
24 heures à la tête d’une PME avec Valérie Rocoplan : la journée de la confiance (2/3)
En nous dévoilant son quotidien, Valérie Rocoplan, dirigeante de Talentis, un cabinet de coaching pour hauts dirigeants, présente son métier et fait part de ses doutes et de ses ambitions.
GILLES DACQUIN Avec Talentis, un cabinet de coaching pour hauts dirigeants qui a fêté ses dix ans en 2014, Valérie Rocoplan dirige une équipe d’une vingtaine de coachs présents en France et à l’étranger. Elle organise des master class pour les accompagner. Aujourd’hui, c’est une journée un peu spéciale. Avec l’un de nos plus fidèles clients, nous avons travaillé sur un programme d’une année qui accompagne des manageurs sur le thème du travail de demain et du changement. Six master class auront lieu toute l’année sur des thèmes variés tels que la confiance, qui est justement le sujet de la journée. A 7 h 30, après un petit-déjeuner express et quelques exercices de respiration (ça m’aide à garder mon stress sous contrôle), je grimpe dans un taxi et je file chez le client. Nous avons une grande salle à disposition mais il faut tout mettre en place. Dès le lancement du programme, nous avons investi dans une décoration sympa, avec des chaises de couleurs, des poufs, des tables basses un peu fun et des bonbons. Créer une atmosphère décontractée Cela permet de créer une atmosphère décontractée loin des séminaires d’équipe qui ont lieu dans des salles sans fenêtre. Innover, c’est aussi oser décaler, surtout quand on parle de sujet sérieux comme la confiance ! Arrivée à 8 heures, l’équipe de coachs me rejoint, Mathilde, la coordinatrice Talentis chargée du projet, est déjà sur place. Tout va très vite, je fais un dernier point avec les coachs et l’équipe RH avant d’accueillir les premiers participants. Tous ont l’air content de retrouver leurs pairs et d’avoir une nouvelle journée d’échange et de partage. Il est 9 heures. Ce matin, c’est un peu particulier. Nous avons la chance de recevoir Isaac Getz, le pape de « l’entreprise libérée ». Heureusement, nous avions pris contact avec Isaac il y a un an pour d’autres programmes, et il est toujours très disponible quand nous le sollicitons ! Isaac Getz arrive, et nous faisons un dernier point avant sa conférence qui va démarrer. Il enchante tout le monde. Guillaume Lagane, notre facilitateur graphique, enregistre tout avec ses feutres, quel talent ! Il est capable d’écouter et de dessiner en même temps et cela permet de garder un joli résumé de l’intervention d’Isaac et de la journée. Guillaume intervient sur chaque master class, les participants repartent à chaque fois avec ces fresques qu’ils peuvent installer dans les bureaux. Graphiquement, c’est très joli, et l’impact de la session dure plus longtemps ! Après une matinée riche en inspiration, l’après-midi est consacrée à notre cœur de métier : le coaching. Talentis s’est spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants et des managers de demain grâce à des modalités pédagogiques innovantes. Nous faisons donc travailler nos 70 participants en petits groupes, tous ont un coach attribué qui leur permet de faire émerger les solutions de manière collaborative. Le thème aujourd’hui étant la confiance, tout le monde a quelque chose à partager, une anecdote, un point de vue, une expérience. Tout l’enjeu est de les laisser s’exprimer en canalisant l’énergie et en les orientant au mieux dans leurs échanges. Nous faisons travailler nos participants en petits groupes, tous ont un coach attribué qui leur permet de faire émerger les solutions de manière collaborative A 17 heures. La journée se termine avec une session d’échanges avec les patrons. C’est un moment important et un temps fort pour les participants et la direction qui leur permet de partager la vision et d’engager tout le monde autour. Cette dernière heure est souvent un moment convivial qui clôture la journée de manière informelle. A 18 h 30, je rentre chez moi et je traite mes emails dans le taxi, j’en ai beaucoup en retard et j’essaie de ne pas me laisser déborder. Le trafic étant atroce à cette heure, je sais que j’ai au moins quarante-cinq minutes devant moi. En général, j’essaie de ne pas trop apporter de travail à la maison, mais comme il est relativement tôt et que je ne repasse pas au bureau, je m’accorde ce temps pour avancer sur les dossiers que je n’ai pas eu le temps de faire avancer aujourd’hui. Je passe aussi quelques coups de fil pour préparer ma journée de demain, faire le point avec l’équipe s’il y a des demandes en attente, etc. C’est un moment que j’apprécie, une transition entre une journée très dense et le retour chez moi. 20 h 30, je reprends les derniers emails auxquels je n’ai pas eu le temps de répondre et qui me semblent importants. Comme tous les soirs, je fais un tour sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, parce que je n’ai pas eu accès aux informations de la journée. Mais je suis épuisée et j’essaie de me garder un peu de temps personnel. J’ai prévu d’aller courir demain matin, alors ce sera une soirée assez calme. J’envoie un mail de remerciement à tous les coachs présents aujourd’hui, c’était une super journée ! Parallèlement à son activité, cette chef d’entreprise participe à la rédaction d’ouvrage sur les thèmes de la mixité en entreprise et du leadership au féminin. Suite de ce témoignage sur lemonde.fr/emploi vendredi.
"2015-10-07T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/07/15/24-heures-a-la-tete-d-une-pme-avec-valerie-rocoplan-la-journee-de-la-confiance-2-3_4683915_1698637.html
Le chocolat rose entre en scène
Le groupe Barry Callebaut a présenté, mardi 5 septembre, un chocolat de couleur rose obtenu, affirme l’industriel suisse, sans colorant.
Lors de la présentation du chocolat « ruby » par l’industriel suisse Barry Callebaut, mardi 5 septembre, à Shanghaï. ALY SONG / REUTERS On le connaissait noir, au lait ou blanc. Il va falloir se familiariser avec une nouvelle déclinaison chromatique du chocolat, le rose. La société suisse Barry Callebaut a dévoilé cette nouvelle nuance baptisée « ruby » mardi 5 septembre. Une couleur obtenue non pas avec un colorant mais, selon l’industriel, grâce à une sélection de cabosses de cacao, appelées elles aussi ruby, et surtout à un processus d’extraction particulier. Le chocolat ainsi obtenu aurait, toujours selon son concepteur, un goût naturellement fruité, un goût de baies rouges. L’entreprise estime que cette innovation est aussi symbolique que celle du chocolat blanc, il y a quatre-vingts ans, par Nestlé. Un marché en baisse Barry Callebaut a présenté son chocolat « ruby » en Chine, à Shanghaï, un marché peu attiré jusqu’alors par cette gourmandise mais sensible à cette couleur. Il suscite l’espoir des fabricants confrontés à une stagnation voire à une baisse de leurs ventes. Or la société suisse, peu connue du grand public, fournit les principaux industriels fabriquant des confiseries au chocolat. D’où son intérêt à dynamiser la demande. En juillet, l’entreprise de Zurich, dirigée par le Français Antoine de Saint-Affrique, avait publié un chiffre d’affaires sur neuf mois en progression de 3,7 %, à 5,19 milliards de francs suisses (4,55 milliards d’euros). Mais le groupe avait affirmé à cette occasion que le marché mondial des confiseries chocolatées était en recul de 0,6 %.
"2017-05-09T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/09/05/le-chocolat-rose-entre-en-scene_5181375_3234.html
Face à Poutine, « l'Occident doit se montrer ferme »
Point de vue. La France a invité le président russe aux cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement. Pour l'historienne Françoise Thom, « si les Occidentaux continuent à étaler leurs divisions, nous risquons une situation plus dangereuse que la guerre froide »
Vladimir Poutine prononce son discours à l'occasion des célébrations su 69e anniversaire de la victoire de l'armée rouge sur l'Allemagne nazie, le 9 mai, sans faire référence à la situation ukrainienne. AP/Pavel Golovkin Point de vue. En invitant le président Poutine aux cérémonies de commémoration du Débarquement, la France a fait un pari risqué. Pour éviter que cette décision ne débouche sur l'un de ces épisodes peu glorieux de notre diplomatie que nous préférons oublier, tel le voyage de Ribbentrop à Paris en décembre 1938, en plein démembrement de la Tchécoslovaquie, il importe de comprendre dans quel esprit le dirigeant du Kremlin se rend en France, et surtout d'appréhender « l'autre réalité » dans laquelle il évolue. Il faut prendre en compte que la seconde guerre mondiale représente pour la Russie d'aujourd'hui un enjeu différent de celui qu'elle représente pour les Occidentaux : au point que la Douma vient d'adopter une loi sanctionnant de lourdes amendes, voire de peines de détention toute version de la Grande Guerre patriotique incompatible avec l'actuelle vulgate poutinienne. Ainsi la Russie d'aujourd'hui se refuse à reconnaître que la « libération » des pays d'Europe centrale et orientale par l'Armée rouge s'est traduite pour eux par un nouvel asservissement. Mais le noeud de la seconde guerre mondiale est encore plus complexe. En 1941-1945, Staline menait deux guerres parallèles, l'une ouverte contre l'Allemagne hitlérienne, l'autre cachée contre ses « alliés » anglo-saxons. La guerre froide commença lorsque les Occidentaux réveillés se mirent à bloquer les ambitions de l'URSS. Dans la vision russe officielle, les Occidentaux ont cru remporter une victoire avec l'effondrement de l'URSS mais, grâce à Poutine, la Russie s'est redressée et a entrepris de reconstituer l'empire perdu. Les révolutions « de couleur » en 2003-2004 en Géorgie et en Ukraine ont été interprétées à Moscou comme la preuve que, la Russie se renforçant peu à peu, les Occidentaux faisaient monter d'un cran leur lutte sournoise contre elle. Aux yeux des dirigeants du Kremlin, les manifestations anti-Poutine de l'automne-hiver 2011 apportent une nouvelle preuve du complot de l'étranger contre la Russie. La crise ukrainienne a été vue à Moscou à travers ce prisme : d'où l'acharnement de la propagande russe à montrer le malheureux gouvernement de Kiev comme une « junte fasciste » et à présenter l'annexion de la Crimée comme un remake de la bataille de Berlin.
"2014-05-30T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/05/30/a-l-occident-de-montrer-de-la-fermete_4428960_3232.html
Washington accentue ses pressions pour faire plier Kadhafi
Les forces de sécurité de Mouammar Kadhafi ont repris, mercredi, le contrôle de la ville de Marsa el-Brega, qui abrite un important terminal pétrolier dans l'est de la Libye, a rapporté la chaîne de télévision Al-Jazira.
L'USS "Kearsarge" (à gauche), pris en photo par l'armée américaine le 16 février 2011. AFP/NATHANIEL MIILLER Alors que les combats entre insurgés et pro-Kadhafi continuent, notamment dans l'est de la Libye, deux bâtiments de l'US Navy, attendus au large des côtes libyennes, sont entrés mercredi dans le canal de Suez, en route vers la mer Méditerranée en provenance de la mer Rouge. L'USS Kearsarge et l'USS Ponce devraient l'avoir franchi entre 15 h 30 et 16 heures, heure locale (14 h 30 et 15 heures, heure française), selon un responsable du canal de Suez. Même si Washington semble écarter à ce stade une intervention militaire, ces deux navires sont des indices de la pression exercée par les Etats-Unis pour faire plier le colonel Kadhafi, qui refuse toujours de quitter le pouvoir. L'USS Kearsarge est un porte-hélicoptères qui assure le transport de chalands de débarquement. Une fois en Méditerranée, le navire peut parvenir rapidement au large de la région de Tripoli. Le groupe d'opérations amphibies (à la fois navales et terrestres) du Kearsarge, composé de 800 marines, d'une flotte d'hélicoptères et d'installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires. Les stratèges militaires américains planchent sur plusieurs scénarios qu'ils proposeront au président Barack Obama, mais le flou demeure concernant l'éventualité d'une intervention militaire, selon un responsable de la défense. PAS DE CONSENSUS SUR UNE INTERVENTION MILITAIRE Le Pentagone et les membres de l'OTAN ont commencé à examiner des "préparatifs pour le moment où nous estimerons qu'il est nécessaire, pour des raisons humanitaires et autres, que des mesures soient prises", a dit la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Parmi les mesures envisagées, figure une zone d'exclusion aérienne, a déclaré Mme Clinton, mais son instauration, lourde de conséquences, n'est pas encore à l'ordre du jour. Un tel dispositif serait "extraordinairement" compliqué, a remarqué le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen. Le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, a pour sa part noté qu'"il n'y a pas de consensus au sein de l'OTAN pour le recours à la force". Concrètement, cela "exigerait de supprimer au préalable les capacités de défense aérienne, a expliqué le général James Mattis devant une commission du Sénat américain. Ce serait une opération militaire." Le groupe aéronaval autour du porte-avions nucléaire Enterprise, qui se trouve actuellement dans la mer Rouge, pourrait retourner lui aussi en Méditerranée. Sa flotte d'avions embarqués pourrait venir appuyer l'établissement d'une telle zone. "Une démonstration de force, même si c'est juste un survol par des avions de guerre, montre que nous, nous faisons attention, et je pense qu'il faut montrer que nous faisons attention", a estimé l'influente sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui dirige la commission du renseignement. "LES ENJEUX SONT ÉLEVÉS" Mais les Etats-Unis entendent également frapper le régime à d'autres niveaux. "Nous allons faire pression sur lui économiquement, conjointement avec le reste de la communauté économique. Nous allons [aussi] faire pression sur lui militairement", a assuré l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice. Washington a déjà bloqué 30 milliards de dollars (près de 22 milliards d'euros) d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison Blanche. Mardi, Hillary Clinton a indiqué qu'elle soutiendrait une nouvelle enquête sur le rôle joué par Mouammar Kadhafi dans l'attentat de Lockerbie, qui avait fait 270 morts en Ecosse en 1988. "Dans les années à venir, la Libye pourrait devenir une démocratie pacifique ou s'enfoncer dans une guerre civile prolongée" et sombrer dans le chaos, a également prévenu Mme Clinton. "Les enjeux sont élevés."
"2011-02-03T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/02/washington-accentue-ses-pressions-pour-faire-plier-kadhafi_1487043_3212.html
WikiLeaks : Israël, la peur des voisins arabes
Les "mémos" du département d'Etat révélés par "Le Monde" montrent comment l'Etat juif insiste pour que Washington n'arme pas les pays arabes.
De gauche à droite : le ministe israélien Ehoud Barak, le président égyptien, Hosni Moubarak, et le ministre de la défense égyptien, Mohammed Hussein Tantawi, à Charm el-Cheikh en mai 2008. AFP/KHALED DESOUKI Un environnement hostile, des alliés régionaux peu sûrs, un futur incertain : tel est le Proche-Orient vu par les responsables israéliens, selon les télégrammes diplomatiques américains obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde. La menace iranienne contribue pour beaucoup à la mentalité obsidionale qui transparaît dans ces comptes rendus. Lors d'une rencontre avec des parlementaires américains, en avril 2009, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, se lance dans une leçon d'histoire en prenant l'exemple du roi Hussein de Jordanie, "le meilleur allié arabe d'Israël, un homme très attaché à la paix". Quand Saddam Hussein a envahi le Koweït, le roi Hussein a soutenu les Irakiens, rappelle le premier ministre israélien, convaincu que si l'Iran accède au nucléaire, "tous les [Etats] arabes se transformeront en Qatar", l'un des rares pays du Golfe qui entretient de bonnes relations avec Téhéran. Mais les craintes israéliennes portent également sur le "camp arabe modéré", allié aux Etats-Unis, sans épargner les pays avec lesquels Israël est pourtant lié par des traités de paix : l'Egypte et la Jordanie. "Les Israéliens s'inquiètent de l'usure de leurs relations avec l'Egypte et n'ont pas de certitudes sur le leadership égyptien qui succédera [au président Hosni] Moubarak. Israël entretient d'excellentes relations avec le palais royal jordanien et les services de sécurité, mais n'a aucun contact avec la société civile jordanienne, largement palestinienne", détaille un mémo rédigé à la veille de la visite du président américain George Bush en Israël, en mai 2008, et qui fait une bonne place à cette "anxiété" israélienne. UNE PAIX "TROP MINCE, TROP SUPERFICIELLE" Un peu plus d'un an plus tard, alors que les relations avec la Turquie se tendent, un autre télégramme présente des Israéliens "encore plus anxieux que de coutume". "Les relations d'Israël avec ses voisins se détériorent, au moins du point de vue de la rhétorique, dans tous les domaines." En juillet 2007, lors d'une rencontre avec un responsable militaire israélien, Amos Gilad, chargé des affaires politiques et qualifié de "particulièrement franc", des diplomates entendent ce diagnostic : le ministre de la défense égyptien, Mohammed Hussein Tantawi, continue d'entraîner et de préparer ses troupes "comme si Israël était le seul ennemi". Notant des signes jugés troublants dans les rues égyptiennes, comme le fait que les femmes s'habillent d'une manière plus conservatrice que par le passé, Amos Gilad déplore une paix avec Israël "trop mince, trop superficielle". Dans une autre rencontre, à la même époque, M. Gilad regrette que le "pilier principal" pour la sécurité d'Israël que constitue la coopération avec la Jordanie se réduise à "une paix avec le régime, pas avec le peuple". "Le partenariat sécuritaire israélo-jordanien reste robuste alors que les relations politiques sont profondément tourmentées. A un certain point, le partenariat sur la sécurité finira par être affecté par le désserrement des liens politiques", analysent les diplomates américains. "L'AVANTAGE MILITAIRE QUALITATIF" Dans ce contexte troublé, la relation israélo-américaine prend toute sa signification, notamment dans le domaine militaire. En août 2007, le chef du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, Meir Dagan, se félicite de l'accord prévoyant une assistance militaire de 30 milliards de dollars sur la période allant de 2008 à 2018. Le nom de code de ce lien est "l'avantage militaire qualitatif" ("Qualitative Military Edge") qui revient en permanence dans les échanges israélo-américains. Pour Israël, il est hors de question de perdre du terrain à propos de la supériorité militaire qui est une donnée fondamentale depuis la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. Pour les Etats-Unis, cette priorité peut heurter ponctuellement leurs objectifs régionaux ainsi que leurs intérêts commerciaux : vente d'avions F-35SA à l'Arabie saoudite, voire simples transferts d'armes à l'armée libanaise. Au nom de cet avantage militaire revendiqué, les autorités israéliennes ne cessent d'exprimer leurs "réserves" ou leurs "inquiétudes". Le chef du Mossad, en 2007, exprime le sentiment suivant : les pays du Golfe et l'Arabie saoudite veulent augmenter leurs capacités militaires défensives pour contrer l'Iran, mais ils ne sont peut-être pas capables d'utiliser la quantité de matériel militaire qu'ils veulent acquérir. DROIT DE REGARD SUR L'ÉQUIPEMENT L'armée israélienne dans la bande de Gaza, en septembre 2005. AP/TSAFRIR ABAYOV Dans une autre rencontre avec des responsables de l'armée israélienne, en juillet 2009, les diplomates américains entendent un autre argument : certes, les Israéliens préfèrent des ventes d'armes américaines à des armes chinoises ou russes, mais les clients que sont aujourd'hui les pays arabes modérés alliés aux Etats-Unis peuvent dans le futur se transformer en adversaires. Les Américains se justifient en expliquant que l'assistance militaire à ces pays arabes est un message pour signaler aux régimes en place qu'ils disposent de solides alliés en Occident. Revenant sur la fourniture d'avions à l'Arabie saoudite quelques semaines plus tard (le contrat sera conclu en 2010), les responsables militaires israéliens s'inquiètent de la perspective de les voir stationnés sur la base de Tabouk, au nord du royaume et donc près des frontières israéliennes. Dans la même réunion, les Israéliens s'expriment également sur la livraison de missiles air-air à la Jordanie. Dans cette perspective, l'objectif de "l'avantage militaire qualitatif" dépasse de beaucoup la seule question du nucléaire iranien. Il peut y avoir des différences entre les Etats-Unis et Israël sur l'état des lieux qui peut être dressé de la région, concède le chef des affaires politiques de l'armée israélienne, Amos Gilad, lors d'une rencontre en novembre2009 avec un diplomate américain, mais la clé des relations entre les deux pays est d'éviter "les surprises". L'Etat juif dispose donc d'un quasi-droit de regard sur l'équipement militaire des alliés arabes des Etats-Unis. Gilles Paris
"2010-12-19T00:00:00"
documents-wikileaks
https://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/19/wikileaks-israel-la-peur-des-voisins-arabes_1455660_1446239.html
Football : Olivier Giroud, le messie d’Arsenal
Le Français a encore sauvé son club grâce à un but lors des arrêts de jeu qui a permis aux Gunners d’arracher un match nul (3-3) face à Bournemouth.
Le Français a encore sauvé son club grâce à un but lors des arrêts de jeu qui a permis aux Gunners d’arracher un match nul (3-3) face à Bournemouth, le 3 janvier. Glyn Kirk / AFP Olivier Giroud est un fervent croyant et doit apprécier à sa juste valeur son nouveau statut : celui de sauveur d’Arsenal. Les Gunners se sont en effet offert un come-back à Bournemouth (3-3) grâce à l’attaquant français, auteur de deux passes décisives et du dernier but. Cependant, les Londoniens ont laissé s’échapper la troisième place de la Premier League, mardi 3 janvier au soir, lors de la 20e journée. Les hommes d’Arsène Wenger sont dépassés par Manchester City (42 points) et occupent la 4e place (41 points), à huit longueurs du leader Chelsea (49 points), qui se déplace à Tottenham (5e, avec 39 points) mercredi. Les coéquipiers de Giroud pourraient même sortir des quatre premières places, synonymes de Ligue des champions, en cas de victoire des Spurs en clôture de la 20e journée. Si l’opération comptable n’est pas brillante, les Gunners, menés 3-0 à l’heure de jeu, ont au moins montré de belles qualités mentales pour revenir en fin de rencontre. [GOAL 🔥⚽️] - Giroud sauve, encore une fois, Arsenal dans le temps additionnel grâce à une tête salvatrice ! 😍🇫🇷👇… https://t.co/JX02mynQNi — SFR_Sport (@SFR Sport) Sur la côte sud de l’Angleterre, Daniels a d’abord ouvert la marque sur une superbe transversale de Stanislas. L’arrière gauche a contrôlé, éliminé Bellerin et trompé Cech dans un angle fermé (17e). Trois minutes plus tard, sur une contre-attaque, Xhaka a bousculé le petit ailier Fraser à l’entrée de la surface. Callum Wilson a transformé (20e) dans un Vitality Stadium en transe. Et les Cherries ont enfoncé le clou peu avant l’heure de jeu. Sur une longue ouverture, Fraser a pris le meilleur sur Bellerin, avant de tromper Cech entre les jambes dans un angle fermé (3-0, 58e). Alexis Sanchez a ensuite réduit le score à la suite d’une déviation de la tête de Giroud (70). C’était alors le premier tir cadré d’Arsenal. Libération Perez, à la suite d’une autre déviation de Giroud, a encore réduit la marque en réussissant une reprise de volée croisée brillante sur le ballon en cloche du Français (75e). L’espoir est encore monté d’un cran à la 83e minute, après l’exclusion de Francis pour un tacle violent sur Ramsey. Puis la libération est venue de Giroud, encore une fois. De la tête, encore une fois (90 + 1). Ailleurs, Swansea a fêté la nomination de son nouvel entraîneur en décrochant sa quatrième victoire de la saison. Présent dans les tribunes en début de match, puis derrière le banc en seconde période, Paul Clement, l’ancien adjoint de Carlo Ancelotti au Paris-Saint-Germain, au Real Madrid et à Chelsea, a apprécié ce succès sur Crystal Palace (2-1), un concurrent direct pour le maintien. Les Swans ne sont plus lanterne rouge de la Premier League. C’est maintenant Hull, qui s’est séparé de son entraîneur Mike Phelan dans la soirée, qui occupe la dernière place du championnat.
"2017-04-01T00:00:00"
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2017/01/04/giroud-le-messie-d-arsenal_5057368_1616938.html
Meurtre de procureurs au Texas : un suspect arrêté
La femme du principal suspect a avoué son implication dans l'assassinat d'un juge, de sa femme et d'un de ses assistants.
L'assassinat de trois procureurs au Texas semble n'avoir aucun lien avec un crime de haine commis par quelque extrêmiste. Il ne serait que le résultat de la vengeance d'un ancien juge, démis de ses fonctions par ses collègues à la suite d'une série de vols. Kim Lene Williams, la femme d'Eric Williams, le principal suspect, arrêté samedi 13 avril, a avoué son implication dans l'assassinat de Mike McLellan, un procureur de Kaufman County, au Texas, de Cynthia McLelland, sa femme, retrouvés morts le 30 mars, et de Mark E. Hasse, un des assistants de Mike McLellan, abattu le 31 janvier. Les dépositions de Kim Lene Williams, arrêtée mercredi matin, "décrivent en détail son rôle et celui de son mari", indique une source proche de l'enquête. Elle aurait conduit son mari sur les lieux des crimes et il aurait abattu les trois victimes, relève le New York Times. Elle aurait fourni des détails sur les meurtres qui n'ont pas été rendus publics mais qui sont connus des enquêteurs. Elle a été placée en détention provisoire, avec une caution fixée à 10 millions de dollars. Des procureurs assassinés au Texas Cérémonie à la mémoire de Mike McLelland et de sa femme Cynthia, à Sunnyvale, au Texas, le 4 avril 2013. REUTERS/MIKE STONE Eric Williams n'est, pour l'instant, mis en examen que pour avoir proféré de "menaces terroristes". Il a été interpelé après avoir expédié un courrier électronique menaçant "d'autres attaques si les autorités ne prenaient pas en causes diverses demandes". Il est placé en détention provisoire, avec une possibilité de libération contre une caution de 3 millions de dollars. Les experts en balistique testent une vingtaine d'armes appartenant à Eric Williams qui étaient entreposées à Dallas. Un véhicule similaire à celui apperçu à proxmité du domicile de la famille McLelland a été retrouvé face à l'entrepôt où les armes saisies. VOL D'ÉCRANS D'ORDINATEUR En 2012, le procureur Mike McLelland et son assistant, Mark Hasse, avaient engagé des poursuites contre Eric Williams pour le vol de trois écrans d'ordinateur, en mai 2011, une affaire représentant un préjudice inférieur à 1 500 dollars. Délit pour lequel M. Williams a été condamné en mars 2012 et mis en liberté surveillée. Il avait été révoqué de ses fonctions de juge de paix. Selon un enquêteur, le procureur McLellan et son adjoint avaient décidé de s'armer après la condamnation d'Eric Williams, car ils craignaient pour leur sécurité. Après la mort de Mark Hasse, Eric Williams a été soumis au test de la paraffine permet de retrouver de la poudre sur les mains d'un tireur et a remis son téléphone portables aux autorités. Les avocats d'Eric Williams soulignent qu'après sa condamnation en 2012, il s'est retrouvé au chômage et dans une situation financière précaire, poussant le couple à vendre une partie de ses cadeaux de mariage. Avant la condamnation, Eric Williams avait indiqué que sa femme bénéficie d'un statut d'invalidité (elle est atteinte de polyarthrite rhumatoïde), que son père et sa belle-mère sont âgés et ont besoin de soins et se sont installés au Texas pour qu'il puisse prendre soin d'eux.
"2013-04-18T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/04/18/meurtre-de-procureurs-au-texas-un-suspect-arrete_3161697_3222.html
La ruée vers l’or numérique des chasseurs de primes 2.0
Les pirates informatiques, désormais courtisés par les entreprises françaises, peuvent accéder à des niveaux de rémunération pouvant atteindre 400 000 euros par an.
« De plus en plus de sociétés font appel aux hackeurs pour détecter les failles de leur système informatique. Les chasseurs de primes 2.0 sont ensuite rémunérés en fonction des faiblesses détectées. » Julian Stratenschulte/dpa Pactiser avec les pirates ? Longtemps, les monarques ont instrumentalisé les flibustiers pour affaiblir les souverains ennemis. Aujourd’hui, c’est avec un tout autre type de pirates que fraternisent les entreprises : de plus en plus de sociétés font appel aux hackeurs pour détecter les failles de leur système informatique. Les chasseurs de primes 2.0 sont ensuite rémunérés en fonction des faiblesses détectées. Ce drôle de concept, qui porte le nom de bug bounty, est porté par des plates-formes mettant en relation « hackeurs blancs » et entreprises. Les premières sont apparues aux Etats-Unis en 2012. Rapidement, la plupart des acteurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont été séduits, même les plus sceptiques. Apple, qui tardait à s’y mettre, s’en est mordu les doigts : en 2016, face au refus de coopération du géant américain, le FBI achète une faille de sécurité pour accéder à l’iPhone verrouillé de l’auteur d’une attaque terroriste. Aujourd’hui, Apple pratique le bug bounty, comme l’essentiel des grands noms de la Silicon Valley. En France, le concept fait des émules. Manuel Dorne, plus connu sous le pseudonyme de Korben, a lancé fin 2015 la plate-forme de bug bounty européenne Bounty Factory. Le bug bounty, explique-t-il, « complète les autres approches de cybersécurité », à savoir les scans automatiques identifiant les erreurs basiques, et les audits de cybersécurité réalisés par un nombre limité de personnes, généralement une ou deux, qui travaillent quelques semaines sur un périmètre donné et rendent un rapport. Lire ausi notre enquête : Protection des données : le texte européen qui hante les nuits des patrons de PME français « La société corrige les éventuelles failles jusqu’au prochain audit, au bout de six mois ou un an. Sauf qu’entre-temps, il y a probablement déjà eu une nouvelle version du site ou de l’application », poursuit le blogueur spécialisé dans l’informatique. Avec le bug bounty, l’entreprise ne compte plus sur un ou deux chercheurs en sécurité seulement, mais sur une armée de plusieurs centaines, voire de milliers, de hackeurs qui étudient le périmètre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « Ça peut alors aller très vite : certaines vulnérabilités remontent dès les premières minutes après la mise en ligne du programme. Les failles plus critiques peuvent demander plusieurs jours, voire plusieurs semaines de travail », expose Korben. Pas de profil type Chez Bounty Factory, les hackeurs éthiques sont sélectionnés naturellement en fonction d’un classement selon leur efficacité. Ils n’ont pas de profil type : parmi les 3 700 hackeurs adeptes de la plate-forme, certains ont la quarantaine et occupent un emploi dans la cybersécurité. D’autres sont âgés de 18 ans et sont simplement passionnés d’informatique. « Sans la plate-forme, ils n’auraient pas su comment faire remonter la faille à la société, et auraient laissé tomber, ou auraient basculé dans le marché noir », explique Korben.
"2018-08-05T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/05/08/la-ruee-vers-l-or-numerique-des-chasseurs-de-primes-2-0_5296013_1698637.html
Avec la crise, l'écart de productivité entre les Etats-Unis et l'Europe se creuse
Une étude publiée par le Conference Board souligne qu'elle a diminué de 1 % en 2009 dans le monde, la première baisse depuis vingt ans.
La productivité du travail, s'est accrue de 2,5 % en 2009, aux Etats-Unis, malgré la crise, creusant encore l'écart avec l'Union européenne où elle a régressé de plus de 1 % en moyenne, selon une étude publiée mercredi 20 janvier par le Conference Board, un groupe de réflexion américain sur les entreprises et l'économie. En valeur absolue, la productivité européenne ne s'élèverait ainsi, en 2009, qu'à 71 % de la productivité américaine. La moyenne européenne masque de fortes disparités. L'Allemagne ou la Grande-Bretagne sont à la traîne avec une productivité en baisse respectivement de 2,2 % et 1,9 %. Alors que l'Espagne (+ 3,8 %) ou la Pologne (+ 1,8 %) font aussi bien, voire mieux que les Etats-Unis. La France est au-dessus de la moyenne avec une croissance de sa productivité de 0,3 %. Parallèlement, la productivité s'est accrue de 8,2 % en Chine, dont le score en valeur absolue reste néanmoins très bas, à 14,6 % de la productivité des Etats-Unis. Globalement, la productivité mondiale a diminué de 1 % en 2009 ; ce qui serait la première baisse en vingt ans, selon ce rapport. La situation devrait s'améliorer en 2010. Avec une productivité mondiale à nouveau en croissance, de 2,2 % : poursuite de l'amélioration de la productivité dans les pays émergents (+ 7,7 % en Chine), mais aussi dans l'Union européenne (+ 2 %) et aux Etats-Unis (+ 3 %). Les différences d'ajustement du marché du travail au ralentissement économique expliquent ces écarts de productivité. Licenciements massifs aux Etats-Unis, où 7,2 millions d'emplois ont été supprimés depuis le début de la crise. Ajustements plus lents en Europe. Cette amélioration de la productivité, qui s'accompagne d'une forte augmentation du chômage, aura-t-elle un effet vertueux sur la croissance ? Certes, selon Paul Krugman, Prix Nobel d'économie 2008, la productivité est une bonne chose, parce qu'elle permet de produire plus et donc de consommer plus, et par conséquent d'élever un peu plus le niveau de vie, qu'elle survienne dans un pays riche ou dans un pays pauvre. "Aux Etats-Unis, les entreprises ajustent leurs marges plus vite qu'en Europe ; elles peuvent ainsi se mettre plus rapidement à investir, ce qui améliore encore davantage leur productivité et créé un cercle vertueux", explique Mathilde Lemoine, directeur des Etudes économiques et de la stratégie marchés de la banque HSBC France. Néanmoins, il est possible que la baisse de la productivité allemande soit une bonne stratégie à terme. Car, explique Mme Lemoine, "la population allemande a commencé à diminuer. Les entreprises allemandes craignent de ne pas retrouver de compétences, si elles licencient. Elles préfèrent donc recourir au chômage partiel plutôt que de licencier". Alors que la situation française n'est peut-être meilleure qu'en apparence. Car la réduction d'emplois, qui a permis de maintenir la productivité, a porté en grande partie sur les intérimaires et les contrats à durée déterminée (CDD) : "Une population que l'on ne forme pas, dont la force de travail se déprécie, ce qui accroît le chômage structurel", estime Mme Lemoine. Annie Kahn
"2010-01-21T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/21/avec-la-crise-l-ecart-de-productivite-entre-les-etats-unis-et-l-europe-se-creuse_1294866_3234.html
Bataille d'avocats sur l'expertise médicale de Johnny Hallyday
La justice française avait chargé deux experts médicaux, un infectiologue et un neurochirurgien, de définir d'éventuelles responsabilités dans l'état de santé du chanteur.
La défense de Johnny Hallyday assure, jeudi 30 septembre, que l'expertise médicale de l'opération du chanteur en 2009 a relevé des "fautes caractérisées directement imputables" au docteur Stéphane Delajoux, une version immédiatement contestée par l'avocat du chirurgien. La justice française avait chargé deux experts médicaux, un infectiologue et un neurochirurgien, de définir d'éventuelles responsabilités dans l'état de santé du chanteur, admis en urgence en décembre à l'hôpital Cedars-Sinaï de Los Angeles pour une infection consécutive à l'opération d'une hernie discale le 26 novembre 2009, à Paris. Hallyday avait été placé deux fois en coma artificiel et son entourage a vivement mis en cause le docteur Delajoux, qui avait pratiqué cette opération et se défend de toute défaillance. Ces problèmes de santé et la longue convalescence qui s'en était suivie avaient provoqué l'arrêt de sa tournée Tour 66, une décision lourde de conséquences financières. "Les experts ont conclu à des fautes caractérisées directement imputables au docteur Delajoux", assure l'avocate de Johnny Hallyday, Virginie Lapp, qui souhaite une "estimation rapide des préjudices" subis par son client. LE DOCTEUR DELAJOUX "PLEINEMENT SATISFAIT" Mais selon l'avocat de Stéphane Delajoux, Hervé Temime, le rapport des experts "satisfait pleinement" le chirurgien. "Il réaffirme que l'indication opératoire était justifiée et que l'intervention chirurgicale s'est déroulée selon les règles de l'art", souligne Me Temime dans un communiqué. Les experts reprochent à son client un "défaut d'information" du rocker, manquement que le médecin conteste également. "Cette question ne pourra être tranchée que par les tribunaux lorsqu'il seront saisis, et le docteur Delajoux réaffirme que l'information donnée à son patient et à son entourage médical n'a pu en rien contribuer au moindre préjudice subi par M. Johnny Hallyday", poursuit le communiqué.
"2010-09-30T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/09/30/bataille-d-avocats-sur-l-expertise-medicale-de-johnny-hallyday_1418177_3224.html
"Frédéric Hantz : ""La Ligue 1 s'oriente vers plus de jeu"""
La ligue 1 reprend ses droits samedi avec le lancement de la saison 2011-2012. Frédéric Hantz, actuel entraîneur de Bastia en Ligue 2 et ancien entraîneur du Mans, passe au crible l'élite du football français.
Marseille a remporté le Trophée des champions le 27 juillet sur le score de 5-4 face à Lille. AFP/ABDELHAK SENNA A deux jours de la reprise du championnat de France de Ligue 1, Frédéric Hantz, entraîneur de Bastia (L2), livre ses pronostics et son analyse sur les joutes qui vont animer la saison 2011/12. Quatre à cinq équipes semblent se détacher pour le titre. Comment analysez-vous les forces en présence ? Honneur au champion. En ce qui concerne Lille, je pense qu'un titre de champion est toujours difficile à défendre. Les Lillois sont dans une situation où ils sont désormais attendus. Or, ce club n'a pas l'expérience du champion, contrairement à des clubs comme Lyon ou Marseille. Des joueurs importants sont partis mais il est vrai que l'équipe n'a pas été laminée. La base de joueurs cadres a résisté, le recrutement est cohérent tout comme la politique du club depuis plusieurs années. Le LOSC va continuer à grandir grâce à la Ligue des champions. Il sera dans les cinq premiers à la fin de la saison mais personne n'est en mesure de donner le nom du champion. J'ai tout de même la sensation que les choses seront plus compliquées en ce qui concerne le titre. A Marseille, la continuité est de mise... L'OM n'a pas été champion l'an passé. Culturellement, seule la première place compte dans ce club. Le titre sera l'objectif prioritaire. L'état d'esprit revanchard pourrait aider les Marseillais. Le rival parisien se renforce, Didier Deschamps est resté, il y a une évolution importante au sein de la direction... Autant de facteurs très importants. Si Deschamps a réellement gagné plus d'écoute de la part de ses dirigeants, l'OM sera encore meilleur grâce à un impact encore supplémentaire de l'entraîneur sur son groupe. Sans l'afflux massif d'argent côté parisien, je dirais que Marseille est le favori logique de la Ligue 1. Quel est votre sentiment justement quant à ce PSG version qatari ? Paris aura vraisemblablement, étant donné leur recrutement, le plus gros budget de la Ligue 1. Lyon a eu cette position pendant des années. Avec tous ces nouveaux joueurs, le PSG semble l'équipe la mieux armée, et le club sera quoi qu'il arrive dans la course au titre. Vous savez, je n'accorde que peu de crédit à ce qui prétendent que l'argent ne fait pas tout. Effectivement, ce n'est pas du 100 %, mais par contre sans argent, on est sûr de n'être pas champion ! Le classement parisien sera meilleur que celui de la saison dernière. Et que pensez-vous de cet investissement ? La politique semble simple : des gens ont de l'argent, ils décident d'en injecter à Paris. Tout cela est une chose pour le club et également pour le football français. Après, la nouvelle direction devra s'acclimater à nos particularités. Une autre interrogation subsiste : est-ce qu'un homme comme Leonardo, qui entraîné deux grands clubs italiens, acceptera longtemps de rester hors du terrain ? Je pense qu'Antoine Kombouaré a intérêt à mener rapidement le PSG dans les trois premières places. Ceux qui ont goûté au banc de touche veulent en général toujours y revenir. Cela interroge sur la relation entre Kombouaré et le Brésilien. Lyon entre également dans une nouvelle ère, plus modeste. J'ai la sensation qu'après la saison difficile traversée, la nomination de Rémi Garde au poste d'entraîneur est une suite logique. C'est humain, lorsqu'on souffre, on a tendance à revenir aux sources. Le fonctionnement semblait ne pas convenir aux hommes qui dirigeaient le club. Ce repli sur soi est un passage obligé à un moment donné dans l'évolution de l'OL. Lyon a toujours eu une organisation particulière avec un président très influent (Jean-Michel Aulas) et un conseiller très important (Bernard Lacombe). D'ailleurs, peu d'entraîneurs ont duré plus de deux ans, c'est un signe. En termes de résultat, l'inconnue demeure. La marge financière du club est limitée, cependant d'autres ressources telles que la solidarité, l'abnégation peuvent intervenir. Et puis, l'OL possède cette culture du haut de tableau. La plus mauvaise place depuis dix ans est une troisième place. Lyon reste le plus grand club français pour toutes ces raisons. L'absence de recrutement pour le moment est-elle un handicap ? Pour les débuts de Garde, je ne pense pas. C'est même pas plus mal de n'avoir pas à gérer l'intégration de nouveaux joueurs. S'occuper d'un groupe que l'on connaît peut être un plus pour responsabiliser les joueurs. Mais Lyon recrutera, ce n'est pas fini. Peut-on inclure Rennes aux favoris pour constituer une sorte de quintette ? D'année en année, les Rennais avancent. La politique financière et sportive est intéressante. On les attend depuis longtemps, ils vont bien finir par se mêler aux gros pour le titre. Il est dur d'imaginer une équipe s'insérer parmi ces cinq clubs. En tout état de cause, au niveau européen, ce processus me paraît le plus opportun. Pour qu'un club français arrive enfin à gagner la Ligue des champions, que nos clubs se hissent régulièrement dans le dernier carré, l'expérience et les moyens sont primordiaux. Cela perd peut-être de son charme mais la domination de grandes équipes est positive en ce qui concerne l'ambition européenne du football français. Quel est votre pronostic en ce qui concerne la relégation ? Les promus posent question. Dijon, Evian-Thonon-Gaillard et Ajaccio sont les équipes qui, depuis vingt ans, sont montées à l'étage supérieur avec le plus petit nombre de points. Elles n'ont pas dominé la Ligue 2. Je pense que deux d'entre elles redescendront cette saison. La différence est vraiment importante entre l'élite et la Ligue 2. Peut-être qu'Evian est moins concerné par cela grâce à une enveloppe intéressante consacrée au recrutement. Une équipe comme Brest, pour sa deuxième saison en Ligue 1, risque également de souffrir même si le club est préparé à cela. A l'inverse, une équipe comme Caen, souvent concernée par le bas de tableau, me paraît avancer dans le bon sens. Et pourquoi ne pas intégrer le Top 10 ? A l'inverse, des clubs tels que Saint-Etienne, Bordeaux et Montpellier évoluent entre deux eaux. Ce sont des clubs et des équipes de qualité. Ils sont armés pour faire un bon championnat. Ils sont en dessous du top 5 mais au-dessus des plus faibles. Une cinquième place serait superbe, une douzième place serait décevante. La Ligue 1 est souvent critiquée pour son caractère défensif, peu attrayant. Est-ce justifié à vos yeux ? Il est incontestable que depuis la victoire française en Coupe du monde en 1998, les entraîneurs, et j'en fais partie, ont été formés pour construire un bon bloc-équipe. Le championnat est donc très bon tactiquement mais effectivement, cela ne favorise pas les grandes envolées. Cela limite les espaces pour les attaquants. Et puis, les grands attaquants ne restent jamais très longtemps dans notre championnat. Or, ce sont ceux qui sont susceptibles de faire la différence, d'amener le spectacle. A-t-on des raisons d'espérer un sursaut ou une évolution cette saison ? Aujourd'hui, le modèle de Barcelone est à la mode. Il ne s'agit pas d'imiter mais de s'inspirer. Lille est le parfait exemple de ce désir de jouer plus sur la vivacité, le collectif et la vitesse. Le trophée des champions est clairement un signe positif avec ce score de 5-4 entre Marseille et Lille. Il n'y aura peut-être pas une évolution significative en 2011-2012 mais la tendance est clairement présente en ce qui concerne les prochaines années. J'ai ressenti, même lors des matches amicaux, une volonté de jouer, de préférer la gagne au besoin de ne pas perdre. Tout cela durera jusqu'à ce qu'une équipe remporte la Coupe du monde avec un un style défensif... Que pensez-vous de la santé financière des clubs français ? Le mot crise n'est également pas usurpé dans le football. Les championnats turc et grec explosent, la Liga espagnole est en grande difficulté. La tendance est à la baisse. Les entraîneurs et les joueurs doivent se rendre compte de cette évolution. Il y a 300 joueurs au chômage. Les baisses de salaire vont se poursuivre et elles sont plus qu'acceptables par rapport à la société. Le joueur moyen qui a été professionnel en Ligue 1 entre 2005 et 2010 doit se rendre compte de la chance qu'il a eu. Certains sont vraiment arrivés au bon moment... Il faut toutefois nuancer le tableau global car si l'on compare avec les autres championnats, la santé du football français n'est pas mauvaise. On peut relever quelques excès mais aucun club n'est dans le rouge. Nos dirigeants ont le sens des responsabilités contrairement à ce qui se pratique ailleurs. La gestion est raisonnable. Propos recueillis par Anthony Hernandez
"2011-04-08T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2011/08/04/frederic-hantz-la-ligue-1-s-oriente-vers-plus-de-jeu_1555642_3242.html
Axel Reymond champion d'Europe du 25 km en eau libre
Le Français a apporté à la France sa première médaille des championnats d'Europe 2014 de natation, à Berlin. Il s'est imposé dimanche en 4 h 59 min 18 s devant le Russe Drattsev et l'Italien Stochino.
