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Le retour en grâce de la monarchie saoudienne auprès des Etats-Unis
Oubliées les diatribes du candidat Trump contre Riyad, l’Arabie saoudite est désormais, pour le président américain, ce « magnifique » royaume plein de « grandeur ».
Donald Trump avec le roi Salman d’Arabie saoudite, à Riyad, le 21 mai 2017. Evan Vucci / AP La visite de Donald Trump à Riyad, qui s’est achevée dimanche 21 mai, constitue un succès politique indéniable pour la monarchie saoudienne. Dans son discours devant une cinquantaine de représentants de pays arabes et musulmans, le président américain a offert à ses hôtes tous les gages qu’ils attendaient : une diatribe anti-Iran, qui enterre le rapprochement avec Téhéran amorcé par Barack Obama ; des imprécations antidjihadistes, qui passent sous silence les racines de ce phénomène, notamment le rôle délétère du wahhabisme, le courant de l’islam ultrarigoriste en vigueur dans le royaume ; et des louanges pour les Saoud, qui, au motif d’éviter les « leçons de morale », évacuent la question des droits de l’homme. Oubliées les diatribes du candidat Trump contre le pays qui « veut asservir les femmes et tuer les homosexuels », une formule postée par le républicain sur sa page Facebook pendant la campagne présidentielle. Pour le nouveau locataire de la Maison Blanche, l’Arabie saoudite est désormais ce « magnifique » royaume, plein de « grandeur », « qui sert de gardien des deux lieux les plus saints de l’islam ». « C’est le rouleur compresseur, s’exclame un homme d’affaires occidental installé à Riyad. Le réalignement stratégique des Etats-Unis sur l’Arabie saoudite est très fort. » Un revirement préparé par six mois de discussions et de lobbying intensif. « Trump a été investi président le 20 janvier à 12 heures, et à 12 h 05 précisément, notre invitation à venir à Riyad parvenait sur son bureau, raconte un diplomate saoudien. Le roi Salman lui a parlé lui-même à deux reprises avant son arrivée. » Une débauche de moyens ahurissante L’opération séduction s’est prolongée sur place, dans une débauche de moyens ahurissante : défilé de Harley Davidson dans les rues de Riyad ; match de football entre les Cosmos de New York et Al-Hilal, l’équipe phare du championnat saoudien ; illumination XXL du Ritz Carlton, l’hôtel hébergeant la délégation américaine ; lâcher de ballons géants peints aux couleurs des pays arabes, etc. « D’un point de vue médiatique et politique, on a marqué beaucoup de points, estime le diplomate saoudien. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Arabie saoudite sort le grand jeu pour la visite de Trump De fait, le raidissement rhétorique de Donald Trump vis-à-vis de l’Iran ne préjuge pas de ce que les Etats-Unis feront sur le terrain face à Téhéran, que ce soit en Syrie, en Irak ou au Yémen. « George W. Bush avait lui aussi placé l’Iran dans l’axe du Mal, mais sur les dossiers irakien et afghan, il avait fini par travailler avec Téhéran », fait remarquer Ibrahim Fraihat, directeur du Doha Institute, basé au Qatar. La doctrine Trump paraît encore plus fragile sur la question djihadiste. « Le terrorisme ne surgit pas ex nihilo, argue Ibrahim Fraihat. Il est la conséquence de multiples facteurs comme le sous-développement, les dictatures arabes, le bain de sang en Syrie, l’occupation de la Palestine. Il est illusoire d’imaginer défaire Daech [l’acronyme arabe de l’Etat islamique] sans s’attaquer à ces raisons de fond. » Aussi éclatant soit-il, le succès saoudien pourrait donc être de courte durée.
"2017-05-22T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/05/22/le-retour-en-grace-de-la-monarchie-saoudienne-aupres-des-etats-unis_5131599_3218.html
La plateforme MtGox retrouve 200 000 bitcoins perdus
Lors de sa déclaration de faillite, MtGox avait indiqué avoir perdu 750 000 bitcoins. Il en a retrouvé 200 000, pour une valeur de 276 millions d'euros.
Lors de sa déclaration de faillite le 28 février, MtGox, société sise au Japon et dirigée par le Français Mark Karpelès, avait indiqué avoir perdu 750 000 bitcoins appartenant à des clients et 100 000 à la société elle-même. AP/Shizuo Kambayashi MtGox, la plateforme japonaise d'échange de monnaie virtuelle, a finalement perdu moins de bitcoins qu'annoncé lors de son dépôt de bilan le mois dernier, selon des documents transmis au tribunal de Tokyo. Lors de sa déclaration de faillite, MtGox, dirigé par le Français Mark Karpelès, avait indiqué avoir perdu 750 000 bitcoins appartenant à des clients et 100 000 à la société elle-même. Ce total a été ramené à 650 000 (soit une valeur de 276 millions d'euros), quelque 200 000 bitcoins ayant été retrouvés le 7 mars et transférés dans un portefeuille différent non connecté à Internet. AUCUNE GARANTIE POUR LES UTILISATEURS MtGox avait stoppé soudainement au début du mois de février les retraits en devises effectués à partir de bitcoins ainsi que toutes les transactions quelques jours plus tard, avant de s'en remettre au tribunal. Selon le patron de cette entreprise, cette décision de dépôt de bilan était la seule possible après la découverte d'un piratage informatique dû à « des points faibles du système » qui ont entraîné la disparition des bitcoins. MtGox aurait été victime d'attaques massives de déni de service distribué qui consistent à submerger un ensemble de serveurs de trafic sans objet pour le saturer et le paralyser. Ces attaques sont en général effectuées à une cadence très élevées par un nombre important de machines utilisées à l'insu de leurs propriétaires. Des enquêtes sont en cours au Japon pour tenter de comprendre ce qui s'est réellement passé. La plateforme, qui est en phase de procédure pour un redressement judiciaire, est redevenue partiellement accessible cette semaine, mais uniquement pour permettre aux clients et créanciers de consulter leur solde de bitcoins, sans garantie de le récupérer sous quelque forme que ce soit. Environ 127 000 utilisateurs, dont 1 000 Japonais, sont ainsi lésés. Lire sur le blog Silicon 2.0 « Aucun obstacle pour réguler le Bitcoin »
"2014-03-21T00:00:00"
argent
https://www.lemonde.fr/argent/article/2014/03/21/mtgox-retrouve-200-000-bitcoins_4387052_1657007.html
Souffrant d’une pneumonie, Hillary Clinton annule ses déplacements de campagne
Plus tôt dans la journée de dimanche, la candidate démocrate avait quitté les commémorations du 11-Septembre après un léger malaise.
L’équipe de la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine, Hillary Clinton, a fait savoir dimanche 11 septembre que cette dernière annulait ses déplacements de campagne programmés lundi et mardi en Californie. L’ancienne secrétaire d’Etat, âgée de 68 ans, souffre d’une pneumonie, a dévoilé quelques heures plus tôt son médecin. On ignore encore si l’ex-première dame se rendra mercredi, comme prévu initialement, dans le Nevada pour d’autres levées de fonds. Hillary Clinton 9/11 NYC https://t.co/q9YnsjTxss — zgazda66 (@Zdenek Gazda) Mme Clinton a été victime, plus tôt dans la journée, d’un bref malaise provoqué par la chaleur alors qu’elle assistait à New York à la cérémonie en mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001. L’incident a contraint son médecin de révéler qu’une infection pulmonaire lui avait été diagnostiquée dès vendredi. Lisa Bardack a ainsi déclaré dans un communiqué qu’elle souffrait, en outre, de toux liées à des allergies. « Elle a été mise sous antibiotiques et nous lui conseillons de se reposer et de modifier son emploi du temps. Pendant l’événement de ce matin [les commémorations du 11-Septembre], elle a souffert de la chaleur et était déshydratée. Je viens de l’examiner et elle est maintenant réhydratée et se remet bien. » Après son malaise, la candidate à l’élection présidentielle américaine du 8 novembre a dit aux journalistes qu’elle se sentait « très bien » en sortant de la maison de sa fille Chelsea, située dans le quartier de Manhattan, où elle avait été emmenée après avoir quitté la cérémonie au bout de quatre-vingt-dix minutes et alors que celle-ci n’était pas encore achevée. La température avoisinait 27 °C, dimanche, à Ground Zero, le site où s’élevaient les deux tours du World Trade Center avant l’attentat du 11 septembre 2011. Le député démocrate de New York Joe Crowley, qui était présent, a déclaré à la chaîne de télévision MSNBC que la candidate « étouffait » durant des commémorations. « Apte » à occuper la fonction Plus tôt dans le mois, la candidate démocrate avait été prise d’une quinte de toux lors d’un meeting de campagne à Cleveland. « Chaque fois que je pense à Trump, je deviens allergique », avait-elle lancé en guise d’explication. Cet épisode a alimenté les rumeurs sur sa santé dans les milieux politiques conservateurs. Les partisans de Donald Trump font part sur Twitter de leurs spéculations au sujet de la santé de Mme Clinton sous le mot-dièse #HillarysHealth. A plusieurs reprises, le candidat républicain a émis des doutes sur la santé de l’ancienne première dame et sur sa capacité à assumer une fonction présidentielle physiquement éprouvante. Sa rivale s’est pourtant révélée plus transparente que lui dans ce domaine. Elle a publié en juillet 2015 une lettre de deux pages du docteur Lisa Bardack où sont décrits ses médicaments, dont des anticoagulants et des antihistaminiques contre les allergies saisonnières. Elle souffre aussi d’hypothyroïdie. L’ancienne chef de la diplomatie a également subi des thromboses, en 1998 et 2009, ainsi qu’une commotion cérébrale suivie d’un caillot à la tête en 2012, après une chute causée par une déshydratation. Elle a vu double pendant deux mois, selon son médecin, et Bill Clinton avait dit à l’époque qu’il lui avait fallu six mois pour s’en remettre. Le 16 août, son médecin a de nouveau déclaré : « Mme Clinton est en excellente santé et apte à exercer les fonctions de présidente des Etats-Unis. » Du côté de M. Trump, le médecin Harold Bornstein a publié en décembre 2015 une courte lettre écrite de son propre aveu dans la précipitation, et à la formulation vague et emphatique sur « l’excellente » santé du milliardaire. Le 5 septembre, interrogé sur la publication de son dossier médical complet, le magnat de l’immobilier avait lancé : « Maintenant que vous me le demandez, je vais le faire. » « Besoin de plus d’informations » Les défenseurs d’Hillary Clinton soulignent que le jour de son diagnostic elle a participé à deux réceptions de levée de fonds, une réunion sur la sécurité nationale et une conférence de presse, et qu’elle a accordé une interview. Samedi, elle a participé à une réception de levée de fonds. Preuve, selon eux, que la sexagénaire est une force de la nature. « Continuer malgré la maladie, c’est ce que font les femmes, stoïquement, tous les jours », a ainsi défendu sur Twitter Jennifer Grandholm, ancienne gouverneuse du Michigan. Certains rappelaient aussi que le président George H. Bush s’était effondré en vomissant sur le premier ministre japonais en 1992, terrassé par une gastro-entérite, et qu’en 2002 George W. Bush avait brièvement perdu connaissance après s’être étranglé avec un bretzel. Mais, au-delà des précédents, le retard de communication sur la pneumonie illustre le manque de transparence de Mme Clinton comme de M. Trump. « Je peux attester que les Américains ont besoin de beaucoup plus d’informations médicales de la part de ces deux candidats », a écrit vendredi dans le Washington Post David Scheiner, le médecin signataire du bulletin de santé de Barack Obama en 2008. « A ces âges-là, il peut commencer à leur arriver des choses. »
"2016-11-09T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/09/11/hillary-clinton-victime-d-un-malaise-pendant-les-commemorations-du-11-septembre_4995918_829254.html
Mario Monti entre en scène en Italie
Le président italien a nommé Mario Monti sénateur à vie. Pour la presse, cette nomination apparaît comme une préinvestiture.
Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, le 11 novembre 2011. AFP/ANDREAS SOLARO Le président de la républicaine italienne, Giorgio Napolitano, a engagé une course de vitesse avec les marchés. Alors que ceux-ci font battre chaque jour de nouveaux records aux taux d'emprunt italiens à la Bourse de Milan, il a décidé de brûler les étapes pour accélérer la transition à la tête de l'exécutif et réduire au maximum le délai de la crise politique. Le fait que cette initiative vienne d'un homme de 86 ans, ayant passé l'essentiel de sa carrière politique dans les rangs du Parti communiste, n'est pas le moindre des paradoxes péninsulaires. Mercredi 9 novembre, il s'est engagé à trois reprises pour rassurer les places financières, la Commission européenne et le Fonds monétaire international, qui ont l'Italie dans le collimateur. La première pour clarifier ses prérogatives en matière de formation d'un nouveau gouvernement et confirmer que l'actuel président du conseil, Silvio Berlusconi, démissionnera bien après le vote définitif des mesures de rigueur et de relance. Une manière d'écarter la rumeur selon laquelle le Cavaliere avait décidé de s'accrocher au pouvoir en faisant traîner une manière de "démission lente" pour mieux être en mesure de peser sur le choix de son successeur. La seconde a consisté à faire pression sur les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, ainsi que sur les présidents de groupe afin de faire adopter dans les plus brefs délais ces mesures de rigueur et de relance, contenues dans un amendement à la loi de finances. Ces dispositions reprennent les engagements présentés par le gouvernement à la Commission le 26 octobre (libéralisations et privatisations) à l'exception du recul de l'âge du départ à la retraite et de l'assouplissement des règles de licenciement. Il est prévu que les élus de la gauche et du centre soient présents le jour venu dans l'Hémicycle pour garantir le quorum, mais qu'ils ne prendront pas part au vote. Enfin, dernière manoeuvre plus inédite : M. Napolitano a nommé Mario Monti sénateur à vie. Pour la presse italienne, cette nomination apparaît comme une préinvestiture pour l'ancien commissaire européen (1994-2004) et recteur pendant cinq ans de la prestigieuse université milanaise Bocconi. "Monti sur le terrain", titrait jeudi 10 novembre au matin le quotidien de centre gauche, la Repubblica ; "Vers l'investiture de Monti", renchérissait le conservateur Corriere della sera. Agé de 68 ans, lombard, ancien élève, à l'université Yale, du Prix Nobel d'économie James Tobin, M. Monti apparaît depuis le début de la crise politique comme la solution idéale pour rassurer les marchés et engager les réformes nécessaires à la tête d'un gouvernement de "large entente", qui serait soutenu par le Peuple de la liberté, la formation de M. Berlusconi, l'Union du centre, le Parti démocrate, et peut-être même la Ligue du Nord. Dans une intervention, le 4 novembre, il a annoncé la couleur en se disant favorable "à un gouvernement d'unité nationale pour faire des choix impopulaires. Il faut tenir un discours de vérité". Le seul obstacle à sa nomination restait au cours de ces dernières heures la préférence de la Ligue et du Peuple de la liberté pour des élections anticipées qui aurait permis aux chefs de ces deux formations, Umberto Bossi et M. Berlusconi lui-même, de garder la main sur les investitures. Le Cavaliere avait déjà désigné le chef de file de la droite, le garde des sceaux, Angelino Alfano. Mais de nombreux députés du PDL se sont mobilisés pour dire au futur ancien président du conseil qu'ils n'étaient pas disposés à "aller au casse-pipe" en l'état actuel des sondages qui donnent le centre gauche vainqueur. Réuni avec l'état-major de son parti et de la Ligue, jusqu'à 1 heure du matin jeudi, M. Berlusconi s'est lui aussi rangé à l'idée d'un gouvernement Monti. Une fois encore, les marchés et les institutions ont imposé leur vue. Pas plus enthousiastes à l'idée de redonner la parole aux Italiens qu'ils ne l'étaient vis-à-vis du référendum grec, ils craignent que l'incertitude politique s'ajoute à la crise financière. Redoutant une combinazzione, une fausse sortie de scène qui permettrait à M. Berlusconi de quitter le pouvoir par la porte pour revenir par la fenêtre, ils ont fait capoter cette perspective et signifié clairement leur préférence pour une transition douce et rapide bousculant les habitudes italiennes. Philippe Ridet et Philippe Ridet
"2011-10-11T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2011/11/10/mario-monti-entre-en-scene-en-italie_1601863_3214.html
Attentat dans le métro de Londres : le niveau d’alerte terroriste abaissé au Royaume-Uni
Une deuxième interpellation a eu lieu samedi soir, après l’attentat de vendredi dans le métro londonien qui a fait une trentaine de blessés.
