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L'incertitude économique pèse sur le moral des Allemands
En août, si les attentes en matière de conjoncture sont un peu plus optimistes, les perspectives de revenus des ménages ont nettement reculé, selon l'institut GFK.
"Les intentions d'achat parviennent à maintenir leur bon niveau, pendant que les perspectives de revenus se sont notablement assombries", explique l'institut GFK mardi. AFP/MYCHELE DANIAU Jusqu'ici relativement épargnée, l'Allemagne commence à sentir peu à peu les effets de la crise. Le moral des consommateurs allemands, en très faible progression en septembre, devrait en effet stagner en octobre, selon le baromètre mensuel de l'institut GFK (Gesellschaft für Konsumforschung) publié mardi 25 septembre, confirmant que la première économie européenne commence à douter de sa résistance. L'indicateur a enregistré au mois de septembre une très légère hausse, à 5,9 points, contre 5,8 points en août, un chiffre révisé à la baisse par rapport à la première estimation publiée à la fin d'août. Pour le mois d'octobre, l'institut GFK table sur un indicateur inchangé, à 5,9 points également. "Les intentions d'achat parviennent à maintenir leur bon niveau, pendant que les perspectives de revenus se sont notablement assombries", explique l'institut dans un communiqué. Signe d'un climat plein d'incertitudes, les différentes composantes de l'indicateur GFK en septembre ont en effet connu des évolutions variées : si les attentes en matière de conjoncture sont un peu plus optimistes, les perspectives de revenus des ménages ont néanmoins nettement reculé. En revanche, les intentions d'achat sont restées au même niveau qu'en août. L'institut GfK place cette chute des perspectives de revenus "dans le sillage des incertitudes économiques". Sont notamment en cause la légère augmentation du chômage, la hausse des prix de l'essence à des niveaux records, tirant l'inflation. "Les consommateurs craignent donc une perte de leur pouvoir d'achat", conclut l'institut dans son communiqué. Les intentions d'achat résistent néanmoins, car "à côté d'un marché du travail encore relativement stable et d'accords salariaux favorables, la propension à consommer devrait aussi profiter de la crise financière persistante". "Les consommateurs ont tendance à investir leur économies dans des biens de valeur, comme par exemple l'immobilier, plutôt que de les déposer à la banque", explique GFK, pointant le bas niveau actuel d'épargne. "PLUS GRAND PESSIMISME" Du côté des entrepreneurs, l'indice de confiance IFO est tombé en septembre à son plus bas niveau en deux ans et demi, reculant pour le cinquième mois consécutif, à 101,4 points, contre 102,3 points en août, selon des chiffres publiés lundi par l'institut du même nom. Il s'agit de son plus bas niveau depuis février 2010, quand l'indice avait atteint 99,5 points. Le consensus d'analystes réalisé par l'agence Dow Jones Newswires s'attendait à un indice stable en septembre par rapport à août. Le baromètre IFO a deux composantes : l'appréciation de la situation actuelle et celui des attentes des entrepreneurs pour les six mois à venir. Or, en août, ces indices sous-jacents ont tous deux reculé. L'indice de la situation actuelle a reculé de 0,8 point pour s'établir à 110,3 points et celui des perspectives pour les six prochains mois s'est davantage contracté, perdant un point, à 93,2 points. "Les entreprises interrogées sont de nouveau moins satisfaites qu'avant par les conditions actuelles d'activité", a commenté Hans-Werner Sinn, président de l'IFO. Il note également "un plus grand pessimisme" des entrepreneurs pour l'avenir face à une économie allemande soumise à des vents contraires.
"2012-09-25T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/25/le-moral-des-consommateurs-et-des-entrepreneurs-allemands-en-berne_1765177_3234.html
Présidentielle américaine, J – 60 : Clinton et Obama attaquent Trump sur sa politique étrangère
Et l’ancien maire de New York Rudy Giuliani a assuré jeudi que Donald Trump croit (finalement) que le président Obama est bien né aux Etats-Unis.
Hillary Clinton arrive en avion à Kansas City dans le Missouri le 8 septembre. BRIAN SNYDER / REUTERS Le fait du jour La candidate démocrate Hillary Clinton s’était exprimée la première, mercredi 7 septembre, lors d’un échange sur les questions de sécurité organisé par la chaîne NBC. Elle a choisi, jeudi 8 septembre, de critiquer vivement les déclarations faites ultérieurement par son adversaire républicain Donald Trump, lors du même forum. Mme Clinton a attaqué les éloges du milliardaire au président russe Vladimir Poutine : « Préférer le président russe à notre président américain [Barack Obama] ce n’est pas seulement antipatriotique et insultant pour les habitants de notre pays et notre commandant en chef, c’est terrifiant. » « Que dirait [l’ancien président républicain] Ronald Reagan à propos d’un candidat républicain qui s’attaque aux généraux de l’Amérique [M. Trump avait dit que l’administration démocrate les avait transformés en « débris »] et fait l’éloge du président de la Russie ? On connaît la réponse », a-t-elle ajouté. La candidate démocrate est également revenue sur une obsession de M. Trump qui ne cesse de regretter que les États-Unis n’aient pas « pris le pétrole » irakien. « On n’envoie pas nos courageux soldats dans le monde voler du pétrole », a-t-elle ironisé. Au cours de cette émission, Mme Clinton avait été poussée dans ses retranchements par l’animateur Matt Lauer. Ce dernier s’était montré par la suite moins combatif avec M. Trump, omettant de le corriger sur plusieurs points, ce qui lui a valu de vives critiques. La citation du jour « Donald Trump pense maintenant que [Barack Obama] est né aux États-Unis » L’ancien maire de New York Rudy Giuliani, qui est un proche conseiller du candidat républicain Donald Trump, a assuré jeudi sur MSNBC que ce dernier croyait désormais que le président Barack Obama était bien né aux Etats-Unis. M. Trump avait lancé en 2011 une virulente campagne sur le thème de l’éligibilité du président, qu’il accusait d’avoir menti sur son lieu de naissance. La vidéo du jour .@mikebarnicle: What would you do, if you were elected, about Aleppo? @GovGaryJohnson: And what is Aleppo? https://t.co/ZbqO5RAEsk — Morning_Joe (@Morning Joe) Le candidat libertarien Gary Johnson a commis un sérieux faux pas, jeudi 8 septembre, sur la chaîne MSNBC, en laissant entendre qu’il ignorait qu’Alep était une ville syrienne. M. Johnson lutte pour obtenir les 15 % d’intentions de vote lui permettant de participer aux débats présidentiels. Il a publié par la suite un communiqué pour s’expliquer sur cette lacune qui a permis selon lui « d’écarter tous les doutes » sur sa « nature humaine ». Started my day by setting aside any doubt I’m human. #WhatIsAleppo? My statement: https://t.co/CDKbaA288l — GovGaryJohnson (@Gov. Gary Johnson) Le chiffre du jour 275 jours En décidant de répondre aux questions de la presse, installée derrière un pupitre, sur le tarmac de l’aéroport de White Plains, dans l’Etat de New York, Hillary Clinton a mis jeudi un terme à une période de 275 jours pendant lesquels elle avait évité l’exercice au profit d’entretiens. Le camp républicain tenait avec gourmandise cette comptabilité. Les photos du jour Hillary Clinton à Kansas City dans le Missouri, le 8 septembre. JUSTIN SULLIVAN / AFP Donald Trump à Cleveland le 8 septembre. Thomas Ondrey / AP Les deux candidats courtisent le vote afro-américain. Pour Hillary Clinton, ici dans le Missouri, le soutien est acquis, mais il reste à convaincre une grande partie de cet électorat de se déplacer le 8 novembre. Pour Donald Trump, ici à Cleveland, dans le « swing state » de l’Ohio, il paraît quasi inaccessible – il recueille en moyenne moins de 5 % des intentions de vote des Afro-Américains. Ce qui n’empêche pas le candidat républicain de multiplier les tentatives de séduction. A suivre L’équipe de campagne d’Hillary Clinton a annoncé jeudi que cette dernière fera campagne avec le soutien de Barack Obama, le 13 septembre, en Pennsylvanie. M. Obama, en visite au Laos, a assuré jeudi que les dossiers internationaux sont « sérieux » et que le candidat républicain, Donald Trump, n’est « pas qualifié » pour être président. Il fait des propositions « contradictoires » voire « carrément loufoques », a estimé le président démocrate.
"2016-09-09T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/09/09/presidentielle-americaine-j-60-clinton-et-obama-attaquent-trump-sur-la-politique-etrangere_4994874_829254.html
Les Européens s'accordent sur leur mission de soutien à l'armée du Mali
La mission vise à former et réorganiser l'armée nationale afin de l'aider à reconquérir le Nord occupé par des islamistes armés. Les militaires ne seront pas impliqués dans des actions opérationnelles.
Le groupe islamiste Ansar Eddine contrôle le nord du Mali depuis plus de six mois. AFP/ROMARIC OLLO HIEN Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne devaient formaliser lundi 10 décembre le lancement de la mission de l'UE au Mali qui vise à former et réorganiser l'armée nationale afin de l'aider à reconquérir le Nord occupé par des islamistes armés, a-t-on appris de source diplomatique. Lire en édition abonnés : "Multiplication d'obstacles pour une opération au Mali" Après plusieurs mois de discussions, les 27 ministres réunis à Bruxelles devaient approuver en fin d'après-midi le "concept de gestion de crise", une étape qui marque le lancement de la planification opérationnelle de cette opération. Quelque 400 militaires européens, dont 250 formateurs, devraient être progressivement déployés au Mali à partir du premier trimestre 2013. FORMER 2 600 SOLDATS Leur mission sera de "rétablir", à la demande de Bamako, "les capacités militaires des forces armées maliennes afin qu'elles soient en mesure de mener des opérations de combat visant à restaurer l'intégrité territoriale du pays", selon le projet de texte soumis aux ministres. Il n'est pas prévu que ces militaires "soient impliqués dans des actions opérationnelles" liées à la reconquête du Nord par les troupes maliennes soutenues par une force d'intervention africaine qui pourrait compter 3 300 soldats. L'objectif de la mission européenne est de former quatre bataillons de 650 soldats chacun, soit 2 600 hommes, dans un centre d'entraînement situé près de la ville de Ségou, à 250 km au nord de Bamako, selon une source diplomatique. Ces bataillons devront être rendus opérationnels en quelques mois, alors que l'opération militaire contre les groupes islamistes pourrait être lancée en septembre-octobre 2013, à la fin de la saison des pluies. Une dizaine de pays de l'UE, au premier rang desquels la France, l'Espagne, l'Allemagne ou la Belgique, ont donné leur accord pour déployer des formateurs, dont la sécurité sera assurée par 150 militaires. Le budget de la mission Mali a été évalué entre 4 et 7 millions d'euros, hors coûts de personnel des soldats dépêchés, a-t-on précisé de même source. Lire aussi : "Bamako et des groupes armés s'engagent à négocier"
"2012-10-12T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/12/10/les-europeens-s-accordent-sur-leur-mission-de-soutien-a-l-armee-du-mali_1804275_3212.html
Au Congo-Brazzaville, victoire sans surprise du parti de Denis Sassou Nguesso aux législatives
La formation du président a remporté 90 sièges sur 151. Le taux de participation n’a pas été communiqué et le scrutin a été reporté sine die dans neuf circonscriptions.
Un bureau de vote à Brazzaville, au Congo, lors du second tour des élections législatives, le 30 juillet 2017. AFP Au Congo-Brazzaville, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) a obtenu la majorité absolue aux élections législatives, dont le second tour a eu lieu dimanche 30 juillet. Selon les résultats officiels communiqués dans la nuit de mercredi à jeudi à la télévision publique par le ministre de l’intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou, la formation du président Denis Sassou Nguesso a obtenu 90 des 151 sièges de la future assemblée nationale. M. Mboulou n’a fourni aucun chiffre sur le taux de participation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des législatives contestées au Congo-Brazzaville Déjà vainqueur du premier tour, le 16 juillet, avec 72 élus, le PCT en a obtenu 18 autres au second tour, marqué par des fraudes et des incidents, notamment dans deux circonscriptions de Brazzaville. Le mandat de trois autres députés PCT dans le département du Pool (sud), où le vote a été reporté sine die dans neuf circonscriptions sur quatorze, devra être automatiquement reconduit, selon la loi. L’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads, première formation d’opposition) et l’Union des démocrates et humanistes (UDH-Yuki), de Guy-Brice Parfait Kolélas (arrivé au deuxième rang lors de l’élection présidentielle de 2016), ont obtenu chacune huit députés. Dans l’Assemblée nationale sortante, qui a siégé de 2012 à 2017, le PCT comptait 92 députés sur 139, contre seulement sept pour l’Upads. « Répression à huis clos » Le report des élections législatives dans le Pool a été motivé par le regain de violences que connaît ce département voisin de Brazzaville depuis le scrutin présidentiel contesté de mars 2016, au terme duquel Denis Sassou Nguesso a été réélu pour un troisième mandat consécutif. Le gouvernement y accuse l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, et ses ex-combattants Ninjas de commettre des exactions sur les populations. Selon le gouvernement et l’ONU, 138 000 personnes sont « en détresse » dans le Pool. De leur côté, les ONG dénoncent une « répression à huis clos ». Mardi, les observateurs de l’Union africaine (UA) ont exhorté les autorités congolaises « à prendre des mesures nécessaires dans les meilleurs délais pour l’organisation des élections dans les circonscriptions du Pool en vue de garantir une représentation nationale exclusive ». Le Congo organise le 31 août des élections sénatoriales destinées à renouveler la chambre haute du Parlement, qui compte 72 membres, dont 68 viennent actuellement du PCT et de ses alliés.
"2017-03-08T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/08/03/au-congo-brazzaville-victoire-sans-surprise-du-parti-de-denis-sassou-nguesso-aux-legislatives_5168122_3212.html
Le Venezuela dévalue sa monnaie de 96 %
Cette dévaluation est adossée au rattachement du nouveau bolivar à une cryptomonnaie créée afin de contrer les sanctions financières des Etats-Unis.
Voir aussi Au Venezuela, faire ses courses coûte des millions Après le lancement de nouveaux billets amputés de cinq zéros, le gouvernement vénézuélien a dévoilé la seconde phase de son plan de relance économique, qui dévalue de 96 % sa nouvelle monnaie, le bolivar « souverain », par rapport au dollar. La banque centrale du Venezuela a annoncé, mardi 21 août, que le nouveau taux était de 68,65 bolivars « souverains » pour 1 euro, équivalant à environ 60 bolivars souverains pour 1 dollar. Pour atténuer les effets de cette dévaluation, le président Nicolas Maduro a annoncé une hausse du salaire minimal de 5 millions à 180 millions (1 800 bolivars souverains), soit 30 dollars au taux qui était celui du marché noir et qui devient le taux officiel. Nouvelle monnaie adossée à une cryptomonnaie Ce nouveau bolivar souverain sera rattaché au petro, la cryptomonnaie créée par Nicolas Maduro pour tenter de contrer les sanctions financières adoptées par Washington. Le cours du petro est ancré au prix du baril de pétrole, une matière première dont le sous-sol vénézuélien est infiniment riche. « Les salaires, les retraites et les prix vont être basés sur le petro », a précisé le chef de l’Etat. Son cours a été fixé à 60 dollars et à 360 000 millions de bolivars. Le gouvernement veut en proposer 100 millions d’unités et affirme qu’une prévente, organisée de la fin de février à la fin de mars, aurait généré 5 milliards de dollars d’intentions d’achat. C’est la première fois qu’un pays adosse sa monnaie sur une cryptomonnaie. Les prix et les salaires seront fixés dans les deux monnaies. Dans les rues de Caracas, de longues filent étaient visibles aux distributeurs et les Vénézuéliens commençaient à échanger avec leur nouvelle monnaie au milieu d’un appel à une grève générale de vingt-quatre heures mardi lancé par l’opposition pour protester contre les décisions du gouvernement. Mais elle semblait partiellement suivie, seuls quelques commerces restant fermés. « Les banques sont en train de travailler et de distribuer du liquide (...) J’ai pu effectuer des transferts, des paiements et tout est normal », a déclaré César Aguirre, un comptable de 38 ans, après avoir retiré de l’argent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le petro, cryptomonnaie qui ne fait pas le bonheur du Venezuela « Tout a augmenté » Mais les craintes de hausse de prix étaient bien présentes. « Tout continue d’être cher (...). Tout a augmenté. Je viens d’acheter une empanada (chausson à la viande) à Petare et elle m’a coûté 2 millions » de bolivars anciens (soit 2 bolivars souverains), s’est plainte Carmen Maldonado, femme au foyer. Pendant ce temps, dans le centre de Caracas, des centaines de chavistes marchaient vers le palais présidentiel de Miraflores en soutien au chef de l’Etat, qui était attendu à l’arrivée du cortège. Il s’agira de sa première apparition depuis l’attaque supposée de début août. Par ailleurs, à compter de lundi est abrogée la loi qui prévoyait des amendes et des peines allant jusqu’à quinze ans de prison pour les auteurs d’opérations de change en marge du très rigide contrôle exercé par l’Etat depuis 2003. Les Vénézuéliens peuvent désormais se rendre dans des bureaux de change « autorisés », dont 300 doivent ouvrir, ont annoncé les autorités. Les premières opérations de change étaient attendues dans l’après-midi, selon le gouvernement. Analystes et économistes ne jugent pas viable, voire « surréaliste » le programme du gouvernement, qui prévoit aussi une hausse du salaire minimal de près de 3 400 % dans un pays où l’inflation est attendue à 1 000 000 % à la fin de 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des millions de personnes ont fui le Venezuela en raison de la crise économique.
"2018-08-21T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/08/21/la-banque-centrale-venezuelienne-devalue-le-bolivar-de-96_5344725_3222.html
"Les écologistes tentent de ""faire pression"" contre le gaz de schiste"
Devant l'Assemblée, près de deux cents militants écologistes ont manifesté mardi matin contre l'exploitation de l'huile et des gaz de schiste en France.
Depuis plus de cinq mois, les écologistes ont fait de la lutte contre les gaz de schiste le symbole de la défense de l'environnement. Charlotte Chabas Mardi 10 mai, dans la soirée, les élus du Palais-Bourbon doivent se pencher sur une proposition de loi de l'UMP sur les gaz de schiste. Si le texte prévoit l'interdiction de la fracturation hydraulique, il n'abroge pas pour autant les permis d'exploitation délivrés jusqu'à présent. Une interdiction partielle qui ne satisfait pas à gauche. En témoigne la manifestation à laquelle ont participé près de deux cents militants écologistes, mardi matin, devant l'Assemblée nationale. Pour la première fois depuis le début de la mobilisation, Eva Joly, José Bové et Nicolas Hulot se sont affichés ensemble pour "faire pression" sur les députés. "Tous les écologistes sont unis dans ce grand combat, il n'y a pas de désaccord", a affirmé la députée européenne. "UN ENFANT DANS LE DOS" La proposition de loi initiale semblait pourtant remporter les suffrages de tous. Le texte du député UMP Christian Jacob prévoyait en effet l'interdiction pure et simple de la fracturation hydraulique, décriée par les écologistes. En conséquence, les permis d'exploitation accordés voilà plus d'un an par l'ancien ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo devaient être abrogés. Mais la dernière mouture du texte laisse aux titulaires des permis un délai de deux mois pour déclarer la technique qu'ils veulent utiliser pour extraire les gaz de schiste. C'est seulement en cas de recours à la fracturation hydraulique ou en l'absence de réponse que les permis seront automatiquement annulés. Un "scandale" selon le député vert Yves Cochet, qui dénonce "un tour de passe-passe". Pour Christian Jacob, cette nouvelle version se montre pourtant "beaucoup plus sécurisante" que la précédente, carelle exige des entreprises une preuve "qu'elles n'utilisent pas la fracturation hydraulique, ce qui permet d'avoir un document opposable aux tiers. En cas de mauvaise déclaration, cela relève du pénal". Le député européen José Bové a insisté sur l'aspect "citoyen" de la mobilisation contre les huiles et gaz de schiste. Charlotte Chabas Un argument irrecevable pour l'écologiste José Bové, qui ironise : "On demande aux entreprises d'envoyer une belle lettre au ministère de l'énergie en lui disant quelles vont être les techniques employées. S'ils n'emploient pas le mot 'fracturation hydraulique', leurs permis vont continuer. (...) Là, on essaie de nous faire un enfant dans le dos. Aujourd'hui, il n'y a pas d'alternative possible à l'abrogation des permis." MOBILISATION "AU-DELÀ D'UNE QUESTION PARTISANE" Dans ce combat, les écologistes ont reçu le soutien des socialistes. Ils ont en effet annoncé, lundi, qu'ils voteraient contre le texte. "Ce [mardi] matin, le président du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, était présent [à la manifestation], mais aussi Guy Durand, le maire socialiste de Millau, souligne d'ailleurs José Bové. Aujourd'hui, c'est un rassemblement qui va au-delà d'une question partisane, c'est un mouvement citoyen." Nicolas Hulot, qui manifestait pour la première fois contre les gaz de schiste, a lui aussi insisté sur le fait que la mobilisation allait "au-delà des clivages politiques", affirmant que "l'écologie devient une évidence". Près de deux cents manifestants se sont rassemblés devant les grilles du Palais-Bourbon, mardi 10 mai dans la matinée, en prévision de l'examen de la proposition de loi sur l'exploitation des huiles et gaz de schiste par les députés. Charlotte Chabas "RÉCUPÉRATION" POLITIQUE Cependant, de nombreux militants écologistes émettent des réserves face à cette unité des politiques : "Les partis sont encore très divisés sur la question et nous restons méfiants sur les positions qu'ils adopteront à l'avenir", explique ainsiSimone, membre d'un collectif anti-gaz de schiste dans le sud de la France. Elle veut se montrer vigilante notamment à l'égard des socialistes, qui "font preuve d'une certaine schizophrénie sur le sujet et semblent frileux à s'engager clairement". Bernard vient de Seine-et-Marne, un département concerné par l'exploitation du gaz de schiste. Il demeure très critique sur "cette récupération des politiques qui ont senti l'enjeu électoral" et met en garde contre "le risque de les voir encore changer d'avis en faveur des industriels si la mobilisation retombe". Le sentiment est partagé par José Bové, qui annonce déjà la pousuite des manifestations et même des actions devant la justice si nécessaire. Le député européen a d'ailleurs fait une promesse aux militants, quitte à renouer avec ses anciennes pratiques, : "Aucun camion ne passera sur nos territoires pour installer des puits : au mieux, ils auront les pneus dégonflés, au pire, carrément démontés." Charlotte Chabas
"2011-10-05T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2011/05/10/les-ecologistes-tentent-de-faire-pression-contre-le-gaz-de-schiste_1519900_3244.html
Les étudiants kinés dans la rue pour une refonte de leur formation
Ils ont manifesté à Paris pour demander la revalorisation de leur diplôme au niveau master (bac + 5) et une refonte complète de leur formation, en discussion depuis 2008.
« Pour votre santé, les kinés réclament le master à l'université » : environ un millier d'étudiants en kinésithérapie ont défilé mercredi 5 novembre à Paris derrière cette banderole, pour demander la revalorisation de leur diplôme, du niveau bac + 2 au niveau bac + 5, grâce à une refonte complète de leur formation. Une quinzaine d'organisations représentatives de la profession les accompagnaient, dont les syndicats CGT, FO et CFDT, à l'origine d'un préavis de grève pour les quelque 20 % de kinés hospitaliers, le reste des 80 000 kinés français exerçant en libéral. Inadapté, trop dense, non reconnu à l'international : « Le programme de formation des kinés n'a pas été réformé depuis vingt-cinq ans », a souligné Améliane Michon, présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK), à l'origine de la manifestation. Cette association demande « une suppression du concours privé, avec la généralisation de la première année commune aux études de santé, quatre années de formation spécifique en institut avec un conventionnement universitaire et un diplôme de niveau master ». FORMATION COÛTEUSE Accessible sur concours après un an de prépa privée ou d'année universitaire en faculté de médecine (dans la majorité des cas) ou plus rarement en faculté de sport (Staps), la formation spécifique des kinés s'effectue actuellement en trois ans dans des instituts habilités. Mais, selon la FNEK, avec « plus de 40 heures d'enseignement par semaine », la formation correspond à « plus de cinq années universitaires condensées en trois ans ». Malgré des projets de réforme engagés en 2008, les discussions restent « difficiles » entre les syndicats et le gouvernement. Sa proposition, début 2013, d'une formation en trois ans validée par une licence a été rejetée par les organisations représentatives de la profession. Celles-ci ont soumis un autre projet le mois dernier, rappelle Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR, le premier syndicat de la profession. Outre un meilleur accès à la recherche, un cadre universitaire permettrait, selon lui, de contrer les prix exorbitants de certains instituts, « comparables à ceux des écoles de commerce », ainsi que l'« arrivée massive de diplômes étrangers » en France. Deux délégations de manifestants devaient être reçues, par la commission des affaires sociales et plusieurs députés socialistes d'une part, et au ministère de la santé d'autre part. La ministre de la santé, Marisol Touraine, avait irrité la FNEK lundi en regrettant le « travers qui consiste à considérer que pour pouvoir exercer un métier il faut qu'on ait un nombre d'années d'études le plus élevé possible ».
"2014-06-11T00:00:00"
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2014/11/06/les-etudiants-kines-dans-la-rue-pour-une-refonte-de-leur-formation_4518869_4401467.html
"Euro de basket : ""La Slovénie ? Pire qu'un match piège !"""
En quarts de finale, les Bleus rentrent dans le dur face à une équipe slovène qui jouera son va-tout à domicile. Pascal Donnadieu, entraîneur de Nanterre champion de France, livre son analyse.
Boris Diaw, capitaine courage de l'équipe de France de basket, ici le 15 septembre face à la Serbie. AFP/ANDREJ ISAKOVIC Avec deux défaites et une victoire au deuxième tour de l'Euro de basket 2013, les Français ont fait preuve d'une irrégularité inquiétante avant d'aborder les quarts de finale, où ils rencontreront la Slovénie (mercredi 18 septembre à 21 heures), pays hôte de la compétition. Cette rencontre couperet et probablement survoltée — 15 000 personnes seront présentes à Ljubljana — pourrait donner une motivation supplémentaire à Tony Parker et compagnie d'après Pascal Donnadieu, entraîneur des champions de France de la JSF Nanterre. Un deuxième tour poussif "Les Français ont eu un premier tour relativement facile contre des équipes 'atypiques' et, au second tour, ils ont été confrontés à des équipes avec une autre expérience européenne. Au-delà de la qualité des adversaires, les joueurs le reconnaissent eux-mêmes : ils ont eu un gros problème de régularité au sein d'un match, et d'un match à l'autre. Ils ont accumulé temps forts et temps très faibles contre des équipes régulières et bien organisées. Ça n'a pas pardonné, notamment contre la Serbie [défaite 77-65]." Un collectif défaillant mais des individualités en forme "Difficile de parler de défaillances individuelles. Alexis Ajinça fait un bon tournoi. Je trouve Boris Diaw vraiment bien, très affûté. Joffrey Lauvergne a fait des passages intéressants. Antoine Diot est très précieux. Depuis le début, il a cette faculté à sortir du banc et à être tout de suite productif. Il y a donc des points satisfaisants. Dans leurs temps forts, on voit qu'ils ont le potentiel. Aujourd'hui, les joueurs ont du mal à se mettre en place collectivement et cela nuit aux individualités. Je dirais qu'ils n'ont pas trouvé le bon rythme aussi bien en attaque qu'en défense." Tony Parker : trop ou pas assez "Je suis toujours mal à l'aise qu'en j'entends les gens qui le critiquent. On lui demande tout alors qu'il sort d'une saison extrêment longue et fatigante [Tony Parker a joué la finale des play-offs NBA avec les Spurs de San Antonio]. Ce qui est agaçant, c'est que, quand on perd, on se tourne vers lui et on lui dit qu'il n'en a pas fait assez, quand il prend le jeu à son compte, on lui reproche d'en faire trop. C'est très compliqué pour lui. Tony Parker est peut-être un peu moins affûté mais s'il y a bien un joueur sur qui il ne faut surtout pas taper, c'est lui." Quitte ou double pour les Slovènes "La Slovénie ? C'est pire qu'un match piège ! C'est un quart de finale contre une équipe qui va tout donner à domicile. Ce n'est pas l'adversaire contre qui on va être le moins à l'aise parce qu'ils ne sont pas très dominants au poste 5 [pivot]. Mais, devant 15 000 Slovènes déchaînés, soit ils vont se transcender et là il va falloir que les Français soient solides, soit ils vont être paralysés par l'enjeu. C'est à double trachant. Mais Parker, Diaw, Gelabale sont des gars qui ont tout connu. Ils peuvent gérer ce genre de match. Ils savent les enjeux, ils connaissent le contexte [une victoire leur permettrait de se qualifier pour le Mondial 2014]. Mon côté optimiste me pousse à dire que c'est peut-être l'adversaire idéal parce que ce sont les Français, qui jouent pour beaucoup en NBA, ont besoin d'adrénaline pour se lâcher. Et il vaut mieux une ambiance chaude et hostile qu'une salle vide et silencieuse."
"2013-09-18T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/09/18/euro-de-basket-la-slovenie-pire-qu-un-match-piege_3479650_3242.html
Bruges, craquant dehors fondant dedans
Avec ses trésors inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, la cité flamande s’explore au grand air, entre deux escales douillettes.
Elle a inspiré à Baudelaire L’Invitation au voyage. Avec ses canaux serpentant dans la ville et ses intérieurs chaleureux, la « Venise du Nord » recèle bien des charmes, résumés en quelques adresses. Extérieur jour Un restaurant et sa terrasse, pour déguster une des nombreuses bières du pays. Femke den Hollander Déjeuner vivifiant à La République. A deux pas de la Grand-Place, ce restaurant se cache dans une arrière-cour abritée sous les salles du cinéma Lumière. On y sert une cuisine recherchée (poisson de la mer du Nord et risotto à la citrouille et aux cèpes, rouleau de chou frisé à la crème de noyer cendré). Impressionnante carte de bières. Plats entre 17 et 24 €. Sint-Jakobsstraat, 36. www.republiekbrugge.be Un ancien monastère, où les « béguines » priaient jusqu’au début du siècle précédent. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Cure de silence au béguinage de la Vigne. Edifié en 1245, ce monastère a accueilli pendant plusieurs siècles des femmes ayant choisi de rejoindre la vie religieuse sans prononcer de vœux. A proximité du Minnewater, il se compose d’une trentaine de maisonnettes blanches bordant un enclos arboré. La dernière « béguine » est morte en 1930, mais on y croise encore des sœurs. Begijnhof 30. Accès gratuit au jardin. Un charmant moulin sur les rives du canal de Damme, dans la campagne flamande. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Échappée belle sur la route de Damme. Pour découvrir la campagne flamande, rien de tel qu’une balade à vélo le long du canal de Damme. On quitte Bruges pour croiser moulins, forteresses et peupliers centenaires. Après 7 km, on atteint Damme, dont l’église Notre-Dame est célèbre pour sa tour de 43 m et ses caveaux. De 5 à 10 € (vélo électrique) l’heure de location. Mariastraat 26. www.fietsenpopelier.be Traverser ce jolie parc permet d’accéder à l’auberge T’Bagientje et ses mets roboratifs. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Spécialités sucrées-salées au t’Bagientje. Il faut marcher un peu pour accéder à cette auberge typique située en bordure d’un parc boisé. Dans l’assiette, de copieuses spécialités : carbonade flamande et sauce au pain d’épice, lapin aux pruneaux et bouillabaisse de la mer du Nord. La salle est éclairée aux chandelles, et la terrasse chauffée. Plats entre 16 et 30 €. Oostmeers 130. www.bagientje.be Le concept store Serendipity propose toute la panoplie du cocooning à la belge. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde For intérieur Shopping bohème chez Serendipity. Dans ce concept store à la décoration mêlant le bois, le cuir, le marbre et la brique, on fait le plein de trouvailles pour passer l’hiver au chaud : lampes tamisées, miroirs profonds, plaids moelleux et tabourets recouverts de moumoute. Un condensé de l’art de vivre à la belge. Un estaminet typique de Belgique, où les plats revigorants côtoient les bières savoureuses. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Saveurs voluptueuses au Verloren Hoek. Cet estaminet familial confortable offre une vue imprenable sur les moulins de la ville. On s’y régale de croquettes de crevettes ou d’un vol-au-vent savoureux, le tout généreusement arrosé de bière locale. Attention : comme dans tous les restaurants de Bruges, on y dîne tôt. Mieux vaut réserver ! Plats entre 20 et 30 €. Carmersstraat 178. deverlorenhoek.be A la brasserie De Halve Maan, on peut siroter une bière en hauteur ou au coin du feu. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Délices houblonnées au Halve Maan. Dernière brasserie en activité au cœur de la ville, De Halve Maan (« le croissant de lune ») se transmet de génération en génération depuis le xvie siècle. On peut monter les 200 marches escarpées qui offrent un panorama splendide, ou s’installer au coin du feu pour siroter une délicieuse bière blonde. Un bed & breakfast au charme douillet, idéal après une bonne journée de marche. Sacha Jennis pour M Le magazine du Monde Escale cosy chez Rachel. Après une journée à parcourir la ville, on se délasse en sirotant un chaï latte dans l’un des fauteuils enveloppants de ce bed & breakfast décoré de bibelots anciens, chinés dans les brocantes flamandes. Les chambres, calmes et raffinées, ont un charme fou. A partir de 65 €, petit déjeuner non inclus (10 €, et vraiment délicieux). Bloemenstraat, 9. bnb-rachel.be Y aller Bruges, en 1962. Akg-images/Walter Limot En train — Depuis Paris, au départ de la Gare du Nord, via Bruxelles. Aller-retour Paris Bruges à partir de 100 € avec Thalys. www.thalys.com/fr
"2018-08-01T00:00:00"
m-voyage
https://www.lemonde.fr/m-voyage/article/2018/01/08/bruges-craquant-dehors-fondant-dedans_5238879_4497613.html
Bruno Le Maire : « Remettre 3,2 milliards dans l’économie »
Le ministre de l’économie et des finances était l’invité, mercredi 18 octobre, du Club de l’économie du « Monde ».
Invité du Club de l’économie du Monde, le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a défendu les choix fiscaux du gouvernement et plaidé en faveur d’un budget européen. Extraits. L’ISF et la fiscalité du capital « Le débat qui consiste à dire “il faut que les riches soient taxés le plus possible pour que ça aille mieux pour les pauvres”, rien que dans les mots, c’est insultant pour les gens, cela relève de la stigmatisation. On ne peut pas regretter que nos entreprises se financent avec des capitaux étrangers et continuer à surtaxer le capital français. C’est l’erreur fondamentale que nous commettons depuis trente ans. Je crois exactement l’inverse. Ce choix politique, je le revendique haut et fort. D’abord, parce que le capital est mobile. Si vous le taxez trop, il s’en va. Ensuite, parce qu’il a déjà été taxé une fois, puisque c’est de l’épargne. Enfin, parce qu’une entreprise sans capital ne peut pas investir, ni innover, ni donc créer des emplois. En supprimant l’impôt sur la fortune (ISF) sur le patrimoine financier, nous remettons 3,2 milliards d’euros dans l’économie française. Je comprends les interrogations. Les sommes que nous libérons sont importantes, donc j’ai proposé qu’il y ait un dispositif d’évaluation de nos choix fiscaux en 2020. Nous rendrons des comptes aux Français. Mais il n’est pas question pour moi de remettre en cause le secret fiscal en donnant des informations trop précises. Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui, les mille premiers contributeurs à l’ISF paient 400 millions d’euros d’ISF. Nous allons leur rendre ces 400 millions d’euros, mais il ne s’agit pas d’un solde net, parce qu’il faut en déduire l’impôt sur la fortune immobilière, qui sera maintenu. » L’entreprise et la participation « Faire grandir l’entreprise, c’est la première ambition que nous porterons, au printemps 2018, dans le projet de loi de transformation des entreprises. Mais l’entreprise n’est pas uniquement un lieu de production. C’est aussi un lieu de vie, dans lequel des hommes et des femmes passent quasiment 60 % de leur temps de vie hebdomadaire. C’est aussi un projet de société. La culture de l’affrontement, en France, est dramatique pour notre pays. C’est un des éléments qui pèsent le plus sur nos succès économiques. Lorsqu’on en aura fini avec la lutte des classes, pour aller vers une meilleure association des salariés et des chefs d’entreprise au projet que porte l’entreprise, ça libérera notre économie. Lire aussi La taxe sur les dividendes, sujet explosif pour le gouvernement Donc je souhaite qu’on redéfinisse l’objet social de l’entreprise. Et je suis prêt, l’année prochaine, à ce que dans la loi que je porterai, les dispositifs d’intéressement et de participation soient modifiés et améliorés. Est-ce que cela doit aller jusqu’à donner plus de pouvoir de décision aux salariés ? Il faut en discuter. Je n’en suis pas certain. Est-ce que cela doit amener à plus de place dans le conseil d’administration ? Ce n’est pas forcément la seule solution, mais je ne veux pas anticiper sur les débats. » Le rôle de l’Etat « J’ai annoncé il y a plusieurs mois que nous ferions des cessions d’actifs des participations de l’Etat dans des entreprises du secteur concurrentiel. Nous les ferons le plus rapidement possible et nous irons jusqu’au bout, pas pour “céder les joyaux de la couronne”, comme le disent certains, mais pour redéfinir le rôle de l’Etat dans l’économie. L’Etat est là pour préparer l’avenir, garantir un certain nombre d’intérêts stratégiques vitaux, comme le nucléaire, et faire émerger les grands géants industriels européens. C’est ce que nous avons fait avec le président de la République sur le naval, sur le ferroviaire et nous le ferons dans d’autres secteurs. L’Etat doit également veiller au bon fonctionnement des services publics. Il y gardera une participation majoritaire. En revanche, il n’a pas vocation à prendre des dividendes dans des entreprises. Je suis ministre de l’économie et des finances, pas spéculateur boursier. Dans les secteurs concurrentiels, partout où les acteurs privés sont plus efficaces que l’Etat, je n’hésiterai pas à vendre les participations. Et je veux que cet argent soit utile pour les Français, qu’il serve à financer l’innovation de rupture, celle qui, dans cinq ou dix ans, nous fera prendre une avance considérable mais qu’aucune entreprise privée ne peut financer aujourd’hui, parce que c’est un financement à perte. Le fonds pour l’innovation de rupture que j’ai proposé au président de la République sera créé début 2018. Je souhaite qu’il soit piloté au plus haut niveau de l’Etat, que des scientifiques, des chercheurs, des spécialistes de l’innovation puissent y participer et qu’il préfigure un fonds pour l’innovation de rupture à l’échelle européenne, qui pèsera de l’ordre de la centaine de milliards d’euros. Et là, nous garderons une chance de rester dans la course face à la Chine et les Etats-Unis. » L’avenir de l’industrie et la baisse des charges. « Demain, l’industrie française sera de haute technologie. Cela suppose d’aller plus loin dans nos choix économiques. Je propose d’ouvrir deux débats qui ne sont pas faciles. Le premier c’est le déplafonnement du crédit d’impôt recherche, aujourd’hui plafonné à 100 millions d’euros, pour bénéficier bien entendu aux plus grandes entreprises industrielles. Le deuxième débat, c’est celui d’un déplafonnement des allégements de charges qui sont aujourd’hui concentrés sur les bas salaires. Il faut ouvrir la réflexion au-dessus de 2,5 smic, sur les salaires les plus qualifiés, qui seront demain les salaires de notre industrie. Quand on fait une comparaison entre la France et l’Allemagne, la question de la compétitivité-coût reste absolument essentielle. » L’Europe « Il ne sert à rien d’accomplir la transformation économique de la France si elle ne s’accompagne pas de la transformation de la zone euro en un véritable continent économique, capable de rivaliser avec la Chine ou les Etats-Unis. Mais il faut avoir la lucidité de reconnaître que cela prendra du temps et se heurtera à des obstacles considérables. Y compris avec l’Allemagne. Hier, l’affrontement des forces était entre le libéralisme absolu défendu par la Grande-Bretagne et la vision franco-allemande régulatrice. La Grande-Bretagne est sortie de l’Union européenne. Le combat a donc changé de nature. Désormais, dans chaque pays, s’opposent ceux qui veulent affirmer l’Europe, en l’intégrant davantage, et ceux qui veulent la disloquer pour qu’elle ne soit plus qu’une somme de nations isolées. Le point-pivot de bascule, c’est le budget. En faut-il un pour les Etats qui ont la même monnaie ? Vous répondez non, il n’y a pas d’intégration. Vous répondez oui, il y a une vraie intégration. C’est un débat historique aussi important que celui qu’a connu l’Europe sur le marché unique ou sur l’euro. »
"2017-10-19T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/19/bruno-le-maire-remettre-3-2-milliards-dans-l-economie_5203250_3234.html
Peine d'humiliation numérique pour Johnny Depp et Amber Heard
Accusés d’avoir introduit illégalement leurs deux petits chiens en Australie, où les lois de « biosécurité » sont strictes, les acteurs ont eu droit à une peine clémente en échange d’un acte de contrition filmé assez forcé.
La bagarre juridique entre le gouvernement australien et les acteurs Johnny Depp et Amber Heard, accusés d'avoir introduit illégalement leurs deux petits chiens dans le pays, a pris fin, le 18 avril, avec une très clémente condamnation, un rappel de la législation très stricte sur la "biosécurité" et une vidéo assez... bizarre. Amber Heard était poursuivie pour avoir sciemment mal rempli la fiche des douanes et caché l'existence de ses Yorkshire terriers en arrivant, via un vol privé, en Australie, où son mari tournait le 5e épisode de Pirates des Caraïbes en avril 2015. L’Australie impose une réglementation très stricte concernant les animaux entrant sur son territoire, afin d’éviter la propagation de maladies. Après un an de menaces, de mises en garde ignorées et de déclarations par presse interposée, Heard avait accepté de comparaître devant la justice, présentant ses excuses et parlant d'un malentendu. Humiliation et "biosécurité" Verdict : un mois avec sursis et 1 000 dollars australiens d'amende. L'accusation d'avoir "importé illégalement des animaux", qui aurait pu valoir jusqu'à dix ans de prison, a été abandonnée. En contrepartie, les deux acteurs se sont engagés à faire une vidéo pour vanter la beauté naturelle de l'Australie et son fragile équilibre, que pourrait détruire toute introduction illégale de faune. Comme l'a résumé la juge chargée du dossier, le clip de 40 secondes "allait être plus bénéfique au pays" qu'une simple condamnation. D'un côté, elle a eu raison. La vidéo, mise en ligne dans la nuit de dimanche à lundi, a largement tourné sur les réseaux sociaux, partant d'Australie et tombant sur les fils des internautes du reste du monde qui commençaient leur semaine. Les médias l'ont relayé, commenté et moqué. Car les images ressemblent à un celles d'une vidéo de prise d'otage : le couple hollywoodien, assis dans une pièce, lit un script d'une voix monotone avec une fatigue à peine cachée et une émotion proche de zéro. Le texte, imposé par le gouvernement australien, est très lyrique. Il vante "le trésor de plantes, d'animaux et de gens uniques" de l'Australie et l'importance des lois de "biosécurité". Le contraste est comique lorsque les deux acteurs le récitent péniblement. Quand l'un parle, on préfère regarder l'autre, qui fixe longuement la caméra, en imaginant ce qu'il pense. On écoute à peine ce qu'ils disent. La morale de la vidéo pourrait être : voilà ce qui arrive quand vous ne respectez pas les lois en Australie. On vous humilie sur Internet. "Je n'ai pas du tout honte" Un homme qui a adoré cet exercice de contrition numérique a été le ministre de l'agriculture et vice-premier ministre australien, Barnaby Joyce, qui mène, depuis un an, le combat juridique et médiatique contre Depp, Heard et leurs deux chiens. Celui qui avait menacé d'expulser, voire d'euthanasier les deux petits animaux car ils présentaient "un énorme risque" pour toute l'Australie. "Je n'ai pas du tout honte", a-t-il dit après le verdict, après avoir participé à l'enregistrement de la vidéo, et après l'avoir rapidement mise en ligne sur sa page Facebook. "Je ne pense pas que c'est quelque chose qu'ils auraient fait de leur propre chef". "Je veux qu'elle soit vue le plus largement possible (…), plus elle est regardée, plus les gens connaîtront nos exigences biosécuritaires et quand ils viendront dans notre pays, ils sauront que c'est une chose sur laquelle les Australiens sont complètement intransigeants." Comme par hasard, Johnny Depp marmonne à la fin de la vidéo à peu près la même chose que Barnaby Joyce, un homme qu'il avait un jour qualifié "d'Australien bedonnant et plein de sueur". Mais il le dit bien plus succinctement, la voix débordante d'exaspération : "Si vous ne respectez la loi australienne, ils vous le diront très fermement. Déclarez tout lorsque vous venez en Australie." Luc Vinogradoff Rédaction du Monde.fr
"2016-04-18T00:00:00"
blog
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/04/18/en-austraie-peine-dhumiliation-numerique-pour-johnny-depp-et-amber-heard/
Europe, immigration : un vote sans débat
Si nous ne voulons pas que l'Union européenne se momifie, nous devons poser les vraies questions des migrations des compétences et de projets
Il parait que l'UE intéresse peu nos concitoyens sauf, à en croire les sondeurs, ceux qui aimeraient suspendre Schengen ou en finir définitivement avec sa liberté de circulation « pas assez surveillée ». Ceux-là font la course en tête aux élections européennes. Que près de la moitié des votants souhaite le retour des douaniers, cela parait suspect tant cette idée régressive est simpliste. Mais si elle séduit autant, c'est que personne n'a pris le temps d'écouter ce que personne n'a eu envie -ou l'occasion- d'expliquer sur le rôle des frontières et de l'immigration en Europe. Nos concitoyens n'ont fait qu'entendre une éternelle rengaine, pas même remise à jour. Revenir aux principes fondateurs de l'UE, saluer le progrès qui permet de voir, chaque jour, 9 millions d'Européens franchir les frontières intérieures de l'UE sans avoir à montrer patte blanche. Ne pas nier pour autant le défi migratoire qui s'impose à l‘Europe, voilà ce qui aurait pu donner le « la » d'une Europe sûre d'elle-même et de son rapport aux étrangers. Mais, d'un bout à l'autre de l'éventail politique, les candidats ont essentiellement bachoté sur Frontex et Schengen : les uns veulent une réforme radicale, les autres des gardes barrières surarmés, tandis que les troisièmes ne souhaitent rien, sauf que la répression ne se pose pas comme « l'alpha et l'oméga » d'une politique migratoire commune. Quelle serait justement cette miraculeuse politique commune ? Avant de la définir, il aurait d'abord fallu poser la question du « trop de migrants » ? Trop ? Près de 21 millions d'étrangers extracommunautaires, soit seulement 4 % de la population totale de l'UE, séjourne de manière légale en Europe ! Et d'ajouter ensuite, que la croissance démographique de l'Union est aujourd'hui portée à 2/3 par le solde migratoire. De poursuivre en disant que demain, c'est-à-dire en 2050, l'Europe ne représentera plus qu'environ 5 % de la population mondiale. Et que ses habitants seront, à près de 30 %, âgés de plus de 65 ans. Faut-il donc encore attendre pour que se pose sereinement la question du besoin d'immigration pour ce vieux continent, bientôt peuplé de vieilles personnes ? Si nous ne voulons pas que l'Europe se momifie, il faut avoir le courage de poser les conditions de l'avenir, migrations des compétences et migrations de projets incluses, afin de rester compétitifs dans une course mondiale fondée sur l'économie de la connaissance. Afin de proposer davantage de voies d'entrées légales sur le territoire européen, pas besoin de recourir à ce commissaire européen à l'immigration, nouveau chapeau sorti de la panoplie d'une UMP hésitante et divisée. La proposition est d'une hypocrisie totale, car nul n'ignore que des critères de convergence existent déjà, et qu'aucun État n'est prêt à céder sur sa souveraineté comme sur sa stratégie individuelle en matière de migration. S'il faut le répéter, alors répétons-le : nos frontières extérieures sont très bien - et très coûteusement - surveillées. Mais si les pays en premières lignes d'accueil de migrants étaient mieux soutenus, par une vraie politique solidaire entre les 28 États membres, tout irait beaucoup mieux pour l'Italie, la Grèce, Malte, l'Espagne… C'est-à-dire pour toute l'Europe. Davantage de solidarité dans un premier temps et une meilleure protection des personnes, voilà le deuxième axe à suivre. Les migrations irrégulières devraient en effet apparaître moins comme un problème que comme un scandale quand elles contraignent les personnes en quête d'asile, c'est notamment le cas de Syriens, à mettre leurs vies en danger pour tenter de la sauver. Il faut une évaluation systématique des besoins et de la vulnérabilité des personnes ainsi qu'un recours plus ouvert aux visas depuis les ambassades européennes. C'est aussi le volet de la prévention qu'il faudra mettre en œuvre : basé sur une coopération forte et équilibrée avec les pays d'origine et les pays de transit, il permettra de limiter les situations d'exil forcé. Outre la mise en place de véritables actions de co-développement, il s'agira d'aider au renforcement de la démocratie et de l'État de droit, aux systèmes de protection, à la réinstallation, dans les pays de transit qui se sont désormais transformés en pays d'accueil. Il nous faut travailler avec eux en partenariat et nous engager davantage à leurs côtés. L'Europe ne peut en effet pas se contenter d'externaliser ses missions, de déléguer ses taches de garde barrières au plus loin de ses frontières, c'est-à-dire de son regard. Il nous faut de la solidarité. C'est le maître mot d'une politique d'asile et d'immigration pour l'Europe. Mais c'est un mot qui, malheureusement, fait davantage peur aux politiques qu'aux populations. Cela explique sans doute pourquoi le débat n'a pas vraiment eu lieu et pourquoi le scrutin s'annonce aussi peu participatif. Pierre Henry (Directeur général de France terre d'asile)
"2014-05-21T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/05/21/europe-immigration-un-vote-sans-debat_4422961_3232.html
L'absolution sur un plateau
Les activités d'hedge funds ou de gestion de patrimoine des Louis-Dreyfus, Cargill ou Armajaro sont empêtrées dans les conflits d'intérêts.
