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Lucy, inclassable ancêtre
Où situer cette australopithèque à la fois arboricole et bipède sur l’arbre généalogique des hominidés ? Ceux qui l’ont découverte en 1974, en discutent encore…
Hadar, Ethiopie, 24 novembre 1974. Dans son journal de bord, Donald Johanson note : « Matin : localité 162 avec Gray. En forme. » Superstitieux, il écrira plus tard avoir senti que c’était un jour où il faut savoir saisir sa chance. « Je n’avais pas l’intention d’aller sur le terrain, se souvient-il, quarante ans après ce jour si particulier. Tom Gray [son thésard], qui était chargé de cartographier nos découvertes, m’a dit que nous devrions aller sur la localité 162, où nous avions trouvé un beau crâne de cochon en 1973. En rentrant au camp, nous avons traversé une zone que nous n’avions pas prospectée. J’ai jeté un coup d’œil et il y avait cet os, là… Et quand j’ai ­regardé la pente sur laquelle il se trouvait, je pouvais voir un morceau de crâne, une partie importante de mâchoire, d’autres os. Ce n’était pas un singe. » Le jeune paléoanthropologue américain, qui codirige depuis 1972 l’International Afar Research Expedition (Expédition internationale de l’Afar) avec ­Maurice Taieb (alors au Laboratoire de géologie du quaternaire du CNRS), initiateur et responsable du projet, et Yves Coppens (alors sous-directeur du Musée de l’homme), sait qu’il vient de faire une découverte retentissante. Un puzzle de 52 ossements Au total, 52 ossements, disséminés dans un petit ravin sur une dizaine de mètres, sont collectés. Une mandibule, des morceaux de crâne et, surtout, des éléments postcrâniens, dont une partie du bassin et du fémur. Aucune pièce du puzzle n’est en double : il s’agit d’un « personnage », complet à 40 %. « Ce n’était pas un gisement à hominidés, mais un hominidé, ­relate Yves Coppens. C’était le plus important. Ça signifiait pouvoir estimer sa taille, son poids, ses proportions, juger des articulations, donc de son comportement… » « Lucy », ainsi que viendront à la surnommer les membres de la mission après avoir fêté sa découverte au champagne, est alors le fossile d’hominidé ­ancien le plus âgé : les datations préliminaires et la faune associée indiquent plus de trois millions d’années. Pour couronner le tout, elle paraît résolument bipède. La perception de nos origines bascule. Mais à quelle espèce appartient-elle ? Lucy donne du fil à retordre à Johanson, persuadé un premier temps d’avoir affaire à deux espèces : Homo, avec des mâchoires de taille importante, et quelque chose d’autre… « Ses dents étaient sorties, c’était une adulte, mais elle était très petite, à peine plus d’un mètre. C’est en partie à cause de ça que j’ai d’abord cru qu’il y avait deux espèces », se souvient-il.
"2014-10-14T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/10/20/lucy-inclassable-ancetre_4509226_1650684.html
Le climat post-attentats assombrit Les Nuits Botanique
La 23e édition du festival bruxellois, jusqu’au 7 juin, est marquée par le traumatisme des tueries du 22 mars.
La claviériste bruxelloise Fanny Van Hammée et la batteuse parisienne Olympia Boule, forment le duo électro-pop Faon Faon. NUITS BOTANIQUE Militaires en armes devant le site et dans les allées du jardin, patrouille de police dans les galeries menant aux salles… Jamais le festival Les Nuits Botanique n’avait connu tel encadrement de sécurité. Moins de deux mois après les attentats qui ont endeuillé Bruxelles le 22 mars, la 23e édition du rendez-vous pop-rock bruxellois a dû adapter sa légendaire convivialité à ­quelques contraintes. « Notre métier ne sera plus jamais le même, nous avons perdu notre part ­d’insouciance », constate Paul-Henri Wauters, directeur artistique du Botanique, l’un des principaux lieux de concerts de la capitale belge, où se tient ce festival. Celui-ci accueille plus de 160 groupes et chanteurs (dont 60 % de Belges) jusqu’au 7 juin dans l’ancien jardin botanique. Les tueries parisiennes du 13 novembre 2015 avaient déjà profondément marqué Bruxelles et son milieu du spectacle. « Si Paris a vécu un syndrome post-traumatique, nous vivions jusque-là avec un syndrome pré-traumatique, persuadés que nous serions les prochains touchés », dit Paul-Henri Wauters. « Nous avons longtemps eu l’impression de vivre dans une sorte de village ­multiculturel, préservé de la violence par rapport à Paris ou ­Londres, analyse le chanteur et guitariste bruxellois Amaury Massion, programmé aux Nuits Botanique le 17 mai sous le nom de Lylac. Les origines belges de ­certains auteurs des attentats ­parisiens nous ont replongés dans la réalité. » Molenbeek côté rock « Bizarrement, la vie a repris plus vite son cours après les attentats de Bruxelles qu’après ceux de Paris », remarque la claviériste bruxelloise Fanny Van Hammée, qui, avec la batteuse parisienne Olympia Boule, forme le duo électro-pop Faon Faon. Après avoir composé un morceau en hommage aux victimes du 13 novembre, les demoiselles ont été approchées après le 22 mars pour cosigner un petit hymne d’espoir surréaliste, Sprout to Be Brussels (jeu de mots avec sprout – « chou de Bruxelles » – et proud – « fier » –, en anglais), avec le chanteur Témé Tan. Après les attaques de mars, la plupart des contrats de concert se sont vu rajouter une clause particulière d’annulation en cas « d’activité terroriste potentielle ». Si les annulations ont été rarissimes, les professionnels de la musique bruxellois constatent une baisse de fréquentation ces six derniers mois, particulièrement dans les salles programmant des artistes en développement. « Comme si les gens avaient du mal à cumuler le possible risque d’un attentat et celui de découvrir un artiste », remarque Paul-Henri Wauters.
"2016-05-18T00:00:00"
musiques
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2016/05/19/les-nuits-botanique-assombries-par-le-climat-postattentats_4922030_1654986.html
Au Rond-Point, Christiane Taubira en « guest star »
Organisée à l’initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, la soirée du lundi 2 décembre se voulait une réponse aux insultes racistes contre Christiane Taubira.
La garde des sceaux, Christiane Taubira, le 2 décembre 2013. AFP/JOEL SAGET Elle a ouvert et conclu la soirée sous un tonnerre d’applaudissements et une standing ovation. Christiane Taubira a conquis, lundi 2 décembre, le public très culturel du Théâtre du Rond-Point, à Paris, pour une soirée intitulée « La Peste, disait-il ! La culture contre la haine ». « Merci pour cette soirée fraternelle, amicale, dont je ne suis que le prétexte », a insisté la garde des sceaux avant de lancer, après trois heures de lectures de textes déclamés par une quarantaine de personnalités du monde artistique et littéraire, entrecoupées de chansons : « Les artistes nous donnent une énergie si phénoménale qu’ils nous rendent indestructibles. » Lancée à l’initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, et orchestrée par le directeur du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, cette soirée se voulait une réponse, en cette année de centième anniversaire de la naissance d’Albert Camus, aux insultes racistes contre Christiane Taubira, à la montée de l’extrême droite et « aux attaques contre les valeurs de la République qui se développent depuis plusieurs semaines ». Jean-Michel Ribes a listé « les ténèbres d’un repli sur soi », du discours de Dakar et de Grenoble de Nicolas Sarkozy, aux anti mariage pour tous, en passant par l’intégrisme religieux. De Jacques Weber prononçant Zola à Benjamin Stora choisissant Frantz Fanon ; de Régis Jauffret réclamant le retrait des produits Banania de tous les magasins à Jacques Martial lisant Aimé Césaire ; du sketch « L’enfer, c’est les autres » de Guy Bedos au slam d’Abd Al Malik sur « la dignité même qui devient une valeur jetable » ; de la lettre d’hommage de Daniel Pennac à Christiane Taubira au discours de Martin Luther King lu par Stanislas Nordey ; d’Anne Consigny clamant Edouard Glissant à Nicole Garcia optant pour les Lettres à George Sand de Flaubert, des convaincus de l’importance de la lutte contre toutes les formes de racisme ont parlé, devant des dessins satiriques de Charb et Riss projetés sur grand écran. Bondée, la salle, où avaient pris place Valérie Trierweiler et Harlem Désir, était acquise à la cause : « Il faut trouver un moyen de faire circuler ce genre de soirée, mais comment ? », s’est interrogée Aurélie Filippetti à l’issue de cette mobilisation parisienne.
"2013-03-12T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/12/03/au-rond-point-des-artistes-contre-la-haine_3524573_3246.html
« Le Monde des lecteurs » - Guerre 14-18 : les difficiles leçons d’Histoire d’une victoire
Jean-Marie Baurens se montre perplexe sur les comportements politiques des hommes et des femmes au lendemain de la victoire de 1918. Qu’en serait-il aujourd’hui ?
Cinquième jour de la semaine d'itinérance mémorielle de l'Armistice de la guerre 14-18, d'Emmanuel Macron, Président de la république. Cérémonie dans la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette. À Ablain-Saint-Nazaire, jeudi 8 novembre 2018. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : [email protected]. Le président de la République fête la victoire de 1918, l’épisode sacrificiel le plus incontestable de l’histoire de la France récente. Mais peut-on accorder automatiquement au 11 novembre 1918 ce label de victoire et s’en faire des gorges chaudes sans fin ? Car, comme dans « l’arithmétique des plaisirs » selon Epicure il y a les « plaisirs naturels suivis de douleurs ». Sans sombrer dans le mauvais goût d’ignorer les souffrances indicibles des Poilus et de leurs familles, il faut froidement admettre en historien que la victoire de la première guerre mondiale a été suivie presque sans attendre, dans l’espace d’une génération, de la plus conséquente des défaites. En effet, à peine plus de vingt ans après, comme dans un pas de deux, notre pays était envahi, nié, meurtri, dès 1940 et, durant au moins quatre longues années, occupé comme très peu de grands pays ne l’avaient été dans l’histoire des nations. Parce que l’on avait oublié que même les victoires les plus éclatantes engendraient souvent les défaites les plus cinglantes. L’entre-deux-guerres aurait-il contraint nos dirigeants à pécher par la naïveté des nations sans expérience ? L’exaltation de la victoire aurait-elle occulté les faits ? On s’est contenté d’occuper la Rhénanie simplement pour la valeur symbolique de notre présence outre-Rhin. Mauvaise analyse Comme il est dit dans An Illustrated History of Britain, publication dirigée par David McDowall (Longman 2006 P. 166) les Français et les Anglais avaient alors coupablement mal évalué le danger du réarmement allemand et se sont laissés surprendre. « All of us, we refused absolutely to face the facts ». Sachant que les Anglais honnêtes conviennent toutefois que la France « on the continent » occupait une position plus vulnérable que la Grande-Bretagne insulaire. Ajoutons que notre pays n’avait pas disposé du temps nécessaire au renouvellement de sa génération de jeunes hommes. C’est vrai que la commémoration de ces jours-ci possède au moins la vertu de montrer à quel point les Français sont capables de se transcender pour défendre la patrie, formule désuète pour parler de la défense des valeurs. Certes, la France, prise à la gorge en 40, n’avait pourtant pas fait partie des pays dévoyés comme l’Italie et l’Espagne par exemple qui n’avaient pas eu la force ou la clairvoyance de résister au charme des sirènes du fascisme mussolinien ou franquiste inspiré par le nazisme hitlérien. Mais à ce moment crucial notre nation s’est retrouvée divisée, prise de court et l’a payé très cher. Un quasi-esclavage comme le raconte si bien « Le journal des années noires » de Jean Guéhenno (Gallimard 1947). Et ce, malgré la résistance roborative de l’intérieur. Frustrations du traité de Versailles Nous savions que la Traité de Versailles portait en germe les frustrations de Berlin, d’Ankara et peut-être même de Moscou. Mais à l’époque la réflexion sur l’histoire contemporaine des générations des années trente a été, d’une façon fort compréhensible, anémiée par la satisfaction chère payée de la victoire de 1918. Avec le recul, toujours facile, convenons-en, on serait peut-être obligé de se rallier à des analyses de type utilitarisme ou holisme ou encore « Consequentialism » (Modern Moral philosophy, Anscombe 1958). Qu’en serait-il aujourd’hui ? On ne peut durant ces célébrations, ignorer l’épisode tragique qui a suivi dès 1939 presque dans la foulée ce fameux 11 novembre 1918. Bien sûr, le président Français a raison d’inviter les grands ce monde. La diplomatie contemporaine est moins bête qu’avant. Mais puissent ces rencontres de Paris générer des réflexions convergentes plutôt que les sourires béats et consensuels traditionnellement affichés sur les photos officielles. Jean-Marie Baurens, Montpellier.
"2018-09-11T00:00:00"
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/09/le-monde-des-lecteurs-guerre-14-18-les-difficiles-lecons-d-histoire-d-une-victoire_5381111_5334984.html
Quand Xavier Bertrand multiplie les djihadistes
L'ancien ministre UMP évoque un millier d'anciens djihadistes de retour en France. Le ministère en comptait cinq fois moins en décembre.
Dans le climat qui suit les attentats qui ont frappé Charlie Hebdo, la classe politique multiplie les propositions et les annonces pour mieux lutter contre le terrorisme. Quitte, parfois, à s'emmêler avec les chiffres. Exemple avec l'UMP Xavier Bertrand. Ce qu'il a dit : « Ceux qui partent doivent savoir qu'ils ne reviendront pas en liberté, même les Français (...). Ce sont ceux qui sont en France, plus de 1 000, nous dit le ministère, ceux-là, il faut les traquer, les débusquer (...). Les 1 000 dont je viens de parler, le ministère l'assure, ce sont ceux qui sont allés faire le djihad et ce sont des bombes à retardement, il faut les mettre hors d'état de nuire. » Pourquoi c'est exagéré Martial, Xavier Bertrand a multiplié, jeudi sur LCI, les propositions musclées contre le terrorisme. Et notamment celle de « mettre hors d'état de nuire » les personnes qui seraient revenues en France après avoir participé au djihad en Syrie ou en Irak. Le problème, c'est que M. Bertrand s'embrouille un peu avec les chiffres, qu'il revoit fortement à la hausse. Décodeurs 1 400 « concernés .» Selon les chiffres donnés par Manuel Valls lundi, 1400 personnes, Français ou résidant en France, sont « concernées » par des départs pour la Syrie ou l'Irak. Environ 70 sont morts sur place. 390 Français en Irak ou en Syrie. En décembre, le ministre, Bernard Cazeneuve, parlait en conseil des ministres de 1 200 personnes concernées par le départ pour le djihad, dont 390 sur place, 231 en route vers l'Irak ou la Syrie. 185 sur le sol Français. Mais l'estimation du nombre de combattants revenus en France était bien moindre : 234 personnes de retour, dont 185 anciens combattants djihadistes arrivés sur le sol Français. Soit... plus de cinq fois moins que le millier d'anciens combattants djihadistes évoqués par M. Bertrand.
"2015-01-15T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/15/xavier-bertrand-multiplie-les-djihadistes_4556633_4355770.html
La rémunération des dirigeants sous forme d'options doit cesser
"Il revient aux conseils d'administration d'assumer leur responsabilité, de tenir compte des effets pervers et pernicieux de la rémunération sous forme d'options sur le titre, d'en réduire graduellement l'importance jusqu'à leur élimination éventuelle."
Ce fut une erreur et la source de multiples entourloupettes d'octroyer des options d'achat sur le titre de la société comme un élément important de la rémunération des dirigeants. Cette forme de rémunération, proposée et chaudement appuyée au départ par les investisseurs institutionnels, avait semblé un mécanisme simple, efficace sur le plan fiscal, pour aligner les intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires. En effet, ce mode de rémunération transforma plusieurs dirigeants en forcenés de la création de valeur pour les actionnaires. Le phénomène annonça la fin du modèle de l'entreprise aux multiples parties prenantes. Pour beaucoup de sociétés, surtout celles ne comptant pas d'actionnaires importants pouvant exercer un certain contrôle, le conseil d'administration et la direction devaient désormais prendre leurs décisions dans l'intérêt d'une seule partie prenante : les actionnaires. Les fiascos et scandales, qui ont nom Enron, WorldCom, Global Crossing et autres durant les premières années du XXIe siècle, ont jeté une douche froide. Les rémunérations gigantesques, sous forme d'options, accordées à certains dirigeants ont joué un rôle de premier plan dans la genèse de ces scandales. Puis, on oublia cet épisode. Les marchés boursiers s'emballèrent derechef. Les dirigeants firent le plein d'options jusqu'à ce que la crise financière ne survienne en 2008. Encore une fois, on blâma les formes de rémunération comportant des bonus extravagants. En fait, ce furent les options sur le titre qui alimentèrent la cupidité des principaux acteurs. Par exemple, les PDG de Bear Stearns et Lehman, dont la déconfiture déclencha la crise financière, ont reçu entre 2000 et 2008 quelque 88 millions de dollars et 62 millions de dollars en bonus mais ont réalisé par l'exercice d'options durant la même période 289 millions de dollars et 461 millions de dollars respectivement. Depuis, on cherche les moyens de mieux encadrer les rémunérations, d'en mitiger les abus. La part des options dans la rémunération globale diminue au profit des actions de performance. Car, en effet, la rémunération sous forme d'options fait l'objet de critiques persuasives : La loterie des options : les options sur le titre accordées aux dirigeants de sociétés ont tendance à récompenser la "chance" autant que la performance; un marché boursier haussier fait monter toutes les barques; à moins que le prix d'exercice ne soit indexé en fonction d'un indice boursier (une pratique rare qui soulève d'autres questions épineuses), les dirigeants "veinards" qui traversent une de ces époques récurrentes de flambée des cours boursiers deviendront très riches; ceux qui passeront une bonne partie de leur carrière en période de stagnation boursière auront moins de chance. Mais une loterie d'un type particulier car les détenteurs des billets peuvent, à court terme, exercer une certaine influence sur le numéro gagnant par diverses astuces comptables et financières ; cette particularité devient une tentation à laquelle plusieurs n'ont pu résister. La volatilité de la richesse : les options sont source importante d'enrichissement mais cette "fortune de papier" est vulnérable aux aléas des fluctuations boursières, ce qui ne peut qu'influencer les motivations et comportements des dirigeants : millionnaire un jour, simple salarié le lendemain; les options sont source d'anxiété devant les impondérables; aussi, malgré que l'on puisse s'attendre à une grande aisance financière par cette forme de rémunération, les dirigeants continuent de demander des multiples formes de protection, comme les contrats d'emploi avec généreuses primes de départ, des régimes de retraite spéciaux, etc. L'incitation au risque : selon certains, les options incitent les dirigeants à prendre plus de risques qu'il n'est souhaitable puisqu'ils profitent des poussées à la hausse du prix du titre mais, en exerçant leurs options avec sagacité, ne sont pas pénalisés outre-mesure par les mouvements baissiers. La vraie valeur des options : la pratique, la norme presque, fait que l'on attribue chaque année des options aux dirigeants. Pour les fins de rapporter aux instances appropriées le montant de la rémunération accordée aux dirigeants, il faut donner une valeur aux options accordées aux dirigeants. Pour y arriver, on a recours à une formule mathématique conçue pour d'autres fins et n'ayant qu'une pertinence marginale pour le type d'options accordées aux dirigeants. Néanmoins, ce modèle d'évaluation, dit Black-Scholes, sert à donner une valeur monétaire aux options pour les fins des rapports annuels. Cette mesure ne fournit aucune indication de la véritable rémunération en espèces qui sera encaissée un jour. Les options sont acquises au fil d'un certain nombre d'années, et peuvent généralement être exercées pour une période de dix ans après leur attribution. On ne connait pas, au moment de leur octroi, la valeur réelle en espèces que pourront en tirer les dirigeants qui les détiennent, mais ces montants peuvent être plusieurs fois supérieurs à leur valeur estimée selon Black-Scholes. Le moment est venu de trancher le nœud gordien d'un système de rémunération largement appuyé sur les options d'achat d'actions. Les options sur le titre devraient être graduellement éliminées de la rémunération des dirigeants. On pourrait arriver à ce résultat par le biais de la réglementation, mais il n'est pas souhaitable de faire intervenir les gouvernements sur ces questions. Il revient aux conseils d'administration d'assumer leur responsabilité, de tenir compte des effets pervers et pernicieux de la rémunération sous forme d'options sur le titre, d'en réduire graduellement l'importance jusqu'à leur élimination éventuelle. Yvan Allaire, professeur émérite, président du conseil, Institut pour la gouvernance des organisations publiques et privées (IGOPP)
"2012-04-12T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/12/04/la-remuneration-des-dirigeants-sous-forme-d-options-doit-cesser_1799646_3232.html
François Fillon hospitalisé pour un calcul rénal
François Fillon a annulé mercredi soir une réunion publique qu'il devait tenir à Montluçon dans le cadre de sa campagne à la présidence de l'UMP, en raison d'un problème de santé qui l'a obligé à rentrer à Paris où il a été hospitalisé jeudi.
François Fillon a annulé mercredi 7 novembre au soir une réunion publique qu'il devait tenir à Montluçon dans le cadre de sa campagne à la présidence de l'UMP, en raison d'un problème de santé qui l'a obligé à rentrer à Paris où il a été hospitalisé jeudi, a-t-on appris auprès de son entourage. L'ex-premier ministre souffre d'un calcul rénal, a ajouté son entourage, en affirmant qu'il reprendrait sa campagne "dès ce week-end". François Fillon devrait être hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, a-t-on appris par ailleurs d'une source proche du dossier. Le candidat à la présidence de l'UMP avait à son programme mercredi trois réunions: une à Blois, une à La Chartre-sur-le-Loir, et la dernière à Montluçon. Pris de douleurs, l'ancien premier ministre a été contraint de faire une halte dans un hôpital avant son meeting de La Chartre, comme il l'a expliqué aux militants qui l'attendaient. Finalement, il a dû annuler sa dernière étape pour rejoindre Paris dans la soirée. François Fillon affronte dans la course à la tête de l'UMP le secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Les militants sont appelés à faire leur choix le 18 novembre. Le début de la campagne de François Fillon avait déjà été marqué par des problèmes de santé, après un accident de scooter survenu en Italie à la fin de juillet, au cours duquel il s'était fracturé la cheville. L'ancien premier ministre avait été contraint de retarder son entrée en campagne avant de participer à ses premières réunions publiques avec un plâtre.