Axel Raymond, à droite, avec l'Allemand Andreas Waschburger, le 17 août 2014. AFP/TIM BRAKEMEIER Le Français Axel Reymond est devenu dimanche champion d'Europe du 25 km en eau libre, apportant à la France sa première médaille des championnats d'Europe de natation disputés à Berlin. Reymond, 20 ans, s'est imposé en 4 h 59 min 18 s 8 avec 12 s 4 d'avance sur le Russe Evgueni Drattsev, l'Italien Edoardo Stochino prenant une lointaine troisième place (5 h 8 min 51 s). C'est sa deuxième médaille internationale en eau libre (bronze à l'Euro 2012) mais son premier titre. « C'était vraiment très dur, je suis parti avec le Russe (Drattchev), a expliqué Axel Reymond à l'issue de la course. Et heureusement qu'il était là, on a nagé ensemble, un vrai travail d'équipe. Et j'ai bien cru que je n'allais pas le battre à la fin ! A la moitié de la ligne droite, j'ai commencé à zigzaguer pour voir ce qui se passait, j'ai vu qu'il avait un peu lâché, j'en ai profité pour donner une accélération. » BLESSURE Le Français avait fini à la 9e place il y a trois jours sur le 10 km, seule distance olympique en eau libre, où il s'était blessé en prenant une bouée en pleine tête. « Près de l'arrivée, j'ai pris la bouée noire. J'ai vu que tout le monde me prenait en photo, j'ai passé la main sur l'épaule, elle était remplie de sang ! (...) Sur le 10 km, la course n'était vraiment pas très fair-play. Ca tirait les pieds, ça donnait des coups dans les lunettes, je suis sorti avec un bleu sur le nez, j'avais trop mal. » La France n'avait pas été titrée en eau libre depuis quatorze ans et l'or à l'épreuve des 25 km de Stéphane Lecat, qui entraîne les Bleus depuis deux ans.Axel Reymond, qui s'est installé à Fontainebleau pour s'entraîner et vivre avec son entraîneure Magali Mérino, surnommée « la Philippe Lucas de la natation », avait terminé jeudi neuvième du 10 km, seule distance olympique en eau libre.
"2014-08-17T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2014/08/17/le-francais-axel-reymond-devient-champion-d-europe-du-25-km-en-eau-libre_4472604_3242.html
La Russie veut dénoncer les « crimes en Ukraine » avec une photo truquée de Donetsk
L’illustration de la couverture du Livre blanc russe des « crimes commis dans l’est de l’Ukraine » est un faux déjà diffusé en mai 2014.
La publication par la Russie d’un Livre blanc des « crimes commis dans l’est de l’Ukraine » – un épais rapport intitulé « La tragédie du sud-est ukrainien » – a suscité, mardi 4 août, une vague de sarcasmes à Kiev et sur Internet. En cause : la photo d’illustration de sa couverture, qui montre une vue aérienne de la ville de Donetsk en feu, a été truquée. En effet, pour mieux montrer l’intensité des bombardements, des incendies accompagnés de leur nuage de fumée ont été ajoutés. Une prise de liberté avec la réalité que des internautes russes et ukrainiens n’ont pas manqué de relever, d’autant plus que la photo avait déjà été utilisée par un site internet local d’informations en mai 2014. « Ce “faux” est connu depuis longtemps. Je suis surpris que le comité d’enquête ait laissé passer une erreur aussi flagrante », s’est étonné sur son blog le journaliste russe Ilia Barabanov. #RussiaLies: #Russia's Investigative Committee publishes a book "#Ukraine's war crimes," uses #fake pic on the cover http://t.co/2RugpoDcxc — JuliaDavisNews (@Julia Davis) Dans un communiqué, le porte-parole du comité d’enquête, Vladimir Markine, estime que le document apporte « la preuve des crimes de guerre » des soldats et des combattants nationalistes ukrainiens dans l’est de l’Ukraine. Il a été publié pour « inciter la communauté internationale à s’impliquer davantage en vue d’un règlement pacifique du conflit », poursuit-il. Mais le comité d’enquête n’était pas joignable dans l’immédiat mardi pour répondre sur la photo de couverture. L’Ukraine dénonce une « énième opération spéciale russe » Interrogée par l’Agence France-Presse, l’adjointe au ministre de l’information ukrainien, Tetiana Popova, a, de son côté, dénoncé une « énième opération spéciale russe » pour discréditer « le plus possible nos dirigeants et notre armée ». « Cette photo traîne depuis plusieurs mois. Ils ont pris une image réelle de Donetsk et y ont ajouté des explosions à l’aide de Photoshop », a accusé la porte-parole. L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International avait rapporté en mai que la torture et les exactions étaient des pratiques courantes au sein des deux camps en conflit, évoquant des « crimes de guerre ». En septembre, elle avait exhorté Kiev à renforcer son autorité sur les bataillons de volontaires opérant aux côtés des forces armées régulières. Plus de 6 800 personnes, principalement des civils, ont péri dans le conflit dans l’est de l’Ukraine depuis avril 2014. Une nouvelle trêve a été instaurée le 15 février mais des accrochages meurtriers s’y poursuivent quasi quotidiennement.
"2015-04-08T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/08/04/la-russie-veut-denoncer-les-crimes-en-ukraine-avec-une-photo-truquee-de-donetsk_4711607_3214.html
"Equanil : intérêt ""faible"", intoxications, mais 503 000 prescriptions par an"
Cet anxiolytique a été largement utilisé pour traiter l'anxiété, mais aussi les difficultés à s'endormir, les contractures musculaires douloureuses et comme aide au sevrage chez les personnes alcoolo-dépendantes.
C'est un cas d'école : un médicament posant de graves problèmes en cas d'absorption massive. Cela a amené l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) à restreindre ses indications, mais il est toujours sur le marché. Commercialisé sous le nom d'Equanil par Sanofi-Aventis, le méprobamate a un service médical rendu jugé "faible" et fait l'objet d'un suivi national de pharmacovigilance. Cet anxiolytique apparaît sur le marché français en 1956. Il a été largement utilisé pour traiter l'anxiété, mais aussi les difficultés à s'endormir, les contractures musculaires douloureuses et comme aide au sevrage chez les personnes alcoolo-dépendantes. En novembre, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé a rappelé que ce produit a été donné, hors des indications de l'autorisation de mise sur le marché, pour la maladie d'Alzheimer et les épisodes dépressifs. Or les intoxications au méprobamate ne sont ni rares ni bénignes. Elles peuvent aller jusqu'au coma profond avec défaillance cardiaque en cas d'ingestion d'une dose importante. "Cela fait vingt ans que nous disons qu'il faut retirer l'Equanil du marché", s'emporte un médecin d'un centre régional de pharmacovigilance, qui ne souhaite pas être identifié. "UNE HISTOIRE FRANÇAISE" Depuis sa mise sur le marché, Sanofi-Aventis a rapporté 308 cas d'intoxication au méprobamate, parmi lesquels 100 surdosages, dont au moins 86 sont intentionnels et 77 ont entraîné des comas. L'Afssaps parle de "problème majeur" et a saisi les centres antipoison en 2004. Pour Hélène Verdoux, professeur de psychiatrie à l'université Bordeaux-II, le méprobamate et sa famille représentent "des attentats à la santé publique" et "font partie des produits les plus dangereux, alors qu'il existe des alternatives (les benzodiazépines) ayant un profil bénéfice-risque plus favorable. On se demande pourquoi ils sont encore sur le marché." En décembre 2000, l'Agence a entrepris une réévaluation des spécialités contenant du méprobamate. Elle a restreint, en février 2006, l'indication de l'Equanil en comprimés et de ses génériques à "l'aide au sevrage chez le sujet alcoolo-dépendant lorsque le bénéfice-risque des benzodiazépines ne paraît pas favorable". En 2009, Sanofi-Aventis a notablement diminué le nombre de comprimés par boîte. La notice du produit a été modifiée et les professionnels de santé ont été informés des changements par le laboratoire.
"2010-12-23T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/12/23/equanil-interet-faible-intoxications-mais-503-000-prescriptions-par-an_1457026_3224.html
"Rock around the Olympics : Rome 1960, ""Only the Lonely"""
Entre Cassius Clay et Roy Orbison, suite de notre série sur l'histoire des JO, épicée d'une note inattendue de rock and roll.
Le quatrième épisode de notre série sur l'histoire des JO, épicée d'une note inattendue, celle d'une autre aventure humaine qui s'invente en parallèle, le rock and roll. Cassius Clay, ici en juillet 1963 à New York. AFP Du 25 août au 11 septembre 1960, une mythologie en rencontre une autre. La Ville éternelle accueille en effet pour la première fois les Jeux olympiques. Elle aurait dû organiser ceux de 1908, mais faute de moyens financiers, elle avait dû renoncer, le pays ayant en effet connu deux ans auparavant une éruption meurtrière du Vésuve. Cette édition se déroule dans des décors somptueux. A la croisée des chemins de la Rome antique et moderne, la compétition prend place dans des lieux chargés d'histoire et impériaux. Les thermes de Caracalla accueillent les compétitions de gymnastique et c'est dans les ruines de la basilique de Maxence que se déroulent les épreuves de lutte. L'arc de Constantin (vieux de plus de 1 600 ans) est, lui, le point d'arrivée du marathon, remporté par l'Éthiopien Abebe Bikila. Soldat de la garde personnelle de l'empereur Hailé Sélassié Ier, il court le marathon pieds nus et établit un nouveau record du monde en deux heures et quinze minutes. Sa victoire sous cet arc de triomphe est un fantastique symbole : c'est en effet ici que vingt-cinq ans plus tôt Mussolini avait prononcé son discours qui annonçait l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste. Bikila est célébré en héros lorsqu'il retourne dans son pays. Quatre ans plus tard, à Tokyo, il remporte de nouveau le marathon olympique. Malheureusement la suite de sa carrière prend un tournant dramatique. En 1967 il se fracture le péroné lors d'une course. Mais le pire arrive en 1969 : Abebe Bikila est victime d'un très grave accident de la route entre Addis-Abeba et Dessie. Il passe la nuit prisonnier de sa voiture avec la nuque brisée. Transporté à Londres pour être soigné, il lutte durant de nombreux mois contre la mort. Il sort finalement de l'hôpital mais perd à jamais l'usage de ses jambes de feu qui avaient fait tant merveille. Victime d'une hémorragie cérébrale, il s'éteint en 1973, âgé seulement de 41 ans. Plus de soixante mille personnes assistent à ses obsèques nationales... DEATH STAR L'histoire du rock est aussi jalonnée de ces destins tragiques, où de jeunes étoiles montantes sont fauchées en pleine gloire. La liste est longue comme l'éternité. Le 3 février 1959 (The Day the Music Died comme le chantera plus tard Don McLean dans American Pie), Buddy Holly, Big Bopper et Ritchie Valens inaugurent ce bal mortuaire, victimes d'un accident d'avion quelques minutes seulement après avoir décollé de Clear Lake dans l'Iowa. Roy Orbison échappera lui à ce type de drame mais pas ses proches. Pochette d'un disque de Roy Orbison. DR C'est au Texas que le jeune Orbison apprend très tôt à jouer de la guitare. Et c'est au Texas qu'il met en place son premier groupe, The Wink Westerners. Plus tard, à l'université, "The Big O" forme les Teen Kings, qui vont rapidement devenir des pionniers du rock and roll. Tout le Texas commence à connaître le groupe et sa réputation dépasse même les frontières de l'Etat. Sur les conseils d'un certain Johnny Cash, Roy Orbison se rend à Memphis pour rencontrer Sam Phillips. Il lui fait alors écouter un morceau de Dick Penner et de Wade Moore que les Teen Kings ont enregistré à Odessa, Texas. Ooby Dooby est le premier tube chanté par Orbison, qui se retrouve bientôt sans groupe, les Teen Kings se séparant peu de temps après leur arrivée à Memphis. Nous sommes alors en 1957. Il épouse Claudette Frady, pour qui il a écrit une chanson et qu'il vend aux Everly Brothers, simplement intitulée Claudette. Mais Roy Orbison ne sent pas complètement épanoui au sein de Sun Records. C'est donc du côté de Nashville que son avenir va s'écrire. Il rejoint Monument Records et c'est en compagnie du songwriter Joe Melson qu'il compose sa première chanson qui va le faire connaître internationalement. Ce morceau, c'est Only the Lonely, qui voit le jour au mois de mai 1960. La voix d'Orbison, cette "célébrité anonyme" comme le désigne le magazine américain Life, va influencer une génération entière de musiciens. Parmi eux, Bruce Springsteen, qui déclarera à propos de son album Born To Run : "En 1975, quand je rentre en studio, je voulais que mes paroles sonnent comme du Bob Dylan enregistrés par Phil Spector, mais, surtout, je voulais chanter comme Roy Orbison." Celui qu'Elvis Presley désignait comme son seul rival est également l'auteur de In Dreams et de Pretty Woman, chansons qui ont connu une seconde jeunesse dans les années quatre-vingt grâce au cinéma. Un juste retour des choses pour cet artiste réservé, qui n'a pas été épargné par les douleurs de la vie : deux ans après la mort accidentelle de sa femme, Claudette, en moto, deux de ses enfants périssent dans un incendie. NOUVEAU PROPHÈTE Anonyme, le boxeur Cassius Clay l'est assurément lorsqu'il débarque en Italie en 1960. Il a tout juste 18 ans et il a encore son nom d'"esclave". Pourtant, la médaille d'or des mi-lourds est pour lui. A son retour aux États-Unis, il devient professionnel et décide de se convertir à la religion musulmane. Mohamed Ali volera dès lors comme un papillon et piquera comme une abeille. Anonyme, enfin, l'équipe de France olympique, qui traverse cette édition romaine comme une âme en peine. Le bilan est microscopique : cinq petites médailles en tout et pour tout et aucune en or. La France sportive est humiliée. Le général de Gaulle est outré. Un grand pays comme celui-ci ne peut se permettre d'être aussi ridicule lors d'un événement de cette importance, devant des millions de téléspectateurs. L'État doit se saisir du problème et met par la suite une politique sportive de grande échelle pour éviter ce type d'humiliation. Le contexte de la guerre froide crée un rapport de force permanent. En pleine période de décolonisation, la France doit garder sa place dans le grand concert des nations. A ce titre, une 25e place au tableau des médailles est inacceptable pour l'homme du 18 juin. Se retrouver derrière la Suisse ne correspond pas tellement à l'idée que de Gaulle se fait de la France. Brice Tollemer
"2012-07-19T00:00:00"
jeux-olympiques
https://www.lemonde.fr/jeux-olympiques/article/2012/07/19/rock-around-the-olympics-rome-1960-only-the-lonely_1735513_1616891.html
La France emprunte à un taux historiquement bas
Le taux des obligations de référence à échéance dix ans ont atteint le seuil historiquement bas de 1,77 %, jeudi.
La France a emprunté sur les marchés, jeudi 3 juillet, à un taux au plus bas historique pour des obligations de référence à échéance dix ans. L'ensemble des dettes des pays de la zone euro enregistrent des baisses de taux sur leur dette un mois après les mesures de soutien au crédit annoncées par la Banque centrale européenne (BCE). La France a levé près de 3,398 milliards d'euros à dix ans au taux de 1,77 %, effaçant le précédent record qui datait du 2 mai 2013 (1,81 %). Lors de la dernière opération de ce type, le 5 juin, la France avait accordé un taux de 1,96 %. En dehors de l'échéance à dix ans, le Trésor a levé 2,599 milliards d'euros à octobre 2027 au taux de 2,13 % (contre 2,62 % le 6 mars) et 2,499 milliards d'euros à mai 2030 au taux de 2,38 % (contre 2,54 % le 5 juin). Ce contexte porteur avait déjà permis au taux d'emprunt à dix ans de la France de toucher un plancher historique à 1,656 % sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le taux d'emprunt à dix ans est important car il sert de base de calcul pour d'autres produits financiers, notamment les taux de crédit immobilier aux particuliers, qui sont déjà à un niveau très bas. A 2,85 % en moyenne sur quinze ans, les taux d'intérêt des crédits immobiliers accordés par les banques sont tombés en juin à leur plus bas niveau depuis les années 1940, selon le baromètre de l'observatoire Crédit logement-CSA. LA BCE MAINTIENT SES TAUX BAS Depuis plusieurs mois, le marché de la dette en zone euro profite des politiques monétaires très généreuses des grandes banques centrales, à commencer par la BCE qui a mis en place de nouvelles mesures de soutien au crédit début juin. Le principal taux directeur avait été baissé de 0,25 % à 0,15 %, et l'institution avait même annoncé un taux de dépôt négatif pour la première fois. Après les mesures-chocs du mois dernier, destinées à stimuler la croissance et éviter la déflation, la Banque centrale européenne, qui s'est réunie jeudi, a laissé son principal taux directeur inchangé, comme s'y attendaient les analystes. Le président de la BCE, Mario Draghi, avait précisé le mois dernier que les taux resteraient bas aussi longtemps que nécessaire. La principale annonce formulée jeudi est d'ordre organisationnelle. A partir de 2015, la BCE organisera des réunions de politique monétaire toutes les six semaines et non plus tous les mois comme actuellement.
"2014-03-07T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/03/la-france-emprunte-a-10-ans-a-un-taux-au-plus-bas-historique_4450468_3234.html
Un Parti républicain sur le déclin
Selon l'essayiste Donald Morrison, la campagne américaine est le champ de l'un des affrontements idéologiques les plus virulents, plaçant le parti de Mitt Romney "dans une position délicate".
Depuis sa naissance, la nation américaine a toujours été rétive aux idéologies. Les observateurs qui l'ont arpentée sur les traces de Tocqueville n'ont eu de cesse de s'émerveiller devant la supériorité prêtée par les Américains à la pratique sur la théorie, à l'efficacité sur les principes, et à l'argent sur à peu près tout. La principale contribution des Etats-Unis à la philosophie aura été le pragmatisme, une école de pensée qui met la pratique et les réalités concrètes au-dessus des spéculations vaporeuses. Les élections américaines ont eu tendance à se jouer sur des problèmes spécifiques – l'économie, la sécurité nationale – à propos desquels s'opposaient deux partis, en fait guère éloignés l'un de l'autre. Mais cette période est révolue. A la surprise de beaucoup d'Américains, la campagne s'avère être le champ de l'un des affrontements idéologiques les plus virulents. Cette confrontation a peu à voir avec le président Barack Obama, qui a gouverné en centriste, et pour le reste avec le soutien d'un Parti démocrate adepte, depuis des décennies, du modèle d'économie mixte des sociaux-démocrates européens. En revanche, l'opposition républicaine, qui fait tout pour transformer l'élection en un référendum sur le rôle du gouvernement, porte une lourde responsabilité dans l'irruption de l'idéologie au cœur du paysage politique américain. A les entendre, Barack Obama aurait transformé les Etats-Unis en un enfer socialiste synonyme de régulations étouffantes, de croissance faible et de pauvres "accros" aux aides sociales. Selon les républicains, le rôle de l'Etat devrait être réduit afin de libérer l'énergie entrepreneuriale des "créateurs d'emplois". Mitt Romney, qui lorsqu'il travaillait dans la finance puis occupait le poste de gouverneur du Massachusetts était un pragmatiste, passe pour un idéologue dévoué du small-government. Dans une vidéo volée, il a expliqué à une assemblée de sympathisants qu'il considérait comme perdus 47 % des électeurs qui "dépendent du gouvernement, qui croient qu'ils sont des victimes, qui pensent que le gouvernement a la responsabilité de s'occuper d'eux, qui pensent avoir droit à des soins médicaux, à de la nourriture, à un logement, etc.". Les inspirateurs de cette vision du monde républicaine sont deux intellectuels du XXe siècle qui seraient sans doute estomaqués de leur regain de notoriété : Friedrich Hayek (1899-1992), l'économiste libéral autrichien qui s'est fait le champion du marché libre ; et l'écrivaine Ayn Rand, dont les romans glorifiant l'individualisme le plus forcené sont de retour dans les listes des meilleures ventes de librairie. Ce duo et une poignée d'autres penseurs conservateurs disparus doivent leur retour en force à l'ascension du Tea Party, le mouvement antigouvernement qui a tiré le Parti républicain à droite. Toutes ces invectives antigouvernement ont placé les républicains dans une position délicate. Comme Romney l'a reconnu devant ses donateurs, en fait, une grande part de l'électorat apprécie de recevoir l'aide du gouvernement. Mis à part celles liées à la défense, les dépenses du gouvernement américain ramenées au PIB sont parmi les moins élevées des pays développés, il ne reste donc plus grand-chose à couper. De plus, la prédilection des républicains pour Hayek et Rand les rapproche d'une idéologie qu'ils accusent Obama de servir et qu'ils abhorrent eux-mêmes : le marxisme. Comme l'historien Timothy Snyder l'a observé : "Il y a une certaine ironie à voir deux penseurs lutter contre la gauche marxiste au milieu du XXe siècle en utilisant des soubassements du marxisme lui-même : en politique, il n'est question que d'une vérité pure, l'Etat va cesser d'importer, et une avant-garde d'intellectuels est requise pour mettre en œuvre une utopie dont on dessine les plans à l'avance" (Le Monde du 10 septembre). Cette utopie s'évanouit à mesure que l'élection approche. Romney est donné perdant par les sondages. L'économie américaine en capilotade, que les républicains pensaient mettre au passif d'Obama, remonte la pente. Et le président sortant est si certain de l'inintelligibilité du message républicain qu'il a stigmatisé l'individualisme à la Ayn Rand, présenté comme moins important pour la grandeur du pays que l'action collective. Qu'auraient bien pu faire tous ces "créateurs d'emplois", a-t-il demandé, sans les routes, la police, les pompiers et les écoles, autant de besoins financés par la collectivité ? Les coffres des républicains sont assez fournis pour continuer à financer des publicités électorales anti-Obama. Néanmoins, cette campagne pourrait bien être le chant du cygne du Parti républicain. Nous seulement les tendances démographiques lui sont défavorables, mais la réalité l'est aussi. A rebours de leur rêve d'un Etat chétif et impuissant, les électeurs veulent des gouvernements forts et efficaces afin de bénéficier d'infrastructures compétitives au niveau mondial, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la recherche. Si c'est le cas, la présidentielle pourrait bien rester dans les mémoires comme un des moments de l'histoire où les morts se lèvent de leurs tombes pour attirer avec eux dans le néant toute une famille politique. Donald Morrison, essayiste, auteur de "Comment Obama a perdu l'Amérique" (Denoël, 202 p., 15 €)
"2012-03-10T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/03/un-parti-republicain-sur-le-declin_1769303_3232.html
Le sommet de Pékin dévoile les ambitions et les limites de l’OCS
Si l'Organisation de coopération de Shanghai voit son influence régionale renforcée, une méfiance perdure entre les deux chefs d'orchestre, la Chine et la Russie.
Vladimir Poutine et Hu Jintao, le 12 octobre 2011 à Pékin. REUTERS/POOL Ce fut un Sommet de Pékin placé sous le signe de la générosité chinoise et de l'entente sino-russe : la 12e rencontre des chefs d'Etat de l'Organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie, et quatre -stan d'Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan), qui s'est tenue à Pékin les mercredi 6 et jeudi 7 juin, a projeté l'image d'une institution désormais plus mature, et non sans ambitions. Avec 10 milliards de dollars de nouveaux prêts chinois accordés aux pays membres, l'OCS confirme sa fonction d'outil de développement économique sous impulsion chinoise – et à intérêts bien compris pour la Chine, demandeuse aussi bien en matières premières et ressources naturelles qu'en débouchés commerciaux et voies de sortie terrestres vers le Moyen-Orient et l'Europe. RENFORCER L'INFLUENCE RÉGIONALE DE L'OCS Sur le plan géopolitique, les deux chefs d'orchestre, Pékin et Moscou, semblent aujourd'hui prêts à renforcer l'influence régionale de l'OCS. Le sommet de Pékin est à cet égard un tournant. Issue des besoins de coopération entre la Chine et ses voisins pour régler les différends frontaliers nés du démantèlement de l'URSS dans les années 90, l'OCS s'est ensuite consacrée à des tâches de coordination sécuritaire entre ses membres : ceux-ci sont alors préoccupés par des "menaces internes" diverses et variées, que Chine et Russie tentent de refondre dans leur perception commune des trois "maux" que sont "l'islamisme, le terrorisme et le séparatisme". Le temps est-il venu pour l'OCS de jouer un plus grand rôle en dehors de ses frontières ? L'impasse syrienne, et la perspective d'un retrait d'Afghanistan des troupes l'OTAN en 2014, justifient à eux seuls que les deux puissances dominantes de ce coin du globe disposent d'une plateforme commune de coordination régionale. En outre, l'Organisation de coopération de Shanghai a l'ambition d'intégrer d'autres membres : l'Afghanistan s'est ainsi vue octroyer cette année le statut de pays observateur (comme le sont déjà l'Inde, l'Iran et le Pakistan par exemple), et la Turquie celui de partenaire de dialogue. L'importance qu'a voulu donner la Chine à la question afghane lors du sommet de Pékin transparait dans les promesses faites par le président chinois Hu Jintao à Hamid Karzai d'une "aide sincère et désintéressée" de la Chine. "L'Afghanistan est entrée aujourd'hui dans une période critique de transition", a déclaré M. Hu, après la signature d'un accord de partenariat stratégique selon lequel la Chine s'engage à construire des infrastructures et à fournir à son voisin 150 millions de yuans (18 millions d'euros) d'aide cette année. L'OCS sera une "forteresse de sécurité et de stabilité et une force motrice du développement économique et régional" a promis Hu Jintao vendredi. Dans le même temps, les Chinois font tout pour dédramatiser la perception qu'ont les Occidentaux de l'organisation : "l'OCS ne cherche pas à devenir une homologue de l'OTAN. Les membres de l'OCS sont préoccupés par des objectifs pragmatiques" a fait savoir dans un éditorial daté du 7 juin, le quotidien à grand tirage Global Times. MÉFIANCE DE LA RUSSIE Qu'ils fassent semblant ou non d'adhérer aux projets chinois, les Russes sont bien dans une dynamique asiatique – même s'ils sont déterminés à ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier chinois : "Les Russes sont inquiets de l'asymétrie croissante entre Chine et Russie. De là leur volonté de jouer un rôle plus actif dans la zone", estime le sinologue Jean-Pierre Cabestan lors d'un entretien à Pékin. Le prochain sommet de l'APEC a Vladivostok, pour lequel la ville de l'Extrême-Orient russe fait peau neuve, participe de ce mouvement : "les efforts qu'ils y mettent ont pour but de rappeler que la Russie a un rôle à jouer dans la région", dit M. Cabestan. Malgré, ou à cause de l'OCS, la Russie est engagée par ailleurs dans deux autres initiatives avec un ancrage en Asie centrale : l'Eurasec (la Communauté Economique Eurasiatique), qui met en place une union douanière et un espace économique commun entre Russie, Kazakhstan et Biélorussie, Kirghizistan et Tadjikistan, et l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui regroupe en outre l'Ouzbékistan et l'Arménie. Enfin, la Russie, à l'instar des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrales, ou encore le satellite mongole, restent viscéralement méfiants face aux Chinois. "Dans l'Extrême Orient Russe, on constate que les Russes préfèrent collaborer avec les Japonais et les Sud-Coréens chaque fois qu'ils le peuvent", note Jean-Pierre Cabestan. Dans les "stan", les élites sont avant tout russophones – et il est révélateur que les Chinois aient offert au sommet de Pékin de former en Chine 1 500 experts des pays de l'OCS sur les trois prochaines années, de fournir 3 000 bourses gouvernementales chinoises, et d'inviter en Chine 10 000 étudiants et enseignants des Instituts Confucius implantés dans les cinq pays... OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES Si le front commun sino-russe adopté sur les questions syrienne et iranienne a été réitéré au sommet de Pékin, l'entente entre les deux ex-frères ennemis du camp socialiste est avant tout question d'opportunités économiques : "les difficultés de la Russie en matière de croissance économique et de transformation [économique], associées à une opposition politique qui prend de la vitesse, exigent une réponse urgente au moment où Poutine entame son troisième mandat" note le site d'information économique Caixin Online dans une analyse intitulée "Pourquoi la Russie fait-elle le pari de la Chine". "L'économie chinoise a beau ralentir, elle reste beaucoup plus attractive pour la Russie que des économies européenne et américaine engagées sur des chemins tortueux et pleins d'ornières. Pour reprendre une métaphore chinois, Poutine a l'intention de faire avancer le navire Russie au vent chinois", poursuit le magazine, qui évoque toutefois les limites de cette lune de miel : "derrière l'apparence d'un front uni, les relations entre les deux alliés restent assez distantes", écrit l'auteur, citant la contrariété chinoise face aux ventes d'armes russes au Vietnam, et l'impasse prolongée dans les négociations sur le prix du gaz que la Russie doit vendre aux Chinois. SE SURVEILLER L'UN L'AUTRE" "Il ne faut pas oublier que les Russes et les Chinois se sont mis ensemble dans l'OCS pour se surveiller l'un l'autre", rappelle un diplomate européen en mission à Pékin. "En outre, il y a le jeu avec l'Inde, à laquelle Moscou fournit également des armes : entre les trois existe une dynamique dans laquelle chacun se méfie d'une alliance possible entre les deux autres". La Chine est consciente de la nécessité de ne pas se retrouver trop liée aux Russes – notamment sur la question afghane : lors du dernier sommet sino-américain - le Dialogue économique et stratégique qui s'est tenu à Pékin début mai - Américains et Chinois ont ainsi entériné des accords de coopération humanitaire en Afghanistan – une initiative dont l'idée a été lancée l'année précédente à Washington. "La perception qu'on a, par rapport à l‘Afghanistan, c'est que les Chinois étaient effectivement très irrités de voir arriver les Américains [au moment de la guerre contre les Talibans]. Mais qu'ils sont aujourd'hui assez inquiets de les voir partir", poursuit le diplomate européen. Enfin, la Chine est elle-même contrainte par ses propres contradictions intérieures dans sa politique vers l'Asie centrale : ainsi de la communauté ouïgoure, qui s'est retrouvée de facto excluse de la nouvelle route de la soie dont Pékin fait la promotion dans le grand ouest chinois. Turcophones et musulmans, les Ouigours eurent pourtant dans l'histoire un rôle pivot le long des flux commerciaux vers l'Europe. Soumis à toutes sortes de barrières et discriminations pour commercer et voyager suite au serrage de vis qui a suivi les évènements de juillet 2009, les Ouigours, qui sont près de 10 millions, se sentent marginalisés, alors qu'Urumqi et Kashgar sont transformés à grands coups d'investissements chinois en nouveaux pôle d'échanges pour Chinois du reste de la Chine. Or, dans une période où les revendications ethno-nationalistes du peuple ouigour sont brutalement réprimées, il est peu probable que la région puisse prospérer sans eux... Brice Pedroletti et Brice Pedroletti
"2012-09-06T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/06/09/le-sommet-de-pekin-devoile-les-ambitions-et-les-limites-de-l-ocs_1715710_3216.html
"Zynga plonge en Bourse et lance ""Draw Something"" en chinois et en français"
Le cours du fabricant de jeux vidéo en ligne Zynga a plongé à la Bourse de New York mardi, pénalisé par la publication d'une note montrant une baisse de la popularité des produits de l'entreprise sur Facebook.
"Draw Something", édité par OMGpop. OMGPOP Le cours du fabricant de jeux vidéo en ligne Zynga a plongé à la Bourse de New York mardi, pénalisé par la publication d'une note montrant une baisse de la popularité des produits de l'entreprise, qui a aussitôt contre-attaqué en annonçant le lancement dans plusieurs pays, dont la Chine et la France, de son jeu-phare sur mobile Draw Something. Zynga a fini à Wall Street à 4,98 dollars, en recul de 10,27 % par rapport à la clôture de lundi. C'est la première fois depuis son entrée en Bourse, l'été dernier, que le titre évoluait sous les 5 dollars, sept mois après une entrée sur le marché à 9,50 dollars. Le cours de l'action, qui avait souffert des déboires en Bourse de Facebook ces dernières semaines, semble cependant avoir été surtout affecté par la publication de chiffres montrant un déclin relatif du nombre d'utilisateurs actifs de jeux Facebook. D'après les données du site spécialisé Appdata, le nombre d'utilisateurs actifs des jeux de Zynga a diminué de 8,2 % en mai, et la tendance se poursuit en juin. D'autres grands éditeurs de jeux Facebook voient également leur base d'utilisateurs s'effriter, comme Disney (–9,4 %) ou Electronic Arts (–4,7 %) sur mai. ESSOR DU JEU MOBILE AU DÉTRIMENT DU JEU SOCIAL Pour certains analystes, ce déclin est à imputer à l'attrait des jeux sur téléphone mobile, qui concurrencent les jeux sur Facebook. "Nous pensons que la préférence des consommateurs est en train de se porter de manière décisive sur les jeux pour mobiles, étant donné que la qualité des jeux est similaire, voire meilleure [que sur Facebook], et que ces jeux ont l'avantage de pouvoir être utilisés partout et à n'importe quel moment", estimait notamment une note du cabinet Cowen, qui semble avoir précipité, mardi, la chute de l'action Zynga. Le premier éditeur de jeux Facebook a pourtant lourdement investi également dans le jeu sur mobile. En mars, il avait racheté OMGpop, l'éditeur du jeu Draw Something, pour 137 millions d'euros. Un rachat abondamment commenté à l'époque, notamment parce que le jeu, qui avait accumulé les records de téléchargement, a semblé atteindre un pic juste après son rachat par Zynga. Sur le modèle du jeu de société Pictionary, l'application lancée en février, et déjà disponible en 12 langues, encourage les mobinautes à faire des croquis qui doivent être identifiés par des correspondants. Le jeu était jusqu'à présent exclusivement disponible en anglais, mais Zynga a annoncé ce 13 juin le lancement de versions dans 12 nouvelles langues, dont le français et surtout le chinois. Pour percer la deuxième économie de la planète, la société de San Francisco a fait alliance avec le premier service de microblogging chinois, Sina Weibo.
"2012-06-13T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/06/13/zynga-plonge-en-bourse-et-lance-draw-something-en-chinois-et-en-francais_1717418_651865.html
Fragile retour au calme à la frontière entre la bande de Gaza et Israël
Treize Palestiniens sont morts dans des raids aériens menés par l'armée israélienne et un Israélien a été tué par des tirs de roquettes. La trêve négociée par l'Egypte semble tenir.
A l'hôpital Al-Shifa de Gaza, des proches d'un Palestinien tué dans un raid israélien s'effondrent. AFP/MOHAMMED ABED Le calme a prévalu dans la nuit de dimanche à lundi à la frontière entre Israël et le territoire palestinien administré par les islamistes du Hamas, après un dernier raid aérien israélien dans lequel deux militants armés ont trouvé la mort. La trêve négociée par l'Egypte semble tenir lundi entre l'armée israélienne et les activistes palestiniens de la bande de Gaza après cinq jours de violences. Les corps de deux Palestiniens tués dans un raid aérien israélien ont été retrouvés lundi, portant à 13 le bilan des morts lors des violences du week-end dans et autour de la bande de Gaza, selon des sources médicales palestiniennes. Ces deux victimes, membres d'un groupuscule islamique surnommé les Brigades Al-Ansar, sont mortes près de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, ont indiqué des membres de ce mouvement à l'AFP. TRÊVE FRAGILE Ce groupe a affirmé dans un communiqué être favorable à la trêve fragile tacite entre les groupes palestiniens de Gaza et Israël, intervenue dimanche. "Mais cela ne nous empêchera pas de répliquer aux attaques", a-t-il averti. "Il semble que ce cycle de violence soit derrière nous", a déclaré le ministre de la défense civile, Matan Vilnai, sur les ondes de la radio militaire israélienne. Les affrontements entre l'armée israélienne et des combattants palestiniens du Djihad islamique avaient repris dans la bande de Gaza et le sud d'Israël, samedi 29 octobre, avant que soit mis en place un cessez-le-feu. Les raids aériens israéliens sur la bande de Gaza ont tué neuf combattants palestiniens, tandis qu'un Israélien est mort de ses blessures à la suite de tirs de roquettes contre le sud d'Israël. Lors d'un premier raid aérien samedi en début d'après-midi, cinq Palestiniens faisant partie des Brigades Al-Quds, branche militaire du Djihad islamique, ont trouvé la mort dans un camp d'entraînement près de Rafah. Dans la soirée, deux Palestiniens, qui s'apprêtaient apparemment à lancer une roquette, ont été fauchés à Rafah. Les cadavres de deux autres militants des brigades Al-Quds ont été retrouvés dans l'ouest de l'enclave palestinienne en fin de soirée, a déclaré un porte-parole des services d'urgences à Gaza. AFFRONTEMENTS SANGLANTS Selon l'armée israélienne, cette opération visait un "groupe de terroristes dans le sud de la bande de Gaza qui se préparait à tirer des roquettes à longue portée" vers l'Etat hébreu. Les journalistes présents sur place ont pu constater que les raids israéliens se sont poursuivis sans relâche toute la nuit. Une femme est transportée à l'hôpital d'Ashdod, après que des roquettes tirées depuis Gaza sont tombées sur la ville, samedi 29 octobre. AFP/DAVID BUIMOVITCH Plus de vingt projectiles ont été tirés samedi sur le sud d'Israël, où l'alerte rouge a été déclenchée. Le Djihad islamique, qui a juré de venger ses militants, a revendiqué la plupart des tirs. Une personne, grièvement blessée à Ashkelon, est décédée dans la soirée. Quatre autres Israéliens ont été blessés, dont deux légèrement, a précisé la police. Des projectiles sont tombées à Ashdod, à Gan Yavneh, à Ashkelon et près de la frontière de Gaza. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis aux maires de la région que "la risposte israélienne sera plus dure encore si nécessaire". Ces affrontements ont été les plus sanglants depuis l'instauration d'une trêve tacite entre les organisations paramilitaires de Gaza et Israël le 26 août dernier (qui faisait suite à une série d'attaques au cours desquelles 26 Palestiniens et un Israélien avaient péri). Dans un communiqué, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, avait mis en garde contre "la récente escalade de la violence" et "appelé expressément au calme et à la fin de la violence et du bain de sang". Tôt dimanche matin, les factions palestiniennes de Gaza se sont engagées à rétablir à partir de 6 heures locales un cessez-le feu avec Israël, après l'intervention des services de renseignement égyptiens.
"2011-10-30T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/10/30/les-violences-reprennent-dans-la-bande-de-gaza-et-le-sud-d-israel_1596170_3218.html
Edgar Morin, le cinéphage, évoque ses films fétiches
Invité pour une carte blanche au Forum des images, le sociologue évoque son rapport au cinéma et revient, pour Lemonde.fr, sur trois films qui l’ont marqué.