Après avoir relevé vendredi le niveau d’alerte terroriste à « critique », craignant une attaque « imminente », le centre britannique d’analyse du terrorisme a décidé, dimanche 17 septembre, de l’abaisser à « grave ». Vendredi matin, un attentat à la bombe commis dans le métro londonien à Parsons Green, revendiqué par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), a fait une trentaine de blessés. Samedi soir, un deuxième suspect a été arrêté par la police britannique. L’homme âgé de 21 ans a été interpellé dans la banlieue ouest de Londres, à Hounslow, aux alentours de 23 h 50 (0 h 50, dimanche, heure française), a précisé la police dans un communiqué dimanche. Une perquisition, « liée à cette arrestation » était en cours à Stanwell (banlieue ouest de Londres), a-t-elle ajouté à la mi-journée. Un premier suspect arrêté samedi à Douvres Vers 7 h 50 (8 h 50, heure française) samedi, la police a arrêté un homme de 18 ans pour son implication présumée dans « la perpétration, la préparation ou l’instigation d’un acte de terrorisme », avait-il précisé. L’attentat – le cinquième en six mois au Royaume-Uni – a été perpétré dans une rame en pleine heure de pointe vers 8 h 20 (9 h 20, heure française), dans la station de Parsons Green, située dans un quartier aisé du sud-ouest de Londres, au moyen d’un engin explosif artisanal. La ministre de l’intérieur, Amber Rudd, a souligné qu’il était encore « beaucoup trop tôt pour tirer toutes les conclusions », de l’attaque, et que « tout serait fait pour comprendre » comment le suspect de 18 ans s’est radicalisé, sur la BBC dimanche. L’arrestation du premier suspect, qualifiée de « très importante » par la police, est intervenue dans la zone de départ du port de Douvres, un point de transit vers l’autre rive de la Manche. Elle a entraîné l’évacuation partielle du port vers 11 h 40 (12 h 40, heure française) afin de permettre « de fouiller les lieux par mesure de précaution ». Cette opération a permis à la police de mettre la main sur « plusieurs objets », tandis que le suspect présumé a été transféré dans un commissariat de Londres, a détaillé M. Basu. Selon les médias britanniques, le jeune homme était hébergé en famille d’accueil. Dans un message télévisé diffusé à l’issue d’une réunion d’urgence du gouvernement, la ministre de l’intérieur, Amber Rudd, a souligné samedi qu’il était « beaucoup trop tôt » pour dire s’il était connu des forces de l’ordre, comme l’avait affirmé la veille Donald Trump sur Twitter. Ces propos du président américain avaient fâché la première ministre Theresa May. « C’est une enquête qui avance très vite. Nous avons réalisé des progrès considérables (...) et nous continuerons à faire de notre mieux pour réduire les menaces dans ce pays », a déclaré la patronne de la police londonienne, Cressida Dick, sur la BBC. La police a partiellement évacué samedi un quartier résidentiel de Sunbury-on-Thames, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Londres, établissant un cordon de sécurité d’un rayon de 100 mètres autour d’une maison pour y mener une perquisition. Niveau d’alerte terroriste abaissé Craignant une autre attaque « imminente », le centre britannique d’analyse du terrorisme avait relevé vendredi le niveau d’alerte terroriste à « critique », le niveau maxium, pour la deuxième fois en quelques mois. Le niveau a finalement été abaissé dimanche à « grave ». La menace d’un attentat n’est donc plus considérée comme « imminente », mais comme « hautement probable », a déclaré Amber Rudd. Dimanche matin, un vol British Airways Paris-Londres avec 130 passagers à bord a été retardé plusieurs heures au départ de l’aéroport Roissy-CDG après une fausse alerte à la bombe, qui a nécessité l’évacuation temporaire de l’avion. Theresa May a annoncé, dans un message télévisé vendredi, que des militaires seraient déployés sur des sites clés non accessibles au public, pour permettre un renforcement de la présence de policiers dans les endroits publics, notamment les transports, les endroits très fréquentés et les sites touristiques. Le bilan de l’attentat aurait pu être bien pire, selon la première ministre, qui a estimé vendredi que l’engin explosif était destiné à faire « d’énormes dégâts ». Des photos diffusées sur Twitter montraient un seau blanc en train de brûler mais peu abîmé, dans un sac de congélation de supermarché Lidl à l’intérieur d’un wagon du métro, et dont sortaient des fils électriques. Un témoin, Peter Crowley, avait dit avoir vu « une boule de feu ». Les restes de la bombe sont examinés par des scientifiques, selon la police. Interrogée par l’AFP, celle-ci n’a pas souhaité commenter des informations de médias britanniques selon lesquelles le retardateur de la bombe n’avait pas fonctionné et l’engin contenait des clous et du TATP, un explosif prisé des djihadistes. Londres souhaite un nouveau traité de sécurité avec l’UE Le Royaume-Uni a été frappé ces derniers mois par une vague d’attaques qui ont fait trente-cinq morts, dans un contexte de multiplication des attentats djihadistes en Europe. Le gouvernement britannique a dit dimanche vouloir conclure avec l’Union européenne un nouveau traité de sécurité, qui permettrait de poursuivre la coopération en matière de lutte contre le crime et le terrorisme après le Brexit. « Un traité fournirait une base légale pour poursuivre la coopération policière, sécuritaire et pénale après notre sortie de l’UE », a expliqué l’exécutif dans un communiqué diffusé avant la publication lundi d’un document de travail sur le sujet.
"2017-09-17T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2017/09/17/attentat-dans-le-metro-a-londres-un-deuxieme-suspect-interpelle-l-enquete-continue_5186860_3214.html
Hausse du yen : l’industrie japonaise demande une intervention de l’Etat
58 % des entreprises nippones ont vu leur profits avant impôts reculer. Les sept principaux constructeurs automobiles en appellent aux autorités.
A l’arrière-plan, la Banque du Japon, à Tokyo le 29 juillet. KIM KYUNG-HOON / REUTERS Industrie, tourisme, transport : l’appréciation du yen fait mal aux groupes japonais. Selon les données compilées samedi 6 août par Nikkei Inc, qui gère le principal indice boursier nippon, 58 % des entreprises japonaises ont vu leurs profits avant impôts reculer au deuxième trimestre. Du jamais-vu depuis 2009, quand le monde souffrait de la crise née aux Etats-Unis des crédits hypothécaires à risque. Certes, une consommation en berne et la morosité de l’économie mondiale sont en partie en cause cette fois. Le promoteur immobilier Taisei a vu ses profits avant impôt baisser de 23 %, le géant de l’habillement United Arrows de 24 %. Mais la hausse de 9 % du yen face au dollar et de 12 % face à l’euro entre avril et juin a aussi joué un rôle majeur. Les touristes dépensent moins et les exportateurs souffrent de marges en recul. L’industriel Hitachi a vu ses gains reculer de 15 milliards de yens (133 millions d’euros) au deuxième trimestre, uniquement à cause de l’évolution des changes, a expliqué son directeur financier, Mitsuaki Nishiyama. Lire aussi Au Japon, Shinzo Abe fait adopter un énième plan massif de relance Réductions de coûts dans l’automobile Dans l’automobile, qui emploie 10 % de la main-d’œuvre japonaise, les sept principaux constructeurs nippons affichent une baisse cumulée des profits opérationnels de près de 500 milliards de yens pour la même raison. Toyota pourrait perdre sa position de premier constructeur mondial au profit de l’allemand Volkswagen Ces fortes contractions les ont incités à intensifier les réductions de coûts. Le 4 août, Toyota a revu à la baisse à 1 450 milliards de yens ses prévisions de profits pour l’exercice en cours, contre 1 500 milliards de yens attendus en mai, et pourrait perdre sa position de premier constructeur mondial au profit de l’allemand Volkswagen. Il prévoit de réduire ses coûts de 375 milliards de yens. Honda va diminuer de 14 % ses investissements en capital et de plus de 4 % ceux en recherche et développement au cours de l’exercice en cours, clos fin mars 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’automobile fait grise mine au Royaume-Uni Devant ces difficultése, l’association japonaise des entreprises du secteur automobile, la JAMA, a demandé aux autorités, le 3 août, d’intervenir sur le marché des changes. Son président, Hiroto Saikawa, par ailleurs vice-président de Nissan, a souligné les incertitudes provoquées par le vote des Britanniques en faveur de leur sortie de l’Union européenne et « les fluctuations rapides sur les marchés monétaires ». Il a appelé le gouvernement du premier ministre, Shinzo Abe, à « prendre des mesures pour éviter que ces risques n’affectent l’économie japonaise » et pour « soutenir les investissements indispensables à l’avenir du Japon ».
"2016-10-08T00:00:00"
economie-mondiale
https://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2016/08/10/hausse-du-yen-l-industrie-japonaise-demande-une-intervention-de-l-etat_4980712_1656941.html
La finance chinoise à l'aide des groupes indiens
Après ADAG, sauvé par les banques chinoises, les entreprises indiennes Lanco Infratech, Adani Power, SRM Energy ou Moser Baer, pour investir sur un marché indien, approchent les banques de Pékin plutôt que les locales, trop chères. Mais la dépendance à la finance chinoise n'est pas exempte de risque de désindustrialisation.
C'est l'histoire d'une chute flamboyante, et d'un sauvetage ambigu. En 2005, les héritiers du premier groupe indien, Reliance, créé en une génération par Dhirubhai Ambani (1932-2002), se partagent l'empire. L'aîné, Mukesh Ambani, conserve dans Reliance Industries Ltd (RIL) la vieille industrie (hydrocarbures, pétrochimie, textile, commerce). Son cadet, Anil, fonde Reliance-ADAG, qui semble capter l'avenir : les télécommunications (100 millions de clients en 2012), les grands contrats d'infrastructures, à quoi il ajoutera la santé, les industries culturelles, la gestion de fortune. Anil multiplie les coups : il rafle les licences de téléphonie, rachète en 2004 le premier opérateur mondial de câbles sous-marins, met un pied à Hollywood en s'alliant avec Steven Spielberg. Le 1er octobre 2007, ADAG pèse 18 % des échanges d'une Bourse de Bombay qui a triplé en deux ans. ADAG se diversifie dans l'énergie : 30 gigawatts de centrales électriques (autant que 20 EPR) prévus, 7 milliards d'euros d'équipement acquis auprès de Shanghai Electric en 2010, le même montant investi dans le charbon indonésien... Le groupe alimente 20 000 villes et 450 000 villages indiens. Symbole de sa réussite : la maison "familiale" d'Anil Ambani est une tour de 170 m de haut, qui a coûté 1,5 milliard d'euros... REVERS Puis viennent les revers : l'entreprise est accusée de manipulation comptable dans la fusion de Reliance Energy avec ADAG, elle perd un procès fratricide sur les prix de cession du gaz de RIL à ADAG, ses dirigeants sont auditionnés dans le scandale de l'attribution des licences de téléphonie. Et les ennuis financiers : ADAG doit 900 millions d'euros de prêts convertibles en actions, contractés lors des sommets boursiers, à échéance 2012 avec un cours inférieur de 87 % au taux de conversion prêts-actions d'alors. Face à une dette nette de plus de 5 milliards d'euros, c'était virtuellement la faillite. Mais ADAG vient de trouver ses chevaliers blancs : Industrial and Commercial Bank of China, China Development Bank, Export-Import Bank of China, qui prêteront sans clause de convertibilité... mais les fournisseurs d'ADAG en équipements de télécommunications deviennent les chinois Huawei et ZTE. En 2011, un autre prêt, finançant les investissements du groupe dans la 3G, incluait déjà ce type de clause. Et le contrat avec Shanghai Electric est garanti par les mêmes banques. Cela inspire les entreprises indiennes Lanco Infratech, Adani Power, SRM Energy ou Moser Baer qui, pour investir sur un marché indien de 35 milliards d'euros d'équipement électrique d'ici à 2017, approchent les banques de Pékin plutôt que les locales, trop chères. CHINE PRÊTEUSE Une Chine "prêteuse en dernier ressort" ? Pas seulement. En un an, China Suntech Power, leader mondial des panneaux solaires, a divisé ses prix par deux. Les équipementiers indiens suivent avec peine. La dépendance à la finance chinoise n'est pas exempte de risque de désindustrialisation. Pas seulement en Inde. Un consortium de trente banques chinoises aide l'américain Duke Energy à acheter Progress Energy pour devenir le premier électricien aux Etats-Unis. Le pétrolier chinois Sinopec accompagne pour 7 milliards d'euros l'espagnol Repsol dans ses investissements au Brésil. La Chine a acheté... 200 000 euros de jambon espagnol Serrano pour "aider ses amis européens". Anecdotique ? Non, cette nouvelle propagande est de toutes les conversations en Chine... L'Europe vend à la Chine jambons et parfums payés par les intérêts sur sa dette ; la Chine vend au monde des équipements financés par ses banques. Une du "Monde Economie" du mardi 7 février 2012. DR Joël Ruet, économiste au CNRS, associé à l'IDDRI-Sciences Po
"2012-06-02T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/02/06/la-finance-chinoise-a-l-aide-des-groupes-indiens_1639255_3232.html
Batman et le Wi-Fi
Lettre de Wall Street. Gotham City, mystérieuse société d’analyse financière new-yorkaise, veut révéler au grand jour de potentielles arnaques de la part de sociétés dont le modèle économique reposerait sur du vent.
Devant une publicité du fournisseur de Wi-Fi Gowex, à Madrid, le 3 juillet. GERARD JULIEN/AFP Une fois n’est pas coutume, cette chronique pourrait s’appeler « Lettre de Gotham City ». Gotham est la ville imaginaire, largement inspirée de New York, dans laquelle se déroulent les aventures de Batman, créées par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger à la veille de la seconde guerre mondiale. Gotham City, c’est désormais également le nom d’une mystérieuse société d’analyse financière new-yorkaise. Dans la fiction, le héros masqué rend la justice dans une ville gangrenée par le crime et la corruption. Le cabinet, lui, s’est lancé dans un autre combat : révéler au grand jour de potentielles arnaques de la part de sociétés dont le modèle économique reposerait sur du vent. Sa dernière victime en date : Gowex, une société espagnole spécialisée dans les réseaux Wi-Fi pour les municipalités et les réseaux de transports en commun. Au travers d’une analyse de quatre-vingt-dix pages, publiée le 1er juillet sur son site Internet, Gotham City Research taille en pièces la société pour arriver à la conclusion que son action vaut… zéro. Touché ! L’action dévissait de 60 % en deux jours, avant que le cours ne soit suspendu, jeudi 3 juillet. C’est-à-dire qu’en quarante-huit heures, le « Batman de la finance » a fait s’envoler 870 millions d’euros de capitalisation! Un super-héros a beau être une fiction, il ne croit pas aux contes de fées. Et celui de Gowex était sans doute trop beau pour être vrai. Ainsi, selon Gotham City, 90 % du chiffre d’affaires ne reposerait sur rien de tangible. Là où Gowex prétend disposer de 100 000 à 200 000 bornes Wi-Fi, le cabinet n’en dénombre que quelques milliers. Les royalties versées par la ville de New York ne se monteraient pas à 7,5 millions d’euros, comme le prétend le fournisseur de réseau, mais à peine à 200 000 euros. Last but not least, Gotham affirmait que le plus gros client de Gowex ne serait autre que… lui-même. Une fois passée l’indignation du management devant une telle charge et la crédulité d’un certain nombre d’analystes, la société a reconnu, dimanche 6 juillet, avoir falsifié ses comptes. Ne pouvant pas honorer ses dettes, elle s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites. Coulé !