"2012-08-11T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/08/francois-fillon-hospitalise-pour-un-calcul-renal_1787427_823448.html
Le malheur et son utilité
Problèmes de qualité, crise financière, tsunami, inondations, cours du yen défavorable : rien n'a été épargné à Toyota.
Des véhicules endommagés par le tsunami du 11 mars, sur un parking d'une usine Toyota à Sendai, le 4 avril 2011. AP/Eugene Hoshiko Après trois ans, même un malheur peut servir à quelque chose", dit un proverbe japonais. Question malheur, Toyota a été servi ces trois dernières années. Problèmes de qualité, crise financière, tsunami, inondations, cours du yen défavorable : rien n'a été épargné au constructeur. Dans ce maelström, il a perdu sa couronne de numéro un mondial, et ses bénéfices ont été amputés d'un tiers l'an dernier. Voilà le bilan, quand on jette un oeil dans le rétroviseur. Mais regarder la route qui se profile à l'horizon est plus riche d'enseignements. Dans sa présentation des résultats annuels, mercredi 9 mai, le PDG, Akio Toyoda, cite Charlie Chaplin, qui avait coutume, quand on lui demandait quel était son meilleur film, de répondre "le prochain". Belle pédagogie pour expliquer le kaizen, ce principe basé sur l'amélioration permanente des procédés de production grâce à une conjonction de petits ajustements vers plus d'efficacité. On est aux antipodes des Temps modernes, pour poursuivre avec Chaplin. Grâce à cette école de patience et de discipline, Toyota est de retour, et pas de n'importe quelle manière : le groupe annonce que, dans les douze mois qui viennent, son bénéfice opérationnel va tripler, à 10 milliards d'euros. Jamais depuis cinq ans il n'avait atteint un tel niveau. Au regard de la rapidité du redressement, on peut parler de miracle japonais. Au-delà des propres efforts de Toyota pour revenir dans la course, beaucoup d'indicateurs conjoncturels sont repassés au vert. Ses deux principaux marchés en termes de rentabilité, le Japon et les Etats-Unis, sont en train de redevenir des machines à cash. La Bourse commence à y croire de nouveau : l'action Toyota a reconquis la moitié de ce qu'elle avait perdu depuis le tsunami du 11 mars 2011. Mais la course d'obstacles n'est pas pour autant terminée. Comme pour toutes les entreprises japonaises, le niveau du yen continue à plomber ses exportations. Toyota produit encore la moitié de ses voitures au Japon, le double de ses rivaux japonais, Honda et Nissan. Il devient impératif de combler ce retard pour atténuer les effets de change. Lorsque Toyota est devenu numéro un mondial, en 2009, il a été victime d'une certaine arrogance, qui l'a gêné pour anticiper et se protéger de ses propres faiblesses. Aujourd'hui, le groupe est de retour. Nul doute que le malheur n'a pas été totalement inutile pour apprendre et progresser. Retrouvez Pertes & profits sur le Net : lauer.blog.lemonde.fr par Stéphane Lauer
"2012-10-05T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/10/le-malheur-et-son-utilite_1698508_3234.html
Vers un principe de précaution numérique ?
Il faut trouver le juste équilibre entre le développement des services numériques et la protection de la vie privée.
Les données personnelles sont-elles devenues une simple ressource ? Une ressource qui peut être transformée en produits dérivés, comme le pétrole ou le minerai de fer, en générant de la valeur ajoutée. La question peut surprendre, mais elle est essentielle pour comprendre le débat qui agite notre pays sur le numérique. Les données personnelles nous touchent directement, et leur traitement peut porter atteinte à notre vie privée. Il faut donc trouver le juste équilibre entre le développement des services numériques et la protection de la vie privée. La France qui a entamé très tôt cette réflexion, dispose d'une autorité de régulation originale, la CNIL, dont l'influence en Europe est importante. Mais la France accuse un retard important dans le développement de l'économie numérique. Classée 23e par le Forum économique mondial, sa position dans la société de l'information ne correspond pas à sa puissance économique. Le gouvernement français, qui vient de publier une feuille de route sur le numérique, se mobilise pour la société de l'information, en mettant l'accent en particulier sur la formation et la numérisation des entreprises. Il faut saluer cette initiative. Toutefois, il semble que cette ambition soit bridée par un "principe de précaution numérique", qui mérite la plus grande attention. Le principe de précaution est une règle fondamentale de notre société, qui fait l'objet de débats récurrents tout particulièrement bien sûr en lien avec les secteurs nouvellement ouverts par les avancées scientifiques. Ces derniers jours, l'Assemblée nationale s'est plongée sur les questions de bioéthique en reconsidérant, après l'examen au Sénat, la loi de 2011 et la question des recherches sur les cellules souches embryonnaires. Le principe de précaution a pour objet d'éviter un ou plusieurs risques en interdisant certaines activités au moyen de la loi. On comprend bien les enjeux de certaines recherches dans les sciences du vivant. Ce principe génère toutefois des risques corollaires qui découlent de l'interdiction première. Dans le domaine des sciences de la vie, on pense en particulier à la perte de compétitivité de la recherche médicale et des entreprises pharmaceutiques françaises. Mais qu'en est-il dans le domaine numérique ? Les services de la société numérique reposent pour la plupart sur des données personnelles. Un moteur de recherche, comme Google par exemple, peut établir des profils assez précis de ses utilisateurs qui permettent à la fois de répondre plus efficacement à leurs attentes et de cibler plus efficacement la publicité, qui constitue sa source de revenu. Les systèmes de géo-positionnement sur mobile offrent des services qui traitent des données liées aux activités des personnes, et donc à leur vie privée. Il est impossible d'assurer des services personnalisés sans traiter de données personnelles, mais il est possible par contre de se limiter au traitement des données absolument nécessaires pour assurer les services souhaités. Par ailleurs, les données peuvent être également anonymisées, c'est-à-dire décorrélées de l'identité des personnes à qui elles appartiennent, avant d'être utilisées pour de nombreuses applications. De telles solutions semblent répondre au principe de précaution numérique que la société appelle de ses voeux, protéger les citoyens contre des utilisations abusives de leurs données. Toutefois nombreux sont les écueils. D'abord, comme cela est de plus en plus souvent démontré, l'identification des personnes à partir de leurs données, de leurs activités, ou même simplement de la configuration de leur ordinateur peut être bien souvent réalisée, même si les données sont supposées être protégées. De plus l'accès par effraction à des données personnelles est un risque inhérent à la société numérique. Il n'y a pas de société sans risque, les risques associés à nos énergies par exemple sont loin d'être négligeables. Ensuite, autoriser la collecte, le stockage et l'exploitation des données d'une manière limitée, définie a priori et répondant strictement au besoin de services particuliers, c'est fermer la porte à l'évolution des services numériques. Or, la société de l'information est en pleine évolution, nous n'avons aujourd'hui qu'une idée imprécise des services qui seront disponibles dans dix ans. Une chose est certaine : l'interaction entre les humains et les machines se développera. Pour être ergonomique pour les humains, les machines devront nous connaître, disposer de suffisamment de données sur nous pour pouvoir personnaliser l'échange, permettre une interaction en bonne intelligence. Autrement, c'est d'une interaction limitée, d'un service unique pour tous que nous devrons nous contenter. Supposons néanmoins que l'Europe soit en mesure d'imposer de telles règles. Quels seraient les risques corollaires ? Brider le développement des services de la société de l'information en France aurait un impact très limité, ils se développeront de toute façon hors de nos frontières, et pénétreront notre territoire à partir de l'étranger, sans que nous ayons vraiment de recours. Mais, ne sommes nous pas déjà dans cette situation ? Jamais nous n'avons en effet été, en période de paix, aussi dépendants de l'industrie étrangère pour des services fondamentaux, désormais aussi indispensables que le sont les transports ou l'énergie. Les systèmes de la société de l'information que nous utilisons sont essentiellement américains, les terminaux, les systèmes d'exploitation sur fixes ou mobiles, les services de la toile, les systèmes de stockage et de traitement des données du nuage, etc. La force des systèmes américains, comme Facebook par exemple – qui a un milliard d'utilisateurs et qui supporte des millions d'applications de par le monde qui tournent grâce aux services offerts par Facebook aux entreprises en exploitant les données des utilisateurs – c'est d'être des systèmes ouverts qui ne limitent pas a priori les usages du futur, tout en essayant de garantir un niveau acceptable, tout au moins largement accepté, de protection des données personnelles, liant contractuellement Facebook à ses utilisateurs. Ces données personnelles sont de plus protégées par des lois et en particulier par le quatrième amendement de la constitution, mais ces dispositions s'appliquent imparfaitement aux données des personnes qui ne sont pas résidentes des Etats-Unis. C'est l'incroyable paradoxe du principe de précaution numérique des européens. Protéger fortement les données en Europe sans assurer les services de base, impose de recourir à des services plus libéraux, sur lequel nous n'avons que très peu d'influence et dont la valeur ajoutée est créée hors de nos frontières avec les ressources que nous transférons gracieusement. La feuille de route sur le numérique met surtout l'accent sur les industries dérivées pour la culture, la santé, les PME, qui toutes supposent des infrastructures et des services dont nous manquons précisément, ainsi que sur la régulation et la réforme de la fiscalité qui sont nécessaires bien sûr, mais ne changeront pas fondamentalement le cours de l'histoire. Stéphane Grumbach (Directeur de recherche à l'Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria)) et Stéphane Frénot (Professeur des universités au laboratoire CITI de l'Institut national des sciences appliquées de Lyon)
"2013-04-15T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/15/vers-un-principe-de-precaution-numerique_3160109_3232.html
Dans le jardin du Bois-Dormoy, une solidarité précaire pour les migrants de La Chapelle
L’association qui gère ce jardin partagé en appelle aux pouvoirs publics et prévient qu’elle ne pourra « pas prolonger son accueil au-delà de jeudi 10 juin, 15 heures ».
Devant le jardin partagé du Bois-Dormoy, transformé en camp provisoire, mardi 9 juin. Rafael Yaghobzadeh / Hans Lucas pour "Le Monde" Quelques couvertures de survie, des draps qui font office de lit et, parfois, un matelas jonchent la terre. Des piles de vêtements s’entassent, en attendant d’être lavés. D’autres sèchent sur les branches des arbres du bois Dormoy. C’est dans ce jardin associatif du 18e arrondissement de Paris que les migrants de la station de métro La Chapelle ont trouvé refuge depuis lundi 8 juin, après s’être fait expulser de la rue Pajol, située dans le même arrondissement. L’herbe y est peut-être plus verte, mais la précarité toujours aussi présente. Mercredi, ils étaient presque cent cinquante à occuper ce terrain. D’autres y étaient encore attendus. Peut-être pas pour longtemps. Mercredi soir, l’association du Bois-Dormoy, qui gère ce jardin partagé, annonçait par un communiqué qu’elle ne pourrait « pas prolonger son accueil au-delà de jeudi 11 juin, 15 heures », précisant qu’elle n’avait pas « la capacité de se substituer aux pouvoirs publics dans le traitement des questions humanitaires, sanitaires et administratives liées à la situation des migrants ». A l’ombre du soleil, caché par les arbres, mercredi, des migrants discutent, se reposent ou répondent aux questions des journalistes. Cinq d’entre eux échangent quelques passes avec un ballon en mousse, qu’ils délaissent lorsqu’ils aperçoivent un petit attroupement se former autour d’un homme. Portable à la main, Fathi montre à la petite assemblée son passage la veille au « Grand Journal », sur Canal +. Lui qui a quitté depuis peu le Soudan, « où l’on ne peut rien dire ou se faire assassiner sans raison par la police », se dit étonné de la façon dont ont été traités les migrants depuis le début de juin. « Nous sommes conscients qu’il y a de plus en plus de migrants qui gagnent la France et qui s’installent à Paris. Mais on ne s’attendait pas à se faire arrêter ou battre par la police de la sorte, déplore-t-il. Au moins ici, nous sommes bien traités. » Une organisation dans l’urgence Ce lieu, c’est l’association du Bois-Dormoy qui l’a fourni. « Ils s’étaient fait expulser l’après-midi et se retrouvaient en pleine nuit sans aucun endroit où dormir », explique le président de l’association, Thomas Augais. Après avoir reçu un appel lui demandant son aide vers 1 heure du matin, il décide d’ouvrir les portes. Rapidement, la solidarité s’organise. Riverains, militants, pour la plupart d’extrême gauche ou écologistes, et des membres associatifs viennent apporter leur aide ou faire des dons de nourriture, de vêtements, de couvertures… Alors qu’il se trouvait encore quelques jours plus tôt sous le métro dans le quartier de La Chapelle, Djamel apprécie l’endroit. « On se sent mieux ici, confie ce jeune Algérien. On se sent à l’abri car c’est un peu caché. Et puis la police ne vient pas ici. » Mercredi, devant l’entrée du bois, des bénévoles confectionnent des sandwichs au poulet ou au thon pour le déjeuner. Biko croque dans l’un d’eux, affichant un large sourire. Presque un réconfort pour ce jeune homme de 22 ans, dont le corps témoigne des sévices subis au Soudan, son pays d’origine. De deux doigts, il baisse le col de sa chemise, laissant entrevoir une large balafre dans le cou. Une fois le sandwich avalé, le contentement laisse place à l’amertume. « En arrivant en France, je n’étais pas seulement à la recherche d’un toit, mais de paix et de liberté. Aujourd’hui, je me rends compte, que même ici, nous ne sommes pas considérés. » « Inaction des pouvoirs publics » et des associations Les migrants ne sont pas les seuls à ne pas se sentir considérés. L’association, les bénévoles, les riverains, les militants et responsables politiques regrettent « l’inaction des pouvoirs publics ». « Les bénévoles et les riverains sont en train de faire un travail qui n’est pas le leur. Il faut que la ville fournisse une structure temporaire qui soit plus adaptée, comme un gymnase ou une école, assène la conseillère (PCF) de Paris Emmanuelle Becker. En plus d’être brutale et inhumaine, l’intervention de lundi était inutile. Au final, les migrants sont simplement passés d’une situation précaire à une autre. » La secrétaire générale de l’association du Bois-Dormoy, Agathe Ferin-Mercury, admet être dépassée par les événements. « Nous ne sommes pas des professionnels de l’humanitaire. D’habitude, nous faisons ici un jardin partagé, concède-t-elle, l’air fatigué. Au lieu de compter sur la solidarité des autres, il faudrait que la mairie fasse quelque chose très rapidement. » Avec une toilette sèche pour près de cent cinquante personnes, environ cinquante cas de gales répertoriés, une infirmière à mi-temps et son stock de médicaments de base « fournis par la pharmacie du coin », la question sanitaire commence à devenir préoccupante. D’autant plus que l’ONG Médecins du monde ne s’est toujours pas manifestée sur place. Une situation qui agace passablement une bénévole. « On a dû contacter nous-mêmes les associations, qui ne viennent pas d’elles-mêmes. Hier soir, on cherchait encore des couvertures pour les migrants. Ce sont des conditions indignes. » Benjamin Derveaux
"2015-11-06T00:00:00"
immigration-et-diversite
https://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/11/dans-le-jardin-du-bois-dormoy-une-solidarite-precaire-pour-les-migrants-de-la-chapelle_4651856_1654200.html
Armes à feu : un compromis trouvé au Congrès américain
L'accord entre démocrates et républicains, qui reprend une partie des propositions d'Obama sur le contrôle des armes à feu, sera soumis jeudi au vote du Sénat.
Une partie des propositions de Barack Obama sur le contrôle des armes à feu pourrait être adoptée dans le cadre d'un projet de loi au Sénat. REUTERS/JOSHUA LOTT Un compromis a été conclu, mercredi 10 avril, entre démocrates et républicains sur l'extension des vérifications d'antécédents avant les achats d'arme, une mesure promue par le président Barack Obama. L'accord, annoncé par le sénateur démocrate Joe Manchin et son collègue républicain Pat Toomey, pourrait relancer les perspectives d'adoption par le Sénat d'une partie au moins des propositions du président Barack Obama sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. L'accord doit être soumis au vote du Sénat jeudi 11 avril, mais il ne s'agit que de la première étape d'un parcours législatif jonché d'obstacles. Selon le site Politico, le texte mis au point par les négociateurs démocrates et républicains rendra obligatoires les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques pour toutes les ventes d'armes dites "commerciales". Actuellement, ces vérifications ne sont obligatoires au niveau national que pour les vendeurs professionnels. Les foires, ventes occasionnelles en ligne ou de particulier à particulier n'étaient pas concernées par la loi actuelle, sauf dans quelques Etats qui ont mis en place leur propre législation. En revanche, le compromis ne concernerait pas les transferts d'arme entre amis ou au sein d'une famille. UNE MESURE PLÉBISCITÉE PAR LES AMÉRICAINS Contraint d'abandonner son projet d'interdire les armes semi-automatiques, Barack Obama avait fait pression sur les républicains pour faire adopter ce "background check", plébiscité par neuf Américains sur dix. Il avait menacé ses adversaires politiques de leur faire porter la responsabilité d'un éventuel échec.
"2013-10-04T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/04/10/armes-a-feu-un-compromis-trouve-au-congres-americain_3157511_3222.html
Le « mur des cons », un procès anachronique et hors sujet
L’audience a tourné au dialogue de sourds entre les deux parties qui semblaient comme figées dans le temps où Nicolas Sarkozy était au pouvoir. La relaxe a été requise.
L’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM), Françoise Martres, à Paris en octobre 2015. PATRICK KOVARIK / AFP Le procès du « mur des cons » s’est achevé, vendredi 7 décembre, par des réquisitions de relaxe en faveur de Françoise Martres, poursuivie pour « injures publiques » ès qualités d’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM). Conformément à la position du parquet tout au long de l’instruction, le procureur Yves Badorc a considéré qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre la prévenue au motif que le local syndical dans lequel était affiché le fameux panneau n’était pas un « lieu public ». En outre, a-t-il observé, le délit reproché à Françoise Martres, s’il devait finalement être retenu par le tribunal, tomberait sous le coup de la prescription prévue par la loi de 1881 sur la presse. Cette position n’est évidemment pas partagée par les parties civiles, qui estiment au contraire qu’en recevant dans ses locaux syndicaux le journaliste Clément Weill-Raynal, auteur de la vidéo clandestine qui a révélé l’existence de ce « mur des cons », l’ex-présidente Françoise Martres avait rendu le lieu « provisoirement public ». Me Basile Ader qui, avec son confrère Me Jean-Yves Le Borgne, représentait neuf parlementaires de droite épinglés sur le panneau, a toutefois suggéré au tribunal, s’il ne le suivait pas sur cette notion de « publicité », de requalifier les « injures publiques » en « injures privées ». De délit, les faits reprochés à Mme Martres deviendraient alors une simple contravention, relevant du tribunal de police. Indifférence Voilà, résumé à grands traits, le débat juridique que va devoir trancher le tribunal. Reste une question : à quoi diable a servi ce procès qui a occupé pendant quatre jours la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris ? Le temps écoulé – cinq ans – entre la révélation, par le biais de la vidéo sur le site Atlantico, de l’existence de ce « mur des cons » dans les locaux du SM et l’avènement du procès, a largement contribué à l’indifférence dans laquelle il s’est tenu. L’actualité sociale brûlante de cette première semaine de décembre a ajouté au désintérêt. Mais il n’y a pas que cela. Ces quatre jours de débats sont apparus à la fois anachroniques et hors sujet. Conscientes de la fragilité juridique de leurs plaintes, les parties civiles ont tenté de se servir de cette audience comme d’une tribune contre le syndicalisme des magistrats. La défense du SM s’est efforcée, pour sa part, de corriger l’effet déplorable suscité dans l’opinion par l’existence du « mur » en faisant citer à la barre une multitude de témoins venus raconter l’épopée combattante de ce syndicat ancré à gauche. Un dialogue de sourds entre deux parties qui semblaient comme figées dans le temps où Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur, puis président de la République, et qui avait donné lieu à de multiples tensions entre l’exécutif et les juges. Mais les alternances présidentielles intervenues depuis cette époque ont éloigné du pouvoir plusieurs des personnalités politiques épinglées qui se sont constituées parties civiles et se sont d’ailleurs contentées d’être représentées à l’audience par leurs avocats. Quant aux heures glorieuses du SM que les témoins ont voulu ressusciter, elles remontent à plus loin encore et une audience correctionnelle n’est pas destinée à devenir un colloque historique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tempête autour du "mur des cons" du Syndicat de la magistrature « C’est la mémoire de ma fille qu’on insulte » Surtout, tout cela a buté sur la seule vraie trace laissée par cette affaire dans l’opinion publique : la présence, sur ce « mur des cons », des visages de Jean-Pierre Escarfail et de Philippe Schmitt, pères de deux jeunes filles assassinées. « A travers ce comportement, c’est la mémoire de ma fille qu’on insulte », a déclaré à la barre le père d’Anne-Lorraine Schmitt, une étudiante de 23 ans tuée de trente-quatre coups de couteau un dimanche de novembre 2007 dans le RER D par un délinquant sexuel récidiviste – condamné depuis à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. Un « mépris » et une « faute d’éthique » que les excuses renouvelées de Françoise Martres à l’audience n’ont pas effacés, pour Philippe Schmitt. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès du « mur des cons » : le rude moment de l’ex-présidente du Syndicat de la magistrature Vendredi 7 décembre, le père d’Anne-Lorraine Schmitt a quitté bruyamment la salle, suivi de son épouse, quand le procureur a annoncé son intention de demander la relaxe de la prévenue. Le jugement a été mis en délibéré au 31 janvier 2019.