Qu'on pense un moment à nos images ! Le militant d'ONG ? Un va-nu-pieds binoclard, laine vierge sur le dos et troupeau de chèvres en laisse. Le banquier de la City ? Un spéculateur affameur du peuple déguisé en faux gentleman cravaté. Un haut fonctionnaire français ? Un technocrate pur issu des grandes écoles qui, ayant réponse à tout, fait le malheur ou le bonheur de ses administrés avec la même équanimité. Un professeur d'Oxford ? Un esprit singulier à la pensée sinusoïdale, persuadé de fournir les réponses les plus brillantes aux questions les plus essentielles. No sense ! Le débat organisé le 1er juin par l'ambassade de France au Royaume-Uni à l'Institut français de Knightsbridge, dans le cadre de la présidence du G20, a démontré la vanité de ces énoncés de départ. "La volatilité des prix des matières premières : les marchés libres peuvent-ils encore nourrir et propulser la planète ?" : ce sujet fort sérieux sur un problème explosif a été l'occasion d'un vrai débat avec de vraies idées exprimées. Face à la flambée de l'inflation et à la dégradation de la situation alimentaire du globe, la colère monte contre les opaques spéculateurs. Présent au débat, Marc Mourre, vice-président du pôle matières premières chez Morgan Stanley, était le bouc émissaire parfait de la mondialisation. Ce mathématicien de formation a créé de toutes pièces à Londres ce département-phare de la banque d'affaires américaine, l'un des grands intervenants sur ce marché hautement rémunérateur. Graphiques ciselés à l'appui, le financier a tout naturellement insisté sur l'importance des fondamentaux de l'offre et de la demande. Le prix élevé d'une denrée est la conséquence d'un déficit de production ou d'un excès de consommation. Si les investisseurs financiers, à l'instar de Morgan Stanley, peuvent amplifier le mouvement en surfant sur la tendance, l'effet à court terme est limité. Personne, au demeurant, n'a pu établir une corrélation entre cette activité et la flambée des cours des produits de base. Et depuis l'interdiction faite aux banques de jouer avec leurs propres deniers au PMU boursier, ne l'appelez plus spéculateur, mais marchand ! C'est servi serré et sans sucre. Tout en réclamant plus de vigilance envers les agissements de Wall Street et de la City, Richard Gower, conseiller d'Oxfam (une confédération d'associations d'aide au développement), a insisté sur les effets de cette envolée des prix sur le panier de la ménagère. Dans le tiers-monde, où les foyers consacrent jusqu'à 50 % de leur budget à l'alimentation contre 6 % aux Etats-Unis, l'impact de cette inflation des prix agricoles est particulièrement dévastateur. La fréquence des émeutes de la faim en témoigne. Pour sa part, Pierre Jacquet, économiste en chef de l'Agence française du développement, a mis l'accent sur deux aspects au coeur de la problématique : la volatilité des cours - qui remonte à la nuit des temps - et l'incertitude, notamment sur le niveau de stocks. Pour pallier ces dysfonctionnements, une bonne gestion des risques et des mesures pour lutter contre les manipulations des marchés et une architecture de surveillance efficace sont nécessaires. Tout en reprenant les mêmes thèmes, Anthony Venables, directeur de l'Oxford Centre for the Analysis of Resource Rich Economies, de son côté, a montré du doigt les déséquilibres commerciaux et la montée dangereuse du protectionnisme. Il est de bonne guerre, sur un plateau de débats, de mettre entre parenthèses les vérités qui dérangent. Face au rouleau compresseur du secteur financier, de l'Etat ou des organisations internationales, les ONG se plaignent de manquer de moyens financiers et humains pour agir en vrai contre-pouvoir. Certes, mais c'est faire peu de cas du soutien de la presse à leur action et son corollaire, l'antipathie en général des médias envers le monde des affaires, en particulier les industries extractives. Le banquier, lui, a passé sous silence le risque systémique des ETF (Exchange Trade Fund), un produit boursier hyperspéculatif adossé à des stocks de matières premières. A force de poursuivre sa marche, l'innovation que représentent les ETF pourrait déclencher la prochaine bulle financière. Quant au digne représentant du gouvernement français, rapporteur sur le sujet au sommet du G20, il n'a jamais mentionné l'action des négociants en matières premières, qui contrôlent par exemple 80 % du commerce mondial du blé. Or les activités d' hedge funds ou de gestion de patrimoine des Louis-Dreyfus, Cargill ou Armajaro sont empêtrées dans les conflits d'intérêts. En effet, ces enseignes disposant partout d'entrepôts d'usines ou de ports tirent profit de cette manne de renseignements pour alimenter leurs opérations financières. Le grand commis de l'Etat s'en est strictement tenu à l'opuscule-bible publié par Bercy, qui ne souffle mot sur cette autre bombe à retardement. Absolution d'office donc... Notre économiste oxonien consacre sa vie à disséquer les mystères de la macroéconomie et du commerce international sans chercher à découvrir les arcanes des marchés. "Je n'y connais rien, à la finance", a-t-il dit à propos des actes des professionnels de l'ombre, acteurs pourtant incontournables de sa discipline académique. Allons bon ! Le sourire de Marc Mourre devant cet argument un peu court en disait plus long qu'un discours fleuve. [email protected] Marc Roche et Marc Roche
"2011-06-14T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2011/06/14/l-absolution-sur-un-plateau_1536016_3214.html
Coupe de la Ligue : Marseille s’enfonce, Lyon et Monaco passent dans la douleur
L’OM a été éliminée en 8e de finale face à Strasbourg lors des tirs au but. Lyon, Monaco, Bordeaux, Guingamp, Le Havre restent en course.
Le défenseur de l’OM Hiroki Sakai face à Strasbourg lors du match de Ligue des champions, le 19 décembre au stade Vélodrome. CHRISTOPHE SIMON / AFP Marseille s’est offert une fin d’année agitée avec son élimination en 8e de finale de Coupe de la Ligue mercredi 19 décembre face à Strasbourg, Lyon et Monaco se qualifiant, eux, dans la douleur pour les quarts. Eliminés aux tirs au but par Strasbourg (1-1, 4 t.a.b. à 2) dans un Vélodrome aux trois quarts vide, les Marseillais n’ont pas réussi à relever la tête après leurs défaites à Nantes et face à Limassol. À l’image de leur capitaine Dimitri Payet qui a manqué un penalty au cours de match puis son tir au but, alors que Luiz Gustavo avait permis aux Olympiens d’égaliser à 10 minutes de la fin du temps réglementaire. Lyon, Monaco, Bordeaux, Guingamp, Le Havre gagnants Lyon en revanche a validé sa place en quarts de finale même si les joueurs de Bruno Genesio se sont fait peur en fin de match à Amiens. Alors qu’ils avaient rapidement pris l’avantage grâce à un penalty marqué par Moussa Dembélé (20e) et qu’ils ont mené 3-0 à l’heure de jeu, les Lyonnais ont laissé les Picards revenir à 3-2 en toute fin de match. Dans le doute depuis des semaines, l’AS Monaco a écarté dans la difficulté Lorient (1-0) grâce à un but de Giulian Biancone (70e) au bout d’un match arrêté pendant 36 minutes pour cause de pluies torrentielles en Principauté. Sur une bonne dynamique ces dernières semaines, les Girondins de Bordeaux ont confirmé en s’imposant à Dijon (1-0) grâce à un but de leur international espoir croate Toma Basic, titulaire pour la première fois depuis son arrivée cet été. Guingamp a éliminé Nice (0-0, 3 t.a.b. à 1) et Le Havre, seul pensionnaire de Ligue 2 qualifié pour les quarts de finale, complète le tableau après sa victoire 2-1 à domicile face à Dijon.
"2018-12-20T00:00:00"
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/12/20/coupe-de-la-ligue-marseille-s-enfonce-lyon-et-monaco-passent-dans-la-douleur_5400019_1616938.html
"Mustafa Ceric : ""Nous attendons du futur pape qu'il laisse les portes du dialogue ouvertes"""
Le théologien musulman Mustafa Ceric fait un bilan nuancé du dialogue interreligieux sous le pontificat de Benoît XVI.
Le mufti Mustafa Ceric, chef de la communauté islamique de Bosnie, en février 2006. AFP/ELVIS BARUKCIC Mustafa Ceric a été grand mufti de Bosnie de 1993 à 2012. Il a conduit la délégation musulmane lors du premier forum islamo-catholique, qui s'est tenu à Rome en 2008, au cours duquel il a rencontré le pape. Cette rencontre faisait suite à la réaction de 138 intellectuels musulmans après la polémique déclenchée par le discours de Benoît XVI à Ratisbonne (Allemagne), suggérant un lien entre violence et islam. M. Ceric est aussi l'un des responsables de l'Institut royal pour la pensée islamique Aal Al-Bayt, fondé à Amman (Jordanie). Marqué par le discours de Ratisbonne, le pontificat de Benoît XVI avait plutôt mal commencé en matière de relation islamo-catholique. Sept ans après cette polémique, où en sont les relations avec l'islam ? Après les critiques qui ont suivi la conférence de Ratisbonne, le pape s'est excusé pour ses propos et on peut dire que, finalement, cette phrase malencontreuse sur l'islam a produit une énergie positive. Ces propos ont en effet amené 138 intellectuels musulmans à signer une lettre demandant au pape et aux chrétiens de travailler ensemble à des relations fondées sur la paix et la justice autour de l'amour de Dieu. Benoît XVI s'est rendu par la suite en Turquie et même à la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem. Il a montré qu'il était ouvert au dialogue. Nous avions été d'autant plus surpris par ses propos polémiques que nous pensions que ce pontificat serait comparable à celui de Jean Paul II, qui avait révolutionné les relations avec le monde musulman. Jean Paul II avait visité de nombreux pays musulmans. On pensait que Benoît XVI serait aussi ouvert. Mais ce pape, qui est un grand théologien, un pasteur fervent, un homme traditionnel, est un intellectuel. Et parfois les grands intellectuels ont du mal à penser au-delà de leur propre cadre de pensée. Mais, encore une fois, au final, cette crise inattendue a produit davantage de dialogue. Des responsables catholiques, des fidèles, en Afrique mais aussi en Europe, s'inquiètent du développement du fondamentalisme musulman à travers le monde. Que leur répondez-vous ? La peur est la maladie de notre temps. Tout le monde a peur de tout le monde. Mais il est vrai qu'il faut prendre au sérieux les débats qui ont lieu aujourd'hui au sein du monde musulman sur la liberté, la religion et les relations [de l'islam] avec l'Etat.
"2013-02-27T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/02/27/mustafa-ceric-nous-attendons-du-futur-pape-qu-il-laisse-les-portes-du-dialogue-ouvertes_1839638_3214.html
Julian Assange demande au Royaume-Uni la levée du mandat d’arrêt à son encontre
Après l’abandon des poursuites de la justice suédoise l’an dernier, le fondateur de WikiLeaks pourrait retrouver la liberté si Londres accède à sa requête.
Julian Assange au balcon de l’ambassade équatorienne à Londres le 19 mai 2017, après l’annonce de la fin des poursuites suédoises à son encontre. Peter Nicholls / REUTERS Julian Assange a déposé devant la justice britannique une requête, qui sera examinée vendredi 26 janvier, en vue d’obtenir la levée du mandat d’arrêt britannique émis à son encontre pour non-respect de ses engagements en matière de liberté conditionnelle. S’il obtient gain de cause, le cofondateur de WikiLeaks pourrait quitter l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’est réfugié depuis le 19 juin 2012 pour éviter d’être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol. Après qu’il eut lancé neuf recours différents (soit en première instance, soit en appel, soit devant la Cour suprême) auprès de la justice suédoise, cette dernière a finalement abandonné les poursuites le 19 mai 2017. Mais l’Australien, âgé de 46 ans, reste menacé d’une arrestation par la justice britannique. « Il demande la levée de son mandat d’arrêt car les Suédois ont confirmé l’annulation de leur demande d’extradition, a expliqué un porte-parole du CPS (Crown Prosecution Service), le ministère public de la Couronne. Il demande donc que son mandat d’arrêt soit également annulé. » Prié de dire si Julian Assange pourrait sortir libre de l’ambassade d’Equateur en cas de levée du mandat d’arrêt, le porte-parole a répondu : « En théorie, oui, ce serait notre interprétation. » Lire aussi Comprendre la situation de Julian Assange en huit questions En décembre, l’Equateur a annoncé avoir naturalisé M. Assange, ce qui a permis aux Equatoriens de demander, le 20 décembre à Londres, le statut d’agent diplomatique pour le fondateur de WikiLeaks. Ceci lui aurait permis de sortir de l’ambassade sans être arrêté par la police britannique. Le Royaume-Uni avait rejeté la requête le lendemain.
"2018-01-26T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/01/26/julian-assange-demande-au-royaume-uni-la-levee-du-mandat-d-arret-a-son-encontre_5247555_4408996.html
Démission du premier ministre et du gouvernement de Côte d’Ivoire
Le remaniement était attendu après les élections législatives de décembre, lors desquelles Daniel Kablan Duncan, qui se présentait pour la première fois, a été élu dans sa circonscription de Grand-Bassam.
Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, à droite, et le premier ministre Daniel Kablan Duncan, à Abidjan, le 12 janvier 2016. © LUC GNAGO / REUTERS Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accepté, lundi 9 janvier, la démission du premier ministre, Daniel Kablan Duncan, et de son gouvernement, près d’un mois après la tenue des législatives remportées par la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire. « En attendant la nomination d’un nouveau premier ministre et la mise en place d’un gouvernement, le premier ministre et les membres du gouvernement sortants sont chargés d’expédier les affaires courantes », annonce la présidence ivoirienne dans un communiqué. Daniel Kablan Duncan, qui se présentait pour la première fois, a été élu dans sa circonscription de Grand-Bassam aux législatives du 18 décembre. Il a ainsi expliqué sa démission par « l’incompatibilité d’être membre du gouvernement et d’être présent à l’Assemblée nationale ». « Selon une pratique politique de longue date, à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale (lundi), tous les députés doivent participer à cette session, y compris, bien sûr, les membres du gouvernement », a-t-il poursuivi. Cette démission n’a donc pas de rapport avec la mutinerie de soldats réclamant une amélioration de leurs conditions. Changement dans l’armée Le président Alassane Ouattara a également signé deux autres décrets mettant fin aux fonctions des ministres d’Etat et des ministres à la présidence de la République, des postes jusqu’ici occupés par le secrétaire général de la présidence Amadou Gon Coulibaly et Ibrahima Tené Ouattara, le frère cadet du président ivoirien. Le président ivoirien a également démis lundi ses chefs de l’armée, de la gendarmerie et de la police de leurs fonctions, a annoncé la présidence ivoirienne. Il a signé « trois décrets mettant fin aux fonctions du général Soumaïla Bakayoko, en qualité de chef d’état-major général des forces armées de Côte d’Ivoire, du général Gervais Kouakou Kouassi, commandant supérieur de la gendarmerie nationale, et du directeur général de la police, Bredou M’Bia », souligne, sans plus de précisions, un communiqué lu à la télévision par le secrétaire général sortant de la présidence ivoirienne. Ces responsables sont respectivement remplacés par le général Sékou Touré, nouveau chef d’état-major des forces armées de Côte d’Ivoire, le général Nicolas Kouadio Kouakou pour la gendarmerie et le commissaire Youssouf Kouyaté pour la police, selon le communiqué. Les premières élections sous la IIIe République La coalition soutenant le président, Alassane Ouattara, a obtenu la majorité avec 167 sièges du Parlement ivoirien sur 254, lors des élections législatives du 18 décembre. Ces législatives ont été les premières élections à se tenir sous la IIIe République ivoirienne, après l’adoption d’une nouvelle Constitution en octobre à l’initiative du président Ouattara, réélu un an auparavant pour un deuxième et dernier mandat. Dans ce scrutin à tour unique, la coalition présidentielle visait la majorité absolue, même si elle a dû faire face à de nombreuses candidatures dissidentes et à une opposition. Cette dernière, qui avait boycotté les précédentes législatives de 2011, espérait faire son retour au Parlement.
"2017-09-01T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/09/demission-du-premier-ministre-et-du-gouvernement-de-cote-d-ivoire_5059823_3212.html
Ligue des champions : Paris, le clasico dans les têtes ?
Le PSG affronte, mercredi, l'Apoel Nicosie en vue d'une qualification pour les huitièmes de finale de la compétition européenne alors que se profile la réception de l'OM en Ligue 1.
L'entraîneur du Paris-Saint-Germain Laurent Blanc, lors de la conférence de presse précédant le match de Ligue des champions contre l'Apoel Nicosie. AFP/FRANCK FIFE C'est une semaine décisive qui commence pour le Paris-Saint-Germain. A quelques jours du choc du championnat de France contre le leader marseillais dimanche, les Parisiens ont l'occasion de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Son adversaire, l'Apoel Nicosie, paraît inoffensif dans l'antre du Parc des Princes. Pourtant les enjeux pourraient être en défaveur des joueurs de Laurent Blanc. « Nicosie est une équipe qui pose des problèmes à tout le monde, même à Barcelone », s'est défendu l'entraîneur du PSG en conférence de presse, rappelant que le club français avait évité un match piège à l'aller. Peu engageants, les Parisiens s'étaient imposés sur la plus petite des marges (1-0) grâce au décrié Edinson Cavani, qui va poursuivre son intérim à la pointe de l'attaque en l'absence d'Ibrahimovic, toujours touché au talon. Suivez PSG-Apoel Nicosie à partir de 20 h 45 L'équipe de la capitale a beau rester invaincue cette saison – elle vient d'engranger quatre succès consécutifs –, la prestation en première période du PSG face à Lorient (pour une victoire 2-1) lors de la dernière journée de Ligue 1 ne pousse pas à l'optimisme. HUIT BUTS ENCAISSÉS EN QUINZE MATCHS « Elle [l'équipe de l'Apoel Nicosie] va jouer crânement sa chance et on sait ce qu'elle va proposer en défendant beaucoup et très bas, a indiqué Laurent Blanc, rappelant que l'équipe chypriote avait fait de la défense sa priorité, n'encaissant que 8 buts en 15 matchs. Mais c'est aussi une équipe qui se projette très bien et qui se crée des occasions avec peu de ballons. A nous de proposer quelque chose de différent, d'essayer de marquer vite, d'être plus rapides dans les transmissions, de marquer sur coups de pied arrêtés... » Une victoire conjuguée à un match nul du FC Barcelone face à l'Ajax suffirait à envoyer le PSG en huitièmes de finale de la compétition continentale, avant même de se rendre au Camp Nou défier l'armada catalane. Pour cela, Laurent Blanc peut compter sur le retour du défenseur brésilien Thiago Silva, qui a retrouvé les terrains il y a deux semaines lors du premier match face à l'Apoel. « A Nicosie, ç'avait été dur, surtout pour moi après deux mois de blessure, a déclaré le capitaine parisien, blessé à la cuisse le 11 août lors d'un match amical face à Naples. Maintenant on est prêts. On a bien travaillé pour faire des choses différentes de l'aller. » IBRAHIMOVIC ET VERRATTI ABSENTS Le PSG dispose également d'un joker en la personne de Jean-Christophe Bahebeck. L'attaquant, formé au club, a donné la victoire au champion de France lors du dernier match à Lorient, faisant oublier quelque peu Zlatan Ibrahimovic. « Ce qui est bien, c'est que, même sans lui [Ibrahimovic], on prend énormément de points. On peut se permettre de ne pas l'avoir et d'être productifs. Mais qu'il revienne vite quand même », a ajouté Laurent Blanc, qui a avoué ne pas savoir si le Suédois pourrait participer dimanche au match contre Marseille. Lire aussi : Dortmund et le Real en huitièmes de finale Mais, si l'absence d'Ibrahimovic était anticipée, le staff parisien a eu une mauvaise surprise mardi avec le forfait de Marco Verratti, qui souffre de l'adducteur gauche. Un forfait problématique à double titre. Il empêchera d'abord Laurent Blanc d'aligner face à Nicosie son trio majeur du milieu de terrain (Verratti, Thiago Motta et Blaise Matuidi). Javier Pastore pourrait donc être amené à reculer d'un cran vu l'état de forme de Yohan Cabaye, catastrophique à Lorient. Surtout, la blessure du jeune Italien est inquiétante à quelques jours de la venue de Marseille au Parc des Princes. Car Paris devra déjà, ce soir-là, faire sans Thiago Motta, suspendu. Les autres matchs de la soirée : Ajax Amsterdam - Barça Manchester City - CSKA Moscou Bayern Munich - AS Rome Sporting Portugal - Schalke 04 Maribor - Chelsea Chakhtar Donetsk - BATE Borisov Atlético Bilbao - FC Porto
"2014-05-11T00:00:00"
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2014/11/05/ligue-des-champions-paris-joue-sa-qualification-pour-les-huitiemes_4518686_1616938.html
Ces anciens de Goldman Sachs qui se placent dans la haute administration américaine
En dépit de son discours hostile aux élites, Donald Trump a annoncé l’arrivée de cinq anciens « Goldmanites » à des postes-clés.
Le logo Goldman Sachs au sein du New York Stock Exchange, la Bourse de New York. REUTERS S’il est une entreprise qui est sortie gagnante de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, c’est bien la banque d’affaires Goldman Sachs, dont le cours en Bourse s’est amélioré d’un tiers depuis le 8 novembre et a frôlé un record historique. La banque d’affaires a pu présenter mercredi 18 janvier des résultats dopés par l’« effet Trump ». Institution financière réputée, Goldman Sachs a longtemps été le lieu d’où venaient et où atterrissaient les hauts fonctionnaires, suivant la dynamique des revolving doors (« portes tambour », en français, c’est-à-dire le passage du public au privé). Toutes les administrations, de Bush à Obama, en passant par Clinton, ont eu recours aux services des cerveaux de la « pieuvre » et à leur réseau. Donald Trump ne fait pas exception. En dépit de discours hostiles aux élites durant la campagne, il a annoncé peu après son élection l’arrivée de cinq anciens « Goldmanites » : Gary Cohn, numéro deux de la célèbre banque d’affaires, chargé de coordonner la politique économique gouvernementale, Steven Mnuchin à la tête du Trésor, ainsi que Stephen Bannon, Anthony Scaramucci et Dina Powell, qui le conseilleront directement à la Maison-Blanche. Donald Trump a aussi annoncé son intention de nommer l’avocat d’affaires Jay Clayton, qui a conseillé la banque pendant la crise, à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés financiers. L’actuel dirigeant de la banque, Lloyd Blankfein, a lui-même estimé que celui, dont il ne pouvait pas « imaginer » quelques mois plus tôt « qu’il ait le pouvoir nucléaire », était un « gars intelligent » : « M. Trump pourrait se révéler un bien meilleur président que tous les gens qui ont occupé cette place », saluait-il dernièrement. « GS », comme « Government Sachs » Les rapports entre la prestigieuse banque d’affaires et le pouvoir politique échauffent les esprits, au point que de fausses listes d’anciens de Goldman (une bonne partie des noms cités n’ayant aucun rapport avec la banque) fleurissent sur Internet, les listes se prenant pour source les unes les autres et faisant la part belle à des thèses conspirationnistes. Un « système » contre lequel ont fait campagne tout à la fois Donald Trump et le candidat démocrate Bernie Sanders. Next year, four of the 12 presidents at the regional Federal Reserve Banks will be former executives from one firm: Goldman Sachs. — BernieSanders (@Bernie Sanders) Car la banque cultive, presque depuis sa création, en 1869, par l’immigrant allemand Marcus Goldman et son gendre Samuel Sachs, des rapports étroits avec le pouvoir. Nous avons tenté de quantifier la présence des anciens « Goldies » dans le sillage du pouvoir américain : au sein de l’administration directement, mais aussi dans des ambassades, à la Cour suprême, à la banque centrale américaine et parfois même au sein des institutions de régulation (les gendarmes des marchés)… comme Arthur Levitt, chargé d’encadrer les banques dans les années 1990, et revenu chez Goldman Sachs par la suite. Ce fichier est accessible en suivant le lien suivant, en open data. Cette liste ne recense pas les conseillers officieux, communicants et amis généreux ayant œuvré d’un côté ou de l’autre (en faveur d’un président ou de la banque) : Duncan Niederauer ou John Thain, par exemple, à la tête de la Bourse de New York, cultive une proximité avec la Réserve fédérale, mais il n’est pas passé dans le service public. Autre exemple, les membres du groupe de réflexion Hamilton Project, certes financé par Goldman Sachs, sont aussi de bons relais de la banque, mais ils ne sont pas forcément employés par elle. Ce travail quantitatif ne permet pas de visualiser la totalité des liens entre la banque et le pouvoir politique, mais il permet d’en tracer les grandes lignes. Premier enseignement, c’est sous l’administration Bush que la pieuvre a étendu ses ramifications, avec le plus de puissance, en nombre d’employés recrutés mais aussi d’organismes pénétrés. La présidence Bush a vu le plus grand nombre d'anciens de Goldman Sachs nommés dans l'administration publique, principalement au Trésor et à la Maison-Blanche. Les Décodeurs Quand Henry Paulson, ancien directeur de Goldman Sachs, a été appelé à la tête du Trésor par George Bush, dans la tourmente des « subprimes » qui allait entraîner une crise financière mondiale, il a recruté tellement d’anciens collègues que l’institution financière y a gagné un nouveau surnom de la part de ses détracteurs : « GS », comme « Government Sachs ». « Revolving doors » et conjonction d’intérêts Car, quoi qu’on pense de Goldman Sachs, force est de reconnaître qu’elle pousse ses employés à s’impliquer dans la société : « C’est dans son histoire et dans sa culture d’encourager ses associés à prendre des responsabilités de premier plan dans la sphère publique, confiaient ainsi des membres de la banque au New York Times. Peu importe l’argent que vous accumulez, vous n’êtes pas une vraie vedette Goldman tant que vous n’avez pas marqué la sphère politique de votre empreinte. » Un échange d’intérêts bien compris ? L’hypothèse est d’autant plus crédible que la majorité des anciens de Goldman qui sont passés par les hautes sphères du pouvoir américain sont aujourd’hui revenus dans le privé, et en particulier… chez Goldman Sachs. Les anciens de Goldman passés par le public retournent en majorité dans la banque d'affaires. Ils sont aussi nombreux à créer ou rejoindre un fonds d'investissement, ou à être embauchés dans un cabinet de conseil. Les Décodeurs Un intérêt pour la chose publique qui coïncide aussi parfois directement avec les intérêts de la banque, comme quand son principal concurrent, Lehman Brothers, a été abandonné en septembre 2008 par l’Etat… qui avait pourtant renfloué Bear Stearns six mois plus tôt (et qui sauvera l’assureur AIG avec qui Goldman Sachs était en affaires). Certes, il fallait probablement une victime sacrificielle afin de créer un choc et obtenir l’accord des élus du Congrès pour la recapitalisation publique du secteur financier, et ce rôle de victime expiatoire avait peu de risque d’échoir à la banque si bien introduite dans les arcanes du pouvoir. D’autant que les 700 milliards de dollars (671,32 milliards d’euros) du plan de sauvetage (TARP) étaient gérés en grande partie par des anciens de Goldman, recrutés par leur ancien directeur Hank Paulson, à la tête du Trésor au plus fort de la crise. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec Donald Trump, le retour de « Government Sachs » Démocrates et républicains confondus Si certains employés de Goldman ont exprimé des préférences politiques (Gary Cohn, par exemple, est toujours inscrit comme démocrate sur les listes électorales), leur générosité ne dessert pas un camp au profit de l’autre : selon les décomptes de l’association Open Secrets, la banque a été parmi les plus généreuse donatrices pendant les campagnes de Barack Obama et d’Hillary Clinton. Le volume des dons avantage toutefois traditionnellement les républicains… Et les politiques le leur rendent bien : au moment où entre en vigueur une directive signée par Obama pour tenir les lobbyistes « à l’écart » de l’attribution des fonds alloués aux banques par le plan de sauvetage financier, une exception de taille est faite en faveur de Mark Patterson, appelé auprès du secrétaire du Trésor, Timothy Geithner, alors qu’il a été pendant des années l’un des plus importants lobbyistes pour Goldman Sachs à Washington. Autre exemple d’intérêts bien compris : la promotion vers des organismes internationaux, comme la Banque mondiale, dont les Etats-Unis choisissent traditionnellement le président (les Européens héritant du Fonds monétaire international). Son président de 2007 à 2012, Robert Zoellick, est un pur produit de ce système de vases communicants : « Pendant vingt-cinq ans, il a évolué entre le gouvernement et le secteur privé, prenant à chaque fois des postes plus élevés », résume la page qui lui y est consacrée sur le site Internet de l’institution. Entre deux nominations au sein de la banque, M. Zoellick a trouvé le temps de servir les Bush, père et fils, tout en plaçant ses pions dans une dizaine d’instances au rayonnement international : institutions, universités, sommets, clubs… avant de retourner en 2013 chez Goldman Sachs, pour la troisième fois. Un empire qui s’étend à l’Europe Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que « la firme » étend son empire : l’embauche de l’ancien président de la Commission européenne, Manuel Barroso, cet été, comme conseiller de la banque pour la branche londonienne (où il s’occupera notamment de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, après le référendum du « Brexit »), a provoqué un scandale inédit sur le Vieux Continent. Il n’est pourtant pas le seul : avant lui, les Italiens Romano Prodi, les deux Mario (Draghi et Monti), le Grec Lucas Papademos, et jusqu’à la Banque d’Angleterre (Mark Carney)… A la suite du scandale Barroso et des remous provoqués dans l’opinion publique, l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a décidé de durcir le ton et proposé de rallonger la période pendant laquelle les ex-commissaires doivent rendre des comptes sur leur parcours professionnel, une mesure somme toute relativement bénigne. Si la Cour européenne de justice était saisie, des mesures exemplaires pourraient être prises contre M. Barroso, telles que la suspension de ses indemnités de retraite en tant qu’ancien président de la Commission européenne pendant le temps de son emploi chez Goldman Sachs et au-delà, ou la suspension de tous ses titres honorifiques liés aux institutions européennes. Lire aussi Goldman Sachs, enquête sur une société secrète
"2016-12-16T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/16/goldman-sachs-et-la-maison-blanche-une-histoire-d-allers-retours-et-d-interets-bien-compris_5050311_4355770.html
Une Fleur pour Agnès Saal
Le scandale qui a mis en cause l’ex-présidente de l’INA, recasée au ministère de la culture par la ministre, est un exemple parmi d’autres de gaspillage public.
Agnès Saal, le 31 juillet 2014, alors présidente de l'Institut national de l'audiovisuel. DOMINIQUE FAGET / AFP Elle n’a pas de chance, Agnès Saal. Cela fait plus de trente ans qu’elle baigne dans la culture, au service de l’Etat, avec une réputation de femme travailleuse, redoutable, antipathique mais compétente. Et voilà que depuis un mois elle fait l’objet d’une avalanche d’articles et commentaires sur la Toile, tous au bazooka. A se demander si cette femme de 57 ans au physique frêle pourra s’en relever. Vous allez dire, elle l’a cherché. D’abord pour avoir dépensé, en tant que présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), 40 915 euros de taxi en dix mois aux frais de l’Etat, dont 6 700 imputables à son fils, alors qu’elle dispose d’une voiture avec chauffeur et avait promis une gestion « janséniste ». Ensuite, pour avoir été recasée au ministère de la culture comme chargée de mission, provoquant un tollé. Fleur Pellerin a fait une belle bourde en répondant que lui avoir confié un poste moins important est une sanction. Alors qu’elle aurait dû la mettre à pied en attendant le résultat de l’enquête en cours. Martine Aubry a été plus directe : « Que les pourris aillent en taule. » François Hollande a été plus qu’agacé par sa ministre, qui a rétropédalé en évoquant des « suites pénales ». Trop tard. La réaction d’Agnès Saal est typique d’une nouvelle noblesse d’Etat qui perd tout sens des réalités Agnès Saal est une tête bien faite qui, à sa sortie de l’ENA, en 1983 (promotion Solidarité, ça ne s’invente pas), comprend que la culture n’est plus une voie de garage. François Mitterrand est au pouvoir depuis deux ans et Jack Lang a lancé des chantiers flamboyants. Bref, il faut en être. Elle en est. Elle travaille dans la musique, le cinéma, à la Bibliothèque nationale, au Centre Pompidou, dans des cabinets de ministres socialistes. Elle a mis trente-deux ans pour devenir numéro un, et un an pour tomber. Un des hauts cadres de la culture ose cette explication : « Agnès a pensé qu’elle avait beaucoup donné à l’Etat, sans être payée en retour, surtout par rapport aux salaires de collègues du privé. Elle a été gagnée par un sentiment inconscient d’impunité. » Certains relativisent même sa faute – réaction typique d’une nouvelle noblesse d’Etat qui perd tout sens des réalités. La machine culturelle dysfonctionne La réalité est que le moindre écart est perçu comme insupportable dans une période où les Français souffrent. C’est Aquilino Morelle, conseiller du président Hollande, qui fait cirer ses chaussures à l’Elysée. Jérôme Cahuzac, ministre du budget, qui cache de l’argent en Suisse. Le secrétaire d’Etat au tourisme, Thomas Thévenoud, qui ne paie pas ses impôts. Ces exemples n’ont rien à voir sauf qu’ils se rejoignent sur le résultat : une démission rapide. On s’acharne sur des cas pour calmer la frustration de ne pouvoir rien faire sur l’essentiel, le gaspillage public. Un seul exemple. Le Musée des Confluences, à Lyon, qui devait coûter 61 millions, tutoyait les 300 millions lors de son ouverture en 2014. Et c’est la faute à personne. Pas de sanction. On parle aussi beaucoup d’Agnès Saal, et curieusement pas de ceux qui l’ont laissée faire. Ou des dérèglements qui les favorisent. Si elle n’avait pas été dénoncée par un corbeau, elle aurait continué à prendre le taxi comme d’autres le métro. Ceux qui trouvent le caftage indigne pourraient plutôt se demander s’il y avait un autre moyen pour que la vérité éclate. La machine culturelle dysfonctionne pour au moins une raison. Les lieux culturels phares ont été transformés en établissement public – il en existe pas moins de 80, de l’INA au Louvre. C’est un bon statut qui offre plus d’autonomie de gestion et donne des clés pour grandir. Mais qui a pu générer des micro-baronnies un peu partout. Sans que l’on se demande vraiment comment éviter les dérives. Le ministère de la culture ? Il a en grande partie perdu la main. Le conseil d’administration ? Ce n’est pas son rôle d’éplucher les notes de frais et beaucoup de membres sont surtout ravis d’être invités au balcon des créateurs. Reste le contrôleur financier. « Certains sont sous l’emprise du président de l’établissement », confie un cadre culturel. Un régime à deux vitesses s’est imposé à la culture, et sans doute ailleurs Aussi un régime à deux vitesses s’est imposé à la culture, et sans doute ailleurs. La base a le sentiment de devoir remplir un formulaire en trois exemplaires pour acheter un crayon alors que tout en haut les chefs semblent agir en toute impunité. Sans garde-fou. Certains cadres rénovent leurs bureaux à grands frais, changent d’ordinateur comme de chemise, multiplient les déplacements lointains à l’utilité incertaine, pantouflent dans des placards dorés, manient les nominations hors les règles en vigueur. On somme les grands patrons du privé de divulguer leurs salaires, alors qu’il est impossible de connaître celui d’un président d’établissement public. Ajoutons que les gestes autoritaires et les humiliations publiques ne sont pas rares. Il aura fallu attendre quatre ans, et une décision d’Aurélie Filippetti, en 2012, pour qu’Isabelle Lemesle quitte la présidence du Centre des monuments nationaux (CMN) qui gère une centaine de sites prestigieux, alors qu’elle n’avait aucune compétence dans le patrimoine, qu’elle menait la vie dure au personnel et demandait à sa secrétaire de promener son chien. Sentiment anti-énarques Nous avons reçu, et c’est rare, plusieurs mails de fonctionnaires du ministère de la culture qui se disent « révoltés » par la réintégration d’Agnès Saal. On ne parle que de cela en interne. Il est vrai que sa réputation d’« hystérique obsessionnelle » et le fait d’avoir écarté des salariés « sans ménagement » n’encouragent pas à la compassion. Ces mails traduisent aussi un fort sentiment anti-énarques dans la culture, qui va largement au-delà du cas Agnès Saal. Car depuis une bonne dizaine d’années, des paquets de postes à responsabilité ont vu des gens de savoir et spécialistes de la création supplantés par des énarques, jugés plus souples et meilleurs gestionnaires. Bien de l’époque. Lire aussi Ni vu, ni connu
"2015-05-29T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/29/une-fleur-pour-agnes-saal_4643359_3232.html
Douleur chronique : la recherche mise à mal
Quand elle s’installe, la douleur devient une maladie qui modifie la physiologie des nerfs. La stimulation magnétique transcrânienne semble la soulager. Mais son mode d’action reste à élucider.
Séance de stimulation magnétique transcrânienne à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 16 septembre 2014. Stephane Remael / Stephane REMAEL Dans une petite pièce de l’hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), un monsieur dodeline. Il a une barbe poivre et sel, des cernes et un turban bleu autour du crâne. « Faites attention à bien rester dans la zone », insiste l’ingénieure de recherche chargée de l’étude, Frédérique Poindessous-Jazat. Alors l’homme s’applique. Il plisse les yeux et bouge la tête pour positionner correctement son cerveau, dont il voit une représentation tridimensionnelle sur un écran de contrôle. « Parfait », encourage l’infirmière, pendant que Mme Poindessous-Jazat explique : « Voici un stimulateur magnétique transcrânien. Cet appareil est unique en France car il est équipé d’un bras robotisé capable de déplacer une bobine de 8,5 kilos et ainsi d’envoyer des impulsions magnétiques dans des zones très précises du cerveau. » Il est la clé de voûte d’un test inédit visant à évaluer, une fois pour toutes, l’efficacité d’une approche non pharmacologique pour soulager certaines formes de douleurs chroniques. C’est en 1991 que ce champ de recherche s’ouvre, d’abord avec une approche électrique. Le Japonais Tamiji Tsubokawa, de l’école de médecine de Tokyo, propose alors d’implanter des électrodes dans le cerveau pour soulager certains patients atteints de douleurs chroniques et résistant à toute autre forme de traitement. Dans certains cas efficace, cette technique est toutefois très invasive, d’où l’idée d’utiliser plutôt une stimulation magnétique transcrânienne qui « permet de moduler l’activité de certaines régions cérébrales tout en restant à distance, explique Emmanuel Poulet, psychiatre aux Hospices civils de Lyon. On l’utilise d’ailleurs pour soigner la dépression depuis 1993 ». Appareil de stimulation magnétique transcrânienne, à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Stephane Remael / Stephane REMAEL L’effet de cette stimulation magnétique sur la douleur commence, quant à elle, à être étudié au milieu des années 2000. En 2007, au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD) de l’hôpital Ambroise-Paré, les chercheurs testent notamment l’influence d’une stimulation magnétique transcrânienne sur des personnes atteintes de fibromyalgie, une maladie énigmatique, caractérisée par des douleurs diffuses, qui toucherait de 1 % à 2 % de la population française. Ils ont ainsi montré qu’en stimulant, une fois par jour, certaines régions du cerveau – le cortex moteur et le cortex préfrontal –, il était possible de diminuer la douleur ressentie… sans toutefois la faire disparaître. Bémol supplémentaire : 30 % à 40 % des personnes ne répondent pas au traitement.
"2014-09-19T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/09/22/douleur-chronique-la-recherche-mise-a-mal_4492386_1650684.html
"La ""Croissance"" sans fin"
Chronique. La quête de l'abondance a depuis longtemps fait place à une autre, où l'idée même de terme est dépourvue de sens : l'accroissement du PIB, estime le philosophe Jean-Pierre Dupuy.
REUTERS/JOHN KOLESIDIS Rien n'illustre mieux la vacuité du discours politique aujourd'hui, droite et gauche confondues, que l'usage grammatical qui est fait du mot "croissance". Toute croissance est croissance de quelque chose. Sans mention de son objet, le substantif n'a pas de sens, contrairement à des mots comme "république", "amour" ou "liberté". La "croissance" selon les politiques est sans objet. Elle-même est leur objet : ce qui est placé devant eux, qu'ils veulent saisir, parfois avec les dents, mais qui leur échappe insolemment. Je l'appellerai donc Croissance, avec une majuscule. On me dira que je finasse et que l'usage dont je parle repose sur une omission que tout le monde comprend. La Croissance, c'est la croissance du PIB, le produit intérieur brut. Sans doute. Mais combien ont réfléchi au fait que nous ne parlons pas, alors, d'une variable d'état, comme la croissance d'un arbre ou celle d'un enfant, mais d'une variable de flux, comme le débit d'un fleuve ou la vitesse d'un courant d'air. Un enfant qui grandit reste lui-même tout en devenant plus fort. La croissance économique, c'est l'accélération d'un cycle de productions et de consommations (ou plutôt de consumations) toujours recommencé. A tout moment, il ne subsiste rien des époques antérieures, ni le pain que j'ai mangé, ni les kilomètres que j'ai parcourus, ni le travail que j'ai fourni. Tout a été englouti dans le grand métabolisme avec la nature. APRÈS LE BONHEUR ET L'EMPLOI, IL S'AGIT DE REMBOURSER LA DETTE Mais la Croissance, n'est-ce pas aussi celle du capital, et celui-ci n'est-il pas un stock ? Nous sommes en train de détruire la partie de ce stock donnée par la nature, et cette perte est irrémédiable, car rien de ce que nous pouvons fabriquer et accumuler ne la comblera. La Croissance est sans objet et elle est aussi sans fin. Elle n'a pas de terme assignable, voilà pourquoi on la désigne par un pourcentage et non par une grandeur, ce qui suffit à la distinguer radicalement de la croissance d'un enfant. "Imaginez-vous que mon garçon a grandi de 5 % depuis l'an dernier !" Il serait divertissant d'entendre cela, qui supposerait que la taille d'un être humain croît normalement d'autant plus qu'elle est déjà forte, et cela sans limite. La Croissance est aussi sans fin au sens qu'elle n'a pas de finalité. On lui a reconnu des finalités successives, mais dans lesquelles nous avons perdu foi. Ce fut d'abord le bonheur, puis l'emploi. Il s'agit aujourd'hui de rembourser la dette. On s'enfonce dans le dérisoire.