"2014-08-07T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/08/batman-et-le-wi-fi_4453220_3234.html
L'argument européen hasardeux des anti-mariage homosexuel
Avancée par les opposants au mariage gay, l'idée que la justice européenne pourrait imposer PMA et GPA à la France est pourtant incertaine.
Le siège de la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg. AP/CHRISTIAN LUTZ L’argument monte chez les opposants au mariage pour tous, au point de devenir un incontournable de ces dernières semaines : si la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui) ne figurent actuellement pas dans le projet de loi Taubira, si la loi était votée, l’Europe imposerait à la France de légaliser ces deux pratiques. Lire l'argumentaire sur le site officiel de la "Manif pour tous" La Cour européenne des droits de l’homme comme repoussoir Un long argumentaire, signé de plusieurs juristes - il va jusqu'à citer comme source l'activiste pro-mariage Caroline Mécary - et diffusé largement par les partisans de "la Manif pour tous" détaille cette affirmation. Il estime que si le mariage et l’adoption sont ouverts aux couples de même sexe, alors la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) obligera forcément la France à légaliser PMA et GPA, au nom du principe de non-discrimination entre les couples. Selon leur raisonnement, il suffirait à un couple homosexuel de porter un cas devant la Cour européenne des droits de l’homme qui a le pouvoir d'imposer ses décisions aux Etats, en plaidant l’égalité entre les couples, pour obtenir l'autorisation de la PMA aux couples lesbiens ou de la GPA pour les homosexuels. Ils appuient leur raisonnement sur un arrêt rendu en février 2013, dans lequel les juges européens ont condamné l’Autriche pour avoir refusé d’autoriser des couples homosexuels mariés à adopter. Pour la "Manif pour tous", c’est la preuve que PMA et GPA sont l’inévitable conséquence d’une autorisation du mariage. Des avis contraires Cette perspective est-elle réellement inévitable ? D’autres juristes ne sont pas de cet avis. “La CEDH estime qu’il faut traîter également des personnes qui sont dans des situations juridiques identiques, explique au Monde Patrice Spinosi, avocat au Conseil d’Etat. Mais en ce qui concerne la PMA, je n’y crois pas tellement, la CEDH a une vision très sensible de ces questions et renvoie la plupart du temps à la marge d’appréciation des Etats.” Les opposants au mariage s’appuient notamment sur un arrêt rendu en février 2013. L’Autriche, qui avait ouvert le mariage mais pas l’adoption aux couples homosexuels, a été condamnée. La Cour a estimé qu’à situation juridique égale devaient correspondre des droits égaux. Mais pour Me Spinosi, qui défend par ailleurs les époux Mennesson (qui veulent faire reconnaître la filiation de leurs enfants nés sous GPA), cela n’oblige pas la CEDH à faire de même pour la PMA. "Si tous les couples hétérosexuels pouvaient avoir recours à la PMA, la question se poserait. Mais en France, la PMA n’est pas ouverte à tous les couples, elle n’est autorisée que s’il y a une impossibilité médicale d’avoir des enfants, une infécondité. Je ne vois donc pas la CEDH entrer en voie de condamnation de la France pour ce chef." Nicolas Hervieu, juriste et chercheur au Centre de recherche et d’étude sur les droits fondamentaux, est moins catégorique : "Une condamnation de la France me semble très improbable aujourd’hui, mais les portes sont ouvertes à l’avenir. La Cour évolue sur la reconnaissance de l’homoparentalité. En 2013, à travers l’arrêt 'x contre l’Autriche', elle a notamment reconnu que les couples de même sexe ont la même aptitude que les couples hétérosexuels à élever des enfants." Des juristes aux engagements questionnables L’argumentaire juridique “imparable” semble donc moins solide que prévu. Et amène à se poser la question de ses auteurs et de leur objectivité. A commencer par le plus cité, le professeur Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur de l’European Centre for Law and Justice (ECLJ). Derrière ce nom prestigieux, un organisme qui se définit explicitement comme "d’inspiration chrétienne", et dont la mission, expliquée sur son site, est clairement de défendre les valeurs chrétiennes auprès de l’Europe. Il est en fait une émanation sur le Vieux continent du American Center for Law and Justice (ACLJ), organisation chrétienne conservatrice, fondée par Pat Robertson, créateur de la Christian Coalition. Et il suffit de se pencher sur la liste des cas étudiés par l’ECLJpour voir où sont ses intérêts : liberté de croyance, enseignement religieux, "protection de la vie" contre l’IVG ou l’euthanasie, défense des chrétiens d’Orient... M. Puppinck est en réalité un défenseur à Bruxelles des valeurs chrétiennes. Philippe Malaurie, également cité par "la Manif pour tous", est un juriste reconnu, ancien professeur à Paris II-Assas. Mais il n’a jamais été un grand supporter de la cause homosexuelle. Ainsi, déjà en 1998, il expliquait, lors d’une audition au Sénat, son hostilité au Pacs, arguant de "la réalité profonde de notre condition humaine : la distinction entre l'homme et la femme. C'est le repère fondamental, premier de l'individu et de la société." Il a également argué, à la même époque : "L’amour ou un projet commun de vie ne peut fonder un lien juridique que s’il est conforme à la loi et à nos valeurs morales élémentaires. Pas de contrat d’union civile incestueux, homosexuel, pédophile ou polygame." Enfin, Javier Borrego Borrego, ancien juge à la Cour européenne des droits de l’homme, participe aux conférences de l’ECLJ et à des rassemblements "pro-vie", comme celui organisé à Varsovie en octobre 2012. Les experts cités à l'appui de la démonstration de la "Manif pour tous" ne sont donc pas exactement "neutres" dans ce débat, sans que cela ne remette en cause leurs qualifications. Une décennie de procédures Autant d’engagements qui conduisent à s’interroger sur l’objectivité de l’étude juridique. En réalité, il est très difficile de prévoir une décision de la CEDH, et donc aventureux de dire à l”avance qu’elle imposerait de manière inéluctable PMA et GPA. Par ailleurs, le dossier ne pourrait pas être porté devant la CEDH dans ce quinquennat. La Cour ne s’empare en effet que des cas particuliers. Aucun cas n’est actuellement porté devant les tribunaux. Il faudrait donc qu’un couple voulant pratiquer la PMA épuise toutes les voies de recours en France, jusqu’à la cour de cassation. Le processus pourrait déjà prendre cinq ou six ans. Puis le couple s’adresserait à Strasbourg. La question étant sensible, le cas pourrait encore prendre de trois à cinq ans. "On peut imaginer qu’un dossier saute l’étape française en disant que de toute façon, la loi française n’autorisant pas la PMA pour les couples homosexuels, on va s’adresser directement à Strasbourg. Mais même dans ce cas, ça prendrait au minimum cinq années", estime Nicolas Hervieu. Impossible de savoir à cette échéance dans quelle disposition sera la CEDH. "La jurisprudence est très évolutive sur ces questions", explique Nicolas Hervieu. Par ailleurs, le groupe de 47 juges qui la compose évolue constamment et peut être plus ou moins progressiste. Leur mandat, non renouvelable, courant sur neuf ans, la Cour pourrait avoir entièrement changé de visage avant que la question de la PMA en France ne leur arrive entre les mains.
"2013-04-19T00:00:00"
decryptages
https://www.lemonde.fr/decryptages/article/2013/04/19/l-incertain-argument-europeen-des-anti-mariage-homosexuel_3163246_1668393.html
Les chantiers ouverts depuis mai 2012 pour transformer le monde de l’entreprise
L’économiste Gilbert Cette et le professeur de droit Pascal Lokiec commentent les mesures prises par les gouvernements Ayrault et Valls.
Ségolène Royal, François Hollande, Manuel Valls, Michel Sapin, Emmanuel Macron, Thierry Mandon et Pierre Gattaz, à l'Elysée le 24 février. POOL / REUTERS Mise en place d’un compte pénibilité, extension des ouvertures dominicales dans le secteur du commerce, refonte de la justice prud’homale… Depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, l’exécutif a engagé de nombreux chantiers dans le monde du travail. Certaines de ces réformes ont été adossées à des accords nationaux interprofessionnels (ANI), conclus par le patronat et les syndicats, conformément au souhait du chef de l’Etat d’associer les partenaires sociaux à l’élaboration des normes applicables aux entreprises et à leurs salariés. Quelle est la portée des dispositions prises ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Alléger le code du travail : nécessité à droite, tabou à gauche Les premières s’annonçaient prometteuses, avec l’ANI sur l’emploi, signé en janvier 2013 et transposé, cinq mois plus tard, dans la loi, commente Gilbert Cette, professeur d’économie à l’université d’Aix-en-Provence - Marseille. A ses yeux, le fait d’accorder une place centrale au dialogue social constitue la bonne méthode pour réformer. Avec ce texte, « ils ont entrouvert des portes que l’on pouvait penser fermées », estime M. Cette. « La démarche donnait à penser qu’il y aurait tous les ans des négociations débouchant sur des accords, et qu’on allait enchaîner les mesures courageuses. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dialogue social cherche « grain à moudre » Mais les initiatives suivantes se sont révélées décevantes. D’après lui, la loi sur la formation professionnelle de mars 2014 n’est « pas à la hauteur des enjeux », le fonctionnement des organismes qui collectent l’argent n’est pas totalement assaini et les prestataires ne font pas l’objet d’une véritable certification. Les projets de loi, en cours d’examen au Parlement, sur le dialogue social et sur la croissance vont, certes, « dans la bonne direction » mais ils ne visent pas assez haut et l’approche retenue est trop politique. Selon M. Cette : le gouvernement a agité « des chiffons rouges », par exemple sur la question des obligations sociales des entreprises en fonction de leurs effectifs, dont le gel a été évoqué en 2014, sans concertation préalable par le ministre du travail, François Rebsamen. Résultat, conclut l’économiste : les syndicats et une partie de la gauche ont protesté, contraignant l’exécutif à revoir à la baisse ses ambitions. Pour M. Cette, il faudrait accorder davantage d’espace aux partenaires sociaux, au niveau des entreprises et des branches, et leur laisser la possibilité d’adapter les règles du jeu le plus finement possible. « Détricotage des droits des travailleurs »
"2015-06-15T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/06/15/les-chantiers-ouverts-depuis-mai-2012-pour-transformer-le-monde-de-l-entreprise_4654341_823448.html
Les Egyptiens ont voté dans le calme pour un scrutin controversé
Le oui au projet de nouvelle Constitution défendu par le président Mohamed Morsi arrive en tête au premier jour du référendum.
Les partisans du très controversé projet de nouvelle Constitution en Egypte ont pris, samedi 15 décembre, une avance qu'il sera probablement impossible de rattraper lors de la deuxième phase du scrutin, prévue le samedi 22 décembre. Selon des décomptes officieux, le oui, soutenu par le président Mohamed Morsi et le camp islamiste, totalise 56,5 % des voix des 26 millions d'électeurs appelés à voter dans dix provinces, dont la capitale, Le Caire. Des électeurs devant un bureau de vote, samedi 15 décembre, à Sayeda Zeinab, un quartier populaire du Caire. ©Myriam Abdelaziz pour le Monde La totalisation des voix, réalisée par le site du quotidien Al-Ahram, rejoint l'estimation annoncée, dimanche à l'aube, par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la branche politique des Frères musulmans. Ce chiffre a été obtenu en additionnant les résultats publiés par chaque bureau, la commission électorale refusant de fournir de chiffre intermédiaire, tant sur la participation – relativement faible et estimée à 30 % – que sur les tendances, afin de ne pas fausser le résultat final de cet étrange scrutin étalé sur deux samedis consécutifs. Les résultats finaux "ne seront approuvés par la commission électorale qu'à la fin du second tour pour ne pas provoquer de confusion, pour préserver le pays et en attendant les recours", a déclaré à l'Agence France-Presse un membre de la commission, Mohammed El-Tanbouli. LE CAIRE VOTE POUR L'OPPOSITION Cette victoire partielle du oui n'est pas aussi large et nette que l'espéraient les Frères musulmans au pouvoir. Pas assez, en tout cas, pour mettre fin à la contestation de l'opposition, qui regroupe les libéraux, la gauche et les révolutionnaires, unis contre un texte jugé liberticide et ouvrant la porte à une islamisation accélérée de la législation. Mais l'avance acquise samedi devrait suffire au camp présidentiel dans la mesure où les gouvernorats appelés à voter le 22 décembre sont nettement plus conservateurs, à commencer par celui de Guiza, qui regroupe toute la rive occidentale de la capitale. Seuls deux gouvernorats sur dix ont voté majoritairement pour le non, samedi. Il s'agit de la province de Gharbia, où se trouve notamment la ville frondeuse et ouvrière de Mehalla Al-Kobra, et de celle du Caire. C'est dans la capitale que l'opposition réalise son score le plus important (56,9 % pour le non). La mobilisation y a été tellement massive et les opérations de vote tellement lentes et cafouilleuses que la commission électorale a dû repousser la fermeture des bureaux à 23 heures pour permettre à tous les électeurs de glisser un bulletin dans l'urne. Les femmes, dont le projet de Constitution ne garantit plus spécifiquement les droits, et les coptes, qui se sentent menacés par des références trop prononcées à l'islam sunnite, se sont ainsi mobilisés en masse.
"2012-12-17T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/12/17/les-egyptiens-ont-vote-dans-le-calme-pour-un-scrutin-controverse_1807293_3212.html
De bons pères
Chez les oiseaux, les amphibiens et plus encore les poissons, les mâles ne se font pas prier pour prodiguer des soins à leur progéniture.
Vices et vertus des animaux 4/7. SERPRIX.COM On ne naît pas père, on le ­devient. C’est vrai chez Homo sapiens, où les « nouveaux pères » émergent dans les ­années 1970 dans le sillage de la libération des femmes. C’est vrai chez le péromysque de Californie, espèce de souris reconnue pour ses aptitudes à la paternité : pour des raisons tenant à la fois de la biologie et de l’environnement social, les fils qui auront été élevés par de « bons » pères le deviendront à leur tour, tandis que les souriceaux élevés par des pères négligents n’assureront guère une fois devenus adultes. « Ils passeront moins de temps à se blottir auprès de leurs jeunes, à les nettoyer ou à les ramener au nid lorsqu’ils s’en éloignent », précise Frank Cézilly. On le croit sur parole. Professeur d’écologie évolutive à l’université de Bourgogne, à Dijon, cet homme en connaît un rayon en matière de paternité animale. Il lui a même consacré un ouvrage entier, De mâle en père (Buchet-Chastel, 2014). D’où il ressort que la nature prend l’affaire très au sérieux. Frank Cézilly a publié son livre au début de l’année 2014, et ce n’est pas un hasard. La France bruissait encore des réactions passionnées qu’avait suscitées la loi du 18 mai 2013 sur le mariage pour tous, et son corollaire le plus controversé : le droit à l’adoption homoparentale. « Parmi les arguments de toute sorte que l’on a pu entendre à l’occasion des discussions qui accompagnent les réformes ­familiales, il en est un qui ne manque jamais de me consterner, explique-t-il : celui qui consiste à invoquer un prétendu ordre naturel pour ­décider de ce qu’il est juste et bon d’imposer aux sociétés humaines. » Lassé des contre­vérités, des « raccourcis hardis auxquels ont recours les partisans de tous bords lorsqu’ils choisissent de convoquer la nature pour témoigner en leur faveur », il a trouvé ce moment bien choisi pour rappeler que, chez une multitude d’espèces, « ce sont les mâles et non pas les femelles qui s’investissent le plus dans les soins apportés à la progéniture ». Le manchot empereur, couple parental exemplaire Pour mesurer l’importance de ce ­comportement, mieux vaut s’éloigner des mammifères et s’intéresser aux oiseaux, aux amphibiens. Et plus encore aux poissons, champions toutes catégories de la paternité. Car il faut bien l’avouer : notre classe taxonomique, riche de plus de 5 000 espèces velues, gestantes et allaitantes, est globalement nulle en la matière. Les soins monoparentaux prédominent chez 90 % des familles, et ils sont toujours maternels.