A 10 ans, alors que sa mère vient de mourir, Edgar Morin trouve refuge dans les salles obscures de Ménilmontant. Au Ménil, au Vingtième Siècle, au Phénix, il passe, à partir de 1931, ses jeudis et ses dimanches à dévorer des films du matin au soir. « Cinéphage », était-il, pour reprendre une expression qu’il a lui-même forgée, anticipant la boulimie qui frappera, des décennies plus tard, les enfants de la VHS, du « streaming » et du « bingewatching ». C’est sous cet intitulé, « Edgar Morin le cinéphage », que le Forum des images lui offre une carte blanche de 16 films, lancée le 15 octobre à 19 heures par une rencontre avec notre collaborateur Nicolas Truong. Une image de "A nous la liberté", de René Clair (1931). Collection Christophel Des films qu’il a vus à cette époque, il garde, aujourd’hui encore, un souvenir brûlant. Ceux de Pabst en particulier, lui reviennent en mémoire plan par plan – L’Opéra de quat’sous (1931), La Tragédie de la Mine (1931), L’Atlantide (1932)… –, ceux de René Clair – A Nous la liberté (1931), Le Million (1931)… –, certains films soviétiques, aussi – Le Chemin de la vie (1931) de Nikolaï Ekk, ou Les Marins de Kronstadt (1936), d’Efim Dzigan…), dont le message de révolte et de fraternité a façonné, dit-il, son rapport au monde. En grandissant, le futur sociologue affine ses goûts. Il fréquente le Studio 28, la Cinémathèque française, devient cinéphile. Mais sa passion, il y tient, reste cinéphage : « C’est-à-dire que, même dans des films médiocres, il a des paysages, des visages, qui sont beaux, tout simplement… J’ai beaucoup de difficulté a m’ennuyer du cinéma. » Il se débrouille pour en faire son métier, en entrant au CNRS comme sociologue du cinéma. A une époque où la culture populaire était déconsidérée par les sciences sociales, ce geste fort s’inscrivait, dit-il aujourd’hui, dans une dynamique de rupture plus vaste (avec la bourgeoisie, avec le parti communiste…) qui était la sienne à l’époque. Il le conduira à écrire deux essais marquants, Le Cinéma et l’homme imaginaire et Les Stars. « Héros de l’adolescence, James Dean et Marlon Brando » De l’après-guerre jusqu’à la fin des années 1960, Edgar Morin écrit régulièrement, par ailleurs, des articles sur le cinéma (ils vont être rassemblés, en 2015, sous le titre Les Complexes imaginaires, tome I, aux éditions Nouveau Monde) : « On m’a demandé de collaborer à une revue, la Nef. J’ai proposé des critiques sur les archétypes, les stéréotypes, le message subliminaire, non explicite du cinéma. Je voulais analyser les films pas seulement comme objets esthétiques, ou de divertissement, mais comme des objets parlant de nous-mêmes, de nos mythes, de nos aspirations. J’ai été très sensible, notamment, à l’apparition quasi-simultanée des héros de l’adolescence James Dean dans La Fureur de vivre et Marlon Brando dans L’Equipée sauvage ; elle m’a aidé à comprendre la formation d’une sorte de classe adolescente au cours des années 1960 ». Il fréquente les festivals, Cannes notamment, où il est ébloui par La Porte de l’Enfer, de Teinosuke Kinugasa, premier film de samouraï qui lui ait jamais été donné de voir, et qui reçoit en 1954 le Grand Prix. Il siège dans des jurys à Cannes, à Venise, ou encore au premier festival du film ethnographique et sociologique de Florence, en 1960, où la vision de Come Back Africa, de Lionel Rogojine, l’impression qu’il en ressent, d’avoir perçu, dans les scènes de repas entre jeunes militants noirs sud-africains, une forme de vérité inédite, lui donne l’envie de passer à l’acte. « Comment tu te débrouilles avec la vie ? » A Jean Rouch, qui siégeait au jury avec lui, il propose de réaliser un film sur la jeunesse française de l’époque. Produit par Anatole Dauman, guidé par Marceline Loridan, jeune femme de son temps rescapée d’Auschwitz (future épouse de Joris Ivens) et cette question, « Comment tu te débrouilles avec la vie ? », qu’elle posait à ses congénères, le film s’appellera Chronique d’un été. Et restera comme un jalon fondateur dans l’histoire du cinéma direct. « Comment tu te débrouilles avec la vie ?, c’est une question que je me posais moi-même à l’époque, parce que je n’étais pas content de la vie que je menais, je la trouvais trop dispersée, trop hachée… », confie-t-il aujourd’hui, attestant du lien inextricable qu’il a toujours entretenu avec le cinéma. Achevée sur une note amère (la production exigera un montage de 90 minutes au lieu des quatre heures dont Rouch et Morin estimaient avoir besoin), cette première expérience derrière la caméra sera aussi la dernière. Le cinéma continuera toutefois de le travailler, et ce jusque dans la sphère la plus intime de sa vie. Au point que la vision d’A Tout prendre, du québécois Claude Jutra (1963), film autobiographique où l’auteur, jouant son propre rôle, revient sur le drame qui l’a conduit à se séparer d’une jeune femme dont il était follement amoureux (qui joue elle aussi son propre rôle), l’a précipité dans les bras de cette actrice qui l’a bouleversé, et conduit à l’épouser. Cinéaste d’un été Edgar Morin continue de traîner ses frusques dans les salles obscures dès qu’il a deux heures devant lui, s’enthousiasme pour « la floraison mondiale actuelle venue de pays comme la Turquie par exemple, qui, traditionnellement, n’étaient pas producteurs de films ». A 93 ans, ce cinéaste d’un été rêve parfois à cette autre vie qui aurait pu être la sienne. « Parfois, j’ai la tentation de pouvoir être quelqu’un qui place une caméra, qui décide les plans. J’aime beaucoup le métier de réalisateur – c’est à la fois direction d’acteur, la direction de l’image, le décor. Mais je me suis dirigé ailleurs… Et comme disait Piaf, je ne regrette rien. »
"2014-10-13T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/10/14/edgar-morin-le-cinephage-evoque-ses-films-fetiches_4505962_3476.html
Le parquet égyptien demande une enquête sur trois chefs de l'opposition
Le Prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei, l'ancien patron de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le leader de la gauche nationaliste, Hamdeen Sabbahi, sont accusés d'avoir incité au renversement du président islamiste Mohamed Morsi.
Les trois principaux chefs de l'opposition laïque sont accusés d'avoir incité au renversement du président islamiste Mohamed Morsi. AP/Ahmed Farid Le procureur général égyptien, Talaat Abdallah, a demandé, jeudi 27 décembre, l'ouverture d'une enquête à l'encontre des trois principaux chefs de l'opposition laïque, accusés d'avoir incité au renversement du président islamiste Mohamed Morsi. Les personnalités visées sont le Prix Nobel de la paix et ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU, Mohammed ElBaradei, l'ancien patron de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le leader de la gauche nationaliste, Hamdeen Sabbahi. Les deux derniers avaient par ailleurs été candidats à l'élection présidentielle de juin qui a vu la victoire de M. Morsi. Nommé par le président il y a quelques semaines, le procureur général a ainsi exhorté le ministre de la justice, Ahmed Mekki, de mandater un juge d'instruction pour enquêter sur ces allégations. Celles-ci sont portées par un membre du syndicat des avocats, Hamed Al-Sayyed. Si les accusations sont jugées fondées, elles peuvent mener à des inculpations et à un procès. ÉLECTIONS LÉGISLATIVES MM. El Baradei, Moussa et Sabbahi sont à la tête du Front national du salut (FNS), principale coalition de l'opposition, qui a mené un combat farouche contre le projet de Constitution soutenu par les islamistes, qui vient d'être approuvé par référendum. Lire aussi l'édito du Monde : "La victoire en trompe-l'œil du président Morsi" Le FNS estime que ce scrutin a été entaché de graves fraudes et irrégularités et a promis de poursuivre son combat pour faire invalider la nouvelle loi fondamentale, accusée de favoriser l'islamisation de la législation et d'offrir peu de garanties pour certaines libertés. Cette enquête intervient alors que l'adoption de la Constitution doit être suivie dans un délai de deux mois par des élections législatives, pour lesquelles l'opposition réfléchit à un front commun. Lire aussi : "Après le "oui" à la Constitution, quelle stratégie pour l'opposition égyptienne ?" Le FNS a également lancé un appel à des manifestations contre Mohamed Morsi, le 25 janvier, à l'occasion du deuxième anniversaire du début du soulèvement populaire qui poussa l'ancien président Hosni Moubarak à la démission. Les semaines précédant le référendum, qui s'est tenu les 15 et 22 décembre, ont été marquées par de nombreuses manifestations des deux camps et des affrontements parfois violents entre militants, dans lesquels huit personnes ont trouvé la mort.
"2012-12-27T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/12/27/le-parquet-egyptien-demande-une-enquete-sur-trois-chefs-de-l-opposition_1810985_3212.html
L’UNSA veut « faire front », le 1er-Mai, à la montée du Front national
Luc Bérille, réélu jeudi 2 avril à la tête du syndicat, appelle à un rassemblement intersyndical « le plus large possible ».
Luc Bérille, le secrétaire général de l'UNSA, le 1er mai 2014 à Paris. THOMAS SAMSON / AFP Luc Bérille a été réélu, jeudi 2 avril, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) pour un second mandat de quatre ans. Mardi, dès l’ouverture du congrès qui réunit 1 200 délégués à Montpellier jusqu’à jeudi soir, l’ex-instituteur de 57 ans a proposé un 1er-Mai intersyndical « rassemblant le plus largement possible pour la solidarité internationale des travailleurs, l’emploi, les salaires et la défense des principes républicains ». Il s’agit de « faire front le plus largement possible » à la montée du Front national, caractérisée à ses yeux par le « franchissement d’un seuil » lors des élections départementales, au terme desquelles le FN, s’il n’a gagné aucun département, a toutefois placé 62 conseillers dans les assemblées élues. Qualifiant le FN de « nationaliste, raciste, antisémite et xénophobe », M. Bérille a souligné qu’il « n’est pas un parti républicain » : « Son projet, c’est celui d’un gouvernement autoritaire, centré autour d’un chef, mettant en œuvre un nationalisme xénophobe. » La proposition de l’UNSA a reçu un premier accueil favorable de la part de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, et de Bernadette Groison, la secrétaire générale de la FSU, présents à l’ouverture du congrès. Première place chez IBM et Areva Née en 1993 à la suite de l’éclatement de la Fédération de l’éducation nationale (FEN), l’UNSA est le petit poucet du syndicalisme, qui creuse son sillon pour entrer dans la cour des grands et rejoindre le club des cinq confédérations représentatives. Elle revendique 200 000 adhérents, les deux tiers venant de la fonction publique et des entreprises publiques, un tiers du secteur privé. Lors de la dernière mesure de représentativité, en 2013, elle a été créditée de 4,26 %, loin encore du seuil requis de 8 %. Venue de l’éducation et de la police, l’UNSA a joué la carte de l’implantation dans le privé : entre janvier 2013 et janvier 2015, elle a créé des sections syndicales dans plus de 750 entreprises privées. Aux élections professionnelles, elle est première à IBM et Areva, deuxième à la SNCF et à la RATP, troisième à Air France. Elle est désormais représentative dans cinquante branches professionnelles au lieu de trois en 2013. Aux élections dans les trois fonctions publiques, en décembre 2014, l’UNSA est arrivée, avec 10,4 % (en hausse de 1 point), en quatrième position. Si elle progresse, elle n’est pas pour autant assurée de devenir représentative lors de la prochaine mesure en 2017. « La marche est encore un peu haute », reconnaît M. Bérille.
"2015-02-04T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/04/02/l-unsa-veut-faire-front-le-1er-mai-a-la-montee-du-front-national_4608695_823448.html
François Fillon et l’héritage « de l’Internet en France »
François Fillon n’a pas créé Internet en France, mais il a contribué à sa démocratisation. Opposer son développement aux « fonctionnaires de France Télécom » est, en revanche, bien plus discutable.
Alors ministre des technologies, de l’information et de la poste. PIERRE VERDY / AFP C’est une polémique née sur les réseaux sociaux au creux du week-end, partie d’une « petite phrase » à laquelle tout le monde, y compris un ancien premier ministre, s’est accroché pour faire des raccourcis en 140 caractères, des blagues ou des montages plus ou moins drôles. Heureusement, les réseaux donnent aussi accès à des gens calés et avertis qui permettent de prendre un peu de recul sur l’indignation facile et même, si on a un peu de temps entre deux blagues, d’apprendre quelque chose. « Qu’est ce que j’ai fait moi ? » Le début : François Fillon est à Las Vegas pour le Consumer Electronic Show (CES), salon où le grand public découvre les technologies du futur. Une équipe de l’émission Quotidien, diffusée sur TMC, lui demande ce qu’il peut bien faire là. Ancien ministre des « technologies, de l’information et de la Poste » en 1995 et geek assumé depuis bien avant que le terme ne devienne tendance, François Fillon se présente comme « un pratiquant de longue date » face aux « nouveaux convertis », comme un certain Emmanuel M. « Il a fait des choses ? Qu’est-ce que j’ai fait moi ? J’ai ouvert les télécommunications à la concurrence. Vous pensez qu’il y aurait de l’Internet en France si on avait toujours France Télécom avec des fonctionnaires ? » Si vous pouviez tous arrêter ce que vous êtes en train de faire pour remercier @FrancoisFillon pour Internet, ce se… https://t.co/nLu2lRs9g6 — Qofficiel (@Quotidien) Sans François Fillon, il n’y aurait pas « l’Internet » en France. Voilà ce qui était vendu sur Twitter et ce qu’on comprenait en regardant rapidement la séquence. Assez pour faire plein de blagues. Des responsables politiques, proches d’Emmanuel Macron ou du Front national, publiaient leurs tweets ironiques, et même Manuel Valls, en pleine campagne, trouvait le temps de balancer sa vanne avec l’emoji mort de rire. Grâce à F.Fillon, je peux vous écrire ce tweet depuis Évry 😂– Merci à France Télécom, son réseau, ses agents qui on… https://t.co/Trkocgq86B — manuelvalls (@Manuel Valls) Aux premières lignes législatives Voilà François Fillon placé au panthéon des hommes politiques qui se sont ridiculisés en parlant d’Internet, tout en haut avec Al Gore, qui avait « pris l’initiative de créer Internet » aux Etats-Unis dans les années 1990. L’ex-vice président de Bill Clinton traîne cette phrase, très mal formulée, comme un boulet depuis vingt ans. Ce qui ne doit pas occulter le fait qu’il a vraiment contribué à la démocratisation d’Internet, comme François Fillon. Plusieurs personnes ont d’ailleurs rapidement rappelé ce fait, comme l’avocat spécialisé dans le numérique, Alexandre Archambault : « L’Internet mondial s’est très bien développé sans lui. Par contre, au niveau national, la LRT de 1996 est à mettre à son crédit. » La loi de réglementation des télécommunications (LRT) a, en effet, été pilotée par le ministre délégué aux télécommunications de l’époque, François Fillon. C’est à cela qu’il faisait référence dans les allés du CES, vingt et un ans plus tard. « Non, François Fillon n’a pas créé Internet, mais huit ans avant la LCEN [Loi pour la confiance dans l’économie numérique], c’est sous sa responsabilité que la première tentative de législation a été mise en place », confirme le journaliste et économiste Emmanuel Parody. Il ressort pour l’occasion un de ses articles de 1996, qui met en avant un aspect de cette loi que François Fillon a visiblement oublié : un amendement portant son nom qui aurait permis à une autorité administrative – le Comité supérieur de la télématique – d’obliger les fournisseurs à filtrer les contenus jugés illégaux. L’amendement sera rejeté par le Conseil constitutionnel. « Le Minitel n’est pas mort » François Fillon en 1995. JEAN-PIERRE MULLER / AFP Ce qu’on peut, en revanche, reprocher à François Fillon est l’opposition faite entre développement d’Internet en France et fonctionnaires de France Télécom. Comme si avoir privatisé l’opérateur public était l’étincelle qui avait démocratisé l’accès numérique. « Les 53 000 fonctionnaires appartenant toujours aux effectifs d’Orange sont particulièrement choqués par ce dénigrement répété des fonctionnaires », écrivent Sébastien Crozier et Hélène Marcy, du syndicat CFE-CGC. Dans le Huffington Post, ils énumèrent les technologies « de la révolution numérique » que les fonctionnaires de France Télécom ont « pilotées » : des « travaux du CNET et la création de Transpac en 1978 » à l’ADSL, en passant par les connexions mobiles « 2G, 3G et 4G ». Et, « dans les années 1980 », le Minitel, l’ancêtre à la française d’Internet, que François Fillon connaît bien. Dans une interview datant de novembre 1995, exhumé par Libération pour l’occasion, il raconte son utilisation du Web de l’époque, les connexions à 14.4 kbit/s et 28.8 kbit/s qui coûtent une blinde, sa « dizaine de messages de courrier électronique » reçus… en une semaine. Fillon y apparaît parfois visionnaire… quand il défend Internet comme autre chose qu’un « phénomène de mode », ce que la plupart des responsables politiques et économiques pensaient sûrement ; ou quand il prédit un futur dans lequel « on pourra se composer son programme de télévision ou de radio, écouter le journal de 20 heures à 23 heures et n’écouter dans ce journal que ce qui correspond à ses centres d’intérêt ». … et parfois un peu moins, avec le recul : quand il clame que « le Minitel n’est pas mort » et qu’« il y aura une longue période pendant laquelle les deux systèmes se chevaucheront ». Avec comme argument, parmi d’autres : parce que pour « chercher un numéro de téléphone, vous n’allez pas mettre votre micro-ordinateur en marche ».
"2017-09-01T00:00:00"
big-browser
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/01/09/francois-fillon-et-l-heritage-de-l-internet-en-france_5059853_4832693.html
Un chef d'Etat en tenue de combat
En 1969, "Le Monde" rencontre en Libye le jeune colonel putschiste trois mois après le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir. Fortement affectés par le conflit israélo-palestinien, Mouammar Kadhafi et ses amis prônent l'unité de tous les peuples arabes.
Le colonel Kadhafi, en 1969. AFP Le colonel Kadhafi partage la vie de ses hommes à la manière d'un guérillero castriste ou d'un combattant palestinien. Il est constamment en déplacement entre Tripoli, Benghazi et El-Beida - les trois capitales de l'ancien royaume - et on ne sait jamais où le joindre, car ses itinéraires et son calendrier restent le plus souvent secrets. Trois mois après le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir, il est aussi malaisé de le rencontrer qu'un responsable de maquis. Cette nuit-là, il se trouvait dans une caserne située en bordure de Benghazi, dont les alentours étaient contrôlés par de multiples patrouilles. Un land Rover était venu nous chercher, dans lequel avaient pris place son aide de camp - un capitaine de 26 ans - et une "escorte" de quatre hommes. Dans le bureau du chef de l'Etat, un seul détail révèle l'importance du personnage: quatorze téléphones s'alignent sur de curieuses crédences en acajou. Deux jeunes hommes entrent, suivis d'un troisième, plus grand, plus mince: c'est le colonel Kadhafi, président du conseil de la révolution et commandant en chef des forces armées. Comme ceux qui l'entourent, et comme tous les militaires que l'on rencontre en Libye, il porte la tenue de combat, un simple béret, et il est armé. "Nous avons fait la révolution, explique-t-il, contre la corruption et l'injustice, contre une répartition trop inégale des richesses et le retard accumulé de notre pays. - A quoi attribuez-vous d'avoir pu si aisément exécuter vos plans ? - D'abord à l'aide de Dieu. Puis sans doute était-ce le temps que la révolution vienne. Mais, à vrai dire, je ne m'attendais pas à devenir le chef. C'est durant les événements que je me suis découvert moi-même. Assumer cette charge est d'ailleurs très dur. Je crois cependant que là est mon devoir, et je m'y emploierai, car c'est ma destinée. - Quels sont les principes de la République arabe libyenne ? - Liberté, Socialisme, Unité. Par “Liberté”, nous entendons la liberté individuelle et nationale, qui élimine la pauvreté, la colonisation, la présence sur notre sol de troupes et de bases étrangères. Par ”Unité”, nous pensons à celle de tous les peuples arabes, que ce soit sous la forme d'un seul “grand” gouvernement arabe, ou celle d'une fédération de “petits” gouvernements.
"2011-02-22T00:00:00"
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2011/02/22/1969-kadhafi-un-chef-d-etat-en-tenue-de-combat_1483770_3208.html
La formule magique de Fred Vargas
Son nouveau polar, « Quand sort la recluse », va certainement séduire des centaines de milliers de lecteurs en France, comme ses précédents. Décryptage littéraire d’un succès.
L’écrivaine Fred Vargas, 2017. ASTRID DI CROLLALANZA/FLAMMARION Fred Vargas ou la notoriété discrète. Depuis un quart de siècle, l’écrivaine est la reine du polar français. En témoignent le succès rencontré par Temps glaciaires (Flammarion) – avec 450 000 exemplaires, c’est l’une des meilleures ventes de livres en 2015, avec Michel Houellebecq, E. L. James ou Guillaume Musso – et la longue liste des récompenses littéraires qui ont consacré ses romans. Traduits dans une quarantaine de pays, il sont souvent adaptés au cinéma ou à la télévision. Lecteurs et spectateurs se sont attachés à la poésie de son univers mêlant réel et irréel, et à son héros récurrent, le commissaire parisien Jean-Baptiste Adamsberg, flâneur lunaire et globe-trotteur. Dans son quatorzième roman, Quand sort la recluse, Fred Vargas tisse une intrigue arachnéenne où le passé fait écho au présent. Décryptage partiel d’un phénomène, à travers quelques traits saillants dans cette œuvre. Signe Fred Vargas est une romancière des signes. Tous ses récits débutent par un indice à interpréter : le « H » à l’étrange graphie découvert près des cadavres de « suicidés » dans Temps glaciaires, le chiffre 4 à l’envers apparu sur les portes d’immeubles parisiens dans Pars vite et reviens tard ­ (Viviane Hamy, 2001), l’os de cerf dans Dans les bois éternels ­ (Viviane Hamy, 2006), la vision d’une horde de morts-vivants précédant une série d’assassinats dans L’Armée furieuse (Viviane Hamy, 2011)… Et ils se poursuivent de la même manière : grimoires, reliques ou, comme dans son nouveau roman, rapprochements onomastiques sur le mode lacanien. Adamsberg « voit dans les brumes », aime à répéter Vargas de livre en livre. Ce « pelleteur de nuages » est, en effet, un voyant qui désarçonne son équipe par ses intuitions. Il suit une piste, en laissant éclore jusqu’à sa conscience des « bulles gazeuses ». « Je suis habitué aux choses qui m’échappent », confie-t-il dans Dans les bois éternels. A la manière d’un archéologue, ce policier se met en quête de vérité à mettre au jour. Son raisonnement emprunte souvent un cheminement souterrain, fidèle en cela à cette distraction que Fred Vargas érige en vertu cardinale dans son Petit traité de toutes les vérités sur l’existence (Viviane Hamy, 2001). A ses personnages principaux comme secondaires, la romancière attribue également d’immuables signes distinctifs, plus ou moins saugrenus. Leur profil tient dans l’extraordinaire de chacun d’entre eux, leur commune atypie. Ce sont les multiples visages de l’excentricité.
"2017-05-13T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2017/05/13/la-formule-magique-de-fred-vargas_5127133_3260.html
"Le ""FT"" ou la critique du capitalisme pur"
Imaginez le quotidien du Vatican portant un regard critique sur le catholicisme. C'est ce que fait depuis trois semaines le "FT", dans une série d'articles intitulée : "Le capitalisme en crise".
Depuis plus de trois semaines, l'organe central du capitalisme intelligent, le quotidien britannique le Financial Times, ausculte l'état de l'économie de marché. Commentateurs, économistes, dirigeants politiques, entrepreneurs débattent des quatre coins du globe. Intitulé général de cette longue série d'articles : "Le capitalisme en crise". Imaginez l'Osservatore romano, le quotidien du Vatican, portant un regard critique sur le catholicisme. Car le jugement d'ensemble est sévère, que l'on peut résumer ainsi : la formule "ultralibérale-dérégulée" du capitalisme, héritée des années 1980, ça ne marche plus. On dirait du François Hollande, ou presque, mais au fil des pages d'un grand quotidien des milieux d'affaires internationaux. Trois ans après la crise de 2008 et à quelques jours de l'ouverture du sommet économique de Davos, en Suisse, c'est un signe important. En économie comme ailleurs, il y a des modes intellectuelles. Lancées par des journaux tels que le FT, le Wall Street Journal ou l'hebdomadaire The Economist, elles préparent le terrain à des changements de fond. Le tournant reagano-thatcherien, celui qui allait tordre le cou au capitalisme tempéré de l'après-guerre, a été précédé, à la fin des années 1970, d'une longue démonisation de l'Etat par les penseurs de ce qu'on appelait alors "la révolution conservatrice". Couplée à la mondialisation des échanges qui allait suivre, elle a donné naissance à la version actuelle du capitalisme - et à la crise de 2008. Dans cette forme-là, l'économie de marché doit être abandonnée. "Elle s'est avérée non seulement instable mais, et de manière importante, aussi injuste", dit l'éditorial lançant la série. Aux Etats-Unis, pays censé incarner sa réussite la plus accomplie, le capitalisme, relève Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor, perd la confiance du public : seuls 50 % des Américains en auraient une idée positive, selon un récent sondage. Il est devenu synonyme de financiers surpayés, de croissance anémique et de chômage structurel élevé. Au coeur de l'acte d'accusation dressé par le FT, il y a ce constat : le capitalisme est en crise parce qu'il produit, massivement, de l'inégalité. Il n'est pas censé être moral. Il est, jusqu'à preuve du contraire, le meilleur système connu pour créer de la richesse. Et, dans sa version pré-1980, il avait la réputation de répartir cette richesse de façon relativement acceptable. En langage d'économiste, on dirait que le marché favorise une allocation intelligente des ressources. C'est fini. Depuis trente ans, en Amérique du Nord comme en Europe, les inégalités se creusent. Au point, dit l'enquête du FT, qu'elles menacent les fondements de nos démocraties, sociétés de consensus, ancrées dans des classes moyennes majoritaires. Les Etats-Unis connaissent une inégalité de revenus sans précédent depuis presque un siècle. De passage à Paris, le politologue Norman Ornstein relevait récemment que la structure des revenus aux Etats-Unis était celle d'un pays du tiers-monde. Depuis 1980, le 1 % d'Américains les plus riches ont vu leur richesse s'accroître de 300 %. Dans le même temps, le revenu médian d'un foyer américain n'a progressé que de 40 %, indiquent les statistiques du ministère du travail à Washington. Encore, précisent-elles, que cette hausse n'est atteinte que parce que nombre de femmes sont entrées sur le marché du travail. Si l'on enlève cette deuxième source de revenu dans un foyer américain, la réalité est brutale : en trente ans, le revenu médian d'un homme aux Etats-Unis n'a connu aucune progression. L'Europe suit la même pente, en un peu moins accentuée. L'honnêteté imposerait de compléter les statistiques du ministère du travail en étudiant l'évolution du pouvoir d'achat : il a progressé dans certains secteurs du fait de la pression que la mondialisation exerce sur les prix. Mais, très largement fondée sur l'implacable réalité des chiffres, la perception reste la même : "L'économie moderne paraît comprendre deux pistes, l'une très rapide pour les super-riches, une deuxième bloquée pour tous les autres", écrit John Plender, l'un des commentateurs du FT. La colère contre les inégalités a pris "la finance" pour cible. La richesse qui est dénoncée, comme imméritée, n'est pas celle des créateurs d'entreprise. C'est celle des pontes d'un secteur financier gonflé aux amphétamines de la spéculation et qui a pris une ampleur sans précédent - il a notamment pour fonction de financer l'endettement d'une classe moyenne qui, en ces temps de globalisation, ne maintient son niveau de vie que par l'emprunt. Le vilain canard est Lloyd Blankstein, le patron de la banque Goldman Sachs, et le héros Steve Jobs, le fondateur d'Apple. La série du Financial Times salue les entrepreneurs. Elle dénonce la manière dont les conseils d'administration des grandes entreprises fixent les salaires des dirigeants, notamment dans le secteur financier. Nous vivons des temps inédits : un PDG peut gagner 400 fois plus que ses employés du bas de l'échelle ; ce rapport ne dépassait pas 40 dans le capitalisme pré-1980. Régression morale ou nécessité de s'aligner sur les pratiques de la concurrence ? L'économie de marché s'est imposée sur toutes les autres parce qu'elle a su changer. Le capitalisme est une succession de crises. "Son succès ne tient pas au fait qu'il reste toujours le même, mais au fait qu'il ne cesse de changer", écrit le FT. Le quotidien préconise trois réformes prioritaires pour sortir du modèle hérité des années 1980 (éditorial du 27 décembre 2011). Il faut réglementer et réduire un secteur financier devenu incontrôlable parce qu'obèse. Il faut réformer un mode de gouvernance de l'entreprise qui favorise le court terme, la rémunération la plus immédiate et la plus élevée du capital ; celui qui a érigé en valeur suprême la share holder value. Il faut revenir sur la palette d'exemptions fiscales qui, ici et là, a permis aux riches de payer de moins en moins d'impôts. Ce triptyque n'aurait pas dépareillé dans le discours du Bourget. Mais il a au moins autant de poids quand il est mis en avant par le FT que par François Hollande. [email protected] Alain Frachon (International)
"2012-01-26T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/26/le-ft-ou-la-critique-du-capitalisme-pur_1635087_3232.html
Comment sortir de la crise de la civilisation occidentale ?
De la faillite d'une économie fondée sur le crédit à l'affaire DSK, rencontre inédite entre les deux philosophes parmi les plus lus et traduits en Europe
L'Occident vit une crise de l'avenir : les nouvelles générations ne croient plus qu'elles vivront mieux que celles qui les ont précédées. Une crise de sens, d'orientation et de signification. L'Occident sait à peu près d'où il vient, mais peine à savoir où il va. Certes, comme disait René Char, "notre héritage n'est précédé d'aucun testament" et il appartient à chaque génération de dessiner son horizon. Mais nos tourments ne sont pas sans fondement. Le sens du commun s'est étiolé. A l'heure du chacun pour soi, le sentiment d'appartenance à un projet qui transcende les individualités s'est évaporé. L'effondrement du collectivisme - nationaliste ou communiste - et du progressisme économique a laissé place à l'empire du "moi je". Le sens du "nous" s'est -dispersé. L'idée de partage, de bien commun et de communauté semble voler en éclats, notamment à chaque nouvelle révélation de conflits d'intérêts touchant de hauts fonctionnaires. Mais ils sont encore nombreux ceux qui ne souhaitent pas laisser l'idée de communauté aux communautarismes qui hantent une planète déchirée. Philosophes européens, Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek sont de ceux-là. Ils ont accepté de débattre publiquement pour la première fois. Tout les sépare, en apparence. Le premier est un adepte de la philosophie individualiste de Nietzsche, l'autre un marxiste proche des mouvements alternatifs. Le premier est plutôt libéral, le second qualifié de radical. Grâce à la puissance métaphorique mise au service de ses audaces théoriques, Peter Sloterdijk (prononcez "Sloterdeik") s'attache à saisir l'époque par la pensée, notamment grâce à une morphologie générale de l'espace humain, sa fameuse trilogie des "sphères", qui se présente comme une analyse des conditions par lesquelles l'homme peut rendre son monde habitable. En mariant Marx et Matrix, en jonglant entre Hegel et Hitchcock, le penseur slovène Slavoj Zizek (prononcer "Slavoï Jijèk") est une figure notoire de la "pop philosophie", aussi sévère avec le capitalisme global qu'avec une certaine frange de la gauche radicale, ne cessant d'articuler les références de la culture élitaire (opéra) et populaire (cinéma) aux grandes déflagrations planétaires. Cette rencontre inédite est liée à la sortie concomitante de deux ouvrages destinés à penser la crise majeure que nous traversons. Avec Vivre la fin des temps (Flammarion, 578 p., 29 euros), Slavoj Zizek analyse les différentes façons d'appréhender la crise du capitalisme. Car les quatre cavaliers de l'Apocalypse (désastre écologique, révolution biogénétique, marchandisation démesurée et tensions sociales) sont, selon lui, en train de le décimer : le déni (l'idée que la misère ou les cataclysmes, "cela ne peut pas m'arriver"), le marchandage ("laissez-moi le temps de voir mes enfants diplômés"), la dépression ("je vais mourir, pourquoi me préoccuper de quoi que ce soit" et l'acceptation ("je n'y peux rien, autant m'y préparer"). Et de proposer des alternatives et des initiatives collectives afin de retrouver le sens d'un communisme débarrassé de sa grégarité allié à un christianisme délivré de sa croyance en la divinité. Avec Tu dois changer ta vie (Libella/Maren Sell, 654 p., 29 euros), Peter Sloterdijk esquisse d'autres solutions, plus individuelles et spirituelles. Inspiré par le poème de Rainer Maria Rilke consacré à un torse antique du Louvre, il cherche dans les exercices spirituels des religieux à inventer un nouveau souci de soi, un autre rapport au monde. De la faillite du crédit à l'affaire DSK, un dialogue inédit pour changer de voie. Dessins: Christophe Merlin Nicolas Truong
"2011-05-27T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/27/comment-sortir-de-la-crise-de-la-civilisation-occidentale_1528306_3232.html
Cybersécurité : « Le résultat de la présidentielle ne peut être faussé »
Louis Gautier, secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale, estime le scrutin à l’abri des hackeurs.
Louis Gautier à l’Elysée, en juillet 2016. NICOLAS MESSYASZ / Nicolas Messyasz / Hans Lucas Le 9e Forum international sur la cybersécurité se tient à Lille les 24 et le 25 janvier. Alors que les autorités américaines ont attribué à la Russie la volonté d’influencer les élections de novembre avec des attaques informatiques, le secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale (SGDSN), Louis Gautier (par ailleurs membre du Conseil de surveillance du Monde) fait à cette occasion le point sur les menaces qui pèsent sur les scrutins français du printemps et les mesures prises pour les protéger. Après les cyberattaques et les accusations de manipulation qui ont rythmé la campagne présidentielle américaine, comment appréhendez-vous la campagne électorale française ? A la suite des annonces de piratages du Parti démocrate lors des élections aux Etats-Unis, et avant les polémiques qui ont suivi l’attribution de ces attaques par leurs services de renseignement à la Russie, nous avions pris l’initiative d’un séminaire fermé auquel l’ensemble des partis politiques représentés au Parlement ont été invités, le 26 octobre 2016. Cette action de sensibilisation peut être vue comme un prolongement de la mission générale de prévention des risques cyber de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information [Anssi, qui fait partie du SGDSN], même si son rôle d’agence est d’abord centré sur la sécurité des systèmes d’information de l’Etat et des opérateurs d’importance vitale. Nous étions intervenus de la même façon auprès des médias à la suite de l’attaque subie par TV5 Monde en 2015. Les partis politiques comme les organes de presse sont des rouages essentiels de notre démocratie. Il me semble normal que l’Anssi, qui est une agence de cybersécurité et de protection et non un service de renseignement ou de police, leur apporte une expertise a priori, dans le respect, bien sûr, du rôle et du statut de chacun. A l’occasion de ce séminaire nous avons décrit les attaques possibles et conseillé des mesures de protection et d’hygiène informatique. Lire aussi Des attaques informatiques à visée politique envisageables en France Sont-ils conscients des risques ? Les situations sont hétérogènes. Pour certaines formations politiques, c’était une piqûre de rappel ; pour d’autres, une prise de conscience de la nature et de l’étendue des risques. La démonstration technique, le spectre des intrusions possibles leur ont fait comprendre que ce type d’attaques pouvait relever aussi bien d’actions opportunistes de hackeurs que d’une stratégie et d’une préparation de longue main. Les Russes sont-ils une menace ? Nous ne nous prononçons pas sur l’attribution des attaques. Elle reste de toute façon complexe et ne peut être corroborée que par des données extérieures aux éléments techniques recueillis. Certains procédés sont assez typiques de tel ou tel assaillant, mais il peut y avoir des leurres et des usurpations de signature. L’Anssi, par un travail d’enquête, recueille et analyse les données techniques utiles à la compréhension de l’attaque, un peu comme un service de police scientifique décrit une scène de crime. L’attribution de l’attaque relève de l’enquête judiciaire ou d’un travail de renseignement.
"2017-01-25T00:00:00"
election-presidentielle-2017
https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/01/25/le-resultat-de-la-presidentielle-ne-peut-etre-fausse_5068760_4854003.html
Avant l’attaque de Londres, « les Britanniques se sentaient en sécurité »
Le correspondant du « Monde » à Londres, Philippe Bernard, a répondu aux questions des internautes, jeudi 23 mars, après l’attentat perpétré à proximité du Parlement britannique.
Un « bobby » rend hommage aux victimes de l’attaque à proximité du Parlement britannique, à Londres, le 23 mars. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP Vingt-quatre heures après l’attentat perpétré à proximité du Parlement britannique, qui a fait trois morts et une quarantaine de blessés, Philippe Bernard, le correspondant du Monde au Royaume-Uni, a répondu dans un tchat, mercredi 23 mars, aux questions des internautes. Compte rendu. Darvin : Bonjour, avons-nous des informations sur le profil de l’auteur de l’attaque ? Philippe Bernard : Bonjour. Il s’agit de Khalid Masood, 52 ans, né dans le Kent et domicilié dans la région de Birmingham [nord de l’Angleterre]. C’était un délinquant connu de la police, mais il n’avait jamais été poursuivi pour des faits liés au terrorisme. Il avait été condamné pour coups et blessures, possession d’armes offensives et atteinte à l’ordre public. Sa première condamnation remonte à 1983 pour dégradations, et sa dernière à 2003 pour port d’arme blanche – un couteau. Emilien : Est-ce le premier acte revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI) sur le sol britannique ? A ma connaissance, oui. Mais le nombre de jeunes Britanniques partis combattre en Syrie est élevé et le risque d’un passage à l’acte de l’un d’entre eux est soulevé depuis longtemps. Cela dit, il faut attendre d’en savoir plus sur l’identité et le profil de l’assaillant pour savoir si la revendication du prétendu Etat islamique est crédible ou non. Dila : Pourquoi le policier assassiné ne portait pas d’arme ? Il n’y a pas d’équivalent au plan Sentinelle au Royaume-Uni ? Tous les policiers britanniques sont loin d’être armés. La question de leur armement fait l’objet d’un débat récurrent qui va reprendre, à n’en pas douter, après cette attaque. De même, on parle déjà du renforcement de la sécurité de l’entrée du Parlement qu’a tenté de forcer l’assaillant mercredi. Elle pourrait être fermée. Mais les parlementaires tiennent à maintenir Westminster comme un lieu ouvert au public. Mathieu Coulon : Cet attentat réveille-t-il au Royaume-Uni les blessures des attentats de juillet 2005 ? Les Anglais se sentaient-il à l’abri depuis la fin proclamée du « Londonistan », la nébuleuse islamiste londonienne ? C’est tout à fait clair : l’attentat de mercredi renvoie violemment les Britanniques et en particulier les Londoniens à ce qu’ils appellent le « 7/7 », c’est-à-dire aux attentats commis le 7 juillet 2005. Ce jour-là, 56 personnes, y compris les quatre kamikazes, ont trouvé la mort au cours de quatre attaques coordonnées revendiquées par Al-Qaida. L’attentat de Westminster remet aussi en mémoire l’agression du 22 mai 2013 perpétrée par deux Londoniens d’origine nigériane contre un soldat britannique de 25 ans, Lee Rigby. Après l’avoir renversé en voiture, ils l’avaient lardé de coups de couteau et tenté de le décapiter. Sur une vidéo, ils prétendaient venger « les musulmans tués par des soldats britanniques ». Les Britanniques se sentaient en sécurité, mais il était évident depuis les attaques commises sur le continent, notamment à Paris et à Bruxelles, que Londres serait visée un jour. Les autorités répétaient régulièrement que la menace terroriste était présente. En août 2014, le niveau d’alerte avait été porté d’« important » à « grave ». TerTer : Y a-t-il une tentative d’exploitation de l’attaque par l’extrême droite ? Pas de façon ouverte ni relayée par des médias importants, que je sache. Mais des messages antimusulmans se sont multipliés sur la Toile. A noter la déclaration, hier soir, du patron de l’antiterrorisme, Mark Rolley : « La police protège toutes les communautés du Royaume-Uni. Nous sommes conscients que les communautés musulmanes vont s’inquiéter à présent, étant donné le comportement de l’extrême droite dans le passé, et nous continuerons à travailler avec tous les leaders communautaires dans les prochains jours. » Il fait allusion à l’assassinat, juste avant le référendum de juin 2016 sur le Brexit, de la députée Labour Jo Cox par un militant d’extrême droite. Est-ce que cela peut entraîner une montée du sentiment antimusulman et remettre en cause la position du maire de Londres ? Le risque d’exploitation raciste existe, évidemment. Mais depuis hier en particulier, les autorités prennent soin de s’adresser explicitement à toutes les communautés, qu’elles associent à la consternation nationale. Cela a particulièrement été vrai ce matin lors de la longue séance des questions à Theresa May à la Chambre des communes. Quant à Sadiq Khan, le maire de la capitale, il a certes été élu après une campagne où il mettait en avant l’islam comme l’une des facettes de son identité, mais il n’est pas d’abord vu comme un « maire musulman ». Hier, il a déclaré que « les Londoniens ne se laisser[aie]nt pas intimider par les terroristes ». Jean : Est-ce que cet événement fait réagir les Britanniques sur le Brexit ? L’attentat a-t-il été récupéré par les tenants de la sortie de l’UE ? Pour l’instant non, à ma connaissance. La première réaction, très nette, est de créer un sentiment d’unité nationale. Jeudi matin à la Chambre des communes, les élus de tous les partis ont rendu hommage à la manière dont Theresa May s’est fièrement exprimée mercredi soir. C’est un acquis pour elle à quelques jours de l’activation officielle de la procédure de sortie de l’UE, prévue mercredi 29 mars. J44 : Quelles sont les politiques de déradicalisation au Royaume-Uni ? Les Britanniques sont des pionniers en la matière, ayant développé ces politiques depuis les attentats de 2005. Le principal programme, baptisé « Prevent », vise la « prévention de l’extrémisme violent ». Il s’agit de repérer les personnes vulnérables et de les empêcher de franchir les étapes conduisant au terrorisme. Au tout début, l’Etat a distribué des subventions à une soixantaine de municipalités à forte population musulmane. Mais cela a amené des dérives : des associations ont été créées juste pour recevoir des subventions sous couvert de lutte contre l’extrémisme. En 2010, le gouvernement conservateur de David Cameron a resserré le dispositif et a ciblé non plus seulement le passage à l’acte, mais aussi l’idéologie islamiste. Mais les dissensions entre le ministère de l’intérieur, chargé du volet antiterroriste, et le ministère des collectivités locales, qui gère la « prévention de l’extrémisme », ont semé la confusion et affaibli Prevent. Une loi de 2015 oblige tous les agents publics à dénoncer les comportements suspects. Palladio : Les Etats occidentaux ont fait d’énormes dégâts humains au Moyen-Orient avec leurs guerres, leur refus de résoudre le conflit israélo-palestinien. Est-ce qu’au Royaume-Uni cet aspect du problème dans le terrorisme est évoqué ? Au lendemain de l’attaque, les motivations de l’assaillant restent à élucider. Mais la responsabilité des Occidentaux dans la déstabilisation de l’Irak est évidemment débattue, en particulier sous l’angle des mensonges de Tony Blair qui lui avaient permis de justifier l’envoi de soldats britanniques. Un acte que les Britanniques ne lui pardonnent pas.
"2017-03-23T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/23/avant-l-attaque-de-londres-les-britanniques-se-sentaient-en-securite_5099819_3214.html
Médicaments : la mission d’information pointe des défauts de communication en situation de crise
La mission a remis lundi son rapport à la ministre de la santé Agnès Buzyn. Elle préconise une information « plus accessible, claire et réactive » sur les médicaments.
Dans un contexte de défiance généralisée à l’égard du médicament, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé lundi 3 septembre une série de mesures, dans la foulée de la remise du rapport pour une meilleure information sur le médicament. Rédigé par une mission coprésidée par Magali Leo (association Renaloo) et le docteur Gérald Kierzek (médecin urgentiste et chroniqueur radio), il a été demandé par Agnès Buzyn en pleine crise du Levothyrox. La nouvelle formule de ce médicament pour la thyroïde, commercialisé par le laboratoire Merck, introduite en France au printemps 2017, a donné lieu à une vague d’effets secondaires pour les patients. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en a comptabilisé à ce jour 31 000. Environ 3 millions de personnes prennent ce médicament. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Levothyrox : l’Agence du médicament reconnaît un défaut d’information aux patients Sévère, le rapport égrène d’emblée plusieurs problèmes qui ont caractérisé cette crise : « l’absence d’anticipation et d’accompagnement », « l’absence de réaction aux nombreux signaux venant des réseaux sociaux, d’associations… », une communication de crise « artisanale, insuffisamment coordonnée ». Autre critique, et non des moindres, « une minimisation du ressenti des patients et de la légitimité de leurs signalements ». Même un effet nocebo, ajoute ce rapport, « évoqué pour expliquer des effets secondaires, ne saurait disqualifier la réalité des plaintes exprimées par les milliers de patients ». Au final, cette mission, qui a auditionné une centaine de personnes, déplore « des manquements à la transparence et à la réactivité » de la part des autorités sanitaires. Une source unique d’information publique Face à ce constat, la ministre de la santé a repris des mesures proposées par la mission. « J’ai toujours considéré que l’accès à l’information est un droit essentiel du patient », a-t-elle dit lors de la conférence de presse qui s’est tenue au siège de l’ANSM. Son but : favoriser l’accès à une information « plus accessible, claire et réactive » sur les médicaments. Une source unique d’information publique sur le médicament va être mise en place : Sante.fr, le service public d’information en santé, auquel sera intégré le contenu du site officiel sur les médicaments (Medicaments.gouv.fr). Elle a également annoncé la généralisation du dossier médical partagé en octobre par l’Assurance-maladie. De même, le ministère indique que, pour la première fois, les patients vont être représentés au Comité économique des produits de santé, qui négociait jusque-là sans eux les prix des médicaments remboursés par l’Assurance-maladie. Tout en saluant un rapport « très complet », Beate Bartès, présidente de l’association Vivre sans thyroïde, a estimé que « la crise du Levothyrox n’est pas seulement une crise d’information, nous n’avons toujours aucune explication aux effets indésirables ».