"2013-08-09T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/08/la-croissance-sans-fin_3473098_3234.html
L’affaiblissement de Mahmoud Abbas aiguise les ambitions palestiniennes
Isolé, impopulaire et confronté à une vague de violences venue de la rue, le vieux leader palestinien est de plus en plus contesté par ceux qui briguent sa succession au sein du Fatah.
Un feu déclenché par une grenade lacrymogène lors de heurts entre des manifestants palestiniens et les forces de sécurité israéliennes à Al-Jalazun près de Ramallah, le 15 janvier 2016. ABBAS MOMANI / AFP L’air se raréfie autour de Mahmoud Abbas. Agé de 80 ans, le président de l’Autorité palestinienne (AP) est confronté à une contestation intérieure sans précédent et à de sombres perspectives sur le plan international. En septembre 2015, il avait pour projet de remodeler à sa main l’espace politique. Le vieux dirigeant promettait un renouvellement des cadres, une revitalisation des institutions. Rien n’est venu, à l’image du Conseil national (Parlement), toujours pas réuni. Mais la parole s’est libérée. « On assiste à un pourrissement accéléré », souligne un diplomate occidental. « Abou Mazen [nom de guerre de M. Abbas] s’est affaibli, il ne peut plus mettre en œuvre tout ce qu’il veut, confirme Hani Al-Masri, directeur du centre d’études Masarat. Les divisions au sein du Fatah s’approfondissent, autour de sa succession. » L’AP surveille et réprime toujours les foyers de contestation trop intenses, dans les médias comme dans les universités. Surtout, éviter d’être débordé. Par deux fois, fin décembre, la police a empêché, de façon virile, la tenue de manifestations au nord de Ramallah, en face de la colonie de Beit El, lieu d’affrontements habituel avec les soldats israéliens. « En réponse, la majorité des membres du comité central du Fatah ont boycotté la cérémonie du 1er janvier à la Mouqata’a [siège de la présidence] », souligne Hani Al-Masri. Lire aussi Le Hamas interdit les fêtes du Nouvel An à Gaza Dichotomie de l’Autorité palestinienne La ligne de crête sur laquelle avance Abou Mazen consiste à poursuivre la coopération sécuritaire avec les Israéliens, seule garantie d’un calme relatif en Cisjordanie, tout en dénonçant l’occupation. Selon Majid Faraj, puissant chef du renseignement palestinien, ses services ont empêché 200 attaques contre les Israéliens en quatre mois. Mais cette dichotomie est devenue inadmissible pour la population, en particulier la jeunesse. Face à la vague de violences qui a commencé le 1er octobre 2015, faisant près de 160 morts du côté palestinien (en comptant les agresseurs) et 25 du côté israélien, l’AP a successivement laissé faire, tenté d’épouser la colère populaire, puis de la maîtriser, en veillant à ce qu’elle ne se retourne pas contre elle. L’AP a aussi multiplié les arrestations d’activistes du Hamas. Les Israéliens sont ravis. Pour leur part, ils ont annoncé le démantèlement de trois cellules du mouvement islamiste : deux à Hébron et une à Abou Dis, à Jérusalem-Est, qui aurait planifié des attaques-suicides, avec des explosifs. Selon l’armée, le Hamas souhaiterait une escalade spectaculaire. « Le Hamas veut une résistance violente, explique Adnan Damiri, porte-parole des forces de sécurité palestiniennes. On est là pour les en empêcher dans la zone sous notre contrôle. Mais comment voulez-vous qu’on agisse là où les Israéliens ne nous laissent pas aller, en zone C [qui couvre 60 % de la Cisjordanie] ? »
"2016-01-18T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/01/27/l-affaiblissement-de-mahmoud-abbas-aiguise-les-ambitions-palestiniennes_4854459_3218.html
Bénin : Lionel Zinsou sort indemne du crash de son hélicoptère
L’appareil dans lequel se trouvaient le premier ministre béninois et six autres passagers s’est écrasé samedi sur le stade de Djougou, dans le nord-ouest du Bénin.
Carcasse de l'hélicoptère qui transportait Lionel Zinsou et six autres passagers et s'est écrasé à Djougou, dans le nord-ouest du Bénin, samedi 26 décembre 2016. DR « Mon père est très cartésien. Sur le coup, après le crash, il s’est montré serein. Mais quand il revoit le film, il est très secoué et a des douleurs au dos », raconte Marie-Cécile Zinsou, la fille du premier ministre du Bénin. En fin de journée, samedi 26 décembre, l’appareil transportant Lionel Zinsou s’est écrasé alors qu’il s’apprêtait à atterrir au stade municipal de Djougou, ville carrefour au pied des chaînes montagneuses du nord-ouest du Bénin, à 461 km de Cotonou. Le chef du gouvernement se rendait à la fête traditionnelle de la Gaani, très populaire dans le nord du pays et qui a lieu tous les mois de décembre. Des célébrations « du trône et du souvenir » en mémoire de la fuite du peuple Wassangari devant la violence de fondamentalistes musulmans qui voulaient les convertir de force à l’islam. Le pilote aveuglé par un nuage de poussière Outre le premier ministre, six autres personnes se trouvaient à bord de l’appareil : le commandant de bord et son copilote, tous deux Français, deux gardes du corps, un mécanicien et un aide de camp. Tous ont eu la vie sauve et on ne dénombre que deux blessés. Quatre ministres membres du gouvernement attendaient sur la piste d’atterrissage. L’hélicoptère a pivoté sur lui-même à 5 mètres du sol avant de s’écraser. Les causes de l’accident ne sont pas encore connues et une enquête a été ouverte. Selon une source proche du premier ministre, le rotor anticouple de l’appareil aurait percuté un muret au moment d’atterrir. L’équipage n’aurait pas été prévenu des travaux qui étaient en cours au stade. Un nuage de poussière aurait brouillé la vue au pilote. Le choc a été violent, mais les passagers ont eu de la chance. Selon une source diplomatique citée par RFI, leurs ceintures de sécurité étaient bouclées et le réservoir de carburant n’a pas explosé. Le miracle des ancêtres A peine sorti de la carcasse de l’hélicoptère, Lionel Zinsou est allé célébrer la Gaani en présence du roi local, Kpétoni Koda VI, salué par les tirs de fusils artisanaux et des ovations. Le premier ministre a rendu grâce à Dieu et salué les mânes des ancêtres pour le miracle qui lui a permis de survivre au crash de son hélicoptère. Le ministre d’Etat chargé de l’enseignement secondaire et président du comité d’organisation de la Gaani de Djougou, Alassane Djimba, a salué le premier ministre et a estimé que ce dernier avait fait preuve de bravoure. Lionel Zinsou est rentré à Cotonou le jour même, par voie terrestre. Il a été désigné, le 27 novembre, candidat unique des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti au pouvoir, pour l’élection présidentielle, dont le premier tour se déroulera le 28 février 2016.
"2015-12-28T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/28/benin-lionel-zinsou-sort-indemne-du-crash-de-son-helicoptere_4838760_3212.html
CNC : l'amendement qui effraie le cinéma français
La récupération par l'Etat des taxes affectées à la culture met en cause tout le système de financement du secteur.
Stupeur et consternation ont saisi, vendredi 21 octobre, les 600 invités des 21es Rencontres cinématographiques de l'ARP, la société civile des Auteurs, réalisateurs et producteurs, qui se tenaient à Dijon, en Côte-d'Or. Toute la famille du cinéma français, voire européen, réunie pour deux jours, ne s'attendait pas à pareil coup. Les membres des institutions publiques, comme Eric Garandeau, président du Centre national du cinéma (CNC), non plus. Avec au programme des débats sur une meilleure exposition du cinéma européen, animé par la réalisatrice Tony Marshall, ou sur les bouleversements du paysage audiovisuel et ses conséquences immédiates pour le cinéma, avec la présence de tous les pontes de la télévision - Nonce Paolini (TF1), Nicolas de Tavernost (M6), Rémy Pfimlin (France Télévisions) et Rodolphe Belmer (Canal+) -, le programme était déjà plus que chargé. Mais l'actualité s'est malicieusement invitée au rendez-vous. Deux amendements, l'un voté jeudi soir, l'autre, vendredi midi, à l'Assemblée nationale ont largement contribué à animer le débat. Le premier amendement qui sanctuarise à 705 millions d'euros le budget du CNC était jugé, vendredi, très positif par M. Garandeau. Pour la première fois, l'assiette sur laquelle reposent les recettes du CNC était même élargie. Le second amendement, en revanche, a jeté le trouble parmi les professionnels. En raison de la crise économique et de la menace qui plane sur la France de perdre sa notation triple A, le gouvernement a en effet décidé de fixer des plafonds pour toutes les taxes affectées, et de récupérer les surplus pour les réorienter vers le budget de l'Etat. Cette mesure concerne le CNC, mais aussi une trentaine d'autres organismes publics, comme le Centre national du livre (CNL), l'Agence pour la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) ou encore les Voies navigables de France (VNF). La profession s'est immédiatement mobilisée. Pour la première fois depuis la grande époque des débats sur l'exception culturelle, toutes les organisations professionnelles - ARP (Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs), BLIC (Bureau de liaison des industries cinématographiques), BLOC (Bureau de liaison des organisations du cinéma), SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et UPF (Union des producteurs de films), qui regroupent plus de 25 associations et syndicats - condamnent "l'amendement gouvernemental visant à plafonner le niveau de chaque taxe affectée au CNC". "Un tel amendement mettrait à bas le système de soutien mutualiste du cinéma français qui, depuis 1946, a permis de maintenir tout à la fois une industrie cinématographique forte et une création dynamique et diversifiée", soulignent les signataires. "Si un tel amendement était voté, le CNC ne pourrait plus remplir ses missions, qui sont au coeur du financement de la diversité culturelle", poursuivent-ils. C'est pourquoi ils demandent "avec la plus grande fermeté", le retrait de cet amendement. "L'écrêtement, taxe par taxe est particulièrement dangereux", explique Pascal Rogard, directeur général de la SACD, "car il mène tout droit à la fin de l'autonomie budgétaire du CNC." Le CNC est aujourd'hui, financé par quatre taxes (sur les salles de cinéma, sur la vidéo, sur la VoD et sur les éditeurs et distributeurs de télévision). Pour Florence Gastaud, secrétaire général de l'ARP, "Le cinéma est prêt à faire un geste en faveur de la solidarité nationale, mais à condition que cela ne remette pas en cause son système de financement." Dès lundi 24 octobre, une réunion interministérielle est prévue pour allumer des contre-feux. D'ores et déjà, un nouvel amendement devrait être proposé lors de l'examen au Sénat du texte litigieux. Alain Beuve-Méry
"2011-10-22T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/10/22/cnc-l-amendement-qui-effraie-le-cinema-francais_1592384_3476.html
Football : Israéliens et Palestiniens se disputent un joueur
La Fédération internationale de football pourrait être amenée à jouer les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens après qu'un joueur arabe israélien a quitté une équipe palestinienne pour jouer dans un club israélien.
Le 7 octobre, l'équipe nationale palestinienne avait disputé son match de qualification pour la Coupe du monde 2010 à Doha, au Qatar. REUTERS/© Fadi Al-Assaad La Fédération internationale de football (FIFA) pourrait être amenée à jouer les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens après qu'un joueur arabe israélien a quitté une équipe palestinienne pour jouer dans un club israélien. Ce joueur, Ali Khatib, s'est retrouvé au beau milieu d'une polémique lorsque la direction de son club de Jabel Moukkaber, une des meilleures équipes de la Première Division palestinienne, a découvert qu'il s'apprêtait à faire défection pour le club israélien de Hapoël Haïfa et qu'il avait déjà signé un contrat. Selon le club de Jabel Moukkaber, il s'agit d'une rupture de contrat, ce que conteste Hapoël Haïfa. Ce qui, partout ailleurs, se résumerait à un simple conflit d'intérêts local pourrait nécessiter l'intervention de la FIFA dans la mesure où les fédérations israélienne et palestinienne n'entretiennent pas de relations officielles. Le vice-président de Jabel, Moukkaber Mohamed Zouhaika, soutenu par la Fédération palestinienne de football (PFA), a affirmé à l'AFP qu'Ali Khatib devait contractuellement resté dans le club pour quatre saisons supplémentaires. "Il ne peut pas changer de club sans le consentement de son club", a confirmé Ali Jibril, un haut responsable de la PFA. "JE SUIS UN PROFESSIONNEL ET UN JOUEUR LIBRE" De son côté, la Fédération israélienne de football affirme qu'Ali Khatib est enregistré auprès d'elle comme un joueur israélien depuis 2001 et qu'il n'a jamais demandé son transfert dans la Ligue palestinienne. "Les transferts entre fédérations de football doivent avoir lieu avec des documents internationaux officiels supervisés par la FIFA, alors que la Fédération palestinienne n'a jamais demandé de libérer Ali Khatib pour qu'il puisse passer dans une autre fédération", a indiqué le porte-parole de la Fédération israélienne. Ali Khatib, 22 ans, un joueur de milieu de terrain qui a également évolué dans l'équipe nationale palestinienne, se défend d'avoir mal agi. "Je suis un professionnel et un joueur libre, c'est cela ma chance", a-t-il déclaré à l'AFP. "J'ai reçu une offre tentante et il n'y avait rien pour m'empêcher de changer [de club]", a-t-il ajouté. Ali Jibril et Mohammed Zouhaika affirment qu'ils sont prêts à demander l'intervention de la FIFA dans cette affaire. "Nous pourrions devoir à aller auprès de la FIFA pour résoudre le problème et demander des indemnités pour les pertes subies par le club", a souligné Mohammed Zouhaika. Ali Khatib, originaire de la ville arabe israélienne de Shefa'Amr en Galilée, a commencé sa carrière au sein de l'équipe de Hapoël Shefa'Amr, avant d'être transféré à l'Hapoël Haïfa. Ces dernières années, il a évolué dans des clubs palestiniens tels que Jabel Moukkaber et Hilal Al-Quds.
"2012-01-27T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2012/01/27/football-israeliens-et-palestiniens-se-disputent-un-joueur_1635433_3242.html
Roger Federer s’est fait désirer mais a fini par dire oui à Bercy
Le Suisse a entretenu le suspense ce mardi avant d’annoncer sa participation au tournoi parisien. Retour sur un jeu de piste qui en a fait oublier les matchs du jour.
Il est 14 h 50, mardi 30 octobre, Roger Federer arrive sur le court d’entraînement n° 4 du parc de Bercy. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Depuis lundi, dans les travées du Masters 1000 de Paris, organisateurs, journalistes et spectateurs se livraient à un drôle de jeu de piste. Ce n’était pas la chasse au dahu, mais celle au gros gibier suisse. Dimanche, après le 99e titre de sa carrière, chez lui à Bâle, Roger Federer avait laissé entendre qu’il viendrait prendre la température à Bercy ce mardi avec l’idée de s’aligner sur le court central mercredi. « C’est l’idée, mais vous verrez bien si j’arrive à Paris ou pas », avait-il glissé dans un sourire. L’humour helvète, sans doute. Depuis, chacun guettait la confirmation de sa participation ou l’annonce d’un éventuel forfait. Mais les heures passaient et rien ne venait. Pas le moindre communiqué, pas le moindre tweet à se mettre sous la dent pour déceler des signaux positifs. Guy Forget, qui n’avait pas réussi à le convaincre de jouer l’an dernier, était proche de l’apoplexie. Après une sinistre édition (absences de Federer et Djokovic, forfait de Nadal avant les quarts) qui culmina par une improbable finale entre Filip Krajinovic et Jack Sock remportée par ce dernier, la présence de Federer devait sauver à elle seule la cuvée 2018 de la piquette. Et puis tout ce qui devient rare est précieux. Le Suisse snobe la capitale depuis trois ans et sa défaite au troisième tour de Bercy face à John Isner, en 2015. Trois ans que Sa Majesté rechigne à venir saluer ses sujets parisiens. Sur un court de tennis du moins car, pendant qu’on pleurait son absence à Roland-Garros, fin mai, il trinquait – avec modération –, lors d’une soirée parisienne Moët & Chandon. « J’ai l’impression de couvrir le PSG » Pendant qu’on guettait l’apparition du Suisse, plus personne n’avait un œil sur les matchs, obsédé par une seule question : Roger Federer allait-il, oui ou non, faire son apparition ? « Sœur, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Dans la matinée, toujours aucune trace de son arrivée sur le sol français. Depuis la veille au soir, on savait que le vainqueur de l’édition 2011 avait réservé un créneau d’entraînement sur un court annexe, mardi après-midi, et qu’il annoncerait « la décision » dans la foulée. Après le déjeuner, certains font déjà le pied de grue dans le parking du tournoi, d’autres à l’entrée des courts annexes. Le suspense est pire que dans les feux de l'amour #Federer https://t.co/DEYjAzRMvk — vinceaudy (@Vincent Audy) Et puis soudain, une clameur : à 14 h 03, les caméras de Canal+ viennent de filmer son arrivée, puis sa poignée de main avec Guy Forget, le directeur du tournoi, béat comme un enfant devant le sapin de Noël. A 14 h 32, Roger Federer franchit la porte du centre d’entraînement, salue Lucas Pouille, taille le bout de gras, quelques instants, avec son ami Tommy Haas (conseiller de Pouille) puis part s’étirer. A 14 h 48, les journalistes aux abois, dans le hall d’ordinaire désert des courts d’entraînement 3 et 4, lui réservent, malgré eux, une haie d’honneur au moment où il les croise. Chacun a conscience du ridicule de la situation mais, comme fait remarquer un confrère, « Federer n’est pas au-dessus des lois, Federer c’est LA loi ». « J’ai l’impression de couvrir le PSG », soupire une consœur. Assis dans un canapé, Guillaume Rufin, son sparring-partner du jour, a le droit à un regard en coin de l’ex-numéro un mondial, qui semble dire : « eh bien, mon grand, tu n’es pas déjà sur le court à m’attendre ? » Le Français sursaute et rapplique. Devant la nuée de journalistes et de photographes, un dispositif exceptionnel s’improvise : chacun est autorisé à assister à dix minutes de son entraînement, par groupe de quatre. Alexander Zverev, qui sort du court, doit se demander quand lui aussi aura le droit à de tels honneurs. A 15 h 08, Nelson Monfort débarque la bouche en cœur, mais doit patienter comme tout le monde. Six minutes chrono pour l’épier à l’entraînement A 15 h 19, c’est enfin notre tour. Que voit-on ? Un joueur qui répète ses gammes au service, puis en retour de service, bref un entraînement de tennis, le tout en six minutes chrono puisque, à 15 h 25, c’est déjà l’heure de laisser la place aux suivants. Direction la salle de presse, où, à 15 h 50, une annonce retentit : « ROGER FEDERER DANS CINQ MINUTES. » Stupeur et tremblements. Le Suisse en conférence de presse, ce n’est pas très bon signe, pense-t-on, surtout qu’il a écourté son entraînement après une quarantaine de minutes seulement. Quand il se présente devant micros et caméras, le visage fermé, l’assistance retient son souffle. Federer, emmitouflé dans un duffle-coat anthracite à capuche, a tout du joueur qui a déjà un pied à l’aéroport de Roissy. Jusqu’au bout, il aura ménagé le suspense. La première question fuse : « La question que tout le monde se pose “allez-vous jouer demain ?” » Roulement de tambours. Sourire en coin de l’intéressé : « Oui, autrement je ne serais pas assis ici, je serais parti. Je suis heureux d’être ici, j’aime bien jouer ici, ça fait longtemps que je ne suis pas venu. Le corps va bien, le mental aussi. Donc oui, je serai là, je suis excité. » A Bercy, le maître des horloges s’appelle Roger Federer.
"2018-10-30T00:00:00"
tennis
https://www.lemonde.fr/tennis/article/2018/10/30/roger-federer-s-est-fait-desirer-mais-a-fini-par-dire-oui-a-bercy_5376752_1616659.html
Une plate qui se mérite ou une creuse qui s'achète ?
Les faux frères de la gastronomie (1/6). Deux espèces d'huîtres et une seule façon de les manger : natures, en les mâchant.
Huîtres. FRED LEBAIN POUR "LE MONDE" L'huître passe son temps à bâiller. Des années à bâiller, à filtrer des tonnes d'eau au travers de ses cils pour y pomper le phytoplancton. Sauvage au fond de l'océan ou élevée en poches sur les côtes, elle se nourrit et grandit en bâillant. Jusqu'à la dernière goutte. La vie ordinaire du mollusque bivalve hermaphrodite qui parfois peut se terminer dans le pire des supplices : la vinaigrette à l'échalote. Avant toute autre considération, soyons clairs. L'huître se sert à 5-6 degrés sur des cailloux ou des algues, jamais sur de la glace, et se mâche nature, sans citron, vinaigrette ou autre Tabasco. Je répète : elle ne se gobe pas. Elle se mastique, et cette fameuse "eau au parfum iodé" qui émeut tant les papilles chics n'est que de l'eau de mer. "Il faut arrêter avec ces conneries d'arôme iodé. L'iode est un métal et n'a pas de goût. Le goût de l'eau, c'est celui de la mer, et il faut virer cette flotte en les ouvrant." Gérard Allemandou (La Cagouille, Paris 14e, 01-43-22-09-01) est catégorique. Pour le démontrer, il a un jour servi avec des huîtres un petit verre de leur jus en demandant à ses convives non avertis de le boire en accompagnement. Tout le monde a convenu que ce n'était pas bon, le muscadet restant le meilleur garçon d'honneur d'un plateau de creuses comme de plates. Les deux espèces sont élevées en France, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Ostrea edulis, la plate, peuplait depuis le quaternaire toutes les côtes d'Europe du Nord, de l'Atlantique, de la mer Adriatique et de la mer Noire. Elle est la seule variété de souche européenne. Jusqu'à l'affaire du Morlaisien (1868), un navire chargé d'huîtres creuses au Portugal (Crassostrea angulata) à destination du bassin d'Arcachon. Pris dans une tempête, il se réfugia dans la Gironde où sa cargaison, à force d'attendre, se mit à sentir fort. Sur ordre des gabelous, le capitaine Patoizeau dut la jeter dans l'embouchure du fleuve. Toutes les huîtres n'étant pas mortes, elles ont proliféré en dépit de la résistance des ostréiculteurs, éliminant la plate, victime d'une épizootie fatale en 1920. La creuse portugaise, un temps maîtresse des parcs, subira le même sort dans les années 1960, décimée par la maladie des branchies et cédant la place à une creuse venue du Pacifique, dite "huître japonaise" (Crassostrea gigas). Elle règne désormais sur nos naissains et la production d'huîtres plates, régulièrement atteintes de parasitose, est devenue quasi confidentielle. DIFFÉRENCE DE STYLE Ces deux-là ne se sont jamais aimées, et si elles poussent dans les mêmes eaux, elles n'appartiennent pas au même monde. La plate a le privilège de l'antériorité et du patrimoine. Elle dispose d'un terroir ancestral, présente un goût particulier et se prévaut d'un nom à particule : huître plate du Bélon. En 2014, elle fêtera ses 150 ans, sur les lieux mêmes où Auguste de Solminihac, pionnier de l'ostréiculture, l'a introduite dans l'estuaire du Bélon, entre Lorient et Concarneau. Dans cet ancien rendez-vous de chasse fortifié où il vivait, son arrière-petit-fils François maintient la tradition envers et contre tout. A commencer par la défense du nom de Bélon, avec un accent aigu je vous prie, et non Belon, comme il se dit dans tous les restaurants de Paris et d'ailleurs, où toute plate s'affuble de ce nom. "Bélon n'est pas une appellation générique pour l'huître plate, s'indigne François de Solminihac, elle doit être réservée à celles élevées et affinées ici." Sa requête est légitime, d'autant que la famille est propriétaire des terres et rivages alentour et que les huîtres d'ici ont un goût à nul autre pareil. Il est dû au brassage de l'eau douce de rivière avec l'eau de mer, qui, à chaque marée, provoque une salinité idéale pour la culture de l'huître (15 gr/litre au lieu de 35 gr/litre en pleine mer). La plate de Bélon n'a pas ce fameux "arôme iodé", mais des notes de noisette, une plus grande finesse et une charmante évanescence en fin de bouche. Les bélons étaient déjà réputées avant la Révolution française, expédiées en bourriches rondes aux tables royales, chacune ficelée avec du fil de fer, comme les bouchons de champagne, pour ne pas s'ouvrir et garder son eau durant le transport. Talleyrand les appréciait et Curnonsky, prince des gastronomes, réfugié à Riec-sur-Bélon durant la dernière guerre, ne jurait que par elles. Avec de telles lettres de noblesse, la plate de Bélon appartient à l'aristocratie huîtrière et ne fréquente guère les creuses, considérées comme "populaires" et de qualité inférieure à l'origine. Il a fallu tout le talent des ostréiculteurs pour hisser ces "roturières" à un niveau gustatif comparable. Elles se distinguent d'ailleurs dès la naissance. Bien qu'elles soient toutes deux transsexuelles, l'huître creuse est ovipare et la plate vivipare. La creuse femelle propulse ses œufs dans l'eau, où le mâle répand sa laitance et où s'effectue la fécondation. La plate mâle lâche également sa laitance dans l'eau, mais, contrairement à la creuse, la femelle conserve ses œufs dans sa poche filtrante, où elle récupère la laitance pour les féconder à l'intérieur de la coquille, avant de les pondre. L'une fait ça en public, l'autre dans l'intimité. On sent tout de suite la différence de style. MOIS EN "R" La creuse a un côté "Nanard", forte en gueule, tel Tapie débarquant en fanfare dans la rade, raflant tout sur son passage. Portugaise ou japonaise, claire, fine de claire, spéciale claire ou pousse en claire ; Marennes-Oléron, Arcachon, étang de Thau, baie de Cancale ou Utah Beach, la creuse a posé ses naissains partout et sous toutes les formes. Crassostrea gigas est omniprésente sur le littoral. A elle, l'essentiel des 130 000 tonnes que la France produisait, bon an mal an, jusqu'à l'arrivée de l'herpès (virus OsHV1 µvar), qui, depuis 2008, dévaste les parcs, entraînant une baisse de 30 % des volumes et une hausse des prix équivalente. Face à une surmortalité qui peut toucher 80 % du stock, la colère gronde dans les parcs, où l'on dénonce pêle-mêle les capteurs de naissains et les écloseries artificielles, les effets du réchauffement climatique et l'impuissance de l'Ifremer. L'arbitrage sur les responsabilités s'annonce difficile et les rumeurs de complot courent comme chez Adidas. La creuse aussi marche à la marque : la Gillardeau, la Cadoret, la Prat-Ar-Coum, la David Hervé et quelques autres. C'est une huître "moderne", familière du marketing et de la recherche. A la demande des ostréiculteurs de Marennes-Oléron, l'Ifremer a réussi un coup de génie, en créant l'huître "des quatre saisons". Elle peut être servie toute l'année, sans cette laitance, parfois désagréable, en dehors des fameux mois en "r". Peu de consommateurs sont avertis que ces creuses dégustées sur les plateaux de l'été – "qui ne sont pas grasses" comme il se dit à tort pour désigner la laitance – sont en fait des triploïdes, rendues stériles en ajoutant un lot de chromosomes à l'huître normale, qui est diploïde. Vive la science et le marché ! François de Solminihac observe toute cette agitation avec méfiance et s'efforce d'en préserver l'estuaire du Bélon. Dans ce cadre magnifique, ses plates ne sont ni stériles ni touchées par l'herpès et ne sont vendues qu'aux particuliers. La plate se mérite. Les creuses s'achètent. Prochain article : L'andouille
"2013-12-08T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2013/08/12/une-plate-qui-se-merite-ou-une-creuse-qui-s-achete_3460170_4497319.html
Ligue 1 : l'Olympique lyonnais joue en terrain miné
A la peine en championnat, l'OL espère un futur sous des auspices plus cléments en attendant l'ouverture du grand stade, en 2016.
Rémi Garde et Bafétimbi Gomis (de dos, avec le maillot floqué) lors de Lyon-Bordeaux le 20 octobre. AFP/PHILIPPE MERLE Le virage nord du stade de Gerland gronde, les doigts se tendent au-devant des joueurs lyonnais, qui ne se risquent guère à trop se rapprocher des Bad Gones, leurs supporteurs les plus fervents, après un quatrième match d'affilée sans victoire en Ligue 1, dimanche 20 octobre, face à Bordeaux (1-1). L'égalisation in extremis de Jimmy Briand n'efface, en effet, pas une nouvelle prestation d'une pauvreté alarmante marquée par un climat de tension qui ne sied pas aux jeunes pousses du centre de formation rhodanien. Seul le jeune gardien, Anthony Lopes, 23 ans, parvient à apaiser la foule en osant parlementer quelques secondes avec le responsable des ultras locaux. Avec ce point arraché, l'OL sauve les apparences en s'épargnant une infamante quinzième place pour occuper sans gloire la onzième place avec onze points. Alors que le chantier du grand stade, tant désiré par le président Jean-Michel Aulas, a enfin débuté cet été, le club septuple champion de France (2002 à 2008) est entré en 2011 dans une nouvelle ère pour financer cet investissement colossal : 405 millions d'euros. En déficit depuis quatre saisons (20 millions d'euros en 2012-2013), Lyon, demi-finaliste européen en 2010, n'en finit plus de dégraisser son effectif, se séparant de ses meilleurs joueurs. "Nous sommes au creux d'une transition. L'horizon 2015 nous permettra de bénéficier d'un stade entièrement privé, ce qui représente la bonne solution, l'unique d'ailleurs envisageable", confiait jeudi au Monde l'entraîneur Rémi Garde, une nouvelle fois soumis à rude épreuve lors de cette 10e journée. "LE PRÉSIDENT S'EST RAREMENT TROMPÉ DEPUIS 1987" Plus que jamais à la barre, sous le flot des critiques qui soulignent la tempête traversée par son club, absent pour la deuxième saison d'affilée de la lucrative Ligue des champions, Jean-Michel Aulas refuse de s'alarmer. "Cette saison et la prochaine seront les plus dures. On fera le dos rond. Je n'ai aucun doute. On est sur l'autoroute. Pour l'instant, on est au péage car on a payé le stade", confie-t-il dans un entretien accordé à France Football. Censé permettre à l'OL de rivaliser avec le PSG et Monaco, heureux dépositaire de l'argent qatari et russe, le futur stade des Lumières (58 000 places) devra faire le plein afin d'engranger des bénéfices. Or, depuis quelques années, la fréquentation de l'actuelle enceinte est en baisse, passée d'environ 38 000 spectateurs en moyenne à l'apogée sportive de l'OL à 30 000 cette saison. Joueur le plus ancien de l'effectif (depuis 2002), le gardien Rémy Vercoutre, en phase de reprise après une grave blessure en avril, fait pourtant front derrière son emblématique président. "Nous vivons un moment charnière. Nous devons entrer dans le nouveau stade de la meilleure des manières possibles. Le président s'est rarement trompé depuis 1987. Personne ne doute du projet aujourd'hui", explique-t-il. Observateur privilégié du changement opéré par l'OL, ce Lyonnais de cœur l'évoque sans détour : "En 2002, il n'y avait pas autant d'attentes. On voulait grandir et on en avait les moyens. Tous ces titres successifs ont donné un autre statut au club. Aujourd'hui, on impose une exigence de résultats avec des joueurs qui ont besoin d'un palier à franchir." UN RAJEUNISSEMENT À MARCHE FORCÉE Volontariste, il ne cache, en effet, pas les difficultés de cohabitation entre la vieille et la jeune garde : "Il faut s'accrocher et repartir de l'avant. Je le dis avec de la bouteille, mais je ne sais pas si les jeunes en ont conscience. L'amalgame entre eux et les anciens ne s'est pas encore fait." Un rajeunissement à marché forcée – et encore, les internationaux Gomis et Briand ont gagné leur bras de fer pour rester lors du dernier mercato – qui est aggravé par les nombreuses blessures et suspensions. "Ce n'est pas un équilibre naturel dans un vestiaire d'avoir trop de jeunes. On va un peu trop vite mais ce n'est pas un choix délibéré. Rien ne nous épargne, depuis le début", analyse, fataliste, Rémi Garde. Pis, ces résultats sportifs en baisse et des transferts onéreux peu convaincants, dont l'international Yoann Gourcuff, abonné à l'infirmerie depuis son arrivée en 2010 pour la somme d'environ 22 millions d'euros et un salaire royal de près de 400 000 euros mensuel, offrent un instantané loin d'être idyllique. Et la menace d'une absence de Coupe d'Europe l'an prochain, une première depuis dix-neuf ans, assombrit ce tableau. "Cela serait un coup d'arrêt. Ce n'est pas vraiment prévu par le club, mais on ne peut pas vivre avec des peurs", confie l'entraîneur lyonnais. Visionnaire lorsqu'il a récupéré l'OL en deuxième division, Jean-Michel Aulas mène avec sa foi habituelle un combat qu'il espère remporter en même temps qu'il s'attelle à l'instauration du fair-play financier voulu par Michel Platini, le président de l'UEFA. En attendant, ses troupes lui accordent une confiance aveugle, à l'image de Rémy Vercoutre, qui le suit "les yeux fermés". "Avec un centre de formation de qualité et un stade à venir, l'avenir meilleur de l'OL ne fait aucun doute", ose Rémi Garde.
"2013-10-21T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/10/21/ligue-1-l-olympique-lyonnais-joue-en-terrain-mine_3500196_3242.html
Les cadres raffolent des SUV
Spécial « Flottes d’entreprise ». Ces véhicules multifonctions aux allures de 4×4 ont succédé aux monospaces dans les souhaits des utilisateurs de véhicules de flotte.
SUV de la gamme Renault, le Kadjar diesel est en tête des immatriculations par les sociétés sur le marché des « véhicules moyens supérieurs ». Renault Comme les monospaces avant eux, les Sport Utility Vehicles (SUV) envahissent peu à peu tous les segments du marché automobile. Avec cette seule différence que la demande pour ce type de modèles aux allures de 4×4 ne se limite pas à la France ou à l’Europe, mais se généralise partout dans le monde. SUV ou crossover, selon qu’il s’agit d’un modèle doté de la transmission intégrale (4×4) ou pas, ces modèles qui semblent associer plusieurs fonctions n’en finissent pas d’envahir le catalogue des constructeurs. Les SUV ont ainsi progressé de 31 % l’an passé en Europe pour atteindre 24 % du marché automobile. Selon le cabinet Jato Dynamics, leur part devrait grimper jusqu’à 50 % d’ici à 2020. L’an passé en France, leurs ventes ont également enregistré une hausse de 19 %, au point de représenter une vente sur quatre. Voiture mondiale « C’est la voiture mondiale que tous les constructeurs recherchent », avance-t-on chez Audi. Mais les SUV ne se contentent pas de séduire l’ensemble des continents, ils envahissent également toutes les catégories de modèles. Depuis les citadines jusqu’aux marques de luxe. Chez Jaguar, qui commercialise depuis quelques mois le F-Pace, le lancement de ce premier SUV de la marque est d’ores et déjà un succès. Comme l’explique Marc Luini, directeur général de Jaguar-Land Rover, « le F-Pace va, en effet, représenter 2 000 ventes annuelles supplémentaires et permettre à Jaguar de doubler son volume d’immatriculations en France. Surtout, cela démontre qu’une marque de luxe et sportive peut aussi proposer avec succès des modèles de SUV à sa clientèle ». Chez Audi, nul étonnement face à l’engouement des automobilistes pour ces SUV. A l’heure de son renouvellement, l’Audi Q5 a été commercialisé à plus de 1,5 million d’exemplaires, dont 43 500 en France. « Ce modèle est un véritable cas d’école, fait observer Luc Deslauriers, responsable du département ventes aux entreprises d’Audi. Depuis son lancement, en 2009, ses ventes en France ont toujours été en constante progression. » Selon lui, les SUV sont en passe de succéder aux monospaces sur le marché, « mais avec un style plus élégant et plus dynamique ». Comme les monospaces avant eux, les SUV plaisent. « Leur position de conduite haute et la polyvalence qu’ils offrent quelles que soient les circonstances expliquent l’intérêt porté à ces modèles, explique Marc Luini. D’autant qu’ils sont équipés de moteurs aux performances environnementales acceptables désormais. » Mais surtout, relève le patron des marques ­Jaguar et Land Rover :
"2016-10-19T00:00:00"
flottes-d-entreprise
https://www.lemonde.fr/flottes-d-entreprise/article/2016/10/19/les-cadres-raffolent-des-suv_5016440_1779527.html
Thaïlande : la semaine débute par de nouvelles manifestations
La première ministre, dont les manifestants exigent le départ, a rejeté leurs exigences. Les manifestations se poursuivent dans le centre-ville de Bangkok.
La police a eu recours, comme la veille, à des tirs de gaz pour défendre le siège du gouvernement, sous haute protection, entouré de blocs de béton et de rouleaux de fil barbelé. AP/Vincent Thian De nouvelles échauffourées ont eu lieu, lundi 2 décembre au matin à Bangkok, entre forces de l'ordre et les milliers de manifestants d'opposition qui veulent le départ du gouvernement de la première ministre Yingluck Shinawatra. Cette dernière a officiellement rejeté les exigences des manifestants, qui veulent remplacer son gouvernement par un « conseil du peuple », lors de sa première allocution télévisée depuis samedi. « Je suis prête à tout faire pour que le peuple soit heureux. Mais en tant que premier ministre, ce que je fais doit être en adéquation avec la Constitution ». La police a eu recours à des tirs de gaz lacrymogènes pour défendre le siège du gouvernement, sous haute protection, entouré de blocs de béton et de rouleaux de fil barbelé. Les manifestants jetaient, quant à eux, des projectiles sur les policiers Ils ont également utilisé un camion de ramassage des ordures et détourné un véhicule de police pour tenter de percer les barricades. Des échauffourées ont également eu lieu devant le siège de la police métropolitaine, où de nombreux gaz lacrymogènes ont été tirés. La plupart des universités de Bangkok, de nombreuses institutions et le siège régional des Nations unies ont été fermés pour des raisons de sécurité. L'ambassade de France a recommandé à ses ressortissants de ne pas sortir dans les rues. Lire notre reportage (édition abonnés) : Les protestataires thaïlandais fixent un ultimatum à la première ministre « J'AI DIT À YINGLUCK QUE CE SERAIT NOTRE SEULE RENCONTRE... » Au cœur de la colère des manifestants, alliance hétéroclite de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate, le principal parti d'opposition, et de groupuscules ultra-royalistes : une haine profonde du frère de la première ministre Yingluck Shinawatra, le milliardaire Thaksin Shinawatra. Yingluck Shinawatra a rencontré dimanche soir le meneur des manifestations, Suthep Thaugsuban. Ce dernier, âgé de 64 ans, a assuré qu'il ne s'agissait pas de négociations pour mettre fin à la crise politique actuelle, la plus sérieuse depuis celle de 2010. Devant ses partisans, il a lancé : « J'ai dit à Yingluck que si les policiers posaient les armes, nous nous en féliciterions, car ce sont aussi des Thaïs. J'ai dit à Yingluck que ce serait notre seule rencontre et que nous ne nous reverrions pas tant que le peuple ne l'aurait pas emporté. » L'entrevue, a précisé celui qui fut vice-premier ministre dans le précédent gouvernement, a été arrangée par l'armée, puissante institution qui a publiquement pris parti contre les gouvernements alliés à Thaksin lors des précédentes crises politiques, mais qui se dit neutre dans la crise actuelle. « L'armée s'est placée en position de neutralité et elle souhaite une solution pacifique », a assuré Yingluck Shinawatra en promettant d'ouvrir pour sa part « toutes les portes » à la négociation. Suthep Thaugsuban a fixé à mardi la date butoir pour que Yingluck, qui est, à 46 ans, la première femme à diriger un gouvernement thaïlandais, renonce au pouvoir. Il a également réitéré son appel à la grève dans la fonction publique, lundi. Les manifestants – qui étaient dimanche, selon la police, 70 000 à travers Bangkok contre près de 180 000 il y a une semaine – accusent Thaksin, renversé de son poste de premier ministre par un coup d'Etat en 2006, d'être toujours le véritable décisionnaire de la politique du gouvernement depuis son exil à Dubaï. Voir aussi La Thaïlande de nouveau coupée en deux Lire le décryptage A Bangkok, le face-à-face de deux Thaïlande
"2013-02-12T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/12/02/nouvelles-echauffourees-en-thailande_3523492_3216.html
Un faisceau de risques multiformes
Les dangers engendrés par l'algo-trading sont multiples : risque d'erreurs accentué, développement de pratiques inéquitables, faible utilité "sociale".
Les risques engendrés par l'algotrading sont multiples. D'abord le risque d'erreurs lors des opérations est accentué lorsque l'accès des clients aux opérations se fait via les machines, sans que cet accès soit filtré. Selon Robert L. D. Colby, ancien vice-directeur de la division trading et marchés de la Securities and Exchange Commission (la SEC, le gendarme de la Bourse américaine), en deux minutes, des centaines de milliers d'ordres valant des milliards de dollars peuvent être donnés. L'accroissement de la vitesse des opérations sans contrôle peut donc générer des pertes considérables. L'indice Dow Jones Industrial Average avait ainsi chuté de 100 points en 2002 quand un courtier de la banque Bear Stearns avait entré par inadvertance un ordre de vente de 4 milliards de dollars au lieu de 4 millions. Vu la vitesse des opérations, plus de 600 millions de dollars d'actions avaient été échangés avant que l'erreur ne soit détectée. En 2003, une société de trading américaine était devenue insolvable en seize secondes quand un de ses employés s'était trompé dans une opération, rapporte la Fed de Chicago dans un document récent (lire l'entretien avec Thierry Foucault, professeur à HEC). L'algo-trading pose également le problème d'un accès équitable au marché. Cette technique avantage les intervenants de grande envergure qui peuvent négocier numériquement de larges volumes de titres, presque à la vitesse de la lumière. Ce qui pose la question de la formation des prix sur le marché : celle-ci est-elle sincère, dénuée d'intérêt ? Ou au contraire, est-elle biaisée ? Si tel est le cas, on s'écarterait d'un fonctionnement efficient des marchés financiers (lire l'entretien avec Bénédicte Doumayrou et Arnaud Oseredczuk). QUELLE UTILITÉ SOCIALE ? Sans compter que l'algo-trading a permis le développement de pratiques inéquitables. A l'été 2009, une forme particulière de trading à haute fréquence a retenu l'attention : les flash orders. Par cette pratique, les Bourses autorisent certains clients, contre commission, à regarder brièvement les ordres avant qu'ils ne soient placés et orientés vers des plates-formes rivales. Les flash orders, très critiqués par les autorités de régulation boursière, sont accusés de fausser les fondements du marché libre. Deux opérateurs américains, Nasdaq OMX et Bats, ont d'ailleurs décidé de les abandonner.
"2010-06-18T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/18/un-faisceau-de-risques-multiformes_1365899_3234.html
Le vignoble français sous l’Occupation : « Une tragédie qu’on a voulu oublier »
Dans son livre « Le vin et la guerre », Christophe Lucand décrit la montée du fascisme rural et les compromissions avec l’ennemi.
Le vin et la guerre. ARMAND COLIN L’histoire du vignoble français sous l’Occupation des Allemands, dans les années 1940, ce n’est pas vraiment l’image sympathique de la bonne sœur des Hospices de Beaune, menant à bride abattue une carriole contenant quelques barriques de bourgogne pour échapper aux soldats allemands, immortalisée par le film La Grande Vadrouille, de Gérard Oury. Cette histoire est au contraire « celle d’une tragédie que l’on a pendant longtemps voulu oublier », écrit Christophe Lucand, dans un livre dense et récent, Le Vin et la Guerre. Ce spécialiste de l’histoire des mondes des vins et de la vigne, docteur en histoire, n’hésite pas à parler de « la chute d’un monde qui s’abandonne dans la compromission et les plus grandes lâchetés ». Hauts dignitaires nazis, amateurs de grands vins et de champagnes Cet ouvrage passionnant, fort documenté, permet de découvrir le monde du vin de cette période trouble, marquée par la montée du fascisme rural et du corporatisme vantés par le régime de Pétain. Il raconte dans le détail le pillage systématique des vignobles français (parmi lesquels il faut intégrer une Algérie à l’importante production) par les nazis, qui avaient fort besoin de vin pour les soldats du Reich engagés sur tous les fronts européens, mais aussi pour la population allemande et les hauts dignitaires nazis, amateurs de grands vins et de champagnes. Cette mise en coupe réglée, raconte l’auteur, ne s’est pas faite sans la collaboration active de la grande majorité des viticulteurs et, surtout, des maisons de négoce – en Champagne, Bourgogne et dans le Bordelais, qui sont les trois régions documentées dans ce livre. Ces maisons ont vu un nouveau marché s’ouvrir et des occasions d’enrichissement démesuré. L’auteur mentionne néanmoins l’existence de résistants chez les viticulteurs mais, et on le regrette, ne développe pas ce chapitre. Après la cupidité, la honte Christophe Lucand décrit le jeu entre les commandes dûment estampillées par les autorités allemandes et le fabuleux marché noir entretenu par les Allemands eux-mêmes. De nombreux organismes, comme la Waffen-SS, la Gestapo, les différents corps d’armée stationnés sur le territoire français, se servent en effet directement chez le producteur ou le négociant. Cette histoire douloureuse, honteuse – de nombreux documents, factures, etc., ont disparu quand vint le temps des procès –, est peu connue. L’auteur résume la période comme « le temps où la loi du profit et la cupidité l’emportèrent largement sur le sens patriotique ». « Le Vin et la Guerre », de Christophe Lucand, Armand Colin, 420 pages, 24 euros.