"2015-07-21T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/07/30/de-bons-peres_4705053_1650684.html
Rugby : Dimitri Yachvili, enfin à la taille patron ?
Le demi de mêlée, qui conduira le jeu tricolore contre l'Italie, s'est imposé comme un titulaire après des années d'inconstance au sein du XV de France.
Dimitri Yachvili, ici face à l'Ecosse au Stade de France, sera de retour pour affronter le pays de Galles. AFP/FRANCK FIFE La roue tourne, c'est peu de le dire. Revoyez Dimitri Yachvili appelé en plein Tournoi 2010 pour pallier la blessure de Frédéric Michalak, lui-même remplaçant de Jean-Baptiste Elissalde, ce dernier suppléant déjà Julien Dupuy, suspendu, et Sébastien Tillous-Borde, blessé – quelle liste. Yachvili, premier choix en équipe de France aujourd'hui, était loin de l'être à l'époque. Le revoilà pourtant numéro un, depuis le match à Twickenham il y a dix jours, lui qui n'avait tenu ce rôle qu'à quatre reprises depuis la prise de fonction de Marc Lièvremont, en 2008. Drôle de carrière. Drôle de rebondissement. Oui drôle de carrière internationale que celle de Dimitri Yachvili, quatrième meilleur réalisateur de l'histoire du XV de France (304 points, voir la liste), tour à tour doublure de Fabien Galthié, émule de Jean-Baptiste Elissalde et de Pierre Mignoni sous Bernard Laporte, puis énième choix, donc, de Lièvremont, bouchant les trous laissés vacants par la jeunesse en devenir et glanant au total 26 titularisations seulement sur 50 sélections. Le voilà candidat plus que sérieux au poste de demi de mêlée titulaire à la prochaine Coupe du monde, ce serait sa première dans cette situation-là (voir sa bio). Mais Marc Lièvremont l'a dit, c'était avant Angleterre - France : "Dimitri Yachvili, c'est tout sauf n'importe qui." C'est surtout, depuis cette année, un joueur capable d'éjecter tout autant que de gérer et c'est là la grande nouveauté. SUR UN PIED D'ÉGALITÉ AVEC PARRA On lui reprochait sa lenteur, flagrante face à la vivacité de Mignoni et d'Elissalde, on le loue désormais pour sa vista. Son ancien entraineur biarrot, Patrice Lagisquet, le faisait d'ailleurs remarquer dernièrement : Yachvili a éliminé ses pas de côté avant de passer, redonnant ainsi à l'attaque un temps d'avance sur la défense. Il a par ailleurs conservé sa science du jeu au pied (éduqué au football), grâce à laquelle il sait maîtriser le tempo d'une rencontre, et semble en abuser moins qu'il le fit par le passé. Il a enfin assumé depuis un an son rôle de doublure sans piper mot, humble par-dessus tout malgré des performances en club qui firent dire à plus d'un observateur qu'il marchait sur l'eau. Est-ce cela qui a aussi fait pencher la balance ? Il s'est beaucoup dit, après novembre et la déconfiture australienne, que Morgan Parra avait perdu la confiance d'une partie de son paquet d'avants, "Yach" lui l'a peut-être gagnée au point d'être plus écouté. "Dimitri avait été remplaçant depuis trois ou quatre week-ends et il a débuté contre l'Angleterre", expliquait Marc Lièvremont ce matin. "Même s'il a, comme d'autres, commis quelques fautes, je lui renouvelle ma confiance. Morgan devrait entrer en cours de match." Souvenez-vous ces 22 petites minutes jouées contre l'Italie l'an passé, seule entrée en jeu du Biarrot lors du Grand Chelem (en trois levées). Qui l'imaginait encore là une année plus tard ? Le sélectionneur affirme encore : "Cette titularisation ne signifie pas que Dimitri possède une longueur d'avance sur Morgan. Dans mon esprit, les deux sont sur un pied d'égalité." Mais le sont-ils encore vraiment ? Ludovic Ninet Rugby Connection. DR
"2011-08-03T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2011/03/08/rugby-dimitri-yachvili-enfin-a-la-taille-patron_1490245_3242.html
Tante Jacqueline
L'humoriste Chantal Ladesou, qui assure beaucoup devoir à Jacqueline Maillan, dit d'elle qu'elle avait des airs de "mémé avec du charme".
Documentaire "Jacqueline Maillan, le rire en héritage", écrit et réalisé par Pierrick Bequet et Henry-Jean Servat, diffusé sur France 5. PLUZZ C'était "la Maillan", ou "Maillan", comme l'appellent la plupart des comiques féminines d'aujourd'hui, avec la sécheresse affectueuse qui caractérise cette manière de nommer les "grandes", dans le documentaire Jacqueline Maillan, le rire en héritage, écrit et réalisé par Pierrick Bequet et Henry-Jean Servat, que diffusait France 5 vendredi 1er février à 10 h 10. Seule l'une d'entre elles, Shirley Souagnon, interrogée par les auteurs, laisse échapper un "Jacqueline" qu'elle corrige aussitôt, comme si cela était manquer de respect à celle qui fut la reine du boulevard, mais aussi une "dame chic qui fait l'andouille", comme le dit l'humoriste Elisabeth Buffet, à la fois bonne copine et marraine de tous les foyers de (télé)spectateurs. La chanteuse et humoriste (et excellente imitatrice) Liane Foly la compare, assez drôlement, et assez justement, à ces "tantes Jacqueline" qu'ont connues tant de familles françaises, une parente générique et familière, un peu ingrate mais marrante, roulée et fagotée à la manière des "petites dames [du dessinateur] Jacques Faizant", relève Elisabeth Buffet. Chantal Ladesou qui, comme tant d'autres (Muriel Robin, en particulier, que l'on a si souvent comparée à Jacqueline Maillan), assure beaucoup devoir à cette pionnière de l'humour au féminin, dit d'elle qu'elle avait des airs de "mémé avec du charme". Car Maillan n'était pas ce qu'on appelle une jolie femme et comprit assez vite qu'elle était de celles à qui l'on ne distribuerait pas les rôles de jeune première. Dans un document d'archives de l'Institut national de l'audiovisuel (qui coproduit Jacqueline Maillan, le rire en héritage), l'on voit l'actrice confier avec une simplicité désarmante : "C'est par timidité que je suis devenue comique." Elle a fait son trou dans le monde très masculin du cabaret, travaillé avec Jean Poiret et Michel Serrault, Louis de Funès (dont elle a adopté très vite la mimique impeccable de coucou suisse sous amphétamines) et percé au théâtre seulement la quarantaine venue (Maillan a toujours eu l'air d'avoir la quarantaine) avant de faire ce que beaucoup croient être une carrière d'actrice one woman show.
"2013-04-02T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/02/04/tante-jacqueline_1826800_3232.html
En plein après-midi, une fusillade au métro Grands-Boulevards après un braquage
La RATP a fait évacuer la ligne 9 du métro parisien en raison d'une fusillade chez un numismate à proximité de la station Grands-Boulevards, samedi en début d'après-midi.
Des policiers déployés près de la station de métro Grands-Boulevards, le 19 juillet. AFP/PIERRE ANDRIEU Une tentative de braquage chez un vendeur de monnaies anciennes au cœur de Paris s'est achevée par une fusillade avec les policiers dans la station de métro Grands-Boulevards, où le braqueur, blessé au bras, a finalement été arrêté. « En rentrant de mon déjeuner j'ai ouvert la porte et j'ai vu un homme dans le reflet de la vitre », a témoigné samedi 19 juillet le gérant du magasin de numismatique. « Par habitude, car je me suis déjà fait braquer deux fois, je me suis retourné, mais le voleur a poussé la porte et m'a fait tomber au sol », a-t-il ajouté devant son magasin, la tête et la chemise encore ensanglantées, à peine quelques minutes après le braquage. Selon son récit, il reçoit une fois au sol plusieurs coups de crosse sur le crâne, mais parvient à s'échapper et à enfermer son agresseur dans la boutique, située près de la place de la Bourse. « Pour s'échapper, il a dû tirer, au moins deux fois, dans la vitrine. Il est parti en prenant deux plateaux de pièces d'or d'environ 100 000 euros. » COUPS DE FEU DANS LE MÉTRO Un jeune passant a également été très légèrement blessé par des éclats de verre. L'homme a ensuite pris la fuite en direction du métro Grands-Boulevards. Une équipe de policiers sur place l'a repéré et pris en chasse dans la station. « Le malfaiteur a sorti son arme dans la rame », raconte un témoin, choqué, qui ne souhaite pas donner son nom. « Il a commencé à tirer et les policiers ont riposté. Ça a bombardé », ajoute-t-il, disant avoir entendu « au moins une vingtaine de coups de feu ». « Il y avait du monde, ç'aurait pu être un carnage », soupire-t-il. De nombreux témoins de la scène, dont certains en larmes, ont été entendus par les policiers dans un magasin de jouets tout près de la station de métro, évacuée et totalement bloquée pour les besoins de l'enquête. Un impressionnant dispositif policier était déployé sur le boulevard, fermé dans un sens de circulation. Quelques dizaines de minutes après les échanges de coups de feu, le suspect a été évacué sur un brancard sous les yeux de dizaines de passants et de curieux, puis transporté dans un camion de pompiers. Selon la police, le suspect, déjà connu pour des faits de vols à main armée, a tiré « un certain nombre de fois au moment où il entrait dans la rame » et les policiers ont répliqué « par trois fois en état de légitime défense », le blessant au bras. « Son pronostic vital n'est pas engagé », indiquent les autorités.
"2014-07-19T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/07/19/fusillade-a-proximite-de-la-station-grands-boulevards-a-paris_4460100_3224.html
Procès Viguier : la baby-sitter était sous influence de l'amant
Mardi 9 mars, Séverine L., l'une des baby-sitters de la famille Viguier, a reconnu avoir fait un faux témoignage sous la pression d'Olivier Durandet, l'amant de la femme de l'accusé.
C'est l'un de ces moments d'audience comme seuls les procès d'assises peuvent en offrir. Une salle entière suspendue aux lèvres d'une femme en perdition. Elle a une trentaine d'années, elle est témoin au procès de Jacques Viguier, ce professeur d'université qui comparaît depuis lundi 1er mars devant la cour d'assises d'appel du Tarn – il a été acquitté en première instance en avril 2009 – sous l'accusation de meurtre de sa femme Suzy, disparue en février 2000 et dont on n'a jamais retrouvé le corps. Séverine L. était l'une des baby-sitters des trois jeunes enfants de la famille Viguier. Avec le temps, elle était devenue très proche de Suzy, qui lui avait confié ses problèmes de couple, son intention de divorcer et sa liaison avec un ami de tarot, Olivier Durandet. A la barre, elle évoque en sanglotant son amie, le dernier réveillon passé en sa compagnie, l'amour que celle-ci portait à ses enfants. "Et de Jacques Viguier, qu'en pensez-vous ?" lui demande le président, Jacques Richiardi. Le ton change, la voix devient dure. Du professeur d'université, elle se souvient surtout des fessées violentes que, dit-elle, il administrait pour un rien à ses enfants, ou des cahiers qui volaient dans la chambre lorsque l'aînée de 10 ans, Clémence, savait mal ses leçons. Mais ce n'est pas là dessus qu'elle est le plus attendue. Dans ce dossier qui manque de preuve, l'accusation a fait de la baby-sitter un témoin clé. Pendant l'enquête, elle avait confié aux policiers s'être présentée au domicile de la famille Viguier, le lendemain de la disparition de Suzy, au prétexte d'y déposer une gamelle pour chien. Inquiète d'être sans nouvelles de son amie, elle en avait profité pour fureter un peu dans la chambre que Suzy occupait, puis dans celle de son mari et dans la salle de bains de celui-ci. Devant la cour, Séverine L. répète ce qu'elle avait raconté, tardivement, aux enquêteurs et qui figure en bonne place dans l'acte d'accusation de Jacques Viguier. - "Dans la baignoire de la salle de bains de M. Viguier, il y avait des traînées, comme du sang mélangé avec de l'eau", dit-elle. Lorsque vient son tour de questions, Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats de la défense de Jacques Viguier, se lève. Avec insistance, il évoque la proximité du témoin avec Olivier Durandet. Séverine L. se défend mollement. Il en vient à la fameuse visite au domicile des Viguier le lundi. - Vous y êtes allée seule ? - Oui. - Vous êtes sûre ? - Oui. - Madame, vous êtes témoin, vous avez juré de dire la vérité ! Et nous disposons d'écoutes téléphoniques qui prouvent qu'Olivier Durandet vous accompagnait. Séverine L. s'accroche à la barre comme une noyée. -Il… est venu mais il est resté dans la voiture. La voix de l'avocat tonne. -C'est faux ! Des sanglots éclatent dans le micro. - Il est… rentré mais il est resté avec moi tout le temps ! - Et pourquoi ne l'avez-vous jamais dit ? - Parce que… il me l'a demandé ! Une exclamation de surprise monte de la salle. A son banc, l'avocat général Marc Gaubert reste muet, comme pétrifié. Car l'amant de Suzy Viguier tient une place à part dans ce dossier. Dès les premières heures de la disparition de sa maîtresse, il a remué ciel et terre pour retrouver sa trace, multipliant les appels aux amis, faisant le tour des hôpitaux. C'est lui surtout qui, très vite, oriente l'enquête sur la piste criminelle, en accusant le mari d'avoir fait disparaître son épouse. Entre l'amant éploré et le mari à l'allure glacée qui a attendu trois jours avant de signaler la disparition de son épouse, les policiers ont tôt choisi leur camp. De témoin, Olivier Durandet est devenu co-enquêteur, tutoyant les policiers qui lui rendaient compte de toutes leurs investigations. Que son honnêteté soit mise en cause et c'est toute l'enquête qui vacille. Le président reprend l'interrogatoire, doucement. Il veut savoir dans quelles conditions Olivier Durandet a demandé au témoin de cacher sa présence lors de la visite de la maison. - Il avait peur qu'on dise qu'il avait amené des choses. Enfin, il avait peur que ça ait des conséquences sur l'enquête, je ne sais pas comment dire… - Et depuis dix ans, ça ne vous a pas pesé de taire tout cela ? - Si, mais à chaque fois, il me disait que ça pouvait poser des problèmes. J'avais 22 ans… je me suis laissée influencer. - Est-ce que, avant ce procès, il vous a contactée ? - Oui. -Et il vous a rappelé de ne pas le dire ? - Pas comme ça… Il m'a dit de rester sur ce qu'on avait dit. Le président Richiardi insiste encore, il a l'impression que Séverine L. n'a pas tout dit. - Il y a des moments de vérité dans une vie, Madame… Elle se tait, la salle retient son souffle. Elle concède avoir menti encore sur le jour de la visite avec Olivier Durandet. C'était le mardi, pas le lundi, avoue-t-elle. La défense triomphe qui voit là de quoi semer davantage le doute, et le trouble, sur l'attitude de l'amant dans cette affaire. Le président hoche la tête. - Je ne sais pas, Madame, si vous mesurez l'importance de vos déclarations… Séverine L. n'entend plus, elle tient à peine debout. A la demande de Me Francis Szpiner, avocat de l'une des sœurs de Jacques Viguier, qui souhaite que le parquet d'Albi tire toutes les conséquences judiciaires de cette déclaration du témoin, l'audience est suspendue. Séverine L. quitte le palais sous escorte policière pour rejoindre le commissariat où elle est de nouveau entendue, sur procès-verbal cette fois. Elle sera placée en garde à vue pour pour "faux témoignage". Un peu plus tard, le procureur de la République Jean-Claude Muller annonce que Olivier Durandet a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour "subornation de témoin". La garde à vue a été levée mercredi. L'amant de Suzy Viguier est attendu à la barre de la cour d'assises lundi 15 mars. Pascale Robert-Diard
"2010-10-03T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/03/10/proces-viguier-la-baby-sitter-etait-sous-influence-de-l-amant_1316943_3224.html
A Notre-Dames-des-Landes, les opposants recultivent les terres
Après les violents heurts de l'automne avec les forces de l'ordre, les opposants au projet d'aéroport ont voulu, samedi, marquer le printemps en reprenant leurs manifestations sur un mode plus pacifique.