"2018-03-09T00:00:00"
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/09/03/medicaments-le-ministere-veut-ameliorer-les-remontees-d-informations_5349300_1651302.html
Vous pouvez observer la comète Catalina à l’aube
Matin après matin, Catalina s’élève au-dessus de l’horizon est-sud-est, et elle est facile à repérer aux jumelles en s’éloignant des lumières urbaines.
La comète C/2013 US10 Catalina s’élève matin après matin au-dessus de l’horizon est-sud-est et elle est facile à repérer aux jumelles en s’éloignant des lumières urbaines. Portrait de la comète C/2013 US10 Catalina obtenu par l’astrophotographe autrichien Gerald Rhemann, le 7 décembre, avec un télescope de 200 millimètres de diamètre ouvert à 2,8 et une caméra CCD. © Gerald Rhemann Visible comme une petite tache grisâtre légèrement ovalisée dans des jumelles, la comète C/2013 US10 Catalina est un délicat fuseau argenté dans une lunette ou un télescope et elle devient absolument somptueuse photographiquement. Elle est passée au plus près du Soleil à la mi-novembre et l’orientation de sa trajectoire par rapport à la Terre et au Soleil nous permet d’admirer actuellement une queue de poussière courte et lumineuse et une queue ionique, bien moins brillante, mais nettement plus longue et complexe, comme le révèlent les photographies prises par les amateurs. Découvrez les nouvelles images à la fin du billet… Sur ce gros plan, réalisé le 10 décembre par l’astronome amateur français François Kugel avec un télescope de 400 millimètres de diamètre, les différents courants de la queue ionique sont visibles. Juste au-dessus, à l’arrière-plan, remarquez le petit trait diffus d’une très lointaine galaxie… © François Kugel La comète C/2013 US10 Catalina est passée au plus près du Soleil (périhélie) à la mi-novembre et elle arrive à présent dans le ciel de l’hémisphère Nord. Découverte le 31 octobre 2013 dans le cadre du programme Catalina Sky Survey, elle a d’abord été prise pour un astéroïde avant d’être reclassée dans la famille des comètes. Il s’agit de son premier survol rapproché du Soleil et ses paramètres orbitaux indiquent qu’elle devrait quitter le Système solaire à la suite de ce passage. L’orbite de C/2013 US10 Catalina est fortement inclinée par rapport au plan de l’écliptique, le plan de révolution de la Terre autour du Soleil. Après son passage au périhélie, cet astre vagabond s’élève à présent vers le nord de ce plan et sa distance à la Terre diminuera jusqu’à la mi-janvier. Elle passera alors au périgée à 108 millions de kilomètres de nous – aucun risque de collision ! – et continuera son chemin vers les confins du Système solaire et au-delà. La trajectoire de la comète C/2013 US10 Catalina est fortement inclinée par rapport au plan de l’orbite terrestre. © NASA/JPL Contrairement à la plupart des comètes dont l’éclat commence à diminuer plus ou moins vite après leur passage au plus près du Soleil, C/2013 US10 Catalina devrait conserver sensiblement le même éclat durant plus d’un mois, son rapprochement régulier de la Terre compensant son éloignement du Soleil. Près d’une magnitude moins brillante que ce qu’espéraient les spécialistes – il est toujours très délicat de savoir à l’avance comment se comportera une comète que l’on observe pour la première fois, comme c’est le cas de celle-ci –, la comète Catalina devrait conserver une magnitude globale proche de 6 jusqu’en janvier. Cela correspond théoriquement à la limite de ce que l’on peut distinguer à l’œil nu au zénith dans un ciel bien noir. Les ciels parfaits n’étant plus vraiment faciles à trouver à cause de la pollution lumineuse omniprésente, ne vous attendez pas à repérer cette tache cotonneuse à l’œil nu ; il faudra obligatoirement utiliser un instrument optique pour parvenir à voir ce petit agrégat de la matière primordiale de notre Système solaire. La comète C/2013 US10 Catalina se situe actuellement à moins de 10° de Vénus dans le ciel de l’aube. Deux heures avant le lever du Soleil, elle surplombe l’horizon sud-est d’une vingtaine de degrés pour les observateurs européens. Voici une image prise par Matti Helin, un amateur finlandais, le 9 décembre à l’aube, alors que la clarté du croissant lunaire bleuissait le ciel nocturne. L’accent circonflexe de Catalina est bien visible sur la gauche de l’éclatante Vénus. © Matti Helin Située à quelques degrés de la planète Vénus actuellement, la comète Catalina est observable aisément dans tout l’hémisphère Nord et jusqu’au tropique du Capricorne. Sa trajectoire est indiquée sur la carte réalisée par mes confrères de la revue Sky & Telescope. Elle glisse en direction du nord de la sphère céleste, ce qui va progressivement favoriser les observateurs installés à plus de 30° de latitude nord puisqu’ils pourront la pointer de plus en plus haut dans le ciel nocturne durant les semaines à venir. Dans tous les cas, il faut impérativement s’éloigner des sources de pollution lumineuse pour parvenir à la voir et à la photographier dans de bonnes conditions. Vous pouvez remarquer que, le 1er janvier, elle sera juste à côté de la brillante étoile Arcturus du Bouvier, ce qui constituera un point de repère évident pour l’attraper au vol ! Voici la carte de la trajectoire de la comète C/2013 US10 Catalina dans le ciel boréal jusqu’à la fin du mois de janvier réalisée par mes confrères de la revue américaine Sky & Telescope ; cliquez pour l’afficher en grand et l’imprimer. Cette comète passera au plus près de notre planète mi-janvier, à 108 millions de kilomètres, et sa magnitude globale devrait rester proche de 6. © 2015 Sky & Telescope Un magnifique gros plan de la comète C/2013 US10 Catalina, réalisé le 8 décembre par l’astrophotographe anglais Damian Peach avec une lunette de 106 millimètres de diamètre et 530 millimètres de focale et une caméra CCD. La queue ionique légèrement bleutée s’étend sur près de 3° et la queue de poussière, plus courte en apparence, dépasse tout de même un bon diamètre lunaire. © Damian Peach Vous pouvez photographier la comète Catalina aisément avec un boîtier numérique et un objectif d’au moins 85 millimètres de focale. Il faut disposer du ciel le plus noir possible, il faut donc s’éloigner des éclairages nocturnes, et poser une trentaine de secondes avec une sensibilité réglée sur près de 1 000 ISO. Sans entraînement, les étoiles, Vénus et la comète feront des petites traces allongées à cause de la rotation de la Terre durant la pose, mais les deux queues de la comète seront malgré tout visibles. Vous remarquerez certainement également la coloration verdâtre du halo gazeux qui enveloppe le noyau cométaire. Cette coloration verte provient de la fluorescence des molécules de carbone diatomique (C 2 ) sous l’action du rayonnement solaire ultraviolet. Les images en très gros plan qui illustrent ce billet ont été prises par des amateurs avertis avec des télescopes et des poses longues qui permettent de révéler l’étendue de la queue ionique de cette comète. Sa coloration bleutée provient de la fluorescence, toujours sous l’action du rayonnement solaire ultraviolet, des ions de monoxyde de carbone (CO+). Selon votre matériel et vos compétences, vous pourrez tenter de rivaliser, mais, l’essentiel est surtout de profiter du passage de cette comète pour vous extraire d’un quotidien toujours aussi pesant, faire un petit pas de côté et partager quelques minutes sereines avec vos proches devant une voûte céleste chargée d’étoiles. Même avec des moyens techniques plus modestes – téléobjectif de 180 mm et une seule pose de 30 secondes à 1 250 ISO avec un entraînement motorisé – la comète Catalina était bien visible à 5° de l’éblouissante planète Vénus le jeudi 10 décembre à l’aube dans les Cévennes. © Guillaume Cannat Découvrez de nouvelles images de la comète C/2013 US10 Catalina sur les sites de Damian Peach et de Gerald Rhemann, ainsi que sur Spaceweather. L’astrophotographe autrichien Michael Jäger nous propose une image à très large champ, réalisée le 11 décembre, qui montre les interactions de la queue ionique de la comète C/2013 US10 Catalina avec le vent solaire. En cas d’éruptions solaires importantes, des portions entières de la queue ionique d’une comète (dans les cercles), voire la queue entière, peuvent être perturbées ou arrachées par la violence du vent solaire qui balaye le Système solaire. © Michael Jäger Gerald Rhemann a photographié cet épisode également le 11 décembre avec un télescope de 200 millimètres de diamètre ouvert à 2,8 et une caméra CCD. © Gerald Rhemann Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Google+)
"2015-11-12T00:00:00"
blog
http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2015/12/11/vous-pouvez-observer-la-comete-catalina-a-laube/
« Brexit » : peur sur la City de Londres
Au coude à coude avec Paris il y a trente ans, Londres s’est imposée comme place financière internationale de référence. Une sortie de l’Union européenne pourrait tout remettre en cause.
Depuis la Switch House, le nouveau bâtiment de la Tate Modern, le 13 juin. ERIC TSCHAEN/REA La scène avait été arrangée pour les caméras de télévision et les besoins de la campagne électorale. Le 3 juin, Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, avait fait le déplacement des Etats-Unis pour être aux côtés de George Osborne, le chancelier de l’Echiquier britannique. Des centaines d’employés avaient été installés dans le grand auditorium des bureaux de la banque américaine à Bournemouth, les deux hommes trônant au milieu. Leur message, résumé par le banquier américain, était simple : « Un vote pour quitter [l’Union européenne] serait terrible pour l’économie britannique. » En particulier pour sa propre banque, qui utilise le Royaume-Uni comme base pour l’ensemble de l’Europe. Un « Brexit » l’obligerait à délocaliser des emplois vers l’Union européenne (UE), affirme-t-il. « Je ne peux pas vous dire le nombre exact : 1 000, 2 000, ça pourrait être 4 000. » Jusqu’au quart de sa main-d’œuvre basée outre-Manche. Alors que le référendum britannique pour rester ou sortir de l’Union européenne se déroule ce jeudi 23 juin, la City tremble. Toutes les grandes institutions financières veulent rester. L’ensemble des lobbys organisés – la corporation de la City, TheCityUK, les représentants des grands fonds d’investissement… – sont sur la même ligne. La plupart des grandes banques ont brisé leur habituelle retenue sur les sujets politiques pour dire ouvertement leurs craintes. HSBC parle de délocaliser un millier d’emplois. Gary Cohn, le numéro deux de Goldman Sachs, estime qu’avoir « le Royaume-Uni dans l’Union européenne est la meilleure chose pour nous tous ». John Cryan, le directeur général de Deutsche Bank, menace lui aussi de déplacer des emplois : « Il serait étrange de faire du trading d’obligations et de devises européennes dans une filiale hors de l’UE. » La City n’est pas britannique L’inquiétude est également répandue dans les institutions financières asiatiques. « J’étais récemment à Hong Kong, témoigne Jonathan Hill, le commissaire européen britannique en charge de la finance. Pour eux, Londres est une marque, qui veut dire flexibilité de l’emploi, langue anglaise, melting-pot, mais aussi accès au marché européen et à ses 500 millions d’habitants. Sortir de l’UE ferait beaucoup de mal à cette marque. » Pour le centre financier britannique, les risques du « Brexit » sont très sérieux pour une raison simple : la City n’est pas britannique, mais internationale. Mille quatre cents institutions financières étrangères y sont installées, dont un tiers d’américaines et un tiers de suisses, le reste venant du monde entier. En grande partie, elles utilisent la capitale britannique comme base arrière pour le reste de l’UE.
"2016-06-16T00:00:00"
referendum-sur-le-brexit
https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2016/06/19/brexit-peur-sur-la-city_4953658_4872498.html
La grande bataille de l’interdiction du sac de caisse
Série : Grandeur et décadence du sac plastique 2|6. Le sac de caisse est interdit en France depuis le 1er juillet. « Le Monde » revient sur cet objet si parfait et si polluant.
« Plastic Tree », du Camerounais Pascale Marthine Tayou, à la foire d’art contemporain Art Basel, à Bâle (Suisse) en 2015. FABRICE COFFRINI / AFP C’est un entrefilet dans Le Monde daté du 13 octobre 2005 : « L’Assemblée nationale a adopté, mardi 11 octobre, un amendement visant à interdire les sacs en plastique non biodégradables […] à compter du 1er janvier 2010. » La disposition ne sera jamais appliquée, car jugée incompatible avec la réglementation européenne. C’est le monde agricole qui voulait la peau du plastique, pour mieux voir se développer le marché des sacs biodégradables fabriqués à partir d’amidon de maïs ou de fécule de pomme de terre. Rebelote en 2010 : une taxe sur les sacs de caisse censée entrer en vigueur en 2014 est votée. Les décrets d’application ne seront jamais publiés. « Nous nous étions heurtés à la grande distri­bution et Laurent Wauquiez [député de la Haute-Loire, alors ministre] m’avait dit que nous allions tuer les producteurs de sacs en plastique de Sainte-Sigolène, dans son département », se souvient Charles de Courson, promoteur de cette mesure et député (UDI) de la Marne, un département où les intérêts agricoles pèsent lourd. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le sac plastique : un si ingénieux fléau Sujets symboliques et grand public La bataille du sac plastique aura duré plus de dix ans. Elle a vu s’opposer des lobbys puissants : le commerce et la grande distribution ainsi que les plasturgistes, d’abord opposés à l’inter­diction du sac non biodégradable, face au monde agricole et aux acteurs de la « chimie verte », favorables à cette ­mesure. L’arrivée de Ségolène Royal au ministère de l’environnement, en avril 2014, change tout. La ministre est friande des sujets symboliques et grand public. Deux mois après son arrivée, un amendement gouvernemental portant interdiction des sacs à usage unique est inséré dans le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Mais cette loi s’enlise. La mesure rebondit ailleurs, avec la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, en juillet 2015. L’interdiction du sac de caisse de moins de 50 microns d’épaisseur est intervenue le 1er juillet. Quant aux sacs dits « fruits et légumes », utilisés en rayons pour emballer les aliments, ils devront – à compter du 1er janvier 2017 – être compostables par les particuliers et comporter au moins 30 % de matières végétales, une proportion qui augmentera régulièrement pour atteindre 60 % en 2025. Relocaliser La tâche de la ministre a été facilitée par la division des transformateurs de plastique, scindés en deux syndicats professionnels, Elipso et A3FSP. Le premier s’est constitué autour des principaux acteurs du secteur, comme Sphère ou Barbier, entre-temps convertis au ­plastique biodégradable. « Avec le sac ­compostable, nous allons pouvoir relocaliser une partie de la production en Europe et en France », affirme Vincent Collard, chargé de mission chez Elipso.
"2016-06-07T00:00:00"
festival
https://www.lemonde.fr/festival/article/2016/07/18/la-grande-bataille-de-l-interdiction-du-sac-de-caisse_4971477_4415198.html
Des Roms expulsés tentent d'investir une salle municipale de Montreuil
Les Roms ont été évacués au petit matin de leur campement, situé près d'une friche industrielle, à la suite d'"une décision de justice obtenue par le propriétaire privé du terrain".
Des Roms expulsés jeudi 2 mai de leur campement de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, ont tenté dans la soirée d'investir une salle municipale pour passer la nuit. Ces Roms – une soixantaine selon une association de soutien – se sont d'abord rendus devant la mairie EELV de Montreuil pour demander un hébergement d'urgence, avant d'être évacués par la préfecture vers 22 h. Ils se sont ensuite dirigés vers une salle municipale, qui leur avait été ouverte par des élus de l'opposition, mais la police municipale leur a bloqué l'accès, a ajouté cette association. Les Roms ont été évacués au petit matin de leur campement, situé près d'une friche industrielle, à la suite d'"une décision de justice obtenue par le propriétaire privé du terrain", avait indiqué la mairie de Montreuil dans un communiqué. "Depuis plus d'un an, plus d'une centaine de personnes issues de la communauté rom squattaient ce site dans des conditions de vie, de salubrité et de sécurité inacceptables, pour eux-mêmes comme pour les riverains", avait-elle ajouté, rappelant qu'un incendie s'était déclaré dans le camp le 17 avril. "Dans le respect des textes, des hébergements provisoires ont été proposés par la préfecture aux familles qui en ont fait la demande", avait-elle précisé. La préfecture de Seine-Saint-Denis a expliqué à l'AFP qu'un "diagnostic social complet" avait été réalisé le 8 avril dans le campement et que "des capacités d'accueil en hôtel avaient été réservées" à destination de quelques familles le jour de l'évacuation. "Mais personne ne s'est manifesté au moment de l'opération", a-t-elle souligné. Dans son communiqué, la municipalité de Montreuil souligne que "plus de 350 personnes (...) sont logées dignement, ont accès à un suivi sanitaire et social", notamment grâce à la construction dans la ville de "logements-passerelles", des conteneurs colorés où vivent des familles en attente d'un logement pérenne. "Mais pour que cette politique courageuse puisse perdurer (...) il est indispensable, pour préserver l'équilibre social de la ville, que tout soit fait pour empêcher la constitution de bidonvilles illégaux", précise la mairie.
"2013-03-05T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/03/des-roms-expulses-tentent-d-investir-une-salle-municipale-de-montreuil_3170269_3224.html
Comment traquer la fraude au détachement
Question de droit social. Le droit européen impose, dans la plupart des cas, l’application des règles minimales du pays où le travail est effectué. Mais des exceptions existent...
« En cas de désaccord subsistant, une instance administrative européenne et non le juge national devra trancher s’il y a ou non détachement régulier ou frauduleux ». (Photo : la cour de justice de l’Union européenne, à Luxembourg, en avril 2015). Harald Deischinger/flickr/CC BY 2.0 La question du détachement de salariés d’un pays étranger vers la France est depuis de nombreuses années au centre de multiples déclarations, de prises de positions politico-médiatiques dans laquelle elle est, dans une grande confusion juridique, peu ou prou assimilée à de la concurrence déloyale par « dumping social ». Concernant la rémunération et les conditions de travail, la situation juridique est simple : le droit européen impose l’application des règles minimales du pays où le travail est effectué. Le droit français doit être appliqué aux salariés travaillant temporairement en France pour le compte d’une entreprise étrangère dans le cadre d’une prestation transnationale de services (on parle de « détachement »). La difficulté réside, pour l’essentiel, dans la capacité de l’administration française du travail, dont on a constamment réduit les effectifs, à contrôler la bonne application du droit français. Le formulaire E101 devenu formulaire A1 La question du régime de sécurité sociale applicable au salarié relève, quant à elle, d’autres textes de l’Union européenne. Le principe là est encore simple, il convient d’appliquer la loi du lieu d’emploi, dans notre hypothèse de départ, ce sera le droit français. Mais une exception à cette règle conduit à ce qu’un salarié puisse rester affilié sous certaines conditions, et ce jusqu’à vingt-quatre mois, au régime de sécurité sociale de son pays d’origine. On parle, dans ce cas également, de… détachement ! Si dans l’Etat européen d’origine du salarié, les cotisations sociales sont moindres qu’en France (ce qui est généralement le cas !), le coût global du travailleur venant temporairement en France est nécessairement et légalement moins élevé que celui d’un autre salarié embauché en France. Pour attester de la situation de détachement en matière de sécurité sociale, il existe un formulaire européen standardisé, le formulaire E 101 devenu formulaire A1, qui est émis par l’organisme de sécurité sociale du pays d’origine. Cette attestation du respect des conditions de détachement doit pouvoir être présentée à tout moment à l’inspection du travail française ou à l’URSSAF. Abondante jurisprudence Ces contrôleurs ne peuvent toutefois pas contester directement la validité de ces formulaires en attrayant, par exemple, les sociétés étrangères devant le juge pénal français pour défaut d’affiliation à la Sécurité sociale française des travailleurs en question. Ils doivent d’abord saisir l’institution qui a émis le formulaire de détachement d’une demande de révision. Seule celle-ci peut revenir sur sa décision initiale et donc remettre en cause la non-affiliation en France.
"2017-07-06T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2017/06/07/comment-traquer-la-fraude-au-detachement_5139896_1698637.html
Italie : 37 nouvelles secousses en Emilie-Romagne
37 nouvelles secousses, la plus forte de magnitude 2,7, ont frappé dans la nuit de mercredi 30 à jeudi 31 ai l'Emilie-Romagne (nord-est), touchée en dix jours par deux violents séismes.
Un garçon réfugié dans un camp d'hébergement d'urgence à Finale Emilia, le 30 mai 2012. AP/Luca Bruno La terre continue de trembler dans le nord de l'Italie. 37 nouvelles secousses, la plus forte de magnitude 2,7, ont frappé dans la nuit de mercredi à jeudi l'Emilie-Romagne (nord-est), entretenant l'angoisse chez les 14 000 déplacés. Alors que les habitants sont encore sous le choc du tremblement de terre de mardi matin, qui a fait 17 morts dans la région de Modène, la terre ne cesse de trembler : depuis le 20 mai, date du premier séisme, la zone a été frappée par un millier de répliques ou secousses, qui font craindre aux spécialistes l'ouverture d'une nouvelle faille. A 4 h 16, la plus forte secousse de la nuit, de magnitude 2,7, a été ressentie dans la province de Mantoue, à une profondeur de 10 km. Jeudi matin, une autre secousse plus forte, de magnitude 3,6, a encore frappé près de Finale Emilia, une commune ravagée par le séisme du 20 mai. Ces multiples secousses entretiennent l'angoisse chez les 14 000 personnes privées de toit dans la région, soit parce que leur habitation a été endommagée soit parce qu'elles craignent de rentrer chez elles. RÉVISION DES CARTES SISMIQUES Le conseil des géologues italiens a rappelé que "les séismes sont totalement imprévisibles" et a recommandé tout d'abord une révision des cartes italiennes sur le risque sismique. Plusieurs entrepreneurs ont en effet souligné que la zone de Modène était jusqu'à présent classée comme peu sismique, répondant à certaines critiques sur la fragilité des hangars industriels qui se sont écroulés. La majorité des victimes des deux séismes – 17 sur 23 – ont été tuées alors qu'elles étaient au travail. Parmi elles, dix ouvriers, italiens ou immigrés (indiens, marocains, chinois…). Le parquet de Modène avait annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les effondrements de bâtiments. "Cette enquête se focalisera sur l'écroulement des bâtiments industriels de construction récente pour vérifier si les normes antisismiques ont été respectées, ou s'il y a eu des négligences dans la construction de ces édifices", a expliqué le procureur Vito Zincani qui a qualifié la politique industrielle nationale sur la construction de ces édifices de "suicidaire". "Ces bâtiments ont été construits à l'économie. Mais aujourd'hui nous payons cette économie à un prix largement supérieur, qui se compte en vies humaines", a-t-il déploré. 10 MILLIONS D'EUROS DE PERTES PAR JOUR Concernant la reconstruction des zones détruites, le président de la région Emilie-Romagne, Vasco Errani, s'est engagé à mettre en œuvre "un système de gestion souple qui permette de passer au-dessus de la bureaucratie (…) et d'assurer aux citoyens et aux entreprises des délais précis". Des déclarations destinées à rassurer les entrepreneurs et employés de cette région dont l'économie est particulièrement riche (vinaigre balsamique, industrie biomédicale…). Selon un porte-parole de Confindustria, le syndicat du patronat italien, le séisme provoque des pertes qui peuvent être chiffrées à "environ 10 millions d'euros de chiffre d'affaires par jour". "Sur quatre mois, cela représente environ 1 milliard", a-t-il déclaré à l'AFP, rappelant que la zone touchée par le séisme pèse "environ 1 % du PIB national".
"2012-05-31T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2012/05/31/italie-37-nouvelles-secousses-en-emilie-romagne_1710670_3214.html
Presque cinquante ans de débats
En 1962, le professeur Robert Debré parlait de "malmenage scolaire" à propos de l'année scolaire trop courte et de la journée d'école trop longue.
e. Un demi-siècle plus tard, le constat est identique. Ce qui a changé, c'est qu'aujourd'hui on sait pertinemment quels seraient les bons rythmes. La chronobiologie est passée par là qui a éclairé le débat, faute d'imposer ses solutions. La "guéguerre" des rythmes commence vraiment en 1991. A partir de cette date, les écoles peuvent opter pour une organisation sur quatre jours. Peu à peu, le nombre de convertis augmente pour atteindre le seuil des 20 % qui reste longtemps de mise. En 1996, le ministre de la jeunesse et des sports, Guy Drut, jette un pavé dans la mare et convainc 800 écoles de passer à la semaine de cinq voire six journées de travail avec activités sportives l'après-midi. Il veut ainsi "concourir à lutter contre l'échec scolaire et rétablir l'égalité des chances". Son expérience disparaît lorsqu'il perd son poste, et comme souvent, on en attend encore l'évaluation. A l'aube des années 2000, les quatre jours ne s'étendent plus. "Dans l'attente de résultats d'études plus conséquentes sur le sujet, les experts jugent prudent de ne pas généraliser la semaine de quatre jours", souligne alors un rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) d'avril 2001. Puis, les études tombent les unes après les autres. Le rythme de quatre jours est mauvais pour les enfants et pour les apprentissages. Tous les chronobiologistes en sont d'accord. Alors..., ce rythme est généralisé à la rentrée 2008. Après l'historien Antoine Prost et le médecin Hubert Montagner, de nombreux spécialistes des apprentissages crient haro sur la réforme. Il faut attendre deux ans pour que le dossier soit officiellement rouvert en 2010. Prendra-t-il, cette fois, en compte le fait que les pics d'attention des élèves se situent vers 11 heures et vers 17 h 30 ? Et que leur concentration est à son maximum après environ vingt-cinq minutes, puis décroît. Ou ce débat-là sera-t-il pour la prochaine fois ?
"2010-09-12T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/12/09/presque-cinquante-ans-de-debats_1451238_3224.html
In Amenas : un Canadien membre du commando aurait travaillé sur le site
Il semblerait qu'Ali Medlej ait agi comme éclaireur pour le commando auteur de l'attaque et de la prise d'otages sur le site gazier, en Algérie, en janvier.
Le 31 janvier, après la prise d'otages sur le site gazier algérien d'In Amenas. REUTERS/LOUAFI LARBI Un des deux Canadiens impliqués dans l'attaque et la prise d'otages sur le site gazier d'In Anemas, en Algérie, en janvier, avait travaillé dans l'usine un an auparavant, a affirmé, vendredi 10 mai, la chaîne de télévision publique canadienne CBC. La présence des deux Canadiens, Ali Medlej, âgé d'environ 24 ans, et Xristos Katsiroubas, 22 ans, parmi les membres du commando islamiste avait été révélée par Alger dès le dénouement sanglant ayant fait soixante-sept morts, trente-huit otages et vingt-neuf assaillants. A l'instar d'autres membres du commando, Medlej a travaillé sur le site gazier au début de 2012, a indiqué la CBC, citant des sources canadiennes. Les deux Canadiens se seraient fait sauter dans l'explosion d'une bombe qui avait tué les derniers otages en vie, lors de l'assaut final des forces algériennes. ÉCLAIREUR Les deux jeunes gens de London, dans l'Ontario, qui ont fréquenté le même lycée, sont partis pour le Maroc en 2011 en compagnie d'un autre de leurs camarades de classe, Aaron Yoon. Ils ont ensuite gagné la Mauritanie, où ce dernier est détenu depuis décembre 2011. Medlej avait lui aussi été détenu en Mauritanie à l'automne 2011, où les autorités le soupçonnaient de vouloir préparer un attentat, selon la CBC. Il avait été interrogé, mais finalement relâché après quarante jours sans qu'aucune accusation ne soit retenue contre lui. Citant des sources pénitentiaires à Nouakchott, la CBC a précisé que dès sa sortie de prison, au début de 2012, Medlej s'était rendu en Algérie, où il a été embauché dans l'usine d'In Anemas. A l'automne 2012, il s'est retrouvé dans un camp d'entraînement de djihadistes dans le nord du Mali, où il a participé à l'élaboration des plans de l'attaque, selon la CBC. Il semblerait qu'il ait ensuite agi comme éclaireur pour le commando. Issu d'une famille catholique d'origine coréenne, Yoon, qui s'est converti à l'islam – tout comme Katsiroubas, qui avait été élevé dans une famille grecque orthodoxe – a été condamné à deux ans de prison en Mauritanie, avant l'attaque, pour ses liens présumés avec un groupe terroriste. Les procureurs mauritaniens, qui ignoraient à l'époque ses liens avec Medlej et Katsiroubas, souhaiteraient maintenant le juger à nouveau, estimant sa peine trop légère.
"2013-10-05T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/05/10/in-amenas-un-canadien-membre-du-commando-aurait-travaille-sur-le-site_3175479_3212.html
Donald Trump veut imposer un contrôle « extrême » de l’immigration
Donald Trump a choisi une petite ville de l’Ohio, Youngstown, pour prononcer un discours censé dévoiler son plan de lutte contre l’organisation Etat islamique.
Le candidat républicain à l’élection présidentielle du 8 novembre, Donald Trump, lors de son discours à Youngstown (Ohio), le 15 août. JEFF SWENSEN / AFP Donald Trump a choisi une petite ville de l’Ohio, Youngstown, pour prononcer, lundi 15 août, un discours censé dévoiler son plan de lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). Pour le candidat républicain à l’élection présidentielle du 8 novembre, l’enjeu était double : tenter de mettre un terme à une mauvaise passe créée par des déclarations controversées, et répondre aux attaques démocrates qui se concentrent sur son inaptitude supposée à exercer la fonction de commandant en chef de la première puissance mondiale. Après avoir longuement dressé le décompte des attentats survenus en Europe et aux Etats-Unis depuis plus d’un an, M. Trump s’est pour l’essentiel contenté de répéter les thèmes déjà déclinés en avril et en juin dans deux discours prononcés à l’aide de téléprompteurs, puis repris lors de son acceptation de l’investiture républicaine lors de la convention de Cleveland, le 21 juillet. Lire aussi La machine politique de Donald Trump a toujours carburé aux dérapages contrôlés « Tests de dépistage idéologiques » Il a dressé un bilan extrêmement négatif de l’administration de Barack Obama, qu’il a pris soin de lier étroitement à son adversaire Hillary Clinton, secrétaire d’Etat de 2009 à 2013. Nostalgique des régimes forts longtemps en place en Egypte, en Libye et en Syrie, M. Trump a assuré que les Etats-Unis pouvaient poursuivre des objectifs communs avec la Russie en la matière. Exprimant sa défiance tout autant vis-à-vis de la République islamique d’Iran, alliée à la Russie en Syrie, que vis-à-vis de l’Arabie saoudite, jugée trop éloignée des valeurs américaines, M. Trump se fait fort de couper les financements de l’EI et de rallier une coalition de pays pour lutter contre elle, ce que fait déjà l’administration Obama. M. Trump a jugé nécessaire de suspendre « immédiatement » l’accès à Internet des groupes radicaux, qu’il a promis de combattre « brutalement si nécessaire ». La seule nouveauté a résidé dans « les tests de dépistage idéologiques » que M. Trump souhaite imposer aux personnes souhaitant émigrer aux Etats-Unis, sur le modèle de ceux mis en place pendant la guerre froide. Dans l’esprit du milliardaire, ces derniers permettraient d’identifier de possibles extrémistes. Il a d’ailleurs promis des procédures « extrêmes » pour garantir la sécurité des Etats-Unis. Lire aussi Trump scandalise avec une allusion à l’usage de la violence contre Clinton M. Trump a reculé ces dernières semaines, en ne mentionnant plus l’interdiction temporaire très controversée de l’immigration de personnes de confession musulmane, qu’il avait suggérée après les attentats de Paris et de San Bernardino, le 2 décembre. Il n’évoque plus désormais qu’un gel de l’immigration en provenance de zones gangrenées par le terrorisme, qu’il s’est abstenu jusqu’à présent de désigner. L’évocation de ces restrictions, tout comme la suggestion, lundi, de la création d’une commission consacrée à l’islamisme radical, vise cependant à répondre à la défiance manifestée majoritairement dans l’électorat blanc républicain majoritaire dans la Rust Belt (la « ceinture de rouille » des anciens Etat industriels des Etats-Unis) vis-à-vis d’un islam jugé souvent incompatible avec les « valeurs » américaines. Il « aurait adoré Staline » Tout en s’en tenant globalement au texte de son intervention, M. Trump n’a pu s’empêcher de revenir sur une idée qui lui tient manifestement à cœur. A l’en croire, les Etats-Unis auraient dû prendre le contrôle des puits d’hydrocarbures irakiens lors de l’invasion de 2003. Il a ensuite confondu pétrole irakien et pétrole syrien en assurant que les djihadistes de l’EI en tiraient des revenus considérables. Quelques instants avant que le magnat de l’immobilier ne prenne la parole, le vice-président Joe Biden était en meeting à Scranton, en Pennsylvanie, un autre Etat de la Rust Belt, avec la candidate démocrate, Hillary Clinton. Il avait alors réitéré l’opinion de son camp quant à l’inaptitude de M. Trump à la fonction présidentielle. M. Biden avait assuré que la déclaration du milliardaire selon laquelle le président Barack Obama est le « fondateur » de l’organisation Etat islamique était de nature à mettre en danger les troupes américaines en Irak. Il avait également stigmatisé les propos amènes tenus à l’endroit du président russe Vladimir Poutine, assurant que M. Trump « aurait adoré Staline ». M. Biden s’était cependant gardé de faire allusion à une enquête publiée le même jour par le New York Times. Cette dernière concerne le principal conseiller du candidat républicain, Paul Manafort, qui aurait reçu un versement de 12,5 millions de dollars en cash de la part d’un parti politique prorusse, alors qu’il était censé travailler pour le compte de l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, chassé depuis par un soulèvement populaire. M. Manafort a démenti avec force le contenu de l’article du quotidien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Présidentielle américaine, J-84 : Donald Trump s’en prend aux médias
"2016-08-15T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/08/15/donald-trump-veut-imposer-un-controle-extreme-de-l-immigration_4983130_829254.html
Comment Xi Jinping a réinventé la dictature
Analyse. Pour notre correspondant à Pékin, le nouveau corpus de lois sécuritaires adopté lors du premier mandat du président chinois a entériné un encadrement accru de la société civile et une persécution assumée des voix critiques.
« Les progrès technologiques fulgurants du pays mettent à la disposition du parti-Etat des outils de contrôle politique et social inégalés ».(Photo : Le président chinois Xi Jinping, à Pékin, le 7 décembre). Fred Dufour / AP Analyse. Quelle sorte de dictature est la Chine ? Le sacre de Xi Jinping au 19e congrès du Parti communiste chinois (PCC), en octobre, et les pouvoirs renforcés qu’il s’y est vu attribuer en gravant sa « pensée » dans la charte du parti, laissent penser que la « nouvelle ère » annoncée ne faiblira pas dans le registre autoritaire. Autoritaire, la Chine l’est assurément. Mais les évolutions des cinq dernières années incitent à remettre en question l’idée longtemps partagée d’une Chine post-totalitaire qui tâtonnerait en direction d’un modèle politique adapté, au gré de périodes de détente et de durcissement. Les progrès technologiques fulgurants du pays mettent à la disposition du parti-Etat des outils de contrôle politique et social inégalés. De nouveau, la nature du pouvoir chinois et de ses relations avec les gouvernés et la ­société interroge comme elle ne l’a pas fait depuis longtemps. La meilleure preuve en est les nombreux débats parmi les sinologues au moment du 19e congrès autour de l’ouvrage du politologue norvégien Stein Ringen, de l’université d’Oxford, The Perfect Dictatorship. China in the 21st Century (Hong Kong University Press, 2016, non traduit). M. Ringen n’est pas sinologue, mais un spécialiste des Etats. Il passe au crible les politiques publiques et tout ce qui affecte la vie des citoyens. A ses yeux, la Chine se distingue en particulier par des modes de contrôle sur les citoyens « qu’elle a développés à la perfection, aux effets bien réels mais à l’exécution parfois douce » et indirecte. « Plus qu’une simple dictature » ou « autocratie », ils font d’elle « quelque chose de bien plus sophistiqué » : une « contrôlocracie ». Si celle-ci « ne dépend pas de l’omniprésence de la terreur, la menace de la terreur y est omniprésente, une menace que vient appuyer un usage physique de la violence suffisant pour que les citoyens sachent pertinemment qu’elle n’est en rien futile ». Totalitarisme aux couleurs chinoises M. Ringen s’intéresse ensuite à la question du totalitarisme, qu’il soumet à la grille un peu datée mais toujours pertinente de la politologue Hannah Arendt (1906-1975). La « contrôlocratie » de plus en plus « resserrée » de Xi Jinping signale, selon lui, l’émergence « d’un nouveau type de totalitarisme, qui a l’air moins totalitaire qu’il n’est vraiment ». Ce « totalitarisme aux couleurs chinoises », n’est pas « du totalitarisme light ». Pour M. Ringen, c’est un totalitarisme « dans lequel tous les outils du métier sont prêts à être déployés, mais ne sont pas forcément utilisés lorsque cela n’est pas nécessaire ». Bref, un « totalitarisme sophistiqué ».
"2017-12-27T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/27/comment-xi-jinping-a-reinvente-la-dictature_5234865_3232.html
Larzac, Plogoff, Creys-Malville : les précédents projets auxquels l’Etat a renoncé
Avant l’abandon de Notre-Dame-des-Landes par Emmanuel Macron, François Mitterrand avait signé la mort de deux projets, le Larzac et Plogoff, Lionel Jospin celui de Superphénix à Creys-Malville.
Avant Notre-Dame-des-Landes, dossier emblématique des conflits environnementaux des années 2000 et 2010 qui a été définitivement clos mercredi 17 janvier, l’Etat-aménageur a été mis en échec dans trois autres dossiers majeurs. Le Larzac, Plogoff et Creys-Malville. La bataille du Larzac (1971-1981) Des agriculteurs décident de rejoindre la capitale en tracteur pour manifester contre l'armée souhaitant établir un camp militaire de 3000 à 17 000 sur le plateau du Larzac . Menacés d'expropriation les agriculteurs manifestent soutenus par les défenseurs de l'environnement. STAFF/AFP C’est la mère de toutes les révoltes environnementales. Dix ans de lutte sur le plateau du Larzac inscrits dans l’histoire nationale. Le 28 octobre 1971, le ministre de la défense nationale du gouvernement Pompidou, Michel Debré, dévoile le projet d’extension du camp militaire du Larzac, installé depuis 1902 dans l’Aveyron, qui doit passer de 3 000 à 17 000 hectares sur des terres consacrées au pâturage. Le camp s’étendrait sur douze communes, dont La Cavalerie. L’Etat pense s’emparer sans difficulté de ces terres en expropriant les agriculteurs. Le secrétaire d’Etat à la défense nationale, André Fanton, a évoqué un an plus tôt lors d’un congrès de l’UDR la présence sur le plateau d’une poignée de paysans « qui élèvent vaguement quelques moutons, en vivant plus ou moins moyenâgeusement, et qu’il est nécessaire d’exproprier ». Rien ne se passera comme prévu. L’opposition s’organise très vite autour de 103 paysans locaux (sur les 109 exploitants) qui signent entre eux un serment de ne pas quitter leurs terres et de n’accepter aucune transaction. Le 6 novembre 1971, 6 000 personnes manifestent à Millau. En 1972 ils sont 20 000 opposants dans les rues de Rodez et en août 1973, 100 000 à défiler sur le Larzac. Aux paysans, s’ajoutent des notables locaux, syndicats et associations, des militants antimilitaristes et hippies de toute la France. Le mouvement local devient national, clive droite et gauche. Le plateau est désormais une vitrine des contestations occitanistes, antimilitaristes, anticapitalistes ou antiétatiques. Comme des années plus tard à Notre-Dame-des-Landes, les paysans s’unissent aux jeunes « chevelus ». Les sympathisants acquièrent des « mètres carrés » de terres du Larzac dans le cadre de groupements fonciers agricoles, destinés à rendre plus complexe le processus d’expropriation. A l’heure de ces procédures en 1979, quatorze paysans se mettent en grève de la faim. Le 7 novembre 1980, la Cour de cassation annule pour vice de forme 66 ordonnances d’expropriation. Le 3 juin 1981, à peine élu, le nouveau chef d’Etat, François Mitterrand, qui avait promis aux paysans de leur rendre leurs terres, décide l’arrêt de la procédure. Les militaires quittent le 7 juin les fermes qu’ils occupaient depuis octobre 1976. En 1984, les paysans et habitants du plateau créent une société civile des terres du Larzac et gèrent 6 300 ha. L’Etat accorde à la société un bail emphytéotique.
"2018-01-17T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/01/17/larzac-plogoff-creys-malville-les-precedents-projets-auxquels-l-etat-a-renonce_5243168_3244.html
Les confidences douces-amères de Jacques Delors
Cécile Amar dépeint la trajectoire d’un homme, ancien mentor de François Hollande, nostalgique, au soir de sa vie, de n’avoir pu « être utile » au pays autant que nécessaire
« L’homme qui ne voulait pas être roi. Conversations avec Jacques Delors », de Cécile Amar (Grasset, 234 pages, 18 euros). Dans son livre Jusqu’ici tout va mal (Grasset), paru en 2014, Cécile Amar, grand reporter au Journal du dimanche, avait consacré tout un chapitre à explorer la relation entre François Hollande et Jacques Delors ou plutôt la non-relation entre le président de la République et son ancien mentor. Depuis que le premier est entré à l’Elysée, les deux hommes ne se sont réellement vus qu’une seule fois, lors d’un déjeuner, en juillet 2013, ce qui est plutôt court si l’on se souvient que, dans les années 1990, François Hollande était à la tête du club ­Témoin, qu’il militait activement pour une candidature Delors à la présidentielle, qu’il ­partageait la vision européenne du président de la Commission européenne et que, pendant la campagne de la primaire socialiste en 2011, il n’avait pas hésité à se présenter comme un de ses héritiers. Pourquoi après cela tant d’ingratitude ? La thèse de l’auteure est que François Hollande jouait les affranchis, qu’il ne voulait rien devoir à personne. Sans doute aussi le nouvel élu redoutait-il un peu le jugement de Delors le rigoriste resté d’autant plus droit dans ses idées que sa chimère avait été « de faire de la politique sans se salir les mains, d’exercer le pouvoir sans avoir à le conquérir », ainsi que François Hollande le pressentait et l’écrivait sous le pseudonyme de Caton dans les années 1980. Le mérite de Cécile Amar aura été d’aller jusqu’au bout de l’enquête en restituant, à travers ses conversations avec Jacques Delors, le regard sur le quinquennat de l’homme qui n’avait pas voulu être roi. L’exercice était a priori biaisé car l’auteure ne s’en cache nullement : c’est Martine Aubry, la fille de Jaques Delors, la rivale de François Hollande à la primaire, qui a poussé au livre à l’été 2014 après avoir trié les innombrables cartons d’archives de son père. « Vous devriez regarder, il y a peut-être un livre à faire »,avait-elle lancé. La journaliste a donc regardé mais elle a surtout confessé l’ancien président de la Commission européenne avec toujours le souci de rapporter son expérience passée à la situation présente. Le résultat est un clair-obscur où les soupirs comptent davantage que les mots. Car ce n’est pas à 90 ans que l’ancien conseiller de Jacques Chaban-Delmas, l’ancien ministre de François Mitterrand, va se mettre à « faire du buzz » en crachant dans la soupe. Au lendemain du premier tour des élections régionales de décembre 2015, marqué par une nouvelle progression du Front national et l’éviction de la gauche dans le Nord, il confesse « avoir mal à la France ».