"2017-12-09T00:00:00"
vins
https://www.lemonde.fr/vins/article/2017/09/12/le-vignoble-francais-sous-l-occupation-allemande-une-tragedie-qu-on-a-voulu-oublier_5184491_3527806.html
EDF déclare deux incidents mineurs à Fessenheim
Deux incidents, l'un de niveau 1 et l'autre de niveau 0, ont été déclarés depuis le début de juin à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), a annoncé jeudi EDF.
La fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) est officiellement prévue avant 2017. FREDERICK FLORIN/AFP Deux incidents mineurs ont été déclarés depuis le début de juin à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), a annoncé jeudi 14 juin EDF, qui écarte toute conséquence sur la sûreté des installations ou l'environnement. Le dernier en date, constaté le 5 juin, concernait un réglage inadapté sur une vanne dans le bâtiment du réacteur numéro 2. Cette vanne située sur un circuit de prélèvement d'eau du circuit primaire permet de réaliser des analyses chimiques, précise EDF dans sa lettre hebdomadaire d'information. UNE VANNE MAL FERMÉE DEPUIS FÉVRIER Le mauvais réglage a été immédiatement corrigé, mais l'Autorité de sûreté nucléaire a classé cet incident au niveau 1 de l'échelle INES, qui en compte 7, car "le délai imposé par nos règles d'exploitation pour corriger cet écart avait été dépassé". Selon l'édition en ligne des Dernières Nouvelles d'Alsace, citant un porte-parole de la centrale, la vanne n'avait pas été correctement fermée lors d'opérations de maintenance, en février. L'autre incident évoqué jeudi par EDF était un "écart à [leurs] règles de maintenance", constaté sur des connecteurs de câbles électriques situés en zone nucléaire, et qui a été corrigé. L'incident a été classé au niveau 0 de l'échelle INES. Ces deux anomalies surviennent après un précédent incident de niveau 1, le 28 mai : il s'agissait d'une anomalie sur une partie des outils de régulation du réacteur numéro 2, un nouveau signal d'alarme pour la doyenne des centrales nucléaires en activité, qui est dans le collimateur des écologistes et de nombreux élus, en raison de sa prétendue "vétusté" et de son exposition aux risques de séisme et d'inondation.
"2012-06-14T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/06/14/edf-declare-deux-incidents-mineurs-a-fessenheim_1718920_3244.html
Evaluations au CP : le gouvernement assouplit les consignes
Face à leur scepticisme, le ministère de l’éducation a autorisé les professeurs à prendre des libertés en attendant un « nouveau protocole ».
Des élèves de la classe de CP de Mme Danielle Ruetsch travaillent à l'école Furstenberger de Mulhouse dans laquelle l'effectif est limité à 12 élèves. Mulhouse, le 14 septembre 2017. SEBASTIEN BOZON POUR LE MONDE Pour les enseignants, rien de plus banal que des tests en début d’année pour savoir où en sont leurs élèves. Pourtant, les nouvelles évaluations de CP, que les écoliers doivent passer avant la fin du mois de septembre, soulèvent bien des réticences. « Inutiles », « anxiogènes », « invalides », « incohérentes avec les programmes de maternelle »… Sur le terrain, c’est même par une pluie de critiques – émanant aussi bien des professeurs que des parents, inspecteurs et chercheurs – qu’est accueilli ce dispositif annoncé par Jean-Michel Blanquer à la rentrée. Soucieux de développer une « culture de l’évaluation » à l’école, le ministre de l’éducation voulait donner aux maîtres des outils leur permettant d’avoir « une photographie des forces et faiblesses de chaque enfant » et d’apporter ainsi des réponses adaptées. Mais, face au scepticisme ambiant, la Rue de Grenelle a dû atténuer la portée de ces tests. Dans une lettre adressée aux professeurs le 18 septembre, la direction générale de l’enseignement scolaire prend soin de préciser que ceux-ci ne sont qu’une « première étape » en attendant un « nouveau protocole » dans un an. Alors que les exercices ne sont ni « exhaustifs » ni « soumis à une phase de test qui leur conférerait un statut scientifique », les enseignants ont la possibilité de n’en faire passer qu’une partie s’ils les jugent « trop longs » ou « difficiles ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Classes de CP dédoublées : « Avec 12 élèves, tu n’as pas à te plaindre ! » Les exercices en question – publiés sur le site du ministère – sont centrés sur le français et les mathématiques. Le premier livret en comporte treize, évaluant la capacité des élèves à écrire des lettres dictées par l’enseignant, à distinguer des syllabes et à lire des mots fréquents comme « papa » ou « mardi ». Le second, en maths, compte neuf exercices portant sur des quantités, des marqueurs spatiaux… Rien de vraiment nouveau, puisque beaucoup de ces exercices existaient déjà dans des banques d’épreuves académiques mises à la disposition des enseignants. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas attendu la rentrée 2017 pour évaluer leurs élèves en début d’année. La pratique est courante. Mais alors, pourquoi un tel rejet ? Une source de stress Premier doute exprimé, sur le format « papier/crayon » de ces évaluations, pour des enfants de 5 ou 6 ans qui ne savent encore ni lire ni écrire. « Cela dénote avec ce qu’ils rencontrent en maternelle, où ils manipulent des supports adaptés comme des images ou des jeux, rapporte, sous couvert d’anonymat, Alice, enseignante dans l’Yonne. En leur soumettant des pages d’exercices dans lesquels ils doivent se repérer et appliquer des consignes, on les met un peu dans une situation d’examen. Le risque est de les effrayer à un moment où on cherche, au contraire, à les mettre en confiance », estime-t-elle.
"2017-09-26T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2017/09/26/des-evaluations-de-cp-qui-ont-du-mal-a-passer-chez-les-enseignants_5191533_1473685.html
Attentats du 13-Novembre : des accusés à l’intelligence « dans la moyenne »
Les expertises psychiatriques des cinq hommes mis en examen en France révèlent des difficultés sociales, scolaires ou professionnelles.
A Molenbeek, où Salah Abdeslam a été arrêté après une traque de quatre mois, le 19 mars 2016. Peter Dejong / AP Les premières expertises psychiatriques des hommes mis en examen dans l’enquête sur le 13-Novembre ont été versées au dossier judiciaire. Elles concernent à ce stade cinq d’entre eux, en détention provisoire en France. Or, si les résultats de ces expertises étaient prévisibles – tous sont dotés d’une intelligence « moyenne » ou « normale » et ne peuvent prétendre à l’irresponsabilité pénale –, elles révèlent en creux des trajectoires marquées par les difficultés sociales ou scolaires. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attentat du 13-Novembre : deux ans après, les révélations de l’enquête Le cas de Mohamed Amri, 29 ans, l’un des deux hommes ayant ramené Salah Abdeslam en Belgique après les attaques du 13-Novembre à Paris est emblématique. Après une enfance dans la campagne marocaine, il est arrivé en Belgique en 2004, à l’âge de 14 ans, à la faveur d’un regroupement familial. Quatrième d’une fratrie de six ne parlant pas français, il a été placé dans une classe pour primo-arrivants. Mais au Maroc, il n’avait été scolarisé qu’à partir de 6 ans. Il a fini par interrompre ses études à 16 ans, sans diplôme. Aujourd’hui, Mohamed Amri parle toujours avec un léger accent. Longtemps intérimaire, il avait seulement réussi, depuis 2012, à se faire embaucher pour des missions hivernales au Samusocial social, où travaillait déjà son père. « Barman » des frères Abdeslam L’autre « chauffeur » de Salah Abdeslam dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, est le plus jeune des mis en examen. Né en Belgique, âgé de 23 ans, Hamza Attou est lui aussi issu d’une famille nombreuse : cinquième d’une fratrie de six. Son père, âgé de 82 ans, l’a eu sur le tard, après une carrière dans le bâtiment, la restauration et les chemins de fer. Hamza Attou n’a pas plus persévéré dans les études que Mohamed Amri. Il s’est arrêté à 18 ans après avoir triplé une classe et tenté une formation en menuiserie. Jamais stabilisé professionnellement, il était, avant les attentats, le « barman » au noir des frères Abdeslam dans leur café de Molenbeek. Hamza Attou partageait aussi avec son ami Mohamed Amri une sérieuse addiction pour le cannabis : plusieurs grammes par jour. Gros fumeur, il était souvent sous l’emprise de l’alcool : un litre de vodka ou de whisky quotidien, sans compter les bières. Les experts psychiatres le décrivent comme relativement « immature » et « influençable ». Le casier judiciaire des deux hommes était, lui, presque vierge avant le 13-Novembre. Celui de Mohamed Amri ne comportait qu’une seule mention : un vol avec effraction remontant à 2008. Pour Hamza Attou, il ne faisait état que de faits de délinquance routière.
"2017-11-11T00:00:00"
attaques-a-paris
https://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2017/11/11/attentats-du-13-novembre-des-accuses-a-l-intelligence-dans-la-moyenne_5213560_4809495.html
Agresseurs sexuels : « Le “monstre” pour lequel nous n’avons aucune empathie peut évoluer »
Magali Bodon-Bruzel dirige le service de psychiatrie de la prison de Fresnes. Elle témoigne de son expérience auprès des criminels sexuels et de leurs victimes.
La docteure Magali Bodon-Bruzel, psychiatre, est chef du pôle regroupant le service de psychiatrie de la prison de Fresnes et une unité d’hospitalisation spécialement aménagée (UHSA) pour détenus souffrant de troubles mentaux. Elle vient de publier Sex Crimes (Stock, 304 pages, 19 euros), avec le romancier Régis Descott. Une lecture prenante, souvent dérangeante, alors que 206 viols sont commis par jour en France, et qu’un millier d’auteurs de violences sexuelles seulement sont condamnés chaque année. La France a récemment été marquée par ­plusieurs affaires de crimes sexuels. ­Comment parvenez-vous à prendre en charge les auteurs d’actes aussi monstrueux : pédophiles, auteurs d’incestes, violeurs et parfois tueurs en série ? En tant que médecin, je me mets à la disposition de ceux qui ont commis ces actes graves, criminels, inacceptables, pour les accompagner, travailler avec eux, les aider à changer de comportement – si toutefois ils en ont l’envie et le courage, car il s’agit de courage. Tous les violeurs sont des salauds au moment de leur acte, mais certains, ou plus exactement une partie d’eux-mêmes, ne se reconnaissent pas dans ce qui a été commis. Ceux-là cherchent, et quelques-uns se mettent au travail… Vous arrive-t-il d’avoir du dégoût, ou de la ­compassion pour certains de ces criminels ? Je suis médecin psychiatre : mon travail est d’écouter leur souffrance et de la prendre en charge. Les choses sont rarement binaires. Ma compassion peut varier selon les personnes qui sont en face de moi, mais également selon les moments de leur parcours. Je suis aussi une personne humaine : je peux trouver abjects certains agresseurs. Dans une affaire comme celle de Nordahl Lelandais [meurtrier de Maëlys, 9 ans, et d’Arthur Noyer], il paraît compliqué d’avoir de la compassion pour l’agresseur. Mais le « monstre » pour lequel nous n’avons aucune empathie peut évoluer. C’est toute l’ambivalence de la nature humaine. Je peux être touchée par ceux qui ont fait souffrir et qui peuvent aussi souffrir, quand ils ­reconnaissent la gravité de leur acte. Face à ces agresseurs qui ont commis des actes cruels, sans compassion ni respect d’autrui, face à cette violence et à cet égocentrisme qui se sont déployés, nous devons nous situer autrement – et non en miroir. C’est ce qui nous grandit. Ces agresseurs sexuels sont-ils atteints de pathologies mentales ? Avec les délinquants sexuels violents, nous ne sommes pas dans le monde de la maladie mentale – sauf exception rare. Dans plus de neuf cas sur dix, leur discernement au moment des faits est normal. Autrement dit, ils distinguent le bien du mal. En revanche, ils sont souvent ­atteints de troubles de la personnalité : ce sont, par exemple, des personnalités antisociales, voire des psychopathes (mais c’est assez rare), ou encore des personnalités « borderline », avec une impulsivité majeure, une instabilité marquée des émotions, une altération des relations interpersonnelles et de l’image de soi.
"2018-05-29T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/05/29/agresseurs-sexuels-le-monstre-pour-lequel-nous-n-avons-aucune-empathie-peut-evoluer_5306126_1650684.html
Comment Facebook Messenger vous permet de tracer vos amis
Un étudiant américain a créé un programme permettant de suivre à la trace ses contacts sur une carte, grâce aux données de localisation fournies par l’application Messenger.
L'application Marauders Map permet de tracer ses contacts Facebook sur une carte. Aran Khanna/Marauders Map « Marauders Map » : c’est ainsi qu’Aran Khanna, étudiant en informatique à Harvard, a nommé l’extension Chrome qu’il a créée pour tracer les déplacements de ses contacts Facebook. Un hommage à la précieuse « carte du Maraudeur » d’Harry Potter, qui permet au jeune sorcier d’observer en direct la position et les déplacements de tous les occupants de Poudlard. Il n’est pourtant pas question de sorcellerie dans l’outil conçu par Aran Khanna, mais de données informatiques de géolocalisation, mises à disposition par Facebook. Cet étudiant s’est rendu compte que l’application de messagerie Facebook Messenger transmettait, par défaut, les données de géolocalisation de chaque message envoyé. Des informations si précises qu’elles permettent de localiser l’auteur d’un message à un mètre près. « J’ai donc décidé de m’amuser un peu avec ces données », explique l’étudiant dans un billet publié sur la plate-forme Medium mardi 26 mai. Il a ainsi codé une extension pour le navigateur Chrome, capable de collecter ces données de localisation et de les afficher sur une carte. Les informations qu’elles ont permis de révéler sont d’une grande précision. Adresse et emploi du temps L’étudiant raconte ainsi qu’il a été capable de déterminer l’adresse de certains contacts en observant le lieu d’où ils envoyaient leurs messages tard le soir. Mieux : il a pu localiser l’emplacement de la chambre de l’un d’entre eux dans un bâtiment de l’université de Stanford. Et, précise-t-il, il s’agissait d’une personne qu’il ne connaissait « pas bien », un ami de son frère avec qui il participait à une conversation groupée. Car nul besoin d’être « ami » avec une personne pour accéder à ses données de localisation : il suffit de partager un message avec elle, même dans le cadre d’un tchat de groupe. Au bout de plusieurs semaines, il a même réussi à établir l’emploi du temps de cette personne, en observant ses déplacements réguliers. « Avec ça, vous pouvez prévoir exactement dans quel bâtiment il se trouvera à une heure donnée », souligne-t-il. Avant d’expliquer sa démarche : « J’ai décidé de coder cette extension car on nous dit tout le temps que la numérisation croissante de nos vies représente un risque pour nos informations privées, mais pour autant les conséquences ne semblent jamais tangibles. Avec ce programme, vous pouvez voir par vous-même le potentiel invasif des informations que vous partagez. » Il est toutefois possible d’échapper à la surveillance de Facebook Messenger en désactivant la localisation par défaut dans les paramètres de l’application. Victime de son succès Victime de son succès, l’extension, deux jours après sa mise en ligne, ne fonctionne plus, tant elle nécessitait des ressources. Mais Aran Khanna a rendu le code accessible sur la plate-forme de développeurs GitHub, permettant à chacun de le dupliquer ou de s’en inspirer pour imaginer d’autres programmes utilisant ces données. Mais cela ne devrait pas fonctionner longtemps : « Facebook m’a signalé qu’ils sont en train de travailler sur ce problème », indique, dans une mise à jour de son billet, cet étudiant futé... Qui doit entamer un stage chez Facebook le mois prochain. Lire notre comparatif : Skype, Hangouts, Facebook Messenger... Quelle appli pour les appels vidéo ?
"2015-05-28T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/05/28/comment-facebook-messenger-vous-permet-de-tracer-vos-amis_4642421_4408996.html
La France recule à la quatrième place pour l’accueil d’étudiants étrangers
Le nombre d’étudiants en mobilité internationale a progressé de 23 % en cinq ans, selon l’Unesco, mais la progression n’a pas suivi le même rythme en France. En cause, notamment, selon Campus France : la baisse du budget des bourses.
La Cité internationale universitaire de Paris. JON ONGKIEHONG / Cité universitaire internationale La France, jusqu’ici troisième destination mondiale pour les étudiants étrangers, rétrograde à la quatrième place. Derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni, elle est désormais doublée par l’Australie, selon une étude de l’Unesco à partir des chiffres 2014. Des résultats qui inquiètent Campus France, l’organisme chargé de l’accueil et de la promotion des études supérieures dans l’Hexagone : la hausse du nombre d’étudiants n’y a été que de 7,5 %, selon les données du ministère, entre 2009 et 2014, alors que la mobilité étudiante mondiale a progressé de 23 %, selon les chiffres de l’Unesco. Campus France Dans la même période de cinq ans, les Etats-Unis ont réussi à accueillir 27 % d’étudiants étrangers en plus, et le Royaume-Uni 16 %, relate l’organisation internationale. Certes, l’Hexagone a accueilli 299 000 étudiants internationaux en 2014 et 310 000 en 2015, selon les chiffres ministériels, mais c’est peu au regard du nombre d’étudiants en mobilité dans le monde, qui a doublé depuis quinze ans pour atteindre 4,3 millions. Dans les résultats de l’Unesco, la France est pénalisée par un changement de méthodologie : les étudiants étrangers déjà présents dans le pays avant le bac ne sont plus pris en compte, ce qui amène l’organisation internationale à ne considérer que 235 000 étudiants étrangers en 2014. L’Allemagne pâtit aussi de ce changement de méthode, et rétrograde à la sixième place. Il n’empêche, d’autres pays développés font preuve, dans le même temps, d’un grand dynamisme. Notamment le Canada (+ 75 %) qui monte à la septième place ; ou les Pays-Bas (+ 199 %) qui bondissent à la douzième place mondiale. Poussée de la Russie, de la Chine, de l’Arabie saoudite et de la Turquie « En France, déplore Béatrice Khaiat, directrice générale de Campus France, les universités marquent le pas par rapport aux grandes écoles. Cela traduit probablement le fait qu’elles ont déjà du mal à faire face à la croissance des effectifs à l’entrée à l’université. Mais il faut souligner qu’au niveau du doctorat, le nombre de Français diminue en même temps que le nombre de jeunes chercheurs étrangers… » Une véritable rupture dans les effectifs d’étudiants internationaux accueillis en France s’est produite, selon elle, à partir de 2012. Elle découle aussi de l’affirmation de nouveaux acteurs émergents, « des puissances régionales comme la Russie, l’Arabie saoudite, la Turquie ou encore la Chine [+ 80 % sur cinq ans], qui prend sa place de neuvième, récoltant les fruits de la politique qu’elle a planifiée et mise en œuvre ». La Russie s’est ainsi hissée à la cinquième place des pays d’accueil, devant l’Allemagne et le Japon, avec 65 % de croissance en cinq ans, tandis que la Turquie (+ 120 %) passe du vingt-cinquième au dix-septième rang. Et l’Arabie saoudite bat un record de croissance (+ 260 %), bondissant du onzième au vingt-septième rang. Le recul relatif de la France menace son influence, les étudiants étrangers étant réputés devenir des ambassadeurs de la culture et de l’économie françaises à l’international : « Le soft power français est concurrencé par des pays dont on ne partage pas forcément les valeurs, s’inquiète Mme Khaiat. L’Arabie saoudite mais aussi le Canada ou la Chine attirent des étudiants africains qui autrefois venaient en France. Le lien avec l’Afrique que l’on renforce, et que l’on cherche à renforcer, demande une volonté politique – elle est là –, mais aussi des moyens pour les bourses et la promotion. » Une tendance également perceptible dans ce reportage : Lire aussi le reportage : La France ne fait plus rêver les étudiants sénégalais Dans son communiqué, Campus France note que « l’Arabie saoudite fait une entrée en force sur le continent africain, chaque année plus marquée, attirant les étudiant(e) s avec des bourses islamiques : 33 727 étudiants africains accueillis en 2014 contre 2 447 en 2009 ( 16 fois plus !) […]. Sont particulièrement concernés, dans l’ordre : le Nigeria, la Mauritanie, le Mali, l’Erythrée, la Somalie, le Kenya et le Tchad ». La circulaire Guéant, qui avait restreint l’accès des étudiants étrangers sous le précédent quinquennat, avait déjà conduit la France à rétrograder en quatrième position des pays d’accueil d’étudiants derrière l’Australie. Depuis, les formalités administratives et la délivrance des titres de séjour ont été facilitées et simplifiées pour les étudiants étrangers, ce qui lui avait permis de reconquérir provisoirement la troisième position. Mais Béatrice Khaiat déplore la baisse de 17,5 % en quatre ans de l’enveloppe des bourses attribuées par le Quai d’Orsay aux étudiants internationaux, qui est tombée à seulement 68 millions d’euros cette année. Une économie modeste dont les effets commencent à se faire sentir. L’élection de Donald Trump, le « Brexit », la dérive autoritaire du président Erdogan en Turquie font partie des changements politiques et géopolitiques qui pourraient modifier la donne à l’avenir. Mais sans moyens, l’attractivité de la France aura du mal à rebondir.
"2017-12-01T00:00:00"
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/01/12/la-france-recule-a-la-quatrieme-place-pour-l-accueil-des-etudiants-etrangers_5061648_4401467.html
Golf : Bubba Watson remporte son deuxième Masters d'Augusta
L'Américain a revêtu pour la deuxième fois en trois ans le célèbre blazer vert du prestigieux Augusta National Golf Club, après sa victoire dans le Masters 2014.
Bubba Watson revêt pour la deuxième fois de sa carrière la fameuse veste verte qui récompense le vainqueur du tournoi d'Augusta. REUTERS/JIM YOUNG Pour la deuxième fois en trois ans, l'Américain Bubba Watson a revêtu le célèbre blazer vert du prestigieux Augusta National Golf Club, après sa victoire dans le Masters 2014, dimanche 13 avril. Co-leader de la première levée du Grand Chelem de l'année, à égalité avec Jordan Spieth au départ du quatrième tour, Watson a devancé son jeune compatriote de trois longueurs avec une carte de 69 (– 3) pour un total de 280. Spieth, qui aurait pu devenir à 20 ans et 8 mois le plus jeune vainqueur de l'histoire du Masters, a cédé sous la pression avec quatre bogeys et quatre birdies pour une carte de 72 (par). Il a été rejoint à la 2e place par un autre débutant sur le redoutable parcours d'Augusta, le Suédois Jonas Blixt. « J'ai bien mieux commencé ce quatrième tour que je l'espérais, mais à partir du trou no 10, je n'ai pas réussi à faire ce que j'ai fait tout le reste de la semaine. J'ai eu du mal au niveau du putting, a souligné Spieth, devenu en 2013 le plus jeune vainqueur d'un tournoi PGA. Je suis bien sûr déçu, mais c'est une expérience très positive. Je n'ai qu'une hâte, c'est de revenir ici, j'ai faim. » Watson, de son vrai prénom Gerry Lester, a fait la différence sur les neuf premiers trous du quatrième parcours avec quatre birdies. Le 12e joueur mondial a ensuite géré son avance avant d'être accueilli au trou no 18 par son épouse et leur fils adoptif, Caleb. « Je ne me rappelle pas des derniers trous, tout ce que je pensais à faire, c'était d'atteindre le par », a souligné Watson qui, avec deux victoires en six participations à Augusta, a fait aussi bien que le légendaire Arnold Palmer. Le Floridien, au drive dévastateur, revient de loin : après son succès à Augusta en 2012 après un play-off de deux trous, il a mis vingt-deux mois à renouer avec la victoire, en février à Pacific Palisades (Californie). « Cette victoire est très différente de la première, car il m'a fallu beaucoup de travail pour gagner à nouveau », a concédé le gaucher. McILROY TERMINE À LA 8e PLACE Si le Masters 2014 a vu l'éclosion de jeunes talents comme Spieth et Blixt, il a aussi montré que les « quinquas » avaient encore du coffre. L'Espagnol Miguel Angel Jimenez, 50 ans, a terminé à la 4e place, à quatre coups de Watson, son meilleur résultat à Augusta, et l'Allemand Bernhard Langer, 56 ans et double vainqueur du Masters (1985 et 1993), s'est classé 8e. L'ancien no 1 mondial Rory McIlroy a bien fini sa semaine avec une carte de 69 pour finir à la 8e place alors qu'il avait passé vendredi le cut de justesse. Enfin, malgré son absence sur blessure, Tiger Woods est assuré de conserver sa première place au classement mondial. L'Australien Adam Scott aurait pu le dépasser, mais le vainqueur du masters 2013 a fini en 14e position.
"2014-04-14T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2014/04/14/golf-bubba-watson-remporte-son-deuxieme-masters-d-augusta_4400614_3242.html
Quand Marine Le Pen brandit des pièces d'instruction
La présidente du FN s'est appuyée sur des lettres extraites d'un dossier d'instruction pour dénoncer la "corruption" du PS dans le Nord-Pas-de-Calais.
Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse à Lille, mercredi 14 décembre. AFP/FRANCOIS LO PRESTI Elle s'est rendue à l'aube à la criée de Boulogne-sur-Mer, au bout du bout du Pas-de-Calais. Mais l'exercice auquel elle se livre à Lille, ce mercredi 14 décembre à midi, plaît tant à la présidente du Front national que la fatigue ne se lit pas dans ses yeux. Marine Le Pen a posé devant elle deux petits dossiers. Dans la pochette rose, le rapport d'observation définitif, en date de février 2011, de la chambre régionale des comptes sur la société d'économie mixte (SEM) Adevia. Rien de secret. Dans la pochette orange, en revanche, des doubles de lettres de dénonciation que Gérard Dalongeville, ancien maire socialiste d'Hénin-Beaumont, assigné à résidence dans les Vosges après un séjour en prison, a adressées en 2010 à la juge qui l'a mis en examen un an plus tôt pour "corruption". L'AVOCATE BRANDIT LES LETTRES "Ces documents sont arrivées dans notre boîte à lettres il y a une petite semaine ", élude Mme Le Pen. Qu'importe le possible recel de violation du secret de l'instruction ou du secret professionnel, l'avocate brandit les lettres devant objectifs et caméras avant de les faire distribuer à la presse, enrichies de ses propres annotations "à l'encre bleue". Personne n'a jugé bon d'effacer les cotes ni même le tampon qui accuse réception des courriers par le cabinet d'instruction. Pour sa prochaine campagne, le FN du Pas-de-Calais prépare d'ailleurs tracts et "4 pages" avec "ce genre de documents", raconte son équipe, "plus les lettres attestant des classements sans suite de nos plaintes de l'époque"... Aidée par une sage écriture, Marine Le Pen lit ligne à ligne les "révélations" de M. Dalongeville sur "le système de la mafia socialiste du bassin minier". Tout y passe, de l'examen d'un chèque de 215 280 euros émis en 2007 par l'entreprise de BTP nordiste Ramery sur un compte luxembourgeois à l'ordre de Guy Mollet – c'est son nom –, autre mis en examen dans l'affaire Dalongeville, jusqu'à l'organigramme d'Adevia décrypté par l'auteur des lettres en personne. "ORGANISATION TENTACULAIRE" La présidente du FN exhibe tableaux et croquis fléchés de celui qui "s'est mis à table" comme une preuve supplémentaire du système qu'elle dénonce. "Il s'agit d'organisation tentaculaire", répète-t-elle après lui. "Le Nord-Pas-de-Calais, hier terre de labeur et de travail, est devenu terre de corruption, de scandales, d'argent sale, de pots-de-vin, conclut la candidate à l'élection présidentielle, qui martèle : "Les responsables socialistes, locaux ou nationaux, M. Hollande en tête, ne pouvaient pas ne pas savoir." Et de réclamer pour la région "Les responsables socialistes, locaux ou nationaux, M. Hollande en tête, ne pouvaient pas ne pas savoir.", "Les responsables socialistes, locaux ou nationaux, M. Hollande en tête, ne pouvaient pas ne pas savoir.". Tant pis si, pour cela, il faut se servir du repenti Dalongeville : "Les responsables socialistes, locaux ou nationaux, M. Hollande en tête, ne pouvaient pas ne pas savoir." Ariane Chemin
"2011-12-15T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2011/12/15/a-lille-marine-le-pen-reclame-une-operation-mains-propres_1618788_823448.html
"Angela Merkel prépare les Allemands à une année ""difficile"""
Dans ses vœux de fin d'année, dont le texte a été transmis aux médias, la chancelière anticipe un environnement économique dégradé en 2013.
Angela Merkel prépare son allocution annuelle de vœux de fin d'année, dimanche 30 décembre, à la chancellerie à Berlin. REUTERS/POOL Dans son allocution pour la nouvelle année, la chancelière allemande Angela Merkel avertit ses concitoyens que l'environnement économique sera "plus difficile" en 2013 qu'en 2012, appelant à la "patience" et au "courage" . "L'environnement économique ne sera pas plus facile, mais plus difficile l'an prochain. Cela ne doit pas nous décourager, mais au contraire nous stimuler", affirme Mme Merkel, dans son discours qui sera diffusé à la télévision lundi 31, décembre au soir et dont le texte a été transmis aux médias, dimanche soir. Evoquant la crise économique en Europe, la dirigeante de la première économie européenne a appelé à la patience. "Les réformes que nous avons décidées [en Europe] commencent à produire leurs effets. Mais nous avons encore besoin de beaucoup de patience. La crise est encore loin d'être surmontée", a estimé la chancelière, selon le texte diffusé par son service de presse. La dirigeante conservatrice, qui briguera un troisième mandat de chancelière aux élections législatives de septembre 2013, a néanmoins souligné que le chômage était au plus bas en Allemagne et le nombre d'emplois au plus haut depuis la réunification du pays, il y a vingt-deux ans. ÉCONOMIE STAGNANTE EN 2013 Même si l'Allemagne bénéficie d'une conjoncture économique meilleure que la plupart de ses partenaires européens, celle-ci a ralenti tout au long de l'année 2012. Le pays a ainsi enregistré une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 0,2 % au troisième trimestre, après + 0,3 % au deuxième trimestre et + 0,5 % au premier. De nombreux économistes prévoient un recul du PIB au dernier trimestre. Selon la Bundesbank, la première économie européenne fait face à un ralentissement qui pourrait même lui faire connaître une brève récession. La banque centrale allemande prévoit d'ailleurs une quasi-stagnation de l'économie allemande en 2013 avec une progression du PIB de seulement 0,4 %, après + 0,7 % cette année.
"2012-12-31T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2012/12/31/angela-merkel-prepare-les-allemands-a-une-annee-difficile_1811572_3214.html
Décès de Denise René, la galeriste pionnière de l'abstraction
Décédée lundi à l'âge de 99 ans, la galeriste avait révélé Vasarely après-guerre et soutenu de nombreux pionniers de l'abstraction géométrique et du cinétisme du XXe siècle.
Denise René, de son vrai nom Denise Bleibtreu, pose dans sa galerie parisienne le 5 novembre 2003, devant une toile de Jesus-Rafael Soto, "Trame et couleur". AFP/FRANCOIS GUILLOT La galeriste Denise René, de son vrai nom Denise Bleibtreu, décédée lundi 9 juillet à l'âge de 99 ans, avait révélé Vasarely après-guerre et soutenu de nombreux pionniers de l'abstraction géométrique et du cinétisme du XXe siècle. Le Centre Pompidou avait rendu hommage en 2001 à son travail de militante de l'art à travers l'exposition "Denise René, l'intrépide. Une galerie dans l'aventure de l'art abstrait, 1944-1978". Née à Paris en juin 1913, Denise Bleibtreu avait transformé en galerie l'atelier de mode parisien qu'elle dirigeait avec sa sœur, la Société Denise René, sur les conseils d'un jeune artiste, Victor Vasarely, rencontré au café de Flore en décembre 1939 et dont elle lancera la carrière. En 1944, l'exposition inaugurale de la galerie Denise René, rue de la Boétie, lui est consacrée : "Dessins et compositions graphiques de Vasarely". Dans cette galerie française qui deviendra l'une des plus connues au monde, Denise René fait se côtoyer dès les premières années, avec le flair qui la caractérise, des artistes d'avant-garde, Arp et Magnelli, Sophie Taeuber et Herbin, Vasarely, Jacobsen, Dewasne ou Mortensen. "Alors qu'elle a été résistante, elle expose aussi en 1945 un Allemand, Max Ernst. C'est un bon indicateur de son esprit, elle aimait ce genre de provocation", soulignait en 2010 le marchand d'art Hans Mayer dans le Journal des Arts. Tenace, ouverte sur le monde et farouchement indépendante, même si certains lui ont reproché l'emprise de Vasarely, elle restera fidèle à l'esthétique de l'abstraction et du cinétisme. Avec constance, en dépit des modes, quitte à négliger d'autres courants artistiques majeurs, comme le minimalisme. ELLE ORGANISA LA PREMIÈRE EXPO DE MONDRIAN EN FRANCE En 1946, elle présente l'exposition "Peintures abstraites", mêlant abstraction géométrique et lyrique. Et c'est en 1951, avec l'exposition "Klar Form" qu'elle se lance définitivement dans l'abstraction froide. Novatrice, elle produit des catalogues et se crée une écurie d'artistes grâce à des contrats d'exclusivité. Avec Vasarely, elle orchestre en 1955 l'exposition "Le Mouvement", qui contribuera à faire connaître l'art cinétique. Deux ans plus tard, elle organise la première exposition de Mondrian en France, alors que les critiques et les musées français boudaient l'artiste néerlandais. "Une galerie, ce n'est pas seulement une conception esthétique, mais une façon de fonctionner. Elle savait faire venir des collectionneurs, être présente là où il fallait être", soulignait récemment Jean-Paul Ameline, conservateur du Musée d'art moderne du Centre Pompidou. Le bâtiment de la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence en mai 2005. AFP/BORIS HORVAT En 1966, elle ouvre une seconde galerie, Denise René-Rive Gauche, boulevard Saint-Germain, puis en 1967 une autre en Allemagne, avec Hans Mayer, et enfin un espace à New York en 1971, fermé dix ans plus tard. Au début des années 1970, Vasarely fonde deux musées, l'un en France, l'autre en Hongrie, et crée son Centre de recherche architectonique à Aix-en-Provence. Le chiffre d'affaires de Denise René en souffre cruellement. Puis c'est la crise. La galerie de la rue de la Boétie croule sous les dettes et ferme en 1977. Mais une nouvelle galerie Denise René est inaugurée dans le Marais en 1991, complémentaire de celle du boulevard Saint-Germain. Ces deux galeries sont toujours en activité de chaque côté de la Seine.
"2012-09-07T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/09/deces-de-denise-rene-la-galeriste-pionniere-de-l-abstraction_1730943_3246.html
Affaire Benalla : les failles de la chaîne de commandement
De la Préfecture de police à l’Elysée, les dysfonctionnements ont jalonné l’affaire Benalla. La justice et la commission d’enquête devront établir les responsabilités
Gérard Collomb auditionné par la commission des lois, le lundi 23 juillet. LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE" Après plusieurs jours de mutisme, le président de la République en a convenu, dimanche 22 juillet, lors d’une réunion auprès de quelques ministres, notamment Edouard Philippe : selon ses mots, l’affaire Benalla révèle « des dysfonctionnements manifestes à l’Elysée ». De là à admettre des défaillances dans la chaîne de commandement qui relaie normalement les divers services et administrations de l’Etat chargés de la sécurité, il n’y a qu’un pas. Au vu des faits actuellement consignés dans ce dossier, les trois institutions qui concentrent les plus importants pouvoirs de police au sein de l’Etat ont commis des ratés en s’affranchissant sciemment des obligations auxquelles la loi les contraint. L’Elysée Moins de vingt-quatre heures se sont écoulées entre le 1er et le 2 mai, avant que les plus hauts responsables de l’Etat ne soient alertés qu’un membre du cabinet de la présidence de la République avait été filmé dans la soirée du 1er mai place de la Contrescarpe à Paris, en train de molester un jeune homme et de brutaliser une jeune femme. L’incident s’est produit aux alentours de 20 heures. Dans la journée du 2 mai, un « collaborateur » du palais de l’Elysée informe Patrick Strzoda, directeur du cabinet du président de la République, qu’Alexandre Benalla, proche d’Emmanuel Macron, chargé de mission à l’Elysée, apparaît dans une vidéo tournée la veille. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Benalla : après des jours de silence, Macron organise la riposte « Je suis avisé par un collaborateur que M. Benalla a été vu sur le terrain en train de participer à des opérations de maintien de l’ordre. J’ai vu les vidéos, je l’ai convoqué le jour même, je lui ai demandé de s’expliquer et je lui ai dit qu’il avait eu un comportement inacceptable », assure M. Strzoda. Les images qui sont présentées au haut fonctionnaire ne laissent guère de doute : M. Benalla s’en prend violemment à un jeune homme. Même s’il est vêtu d’une parka noire et protégé par un casque de CRS, visière baissée, son visage n’en est pas moins reconnaissable. Selon ses propres déclarations au Monde, M. Strzoda informe M. Macron. « J’en ai avisé le président de la République, qui était en Australie, qui m’a dit : “Si les faits sont avérés, il faut prendre des sanctions”. » Le préfet Strzoda suspend alors Benalla de ses fonctions pour deux semaines et modifie le champ de sa mission. L’affaire en reste là pour l’Elysée qui n’engage aucune autre procédure disciplinaire. A en croire le préfet Strzoda, dès son retour à l’Elysée, à la mi-mai, M. Benalla changera de fonction et s’occupera de la préparation des manifestations à l’intérieur du palais. Las. Il n’en est rien. Le week end du 14 juillet, il est photographié par le journal Paris-Normandie aux côtés d’Emmanuel Macron et de son épouse à Giverny (Eure) et on le retrouve le 16 juillet à proximité puis à l’intérieur du car des footballeurs de l’équipe de France à leur retour de Moscou. A cette occasion, il a une sévère altercation avec un officier de gendarmerie chargé de la protection du convoi auquel il rappelle ses fonctions auprès du président de la République.
"2018-07-23T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/07/23/affaire-benalla-les-failles-de-la-chaine-de-commandement_5334892_823448.html
"Procès du ""Carré-d’As"": de la difficulté de juger des actes de piraterie en France"
La cour d'assises d'appel de Melun a confirmé la condamnation de quatre Somaliens accusés d'avoir pris en otage, en 2008, deux Français à bord d'un voilier. Un cinquième a été acquitté.
Le jury a confirmé un acquittement et des peines de quatre à huit ans, prononcés en première instance. AFP/BENOIT PEYRUCQ La justice de la République française, nation démocratique et prospère, paisible Etat de droit, peut-elle juger des faits se déroulant dans un pays lointain, en guerre perpétuelle jusqu'à sa ruine, une terre de misère, sans Etat, sans loi ? Difficilement, à entendre le verdict prononcé vendredi 1er février à Melun par la cour d'assises d'appel qui jugeait six Somaliens accusés de piraterie. Dans le procès du Carré-d'As, un voilier français attaqué en septembre 2008 au large des côtes africaines, le jury a confirmé un acquittement et des peines de quatre à huit ans, prononcés en première instance. Elle a même diminué d'un an la sentence rendue contre l'un des accusés en novembre 2011 à Paris. Ces sanctions étaient pourtant jugées trop clémentes par le parquet qui avait à l'époque réclamé le double de peines et aussitôt fait appel. Il avançait notamment les moyens importants qui avaient été déployés pour délivrer le couple Delanne, Bernadette et Jean-Yves, détenu quinze jours sur le voilier. Un commando militaire était intervenu, avait tué un des pirates. Les autres personnes à bord avaient été ramenées manu militari en France et emprisonnées pendant plus de trois ans. Il fallait aussi justifier ce déploiement. Pénalement malcommode, l'acte de piraterie marine avait été requalifié durant l'instruction en "association de malfaiteurs", "vol en bande organisée" et "séquestration en vue d'obtenir une rançon". Mais, en appel comme en première instance, ces infractions n'ont pas totalement résisté à l'examen des faits et du rôle de chacun. Elles ont encore moins tenu, une fois replacées dans le contexte particulier de la Somalie. Cinq Somaliens étaient finalement présents dans la salle. Le sixième, souffrant de psychose carcérale, incapable de suivre les débats, a été renvoyé dans sa cellule. Il sera rejugé plus tard, si son état s'améliore. Les accusés se sont présentés comme des pêcheurs poussés par la nécessité ou la bonne aubaine. "Nous ne sommes pas dans l'amateurisme, il y a une véritable organisation, avec un bateau, une logique, des armes, des cuisiniers, des gardes", a contredit l'avocat général, Julien Eyraud. Oui, bien sûr. Mais l'un n'empêchait pas l'autre. On parle là d'une industrie prospère, avec ses patrons et ses employés, ses gros bonnets et ses petites mains. Des dizaines de personnes se sont succédé sur le pont du Carré-d'As, certains simplement venus proposer leurs services ou vendre des victuailles. Victimes et pirates ont raconté le rôle de chacun. Il y a ceux qui ont participé à l'abordage, celui qui servait d'interprète, celui qui était gardien, celui qui faisait la tambouille, etc. Tout ça pour 500 à 3 000 dollars.
"2013-02-02T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/02/proces-du-carre-d-as-de-la-difficulte-de-juger-des-actes-de-piraterie-en-france_1826211_3224.html
Histoire d'un livre. Sofi Oksanen appuie là où ça fait mal
Histoire d'un livre. La romancière finlandaise, dont la mère vient d'Estonie, poursuit son travail sur les années noires du petit pays balte avec "Quand les colombes disparurent".
". Antti Aimo-Koivisto/Lehtikuva Si certains livres voient le jour presque par hasard ou par accident, à la faveur d'un événement inattendu, ce n'est pas le cas de Quand les colombes disparurent, livre nécessaire, à l'inspiration "ancienne et multiple" : hybride à l'image de son architecture, de ses voix narratives et de ses différentes intrigues. Ce roman de la double occupation nazie puis soviétique des pays baltes complète, en remontant le temps, la peinture romanesque de l'Estonie commencée par la Finlandaise Sofi Oksanen dans Purge et Les Vaches de Staline (Stock, 2010 et 2011) – avec un certain esprit de suite que reconnaît la romancière finlandaise. "J'ai probablement décidé d'écrire ce livre pendant la rédaction de Purge, avance-t-elle. A un certain moment, j'ai su qu'il me faudrait revenir sur ces années 1940. Après avoir publié plusieurs romans où les femmes dominent la narration, où les intrigues se déroulent dans les coulisses de l'Histoire, j'avais aussi envie d'évoquer le devant de la scène. De confier l'essentiel du récit à des hommes." Elle poursuit avec le sourire de l'évidence : "Car ce sont les hommes qui ont longtemps écrit l'histoire officielle." Cette curiosité pour l'histoire officielle est à l'origine de Quand les colombes disparurent. L'un de ses personnages principaux, Edgar, en est même un rédacteur autorisé – soviétique – dans les années 1960. Informateur au service des Allemands pendant la guerre, historien communiste après, Edgar est toujours du côté des vainqueurs, au contraire de son cousin Roland, qui lutte en vain pour l'Estonie indépendante. Entre les deux parents, une femme : Juudit. Amoureuse d'un officier allemand, elle épousera Edgar. Leurs trois récits alternent, à la première personne (pour Roland) ou à la troisième (pour Juudit et Edgar), passant des années 1940 aux années 1960. RAPPORTS DE POLICE "Les trois personnages se sont imposés pour des raisons différentes, explique Sofi Oksanen. J'avais envie, depuis très longtemps, de jouer avec la figure biblique de Judith, une figure convenue de l'histoire de l'art, mais inhabituellement violente et sauvage. Les deux hommes n'ont rien à voir, ce sont des incarnations détournées de l'Histoire, celle des vaincus et celle des vainqueurs." En dépit d'une narration éclatée, le trio fonctionne. Les trois personnages, denses et indépendants, sont pris dans un mouvement d'une rare cohérence, qui évite toute impression de collage.
"2013-12-06T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2013/06/12/sofi-oksanen-appuie-la-ou-ca-fait-mal_3428843_3260.html
Jean-Luc Mélenchon tend la main à Benoît Hamon
Le député des Bouches-du-Rhône a invité l’ancien socialiste au « dialogue ». Les proches de M. Hamon déclinent.
C’est ce qu’on appelle une main tendue. Dans deux tweets publiés samedi 30 juin après-midi, le leader de La France insoumise a invité Génération.s au dialogue alors que le mouvement de Benoît Hamon tient sa convention à Grenoble, où 1 500 militants sont réunis pour le premier anniversaire de la formation. « Je fais une offre à Benoît Hamon et à son parti : renoncez aux agressions inutiles et parlons tranquillement. Faisons un pacte de non-agression et respect mutuel. » Puis : « Ayons un dialogue ambitieux pour établir bilan et perspectives. Le groupe France insoumise à l’Assemblée est prêt à accueillir le député Régis Juanico. » 1/2 - Je fais une offre à @benoithamon et son parti : renoncez aux agressions inutiles et parlons tranquillement. F… https://t.co/oCqgH3xQ8p — JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon) @benoithamon 2/2 - Ayons un dialogue ambitieux pour établir bilan et perspectives. Le groupe FI à l’Assemblée est p… https://t.co/6Hyxm7GSh1 — JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon) « Sur l’Europe, les différences ne sont pas accessoires » Une offre restée lettre morte. Guillaume Balas, bras droit de M. Hamon, a ainsi estimé devant quelques journalistes qu’il ne s’agit pas « de s’envoyer des noms d’oiseaux. Le sujet est d’indiquer les convergences et divergences. On n’a jamais rechigné à considérer La France insoumise comme partenaire contre les politiques libérales. Mais sur l’Europe, les différences ne sont pas accessoires. » L’eurodéputé ajoute : « Il ne faut pas d’ambiguïté avec la régression nationaliste. Nous n’avons aucune complaisance. » Pascal Cherki, autre proche de M. Hamon, lui, est plus lapidaire : « On ne répond pas au nationalisme de droite par un nationalisme de gauche. » Régis Juanico, député de la Loire, qui a rejoint Génération.s il y a une semaine, décline également la proposition de M. Mélenchon : « Mon souhait est de rester au groupe Nouvelle gauche en tant que membre de Génération.s. Ce vœu a été exaucé mardi puisque le groupe a voté à l’unanimité mon maintien. » Il précise à l’égard des « insoumis » : « Le fait de ne pas être dans le même groupe n’empêche pas le respect mutuel et le dialogue ambitieux ! » Ce regain d’intérêt tombe à pic pour le mouvement empêtré depuis plusieurs semaines dans des négociations tendues avec Europe-Ecologie-Les Verts en vue des élections européennes de mai 2019. Ces sorties ont donc ravi certains cadres hamonistes comme le Basque Mehdi Ouraoui : « Cela prouve que nous sommes au centre de ce qui se passe à gauche », affirme-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi EELV et Génération.s, l’entente impossible
"2018-06-30T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/06/30/jean-luc-melenchon-tend-la-main-a-benoit-hamon_5323769_823448.html
Derichebourg vend son joyau Servisair pour alléger la pression de ses créanciers
L’action du ferrailleur a bondi de 25 % à la Bourse de Paris, lundi 22 juillet, après l’annonce de la cession de ses activités aéroportuaires au leader mondial du secteur, le groupe Swissport, détenu par le fonds PAI Partners.