Sous une pluie intermittente mais insistante, plus d'un millier d'opposants – anticapitalistes, agriculteurs ou citadins, pour certains venus en famille – ont convergé sur la "zone d'aménagement différé". REUTERS/STÉPHANE MAHÉ Fournée de pain, curage de fossés, plantation de pommes de terre : après les violents heurts de l'automne entre opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et forces de l'ordre, les militants ont voulu, samedi 13 janvier, marquer le printemps en reprenant leurs activités sur un mode plus pacifique avec "Sème ta ZAD !", une manifestation de remise en culture des terres. Sous une pluie intermittente mais insistante, plus d'un millier d'opposants – anticapitalistes, agriculteurs ou citadins, pour certains venus en famille – ont convergé sur la "zone d'aménagement différé". La manifestation était scindée en deux groupes. L'un, plus marqué par la composante anticapitaliste de l'opposition, a emprunté la D281, une route barrée de chicanes depuis le début des tentatives d'expulsion en octobre 2012. Derrière une banderole proclamant "Sème ta ZAD, occuper, cultiver, résister", une fanfare composée de musiciens portant des masques d'animaux donnait le tempo, suivie de manifestants portant pelles, bêches, sarcloirs ou fourches sur l'épaule. "FAIRE GERMER PLEIN D'IDÉES" "Peut-être qu'on va pas faire germer des graines mais on va faire germer plein d'idées qui vont durer des semaines", explique une "zadiste". AFP/JEAN-SÉBASTIEN ÉVRARD "Avec les différents chantiers agricoles, nous renforcerons l'implantation dans la durée des occupations sur la ZAD", a expliqué à la mi-journée un porte-parole des opposants, monté sur une remorque. "Construire là où il veulent détruire, cultiver là où ils veulent bétonner", a-t-il proclamé. Des citadins avaient fait le déplacement, refusant, comme Jean-François, un homme d'une soixantaine d'années venu avec sa femme et sa fille, le modèle de société associé, selon eux, au symbole représenté par ce projet de transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, prévu initialement en 2017. Présents à leurs côtés, des "zadistes" anticapitalistes installés là depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. "L'hiver n'a pas été évident, les conditions climatiques, la fatigue, le stress…", a reconnu Milo, une militante anticapitaliste implantée sur la ZAD (zone d'aménagement différé, transformé par les opposants à Notre-Dame-des-Landes en "zone à défendre") depuis un an, qui a vécu les intenses affrontement lors des expulsions de l'automne. "Là, on est au début du printemps, c'est plein de nouvelles énergies (…) peut-être qu'on va pas faire germer des graines mais on va faire germer plein d'idées qui vont durer des semaines", explique-t-elle. Dans un champ, une vingtaine de militants enrichissaient, à l'aide de fumier, la terre d'un grand jardin maraîcher collectif, le Sabot. AFP/JEAN-SÉBASTIEN ÉVRARD Dans un champ, une vingtaine de militants enrichissaient, à l'aide de fumier, la terre d'un grand jardin maraîcher collectif, le Sabot. Dans un autre, à côté de nouvelles cabanes baptisées les 100 Noms, des rangs de pommes de terre étaient plantés. Après avoir déjeuné autour de tentes de restauration collective, les opposants se sont dispersés vers les différents ateliers de curage de fossés ou de réfection de clôture, certains chantiers prévus ayant été repoussés du fait de la pluie et de la terre détrempée. AMBIANCE BON ENFANT Si l'ambiance était dans l'ensemble bon enfant et plutôt familiale, plusieurs équipes de journalistes ont fait les frais d'une hostilité latente : au moins deux véhicules siglés ont eu leurs pneus dégonflés, de la boue a été jetée à plusieurs reprises sur une équipe télé et, au micro, une militante a demandé aux "journalistes journaleux des médias bourgeois" de ne pas filmer les personnes présentes sans leur permission. Cette manifestation se déroulait quatre jours après la remise au gouvernement mardi de trois rapports : l'un d'une commission du dialogue destinée à apaiser le climat après les vives tensions de l'automne, un autre d'une commission scientifique, le dernier d'une commission destinée à apprécier la perte en terres agricoles liée au projet. Ces rapports – dont le premier réaffirme la nécessité du projet avec des aménagements en termes de diminution de surface et les deux autres impliquent un projet très amélioré pour les compensations environnementales et de pertes de terres agricoles – ont dans l'ensemble plutôt rassuré les opposants, dont beaucoup y ont vu un report masqué des travaux.
"2013-04-14T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/14/a-notre-dames-des-landes-les-opposants-recultivent-les-terres_3159527_3244.html
Un rapport pointe le « pacte de silence » au sein de la Fédération française de tennis
L’IGJS estime que deux candidats à la présidence de l’instance ont procédé en interne à une forme d’amnistie de l’actuel patron Jean Gachassin, accusé de malversations.
Le président de la Fédération française de tennis, Jean Gachassin dans son bureau en 2015. MIGUEL MEDINA / AFP Les dirigeants de la Fédération française de tennis (FFT), dont deux des trois candidats à la présidence, ont conclu un « pacte de silence » pour taire des soupçons de malversations et de trafic d’influence au sein de l’instance, selon un rapport de juin de l’inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), révélé jeudi 15 décembre par Mediapart. Lire aussi : La Fédération française de tennis au bord de l’implosion Cette affaire, découverte par l’IGJS en 2015 et confiée au parquet de Paris, porte sur des faits présumés de trafic de billets de Roland-Garros avant 2011 qui visent l’actuel président Jean Gachassin et d’anciens joueurs de l’équipe de France de Coupe Davis. M. Gachassin est, en outre, soupçonné de trafic d’influence. Les inspecteurs estiment que Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, respectivement secrétaire général et vice-président de la FFT, tous deux candidats à la succession de M. Gachassin en février, ont, entre autres, procédé en interne à une forme d’amnistie de ces faits présumés. « Il apparaît que, assez rapidement, les problèmes liés au comportement de M. Gachassin ont entraîné une relative mise à l’écart de celui-ci pour la gestion des dossiers majeurs de la FFT », explique ce rapport d’étape bouclé le 12 avril. « Cet aménagement s’accompagnait d’un pacte de silence dont la motivation première (…) était, après les difficultés connues sous la précédente présidente, de protéger les intérêts supérieurs de la Fédération, en évitant tout scandale de nature à nuire au bon aboutissement du projet d’extension du stade de Roland-Garros. » Conditions du marché d’extension de Roland-Garros Contactés par Mediapart, MM. Giudicelli et Dartevelle ne se sont pas exprimés sur le sujet. Ils ont, en revanche, contesté de nouveau des informations du Canard enchaîné, datant de juin, selon lesquelles ils auraient eux-mêmes participé, dans le passé, à des reventes de tickets. Cette affaire fait l’objet depuis le 19 mars d’une enquête du parquet national financier (PNF) qui a procédé à des perquisitions début mai au siège de la FFT et au domicile de M. Gachassin. Outre l’existence présumée « d’un système de revente occulte de billets à l’occasion des Internationaux de France », le PNF s’intéresse aux « conditions du marché de la rénovation et de l’agrandissement du stade Roland-Garros ». M. Gachassin est suspecté d’avoir cédé des billets à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher. Le président de la FFT – depuis 2009 –, qui ne brigue pas de troisième mandat, est également accusé d’avoir organisé une rencontre avec un collaborateur de Vinci, l’un des trois groupes en lice pour réaliser l’extension de l’enceinte sportive, en plein appel d’offres. Le groupe a finalement été désigné. Dans Mediapart, l’intéressé a de nouveau contesté « l’existence du moindre trafic de billets » ainsi qu’un « quelconque contact avec des entrepreneurs qui aurait contrevenu aux règles ». Dans un communiqué, la FFT s’est par ailleurs interrogée sur le « calendrier pour le moins surprenant de cette publication et de la diffusion d’un rapport de l’IGJS datant de plus de huit mois, alors que la campagne pour la présidence de la Fédération bat son plein ».
"2016-12-15T00:00:00"
tennis
https://www.lemonde.fr/tennis/article/2016/12/15/un-rapport-pointe-le-pacte-de-silence-au-sein-de-la-federation-francaise-de-tennis_5049756_1616659.html
Roman Polanski souhaite retourner aux Etats-Unis pour clore l’affaire de viol
Le réalisateur franco-polonais de 83 ans veut mettre fin à l’affaire de viol d’une mineure qui le poursuit depuis quarante ans, à condition d’avoir la garantie qu’il ne sera pas incarcéré, selon son avocat.
Roman Polanski, le 30 octobre 2015. JAREK PRASZKIEWICZ/AP Le réalisateur franco-polonais de 83 ans Roman Polanski veut retourner aux Etats-Unis pour mettre fin à l’affaire de viol d’une mineure qui le poursuit depuis quarante ans, à condition d’avoir la garantie qu’il ne sera pas incarcéré, selon son avocat, jeudi 16 février. L’avocat du cinéaste veut faire appliquer un accord amiable mentionné dans un document sous scellé. Si l’accord est reconnu, « Roman peut venir à Los Angeles et au tribunal sans craindre d’être détenu », souligne Harland Braun, dans une lettre au tribunal reçue par l’Agence France-Presse. Accord financier En 1977, une adolescente de 13 ans avait accusé le réalisateur, alors âgé de 43 ans, de l’avoir droguée, puis violée après une séance photo. Roman Polanski avait reconnu une relation sexuelle avec elle mais dément l’avoir violée. Il avait été libéré sous caution après quarante-sept jours d’incarcération, avant de s’enfuir des Etats-Unis en 1978. La jeune fille a depuis renoncé à ses poursuites judiciaires – un accord financier a été également conclu –, mais la justice américaine a continué de le poursuivre. Lire le décryptage : Polanski, les Césars, et la mobilité du curseur Le réalisateur s’était retrouvé au centre d’une polémique en début d’année après qu’il a été choisi pour présider la cérémonie des Césars, qui a lieu le 24 février. Cette décision avait suscité l’indignation en raison de l’accusation de viol. « Je trouve surprenant et choquant que l’histoire d’un viol n’ait pas pesé » dans le choix qui a été fait par l’Académie des Césars, avait réagi la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, sur France Culture. Alors qu’un appel à boycotter la cérémonie réunissait plus de 60 000 signatures, M. Polanski a annoncé finalement à la fin de janvier qu’il renonçait à présider les Césars.
"2017-02-16T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/02/16/roman-polanski-souhaite-retourner-aux-etats-unis-pour-clore-les-poursuites-pour-viol_5080906_3222.html
La Turquie met en garde Damas après avoir abattu un hélicoptère syrien
Le ministre turc des affaires étrangères a averti le régime syrien qu'il devrait "assumer les conséquences" d'éventuelles représailles.
Le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, le 18 septembre, à Ankara. ADEM ALTAN/AFP Le ministre des affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, a mis en garde mercredi 18 septembre le régime syrien contre toute velléité de représailles après la destruction d'un hélicoptère syrien lundi, affirmant qu'il y aurait des "conséquences". "Même si le régime syrien envisage des représailles, il devrait savoir qu'il aurait à en assumer les conséquences", a déclaré le chef de la diplomatie turque lors d'une conférence de presse à Ankara. L'ATTENTAT DE MARDI NE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME DES "REPRÉSAILLES" M. Davutoglu a par ailleurs estimé que l'attentat commis mardi du côté syrien du point de passage vers la Turquie, à Bab al-Hawa, n'avait pas été perpétré en guise de "représailles" à la destruction d'un hélicoptère syrien la veille. "Nos services de sécurité et de renseignement sont en train d'enquêter là-dessus, mais il serait erroné de conclure hâtivement qu'il s'agisse de représailles", a déclaré le ministre. Un attentat à la voiture piégée a fait au moins 12 blessés mardi au poste-frontière syrien de Bab al-Hawa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG syrienne. DES INCIDENTS QUI SE MULTIPLIENT La veille, l'armée turque avait annoncé que deux appareils de type F-16 avaient abattu un hélicoptère militaire syrien qui violait l'espace aérien turc à proximité du poste-frontière de Güveççi, dans le sud du pays. Depuis le début de la crise syrienne, il y a deux ans et demi, les incidents se sont multipliés le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie, autrefois alliées mais aux relations aujourd'hui tendues, Ankara soutenant la rébellion syrienne. Un double attentat à la voiture piégée qui avait fait 46 morts le 11 mai à Reyhanli, dans le sud du pays, près de la frontière avec la Syrie, avait été imputé au régime syrien par Ankara.
"2013-09-18T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/09/18/la-turquie-met-en-garde-damas-apres-avoir-abattu-un-helicoptere-syrien_3479943_3214.html
L'âge d'or des seniors
Alain Juppé, élu homme politique de l'année par GQ. Johnny Hallyday, Jacques Dutronc et Eddy Mitchell remplissent la salle de Paris-Bercy. Les septuagénaires font un tabac.
Jacques Dutronc, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell en répétition. A Paris, les concerts des "vieilles canailles", ont affiché complet. Tony Frank / Bureau233 / Tony Frank / Bureau233 La mode est aux septuagénaires. Six soirs de suite, du 5 au 9 novembre, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc (71 ans chacun) et Eddy Mitchell, 72 ans, ont rempli la salle de Paris-Bercy en chantant leurs plus grands tubes. Cinquante ans après leur première rencontre, les "vieilles canailles" se sont déhanchées devant un public qui n'avait pas hésité à casser sa tirelire - prix des places de 90 à 243 euros, rien que ça - pour se rappeler sa jeunesse. Mais le goût pour les vieux ne touche pas que le show-business. En politique aussi, le vintage est "in". Prenez Alain Juppé, 70 ans en août 2015, premier ministre il y a vingt ans, mille fois enterré, il est aujourd'hui le plus populaire à droite. Il était considéré comme "raide", il est aujourd'hui salué pour sa sagesse ! En tête des sondages, il s'imagine déjà futur président de la République. Pourquoi se gêner ? Aux Etats-Unis, Hillary Clinton, née en 1947, est en course pour la Maison Blanche. La tendance semble être aux crânes chauves, aux rides et aux tempes grises. Dans le classement des personnalités préférées des Français, Simone Veil pointe ainsi à la quatrième place ; Jean-Paul Belmondo et Charles Aznavour, qui ne sont pas des perdreaux de l'année, figurent également en bonne position. Explication ? En période de crise, les seniors font figure de valeurs sûres. Leur expérience rassure. Ils sont également le reflet d'une population vieillissante. Selon l'Insee, 17,5 % de la population française a plus de 65 ans et les plus de 75 ans représentent 10 % des Français. Des chiffres en hausse constante. Les vieux ont de beaux jours devant eux.