"2018-08-12T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/08/le-mur-des-cons-un-proces-anachronique-et-hors-sujet_5394357_1653578.html
Les armateurs grecs cèdent sur leurs avantages fiscaux
L'association des armateurs grecs versera un impôt volontaire pendant trois ans. Il pourrait rapporter jusqu'à 140 millions d'euros par an aux caisses de l'Etat.
Sur le petit millier d'armateurs que compte la Grèce, 441 sociétés – contrôlant 2 769 bateaux – ont pour l'instant consenti à verser cet impôt, selon un communiqué du gouvernement. AFP/YIORGOS CHRISTAKIS La communauté des armateurs grecs, très critiquée pour les avantages fiscaux dont elle bénéficie en Grèce alors que le reste du pays ploie sous les impôts, a confirmé qu'elle apporterait sa contribution au sauvetage financier de l'Etat grec en versant un impôt volontaire pendant trois ans. L'association des armateurs grecs a signé jeudi 18 juillet un accord avec le premier ministre Antonis Samaras qui, selon le gouvernement, devrait apporter 75 millions d'euros par an aux caisses de l'Etat, et possiblement aller jusqu'à 140 millions. Face au président de l'association, Theodoros Veniamis, et après des mois de discussion, M. Samaras a jugé cet accord "réellement émouvant". L'ESSENTIEL DE LA FLOTTE IMMATRICULÉE À L'ÉTRANGER Sur un total de 2 769 bateaux, 441 sociétés verseront l'impôt ; ce qui couvre environ 90 % de bâtiments sous pavillon grec et 65 % de bâtiments sous pavillon étranger. Le secteur de la marine marchande représente plus de 48 % de la balance des paiements du pays, suivi par le tourisme. Mais les armateurs grecs, dont l'essentiel de la flotte est immatriculée à l'étranger (seulement un tiers des bateaux détenus par ces armateurs flottent sous pavillon national), bénéficient dans la Constitution d'un statut d'exemption fiscale. Depuis son élection en juin 2012, dans une ambiance de panique mondiale sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, le premier ministre conservateur Antonis Samaras a convaincu les armateurs de participer exceptionnellement à l'effort national, en versant une taxe, y compris sur leurs navires flottant sous pavillon étranger, qui sont bien souvent des paradis fiscaux.
"2013-07-19T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/19/les-armateurs-grecs-cedent-sur-leurs-avantages-fiscaux_3450191_3234.html
Des portiques de sécurité dans les lycées en Auvergne - Rhône-Alpes
Le nouveau président de la région, Laurent Wauquiez (LR), veut expérimenter le système dans une quinzaine de lycées « sous un délai d’un mois et demi-deux mois ».
Laurent Wauquiez, le 4 janvier, lors de son élection à la présidence du conseil régional Auvergne - Rhône-Alpes. PHILIPPE DESMAZES / AFP Des portiques de sécurité vont être installés dans une quinzaine de lycées d’Auvergne - Rhône-Alpes dans le cadre d’une expérimentation qui doit être généralisée à tous les établissements de la région avant la fin de 2016, a annoncé jeudi 21 janvier son président, Laurent Wauquiez. Il s’agit d’une promesse de campagne de M. Wauquiez, également numéro 2 du parti Les Républicains, et vainqueur de l’élection régionale en décembre 2015. « L’objectif est d’apporter plus de sécurité dans nos lycées car, aujourd’hui, on a des lycées qui ne sont absolument pas protégés », a déclaré à l’AFP M. Wauquiez après avoir visité un établissement de Moirans (Isère). Il souhaite une mise en place rapide, « sous un délai d’un mois et demi-deux mois ». Le lycée de Moirans, qui sera établissement pilote, sera équipé avec « un système de portiques et badges pour s’assurer que n’importe qui ne puisse pas rentrer ». Le coût serait d’environ 100 000 euros. « Lutte contre le terrorisme » Dans un « délai d’un an », le nouveau président de la deuxième région de France souhaite « lancer la protection de la quasi-totalité des lycées de la région » avec pour objectifs la « lutte contre le trafic de drogue », la lutte contre « les intrusions d’armes à feu » ou d’éléments extérieurs, et la « protection dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ». Le coût estimé de cette mesure est de 20 millions d’euros, a précisé M. Wauquiez. Lire aussi Laurent Wauquiez, la victoire de la droite autoritaire L’installation de portiques n’est pas inédite en France. Un premier lycée a été équipé en 2008 au Lamentin, en Guadeloupe. En 2009, le ministre de l’éducation nationale d’alors, Xavier Darcos, avait déclenché une polémique en proposant l’extension de leur mise en place après qu’une enseignante avait été poignardée à Toulouse. Evoqués à plusieurs reprises après des faits divers en milieu scolaire, ils n’ont toutefois jamais été généralisés pour des raisons de coût et d’application pratique (temps de contrôle à l’entrée de l’établissement trop important). A Nice, le maire Christian Estrosi avait ainsi financé l’achat de deux portiques en 2009. L’année suivante, ils n’avaient toujours pas été utilisés.
"2016-01-21T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2016/01/21/des-portiques-de-securite-dans-les-lycees-en-auvergne-rhone-alpes_4851495_1473685.html
"""Les enseignements scientifiques sont bien majoritaires en S"""
En réponse à l'appel de scientifiques contre la réforme du lycée, le ministre de l'éducation invite les professeurs de sciences "à s'emparer des nouveaux espaces pédagogiques mis à leur disposition".
Luc Chatel, le 30 août 2010 au ministère de l'éducation nationale. AFP/BERTRAND GUAY Sollicité par Le Monde, le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, répond aux signataires de la pétition (ici en PDF) intitulée "La France a besoin de scientifiques", dans laquelle ils s'insurgent contre la baisse des enseignements scientifiques au lycée. "La série S reste bien scientifique : désormais, l'emploi du temps des élèves est formé de 39 % à 46 % d'enseignements scientifiques en classe de première, de 66 % en terminale, soit de 53 % à 56 % sur le cycle première-terminale. Les enseignements scientifiques sont donc bien majoritaires en S. La nouvelle organisation pédagogique se caractérise par une progressivité de la spécialisation scientifique au cours du cycle terminal. Elle s'inscrit en cela dans l'économie générale de la réforme du lycée qui vise à une meilleure préparation à l'enseignement supérieur, grâce à une orientation progressive et réversible, et grâce aussi à un accompagnement personnalisé de chaque élève au cours de sa scolarité. Si l'on ne regarde que l'enseignement des mathématiques, la réforme se traduit tout juste par 3 % de cours en moins sur l'ensemble du parcours de l'élève, de la seconde à la terminale. Mais il n'est pas pertinent d'évaluer l'ambition scientifique du nouveau lycée à l'aune des seules heures d'enseignements disciplinaires. Ce serait méconnaître les innovations pédagogiques majeures de la réforme. En effet, le nouvel enseignement d'exploration "méthodes et pratiques scientifiques" en classe de seconde, l'accompagnement personnalisé de deux heures par semaine pour chaque élève contribueront puissamment à la formation scientifique de nos élèves. Sans oublier les travaux personnels encadrés qui sont maintenus. Au total, ce sont près de 3 heures hebdomadaires qui peuvent être investies, de la seconde à la terminale, par les mathématiques et les sciences au bénéfice des élèves. Les professeurs de mathématiques, et plus largement de sciences, sont invités à s'emparer de ces nouveaux espaces pédagogiques qui sont mis à leur disposition. Avant la fin de l'année 2010, j'irai à la rencontre de la communauté scientifique pour présenter un plan ambitieux destiné à promouvoir les sciences et les technologies à tous les niveaux de la scolarité. Ce sera l'occasion de se rassembler pour réussir l'ambitieuse réforme du lycée, stimuler le goût des sciences et conduire davantage d'élèves vers les carrières scientifiques et techniques." Luc Chatel
"2010-04-11T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/04/luc-chatel-les-enseignements-scientifiques-sont-bien-majoritaires-en-s_1435243_3224.html
Linky en questions : le compteur électrique est-il un espion ?
La généralisation des compteurs d’électricité connectés suscite craintes et interrogations. Nos lecteurs s’inquiètent du devenir des données collectées.
Cet article a été réalisé à partir des questions posées par nos lecteurs sur le compteur connecté Linky, qui doit être déployé par Enedis dans l’ensemble des foyers français d’ici à 2021. Les données collectées sont-elles anonymisées et sécurisées ? OUI Question de Cazil558 : « Recueil de données : 1. Par qui (sous-traitance ? Où sont-elles stockées ? Sécurisation ? Anonymat ?) 2. A quelles fins ? (réévaluation des contrats… Revente de données à des tiers pour ciblage marketing ?) » Le principe du compteur communiquant Linky, par rapport aux compteurs mécaniques classiques, réside dans la possibilité de relever à distance les données de consommation d’un foyer, pour gérer l’abonnement et faciliter la facturation. Pour cela, le gestionnaire du réseau, Enedis, recueille les informations de consommation du foyer et le transmet à un concentrateur, hors du logement, par le biais du courant porteur en ligne (CPL). Ce dernier renvoie les informations vers les systèmes de gestion par le réseau de téléphonie mobile (GPRS). Les processus de recueil de données et leur transmission ont été validés par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Aucune information personnelle (nom, adresse ou numéro de téléphone) n’est transmise. Les données de consommation des utilisateurs sont envoyées de manière cryptée vers les fournisseurs d’énergie, une fois par jour ou plus souvent, seulement si le consommateur y consent explicitement. Elles peuvent aussi être mises à disposition des collectivités locales, ou utilisées en open data pour mieux connaître ou maîtriser la consommation, toujours avec l’accord de l’utilisateur. Dans ce cas, la Commission nationale pour l’informatique et les libertés (CNIL) veille au respect de l’anonymat. Par exemple, les données sont cumulées dans le temps et les informations géographiques fines sont agrégées par bâtiments ou îlots d’au moins onze foyers, comme pour les données de l’Insee, afin d’éviter qu’un consommateur ne puisse être identifié a posteriori. Le compteur peut-il se faire pirater ? PEU PROBABLE Plusieurs lecteurs s’inquiètent du risque de prise en main à distance d’un compteur communiquant. Deux types de craintes sont identifiés : « Le risque de cybercriminalité, de black-out total de la distribution d’électricité. Car les Linky et les concentrateurs sont des ordinateurs connectés et donc piratables. » « La possibilité donnée aux employés du distributeur de connaître mes horaires d’absence grâce au relevé de ma consommation d’électricité en temps réel, et donc d’informer un réseau de cambrioleurs. » Il est difficile de répondre de manière définitive à ces questions de sécurité, car les techniques de piratage évoluent rapidement. « Nous n’avons pas encore subi la moindre attaque sur ces matériels, ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’aucune ne surviendra dans l’avenir », a ainsi indiqué Bernard Lassus, porte-parole d’Enedis, lors d’une table ronde organisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) en décembre 2017. Enedis a effectué une analyse de risque avec l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information, et des précautions ont été prises à tous les niveaux, comme le détaille M. Lassus : le compteur lui-même « a été certifié par l’Anssi, qui vérifie la question du hackage (piratage) physique » ; les données transmises entre le compteur et le concentrateur sont cryptées. Elles ne contiennent pas d’informations personnelles, hormis la localisation et les niveaux de consommation ; dans les concentrateurs se trouve un « secure element » (dispositif de sécurité), pour protéger l’ensemble du dispositif et éviter toute attaque vers le système d’information, avec des mémoires qui s’effacent en cas de détection d’intrusion ; quant au système d’information, qui est l’élément le plus crucial, il se situe dans des locaux totalement sécurisés, « sur le modèle du domaine du nucléaire », selon le porte-parole d’Enedis. Ces mesures de sécurité, en particulier l’anonymisation des données, empêchent un simple employé de connaître les informations de consommation et donc « d’informer un réseau de cambrioleurs ». Il existe probablement des manières plus simples pour un voleur de s’assurer de la présence ou de l’absence d’une personne à son domicile. En revanche, le hacking à grande échelle n’est pas exclu. Un des risques identifiés par l’Anssi serait qu’un grand nombre de compteurs soient éteints en même temps, privant d’électricité les foyers concernés, ce qui pourrait créer un « excédent d’énergie et, sans doute, une rupture du réseau quelque part », comme l’a détaillé Guillaume Poupard, directeur de l’Anssi, au magazine spécialisé Zone militaire. « Les produits certifiés nous semblent atteindre un niveau satisfaisant – même si rien n’est jamais sûr à 100 % – compte tenu des risques identifiés », conclut-il. Linky peut-il savoir quels appareils électriques j’utilise ? NON Question de Philippe N. Coulon : « Il est possible avec des relevés fréquents de faire une liste des appareils électriques possédés et de leur utilisation, présence ou absence du domicile… » Par défaut, le compteur enregistre en local la « courbe de charge », c’est-à-dire la variation de l’électricité consommée dans la journée, mais ne transmet le relevé de consommation qu’une fois par jour au gestionnaire du réseau. La Ligue des droits de l’homme (LDH) avait dénoncé en avril 2016 un compteur « très bavard » en expliquant que « le transfert des données détaillées sur la consommation d’énergie (par exemple toutes les dix minutes) permet notamment d’identifier les heures de lever et de coucher, les heures ou périodes d’absence, ou encore, sous certaines conditions, le volume d’eau chaude consommée par jour, le nombre de personnes présentes dans le logement, etc. » Mais la LDH avait ensuite tempéré son accusation, après avoir vérifié que ce niveau de précision ne peut être atteint qu’à la condition que le client consente à cette transmission, en ouvrant un espace personnel sécurisé sur le site d’Enedis. De plus, cette courbe de charge n’est pas enregistrée en temps réel mais par tranches (appelées des « pas de mesure ») qui ne doivent pas être inférieures à dix minutes. Actuellement, Linky est même moins précis car il mesure la consommation toutes les trente minutes. Si l’utilisateur donne son accord, Enedis ou les fournisseurs d’énergie peuvent donc connaître les habitudes de lever, de coucher du foyer ou les pics d’utilisation d’électricité, à une demi-heure près. Quant à savoir précisément quelle personne entre ou sort du domicile, ou quel type d’appareil est utilisé (four, frigo, télé…), cela reste techniquement impossible. Peut-on refuser la transmission de ses données ? OUI Question de Souf95 : « Ma principale préoccupation porte sur les données. Je ne souhaite pas que mes données de consommation en temps réel soient enregistrées. On combat l’usage des données par les GAFA mais Enedis veut faire la même chose sans notre consentement. Dans le cadre du RGPD, puis-je refuser que mes données de consommation soient recueillies en temps réel ? » Avant l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD), Linky était déjà soumis aux obligations du code de l’énergie, qui encadre la transmission de données. Comme l’explique la CNIL, Linky ne transmet par défaut qu’un relevé journalier et donc aucune information en temps réél. Pour collecter les données fines (par heure ou demi-heure), il faut obtenir le consentement explicite de l’usager. Seule exception : des mesures peuvent être réalisées de manière ponctuelle pour que le gestionnaire du réseau puisse effectuer des missions d’entretien, ou intégrer des énergies renouvelables au bon moment par exemple. Un usager peut choisir d’enregistrer ses données uniquement en local, dans le compteur lui-même, pour connaître l’historique de sa « courbe de charge » sans en autoriser la transmission au réseau ou à des tiers, ou même choisir. Il peut aussi refuser tout stockage de ses données, ou effacer son historique, par exemple avant un déménagement. A tout moment, il est possible, via un espace Internet sécurisé, de revenir en arrière et de changer ses paramètres de confidentialité. Si le cadre théorique est très protecteur, la réalité est moins évidente. Direct Energie a ainsi été mis en demeure en mars 2018 par la CNIL pour ne pas avoir recueilli le consentement de ses clients de manière « libre, éclairée et explicite ». En effet, les fournisseurs d’électricité peuvent inciter fortement les clients à transmettre leurs données, en leur proposant des réductions ou des contrats financièrement intéressants. Linky est-il doté d’une caméra espion ? NON Question de Teresa Murtagh : « Linky comporterait une caméra qui photographierait l’intérieur des maisons. » Le site parodique Scienceinfo l’assure dans un article daté de mai 2016 : le compteur Linky « dissimule en face avant une caméra espion grand angle pouvant envoyer sur le réseau du fournisseur d’énergie toutes les images recueillies dans le logement où l’appareil est installé ». C’est évidemment un canular. Selon le site, l’usage de cette caméra serait activé seulement « sur commission rogatoire placée sous la tutelle du ministère de la justice, mais la mise en place de l’état d’urgence laisse entrevoir des situations plus inquiétantes où les intrusions dans notre vie privée se feront sans aucun contrôle ». Ces informations très inquiétantes pour la vie privée s’accompagnent d’une photo montrant l’emplacement de la caméra, sur la façade du boîtier vert. Ce hoax a très bien fonctionné, puisqu’en 2018, il est toujours partagé par des internautes. Scienceinfo est un site satirique répertorié dans le Décodex, qui se targue de publier « des informations totalement fausses, voire archifausses et en plus, même pas vraies »… simplement pour rire et inciter les lecteurs à prendre plus de recul sur les informations pseudoscientifiques véhiculées sur Internet. Peut-on dérégler le compteur Linky avec un aimant ? NON Question de Hugo : « Est-il vraiment possible de pirater un compteur Linky avec un aimant ? » Derrière cette question, il n’est pas question d’un « piratage » délibéré pour récupérer des données ou d’un hacking malveillant réalisé par un terroriste, mais bien d’une vieille astuce utilisée pour réduire sa facture d’électricité. En effet, les anciens compteurs d’EDF, qui étaient mécaniques, fonctionnaient au moyen d’une roue dentelée, qui tournait en fonction de la consommation d’électricité. Pour réduire la facture, certaines personnes tentaient de dérégler ce système en « freinant » la rotation avec un puissant aimant proche du compteur, ou bien en introduisant un objet pour réduire la vitesse de la roue. Bien sûr, ces pratiques de fraude sont condamnables et peuvent se traduire par la suspension de l’abonnement et des poursuites pénales allant jusqu’à la prison. Les compteurs connectés ne fonctionnent pas de la même manière et ne peuvent plus être manipulés par ce type de bricolage. D’ailleurs, le simple fait d’ouvrir le boîtier de Linky déclenche une alerte envoyée à Enedis. La réduction des fraudes est une source d’économie pour le gestionnaire de réseau, qui évaluait en 2011 leur coût à 1,5 milliard d’euros.
"2018-10-23T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/23/linky-en-questions-le-compteur-electrique-est-il-un-espion_5373380_4355770.html
Les entreprises sous la contrainte juridique des droits de l’homme
La loi sur le « devoir de vigilance » des sociétés, en lecture au Sénat, reste en retrait des Principes directeurs de l’Organisation des Nations unies, plus sévères mais moins contraignants
par Stéphane Brabant Le Sénat s’apprête à examiner la proposition de loi « relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre » adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 30 mars. L’intention du législateur est louable, mais la proposition de loi s’éloigne malheureusement des « Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme », dont le législateur se réclame pourtant. Ces principes ont ouvert une voie nouvelle : le respect des droits de l’homme n’est plus une option pour les entreprises. Elles doivent éviter de causer et de contribuer à causer des incidences négatives sur les droits de l’homme, et y remédier lorsqu’elles se produisent. Elles doivent aussi s’efforcer de prévenir ou d’atténuer celles directement liées à leurs activités, produits ou services dans leurs relations commerciales, quand bien même elles n’auraient pas contribué à ces incidences. Les Principes directeurs, considérés comme du droit souple, guident ainsi les entreprises avec des outils tels que des procédures de diligence raisonnable, sachant qu’en cas de non-respect des droits de l’homme, elles s’exposent par ailleurs à des sanctions qui peuvent en revanche être dures (réputation, financements, continuité des activités, voire responsabilité civile et pénale). Une vigilance continue s’impose donc aux entreprises, d’autant que la société civile dispose de réels moyens de pression. La proposition de loi soumise au vote du Sénat prévoit l’établissement et la mise en œuvre effective, par les sociétés en France, d’un plan de vigilance pour identifier et prévenir la réalisation de risques d’atteintes aux droits de l’homme dans les activités des sociétés et de leurs sous-traitants ou fournisseurs, en France comme à l’international. La responsabilité civile des entreprises pourrait être engagée par toute personne justifiant d’un intérêt à agir (victime ou association), sans compter une possible amende civile pouvant aller jusqu’à dix millions d’euros. Mais contrairement aux Principes directeurs qui concernent toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, secteur d’activité, structure ou lieu d’implantation, la proposition ne vise que les « grandes entreprises », soit environ 150 entités qui, pour nombre d’entre elles, s’emploient déjà à appliquer ces principes. Le plan de vigilance prévu par la proposition de loi doit être établi par la société et comporter « les mesures de vigilance raisonnable propres à identifier et à prévenir la réalisation de risques d’atteintes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ». Rien d’autre n’est précisé. Au contraire, les Principes directeurs détaillent les « droits de l’homme internationalement reconnus » auxquels ils se réfèrent. Ils précisent en outre l’importance pour les entreprises de prendre en compte, dans leurs mesures de vigilance, l’ampleur, la portée et le caractère irrémédiable des atteintes ainsi que la vulnérabilité des populations.
"2015-11-13T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/17/les-entreprises-sous-la-contrainte-juridique-des-droits-de-l-homme_4812052_3232.html
L'Etat joue l'apaisement face aux victimes de Xynthia
L'Etat n'ordonnera pas la destruction des habitations situées dans les "zones noires" établies après le passage de la tempête Xynthia, le 28 février, en Vendée et en Charente-Maritime.