Les 15 000 salariés de Servisair contrôlent les billets, mettent les bagages dans les soutes, dégivrent les avions, les nettoient aux escales, etc., en particulier dans les aéroports américains et britanniques. AP/Virginia Mayo Daniel Derichebourg peut être satisfait. L'action Derichebourg, petit groupe de services constitué par ce très discret spécialiste de la ferraille, a bondi de 23 %, lundi 22 juillet, alors qu'elle dépérissait depuis des mois. La valeur boursière de l'entreprise est ainsi montée à 500 millions d'euros, regonflant d'autant la fortune de l'homme d'affaires, qui possède la moitié du capital. A l'origine de cette envolée, l'annonce de la prochaine vente de Servisair, l'importante filiale du groupe, spécialisée dans les services aéroportuaires. Ses 15 000 salariés contrôlent les billets, mettent les bagages dans les soutes, dégivrent les avions, les nettoient aux escales, etc., en particulier dans les aéroports américains et britanniques. Chez les investisseurs, c'est le soulagement : avec cette opération, Derichebourg va sortir de la "zone rouge", celle de tous les dangers. Depuis la reprise de la société de services Penauille, il y a huit ans, le groupe traîne en effet comme un boulet un endettement un peu trop lourd pour lui, qui le met sous la pression de ses créanciers. Fin mars, avec la dégradation de la conjoncture, la dette a ainsi légèrement dépassé trois années d'excédent brut d'exploitation, alors que la direction s'était engagée à ne pas dépasser un ratio de 2,9. Les banques n'ont pas coupé les vivres pour autant. Mais "il y avait de nouvelles échéances financières qui se profilaient, et nous avions d'autres ambitions que de courir après le remboursement de la dette", explique Bernard Régis, le directeur général adjoint. MONTANT SECRET Décision a donc été prise de mener à bien la vente de Servisair. Une société récupérée lors du sauvetage de Penauille et brillamment redressée par Derichebourg au point de devenir son "joyau", pour reprendre le mot des analystes d'Exane BNP Paribas. A elle seule, cette filiale, qui ne représente que 21 % du chiffre d'affaires du groupe, devrait fournir 60 % de son bénéfice opérationnel en 2013. Et ses perspectives sont prometteuses, grâce à l'essor du trafic aérien et au fait que les compagnies recourent de plus en plus à des sociétés extérieures comme Servisair pour effectuer des tâches qu'elles réalisaient auparavant elles-mêmes.
"2013-07-23T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/23/derichebourg-vend-son-joyau-servisair-pour-alleger-la-pression-de-ses-creanciers_3451424_3234.html
D’amères secondes noces
Dans « Une longue impatience », Gaëlle Josse convoque le roman réaliste du XIXe siècle pour raconter la mise à mort sociale d’une femme.
Une longue impatience, de Gaëlle Josse, Notabilia, 192 p., 14 €. Une longue impatience, de Gaëlle Josse, se déroule sur une scène géographique aussi réduite que typique – un village breton – et à une époque bien précise – le début des années 1950. Mais c’est un tourment éternel et universel que l’auteure explore : la culpabilité maternelle. Celle d’avoir fait les mauvais choix quand on pensait faire les bons, justement dans l’intérêt des enfants. Veuve de pêcheur et mère d’un garçon, Anne accepte la demande en mariage d’Etienne, un ancien ami d’enfance. D’autant que ce fils de bonne famille, devenu pharmacien, arrive avec « des promesses plein les bras, plein la bouche », dont celle de s’occuper du jeune orphelin et de lui garantir un avenir. Mais après quelques mois, le courant ne passe plus : « Etienne ne supporte plus mon fils, le témoin encombrant d’une autre vie, le rappel permanent que j’ai été possédée par un autre homme. » Le conflit larvé dégénère en coups de ceinturon, devant une mère déchirée entre son fils et ce mari qui l’a sortie de sa condition de veuve et d’ouvrière, et dont elle a eu deux autres enfants. Après un coup de trop, Louis, 16 ans, disparaît. Il s’est, en fait, embarqué comme marin sur un cargo. Sa mère commence alors à lui écrire, lui faisant part de son inquiétude, de son chagrin et de ses regrets, mais surtout pour lui décrire le « festin » qu’elle compte lui préparer pour fêter son retour. Ce roman épistolaire unilatéral – les lettres d’Anne restent sans réponse – s’insère dans un récit plus large qui convoque le roman réaliste du XIXe siècle. Car la greffe n’a pas plus pris entre Louis et son beau-père qu’entre Anne et son nouveau milieu, celui des notables : « C’est un autre monde que le mien qui se dressait devant moi, qui me regardait. » Un monde dont elle ignore les codes et où elle se sent étrangère : « Depuis des années, je cherche mon lieu à moi dans cette maison, un coin, un fauteuil qui serait ma place, mon refuge, mon centre de gravité, et je ne le trouve pas. » Broder chaque jour Une longue impatience s’impose ainsi comme le roman poignant et remarquable d’une transgression et d’une mise à mort sociales. Transfuge, Anne commet l’impardonnable dans une époque et un village rigides, repaire de « vies étriquées » et de « regards envieux » cachés derrière ces rideaux des fenêtres qui se lèvent et se baissent tout au long de ce drame familial et social. Même si on est loin des caprices de Madame Bovary, la description du bourg, de ses habitants et de ses mœurs n’est pas sans rappeler le Yonville de Flaubert.
"2018-01-03T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/03/01/d-ameres-secondes-noces_5264021_3260.html
Le roi Abdallah II de Jordanie limoge son gouvernement
Le premier ministre Maarouf Bakhit, dont l'opposition réclamait le départ, sera remplacé par Aoun Khassaouneh, un juriste, sur décision du souverain jordanien.
Le roi Abdallah II de Jordanie, le 17 mai 2011. AFP/MANDEL NGAN Le roi Abdallah II de Jordanie a révoqué l'ensemble de son gouvernement, lundi 17 octobre, et notamment son premier ministre Maarouf Bakhit, un ancien général de l'armée de tendance conservatrice dont l'opposition réclamait le départ. Il est remplacé par Aoun Khassaouneh, juriste à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, selon une source politique citée par Reuters. Maarouf Bakhit, ancien conseiller militaire du souverain, avait été nommé à la tête du gouvernement en février après le limogeage par le roi de Samir Rifaï, qui était alors premier ministre. Mais son gouvernement a été critiqué pour son incapacité à régler les dossiers intérieurs, y compris les préparatifs des élections municipales prévues d'ici à la fin de l'année. Paralèllement, Abdallah II a désigné un nouveau chef des puissants services de renseignement, le général Faisal Shobaki, un officier de carrière dans le renseignement, en remplacement de Mohamad Rakkad. UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE FAVORABLE AUX FRÈRES MUSULMANS Le premier ministre désigné a affirmé lundi espérer que les Frères musulmans participent à son gouvernement : "Ce pays est pour tous. Nous accueillerons favorablement une participation des Frères musulmans et de toutes les autres tendances à qui nous tendons la main", a-t-il déclaré à un groupe de journalistes. Les islamistes constituent le groupe d'opposition le plus important dans le pays. Ils ont boycotté le gouvernement sortant de Maarouf Bakhit. M. Khassawneh a souligné que les islamistes étaient "une partie importante de la société jordanienne" et qu'ils étaient "historiquement attachés à la sécurité de la nation". Le nouveau premier ministre a en outre affirmé que sa priorité était d'"établir une base juridique et légale en harmonie avec les évolutions qui ont eu lieu récemment", en référence aux réformes constitutionnelles. Son autre priorité, a-t-il dit, est la lutte contre la corruption, "un cancer qui tue le corps de la patrie". "TSUNAMI" Ces décisions du roi jordanien font suite aux promesses de réforme annoncées au cours de l'été. Lors du douzième anniversaire de son accession au trône, en juin, Abdallah II s'était ainsi engagé à des réformes menant à un système parlementaire, affirmant qu'il prévoyait un "tsunami" dans les hautes fonctions de l'Etat pour permettre au pays d'avancer sur la voie des réformes. Le roi Abdallah avait notamment apporté son soutien à un projet de réforme de la loi prévoyant que les membres du gouvernement ne soient plus choisis par le roi, mais élus par le Parlement. Cette réforme avait été élaborée par une commission mise en place par le gouvernement pour tenter de répondre aux revendications de manifestants qui s'étaient rassemblés, pendant plusieurs semaines, dans la foulée des mouvements tunisien et égyptien. Les propositions n'avaient pas, dans un premier temps, satisfait les manifestants, qui réclamaient notamment le départ de Maarouf Bakhit du gouvernement.
"2011-10-17T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/10/17/jordanie-le-roi-abdallah-limoge-l-ensemble-de-son-gouvernement_1589185_3218.html
Quand Hollande parle de lui à travers Mitterrand
En clôture du colloque organisé pour le centenaire de la naissance de François Mitterrand, le chef de l’Etat a transformé l’hommage en un plaidoyer pro domo.
François Hollande, au musée du Louvre, mercredi 26 octobre 2016. JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Se servir des morts pour parler aux vivants. Ainsi fit François Hollande, mercredi 26 octobre, en s’exprimant en clôture du colloque organisé au Musée du Louvre, pour le centenaire de la naissance de François Mitterrand. Attaqué dans son propre camp depuis la parution du livre « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock), le chef de l’Etat a profité de l’occasion pour transformer son hommage à son prédécesseur à l’Elysée, en un véritable plaidoyer pro domo. Aux socialistes qui veulent l’empêcher d’être candidat en 2017, le président de la République a répondu par des références mitterrandiennes au double sens à peine masqué. « La marque de François Mitterrand, c’est la volonté. Une volonté farouche, inébranlable, inépuisable. Il n’a jamais cédé au moindre découragement, même quand les épreuves semblaient l’avoir écarté », a souligné d’emblée M. Hollande. Le PS se déchire-t-il sur son silence, quand lui attend toujours décembre pour dire s’il rempile ou non pour un second mandat ? « François Mitterrand savait attendre pour mieux durer, glisse-t-il dans un sourire. Il respectait les rythmes, il évaluait les contraintes, scrutait les espaces pour mieux surgir dans l’instant qu’il avait lui même choisi. » Devant un parterre d’anciens proches de M. Mitterrand – étaient notamment présents Jack Lang, Hubert Védrine, Jacques Attali, ainsi que Mazarine Pingeot –, M. Hollande ne boude pas son plaisir à rappeler les attaques dont a été la cible le premier président socialiste de la Ve République. « François Mitterrand a pu subir des critiques, des contestations, des outrances. (…) Il savait ce qu’étaient la politique et ses luttes, y compris dans sa propre famille politique. Il était attaqué parce qu’il était la gauche et avait la prétention de gouverner dans la durée », a-t-il pointé, comme un portrait de lui-même. Comparaison risquée L’exercice est habile, mais la comparaison risquée. Avant sa réélection en 1988, M. Mitterrand, incontesté au sein du PS, approchait les 50 % de popularité, quand M. Hollande sombre dans les sondages et voit certains de ses amis se détourner. A l’image du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui s’est ostensiblement éclipsé de la cérémonie avant l’arrivée du président de la République. Ironie cruelle, les deux François voisinent actuellement en librairie. M. Hollande avec le livre explosif des journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet ; M. Mitterrand avec ses Lettres à Anne, qui recense les mots d’amour envoyés à sa compagne Anne Pingeot, entre 1962 et 1995. Un recueil publié par surprise dans la prestigieuse collection NRF de Gallimard, vingt ans après la mort de l’homme du 10 mai 1981. Preuve que, lui, savait, même après sa mort, rester maître du temps et du secret.
"2016-10-27T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/27/quand-hollande-parle-de-lui-a-travers-mitterrand_5020966_823448.html
La cruelle désillusion de François Bayrou dans son fief du Béarn
Largement devancé par la candidate PS et talonné par l'UMP, le leader centriste n'a guère de chances de conserver son seul mandat national
En ce dimanche 10 juin, François Bayrou (MoDem) n'a pas dérogé à ses habitudes. Et c'est donc dès potron-minet qu'il a voté, dans le quartier de Trespoey, à Pau. A 8 heures tapantes. Comme toujours. Comme il l'avait fait, il y a un peu plus d'un mois, au premier tour de l'élection présidentielle. Et comme alors, il a glissé dans l'urne un bulletin de vote orné de son nom. Ce 22 avril, où il n'avait obtenu que 9,13 % des voix, la potion avait déjà été amère. Mais en ce 10 juin, premier tour des élections législatives, elle est, pour le Béarnais, franchement imbuvable. Lui qui se rêvait, il y a à peine quelques mois, un destin de président de la République, a vécu, dimanche, une cruelle désillusion dans son fief de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, dont il est le député depuis 1988. Largement devancé par la candidate socialiste, Nathalie Chabanne, qui obtient 34,90 % des voix, M. Bayrou, loin, très loin, n'a réuni que 23,63 % des suffrages. Pis, il est talonné par le candidat de l'UMP, Eric Saubatte, moins de 2 points derrière lui (21,72 %). C'est ainsi, pour François Bayrou, la pire des hypothèses qui se concrétise. Au second tour, le 17 juin, les électeurs voteront dans une triangulaire qu'il lui fallait absolument éviter pour espérer conserver son mandat. En sus, les scores lui sont plus défavorables que ne le laissaient augurer les sondages. Nul n'attendait en effet une telle avance de la candidate PS au soir du premier tour et personne ne le voyait talonné de si près par l'UMP. "Les résultats de ce premier tour dans notre circonscription sont difficiles et annoncent un deuxième tour particulièrement ardu", a d'ailleurs reconnu François Bayrou, dans une courte allocution. "Les raisons de ce résultat sont très claires : une partie importante de mon électorat traditionnel n'a pas compris et n'a pas accepté la décision qui a été la mienne de voter pour François Hollande au second tour [de l'élection présidentielle]. De bonne foi, ils ont été meurtris de ce choix", analyse-t-il. "Les électeurs socialistes ont considéré que ce choix ne changeait rien et ont voté massivement pour la candidate que leur présentait l'appareil du PS", a-t-il aussi constaté. Incompréhension des siens, courroux de la droite, indifférence de la gauche : le constat est rude.
"2012-11-06T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/06/11/la-cruelle-desillusion-de-francois-bayrou-dans-son-fief-du-bearn_1716383_823448.html
Equipe de France : Franck Ribéry ne fera pas appel de sa suspension
On ne reverra pas le joueur du Bayern Münich sous le maillot tricolore avant le 12 octobre, contre le Luxembourg.
Franck Ribéry et le Bayern Munich (5e, 29 points) n'auront pas la tâche aisée en déplacement à Wolfsburg (13e, 19 points). Malgré un classement décevant, les locaux possèdent suffisamment de talents pour contrarier les Bavarois. Il faudra cependant faire sans l'attaquant bosnien Dzeko parti rejoindre Manchester City. AFP/CHRISTOF STACHE Suspendu pour trois matches par la commission de discipline de la FFF, Franck Ribéry a fait savoir qu'il ne ferait pas appel, contrairement à Patrice Evra. "Franck Ribéry, bien que toute sanction individuelle prise à son égard par la commission fédérale de discipline lui apparaisse sans aucun fondement et, donc, particulièrement injuste, a décidé de ne pas faire appel de la sanction (...) prononcée par ladite commission, sanction dont il ne connaît d'ailleurs pas les motifs puisqu'elle n'a pas encore été publiée", indique son avocat, Jean Didier Lange, dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP. En tant que vice-capitaine des Bleus, Ribéry porte, aux yeux de la commission de discipline, une part de responsabilité dans les événements qui ont conduit les joueurs à un mouvement de grève, le 20 juin, à Knysna, lors du Mondial en Afrique du Sud. Patrice Evra, en tant que capitaine, a été plus lourdement sanctionné encore, avec 5 matches de suspension. On ne reverra donc pas le joueur du Bayern Münich sous le maillot tricolore avant le 12 octobre, contre le Luxembourg. Entre temps, les Bleus auront déjà bien entamé la campagne de qualification pour l'Euro 2012, avec des matches contre la Biélorussie, le 3 septembre, la Bosnie-Herzégovine, le 7 septembre, et la Roumanie, le 9 octobre. Laurent Blanc doit dévoiler la composition du groupe retenu pour les deux prochaines échéances de l'équipe de France. Il devra composer avec la suspension de 5 joueurs (Toulalan, Evra, Ribéry, Anelka, Gourcuff) et les blessures de certains (Nasri, Cissokho).
"2010-08-25T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/08/25/equipe-de-france-franck-ribery-ne-fera-pas-appel-de-sa-suspension_1402652_3242.html
Les déboires du Dreamliner n'ont pas pesé sur les résultats de Boeing
En 2013, le bénéfice net du constructeur américain a bondi de 18 % pour s'établir à 4,6 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros), selon des chiffres publiés mercredi 29 janvier. Les prévisions pour 2014 déçoivent les analystes.
Un 787 Dreamliner est finalisé sur le site d'assemblage de North Charleston (Caroline du Sud), le 19 décembre. RANDALL HILL/REUTERS Boeing peut se frotter les mains. En 2013, les affaires ont été bonnes pour l'avionneur américain. Même les ennuis de son long-courrier 787 (Dreamliner), immobilisé plus de trois mois pour des problèmes récurrents de batteries électriques, n'ont pas pesé sur les finances de l'américain. Selon les résultats présentés mercredi 29 janvier, Boeing a dépassé les attentes de ses dirigeants comme des analystes. 2013 a été « une année exceptionnelle », s'est félicité Jim McNerney, le PDG de l'avionneur américain. L'année dernière, le bénéfice net du constructeur américain a bondi de 18 % pour s'établir à 4,6 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros). La hausse est même encore plus spectaculaire lors du dernier trimestre 2013 à l'issue duquel le bénéfice net a progressé de 26 % pour culminer à 1,2 milliard de dollars. ACCÉLÉRATION AU DERNIER TRIMESTRE 2013 En 2013, le chiffre d'affaires a progressé de 6 %, à 86,6 milliards de dollars. Une hausse qui s'est, elle aussi, accélérée lors des trois derniers mois de l'an passé avec une progression de 7 % pour un chiffre d'affaires de 23,8 milliards de dollars. La bonne santé de Boeing résulte du boom de sa gamme d'avions commerciaux. L'an passé, Boeing a fait mieux qu'Airbus avec 648 livraisons d'appareils contre 626 pour son rival européen. Toutefois, cette rafale de bons résultats a été ternie par des prévisions pour 2014 en deçà des attentes des marchés financiers. Alors que la Bourse tablait, pour 2014, sur un bénéfice par action d'au moins 7,57 dollars et un chiffre d'affaires de 92,72 milliards de dollars, les prévisions de Boeing sont inférieures. Le constructeur de Seattle prévoit un bénéfice par action calé entre 7 et 7,20 dollars, et un chiffre d'affaires situé entre 87,5 et 90,5 milliards de dollars. A l'examen, 2013 aura été une année record pour les deux avionneurs Boeing et Airbus. Si l'américain l'a emporté en termes de livraisons, son rival européen a pris sa revanche au nombre des commandes : 1 503 commandes nettes pour Airbus contre 1 355 pour Boeing.
"2014-01-29T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/01/29/les-deboires-du-dreamliner-n-ont-pas-pese-sur-les-resultats-de-boeing_4356512_3234.html
Bitcoin : « Même si les cours flambent, la bulle ne peut pas ne pas éclater »
Le doute gagne certains utilisateurs. Or, pour pallier les défauts d’un système financier sclérosé, il existe d’autres solutions que la devise virtuelle, estime Jean-François Faure, l’initiateur du think tank Monnaies en transition, dans une tribune au « Monde ».
« Le bitcoin possède les principales caractéristiques d’une monnaie, à savoir la portabilité, la divisibilité, la sécurité et la fiabilité relative ». STEVE GARFELD/FLICKR/CC BY 2.0 Tribune. La question n’est pas de savoir si la bulle du bitcoin va éclater, mais plutôt quand. Depuis sa création en 2009, le bitcoin a le vent en poupe ; rien que depuis début 2017, il a gagné près de 400 % en valeur. Pourquoi est-il aussi demandé ? Tout d’abord, il possède les principales caractéristiques d’une monnaie, à savoir la portabilité, la divisibilité, la sécurité et la fiabilité relative. Il a bien une valeur intrinsèque et semble pouvoir résoudre le problème de confiance des banques (et celui de leurs frais). c’est la cryptomonnaie la plus utilisée par des start-up à la recherche de financements Puisque c’est une devise neutre, les utilisateurs apprécient le fait qu’elle ne dépende pas d’une banque, mais d’un réseau. L’anonymat relatif semble être un autre avantage. Depuis peu, c’est la cryptomonnaie la plus utilisée par des start-up à la recherche de financements – comme alternative à la Bourse. Quelques risques et doutes planent tout de même sur le bitcoin. D’abord, qui connaît ses vraies intentions ? Il n’existe pas d’instance centrale qui assure sa liquidité et sa légitimité. Et on ne connaît toujours pas le nom de son créateur. Qui nous dit que ce n’est pas une vaste arnaque ? Sa réputation de monnaie mondiale est devenue précaire car la Chine, l’Inde et la Russie ont annoncé vouloir lancer leur propre bitcoin. Enfin, pour l’heure, une minuscule partie (0,01 %) de la population mondiale possède des bitcoins. Alternatives crédibles Aussi, il devient de plus en plus difficile et coûteux, voire même toxique pour l’économie et la société, de créer des bitcoins. Même si les cours flambent, la bulle ne peut pas ne pas éclater. Il n’est pourtant pas nécessaire d’attendre le krach car des alternatives crédibles existent. La notoriété de l’or date de six mille ans, sa valeur intrinsèque ne baisse pas vraiment Prenons les métaux précieux, comme l’or et l’argent : ils représentent des réserves de valeur et de moyen de paiement depuis la nuit des temps. Leur légalité est indiscutable ; ils sont acceptés dans le monde entier, sans exception. Leur usage est, lui aussi, universel : dans l’industrie, la bijouterie et, bien entendu, en tant que trésorerie. La notoriété de l’or date de six mille ans, sa valeur intrinsèque ne baisse pas vraiment. L’or et l’argent sont négociés aussi bien de gré à gré de manière physique que de manière dématérialisée sur les plus grands marchés financiers internationaux. La solidité est aussi une valeur forte de l’or, puisque celui-ci résiste à presque tout. En cas de black-out, le bitcoin stocké sur une clé USB est perdu. Mais même l’or coulé en plein océan est récupérable.
"2017-10-11T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/11/10/bitcoin-meme-si-les-cours-flambent-la-bulle-ne-peut-pas-ne-pas-eclater_5213044_3232.html
La bataille du doctorat ne fait que commencer
Critiquée, la réforme du doctorat est repoussée à 2016. Elle bute sur la prise en compte des acquis de l’expérience, l’un des points les plus sensibles.
colcanopa La refonte du doctorat ne sera pas au menu de la prochaine rentrée universitaire. Le premier projet d’arrêté doctoral, qui a fuité au début du mois d’avril, a suscité trop de réactions négatives de la part des chercheurs, des présidents d’université et des syndicats. Notant « des réactions contradictoires sur des sujets polémiques », l’entourage de la ministre de l’enseignement supérieur reconnaît qu’« il faut se donner un peu plus de temps ». Le sujet le plus brûlant est la reconnaissance des acquis de l’expérience. Déjà autorisé de façon exceptionnelle, ce dispositif consiste à délivrer le doctorat à des chercheurs n’ayant pas de master. Or, certains craignent que le projet d’arrêté l’élargisse sans trop de précaution, ce qui conduirait à délivrer des diplômes au rabais. « La validation des acquis de l’expérience [VAE] est séduisante sur le principe, mais il faut renforcer la qualité, et ne pas donner le sentiment qu’on brade le doctorat », admet-on au ministère. L’objectif affiché du gouvernement est de valoriser ce diplôme à bac + 8. La France, qui forme ses élites dans les grandes écoles, compte en effet deux fois moins de docteurs que ses voisins. Or le doctorat est la référence en matière de recherche en Europe et à l’international. Certes, la situation évolue : les grandes écoles font de plus en plus de recherche et se rapprochent des universités à travers les Communautés d’universités et d’établissements (Comue). « La validation des acquis n’est pas suffisamment encadrée » Mais des cadres, des ingénieurs ou des hauts fonctionnaires souhaiteraient pouvoir obtenir ce grade afin de faciliter leur carrière. Or, le projet d’arrêté apparaît trop complaisant à beaucoup. « La VAE n’est pas suffisamment encadrée, ce qui permet des mauvaises pratiques et le détournement du diplôme de doctorat auquel il serait possible d’accéder sans justifier d’une expérience professionnelle de recherche équivalente à celle aujourd’hui en vigueur », souligne Juliette Guérin, porte-parole de la Confédération des jeunes chercheurs. Pour Sylvie Pommier, chargée de mission pour la mise en place du collège doctoral de la Comue Paris-Saclay, ce projet d’arrêté est « un peu léger » sur la VAE. « Le doctorat, rappelle-t-elle, est défini par la loi comme une expérience professionnelle de recherche – qui peut être reconnue par la VAE –, mais à laquelle s’ajoute obligatoirement la présentation de travaux de recherche originaux, qui s’impose à tous. Cela doit au minimum être précisé. » Enfin, Olivier Nay, vice-président de la Commission permanente du Conseil national des universités, redoute que le doctorat ne soit plus « une contribution savante de haut niveau, mais un diplôme bac + 8 adapté aux demandes professionnelles ».
"2015-01-06T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2015/06/02/la-bataille-du-doctorat-ne-fait-que-commencer_4645495_1473685.html
« Les activités éphémères contribuent à l’hospitalité des territoires »
Les villes accueillent de plus en plus de commerces éphémères, food trucks, pop-up stores et camions itinérants. L’urbaniste Pascale Leroi analyse le développement de cette nouvelle économie urbaine.
Un food truck dans un parc à Bordeaux, en septembre 2017 REGIS DUVIGNAU / REUTERS Food trucks, pop-up stores, galeries éphémères, camions itinérants, mobiliers urbains provisoires fleurissent de plus en plus dans les rues de nos villes. Cette économie éphémère échappe à toute analyse statistique. Mais sa visibilité croissante a conduit Pascale Leroi, économiste-urbaniste à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile-de-France, à étudier ce nouvel univers, où se développent des activités marchandes et non marchandes, itinérantes ou provisoires. L’économie éphémère est-elle vraiment un phénomène nouveau ? Les camions épiceries et bibliothèques itinérantes ont toujours existé, notamment dans les campagnes. Camions épiceries sillonnant les campagnes, restaurants saisonniers de plage, marchés forains ont effectivement toujours eu leur place dans l’économie. Mais aujourd’hui, ce modèle est revisité. Il s’installe dans les villes, prend en compte les nouvelles exigences du consommateur et s’élargit à de nouveaux usages. Il répond à la demande des citoyens d’un quotidien urbain plus végétal, plus solidaire, plus participatif. Le goût pour la street food et la diminution du temps pris pour la pause déjeuner sont favorables à la restauration rapide et à sa diversification. Les food trucks bénéficient de ce contexte et savent, pour la plupart, assurer une montée en gamme des produits. A côté de l’historique hamburger, comme Le Camion qui fume, pionnier en France, les propositions sont variées : cuisines étrangères, spécialisation sur les nouvelles aspirations alimentaires (bio, vegan, sans gluten)… Les camions itinérants historiques se renouvellent également et surfent sur des tendances actuelles, comme la vente de seconde main entre particuliers (bus friperie), le bio et le local (livraison du producteur au consommateur), l’essor des services à la personne (livraison de repas, coiffure, toilettage pour chien, etc.), la réparation d’objets… On voit par exemple des cabanons de compostage collectif s’installer dans des parcs et jardins. Ou encore des services de réparation itinérants à proximité de gares ou stations de métro, qui proposent aux citadins combinant vélo et transports en commun de réparer leur vélo pendant leur journée de travail. L’objectif de ces itinérants est toujours de se rapprocher d’un client contraint par le temps ou dans ses déplacements. Et ce phénomène touche Paris et sa banlieue, comme les grandes agglomérations de province. Qu’est-ce qui distingue les food trucks et autres triporteurs d’aujourd’hui du traditionnel marchand de glace sur la plage ? Le numérique est incontestablement un vecteur de l’économie éphémère : les consommateurs commandent des repas à l’avance, réservent un service, consultent des tarifs, comparent… Le numérique permet aussi aux entrepreneurs de cette économie d’annoncer leur passage, de préciser leur concept, d’enregistrer des commandes, et ainsi de fidéliser leur clientèle. Ils sont très nombreux à avoir un site Web, un compte sur les réseaux sociaux. On voit même se développer des sites spécialisés dans l’annonce et la géolocalisation en temps réel des food trucks. Le numérique est aussi indirectement l’un des moteurs de cette économie. Le développement de l’e-commerce a distendu le lien physique avec les clients. Les marques cherchent à renouer un lien direct et aller à la rencontre des clients, pour entretenir la demande, créer l’événement, ou tester des produits. De grandes marques de chaussures, de jeux vidéo s’installent ainsi dans des boutiques-containers éphémères, des pop-up stores, dans des lieux de forte fréquentation. Quel est le modèle économique de ces petits commerces et services éphémères ? La plupart des initiatives marchandes de l’économie éphémère sont le fait de micro-entreprises ou d’auto-entrepreneurs, et de start-up pour les plus innovantes. La tendance n’est sans doute pas totalement étrangère à la montée actuelle des emplois non salariés et au développement du statut d’auto-entrepreneurs. Créer une activité de restauration ou de services dans un camion, un triporteur, ou dans une construction légère qu’il est possible de démonter ou de recycler, ou une construction détournée (containers), demande un investissement moins lourd qu’une installation sédentaire. Certaines de ces entreprises font au besoin appel au crowdfunding. Mais ces activités itinérantes ne sont pas faciles pour autant. Se bâtir une clientèle, respecter une hygiène rigoureuse est forcément plus compliqué. Beaucoup d’entrepreneurs mettent la clé sous la porte au bout d’un ou deux ans. Cependant, l’installation dans un immobilier léger n’est pas forcément vécue comme transitoire. Nombre d’entrepreneurs aiment changer de lieux, de clientèle, être mobiles et indépendants. Certains perdurent sans même se reconvertir dans un immobilier lourd. Ce faisant, c’est aussi un moyen de s’installer pour expérimenter : l’éphémère peut aussi être un tremplin vers une activité pérenne. Ainsi, de plus en plus de restaurants ambulants et provisoires deviennent des restaurants fixes. Le phénomène est-il soutenu, organisé par les villes ? Les communes reçoivent de nombreuses demandes d’autorisations. Certaines peuvent être récalcitrantes et freinent le mouvement, craignant que la street food concurrence les activités sédentaires et entraîne des nuisances. Pour s’installer sur l’espace public, il faut obtenir une autorisation temporaire d’occupation, laquelle donne lieu à une redevance qui se révèle très variable d’une ville à l’autre. Celle-ci peut aller de 20 à 200 euros, voire être calculée en pourcentage du chiffre d’affaires. Par exemple, les food trucks de la Défense reversent 8 % de leur chiffre de la journée. Un certain nombre de villes se mettent à intégrer ce type de commerces et services dans leur réflexion sur la revitalisation de certains quartiers. Les activités éphémères contribuent à l’hospitalité des territoires. Dans les quartiers de bureaux aux immeubles monofonctionnels sans commerces au rez-de-chaussée, dans les zones excentrées, ces activités apportent des services, animent les lieux. L’économie éphémère offre aussi aux aménageurs l’occasion de tester des usages et des programmations, en centre-ville ou dans le cadre d’occupations temporaires de terrains urbains en transition. Ces micro-interventions rejoignent la même dynamique que les initiatives d’urbanisme transitoire. Lire aussi Quand les friches se transforment en laboratoires de la ville
"2017-05-10T00:00:00"
smart-cities
https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2017/10/05/les-activites-ephemeres-contribuent-a-l-hospitalite-des-territoires_5196664_4811534.html
"Une association catholique obtient la condamnation d'un commerce de ""sex-toys"" installé non loin d'une école"
Le tribunal a appliqué la loi sur la protection de l'enfance de 2007, mais a dispensé de peine le gérant
Les canards vibrants, les menottes roses, les godemichés et autres vibromasseurs aux couleurs vives seront prochainement soustraits à la vue des écoliers et collégiens de l'établissement catholique Saint-Merri, à Paris (4e arrondissement). La justice a estimé, mercredi 29 février, que la vente de sex toys, proposés entre lingerie fine et huiles de massage, à moins de 200 mètres d'un établissement scolaire de ce quartier commerçant était en contradiction avec les textes sur la protection de l'enfance. Poursuivi par l'association familiale catholique CLER Amour et famille, le gérant du love shop incriminé, Nicolas Busnel, avait ouvert sa boutique "1969-Curiosités désirables" en 2008. Un an après l'adoption de la loi de 2007 sur la protection de l'enfance qui interdit la "vente ou la mise à disposition d'objets à caractère pornographique à moins de 200 mètres d'un établissement d'enseignement". En dépit de ses dénégations et alors que l'audience du 8 février avait pointé l'absence de définition de ce qu'est un "objet à caractère pornographique", le gérant a été reconnu coupable de ce délit. Condamné à un euro de dommages et intérêt, il a été dispensé de peine. "Consterné" par cette décision, son avocat, Me Richard Malka, a interjeté appel tout en ironisant sur le fait que "la France est aujourd'hui le seul pays du monde occidental à considérer qu'un canard vibrant est un objet pornographique". "Le signe d'une époque" "Ce jugement préoccupant est le signe d'une époque, estime Me Malka. Il marque le retour du moralisme dans la société. Il va galvaniser les associations du type de CLER, et la prochaine fois on interdira les kiosques à journaux, puis L'origine du monde (le sexe d'une femme peint par Gustave Courbet) ou les oeuvres du marquis de Sade ! En outre, dans une ville comme Paris, à part les gares, les cimetières ou les parcs, il n'existe plus aucun périmètre de 200 mètres sans établissement d'enseignement susceptible d'accueillir ce type de commerces !".
"2012-01-03T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/03/01/une-association-catholique-obtient-la-condamnation-d-un-commerce-de-sex-toys-installe-non-loin-d-une-ecole_1650474_3224.html
Ce que les « accents » de leurs hurlements disent des loups
Des chercheurs ont étudié 2 000 hurlements de canidés pour tenter de savoir si les variations sonores voulaient dire quelque chose.
Une étude scientifique dit que... Des chercheurs de l'université de Cambridge ont étudié les différents hurlements de canidés (du loup sauvage au chien domestiqué) pour tenter de savoir si les variations sonores voulaient dire quelque chose. Comment ont-ils procédé ? Il existe plus de 6 000 hurlements recensés de canidés à travers le monde. Une équipe de scientifiques de l'université de Cambridge en a analysé 2 000, issus de 13 espèces et sous-espèces différentes, surtout des loup, mais aussi des chiens, pour tenter d'obtenir une classification en fonction des variations sonores. Les chercheurs avaient constaté que : « Des précédentes études ont établi que les hurlements permettent de chiffrer une identité individuelle ou de groupe, mais aucune n'a cherché à connaître la nature des variations des hurlements à travers un large éventail d'espèces. » Ils ont utilisé un algorithme qui classifie et compare les hurlements de différentes espèces en fonction de sa modulation. « Plutôt que de dire "Oh, cet hurlement ressemble à celui-là", et ainsi de suite, nous avons voulu enlever toute analyse subjective. Nous avons donc utilisé des techniques mathématiques, d'abord pour décrire ces hurlements, ensuite pour leur donner une représentation mathématique exacte et objective », précise Arik Kershenbaum, du département de zoologie de l'université de Cambridge. Les résultats de l'expérience Sur la base de 2 000 hurlements, l'équipe en a identifié 21 qui sont distinctifs, en fonction du ton et des fluctuations sonores. Ces « accents », ou « empreintes vocales », dépendent à la fois de l'espèce du canidé et de la localisation. « Nous avons découvert que différentes espèces et sous-espèces hurlent différemment, ce qui indique que la modulation du hurlement n'est pas arbitraire mais est utilisé pour distinguer une population d'une autre. » Par exemple, le loup arctique (Canis lupus arctos) « utilise de longs hurlements, très bas, alors que les plus petites espèces ont plus tendance à japper et à faire des hurlements qui montent et redescendent », note Arik Kershenbaum. S'ils ont découvert que les loups n'ont pas tous le même accent, les scientifiques ne savent toujours pas ce qu'ils disent. Mais il sont confiants, il s'agit d'un premier palier. Des expériences sont actuellement menées au parc national de Yellowstone aux Etats-Unis pour tenter de savoir si les hurlements, et les endroits d'où ils proviennent, « peuvent nous dire si certains appels s'apparentent à des communications à distances ou à des avertissements pour la meute ». A quoi ça peut bien servir ? Au-delà du fait d'apprendre que la communication des canidés est complexe, les auteurs pensent que leur étude peut aider à la protection de certains espèces de loups en voie de disparition. Ils prennent l'exemple du loup rouge (Canis rufus), une des espèces de canidés les plus rares, dont le hurlement est très proche de celui du coyote (Canis latrans). A cause de cela, ces deux espèces se reproduisent entre elles et accélèrent la disparition du loup rouge. « En jouant sur les subtiles différences dans la façon dont ils hurlent, on pourra peut-être faire en sorte de garder ces populations loin l'une de l'autre. » L'autre piste, plus compliquée, est à envisager à plus long terme. « Le comportement du loup au sein de sa structure sociale est remarquablement similaire à celui de l'homme. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons domestiquée le chien - Ils sont très similaires à nous », dit le Dr Kershenbaum. Son hypothèse est que, en « comprendre la communication chez certaines espèces, comme le loup ou le dauphin » est une étape « essentielle » pour découvrir « la trajectoire évolutionniste qui, par le passé, a amené vers un mode de communication plus complexe et éventuellement vers notre propre capacité linguistique ». Lire notre article : L’Etat facilite l’abattage des loups Rédaction du Monde.fr
"2016-09-02T00:00:00"
blog
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/02/09/ce-que-les-accents-de-leurs-hurlements-disent-des-loups/
Après la victoire de Donald Trump, une bataille se prépare à la Cour suprême américaine
Le nouveau président veut maintenir une majorité conservatrice au sein de la plus haute instance judiciaire des Etats-Unis.
Merrick Garland s’était montré particulièrement ému, en mars, dans le Rose Garden de la Maison Blanche, lorsque le président Barack Obama l’avait nommé officiellement à la Cour suprême pour remplacer le conservateur Antonin Scalia, décédé brutalement un mois plus tôt. Cette effusion était prématurée parce que le juge Garland devait obtenir une confirmation du Sénat que le chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, n’était pas décidé à lui accorder. Des mois durant, le juge de la prestigieuse Cour d’appel des Etats-Unis pour le circuit du district de Columbia avait tenté de faire fléchir les sénateurs du Grand Old Party. En pure perte. M. McConnell, selon une interprétation toute politique et toute personnelle des institutions, avait décidé que le neuvième juge de la plus haute instance judiciaire américaine serait nommé par la personne qui succéderait à M. Obama, misant sur une victoire républicaine. « Les juges que je vais nommer seront prolife » Le sénateur du Kentucky a visé juste. Il reviendra au président Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, de faire en sorte que le Grand Old Party puisse non seulement maintenir une majorité conservatrice à la Cour suprême, mais vraisemblablement l’élargir. Parmi les quatre juges qui y siègent et qui ont été nommés par des présidents démocrates, deux ont en effet atteint ou dépassé l’âge ordinairement choisi pour prendre sa retraite. Il s’agit de Stephen Breyer (78 ans, l’âge auquel est décédé Antonin Scalia) et de Ruth Bader Ginsburg (83 ans), nommés l’une comme l’autre par Bill Clinton. Anthony Kennedy est également d’un âge avancé (80 ans). Nommé par Ronald Reagan en 1988, ce juge rangé parmi les conservateurs a souvent rompu les rangs pour se rapprocher des progressistes sur des sujets de société. M. Trump, lors du troisième débat présidentiel, le 19 octobre, s’était montré particulièrement clair sur ses objectifs. « Les juges que je vais nommer », dans l’hypothèse d’une victoire, « seront provie », donc hostiles à l’avortement. « Ils seront conservateurs. Ils protégeront le deuxième amendement », qui garantit la liberté de posséder une arme à feu, et « ils interpréteront la Constitution de la manière dont les fondateurs voulaient qu’elle soit interprétée ». Une référence à l’école juridique « originaliste » incarnée jusqu’à sa mort par le juge Scalia. L’arme du « filibuster » La nomination d’un nouveau juge constituera un banc d’essai pour le nouvel équilibre du pouvoir à Washington. Compte tenu de leurs maigres gains enregistrés mardi 8 novembre – deux sièges seulement malgré un renouvellement favorable et alors qu’ils en comptaient quatre de retard par rapport aux républicains –, les démocrates resteront minoritaires au Sénat. Ils disposent cependant de l’arme du filibuster (obstruction), qui permet de bloquer une procédure tant que la majorité ne dispose pas des soixante voix (sur cent) nécessaires pour passer outre. Il faudra désormais huit voix démocrates aux républicains pour avancer. A moins que le Grand Old Party ne se décide à recourir à l’équivalent parlementaire de l’arme atomique : la suppression du filibuster. Une profonde entaille dans la tradition du Sénat dont l’éventuel coût politique est encore délicat à évaluer.
"2016-10-11T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/10/une-bataille-se-preparea-la-cour-supreme_5028694_829254.html
Un smartphone pour traquer les parasites intestinaux
Des chercheurs ont transformé un téléphone mobile en microscope optique, capable de détecter dans des échantillons de selles près de 70 % des larves de vers parasites.
Un smartphone peut servir à beaucoup de choses. Et parfois aux plus inattendues. Avec l'aide de collègues américains, suisses et tanzaniens, Isaac Bogoch, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital général de Toronto (Canada), a transformé un téléphone mobile en microscope optique, capable de détecter dans des échantillons de selles près de 70 % des larves de vers parasites. Dans un article mis en ligne lundi 11 mars par l'American Journal of tropical Medicine and Hygiene, ces bricoleurs surdiplômés décrivent comment – en moins de cinq minutes, montre en main – il est possible d'obtenir un instrument de détection qui fait cruellement défaut dans nombre de pays pauvres où les affections parasitaires entraînent un nombre important de victimes. L'Afrique est particulièrement visée. Pour tester leur concept, les chercheurs ont saisi l'occasion d'un essai clinique en Tanzanie destiné à évaluer la sécurité et l'efficacité de médicaments contre les vers intestinaux. UN IPHONE 4S BRICOLÉ PAR DES CHERCHEURS Parmi ces derniers figurent ascaris, qui touche près de 1,5 milliard d'individus et causerait 60 000 décès par an, Trichuris trichiura, responsable de la trichocéphalose frappant plus d'un milliard de personnes pour 10 000 décès annuels, ou encore un petit ver rond (nématode) agent de l'ankylostomose qui infecte 1,3 milliard d'êtres humains et occasionne 65 000 décès tous les ans. La méthode habituelle pour diagnostiquer une infection par des vers intestinaux nécessite un examen au microscope des selles. Or cet appareil impose l'accès à une source lumineuse électrique. Isaac Bogoch et ses collègues ont donc eu l'idée de bricoler un iPhone 4S, qui fonctionne sur batterie et dispose d'une source d'éclairage, en fixant avec de l'adhésif double face une lentille sphérique de 3 mm sur l'objectif de la caméra du téléphone. Il en résulte que 199 échantillons de selles ont été examinés au microscope et au smartphone modifié pour permettre un grossissement pouvant aller jusqu'à 60 fois la taille des vers. Résultat : le dispositif de fortune a détecté dans 69,4 % des cas les parasites identifiés par microscopie optique. Le type de parasite en cause a été correctement reconnu dans 61,5 % des cas.