"2014-11-21T00:00:00"
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2014/11/21/l-age-d-or-des-seniors_4522933_4500055.html
Enquête sur un « cartel du yaourt »
Selon l'Autorité de la concurrence, plusieurs fabricants de produits laitiers frais vendus sous marque de distributeurs ont coordonné leurs politiques tarifaires et commerciales pendant trois ans.
Selon l'Autorité de la concurrence « des échanges d'informations sensibles » ont permis aux grands producteurs ainsi qu'à des PME « une concertation destinée à coordonner leurs politiques tarifaires et commerciales ». Pierre Bouvier - Lemonde.fr L'Autorité de la concurrence enquête depuis trois ans sur plusieurs fabricants de produits laitiers frais vendus sous marque de distributeurs (MDD), dont Novandie, Senoble, Lactalis et Yoplait. Ils sont soupçonnés de s'être concertés sur les prix et la répartition du marché, écrit Le Figaro, mardi 24 février. Plusieurs indices concordent à la constitution d'un « cartel du yaourt », détaille le quotidien, qui a consulté un document recensant les griefs reprochés aux producteurs par l'Autorité. ACCORD ANTICONCURRENTIEL SUR LA FIXATION DES VOLUMES Selon l'organisme, « des échanges d'informations sensibles » ont permis aux grands producteurs ainsi qu'à des PME comme Laïta, Les Maîtres laitiers du Cotentin ou Alsace Lait, « une concertation destinée à coordonner leurs politiques tarifaires et commerciales ». Ils sont notamment accusés : « D'avoir défini en commun des hausses de prix, de s'être coordonnés sur la chronologie d'application de ces hausses et de s'être coordonnés sur les argumentaires développés pour justifier ces hausses [d'avoir passé] un accord anticoncurrentiel sur la fixation des volumes en s'abstenant de capter des marchés détenus par des sociétés concurrentes ». Selon le quotidien, les accusés se sont défendus devant l'Autorité lors d'une réunion en novembre 2014 mais n'ont, semble-t-il, pas entièrement convaincu puisque l'organisme « s'apprête à sanctionner une petite dizaine » de fabricants. Ils s'exposent à une amende, qui devrait toutefois « être bien moindre que celles infligées aux producteurs de shampoings et de lessives », avance Le Figaro. En 2011, trois fabricants de lessives s'étaient vu infliger par l'Autorité une amende de 361 millions d'euros pour s'être concertés pendant six ans sur leurs prix et promotions. Lire aussi (édition abonnés) : Le cours du lait à l’heure de la fin des quotas
"2015-02-24T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/24/enquete-de-l-autorite-de-la-concurrence-sur-le-marche-des-produits-laitiers_4582005_3234.html
Affaire Fillon : pas de trêve pour la justice
En marge des remous suscités par l’affaire Fillon, le juriste Olivier Beaud, spécialiste de droit public, défend le principe d’égalité devant la loi.
Olivier Beaud, à Paris, le 3 février 1999. JACK GUEZ / AFP Olivier Beaud dirige l’Institut Michel Villey pour la culture juridique et la philosophie du droit. Professeur de droit public à l’université Paris-II-Panthéon-Assas, il est également l’un des trois directeurs de Jus Politicum, une revue en ligne consacrée au droit et à la pensée constitutionnels. En ouvrant une information ­judiciaire, puis en envoyant une convocation « aux fins de mise en examen » à François Fillon, les magistrats ont changé le cours de l’élection présidentielle. La justice aurait-elle dû s’abstenir pour éviter toute ­interférence ? C’est effectivement une situation totalement inédite, mais la façon la plus rationnelle d’en sortir consiste à ne pas interrompre la justice. Cette notion de « trêve » évoquée par certains n’a aucun fondement juridique. On ne peut quand même pas mettre ­entre parenthèses le principe d’égalité devant la loi pour assurer la bonne ­conduite d’une élection présidentielle. Le calendrier s’est imposé au parquet : Le Canard enchaîné a fait des révélations après la victoire de François Fillon à la primaire, puis la réforme de la prescription l’a contraint à aller vite. Si le parquet n’avait pas agi, on l’aurait accusé de couvrir les agissements des hommes politiques. Les temps ont changé. On n’est plus à l’époque de Mitterrand ou de Chirac : leur conception très laxiste de l’usage des fonds publics n’a pas eu d’effet sur leurs carrières politiques. Le principe de séparation ­des pouvoirs est-il mis à mal par cette affaire ? Le principe de la séparation des pouvoirs est très large et interprété de ­façon différente par les juristes. En l’occurrence, dans l’affaire Fillon, il me semble que ce n’est pas la question ­déterminante. L’article 26 de la Constitution sur les immunités parlementaires prévoit deux immunités. La première est une forme d’irresponsabilité : ce n’est pas le sujet ici car elle concerne les propos d’un parlementaire ou les opinions qu’il a émises dans l’exercice de ses fonctions. La ­seconde est l’inviolabilité : elle concerne ­potentiellement M. Fillon car elle vise à protéger le parlementaire contre les mesures privatives de libertés décidées par un juge, comme la garde à vue – dans ce cas, l’autorisation du bureau de l’Assemblée est nécessaire. Mais aucune règle ne s’oppose à la poursuite de l’information judiciaire. La question peut se poser au sujet de l’ouverture d’une enquête, mais dès lors que le parquet a l’opportunité des poursuites et donc une marge d’appréciation, ce n’est pas seulement une question juridique : c’est aussi une question de politique pénale.
"2017-09-03T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/03/09/pas-de-treve-pour-la-justice_5092099_3232.html
Ne parions pas trop sur une hausse du dollar
Les variations à court terme du taux de change ne dépendent pas que des « fondamentaux », mais aussi d’événements imprévisibles, observe Barry Eichengreen, professeur à Cambridge et Berkeley.
Professeur d’histoire et des institutions américaines à l’université de Cambridge et professeur d’économie à l’université de Californie à Berkeley Un dollar américain. DR Pratiquement tous les grands noms de l’économie prédisent une hausse du dollar en 2015, ce qui va pousser les investisseurs à miser de grosses sommes sur la devise américaine. Ce pourrait être une erreur colossale. Le consensus des économistes traduit le fait que l’économie américaine est pratiquement la seule parmi les pays développés dont les perspectives de croissance s’améliorent. Très récemment, le ministère du commerce a révisé à la hausse le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour le troisième trimestre 2014, qu’il estime maintenant à 5 %, le taux le plus élevé depuis onze ans. Cette révision est fondée essentiellement sur la consommation des ménages et les investissements des entreprises, autrement dit les composants les plus stables du PIB. Le moral des ménages est à son plus haut niveau depuis 2007. Le faible prix du pétrole, qui entraîne une diminution du prix de l’essence à la pompe, encourage la consommation des ménages, qui disposent de plus de liquidités. Le taux de chômage est de 5,6 %, et il continue à baisser. Tout cela renforce non seulement la confiance dans la croissance américaine, mais également l’idée que la Réserve fédérale (Fed) va diminuer les taux d’intérêt, probablement dès début avril, ce qui incite encore davantage les investisseurs à acheter des dollars. En revanche, les autres grandes économies sont en mauvaise posture. C’est notamment le cas de l’Europe, où le spectre de la déflation se fait de plus en plus menaçant. En l’absence d’autre choix, que cela plaise ou non à l’Allemagne, il est pratiquement certain que la Banque centrale européenne va poursuivre une politique de relâchement monétaire. Baisse des flux de capitaux En Asie, les incertitudes qui pèsent sur l’économie japonaise ont poussé la Banque du Japon à accroître ses achats de titres, ce qui laisse aussi entrevoir la perspective d’une baisse du yen. Et les signes de ralentissement de la croissance chinoise conduisent les investisseurs à se demander pour la première fois depuis des années si Pékin va chercher à provoquer une baisse du yuan par rapport au dollar. Les perspectives de croissance des autres pays émergents sont encore plus mauvaises, notamment en raison du faible prix des matières premières. Ils peuvent donc s’attendre à une baisse des flux de capitaux entrants, qui affaiblira leurs devises. Mais ces arguments en faveur d’une hausse du dollar prêtent le flanc au doute. Tout d’abord, les facteurs d’une hausse du dollar n’ont rien de nouveau. Depuis plus de six mois, les marchés s’attendent à une croissance relativement forte aux Etats-Unis, comme le montre la hausse de 9 % de la valeur du dollar pondérée en fonction du commerce extérieur.
"2015-01-20T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/21/ne-parions-pas-trop-sur-une-hausse-du-dollar_4560413_3232.html
A Cuba, le retour de Fidel Castro sur le devant de la scène suscite la controverse
Partisans ou opposants s'interrogent sur la présence du Lider Maximo dans les médias et sur les réformes promises par Raul Castro
Fidel Castro, 84 ans, revient sur le devant de la scène. Depuis peu il multiplie les déclarations, alors qu'en 2006, malade, il a officiellement cédé les rênes de l'Etat cubain à son frère cadet Raul Castro, 79 ans. Peut-on parler pour autant d'un retour du Lider Maximo au pouvoir ? Si Aurelio Alonso, le directeur adjoint de la - prestigieuse - revue culturelle Casa de las Américas, joint au téléphone à La Havane, confie son "enthousiasme" devant le rétablissement spectaculaire de Fidel Castro, Rafael Hernandez, le directeur de Temas, la principale revue de sciences sociales publiée dans l'île, tempère cette appréciation. "Lire un discours à 7 heures du matin (ce qu'a fait Fidel Castro, le 3 septembre, à l'université de La Havane) alors que le soleil ne chauffe pas encore, demande un effort relatif", souligne-t-il. "Habitué à commander, Fidel ne se résigne pas à abandonner la politique", estime de son côté Oscar Espinosa Chepe, un ancien prisonnier d'opinion. "L'ex-président aspire peut-être à revenir au pouvoir, mais il récupérera difficilement son rôle prééminent", pense-t-il. L'opposant social-démocrate Manuel Cuesta Morua, lui, voit dans la présence envahissante de Fidel Castro dans les médias une "tentative de revenir graduellement au pouvoir". Il juge que "ses apparitions publiques brouillent le leadership de Raul". Elles "aggravent la crise structurelle du régime et le désenchantement des Cubains face à l'absence de solutions". Faute de perspectives, un nombre croissant de Cubains aspire à émigrer, affirme M. Cuesta Morua. Intellectuel afro-cubain, il décèle dans les rues de La Havane, où il réside, une sorte de "pessimisme à la haïtienne". "Le gouvernement a perdu toute crédibilité, soutient-il. Les réformes promises depuis quatre ans sont mises en oeuvre à dose homéopathique sans produire les améliorations escomptées", dit-il. Sur ce point, l'économiste Espinosa Chepe rejoint son diagnostic. "La situation économique est désespérante, on ne sent pas de changements. La distribution de terres en usufruit ne produit pas de résultats à cause de la bureaucratie. La production agricole a baissé de 7 % cette année, Cuba continue d'importer 80 % des denrées alimentaires", note l'ancien détenu.
"2010-11-09T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/09/11/a-cuba-le-retour-de-fidel-castro-sur-le-devant-de-la-scene-suscite-la-controverse_1409888_3222.html
"Côte d'Ivoire : ""L'interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit"""
Dans un chat sur "LeMonde.fr", Philippe Bernard, journaliste au "Monde", indique que le défèrement de Laurent Gbagbo devant la cour pénale internationale (CPI) de La Haye n'est pas une perspective dans l'immédiat.