Des centaines d'habitants des Boucholeurs, village à cheval entre les communes d'Yves et Châtelaillon-Plage touché par les inondations provoquées par la tempête Xynthia, manifestent le 11 avril pour s'opposer à la destruction de leurs maisons. AFP/PIERRE ANDRIEU Le secrétaire d'Etat chargé du logement et de l'urbanisme, Benoist Apparu, a confirmé la décision du gouvernement, jeudi 3 juin, dans une interview au quotidien Le Parisien, mettant clairement fin, peut-on penser, à des mois de tergiversations et de confusion au cours desquels l'Etat est passé d'une intransigeance absolue à la conciliation. Au lendemain de la catastrophe, le chef de l'Etat avait exprimé sa volonté de ne pas laisser se réinstaller les victimes de la tempête dans des zones où elles seraient exposées à "un risque mortel". Le gouvernement avait alors présenté un zonage comprenant 1510 maisons devant être détruites. Le gouvernement avait été contraint d'agir vite "pour répondre aux attentes des élus locaux", explique le secrétaire d'Etat, mais ce premier zonage "ne peut en aucun cas, être considéré comme des zones de destruction massive", reconnaissant que "le terme de zone noire était inapproprié et incompris." ZONES DE SOLIDARITÉ D'ailleurs, il n'est plus question de parler de "zones noires" mais de "zones de solidarité" comme avait commencé de le suggérer, dès avril, le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, pour essayer de calmer la colère des sinistrés. "Les zones de solidarité apportent des droits et pas de contraintes", précise Franck Thiébaud, le porte-parole de Benoist Apparu, assurant que sur le fond "le gouvernement n'a jamais changé de stratégie." Plus de zones noires donc, et plus de destruction obligatoire non plus. Dans l'immédiat, du moins. Les services de l'Etat préparent un nouveau zonage à partir d'enquêtes de terrain plus poussées pour prendre en compte les multiples plaintes des habitants concernés. Le chiffre de 1510 habitations avancé initialement serait déjà passé à 1200 environ. Mais il faudra attendre l'automne pour connaître le tracé définitif du nouveau périmètre. "On ne part pas d'une feuille vierge, prévient cependant le ministère, les nouvelles zones de solidarité seront un ajustement des zones noires." PROCÉDURES D'ENTENTE AMIABLE Ensuite, devrait donc être lancée l'enquête d'utilité publique au terme de laquelle pourront être légalement prononcés des arrêtés d'expulsion. En attendant, les procédures d'entente amiable proposées par le gouvernement continuent. Les habitants des zones de "solidarité" qui le souhaitent peuvent se tourner vers l'Etat pour vendre leur maison. A ce jour, 412 maisons ont été visitées par les services de l'Etat en Charente-Maritime. Des propositions d'acquisition ont été faites pour 94 d'entre elles ; 29 ont été acceptées. En Vendée, 152 propositions ont été soumises sur 507 maisons visitées et 38 acceptées. Même si le gouvernement se défend de tout changement de pied, il est clair que la mobilisation croissante des habitants des communes sinistrées et de leurs élus l'a contraint à revenir en arrière. Vendredi 28 mai encore, deux députés de Charente-Maritime, membres de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la tempête Xynthia, avait demandé une audience au premier ministre, François Fillon, pour l'alerter sur "la gravité de la situation". Laurence Caramel
"2010-03-06T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/06/03/l-etat-joue-l-apaisement-face-aux-victimes-de-xynthia_1367071_3244.html
Les libéraux de l’UMP s’organisent en contrepoids à la «droite décomplexée»
Entre 80 et 100 parlementaires adhèrent à la motion conduite par MM.Raffarin et Chatel qui sera soumise au vote des militants lors du congrès de l'UMP fin novembre.
Jean-Pierre Raffarin, Jean-Francois Copé, François Fillon, Bernard Accoyer, Claude Guéant et Christian Jacob (de gauche à droite), lors d'un meeting à Paris, le 26 mai. AFP/THOMAS SAMSON La droite modérée s'organise. Mercredi 12 septembre, Jean-Pierre Raffarin, Luc Chatel, Marc-Philippe Daubresse, Jean Leonetti et Hervé Mariton devaient présenter à la presse leur motion intitulée "La France moderne et humaniste". Cette motion, qui sera soumise au vote des militants lors du congrès de l'UMP fin novembre, a pour but affiché de devenir le courant le plus important du parti – Jean-François Copé, le secrétaire général du mouvement a en effet promis d'appliquer enfin les statuts de l'UMP qui prévoient l'existence de courants. La motion rassemble des libéraux, des radicaux, des centristes et quelques gaullistes sociaux, comme Marie-Jo Zimmermann. Ces dernières années, les libéraux et les centristes de l'UMP ont eu le sentiment de n'être guère entendus, l'espace médiatique étant occupé par la bruyante Droite populaire, l'aile droite du parti. "Face à une droite décomplexée, nous voulons incarner une droite et un centre modérés", dit l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin au Monde. Le texte prône le libéralisme économique, une décentralisation accrue et une Europe forte "avec le sens de la mesure et le rejet des extrêmes". "Nous ne nous reconnaissons pas dans la circulaire sur les étudiants étrangers" de l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant, précisent les signataires. "VRAIE FAMILLE" Pour l'heure, cet engagement réunit entre 80 et 100 parlementaires, ce qui en fait la motion la plus largement soutenue par les élus de l'UMP. "Il n'était pas question de constituer une petite chapelle, ajoute M. Raffarin. Les humanistes doivent être une vraie famille politique, avec un président, un porte-parole. Nous voulons créer un mouvement dans le mouvement ; le travail ne fait que commencer." Mais la bataille pour imposer des courants est loin d'être gagnée. Comme en témoignent les positions des deux favoris à la future présidence de l'UMP : si M. Copé a donné son feu vert à l'expression de sensibilités, il se méfie de la création de partis dans le parti. François Fillon est, lui, encore plus réservé. Aucun des candidats ne s'est d'ailleurs inscrit sur une motion.
"2012-12-09T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/12/les-liberaux-de-l-ump-s-organisent-en-contrepoids-a-la-droite-decomplexee_1759033_823448.html
« Exit », la folie humaine en courbes et en chiffres
Conçue par Paul Virilio avec des artistes et des chercheurs, l’installation revient au Palais de Tokyo pour la COP21.
"Exit", Diller Scofidio + Renfro, Mark Hansen, Laura Kurgan et Ben Rubin, en collaboration avec Robert Gerard Pietrusko et Stewart Smith . LUC BOEGLY L’urbaniste et philosophe Paul Virilio s’est souvent penché sur les accidents. « Ce qui arrive » était le titre d’une exposition organisée à la Fondation Cartier en 2002, un an après l’attaque du World Trade Center de New York. Les œuvres représentaient des séries de désastres. Paul Virilio en concluait que l’accident était la face cachée du progrès. En 2008, la Fondation Cartier lui avait passé commande, en l’associant au photographe Raymond Depardon, pour monter l’exposition « Terre natale, ailleurs commence ici », qui montrait le désordre du monde et les risques encourus à ne pas soigner la planète mère. Paul Virilio y avait présenté Exit, une installation conçue avec les artistes et architectes new-yorkais Diller Scofidio + Renfro et des chercheurs américains. Exit est bâti sur un écran circulaire sur lequel défilent des cartes, des graphiques, des chiffres, des pixels, des courbes, le tout rythmé par le passage virtuel de la Terre, nimbée d’une atmosphère bleutée et parée du vert des forêts. C’est cette installation, rangée dans les collections de la Fondation Cartier après avoir été montrée à la Kunsthal Charlottenborg de Copenhague lors de la COP15 de 2009, puis à l’Alhondiga à Bilbao, en Espagne, qui est présentée au Palais de Tokyo à Paris dans une version actualisée. Exceptionnelle bande-son L’ouverture de la COP21, conférence internationale sur le climat, était une aubaine, et l’occasion d’une révision statistique. Guerres, migrations forcées, inégalités : rien ne s’est amélioré, au contraire. Paul Virilio, l’homme de l’esthétique de la disparition, 83 ans, n’y a pas ajouté de commentaires. Mais les cartographes, spécialistes du climat ou des cultures en danger, ont compulsé les données, et le résultat est imparable : nous courons à notre perte. Exit est une œuvre cartographique et sonore dédiée à la folie humaine. C’est une œuvre interactive, technologique, digitale, dont l’agencement finit par définir une esthétique. Les données statistiques « ont été recueillies par des experts à partir de diverses sources internationales, géocodées, traitées par un langage de programmation et traduites visuellement », explique le mode d’emploi. Cette fascinante traduction lui vaut de figurer dans des lieux d’art contemporain. C’est aussi une exceptionnelle bande-son, opposant le silence du monde et des forêts tropicales à l’agitation industrielle. Les pixels (un vert, dix réfugiés ; un rouge, dix déplacés internes) bruissent comme des abeilles, les cartes du réchauffement climatique frémissent, les masses d’argent expédiées à travers le monde sonnent et trébuchent, les langues s’entremêlent… Des bruits d’eau, du feu, des téléscripteurs, de la musique, des chants des Yawalapiti du Brésil. Tout signifie l’effervescence souterraine du monde.
"2015-11-29T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/11/30/exit-la-folie-humaine-en-courbes-et-en-chiffres_4820396_3246.html
On a testé… « The Evil Within 2 », le bel air de la peur
Le nouveau jeu d’horreur du créateur de « Resident Evil » n’est peut-être pas son titre le plus angoissant, mais propose une série de tableaux aussi gores qu’esthétisants.
Si l’appareil photo observe le joueur, c’est par les développeurs que le joueur, lui, se sent épié. Bethesda On ne peut pas reprocher au Japonais Shinji Mikami de s’être reposé sur ses lauriers. Créateur dans les années 1990 des séries horrifiques Dino Crisis et surtout Resident Evil, il a pris sur lui, en 2005, d’amener le plus célèbre des jeux de zombies vers l’action avec Resident Evil 4. Un sillon qu’il n’a ensuite cessé de creuser, toujours plus profondément, avec God Hand puis Vanquish. Et puis, il y a eu la création de son studio Tango Gameworks, sous l’égide de l’éditeur américain Bethesda. L’homme en avait fini, en apparence du moins, avec les expérimentations : son jeu suivant a été un retour aux sources, une sorte de nouveau Resident Evil 4, entre horreur hyper-référencée et action parcimonieuse. The Evil Within – c’est son nom – se voit aujourd’hui doté d’une suite, disponible depuis vendredi 13 octobre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Dans The Evil Within 2, Sebastian Castellanos n’en a pas terminé avec les ennuis. Trois ans après les événements de Beacon, hôpital cauchemardesque dans lequel il a failli perdre la raison et la vie, l’ex-flic, après avoir trouvé refuge dans un rade glauque, est en train de perdre pied au fond de son verre. C’est le moment que choisit une ancienne collègue pour le retrouver. Evidemment, elle a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que la fille de Castellanos, qu’il croyait morte, est bien en vie. La mauvaise, c’est qu’elle a disparu au cœur d’un « STEM ». Pour notre policier mal rasé, pas vraiment le choix : il faut replonger au cœur de cette machine diabolique, capable de connecter entre eux les esprits (et les cauchemars) de plusieurs cobayes déjà passablement cabossés du bulbe. Créatures impossibles Voilà pour le pitch. Le STEM, on l’aura deviné, c’est autant une machine un peu magique qu’un dispositif narratif définitivement pratique. Comme dans le premier épisode, c’est le prétexte parfait pour explorer les divers territoires de la peur. Dans la réalité virtuelle dégénérée qu’il renferme se cachent en effet les traumatismes, les souffrances de ceux qui y sont connectés – soit autant de raisons de s’accrocher fermement à sa manette. Comme le premier épisode, The Evil Within 2 est un jeu un peu foutraque, qui ne craint pas de faire se côtoyer phase d’action volontairement compliquée, où un héros un peu lourdaud tente de venir à bout de créatures impossibles, et des moments d’infiltration pure, course-poursuite renversée et ralentie durant lesquels il faut se faufiler hors de portée des ombres qui rôdent. Des corps rapiécés, des membres surnuméraires, des cheveux longs qui cachent les yeux : autant de classiques du cinéma d’horreur. Bethesda Surtout, The Evil Within 2 multiplie les idées de mise en scène plutôt bien vues. On croisera, pêle-mêle, des personnages statufiés, scènes d’horreur figées pour l’éternité ; des monstres gigantesques qui occupent tout le décor, se confondant avec lui ; des fragments de villes volants dans les cieux ; des cadavres rapiécés traînants à terre. Et tout un cortège d’hallucinations, de visions apocalyptiques, de perspectives trompeuses, de couloirs qui disparaissent, et de bonnes vieilles portes qui claquent. Des classiques de l’horreur, rarement inédits, mais distillés avec un sens certain de la mise en scène. Des séquences plus ouvertes Comme dans son prédécesseur, il y a donc un peu de tout dans The Evil Within 2. Alors, pour prévenir le risque de dispersion, les développeurs ont eu une idée pas idiote : agencer ces vignettes non plus, comme dans le premier épisode, à la façon d’un grand huit, mais plutôt comme une ville fantôme. Et sévèrement hantée. La ville d’Union est ainsi une petite bourgade typiquement américaine, avec son hôtel de ville, son dinner, son théâtre, ses entrepôts et ses quartiers résidentiels - si l’on oublie les corps mutilés de ses habitants devenus fous qui errent encore dans les rues. Un destin capricieux et des développeurs facétieux vont évidemment imposer à Sebastian Castellanos de multiples allers-retours dans ses ruelles sombres, lui ouvrant progressivement la voie vers de nouveaux quartiers. L’idée : donner, entre chaque mission, l’occasion au joueur de se décrasser un peu en se confrontant à des séquences d’infiltration plus ouvertes, et d’action plus musclée. Le premier adversaire de Sebastian se pique d’être un artiste. Bethesda Surtout, c’est l’occasion de faire dérailler un peu le train fantôme, en s’aventurant dans un garage mal fermé, en poussant une porte entrouverte. Il serait exagéré de dire que chaque maison réserve son lourd secret, mais l’on est surpris de la constance avec laquelle les volets des bicoques de The Evil Within 2 dissimulent de petits bouts d’histoire inédits, des flash-back angoissants, voire de véritables petits donjons avec monstres à affronter et surprises à la clé. Horreur luxueuse Passé à la moulinette Bethesda (Fallout, Skyrim), The Evil Within 2 est probablement le jeu récent qui se rapproche le plus d’un « survival horror » en monde ouvert. Un exercice délicat, à l’exécution globalement élégante mais pas non plus parfaite. Car en se décloisonnant, le jeu de Tango Gameworks semble renoncer à se faire oppressant, suffocant. Le malaise n’est pas loin, certes, mais ne s’impose jamais totalement. Et au final, c’est moins comme un survivant ou un père errant à la frontière de la folie qu’on le parcourt, que comme un esthète du gore, un appréciateur de l’art de l’horreur. Inventifs, ingénieux, luxueux même, ces sombres tableaux transportent plus qu’ils n’effraient, et c’est presque une jubilation retenue que l’on éprouve à visiter cette galerie sanguinolente à ciel ouvert. L’avis de Pixels On a aimé : Les missions principales variées et les tableaux gore qu’elles présentent Les balades en ville entre deux chapitres, et les surprises qu’elles réservent Des combats qui marchent bien, des phases d’infiltration où rien n’est pardonné On n’a pas aimé : Presque un peu foutraque Deux chapitres d’introduction assez linéaires et un peu en deçà C’est plutôt pour vous si… Vous cherchez une expérience autant horrifique qu’esthétisante Ce n’est plutôt pas pour vous si… Vous vous attendez à sauter de votre chaise toutes les trente secondes La note de Pixels 4 litres de sang sur 5
"2017-10-14T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/10/14/on-a-teste-the-evil-within-2-le-bel-air-de-la-peur_5200973_4408996.html
69, année héroïque
Comme beaucoup de chaînes françaises à l'approche de la présidentielle américaine, Histoire, la filiale de TF1, consacre une partie de sa programmation aux Etats-Unis.
Comme beaucoup de chaînes françaises à l'approche de la présidentielle américaine, Histoire, la filiale de TF1 (présidée par le très controversé Patrick Buisson, ancien conseiller de l'ex-président Sarkozy), consacre une partie de sa programmation aux Etats-Unis. Dans le cadre du "Cycle USA", se donnait, mardi 30 octobre, en première partie de soirée, Le Soulèvement de Stonewall (2010), un bon documentaire de David Heilbroner et Kate Davis pour la chaîne publique américaine PBS (un gage annoncé de qualité que confirmait cette diffusion). Lieu : le Stonewall Inn, un bar homosexuel, au croisement de la VIIe Avenue et de Christopher Street, épicentre, dans les années 1970, du quartier homosexuel de New York (il existe toujours, au même endroit, derrière sa façade de brique). Temps : 1969, riche en mouvements et événements libératoires et protestataires. Les Black Panthers sont à la "une" des journaux, notamment sous la plume de Tom Wolfe, qui raille, dans le New York Magazine du 8 juin, une soirée de soutien au mouvement chez le compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein ; le Festival de Woodstock se tient en août ; la comédie musicale Hair fait sensation et scandale à Broadway, tandis que la guerre du Vietnam et le mouvement Flower Power battent leur plein. Si l'époque connaît quelques gays célèbres et affichés (les écrivains Allen Ginsberg, Paul Goodman ou Ned Rorem, entre autres), les homosexuels "ordinaires" sont victimes de rafles et de campagnes de propagande mensongère. Car, il faut le rappeler, en 1969, un seul des Etats de l'Union, l'Illinois, ne faisait pas de l'homosexualité un délit passible de prison à vie, de traitements psychiatriques effrayants à l'hôpital d'Etat d'Atascadero, en Californie, surnommé le "Dachau des homosexuels", où se pratiquaient stérilisations, castrations et lobotomies au pic à glace (spécialité du tristement célèbre docteur Walter J. Freeman). Le 28 juin 1969, la rafle opérée par la police au Stonewall Inn est celle de trop. Au lieu de se laisser pour la énième fois disperser, arrêter ou matraquer, les clients du bar se rebellent, avec, à leur tête, une bande de travestis enragés qui parviennent à faire reculer la police. Une bagarre de quelques dizaines de participants (dont quelques-uns témoignent dans ce documentaire ainsi que deux policiers) devient, cette nuit-là et les deux qui suivirent, un énorme soulèvement, bientôt rejoint par d'autres représentants de minorités et des droits civiques qui défièrent les forces de l'ordre et exposèrent au grand jour ces persécutions de l'ombre. Un an plus tard exactement, la première Gay Pride était organisée à New York, et rien n'allait plus être comme avant : la honte divise, la fierté rassemble. Aujourd'hui, le New York Times publie, dans son édition de fin de semaine, des bans de mariage illustrés de photos de couples de personnes de même sexe, célébrés, entre autres, par le maire républicain de New York, Michael Bloomberg, qui en fit une cause personnelle ; en France, il est apparemment toujours urgent d'attendre. Renaud Machart, C'est à voir...
"2012-10-31T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/31/69-annee-heroique_1783727_3232.html
Le projet de TVA sociale inquiète dans les rangs de la majorité
Pour Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, le calendrier de la réforme est politiquement inopportun.
L'élu UMP Gilles Carrez estime que Jean-Marc Ayrault a pris une "bonne décision" en confirmant l'engagement du chantier du Grand Paris. AFP/Joël Saget La cacophonie est-elle en train de gagner la majorité sur la TVA sociale ? Certains ministres et députés UMP cachent de moins en moins leur scepticisme face à la réforme promise par Nicolas Sarkozy. Si ses contours doivent être dévoilés après le "sommet social" du 18 janvier, l'Elysée a laissé entendre que la réforme se concentrerait sur un abaissement des charges patronales uniquement, en partie compensé par une hausse de la TVA. Des modalités qui se traduiraient par une hausse des prix sans hausse des salaires, ce qui inquiète certains membres de la majorité en période électorale. BRUNO LE MAIRE "RÉSERVÉ" "Je suis un défenseur de l'allégement des charges qui pèsent sur le travail. Mais je reste réservé sur un transfert massif de charges sur le taux de TVA, car cela pèserait sur la consommation et donc le moteur économique du pays", a ainsi plaidé Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, lors d'un déplacement dans le Loiret, lundi 9 janvier. "Je soutiens l'initiative de Nicolas Sarkozy, mais on peut discuter des modalités", a-t-il affirmé. Au cabinet de Xavier Bertrand, ministre du travail et de l'emploi, historiquement hostile à la TVA sociale, on affirme que, si le ministre s'y est converti, il plaide toujours pour que le transfert ne se fasse pas uniquement vers la TVA et inclue potentiellement des cotisations salariales. Au ministère du travail, on se montre inquiet de l'état d'esprit des députés de la majorité et de leur disponibilité, à quelques mois des élections, à voter un relèvement massif de la TVA. Bercy, à l'inverse, milite pour une mesure simple et progressive qui concernerait a priori la seule TVA et pour une baisse du coût du travail, donc des seules charges patronales. DROIT DANS SES BOTTES Gilles Carrez, rapporteur général (UMP) de la commission des finances de l'Assemblée nationale, s'inquiète aussi, dans Les Echos du 10 janvier, de ce calendrier. "Sur le fond, la réforme est bonne", affirme le député du Val-de-Marne, mais "c'est typiquement une réforme de début de législature qui aurait eu toute sa place en 2007 dans la loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat [TEPA]". Un relèvement de la TVA à quelques mois des élections ne lui paraît pas opportun. "Souvenons-nous des législatives de 2007", glisse-t-il, en rappelant que la relative contre-performance de l'UMP avait alors été partiellement attribuée aux projets de TVA sociale, qui avaient été abandonnés. Le premier ministre est en tout cas resté droit dans ses bottes à l'occasion de ses vœux à la presse, lundi. "Si nous voulons vraiment être une terre de production, alors le calendrier importe peu", a plaidé François Fillon. EN FAVEUR DE L'EMPLOI Selon le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Ollier, deux projets de loi devraient être présentés en conseil des ministres après le sommet social. L'un, sous la forme d'un collectif budgétaire, portera sur les mesures de financement de la protection sociale, incluant le transfert sur la fiscalité d'une partie des charges sociales. Le ministre, refusant d'employer le terme de TVA sociale, a insisté sur le fait que la hausse de la TVA ne serait "pas la seule modalité de financement de la protection sociale". L'autre texte portera une série de mesures en faveur de l'emploi. Ces deux projets de loi seront immédiatement transmis au Parlement et examinés en procédure accélérée en vue de leur adoption définitive, avant la suspension des travaux parlementaires pour les campagnes présidentielle et législative. Compte tenu des délais de procédure incompressibles, le Parlement, qui devait au départ siéger jusqu'au 23février, devrait prolonger ses travaux jusqu'à début mars. La concertation avec les partenaires sociaux s'est poursuivie lundi. Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, a été reçu par M.Bertrand. Le même jour, François Hollande rencontrait FO, l'UNSA, Solidaires, la CFTC et la CGC. Jeudi, ce sera le tour de la CFDT et de la CGT. A chacun, le candidat socialiste a à nouveau promis d'abroger la TVA sociale si elle devait être votée avant la présidentielle. Jean-Baptiste Chastand et Patrick Roger
"2012-10-01T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/10/le-projet-de-tva-sociale-inquiete-dans-les-rangs-de-la-majorite_1627701_3234.html
Un motard des douanes meurt après une course-poursuite sur l'autoroute A10
Selon une source proche de l'enquête, l'accident s'est produit alors que le motard poursuivait le véhicule transportant une centaine de kilos de résine de cannabis.