"2013-03-27T00:00:00"
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2013/03/27/un-smartphone-pour-traquer-les-parasites-intestinaux_3148615_1651302.html
Frédéric Saint-Geours, « ministre » de la SNCF
L’ancien dircteur général de PSA a été nommé président du conseil de surveillance par intérim de la SNCF
Frederic Saint-Geours en 2013 AFP Louis Gallois est venu de la SNCF pour rejoindre PSA Peugeot Citroën. Frédéric Saint-Geours fait le chemin inverse. Dimanche 30 novembre, cet ancien directeur général des marques Peugeot et Citroën a été nommé par arrêté au Journal officiel président du conseil de surveillance par intérim de la SNCF, le holding de tête du groupe public ferroviaire réunifié par la loi ferroviaire du 4 août. M. Saint-Geours, 64 ans, travaillera avec Guillaume Pepy, le président de SNCF Mobilités et Jacques Rapoport, le président de SNCF Réseau, dont les mandats ont également été confirmés par l’arrêté. Il deviendra en quelque sorte l’arbitre entre deux forts caractères. Très flegmatique, M. Saint-Geours devrait trouver facilement sa place. « Un arbitre pas trop gênant, convient un observateur du système ferroviaire. Non seulement il est discret, mais il ne devrait pas franchement marcher sur les plates-bandes de MM. Pepy et Rapoport » Les pouvoirs publics ont fini par choisir un profil industriel pour présider ce nouvel établissement public holding. Longtemps, la rumeur voulait qu’un grand élu, spécialiste des affaires ferroviaires, pourrait obtenir ce poste. Finalement, le gouvernement a retenu un profil plus industriel, signe que l’objectif de la réforme ferroviaire doit avant tout permettre au système de sortir de son marasme économique actuel. « Frédéric Saint-Geours est à la fois un industriel, avec des relais politiques importants, un familier du fonctionnement des conseils de surveillance, puisque PSA fonctionne de la sorte, et un acteur au fait des enjeux sociaux et économiques du fait de ses fonctions au sein du Medef et de l’UIMM », décrypte un connaisseur du système ferroviaire français. En choisissant cet énarque de gauche, qui a commencé en 1981 sa carrière au sein du cabinet de Louis Mermaz, ministre du transport, le gouvernement a choisi un industriel bien né qui a rejoint PSA en 1986. Proche de la famille Peugeot, et notamment de Thierry Peugeot, l’ancien président du conseil de surveillance du groupe, il a cru obtenir le poste de président du directoire du constructeur en 2007. Finalement, Christian Streiff décrochera le poste. Frédéric saint-geours sera alors exilé de PSA auprès de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, où il est élu président en 2007 après la mise à l’écart de Denis Gautier Sauvagnac. Celui-ci est plombé par la révélation de l’existence d’une caisse de secours mutuelle au sein du syndicat patronal pour « fluidifier les relations sociales ». Son objectif est de remettre de l’ordre dans l’organisation patronale. Et d’apaiser les tensions. Ce qu’il fait magistralement. En 2009, Philippe Varin, tout juste nommé président du directoire de PSA, le rappelle pour reprendre la direction financière du groupe automobile. Ce retour en grâce durera quelques années seulement, puisque en 2013 il cesse les responsabilités opérationnelles. Cette année-là, il guignera également sans succès la présidence du Medef. Désormais, en devenant le premier président du conseil de surveillance, il retrouve un poste de premier plan. Avec de nombreux défis. C’est que le système ferroviaire en cours de réunification va mal. Traumatisé par l’accident de Brétigny, en juillet 2013, le système est en plein doute tant sur les aspects de maintenance du réseau que sur l’exploitation de l’ensemble du système. Pis, le TGV, la vache a lait du groupe SNCF, est en difficulté concurrencé par des modes de transports alternatifs bien plus abordables comme le covoiturage, et bientôt les autobus longue distance. Enfin, alors qu’une nouvelle grève s’annonce du 3 au 6 décembre chez les contrôleurs, M. Saint-Geours sera attentif à la négociation d’une nouvelle convention collective pour les cheminots, comme le prévoit la loi.
"2014-11-30T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/11/30/frederic-saint-geours-ministre-de-la-sncf_4531767_3234.html
Rugby : Lille abandonne ses rêves de Pro D2
Privé de montée, le club nordiste a indiqué qu’il n’évoluerait pas en deuxième division la saison prochaine, à la suite d’une décision défavorable du tribunal administratif de Versailles.
La requête de l'association et de la SAS LMR a été rejetée par le TA, le club n'évoluera pas en PRO D2 la saison prochaine. — lillerugby (@LMROfficiel) Le Lille métropole rugby (LMR) a abandonné ses rêves de montée en deuxième division française, jeudi 20 août, date de la reprise du championnat, à la suite d’une décision défavorable du tribunal administratif de Versailles (Yvelines). « Le club n’évoluera pas en Pro D2 la saison prochaine », a indiqué le LMR nordiste sur le réseau social Twitter. Débouté, Lille avait pourtant acquis sur le terrain le droit de devenir la première équipe de rugby nordiste à intégrer un championnat professionnel en devenant vice-champion de France de Fédérale 1 (troisième division). Pour des raisons financières, l’accession du club a finalement été rejetée par la Direction nationale d’aide au contrôle de gestion (DNACG) en première instance, puis par la FFR en appel. Le club, qui a essuyé une nouvelle déconvenue la semaine passée auprès du Conseil national olympique du sport français (CNOSF), n’a donc pas non plus convaincu cette semaine le tribunal administratif. D’après le club de la métropole nordiste, la situation nette comptable au 30 juin 2015 est pourtant positive à hauteur de 37 000 euros, « ce qui est l’élément fondamental ». En l’état, c’est donc Dax, relégué à l’issue de la saison précédente, qui devrait être repêché au deuxième échelon national. Au préalable, la LNR avait déjà annoncé qu’elle reporterait « à une date ultérieure les deux matches impliquant les clubs de Lille ou Dax lors des deux premières journées, qui sont les rencontres Perpignan-Lille ou Dax (première journée) et Lille ou Dax/Tarbes (deuxième journée) ». Les deux matchs devaient avoir lieu les 21 et 28 août. Le 17 novembre 2012, lors du test-match France-Argentine au stade de Villeneuve-d'Ascq, antre habituel de Lille Métropole rugby. FRANCK FIFE / AFP
"2015-08-20T00:00:00"
rugby
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2015/08/20/rugby-lille-abandonne-ses-reves-de-pro-d2_4731828_1616937.html
L’Afrique, nouvel horizon des constructeurs automobiles
PSA doit officialiser, le 19 juin, la création d’une usine au Maroc, d’une capacité de 75 000 véhicules.
File d'attente à une station essence d'Abuja au Nigeria, le 25 mai 2015. AFOLABI SOTUNDE/REUTERS Ce n’est pas encore un eldorado, mais les constructeurs automobiles commencent sérieusement à se positionner en Afrique, qui devrait faire partie de la prochaine vague de pays s’ouvrant massivement à l’automobile, à l’horizon 2020-2030. En officialisant, vendredi 19 juin, la création d’une usine au Maroc, d’une capacité minimale de 75 000 véhicules, avant une autre en Algérie, le groupe PSA Peugeot Citroën rejoint la cohorte de constructeurs qui tentent de placer leurs pions sur le continent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi PSA Peugeot Citroën projette de bâtir une usine au Maroc Les japonais Toyota, Nissan et Datsun, l’américain Ford, les européens PSA et Volkswagen mais aussi les coréens (Hyundai-Kia), chinois (Chery, Geely, SAIC, FAW, etc.) ou indiens (Tata) multiplient depuis quelques années les projets industriels, tant au Maghreb, en Egypte qu’au Nigeria ou en Afrique du Sud. Dans le même temps, plusieurs projets de véhicules « made in Africa » ont été lancés au Kenya (Mobius Motors), au Ghana (Kantanka) ou au Nigeria (Innoson). Pour tous, l’Afrique est le dernier foyer de croissance. Avec 1,1 milliard d’habitants et un taux d’équipement pour mille habitants très bas, le potentiel de développement est énorme. En 2014, 1,6 million de voitures neuves ont été vendues, selon les données officielles de l’Organisation internationale des constructeurs d’automobiles (OICA). C’est dix fois moins qu’en Europe. Ce chiffre devrait au bas mot tripler ces cinq à dix prochaines années, selon les différents observateurs du marché. 710 000 véhicules produits en Afrique en 2014 Beaucoup de véhicules neufs destinés au continent sont importés. Selon l’OICA, l’Afrique n’a produit, en 2014, que 710 000 véhicules dans une vingtaine d’usines d’assemblage. Une part est produite pour le marché africain. Mais l’essentiel de la production n’est pas destiné au continent. L’an dernier, 90 % des 200 000 véhicules fabriqués par la méga-usine Renault-Nissan à Tanger (Maroc) ont été exportés, vers l’Europe notamment. Le nombre de véhicules produits devrait massivement augmenter, tellement les niveaux de production actuels sont bas. L’usine de Nissan au Nigeria assemble aujourd’hui 10 000 véhicules, tandis que celle de Hyundai n’assemble que 6 000 unités par an. En 2014, PSA avait annoncé la réouverture d’un site au Nigeria pour y assembler dans un premier temps 1 000 véhicules. En 1980, Peugeot produisait, avec son partenaire local, 60 000 504. PSA, qui était, dans les années 1980, incontournable sur place, entend renouer avec cette histoire. « Nous avons identifié l’Afrique comme étant une région où le potentiel de croissance du groupe est très élevé », rappelait Carlos Tavares, le président du groupe, le 29 avril.
"2015-06-18T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/19/l-afrique-nouvel-horizon-des-constructeurs-automobiles_4657868_3234.html
Les Jésuites allemands veulent indemniser les victimes de pédophilie
Le responsable des jésuites allemands a annoncé, jeudi 16 septembre, que l'ordre envisageait d'indemniser les victimes de violences ou d'actes pédophiles dans ses institutions, sans attendre une décision de l'Eglise catholique.
"C'est très important pour [les victimes], non seulement que nous croyions enfin leurs histoires, non seulement que nous nous excusions, mais aussi que nous fassions un geste matériel", indique Stefan Kiechle, provincial des jésuites en Allemagne, dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung. Les jésuites envisagent de ne pas attendre la décision de la hiérarchie catholique allemande, qui n'a pour le moment rien annoncé de tel. "Nous discutons ensemble de la question des indemnisations, nous essayons d'adopter une ligne commune avec les autres ordres et les diocèses (...), mais nous voyons bien que les jésuites doivent faire un geste rapidement, pour que les choses avancent, pour le bien des victimes", précise-t-il. Les modalités exactes sont encore "en cours de discussion", a-t-il ajouté, mais il s'agirait d'un paiement forfaitaire "à quatre chiffres". Une commission indépendante sera chargée de désigner les victimes qui auront droit à cette somme, la même pour tout le monde. Il a rejeté l'idée de paiements variables selon la gravité des cas, solution adoptée par l'Eglise autrichienne, par exemple. "Nous ne voulons pas effectuer une évaluation graduelle des blessures causées." En principe, les auteurs des faits sont redevables pour l'indemnisation des victimes, mais "ils sont parfois [judiciairement] irresponsables, disparus, malades ou morts", et l'ordre se substitue alors à eux, explique le provincial. "Mais au-delà de ça, l'ordre s'est lui-même rendu responsable, par exemple en étouffant des affaires", concède-t-il. La somme envisagée a déjà été qualifiée de "totalement inappropriée" par l'association de victimes "Table carrée" (par opposition à la table ronde lancée par le gouvernement allemand sur la lutte contre les abus sexuels sur mineurs au sein de l'Eglise et à l'école), citée sur le site Internet de la Süddeutsche Zeitung. Alors qu'elle doit rencontrer samedi à Berlin la direction de l'ordre, l'association plaidera pour des sommes comprises entre 20 000 et 120 000 euros selon la gravité des faits, ou une somme forfaitaire de 54 000 euros, a indiqué au site Internet du quotidien Matthias Katsch, porte-parole de la "Table carrée". "Il y aura des déceptions, mais je crains que nous ne puissions l'éviter. Mais je trouve cela quand même juste que nous versions une contribution, même plutôt symbolique." "Si l'on y pense de cette façon, on pourrait aussi trouver qu'une plus grosse somme d'argent serait une façon commode de se blanchir et tout est oublié", a-t-il poursuivi, qualifiant la modicité de la somme de "signe de l'impuissance (de l'ordre) face à la souffrance". Au moins 205 enfants ont été victimes de violences, sexuelles ou non, au cours des dernières décennies dans des institutions allemandes dirigées par les Jésuites, qui étaient souvent au courant selon le rapport remis fin mai par l'avocate Ursula Raue, chargée par l'ordre de recenser ces affaires. "Je ne sais pas combien parmi ces quelque 200 personnes demanderont à être indemnisées."
"2010-09-16T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/09/16/les-jesuites-allemands-veulent-indemniser-les-victimes-de-pedophilie_1412096_3214.html
Affaire Woerth-Bettencourt : quand le PS fait profil bas
Tout en réclamant la "transparence " Martine Aubry s'est gardée de demander la démission du ministre du travail.
Profil bas. Depuis le début de l'affaire Woerth-Bettencourt, Martine Aubry a choisi la retenue dans ses attaques. Tout en réclamant la "transparence " et que cette affaire soit "clarifiée avant d'être classée", la première secrétaire du PS s'est gardée de demander la démission du ministre du travail. Une prudence à laquelle les ténors du PS ont fini par se rallier lors du bureau national du parti, mardi 6 juillet. Ce jour-là, Ségolène Royal avait dénoncé, sur Public-Sénat un "système corrompu" estimant qu' "il faudrait sans doute plusieurs" karchers "pour nettoyer ce qui se passe aujourd'hui au niveau du système Sarkozy". Mais sa virulence est restée singulière. "Il fallait qu'on adopte une attitude responsable alors que la droite aurait voulu nous entraîner dans la boue. On a résisté", se félicite un membre de la direction. "On savait qu'en tapant sur tel ou tel ministre, il suffirait à Sarkozy de remanier le gouvernement pour étouffer les choses", poursuit cette même source, proche de Mme Aubry. L'unisson des socialistes n'a pas été immédiat. Au bureau national du 29 juin, Laurent Fabius était partisan de taper plus fort. Arnaud Montebourg dénonçait le même jour dans Libération "une France consanguine du pouvoir et de l'argent". Mais une semaine après, au fil des révélations, "on a tous compris qu'on passait d'un affaire Woerth à une crise de régime bien plus sérieuse avec un risque qu'elle abîme l'image de l'ensemble de la classe politique" raconte Bernard Soulage, secrétaire national du PS, proche de Dominique Strauss-Kahn. LA TENTATION DU "TOUS POURRIS" Un constat qu'étayent les analystes de l'opinion : "Tout ce qui se passe construit du rejet et de la désillusion, observe Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS Sofres, les gens consomment des informations mais ils attendent des preuves. Le climat risque d'être aussi ravageur pour les media que pour la classe politique". Le PS s'est épargné une bataille interne sur sa tactique. Mais il n'est pas pour autant certain de tirer les marrons du feu de la crise politique. Pas un responsable PS ne se risque à prédire la victoire lors de la législative partielle, dimanche 11 juillet dans la 10 e circonscription des Yvelines. Dans ce fief de la droite conservatrice, ex-circonscription de Christine Boutin, députée de 1986 à 2007, Anny Poursinoff candidate écologiste, soutenue par le PS, est certes arrivée en tête au premier tour, dimanche 4 juillet, avec 42,62 %. Mais elle n'a pas creusé l'écart autant qu'elle l'espérait avec le député sortant Jean-Frédéric Poisson, ex-suppléant de Mme Boutin (40,71 %). Celui-ci peut compter sur le report des voix du Front National (7, 48 %), au premier tour. Pour la gauche, le principal écueil sera l'abstention. Seuls 26,75 % des électeurs sont allés voter, le 4 juillet. Venue soutenir, à Rambouillet, au cœur de la circonscription, le 7 juillet, Mme Poursinoff, avec Cécile Duflot, la patronne des Verts, Mme Aubry a tenté de conjurer les risques du "populisme" qui éloignent les électeurs des urnes. Elle a dénoncé la tentation du "tous pourris" et pour donner plus de poids à ses propos s'en est pris aux errements de son propre camp : "Je me souviens de la loi d'amnistie [votée sous le gouvernement de Michel Rocard en 1989, elle concernait les élus épinglés dans des affaires de financement électoral ]. Je me rappelle que le FN a vécu là-dessus. Quand on se serre les coudes pour masquer des comportements immoraux, on donne des voix au Front national", a mis en garde Mme Aubry. Béatrice Jérôme
"2010-10-07T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/10/affaire-woerth-bettencourt-quand-le-ps-fait-profil-bas_1386196_823448.html
Theresa May veut un capitalisme (un peu) plus responsable
La première ministre britannique a édulcoré des mesures sur l’encadrement des salaires des patrons et la représentation des salariés.
Theresa May en octobre 2016. Tolga Akmen/LNP/Shutter/SIPA / Tolga Akmen/LNP/Shutter/SIPA Dès le mois de juillet, quand Theresa May s’est présentée pour prendre la direction du Parti conservateur, elle a fait de la lutte pour un capitalisme plus responsable l’un de ses principaux objectifs. « Je veux changer la façon dont les grandes entreprises sont gouvernées », disait-elle alors. En octobre, pour son discours au congrès annuel du Parti conservateur, la première ministre britannique est revenue à la charge. « Pour que les gens gardent foi dans le capitalisme et le libre marché, les grandes entreprises doivent mériter la confiance de leurs clients, de leurs employés et du grand public. (…) Il est clair que ces dernières années, le comportement de quelques entreprises a endommagé la réputation des autres. Il faut que cela change. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les conservateurs britanniques sur la pente antilibérale Mardi 29 novembre, le gouvernement de Mme May a présenté pour la première fois la façon dont il comptait mettre en pratique ces promesses. Il a publié son Livre vert sur la gouvernance des entreprises. Il ne s’agit que d’une première mouture, ouverte à consultation jusqu’en février 2017. Il en sera alors tiré un Livre blanc précisant les réformes, avant de finalement transformer le tout en projet de loi. Ce Livre vert lance trois projets de réforme. Le premier, sans doute le plus explosif, concerne le salaire des patrons. En 1998, le directeur général d’une entreprise du FTSE 100, l’indice phare de la Bourse de Londres, gagnait 47 fois le salaire moyen de ses employés. En 2015, c’était 128 fois. Le vote annuel des actionnaires n’est que consultatif Depuis 2003, le Royaume-Uni a pourtant mis en place plusieurs réformes pour tenter d’enrayer cette dérive. Il a donné notamment un droit de vote aux actionnaires sur la rémunération des patrons. Mais ce vote annuel n’est que consultatif. A quatre reprises seulement depuis 2013, plus de 50 % des actionnaires d’une entreprise cotée au FTSE 100 se sont rebellés. Mais ces sociétés n’en ont de toute façon pas tenu compte et les patrons ont quand même touché leurs émoluments. Désormais, beaucoup de voix, y compris dans certains groupes patronaux, se font entendre pour rendre ce vote exécutoire. La France a opté pour cette solution, avec une nouvelle loi en cours d’adoption. Mais le gouvernement britannique semble reculer. Il suggère que le vote ne soit contraignant que sur certaines parties du bonus, ou ne s’applique qu’aux entreprises « qui ont connu une opposition significative des actionnaires » à la rémunération des dirigeants par le passé. Une autre option envisagée serait que chaque entreprise fixe un plafond maximum au salaire de son patron.
"2016-11-30T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/11/30/theresa-may-veut-un-capitalisme-un-peu-plus-responsable_5040768_3234.html
Sarcelles : un policier tue trois personnes avant de se donner la mort
Le fonctionnaire de police, en poste à Paris, a tué, samedi soir, trois personnes, dont son beau-père, et blessé sa belle-mère, sa compagne et la sœur de cette dernière.
Un policier de 31 ans a tué, samedi 18 novembre en début de soirée à Sarcelles (Val-d’Oise), trois personnes avec son arme de service et en a blessé trois autres avant de se suicider, selon l’Agence France-Presse (AFP), qui cite une source policière, et confirme une information du Parisien. D’après les premiers éléments de l’enquête, ce fonctionnaire de police en poste à Paris a tué trois personnes, dont son beau-père, et blessé sa belle-mère, sa compagne et la sœur de cette dernière, avant de retourner l’arme contre lui. Deux passants victimes Le drame s’est produit vers 20 h 45 dans le Vieux Sarcelles, à environ 300 mètres de la mairie de cette commune située au nord de Paris. L’homme a d’abord tué deux personnes qui se trouvaient « sur la voie publique », selon la source policière. « Ce sont des gens du voisinage, je les connais bien car j’ai habité dix ans dans cette rue, ils n’avaient aucun lien » avec le policier, a affirmé à l’AFP le maire de Sarcelles François Pupponi, présent sur place. Selon l’élu, le policier a ensuite tiré sur sa petite amie qui lui aurait annoncé peu de temps auparavant son intention de rompre. Grièvement blessée au visage, elle se trouvait dans une voiture stationnée devant un pavillon. Le gardien de la paix a été retrouvé mort dans le jardin. Les policiers « resteront armés » affirme Gérard Collomb Au lendemain de ce triple meurtre, commis par le policier avec son arme de service, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, appelé à réagir lors de l’émission « Questions politiques », a déclaré que les policiers « resteront armés » hors service, soulignant la difficulté de répondre à des exigences « contradictoires », entre crainte de dérapage individuel d’un policier qui « déraille » et demande de protection accrue dans les transports par exemple.
"2017-11-19T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/19/sarcelles-un-policier-tue-trois-personnes-avant-de-se-donner-la-mort_5217090_1653578.html
Un geek roumain très convoité
Ionut Budisteanu, 19 ans, est courtisé par les plus grandes universités et centres de recherche américains. Ses inventions sont reconnues par les spécialistes mondiaux de la haute technologie.
Drapeau Roumanie Bilan du Monde C'est grâce à un coup de téléphone sur le mobile de sa mère que le rendez-vous a pu être arrangé. " Si on apprend que j'en ai un , je risque d'être appelé sans arrêt pour cloner des cartes bancaires ou faire d'autres bêtises sur Internet", s'excuse Ionut Budisteanu, 19 ans, en ouvrant aux visiteurs la porte d'une maison modeste du 22, rue Ferdinand, une artère poussiéreuse de Ramnicu Valcea, dans le centre de la Roumanie. Un petit hall d'entrée puis une chambre d'une dizaine de mètres carrés. "C'est mon laboratoire, dit Ionut en montrant son domaine. C'est ici que j'ai tout inventé." Le petit génie de l'informatique se lance alors dans une explication détaillée de ce que peut faire chacun des ordinateurs – il y en a une dizaine – qui encombrent un bureau improvisé. A moins d'être soi-même un spécialiste, on perd vite pied dans la masse d'informations qu'il nous divulgue. DES CENTAINES DE PRIX OBTENUS La modestie du jeune homme est trompeuse. Il est courtisé par les plus grandes universités et centres de recherche américains. Ses inventions sont reconnues par les spécialistes mondiaux de la haute technologie. Le 18 mai, il a obtenu aux Etats-Unis le premier prix lors d'une compétition de très haut niveau organisée par l'International Science and Engineering Fair. Ce prix, très convoité, a récompensé son invention d'une voiture capable de se diriger toute seule en ville. Un prototype avait déjà été conçu en 2011 par les spécialistes de l'université américaine Stanford, située au coeur de la Silicon Valley en Californie, mais le jeune Roumain a réussi à concevoir un modèle low cost, une sorte de Logan des voitures autonomes. "C'EST LA RECHERCHE QUI M'INTÉRESSE" Ce prix américain s'ajoute à une centaine d'autres obtenus par Ionut Budisteanu, comme ce dispositif qui permet aux non-voyants de "voir" à travers la langue. Les universités américaines s'arrachent le geek de Ramnicu Valcea mais, pour l'instant, il compte rester en Roumanie pour parfaire ses inventions. Google a également tenté de l'attirer en lui offrant un salaire avec un chiffre suivi de plusieurs zéros. "C'est bien de travailler pour Google, mais le vrai défi est d'inventer Google, assure-t-il. Moi, c'est la recherche qui m'intéresse. Regardez le monde dans lequel on vit : il a été radicalement changé par les nouvelles technologies. A l'origine de ces , il y a quelques dizaines de personnes. J'ai eu l'occasion de rencontrer quelques-uns de ces chercheurs qui ont changé la face du monde. Je veux être comme eux."
"2013-05-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/05/28/un-geek-roumain-tres-convoite_3419571_3234.html
Joseph Mitchell refait Manhattan dans le fond d’un café
Enfin traduit, « Le Merveilleux Saloon de McSorley », de Joseph Mitchell, ressuscite les figures pittoresques d’un New York disparu.
Le Merveilleux saloon de McSorley. Récits New-yorkais (McSorley’s Wonderful Saloon), de Joseph Mitchell, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Bernard Hoepffner, Diaphanes, 538 p., 25 €. Lorsqu’un lecteur lui faisait observer qu’il écrivait sur les « petites gens », l’Américain Joseph Mitchell (1908-1996) s’agaçait à raison : « Ils sont aussi grands que vous l’êtes, qui que vous soyez. » Grands, donc, et assurément hauts en couleur. Livre de chevet de Paul Auster, Salman Rushdie ou Martin Amis, Le Merveilleux Saloon de McSorley, enfin traduit en France, rassemble ses textes parus dans le New Yorker entre 1938 et 1955. Mis bout à bout, ceux-ci présentent une inoubliable galerie de portraits ainsi qu’une radiographie poétique des lieux de sociabilité de Manhattan où, jadis, des prolétaires de toutes origines levaient le coude. Dans les bars et les restaurants, les habitués fraternisent, les ouvriers claquent leur paie, les couples se disputent, les solitaires noient leur mélancolie. A cela s’ajoutent les réunions de clubs de sourds-muets ou d’amateurs de calypso. Chapeau à plumes d’autruche Au sein des rades qu’il fréquente, Joseph Mitchell cultive une prédilection pour les excentriques. Joe Gould est de ceux-là. Surnommé la Mouette ou le Professeur, ce sans-abri à l’accent chic d’Harvard dort sur son carton à dessin et, pour se protéger du froid, place des exemplaires du Times (exclusivement) entre sa chemise et ses sous-vêtements. Depuis vingt-six ans, il a entrepris de rédiger, sous forme de journal, « une histoire orale de notre temps ». Déjà neuf millions de mots, onze fois plus que la ­Bible, pour un texte obscène et impubliable. Un autre homme, septuagénaire, se présente comme le président-fondateur de la Ligue contre les mots impies. Ce buveur de bière doublé d’un réformateur prône, depuis trois décennies, le boycott des jurons et blasphèmes. Pour répandre la bonne parole et distribuer ses tracts, il n’hésite pas à se rendre dans des réunions syndicales de chauffeurs routiers, visite les docks, les chantiers de construction, les terrains de base-ball. Le Commodore Dutch gagne sa vie en organisant un bal annuel à son propre bénéfice. Un ancien marin, Charles Eugène Cassel, a rassemblé, au cours de ses voyages, une collection d’objets hétéroclites et constitué un musée privé au sous-sol d’un immeuble. Pêle-mêle, un casque colonial jouxte des animaux empaillés, des pièces chinoises, un chapeau à plumes d’autruche, une véritable momie égyptienne…
"2016-12-06T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2016/06/16/joseph-mitchell-refait-manhattan-dans-le-fond-d-un-cafe_4951471_3260.html
L’apport des repentis fiscaux au budget
Le gouvernement prévoit que le rapatriement des avoirs non déclarés de Français à l’étranger rapportera 2,4 milliards d’euros à l’Etat en 2016.
Le ministère des finances va inscrire dans son projet de loi de finances pour 2016 des recettes de 2,4 milliards d’euros grâce aux régularisations de personnes détenant un compte bancaire non déclaré à l’étranger. Le gouvernement doit présenter son projet de budget 2016, chargé d’entériner les baisses d’impôts promises aux ménages et les nouveaux allégements de charges pour les entreprises, tout en ouvrant la voie au prélèvement à la source. Pour 2015, le montant des avoirs qui doivent être récupérés par l’État s’élève à 2,65 milliards, a précisé, lundi 28 septembre, Michel Sapin, le ministre des finances, lors d’une visite avec le secrétaire d’Etat au budget Christian Eckert au pôle déconcentré de régularisation des avoirs détenus à l’étranger de Saint-Germain-en-Laye, près de Paris. Depuis le 1er juin, devant l’afflux des demandes, sept pôles interrégionaux ont été créés pour renforcer le STDR. Ils sont situés à Paris, Vanves, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg, Bordeaux, Lyon et Marseille. Le ministre des finances a ajouté : « Ces très bons résultats et le rythme qui ne tarit pas des dossiers qui arrivent nous permettent de réévaluer à 2,4 milliards au total le montant attendu pour 2016 (…), soit 600 millions de plus que ce que nous avions anticipé. » Comptes hébergés en Suisse Michel Sapin a relevé que 4 000 dossiers avaient été traités l’an passé et 4 391 depuis janvier. Il en reste 35 600 environ. Les 5 milliards d’euros de recettes perçues par ce biais en deux ans ont permis de financer des baisses d’impôt pour un montant équivalent en 2015-2016. Pour M. Sapin, les contribuables concernés savent que « s’ils ne viennent pas maintenant demain ça sera plus dur ». Selon Bercy, 85 % des comptes régularisés cette année étaient domiciliés en Suisse. Estimant que la coopération avec la Suisse notamment portait ses fruits, il a estimé que « le secret fiscal, dans trois, quatre ans, c’est terminé ».
"2015-09-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/09/28/l-apport-des-repentis-fiscaux-au-budget_4775138_3234.html
L'Effet papillon, de Xavier de Bayser
Xavier de Bayser est l'auteur de "L'Effet papillon", petit livre qui invite à penser différemment la problématique de l'aide au développement des pays pauvres.
"L'Effet papillon. Petits gestes, grands effets pour une croissance durable", par Xavier de Bayser. L'Archipel, 166 pages, 14,95 euros. DR L'effet papillon, c'est le principe selon lequel de petites causes peuvent produire de grands effets. Pionnier de l'investissement socialement responsable (ISR), qui entend appliquer les principes du développement durable à la gestion financière, Xavier de Bayser est l'auteur de ce petit livre qui invite à penser différemment la problématique de l'aide au développement des pays pauvres. Convaincu que le modèle de l'agriculture intensive et productiviste ne pourra répondre aux besoins d'une planète qui comptera bientôt 9 milliards d'habitants, il avance des solutions concrètes. Il relate l'histoire de trois aventures françaises de "social business" à vocation humanitaire. Créée en 1994, la société JTS a mis au point un kit comprenant semences, bâches et outils pour cultiver un "superpotager" afin de produire des fruits et légumes en consommant quatre fois moins d'eau avec un rendement trois fois supérieur à celui d'un jardin classique. "CHARBON VERT" Pour combattre la déforestation en Afrique, l'organisation non gouvernementale ProNatura a développé une technologie permettant de fabriquer du "charbon vert". Il s'agit de récupérer des résidus agricoles afin de les brûler pour les transformer en charbon végétal. L'épandage des cendres permet ensuite de fertiliser les sols. La dernière histoire n'est pas la moins surprenante. Les feuilles des végétaux verts contiennent en abondance des protéines, de la vitamine A et du fer, dont manquent cruellement les personnes souffrant de malnutrition. D'où l'idée du groupe coopératif France Luzerne de fabriquer des pilules à base de luzerne concentrée qui peuvent être facilement ingérées. Avec un budget de 5 euros par an et par enfant, affirme Xavier de Bayser, il est possible de vaincre la malnutrition. Le point commun de toutes ces initiatives ? Elles visent à encourager un développement "local" en optimisant l'exploitation des ressources des pays concernés, plutôt qu'en tablant sur l'aide des pays développés. "Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson", dit un proverbe chinois. Jérôme Porier L'Effet papillon. Petits gestes, grands effets pour une croissance durable, de Xavier de Bayser. Editions de L'Archipel, 166 pages, 14,95 euros. "Une" du "Monde Economie" du mardi 5 avril 2011. DR
"2011-04-04T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/04/l-effet-papillon-de-xavier-de-bayser_1502575_3232.html
Pédophilie : le Vatican sommé par l'ONU de s'expliquer
Le pape a fustigé jeudi les « nombreux scandales » au sein de l'Eglise en la matière, au moment où l'ONU enquête sur la réponse du Vatican aux crimes pédophiles.
Le pape François, sur la place Saint-Pierre, le 8 janvier au Vatican. GABRIEL BOUYS/AFP Pour la première fois de son histoire, le Vatican a subi, jeudi 16 janvier à Genève, un interrogatoire en règle sur son action de lutte contre la pédophilie au sein de l'Eglise catholique. Tandis que le pape François faisait part de sa « honte » face aux scandales que connaît l'institution en la matière, les représentants du Saint-Siège essuyaient le feu roulant des questions des experts du comité pour les droits de l'enfant de l'ONU, dont les conclusions seront publiées le 5 février. Ces actes de pédophilie sont « la honte de l'Eglise. Mais avons-nous honte de ces défaites de prêtres, d'évêques, de laïcs ? », s'est exclamé le pape François, jeudi, lors de la messe matinale à la résidence Sainte-Marthe. Evoquant « le mépris, la moquerie » qui ont touché l'Eglise à la suite de ces affaires, le pape a ajouté que les personnes mises en cause « n'avaient pas un lien avec Dieu », mais seulement « une position dans l'Eglise, une position de pouvoir (...) Dans ces scandales, dans ces hommes et ces femmes, la parole de Dieu était rare ». Regarder le visuel interactif : Vingt-cinq ans de scandales pédophiles dans l'Eglise catholique C'est sous le pontificat de Benoît XVI que le Vatican a demandé pardon aux victimes d'agissements pédophiles et a donné pour consigne aux évêques de ne tolérer aucun acte de cette nature. Mais des associations de victimes estiment qu'il ne s'agit que de mots. Le Saint-Siège a ainsi refusé en décembre de répondre à un questionnaire du comité de l'ONU, envoyé en juillet, concernant les dossiers de pédophilie. C'est la première fois que des questions détaillées sur ce sujet étaient posées au Vatican, selon une porte-parole du comité. Une fin de non-recevoir que les experts de l'ONU ont clairement rejetée jeudi, en posant une fois de plus — pendant une session publique retransmise sur Internet — ces mêmes et très nombreuses questions à la délégation du Vatican. Mgr Silvano Tomasi (à gauche) et Charles Scicluna, ancien procureur au Vatican, lors de leur audition à l'ONU, le 16 janvier à Genève. AFP/FABRICE COFFRINI « UN EXEMPLE DE BONNE CONDUITE » « Ceux qui commettent des abus se trouvent parmi les membres des professions les plus respectées, et malheureusement, y compris parmi les membres du clergé et parmi d'autres représentants de l'Eglise », s'est défendu le représentant du Vatican auprès des Nations unies à Genève, Silvano Tomasi, qui a assuré que « l'Eglise catholique veut devenir un exemple de bonne conduite ». Mgr Tomasi, qui répondait aux experts en compagnie de Mgr Charles Scicluna, ancien procureur chargé des crimes sexuels auprès du Vatican, a rappelé que le Vatican avait ratifié la convention des droits de l'enfant en 1990, et ses protocoles en 2000. Il a également souligné, sans fournir de détails, que le Saint-Siège et les églises locales avaient formulé des « directives » en la matière pour prévenir les sévices sexuels, citant la charte pour la protection des enfants et des jeunes adoptée par l'Eglise catholique américaine en 2005. LE DROIT PROPRE À L'ÉGLISE N'EST PAS CELUI DES ÉTATS Dans une interview à Radio Vatican, Mgr Tomasi avait auparavant rejeté l'accusation portée contre le Saint-Siège par des associations de victimes de faits pédophiles d'« avoir fait obstacle au cours de la justice » contre les prêtres coupables. « Elle me semble être un peu privée de fondement (...) Le Saint-Siège soutient le droit et le devoir de chaque pays à juger les crimes contre les mineurs », a affirmé Mgr Tomasi Egalement sur Radio Vatican, le père Federico Lombardi, porte-parole du pape, a tenté d'expliquer les limites des compétences du Saint-Siège en vertu de la convention entrée en vigueur en 1990. Si le Saint-Siège est bien partie à la convention, « l'Eglise catholique, en tant que communauté de fidèles catholiques dispersés dans le monde, n'en est en aucune façon partie, et ses membres sont soumis aux législations des Etats dans lesquels ils vivent et opèrent ». « Il n'est pas rare que les demandes, quand elles se réfèrent à la problématique des violences sexuelles, semblent présupposer que les évêques et supérieurs religieux agissent comme représentants ou comme délégués du pape, ce qui est privé de tout fondement. Les violences sexuelles en Irlande ou celles commises au sein du mouvement des Légionnaires du Christ ont été des cas pour lesquels les pays où elles se sont produites sont compétents juridiquement. « Le droit canon propre à l'Eglise catholique est bien distinct des lois civiles des Etats. Le Saint-Siège n'est donc pas tenu, en vertu de la convention, à répondre aux demandes d'informations relatives à des enquêtes effectuées sur la base du droit canon. » Le porte-parole du pape justifie ainsi le refus du Saint-Siège de répondre au questionnaire que lui avait adressé en juillet le comité sur quelque quatre mille enquêtes ecclésiastiques que les diocèses ont fait remonter depuis des années à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Un refus que les associations de victimes ont perçu comme une volonté du Vatican de couvrir les prêtres coupables de violences sexuelles, alors que le Saint-Siège affirme lui vouloir ainsi protéger témoins et victimes.
"2014-01-16T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/16/pour-le-pape-francois-la-pedophilie-est-la-honte-de-l-eglise_4349443_3224.html
Dak’Art 2016 : du chaos surgit une très belle exposition internationale
Le commissaire Simon Njami, appelé en catastrophe pour sauver la 12e édition de la biennale de Dakar, n’a eu que sept mois pour relever le défi. Pari réussi.
Photographie tirée de la série "Nobody will talk about us", de la Tunisienne Mouna Karray, exposée à la Dak'Art 2016. MOUNA KARRAY C’est à peine croyable : bien qu’accouchée aux forceps, l’exposition internationale de la biennale de Dakar, conçue par le commissaire Simon Njami, est réussie. Les indicateurs n’étaient pourtant pas au vert. La veille de l’ouverture, les trois quarts des pièces n’avaient toujours pas été installées. D’autres œuvres ne sont pas arrivées à Dakar ou sont retenues à la douane. Lors du vernissage, mardi 3 mai, beaucoup de vidéos n’étaient pas visionnables, faute de projecteurs. L’incurie organisationnelle se trouve toutefois compensée par la splendeur du Palais de justice, un nouveau site laissé dans son jus, lézardé de larges fissures qui lui donnent un charme déglingué. Le génie du lieu est néanmoins à double tranchant : il magnifie les œuvres les plus fortes, comme l’installation de Kader Attia autour des révolutions de pierre, mais écrase les plus anecdotiques. Noirceur générale Le « Réenchantement », titre de cette édition de Dak’Art 2016, se joue davantage du côté du bâtiment, qui jouit d’une seconde jeunesse, que des œuvres au noir qu’il abrite. Ni enchanteurs ni mages, les artistes invités sont plutôt des chroniqueurs lucides, voire désillusionnés, d’un monde cabossé. Cette noirceur générale, tavelée de quelques traits d’humour comme les affiches parodiques de cinéma du Marocain Yassine Balbzioui, n’est pas sans rappeler le désenchantement de la Biennale de Venise d’Okwui Enwezor en 2015. A ceci près que Simon Njami n’a disposé que de sept mois – et non deux ans – pour monter la sienne. Aussi son propos est-il plus flottant, la construction plus lâche, la liste des artistes plus inégale. Une affiche parodique du Marocain Yassine Balbzioui, exposé à la biennale de Dakar, du 3 mai au 2 juin 2016. YASSINE BALBZIOUI Certaines œuvres sortent du lot, comme la vidéo de l’Egyptienne Heba Y. Amin, vraie découverte de cette édition. Celle-ci a collecté les messages vocaux porteurs d’espoir laissés par les Egyptiens pendant un mois, entre janvier et février 2011, sur une plateforme numérique baptisée SpeakTweet. Que reste-t-il aujourd’hui de ce souffle révolutionnaire ? Rien, si ce n’est une profonde amertume. « Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à réentendre ces messages, admet Heba Y. Amin, la gorge serrée. Nous pensions que tout était possible, il y avait une excitation. Maintenant, il n’y a rien que nous puissions faire. Nous nous sentons totalement démunis. » Pourtant, certains messages diffusés dans le film exhortent à ne pas s’avouer vaincus : « Dieu nous interdit de flancher, parce qu’autrement l’Egypte cessera d’exister pour longtemps. » Lire aussi Simon Njami, Africain mais pas que Comme en écho, une double installation vidéo de 2003 de l’Egyptien Moataz Nasr appelle à ne pas baisser les bras. Sur un écran est projeté un film tourné en 1969 par le réalisateur Youssef Chahine à partir d’événements qui se sont déroulés en 1933. Sur l’autre, Moataz Nasr a fait rejouer par une conteuse une scène dans laquelle le personnage de Chahine secoue verbalement ses compagnons pour qu’ils recouvrent leur fierté. « Contenir l’être humain » Passivité et contrainte, voilà deux maux que l’artiste tunisienne Mouna Karray cherche à conjurer avec sa série de photos Nobody will talk about us, réalisée entre 2012 et 2015 dans le sud-ouest tunisien. Un corps emmailloté dans un sac en toile blanche s’infiltre dans le paysage, comme le spectre entêtant d’une parole bâillonnée mais insoumise. « Dans cette région où se trouvent des mines de phosphate, la richesse ne revient pas aux gens, qui vivent dans une pauvreté silencieuse », déplore la jeune femme. Pour autant, Mouna Karray refuse de perdre foi dans l’avenir. « Ce qui me rend optimiste, c’est la société civile », insiste-t-elle. Une société qui n’hésite pas à jouer les David contre Goliath. Lire aussi Chaotique mais unique, la biennale de Dakar cherche encore son modèle C’est précisément la métaphore de la fronde que file Kader Attia dans son installation baptisée Les Rhizomes infinis de la révolution, composée d’arbres en tiges de fer à béton piquées de frondes. « On a beau le vouloir, on ne peut pas contenir l’être humain, insiste l’artiste franco-algérien. La révolte est le propre de l’homme. Et les révolutions commencent parfois avec un jet de pierre. » Ou un jet de dés, comme le suggère une installation de la Nigériane Modupeola Fadugba, en apparence ludique. En apparence seulement, car le thème qu’aborde ce Rubik’s Cube géant est celui de l’éducation, un défi pour toute l’Afrique, et tout particulièrement le Nigeria, où 276 lycéennes furent enlevées en 2014 par les islamistes de Boko Haram. « Certains prétendent que l’école n’est pas un lieu sûr. D’autres disent “A quoi bon mettre nos enfants à l’école alors que 20 millions de jeunes gens se trouvent au chômage ?” Du coup, 10,5 millions d’enfants ne sont pas scolarisés », regrette la jeune femme, qui fut elle-même enseignante. Dans le jeu auquel elle invite le visiteur, tout est question de chance, mais aussi de stratégie. Comme pour montrer que chacun est libre de son destin. Hommage à la « Revue Noire » Placé sous le signe de l’hommage à des artistes défunts tels que la photographe marocaine Leila Alaoui, décédée en janvier lors d’un attentat à Ouagadougou, ou au souffle de Léopold Sedar Senghor, le Dak’Art de Simon Njami s’autorise aussi une séquence dédicace à la Revue Noire, publiée de 1991 à 2001. « Je voulais la présence de cette histoire, mais qu’on ne pense pas qu’il s’agissait d’un monument à ma gloire, précise Simon Njami, qui avait confondé la revue avec Jean-Loup Pivin. La formule la plus intéressante, c’était que le sujet soit traité par un artiste. » Après le Camerounais Pascale Marthine Tayou, qui a autrefois empalé des exemplaires de la revue, c’est au tour de Joël Andrianomearisoa de se frotter à l’exercice. Au Manège, un lieu qui dépend de l’Institut français de Dakar, l’artiste malgache a orchestré un parcours sentimental rythmé au gré de sa biographie et des numéros marquants d’une revue dont il a fait la couverture à l’âge de 18 ans. Pas question pour autant de sombrer dans le sentimentalisme. En vis-à-vis de la frise reprenant les quatrièmes de couverture du magazine, Joël Andrianomearisoa a installé de grands ensembles de papiers de soie, comme autant de pages blanches à remplir. Dak’Art 2016, 3 mai-2 juin 2016, www.dakart.net
"2016-04-05T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/04/dak-art-2016-du-chaos-surgit-une-tres-belle-exposition-internationale_4913761_3212.html
Siège vibreur et capteurs d'endormissement
La plupart des véhicules haut de gamme sont équipés de systèmes électroniques d'alerte, en cas de changement de trajectoire non accompagné d'une activation du clignotant.
Un conducteur qui s'endort a tendance à laisser sa voiture zigzaguer. Depuis quelques années, la plupart des constructeurs automobiles ont donc installé, sur les véhicules haut de gamme, principalement, des systèmes électroniques d'alerte, en cas de changement de trajectoire non accompagné d'une activation du clignotant. Sur les DS5 de Citroën (à partir de 30 000 euros), le siège se met à vibrer, lorsque la caméra située dans la partie supérieure du pare-brise analyse un franchissement involontaire de ligne. Ce système, mis au point fin 2011 et vendu en option, fait partie d'un "pack sécurité" à 600 euros, qui comprend le changement automatique des phares en code quand on croise un véhicule la nuit. Chez Mercedes, c'est le volant qui vibre, lorsque le conducteur dévie de sa trajectoire. Le constructeur allemand a en outre introduit, en 2009, sur sa classe E (de 40 000 à 60 000 euros), le système Attention Assist, qui, grâce à des capteurs, détecte les mouvements de braquage anormaux, mais aussi les signes caractéristiques de l'endormissement : clignements d'yeux, inclinaison de la tête (qui se penche) et position du pied sur la pédale (qui se relève). Un avertisseur retentit alors, et une tasse de café s'affiche sur le tableau de bord. Ford aussi propose en option des détecteurs de perte de vigilance sur ses modèles Focus, Mondeo, S-Max et Galaxy. Le dispositif, couplé à d'autres fonctions telles que l'alerte de franchissement involontaire de ligne, coûte entre 800 et 1 200 euros. Chez Volvo, le coût du pack "alertes vigilance et franchissement de ligne" est de 650 ou 700 euros. L'association 40 Millions d'automobilistes demande que les exploitants d'autoroutes installent des bandes rugueuses le long des bandes d'arrêt d'urgence, afin que le frottement des roues fasse du bruit et réveille le conducteur. L'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA) indique avoir équipé la moitié de son réseau. Elle a aussi multiplié les campagnes en direction des conducteurs, afin qu'ils fassent des pauses toutes les deux heures. Rafaële Rivais
"2012-02-28T00:00:00"
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2012/02/28/siege-vibreur-et-capteurs-d-endormissement_1649379_3238.html
Pour les Européennes, la résistance du couple passe par une communication sans tabous
Le moment que les femmes préfèrent, dans la vie de couple, c'est celui où l'"on s'endort l'un contre l'autre".