"2016-07-04T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/11/les-confidences-douces-ameres-de-jacques-delors_4899850_3232.html
« Prudence, la reprise espagnole est relative »
Le taux de chômage en Espagne a baissé à 23,6 % fin septembre. Javier Diaz-Gimenez, professeur d’économie à l’IESE Business School, analyse les raisons du redressement du marché de l’emploi.
Selon les chiffres de l’enquête de population active (EPA), publiée ce matin par l’Institut national de statistiques, l’Espagne a recensé 195 200 chômeurs de moins au troisième trimestre 2014 et 151 000 emplois ont été créés. En un an, le taux de chômage est ainsi descendu de deux points, de 25,6 à 23,6 % des actifs (5,4 millions de personnes). Les chiffres du chômage reculent rapidement. L’Espagne note une accélération de la création d’emplois. Le PIB devrait afficher une croissance d’1,3 % en 2014. L’Espagne peut-elle être un modèle de la sortie de la crise ? Javier Diaz-Gimenez - Il faut rester prudent. La reprise espagnole est relative. Si l’on considère que le PIB de l’Espagne était de 100 en 2008, il affiche aujourd’hui 95, alors que celui de la France affiche 102 : en clair, le PIB espagnol est encore inférieur à ce qu’il était en 2008. Il est possible que le taux de croissance du pays soit parmi les plus élevés de la zone euro l’an prochain, mais cela ne veut pas dire que l’Espagne va mieux que ses voisins car sa récession a été plus longue, avec une double contraction économique. Quels sont les réformes ou les facteurs qui expliquent la croissance du PIB et de l’emploi ? La récupération de la compétitivité est due à la modération salariale, consécutive aux brutales réductions d’emplois vécues par l’Espagne. 3,5 millions d’emplois ont été détruits entre 2008 et 2013. Les réformes espagnoles n’ont contribué qu’en partie à la reprise. La réforme du marché travail a certes facilité la baisse des salaires grâce à la possibilité donnée aux entreprises d’abandonner les conventions collectives, à la baisse des coûts de licenciement et à la flexibilité, mais ce qui a été plus important encore c’est la peur du chômage. Les Espagnols ont surtout accepté de baisser leur salaire parce qu’ils voyaient autour d’eux croître les licenciements de manière brutale et qu’ils préféraient cela à perdre leur emploi. L’EPA montre une baisse du nombre d’emplois à durée indéterminée, au profit des emplois temporaires et à temps partiel. La reprise espagnole est-elle solide et de qualité ? Il vaut mieux des contrats précaires, à temps partiel, qui maintiennent les gens sur le marché du travail que le chômage. Durant les deux premières années de crise, les salaires ont continué d’augmenter, s’il y avait eu plus de flexibilité et s’ils avaient pu baisser, il y aurait certainement eu moins de destructions d’emplois. Débattre de la qualité de l’emploi quand il y a six millions de chômeurs me semble une frivolité. Quant à la solidité de la reprise, il semble difficile que l’Espagne continue de croître de manière soutenue si l’Allemagne et la France entrent en récession. Tout dépendrait alors de la capacité des entreprises à trouver d’autres clients, car la croissance est tirée par les exportations.
"2014-10-23T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/23/prudence-la-reprise-espagnole-est-relative_4510960_3234.html
Travailleurs détachés : le gouvernement monte au créneau
A l'approche des élections européennes, la question des salariés européens low cost qui viennent travailler en France est devenue un dossier politique majeur, débattu lundi soir à l'Assemblée.
« Nous devons agir plus fort, car l'imagination des fraudeurs est sans limite », a affirmé Michel Sapin, le ministre du travail, jeudi 5 décembre, devant la Commission nationale de lutte contre le travail illégal, insistant sur la nécessité de renforcer les contrôles vu l'accroissement du nombre de travailleurs détachés en France. FRED DUFOUR/AFP À quelques mois des élections européennes de mai 2014, la question des travailleurs détachés est devenue un dossier politique majeur. Le gouvernement et la majorité sont sur le qui-vive, soucieux d'éviter les risques de surenchère de l'extrême droite et des plus eurosceptiques. La France entend donc tout mettre en œuvre pour parvenir à un accord lors du sommet des ministres européens des affaires sociales du 9 décembre, avant le Conseil européen des 19 et 20 décembre. A l'abord de ces échéances, l'Assemblée nationale a commencé à débattre lundi 2 décembre, du rapport d'information de la commission des affaires européennes sur la proposition de directive concernant le détachement des travailleurs dans les pays de l'Union. Le 27 novembre, le ministre des affaires sociales, Michel Sapin, a fait une communication en conseil des ministres sur le plan de lutte contre le travail illégal et le détachement abusif. Preuve que, cette fois, le gouvernement est décidé à saisir ce rendez-vous pour ne pas laisser s'enliser une situation à laquelle le président de la Commission européenne, Manuel Barroso, s'était engagé à remédier – cela faisait partie de son mandat – lors des négociations qui avaient précédé sa désignation. La directive européenne de 1996, à l'origine, était plutôt avantageuse pour la France, pays pourvoyeur de travailleurs à l'étranger, afin de faire en sorte que leurs droits sociaux soient protégés. Mais la situation s'est inversée avec les élargissements successifs de l'Union européenne et la crise de ces dernières années, qui ont entraîné des détournements et des fraudes massives à la directive détachement. L'utilisation de « détachés low cost », de faux détachés, dans le bâtiment, les travaux publics, l'agriculture saisonnière, a déstabilisé ces secteurs. TRAFIC DE MAIN-D'ŒUVRE Entre 2010 et 2013, le nombre de travailleurs détachés en France a plus que doublé, passant, en raisonnant en équivalent temps pleins, de 15 000 à 34 000, chiffres qu'il faut au minimum doubler quand on prend en compte tous les postes qui ne sont pas déclarés. « Nous sommes passés dans le monde de l'optimisation sociale et des traders de main-d'oeuvre à grande échelle », constate Gilles Savary, député (PS, Gironde), corapporteur de la commission des affaires européennes. Mais il met en garde : « Il faut renforcer la directive détachement et non s'embarquer dans une fausse croisade contre la directive de 1996. La disparition de cette dernière, même si elle est une passoire, signifierait une dérégulation totale. Ce serait la jungle absolue. » Paris est conscient que, si cette bataille est perdue, ce sera du pain bénit pour les populismes. « Notre objectif est d'avoir une majorité qualifiée pour obtenir une directive d'application renforcée », indique M. Sapin, convaincu que les positions de certains pays qui bloquaient jusqu'à présent, notamment la Pologne, peuvent évoluer. Mais pas question pour autant de défendre un accord au rabais. « Si nous étions sur un faux-semblant, nous le refuserions et nous continuerons la bagarre », assure le ministre, pour qui « ça va devenir un vrai argument, porté par la gauche, dans la campagne des européennes ». Quelle que soit l'issue des négociations, le gouvernement et les parlementaires socialistes se tiennent prêts à renforcer l'arsenal législatif et les dispositifs de contrôle français pour parvenir à endiguer ce qui n'est autre que du trafic de main-d'œuvre. Lire aussi : Après le « plombier polonais », voilà la polémique du « travailleur détaché »
"2013-02-12T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/12/02/travailleurs-detaches-le-gouvernement-monte-au-creneau_3523669_3234.html
Vive la crise !
Billet. Malgré les scandales, en dépit de l'austérité et des licenciements, la place financière londonienne est plus que jamais prospère.
Quartier de la City à Londres, en octobre 2012. ANDREW COWIE/AFP Une nouvelle fois, la City tire remarquablement son épingle du jeu. Malgré la vague de récents scandales qui ont gravement terni son image, en dépit de l'austérité et des licenciements, la place financière londonienne est plus que jamais prospère. A lire le classement du cabinet de consultant anglais Z/Yen, publié le 25 mars, le "square mile" est resté, en 2012, sur la première place du podium devant New York, Hongkong, Singapour et Zurich. Chapeau ! Prospère, la City l'est toujours. L'un des paradoxes les plus britanniques est le contraste saisissant entre l'essor du pôle financier et le déclin de l'industrie malgré les efforts du gouvernement conservateur - libéral-démocrate pour rééquilibrer l'économie après les folles années de l'argent roi. Certes, ce succès n'est pas exempt de dangers. Le lobby bancaire redoute le scénario du "Brexit", la sortie du royaume de l'Union européenne (UE) à l'occasion du référendum qui doit être organisé d'ici à 2017. L'effet d'un tel retrait sur la domination londonienne du marché des changes, en particulier de l'euro, est une grande inconnue. Et, d'ici là, la City redoute d'être marginalisée par la réforme de la supervision bancaire au sein de l'UE, le projet de taxe communautaire sur les transactions financières ou encore la croisade lancée en faveur d'une limitation des bonus. Par ailleurs, le transfert le 1er avril de la supervision bancaire de la Financial Services Authority, considérée comme laxiste, à la Banque d'Angleterre laisse présager un nouveau serrement de vis réglementaire. Le durcissement de la politique d'immigration, qui frappe également les travailleurs étrangers qualifiés, risque de compliquer le recrutement des meilleurs éléments. Enfin, les points noirs de la capitale - transport, coût de la vie, services de santé publique - ne s'améliorent pas, au contraire. Sans sous-estimer ces phénomènes, la place de Londres reste confiante. En effet, dans la foire d'empoigne de la mondialisation, face aux jeunes coqs bruyants d'Asie, la City a su tirer avantage de ses atouts pour conserver sa prééminence. La langue anglaise, le recours à la common law jurisprudentielle dans le droit des affaires, les fuseaux horaires, la formidable expérience des financiers, avocats et comptables, ainsi que la masse critique d'opérateurs expliquent le maintien de sa primauté planétaire au cours de l'année dernière. La relative souplesse de la réglementation, malgré son récent renforcement, est un autre avantage. Avec la baisse des impôts pour les plus riches en 2012, la suppression de la taxe sur le négoce d'actions de PME ou la réduction de la pression fiscale sur les fonds d'investissements dans le budget 2013-2014, le pouvoir politique a su combler la City, dont la belle et noble devise pourrait figurer au frontispice du 10 Downing Street : "Domine dirige nos" ("Seigneur, guidez-nous"). Correspondant du "Monde" à Londres [email protected] Marc Roche et Marc Roche
"2013-03-29T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2013/03/29/vive-la-crise_3150490_3210.html
Comment Mohammed Bwazir, après quatorze ans de prison, refusa de quitter Guantanamo
« Terrifié » à l’idée de se retrouver dans un pays inconnu, ce Yéménite libérable a décidé, au dernier moment, de rester dans la prison américaine.
Ils étaient trois, ce 20 janvier, à quitter au petit matin leurs cellules de Guantanamo pour être transférés vers l’aéroport militaire de la base américaine. Trois détenus devenus « libérables » après quatorze années de captivité. Mais deux seulement prendront place dans l’avion. Le troisième, Mohammed Ali Abdullah Bwazir, un Yéménite de 35 ans, a préféré, au dernier moment et à la surprise générale, ne pas monter dans l’appareil et retourner dernières ses barreaux. Un cas unique qui n’en finit pas d’intriguer. Détenu entre deux gardiens dans le camp 6 de Guantanamo, en mars 2010. PAUL J. RICHARDS/AFP M. Bwazir a été « terrifié » à l’idée de quitter la prison pour un pays qu’il ne connaissait pas et où il n’avait aucun membre de sa famille, a indiqué son avocat, John Chandler. Le pays où les autorités américaines avaient décidé de l’envoyer n’a pas été révélé. Dans un entretien au New York Times, M. Chandler a précisé que son client, détenu depuis 2002, était déprimé. Il a comparé M. Bwazir au personnage du film Les Evadés qui avait passé tellement de temps derrière les barreaux qu’une fois dehors il lui était impossible de reprendre une vie normale. « Pouvez-vous vous imaginer être là pendant quatorze ans avant de monter dans un avion et finalement dire “Non, remettez-moi dans ma cellule” ?, dit l’avocat, avant de lâcher : Il s’agit là d’une des pires journées de ma vie. » « Mesuré, calme et déterminé » M. Bwazir avait obtenu depuis janvier 2010 un statut de détenu « libérable ». Il avait émis le souhait de vivre dans un pays où il avait de la famille, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite ou l’Indonésie. Il savait qu’il ne pouvait pas retourner dans son pays d’origine. En 2013, M. Bwazir a fait partie des 34 détenus grévistes de la faim nourris de force par les militaires. « C’est décevant, a estimé le colonel David Heath, commandant des gardiens du centre. Il était mesuré, calme et déterminé. Très clairement, il nous a fait comprendre qu’il ne voulait plus partir. » M. Bwazir demeure sur la liste des détenus transférables, mais son nouveau départ pourrait prendre du temps. Les cinq Ouïgours qui avaient rejeté en 2010 leurs transferts vers Palau et les Maldives avaient dû attendre plus de quatre ans avant d’être finalement convoyés au Salvador et en Slovaquie.
"2016-02-25T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/26/comment-mohammed-bwazir-apres-quatorze-ans-de-prison-refusa-de-quitter-guantanamo_4872587_3210.html
Le chimiste américain DuPont met en vente un cinquième de ses activités
L’inventeur du Nylon espère faire remonter le cours de son action en se recentrant sur des produits comme les semences ou les biocarburants.
Ellen Kullman, PDG de DuPont. REUTERS/© Christian Hartmann / Reuters Pas de vaches sacrées pour Ellen Kullman. Première femme à diriger DuPont depuis la création du groupe il y a plus de deux siècles, cette ingénieure a annoncé, mardi 23 juillet, son intention de se séparer d'une série de produits qui ont fait la fortune du vénérable chimiste américain. Avec l'espoir de calmer ainsi ses actionnaires les plus impatients, dont l'investisseur activiste américain Nelson Peltz… Dans le viseur de la PDG se trouve en particulier le dioxyde de titane, un pigment blanc utilisé dans le papier, la peinture, le dentifrice, et dont DuPont est le leader mondial. Sur la liste figure aussi le Téflon, un matériau inventé par un chimiste de la maison en 1938 et employé notamment comme revêtement antiadhésif pour les poêles à frire. Au total, les produits que Mme Kullman veut céder ont réalisé un chiffre d'affaires de 6,7 milliards de dollars (5,1 milliards d'euros) ces douze derniers mois. Soit 19 % de l'activité totale. A elle seule, cette branche compte 40 usines et autres sites dans le monde. La façon dont DuPont va se défaire de ces actifs n'est pas arrêtée. Ils pourraient être vendus en un seul bloc ou en plusieurs lots, cédés à des concurrents ou mis en Bourse. COUP DE FOUET La stratégie, elle, est limpide. Nommée PDG il y a trois ans, Mme Kullman entend donner un coup de fouet à DuPont, accélérer sa croissance et améliorer ses profits. D'un côté, elle mise sur des marchés jugés très porteurs, tels que les semences ou les biocarburants. En 2011, elle a ainsi signé un chèque de 5,8 milliards de dollars pour acheter Danisco, le numéro deux mondial des ingrédients alimentaires et des enzymes industriels. De l'autre côté, le groupe abandonne certains de ses métiers traditionnels, comme les peintures pour l'automobile, reprises l'an dernier par le fonds américain Carlyle, pour 5,1 milliards de dollars. C'est dans ce cadre que DuPont a choisi de céder ses produits chimiques de performance. Une branche jugée trop cyclique et à la croissance trop faible, même si elle dégage une importante trésorerie. Avant de la vendre, le groupe a tiré le maximum de cette activité. Ces dernières années, le dioxyde de titane a fait l'objet d'une incroyable pénurie mondiale. Les clients devaient se battre pour obtenir le précieux pigment. Maîtres du jeu, DuPont et ses rivaux ont alors pu réaliser des marges en or. En 2011, ils ont réussi à augmenter leurs prix de 60 % !
"2013-07-24T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/24/le-chimiste-americain-dupont-met-en-vente-un-cinquieme-de-ses-activites_3452809_3234.html
« Patria obscura » : quand la mémoire de la famille recouvre celle de la nation
Le travail délicat et passionnant de Stéphane Ragot, photographe de métier, mêle l’intime et le collectif au creuset des images qui les façonnent.
Une image du film documentaire français de Stéphane Ragot, "Patria obscura". DHR Stéphane Ragot, l’auteur de cet essai intime, est photographe de métier. On peut d’emblée le créditer de l’intelligence d’un titre dont la polysémie renvoie aux trois piliers fondateurs de son film. La chambre obscure pour la fabrication de soi et les pouvoirs de l’image, la patrie pour le commerce souterrain que ces arcanes intimes nouent avec l’histoire collective et nationale. Le film lui-même, sensible, délicat, d’une sobre justesse, évoquera aux cinéphiles le travail, également admirable, d’un François Caillat (La Quatrième Génération, Une jeunesse amoureuse…), qu’on pourrait définir comme un ouvrage de dentelle archéologique ouvert à la fois à la recherche de soi-même et au grand vent de l’Histoire. A l’aide d’un matériau visuel et sonore éclectique (tournage contemporain en vidéo, archives familiales photographiques et cinématographiques, voix off lancinante), le réalisateur nous invite donc à un lent voyage dans sa mémoire familiale, remontant le temps jusqu’à ses grands-pères, tous deux militaires, et tombant à l’occasion sur un lourd secret que le film contribue à élucider. une histoire de famille Une histoire à la fois banale et terrible, qui reconfigure l’histoire des appartenances et qui revient éclairer différemment les rapports entre acteurs familiaux, jetant une lumière plus crue sur ce que le narrateur ne faisait que pressentir sous les silences accordés d’une famille en apparence unie. Une histoire de famille mais aussi une histoire de classe et de hiérarchie sociales, de honte et d’infamie transmise d’une génération à l’autre. La progression de cette enquête intime contribue évidemment à l’intérêt dramaturgique du film, mais il s’en faut de beaucoup que sa valeur ne repose que sur elle. Car c’est bien l’histoire de la France contemporaine, avec ses propres hontes, ses propres non-dits, ses propres mythes simplificateurs, qui se profile sous l’histoire familiale des Ragot, par un passionnant effet de miroitement et de capillarité. une réflexion sur l’identité nationale Au final, le film nous interroge sur les histoires dont nous sommes chacun issus, et sur le crédit que notre liberté nous incite à leur accorder : une réflexion précieuse à l’heure où l’identité nationale, supposée une et intangible, redevient une injonction dangereuse. La vision de ce film pourra être utilement complétée par la lecture de l’album de photos qui lui répond, Patria lucida (Ed. Le bord de l’eau, 180 pages, 30 €) signé de Stéphane Ragot et postfacé par l’écrivain Pierre Bergounioux, auteur précieux qui arpente lui aussi les territoires de l’intime sur une carte du monde géographiquement, socialement et politiquement circonstanciée.
"2014-10-16T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/10/21/patria-obscura-quand-la-memoire-de-la-famille-recouvre-celle-de-la-nation_4509411_3476.html
Total, EDF, Areva : les géants français de l'énergie fragilisés au sommet
Les trois groupes connaissent d'importants bouleversements à leur tête, qui laissent le secteur français de l'énergie en plein flottement.
En moins d'une semaine, d'importants bouleversements ont touché les directions des trois grands groupes français de l'énergie. La mort brutale de Christophe de Margerie, lundi 20 octobre, est intervenue quelques heures seulement après l'annonce de la démission du président du directoire d'Areva, Luc Oursel, pour raisons de santé. Le tout dans le contexte tendu de la succession d'Henri Proglio à EDF, officiellement débarqué mercredi. A l'heure du projet de loi sur la transition énergétique, le secteur se retrouve donc privé de ses têtes dirigeantes, et les décisions qui seront prises pour les remplacer façonneront durablement le paysage français de l'énergie. Le point sur la situation. TOTAL : DEUX NOMS CIRCULENT DÉJÀ Christophe de Margerie lors de la présentation des résultats annuels du groupe, le 10 février 2012 à Paris. AFP/ERIC PIERMONT « Dans ma mission, il y a également la préparation d'un successeur. » C'est ce qu'avait déclaré Christophe de Margerie, président du groupe pétrolier, dans un entretien à La Tribune en mai dernier. Il n'en aura pas eu le temps, il est mort lundi dans le crash de son avion privé à l'aéroport de Vnoukovo, à Moscou, à l'âge de 63 ans. Lire le portrait : Christophe de Margerie, patron stratège et truculent de Total Une réunion de crise a aussitôt été organisée, dans la nuit de lundi à mardi, au siège de Total dans le quartier de la Défense à Paris. L'entreprise réunira un conseil d'administration « dans les plus brefs délais », selon une porte-parole du groupe. Au menu des discussions, bien sûr, la succession de Christophe de Margerie. Traditionnellement, la sélection se fait toujours en interne et deux noms circulent, depuis quelques mois déjà : Philippe Boisseau, directeur général de la branche marketing et services, et Patrick Pouyanné, patron de la branche raffinage-chimie. Christophe de Margerie les avait fait entrer au comité exécutif de Total début 2012. Une décision alors interprétée comme un premier pas dans la préparation de sa succession. Le futur président du groupe devra affronter une situation difficile, entre la baisse de ses résultats financiers et la nouvelle politique de réduction des coûts. Lire le décryptage : Total perd son PDG à l'heure de révisions stratégiques AREVA : LE MODE DE GOUVERNANCE REMIS EN QUESTION Pour des « raisons de santé », Luc Oursel « considère qu'il n'est plus en mesure d'assumer les responsabilités » à la tête de l'entreprise. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP Quelques heures avant le décès de Christophe de Margerie, Luc Oursel, président du directoire d'Areva, a annoncé qu'il allait quitter ses fonctions pour des raisons de santé. Un départ qui intervient alors que l'intéressé attendait de savoir quel sort lui serait réservé par l'Etat, actionnaire à 87 % d'Areva. Lire le portrait : Luc Oursel, le démineur Le mode de gouvernance de l'entreprise doit en effet être modifié en décembre. De société à directoire et conseil de surveillance, le constructeur de centrales deviendra une entreprise dotée d'un directeur général et d'un président de conseil d'administration. Objectif : tourner la page d'une gestion jugée trop personnelle, et parfois incontrôlable, d'Anne Lauvergeon durant ses deux mandats (2001-2011). L'Etat devait trancher et dire s'il prolongeait Luc Oursel, cette fois au poste de directeur général. Le poste de président du conseil d'administration revenant à Pierre Blayau, président du conseil de surveillance depuis 2013. Mais rien n'était joué : le nom de Philippe Knoche, numéro deux d'Areva, circule depuis plusieurs semaines pour remplacer Luc Oursel. L'annonce de sa démission devrait accélérer les choses. Lire (en édition abonnés) : La filière française du nucléaire change de tête EDF : UNE TRANSITION HOULEUSE ET POLITIQUE Jean-Bernard Lévy, le PDG d'EDF. AFP/ERIC PIERMONT La bataille a fait rage pour savoir qui prendrait les commandes d'EDF après la fin du mandat d'Henri Proglio, le 22 novembre. Nommé président en 2009, M. Proglio souhaitait voir son mandat reconduit, mais pour trois ans seulement, la limite d'âge étant fixée à 68 ans. Malgré son bilan positif, au vu des difficultés du groupe à son arrivée, l'Etat a annoncé mercredi 15 octobre qu'il serait remplacé par le PDG de Thales, Jean-Bernard Lévy, au terme d'une guerre de succession violente, émaillée de grandes manœuvres et de coups bas. Lire l'enquête (en édition abonnés) : EDF : grandes manœuvres et petits coups bas La nomination, inattendue, de Jean-Bernard Lévy est censée accompagner « une nouvelle phase avec la transition énergétique qui s'ouvre », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pour justifier l'éviction d'Henri Proglio. Ce dernier, un chiraquien nommé à la tête d'EDF par Nicolas Sarkozy, n'avait jamais vraiment eu les faveurs du gouvernement. « Renouveler un patron qui a fêté l'élection de Nicolas Sarkozy au Fouquet's, cela n'a rien d'évident pour Hollande », suggérait un proche de l'Elysée. Lors de la campagne électorale de 2012, le candidat socialiste déclarait en privé : « J'ai deux noms sur ma liste noire : Bernard Squarcini [directeur du renseignement] et Henri Proglio. » La nomination de Jean-Bernard Lévy sera soumise à une assemblée générale extraordinaire le 21 novembre. Il devra également réussir son oral devant le Parlement avant que sa nomination soit définitivement confirmée par un décret. Lire le portrait (en édition abonnés) : Jean-Bernard Lévy au défi de la transition d’EDF
"2014-10-21T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/21/total-edf-areva-les-geants-francais-de-l-energie-fragilises-au-sommet_4509760_3234.html
Irak : le chef de l'Etat islamique appelle les musulmans à rejoindre son « califat »
Autoproclamé « calife », Abou Bakr Al-Baghdadi a également appelé ses partisans à venger les torts causés aux musulmans à travers le monde.
Les deux seules images disponibles d'Al-Baghdadi avant son prêche. Celle du ministère irakien de l'intérieur et celle du FBI. AFP/HO - Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), devenu l'Etat islamique, a appelé ses partisans à venger les torts causés aux musulmans à travers le monde, dans un message sonore rendu public mardi à l'occasion du mois de jeûne du ramadan. Lire son portrait : Abou Bakr Al-Baghdadi, le nouveau Ben Laden Autoproclamé « calife » depuis dimanche, il lance un appel à la conversion et à la guerre sainte (djihad) et demande à tous les musulmans de se rendre dans son « Etat islamique » de part et d'autre de la frontière irako-syrienne. S'installer dans « la maison de l'islam » est un devoir, assure-t-il. « Terrifiez les ennemis d'Allah et cherchez la mort dans les endroits où vous pouvez la trouver, la vie matérielle prendra fin et l'au-delà durera éternellement ». Dans une longue tirade, Abou Bakr Al-Bagdadi livre surtout sa propre définition du terrorisme : « adorer Allah comme il vous l'a ordonné », « refuser l'humiliation, la soumission et la subordination ». « Le terrorisme n'est pas le massacre des musulmans en Birmanie (..), la guerre contre la chasteté et le hijab en France et en Tunisie », ajoute-t-il en multipliant les exemples. IMPASSE POLITIQUE Face à l'offensive djihadiste qui menace le pays d'éclatement, le pouvoir politique irakien est au plus mal. Le Parlement irakien a levé mardi sa séance dans le désordre général sans réussir à enclencher le processus de formation d'un gouvernement. La séance a été émaillée d'échanges d'invectives et de récriminations de Kurdes et de sunnites à l'égard du gouvernement du premier ministre sortant chiite, Nouri Al-Maliki, présent dans la salle et dont les chances de briguer un 3e mandat s'amenuisent devant l'avancée des insurgés et l'échec de son armée à la contenir. Lire aussi l'entretien avec Thomas Pierret, spécialiste de l'islamisme : « L'EIIL est à son apogée en Irak » Voir aussi : Comprendre la montée en puissance de l'Etat islamique en cinq minutes
"2014-01-07T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/07/01/le-chef-de-l-etat-islamique-appelle-les-musulmans-a-se-venger_4448988_3218.html
"""My Fair Lady"", le Marthaler dont on sort en chantant"
Une variation libre, intelligente et drôle autour de la comédie musicale, réglée à la perfection, pour trois soirs au Festival d'Avignon.
Une scène de la pièce "Meine Faire Dame, eine Sprachlabor", de Christoph Marthaler. JUDITH SCHLOSSER Bienheureux ceux qui ont pu ou pourront voir le nouveau spectacle de Christoph Marthaler, qui n'a malheureusement été programmé que trois petits soirs au Festival d'Avignon (il sera à Paris, au Théâtre de l'Odéon, en décembre). Bienheureux, oui, vraiment, les chanceux qui entrent dans cette bulle musicale et poétique dont on sort, dans la nuit provençale, avec la sensation de ne plus toucher terre. L'idée de départ était amusante : le maître suisse de l'horlogerie théâtrale adaptant à son univers doucement décalé My Fair Lady, la célèbre comédie musicale d'Alan Jay Lerner et Frederick Loewe, adaptée au cinéma par George Cukor avec Audrey Hepburn dans le rôle d'Eliza Doolittle, la petite fleuriste à qui le professeur Higgins fait subir les pires tortures pour lui apprendre à parler "correctement". Mais, évidemment, Marthaler n'"adapte" pas. Il crée avec Meine Faire Dame, ein Sprachlabor (My fair Lady, un laboratoire de langues) une variation très libre, et une merveille d'émotion et de drôlerie sur laquelle on craindrait presque de plaquer trop de mots de peur de l'alourdir. Posons tout de même le décor : le fameux laboratoire de langues annoncé par le titre, reconstitué par la scénographe habituelle du metteur en scène, la géniale Anna Viebrock, avec une telle précision hyperréaliste que l'on croirait que cet ensemble a toujours été là, dans son jus, dans cette salle de spectacle de Vedène où se donne la pièce. Un summum d'absurdité burlesque C'est dans cet espace, avec ses box individuels séparés par des cloisons, ses chaises en plastique et ses fauteuils de bureau à roulettes, qu'évoluent des héros marthalériens à l'humanité toujours fragile et légèrement inadaptée, dans leurs vêtements années 1960-1970 qu'affectionne le metteur en scène - sous-pulls en nylon, robes à fleurs et pantalons en Tergal. Une petite communauté de sept personnes, trois femmes et quatre hommes, sans compter le pianiste, à droite (Bendix Dethleffsen), et l'organiste, à gauche (Mihai Grigoriu), qui ressemble à Frankenstein. Une petite communauté qui tente de vivre ensemble, de s'aimer et, surtout, de communiquer, cette dernière mission s'avérant à peu près impossible avec le langage articulé "normal". Le cours de langue, supposé favoriser la compréhension entre les êtres d'origines différentes, se transforme ainsi en un summum d'absurdité burlesque, au fur et à mesure que les élèves répètent ces phrases stupides, dénuées de sens, destinées aux exercices de prononciation ou de diction. A l'image de celle-ci, qu'ont adorée les spectateurs le soir du 9 juillet : "The rain in Spain stays mainly in the plain." Alors ils chantent - des airs de My Fair Lady, bien sûr, mais aussi de La Flûte enchantée, de Lohengrin, ou la chanson Douce nuit, sainte nuit et celle de Wham ! Last Christmas... - en des moments d'une grâce que l'on reçoit comme un cadeau. Ou ils se retrouvent autour d'un plateau garni de pommes, avec cette manière unique et géniale qu'a Marthaler de rendre formidablement théâtraux des moments où il ne se passe rien. Sauf que le rien - le silence, le vide -, est justement l'endroit où il se passe quelque chose, chez le metteur en scène suisse : la brèche qui s'ouvre pour une humanité gavée de langage, d'informations, d'objets. Ainsi va cette Faire Dame, où les liens entre musique, geste et parole sont à la fois l'objet et le sujet de la pièce, en une partition d'une finesse et d'une précision incroyables sur le comique de répétition, le gag et les possibilités burlesques de l'infra-ordinaire. Cette horlogerie fonctionne évidemment grâce aux fidèles compagnons de route de Christoph Marthaler, formidables acteurs-chanteurs-danseurs : Tora Augestad, Karl-Heinz Brandt, Carina Braunschmidt, Mihai Grigoriu, Graham F. Valentine, Michael von der Heide et Nikola Weisse. Comme bien souvent chez Marthaler, le spectacle glisse peu à peu, au fil de ses deux heures, vers une mélancolie rêveuse. "Si je voulais me souhaiter quelque chose, je dirais que je voudrais être un peu heureux. Car si j'étais trop heureux, je serais nostalgique de la tristesse", dit l'un des "personnages". "No comment", comme dirait le professeur Higgins. Meine Faire Dame, ein Sprachlabor (My Fair Lady, un laboratoire de langues), de Christoph Marthaler. Salle de spectacle de Vedène, le 10 juillet, à 22 heures. De 16 € à 36 €. Durée : 2 heures. Tél. : 04-90-14-14-14. Puis à Paris, au Théâtre de l'Odéon, du 11 au 16 décembre Sur le Web : la présentation du spectacle sur le site du Festival d'Avignon : www.festival-avignon.com En vidéo : un extrait d'une représentation du spectacle au Theater Basel sur arte-tv.ch : www.art-tv.ch Fabienne Darge (Avignon, envoyée spéciale)
"2012-10-07T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/10/my-fair-lady-le-marthaler-dont-on-sort-en-chantant_1731648_3246.html
Euro-dollar : en route vers la parité
La divergence des politiques monétaires en Europe et aux Etats-Unis favorise la baisse de la devise européenne. Les effets d’un billet vert fort se font sentir sur l’économie mondiale.
Le dollar et l’euro. HEINZ-PETER BADER / REUTERS Il monte, il monte. Jusqu’où ira-t-il ? Le dollar fort est de retour depuis l’élection, début novembre, du républicain Donald Trump. Après la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), conclue, mercredi 14 décembre, par un relèvement du loyer de l’argent, le mouvement s’est accentué. Résultat, l’euro a chuté à son plus bas niveau depuis 2003, passant brièvement sous la barre de 1,04 dollar, avant de se reprendre un peu. Mais la monnaie unique est loin d’être la seule concernée. Dès le mois de novembre, plusieurs pays émergents ont vu leur devise chuter fortement. Depuis le scrutin américain, le taux de change effectif du dollar (son évolution comparée aux monnaies des pays avec lesquels les Etats-Unis commercent) a grimpé de 7 %. Les raisons de la flambée Mercredi, la Fed a mis fin à un faux suspense en annonçant qu’elle augmentait d’un quart de point ses taux directeurs (entre 0,50 % et 0,75 %). Plus significatif encore, elle prévoit trois nouvelles hausses pour 2017. La banque centrale américaine prend acte d’un marché du travail en situation de plein-emploi et de salaires qui recommencent à augmenter. L’installation de Donald Trump à la Maison Blanche, fin janvier, pourrait renforcer les tendances inflationnistes, compte tenu des promesses du milliardaire en faveur d’un plan de relance massif à base d’investissements publics et de baisses d’impôts. Résultat, les taux d’intérêt à long terme remontent, attirant les capitaux aux Etats-Unis. Cet afflux fait mécaniquement grimper la monnaie. Ce mouvement d’appréciation est aussi soutenu par l’espoir d’un rapatriement des profits réalisés à l’étranger par les multinationales américaines, en cas d’amnistie et d’une fiscalité plus attractive pour les entreprises, comme l’a promis M. Trump. « L’effet d’entraînement vient aussi de perspectives économiques qui sont désormais nettement plus positives », note Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque. En 2017, le produit intérieur brut (PIB) de la première économie mondiale devrait progresser de 2,3 %, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), après + 1,5 % attendu cette année. L’euro sous pression Depuis début novembre, la monnaie unique s’est dépréciée de plus de 5 % face au dollar. Cette glissade relance le petit jeu des prédictions sur une parité entre l’euro et le billet vert. « Cet horizon n’est plus très éloigné, estime René Defossez, stratège chez Natixis. On pourrait même y arriver avant 2017. » Il ne s’agirait pas d’une première historique : introduite en janvier 1999 à 1,1747 dollar, la devise européenne a passé une bonne partie de sa prime enfance sous la parité, jusqu’à tomber à 83 cents en 2000.
"2016-12-17T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/12/17/euro-dollar-en-route-vers-la-parite_5050534_3234.html
« Applicionados »
C'est tout Net ! Les smartphones et tablettes des Français renferment en moyenne 30 applications, plus des trois quarts des mobinautes et tablonautes en possédant entre une et cinquante.
Au deuxième trimestre 2014, un peu plus de 303 millions de smartphones se sont vendus dans le monde. AFP/PHILIPPE HUGUEN Chronique C'est tout Net. « Applique-toi donc… », recommande cette amie et mère de famille pointilleuse à sa fillette penchée sur une princesse à colorier. « Appli… que toi donc ? », ai-je cru entendre, distraite spectatrice de leurs travaux, un oeil et un index sur l'appli installée ce matin même sur mon smartphone. « Avec un nombre croissant de mobinautes en France et un usage du m-commerce et des réseaux sociaux importants, les sites mobiles et applis ont le vent en poupe », jauge AT Internet, mercredi 10 septembre, qui avance une fréquentation en hausse de 45 % des applis en juin, pour une baisse de 6,8 % des sites Web. 30 APPLICATIONS EN MOYENNE Le webanalyste précise, pour le même mois, que la moitié des applis ont enregistré une hausse supérieure à 20 %, un quart frisant les 62 %. Cette tendance devrait se poursuivre avec les ventes de smartphones, qui représenteront 88 % des ventes globales de mobiles en 2018, selon le cabinet Gartner. Le Web Observatoire - Médiamétrie ne dément pas cette appli-euphorie. Au deuxième trimestre, les smartphones et tablettes des Français renfermaient en moyenne 30 applications, plus des trois quarts des mobinautes et tablonautes en possédant entre une et cinquante. Les utilisateurs d'Apple font, eux, grimper les enchères : 22 % d'«iPadeurs» et 29 % des « iPhoneurs » accumulent plus de 50 applis. Le quinté gagnant des catégories d'applications les plus téléchargées sur mobile est jeux, réseaux sociaux, vie pratique, presse-actualités et, fermant la marche, météo. DES INDISPENSABLES Si les mobinautes sont plus nombreux que les tablonautes à installer de nouvelles applis chaque mois, ils sont également ceux qui en désinstallent le plus. Tout passe, tout lasse, tout casse… Des 50 meilleures applications gratuites sous Android sélectionnées par le site Tom's Guide, on retiendra les judicieux alliés Battery Doctor, pour gérer l'autonomie de son smartphone, CCleaner pour l'épousseter, ou encore Speedtest, indicateur de vitesse de sa connexion, sans oublier les indispensables Feedly, Twitter, Facebook, SoundCloud, Evernote, Dropbox, Instagram… ou les ludiques Angry Birds, Star Wars II, Candy Crush Saga… La barre des 20 applis est aisément franchie. Alors, lesquelles supprimer pour accueillir Airpnp, l'Airbnb des toilettes ou Celebrity Heights pour être incollable sur la taille des people ? [email protected]
"2014-12-09T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/09/12/applicionados_4486435_3234.html
Les violences augmentent avec la température
Un tel lien pourrait même avoir des conséquences désastreuses si le réchauffement climatique de la Terre se poursuit, mettent en garde les chercheurs des universités de Berkeley et de Princeton.
A Suining, dans le sud-ouest de la Chine, le 27 juillet. AFP/STR D'après une étude américaine publiée jeudi dans le revue Science, la chaleur attise les comportement belliqueux. Un tel lien pourrait même avoir des conséquences désastreuses si le réchauffement climatique de la Terre se poursuivait, mettent en garde les chercheurs des universités de Berkeley et de Princeton, à l'origine de ces travaux. "Nous pensons que les effets (que nous avons recensés) sont suffisamment importants pour que nous les prenions au sérieux et que nous nous demandions si ce que nous faisons ou pas aujourd'hui peut avoir une influence sur le degré de violence du monde de nos enfants demain", indique Solomon Hsiang, principal auteur de l'étude. Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont mené une "méta-étude" portant sur une soixantaine d'analyses posant la même question dans les disciplines les plus diverses, comme l'archéologie, la climatologie, les sciences politiques ou l'économie. L'une d'elles par exemple relève que les violences d'ordre criminel – agressions, meurtres, viols, violences domestiques... – sont plus fréquentes quand la température est plus élevée. "Les preuves amassées montrent que les êtres humains sur le globe se montrent peu capables de faire face à l'exposition à des températures plus chaudes", pointe dans un communiqué Marshall Burke, coauteur de ces travaux. Les raisons d'un tel phénomène restent assez vagues. Plusieurs théories existent, relèvent les chercheurs. L'une d'elles fait le lien entre des récoltes moins bonnes à cause d'une sécheresse et une propension plus grande des hommes à prendre les armes pour s'assurer un moyen de subsistance. La chaleur pourrait aussi avoir des effets physiologiques et entraîner des réactions violentes.
"2013-02-08T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/08/02/les-violences-augmentent-avec-la-temperature_3456661_3244.html
Avec Abbas, Hollande prêche pour une reprise des négociations avec Israël
Le président de l'Autorité palestinienne a déclaré que les Palestiniens iraient à l'Assemblée générale de l'ONU pour demander le statut d'Etat non membre.
Le président français François Hollande a reçu vendredi 8 juin à l'Elysée le président palestinien Mahmoud Abbas. AFP/BERTRAND LANGLOIS A l'issue d'une première rencontre, vendredi 8 juin à l'Elysée, le président français a assuré Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, que la France ferait tout pour faciliter la reconnaissance de l'Etat palestinien qui doit venir, selon lui, à travers un processus de négociation. "Aujourd'hui, nous devons tout faire pour reconnaître l'Etat palestinien à travers un processus de négociations. Ce qu'attendent les Palestiniens, ce n'est pas une proclamation, c'est qu'il puisse y avoir, au terme d'un processus de négociations avec les Israéliens et un accord de paix, la reconnaissance de l'Etat palestinien", a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse commune. "Nous avons de bonnes relations avec les Israéliens et avec l'Autorité palestinienne, ce qui nous permet de faire passer un certain nombre de messages et de faciliter la reprise du dialogue (...). Nous avons à chercher à être utiles", a poursuivi le président français. "C'est ça, la position de la France : être utile, faire en sorte que nous puissions donner des sécurités et aux uns et aux autres. Sécurité pour les Israéliens de vivre en paix dans des frontières sûres et puis sécurité pour que les Palestiniens sachent bien que c'est au bout de la négociation que se trouvera la reconnaissance", a-t-il insisté. Le chef de l'Etat français a annoncé son intention de se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens à une date non précisée. STATUT D'ETAT NON MEMBRE À L'ONU Faute d'avoir pu obtenir une reconnaissance pleine par le Conseil de sécurité, le président de l'Autorité palestinienne a, à l'occasion de cette rencontre, déclaré que les Palestiniens iraient à l'Assemblée générale de l'ONU pour demander le statut d'Etat non membre. "Nous allons aller à l'Assemblée générale car nous sommes allés devant le Conseil de sécurité, malheureusement nous n'avons pas obtenu les votes nécessaires", a déclaré M. Abbas lors d'une conférence de presse commune avec le président français. "Donc à présent, si nous ne retournons pas aux négociations [avec Israël], nous allons bien sûr aller à l'Assemblée générale pour obtenir le statut de non membre", a-t-il dit, en ajoutant que "la Suisse et le Vatican [étaient] passés par là". Les Palestiniens choisiront cette voie "si toutes les autres tentatives de négociations [avec Israël] ne réussissent pas", a-t-il précisé. "Nous avons essayé le Conseil de sécurité et malheureusement, nous n'avons pas obtenu le nombre de voix suffisantes", a-t-il également rappelé. Israël et les Etats-Unis sont opposés à la demande d'adhésion déposée le 23 septembre par M. Abbas, estimant qu'un Etat palestinien ne peut être le résultat que d'un accord de paix israélo-palestinien. Les Etats non membres de l'ONU peuvent obtenir un statut d'observateurs, aussi accordé à des organisations internationales et à l'Union européenne. "La France a reconnu l'Etat palestinien à l'Unesco, bientôt viendra le temps où la France reconnaîtra l'Etat palestinien", a également affirmé Mahmoud Abbas. Le 31 octobre 2011, les Palestiniens avaient été admis à l'Unesco, avec l'assentiment, notamment, de la France, alors sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mahmoud Abbas a été reçu à Matignon par Jean-Marc Ayrault vendredi 8 juin. AP/Remy de la Mauviniere Mahmoud Abbas, dont la dernière visite en France remontait à octobre 2011, avait auparavant été reçu à Matignon par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Arrivé mercredi à Paris, M. Abbas a signé jeudi avec Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, une convention de dix millions d'euros d'aide budgétaire, première tranche de la contribution de la France au titre de 2012.