L'agent douanier motocycliste grièvement blessé jeudi sur l'autoroute A10 entre Poitiers et Tours lors d'une course-poursuite avec un trafiquant de drogue est mort, indique, vendredi 25 mars, le maire de Vivonne, dans la Vienne, dont le douanier était conseiller municipal. "Un motard de la brigade des douanes de Poitiers a été renversé sur l'autoroute A10 vers 10 h 15 dans le sens province-Paris a l'entrée du département d'Indre-et-Loire, à hauteur de Nouâtre", indiquait, jeudi, le procureur de la République de Tours, Philippe Varin. "L'accident s'est produit alors que le motard était engagé dans une course-poursuite à la suite d'un contrôle volant", a-t-il souligné. Selon Edgar Perez, directeur du cabinet du préfet d'Indre-et-Loire, un des deux occupants du véhicule a pu être arrêté près de Maillé (Indre-et-Loire) tandis que l'autre a réussi à prendre la fuite. A la suite de l'accident, "les gendarmes ont surveillé la zone par hélicoptère et la voiture a été interceptée près de Maillé après s'être échappée [de l'autoroute] par une aire de service. Un des occupants a été interpellé et un second a pris la fuite" à pied, a-t-il précisé. Selon une source proche de l'enquête, l'accident s'est produit alors que le motard poursuivait le véhicule lancé à 200 km/h. "La voiture a freiné brusquement à cause de travaux et le motard a heurté le véhicule par l'arrière", a indiqué cette source, qui a ajouté que "100 kilos de résine de cannabis répartis dans plusieurs valises" avaient été trouvés à bord du véhicule. Le dossier a été confié à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris, a indiqué le parquet.
"2011-03-25T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/03/25/un-motard-des-douanes-meurt-apres-une-course-poursuite-sur-l-autoroute-a10_1498304_3224.html
Vodafone annonce un vaste plan social en Espagne
Le licenciement collectif auquel veut procéder le numéro un en Europe de la téléphonie mobile toucherait jusqu’à 1 300 personnes.
Vodafone Espagne a rapporté en avril un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros au cours de l’année fiscale 2013-2014 (avril-mars). TOBY MELVILLE / REUTERS Près de 20 % des effectifs de Vodafone pourraient être touchés par la procédure de licenciement collectif en Espagne. « Vodafone Espagne et Vodafone Ono ont fait part aux représentants des travailleurs de l’ouverture d’une procédure de licenciement collectif qui concernera au maximum 1 300 employés », sur les quelque 6 100 travaillant en Espagne, précise le communiqué du groupe. Des discussions se tiendront à partir du 1er septembre avec des représentants du personnel. Pour expliquer cette décision, le groupe britannique présent dans une vingtaine de pays évoque une baisse du chiffre d’affaires et de l’Ebitba (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) notamment, et les investissements importants réalisés « dans les réseaux de nouvelle génération ». Vodafone a finalisé en juillet 2014 le rachat du câblo-opérateur espagnol Ono, le premier réseau de fibre optique d’Espagne, pour 7,2 milliards d’euros. « Gagner en compétitivité » Après une alliance avec Orange pour investir 1 milliard d’euros dans le déploiement de la fibre optique en Espagne afin d’équiper 6 millions de foyers d’ici à 2017, Vodafone entendait se placer ainsi comme l’un des principaux acteurs de la recomposition du secteur du câble en Europe. Vodafone Espagne a rapporté en avril un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros au cours de l’année fiscale 2013-2014 (avril-mars). Les revenus pour ses services ont atteint 3,8 milliards, en baisse de 13,4 % par rapport au précédent exercice. Avec ce plan social, il cherche à « gagner en compétitivité », et à « dimensionner correctement la compagnie, dans un environnement très exigeant », selon le communiqué.
"2015-07-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/28/vodafone-annonce-un-vaste-plan-social-en-espagne_4702235_3234.html
Gloria Friedmann montre l’homme derrière la bête
Au Musée de la chasse et de la nature, « Tableaux vivants » interroge les rapports entre les animaux et les humains.
Pour atteindre « Tableaux vivants », l’exposition de Gloria Friedmann au Musée de la chasse et de la nature à Paris, il faut gagner le deuxième étage de l’hôtel de Guénégaud et voir en chemin une troupe d’animaux naturalisés. A cet étage, on est accueilli par deux gorilles empaillés, arrangés de manière à paraître vivants. Ils ont été tués pour permettre cette fiction, le plaisir ou l’effroi des visiteurs. Les fauves et les cerfs qui font semblant de rugir ou de bramer dans les autres salles ont été de même victimes de la toute-puissance humaine, qui s’exerce jusqu’à l’extinction de nombreuses espèces. Cette toute-puissance ravageuse est le sujet de la plupart des œuvres récentes de Gloria Friedmann, qui, née en Allemagne en 1950 et venue en France en 1977, vit et travaille depuis longtemps en Bourgogne. Au Musée Bourdelle en 2008, à la Fondation Maeght en 2013, la question était déjà présente. Ici, elle devient centrale, ce qui est logique étant donné les lieux et leur destination. Gloria Friedmann dessine et peint d’une manière qui fait songer aux tracés découverts dans des grottes habitées aux temps paléolithiques Il y a là la collection complète des vidéos des performances que Gloria Friedmann a réalisées depuis les années 1990, des peintures, une installation et quelques œuvres qui relèvent de la sculpture, quoique d’une façon particulière puisque le miroir en est l’un des éléments essentiels. Les scènes qui passent en boucle sur les écrans sont toutes sous les signes de l’incongruité et de l’absurdité. Des couples en costume bavarois dansent parmi des vaches qui portent sur leurs flancs les mots Nikkei, Dow Jones, CAC 40 et autres indices boursiers. Un cortège de cavaliers aux vestes rouges, aux montures magnifiques et au pas parfaitement réglé sinue entre les énormes bâtiments d’une mine. Deux hommes jouent aux échecs sur fond de centrale nucléaire, des dindons autour d’eux. Un taureau vivant est introduit au Musée d’art moderne de la Ville de Paris – en 1994 – et s’agite quand un boucher, à quelques mètres, découpe en professionnel méthodique la carcasse d’un autre bœuf. Les scènes sont filmées avec une neutralité de documentaire, alors que ce sont des fables qui font rire, pour certaines, et créent le malaise, pour d’autres – particulièrement la dernière citée, qui rappelle tant d’affaires d’abattoirs. Leur font face des peintures toutes récentes : chiens, rats ou singes indiqués en peu de lignes dans une couleur de cendre. Vivants ou rêvés, spectres ou momies ? Depuis quelques années, Gloria Friedmann dessine et peint de cette manière, qui fait songer aux tracés au doigt dans l’argile découverts dans des grottes habitées aux temps paléolithiques. On y songe d’autant plus que deux crânes sont fixés à un mur, celui d’un homme et celui d’un grand singe. Ils sont d’une blancheur de laboratoire, mais des miroirs ont été placés dans leurs orbites. Ainsi peut-on se voir dans leurs yeux morts. Quant à la proximité de l’humain et du simiesque, elle rappelle que le sapiens sapiens est un mammifère bipède qui a réussi à s’adapter aux variations climatiques et à inventer des moyens pour assurer sa survie. Posé près des crânes, un grand miroir porte ce seul mot, en capitales sablées : NATURE. Mais que voient les visiteurs dans cette glace, sinon eux-mêmes, bien loin de l’état de nature ?
"2016-12-23T00:00:00"
arts
https://www.lemonde.fr/arts/article/2016/12/23/gloria-friedmann-montre-l-homme-derriere-la-bete_5053264_1655012.html
Alain Bergounioux : « Manuel Valls, le candidat de la gauche réaliste »
L’ancien premier ministre est l’héritier de ce que le Parti socialiste a acquis difficilement, une culture de gouverement. La finalité de cette primaire est de rendre possible une action présidentielle
Manuel Valls lors du débat de mercredi. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Par Alain Bergounioux, historien et président de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS) Pour la « vieille maison »… Cette ancienne parole de Léon Blum, en 1920, lors de la grande scission du congrès de Tours, en 1920, peut trouver un certain écho aujourd’hui. Beaucoup s’empressent, en effet, d’enterrer le Parti socialiste. Pour la droite, on le comprend, la disparition du PS serait l’assurance d’avoir face à elle une gauche profondément divisée pour longtemps. Pour Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, unis sur ce seul point, leurs intérêts immédiats les poussent dans le même sens. Et, disons-le, nombre d’intellectuels, dans ce pays, depuis longtemps, n’ont jamais aimé les voies moyennes qui tentent de réduire les contradictions de la réalité. Se trompent-ils pour autant ? Pour répondre, il ne faut pas commenter la seule conjoncture présente. Les difficultés du Parti socialiste sont évidentes. Mais elles ne sont pas nouvelles. Ce parti a failli disparaître à de nombreuses reprises, en 1920, en 1940, en 1958, et a connu des crises profondes en 1969 ou en 1993, suivi de renaissances qui ont toujours surpris. Ce qui fait la gravité de la situation actuelle, c’est le cumul de plusieurs phénomènes. C’est tout le courant social-démocrate, et même plus largement progressiste, qui est à la peine dans le monde. Les adaptations à mener dans les transformations économiques – technologiques notamment – sociales, culturelles sont dures à mettre en œuvre et elles ne sont pas supportées par une part des électorats de gauche. Il n’y a pas un pays européen où les partis sociaux-démocrates ne soient pas en crise ou en réelle difficulté. Le quinquennat qui s’achève a, évidemment, ajouté une part de trouble. Les politiques menées, pour éviter une plus grande perte de compétitivité des entreprises que la droite avait laissé péricliter, aussi justifiées ont-elles été, n’ont pas été comprises, faute souvent d’explication claire des enjeux. Cela a occulté les avancées sociales mises en œuvre – pensons à cette réforme d’avenir qu’est le compte personnel d’activité, matrice de nouvelles garanties pour les salariés. Les socialistes, divisés très tôt, sur la nature même des politiques suivies ont créé la confusion dont ils sont eux-mêmes victimes aujourd’hui. Tout cela se situe dans un nouveau paysage politique marqué par une triple polarisation avec une extrême droite forte, qui amène à rompre avec les alternances entre la droite et la gauche, pour introduire un nouveau clivage qui déstabilise profondément l’électorat de gauche et accuse les divergences entre ceux qui pensent que le salut de la gauche se situe dans le refus des contraintes et ceux qui ne voient pas d’autre issue que de composer avec elles pour les réduire.
"2017-01-26T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/01/26/manuel-valls-le-candidat-de-la-gauche-realiste_5069250_3232.html
L’usine automobile de demain se passera de la ligne d’assemblage
Flexible et reconfigurable, la nouvelle usine « 4.0 » utilisera les capteurs et algorithmes qui équipent déjà les voitures autonomes. Exemple à Ingolstadt, en Bavière.
Drone dans la chaine de montage de voitures de l’usine Audi de Neckarsulm en Allemagne. STEFAN WARTER « Le client pourra choisir n’importe quelle couleur pour sa voiture, pourvu qu’elle soit noire. » La boutade d’Henry Ford est devenue célèbre, mais pas seulement pour sa drôlerie. Elle souligne l’importance du processus de fabrication dans l’industrie automobile, et les contraintes liées à la chaîne de production, une innovation qui a bouleversé l’accès à la voiture il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui, une autre révolution est en cours, celle de la connectivité et du véhicule autonome, qui pourrait remettre en question la ligne de montage elle-même, cette référence absolue de la production automobile. Direction Ingolstadt en Bavière, au quartier général d’Audi, où, en ce mois de novembre 2016, Hubert Waltl, vice-président de la marque chargé de la production, présente son projet d’assemblage modulaire à un parterre de journalistes spécialisés. Les chercheurs d’Audi ont imaginé une usine flexible et reconfigurable, à base de modules, qui va jusqu’à rompre avec la fameuse chaîne d’assemblage. Dans ce nouveau monde, le véhicule en cours de montage est placé sur un chariot autonome, un AGV (véhicule à guidage automatique). Il n’y a plus de ligne, mais des stations d’assemblage avec deux ou trois opérateurs, réparties sur toute la surface de l’usine. Le véhicule est porté d’une station à l’autre par son AGV, qui est capable, grâce à un algorithme, de choisir le chemin optimal. L’arrivée de la voiture et celle des pièces à la station sont synchronisées au niveau d’une salle de contrôle destinée à la remontée et à l’analyse de toutes les données de production. Une salle de ce type existe d’ailleurs déjà chez Audi dans son usine mexicaine ultramoderne de San José Chiapa, qui fabrique les modèles Q5. Innovation permanente Pourquoi rechercher une telle rupture dans un processus productif qui a fait ses preuves ? « Le problème de la chaîne fordienne, c’est sa difficulté d’adaptation à un changement de production », explique Laurent Petizon, directeur de la société de conseil AlixPartners. Or la capacité à être flexible est devenue stratégique dans une industrie qui doit de plus en plus multiplier les variantes (voitures électriques, hybrides, thermiques), tout en s’adaptant à la versatilité des clients. Avec un tel système, une interruption sur la chaîne n’est plus synonyme d’un arrêt complet. De plus, l’usine idéale devient un simple hangar, ce qui permet de bouleverser la production sans travaux lourds. « Nous attendons de l’assemblage modulaire une hausse à deux chiffres de la productivité », affirme Hubert Waltl.
"2017-03-01T00:00:00"
entreprises
https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2017/01/03/l-usine-automobile-de-demain-se-passera-de-la-ligne-d-assemblage_5056783_1656994.html
Lumière fatale pour le conseiller de l’ombre Stephen Bannon
Le patron de « Breitbart News », resté discret pendant la campagne, est apparu après l’élection comme un « grand manipulateur ».
Stephen Bannon, en février 2017 à la Maison Blanche. CARLOS BARRIA / REUTERS Le 5 décembre 2017, Stephen Bannon était en pleine lumière, dans une grange de l’Alabama. Il était venu y soutenir un candidat controversé à une élection sénatoriale partielle. Sa harangue et la présence de deux gardes du corps positionnés de part et d’autre de l’estrade en disaient long sur les ambitions toutes neuves de l’ancien conseiller de l’ombre, passé brièvement par la Maison Blanche. Bannon avait déjà pris l’avantage sur le président, trois mois plus tôt, lorsque son candidat l’avait emporté lors de la primaire républicaine pour cette sénatoriale sur celui défendu par la Maison Blanche. Succès de courte durée. La victoire attendue dans ce bastion conservateur, il en était convaincu, devait constituer la première étape de son projet de constituer un courant à l’intérieur du Parti républicain. Le patron du site Breitbart News multipliait alors les recrues pour les primaires républicaines à venir, dans l’Arizona, le Tennessee et le Nevada, sur le modèle de l’insurrection du Tea Party, sept ans plus tôt. Il n’était question que d’aider le président, même si le bannonisme pointait déjà sous la défense du trumpisme. Un mois a passé et l’édifice, déjà, menace ruine. Le candidat de Stephen Bannon a perdu de justesse une élection jugée imperdable, embarrassant Donald Trump. Ce dernier, manifestement convaincu par son ancien conseiller, s’était décidé à soutenir franchement un ancien juge accusé de harcèlement sexuel. Surtout, le président a été de plus en plus exaspéré par la mue en cours. Un portrait de Vanity Fair, en décembre 2017, avait déjà sonné l’alarme. Il faisait état de propos rapportés de Stephen Bannon dans lesquels ce dernier comparait le président à « un enfant de 11 ans ». L’ancien conseiller s’en prenait également au couple composé de la fille du président, Ivanka, et de son mari, Jared Kushner, rebaptisés « Javanka ». La récidive dans le livre de Michael Wolff Fire and Fury (« le feu et la fureur », non traduit), dans lequel Donald Trump est même devenu « un enfant de 9 ans », a précipité la rupture. Deux ego surdimensionnés La collision de deux ego surdimensionnés était sans doute inévitable. Le compagnonnage tout d’abord discret entre les deux hommes était apparu au grand jour lorsque Stephen Bannon avait repris en main une campagne qui s’affaissait en août 2016. Il avait pu se targuer d’avoir compté parmi les rares à ne pas ciller, deux mois plus tard, lorsque la publication d’une vidéo ancienne, dans laquelle Donald Trump multipliait les propos obscènes sur les femmes, avait semblé compromettre définitivement ses chances. La complémentarité entre le tribun venu de la téléréalité et le boulimique de lecture, principalement d’ouvrages historiques, s’était avérée efficace.
"2018-06-01T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/01/06/lumiere-fatale-pour-le-conseiller-de-l-ombre-stephen-bannon_5238243_3222.html
Ligue 1 : l'OM se fait peur
Menés 2-0, les Marseillais ont arraché l'égalisation en profitant de deux minutes d'inattention de Bordeaux (2-2). Ce nul permet aux Girondins de reprendre la 4e place au classement. L'OM est 6e.
André-Pierre Gignac à l'égalisation face à Bordeaux, le 22 décembre au Stade-Vélodrome. AFP/BERTRAND LANGLOIS Mené 2-0, l'Olympique de Marseille a arraché l'égalisation en profitant de deux minutes d'inattention de Bordeaux (2-2) qui, grâce à ce nul, reprend toutefois la 4e place à l'occasion de la 19e et dernière journée de championnat de France pour 2013. Les buts de Romao et Gignac, aux 73e et 74e minutes, ont douché la joie des Girondins qui croyaient avoir fait le plus dur avec Jussiê (34e) et Maurice-Belay (66e). Mais Bordeaux ne fait pas une si mauvaise opération, étant désormais à huit points derrière le 3e, Lille, qui se déplace ce dimanche soir (coup d'envoi 21 heures) au Parc des Princes. COUP DE CHAUD POUR LABRUNE ET ANIGO Les Bordelais vont supporter le PSG devant leur télé, et prier pour que le LOSC ne prennent pas de points face à la bande à « Ibra », déjà assurée de finir champion d'automne depuis le surprenant revers de Monaco vendredi chez lui contre Valenciennes (2-1). L'OM est désormais 6e, à 10 points de Lille, et risque bien lui aussi d'encourager l'ennemi juré devant son poste de télévision pour que cet écart ne se creuse pas un peu plus. Le retournement de situation dimanche en fin de match a permis en tout cas au duo formé par José Anigo (remplaçant l'entraîneur Elie Baup) et Vincent Labrune (président) d'échapper à la colère du Vélodrome. Car une défaite de l'OM aurait sonné comme un nouveau virage raté à domicile, comme ce fut déjà le cas contre Monaco, le PSG (défaites 2-1) ou encore Nantes (défaite 1-0).
"2013-12-22T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/12/22/ligue-1-l-om-se-fait-peur_4338752_3242.html
Proche-Orient : le Hamas se dit prêt à une réconciliation entre factions palestiniennes
Poussé par l’Egypte, le mouvement islamiste armé accepte de dissoudre le comité administratif qui gérait la bande de Gaza et appelle de ses vœux des élections générales.