Le moment que les femmes préfèrent, dans la vie de couple, c'est celui où l'"on s'endort l'un contre l'autre" : cet instant de douceur est plébiscité par la quasi-totalité des 25 000 Européennes que le site Internet Aufeminin.com a interrogées au mois de mai. Une majorité (40 %) des 9 631 Françaises sondées aime mieux se blottir ainsi contre leur partenaire, que sortir "en tête à tête" (21 %) avec lui ou encore "rêver ensemble" (18 %) au prénom de leur enfant. Ce qui fait dire au sociologue Jean-Claude Kaufmann que le couple est "un lieu de réconfort et de refuge dans un univers de plus en plus stressant". Au lit, les femmes ne font pas que s'endormir. Elles font aussi l'amour, mais seules 20 % environ considèrent que le sexe est le principal ciment du couple (32 % d'Espagnoles). Qui engage les câlins, eux ou elles ? "Ça dépend, ce n'est pas si tranché que ça", répondent-elles toutes. Il semble toutefois que ce soit plus souvent les hommes que les femmes. La majorité des Européennes estiment que, plus que le sexe, ce qui cimente le couple, c'est une "vision de l'avenir" commune. Loin devant les "idéaux politiques et sociaux" ou les "goûts". Elles attendent de l'homme idéal qu'il soit "gentil et attentionné", et pensent que le couple dure grâce à "une communication sans tabous". "ON FAIT COMPTE À PART" Si leur partenaire les trompe, elles le quittent tout de suite ou partent pour accuser le coup, puis s'interrogent. Quelque 20 % seulement disent avoir envie de pardonner et moins de 5 % affirment que leur couple est "libre". Ce que la plupart des Européennes reprochent à leur compagnon, c'est de ne "pas exprimer assez ses sentiments, ses émotions". Les Italiennes se plaignent qu'"il manque d'écoute" et les Allemandes qu'il "gaspille son énergie dans toutes sortes de directions". Excepté en Pologne, on le considère rarement comme "trop machiste". Si les hommes se taisent, les femmes, en revanche, s'expriment. Trop, même, si l'on en croit leurs partenaires, qui leur reprochent de "trop râler", toutes nationalités confondues.
"2011-07-23T00:00:00"
vous
https://www.lemonde.fr/vous/article/2011/07/23/pour-les-europeennes-la-resistance-du-couple-passe-par-une-communication-sans-tabous_1552105_3238.html
Koweït : l'opposition réclame la dissolution du nouveau Parlement
L'opposition koweïtienne a réclamé la dissolution du Parlement issu des élections législatives de la veille qu'elle a boycottées, la minorité chiite se taillant la part du lion dans la nouvelle Assemblée.
Un Koweïtien votant lors des élections législatives le 1er décembre 2012. AFP/YASSER AL-ZAYYAT L'opposition koweïtienne a réclamé dimanche 2 décembre la dissolution du Parlement issu des élections législatives de la veille qu'elle a boycottées, la minorité chiite se taillant la part du lion dans la nouvelle Assemblée. "Nous allons poursuivre nos manifestations pacifiques dans le cadre de la Constitution jusqu'à la chute du nouveau Parlement", a déclaré un chef de l'opposition, l'ancien député Fayçal Al-Muslim. L'opposition a qualifié d'"illégitime" le Parlement issu du scrutin qu'elle a boycotté. Elle conteste un amendement de la loi électorale prévoyant que chaque électeur choisisse désormais un seul candidat, alors qu'il pouvait auparavant désigner jusqu'à quatre candidats. "Nous appelons à la mise au pas de ce Parlement et à l'abrogation du décret (sur l'amendement) car cette Chambre ne représente pas le peuple koweïtien", a indiqué M. Muslim. Le scrutin, le deuxième en dix mois et le cinquième depuis la mi-2006, s'est déroulé sans incident malgré une forte tension politique entre l'opposition et le gouvernement dirigé par la famille régnante des Al-Sabah. Selon la loi, le gouvernement doit démissionner et un nouveau doit être formé avant que le nouveau Parlement ne se réunisse dans deux semaines. L'opposition réclame des réformes démocratiques de fond pour réduire l'emprise de la famille régnante sur les rouages de l'Etat, avec un gouvernement issu de la majorité parlementaire et une meilleure lutte contre la corruption, mais elle n'a jamais contesté le règne des Al-Sabah, au pouvoir depuis plus de 250 ans. UN FAIBLE TAUX DE PARTICIPATION Selon les résultats annoncés par la Commission nationale électorale, les candidats chiites ont remporté 17 des 50 sièges au Parlement, un record historique, car ils ont refusé de rejoindre les appels de l'opposition, dominée par les sunnites, au boycott du scrutin. Les chiites, qui représentent près de 30 % des quelque 1,2 million de Koweïtiens, ne disposaient que de neuf députés dans la Chambre de 2009 et de sept dans celle élue en février et dissoute en juin par une décision de justice. Trois femmes ont été élues, contre quatre dans la Chambre de 2009. Trente nouveaux élus font leur entrée au Parlement, témoignant du large boycott du scrutin par les anciens députés qui dirigent l'opposition. Les islamistes sunnites ont remporté 4 sièges, contre 23 sortants. "Selon des statistiques compilées par l'opposition, le taux de participation a été de 26,7 %", a déclaré l'ancien député Khaled Al-Sultan au terme d'une réunion tenue par l'opposition à la fin du scrutin. En revanche, le ministère de l'information fait état sur son site internet d'un taux de participation de 38,8%, en l'absence d'indication de la Commission nationale électorale. VERS UNE INSTABILITÉ POLITIQUE L'opposition, qui disposait de 36 des 50 sièges de la Chambre dissoute en juin, estimait que le fait de ne choisir qu'un seul candidat favorisait les achats de vote et permettrait au pouvoir d'obtenir une assemblée à sa solde. L'opposition s'est félicitée du boycott et a dénoncé l'élection comme "inconstitutionnelle". Un autre chef de l'opposition, Ahmad al-Saâdoun, a dénoncé une "élection inconstitutionnelle", d'autres anciens députés appelant l'émir, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, à abroger l'amendement contesté. Le Comité populaire de boycott des élections, relevant de l'opposition, a affirmé dans un communiqué que le nouveau Parlement "ne représente pas la majorité du peuple koweïtien et perd toute légitimité populaire et politique". Cette "élection présage d'une nouvelle phase d'instabilité politique (...) car le nouveau Parlement ne représente pas fidèlement la population koweïtienne", a déclaré l'analyste politique Mohamed Al-Ajmi. Les trois principales tribus bédouines —les Awazem, Mutair et Ajami, fortes de 400 000 âmes— ont été les grands perdants, avec un seul élu, contre 17 dans de précédentes Chambres, a-t-il noté.
"2012-02-12T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/12/02/koweit-l-opposition-reclame-la-dissolution-du-nouveau-parlement_1798902_3218.html
Le sociopathe embourgeoisé
Le Begbie de « Trainspotting », peintre adulé en Californie, revient à Edimbourg. Irvine Welsh crache sa colère contre la fatalité sociale et la violence atavique.
Robert Carlyle en Frank Begbie dans « Trainspotting 2 » (2017), de Danny Boyle. CLOUD EIGHT FILMS L’Artiste au couteau (The Blade Artist), d’Irvine Welsh, traduit de l’anglais (Ecosse) par Diniz Galhos, Au diable vauvert, 480 p., 22 €. Le happy end figure au début du livre. Songez : combien de chances existait-il que Frank Begbie, le sociopathe de Trainspotting (L’Olivier, 1996), finisse en artiste adulé sur la Côte ouest des Etats-Unis ? Lui, le paumé du quartier de Leith, à Edimbourg (Ecosse), condamné à vingt ans de prison, aujourd’hui marié à une riche Américaine et père de deux adorables fillettes. Un homme « réinséré », mieux : réinventé. Célébrités défigurées Il a surmonté la dyslexie de son enfance grâce aux livres audio. Il est sobre. Il danse la salsa avec un couple d’homos quand, jadis, il les conspuait en public, les traitant de « pervers » et de « tordus ». Begbie s’est même choisi un nouveau nom, histoire d’achever sa mue. Une rédemption ? En apparence. Les contes de fées sont voués à être saccagés, à l’image des portraits de célébrités défigurées que Begbie réalise dans son atelier, ou de ce que font les personnages d’Orange mécanique qu’il écoute sur son Kindle, en suivant le texte du regard. Transplanter ce Begbie embourgeoisé dans son biotope d’origine afin d’observer s’il renoue avec ses réflexes d’antan, ses accès d’ultraviolence : telle est l’étude psychologique in vivo à laquelle le roublard Irvine Welsh va se livrer dans L’Artiste au couteau. « Quand mes gamins sont nés, j’ai juré de ne jamais me comporter avec eux comme mon vieux l’avait fait avec moi. Et j’ai tenu parole : j’ai été pire encore », confesse Begbie. Il considérait ses fils Sean et Michael, qu’il n’a pas revus depuis plusieurs années, « comme un détail superflu de la vie ». N’empêche, il tient à assister aux funérailles du premier, poignardé à mort dans un repaire de junkies. En sept ans, tout semble avoir changé. Les corps se sont déformés sous l’effet des antidépresseurs, de l’alcool ou de la drogue. L’ami Spud, « maigre, usé » est « d’une pâleur spectrale », June, la mère de ses fils, est à présent obèse. Une autre mafia, plus jeune, gouverne la ville et les rangs des connaissances de ­Begbie Se sont clairsemés. « Il contemple les hauts murs qui encerclent la cité, et jette un œil aux appartements. Là c’était chez les Renton, là, chez Keasbo, là chez Matty… mais il ne reste plus rien en vérité. La mélancolie le saisit à la gorge, il prend la direction du Firth, guidé par les cris des mouettes, et se retrouve d’un coup en train de traverser l’ensemble immobilier tout récent de New­haven. Le quartier est méconnaissable. »
"2018-06-14T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/06/14/le-sociopathe-embourgeoise_5314649_3260.html
L’orchestre royal d’Amsterdam licencie le chef Daniele Gatti, soupçonné de harcèlement sexuel
Le prestigieux orchestre royal d’Amsterdam a annoncé le licenciement de son chef, à la suite de témoignages diffusés par le « Washington Post ».
Daniele Gatti en 2009. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Neuf mois après les premières accusations de harcèlement et viols portées contre le producteur américain Harvey Weinstein, le mouvement #metoo continue de faire tomber des têtes. Le prestigieux orchestre royal d’Amsterdam a annoncé, jeudi 2 août, le licenciement de son chef, l’Italien Daniele Gatti, soupçonné de harcèlement sexuel à la suite de témoignages diffusés par le Washington Post. « Le Royal Concertgebouw Orchestra a mis fin à la collaboration avec le chef d’orchestre Daniele Gatti avec effet immédiat », a déclaré l’institution dans un communiqué, accusant l’Italien d’avoir causé un « dommage irréparable ». M. Gatti, 56 ans, a dirigé l’orchestre national de Radio France de 2008 à 2016, année où il a pris la tête du Royal Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam. Le musicien est mis en cause par plusieurs femmes dénonçant des actes de harcèlement sexuel commis en 1996 et en 2000. Daniele Gatti a nié ces accusations et fait part de ses excuses dans le cas où ces femmes « ne se seraient pas senties traitées avec respect », a rapporté le quotidien néerlandais de référence NRC. Lire aussi Aux origines de #metoo « Dommage irréparable » Les témoignages, qui ciblent également d’autres grands noms de la musique, ont été recueillis et compilés par le Washington Post et publiés le 26 juillet. « Ces accusations et les réactions de M. Gatti ont provoqué beaucoup d’agitation parmi les musiciens et le personnel », a poursuivi l’orchestre d’Amsterdam. Article réservé à nos abonnés Lire aussi #metoo : le vertige de la vie d’après pour les victimes d’agressions sexuelles « Depuis la publication de l’article du Washington Post, un certain nombre de collègues féminins de l’orchestre du Concertgebouw ont rapporté des expériences avec M. Gatti qui sont inappropriées au vu de son poste de chef d’orchestre, a ajouté l’institution. Cela a causé un dommage irréparable à la confiance entre l’orchestre et le chef d’orchestre. » Daniele Gatti, né à Milan, a notamment occupé le poste de directeur musical de l’académie Sainte-Cécile, à Rome (de 1992 à 1997). Principal chef invité du Royal Opera House de Londres (de 1994 à 1997), il a aussi été directeur musical du Royal Philharmonic Orchestra de Londres (de 1996 à 2009) et du Teatro Comunale de Bologne (de 1997 à 2007). Par un communiqué de son avocat, Alberto Borbon, le chef d’orchestre a de nouveau démenti toutes les accusations portées contre lui. « Le maestro se dit stupéfait et a donné mandat à ses avocats de protéger sa réputation et d’entreprendre d’éventuelles actions si une telle campagne diffamatoire devait se poursuivre », fait valoir Me Borbon.
"2018-02-08T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/08/02/l-orchestre-royal-d-amsterdam-licencie-le-chef-daniele-gatti-soupconne-de-harcelement-sexuel_5338706_3224.html
"""Aya de Yopougon"" : Ranimer les chromos d'Abidjan"
L’histoire de trois belles jeunes filles qui cherchent à s’émanciper de leurs tutelles respectives et à se forger un destin.
Une image du film d'animation français "Aya de Yopougon", sorti en salles le mercredi 17 juillet 2013. UGC DISTRIBUTION Née en Côte d'Ivoire, Marguerite Abouet immigre à l'âge de douze ans en France. Elle crée en 2005 une série illustrée par Clément Oubrerie, Aya de Yopougon (Gallimard), dont les albums remontent le fil de sa mémoire et évoquent son quartier populaire natal d'Abidjan, Youpogon. Cette bande dessinée devient aujourd'hui un film, produit par la société Autochenille, production à qui l'on doit déjà Le Chat du rabbin de Joann Sfar. On retrouve d'ailleurs, tant sur le plan du dessin que sur celui du récit, l'univers tendre, naïf et pastel de ce film d'animation, qui le porte à la limite de l'édulcoration, voire d'une certaine mièvrerie. Le cas est d'autant plus problématique ici, puisqu'il s'agit d'une évocation de l'Afrique, dont la réalité ne s'accommode pas sans risque de ce type d'approche. L'histoire réunit trois amies, jeunes beautés dont le destin va guider le récit. Aya, la plus sérieuse, rêve de ses futures études. Adjoua et Bintou sont quant à elles clairement sur le terrain de la chasse à l'homme. Bintou a ainsi ferré Moussa, le fils un peu stupide d'un magnat local, mais c'est finalement Adjoua qui le lui ravit en tombant enceinte de lui. Du moins le prétend-elle. Scandale du côté des parents du garçon soucieux de leur réputation : les préparatifs d'un mariage forcé s'ensuivent. Le fils ressemblera pourtant à un drôle de baba cool qui traîne dans les parages des filles. On sent bien que l'ambition louable des auteurs, qui s'aventurent sur un terrain social plutôt miné (le népotisme, la phallocratie, la misère…), consiste à éviter à tout prix le misérabilisme. Mais l'Afrique bonne enfant et haute en teneur folklorique qui ressort du film semble du coup chasser un cliché par un autre. LA BANDE-ANNONCE Film d'animation français de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (1h24). Sur le Web : www.ugcdistribution.fr/film/aya-de-yopougon_201
"2013-07-16T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/07/16/aya-de-youpogon-ranimer-les-chromos-d-abidjan_3447844_3246.html
Agnès Buzyn dénonce le harcèlement sexuel qu’elle a subi lorsqu’elle était médecin
Dans la foulée de l’affaire Weinstein, la ministre de la santé dit avoir été victime de « comportements très déplacés » dans son ancien travail.
« La libération de la parole fait prendre conscience qu’une lutte quotidienne se joue dans l’espace public et professionnel », dit Agnès Buzyn. LUDOVIC MARIN / AFP Dans la foulée de l’affaire Weinstein, du nom du producteur américain visé par une série d’accusations d’agressions sexuelles, les langues se délient. En France, l’appel #balancetonporc, visant à dénoncer harcèlement et agressions sexuelles, a fini par toucher le monde politique. Pierre Joxe, Gilbert Cuzou, Christophe Arend… Agnès Buzyn, la ministre de la santé, ancienne médecin et professeure spécialisée en hématologie, dénonce dans une interview au Journal du dimanche, dimanche 22 octobre, l’attitude de certains médecins dans son travail et appelle les hommes à se « rebeller » aux côtés des femmes contre le harcèlement sexuel. « Comme beaucoup de femmes, j’ai eu affaire à des comportements très déplacés dans mon milieu professionnel », déclare la ministre. « Viens t’asseoir sur mes genoux » « Des chefs de service qui me disaient : “Viens t’asseoir sur mes genoux.” Des choses invraisemblables… qui faisaient rire tout le monde », rapporte-t-elle, ajoutant que « la libération de la parole » après le scandale Weinstein « fait prendre conscience qu’une lutte quotidienne se joue dans l’espace public et professionnel ». Relevant qu’une « femme qui réagit face à un propos sexiste n’est jamais prise au sérieux », la ministre dit attendre « que les hommes se rebellent publiquement, [aux] côtés » des femmes. Le gouvernement prépare pour 2018 un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. L’aspect le plus débattu est une verbalisation du harcèlement de rue, zone grise que le législateur devra définir. Interrogé dimanche dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé une « procédure de verbalisation plus simple », déplorant qu’« aujourd’hui, bien souvent, on ne va pas porter plainte, parce qu’on n’ose pas ». Selon un sondage Odoxa-Dentsu publié vendredi, 53 % des femmes interrogées disent avoir été victimes d’agression sexuelle ou de harcèlement.
"2017-10-22T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/22/agnes-buzyn-denonce-le-harcelement-sexuel-qu-elle-a-subi-lorsqu-elle-etait-medecin_5204447_3224.html
Les chantiers navals de Saint-Nazaire en passe d’être nationalisés
L’Etat français s’apprête à monter temporairement à 100 % du capital, avant de revendre la moitié des actions à l’italien Fincantieri.
Emmanuel Macron lors d’une vivite sur les chantiers de Saint Nazaire, le 31 mai 2017. Stephane Mahe / REUTERS Au moment où Emmanuel Macron annonce une vague de privatisations, il va paradoxalement commencer par nationaliser les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). L’opération devrait intervenir d’ici au 30 juin. Le gouvernement avait évoqué cette nationalisation dès juillet 2017. Il devait alors s’agir d’une opération très temporaire, une sorte de sas pour passer d’un actionnaire à un autre : le conglomérat sud-coréen en faillite STX, actuel propriétaire des chantiers, et l’italien Fincantieri, le repreneur désigné par la justice coréenne et adoubé par Paris. En pratique, Bercy espérait que le passage dans ce sas technique ne durerait qu’un jour ou deux. La transition se révèle plus compliquée que prévu. La Commission européenne, chargée du respect de la concurrence, n’a en effet toujours pas donné son feu vert au rachat des chantiers français par Fincantieri, le numéro un européen. Leur rival allemand Meyer Werft critique le rapprochement. Il estime que « plus de 50% » du marché serait ainsi entre les mains d’un seul opérateur. Lire aussi Bruno Le Maire annonce la nationalisation des chantiers navals STX de Saint-Nazaire Deux incertitudes demeurent « Nous n’avons aucune inquiétude quant au feu vert final de Bruxelles », assure un proche de Fincantieri. Mais en attendant, il est impossible d’apporter Saint-Nazaire au constructeur italien. La France, déjà actionnaire à 33 % de STX France, va donc comme prévu faire jouer les droits de préemption dont elle dispose jusqu’au 30 juin pour monter à 100 %, donc nationaliser les chantiers. Avant la mi-juillet, elle devrait rétrocéder une partie des actions au groupe public français Naval Group (10 % à 15 %) et aux salariés (2 %). Le sort des 50 % destinés à Fincantieri reste plus incertain. Si Bruxelles donne son feu vert, ils devraient être revendus comme attendu au groupe public italien, qui montera à 51 % grâce à un paquet d’actions supplémentaires prêté par l’Etat français. C’est ce que prévoit le montage renégocié par la France et l’Italie après l’élection de M. Macron. Mais deux incertitudes demeurent. D’une part, Bruxelles peut théoriquement bloquer cette concentration, ce qui remettrait tout en cause. D’autre part, il n’est pas exclu que le nouveau gouvernement italien conteste l’accord signé par celui qui l’a précédé, afin que Rome obtienne un plus grand poids dans le capital. La nationalisation transitoire pourrait alors durer plus longtemps que prévu.
"2018-06-14T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/06/14/les-chantiers-navals-de-saint-nazaire-en-passe-d-etre-nationalises_5315011_3234.html
JP Morgan accusée d’avoir spéculé avec les deniers du culte
La fondation gérée par le doyen de la cathédrale d’Indianapolis (Indiana) reproche à la banque de lui avoir fait perdre plus de 11 millions d’euros, suite à de mauvais investissements.
Il n’y a pas que les régulateurs financiers et la justice, qui demandent des comptes à JPMorgan Chase. Même l’Église s’y met. Le révérend Stephen Carlsen, doyen de la cathédrale d’Indianapolis (Indiana) et, à ce titre, responsable d’une fondation dotée de plusieurs dizaines de millions de dollars, a décidé d’attaquer en justice la première banque américaine. Il reproche à JPMorgan d’avoir fait perdre à la congrégation 13 millions de dollars (11,45 millions d’euros) suite à de mauvais investissements. L’origine du patrimoine de cette fondation remonte aux années 1970, quand Eli Lilly Junior, héritier des fondateurs du groupe pharmaceutique du même nom, avait décidé de consacrer 10 % de sa fortune aux œuvres caritatives de l’Église. Les fonds avaient été confiés à trois banques locales, jusqu’à ce que deux d’entre elles ne se fassent racheter, en 2004, par la Chase. À partir de cette date, la banque a commencé à remplacer les actions et obligations qui composaient le portefeuille par des fonds de placements maison. Puis, dès 2007, produits dérivés et fonds spéculatifs auraient fait leur apparition, affirme le révérend. Le portefeuille s’est aminci de 3 millions de dollars Lorsque JPMorgan a commencé à prendre en main le portefeuille de la fondation, celui-ci s’élevait à 34,6 millions de dollars. En décembre 2013, il n’y avait plus que 31,6 millions en caisse, soit une chute de 8,7 %, indiquent les documents déposés au tribunal. L’indice Dow Jones, lui, a grimpé de 50 % sur la même période. En outre, cette contre-performance s’est accompagnée d’une substantielle augmentation des frais bancaires, qui sont passés de 35 000 dollars en 2004 à plus de 177 800 dollars, neuf ans plus tard. Le révérend Carlsen a expliqué qu’il n’avait pas le choix : « Nous avons dû couper dans nos effectifs et réduire les montants que nous distribuons à notre communauté », a-t-il déclaré sur CNN pour justifier les poursuites engagées. Celles-ci ne sont pas les premières : la fondation Sandscrest, qui gère les biens du diocèse de Virginie Occidentale, a intenté à JPMorgan le même type de procès en mars 2014. La banque conteste les accusations, estimant que le révérend Carlsen attire l’attention sur les pertes de certains fonds, pour mieux occulter les gains procurés par d’autres. Mais le diable ne se cache-t-il pas dans les détails ?
"2015-01-29T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/29/jp-morgan-accusee-d-avoir-specule-avec-les-deniers-du-culte_4565502_3234.html
"Benelux : le ""racisme plat"" de Vic Van Aelst"
Les responsables politiques bruxellois et wallons peuvent-ils un jour s'allier avec les coreligionnaires de Me Van Aelst, et singulièrement avec le chef de la NVA, Bart De Wever ?
Francophobe. Jusqu'ici, le terme n'avait pas servi pour qualifier certains acteurs de la joute interminable qui oppose les Belges et a pour enjeu le sort d'un pays cofondateur de l'Europe. Etre "francophobe", ce n'est certes pas une anomalie absolue dans ce pays où un courant radical s'est depuis longtemps nourri de la haine ancestrale de l'aristocrate et du bourgeois qui, longtemps, imposèrent le français sur les terres de Flandre. Une frange du courant nationaliste, qui pactisa avec l'occupant nazi avec l'espoir de prendre ainsi une revanche historique sur l'ennemi proche, a assuré la constance d'un sentiment anti-francophone et, au-delà, anti-français dans une partie de l'intelligentsia et de la population. Difficile, pour autant, d'imaginer qu'il se trouverait, en 2011, un homme politique, membre d'un parti jouant le jeu démocratique, pour ressusciter des haines recuites. Pour aboyer, comme aurait dit Jacques Brel, des propos qui, s'ils avaient visé des juifs, des Noirs ou des Arabes auraient vraiment fait scandale. L'homme s'appelle Vic Van Aelst. Il a la mine tourmentée, le souci broussailleux et le regard sombre. Il était jusqu'ici un avocat pénaliste connu, il est désormais procureur au tribunal de l'histoire belge, enclenchant l'engrenage funeste de la quête identitaire. En une quinzaine de jours, Me Van Aelst a aligné des déclarations qui n'ont pas franchi les frontières du royaume. Tant mieux pour celui-ci : s'il est encore debout, c'est peut-être que ses voisins ne lui renvoient que l'image du ridicule qu'il dégage et non celle du tragique, ce qui achèverait de l'anéantir. Pour information, voici, dans le détail, ce que Me Van Aelst a exprimé haut et fort. Le 24 mai, lors d'un meeting de l'Alliance néoflamande (NVA), son parti : "Les francophones sont seulement solidaires pour plumer leur colonie flamande." Le même jour : "Je veux bien être solidaire avec les Turcs, pas avec les Wallons. Jamais plus je ne croirai en leur bonne volonté." Le même jour, encore : "Si la Belgique se disloque, j'organiserai une fête. België barst, que la Belgique crève." Le 30 mai : "Ecoutez comment Di Rupo, Onkelinx et Milquet violent notre langue. Cela me fait mal au coeur." Il visait trois responsables francophones de premier plan qui veulent s'exprimer publiquement dans les deux langues nationales. Le 6 avril, M. Van Aelst avait dit : "Les francophones n'arrêteront leur combat que lorsque les cabillauds au large d'Ostende parleront le français." Et avait conclu : "Les Flamands doivent faire cesser les cours de français à l'école, arrêter de manier le fouet qui les frappe depuis 180 ans." Pour l'anecdote, c'est à peu près au même moment que le Lycée français d'Anvers célébrait l'instauration de cours en néerlandais dans cette vénérable institution longtemps unilingue... Cet excès d'intolérance quasi pathologique révélait au moins qu'économiquement forte et clairement dominatrice dans l'ensemble belge, une partie de la Flandre n'arrive décidément pas à se départir de ses complexes et de cette idée funeste que, même aujourd'hui, même appauvri "le francophone" est à la fois un profiteur et une menace... Abasourdis, les responsables politiques bruxellois et wallons ont haussé les épaules et soupiré, fixant le ciel pour quémander une réponse à la question qui les taraude : est-il vraiment envisageable de faire un jour alliance avec les coreligionnaires de Me Van Aelst, et singulièrement avec le chef de la NVA, Bart De Wever ? Recordman de la popularité dans sa région, cet homme d'apparence débonnaire est très prompt à réclamer des excuses si certains songent à s'en prendre à sa réputation ou à évoquer des épisodes, disons douteux, de son passé politique. Il n'a cependant pas jugé utile de se démarquer de Me Van Aelst. Ce dernier ne traduirait qu'en des termes un peu crus des vérités dérangeantes, il mettrait "le doigt où cela fait mal". Et d'ailleurs, soulignait le chef de la NVA, "existe-t-il un autre pays où, dans la capitale, on n'a aucun respect pour la langue parlée par la majorité ?" Faute de recensement, on ignore en fait combien sont les Flamands au sein de la région bilingue de Bruxelles, où ils bénéficient de divers mécanismes de protection. On peut cependant relever, par exemple, que 94 % des demandes de plaques minéralogiques y sont formulées en français. Les excès de Me Van Aelst, couverts donc par M. De Wever, n'ont toutefois pas été unanimement applaudis au sein même du camp indépendantiste. Jan Peumans, président NVA du Parlement régional flamand, les a jugés "aigris". Le député Theo Franken les a décrits comme "sans nuance" et affirmé que "solidaires avec les Portugais au sein de l'Europe unie, les Flamands le resteront avec les Wallons". D'autres Flamands ont réagi sans ménagement, laissant aux francophones belges une once d'espoir. Le chroniqueur Hugo Camps a dénoncé les propos "venimeux" d'un "idiot" adepte des "caresses sur le bas-ventre de fans excités". L'éditorialiste Yves Desmet a fustigé "un racisme plat". Jan Goossens, directeur du Théâtre flamand de Bruxelles, a évoqué la "bassesse" de considérations visant à "diaboliser toute une communauté". Un député socialiste, Kurt De Loor a, lui, vraiment "mis le doigt où ça fait mal" : "Cela commence avec les fables de Van Aelst et cela finit avec les pratiques de Mladic..." La Belgique faisait rire. Doit-elle faire peur ? [email protected]
"2011-06-27T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/27/benelux-le-racisme-plat-de-vic-van-aelst_1541512_3232.html
Après les coups d’Etat militaires, l’Union africaine à l’épreuve des coups d’Etat civils
L’ex-secrétaire général adjoint de l’ONU, Ahmedou Ould-Abdallah, interpelle l’organisation panafricaine la manipulation des constitutions à l’occasion de son sommet de Kigali.
Photo de famille au dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 15 mars 2015. ZACHARIAS ABUBEKER/AFP L’ordre du jour du sommet de l’Union africaine (UA), qui se tient les 17 et 18 juillet à Kigali, est très chargé. Mais il est un thème sur lequel il devrait se plonger en priorité : la question de l’alternance politique et du transfert pacifique du pouvoir. Le sommet offre aux chefs d’Etat l’occasion d’actualiser leur position. Leurs opinions publiques l’espèrent. Lors des sommets d’Alger et de Lomé, en 1999 et en 2000, ces dirigeants avaient pris des résolutions condamnant toute prise du pouvoir par des voies anti-constitutionnelles. En leur temps, ces résolutions furent saluées comme de grandes avancées démocratiques. En accord avec l’acte constitutif de l’UA, un coup d’Etat entraîne automatiquement la suspension du pays concerné des instances de l’organisation. Cela jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel. Sur ce point, il ne peut y avoir de désaccord. Cette position de principe demeure encore parfaitement valide. Le continent a très longtemps souffert de coups d’Etat menés par des généraux, des colonels, des capitaines et même des sergents. Avec des résultats politiques et économiques souvent peu probants. Mauvaise gouvernance enrobée d’arrogance Aujourd’hui, plusieurs raisons poussent à enrichir ces résolutions adoptées il y a plus de quinze ans. La condamnation d’un coup d’Etat ne suffit pas, à elle seule, à résoudre les problèmes si l’UA ne met pas en place des actions préventives contre les verrouillages de l’espace politique. Des verrouillages qui fossilisent les systèmes politiques, marginalisent les partis et déstabilisent le secteur privé national et étranger. Il convient de se pencher sur les véritables causes d’un coup d’Etat militaire dont la plus fréquente est une mauvaise gouvernance enrobée d’arrogance. Une gouvernance qui ne laisse aucun espoir d’alternance pacifique au pouvoir et se manifeste par l’exclusion ethnique ou sociale et une corruption endémique. Enfin les trafics, en particulier de drogue et la masse d’argent véhiculée, pervertissent les systèmes politiques. A travers le continent, la démocratisation du début des années 1990 est en recul. Excepté les libertés d’expression – en progression –, le paysage politique est assombri par une floraison d’obstructions à l’alternance pacifique. Une dernière trouvaille, la manie des amendements constitutionnels, aggrave le contexte. La suppression de la limitation du nombre des mandats présidentiels quand elle existe exacerbe davantage les tensions et lubrifie les canaux des recrutements djihadistes. Il est exceptionnel que l’UA ou ses partenaires extérieurs condamnent ces coups d’Etat constitutionnels menés par des leaders déterminés à s’ancrer au pouvoir. Cependant, dans un monde toujours plus connecté, les Africains ne se sentent plus intimidés. Comme d’autres peuples, naguère soumis aux systèmes des partis uniques, ils abhorrent autant les tripatouillages des élections que celui des Constitutions. Que faire d’un président au comportement erratique exécutant ses opposants, encourageant la violation des droits de l’homme et le népotisme comme base de recrutement ainsi que la corruption systématique comme mode de gouvernance et, surtout, se déclarant en contact direct avec Dieu ? Très peu de Constitutions africaines prévoient la destitution du chef de l’exécutif dans le cas où sa capacité à exercer ses responsabilités est fortement diminuée par un handicap physique ou mental. En déshérence, le pays se trouve face à un dilemme. Soit un coup d’Etat met fin au cauchemar avec la perspective de sanctions internationales, soit la déliquescence du pays le mène à une guerre civile et aux malheurs qui s’ensuivent : destruction des infrastructures, déperdition des élites et migrations massives vers l’étranger. Combinaison perdant-perdant Il n’est certes pas impossible aux Africains de vivre sous des régimes non démocratiques tels ceux de l’Asie du Sud-Est s’ils bénéficient, comme eux, des fruits d’une croissance économique durable. L’espoir d’un avenir meilleur avec des infrastructures physiques et sociales qui fonctionnent peut atténuer les rigueurs des régimes autocratiques. Ce qui est insupportable, et particulièrement pour les plus jeunes, c’est la combinaison perdant-perdant : totalitarisme politique et déficience économique. Pour des citoyens de plus en plus mondialisés, la perpétuation au pouvoir de ces leaders est vécue comme une malédiction et la cooptation de leur successeur, la goutte de trop. Enfin, si la condamnation d’un coup d’Etat militaire contre un véritable régime démocratique est justifiée, deux conditions sont nécessaires pour la rendre efficace. Pour être crédible, l’UA devrait aussi condamner, sans équivoque, la manipulation flagrante des élections. Cette pratique, qui équivaut à de véritables coups d’Etat civils, est la cause réelle des coups d’Etat militaires. En réponse, l’UA devrait aller au-delà de la condamnation automatique et établir des conditionnalités à remplir par le nouveau régime : un audit indépendant de la situation économique et financière et des droits de l’homme du pays ; la mise en œuvre d’un processus démocratique crédible et ouvert ; la fixation d’un délai raisonnable pour l’organisation d’élections libres ; un engagement formel des leaders civils et militaires du coup d’Etat de ne pas se présenter aux élections et de rester neutres au cours du processus de transition. Respectabilité et influence Comme l’ont prouvé des changements non constitutionnels récents – coup d’Etat de février 2010 au Niger et révolution populaire en octobre 2014 au Burkina Faso –, les sanctions de l’UA ne constituent pas une dissuasion suffisamment puissante pour décourager des populations et des oppositions déterminées à se libérer de régimes jugés imposteurs. Les partenaires de développement ne peuvent continuer à laisser aux seuls Etats-Unis la promotion et la défense de la démocratie et des libertés. Cette défense mérite d’être au moins transatlantique et de faire l’objet d’une approche consensuelle des puissances démocratiques et de pays qui investissent largement en Afrique, Chine et Turquie par exemple. Lesquels y gagneront en respectabilité et donc en influence. Enfin et surtout, il faut à tout prix éviter les doubles standards. En d’autres termes, défendre la démocratie dans certaines régions du monde et, sous d’autres cieux, sympathiser avec les dictatures. Avant la démocratisation des pays africains, la menace de coups d’Etat militaires était, de facto, un régulateur politique. Précisément, la peur d’un possible coup d’Etat servait de contre-pouvoir à celui des hommes dits forts. Faute de mieux, ces coups assuraient, de manière certes non pacifique, une forme d’alternance au pouvoir. Un bon nombre d’Africains constatent qu’une bonne intention – la condamnation – a produit des effets inattendus et pervers. Elle s’est transformée en feu vert et en assurance-vie pour les pouvoirs en place qui veulent s’éterniser. Equilibrer les condamnations Il serait plus sage d’équilibrer la condamnation de ces coups d’Etat par une pareille condamnation des hold-up électoraux. Le statu quo actuel comporte le risque de figer les pays dans un cycle infernal de putschs militaires en réaction à des putschs civils. A Kigali, les leaders africains devraient commencer par adopter des mesures préventives qui permettent d’alerter, de suspendre et enfin d’exclure les régimes qui ne respectent pas leurs propres règles électorales. Le sommet sera ainsi l’occasion de s’accorder sur une définition plus complète du coup d’Etat. Celle-ci devra naturellement inclure toute prise du pouvoir par les forces armées au détriment d’un régime élu démocratiquement. Elle devra également inclure les parodies électorales ainsi que les amendements constitutionnels de convenance destinés à perpétuer au pouvoir un homme ou son clan. Le terrorisme, la dégradation de l’environnement et les trafics divers sont intimement liés à la manière dont sont dirigés les pays. L’alternance pacifique au pouvoir et la bonne gouvernance offrant une assurance contre ces risques, l’UA doit s’y pencher sans délai. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Union africaine affaiblie par son inaction Ahmedou Ould-Abdallah est ancien ministre des affaires étrangères de la Mauritanie et ancien secrétaire général adjoint des Nations unies. Ahmedou Ould-Abdallah
"2016-07-14T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/15/apres-les-coups-d-etat-militaires-l-union-africaine-a-l-epreuve-des-coups-d-etat-civils_4969931_3212.html
Chili : un projet de dépénalisation partielle de l’avortement examiné au Sénat
Un projet de loi dépénalisant l’IVG, jusqu’à présent prohibée quelles que soient les circonstances, a été validé par un premier vote, qui devra être confirmé
La présidente du Chili, Michelle Bachelet, lors d’un discours au Sénat, en août 2015, à Mexico. ALFREDO ESTRELLA / AFP Le 13 juillet 2010, Andrea Quiroga a appris qu’elle était enceinte. Son mari et elle se sont réjouis d’avoir un deuxième enfant. Mais, à la onzième semaine de sa grossesse, les médecins lui ont annoncé que le fœtus souffrait de graves malformations et qu’il allait mourir. « Ne vous inquiétez pas, lui ont-ils dit, cela ne sera pas long, il mourra dans votre ventre avant le quatrième mois. » L’avortement thérapeutique n’était pas une option : au Chili, comme dans six autres Etats – Haïti, Malte, le Nicaragua, la République dominicaine, le Salvador et la Cité du Vatican –, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est prohibée quelles que soient les circonstances. Les peines vont de trois à cinq ans de prison. Mais le fœtus d’Andrea n’est pas mort, la grossesse a suivi son cours. Et, à la vingt-sixième semaine, le 13 janvier 2011, la « guagua », comme on appelle les bébés au Chili, est née, sans vie. Elle pesait 520 grammes. « On m’a soumise à une torture permanente », se souvient, révoltée, Andrea, qui a aujourd’hui 41 ans. Un projet de loi dépénalisant l’IVG dans trois cas – quand le fœtus n’a aucune chance de survie hors de l’utérus, quand la vie de la femme enceinte est en danger et en cas de viol – a été approuvé par les députés chiliens le 17 mars 2016, après un an de débats. Mercredi 25 janvier, il a été validé au Sénat par un premier vote à 15 voix contre 10, qui devra être confirmé par un second vote. L’Union démocrate indépendante (droite) a d’ores et déjà annoncé qu’elle présenterait un recours devant le Tribunal constitutionnel si la loi passait. Inégalités sociales En l’absence de chiffres officiels, on estime que quelque 120 000 avortements sont pratiqués tous les ans au Chili, dans la clandestinité. Après avoir pris connaissance des nombreux cas de mineures, enceintes à la suite d’un viol – 75 % des abus sexuels commis au Chili concernent des mineures, selon la police –, le plus souvent par des membres de leur famille, les Nations unies ont demandé au Chili de dépénaliser l’avortement en cas de viol et d’inceste. Dans un pays très conservateur, le principal obstacle est l’Eglise catholique, qui jouit pourtant d’une image favorable pour son rôle en faveur des droits de l’homme pendant la dictature militaire. A ses côtés, les diverses associations qui condamnent l’IVG et la considèrent comme un crime sont très actives. Un sondage récent indique cependant que 71 % des Chiliens sont favorables à l’IVG dans les cas mentionnés par le projet de loi. Seulement 15 % sont favorables à une libéralisation complète de l’IVG sur simple demande de la femme enceinte. C’est pour cette liberté que se battent des mouvements plus radicaux comme le Collectif féministe autonome, dont l’une des responsables, Soledad Acevedo, défend « le droit de choisir et l’avortement légal pour toutes les femmes ». Elle souligne que « les trois cas considérés par le projet de loi ne concernent que 3 % des femmes qui avortent ». « C’est insuffisant », dit-elle, critiquant, en outre, un projet qui n’autorise l’IVG « que jusqu’à douze semaines de grossesse pour les mineures ». Elle dénonce « l’hypocrisie d’une société » où les femmes sont également victimes des inégalités sociales. Celles qui en ont les moyens partent avorter à l’étranger ou sont accueillies dans des cliniques privées chiliennes, où des IVG sont pratiquées, en toute sécurité, et présentées comme des appendicites. Cela coûte quelque 5 000 dollars (4 700 euros). Les plus pauvres doivent se débrouiller autrement, s’exposant à tous les dangers qu’implique la clandestinité d’une telle pratique, menant parfois à la mort de la femme. La linea del aborto (« le numéro de l’avortement ») réunit les femmes bénévoles qui expliquent, par téléphone, le protocole à suivre pour avorter clandestinement avec des comprimés de misoprostol. Ce médicament est utilisé pour soigner les ulcères d’estomac, mais, à une dose spécifique, il provoque une fausse couche au cours des douze premières semaines. Sa vente est interdite au Chili depuis 2009. « Nous recevons entre 10 et 15 appels par jour », révèle, à Santiago, l’une de ces bénévoles qui souhaite garder l’anonymat. Paradoxalement, l’avortement thérapeutique a existé au Chili jusqu’en 1989, dans les cas de malformation grave du fœtus et de danger pour la vie de la femme enceinte. Il a été interdit à la fin de la dictature militaire (1973-1990) par le général Augusto Pinochet. La dépénalisation de l’IVG est désormais un des grands combats de la présidente socialiste Michelle Bachelet (2006-2010 et depuis 2014), pédiatre de formation et ancienne ministre de la santé (2000-2002).
"2017-01-26T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/26/chili-un-projet-de-depenalisation-partielle-de-l-avortement-examine-au-senat_5069388_3222.html
Mise en garde sur les risques liés à la prise de mélatonine pour mieux dormir
De multiples effets ont été signalés après la prise de tels compléments contenant cette molécule, en vente libre en France, rapporte l’Anses.
De nombreux voyageurs intercontinentaux utilisent la mélatonine pour lutter contre le jet-lag. ARND WIEGMANN / REUTERS Consommer des compléments alimentaires contenant de la mélatonine pour mieux dormir peut être dangereux. C’est ce qu’affirme, mercredi 11 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la déconseillant à « certaines populations » en raison d’effets secondaires. De multiples effets ont été signalés après la prise de tels compléments contenant cette molécule, en vente libre en France : « des symptômes généraux (céphalées, vertiges, somnolence, cauchemars, irritabilité), des troubles neurologiques (tremblements, migraines) et gastro-entérologiques (nausées, vomissements, douleurs abdominales) », résume l’Anses. Après examen de chacun des signalements, et comparaison avec l’état de la recherche, l’organisme a ainsi conclu à des « risques » pour la santé. Demander conseil à un médecin Les femmes enceintes et allaitantes, les enfants et les adolescents, les personnes souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité doivent impérativement demander conseil à leur médecin, souligne l’agence. « La consommation est également déconseillée pour les personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue chez lesquelles une somnolence pourrait poser un problème de sécurité. » Dans tous les cas, il importe, d’après les experts, de « ne pas dépasser la dose de 2 milligrammes par jour ». L’Anses recommande de limiter la prise de ces compléments alimentaires à un usage ponctuel. Et de solliciter l’avis d’un médecin. 1,4 million de boîtes par an L’organisation professionnelle des compléments alimentaires, Synadiet, estime que les Français achètent 1,4 million de boîtes par an de ces gélules. La plupart en prennent pour lutter contre les insomnies, d’autres contre les perturbations dues au décalage horaire. La mélatonine est une hormone secrétée par la glande pinéale située dans le cerveau. Dans les compléments alimentaires, la molécule est généralement obtenue par synthèse.
"2018-11-04T00:00:00"
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/04/11/mise-en-garde-sur-les-risques-lies-a-la-prise-de-melatonine-pour-mieux-dormir_5283697_1651302.html
Nucléaire nord-coréen : Pékin sanctionne Pyongyang
Ces sanctions commerciales s’inscrivent dans le cadre de la résolution adoptée le 2 mars par le Conseil de sécurité des Nations unies, en réponse au quatrième l’essai nucléaire effectué le 6 janvier.