Images de Laurent Gbagbo, peu après son arrestation, diffusées par la télévision ivoirienne, lundi 11 avril. AFP PHOTO/ TCI/HO Esteban : Que sait-on exactement du rôle de la France dans l'arrestation de Gbagbo ? Philippe Bernard : Les autorités françaises affirment qu'aucun soldat français n'a pénétré dans le périmètre de la résidence de Laurent Gbagbo au moment de son interpellation, lundi 11 avril, en début d'après-midi, et l'on ne dispose d'aucun témoignage ni d'aucun document démontrant le contraire. Les hélicoptères français ont ouvert la voie. Et ce sont des soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) qui ont procédé à l'interpellation. En fin de matinée, lundi, M. Gbagbo et son entourage avaient tenté une sortie de leur résidence qui était en feu, touchée par un tir de missile français la veille au soir. Les partisans de Laurent Gbagbo avaient riposté et mis les assaillants pro-Ouattara en fuite. Laurent Gbagbo avait ensuite tenté de s'enfuir par une vedette au bord de la lagune. Il semble en avoir été dissuadé par l'hélicoptère français. Arthur : Peut-on parler d'ingérence de la France ? La force Licorne, forte de 1 700 hommes, a agi en vertu d'un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, voté à l'unanimité. Cette unanimité incluant les trois pays africains qui y siègent actuellement. Ce mandat impliquait la protection des civils contre les tirs à l'arme lourde. On peut discuter sur le point de savoir si ce mandat a été dépassé ou non. Mais une partie de la réponse tient au fait qu'un énorme arsenal de ces armes lourdes entreposées dans le périmètre de la résidence de Laurent Gbagbo continuait, ces derniers jours, d'être alimenté par bateaux. Les diplomates français estiment que la situation s'était à ce point dégradée, qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de précipiter la chute de Laurent Gbagbo. Ne rien faire aurait précipité le pays dans la guerre civile. Guillaume : La France est-elle le gendarme de l'Afrique ? Formellement, les troupes françaises de Licorne ont agi non pas en fonction des intérêts de Paris mais en vertu d'un mandat délivré, à New York, par le Conseil de sécurité des Nations unies. La présence des troupes françaises à Abidjan ne relève pas cependant d'un hasard. Il est évidemment lié au passé colonial de la France. Mais l'intervention de Licorne, en 2011, n'a absolument pas les mêmes bases que celle des soldats français en 2004. Il s'agissait alors des militaires du bataillon d'infanterie de marine basé à Abidjan qui avaient tiré sur la foule des "jeunes patriotes" lancés dans des manifestations anti-françaises. Le bombardement mortel de l'aviation ivoirienne sur le camp français de Bouaké avait conduit la France à détruire l'intégralité de l'aviation ivoirienne et déclenché en représailles des manifestations "patriotiques". La décision prise par Nicolas Sarkozy d'intervenir directement, même sous un clair mandat de l'ONU, contredit toutefois formellement ses discours antérieurs où il disait qu'aucun soldat français ne tirerait plus sur un Africain et que l'ancienne puissance coloniale n'était pas la mieux placée pour régler les différends politiques dans ces anciennes possessions. Pierre : Pensez-vous que le président Ouattara souhaiterait renégocier les accords avec la France concernant la présence militaire de cette dernière sur le sol ivoirien ? C'est une excellente question étant donnée la dette que le nouveau président vient de contracter à l'égard de l'armée française. En 2008, Nicolas Sarkozy avait annoncé la renégociation de tous les accords militaires liant la France à des pays africains. L'accord de défense franco-ivoirien de 1961 est le seul dont la renégociation n'a absolument pas débuté. La France souhaitant, au préalable, le retour de la stabilité à Abidjan. Les discours français laissent entendre que Paris ne souhaite pas "s'incruster" davantage en Côte d'Ivoire et souhaite, à terme, le départ de ses soldats. La position qu'adoptera Alassane Ouattara dans ce dossier reflètera la teneur des relations nouvelles qu'il veut entretenir avec la France. SPQR : L'affaire est-elle réglée ou bien est-ce le début d'une guerre civile ? L'interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit, étant donné le nombre important d'armes qui a été distribué à ses partisans ces derniers jours. Mais le retour à la paix civile est évidemment souhaité par une grande partie de la population qui, en dehors même des violences, souffre de l'insécurité, de la faim et de la soif, puisque dans certains quartiers d'Abidjan, l'eau a été longtemps coupée. Le retour à la paix dépendra aussi de la capacité du nouveau président à enclencher un processus de justice visant les auteurs de violence, y compris dans son propre camp. L'annonce de la création d'une commission de vérité et de réconciliation, à l'instar de celles qui ont fonctionné en Afrique du Sud et au Maroc, est un premier pas dans ce sens. Vitruve : Pensez-vous que Alassane Ouattara puisse véritablement réconcilier tout le monde ? C'est évidemment un des grands défis qui attend la Côte d'Ivoire si elle veut redevenir la puissance phare de l'Afrique de l'Ouest qu'elle était jusqu'aux années 1990. Il est trop tôt pour avoir une conviction à ce sujet. Mais le fait que M. Ouattara ait réussi à imposer à ses troupes surexcitées d'épargner la vie de Laurent Gbagbo constitue un signe positif. De nombreux observateurs font aussi remarquer que la présentation du pays comme étant irrémédiablement coupé entre un Nord musulman et un Sud chrétien est loin de correspondre à la réalité, beaucoup plus mélangée. Un autre grand défi sera la reconstitution d'une armée réellement nationale avec la fusion des forces qui viennent de s'entretuer. Cette fusion, qui devait être réalisée depuis plusieurs années, ne l'a pas été. Mk roma : Ouattara a-t-il jamais fait allusion aux violences commises par son propre camp ? Dans son allocution télévisée du 7 avril, M. Ouattara a promis que "la lumière serait faite sur tous les massacres et les crimes". Il n'a pas fait explicitement référence au massacre de Duekoué, que les organisations des droits de l'homme attribuent largement à son camp. Une accusation qui est particulièrement embarrassante pour lui puisque les soldats, accusés de ces exactions, étaient placés sous le haut commandement de Guillaume Soro, qui n'est autre que son premier ministre. Clara : Les Gbagbo peuvent-ils rester encore longtemps à l'hôtel du Golf ou sont-ils susceptibles d'être rapidement remis à la justice ? L'intention des nouvelles autorités ivoiriennes semble être de transférer rapidement Laurent et Simone Gbagbo dans le nord du pays où ils ont peu de partisans, où leur sécurité pourrait être mieux assurée. Dans un deuxième temps, l'idée est de trouver un autre pays africain pour les accueillir. Ce pourrait être, par exemple, l'Angola, le Nigeria ou l'Afrique du Sud. Le défèrement de Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, compétente pour juger les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, n'est pas une perspective dans l'immédiat. Il faudrait que le procureur de cette Cour ou un autre pays que la Côte d'Ivoire demande l'ouverture d'une enquête, que les faits qui lui seraient reprochés entrent dans les compétences de la Cour, et qu'un mandat d'arrêt soit émis. La Côte d'Ivoire, elle-même, n'est pas partie au statut de Rome de 1998 qui fonde la compétence de la Cour pénale internationale. Tiphaine : Guillaume Soro est-il un allié ou une menace pour Ouattara ? Peut-il lui faire de l'ombre ? Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion du nord, ancien premier ministre de Laurent Gbagbo, et actuel premier ministre de M. Ouattara, a probablement pris encore de l'ascendant en tant que responsable militaire des opérations qui ont conduit à la reconquête de la totalité du territoire ivoirien. Chef militaire connu pour son impulsivité, il pourrait, en effet, s'imposer face au très policé Alassane Ouattara. Guest : J'aimerais savoir pourquoi nous n'avons pas d'informations sur les quatre otages en Cote d'Ivoire. Tout simplement parce que nous n'en avons pas. De sources officielles françaises, on ignore où se trouvent les quatre personnes enlevées, lundi 4 avril, à l'hôtel Novotel d'Abidjan. L'inquiétude est accentuée par le fait qu'aucune revendication n'a été formulée. Ces quatre personnes ont été kidnappées par des hommes en uniforme. Il s'agit du directeur du Novotel, d'un chef d'entreprise français et de deux de ses salariés africains. Ce dernier semble avoir fait partie des personnalités qui ont appelé à boycotter les services fiscaux de Laurent Gbagbo. Chat modéré par Caroline Monnot
"2011-12-04T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/04/12/cote-d-ivoire-l-interpellation-de-laurent-gbagbo-ne-signifie-pas-necessairement-la-fin-du-conflit_1506649_3212.html
En France, les femmes de Djibouti ont faim de justice
Alors qu’à Djibouti a lieu la présidentielle, neuf Djiboutiennes violées par des militaires et réfugiées en Europe réclament que leur gouvernement reconnaisse ces crimes.
Des Djiboutiennes en grève de la faim à Arcueil, au sud de Paris, le 1er avril 2016, dans les locaux de l'association Femmes solidaires. MARIE WOLFROM/AFP Allongées, serrées sur des lits d’appoint dans le local étroit de l’association Femmes solidaires à Arcueil (Val-de-Marne), elles n'ont pas mangé depuis quatorze jours. Deux longues semaines à s’affamer pour dénoncer les viols commis dans leur pays par l’armée. Avant de fuir en France et en Belgique, où elles ont obtenu le statut de réfugiées politiques, ces neuf femmes vivaient dans les régions du nord et du sud-ouest de Djibouti. Une centaine de rebelles armés du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD), un mouvement issu de l’ethnie Afar, y lutte depuis vingt-cinq ans contre le gouvernement. Lire aussi L’heure est venue de libérer le peuple de Djibouti Alors que leurs compatriotes se rendent aux urnes, ce vendredi 8 avril, pour une élection jouée d’avance – le président sortant Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, est presque certain d’être réélu – les neuf militantes réclament une enquête internationale sur plus de 200 cas d’agressions sexuelles qui visent les femmes afar. Leur peuple, présent dans toute la corne de l’Afrique (Somalie, Djibouti, Ethiopie et Erythrée), paie cher les tensions entre le régime et les combattants du FRUD. 246 cas de viols recensés « Après ce que j’ai subi, ma place est parmi les grévistes de la faim », témoigne Fatou Bakari, une bergère d’une quarantaine d’années couverte d’un voile traditionnel. « J’ai été violé par trois soldats devant mon père, mon oncle paternel, ma mère et une de mes cousines. Mon père a fait un arrêt cardiaque quelque temps après. » Malentendante, sa voisine de lit Fatouma Abdallah croise les poignets : elle exige l’arrestation de ses bourreaux. Son père s’est battu pour obtenir justice. Mais sans succès. Si Djibouti a signé la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, adoptée en 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies, il est rare en effet que les autorités donnent suite aux plaintes des victimes d’abus sexuels. Le Comité des femmes djiboutiennes, créé la même année, a recensé en tout 246 cas de viols par des militaires pour seulement une vingtaine de plaintes enregistrées par l’Etat djiboutien. Et il a fallu opérer dans la clandestinité pour recueillir ces données. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’armée française va maintenir un effectif important à Djibouti « Aujourd’hui, le combat que l’on mène, c’est de montrer que le pays ne respecte pas les conventions internationales qu’il a conclues », observe Sabine Salmon, présidente de l’association Femmes solidaires, mouvement pour la défense et le développement des droits des femmes et pour la parité et la solidarité internationale. « Les femmes djiboutiennes se battent sur le terrain pour la reconnaissance de ces viols comme crimes de guerre », ajoute-t-elle. Djibouti, allié stratégique de la France Le moment est bien choisi. Le 21 mars, la Cour pénale internationale (CPI) a condamné le chef de guerre congolais, Jean-Pierre Bemba pour « crimes de guerre » en raison des violences sexuelles commises par ses hommes en Centrafrique. « En 1995, les Etats membres (dont Djibouti) se sont accordés sur la nécessité d’améliorer la condition des femmes », avait souligné le 16 mars à New York, Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes lors de la 60e session de la commission de la condition de la femme. « La République de Djibouti, principale base militaire de l’armée française en Afrique, continue de bafouer les droits humains en toute impunité », poursuit Mme Salmon. Mais Djibouti est un allié stratégique pour Paris. Ancienne colonie française située en face du détroit de Bab Al-Mandeb, quatrième passage maritime mondial pour l’approvisionnement énergétique, l’enclave abrite le plus gros contingent français sur le continent africain (environ 1 600 hommes actuellement). Américains et Japonais y ont également implanté des bases. La Chine s’y prépare. Pour l’heure, aucune mesure n’a été prise : seul un hashtag (#stopvioldjibouti) a été lancé afin d’aider ce Comité de femmes à se faire entendre. Le gouvernement djiboutien dénonce, lui, « une campagne » coordonnée par « l’opposition politique ». Johanna Bukasa-Mfuni
"2016-05-04T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/08/en-france-les-femmes-de-djibouti-ont-faim-de-justice_4898665_3212.html
Mondial : le prestataire soupçonné de trafic de billets se rend à la justice
En fuite depuis jeudi, Ray Whelan, directeur de Match Services, s'est finalement rendu à la justice brésilienne, qui le soupçonne de revente illégale de billets lors du Mondial.
Ray Whelan, un directeur de Match Hospitality, société qui fournit les forfaits VIP de la Coupe du monde, a été arrêté lundi à Rio. AFP/TASSO MARCELO Après avoir passé quatre jours en fuite, le directeur de Match Services – compagnie prestataire de la FIFA – a fini par se rendre à la justice brésilienne, lundi 14 juillet. Soupçonné d'avoir revendu illégalement des billets pour le Mondial, le Britannique Ray Whelan était considéré comme « fugitif » depuis jeudi. Alors que la justice avait ordonné son placement en détention préventive, il s'était volatilisé au moment où la police était arrivé sur son lieu de séjour, le Copacabana Palace. La police a établi que M. Whelan distribuait à des intermédiaires des billets VIP gratuits initialement destinés à des ONG, parraineurs et familles pour qu'ils soient revendu illégalement. L'un de ces prestataires, Mohamadou Lamine Fofana, les revendait au marché noir par le biais d'agences de voyage et grâce à ses nombreuses connaissances dans le monde du football. Le Britannique avait été arrêté lundi dernier dans le cadre de l'opération policière baptisée « Jules Rimet », en hommage au président français de la FIFA qui a créé la Coupe du monde. Il avait été relâché le lendemain grâce à un habeas corpus et au paiement d'une caution de 5 000 reais (1 835 euros). Mais jeudi, la justice de Rio a mis en examen douze suspects et ordonné la prison préventive pour onze d'entre eux, dont M. Whelan, dans le cadre de l'enquête sur le trafic international de billets. MILLE BILLETS VENDUS PAR MATCH Les enquêteurs estiment que le réseau de M. Whelan était actif depuis 2002. Il vendait illégalement environ 1 000 billets par match, pour un prix de base de 1 000 euros. « Whelan a nié avoir négocié des billets avec le Franco-Algérien Mohamadou Lamine Fofana, son bras droit, pendant la Coupe du monde mais nous, on en a la preuve, on a 900 appels entre eux pendant l'événement », avait déclaré à la presse le commissaire Fabio Barucke, chargé de l'enquête lors de son arrestation. M. Whelan sera poursuivi pour « avoir facilité la distribution de billets pour la revente illégale » et pour « association de malfaiteurs, revente au marché noir, corruption active, blanchiment d'argent et fraude fiscale », selon la police. Il risque quatre ans de prison. Le service de presse de son avocat, Fernando Fernandes, cité par le site G1 de Globo, a indiqué que le Britannique s'était livré à la juge Rosita Maria de Oliveira Netto. Le tribunal de Rio a pour sa part indiqué que M. Whelan allait être détenu à la Polinter, le siège de la police, situé dans la banlieue de Rio. SOUTIEN DE MATCH SERVICES Mercredi, Match Services, une entreprise sise à Zurich (Suisse), avait accusé la police brésilienne d'avoir arrêté illégalement son directeur. Elle estime qu'il n'y a « rien d'inapproprié [ni] de criminel » dans les conversations avec Lamine Fofana, parce que M. Whelan discutait de la vente de 24 forfaits d'hébergement au prix correct, même s'il a arrondi le prix de 24 750 dollars à 25 000 dollars chacun. Le montant des 24 forfaits s'élevait à 594 000 dollars. Dans un communiqué précédent, elle avait en revanche annoncé qu'elle annulait tous les billets achetés par Atlanta Sportif, la compagnie de Mohamadou Lamine Fofana, en soulignant que cette dernière avait souscrit à l'interdiction de revente exigée par Match Hospitality à ses clients.
"2014-07-15T00:00:00"
coupe-du-monde
https://www.lemonde.fr/coupe-du-monde/article/2014/07/15/mondial-le-prestataire-soupconne-de-trafic-de-billets-se-rend-a-la-justice_4457333_1616627.html
« Plus de mille victimes » en deux mois parmi les forces afghanes
Révélé par le secrétaire à la défense américain, le chiffre illustre l’incapacité des autorités de Kaboul à construire un appareil de sécurité fiable.