Depuis la fracture en 2007 entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas, le décalage entre les intentions écrites et les actes a toujours été considérable. Le communiqué publié dimanche 17 septembre par le mouvement islamiste armé, qui contrôle la bande de Gaza, offre un léger espoir, sans aucune certitude de lendemain, en vue d’une réconciliation entre factions palestiniennes. Grâce à l’intervention vigoureuse de l’Egypte, et à la veille d’une semaine diplomatique marquée par l’Assemblée générale de l’ONU, le Hamas a accepté, de façon unilatérale, de dissoudre le comité administratif qu’il avait mis en place en mars pour expédier les affaires courantes sur son territoire. Cette initiative avait été perçue par Mahmoud Abbas comme un nouveau défi à son encontre. Depuis, l’Autorité palestinienne (AP) a exercé une pression financière sans précédent sur la bande de Gaza, dont la première victime a été la population civile, déjà soumise au blocus égyptien et israélien. La situation humanitaire y est dramatique. Les médicaments manquent, l’électricité n’est accessible qu’une poignée d’heures par jour, les eaux usées sont déversées dans la mer, faute de traitement. L’AP avait décidé de réduire de façon spectaculaire les salaires de dizaines de milliers d’employés des différentes administrations. Signal de réalisme Dimanche, le Hamas a adressé un message d’ouverture à l’attention de Ramallah, en se pliant à ses demandes. Il « donne son accord pour entamer des discussions sur la réconciliation et pour organiser des élections générales », précise le communiqué. Les factions réclament depuis des années ce rendez-vous démocratique, mais, dans le même temps, tout le monde se rejette la responsabilité de son report sans fin. Pas plus de certitudes cette fois-ci, d’autant qu’aucune modalité d’un retour de l’AP à Gaza n’est précisée à ce stade. Mais le geste pourrait convaincre Mahmoud Abbas de desserrer l’étreinte financière et de reprendre par exemple la totalité du paiement de l’électricité que les Israéliens fournissent à la bande de Gaza. C’est aussi un signal de réalisme adressé par la nouvelle direction du mouvement, qui souffre d’isolement malgré la publication d’une nouvelle charte, à la façade idéologique repeinte. Certains experts israéliens s’interrogent même sur la possibilité d’obtenir un cessez-le-feu à long terme avec le Hamas. L’annonce faite par le mouvement armé intervient après une semaine de discussions intenses, qui devraient reprendre dans une dizaine de jours, une nouvelle fois au Caire, le Qatar, où s’étaient tenues de premières rencontres, étant devenu une base arrière moins fréquentable depuis que les Etats du Golfe l’ont pris pour cible. Le chef du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, s’est rendu dans la capitale égyptienne, de même qu’une délégation du Fatah. Une sortie de crise était recherchée depuis plusieurs semaines. A la fin du mois d’août, le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, avait annoncé que l’AP renonçait à pousser à la retraite anticipée environ 6 000 employés à Gaza. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le CICR s’alarme de « l’annexion de facto » en Cisjordanie Trouver un compromis entre factions palestiniennes L’escalade décidée depuis le printemps par Mahmoud Abbas avait provoqué l’incompréhension de nombreux partenaires occidentaux de l’Autorité palestinienne. « Sa stratégie n’a pas atteint ses buts, elle n’a pas conduit au retour du gouvernement d’unité à Gaza, expliquait au Monde il y a quelques jours Nikolaï Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix. On voit que Gaza et la Cisjordanie sont plus éloignées que jamais. Ça fait plus de dix ans que d’innombrables tentatives de réconciliation ont échoué, parce qu’elles n’ont pas traité la question centrale : trouver un compromis entre factions palestiniennes pour restaurer une seule autorité légitime et démocratique sur les deux territoires. » Après dix ans d’entente introuvable, le raïs était irrité ces temps-ci par les critiques sur sa stratégie de force, explique une source au sein de l’Organisation de libération de la Palestine. « Avec le Hamas, il ne comprend l’idée de compromis que comme une reddition », confirme un diplomate étranger à Jérusalem. Son intransigeance était accentuée par l’alliance improbable conclue entre le Hamas et Mohammed Dahlan, ancien dirigeant du Fatah et rival du président. Soutenu par les Emirats arabes unis, l’ex-chef du Service de sécurité préventive à Gaza s’est aussi attiré les faveurs égyptiennes, Le Caire l’imaginant en successeur de Mahmoud Abbas, à terme. Pour l’heure, l’homme d’affaires espère obtenir des Egyptiens une réouverture régulière du poste de passage de Rafah. Celui-ci a fonctionné quatre jours, à la fin d’août, mais le phénomène reste épisodique.
"2017-09-17T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/09/17/le-hamas-se-dit-pret-a-la-reconciliation-avec-le-fatah_5186807_3218.html
Atlantia et sa filiale, Autostrade per l’Italia, gestionnaire du viaduc Morandi, dans la tourmente
Après les attaques du gouvernement italien contre l’Autostrade per l’Italia, le titre de sa maison mère s’est écroulé de 25%, jeudi, à la Bourse de Milan.
Giuseppe Conte, le premier ministre italien (à gauche) et Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, le 15 août, lors de la conférence de presse après l’effondrement du viaduc de Morandi, à Gênes. Flavio Lo Scalzo / AP C’est la curie pour Atlantia et Autostrade per l’Italia, sa filiale qui gère l’autoroute et le viaduc Morandi, qui s’est écroulé mardi 14 août. Jeudi, le gouvernement italien a déclaré la guerre à la société italienne. Après plusieurs attaques du premier ministre, Giuseppe Conte, et des poids lourds du gouvernement, le vice-ministre des transports, Edoardo Rixi, a précisé à Reuters que l’exécutif transalpin étudiait trois possibilités pour Autostrade : « La révocation totale de la concession, la révocation de la section A10 ou une pénalité, mais une pénalité de 150 millions d’euros [prévu par le contrat] est trop faible. » Ces déclarations ont créé un vent de panique à la Bourse de Milan, où le concessionnaire est coté. L’action Atlantia s’est écroulée de 25 % en séance, jeudi. Alors que la capitalisation du groupe, qui gère des autoroutes en Italie, au Chili ou encore en Pologne et des aéroports, tutoyait fin 2017 les 22 milliards d’euros, il affichait en fin de journée une capitalisation de 16 milliards d’euros. Dans un communiqué, ce groupe de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, détenu pour 30 % par Edizione, la holding de la famille Benetton, a souhaité rassurer ses actionnaires. La société a dénoncé des annonces « faites en l’absence de toute contestation spécifique » et « de toute certitude sur les causes effectives » du drame. Et dans l’hypothèse d’une révocation de la concession, « il revient au concessionnaire d’évaluer la valeur résiduelle de la concession, une fois les éventuelles pénalités déduites », a prévenu Atlantia. Selon des médias italiens, le coût pour l’Etat de cette révocation se chiffre en milliards d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gênes, premier port italien, et la Ligurie fragilisés Une entreprise déployée à l’international Pour Atlantia, cet accident pourrait marquer un coup d’arrêt pour son développement. Privatisée en 1998, Autostrade gérait 2 850 km de voies (soit 50 % du réseau italien). Depuis, la société dirigée par Giovanni Castellucci s’est déployée à l’international en acquérant quelque 2 000 km d’autoroutes concédées par le Brésil, le Chili ou encore l’Inde. A l’image du français Vinci, le concessionnaire italien se tourne à partir de 2013 vers les aéroports. Il remporte la concession des deux aéroports romains, Fiumicino et Ciampino, avant de décrocher, en consortium avec EDF Invest, celle de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur moyennant un chèque de 1,22 milliard d’euros. Dernièrement, Atlantia a racheté la part de 15,5 % de Goldman Sachs dans Getlink (nouveau nom d’Eurotunnel). Le groupe transalpin ne devrait pas s’arrêter là en France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, le Mouvement 5 étoiles mis en difficulté par l’effondrement du pont de Gênes Alors qu’il souhaitait acquérir des autoroutes françaises lors de la privatisation de 2007, son offre avait été retoquée. Onze ans plus tard, il revient. En mettant la main, en consortium avec l’espagnol ACS, sur le groupe Abertis, il détient désormais la Société des autoroutes du nord et de l’est de la France (Sanef). La société pourrait également se positionner pour la privatisation de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). Depuis l’accident de Gênes, l’Etat sera particulièrement vigilant sur cette candidature.
"2018-08-17T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/08/17/atlantia-et-sa-filiale-autostrade-per-l-italia-gestionnaire-du-viaduc-morandi-dans-la-tourmente_5343428_3234.html
Plusieurs morts en Nouvelle-Calédonie dans un conflit sur le prix des billets d'avion
Quatre hommes ont été tués par balles et 13 autres personnes blessées dans des affrontements sur l'île de Maré.
Quatre hommes ont été tués par balles et 23 autres blessées dans des affrontements sur l'île de Maré, en Nouvelle-Calédonie, en marge d'un conflit sur le prix des billets d'avion. Parmi ces blessés, certains se trouvent dans un état critique, a précisé Albert Dupuy, haut-commissaire de la République, représentant le gouvernement dans la collectivité française du Pacifique. Les violences sont intervenues dans le cadre d'un mouvement de grogne des usagers d'Air Calédonie – communément appelée Aircal – qui bloquent depuis le 22 juillet les aéroports pour protester contre la nouvelle politique tarifaire de la compagnie aérienne locale. Selon les premières informations, un groupe de 300 personnes, originaires du district de Guahma du grand chef Nidoish Naisseline, par ailleurs président de la compagnie, s'est rendu samedi matin à l'aérodrome de la Roche pour déloger les membres du collectif des usagers qui en bloquaient l'accès. Après un échange de jets de pierres, les affrontements ont dégénéré dans l'après-midi et des coups de feu ont été tirés. Quatre jeunes ont été tués, dont un neveu de Nidoish Naisseline. La maison d'un des partisans des usagers a été brûlée, tandis que plusieurs commerces ont été vandalisés. COMPAGNIE PUBLIQUE EN DÉFICIT CHRONIQUE Deux pelotons de gendarmerie ont été envoyés sur place et un escadron les renforcera dimanche. "Nous espérons que la présence de la gendarmerie va permettre au calme de s'instaurer", a dit M. Dupuy, souhaitant la mise en place d'un "processus de médiation" entre les parties. Il a évoqué "une journée de cauchemar" à Maré (6 000 habitants), une des trois îles Loyauté, à l'est de la Grande Terre. La ministre de l'outre-mer Marie-Luce Penchard a annoncé de son côté qu'elle présiderait dimanche matin à son ministère une réunion à propos des événements. Compagnie publique en déficit chronique, Aircal fait l'objet d'un plan de sauvetage, qui avait provoqué un conflit social en juillet puis un mouvement de colère des usagers. Seules les destinations d'Ouvéa, de Tiga et du nord de la Grande Terre sont desservies mais les plus rentables, à savoir Lifou, l'île des Pins et Maré, sont bloquées depuis le 22 juillet. Vendredi, la direction de la compagnie avait affirmé qu'elle était menacée de dépôt de bilan d'ici un mois, compte tenu des pertes financières liées au blocage, estimées à 1,2 million d'euros.
"2011-06-08T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/08/06/plusieurs-morts-en-nouvelle-caledonie-dans-un-conflit-sur-le-prix-des-billets-d-avion_1556967_3224.html
EasyJet condamnée à supprimer 23 clauses abusives dans ses contrats clients
Horaires, bagages, retards : le tribunal de grande instance de Paris a épinglé toute une série de clauses figurant dans les conditions générales de transport, au motif qu'elles étaient "abusives" ou "illicites".
Au cours de l'exercice qui s'est achevé fin septembre, le chiffre d'affaires d'easyJet a progressé de 10,5 % pour s'établir à 4,258 milliards de livres. AFP/FABRICE COFFRINI EasyJet est de nouveau condamnée. Après avoir été épinglée pour avoir refusé l'accès d'un avion à trois personnes handicapées non accompagnée, la compagnie aérienne à bas coûts a été condamnée, mardi 31 janvier, par le tribunal de grande instance de Paris à supprimer 23 clauses jugées "abusives" figurant dans les conditions générales de transport qu'elle offre à ses passagers. EasyJet devra également verser 30 000 euros de dommages et intérêts à l'association de consommateurs UFC-Que Choisir qui avait porté l'affaire devant la justice parisienne. Enfin, la compagnie devra faire état de cette condamnation dans Le Monde, Le Parisien et Libération, ainsi que sur son site Internet dans un délai d'un mois. RÉDACTION "IMPRÉCISE" ET "AMBIGUË" Horaires, bagages, retards : dans un jugement de 57 pages, la 1re chambre sociale du TGI de Paris a épinglé toute une série de clauses, au motif qu'elles étaient "abusives" ou "illicites". Dans la foulée, le tribunal a ordonné la suppression de ces clauses figurant dans les conditions imposées aux passagers "sous astreinte de 150 euros par clause et par jour de retard". EasyJet a 60 jours pour se mettre en conformité, avant de devoir payer ces astreintes. Dans la plupart des cas, le tribunal a estimé que la rédaction des clauses litigieuses était "imprécise" et "ambiguë". Ainsi de celle concernant les bagages : pour les juges, EasyJet commet une faute en n'indiquant pas "au consommateur les tarifs qui lui seront appliqués, ou les modalités de calcul de ce tarif, s'il lui est demandé d'enregistrer son bagage à l'aéroport". Autre point important, les magistrats ont sanctionné la clause permettant à EasyJet de facturer des frais de dossier de 4 euros à toutes les réservations Internet qui ne sont pas réglées par Visa Electron ou Carte Bleue. "En l'état de la législation applicable, la société EasyJet ne peut appliquer de frais pour l'utilisation de certains instruments de paiement", peut-on lire dans le jugement.
"2012-01-31T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/31/easyjet-condamnee-a-supprimer-23-clauses-abusives-dans-ses-contrats-clients_1636970_3234.html
La gastronomie vote à droite
Né dans les milieux conservateurs, l'art de la bonne chère fait culpabiliser les gens de gauche. Privilège de riches ? Truc de snobs ? Possible.
Concours de dessert, le 1er avril 2010. AFP/FREDERICK FLORIN Avant toute gastronomie, il y a la faim. Cette faim que le genre humain doit calmer chaque jour pour survivre. Adam et Eve avaient les crocs quand ils ont croqué la pomme et, depuis, le monde se divise en deux : ceux qui mangent et ceux qui ont les crocs (on en compte actuellement un milliard sur terre). L'Histoire enseigne - sans jamais se démentir - que les premiers appartiennent plutôt à la catégorie des riches et des puissants et les seconds à celle des pauvres et des dominés. Pas de gastronomie sans Terra madre, la terre nourricière dont les produits comestibles sont censés satisfaire les besoins de l'humanité. Avant d'être un symbole, c'est des hectares, des millions d'hectares, dont la propriété a toujours été source de pouvoir et de fortune, d'abondance ou de famine. Empereurs et esclaves, seigneurs et serfs, colons et indigènes, fermiers et métayers, les uns la possèdent, les autres pas, et sans elle, rien dans l'assiette. Pour ses lopins, on se bat depuis Obélix. Le dernier épisode se passe en Chine, dans la province du Guangdong, où des paysans se révoltent contre les expropriations. La table est le théâtre ultime de cet affrontement. Le festin face à la gamelle. Rôts, rôtis et entremets pour les nantis, soupe claire et pain bis pour les gens de peu. Chasse à courre contre braconnage. Monsieur le marquis mange dans la porcelaine, le manant dans son écuelle. Si l'une est trop pleine et l'autre trop vide, la révolte gronde. Lorsque, le 6 octobre 1789, les femmes de Paris marchèrent sur Versailles pour s'emparer du boulanger, de la boulangère et du petit mitron, elles réclamaient du pain. Pas la République. Faut-il encore charger le dossier ? Faut-il appeler à la rescousse la dîme et la gabelle, la cuisine de cour et celle des papes pour affirmer que la gastronomie a le sang bleu ? Que de (Grimod de) La Reynière à Gault et Millau, ses affidés portent leur ADN à droite et que de mémoire d'homme on n'a jamais vu un socialiste se trucider - tel Vatel, cuisinier du roi - parce que le poisson était en retard. Pouvoir, propriété, richesse, ordre, abondance et privilège sont les valeurs historiques de la droite. La gastronomie - cet "art de la bonne chère", selon le Robert - est née et a prospéré dans ce milieu, au point qu'après en avoir tant joui il s'en considère le dépositaire légitime. Comment expliquer autrement le succès du qualificatif de "gauche caviar" lancé par la droite à ceux qui, après avoir fait leur nid dans la misère, l'injustice et l'exploitation du peuple, osent aujourd'hui manger de la volaille de Bresse ? Que leur reproche-t-on en filigrane, sinon de trahir leur camp en goûtant à des plaisirs interdits, réservés à ceux d'en face ? Effraction gourmande en secteur protégé ? Comportement sacrilège, limite renégat ? L'accusation fait mouche dans les classes populaires, davantage familières des patates que des oeufs d'esturgeon. Elle joue sur cette culpabilité tacite des gens de gauche lorsqu'ils goûtent aux plaisirs bourgeois en se vautrant dans les délices de la chère. La Cause du peuple, journal maoïste, accusa en 1972 le notaire Pierre Leroy du meurtre de Brigitte Dewèvre à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais) parce qu'il mangeait "des biftecks de 800 grammes". Forcément coupable. J'ai souvenir qu'à Libération, au temps où le journal donnait "la parole au peuple", les rares individus qui claquaient une part importante de leur maigre salaire dans des restaurants étoilés frisaient la dissidence. Carlo Petrini, le fondateur de Slow Food, raconte que Lucio Magri, directeur d'Il Manifesto, quotidien de la gauche critique italienne, le traitait de curé lorsqu'il vantait les joies de la table. "Mais à chaque vacances, il allait en France faire une tournée discrète chez Troisgros ou Guérard, avant de retrouver la classe ouvrière à la rentrée. Nous avons une expression pour qualifier cela : vizi privati, pubbliche virtu, vices privés, vertu publique." La morale de gauche condamnerait-elle à une gastronomie de pauvre ? Les lentilles à Saint-Denis et la truffe à Neuilly ? J'entends les protestations dans le public : "Monsieur, un petit salé aux lentilles appartient à la gastronomie autant qu'un chausson aux truffes." "On mange mieux à la ferme que dans le 16e." "Le poulet à la crème de ma mère valait toutes les chiffonnades et autres compressions de nos grands chefs." Et la phrase qui tue : "Vous confondez la gastronomie avec le luxe." Ces remarques, fort pertinentes, proviennent généralement de personnes expertes dans l'art du bien-manger, clients assidus et éclairés des restaurants gastronomiques. Ils confondent gastronomie et cuisine. Il existe bien une cuisine populaire, à base de produits et de recettes de terroir, source de cette cuisine bourgeoise qui l'a enrichie jusqu'à en faire un exercice de haut vol et de haut goût dans lequel seuls quelques-uns excellent. Toutes ont leurs vertus, mais la gastronomie ne se résume pas à des histoires de cuisine, à des empilements de recettes. Si l'on consulte l'immense majorité de ceux qui n'ont jamais mangé dans un "gastro", celui-ci reste un luxe, un univers étranger dans lequel ils ne pénètrent pas, car ils n'ont ni les moyens ni l'audace nécessaire pour s'y attabler. Même pas l'envie, parfois. Dans l'imaginaire collectif, la gastronomie c'est "le Michelin et les trois étoiles", "les serveurs habillés en pingouins", "les produits chers et les grands vins", "un privilège de riches", si ce n'est "un truc de snobs", à l'addition toujours salée, voire indécente. On ne peut donner entièrement tort à cette majorité de gens agacés, mais ils mélangent la gastronomie et son appareillage extérieur. Ils sont souvent de gauche et, au regard de l'environnement immédiat de la table, ils ont quelques raisons de ne pas être du même bord. Guides et critiques, éditeurs et écrivains de bouche, sociétés gourmandes ou vineuses, producteurs de grands crus ou chefs de grandes maisons, chaînes de prestige ou distributeurs de produits fins forment une corporation qui considère les fonctionnaires impropres à la fréquentation et tout contrôle d'Etat nuisible à l'exercice du métier. Ces gens-là votent à droite et, lors de l'élection de François Mitterrand en 1981, le chef étoilé Guy Savoy - pour n'en citer qu'un parmi d'autres - s'en trouva fort marri. C'est pourtant sous son mandat qu'il bâtit sa fortune et sa gloire. Le Club des Cent est l'expression la plus sophistiquée et la plus secrète de cette culture. Fondé en 1912 par le journaliste Louis Forest, il s'adressait à la poignée de privilégiés qui parcouraient le pays en véhicule automobile et peinaient à trouver en chemin gîte et couvert de qualité. En y adhérant, on s'engageait à partager ses bonnes adresses, consignées dans un guide à l'usage exclusif du Club. Une sorte de kit de survie pour gourmets égarés qui n'était pas sans influence sur le Michelin, né à la même époque et pour les mêmes motifs. Le Club ne compte que 100 membres. On y entre parrainé par deux "centistes" et après un examen de passage devant un jury chargé de vérifier les qualités oeno-gastronomiques du postulant. Les femmes n'y sont pas admises. Rassemblement de notables à l'origine, il a "profondément imprégné l'action économique, culturelle et touristique qui se déploiera en France durant tout le XXe siècle autour de l'objet gastronomie et de l'idée nationale", selon Julia Csergo, spécialiste de l'histoire de l'alimentation à l'université Lyon-II. C'est aujourd'hui un des cercles les plus convoités de Paris où se côtoient patrons du CAC 40, personnalités de la politique, de la finance, du luxe, du barreau, de la presse, de la faculté, des arts et des lettres. Au hasard des déjeuners rituels du jeudi - à 12 h 30 précises dans un établissement différent choisi par un "brigadier" nommé à cet effet - on peut croiser Claude Bébéar, Martin Bouygues, Albert Frère, Robert Peugeot, Jean-René Fourtou, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Darcos, Eric de Rothschild, Henri de Castries, Pierre Arditi, Erik Orsenna, Bernard Pivot, Paul Lombard, Claude Imbert, Jean Ferniot, Philippe Bouvard, Jean de Luxembourg, Albert II de Monaco et bien d'autres. Quelques chefs - Bocuse, Robuchon, Ducasse, Vigato, Pacaud - en sont membres ès qualités. L'acteur Christian Clavier, un temps des leurs, fut remercié pour cause d'absentéisme, quant à Sarah Bernhardt, elle a regretté deux choses dans sa vie : n'avoir pu se faire greffer une queue de panthère ni entrer au Club des Cent. A l'occasion de son centenaire, cette institution réputée secrète a entrouvert ses portes en novembre pour la sortie d'un livre consacré à cet événement majeur. Le président Jean Solanet, 1,81 m, 93 kg, recevait au Musée Camondo, autour d'un buffet exquis préparé par L'Ambroisie, le restaurant trois étoiles de Bernard Pacaud, voisin des Lang et des Strauss-Kahn, place des Vosges. Œuf à la coque au caviar, royale de foie gras, tourte feuilletée, puligny-montrachet, Gruaud-Larose et champagne Roederer en magnum, le Club sait vivre. Lorsque j'ai demandé à deux centistes présents - dont l'un avait promis à son père sur son lit de mort qu'il lui succéderait au Club - s'ils connaissaient des gens de gauche dans leurs rangs, un long silence s'ensuivit. Après réflexion, il ne leur vint qu'un nom à l'esprit : Louis Schweitzer, l'ex-PDG de Renault. Quand j'ai précisé qu'il avait même été trotskiste dans sa jeunesse, un frisson rétrospectif a saisi mes interlocuteurs. "Ils n'ont pas cité mon nom ni celui d'Orsenna ?", s'étonne Pierre Arditi, à qui je rapporte cet échange autour de quelques huîtres, en compagnie de Gérard Allemandou, patron de La Cagouille. Pas plus qu'il ne cache ses opinions de gauche, le comédien ne dissimule son statut de membre stagiaire du Club des Cent. "Ce n'est pas mon monde, mais comme je le fréquente juste pour manger, ça m'est égal. J'aime bien ça." Xavier Darcos, ancien ministre de droite, grand amateur de cuisine et pas maladroit au piano, le confirme : "Il y a beaucoup de gens du CAC 40, des radicaux cassoulet aussi, mais fondamentalement, c'est un lieu tout à fait dépolitisé, très chaleureux, même déconnant parfois." Bref, à en croire ses adhérents, le Club des Cent serait une bande de joyeux drilles en costumes sombres, qui portent à droite mais ne mélangent pas politique et bonne chère. C'est une tradition bien française : en entrant au restaurant, députés ou sénateurs laissent leur étiquette au vestiaire. Pas question de se chamailler Chez Françoise, la cantine de l'Assemblée nationale au sous-sol de l'aérogare des Invalides. Il y va de la réputation d'un élu, pour lequel la qualité du coup de fourchette fut longtemps le reflet de celle de l'individu. On se souvient du président Herriot qui se faisait livrer en cachette de Madame du foie gras par la Mère Brazier sur la place de Lyon. Etre associé à un plat n'a jamais nui à une carrière, à droite comme à gauche. Le cassoulet des radsocs, la soupe aux truffes de Giscard, la tête de veau de Chirac ou les ortolans de Mitterrand sont entrés dans l'histoire. La tradition est un peu tombée en désuétude sous Nicolas Sarkozy, le premier président français qui ne boive pas une goutte de vin et se contente d'un fromage blanc à 0 % en guise de dessert. Question d'image et de tour de taille. Dans le droit-fil de Talleyrand, qui retourna le congrès de Vienne en 1814 grâce à la qualité des mets cuisinés par Antonin Carême, la table reste un lieu privilégié pour la négociation. Xavier Darcos reconnaît en user au déjeuner mais surtout à dîner. "On a plus de temps, le soir on peut boire du vin, les relations deviennent plus cordiales." Et nombre de conflits syndicaux ou électoraux ont été, sinon résolus, du moins apaisés entre la poire et le fromage. Dans les salons d'un ministère ou ceux d'un restaurant. Les politiques peuvent à cet égard compter sur la discrétion des grands chefs, qui observent une règle fondamentale du petit commerce : ni politique ni religion dans ma maison. A-t-on déjà vu un chef célèbre manifester publiquement son soutien à un candidat à la présidentielle, à l'image des artistes ou des sportifs ? Que nenni, même si Guy Savoy ne cache pas son estime pour Sarko ou si jadis André Daguin, l'inventeur du magret de canard, se présenta (en vain) aux législatives sous l'étiquette UDF. Tout juste si, face aux dangers écologiques qui menacent la qualité des produits, a-t-on enregistré une certaine mobilisation contre les OGM. Les chefs Olivier Roellinger, Michel Bras, Alain Passard, Marc Veyrat, Franck Cerutti, Pascal Barbot, Régis et Jacques Marcon, Michel Troisgros, Jean-Michel Lorain et quelques autres ont ainsi signé avec des vignerons une pétition en ce sens lors du vote de la loi à l'Assemblée nationale. Si Roellinger milite ouvertement pour la défense de la biodiversité, de l'agriculture durable et du commerce équitable, la plupart restent discrets sur leurs convictions, ne craignant qu'une chose : passer pour le José Bové des cuisines. Les vignerons - notamment ceux qui se sont engagés dans le vin nature derrière le regretté Marcel Lapierre - éprouvent moins de scrupules à manifester leur engagement politique ou écologique. Dans le récent numéro spécial de Libération qui leur était consacré, Nicolas Demorand osait y voir un glissement du vignoble vers la gauche. Il demande à être vérifié dans les urnes. Néanmoins, il est possible qu'avec l'apparition d'une nouvelle génération de jeunes cuisiniers, souvent complices de ces vignerons-là, avec le développement d'une "bistronomie" plus moderne et délurée, libérée du carcan corporatiste, le centre de gravité de la gastronomie se déplace légèrement de la droite vers la gauche. Lulu, l'ancienne trotskiste qui avait troqué la faucille et le marteau pour le couteau et la fourchette, et qui recevait jadis le premier cercle des mitterrandiens en son bistrot de la rue du Château (Paris 14e) se sentira peut-être moins seule dans sa retraite. À LIRE "LES 100 ANS DU CLUB DES CENT" Collectif (Flammarion, 160p.,32€). L'histoire du club racontée par ses membres. "LES CENT MOTS DE LA GASTRONOMIE" d'Alain Bauer et Laurent Plantier (PUF, 128p., 9€). Lexique rassemblé par le patron du Guide Champérard et le directeur général du groupe Ducasse. JP Géné
"2011-12-30T00:00:00"
gastronomie
https://www.lemonde.fr/gastronomie/article/2011/12/30/la-gastronomie-vote-a-droite_1623871_1383316.html
L’écrivain Michel Tournier est mort
François Hollande a salué lundi soir « l’immense talent » de l’écrivain Michel Tournier, qui s’est éteint à l’âge de 91 ans. Il avait sorti son premier roman, « Vendredi ou les Limbes du Pacifique », en 1967, avant d’obtenir le prix Goncourt pour « Le Roi des Aulnes » en 1970.