Pyongyang considère les manœuvres menées par la Corée du Sud comme la répétition générale de l'invasion de son territoire. STR / AFP Le ministère du commerce chinois a interdit, mardi 5 avril, les importations d’or et de terres rares nord-coréens et les exportations vers la Corée du Nord de kérosène et d’autres produits pétroliers susceptibles d’être utilisés pour des fusées. Le secteur minier est l’un des piliers de l’économie nord-coréenne, qui est en grande partie coupée du monde. Ces sanctions s’inscrivent dans le cadre de la résolution adoptée le 2 mars par le Conseil de sécurité des Nations unies en réponse au quatrième l’essai nucléaire effectué le 6 janvier par Pyongyang, suivi, le 7 février, par un tir de fusée largement considéré comme un essai de missile balistique déguisé. Depuis des semaines, Pyongyang ne cesse de menacer les Etats-Unis et la Corée du Sud de frappes nucléaires ou conventionnelles. Les tensions ont redoublé en raison des manœuvres annuelles conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, considérées par Pyongyang comme la répétition générale de l’invasion de son territoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Et si, en matière de nucléaire, la Corée du Nord ne bluffait pas… L’annonce de ces sanctions chinoises intervient alors qu’un site nord-coréen officiel a publié une nouvelle vidéo de propagande montrant de multiples tirs de roquettes contre la présidence sud-coréenne et d’autres édifices gouvernementaux à Séoul. Cette fausse vidéo a été postée lundi 4 avril sur le site DPRK Today, qui avait publié, dix jours auparavant, une autre vidéo dépeignant une attaque nucléaire contre Washington. Activités autour du complexe nucléaire de Yongbyon Des images satellite récentes témoignent d’activités « suspectes » sur le principal complexe nucléaire de Corée du Nord de Yongbyon, qui pourraient être le signe que Pyongyang retraite du plutonium afin de fabriquer de nouvelles bombes nucléaires, ont annoncé mardi les spécialistes de l’Institut américano-coréen de l’université Johns Hopkins. Le coordinateur du renseignement américain, James Clapper, a dit récemment que la Corée du Nord pourrait être capable d’ici quelques semaines d’extraire du plutonium de qualité militaire des barres de combustible usé du réacteur. Ce réacteur avait été fermé en 2007 dans le cadre d’un accord échangeant désarmement contre aide humanitaire mais la Corée du Nord a commencé des travaux de rénovation après son troisième essai nucléaire en 2013. Lire aussi Le sommet sur la sûreté nucléaire dominé par la Corée du Nord et le terrorisme
"2016-05-04T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2016/04/05/nucleaire-nord-coreen-pekin-sanctionne-pyongyang_4896130_3216.html
Gieves & Hawkes, tailleur en majesté
Sise au 1 Savile Row dans le quartier cossu de Mayfair à Londres, l'enseigne a fait du raffinement son fer de lance. Fournisseur officiel de la famille royale, elle séduit aussi stars et dandys.
Dans la boutique Gieves & Hawkes, située 1 Savile Row à Londres. JULIEN MIGNOT POUR "LE MONDE" On a longtemps forcé les écoliers français à répéter : "My tailor is rich." Une litanie absurde dont on a négligé d'expliquer le sens. Dommage, cela aurait pu éveiller leur intérêt pour la culture britannique. Car la réputation des Anglais en matière de tailleurs n'a pas atteint les manuels scolaires par hasard. Le costume sur mesure a bien son temple au coeur de Londres : Savile Row, une rue du quartier de Mayfair, à l'impeccable architecture georgienne. Le lieu abrite l'élite des maîtres tailleurs qui façonnent depuis deux siècles l'élégance masculine avec une précision d'orfèvre. Aristocrates de toutes nationalités, militaires de haut rang, stars de cinéma ou amateurs anonymes viennent goûter les joies du bespoke, service sur mesure absolu et équivalent masculin de la haute couture. Au numéro 1, adresse symbolique et idéale, se trouve Gieves & Hawkes, un monument historique du tailoring anglais. Officiellement, les deux maisons ne se sont unies qu'en 1974. Mais, à elles deux, elles ont participé à plus de deux siècles de culture britannique. Gieves, créée en 1785, a fait fortune grâce à la glorieuse marine de sa patrie et a compté parmi ses clients l'amiral Nelson en personne. Plus discrète, Hawkes, fondée en 1771, se spécialise dans les tenues d'infanterie et s'installe au 1 Savile Row en 1912 après avoir racheté l'édifice à la Royal Geographical Society. UNE SAGA ÉMAILLÉE D'ANECDOTES INSOLITES La façade de l'établissement est signée William Kent, qui a participé à la construction du palais de Buckingham. L'architecte a créé un écrin aristocratique qui affiche fièrement ses écussons de fournisseur officiel de la famille royale. Aujourd'hui, Gieves & Hawkes est encore détenteur de trois royal warrants, les brevets officiels de la Couronne : celui de la reine, du duc d'Edimbourg et du prince de Galles. Les archives de la maison, sous la bonne garde de Peter Tilley, témoignent de la richesse de son histoire : on y croise une cape d'amiral réalisée pour la reine Elizabeth en 1953, un costume de scène d'inspiration militaire commandé par Michael Jackson, des pièces fabriquées pour Winston Churchill ou Arthur Wellesley, duc de Wellington. Mais aussi les uniformes d'apparat rouge et or des gardes du corps de la reine.
"2013-09-16T00:00:00"
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/09/16/gieves-hawkes-tailleur-en-majeste_3477333_3208.html
« D’une famille à l’autre » : mère en double pour adolescent en crise
Ce sujet lourd et délicat, qui montre un jeune homme découvrant à 17 ans qu’il a été enlevé à sa naissance, est traité de façon déconcertante.
« D’une famille à l’autre », d’Anna Muylaert, avec Naomi Nero, Daniel Botelho, Dani Nefusi. L’avis du « Monde » - Pourquoi pas Felipe est un adolescent comme les autres, qui fait la fête, sort avec des filles, vit avec sa mère et sa sœur dans un petit appartement de Sao Paulo. Du jour au lendemain, sa vie va pourtant être bouleversée. Des policiers sonnent à la porte, on emmène sa mère, il finit par apprendre que lui et sa sœur ont été enlevé à la naissance par cette femme qui les a élevés et aimés. Présenté à ses véritables parents, qu’un gouffre de dix-sept ans sépare de leur fils, Felipe doit bientôt les suivre. Et la cohabitation est rude. Enlevé à celle qu’il considère comme sa mère, étouffé par l’amour si longtemps frustré de ses nouveaux parents, Felipe rue dans les brancards. S’agissant d’un sujet au lourd et délicat, on doit toutefois avouer que le film d’Anna Muylaert déconcerte. Le film donne l’impression de se terminer alors qu’il n’en est qu’à l’exposition du sujet, de même laisse-t-il sur le bas-côté de la route des personnages centraux (que deviennent l’autre mère, et la sœur de Felipe ?). Il lance enfin des pistes qu’il ne se donne pas les moyens d’explorer : les deux mères sont en effet interprétées par la même actrice, suggérant que l’histoire très particulière que vit le personnage principal est une sorte de métaphore de la crise d’adolescence classique, au terme de laquelle les rapports entre parents et enfants sont métamorphosés. L’intuition est sans doute juste mais renforce hélas l’impression que la cinéaste n’a pas pris son sujet suffisamment au sérieux.
"2016-07-13T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2016/07/19/d-une-famille-a-l-autre-mere-en-double-pour-adolescent-en-crise_4971608_3476.html
Prodiges en rafales sur l'île aux femmes
Le festival Musiciennes à Ouessant, jusqu'au 8 août, s'articule autour de deux axes, la féminité et le piano.
Amy Beach, compositrice et pianiste américaine (1867-1944). DR "Faire comme les pianos et prendre le bateau à Brest ou au Conquet (une heure de traversée)." L'ordre de mission ainsi formulé dans le dépliant publicitaire s'adresse aux mélomanes désireux d'assister au festival Musiciennes à Ouessant, qui se déroule jusqu'au 8 août. Surnommée "l'île aux femmes" pour avoir jadis été habitée par les épouses de marins longtemps absents, Ouessant a vu naître, en 2001, une manifestation portée par la féminité, de l'alpha (création) à l'oméga (interprétation) de l'œuvre musicale. Une compositrice du passé – à la charnière du XIXe et du XXe siècle – détermine le fil rouge de la programmation, et des musiciennes – jeunes, pour la plupart – se produisent dans l'église locale à raison de deux concerts par jour. Le piano en constitue l'armature. Rien de plus naturel, puisque la fondatrice du festival est la pianiste Lydia Jardon. Avec ses cheveux roux ondulés par un vent de tempête, la grande prêtresse d'Ouessant pourrait passer pour une Sophia Loren relookée en Irlande. RÉVÉRENCE À BACH ET PASSAGE DE TÉMOIN AVEC BRAHMS Amy Beach (1867-1944), l'Américaine qu'elle a judicieusement tirée de l'oubli cette année, semble d'ailleurs faire écho à certaines tournures propres au folklore irlandais, entre révérence à Bach et passage de témoin avec Brahms. Lydia Jardon ne défend pas au clavier la première présidente de la Society of American Women Composers, mais elle la présente au public : enfant prodige, artiste encouragée par un mari avisé, pédagogue de pointe, amoureuse de la grande forme... et du piano. Pendant le festival, Lydia Jardon enseigne dans une académie où, à n'en pas douter, quelques futures vedettes de Musiciennes à Ouessant sont déjà en train de fourbir leurs armes. Toutes les pianistes à l'affiche ne sont évidemment pas ses élèves, mais elles arborent, comme elle, un esprit d'indépendance et une attitude conquérante qui en font des amazones du clavier. Même lorsqu'elles sont mobilisées à la dernière minute, comme Juliette Regnaud, qui, le 6 août, doit pallier la défection d'une de ses aînées pour interpréter avec Amanda Favier (partenaire idéale) la Sonate pour violon et piano d'Amy Beach, fascinante déclinaison du principe de la reprise thématique.
"2013-08-08T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/08/08/prodiges-en-rafales-sur-l-ile-aux-femmes_3458901_3246.html
Les concours de l’enseignement toujours en manque de bons candidats
Face à l’augmentation du nombre de postes ouverts, le nombre de candidats admissibles au Capes ne suffit pas.
Les syndicats parlent de « crise des recrutements » et d’« hémorragie ». Le ministère de l’éducation nationale d’une « amélioration ». Mais on le sait maintenant, la campagne de recrutement dans l’enseignement secondaire public ne remplira pas, une fois encore, tous ses objectifs. Mathématiques, lettres classiques et modernes, anglais, allemand ; les résultats des épreuves d’admissibilité du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement (Capes) font craindre que de nombreux postes ne seront pas pourvus à la rentrée prochaine. De quoi relativiser, au moins dans ces disciplines, la politique volontariste du ministère. Les yeux rivés sur la promesse du candidat Hollande de créer 60 000 postes – là où la droite en avait supprimé 80 000 –, il a multiplié depuis 2012 campagnes de communication et concours « exceptionnels » de recrutement. En 2013, près de 1 000 postes étaient restés vacants, soit 16 % des postes offerts. Augmentation du nombre de postes Une discipline est d’ores et déjà déficitaire pour cette session 2015 : les lettres classiques. 114 candidats seulement se présenteront aux épreuves d’admission pour 230 postes ouverts. Un résultat encore inférieur à celui de l’année 2013 – les comparaisons avec l’année 2014 sont plus ardues car deux concours simultanés étaient organisés. L’augmentation du nombre de postes – 200 en 2013 – n’a donc pas attiré assez de candidats ayant le niveau requis. En plein débat sur la place des options latin et grec au collège, ce résultat ne laisse pas indifférente la présidente de la Société des agrégés, Blanche Lochmann. « Au lycée, si on avait une filière littéraire qui reposait vraiment sur les langues anciennes, comme la série scientifique repose sur les maths, le niveau des étudiants à la fac, et donc des candidats, en serait amélioré », estime l’enseignante de lettres classiques. Sauf que les mathématiques, bien qu’en meilleure posture qu’il y a deux ans, ne jouissent pas encore d’une situation enviable. Quelque 1 800 candidats seront présents aux épreuves d’admissions pour 1 440 postes. « Si ces candidats sont excellents, alors on pourra combler tous les postes », veut croire Caroline Lechevallier, du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré. Rien n’est moins sûr car en 2013, malgré un ratio « admissibles/postes » positif – 1 326 candidats pour 1 210 postes – près de 400 postes avaient été « perdus », comme elle dit, faute de candidats au niveau. Autrement dit, si la politique de création de postes portée depuis quatre ans par les différents ministres de l’éducation nationale a bien créé un appel d’air parmi les étudiants en mathématiques, cela ne signifie pas que la qualité est au rendez-vous. Attractivité « Ce n’est pas suffisant, ça ne couvrira sans doute pas tous les postes cette année, mais la tendance est lancée, et elle est bonne », analyse-t-on au ministère, en précisant que le nombre de postes ouverts, « en train de se stabiliser », est de toute façon supérieur au nombre de départs à la retraite, et que la rentrée, donc, ne sera pas « mise en péril ». Combien de temps faudra-t-il attendre pour avoir suffisamment de candidats ? « Le nombre d’étudiants qui se présentent aux concours dépend souvent de la politique et des signaux envoyés cinq ans plus tôt », parie Martin Andler, professeur de mathématiques et président de l’association Animath. Il note d’ailleurs un « petit frémissement » d’intérêt dans les universités chez les étudiants scientifiques. Et s’interroge : « Est-ce que, parmi les carrières qui s’offrent aux diplômés d’études scientifiques, être professeur de maths est le plus attractif ? » « Attractivité » : le mot est dans toutes les bouches dès qu’on parle métiers de l’enseignement. Car à l’image des mathématiques, d’autres disciplines pourraient ne pas faire le plein à la rentrée malgré une amélioration du nombre d’inscrits – donc d’admissibles et d’admis. C’est le cas de l’anglais – 1 486 candidats pour 1 225 postes – ou encore de l’allemand – 386 admissibles pour 340 postes. « Augmenter le nombre de postes est primordial. Mais combien de temps encore va-t-on accepter de payer les nouveaux profs à hauteur de 1,1 smic ? », interroge Caroline Lechevallier, en guise d’explication. Du côté du ministère, on essaie d’attirer les regards vers les résultats du premier degré, jugés plus « positifs ». Plus de 70 000 inscrits au concours – contre 41 000 en 2013 –, près de 18 600 candidats admissibles pour 11 728 postes ouverts – contre seulement 8 400 en 2013. Mais là encore, une question d’« attractivité » inquiète les syndicats : celle de certaines académies. Parmi lesquelles Créteil, Reims, Amiens ou Rouen.
"2015-04-06T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2015/06/06/les-concours-de-l-enseignement-toujours-en-manque-de-bons-candidats_4647809_1473685.html
Cannes 2018 : « Un grand voyage vers la nuit », une quête psycho-poétique
Dans la section Un certain regard, le cinéaste chinois Bi Gan nous perd dans son polar entre rêve et réalité.
Bi Gan sur la plage du Majestic à Cannes, le 15 mai 2018. STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE » Sélection officielle – Un certain regard On découvrait en 2016 le fulgurant et miraculeux Kaili Blues, qui fit voir en Bi Gan – jeune ciné-poète de 27 ans, fils d’une coiffeuse et d’un chauffeur de taxi de la région pauvre et lointaine du Ghizou – rien de moins que la relève du cinéma d’auteur ­chinois. Etait-il seulement possible de ne pas être déçu au virage, si souvent fatal, du deuxième long-métrage ? Il y a dans Un grand voyage vers la nuit (Di qiu zui hou de ye wan) trop de talent et de virtuosité pour qu’on l’affirme avec sérénité. Il n’en ­demeure pas moins que quelque chose ici a bougé, poussant le ­curseur poétique plus loin que le précédent film, au point de ­perdre tout lien avec le réel, signe toujours inquiétant au cinéma, et de se perdre ipso facto soi-même dans ce désir osten­tatoire d’étrangeté et d’ailleurs. ­Il reste à Bi Gan suffisamment d’atouts dans sa manche pour que l’on considère non seulement avec attention, mais aussi admiration, son nouveau film. Le récit affecte en surface la forme d’un polar classique Pour autant qu’il soit possible avec un tel atomiseur de récit – la vraie famille de Bi Gan se trouve du côté des Andreï Tarkovski, ­David Lynch, Apichatpong ­Weerasethakul –, tentons d’en donner l’argument. Ce serait l’histoire d’un homme, Luo, ­possiblement tueur à gages, qui revient dans sa ville natale et se met à la recherche d’une femme jadis aimée, Wan Quiwen. Huang Jue sur la plage du Majestic à Cannes, le 15 mai 2018. STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE » Le récit affecte en surface la forme d’un polar classique – enquête d’un type souvent sonné qui ­tâtonne dans la nuit, voix off intérieure et mélancolique qui ­déroule ses pensées –, mais se situe à l’évidence du côté de la quête psycho-poétique. De fait, on pense à La Gravida en voyant ce film, ce roman de Wilhelm ­Jensen qui décrit l’obsession d’un archéologue pour un bas-relief représentant une femme qui marche, et qui va apparaître à plusieurs reprises, au cours de sa vie, sous forme tantôt de rêve, tantôt de réalité. On sait la ­fortune qu’eut le roman auprès de Sigmund Freud et des sur­réalistes, et c’est bien dans leur sillage que ce film semble avoir tissé sa songeuse et équivoque atmosphère. Embardée conceptuelle Horloge mystérieuse, photographie d’une femme cachée ­dedans, murs lépreux, mort du père, réminiscences d’une femme en robe de satin vert dont le souvenir vacillant motive la recherche du héros. Entre rêve et réalité, les figures du passage abondent : tunnels, grottes, mines, couloirs, ruissellements aqueux, nappes musicales ­brumeuses, montres, trains, et ces panoramiques alanguis qui ne cessent de nous faire passer d’un décor, d’une scène, d’un personnage à l’autre. Rêve-t-on, veille-t-on ? Il est à supposer que le but réel du film est, à la longue, d’ôter au spectateur l’envie de se poser la question, et de plonger à son tour dans le courant de semi-conscience qui l’emportera le plus loin possible. A cet égard, Bi Gan renouvelle à mi-parcours le coup de force de son film précédent, en mettant au point un plan-séquence ­démentiel qui suit les déambulations de son héros, et dont on n’a pas eu la présence d’esprit (on y verra un bon signe) de vérifier s’il dépassait les quarante minutes de Kaili Blues. Celui-ci est en tout cas nocturne et se complique d’une troisième dimension impromptue à laquelle les lunettes distribuées à l’entrée du film permettent d’accéder. Eu égard à l’absence d’agrément et de valeur ajoutée qu’apporte ici la 3 D, on est tenté de voir dans cette idée une embardée conceptuelle, un surlignage poétique qui ne s’imposait pas. Nul n’avait eu besoin de 3D pour savoir, en sortant de la séquence similaire de Kaili Blues, qu’il venait d’éprouver une autre dimension du cinéma. Film chinois de Bi Gan. Avec Tang Wei, Huang Jue, Chang Sylvia (1 h 50). Sortie en salle le 30 janvier 2019. Sur le Web : www.bacfilms.com/distribution/fr/films/long-days-journey-into-night et www.festival-cannes.com/fr/festival/films/di-qiu-zui-hou-de-ye-wan
"2018-05-17T00:00:00"
festival-de-cannes
https://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2018/05/17/cannes-2018-un-grand-voyage-vers-la-nuit-une-quete-psycho-poetique_5300265_766360.html
A la COP24, la Pologne réclame une « transition juste »
La présidence de la conférence des Nations unies sur le climat a demandé lundi un accompagnement social des politiques environnementales.
Dans la mine de charbon de Wujek, à Katowice (Pologne), le 29 novembre. Kuba Kaminski pour Le Monde La conférence des Nations unies sur le climat (COP24) a aussi ses gilets fluo, portés par les volontaires déployés aux abords du Spodek, la salle omnisports de Katowice, transformée en centre de conférences pour les besoins de l’événement. Plus fondamentalement, l’ouverture protocolaire des négociations, lundi 3 décembre, dans la métropole silésienne dont l’histoire se confond avec celle de l’exploitation minière en Pologne, a donné lieu à une initiative que ne renierait sans doute pas le mouvement des « gilets jaunes ». Invité à s’exprimer devant l’assemblée des 196 Etats liés par l’accord de Paris, le président polonais, Andrzej Duda, a insisté sur l’importance du consensus social comme condition de la réussite des politiques environnementales. La Pologne, qui supervise pour un an les travaux de la COP (succédant aux îles Fidji) a proposé aux chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Katowice de soutenir un texte rédigé par ses soins : la « déclaration de Silésie pour la solidarité et la transition juste ». « Nous ne pouvons pas mettre en œuvre des politiques climatiques contraires à la volonté de la société et au détriment des conditions de vie, a affirmé le dirigeant du PiS. Ce matin, en me préparant pour la COP, j’ai allumé la télévision, j’ai vu ces images dans les rues de Paris, j’ai entendu ces gens ordinaires qui ne sentent pas pris en compte », a confié par la suite M. Duda au Monde, proposant à Emmanuel Macron de « se référer à la déclaration de la transition juste, un modus operandi » pour trouver le bon équilibre entre économie bas carbone, création d’emplois et qualité de vie. Lundi soir, près de 40 pays avaient rejoint cet appel à la transition juste, selon un premier décompte de la présidence de la COP24. Mais nombre d’observateurs des négociations doutent de la volonté réelle du pays hôte d’engager le virage de la décarbonation de son économie. Et pour cause, la Pologne reste l’un des pays d’Europe les plus dépendants du minerai, et pas seulement Katowice, enveloppée dans un voile de pollution diffusant une odeur âcre. Une démarche non sincère Près de 80 % de l’énergie électrique polonaise est produite à partir de charbon. Cette part ne pourra être réduite qu’à 60 % en 2030 et ne devrait chuter réellement qu’avec la mise en route hypothétique à partir de 2033 de six centrales nucléaires, au rythme de deux par an. Présentée dix jours avant la COP, cette politique énergétique inclutaussi la construction de la plus grosse centrale à charbon jamais construite en Pologne (1 GW), à Ostroleka, dans l’est. C’est donc naturellement vers les entreprises de ce secteur très émetteur de gaz à effet de serre que les organisateurs se sont tournés pour financer la 24e conférence sur le changement climatique ! Le tour de tables des sponsors de la COP24 comprend, entre autres, PGE, le premier énergéticien polonais, dont les centrales électriques figurent parmi les plus polluantes d’Europe, et JSW, l’un des principaux groupes charbonniers de Pologne, avec ses quatre mines et ses projets d’expansion, selon le recensement de Corporate Accountability, une ONG dénonçant le lobbying des industries fossiles dans la sphère climatique. Lire notre reportage : En Pologne, l’avenir de Katowice ne passe plus par le charbon Selon Izabela Zygmunt, spécialiste climat au sein de l’ONG CEE Bankwatch, la démarche du président Duda n’est pas sincère. « L’analyse des cas de l’Allemagne, de l’Afrique du Sud ou de l’Australie permet d’identifier les composantes principales d’un processus de transition juste. La transition doit être progressive et précédée d’un large dialogue social impliquant toutes les communautés intéressées, les citoyens, les ONG et les gouvernements locaux, ainsi que les entreprises d’énergies renouvelables qui seraient obligées de créer de nouveaux emplois, détaille Izabela Zygmunt. Or, M. Duda n’a jamais appelé à ce dialogue. » « On ne peut pas aller de l’avant sans stratégie claire, et dans le cas polonais, sans une date de fin de l’exploitation du charbon », poursuit l’experte. Or, là encore, le pays hôte de la COP cultive une ambiguïté teintée de provocation lorsque son président se plaît à revêtir un costume de mineur avant d’accueillir Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, ou se félicite à la tribune de l’assemblée de disposer de « 200 ans de ressources en charbon ». Si l’on veut engager la transition du secteur du charbon, « il est irresponsable de tenir de tels propos, reconnaît Anabella Rosemberg, la directrice du programme international de Greenpeace. Jusqu’à présent, la Pologne n’a pas donné les gages de son ambition ». Mais cette figure des négociations climatiques, qui a participé, au sein du mouvement syndical international, à l’émergence du concept de transition juste, demeure attachée à ce principe. « L’idée est apparue dans les conférences climat avant Copenhague [2009], portée à l’époque par les mouvements syndicaux, les pays du Sud et plusieurs gouvernements d’Amérique latine ou de l’Union européenne. » Le concept prend forme en 2015 dans le préambule de l’accord de Paris, qui mentionne les « impératifs d’une transition juste pour la population active et la création d’emplois décents et de qualité ». En reprenant l’idée à son compte, la présidence de la COP24 réussit un coup diplomatique. « Dans le contexte de l’ONU, il est important que les pays disent que la transition écologique doit être une transition sociale. L’étape suivante, bien sûr, ce sera de passer de la parole aux actes », analyse Anabella Rosemberg. Lire aussi COP24 : la Banque mondiale double son investissement pour le climat En la matière, la France des gilets jaunes constitue un contre-exemple, dans lequel l’Etat n’a pas réussi la synthèse entre la portée environnementale et la portée sociale d’une décision gouvernementale. « La taxe carbone s’est ajoutée à un système fiscal terriblement inégalitaire. La transition juste, ce n’est certainement pas de faire payer les citoyens les plus modestes, mais plutôt de faire participer les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre », juge la responsable de Greenpeace. Dans les couloirs du Spodek de Katowice où se croisent les équipes de négociations, la déclaration de la présidence polonaise suscite des réactions mitigées. « Il ne doit pas seulement s’agir d’une transition juste pour les travailleurs, les régions et les économies touchés par la transition de l’énergie sale à l’énergie propre, mais d’une transition juste, une transition pour tout le monde, en particulier pour les plus vulnérables au climat », s’interroge ainsi Frank Bainimarama, le premier ministre des Fidji. Voir aussi Au pays du charbon, déclin et renaissance de Katowice
"2018-04-12T00:00:00"
climat
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/04/climat-la-pologne-reclame-une-transition-juste_5392473_1652612.html
Rendez-vous médicaux : 2 jours pour un généraliste, 7 semaines pour un ophtalmologue
EN UN GRAPHIQUE – Une enquête du ministère de la santé publiée lundi montre une importante disparité d’accès selon les spécialités médicales.
Pour prendre rendez-vous chez l’ophtalmologue ou le dermatologue, il faut se montrer patient. La moitié des personnes qui appellent un de ces spécialistes obtient une consultation après plus de sept semaines (précisément cinquante-deux jours et cinquante jours). Pour une personne sur dix, ce délai peut encore s’étendre considérablement, jusqu’à six mois pour une consultation ophtalmologique, selon les résultats d’une étude publiée lundi 8 octobre par le ministère de la santé. Les délais d’attente sont, après l’aspect financier, l’un des principaux freins à l’accès au soin. C’est pourquoi la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a mené cette étude en interrogeant 21 700 personnes de la cohorte épidémiologique Constances, une base de volontaires français sollicités régulièrement pour des données de santé publique. Délais de rendez-vous : la moitié des patients attendent deux jours pour un généraliste, un mois pour un gynéco et près de deux mois pour un ophtalmo Durée entre la prise de contact et l'obtention d'une consultation, détaillés en quatre groupes : le premier quart des « chanceux », la médiane (50 % ont un rendez-vous plus vite, 50 % moins vite), le troisième quart et les 10 % les plus... « patients ». Drees Source : Moins d’attente pour une urgence Sans grande surprise, il est plus rapide de consulter un médecin généraliste (en moins de deux jours dans la moitié des cas) ou un pédiatre que des spécialistes, qui sont le plus souvent sollicités pour des rendez-vous de contrôle. Toutefois, les délais se raccourcissent si le patient présente des symptômes qui apparaissent ou s’aggravent : la moitié des patients trouve alors un rendez-vous le jour même chez le généraliste, ou en moins de huit jours chez le dentiste. En revanche, même en cas d’urgence, il faudra toujours attendre trente-quatre jours en moyenne pour consulter le dermatologue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Consulter un gynécologue : la grande galère La taille de l’échantillon ne permet pas de dessiner une « cartographie » précise de l’accès aux soins, mais l’enquête montre clairement qu’il vaut mieux habiter à Paris pour obtenir des rendez-vous rapidement (en quinze jours chez le dentiste, ou vingt-neuf chez l’ophtalmologue) que dans une commune rurale, où les délais passent à vingt-cinq jours pour le dentiste, et soixante-seize pour un ophtalmologue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Accès aux soins : des territoires abandonnés
"2018-08-10T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/08/rendez-vous-medicaux-2-jours-pour-un-generaliste-7-semaines-pour-un-ophtalmologue_5366495_4355770.html
Aéroports fantômes
Seize des quarante-neuf aéroports de l'AENA, le gestionnaire public, sont menacés par la crise et les politiques d'austérité.
C'est l'histoire d'une piste d'atterrissage habitée par une colonie de lapins, d'un terminal sans bagages ni passagers, de contrôleurs aériens qui n'ont rien à contrôler. C'est l'histoire d'aéroports sans avions. Une histoire qui, en Espagne, ne cesse de se répéter. Le 9 janvier à 8 heures, le dernier avion de la compagnie Air Nostrum décollait de l'aéroport de Badajoz, en Estrémadure, et avec lui s'envolait la seule activité commerciale régulière du site. La faute à la crise, "qui a affecté le marché domestique espagnol", accuse la filiale d'Iberia. "Le problème est structurel, corrige l'économiste Germa Bel, de l'université de Barcelone. L'Espagne n'a pas défini de politique de transport en fonction de la productivité et de la rentabilité mais a pris ses décisions en fonction de critères administratifs et territoriaux." Certes, le nombre de passagers à Badajoz, une ville de 150 000 habitants située à la frontière avec le Portugal, n'a cessé de baisser depuis 2007, pour atteindre 56 000 voyageurs en 2011, mais il n'a, de toute façon, jamais dépassé les 90 000 passagers par an... En Espagne, chaque capitale de province désirant un aéroport a pu compter sur le soutien du gouvernement et le financement du ministère de l'équipement. Aujourd'hui, les conséquences de cette politique coûtent cher. "Le problème n'est pas seulement que jamais l'investissement ne sera amorti, puisque la dette accumulée d'AENA (l'entreprise publique chargée de la gestion des aéroports) est de 14 milliards d'euros, mais que souvent la maintenance même des infrastructures n'est pas rentable", ajoute M. Bel. Si le réseau d'AENA transporte près de 200 millions de passagers par an, 16 de ses 49 aéroports, qui n'atteignent pas les 100 000 passagers annuels, sont menacés par la crise et les politiques d'austérité. Comme celui de Badajoz, qui espère reprendre du service en attirant de nouvelles compagnies mais qui, pour le moment, vient allonger la liste des aéroports espagnols sans avions. Le cinquième en un an, après ceux de Ciudad Real, Reus, Huesca et Castellon. Quant à la vingtaine d'employés, ils se demandent quel sera leur sort. Sans doute le même que celui des employés de Huesca. Cette ville de 53 000 habitants, plantée à l'entrée des Pyrénées centrales, s'est dotée, en 2007, d'un rutilant aéroport de 40 millions d'euros, où plus aucune compagnie commerciale n'opère depuis le départ de Pyrenair, en avril 2011. Impossible de rentabiliser des vols pour les quelque 6 000 passagers annuels qui ont fréquenté les lieux, quand le gouvernement en prévoyait 160 000. Mais dans le terminal fantôme, une trentaine d'employés d'AENA continuent d'errer. L'aéroport catalan de Reus, ville située à 100 km au sud de Barcelone, est aussi désert depuis le départ de Ryanair en novembre, pour cause d'une baisse de trafic (- 16 % en 2010). Près de 80 personnes se sont retrouvées au chômage. Mais dans le terminal refait à neuf, une cinquantaine d'employés d'AENA font encore de la figuration en espérant que le trafic reprendra comme prévu en avril. Pour cela, la Catalogne a dû renégocier son "contrat publicitaire" avec la compagnie low cost irlandaise. La région lui a promis 8 millions d'euros par an jusqu'en 2016, selon le journal El País, pour la "promotion touristique" de la destination, ainsi qu'un terrain gratuit pour qu'elle y construise un hangar et éventuellement un hôtel. Une sorte de subvention déguisée (interdite par l'Union européenne) en échange de laquelle Ryanair s'est engagé à maintenir le trafic à Reus et à transporter 3 millions de passagers par an sur l'autre aéroport catalan de Gérone. Gérone, justement, était le modèle que voulait suivre l'aéroport privé de Ciudad Real, en Castille-La Manche. Pensé comme un aéroport complémentaire de Madrid-Barajas, à 200 km au sud de la capitale espagnole, il espérait accueillir 2,5 millions de voyageurs par an. Mais depuis son inauguration, en décembre 2008, il n'en a reçu que 100 000. Doté d'une piste de 4 km de long, afin que puissent s'y poser des Airbus A380, il a coûté la bagatelle de 500 millions d'euros. Aujourd'hui en redressement judiciaire, l'aéroport a vu, en octobre 2011, décoller le dernier avion de la compagnie Vueling, le contrat publicitaire de plus de 2 millions d'euros signé avec le gouvernement de Castille-La Manche ayant pris fin. Enfin, à Castellon, ville située à 75 km au nord de Valence, un autre aéroport privé fait parler de lui. Depuis son inauguration, en mars, personne n'y a vu l'ombre d'un avion. Et pour cause : l'aéroport n'a même pas pris la peine de demander de licence d'autorisation de vol, l'entreprise qui devait se charger de la gestion s'étant rétractée. En revanche, les pistes sont envahies de lapins qui s'y reproduisent paisiblement à l'abri des chasseurs. Mais pas de panique, pour assurer la sécurité des décollages et atterrissages des avions fantômes, l'aéroport a acheté huit faucons et autant de furets. Qui chasseront les lapins. [email protected] Sandrine Morel (Madrid, correspondance) et Sandrine Morel
"2012-01-16T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2012/01/16/aeroports-fantomes_1630295_3214.html
"Mont-Liban, mon roman. ""Le Royaume de cette terre"", d'Hoda Barakat"
Chronique magistrale d'un village maronite avant la guerre civile, "Le Royaume de cette terre", de l'écrivain de langue arabe Hoda Barakat, explore les origines de la violence dans cette région du monde.
Hoda Barakat publie "Le Royaume de cette terre". Yael Lerer D'abord, à cause de la neige, on pense à Bruegel l'Ancien, avec ses villageois qui dansent dans la campagne blanche. Ou à La Légende de Gösta Berling, de la romancière suédoise Selma Lagerlöf. Un conte d'hiver, oui : Le Royaume de cette terre, cinquième roman traduit en français de l'écrivain de langue arabe Hoda Barakat, en a l'allure classique, presque surannée. Sauf que nous sommes au Liban, dans les hautes montagnes des chrétiens maronites ; le récit démarre dans les années 1920, à l'époque du Mandat français, et s'achève au milieu des années 1970, à l'orée de la guerre civile. Un roman historique, alors ? Une parodie plutôt : les histoires ici racontées sont truffées d'erreurs, comme le sont les souvenirs d'enfance et les médisances de village. C'est l'un des coups de génie de ce livre protéiforme, plongée quasi ethnologique d'un écrivain parmi les siens : tout y est véridique, rien n'est tout à fait vrai. On a beau croiser les ombres de Pétain et de Mussolini, celles du président Chamoun ou du général de Gaulle, elles restent floues - simples repères chronologiques. Les seuls visages qu'on distingue, nets et nus, en gros plan, sont ceux des villageois : les paysans, les moines et les nonnes (italiennes), l'institutrice Najibé, le jeune Khalil qui "se soûle à l'arak" et "insulte la Vierge", Martha, qui rêve d'épouser un officier français, l'oncle Schéhadé, parti en Egypte retrouver une starlette, le cousin Hanna, un moins que rien, qui finit par se marier avec la fille d'un marchand d'armes... Les seules histoires qu'on entend, ce sont les leurs : minuscules, monstrueuses, quelquefois lumineuses, mais le plus souvent dures et grises, comme les pierres du Mont-Liban. Pour les raconter, Selma et Tannous, fille et fils de Mouzawaq - montagnard à la voix divine, dont la mort tragique sert de prologue au livre -, se relaient, déroulant le cours de leur vie et de celle du village comme on le fait de tapis anciens. Dans les guerres picrocholines qui opposent, avec une violence folle, tel village maronite à tel autre, se devinent, arrivant à grands pas, l'explosion générale qui va embraser le Liban au milieu des années 1970. "J'ai essayé de remonter la faille", résume Hoda Barakat, qui a elle-même quitté Beyrouth et les bombes, ses enfants sous le bras, en 1989. CHAUDRON COLLECTIF A Paris, elle habite un immeuble modeste de la rue... des Partants. "Mes personnages sont plus ancrés que moi", nous avait-elle confié, il y a onze ans (Le Monde du 21 septembre 2001), après que son troisième roman, Le Laboureur des eaux, lauréat du prix Naguib Mahfouz en 2000, avait été traduit en français (chez Actes Sud, comme tous ses livres). Jusqu'alors, les romans de Hoda Barakat se focalisaient sur un individu ou sur des couples d'individus : Khalil, le jeune homosexuel de La Pierre du rire (1996), le duo déchiré des Illuminés (1999), Nicolas, l'ermite beyrouthin du Laboureur des eaux (2001) ou Wadî, l'amoureux (d'un autre homme) de Mon maître, mon amour (2007). Dans Le Royaume de cette terre, il y a bien sûr le tandem fraternel de Selma et Tannous. La première déploie toute son énergie pour conjurer le mauvais sort qui menace la famille ; le second, chanteur à la voix extraordinaire, comme son père, est contraint de fuir le Liban, se réfugiant un moment à Alep, où il fera, auprès des Syriens, ces étranges étrangers, son apprentissage d'homme et d'artiste. Mais c'est le chaudron collectif du village qui est le personnage principal du roman, son moteur - et son fatum ; en l'occurrence, la communauté très fermée des chrétiens maronites, dont Hoda Barakat est issue. Elle en fait un portrait cruel et tendre à la fois, sans concession. "C'est du faux collectif : au lieu des maronites, on aurait pu mettre des Kurdes d'Irak ou des chiites du Liban sud - tous ces micro-mondes fonctionnent de la même manière", explique la romancière en nous recevant de nouveau dans son appartement de Ménilmontant. "Ce livre est dans ma tête depuis longtemps, ajoute-t-elle. Je savais qu'il me fallait vieillir pour pouvoir l'écrire, c'est-à-dire acquérir la bonne distance." Née en 1952, cette amoureuse de Proust, de Musil et des poètes arabes des IXe et Xe siècles a entendu, petite, sa mère "lire le Coran à la maison", dans leur village du Mont-Liban, prenant ainsi le contre-pied des préjugés antimusulmans de l'époque. Mais la langue arabe de Hoda Barakat n'est pas, précisément, celle - sacrée - du Coran : elle n'y reste pas enfermée. Réinventant l'arabe classique, dont elle joue en virtuose, la romancière a su l'enrichir des particularités locales, ajoutant ici l'accent syriaque, greffant là des mots de "l'arabe des montagnes" libanaises, le mot "neige", par exemple, n'existant pas en arabe classique. Auteur de romans, mais aussi de pièces de théâtre, Hoda Barakat signe, avec Le Royaume de cette terre, l'un des textes les plus radicaux de son oeuvre pionnière. Le Royaume de cette terre (Malakoutou hadhihi l'ard), d'Hoda Barakat, traduit de l'arabe (Liban) par Antoine Jockey, Actes Sud, 350 p., 22,50 €. Catherine Simon
"2012-09-28T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2012/09/28/mont-liban-mon-roman_1766306_3260.html
"Philippe Dorge, un DRH maison pour négocier le ""contrat social"" de PSA"
Mercredi 29 mai, le dirigeant lance les discussions avec les syndicats du constructeur. Le but: baisser les coûts des sites français
Les ventes de voitures neuves dans l'Union européenne ont augmenté de 5,6 % en juillet et de 2,1 % en août. SEBASTIEN BOZON/AFP "Il a le groupe dans la peau." C'est ainsi qu'un ex-dirigeant de PSA Peugeot-Citroën décrit Philippe Dorge, le nouveau directeur des ressources humaines du constructeur automobile. Après vingt-trois ans de "maison", son expérience devra l'aider à relever l'un des plus importants défis de sa carrière. Mercredi 29 mai, M. Dorge doit lancer un cycle de négociations afin de définir un "nouveau contrat social" chez PSA. L'ambition est élevée. La démarche rappelle celle de Renault, qui a signé le 13 mars un accord de compétitivité avec ses représentants syndicaux. Cet accord doit réduire de près de 500 millions d'euros les coûts de production de Renault en France, et ainsi lui permettre de pérenniser ses sites de production. Chez PSA, Philippe Varin, le président du directoire, a fixé les économies annuelles à obtenir à une centaine de millions d'euros par an, à l'issue du futur accord espéré pour l'automne. C'est cette somme que le groupe perd actuellement chaque mois. Ce n'est pas un hasard si M. Varin a nommé, en avril, M. Dorge au poste de DRH. Il remplace Denis Martin, qui était à la tête, depuis 2009, de la direction industrielle et des relations sociales et du travail, et a mené le plan de restructuration du groupe qui prévoit le départ de 8 000 personnes. "BONNE IMAGE" "L'image de M. Dorge est bonne, et il connaît tous les accords passés depuis vingt ans", indique un syndicaliste. "Avec lui, un engagement pris est un engagement tenu", confirme un autre, qui l'a croisé quand il dirigeait les ressources humaines à l'usine d'Aulnay-sous-Bois, de 2001 à 2002. De ses deux ans sur le site de Seine-Saint-Denis, M. Dorge se rappelle des 600 CDI qu'il a signés au lancement de la production de la C3. Douze ans plus tard, il mène la fermeture de l'usine… "Des décisions dures, mais nécessaires", tranche le dirigeant. Tout juste diplômé de Sciences Po, et du Ciffop, la formation aux ressources humaines de l'université Paris-II-Assas, M. Dorge a rejoint l'avenue de la Grande-Armée, le siège social de PSA, à 23 ans. Il préfère alors ce constructeur à Bouygues ou à la Snecma, peut-être "parce que mon père était cartographe pour Michelin ", hasarde-t-il.
"2013-05-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/05/28/philippe-dorge-un-drh-maison-pour-negocier-le-contrat-social-de-psa_3419554_3234.html
Après Ferguson, la Chine fait la morale aux Etats-Unis
L'agence Chine nouvelle a critiqué des « manquements aux droits de l'homme » chez la grande puissance rivale.
Des messages en hommage à Michael Brown, le 24 août à Ferguson. REUTERS/JOSHUA LOTT C'est devenu un classique des relations entre la Chine et les Etats-Unis. Et un jeu diplomatique dont les deux grandes puissances ne se lassent pas. Depuis la fin des années 1990, la publication par le département d'Etat américain de son rapport sur les droits de l'homme dans le monde, où les violations du régime chinois sont systématiquement dénoncées, est suivie, peu après, d'une réponse circonstanciée de Pékin, sous la forme d'un contre-rapport. Pékin y détaille notamment les dégâts provoqués par les armes à feu, les bavures policières, la discrimination raciale et la place de l'argent dans la politique américaine. La mort d'un adolescent noir le 9 août à Ferguson, tué par un policier, et les émeutes qui l'ont suivie ont permis à l'agence étatique Chine nouvelle de reprendre la même antienne : « Même dans un pays qui a pendant des années essayé de jouer le rôle de juge et défenseur international des droits de l'homme, il y a encore beaucoup à faire. » L'agence a également blâmé d'autres « manquements aux droits de l'homme » chez la grande puissance rivale, comme la surveillance, révélée par Edward Snowden, « des courriers et téléphones mobiles des Américains ordinaires aussi bien que des dirigeants d'autres pays, y compris d'alliés traditionnels des Etats-Unis », les fusillades meurtrières dans le pays et les « attaques de drones incessantes à l'étranger ». « UN CIMETIÈRE POUR LES DROITS DE L'HOMME » La Chine n'a pas été la seule à profiter de Ferguson pour régler ses comptes avec Washington. En Iran, autre « ennemi » des Etats-Unis, le numéro un de la République islamique, le guide suprême Ali Khamenei, ne cesse de tweeter depuis la mi-août en utilisant le hashtag #Ferguson. « Pouvez-vous soutenir que les Afro-Américains ont les mêmes droits que les blancs ? », écrit-il le 25 août. « Le drapeau des droits de l'homme est brandi par ceux qui en sont eux-mêmes les plus grands violateurs », estimait-il une semaine plus tôt.
"2014-08-28T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2014/08/28/apres-ferguson-la-chine-fait-la-morale-aux-etats-unis_4478237_3210.html
Double attentat près d’un mausolée chiite à Damas
Trois attentats ont été commis dans cette zone depuis le début de l’année et revendiqués par les combattants du groupe Etat islamique (EI).
Les médias gouvernementaux ne fournissent pas plus d’informations sur les attaques. OMAR SANADIKI / REUTERS Un attentat-suicide et un autre à la voiture piégée ont fait au moins 20 morts dont 13 civils et plus de 30 blessés, samedi 11 juin au matin, près du mausolée chiite de Sayeda Zeinab, à 10 kilomètres de Damas, selon un nouveau bilan de l’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cette double attaque a été revendiquée par l’Etat islamique (EI). Le secteur est très sécurisé avec des points de contrôle du régime pour empêcher les véhicules de s’approcher, le site ayant été la cible de plusieurs attaques de groupes djihadistes sunnites, dont l’EI, qui considèrent les chiites comme des hérétiques. Le mausolée de Sayeda Zeinab est vénéré par les musulmans chiites du monde entier, car il abrite la tombe de la petite-fille du prophète Mahomet. Le mausolée serait le lieu où Sayeda Zeinab a vécu, après avoir été capturée par les armées du calife omeyyade Yazid à la suite de l’exécution de son frère Hussein à Kerbala (Irak), que les chiites considèrent comme l’événement le plus tragique de leur histoire. Trois attentats depuis le début de l’année Le dernier attentat remonte au 25 avril, lorsque l’EI a revendiqué une attaque à la voiture piégée qui a fait au moins sept morts et une vingtaine de blessés. Le 21 février, un double attentat-suicide perpétré à 400 mètres du mausolée a fait 134 morts, dont 97 civils, selon l’OSDH. Et à la fin janvier, au moins 70 personnes avaient été tuées près de ce sanctuaire. Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations réclamant des réformes, s’est complexifié au fil des ans avec une multitude d’acteurs syriens, régionaux et internationaux. Il a fait plus 280 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.
"2016-11-06T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/06/11/double-attentat-pres-d-un-mausolee-chiite-a-damas_4948449_3218.html