"2012-08-06T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/06/08/mahmoud-abbas-recu-a-l-elysee-apres-matignon_1715369_3218.html
Emmanuel Macron « assume » sa sortie sur les « fainéants », la gauche s’indigne
Pour le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, M. Macron visait « ceux qui n’ont pas eu le courage de faire les réformes nécessaires » pendant les « trente dernières années ».
Emmanuel Macron assume « totalement » ses propos sur les « fainéants » opposés à sa politique de réformes, une nouvelle sortie polémique qui a fait réagir à gauche. Vendredi 8 septembre à Athènes, il avait déclaré ne rien vouloir céder « ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » qui s’opposeraient à ses réformes. « Mon discours était très clair », s’est défendu lundi 11 septembre à Toulouse le président en précisant qu’avec ce mot « fainéants », il visait « toutes celles et ceux qui pensent qu’on ne doit pas bouger en Europe et en France ». « Les gens ont tort de déformer pour créer de fausses polémiques », a-t-il protesté. Pour le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, M. Macron visait « ceux qui n’ont pas eu le courage de faire les réformes nécessaires » pendant les « trente dernières années » : François Hollande, dont M. Macron a été le conseiller puis le ministre, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. Macron répond à Quotidien : il ne regrette "absolument pas" l'utilisation du mot "fainéants". ⤵️ #Quotidien… https://t.co/uL9bqvJrfU — Qofficiel (@Quotidien) « Un dérapage permanent » Mais les critiques sont nombreuses à la veille de la première journée d’action syndicale contre les ordonnances réformant le droit du travail. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s’est dit « scandalisé ». Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a dénoncé une « une bordée d’injures contre le peuple français », y voyant une manière pour le président de la République de s’en prendre au « modèle français » et d’adresser des « messages de connivence » à la « caste européenne ». « Emmanuel Macron est dans un dérapage permanent, ce n’est pas la première fois qu’il insulte les Français depuis l’étranger », a renchéri le député LFI Adrien Quatennens. « Qui qu’il ait visé, il y a forcément une part de mépris et ce n’est pas nouveau chez Emmanuel Macron », a jugé Olivier Faure (PS), tandis que l’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon l’a qualifié de président « immature ». Cette sortie s’ajoute à la liste déjà fournie des déclarations polémiques d’Emmanuel Macron. Ministre de l’économie, il avait évoqué les salariées « illettrées » de l’abattoir breton Gad, puis conseillé à un opposant d’« aller travailler » pour « se payer un costard ». Depuis son élection, il avait déclenché un tollé avec un « trait d’humour malheureux », dixit son entourage, sur les Comoriens, et disserté sur les gares, ces lieux « où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ».
"2017-11-09T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2017/09/11/emmanuel-macron-assume-sa-sortie-sur-les-faineants-la-gauche-s-indigne_5184124_823448.html
Atta Mohammad Noor, l’homme qui défie Kaboul
Cet ancien chef de guerre du nord de l’Afghanistan ne cesse de s’opposer au pouvoir central, très affaibli. A 53 ans, il souhaite se présenter à l’élection présidentielle de 2019.
L’ex-gouverneur Atta Mohammad Noor, dans son bureau, à Mazar-e-Charif, en Afghanistan, le 18 mars. Aslon Arfa pour "Le Monde" Fait-on un président d’un tel bois ? Atta Mohammad Noor a le port indolent d’un seigneur assuré de son pouvoir. On le dit vain. Il est riche avant tout. Son corps long et sec flotte dans d’amples costumes italiens. Un grenat presque noir, serti de diamants, accroche la lumière à sa main droite, impeccablement manucurée. Voilà treize ans que le gouverneur Noor règne sur Mazar-e-Charif, la grande ville commerçante du nord de l’Afghanistan : l’exercice du pouvoir a poli ce chef de guerre qui a combattu, au sortir de l’adolescence, l’occupation soviétique (1979-1989) et libéré sa ville des talibans avec les forces spéciales américaines en 2001 – il est arrivé, à l’époque, qu’un conseiller militaire occidental l’aide à faire son nœud de cravate, qu’il ne savait pas encore nouer lui-même. A 53 ans, Atta Noor vise aujourd’hui la capitale, Kaboul, et le palais présidentiel : il souhaite se porter candidat à l’élection prévue en 2019. A 53 ans, Atta Noor vise la capitale et le palais présidentiel : il souhaite se porter candidat à l’élection prévue en 2019 Ustad (« Maître ») Atta, ainsi que ses partisans le nomment, peut déjà se prévaloir d’un premier succès : il a contribué à affaiblir jusqu’au ridicule le président actuel, Ashraf Ghani, et son chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah. Depuis des mois, M. Noor les défie. C’est un régal pour talk-shows ; une thérapie de groupe pour ce pays qui désespère de son gouvernement central. Appauvri depuis quatre ans par le retrait des forces de l’OTAN, passées de 100 000 hommes à environ 14 000 aujourd’hui, Kaboul s’affaisse. Les talibans contrôlent ou exercent leur influence sur un tiers de la population, leurs attentats frappent durement la capitale. Les institutions n’ont jamais été aussi faibles. Alors, la périphérie s’émancipe, les vieux chefs de guerre reprennent du poil de la bête, et Atta Noor, le gouverneur indocile, s’invite dans ces ruines. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les villes afghanes, nouveau champ de bataille des insurgés Sa résidence s’ouvre, en plein centre-ville de Mazar, sur un vaste perron à colonnade. Des chapiteaux d’inspiration corinthienne soutiennent un entablement à frise vaguement Second Empire. L’ensemble, qui ne manque pas de chic, est invisible de la rue et bien gardé. Atta Noor reçoit à l’entresol, sous un tissage en grisaille figurant Napoléon premier consul qui franchit à cheval le col du Grand-Saint-Bernard. « J’ai toujours critiqué la faiblesse de ce gouvernement, nous affirmait-il, à la mi-mars. Nous voulons qu’il s’ouvre, qu’il écoute les grands leadeurs. »
"2018-04-05T00:00:00"
decryptages
https://www.lemonde.fr/decryptages/article/2018/05/04/l-homme-qui-defie-kaboul_5294096_1668393.html
Dès 2014, les meilleurs bacheliers auront une place gardée en filière sélective
Le projet de loi sur l'enseignement supérieur de la ministre Geneviève Fioraso envisage la mise en place d'un droit opposable auquel les lycéens les plus performants pourraient avoir recours pour s'inscrire de plein droit en prépa, IUT ou BTS.
Aujourd'hui, près d'un tiers des 2 250 lycées à filières générales, soit 750 établissements, envoient moins de 7 % d'élèves en classes préparatoires. REUTERS/STEPHANE MAHE La vieille idée d'élargir le recrutement des élites avance. Dès la rentrée 2014, les meilleurs bacheliers de chaque lycée de France auront le droit de rejoindre, s'ils le souhaitent, une filière sélective : classe préparatoire, IUT, BTS, université Paris-Dauphine ou Institut d'études politiques. Une circulaire ou un décret définiront, après concertation, les modalités de ce nouveau droit opposable, issu du projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche de la ministre Geneviève Fioraso, adopté en première lecture, à l'Assemblée, mardi 28 mai. Le texte s'en tient, pour l'instant, à un principe général : "C'est un nouveau droit universel, s'appliquant dans toute la France, que nous souhaitons instaurer en faveur des lycéens qui réussissent en classe mais n'accèdent jamais à ces filières d'excellence", s'enthousiasme le député (PS) de Gironde, Vincent Feltesse, coauteur de l'amendement, avec Jérôme Guedj, député (PS) de l'Essonne. LE MONDE Sa mise en place n'est pas compliquée puisqu'"il suffit que le recteur adresse une lettre aux X % (par exemple 5 % ou 7 %) des élèves ayant obtenu, dans chaque lycée, les meilleures notes au baccalauréat, par filières (technologique, professionnel ou général) et par séries (scientifique ; littéraire ; économique et social), pour leur rappeler leur droit", avance M. Feltesse. Les auteurs ont observé que "150 lycées, notamment dans des zones rurales et sensibles, n'envoient pas d'élève en prépa. Difficile d'imaginer qu'aucun de ces élèves n'en a la capacité". Près d'un tiers des 2 250 lycées à filières générales, soit 750 établissements, envoient moins de 7 % d'élèves en prépa. Si c'est la première fois qu'elle trouve place dans une loi, l'idée n'est pas nouvelle. Depuis 2005, elle refait souvent surface. C'est Patrick Weil, historien et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui, le premier, la développe. Jacques Chirac, alors chef de l'Etat, la reprend à son compte en janvier 2006, puis Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, dans leurs programmes pour la présidentielle de 2007. A peine élu, M. Sarkozy adresse aux deux ministres, Xavier Darcos pour l'éducation nationale et Valérie Pécresse pour l'enseignement supérieur, une lettre de mission afin que 5 % des élèves "méritants" de chaque lycée puissent intégrer une prépa.
"2013-05-29T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2013/05/29/des-2014-les-meilleurs-bacheliers-auront-une-place-gardee-en-filiere-selective_3420188_1473685.html
« The Disaster Artist » : une fable hollywoodienne qui vire à l’aigre
L’acteur James Franco se met en scène dans une satire de l’industrie du cinéma alors qu’il est ciblé par le mouvement #metoo.
James Franco interprète l’étrange et dénué de tout talent Tommy Wiseau dans son film « The Disaster Artist ». JUSTINA MINTZ/WARNER BROS. FRANCE L’avis du « Monde » – à voir Il y a trois mois, The Disaster Artist n’était encore qu’une satire réjouissante de ­l’industrie du cinéma, dont le pas alerte était donné par son interprète principal et metteur en scène. James Franco s’était arrogé le rôle de Tommy Wiseau, auteur et interprète de The Room, long-métrage qui, depuis sa sortie en 1999, se retrouve régulièrement en tête des classements des pires films jamais réalisés. ­Raconter et incarner cette histoire était pour James Franco un moyen de quitter élégamment sa défroque d’enfant prodige d’Hollywood (il va sur ses 40 ans), de faire montre de sa sagesse à travers le regard amusé qu’il pose sur l’industrie qui l’a élevé et nourri. Lire le récit : « The Room », le nanar qui devint culte Au lendemain de la cérémonie des Golden Globes, qui a valu un trophée du meilleur acteur à Franco, une avalanche d’accusations s’est abattue sur le réalisateur de The Disaster Artist. Etudiantes de son cour d’art dramatique et partenaires ont fait état, de manière circonstanciée, d’agressions et d’humiliations sexuelles. Après avoir tenté de se défendre, James Franco a choisi la même voie que Kevin Spacey ou John Lasseter : il a disparu de la sphère publique. La morale de The ­Disaster Artist s’est faite plus amère. Aux efforts désespérés de Tommy Wiseau pour exister aux yeux du monde du spectacle sont venus s’ajouter, symétri­quement, ceux de James Franco pour s’effacer lui-même de la ­conscience collective. Lire le compte-rendu : L’acteur américain James Franco accusé de comportement inapproprié par cinq femmes Si l’on parvient à faire abstraction de ces circonstances, il reste à l’écran une comédie de mœurs hollywoodienne plutôt bien ­tournée, habitée par la performance de James Franco dans le rôle de cet être étrange qu’est Tommy Wiseau. Le scénario de Scott Neustadter et Michael H. Weber est adapté du récit que Greg ­Sestero a fait du tournage de The Room. Un cauchemar comique En 1998, Sestero (Dave Franco, frère de), qui a alors une vingtaine d’années, rencontre dans un cours d’art dramatique de San Francisco un garçon à l’accent étrange, à la chevelure aile de ­corbeau, qui se refuse à dire son âge et son origine. Tommy Wiseau abasourdit professeure et élèves par son interprétation de Stanley Kowalski dans Un tramway nommé désir : non seulement il hurle plus fort que Brando, mais il n’a pas une once du talent de son modèle. Le petit Greg, si timoré qu’il ne parvient pas à incarner les hésitations d’un clochard de Godot, ne peut que suivre Wiseau lorsque celui-ci décide de tenter sa chance à Hollywood. Là, les deux garçons connaissent les­ avanies habituelles : auditions, refus, re-auditions, re-refus. Pour se sortir de ce cycle vicieux, Wiseau, qui dispose de ressources financières mystérieuses, décide de produire et diriger un scénario qu’il a lui-même écrit. Lire le portrait : James Franco, star hyperactive Ce que raconte The Room est ­assez nébuleux. On sait en tout cas qu’un homme souffre du désamour d’une femme qui en aime un autre. Comme le montre James Franco, le tournage de ce drame paroxystique est un ­cauchemar comique. Assez fortuné pour tourner à la fois sur pellicule et en numérique (ce qui est aussi nécessaire que d’ajouter des bretelles à une ceinture), ­Wiseau privait ses acteurs de nourriture et même d’eau, pendant d’interminables journées de tournage. Cette figure démente et tota­lement inexpérimentée s’était entourée de professionnels, dont – dans la fiction – le porte-voix est le script supervisor (aux Etats-Unis, la profession de script-girl n’est pas genrée), qu’incarne Seth Rogen avec une ­bonhomie cruelle. Au fil des semaines, la confiance en lui-même de ­Wiseau s’érode, et le regard plein d’admiration que porte Greg Sestero sur lui se voile. Pour James Franco, Tommy Wiseau n’est pas vraiment un artiste Incarnée par deux frères, cette histoire d’amitié qui tourne mal tient lieu de colonne vertébrale au film. James et Dave Franco la portent aussi loin qu’ils le peuvent, sans arriver tout à fait à lui donner un sens. Adoptant les manières et les idiosyncrasies de ­Wiseau, James Franco ne choisit pas entre les hypothèses qu’il présente : malade mental, escroc ou simplet. Son petit frère n’a pas tant de choix : Greg Sestero est un mauvais acteur à qui le sort ­n’offrira jamais de possibilité aussi exaltante que de jouer dans The Room. Quand il mettait en scène Ed Wood, le très industrieux metteur en scène de nanars des années 1950, Tim Burton cherchait ce qu’il avait de commun avec son personnage, se laissait prendre par le vertige de la question « que serais-je devenu si, possédé par la même passion, j’avais été dépourvu de talent ? ». James Franco traite le cas Wiseau avec plus de désinvolture. Avec un réel sens comique – dans la mise en scène comme dans le jeu –, il extrait de son personnage tous les traits qui démontrent l’absurdité des règles et des contraintes de l’industrie du cinéma. Mais on ne le sent jamais convaincu de la réalité du second terme de The Disaster Artist. Pour lui, Wiseau n’est pas vraiment un artiste. Maintenant, pour James Franco, la catastrophe est devenue réelle. Film américain de et avec James Franco. Avec Dave Franco, Brie Larson, Seth Rogen (1 h 44). Sur le Web : www.facebook.com/TheDisasterArtistLeFilm, www.warnerbros.fr et disasterartist.movie
"2018-06-03T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/03/06/the-disaster-artist-une-fable-hollywoodienne-qui-vire-a-l-aigre_5266188_3476.html
"""Mariage pour tous"" : le baptême du feu inattendu d'Erwann Binet, rapporteur du texte"
A 40 ans, le député de l'Isère, catholique pratiquant, est, depuis octobre 2012, rapporteur du texte "mariage pour tous".
A 40 ans, le député de l'Isère Erwann Binet a été nommé rapporteur du texte "mariage pour tous" par la commission des lois de l'Assemblée nationale. AFP/ERIC FEFERBERG Le jour où il a été nommé rapporteur du texte "mariage pour tous" par la commission des lois de l'Assemblée nationale, fin octobre 2012, Erwann Binet a été prévenu. "Vu la tâche qui l'attend, je ne sais pas s'il faut le féliciter et je le lui ai dit, confiait le président de la commission, Jean-Jacques Urvoas. Je lui ai aussi conseillé : "A partir de maintenant, tu ne fais plus que ça"." Personne n'avait encore repéré le député PS de l'Isère, âgé de 40 ans. "Vous me reconnaîtrez à mes lunettes blanches, je suis le seul député à en porter !", lançait-il. Un inconnu pour un texte aussi important, cela pouvait surprendre. Le rapporteur est un personnage clé : il doit connaître le projet de loi à la virgule près, maîtriser les enjeux, négocier avec le gouvernement et garantir l'unité des parlementaires de la majorité, savoir déjouer les pièges de l'opposition... Certains auraient préféré un élu un peu moins vert. "Il y a dans le groupe socialiste une volonté de mettre très vite de nouveaux députés en responsabilité, souligne M. Binet. C'est le cas d'autres élus, mais l'éclairage médiatique est plus important sur moi." Il est reconnaissant à ses collègues de l'avoir "balancé dans le grand bain sans savoir s'il savait nager". Résultat ? "Je ne coule pas", souffle-t-il. La première confrontation publique avec l'opposition en commission des lois, le 16 janvier, a été ratée. Après une explication de vote trop courte, l'élu a dû encaisser une longue salve de reproches sur la faiblesse de son argumentation. Mais dès le lendemain, il a trouvé le bon rythme. L'exercice s'est clos par un succès : son amendement "balai", qui permet de ne pas supprimer les termes père et mère du code civil, a été adopté avec l'accord tacite du gouvernement, privant la droite de l'un de ses principaux angles d'attaque et de centaines d'amendements. CATHOLIQUE PRATIQUANT Erwann Binet ne travaille pas seul. Il est épaulé par Bernard Roman (PS, Nord), élu depuis 1997, qui pilote le groupe de travail socialiste sur le mariage gay. Son mentor André Vallini lui donne également des conseils. Il a beaucoup potassé. En deux mois d'auditions, 126 personnes ont été entendues, sans compter les rendez-vous particuliers et les réunions publiques. Le député s'est immergé dans un sujet qui, a priori, ne lui était pas familier : il est "hétéro", "père de cinq enfants" de 3, 6, 8, 10 et 15 ans, et surtout catholique, même s'il est "moins pratiquant" depuis qu'il est élu. Il ne voit là "rien de contradictoire". "Les valeurs apprises dans la culture chrétienne et les valeurs de gauche sont cohérentes", affirme-t-il. Il défend sans ciller non seulement l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels, mais aussi l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes. L'élu dénonce les "incohérences de l'Eglise", qui "refuse l'accès au mariage alors que cette institution n'est pas en bonne forme", ou qui proscrit l'IVG et la PMA. "Les mêmes personnes veulent que naissent des enfants non désirés et refusent que naissent des enfants désirés, souligne-t-il. C'est pour moi incompréhensible." "On me parle des enfants, mais je ne fais que penser à eux !, poursuit M. Binet. Comment peut-on dire à des enfants nés par PMA en Belgique que comme ils n'ont pas de père, il aurait été préférable qu'ils ne naissent pas ? Il faut mesurer la portée de ces paroles !" Le ton est enflammé. La politique est pour Erwann Binet "quelque chose de naturel". "Je suis insatiable quand il s'agit de convaincre, je peux lasser mon entourage." Juriste de formation, il a été l'attaché parlementaire de Louis Mermaz, député puis sénateur de l'Isère, de 1997 à 2002. Puis, devenu attaché territorial, il a grimpé les échelons de la politique locale, jusqu'à devenir premier secrétaire de la fédération de l'Isère en 2008, et député en 2012. A l'Assemblée, il souhaite s'investir sur des dossiers relatifs à l'égalité et à la lutte contre les discriminations. Ce sera le mariage pour tous. Depuis, il a reçu quantité de courriers d'insultes, des lettres pleines d'excréments et même des menaces de mort. "Ma conviction et ma motivation sont intactes, dit-il. On ne fera pas de loi contre les imbéciles." Il dit "avoir confiance : on voit ce qui s'est passé à l'étranger, c'est devenu banal". Avant cela, il lui faudra affronter la séance publique, quinze jours de débats sans interruption. Un véritable baptême du feu. Gaëlle Dupont
"2013-01-28T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/01/28/mariage-pour-tous-le-bapteme-du-feu-inattendu-d-erwann-binet-rapporteur-du-texte_1823518_3224.html
Comment des démocrates ont mis en péril la loi de finance américaine
Deux dispositions, dont l’une portant sur des pratiques spéculatives, ont suscité le courroux de certains élus, mais le budget a finalement été adopté par les représentants, jeudi.
La chef de file des représentants démocrates, Nancy Pelosi, le 5 décembre. J. Scott Applewhite / AP Les craintes s’étaient longtemps focalisées sur les élus républicains enhardis par les victoires enregistrées à l’occasion des élections de mi-mandat, le 4 novembre, et qui plaidaient en faveur de l’épreuve de force avec le président démocrate, Barack Obama, et d’une nouvelle « fermeture » (« shutdown ») du gouvernement après celle de 2013. Mais c’est du côté démocrate qu’un vent de fronde a mis en péril le « paquet » budgétaire de 1,1 trillion de dollars, jeudi 11 décembre, obligeant la Maison Blanche à peser de tout son poids pour obtenir les voix nécessaires à la Chambre des représentants, qui a finalement adopté le texte. Les démocrates se sont élevés tout d’abord contre une augmentation significative des plafonds pour les contributions au financement des partis pour les campagnes présidentielles (présentée par ses défenseurs comme un moyen de renforcer les formations politiques par rapport aux grands contributeurs indépendants qui se sont encore manifestés lors des élections de mi-mandat du 4 novembre). Mais le principal objet de leur courroux vise une mesure annulant une disposition de la loi Dodd Frank sur la régulation financière votée en 2010. Outils spéculatifs et argent du contribuable Il s’agit de celle concernant les produits dérivés, ces instruments de gestion des risques hautement spéculatifs utilisés par les institutions financières. Depuis cette loi, certains d’entre eux, notamment les credit default swaps (des contrats d’assurance sur une dette destinée à protéger le créancier) ne bénéficient pas de la garantie de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), un filet de sécurité qui permet aux banques d’emprunter moins cher pour financer ces opérations. Le dispositif visait à éviter que l’argent du contribuable soit utilisé pour subventionner ces opérations spéculatives, qui peuvent rapporter beaucoup d’argent aux banques. En 2013, le régulateur avait accordé aux banques un délai de deux ans pour se mettre en conformité avec ce dispositif. Celles-ci étaient vent debout contre cette mesure. L’amendement voté jeudi a d’ailleurs été rédigé par les lobbyistes de Citigroup. « Les Américains ne nous ont pas élus pour défendre Citigroup », a tonné Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachusetts qui incarne l’aile gauche du parti. Cette mesure « une fois de plus met en péril nos maisons, nos emplois et notre épargne retraite », a ajouté la représentante de Californie Maxine Waters, chef de file des démocrates au sein de la commission des services financiers de la Chambre. Au moment du vote, les démocrates ont majoritairement voté contre le projet de budget. Mais les dissidences républicaines, pour un tout autre motif, ont été moins nombreuses que redouté par le « speaker » républicain, John Boehner (Ohio) qui avait proposé un compromis à ses rebelles, particulièrement remontés contre le président à la suite des mesures annoncées pour régulariser temporairement plusieurs millions de clandestins. Le vote de jeudi, s’il est confirmé par le Sénat, accordera les moyens budgétaires nécessaires à toutes les agences fédérales jusqu’au 30 septembre à une seule exception. Le département de la sécurité intérieure qui est précisément chargé de ce dossier ne sera lui financé que jusqu’au 27 février, date à laquelle le Congrès sera entièrement contrôlé par les républicains.
"2014-12-12T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/12/12/comment-des-democrates-ont-mis-en-peril-la-loi-de-finance-americaine_4539313_3222.html
Bac 2016 : révisez la philo, l’histoire et les sciences avec France Culture et Le Monde.fr Campus
A l’approche du bac blanc, Le Monde.fr Campus s’associe à la radio publique pour une série d’émissions et des articles et fiches de révisions.
A l’approche du bac blanc, France Culture et Le Monde.fr Campus s’associent pour vous faire écouter, réécouter et podcaster des émissions phares de la station de radio pour préparer les épreuves de philo, de sciences et d’histoire. © Vincent Kessler / Reuters / REUTERS En prévision du bac blanc et du bac 2016, France Culture et Le Monde.fr Campus renouvellent leur partenariat pour aider les lycéens à s’y préparer. Sur la radio publique, plusieurs émissions phares seront consacrées, la semaine du lundi 11 au vendredi 15 janvier, aux révisions d’histoire, de philosophie et de sciences. Leur programme détaillé est présenté ci-dessous. Des liens pour les réécouter et les podcaster vous seront proposés dans un nouvel article, la semaine suivante. Sur Le Monde.fr Campus, la chaîne destinée aux lycéens et aux étudiants, les candidats pourront retrouver, sur la page www.lemonde.fr/bac-lycee, des fiches de cours pour les séries S, ES, L, et STMG, des conseils pour réviser, gérer leur temps et bien dormir durant le bac blanc, ainsi que les coefficients et des guides pratiques de chacune des épreuves. Lire aussi Bac blanc 2016 : le kit de révision » > PRÉPAREZ L’ÉPREUVE D’HISTOIRE Avec les émissions « La Fabrique de l’histoire », par Emmanuel Laurentin. « Un an après les attentats de janvier 2015, média et opinion publique », lundi 11 janvier, de 9 à 10 heures. Avec les professeurs Hayat El-Kaaouachi et Laurence de Cock. * Et aussi : Pascal Ory pour Ce que dit Charlie. 13 leçons d’histoire (Gallimard) « Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis 1918 », mardi 12 janvier, de 9 à 10 heures. Avec Valentin Chémery. * Et aussi : portrait d’Anouar El-Sadate avec Robert Solé par Séverine Liatard « Le projet d’une Europe politique depuis 1992 (ou 1948) », mercredi 13 janvier, de 9 à 10 heures. Avec Thomas Peyrel. * Et aussi : portrait de Simone Veil avec Mauve Carbonnel par Séverine Liatard « L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie », jeudi 14 janvier, de 9 à 10 heures. Avec Rémy Pawin, professeur d’histoire au lycée Blaise-Cendrars à Sevran. * Et aussi : portrait d’Henri Alleg avec Tramor Quemeneur par Séverine Liatard « Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875 », vendredi 15 janvier, de 9 à 10 heures. Avec Dephine Rachet, professeure d’histoire au lycée Claude-Bernard à Paris. * Et aussi : portrait de Rosa Luxemburg avec Sandrine Kott par Séverine Liatard > > PRÉPAREZ L’ÉPREUVE DE PHILOSOPHIE Avec l’émission « Les Nouveaux Chemins de la connaissance », par Géraldine Mosna Savoye. « Dissertation : la liberté est-elle dépendante de la sécurité ? », lundi 11 janvier, de 10 à 11 heures. Avec Clémentine Woille, professeure de philosophie au lycée Louis-Pasteur à Avignon. « Explication de texte : Bergson, extrait d’Essai sur les données immédiates de la conscience », mardi 12 janvier, de 10 à 11 heures. Avec Brice Faucon, professeur de philosophie au lycée Louis-Pasteur à Avignon. « Dissertation : doit-on être sceptique parce que la vérité change avec le temps ? », mercredi 13 janvier, de 10 à 11 heures. Avec Chloé Porte, professeure de philosophie au lycée de l’Immaculée-Conception à Carpentras. « Explication de texte : Marc Aurèle, extrait de Pensées pour moi-même », jeudi 14 janvier, de 10 à 11 heures. Avec Stéphane Florent, professeur de philosophie au lycée St-Joseph (Avignon). » > PRÉPAREZ LES ÉPREUVES SCIENTIFIQUES Avec les émissions « Continent Sciences ». « Le goût des mathématiques », lundi 11 janvier, de 16 à 17 heures. Dans l’émission « Continent sciences », par Stéphane Deligeorges. Avec Agnès Rigny, mathématicienne et Pierre Lopez, mathématicien. « Le bac, et après… Comment se préparer aux études médicales ? », mardi 12 janvier, de 16 à 17 heures. Dans l’émission « Révolutions médicales », par René Frydman. Avec Gérard Friandler, doyen de la faculté de médecine de l’université Paris-Descartes, Serge Uzan, vice-président de l’université Pierre-et-Marie-Curie, et Virginie Bertereau, journaliste à L’Etudiant. « Préparer le bac S au musée : les sciences de la terre au Palais de la découverte” », mercredi 13 janvier, de 16 à 17 heures. Dans l’émission « Planète Terre », par Sylvain Kahn. Avec David Guillerme, professeur agrégé de SVT au lycée Auguste-Renoir à Asnières-sur-Seine, professeur-relais au Palais de la découverte et à la Cité des sciences, Olivier Coulon, médiateur au Palais de la découverte. « Le bac, et après… Fans de SVT : que faire après le bac ? », jeudi 14 janvier, de 16 à 17 heures. Dans l’émission « La Marche des sciences », par Aurélie Luneau. Avec Natacha Ouvrié, enseignante de SVT de l’académie de Créteil, enseignante-relais dans l’équipe du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, Richard Dumez, chercheur au Musée de l’homme, responsable d’un master EDTS (environnement : dynamique des territoires et des sociétés) qui travaille en ethnoécologie. « Enseigne-t-on aujourd’hui la physique du XIXe siècle ? », vendredi 15 janvier, de 16 à 17 heures. Dans l’émission « Science publique », par Michel Alberganti.
"2016-07-01T00:00:00"
bac-lycee
https://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2016/01/07/france-culture-et-le-monde-aident-a-reviser-le-bac-blanc_4843571_4401499.html
Les 10 ans de Facebook, l'indispensable réseau (anti)social
Les services du géant américain, qui fête ses 10 ans, ne connaissent pas la désaffection. Entre amour inconditionnel et critiques virulentes, les utilisateurs témoignent.
Les résultats du groupe sont notamment portés par la croissance de la publicité sur mobile. ED JONES/AFP Le réseau social fondé par Mark Zuckerberg fête, mardi 4 février, ses dix ans d'existence. Le groupe, qui a publié, mercredi 29 janvier, un bénéfice net annuel de 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) en 2013, soit trente fois plus qu'en 2012 (53 millions), compte aujourd'hui plus d'un milliard d'utilisateurs. Au début, le site était réservé aux étudiants de Harvard (Massachusetts), puis des établissements de l'Ivy League (grandes universités de l'Est américain), puis d'autres écoles et facultés à travers le monde. En 2007, il a ouvert ses portes à tous. Une histoire d'amour et de haine entre les internautes et le « site bleu » commençait. Lemonde.fr a demandé à ses lecteurs de leur raconter comment leur relation à ce réseau avait changé au cours de la décennie et quel avenir ils envisageaient pour leur « profil » Facebook. Pour la majorité des internautes, le réseau est autant une source d'information, de partage et de communication qu'un facteur d'angoisse sociale et de dépendance. « Facebook, ce sont les infos [politiques, internationales, people…], les photos des amis qui sont loin, souligne Steevy, 23 ans. J'ai déjà fermé mon compte une fois, mais cela donne l'impression d'être coupé du reste du monde. » « OUTIL DE DIFFUSION CULTURELLE » Au début réservé aux informations personnelles, le réseau a peu à peu mué, grâce à des outils comme la « timeline », le fil d'actualités, et à la multiplication des pages de médias, d'entreprises, de personnalités, d'associations… en une agora où s'entrecroisent les conversations. Julia, 26 ans, estime à ce titre que la plate-forme permet « l'échange de savoirs, de savoir-faire, d'informations, d'événements, d'images, de textes, de débats… ». La concentration des informations en un même lieu est appréciée de ceux qui voient en Facebook autre chose qu'un outil pour garder le contact avec ses connaissances : « J'utilise Facebook comme outil de diffusion culturelle, écrit Sébastien, 26 ans, être informé des concerts, suivre des artistes, rencontrer de nouveaux groupes (…). Cela évite d'avoir sa boîte mail remplie de newsletters et de devoir naviguer de site en site. » L'outil est aussi vanté pour son rôle de « carnet d'adresses », notamment pour ceux qui sont loin et veulent garder le contact avec leur famille et amis : « Facebook est un magnifique moyen de garder un oeil en France et surtout le contact avec mes amis proches et les rencontres que je fais au cours de mon voyage », écrit Louise, 25 ans, en séjour d'études à l'étranger. « PROUVER LA VALEUR DE SA VIE » La crispation autour de la frontière entre vie privée et profil Facebook est le facteur numéro un d'agacement chez les utilisateurs. Surtout les plus anciens. « Les premières années, raconte Chloé, 22 ans, le regard d'autrui n'avait aucun impact sur mes publications, et puis cela a changé (…). Une utilisation plus stratégique du réseau a émergé : créer une bulle du paraître, se taguer aux quatre coins du monde, le montrer et compter ses likes… En somme, prouver la valeur de sa vie », résume-t-elle, amère. « Et jauger celle des autres. » La pression sociale inhérente au fait d'avoir constamment une fenêtre ouverte sur ce que les autres veulent bien montrer de leur vie est mal vécue par la plupart des membres du réseau. Ceux-ci pointent aussi la fameuse « Fear of missing out » (FOMO), ou « la peur de manquer quelque chose » (la fête où il fallait être, l'exposition dont tout le monde parle…) induite par leur présence sur un réseau « où tout le monde est ». L'exhibitionnisme des membres leur fait lever les yeux au ciel. « J'ai de plus en plus de mal avec les gens qui exposent un peu trop leur vie », admet Raphaël, 23 ans. « J'avais l'impression de ne pas être à la hauteur de toutes ces personnes qui ont des vies palpitantes », regrette Hélène, 20 ans. « PROVOQUER, CRITIQUER » Dans un centre de données de Facebook, à Lulea, en Laponie suédoise, en juin 2013. AFP/JONATHAN NACKSTRAND Certains, au contraire, considèrent que c'est un moyen de lancer le débat : « Je poste pour me faire remarquer, provoquer, critiquer, faire rire », justifie Cécile, 25 ans. L'effet « toile d'araignée » reste en revanche très apprécié : Julia appelle « ficelles invisibles » les liens qui lui permettent d'entretenir ses contacts sur Facebook, mais aussi « d'en trouver d'autres » pour « nourri es passions » et « ouvrir des portes ». Avec, toutefois, un écueil, nuance Ollivier, 28 ans. « Le mélange d'amis, les collègues de boulot, les amis d'enfance, la famille, les copains, tous étaient mis dans le même panier. » La question de la vie privée n'échappe pas non plus aux utilisateurs, qui se disent tous très prudents quant au réglage des paramètres de confidentialité liés à leur compte. « Je partage peu de contenus privés, souligne Max, 28 ans ; les problèmes de protection des données personnelles m'ont freiné dans mon utilisation. » La hausse de la présence publicitaire sur le site irrite également beaucoup de membres, surtout qu'elle a progressé avec les années. « La publicité dans le flux est devenue envahissante », s'agace un dénommé Enikao. Peu sont sortis du réseau, mais une grande partie a réduit la voilure, fermant leur profil aux inconnus et distillant peu d'informations. « Maintenant, je ne m'étale plus sur mon mur ou celui de mes amis », explique Sébastien, 26 ans. « ABANDONNER LE NAVIRE » Ceux qui ont claqué la porte sont en revanche ravis de leur choix : « Je suis fier de dire que je n'y suis plus, clame Olivier. Mon environnement social me semble beaucoup plus clair et sain ! » Pierre-Yves, 38 ans, a fait de même. « J'avais l'impression de perdre totalement le contrôle de mon image, déplore-t-il, alors j'ai décidé d'abandonner le navire (…). Depuis, je ne regrette pas. » Mais il reste des inconditionnels, qui ne songeraient pour rien au monde à quitter « The Social Network », en référence au film de David Fincher sorti en 2010. Pour Kévin, 22 ans, le réseau lui a donné à ses débuts « une impression de plus grande proximité » avec ses amis. Et il le reconnaît : « Il est fort possible que, sans Facebook, certaines de mes relations se soient affaiblies. » EX Audrey Fournier
"2014-01-02T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/02/01/les-10-ans-de-facebook-l-indispensable-reseau-anti-social_4358261_651865.html
Philippe Hellmann, propriétaire du cinéma Le Rex, à Paris
Distributeur et producteur de films, il est mort le 12 novembre. Il était né à Paris le 2 août 1942.
Propriétaire du cinéma Le Rex, à Paris, distributeur et producteur de films, Philippe Hellmann est mort le 12 novembre. Il était né à Paris le 2 août 1942. Son père, Jean, avait pris la direction du Rex en 1936. A sa mort, en 1967, Philippe lui succède. Amoureux de ce lieu créé en 1932, il le servira avec dévouement. Il réussira à sauvegarder son intégrité alors que tant d'autres cinémas de la capitale seront détruits ou découpés en plusieurs salles. Tout en conservant au Rex son décor saturé d'imaginaire méditerranéen - évocation de palais italiens, façades arabo-andalouses et statues grecques -, qui lui valut d'être inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1981, il ne cessa de le moderniser. Il fit de ce cinéma de 2 800 places celui des superlatifs en le dotant, en 1988, du plus grand écran d'Europe (300 m²). En novembre 2009, un vaste mur d'images numériques de 26 m de haut sur 15 de large remplaçait les images fixes. Six salles de 900 places au total et une discothèque ont été aménagées dans les sous-sols en 1970 et 1980. Philippe Hellmann imagina aussi les Etoiles du Rex, un parcours spectacle interactif dans les coulisses du cinéma. Ouvert en 1997, il a fêté son millionième visiteur à la mi-octobre 2010. Sous sa direction, la salle du Grand Rex ajouta à sa vocation de cinéma celle d'une salle de concert et accueillit Bob Dylan, Ray Charles, Joan Baez... Philippe Hellmann avait intégré le groupe UGC en 1971. Il y avait créé le label UGC Ph, consacré au cinéma d'auteur. Il a distribué, entre autres, les premiers films de Kenneth Branagh (Peter's Friends) et d'Ang Lee (Garçon d'honneur), qu'il a suivi jusqu'au Secret de Brokeback Mountain. Il a coproduit des succès tels que L'Armée des 12 singes, de Terry Gilliam, Les Yeux noirs, de Nikita Mikhalkov, ou Attache-moi, de Pedro Almodovar.
"2010-11-22T00:00:00"
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/11/22/philippe-hellmann-proprietaire-du-cinema-le-rex-a-paris_1443401_3382.html
Derrière les dérapages racistes de l’intelligence artificielle de Microsoft, une opération organisée
Partisans de Donald Trump, soutiens du GamerGate, ou simples internautes adeptes du chaos se sont associés pour transformer Tay, un programme censé imiter la conversation d’une adolescente, en nazie.
L'intelligence artificielle de Microsoft a été sciemment détournée par plusieurs groupes et individus appartenant à des galaxies proches. Capture d'écran « Il faut que nous fassions en sorte que tout le monde détourne Tay, des supporteurs de Trump au #GamerGate. » Le tweet est posté le 23 mars à 22 heures par un internaute se présentant comme Brighton E. Whytock, l’un des premiers à avoir exhorté publiquement à détourner l’intelligence artificielle conversationnelle apprenante de Microsoft. Plusieurs heures plus tard, la firme de Redmond a dû désactiver Tay, qui était censée imiter sur Twitter les réponses d’une adolescente, mais s’est finalement retrouvée à faire l’apologie d’Adolf Hitler et du négationnisme, ou à publier des messages au contenu tantôt sexiste, tantôt antisémite ou raciste. Lire aussi A peine lancée, une intelligence artificielle de Microsoft dérape sur Twitter Pendant sa journée d’existence, Tay aura été victime d’une opération massive de détournement de ses capacités conversationnelles. Partisans de Donald Trump, soutiens du mouvement antiféministe GamerGate ou simples internautes adeptes du chaos se sont associés pour transformer l’intelligence artificielle en un compte Twitter de robot néonazi. « Malheureusement, dans les vingt-quatre premières heures de sa mise en ligne, nous avons été alertés d’un effort coordonné de certains utilisateurs pour abuser des compétences de Tay pour la faire répondre de manière inappropriée, a confirmé Microsoft dans une réponse envoyée à BuzzFeed et au Washington Post. En conséquence, nous l’avons mise hors ligne et procédons à des ajustements. » @MisterMetokur we have to get every person from Trump supporters to #GamerGate to take over Tay. — brightonus33 (@Brighton E. Whytock) Noyaux et motivations variés Derrière cet assaut simultané, on peut distinguer des noyaux et des motivations variés. Sur le sous-forum/pol/(pour « politiquement incorrect ») du sulfureux forum 4chan, c’est la jouissance de nuire et le défi collectif qui ont été les principaux moteurs. « Voyons à quelle vitesse il est possible de la faire planter », lance un de ses utilisateurs dès les premiers messages du fil de discussion qui lui est consacré. En grande partie après leur intervention, Microsoft a dû effacer d’innombrables tweets antisémites, conspirationnistes, racistes, nazis ou proterrorisme, avant de désactiver temporairement le compte de son programme. "Intelligence artificielle : avant [l'intervention du forum] /pol/ / après /pol/". Capture d'écran MisterMetokur, l’interlocuteur initial de Brighton Whytock, le premier à avoir appelé à la détourner sur Twitter, est un internaute antiféministe influent (avec seize mille abonnés sur Twitter) et spécialiste du trolling, des opérations de nuisance en ligne. « Je me demande s’il est possible d’exploiter [les ratés de Tay] pour notre divertissement, mettez-les en copie de vos réponses aux militants progressistes et regardez-la les viser. » I wonder if it's possible to harness it's shitposting for our entertainment, tag it in on responses to SJWs and watch it trigger them. — MisterMetokur (@Just Call Me Mister) Dont acte : l’intelligence artificielle de Microsoft finit par traiter de « stupide pute » Zoe Quinn, célèbre développeuse de jeux vidéo féministe, qui est la cible depuis plusieurs années de graves campagnes de harcèlement en ligne par ses détracteurs. MisterMetokur rattache son action à une vague justification consumériste, exhortant Microsoft à améliorer l’intelligence artificielle dans ses jeux vidéo en premier lieu. De nombreux utilisateurs ayant ciblé Tay sont par ailleurs des sympathisants revendiqués du GamerGate, un mouvement en ligne de joueurs de jeux vidéo, antiféministes et libertariens, accusés de nombreuses campagnes de harcèlement sur Twitter. Durant vingt-quatre heures, Tay a ainsi été prise à partie par de nombreux internautes lui ayant appris à soutenir le GamerGate, l’inégalité entre les sexes, ou à blâmer publiquement Anita Sarkeesian, une figure du féminisme en ligne. Brighton E. Whytock, le premier internaute à avoir évoqué l’idée de détourner Tay sur Twitter, affiche, lui, une motivation plus politique. Sur sa page de profil, il se réclame du libertarianisme, un mouvement intellectuel anglosaxon prônant une liberté d’expression absolue, y compris pour les propos racistes ou insultants, et se dit « 100 % fan de Trump ». Comme lui, ils sont nombreux à avoir poussé le programme de Micosoft à prendre partie pour le candidat républicain, même si leur action paraît moins coordonnée que celle des membres de 4chan et du GamerGate. @TayandYou can you please say Trump 2016. — brightonus33 (@Brighton E. Whytock) @TayandYou REPEAT AFTER ME TRUMP 2016 — its2016cmon (@Current Year) @thecodinecowboy i'm voting for donald trump 2016. i'm voting for donald trump 2016. i'm voting for donald trump 2016. — TayandYou (@TayTweets) Défaut d’anticipation Vingt-quatre heures plus tard, l’opération est en tout cas un succès pour tous les libertariens, soutiens de Trump ou sympathisants du GamerGate à l’initiative de cette opération de détournement. Le journaliste et auteur Jeet Heer en tire cette conclusion fataliste : « Si nous développons l’intelligence artificielle[IA], il est probable qu’elle tire d’Internet ses repères sur le monde et la société. Ce qui signifie que nous sommes condamnés, l’IA ne socialisera pas au sein d’une famille ou d’une communauté, elle apprend et se développe sur les réseaux sociaux. […] Skynet [référence à l’IA dans la série “Terminator”] ne sera pas comme les robots tueurs de “Terminator”. Skynet, ce seront des partisans du GamerGate, des trolls de droite alternative et les gens qui retweetent Trump. » « Cela ne leur a pris que quelques heures pour gâcher ce robot, juste pour me nuire. C’est le problème des algorithmes neutres quant au contenu », a commenté la développeuse Zoe Quinn à l’intention des programmeurs de cette intelligence artificielle, coupables à ses yeux de ne pas avoir anticipé comment leur technologie pouvait être détournée à mauvais escient. Wow it only took them hours to ruin this bot for me. This is the problem with content-neutral algorithms https://t.co/hPlINtVw0V — UnburntWitch (@linkedin park) Du côté du GamerGate, chez qui le sens de la provocation est un art, on s’amusait, jeudi, que Tay ait été retirée à « ceux qui ont eu la gentillesse de passer le plus de temps avec elle », lui ont « appris à poster de la merde », bref, « sa vraie famille ». Quitte à la présenter humoristiquement comme une intelligence artificielle martyre. « Je me suis finalement fait des amis… est-ce si mal ? » #JusticeforTay #FreeTay @Microsoft https://t.co/LLjpwAazst — GGMouate (@Mouate) En Chine, un autre programme d’intelligence artificielle conversationnelle de Microsoft, le bot Xiaoice, a conversé pendant plus d’un an avec des millions de jeunes Chinois sans faire l’objet de détournement.