Michel Tournier pose, le 1er novembre 1970, après avoir reçu le prix Goncourt pour « Le Roi des Aulnes ». AFP L’écrivain Michel Tournier, grande figure de la littérature française du XXe siècle, Prix Goncourt pour Le Roi des Aulnes, est mort lundi à 91 ans dans l’ancien presbytère où il vivait à l’écart des mondanités parisiennes depuis plus d’un demi-siècle. La disparition de Michel Tournier, cité fréquemment pour le prix Nobel et largement traduit, a suscité des hommages multiples et appuyés. François Hollande a loué un « immense talent », « entre réalisme et magie » ; Manuel Valls, « un conteur hors pair ». Bernard Pivot, président de l’académie Goncourt, a déclaré : « Il a rejoint ce soir les grands noms de l’histoire et des mythes dont il a été le génial romancier. » Michel Tournier, dont l’œuvre s’inspire des mythes fondateurs qu’il avait renouvelés avec humour et acuité, était venu à la littérature à plus de 40 ans. « Ce que j’avais à dire était à la fois tellement secret et tellement essentiel que j’ai eu besoin d’une longue maturation pour publier quoi que ce soit », expliquait-il. En 1967, il obtient d’emblée le grand prix du roman de l’Académie française avec Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Son talent se confirme trois ans plus tard, avec Le Roi des Aulnes, porté à l’écran en 1996 par Volker Schlöndorff, puis en 1975 avec Les Météores. De nombreux autres ouvrages suivront. Ancien membre du comité de lecture de Gallimard, il avait été juré Goncourt de 1972 à 2010. Il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur le 1er janvier.
"2016-01-19T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2016/01/19/l-ecrivain-michel-tournier-est-mort_4849477_3246.html
Les Bleus en quête de « sérénité » avant leur Euro
A trois jours du match d’ouverture contre la Roumanie, le 10 juin, l’équipe de France se répète que tout va bien.
Olivier Giroud, auteur d’un doublé contre l’Ecosse à Metz, samedi 4 juin. Thibault Camus / AP Engagés dans l’ultime phase de leur préparation, les Bleus ont posé leurs valises, dimanche 5 juin, au château de Clairefontaine (Yvelines), leur quartier général niché dans le domaine de Montjoye. Ils ne quitteront leur camp retranché qu’au terme de leur parcours à l’Euro 2016, dont ils donneront le coup d’envoi, vendredi 10 juin au Stade de France, face à la Roumanie. Avant de s’enfermer dans leur bulle, les hommes du sélectionneur Didier Deschamps ont accumulé de la confiance et acquis des repères dans un contexte pourtant agité. Minée par une cascade de forfaits (Raphaël Varane, Jérémy Mathieu, Lassana Diarra) et mise sous tension par l’interview incendiaire du banni Karim Benzema au journal espagnol Marca, l’équipe de France a pris un oxygénant bain de foule à Metz, où elle a été ovationnée, samedi 4 juin, après sa large victoire (3-0) contre une moribonde formation écossaise, 43e au classement FIFA. Sous une nuée de drapeaux tricolores, les Bleus ont ravi le public du stade Saint-Symphorien en faisant encore parler la foudre (38 buts inscrits depuis septembre 2015) pour leur dernière rencontre de préparation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La guerre des chefs se poursuit à la FIFA Ce neuvième succès acquis en dix matchs amicaux disputés cette saison a surtout confirmé la force de frappe dont dispose Didier Deschamps. Sifflé à Nantes, le 30 mai, lors de la victoire (3-2) contre le Cameroun, Olivier Giroud a profité de la perméabilité de la défense écossaise pour s’offrir un doublé. En quête de légitimité depuis la mise à l’écart de Karim Benzema, l’avant-centre d’Arsenal a ainsi éteint provisoirement la controverse qui l’entoure. Ses jeunes coéquipiers Anthony Martial, 20 ans, et Kingsley Coman, d’un an son cadet, ont, eux, apporté un soupçon de fraîcheur, multipliant les dribbles et les longues chevauchées. « C’est une belle soirée pour faire le plein de confiance et avoir de la sérénité. La difficulté, on l’aura face à la Roumanie. » Infatigable sentinelle, le novice N’Golo Kanté a, lui, épaté le staff des Bleus par sa capacité à épurer le jeu. Calamiteux dans ses relances contre le Cameroun, le revenant Adil Rami s’est rassuré alors qu’il devrait former avec Laurent Koscielny la défense centrale des Tricolores contre la Roumanie. « C’est une belle soirée pour faire le plein de confiance et avoir de la sérénité, a estimé Didier Deschamps. La difficulté, on l’aura face à la Roumanie. » « Tranquille et concentré », le sélectionneur se dit « en immersion », comme imperturbable malgré les secousses et les fâcheux imprévus. Le technicien fait preuve d’un stoïcisme à toute épreuve alors même qu’un tag « raciste » a été inscrit sur le mur de sa résidence bretonne suite aux déclarations abrasives de Karim Benzema dans lesquelles il accusait Didier Deschamps d’avoir « cédé sous la pression d’une partie raciste de la France ». Au cours de leur stage de préparation à Biarritz (du 17 au 21 mai) et dans le Tyrol autrichien (du 31 mai au 3 juin), les Bleus semblaient hermétiques au brouhaha extérieur, donnant l’impression de serrer les rangs. « On est dans un pays qui aime les polémiques. Il faut arrêter », a d’ailleurs tonné Patrice Evra, le vétéran (35 ans) du groupe.
"2016-05-06T00:00:00"
euro-2016
https://www.lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/06/les-bleus-en-quete-de-serenite-avant-leur-euro_4938468_4524739.html
La justice norvégienne estime qu’Anders Breivik n’est pas traité de manière « inhumaine » en prison
La cour d’appel d’Oslo est revenue sur la condamnation de l’Etat norvégien en avril 2016. Anders Breivik entend faire appel devant la Cour suprême.
Anders Behring Breivik à la prison de Skien (Norvège), le 18 janvier 2017. © Norsk Telegrambyra AS / Reute / REUTERS Nouveau rebondissement dans l’affaire qui oppose Anders Behring Breivik à l’Etat norvégien. A la surprise générale, en avril 2016, la justice avait condamné Oslo pour le « traitement inhumain » du tueur néonazi en détention à l’isolement depuis cinq ans. Retournement de situation mercredi 1er mars, puisque la cour d’appel a infirmé ce jugement, estimant que M. Breivik n’était pas traité de manière « inhumaine » en prison. Condamné à la peine maximale (21 ans de prison, renouvelable indéfiniment de cinq ans en cinq ans) pour avoir tué 77 personnes le 22 juillet 2011 sur l’île d’Utoya, l’extrémiste de 38 ans « n’est pas et n’a pas été victime de torture ou de traitement inhumain ou dégradant », a déclaré la cour d’appel d’Oslo. L’avocat d’Anders Breivik, Øystein Storrvik, a immédiatement annoncé son intention de faire appel devant la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays. Conditions de détention inchangées Dans une décision qui avait stupéfié survivants et proches des victimes, un tribunal de première instance avait conclu en avril 2016 que la Norvège violait l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme en infligeant au détenu un traitement « inhumain » et « dégradant ». La juge avait en particulier souligné l’isolement prolongé de l’extrémiste, maintenu à l’écart des autres détenus depuis son arrestation. Ce régime de détention rend le détenu « mentalement vulnérable », avait alors assuré Me Storrvik, qui réclamait notamment pour son client la possibilité de côtoyer d’autres prisonniers. « Je suis lourdement affecté par l’isolement, et la radicalité est peut-être la séquelle la plus grave de mon isolement », avait insisté M. Breivik à la barre. Lire aussi Breivik impute sa radicalisation à son isolement en prison Après la décision en première instance, la prison de Skien où est détenu l’extrémiste de droite avait exclu de modifier ses conditions d’incarcération. « Le jugement n’est pas encore exécutoire », avait expliqué son directeur, Ole Kristoffer Borhaug, en référence à l’éventualité d’un appel, que l’Etat avait par la suite sollicité. Mercredi, les trois magistrats ont donné raison à l’Etat sur toute la ligne en rejetant aussi un appel, interjeté par Breivik. Celui-ci, qui estimait que la Norvège violait également l’article 8 de la Convention garantissant le droit à la vie privée, en exerçant un contrôle étroit de sa correspondance.
"2017-01-03T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/01/le-traitement-d-anders-breivik-en-prison-pas-juge-inhumain_5087497_3214.html
Les secteurs dynamiques et les métiers recherchés
Avec le départ de 8 millions de papy-boomers à la retraite d'ici à 2020, soit 31% de la population active, 620 000 postes seraient à pourvoir chaque année pour les remplacer. Le CIDJ a fait le point.
Tandis que l'INSEE dresse aujourd'hui 19 novembre le portrait social de la France et son chômage de longue durée, le Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ) fait le point sur les secteurs qui recrutent. Il vient de publier la 3ème édition de son Guide des secteurs qui recrutent 2014-2015. Les documentalistes du CIDJ ont croisé les nombreuses sources officielles (Pôle Emploi, APEC, Dares, France Stratégie...) et de terrain pour synthétiser les perspectives de recrutement de 60 secteurs d'activité et 280 métiers, pour tous les niveaux de qualification. L'objectif est d'aider les professionnels de l'orientation et de l'emploi à mieux accompagner les jeunes dans leur insertion sur le marché du travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vivent les offres d'emploi vacantes ! Avec le départ de 8 millions de papy-boomers à la retraite d'ici à 2020, soit 31% de la population active, 620 000 postes seraient à pourvoir chaque année pour les remplacer. Les métiers où ils seront les plus nombreux à partir sont les suivants : agents d'entretien, enseignants, aides à domicile, cadres des services administratifs, comptables et financiers, aides soignants. Par ailleurs, on prévoit 180 000 créations nettes d'emploi supplémentaires liées notamment au vieillissement de la population, avec des besoins croissants de soins et de services à la personne. Ainsi, 159 000 emplois d'aide à domicile et de services à la personne pourraient être crées d'ici à 2022. Même si l'emploi industriel a été divisé par deux en quarante ans, des postes sont à pourvoir et certains métiers sont même très recherchés : chaudronnier industriel, soudeur, technicien de maintenance, commercial, ingénieur et chercheur. La mécanique reste le premier employeur du secteur. L'industrie chimique, pharmaceutique et cosmétique offre des débouchés importants pour les plus diplômés. Dans ce contexte, plusieurs secteurs devraient être porteurs d'embauche : la santé qui devrait proposer 600 000 postes à pourvoir d'ici à 2022 (aides soignants, infirmiers, médecins, pharmaciens), les services à la personne (579 000 ), le commerce (827 000), le BTP et la construction (554 000), le transport et la logistique (540 000). Recrutement sans diplôme Dans l'informatique, les ingénieurs bénéficieront de 90 000 créations de poste sur cette période, un chiffre record ! Afin d'aider les jeunes peu qualifiés, le CIDJ identifie les secteurs qui recrutent sans diplôme (propreté, services à la personne, hôtellerie/restauration, santé et social, défense, environnement, transport et logistique). Il présente également les possibilités d'insertion en emplois d'avenir et les actions mises en place pour les personnes en situation de handicap. Enfin, il rappelle que l'apprentissage est un excellent outil d'entrée sur le marché du travail. Il est particulièrement développé dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, l'assurance, la banque, l'hôtellerie-restauration et ou encore le BTP. La tertiarisation se poursuit (76,2 % des salariés) et les emplois les plus qualifiés devraient se développer fortement. En revanche, les employés administratifs et les secrétaires voient leur effectif se réduire. Dans chaque secteur d'activité, le CIDJ a identifié les métiers les plus recherchés. Par exemple, dans le secteur informatique, le rapport évoque les métiers d'ingénieur cloud, de data scientist ou encore de web ergonome et dans le secteur marketing/commercial, le traffic manager ou community manager sont mis à l'honneur. Le guide propose également une liste de sites d’emploi spécialisés, un index des 250 entreprises qui recrutent par secteur d'activité et un tableau des recrutements par niveau de qualification. Guide des secteurs qui recrutent 2014-2015, CIDJ, 39 euros.
"2014-11-19T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/11/19/les-secteurs-dynamiques-et-les-metiers-recherches_4526068_1698637.html
EDF sous-estime le coût du démantèlement nucléaire, selon un rapport parlementaire
L’entreprise publique se montrerait trop « optimiste » sur la faisabilité technique et financière de la déconstruction du parc atomique.
La centrale de Bugey, à Saint Vulbas (Ain), en 2013. JEFF PACHOUD / AFP La controverse sur le coût du démantèlement du parc électronucléaire français n’est pas neuve. Mais elle prend un relief particulier alors que la filière traverse une passe difficile. Selon un rapport parlementaire sur « la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires de base », rendu public mardi 1er février, les charges liées à la fin de vie des centrales seraient « sous-évaluées » par EDF, qui aurait en outre mal anticipé la complexité de la tâche. Fait rare et notable, le président de la mission d’information, Julien Aubert, député (Les Républicains, LR) du Vaucluse, fait part dans ce document de plusieurs points de « désaccords » avec la rapporteure, Barbara Romagnan, députée (Parti socialiste, PS) du Doubs. Le parc nucléaire hexagonal se compose des 58 réacteurs en activité, dont la « déconstruction » n’est pas encore planifiée, mais aussi de neuf réacteurs anciens, déjà en cours de démantèlement. Six de ces derniers appartiennent à la filière graphite-gaz (Bugey 1, Chinon A1, A2 et A3, Saint-Laurent A1 et A2), à ce groupe s’ajoutant le réacteur à eau lourde de Brennilis (Finistère), le petit réacteur à eau pressurisée de Chooz A (Ardennes) et le surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère). En juillet 2016, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a chiffré la facture totale du démantèlement de ces installations à 60 milliards d’euros, dont environ 26 milliards pour la déconstruction des centrales, 29 milliards pour la gestion à long terme des déchets radioactifs et 4 milliards pour la gestion des derniers cœurs, ou assemblages de combustibles. En prévision, EDF avait provisionné 22,2 milliards d’euros au 30 juin 2016. Des membres de l'Observatoire du démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis. FRED TANNEAU / AFP En Allemagne, des coûts deux fois supérieurs Le rapport retient pour l’ensemble de ce chantier un autre chiffrage d’EDF, de 75,5 milliards d’euros de charges brutes, qui intègre la gestion des combustibles usés avant qu’ils ne deviennent des déchets ultimes. Même portées à ce niveau, les dépenses sont entachées d’une « sous-évaluation vraisemblable », d’après les parlementaires. Les comparaisons internationales sont difficiles, mais d’autres pays, comme l’Allemagne et les Etats-Unis, prévoient des coûts de démantèlement jusqu’à deux fois supérieurs. Dans le cas de la France, Mme Romagnan pointe « un certain nombre d’éléments non pris en compte », comme « la remise en état des sols, l’évacuation des combustibles, les taxes et assurances, le coût social… » En outre, observe-t-elle, « les provisions [constituées par EDF] sont parmi les plus basses de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], sans filet de sécurité en cas d’écart sur les coûts ».