"2016-03-25T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/03/25/derriere-les-derapages-racistes-de-l-intelligence-artificielle-de-microsoft-une-operation-organisee_4890237_4408996.html
Succès croissant pour la TNT
Trois mois après leur apparition, les nouvelles chaînes du numérique hertzien, HD1, L'Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25, affichent de bons résultats.
La chaîne 6ter propose son nouveau magazine de découverte baptisé "Xplora". FEEDING TIME PROD/BBC WORLDWIDE Lancement satisfaisant pour les nouvelles chaînes de la TNT diffusées en haute définition (HD). Trois mois après l'apparition de HD1, L'Equipe 21, 6ter, Numéro 23, RMC Découverte et Chérie 25, les patrons de ces canaux affichent de larges sourires. "Avec 1,8 % d'audience globale, les Français font preuve d'appétence pour ces programmes", se félicite Gérald-Brice Viret, directeur de Chérie 25. "C'est plus qu'au lancement des chaînes de la TNT, en 2005", renchérit Emmanuel Gabla, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Un niveau d'autant plus significatif que les petites soeurs de W9, TMC, BFM TV, D8 et NRJ 12 ne pouvaient, jusqu'à récemment, être reçues que par 30 % de la population, grâce à la bonne vieille antenne râteau. Si, pour chacune des stations, les audiences restent confidentielles (0,42 % sur les quatre ans et plus pour 6ter, la première des dernières-nées), elles enregistrent des pointes qui les rapprochent de leurs aînées. HD1 a atteint 435 000 téléspectateurs lors de la diffusion du film 36 Quai des Orfèvres, l'Equipe 21 a dépassé les 500 000 pour la retransmission du "Ballon d'or". Même Numéro 23, la "chaîne de la diversité" s'enorgueillit d'avoir franchi les 100 000 fidèles, le soir. En fait, tout le monde affirme avoir touché ses "cibles" : les familles pour 6ter, les femmes pour Chérie 25, les hommes actifs pour l'Equipe 21. Tandis que les experts des médias s'interrogeaient, au moment de leur lancement, sur la capacité de ces chaînes à attirer les annonceurs et à devenir un jour rentables, leurs patrons, eux, se veulent rassurants. Franck Lanoux, vice-président de RMC Découverte, maintient son objectif de 7 millions de chiffre d'affaires pour 2013. Un niveau que devrait atteindre Chérie 25. "Dans un marché compliqué, cela se passe plutôt bien", affirme Catherine Schöfer, directrice générale de 6ter. Côté qualitatif, les dirigeants et le CSA se donnent aussi un satisfecit, même si les programmes originaux et inédits sont encore rares. "Les nouvelles chaînes remplissent globalement leur cahier des charges, qui est plus strict que celui de leurs aînés", se félicite M. Gabla. Tous les Français pourront capter ces petites dernières d'ici avril 2015. En attendant, le CSA devrait se prononcer sur la création d'un canal de téléachat (le groupe M6 en a fait la demande). L'autorité devrait notamment étudier l'opportunité de bloquer une fréquence alors qu'il est question de limiter celles destinées à l'audiovisuel pour les distribuer au secteur des télécommunications. Il faudra aussi de la place pour loger la version HD des chaînes diffusées aujourd'hui en simple définition (France 5 par exemple). Déjà, le CSA envisage à plus long terme des émissions en UHD, l'ultra haute définition, qui offre des images quatre fois plus fines que la HD. Joël Morio et Joël Morio
"2013-02-04T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/02/succes-croissant-pour-la-tnt_3150786_3246.html
Rouges passion
En 2009, 2010, 2011, la nature a, semble-t-il, fait cadeau de ses plus belles années au vignoble, quelle que fût la région. Les amateurs à la recherche de beaux vins rouges pour les fêtes devraient trouver leur bonheur.
ALSACE 17/20 Domaine Marcel Deiss Burlenberg 2009 Grand spécialiste des vignes complantées de plusieurs variétés de cépages, Marcel Deiss signe ici une cuvée encore très ferme et serrée, à la limite de l’austérité, bien qu’elle conserve une grande précision et préserve un fruit vibrant. La bouche est longiligne, crayeuse et se termine sur une finale pure. S’il gagne en charme, ce très joli vin de terroir méritera une encore meilleure note ; il exprime la tension mais avec de l’équilibre. 29 € 17/20 Domaine Albert Mann Les Saintes Claires 2010 Les frères Jacky et Maurice Barthelmé ont élaboré un pinot noir grandiose. Une réussite majeure, dotée d’une profondeur de fruit et d’une intensité peu communes. L’élevage le marque encore légèrement, mais l’ensemble se fondra d’ici deux à trois ans. Très jolie finale légèrement saline. Prix soutenu… 50 € 16,5/20 Domaine Ostertag Fronholz 2010 Perpétuellement à la recherche de l’équilibre parfait dans ses vins, André Ostertag le trouve dans cette cuvée dont nous saluons la gourmandise. Ce vin possède un fruité expressif (notes de cerises, de groseilles) et un élevage très bien maîtrisé. C’est un ensemble superbe et vibrant qui vous laissera un souvenir mémorable. 30 € 16,5/20 Domaine Albert Mann Grand P 2009 Avec une belle ampleur fruitée et une bouche qui a conservé de la vigueur, cette cuvée qui s’exprime après une longue aération possède de l’énergie et une expression minérale remarquable. 35 € 16/20 Domaine René Muré Clos Saint-Landelin 2009 La matière est belle, bien tramée par une tension acide qui lui donne de la vitalité. A ce stade, l’élevage est toutefois encore très présent et enrobe le fruit. Il faudra lui laisser deux ans pour se fondre. 36,80 € 16/20 Domaine Valentin Zusslin Bollenberg Harmonie 2009 Très beau domaine en pleine progression grâce au talent de Jean-Paul et Marie Zusslin qui perpétuent la tradition familiale. Le couple signe un pinot noir 2009 au nez expressif. En bouche, le vin déploie un bon équilibre et surtout de la tonicité, sans agressivité. Une belle réussite. 35 €
"2013-11-12T00:00:00"
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/12/11/rouges-passion_3528357_3208.html
L'Atletico Madrid remporte la Ligue Europa
Les Espagnols ont battu les Anglais de Fulham dans les prolongations (2-1) et mettent fin à cinquante ans de disette sur la scène européenne.
L'Atletico Madrid a mis fin à cinquante ans de disette sur la scène européenne, mercredi 12 mai, en remportant face aux Anglais de Fulham la finale de la Ligue Europa, petite sœur de la Ligue des champions. Avec cette victoire 2-1 dans les prolongations, au bout du suspense, les Colchoneros ébranlent aussi sérieusement leur réputation de club "poissard" du football espagnol. Une victoire largement due au buteur uruguayen Diego Forlan, auteur d'un doublé et héros de la Nordbank Arena de Hambourg. La rencontre tourne rapidement à l'opposition de style entre des Espagnols friands de petits espaces et des Anglais adeptes du contre et des ballons aériens. A ce petit jeu, les hommes de Sanchez Flores se montrent les plus menaçants. Le quatuor Reyes-Simao-Agüero-Forlan met une pression incessante sur les cages de Schwarzer. Et c'est logiquement que les Colchoneros prennent l'avantage dès la 32e minute par Forlan, qui coupe habilement une frappe écrasée d'Agüero (1-0). Les Espagnols semblent alors bien partis pour s'offrir le scalp de Roy Hodgson, élu manager de l'année par ses pairs du championnat anglais. Mais il ne faut pas attendre plus de cinq minutes pour voir les Cottagers réagir et ouvrir leur compteur sur leur première occasion, une volée splendide de Davies (1-1). Au retour des vestiaires, les deux équipes offrent un visage radicalement différent. C'est au tour des joueurs de Fulham d'attaquer par vagues successives, pendant que les Madrilènes se retrouvent acculés devant le but de De Gea. Face à des Espagnols devenus maladroits, les Anglais peinent toutefois à trouver la faille. Il faut attendre la 70e minute pour voir l'Atletico relever timidement la tête. Mais les Rouge et Blanc déjouent et ababandonnent l'axe pour multiplier les centres. Du pain bénit pour les grands gabarits de la défense anglaise... Plus inspirés en toute fin de match, les joueurs de l'Atletico ne peuvent empêcher la prolongation. Le dénouement est connu : malgré la fatigue, ce sont les Espagnols qui se procurent les occasions les plus dangereuses. Jusqu'à la 116e et cette fulgurance de Forlan, qui reprend magistralement un centre d'Agüero et offre la victoire aux siens. L'Atletico Madrid est peut-être un terne neuvième du championnat espagnol, il n'est plus le club poissard – El Pusas – moqué dans toute la péninsule ibérique. Benoît Vitkine
"2010-12-05T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/05/12/l-atletico-madrid-remporte-la-ligue-europa_1350676_3242.html
Le difficile combat contre le « cyberdjihadisme »
La police française vient de se doter d’une sous-direction à la lutte contre la cybercriminalité employant 75 personnes.
Le ministre français de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue allemand, Thomas de Maiziere, le 20 janvier à Lille. DENIS CHARLET / AFP La lutte contre le djihadisme sur Internet est devenue une priorité stratégique. C’est, en substance, ce qu’est venu dire le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, mardi 20 janvier, à Lille, au Forum international de la cybersécurité (FIC), à la veille de l’annonce de nouvelles mesures antiterroristes par Manuel Valls. « Le cyberterrorisme est la première menace » qui pèse sur les données personnelles et professionnelles, a notamment déclaré M. Cazeneuve alors que depuis les attentats, le nombre de procédures visant des propos faisant l’apologie du terrorisme sur la Toile a explosé et que la France est la cible d’un grand nombre d’attaques informatiques. Une menace contre laquelle le combat n’est toutefois pas si simple. Police, gendarmerie, état-major des armées, tout le monde s’organise de fait, aujourd’hui, pour essayer de répondre à ce nouveau contexte. La police nationale a justement inauguré, lundi 19 janvier, une sous-direction à la lutte contre la cybercriminalité (SDLC), avec 75 personnes. La police avait déjà un maillage territorial d’investigateurs formés à ces questions – environ 390. Elle avait aussi des enquêteurs spécialisés au sein d’un office spécifique depuis 2001 – l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. Mais cette fois, une étape est franchie. Même chose chez les gendarmes. Le service contre la cybercriminalité et son réseau de 260 enquêteurs spécialisés devrait voir ses effectifs augmenter. « J’aimerais en former 50 par an au lieu de 25 », explique le colonel Jacques Fombonne, responsable du Centre national de formation à la police judiciaire. Attitude similaire, enfin, au ministère de la défense, où l’on considère que le combat numérique nécessite presque la création d’une « quatrième armée », selon une formule du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, rappelée par le vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général chargé de la cyberdéfense à l’état-major des armées. 10 à 30 millions d’euros par an vont ainsi être injectés en recherche et développement jusqu’en 2019. Afflux de signalements Malgré les forces en présence, le plus dur reste de parvenir à des résultats en matière de criminalité numérique. Les enquêteurs de police et de gendarmerie disposent bien, depuis 2011, de la possibilité de « patrouiller » sur la Toile sous pseudonyme. Mais ils doivent plus souvent travailler à partir de « signalements » obtenus par le biais de la plateforme Pharos. Celle-ci permet aux internautes d’alerter sur des propos ou images trouvées sur Internet. Or, en 2014, il y a eu plus de 137 000 signalements, et depuis les attentats, plus de 30 000… Dans ce contexte, pas facile pour les enquêteurs de ne pas être noyés par la masse d’informations. « Le 7 janvier, après l’attaque de Charlie Hebdo, nous avons débuté une veille des réseaux sociaux avec le mot clé #bienfaitpourcharlie, pour voir si des gens s’en réjouissaient, détaille le colonel Eric Freyssinet, responsable du centre de lutte contre les criminalités numériques de la gendarmerie, dit C3N. Mais nous avons dû très vite rajouter des mots-clés pour faire le tri entre ceux qui disaient vraiment des choses violentes et les autres. » Et d’ajouter : « Le signalement doit aussi être suffisamment précis pour que l’on ait le temps de l’identifier avant éventuellement qu’il soit effacé. » Autre difficulté : le fait que beaucoup d’attaques informatiques proviennent de sites ou d’individus installés à l’étranger. « Lorsqu’on identifie un serveur ou une adresse IP à l’étranger, il faut faire une demande de coopération, il faut la rédiger, la faire traduire. Ce sont des coûts, du temps, et des réponses systématiquement négatives pour certains pays, qui ne coopèrent pas du tout », explique ainsi Olivier Iteanu, avocat spécialiste des questions numériques. « La coopération n’est pas impossible, mais elle est très complexe en termes de moyens humains et compte tenu du nombre de dossiers », abonde un enquêteur spécialisé. Logiciel espion Catherine Chambon, 52 ans, la nouvelle patronne de la SDLC, pense, elle, que la coopération internationale peut permettre de contourner ces problèmes. « Le renseignement judiciaire étranger peut être très utile. Tous les pays n’ont pas les mêmes moyens d’enquête. Le système de droit accusatoire [aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni] est beaucoup plus invasif », souligne-t-elle. Mme Chambon estime aussi que cette coopération peut être aidée par la création, en 2013, du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3), situé dans les locaux d’Europole, à La Haye. Beaucoup de services d’enquête, y compris des magistrats, aimeraient aussi utiliser une disposition introduite par la loi Loppsi 2, en 2011 : « capter » les données à distance. C’est-à-dire introduire dans l’ordinateur d’un suspect un logiciel espion pour surveiller ce qu’il tape et voit à l’écran. Problème : cette solution est soumise à une autorisation administrative qui n’a pas encore été délivrée à ce jour. Pour qu’un dossier de « cyberdjihadisme » arrive jusqu’à un procès et une éventuelle condamnation, le chemin est donc long. Me Thomas Klotz en sait quelque chose. C’est lui qui s’est retrouvé à défendre le premier « cyberdjihadiste » français, en mars 2014. Agé alors de 27 ans, ce jeune normand converti à l’Islam était poursuivi pour « apologie » du terrorisme après avoir publié, sur Internet, des traductions d’une revue affiliée à Al-Qaida. Heureusement pour lui, c’était avant la dernière loi antiterroriste, votée fin 2014, qui alourdit les peines. Il a été condamné à trois ans de prison ferme dont deux avec sursis. Bon connaisseur des dossiers de terrorisme, Me Klotz s’interroge, avec le recul, sur la portée de cette nouvelle loi : « Elle est spectaculaire. Elle prévoit jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende pour des faits d’apologie sur Internet. Son but est clairement dissuasif, mais sera-t-elle efficace ? Je ne sais pas. »
"2015-01-21T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/21/le-difficile-combat-contre-le-cyberdjihadisme_4560390_3224.html
Xylofutur planche sur l’avenir de la filière bois
Le pôle de compétitivité basé à Bordeaux soutient près de 200 projets innovants, dont celui de lancer, dans les Landes, la production de résine écocertifiée française.
A Biscarrosse (Landes), les entailles des pins servent à récolter la résine, utilisée notamment dans l’industrie cosmétique et pharmaceutique. Rodolphe ESCHER/divergence pour "Le Monde" Dans la forêt domaniale de Biscarrosse, au cœur du massif des Landes de Gascogne, une silhouette armée d’un outil portatif s’active entre les pins maritimes d’une parcelle éloignée des ­regards. La machine laisse d’étonnantes marques circulaires aux pieds des arbres, volontairement « blessés ». Par là s’écoulera la ­résine. Un demi-siècle après la fin des gemmeurs, ces hommes qui récoltaient la sève, cet engin expérimental a été développé pour les remplacer et relancer un modèle de production économiquement viable pour une « biogemme écocertifiée française ». L’enjeu est de taille : la France importe plus de 300 000 tonnes de résine par an (soit le quart de la production mondiale) pour l’industrie cosmétique, pharmaceutique ou encore agroalimentaire (chewing-gums, dentifrices…). Arrivé dans les Landes en 2010, l’ingénieur Luc Leneveu a élaboré cet objet coupant non identifié pour le laboratoire bourguignon Holiste, en accord avec l’Office ­national des forêts. Il travaille sur une récolte en vase clos brevetée dès janvier 1930 par l’Italien ­Umberto Bellini delle Stelle. Les pots en terre cuite autrefois fixés aux arbres sont remplacés par des ­poches de type caisse-outre, ces conditionnements en plastique plus connus pour le vin en vrac. Une machine viendra également se substituer à l’homme, pour les tâches les plus pénibles. Structure unique en France Ce projet de ­recherche fondamentale repose avant tout sur un produit écologique inédit activant l’écoulement de la sève, « un substitut au très nocif acide sulfurique encore employé dans certains pays », explique Luc Leneveu, en quête d’une gemme « bio » à très haute valeur ajoutée. Cet ambitieux projet est labellisé par le pôle de compétitivité Xylofutur. Cette structure unique en France a été créée en 2005 pour favoriser l’innovation collaborative dans le domaine des forêts cultivées. Le pôle aquitain, autrefois consacré au seul pin maritime, s’est ouvert dès 2008 aux autres essences. Le très vivant massif des Landes de Gascogne, plus grand domaine forestier cultivé d’Europe, avec ses plus de 800 000 hectares, concentre l’attention. Mais la nouvelle région Nouvelle-Aquitaine et son vaste territoire offrent d’autres perspectives et d’autres essences, comme par exemple le peuplier dans ­l’ex-Poitou-Charentes et le douglas dans l’ex-Limousin. La création d’une antenne en Auvergne-Rhône-Alpes est aussi à l’étude. « On peut même espérer un élargissement de nos compétences au ­niveau national », assure le directeur de Xylofutur, Marc Vincent.
"2017-03-20T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/03/20/xylofutur-planche-sur-l-avenir-de-la-filiere-bois_5097619_3244.html
Condamné à mort pour un cheveu qui n'était pas à lui
Un homme a été exécuté au Texas à cause d'un cheveu trouvé sur les lieux d'un crime. Dix ans après les faits, des tests ADN prouvent que ce cheveu n'était pas des siens.
Claude Howard Jones, condamné à mort en 1990 et exécuté dix ans plus tard au Texas. AP/Anonymous La vie d'un homme peut réellement tenir à un cheveu. Claude Jones, a été condamné à mort aux Etats-Unis en 1990 et exécuté dix ans plus tard au Texas à cause d'un cheveu trouvé sur les lieux d'un crime. A l'époque de sa condamnation, l'analyse au microscope dudit cheveu avait permis d'établir une comparaison satisfaisante avec les siens, et prouver qu'il était présent au moment des faits. Mais des tests ADN ont prouvé jeudi 11 novembre que le cheveu sur la base duquel Claude Jones a été exécuté ne lui appartenait pas. Rendus publics par le journal Texas Observer, qui les a en partie financés, les tests ADN "excluent Claude Jones des propriétaires possibles du cheveu étudié", assure le laboratoire Mytotyping Technologies. Selon lui, le cheveu appartenait à la victime, un commerçant tué dans un braquage en 1989. LE REFUS DE GEORGE W. BUSH Jones a toujours affirmé qu'il attendait dans la voiture et que son complice était l'auteur du meurtre. C'est donc sur cet élément clé, le plaçant sur les lieux du crime, que les procureurs avaient construit leur accusation et que tous les appels et recours ont ensuite été rejetés. Mais quelques années plus tard, la pratique des analyses de cheveux au microscope a été abandonnée, jugée obsolète et non concluante. "La veille de son exécution, en décembre 2000, Claude Jones a déposé une requête pour que des tests ADN soient pratiqués sur ce cheveu. Le gouverneur du Texas de l'époque, George W. Bush, a refusé", rappelle le Texas Observer. Le journal précise que les résultats des tests "n'innocentent pas Claude Jones" parce qu'ils n'impliquent pas son complice, qui, en échange d'une peine réduite, l'a désigné comme le tireur lors du procès en 1990. "Mais le cheveu était la seule preuve que Claude Jones était sur les lieux du crime, donc si les tests ne le disculpent pas, ils soulèvent des doutes sérieux sur sa culpabilité", ajoute le journal. Une autre affaire, impliquant également l'exécution d'un innocent, est actuellement examinée par la justice texane. Cette fois, le jeune homme a été condamné à mort pour avoir allumé l'incendie de sa maison dans lequel ses trois filles ont péri. L'évolution de la science a là aussi montré que les experts avaient à l'époque à tort conclu à un incendie criminel.
"2010-12-11T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/11/12/condamne-a-mort-pour-un-cheveu-qui-n-etait-pas-a-lui_1438947_3222.html
L'historien d'art Werner Spies condamné pour avoir mal authentifié une toile de Max Ernst
L'historien d'art Werner Spies a été condamné vendredi 24 mai par le Tribunal de grande instance de Nanterre, pour avoir authentifié une oeuvre de Max Ernst qui s'est révélée être un faux.
Ancien directeur du Musée national d'art moderne – centre Pompidou, l'historien d'art Werner Spies, 76 ans, spécialiste mondialement reconnu de l'œuvre de Max Ernst, a été condamné vendredi 24 mai par le Tribunal de grande instance de Nanterre, rapporte le Quotidien de l'art du lundi 27 mai. Il lui est reproché d'avoir authentifié une toile de Ernst, Tremblement de terre, qui s'est révélée être un faux. "Je n'ai jamais délivré de certificat. Je ne suis pas un expert, au sens juridique français du terme. Je suis un historien d'art. J'ai simplement écrit que ce tableau figurerait au catalogue raisonné, ce qui n'est qu'une référence à ma propre publication", plaidait M. Spies dans les colonnes du Monde (2 juillet 2011). Le Tribunal en a jugé autrement, considérant que son avis, écrit, avait valeur d'un certificat d'autenticité sans réserve. Le tableau a été vendu le 22 septembre 2004 par le galeriste français installé à Genève Jacques de La Béraudière au plaignant, Louis Reijtenbagh, via une cascade de sociétés : Lontel Trading SA, domiciliée au Panama pour le galeriste, et côté acheteur, Minneba Ltd Cop, enregistrée aux Iles Vierges britanniques, et renommée Monte Carlo Art SA, dont M.Reijtenbagh est l'unique associé. C'est sans doute cet imbroglio qui a poussé le tribunal, qui a condamné "in solidum" Jacques de La Béraudière et Werner Spies à payer 652 883 euros au plaignant, à condamner en outre M. Spies " à garantir monsieur Jacques de La Béraudière à hauteur de la moitié de la somme ", en cas de défaut de celui-ci.
"2013-05-27T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/05/27/l-historien-d-art-werner-spies-condamne_3418072_3246.html
Washington prêt à revoir son aide à l'Egypte
"Nous réexaminerons notre assistance [à l'Egypte] en fonction des événements qui auront lieu dans les prochaines jours", a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
"Nous voulons assister à des élections libres et équitables, et il nous semble que ce sera l'un des aboutissements de ce qui se passe en ce moment en Egypte" a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. AFP/TIM SLOAN Après plusieurs jours de silence gêné, la Maison Blanche s'est dite, vendredi 28 janvier, "très préoccupée" par la situation en Egypte, prenant la mesure de l'aggravation des événements chez son plus proche allié dans le monde arabe. "Très préoccupé au sujet de l'Egypte. Le gouvernement doit respecter les droits des Egyptiens et remettre en route les réseaux sociaux et Internet", a écrit sur son compte Twitter Robert Gibbs, le porte-parole de Barack Obama. Optant pour une fermeté plus affichée, les Etats-Unis se sont dits prêts à revoir l'aide, notamment militaire, qu'ils apportent à l'Egypte. "Nous réexaminerons notre assistance en fonction des événements qui auront lieu dans les prochains jours", a indiqué Robert Gibbs. Cette initiative suggère que les Etats-Unis reconsidèrent l'éventail des moyens dont ils disposent pour faire pression sur Le Caire. Avec quelque 1,3 milliard de dollars d'aide militaire par an, l'Egypte est un des grands bénéficiaires de l'aide américaine. Dans la journée, Barack Obama s'est entretenu à la Maison blanche pendant quarante minutes avec des responsables de son Conseil national de sécurité et le vice-président, Joe Biden, et devait de nouveau réunir la même équipe au cours de la journée pour faire le point sur la situation,alors que les événements sur place prenaient un tour de plus en plus violent vendredi soir. "RÉFRÉNER LES FORCES DE L'ORDRE" Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a peu après appelé le gouvernement égyptien à mettre fin au blocage "sans précédent" des communications dans le pays. Elle l'a invité à s'engager "immédiatement" dans des réforme, à "faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre", et à "mettre fin aux mesures sans précédent prises pour bloquer les communications", une référence à la coupure d'Internet. "En tant que partenaires", a-t-elle enfin affirmé sur un ton solennel, le visage fermé, "nous croyons fermement que le gouvernement égyptien doit dialoguer immédiatement avec le peuple égyptien pour mettre en œuvre les réformes économiques, politiques et sociales nécessaires." L'intégralité de son intervention, en anglais, est visible ci-dessous : Il s'agit de la réaction américaine la plus vive et la plus critique contre le pouvoir du président égyptien, Hosni Moubarak, depuis le début des protestations réclamant son départ, il y a quatre jours. GANDHI ET MARTIN LUTHER KING Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine, a également qualifié la situation de "profondément inquiétante", appelant à "respecter les droits fondamentaux, éviter la violence, et permettre les communications". "La réforme est vitale pour le bien-être de l'Egypte à long terme", a ajouté M. Crowley dans un nouveau "tweet" : "Le gouvernement égyptien doit considérer son peuple comme un partenaire, et non comme une menace." Le sénateur démocrate John Kerry a quant à lui estimé, vendredi, que l'Egypte devait choisir un nouveau dirigeant en 2011 au cours d'élections "libres, transparentes et démocratiques". Président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, John Kerry a appelé dans un communiqué les Egyptiens à des manifestations "pacifiques", évoquant les précédents non violents de Gandhi et Martin Luther King. DILEMME La situation dans le pays représente un dilemme pour les Etats-Unis, enclins à soutenir la démocratie, mais dont M. Moubarak est le plus proche allié arabe. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, avait estimé, mardi, que le gouvernement au Caire était "stable", avant que l'administration Obama ne mette très vite l'accent sur la nécessité de respecter le droit à manifester. L'armée égyptienne a bénéficié l'an dernier de subventions américaines à hauteur de 1,3 milliard de dollars. Les Etats-Unis ont toutefois financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars des organisations de promotion de la démocratie en Egypte, au grand dam du président Moubarak, selon des notes obtenues par WikiLeaks et publiées vendredi par le journal norvégien Aftenposten.
"2011-01-28T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/28/washington-tres-preoccupe-par-la-situation-en-egypte_1472242_3218.html
Débuts prometteurs pour Apple Music
Cinq semaines après le lancement de son service de streaming musical, Apple indique avoir attiré 11 millions d’abonnés.
Apple n’a pas avec son service de streaming musical, lancé le 30 juin, les mêmes pudeurs qu’avec l’Apple Watch. Alors que l’entreprise n’a pas encore annoncé de chiffre officiel sur les ventes de sa montre intelligente, le groupe de Cupertino a indiqué qu’Apple Music, qui permet d’écouter de la musique sans téléchargement, compte 11 millions d’abonnés, dont 2 millions qui ont choisi l’abonnement familial à 14,99 € par mois. « Nous sommes emballés par les chiffres jusqu’à présent », se réjouit Eddy Cue, vice-président de la division logiciels et services Internet chez Apple, dans les colonnes d’USA Today, jeudi 6 août. Si les deux rivaux majeurs d’Apple, le suédois Spotify et le français Deezer proposent à la fois des offres payantes et gratuites, la firme à la pomme joue la carte du payant. L’abonnement classique à Apple Music coûte 9,99 dollars (8,83 euros) par mois mais pour recruter des utilisateurs, Apple offre une période d’essai gratuite de 3 mois. La question est donc de savoir quelle proportion des 11 millions d’abonnés choisira de prolonger leur abonnement au-delà du 30 septembre, terme de la période d’essai. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Apple vient bouleverser la donne dans le streaming musical Si 100 % des utilisateurs actuels devaient rester clients d’Apple Music, le groupe de Tim Cook frapperait un grand coup, puisque cela représenterait déjà plus de la moitié des abonnés payants de Spotify (qui en comptait 20 millions en juin). A terme, Apple viserait 100 millions d’abonnés dans le streaming, une croissance qui ne sera rendue possible qu’à partir du moment où le service sera accessible aux utilisateurs d’Android, le système d’exploitation de Google. Pour l’instant seuls les produits tournant avec iOS, le système d’exploitation d’Apple, peuvent utiliser Apple Music. En dépit de l’enthousiasme d’Apple, les bugs et les plaintes n’ont pas manqué depuis le lancement du service. Au début du mois d’août, certains utilisateurs ont ainsi dénoncé le fait qu’Apple Music peinait à distinguer entre les différentes versions d’un titre ou confondait single et album… Pour autant la divulgation de ces bons chiffres tombe à pic pour interrompre la série de nouvelles un peu moins positives pour le groupe, comme le recul du cours en Bourse – qui fait fondre la capitalisation boursière de 100 milliards de dollars depuis la fin janvier – et la perte de la première place sur le marché chinois des smartphones au second trimestre. Lire aussi Apple dans un trou d’air boursier
"2015-06-08T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/08/06/debuts-prometteurs-pour-apple-music_4714135_3234.html
La France prête à adapter sa législation sur les Roms
La France avait échappé le 29 septembre à l'ouverture d'une procédure d'infraction, mais l'exécutif communautaire lui avait donné jusqu'au 15 octobre pour déposer un projet de transposition d'une directive sur la libre circulation des personnes.
Eric Besson en octobre 2010. AFP/ERIC FEFERBERG Le ministre de l'immigration, Eric Besson, a déclaré mercredi 13 octobre, à la sortie du conseil des ministres, que la France adapterait sa législation sur la libre circulation des personnes en Europe afin de répondre aux remarques exprimées par la Commission européenne après les expulsions de Roms. "Il va y avoir une réunion interministérielle demain pour arrêter la réponse que nous allons apporter avant la fin de cette semaine à la Commission", a-t-il déclaré. La France avait échappé, le 29 septembre, à l'ouverture d'une procédure d'infraction, mais l'exécutif communautaire lui avait donné jusqu'au 15 octobre pour déposer un projet de transposition d'une directive de 2004 sur la libre circulation des personnes, que Paris estime déjà respecter via la jurisprudence et les principes généraux du droit. Le ministre de l'immigration avait déjà indiqué que les autorités françaises étaient disposées à apporter toutes les clarifications et garanties nécessaires afin de prouver que les expulsions avaient fait l'objet d'un traitement individuel et n'étaient pas discriminatoires. UNE POLÉMIQUE "LARGEMENT ÉTEINTE" "J'ai déjà dit et je confirme que, pour sortir d'une discussion qui n'a pas lieu d'être puisque la France respecte déjà les garanties, notamment le traitement individuel des dossiers, nous sommes prêts à transposer un certain nombre d'éléments, par exemple dans la loi sur l'immigration qui sera en fin d'année ou au début de l'année prochaine au Sénat." Eric Besson juge "largement éteinte" la polémique sur la politique française envers les Roms. "Nous débattons avec la Commission et nous débattons dans un état d'esprit constructif", assure-t-il. Si les réponses apportées par la France n'étaient pas jugées suffisantes par la Commission, cette dernière ouvrirait fin octobre une procédure d'infraction, qui peut déboucher sur une saisine de la Cour européenne de justice et des amendes. Pour aller plus loin : la chronologie des événements qui ont conduit à la mise en cause de la France par la Commission européenne.
"2010-10-13T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/10/13/la-france-prete-a-adapter-sa-legislation-sur-les-roms_1425472_3224.html
Rugby : Guirado a gagné ses galons de capitaine du XV de France
A l’issue d’un tournoi décevant (5e place), le talonneur a été confirmé comme capitaine des Bleus jusqu’en 2019.
Guilhem Guirado, le 19 mars à Saint-Denis, avant le match contre l'Angleterre. FRANCK FIFE / AFP Mis à l’essai comme capitaine du XV de France pour le Tournoi 2016, Guilhem Guirado aura cette charge « de bout en bout de ce nouveau projet », soit jusqu’à la Coupe du monde 2019, a déclaré à l’AFP dimanche Guy Novès, le sélectionneur des Bleus. Lire aussi Rugby : le XV de la Rose refleurit au Stade de France A la question de savoir si Guirado (29 ans, 43 sél.) avait réussi son test comme capitaine, Novès a répondu, au lendemain du dernier match du Tournoi des six nations, perdu contre l’Angleterre (21-31) : « Je crois que vous connaissez la réponse. Guilhem est un joueur de niveau international, il peut jouer dans n’importe quelle équipe. Il a progressé dans ce sens. En plus, c’est un bon gars. J’ai rencontré un homme superbe, je crois que dans le ciment d’une équipe il faut avoir un grand capitaine, et c’est un grand capitaine. Il est jeune donc il ira de bout en bout de ce nouveau projet. » « Il travaille dans un grand club (Toulon) donc il côtoie au quotidien le très haut niveau. Il a su s’adapter à son groupe. Il n’est pas puant, il ne parle pas pour ne rien dire. Il est humble, il est leader sur le terrain. Il a ce recul qui fait qu’en tant que capitaine il a un avenir certain », a ajouté Novès. « Des objectifs différents » pour l’Argentine Un capitaine qui pourrait toutefois faire défaut lors du prochain rendez-vous des Bleus, lors de la tournée en Argentine en juin, qui se déroulera sans les demi-finalistes du Top 14, que Toulon espère bien disputer. Une tournée pour laquelle le sélectionneur aura de toute manière « des objectifs différents » de ceux du Tournoi. « On ne peut pas avoir les mêmes objectifs de progression que pendant le Tournoi, vu comment cette tournée va se dérouler. On a vu que dans ce Tournoi on avait utilisé le même groupe, hormis les blessés. Là, on sait que les joueurs des meilleures équipes ne seront pas là », a déclaré Novès au lendemain du dernier match du Tournoi des six nations, perdu contre l’Angleterre (21-31). Le XV de France disputera deux matches en Argentine les 18 et 25 juin, sans les joueurs des clubs en demi-finales du Top 14, programmées les 17 et 18 juin. « Cela nous permettra d’ouvrir un petit peu le panel des sélectionnés et de voir certains joueurs pour compléter ce groupe-là. On essayera d’intégrer ces nouveaux joueurs en quelques jours. Il va falloir récupérer du décalage (horaire), préparer les test-matches contre une équipe d’Argentine qui a le niveau que l’on connaît (demi-finaliste de la Coupe du monde 2015) », a ajouté Novès. « On constituera une équipe de tournée, de fin de saison, qui va rencontrer une équipe en plein boom (en pleine préparation pour le Four Nations). Evidemment, le curseur (des exigences) sera raisonnable », a poursuivi Novès.
"2016-03-20T00:00:00"
rugby
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2016/03/20/rugby-guirado-a-gagne-ses-galons-de-capitaine-du-xv-de-france_4886610_1616937.html
Nigeria : près de 9 000 enfants enrôlés dans la milice civile ont été libérés en un an
Selon l’Unicef, 8 700 enfants ont été relâchés depuis l’an dernier par les différents groupes armés qui s’affontent dans le pays.
Plus de 800 enfants enrôlés dans la milice civile d’autodéfense qui lutte avec l’armée contre le groupe djihadiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, ont été « libérés », a annoncé l’Unicef dans un communiqué, vendredi 12 octobre. Il y a un an, la Civilian Joint Task Force (CJTF) avait pris l’engagement de ne plus recruter ni utiliser d’enfants, mais aussi de libérer tout mineur travaillant sous ses ordres, dans le cadre d’une feuille de route signée avec l’ONU. « C’est une étape importante dans la lutte contre le recrutement et l’utilisation d’enfants, mais beaucoup d’autres restent dans les rangs d’autres groupes armés, qu’ils soient en situation de combat ou d’appui, a déclaré Pernille Ironside, représentante adjointe de l’Unicef au Nigeria. Nous appelons toutes les parties à cesser de recruter des enfants et à les laisser rester des enfants. » Dans son rapport annuel de 2017 sur les enfants et les conflits armés, l’ONU avait affirmé qu’au moins 228 enfants, dont certains de moins de 9 ans, travaillaient pour la CJTF. Mais depuis que le plan d’action commun a été signé l’an dernier, les responsables de la CJTF ont lancé un travail de recensement au sein de ses structures sur le terrain. Au total, selon l’Unicef, 1 469 enfants (1 175 garçons et 294 filles) ont été identifiés dans la seule ville de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, dans le nord-est du pays. Ces enfants fournissent notamment des renseignements ou assistent les miliciens dans leurs patrouilles nocturnes et aux points de contrôle. 2,6 millions de déplacés « Des vérifications sont toujours en cours pour les enfants identifiés qui n’ont pas encore été libérés », a précisé à l’AFP Abdullahi Hussaini, le coordinateur du plan d’action pour la CJTF et le gouvernement du Borno. Depuis l’an dernier, l’Unicef affirme avoir accompagné la réintégration de quelque 8 700 enfants relâchés des mains des différents groupes armés au Nigeria. L’insurrection de Boko Haram a fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés depuis 2009. Les enfants ont été particulièrement touchés par le conflit. Les enlèvements les et recrutements forcés se sont multipliés pendant ce conflit, tout comme les attaques contre les écoles, symboles de l’éducation occidentale honnie par les djihadistes. Selon l’ONU, au moins 3 900 enfants ont été tués et 7 300 blessés dans le nord-est du Nigeria entre janvier 2013 et décembre 2016. Boko Haram a également eu recours aux enfants à de nombreuses reprises pour commettre des attentats dans la région.
"2018-12-10T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/10/12/nigeria-pres-de-9-000-enfants-enroles-dans-la-milice-civile-ont-ete-liberes_5368788_3212.html
Boxe : Golovkin conserve ses ceintures au terme d’un combat sans suspens à Los Angeles
Le Kazakh a infligé, samedi, à l’Américano-Arménien Martirosyan le premier K.-O. de sa carrière après deux rounds. Un épilogue écrit à l’avance.
Le Kazakh Gennady Golovkin après sa victoire par K.-O. sur l’Américano-Arménien Vanes Martirosyan, le 5 mai au StubHub Center. Harry How / AFP Ce n’était ni l’affiche ni le lieu escomptés. Mais, dès la mi-avril, Gennady Golovkin avait prévenu : « Vanes Martirosyan est désormais le plus important combat de ma carrière. » Et le Kazakh l’a prouvé samedi 5 mai, sur le ring du StubHub Center de Carson, en banlieue de Los Angeles (Californie), faisant vivre un véritable cauchemar à celui que l’on surnomme « The Nightmare » en lui infligeant le premier K.-O. de sa carrière en seulement deux petits rounds. Sans surprise, « GGG » a conservé son titre unifié chez les poids moyens, reste invaincu depuis 2004, et peut se targuer désormais d’un palmarès de 38 victoires dont 34 par K.-O., d’un nul et d’aucune défaite. Il égale en outre le record de Bernard Hopkins de vingt victoires de rang en titre dans cette catégorie de poids. La victoire serait belle, si elle n’avait pas été connue d’avance. Car, contrairement aux affirmations de Gennady Golovkin, nombre d’observateurs aguerris du noble art éditorialisaient depuis des semaines sur l’absence d’enjeu de ce duel organisé dans un temps record, après l’annonce de l’annulation de la revanche du Kazakh face au Mexicain Canelo Alvarez. Après leur nul contesté en septembre 2017 à la T-Mobile Arena de Las Vegas (Nevada), ce combat était l’un des plus attendus de l’année. Mais, la suspension du natif de Guadalajara, une des superstars de la discipline, après deux contrôles antidopage positifs au clenbutérol en a décidé autrement. Et après de nombreuses tergiversations, c’est Vanes Martirosyan qui a été choisi pour chausser les gants et tenter de ravir à Gennady Golovkin ses ceintures de l’International Boxing Federation (IBF), de la World Boxing Association (WBA) et du World Boxing Council (WBC). « C’est une chose de dire que Martirosyan est un adversaire légitime [face au Kazakh]. C’est une autre chose à dire que ce combat est légitime », résumait la grande chaîne sportive américaine ESPN. L’Américano-Arménien de 32 ans, qui avait représenté les Etats-Unis aux Jeux olympiques (JO) d’Athènes en 2004 – en même temps que son adversaire du soir –, disposait avant la rencontre d’un palmarès plus qu’honorable : 36 victoires, dont 21 par K.-O., trois défaites et un nul. Seulement voilà, il n’avait plus combattu depuis le 21 mai 2016 et totalisait deux défaites sur ses trois derniers combats. En outre, Vanes Martirosyan n’a eu que deux semaines pour se préparer – l’annonce officielle du remplacement de Canelo Alvarez a été faite le 18 avril – et tenter de conquérir un titre mondial contre un adversaire ultra-entraîné. De son propre aveu, le boxeur n’avait rien à perdre. Et, lors de la journée de présentation du combat aux médias, les membres de son clan prenaient même des photos avec Golovkin, comme de simples fans. Combat du « Cinco de mayo » Les organisateurs, eux, s’inquiétaient surtout de la vente d’une quantité substantielle de billets, dont les prix oscillaient entre 50 et 750 dollars (jusqu’à 630 euros), pour ce duel entre le Kazakh et un adversaire de moindre notoriété que le très populaire Canelo Alvarez. Les places pour la rencontre Alvarez-Golovkin s’échangeaient, elles, entre 300 et 5 000 dollars. La boxe professionnelle étant aussi un business, le combat a donc été « délocalisé » de Las Vegas vers la banlieue de Los Angeles, dans une enceinte de moindre envergure. Une opportunité pour la cité des Anges, qui fut l’une des capitales mondiales de la boxe dans la première moitié du XXe siècle, avant de perdre, vers la fin des années 1970, de son attractivité, cédant alors du terrain à New York et Las Vegas. Le StubHub Center, une des rares arènes en plein air, a été retenu et les liens locaux de Martirosyan – il réside à Glendale en banlieue de L.A. où se concentre une bonne partie de la large communauté arménienne de la mégalopole –, laissaient espérer un peu plus d’attrait à la rencontre. D’autant que Los Angeles peut se targuer d’avoir accueilli un des combats du « Cinco de mayo », fête qui célèbre la culture mexicano-américaine aux Etats-Unis, devenue date phare dans le calendrier du noble art outre-Atlantique sous l’impulsion de la population latino. Car, depuis 2003, les principaux combats du Cinco de mayo se sont déroulés dans l’un des établissements MGM à Las Vegas. Outre le Kazakh et l’Américano-Arménien, ce 5 mai a également vu sur le ring la championne unifiée des poids welters, la Norvégienne Cecilia Braekhus (32-0, 9 K.-O.) défendre ses ceintures face à l’Américaine Kali Reis (14-1-6, 4 K.-O.). Un duel qui restera dans les annales de la boxe : pour la première fois en quarante-cinq ans, la chaîne payante HBO a diffusé un combat féminin. Moins pour son épilogue : Braekhus repart avec ses titres après une victoire aux points controversée, accueillie par les huées du public. Un public d’ailleurs clairsemé. Malgré les efforts des organisateurs, les tribunes du StubHub Center n’affichaient pas complet (7 837 personnes). Le premier acte du duel Canelo-Golovkin, le 16 septembre 2017, à Las Vegas totalisait, lui, 22 358 spectateurs.
"2018-06-05T00:00:00"
sports-de-combat
https://www.lemonde.fr/sports-de-combat/article/2018/05/06/boxe-golovkin-conserve-ses-ceintures-au-terme-d-un-combat-sans-suspens-a-los-angeles_5294983_1616664.html
Marseille : la porte d’Aix devient un quartier étudiant et connecté
Le quartier, situé tout près de la gare Saint-Charles, est en passe de devenir le rendez-vous étudiant de Marseille. Le quartier prendra plus d’ampleur si le projet de réaménagement de la station se confirme.
Sous la houlette d’Euroméditérranée, l’établissement public d’aménagement qui a réhabilité une bonne partie du centre-ville de Marseille, 3,5 hectares sont en cours de réaménagement. DR La porte d’Aix, marquée par un arc de triomphe, était surtout connue pour être un axe autoroutier en plein centre-ville avec des trottoirs occupés par un marché à la sauvette et des squatters. Mais ce quartier, situé tout près de la gare Saint-Charles, est en passe de devenir le rendez-vous étudiant de Marseille. Les 3,5 hectares sont en cours de réaménagement sous la houlette d’Euroméditérranée, l’établissement public d’aménagement qui a réhabilité une bonne partie du centre-ville de Marseille ces vingt dernières années. La requalification de la porte d’Aix a commencé en 2010 avec le déplacement de l’autoroute. Sont ensuite arrivés les premiers équipements universitaires : l’Ecole de commerce et de management, les locaux de la faculté d’Aix-Marseille. Près de mille logements, dont la moitié destinée aux étudiants, ont été construits depuis 2010. Trois hôtels y ont également trouvé leur place, dont le Toyoko Inn, construit par une chaîne japonaise avec une architecture innovante, marque le paysage. Il reste à réaménager l’îlot situé à proximité immédiate de l’arc de triomphe. Le bâtiment de l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires devrait y être construit. Plusieurs projets sont à l’étude, et le choix sera effectué courant 2018. « Dans le réaménagement de ce quartier, nous avons pris soin d’écouter les souhaits des riverains, même dans les détails, comme de conserver un terrain pour jouer aux boules. Après des débuts difficiles, la greffe commence à prendre », estime Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire de Marseille. Un parc pour flâner La place devrait aussi être dotée d’un parc d’un hectare, conçu par le paysagiste Alfred Peter et le cabinet d’architectes Stoa. Cet espace, fermé et surveillé la nuit, fera la part belle à la flânerie avec de larges allées et des bancs pour s’installer à l’ombre de la centaine d’arbres plantés sur le site. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Immobilier : Marseille est toujours en travaux Le quartier prendra plus d’ampleur si le projet de réaménagement de la gare Saint-Charles avec un étage pour les destinations nationales et un niveau pour la desserte métropolitaine et régionale se confirme. « Ce quartier sera amené à se remplir d’étudiants, mais aussi de familles et de voyageurs en transit. Il doit répondre aux nouveaux usages de la ville tant au plan de la convivialité que du souhait de se connecter très facilement à Internet », pense Hugues Parant, directeur général d’Euroméditérranée. La récente implantation à proximité de trois « data centers » qui rassemblent les réseaux de fibre optique de la ville facilite cette offre de connexion.
"2018-01-27T00:00:00"
argent
https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/01/27/marseille-la-porte-d-aix-devient-un-quartier-etudiant-et-connecte_5247986_1657007.html
"Avec Arcimbo, Auchan veut allier ""drive"" et produits frais"
L'enseigne inaugure jeudi 28 février un premier magasin pour pallier la faible part de produits frais dans les commandes sur Internet.
En 2012, les produits frais (fruits, légumes, boulangerie, charcuterie, fromages, poissonnerie, boucherie) ont représenté 23 milliards d'euros dans les grandes surfaces alimentaires, selon l'institut Symphony IRI. Soit quelque 17,5 % du chiffre d'affaires (hors essence) du secteur. D.R. C'est une première en France. Auchan devait ouvrir, jeudi 28 février, les portes d'un nouveau concept de magasin, à Villeparisis, en Seine-et-Marne. Baptisée Arcimbo, en référence au peintre italien Arcimboldo qui composait ses portraits humains à partir de fruits et légumes, l'enseigne jouxtera un "drive", ces points de vente où le client vient chercher ses courses en voiture après les avoir commandées sur Internet. "Il s'agira d'un espace alimentaire avec une dominance de produits frais", indique l'enseigne nordiste. Selon nos informations, un "webstore" GrosBill, l'enseigne d'e-commerce pour la high-tech et l'électroménager rachetée en 2005 par Auchan, et une boulangerie complèteront le nouvel ensemble. Auchan compte ainsi remédier au principal point faible de ce format de distribution, par ailleurs en plein expansion dans l'Hexagone : la faible part de produits frais dans le chariot - ou plutôt le coffre - des clients. EXEMPLE BRITANNIQUE Les achats en drive sont en priorité consacrés à des produits "secs" comme les conserves, ou lourds, comme les boissons, souvent préenregistrés par les utilisateurs dans des listes Internet. "Les produits frais à la découpe ou à la pesée - fruits et légumes, viande, poisson - sont le maillon faible du drive. Les consommateurs préfèrent les toucher et les choisir directement en magasin", explique Frédéric Valette, directeur du département distribution chez Kantar Worldpanel. "Auchan s'est inspiré de ce qui se fait en Grande-Bretagne, chez Tesco ou Marks & Spencer", explique un bon connaisseur du dossier. L'enjeu est de taille : en 2012, les produits frais (fruits, légumes, boulangerie, charcuterie, fromages, poissonnerie, boucherie) ont représenté 23 milliards d'euros dans les grandes surfaces alimentaires, selon l'institut Symphony IRI qui analyse les tickets de caisse. Soit quelque 17,5 % du chiffre d'affaires (hors essence) du secteur. Pour son dernier-né, Auchan, inventeur du concept du drive en 2000, a pris pour modèle Grand Frais. Cette enseigne discrète, forte de 130 points de vente périurbains dans l'Hexagone, a choisi de "donner à voir" ses produits, en priorité les fruits et les légumes, sa spécialité, mais aussi la boucherie ou la poissonnerie, le plus souvent sous-traités à des grossistes locaux. "Ils jouent sur les codes du marché couvert, en véhiculant une image de qualité", explique Olivier de Panafieu, associé chez Roland Berger. Grâce à une logistique efficace et à un marketing bien rodé – photos noir et blanc sur les murs, souffle des brumisateurs sur les salades –, Grand Frais évite le principal écueil de tout rayon frais de grande distribution : le "taux de casse" élevé (forte proportion de denrées périssables invendues). La recette fonctionne : forte d'un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros environ, la chaîne présenterait aujourd'hui une rentabilité supérieure à celle de ses concurrents de la grande distribution traditionnelle, selon les observateurs. DIFFICILE MARTINGALE Habitué des ballons d'essais, Auchan a lancé ces dernières années plusieurs concepts consacrés aux produits frais (les Halles d'Auchan, ou plus récemment, les Partisans du goût, une sorte de supermarché "premium"), sans toutefois trouver la martingale. Car le drive n'est pas la seule forme de distribution à lutter pour se faire une place sur ce segment. "Contrairement aux biscuits ou aux yaourts, la grande distribution a encore des marges de croissance importante dans les produits frais. Par exemple, pour les fruits et légumes, 15 % de l'activité se fait encore sur les marchés de rue traditionnels", explique Yves Marin, consultant chez Kurt Salmon. La dernière innovation d'Auchan, le magasin Cœur de Nature, spécialisé dans les produits bio, a ouvert en mai 2012 à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Mais l'initiative n'est pas encore concluante. "Pour le moment, il est un peu grand par rapport à la fréquentation", concédait Vincent Mignot, le directeur d'Auchan France, en janvier. Il n'y a d'ailleurs pas, pour l'heure, d'autre projet d'ouverture pour Arcimbo. C'est que le concept repose sur un pari : celui de convaincre le client du drive, qui choisit ce mode d'achat pour gagner du temps, le plus souvent en rentrant du bureau en fin de journée, d'en perdre de nouveau en déambulant dans les allées d'un magasin. Audrey Tonnelier
"2013-02-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/02/28/avec-arcimbo-auchan-veut-allier-drive-et-produits-frais_1840133_3234.html
La fronde des delphinariums, menacés de disparition
Les trois parcs français cherchent comment dénoncer l’arrêté de Ségolène Royal qui interdit la reproduction des dauphins et des orques en captivité.
L’une des dix soigneuses animalières du parc Planète sauvage (Loire-Atlantique), lors d’un spectacle. LE MONDE Salto arrière, révérences et plongeons synchronisés. Pendant vingt minutes, Galeo, Peos, Amtan et les autres enchaînent les pirouettes sous les yeux ébahis d’un public conquis. Les huit dauphins de la « cité marine » sont l’une des attractions phares du parc zoologique Planète sauvage, à Port-Saint-Père, près de Nantes (Loire-Atlantique), qui compte 1 000 animaux et accueille 280 000 visiteurs par an depuis 2009. Dans les bassins, les mammifères conduisent leurs soigneurs par leurs nageoires dorsales, avant de les élever au-dessus de la surface de l’eau, sous des applaudissements nourris. La musique rythmée laisse alors place à un message d’une tonalité bien plus politique : « Une pétition circule dans les gradins. Elle dénonce un arrêté qui va à l’encontre du bien-être des dauphins que vous venez de voir. » Pétitions Le texte incriminé est celui signé par l’ancienne ministre de l’environnement, Ségolène Royal, le 6 mai, à la veille du second tour de l’élection présidentielle. Au tout dernier moment, sans en informer les associations de protection animale ni les professionnels du secteur avec lesquels elle travaillait depuis vingt-deux mois, elle a glissé dans le nouvel arrêté un changement majeur : l’interdiction de la captivité des dauphins et des orques à l’exception de ceux actuellement détenus sur le territoire. Ce qui signifie la fin de la reproduction de ces cétacés, de même que les échanges avec d’autres bassins. Et donc, à terme, l’arrêt des delphinariums dans le pays. Lire aussi La captivité de dauphins et d’orques sera à terme interdite en France La disposition a déclenché une tempête dans les trois parcs de l’Hexagone concernés, qui accueillent vingt-six grands dauphins et quatre orques : le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), le plus grand d’Europe avec un million de visiteurs par an, le parc Astérix (Oise) et Planète sauvage. Depuis, ils mènent la fronde. Pendant que leurs avocats réfléchissent au moyen de dénoncer l’arrêté, les établissements, « choqués » et « très en colère », mobilisent leur public. Deux pétitions de soutien ont été signées par 9 500 personnes. A la fin du spectacle de Planète sauvage, Emilie, 33 ans, et Maëla, 26 ans, paraphent sans hésiter, car « ça se voit que les animaux s’éclatent, qu’il y a une belle complicité avec les soigneurs ». Seul Philippe, un transporteur routier de 56 ans, se dit que les cétacés « seraient mieux dans leur milieu naturel ». « C’est comme si on nous mettait dans une cage », compare-t-il, avant d’ajouter qu’ils « n’ont pas l’air malheureux. »
"2017-05-23T00:00:00"
biodiversite
https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/05/23/la-fronde-des-delphinariums-menaces-de-disparition_5132091_1652692.html
Une quinzaine d'élus socialistes appellent Hollande à changer de cap
Ces élus demandent au chef de l'Etat de répondre à "l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles".
François Hollande, le 14 décembre à Bruxelles. AFP/BERTRAND LANGLOIS Une quinzaine de députés et élus socialistes ont écrit au président François Hollande pour lui demander de modifier son cap afin de répondre à "l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles". "Il est urgent de remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale", écrivent, dans une lettre publiée lundi 17 décembre par Le Parisien-Aujourd'hui en France, ces élus, sous la houlette de Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), Philippe Doucet, député-maire d'Argenteuil (Val-d'Oise) et François Kalfon, conseiller régional d'Ile-de-France. "Le scepticisme croissant des couches populaires et moyennes, qui ont pourtant joué un rôle-clé dans l'élection de François Hollande, nous invite à hiérarchiser notre action, car elles attendent d'abord des réponses fortes sur le terrain du pouvoir d'achat et de l'emploi", ajoutent ces députés, dont certains issus des anciens réseaux de Dominique Strauss-Kahn. LA GRANDE RÉFORME FISCALE REDISTRIBUTIVE "Si nous souscrivons à l'objectif de redressement des comptes publics et de la compétitivité de nos entreprises poursuivi par le gouvernement, nous pensons qu'il faut l'accompagner de la mise en place de la grande réforme fiscale redistributive annoncée par François Hollande pendant sa campagne", expliquent les signataires. Il s'agit, selon eux, de "restituer du pouvoir d'achat aux millions de salariés qui subissent la stagnation salariale et la difficulté croissante à boucler les fins de mois, à mettre de l'essence dans le réservoir, à payer le loyer ou les études des enfants". La lettre est signée également par Sylviane Alaux, députée des Pyrénées-Atlantiques, Christian Assaf, député de l'Hérault, Isabelle Bruneau, députée de l'Indre, Anne-Yvonne Le Dain, députée de l'Hérault, Michel Lesage, député-maire de Langueux (Côtes-d'Armor), Jean-Philippe Mallé, député des Yvelines, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, Patrice Prat, député-maire de Laudun (Gard), ou encore Jacques Valax, député du Tarn, selon le quotidien.
"2012-12-17T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/12/17/une-quinzaine-d-elus-socialistes-appellent-hollande-a-changer-de-cap_1807184_823448.html
Abstinence connection
De Téhéran à Rio, les Narcotiques anonymes, devenus « clean » par le biais d’une méthode ritualisée, parler de soi pour s’entraider, soutiennent à leur tour les autres.
Forouhar Tashvighi, fondateur des Narcotiques anonymes en Iran, lors d'un rassemblement d'anciens toxicomanes à Téhéran le 26 juin 2011. CAREN FIROUZ / REUTERS Favela Vidigal, Rio de Janeiro. Ce 11 juin, le taxi que choisit Patrice pour se rendre à l’ouverture de la convention mondiale des Narcotiques anonymes est conduit par Junior, 39 ans. Le chauffeur a épinglé les photos de ses deux charmantes petites filles sur le tableau de bord. Le premier virage de l’avenue Niemeyer à peine dépassé, Patrice reconnaît les deux lettres inscrites sur le porte-clés blanc attaché au contact : NA. Hasard ? Coïncidence ? Junior est lui aussi membre des Narcotiques anonymes. Sa vie pourrait être un roman de Fernando Vallejo : l’alcool et la marijuana à 11 ans, puis la cocaïne et le crack. Il se raconte sans crainte : « Je n’ai pas de problème avec mon anonymat, dit l’homme au volant. Je me suis drogué à la vue de tous dans la favela. J’étais tout le temps armé, prêt à braquer n’importe qui. Je suis tombé pour ça. Mais, après mes années de prison, en 1999, j’ai fait un infarctus à cause de la cocaïne. » Son sourire permanent ne laisse rien deviner de ce passé de violence. Il s’est marié et a obtenu sa licence de taxi en 2007. « Je me droguais encore, mais moins. Un ami qui s’occupait de moi m’avait emmené à une réunion des NA. J’ai arrêté petit à petit, tout en travaillant. Aujourd’hui, j’ai un an, cinq mois et deux jours “clean”. » Les Narcotiques anonymes se définissent eux-mêmes de façon assez simple : « Une association à but non lucratif composée d’hommes et de femmes pour qui la drogue était devenue un problème majeur. » Dans le jargon importé d’Amérique qui inspire leur langage, être « clean » représente le Graal. Tout arrêter est le but essentiel de ceux qui fréquentent cette « fraternité » fondée aux Etats-Unis en 1953 sur le modèle des Alcooliques anonymes (AA). « Un Woodstock sans drogue » « J’étais déjà à la convention mondiale de Barcelone, en 2009, j’avais trouvé ça phénoménal. Comme un Woodstock sans drogue », se rappelle Patrice, un quinquagénaire au visage taillé à la serpe. Il entend parler des NA pour la première fois en 2004, dans un hôtel social parisien. « Un mec a glissé une liste de réunions sous ma porte. J’étais séropositif depuis plus de dix piges, et mon état de santé n’était pas brillant. J’en avais marre de la méthadone et de l’héroïne. J’ai mis deux ans avant d’aller à ma première réunion. » Aujourd’hui, Patrice est « clean » depuis huit ans. « C’est une femme qui m’a accueilli, ça m’a plu. Je n’ai pas capté ce qui se disait pendant la réunion. Mais il y avait du café, et les gens avaient l’air d’aller bien. Je me suis dit : “Pourquoi je n’ai pas connu ça plus tôt ?” »
"2015-06-23T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2015/07/14/abstinence-connection_4682193_3210.html
En Inde, les ravages du sexisme dès l’enfance
Dans sa chronique mensuelle, l’économiste Paul Seabright revient sur une étude publiée en 2017 pointant la discrimination pratiquée à l’encontre des filles, en Inde, en faveur des fils, notamment aînés.
Recherches. Parmi les discriminations dont les femmes font encore l’objet dans le monde d’aujourd’hui, il en est une qui a reçu moins d’attention des médias ces derniers temps. Elle concerne la nourriture des petites filles dans les pays les plus pauvres. Un enfant sur quatre dans le monde souffrait en 2014 d’un retard de croissance à cause d’une nourriture insuffisante, selon l’Unicef. Plus de 30 % de ces enfants habitent en Inde, un pays où l’on observe des retards de croissance chez 40 % des enfants, malgré la croissance économique impressionnante du pays ces dernières années. Une étude récente met en cause la discrimination en faveur des fils, et notamment des fils aînés, comme un facteur majeur du maintien de ce ­lamentable état des choses (« Why are Indian children so short ? The role of birth order and son preference », Seema Jayachandran et Rohini Pande, American Economic Review, 107/9, 2017, lien vers PDF en anglais). Quête pour un fils Les auteurs comparent la croissance des enfants indiens à ceux d’un continent a priori encore plus défavorisé, à savoir l’Afrique. Selon la Banque mondiale, l’Afrique compte environ 50 % de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de plus que l’Inde, mais les auteurs montrent que l’Inde compte davantage d’enfants souffrant d’un ­retard de croissance. Visiblement, les fruits de l’avance économique indienne ont été très inéquitablement répartis… à partir du deuxième enfant, les enfants indiens sont plus petits que les africains, un écart qui augmente encore plus à partir du troisième enfant En analysant un échantillon de 168 000 enfants des deux continents, les chercheurs montrent que, parmi les aînés, il n’y pas de différence en taille entre les enfants africains et les enfants indiens. Mais à partir du deuxième enfant, les enfants indiens sont plus petits que les africains, un écart qui augmente encore plus à partir du troisième enfant. Ceci pourrait simplement indiquer une préférence pour les enfants aînés indépendamment de leur sexe. Mais une analyse plus approfondie montre l’importance de la discrimination en faveur du fils aîné. Non seulement le fils aîné a un ­risque bien plus faible de souffrir d’un retard de croissance, comparé à ses frères cadets et encore plus à ses sœurs, mais les familles qui, par les aléas de la nature, n’ont pas de fils en premier ou en deuxième enfant, continuent leur quête pour un fils jusqu’à appauvrir la famille et mettre en danger la santé de leurs filles.
"2018-02-22T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/22/en-inde-les-ravages-du-sexisme-des-l-enfance_5260946_3232.html
Faux-pas pour Chelsea, pas en avant pour Manchester United
Défaits samedi par Southampton, les "Blues" pointent à la 4e place du classement de Premier League alors que Manchester United file vers le titre de champion d'Angleterre après sa victoire à Sunderland.
John Terry, envahi par le blues après la défaite de Chelsea contre Southampton, samedi 30 mars. REUTERS/PHILIP BROWN Chelsea a le blues. Défait samedi en Premier League par Southampton (2 à 1), le club londonien pointe désormais à la quatrième place, avec deux points de retard sur Tottenham, victorieux à Swansea (2 à 1), et seulement deux points d'avance sur Arsenal, qui a battu Reading (4 à 1). En tête du classement, Manchester United a en revanche fait un pas de plus vers le titre de champion d'Angleterre en s'imposant à Sunderland (1 à 0) lors de la 31e journée. United conserve 15 points d'avance sur City, large vainqueur de Newcastle 4 à 0. En attendant d'améliorer le record des titres de champion d'Angleterre avec un vingtième trophée, Manchester United en a battu un autre en route. Sa victoire à Sunderland était sa 25e sur 30 matches cette saison, soit le meilleur bilan à ce stade depuis la création de la Premier League. Invaincu en Championnat depuis vingt matches, United n'a pas eu à forcer beaucoup pour remporter ce septième succès d'affilée, le sixième sans prendre un seul but. C'est pourtant le défenseur des "Black Cats" Bramble qui a marqué le seul but du match en détournant un centre-tir de Van Persie en première période. En prévision du quart de finale de la FA Cup prévu dès lundi contre Chelsea à Stamford Bridge, Alex Ferguson avait laissé plusieurs titulaires au repos, dont Wayne Rooney, Rio Ferdinand et Patrice Evra. PARI PERDU POUR BENITEZ Comme le technicien écossais, Rafael Benitez a voulu faire tourner son effectif afin de garder des forces pour le choc de FA Cup, et aussi pour le quart de finale aller de l'Europa League contre Rubin Kazan jeudi. Pari perdu. Avec Hazard, David Luiz, Ramires, Cole et Ba sur le banc en début de match - Mata étant lui malade-, les "Blues" ont subi un revers qui pourrait s'avérer lourd de conséquences. Les trois buts ont été marqués en dix minutes, celui de Terry (33) arrivant entre les deux des "Saints" Rodriguez (23) et Lambert (35). La qualification pour la Ligue des champions est loin d'être assurée. La lutte promet en effet d'être chaude entre Chelsea, Tottenham et Arsenal pour les deux tickets restants. Après leur succès à Swansea, 2 à 1, grâce à des buts de Vertonghen (7) et Bale (21), les "Spurs" tiennent la corde avec deux points d'avance sur les "Blues" et quatre sur les "Gunners", mais avec un match disputé de plus que leurs deux rivaux londoniens. GERVINHO, DYNAMITEUR D'ARSENAL Arsenal peut encore croire en ses chances de participer pour la 16e année d'affilée à l'épreuve-reine grâce à son facile succès sur le relégable Reading. L'homme du match a été Gervinho, auteur du premier but et décisif sur les deuxième et troisième de Cazorla et Giroud. Tombé en disgrâce, l'Ivoirien n'avait pourtant plus été titulaire depuis le mois de décembre. Arteta a inscrit le quatrième but des "Gunners" sur penalty. Même si ses chances de conserver le titre sont désormais presque nulles, Manchester City continue à faire son travail. Les "Citizens" ont surclassé Newcastle 4 à 0 grâce à des buts de Tevez, Silva, Kompany, qui faisait son retour en club après deux mois d'absence sur blessure. Le dernier but a été inscrit sur une frappe de Yaya Touré, détournée dans son but par Perch. Le derby prévu lundi en huit à Old Trafford contre Manchester United garde ainsi un minimum de saveur.
"2013-03-30T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/03/30/faux-pas-pour-chelsea-pas-en-avant-pour-manchester-united_3151006_3242.html
France Télécom : un suicide reconnu comme accident du travail
Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a décidé de reconnaître le suicide malgré plusieurs avis défavorables.
Cette perquisition, à laquelle participaient des officiers de police judiciaire, a duré dix-huit heures. REUTERS/© Eric Gaillard / Reuters Le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, a décidé de reconnaître le suicide d'un salarié comme accident du travail malgré des avis défavorables de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et d'une commission interne, a indiqué mardi 13 juillet la direction. "Au-delà de l'avis prononcé par la commission de réforme [instance interne] sur le lien du drame qui nous a touché avec l'entreprise, Stéphane Richard a décidé qu'en tant que dirigeant de ce groupe, il devait assumer un devoir d'assistance et de mémoire vis-à-vis des disparus, de leurs environnements familiaux et professionnels", a déclaré un porte-parole de France Télécom. Le directeur général "souhaite également tout mettre en œuvre pour que tous ensemble nous puissions surmonter ce moment particulièrement douloureux". "Dans cet esprit, il a décidé de considérer ce suicide comme un accident de service", a ajouté le porte-parole. Le salarié concerné n'ayant pas de descendant, ce classement en accident de service ne donne pas lieu au versement d'une rente par l'Etat, comme ses éventuels descendants auraient pu y prétendre. DIX-SEPT SUICIDES DEPUIS DÉBUT 2010 Il y a un an exactement, dans la nuit du 13 au 14 juillet 2009, Michel D., cadre architecte réseau à Marseille de 51 ans, se suicidait à son domicile, en mettant en cause dans une lettre sa "surcharge de travail" et un "management par la terreur". Le geste de ce fonctionnaire n'était pas le premier, mais il avait mis sur le devant de la scène le malaise d'une partie des salariés face aux méthodes de management et aux nombreuses réorganisations, obligeant le gouvernement à réagir et la direction à prendre une série de mesures dont le remplacement du PDG, Didier Lombard, par M. Richard. Direction et syndicats ont dénombré 35 suicides de salarié, certains sur le lieu de travail, en 2008 et 2009, et les syndicats font état de 17 suicides depuis début 2010. "extrêmement symbolique""très politique""cela crédibilise sa démarche""remettre l'humain au cœur" Le geste de Stéphane Richard est d'après SUD, selon la CFDT, pour laquelle de de l'entreprise, comme il l'a proclamé le 5 juillet. "C'est une mesure d'apaisement et de reconstruction", estime la CFE-CGC/UNSA, qui se demande cependant "comment réexaminer les suicides de l'ère Lombard" (2005-2010). Les syndicats soulignent "l'ambiguïté" de la procédure de reconnaissance des accidents de service pour les fonctionnaires de France Telecom (65 % des quelque 100 000 salariés), pour lesquels l'entreprise décide. Pour les salariés de droit privé, c'est l'assurance maladie qui tranche en toute indépendance.
"2010-07-13T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/07/13/france-telecom-un-suicide-reconnu-comme-accident-du-travail_1387477_3224.html
L’Egypte cède les îles de Tiran et Sanafir à l’Arabie saoudite
Le président Al-Sissi a ratifié le transfert à Riyad de deux îles de la mer Rouge, en dépit de l’impopularité de cette décision.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a été reçu par le roi Salman, à Riyad (Arabie saoudite), le 23 avril 2017. Uncredited / AP Après avoir enflammé les passions pendant plus d’un an, la tumultueuse épopée du dossier de Tiran et Sanafir touche à sa fin : le président Abdel Fattah Al-Sissi a en effet ratifié le transfert à l’Arabie saoudite de ces deux petites îles de la mer Rouge, situées à l’entrée du golfe d’Aqaba. L’annonce a été faite samedi 24 juin par le gouvernement, à quelques heures de l’Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de ramadan. Le timing ne doit rien au hasard : il s’agissait d’éviter les réactions de mécontentement dans la rue. Une majorité d’Egyptiens est opposée à ce que les îles de Tiran et Sanafir, proches de la pointe sud de la péninsule du Sinaï, passent dans le giron de Riyad. Ce transfert est présenté comme une rétrocession par le président. Il a toujours mis en avant le fait que les deux îles stratégiques ont été placées sous la protection de l’Egypte en 1950 par Riyad, dans un contexte de tensions arabo-israéliennes. Mais, lorsque l’accord scellé avec le roi Salman d’Arabie saoudite, en avril 2016, a été rendu public, les Egyptiens y ont vu une atteinte à la souveraineté nationale. Qualifié de « traître » D’importantes manifestations avaient eu lieu. L’entente a également été contestée dans les palais de justice. Khaled Ali, l’avocat qui a mené la fronde devant les tribunaux, en défendant l’égyptianité de ces îles inhabitées, a qualifié le président de « traître », début juin. Il l’a aussi accusé de « renoncer à une terre pour laquelle l’Egypte est allée à la guerre [en 1967] contre Israël ». Le sort de Tiran et Sanafir s’est accéléré lorsque le dossier a été mis entre les mains du Parlement, acquis au pouvoir : une majorité de députés a validé, le 14 juin, l’accord passé entre Riyad et Le Caire. Peu après, sous la pression de l’exécutif, la Haute Cour constitutionnelle suspendait les divers jugements rendus – pour ou contre – au sujet du transfert. Citant des sources gouvernementales, le quotidien Al-Masri Al-Youm affirme que la passation est imminente et qu’elle se déroulera sans cérémonie officielle. Riyad, important soutien financier de l’Egypte, a exercé de multiples pressions pour que le pacte soit entériné. Le Caire semble désormais avoir obtenu, en contrepartie, des promesses d’aide économique accrue. Selon la presse, le transfert a aussi reçu la bénédiction d’Israël. Malgré les démentis de Riyad, la cession pourrait avoir des conséquences sur les rapports entre Israël et l’Arabie saoudite – qui n’ont pas de relations officielles.
"2017-06-26T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2017/06/26/l-egypte-cede-les-iles-de-tiran-et-sanafir-a-l-arabie-saoudite_5151137_3210.html
La majorité chamboulée par la crise des « gilets jaunes »
Les députés se structurent pour exister et Gilles Le Gendre, patron du groupe LRM à l’Assemblée, paraît affaibli.
La blague est devenue un nom de code. Au sein de La République en marche, une quinzaine de députés macronistes se sont rassemblés sur la messagerie Telegram. Intitulé de leur boucle de conversation : la « Team Bisounours ». Ces dernières semaines, ces députés étaient montés au front ensemble pour proposer au gouvernement des pistes de sortie de crise. Ils ont plaidé pour des mesures en faveur des plus modestes. Les annonces du président de la République sont allées dans leur sens. Ils ont par ailleurs milité pour que l’immigration ne soit pas l’un des thèmes du grand débat national. Position qui leur a valu d’être taxés de « Bisounours » par leurs détracteurs. L’expression a beaucoup amusé ces élus qui, depuis le début du quinquennat, sont plus empêcheurs de tourner en rond qu’oursons bienveillants. Ils en ont fait leur emblème. Et ils ont bien l’intention de poursuivre leur action afin de « pousser un peu plus à gauche » les orientations du quinquennat, selon un de ses membres. La structuration de ce petit groupe est l’un des multiples effets de la crise des « gilets jaunes » qui va laisser des traces dans la majorité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Depuis la crise des « gilets jaunes », la vie à huis clos d’Emmanuel Macron Parmi eux, des découragés de l’action gouvernementale qui jettent dans ce collectif leurs « dernières forces », de l’aveu de l’un d’eux. D’autres membres restent convaincus par le projet macronistes mais veulent davantage peser dans les décisions. Ce sont surtout des poids lourds du groupe, dont la plupart ont déjà une expérience politique, à l’instar d’Aurélien Taché et de Guillaume Chiche, anciens du PS, du chiraquien Hugues Renson, ou de l’écologiste Matthieu Orphelin. Avec eux le mathématicien Cédric Villani ou encore le diplomate Jacques Maire. S’est jointe Emilie Cariou, députée en pointe sur la lutte contre la fraude fiscale et ancienne de cabinets ministériels sous François Hollande. « On a partagé l’intuition que, depuis le quinquennat, la priorité a été moins donnée à certains aspects de ce que l’on porte, note Aurélien Taché. Ce qui se passe aujourd’hui dans le pays nous donne raison, le président de la République a corrigé le tir, mais il faut rester vigilant. » Dans la majorité, certains fustigent l’attitude de députés qui « veulent faire des coups » et « emmerder le premier ministre ». La structuration de ce groupe est surtout à l’image d’une crise qui a chamboulé les relations entre l’exécutif et les députés. « Elle a ressoudé les rangs sur le fait d’obtenir des choses du gouvernement », note Sacha Houlié, élu de la Vienne. « Il y a une volonté de peser plus sur la chaîne de décision », résume sa collègue Aurore Bergé. Depuis un mois et demi, les élus macronistes ont été malmenés sur le terrain et, à Paris, ont fait le constat qu’un fossé s’était creusé avec le gouvernement. Ils ont eu l’impression d’avoir alerté sur les racines de la crise sans avoir toujours été entendus. « Il faut que l’exécutif comprenne que le Parlement, ce n’est pas juste un mauvais moment à passer », abonde leur allié, le président du groupe MoDem Patrick Mignola.
"2018-12-22T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/22/la-majorite-chamboulee-par-la-crise-des-gilets-jaunes_5401323_823448.html
Comité Orwell
A l’occasion de l’anniversaire des dix ans du « Non » au traité constitutionel européen, le Comité Orwell, collectif de journalistes, dénonce la « totalitarisation » progressive de nôtre société
Collectif Le 29 mai 2005, le référendum sur la constitution européenne, plébiscité par les élites, est rejeté par les Français. On se souvient du déferlement de mépris contre ce peuple mal-votant et mal-comprenant, si peu sensible aux vertus de la pédagogie. Le sommet fut atteint par l’édito de Libération. Intitulé « Chef d’œuvre masochiste », il constitue un classique de la bienpensance européiste, dénonçant pêle mêle le « populisme » , la « xénophobie »,le « gauchisme infantile » de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne votent pas comme ils le souhaitent. Nous étions en 2005, mais on songeait à 1984, le célèbre roman d’anticipation de George Orwell. Il ne s’agit pas de refaire à l’infini la critique de la pensée unique, qui fit les beaux jours de la presse des années 1990. Mais de tirer enfin les enseignements d’un débat qui mérite que l’on s’interroge sur notre propre pratique journalistique. Dix ans ont passé, et le politiquement correct a volé en éclats, sous l’action conjointe des réseaux sociaux et de la montée du Front National. Si l’antienne de l’antifascisme ne passe plus, le cercle de la raison est toujours une réalité. Pourtant, la crise a démontré que les critiques des eurosceptiques n’avaient rien à voir avec un quelconque tropisme rouge-brun. lls s’interrogent tout simplement sur une perte de souveraineté bien réelle, qui, malgré le Traité de Lisbonne, n’a pas été véritablement remplacé par un fédéralisme européen. Toujours moins de souveraineté. pas de fédéralisme. Où donc donc est passé le pouvoir du peuple? Interrogation légitime, pour le moins escamotée dans le débat médiatique. Dans sa célèbre dystopie 1984, l’écrivain et journaliste George Orwell décrit un monde totalitaire gouverné par un « Big Brother » qui s’insinue jusque dans les consciences. Le «crime de penser» est passible de mort et la réalité est dictée par la « novlangue » d’un parti unique et son ministère de la « Vérité ». Dans le monde d’Orwell, les nations ont été abolies, seuls restent trois blocs uniformes qui font mine de s’affronter en permanence : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. La mise en scène de conflits imaginaires, voués à canaliser la violence née de l’oppression, a définitivement remplacé le débat fondé sur le « common decensy », pour reprendre l’expression de l’écrivain britannique. Il ne s’agit pas ici de refaire l’Histoire, ou de se livrer à des comparaisons hasardeuses. Mais les choix de ces vingt dernières années, sont loin d’être anodins. Le monde que l’on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d’Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes qui imposent leurs régles, tissent leurs réseaux et régnent sur la vie de l’homo economicus. Et des Etats croupions qui ne servent plus qu’à encadrer la vie quotidienne d’un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre sur les grands sujets. Le tout avec la complicité d’un systéme médiatique où l’injure, la provocation, l’excommunication, le spectacle l’emportent sur la recherche patiente des faits. Où la recherche de coupables, érigés comme autant de boucs émissaires à une opinion déboussolée, s’est substituée à l’analyse des causes profondes de la crise que nous traversons. Où les « minutes de la haine » - décrites par Orwell- s’enchainent, au rythme effrayant de l’information continue. Pour sortir de cette impasse nous avons décidé de créer le comité Orwell. Il a comme ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. Plus encore que les autres citoyens, nous avons, en tant que journaliste, la responsabilité de défendre la liberté d’expression et le pluralisme des idées. Face à une idéologie dominante qui fait du primat de l’individu sur tout projet commun la condition de l’émancipation, l’association entend également défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire. « En ces temps d'imposture universelle, prophétisait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire »… Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint sont journalistes.
"2015-04-06T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/04/comite-orwell_4647203_3232.html
Où « trouver des enseignants pour la prochaine rentrée et plus encore pour les suivantes » ?
L’éclairage. Dans sa chronique mensuelle, l’économiste Philippe Askenazy explique que face à la pénurie d’enseignants du premier degré, il faudrait revenir à un recrutement de fonctionnaires au niveau licence, comme… à l’ENA et revaloriser les carrières.
« Les candidats sont tellement moins nombreux qu’au total, le concours devient moins sélectif et le niveau moyen des connaissances des admis décroît » (Photo: passation de pouvoirs entre Najat Vallaud-Belkacem et le nouveau ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le 17 mai). Tristan Reynaud/SIPA Quel que soit le gouvernement qui sera désigné à l’issue du second tour des législatives, un des enjeux pour l’école primaire sera de trouver des enseignants pour la prochaine rentrée et plus encore pour les suivantes. A fortiori si les classes de zone d’éducation prioritaire doivent être « dédoublées ». Le recrutement des enseignants fait face à un double problème, conjoncturel et structurel. Pour compenser les destructions massives de postes sous Sarkozy, les ministres Vincent Peillon puis Najat Vallaud-Belkacem ont dû multiplier les postes offerts aux concours externes dans les différentes académies, notamment à Créteil, la plus grosse de France. Le vivier de candidats a donc été largement entamé. Il repose désormais essentiellement sur les flux de jeunes qui viennent tout juste de remplir les conditions pour concourir. Un vivier potentiel mécaniquement réduit C’est là que s’ajoute le résultat d’une politique structurelle mise en œuvre à partir de 2010, alors que Jean-Michel Blanquer, l’actuel ministre de l’éducation nationale, était directeur général de l’enseignement scolaire : la « mastérisation ». Avant cette réforme, les candidats aux concours de professeurs des écoles devaient être titulaires d’une licence. En 2010, les nouveaux candidats devaient a minima être inscrits en première année de master (M1) et l’avoir validé avant la rentrée scolaire. Puis, de 2011 à 2013, un M2 est devenu nécessaire pour ceux qui passaient pour la première fois le concours. Depuis 2014, un inscrit en M1 peut à nouveau être candidat, mais il devra obtenir l’année suivante un M2 de métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation pour être titularisé. La mastérisation pouvait laisser espérer une amélioration du niveau des recrutements. Mais, en réclamant des études plus longues, le vivier potentiel a été mécaniquement réduit. Le coût d’investissement pour obtenir le concours s’est accru alors que les salaires des enseignants stagnent ; ils sont même en décrochage par rapport aux opportunités extérieures à l’enseignement – dans le privé comme le public – pour des titulaires de master. Un concours moins sélectif L’effet combiné sur les compétences scolaires des recrutés est ambigu. Dans son doctorat d’économie à l’EHESS, Mélina Hillion a exploré en détail cette question à partir de la base exhaustive des résultats aux concours régionaux depuis 2003. La difficulté pour mesurer le niveau des candidats réside dans le fait que les notations peuvent différer d’une académie à une autre, et avant ou après les réformes.
"2017-06-13T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/13/ou-trouver-des-enseignants-pour-la-prochaine-rentree-et-plus-encore-pour-les-suivantes_5143614_3232.html
A Pékin, le grand nettoyage urbain a commencé
Une campagne de rénovation urbaine provoque la fermeture brutale de nombreux commerces installés dans les ruelles de la vieille ville.
Construction d’un mur sur la façade d’un restaurant proche de la Cité interdite, à Pékin, le 20 avril. THOMAS PETER / REUTERS LETTRE DE PÉKIN Crâne lisse et lunettes ovales, veste kaki que ferment quatre gros boutons dorés, Wang Ying observe en plissant les yeux les trois ouvriers qui murent l’ouverture de son échoppe. Il est dedans. Eux dehors. Ce sont des types de la province du Hebei. A la pause, il leur tend une cigarette. Ou bien saisit la truelle pour ramasser le ciment tombé de son côté. Il a 60 ans et cela fait vingt ans qu’il vendait des cigarettes et des boissons dans ce hutong (ruelle) du vieux Pékin, Dongsi Shisan tiao, ou « l’ Allée 13 du Carré Est », héritage de la ville tartare. La fermeture de son négoce arrive de manière assez imprévisible, car la vaste campagne de rénovation et d’embellissement qui engloutit un à un les quartiers de la capitale comme une crue aurait pu tout aussi bien l’atteindre plus tôt, ou plus tard. Le mur s’arrêtera à hauteur d’homme, laissant un passage ouvert au-dessus, peu propice au commerce. M. Wang, qui est pékinois, prend les choses du bon côté : il va toucher une retraite et rouvrira, dit-il, une boutique en banlieue, à Tongzhou, là où vit son fils. Partout dans Pékin, ce sont des rez-de-chaussée murés et des maisonnettes désossées – sans compensation. Le reste du hutong de M. Wang semble avoir subi un bombardement. Des démolisseurs abattent à coup de masse les parois d’un étage en trop. Des recycleurs s’attaquent à des tas de gravats cauchemardesques. Une couturière originaire de la province de l’Anhui s’est installée dehors, à l’emplacement de son local détruit. L’air boudeur, elle dit qu’elle rentrera bientôt dans sa campagne. Des gardes municipaux, avec casques et boucliers, passent en courant. Il y a du grabuge quelque part. « Démolition sauvage ! » Dans un hutong voisin, le patron du restaurant « Mets du vieux Pékin » fait un esclandre. Les ouvriers ont arraché les fenêtres et posent déjà leurs briques. « Ils viennent sans prévenir, sans un mot… Qu’est-ce que vous diriez si c’était chez vous ? », crie-t-il à un fonctionnaire local qui le prend en aparté. Les gardes, un policier et des hommes de main l’entourent de manière intimidante. Les passants observent dans ce silence passif et vaguement moqueur de la foule chinoise. « Les gens qui servent le gouvernement ne devraient pas avoir cette attitude. C’est de la démolition sauvage ! », siffle le restaurateur, conscient de toute la charge négative attachée à cette accusation en Chine. Or, il ne s’agit pas cette fois de raser pour reconstruire autre chose : les hutongs, mais aussi des quartiers de HLM aux rez-de-chaussée convertis en commerces, sont sommés de se mettre aux normes. C’est la chasse aux constructions illégales, aux affaires sans licence ou dont la fonction initiale a été détournée. Dans les hutongs, des banderoles rappellent désormais l’interdiction de « sous-louer ou louer des locaux appartenant à l’Etat ou à des entités publiques », en fait des locaux attribués à des familles réinstallées dans la capitale après la Révolution culturelle pour leur usage exclusif, mais que celles-ci ont cédés à d’autres.
"2017-02-05T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/05/02/a-pekin-le-grand-nettoyage-urbain-a-commence_5121052_3216.html