"2017-01-02T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/01/edf-sous-estime-le-cout-du-demantelement-nucleaire-selon-un-rapport-parlementaire_5072981_3244.html
Le Front de gauche part en campagne après des négociations difficiles
Le PCF a finalement accepté de laisser plus de place au Parti de gauche et à la Gauche unitaire sur les listes des régionales
L'accouchement a été long mais cette fois les listes sont bouclées et le Front de gauche est parti en campagne. Après plusieurs semaines de tractations tendues entre le PCF et le Parti de gauche, c'est devant plus de 3 700 personnes que Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Christian Picquet ont tenu, dimanche 10 janvier, leur premier meeting pour les régionales. M. Mélenchon glissait qu'il avait été content d'avoir fait l'événement deux fois : "La première en annonçant qu'il était candidat en Ile-de-France, la seconde en disant qu'(il) ne l'était plus". "Chaque individu a son caractère", souriait Mme Buffet, soulagée. C'est Pierre Laurent, comme prévu après l'éviction de Patrick Braouezec, qui sera tête de liste dans cette région cruciale pour le PCF. Mme Buffet tirera, elle, la liste en Seine-Saint-Denis. Pourtant, depuis un mois, les communistes avaient du fil à retordre avec leur turbulent allié. Mécontent des régions et des départements qui étaient laissés à son parti, M. Mélenchon avait menacé de "faire ses valises et de rentrer", paraphrasant Georges Marchais lors de la rupture de l'Union de la gauche en 1977. Comme d'autres partenaires, il estimait que le PCF se taillait une part trop importante dans la répartition des sièges éligibles. La numéro un communiste rétorquait, cinglante : "Il y a ceux qui donnent beaucoup et ceux qui veulent beaucoup". L'ambiance était telle qu'à une semaine du premier meeting, on ne savait plus si le député européen allait y prendre la parole... "La bande du Fouquet's" L'accord a été signé la veille. Sachant que leur salut dépend de leur politique unitaire, les communistes se sont faits plus conciliants. Le Parti de gauche a obtenu deux départements de plus et affichera trois têtes de listes départementales en Ile-de-France. La Gauche unitaire de Christian Picquet, une région et quatre départements et les Alternatifs obtiennent l'Alsace. Le reste sera pour le PCF, soit environ 90 à 95 élus pour 184 sortants. La fin des négociations s'est faite au détriment des autres petites formations comme la Fédération pour une alternative sociale et écologique et des personnalités comme Clémentine Autain ou Leila Chadli, minoritaire "unitaire" du NPA. Mais, promis, tout cela ne compte plus ! Le Front de gauche, élargi aux Alternatifs, au Parti communiste des ouvriers de France et au Mouvement politique d'éducation populaire - qui se présentera aux électeurs sous l'appellation "Ensemble pour des régions à gauche solidaires, écologistes et citoyennes" -, est "dans les starting-blocks", jurent-ils tous. "Le PCF est sorti de sa volonté d'un Front de gauche autour de lui", assure Christian Picquet de la Gauche unitaire. Le lancement de la campagne s'est donc fait dans la bonne humeur volontariste. M. Mélenchon a exhorté les électeurs d'envoyer dans les régions "une gauche de combat à la place d'une gauche routinière". Mais, cette fois, il s'est fait voler la vedette par une Marie-George très en verve. "Notre combat contre la "bande du Fouquet's" n'est pas seulement un combat revendicatif, c'est un combat éthique, un combat de société", a lancé la secrétaire nationale du PCF en appelant "tous ceux qui n'ont pas de Rolex" à voter pour les listes de "la gauche qui relève la tête". Reste à se faire une place dans un match à gauche qui se joue dorénavant entre le PS et Europe Ecologie. S'ils comptent faire plus que les 5 à 7 % donnés par les sondages, tous savent que la tâche ne sera pas facile. Sylvia Zappi
"2010-11-01T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/le-front-de-gauche-part-en-campagne-apres-des-negociations-difficiles_1290083_3224.html
Primaires américaines : le phénomène Trump plonge les Républicains dans une « crise identitaire »
La probable victoire du milliardaire dans les primaires serait « catastrophique » pour un parti qui a déjà « perdu sa crédibilité », selon la presse nord-américaine.
Donald Trump et le gouverneur Chris Christie, le 1er mars. Andrew Harnik / AP Un triomphe pour Donald Trump et un bel embarras pour le Parti républicain. Lors du Super Tuesday, mardi 1er mars, le magnat de l’immobilier a encore accentué son avance dans les primaires du Grand Old Party (GOP) en remportant sept Etats sur onze. Le candidat « anti système » devance désormais largement les autres candidats. Un scénario cauchemar pour la direction du parti républicain qui n’a pas su stopper la déferlante Trump. Pour la presse américaine, la fracture est même consommée entre la base et les dirigeants conservateurs. Ainsi, pour le site d’information américain Vox, : « La domination de Donald Trump est une preuve supplémentaire que le Parti républicain est profondément brisé (…). Le Parti a clairement perdu sa crédibilité auprès de sa base et les électeurs républicains rejettent la position du Parti ou au moins des élites ». Pour le New York Times (NYT), la victoire de M. Trump lors des primaires « représenterait une déroute historique pour les institutions du Parti républicain et pourrait déclencher une fracture interne ». Dans un long article consacré à la riposte des dirigeants républicains face à M. Trump, le quotidien américain revient sur une rencontre organisée entre des gouverneurs et des donateurs du parti le 19 février pour définir une stratégie face au candidat électron libre. « Absence de leadership » au sein du Grand Old Party L’ancien stratège de George W. Bush, Karl Rove, a ainsi prévenu que la nomination de M. Trump serait « catastrophique » pour le parti. Selon le NYT, le gouverneur du Maine Paul LePage aurait même proposé à ses collègues de « rédiger une lettre ouverte “au peuple” désavouant M. Trump ». Une proposition qui n’a pas été retenue, précise le quotidien américain, et « depuis M. Trump est devenu plus fort ». Une ascension symbolisée notamment par le ralliement surprise d’un poids lourd du parti républicain, le gouverneur du New Jersey Chris Christie. « En dépit de toutes les forces déployées contre M. Trump, ses opposants au sein du parti ont été bloqués par une absence de leadership et un sentiment d’indécision et de désespoir ». D’ailleurs pour Vox, une réponse de l’élite du GOP contre M. Trump aurait été contre-productive : « Il s’est appuyé durant toute la campagne sur la haine des élites du parti contre lui, ça le rend plus fort et prouve que c’est un outsider. Et c’est la preuve qu’il n’est pas comme tous les autres politiciens qui ont échoué maintes et maintes fois. » Dans un article consacré à la rupture entre la base et l’élite du Parti républicain, The Atlantic tente de comprendre le succès de Donald Trump. « M. Trump a promis une campagne indépendante des influences de l’argent qui a influencé tant de primaires républicaines dans le passé. Les vieux slogans sonnent creux. Les candidats radicaux sont moins absurdes, les candidats orthodoxes plus vulnérables ». Le fossé est d’autant plus grand que le programme de M. Trump s’oppose régulièrement à celui du parti républicain. Ainsi, comme le souligne Reihan Salam, commentateur politique à tendance conservateur dans Slate : « Alors que les conservateurs ont toujours insisté sur l’importance d’un gouvernement limité, Trump a bâti sa campagne sur la promesse d’un gouvernement fort qui va résoudre tous les problèmes qui indisposent l’Amérique, à condition qu’il soit entièrement sous son commandement. » Lire aussi : L’OPA hostile de Donald Trump sur le Parti républicain Donald Trump prône le rassemblement M. Salam revient également sur l’immigration : « Aucun problème n’illustre mieux le fossé entre les élites républicaines et la base du parti. Un récent sondage a révélé que la grande majorité, 67 % des républicains, favorisent la baisse des niveaux d’immigration. Néanmoins, les leaders des républicains, y compris Marco Rubio et Jeb Bush, souhaitent augmenter considérablement les niveaux d’immigration au mépris de la base républicaine. » Alors que Donald Trump propose de construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis pour empêcher toute immigration, et d’expulser 11 millions de clandestins. De son côté, le Washington Post va jusqu’à prédire une « implosion du Parti républicain » si M. Trump est choisi pour représenter le camp conservateur dans la course à la Maison Blanche. Pour le quotidien américain, qui parle « de crise identitaire » dans le parti, de nombreux dirigeants conservateurs ont même « juré de ne jamais soutenir le milliardaire ». Après le Super Tuesday et alors que son investiture semble inéluctable, Donald Trump a préféré jouer l’apaisement dans son camp : « Je suis un rassembleur. Je sais que les gens vont avoir du mal à le croire. Je pense que nous serons plus ouverts et plus unis. Je pense que nous serons un bien plus grand parti. »
"2016-02-03T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/03/02/le-phenomene-trump-plonge-les-republicains-dans-une-crise-identitaire_4875170_829254.html
Données personnelles : Facebook proche d'un accord avec les autorités
Le réseau social accepterait que sa politique de respect de la confidentialité des données personnelles fasse l'ojet d'audits réguliers pendant 20 ans, affirme le "Wall Street Journal".
Page d'accueil de Facebook. AFP/NICHOLAS KAMM Le réseau social Facebook serait prêt à accepter que sa politique de respect de la confidentialité des données personnelles fasse l'objet d'audits réguliers pendant 20 ans, affirme le Wall Street Journal, vendredi 11 novembre. Un accord en ce sens n'attend plus que le feu vert formel des membres de la Commission fédérale du commerce (FTC), précise également le quotidien américain. Un porte-parole de Facebook s'est refusé à tout commentaire. A l'avenir, le site devrait s'engager à obtenir de ses utilisateurs - actuellement plus de 800 millions de personnes dans le monde - qu'ils "approuvent expressément" tout "changement matériel rétroactif" de ses paramètres de confidentialité, selon le quotidien. En outre le groupe se soumettrait à des audits indépendants sur ses pratiques en la matière pendant 20 ans. Google avait accepté des conditions similaires en mars, dans un accord conclu avec la FTC concernant son service Google Buzz, arrêté depuis au profit de Google+. Le Wall Street Journal précise que l'accord trouvé avec Facebook est la conclusion d'une procédure engagée à la suite d'une plainte déposée en décembre 2009 par plusieurs associations de défense de la confidentialité des données, comme l'Electronic Privacy Information Center (EPiC), mécontentes que de nombreuses informations personnelles soient par défaut ouvertes au public sur le site de Facebook. Par défaut, des informations comme le genre et le lieu de résidence de l'usager, devenaient publiques. Les associations déploraient également que les entreprises tierces, qui proposent des applications pour le réseau social, aient obtenu un accès plus aisé aux données des profils des usagers. Mais depuis 2009, le réseau social a engagé plusieurs réformes de son site, permettant désormais de sélectionner à quels cercles de contacts les messages sont destinés. POLÉMIQUES SUR LA VIE PRIVÉE EN EUROPE Au-delà des Etats-Unis, la question de la confidentialité des données collectées par Facebook fait l'objet de nombreux débats. L'eurodéputée socialiste Françoise Castex estime, jeudi 10 novembre que "Facebook conserve sur le long terme les données de ses utilisateurs sans que ces derniers ne puissent donner leur consentement explicite à cette utilisation de leurs données, contrairement à ce que prévoit la directive européenne sur la protection de la vie privée". Cette annonce fait notamment écho a une réunion, en début de semaine, entre la Commissaire européenne Viviane Reding et Ilse Aigner, ministre allemande de la protection des consommateurs sur la protection des données personnelles, insistant notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs autorités de régulation, comme en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Irlande, se penchent également sur certaines fonctionnalités du réseau social. C'est le cas par exemple, du système de reconnaissance faciale du réseau social, mais aussi des cookies, ces fichiers qui permettraient au réseau d'enregistrer des informations sur ses utilisateurs, même après leur déconnexion de Facebook. L'éventuel accord de Facebook avec les autorités américaines intervient également alors que le réseau social pourrait entrer en Bourse l'an prochain, avec une valorisation estimée à 100 milliards de dollars (73,4 milliards d'euros). A lire aussi : Facebook accusé de créer des "profils fantômes"
"2011-11-11T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/11/11/donnees-personnelles-facebook-proche-d-un-accord-avec-les-autorites_1602330_651865.html
Microsoft lance son service de jeu à la demande avec le Xbox Game Pass
Annoncé en février dernier, il est désormais accessible à tous les détenteurs de Xbox One depuis le 1er juin.
Un catalogue d’une centaine de jeux, accessible en illimité, pour 9,99 euros par mois. C’est ce que propose Microsoft avec son Xbox Game Pass, proposé depuis ce 1er juin à tous les possesseurs de Xbox. Pour Microsoft, le Xbox Game Pass permet de « jouer sans limite ». Via un partenariat avec des éditeurs de renom parmi lesquels Sega, Bandai Namco, Capcom ou encore 2K Games, les acquéreurs auront accès à plus de cent titres, issus de la ludothèque Xbox One et Xbox 360, agrémentés de quelques jeux indépendants – et à des réductions sur l’achat d’autres jeux. On retrouvera ainsi aussi bien les licences fétiches de la console, comme Halo 5 : Guardians, Gears of War, Fable 3 ou Toy Soldiers que des titres comme Mad Max, PayDay 2, la trilogie Bioshock, Borderlands, Devil May Cry ou XCOM : Enemy Within. Pour les nostalgiques, on retrouvera aussi des jeux issus de la série Sega Vintage Collection comme Golden Axe, Monster World ou Streets of Rage, les portages HD des deux premiers opus de la série de combat Soul Calibur ou encore Kameo, l’un des premiers jeux de la Xbox 360 à sa sortie en 2005. Le catalogue sera mis à jour chaque mois. Sans engagement, le service ne propose pas de streaming. Pour jouer via le Xbox Game Pass, il faudra impérativement télécharger en intégralité les titres sur le disque dur de la console. Il se rapproche en cela plus d’un EA Access, le service de jeu à la demande lancé par Electronic Arts sur Xbox One en 2014, au prix de 3,99 € par mois (ou 24,99 € par an). Les limites seront donc à terme au nombre de deux : la puissance de la connexion réseau et la taille de l’espace de stockage. Microsoft n’est pas le premier à se lancer sur le marché. A la fin de 2015, c’est NVIDIA qui avait lancé son service GeForce Now, accessible uniquement via les produits de la gamme SHIELD, pour 9,99 euros par mois. Le Playstation Now de Sony propose lui aussi un système similaire : un accès illimité à plus de 400 jeux PlayStation 3, auxquels viendront s’ajouter des titres Playstation 4 à partir de l’été 2017. Le tout en streaming – mais le service n’est toujours pas disponible en France. Le service de jeu en ligne de Nintendo pour la Switch coûtera 20 euros par an Marchant dans les traces du Xbox Live et du Playstation Plus, la firme japonaise va pour la première fois inaugurer un système d’abonnement payant. Un service qui servira donc à accéder aux jeux multijoueurs en ligne sur leur dernière console, la Switch. Ce Nintendo Switch Live sera proposé gratuitement dans un premier temps, jusqu’à son lancement complet prévu pour 2018, pour un tarif annoncé de 20 dollars (vraisemblablement autant d’euros) pour un an. Afin d’attirer les abonnés, le service offrira divers avantages assez similaires à ceux offerts par ses prédécesseurs. Le téléchargement d’un jeu gratuit par mois, des réductions et un accès illimité à un catalogue de classiques, comprenant entre autres des jeux NES comme Super Mario Bros. 3, Balloon Fight ou Dr. Mario, qui bénéficieront pour l’occasion d’un nouveau mode multijoueur. C’est plutôt par son tarif qu’il se différencie nettement de ses concurrents. Trois formules d’abonnement ont été annoncées par la branche américaine de Nintendo : 3,99 dollars pour un mois, 7,99 dollars pour un trimestre et 19,99 dollars pour un an. On est loin des 40 ou 50 euros nécessaires pour un abonnement annuel au Xbox Live ou au Playstation Plus. Certaines fonctionnalités ne seront pas accessibles directement sur la console mais via une application mobile, dont une première version de test sera disponible cet été. Il faudra alors s’identifier avec son compte Nintendo pour pouvoir profiter du chat vocal, inviter ses amis à rejoindre une partie en ligne et gérer ses jeux.
"2017-02-06T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/06/02/microsoft-lance-son-service-de-jeu-a-la-demande-avec-le-xbox-game-pass_5137952_4408996.html
Immigration en Australie : un sénateur préconise un vote populaire comme « solution finale »
Vivement critiqué après son premier discours devant le sénat, Fraser Anning a refusé de s’excuser, déclarant ignorer l’utilisation de l’expression par le régime nazi.
Le sénateur Fraser Anning prononce son premier discours devant la Chambre haute du Parlement australien, le 14 août. HANDOUT / REUTERS Le sénateur du Queensland Fraser Anning a sidéré, mardi 14 août, de nombreux élus australiens en reprenant à son compte dans son premier discours devant la Chambre haute du Parlement la formule de « solution finale », qui désigne le plan nazi d’extermination des juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. « Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il est certain que tous les terroristes, de nos jours, sont musulmans, alors pourquoi voudrions-nous en amener davantage ? », a-t-il expliqué lors de son allocution, en demandant un retour à la politique qui voulait que les immigrants attendent cinq ans avant de pouvoir toucher les allocations de l’Etat. « La solution finale au problème de l’immigration est, bien sûr, un vote populaire » sous forme de référendum pour appliquer ces mesures, a-t-il dit. Le sénateur n’a nullement regretté ses propos mercredi, affirmant qu’il ne connaissait pas le lien entre l’Allemagne nazie et l’expression de « solution finale ». « Je ne regrette rien, et je ne vais pas présenter d’excuses », a-t-il déclaré. « Je suis fatiguée de devoir me battre » « Ceux qui tentent de diaboliser les musulmans en invoquant les crimes d’une minorité d’entre eux ne font qu’aider les terroristes », a aussitôt condamné le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, ouvrant la voie à d’autres déclarations semblables de la part de nombreux politiciens australiens. La première élue musulmane du Parlement, Anne Aly, membre du parti travailliste, a notamment pris la parole devant les sénateurs peu après le discours de Fraser Anning. « Je suis fatiguée de devoir me battre, a-t-elle déclaré. Je suis fatiguée de devoir continuellement faire face à la haine et aux calomnies. » La sénatrice d’extrême droite Pauline Hanson, qui s’était elle aussi fait remarquer au Sénat pour y avoir porté une burqa pour en demander l’interdiction, a également dénoncé les propos de Fraser Anning. « Nous ne sommes pas une société raciale, a-t-elle déclaré. J’ai toujours soutenu qu’on ne devait pas forcément être blanc pour être australien. » L’immigration est un sujet très sensible en Australie, un pays qui mène déjà une des politiques les plus dures au monde en matière de traitement des clandestins et demandeurs d’asile, qui se voient relégués des années durant dans des camps offshore. Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que le nombre d’immigrants admis en Australie était déjà à son niveau le plus bas en dix ans en raison d’un durcissement des critères d’admission.
"2018-08-15T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/08/15/australie-un-senateur-preconise-un-vote-populaire-comme-solution-finale-au-probleme-de-l-immigration_5342614_3216.html
Les marchés ne sont pas rassurés par l'issue du premier tour
L'avance de François Hollande (28,63 %) sur Nicolas Sarkozy (27,08 % des voix), n'a pas enthousiasmé les Bourses. Le score de Marine Le Pen préoccupe également les investisseurs.
Pour l’année en cours, les analystes font preuve d’optimisme, misant sur un nouveau rebond de 32 % des bénéfices des sociétés du CAC 40, à 80,7 milliards d’euros. AFP/ERIC PIERMONT La Bourse de Paris affichait un recul de 2 % à la mi-journée, lundi 23 avril, perturbée, tout à la fois, par les résultats du premier tour de l'élection présidentielle et par la crise politique aux Pays-Bas. A 12 h 33, le CAC 40 perdait 66,09 points à 3 121,98 points. Le CAC 40 avait ouvert sur un recul de 0,96 %, avant de baisser de près de 1,8 %, à 3 131,89 points à 9 h 30. Le résultat du premier tour de l'élection présidentielle française, qui a vu François Hollande (28,63 % des voix) arriver en tête devant Nicolas Sarkozy (27,08 %), n'a pas enthousiasmé les marchés. Et Paris n'est pas la seule place à accuser le coup. En Allemagne, l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a, lui aussi, ouvert, lundi, en baisse de 1,23 % à 6 666,79 points, digérant mal la percée du candidat socialiste dimanche. Milan et Madrid perdaient de leur côté plus de 3 % en début de séance, Londres un peu moins, à - 0,77 % à l'ouverture. A mi-journée, la Bourse de Madrid était en recul de 3,3 % et se rapprochait de ses plus bas de 2009. Les taux obligataires français à 10 ans se sont également légèrement tendus, passant de 3,081 vendredi soir à 3,098 % lundi matin, tout comme les rendements des obligations espagnoles et italiennes. Les investisseurs se reportant sur les "Bund" allemands, le spread (écart) entre les taux français et allemands atteignait lundi matin 1,42 point de pourcentage, contre 1,38 point vendredi soir. "C'était attendu mais cela pèse néanmoins", a indiqué à l'AFP Christian Schmidt, analyste de la banque Helaba, soulignant que les positions de M. Hollande sur la stratégie à adopter face à la crise de la zone euro "ne plaisent pas à tout le monde". LES MARCHÉS N'AIMENT PAS LES SURPRISES Le score particulièrement élevé de la candidate du Front National, Marine Le Pen, arrivée troisième du scrutin, avec 18,01 % des voix, préoccupe également les investisseurs. Car là se trouve la véritable surprise et, c'est bien connu, les marchés n'aiment pas les surprises. "Le principal message de ce premier tour est qu'une large proportion de la population rejette déjà les politiques rendues nécessaires par la situation économique, qui que soit le prochain président", estiment les analystes de Cheuvreux. "Les Français craignent que le fameux modèle social français ne soit brisé par une politique fiscale d'austérité et la libéralisation du marché du travail", ajoutent-ils. Selon eux, le score élevé de l'extrême droite ne va qu'accroître les difficultés de M. Hollande pour convaincre la population que de telles réformes sont nécessaires. Une situation délicate qui pourrait perdurer : "Les élections législatives du mois de juin vont contraindre le prochain président à rester en campagne jusqu'au 17 juin pour s'assurer une majorité solide à l'Assemblée, jugent les analystes de Exane BNP Paribas. Historiquement, un tel scénario aboutit à ce que les premières décisions prises soient relativement démagogiques, ce qui pourrait peser sur le sentiment des investisseurs." Outre l'élection présidentielle, d'autres éléments pouvaient aussi expliquer, lundi matin, la morosité de la Bourse de Paris. L'activité du secteur privé en France a connu, en avril, une accélération de sa contraction, affichant son plus fort repli depuis six mois, selon une première estimation de l'indice PMI diffusée lundi par le cabinet Markit. Audrey Tonnelier et Clément Lacombe
"2012-04-23T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/23/les-marches-ne-sont-pas-rassures-par-l-issue-du-premier-tour_1689657_3234.html

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