Des policiers à Kaboul, près du site d’une attaque-suicide, le 29 octobre. OMAR SOBHANI / REUTERS Les forces de sécurité afghanes paient un lourd tribut à une guerre dont le monde semble aujourd’hui se désintéresser. Selon le secrétaire américain à la défense, James Mattis, les policiers et militaires afghans ont compté, dans leurs rangs, « plus de 1 000 victimes pour les seuls mois d’août et de septembre ». M. Mattis, qui s’exprimait le 30 octobre, en marge d’une conférence à Washington à l’Institut pour la paix, n’a pas fourni de détails sur la proportion entre le nombre de blessés et de morts ni entre forces civiles et militaires. Bras armé du Congrès américain, les services de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), qui traquent les ­dérapages en matière budgétaire, notamment dans les fonds alloués aux forces afghanes, l’ont confirmé le 1er novembre, là encore sans toutes les précisions : « Depuis 2015, le nombre de victimes au sein des forces de sécurité afghanes n’a jamais été aussi élevé qu’entre le 1er mai et le 1er octobre. » Ces données ne doivent pas faire oublier, rappelle l’Unama, la mission politique de l’ONU en Afghanistan, que 8 050 civils ont été victimes de cette guerre au cours des neuf premiers mois de 2018, dont 313 morts et 336 blessés imputables aux frappes américano-afghanes, soit une augmentation de 39 % par rapport à 2017. Première ligne Le Sigar a en outre précisé que le gouvernement afghan ne contrôlait plus « que 55 % » de son territoire. Ce chiffre est le plus bas enregistré depuis 2015, quand ces relevés ont commencé. Le Sigar constate que le gouvernement de Kaboul et ses forces sont sur la défensive, notamment depuis la mise en place par Washington, cet été, d’un canal de discussion direct et exclusif avec les talibans. Cette détérioration de la situation sécuritaire depuis 2015 est liée au départ de l’OTAN, fin 2014. Les forces étrangères, surtout américaines, sont passées d’un coup de 140 000 personnels à moins de 15 000 aujourd’hui, dont une grande partie sont des unités spéciales réservées aux interventions ponctuelles : extrême urgence lorsqu’une ville est sur le point de tomber aux mains des talibans, comme cet été à Ghazni, dans le centre du pays, ou des opérations contre des groupes de l’organisation Etat islamique. Ces effectifs bénéficient d’un appui aérien important sans lequel les Afghans n’auraient jamais pu reconquérir certains territoires stratégiques ou symboliques. Lire aussi Un militaire américain tué par un soldat afghan à Kaboul Depuis 2015, les forces afghanes sont donc placées en première ligne des affrontements avec les différents mouvements insurgés dans le pays. En dépit des efforts budgétaires et d’encadrement de la communauté internationale, leur formation et leur équipement demeurent faibles. Désertions De plus, comme l’a regretté à plusieurs reprises la délégation européenne en Afghanistan, lors de réunions au sujet de la formation de la police afghane qu’elle contribue à financer, les policiers sont les premières victimes des attaques des insurgés car ils sont mobilisés pour des tâches de combat qui ne devraient pas être de leur ressort – ils ne sont ni équipés ni formés pour cela. Les pertes enregistrées dans leurs rangs expliqueraient un fort taux d’attrition et même de désertion. Selon le Sigar, il manquerait 40 000 membres aux forces de sécurité afghanes. Pour toutes ces raisons, le chiffre des victimes recensées au sein des forces de sécurité est devenu un tabou, car il illustre l’incapacité du pouvoir afghan non seulement à assurer la sécurité sur son territoire, mais encore plus à construire un appareil de sécurité solide et fiable. La question est devenue si sensible que l’actuel président afghan, Ashraf Ghani, avait obtenu auprès du mentor américain, depuis la fin 2017, que les chiffres des pertes au sein des forces afghanes ne soient plus révélés publiquement. Son vœu a été respecté par les autorités américaines jusqu’à cette déclaration du 30 octobre de James Mattis. Cette initiative a été vue par Kaboul comme une manière pour Washington de prendre ses distances avec le chef de l’Etat, à six mois d’une élection présidentielle à laquelle il compte bien se présenter. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections en Afghanistan : les talibans au centre du jeu politique
"2018-06-11T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/11/06/plus-de-mille-victimes-en-deux-mois-parmi-les-forces-afghanes_5379482_3216.html
Robert Wyatt, voix rêveuse, et Magma, vertige soul, à La Villette
Pour la deuxième soirée du festival Jazz, l'Orchestre national de Jazz accompagnait le chant de l'ex de Soft Machine. Puis les incantations du groupe mené par Christian Vander ont fusé.
Magma en concert : un vertige de groove soul. FOFI / En attendant l'été Fragile, rêveuse, la voix de Robert Wyatt est au centre de l'un des programmes de l'Orchestre national de jazz (ONJ) sous la direction artistique de Daniel Yvinec. Précédée d'un flottement de flûtes et de guitare, elle a envahi la Grande Halle de La Villette, jeudi 30 août. "Town in the Shadow of a Mountain", une ville dans l'ombre d'une montagne, ainsi débute The Song, mélodie délicate que les dix musiciens, dans des arrangements de Vincent Artaud, mènent vers son épanouissement. Final envoûtant d'un concert, lors de la deuxième soirée du festival Jazz à La Villette, qui, reliant la pop, la chanson et le jazz, aura été une évocation d'intelligence de Wyatt. Lui n'est pas là - paralysé des jambes après un accident en juin 1973, l'ancien batteur des Wilde Flowers, de Soft Machine et de Matching Mole a cessé d'apparaître en concert -, sa voix est enregistrée mais sa présence passe par une interprétation exacte et nuancée de la formation. A l'ONJ a succédé le groupe Magma, que le festival a déjà invité en 2005 et 2008. Magma, fondé en 1969, mené depuis par son créateur le batteur, pianiste, chanteur et compositeur Christian Vander, joue actuellement un répertoire qui allie l'ancien réarrangé (dont Rïah Sahïltaahk, 1971) et le nouveau (Félicité Thösz, qui vient d'être publié en CD par Seventh Records). Cette longue chanson radieuse et allègre a un motif d'introduction qui rappelle la comptine Dodo, l'enfant do. Un répertoire dans lequel s'affirment la soul music et le gospel, qui comme le jazz (Coltrane), la musique classique (Stravinski), les airs traditionnels populaires, en particulier d'Europe de l'Est, constituent les éléments d'un univers musical sans équivalent. Rythmiquement, on est au plus haut de l'exigence, comme pour la densité mélodique. Cette part soul, Magma l'avait déjà mise en avant à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Par exemple avec Attahk, créé en 1979 sous le titre Rétrovision, qui ouvre le concert. Chanteur-prêcheur Avec Magma, le chant, choral, dans un langage inventé par Vander pour exprimer au mieux son émotion musicienne, est central. Selon les époques, les répertoires, il se joint aux voix de Magma. En soliste, il va de la caresse au cri, devient instrument. Dans Öhst, l'un des mouvements de Félicité Thösz, il a des inflexions de chanteur-prêcheur comme ceux que l'on entend dans les églises afro-américaines, ce terreau qui a donné à la soul les tourbillons James Brown ou Otis Redding (à qui Vander a consacré une composition). Ne pas être conquis par ce vertige de groove soul, c'est ne pas ressentir que la musique est avant tout une vibration pour le corps.
"2012-08-31T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/08/31/robert-wyatt-voix-reveuse-et-magma-vertige-soul-a-la-villette_1754099_3246.html
La mobilité électrique en sous-régime
Délicate à mettre en place au sein des entreprises, l’introduction de véhicules « propres » dans les flottes se développe en mode alternatif.
ILLUSTRATION : CHEZ GERTRUD On aurait pu espérer, à la faveur de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui débute à Paris le 30 novembre, que les flottes d’entreprise s’éveillent un peu plus à l’utilisation de véhicules électriques ou hybrides. Il n’en est rien : rares sont les entreprises ayant franchi le pas pour proposer à leurs collaborateurs des véhicules « propres ». Il est vrai que le recours à ce type de véhicules nécessite le plus souvent un changement d’organisation et de délicats arbitrages économiques. Des voitures hybrides chez Boiron Il y a peu, les Laboratoires Boiron ont ainsi entièrement transformé leur parc de véhicules en délaissant les modèles diesel pour adopter des voitures hybrides essence Toyota et Lexus. Sensibilisé par les études mettant en évidence les liens étroits entre les émissions de particules fines et les problèmes de santé qui en découlent, Boiron a commandé une flotte de 500 voitures hybrides afin d’équiper ses commerciaux et responsables régionaux. Cette transformation a un coût puisque, l’entreprise ne récupérant plus la TVA sur le gazole, elle a enregistré une charge supplémentaire de 20 % sur le poste carburant. « Heureusement que nous avons été “accompagnés” par Toyota et que les loueurs longue durée avec lesquels nous travaillons ont joué le jeu. Sinon, l’impact financier aurait été beaucoup plus important », se félicite cette entreprise. Plus récemment, le constructeur de logements alsacien Vivialys, à Mulhouse, s’est équipé d’un parc de 40 Toyota hybrides destinées à son pôle promotion immobilière. D’ici au premier trimestre 2016, les trois quarts de la flotte de cette société seront constitués de modèles hybrides. Reste à savoir si l’abaissement de 2 000 à 750 euros du bonus accompagnant l’acquisition d’un véhicule hybride et de 4 000 à 1 000 euros pour les véhicules hybrides rechargeables, programmé dans le projet de loi de finances 2016, ne va pas mettre un frein à l’acquisition de ces modèles par les flottes. 10 000 Kangoo ZE en 2020 pour La Poste Au cours des derniers mois, les entreprises ayant introduit des véhicules 100 % électriques dans leurs parcs se sont également signalées. En début d’année, le groupe Orange a signé un accord avec Renault Nissan portant sur la livraison d’une flotte de 200 véhicules électriques. Objectif de l’opérateur : réduire son empreinte carbone de 20 % d’ici à 2020. « D’ici là, explique Hélène Billon, responsable de la direction Facilities & Mobility Management d’Orange, nous espérons poursuivre l’acquisition de plus d’un millier de véhicules électriques, notamment pour atteindre un tiers de notre parc de véhicules destinés à l’autopartage en France. »
"2015-10-14T00:00:00"
flottes-d-entreprise
https://www.lemonde.fr/flottes-d-entreprise/article/2015/10/20/la-mobilite-electrique-en-sous-regime_4793412_1779527.html
"""Instinct meurtrier"" contre ""Hollande et sa bande"" chez les élus UMP"
Un sénateur de l'opposition a déclaré devant les autres parlementaires de son parti, avoir développé un "instinct meurtrier" depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande.
Des propos du sénateur UMP Eric Doligé, déclarant avoir "un instinct meurtrier" car il "ne supporte plus Hollande et sa bande", et la réponse de son collègue Jean-Claude Gaudin ont provoqué mardi l'indignation d'élus socialistes, qui réclament leur exclusion de l'UMP. Selon un enregistrement diffusé par le site Le Lab Europe 1, Eric Doligé, sénateur du Loiret, a déclaré mardi, lors de la journée parlementaire UMP qui s'est tenue à l'Assemblée nationale : "Moi, je dois vous dire que j'ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des citoyens, moi, je ne supporte plus Hollande et sa bande !" Un peu plus tard, le sénateur a ajouté : "Il faudrait qu'on évite de se tirer dessus entre nous et qu'on fasse tout pour tirer plutôt... enfin, moi, j'ai une liste de gens que je peux vous donner, sur qui il faut tirer, hein. Il y en a une quarantaine, c'est tous ceux du gouvernement." Son intervention provoque quelques rires dans la salle, et le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lâche : "Je peux donner les kalachnikovs !" CARLOTTI RÉPOND : "JE CRAINS DÉGUN" Mercredi, en début d'après-midi, Marie-Arlette Carlotti, ministre chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, mais aussi candidate à la mairie de Marseille, a répondu à cet "instinct meurtrier" par un tweet adressé à Jean-Claude Gaudin proclamant "Je crains dégun" ("je ne crains personne"), agrémenté d'une photo de la ministre exibant un gillet pare-balle. Dans un communiqué, le courant socialiste de la Gauche forte, animé par le député Yann Galut et la sénatrice Patricia Schillinger "condamne avec la plus grande fermeté de tels propos qui confirment la tendance de l'UMP à adopter les discours les plus antirépublicains". "Non seulement ces propos sont un appel à la violence, mais ils révèlent l'irresponsabilité d'élus, représentant le peuple et qui devraient normalement accepter le jeu démocratique". "Les Français ont élu François Hollande président de la République, les parlementaires UMP se doivent de respecter ce choix. Les élus républicains, dans l'opposition ou non, se doivent de respecter les institutions garantes de leur propre légitimité. La Gauche forte attend de la part de l'UMP une réponse ferme et proportionnée à la gravité de la situation qui doit être l'exclusion d'Eric Doligé et de Jean-Claude Gaudin du parti".
"2013-09-25T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/09/25/ump-instinct-meurtrier-et-kalaschnikov-contre-hollande-et-sa-bande_3484003_823448.html
Les tontons flingueurs du médicament
Avec leur "Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux", Philippe Even et Bernard Debré savaient qu'ils feraient polémique.
Philippe Evin et Bernard Debré (septembre 2012). Bruno Fert/Picturetank pour Le Monde Ils sont omniprésents sur les plateaux télé, les radios, en "une" des magazines... Depuis dix jours, les professeurs Philippe Even et Bernard Debré assurent une promotion quasi hollywoodienne de leur ouvrage commun, le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux (Cherche Midi, 905 p., 23,80 €). Ce pavé donne un nouveau coup de pied dans la fourmilière du monde du médicament, encore secoué par le scandale du Mediator. Le diagnostic de ces deux procureurs du système de santé est sans appel : 50 % des médicaments sont inutiles et 5 % "potentiellement très dangereux". Ils tirent à boulets rouges sur l'Etat, ses agences, l'industrie pharmaceutique, les médecins et même les patients, souvent "malades imaginaires" qui "achètent ces molécules [...] sans même regarder les factures, carte Vitale à la main". Le livre caracole en tête des ventes et a déjà été réimprimé. Dans le milieu médical beaucoup s'agacent, voire s'indignent. Du contenu, autant que de la personnalité des auteurs. Le plus souvent sous couvert d'anonymat, leurs collègues hospitaliers se lâchent : "Les papys du "Muppet Show"", ainsi qu'ils les ont rebaptisés (80 ans pour Philippe Even, 67 ans pour Bernard Debré) sont "hors de leur domaine de compétence" (le premier a surtout fait de la pneumologie, le second est urologue). Ils commettraient de "grossières erreurs", sans compter "leurs casseroles". "GRIPPETTE" On reproche à Bernard Debré de cumuler les activités, médicales et politiques (il est député UMP de Paris), et de papillonner d'un sujet médiatique à l'autre, tout en concédant que son diagnostic de "grippette" lors de la pandémie due au virus H1N1, en 2009, s'est révélé pertinent. Mais, c'est surtout Philippe Even qui cristallise les critiques : prototype du mandarin, nombre modeste de publications scientifiques personnelles (moins de cent et beaucoup dans des revues nationales), négation des dangers du tabagisme passif... Sans oublier son implication dans le fiasco de la ciclosporine. En octobre 1985, le futur doyen de la faculté Necker tenait en effet une conférence de presse avec deux confrères au ministère de la santé pour annoncer qu'après expérimentation sur deux patients, ils avaient, avec la ciclosporine, "un espoir raisonnable de guérison du sida", comme le rappelle le site DocBuzz, qui consacre une enquête à Philippe Even. Vingt-sept ans après, l'intéressé assume cet épisode en renvoyant au contexte d'urgence de l'époque. De même qu'il balaye les critiques sur sa légitimité en soulignant qu'il a été professeur de thérapeutique et membre de la commission d'autorisation de mise sur le marché des médicaments. "Je suis un psychopathe, ironise-t-il. Depuis 1960, je lis intégralement chaque semaine les dix ou vingt plus grandes revues médicales internationales. J'annote et je classe. Je suis impossible à déstabiliser parce que ceux qui me critiquent n'en font pas autant." En 1990, Philippe Even a créé l'Institut Necker. Il reconnaît volontiers que cette association a été une "pompe à fric" pour la faculté Necker. Grâce aux capitaux saoudiens, un bâtiment dévolu à la recherche a été construit. Aujourd'hui, en compagnie de Bernard Debré, vice-président du même centre de recherche, il évoque "l'histoire d'une amitié". Ils auraient pu être frères ennemis : l'un médecin et de gauche ; l'autre chirurgien et de droite. Ils sont très proches. "Philippe est un immense travailleur qui m'entraîne et me force à réfléchir. Nous avons une très grande fusion intellectuelle", souligne Bernard Debré. "Mon père était chef de clinique chez le grand-père de Bernard, Robert Debré", s'amuse Philippe Even. "MOUCHE DU COCHE" Portés par "le même sentiment de révolte", les "tontons flingueurs" de la médecine se voient une fois par semaine depuis plus de dix ans pour "refaire le monde". "Ce livre [leur quatrième en commun] est l'aboutissement de nos discussions, raconte l'urologue. Philippe a travaillé comme un fou. Moi, j'ai joué la mouche du coche. Parfois, comme à propos des statines [molécules anticholestérol], je me demandais si nous n'allions pas trop loin. Philippe me donnait alors des documents pour me convaincre". Principal rédacteur du Guide, Philippe Even revendique leur jusqu'au-boutisme : "J'ai la méchanceté dans la plume, pas dans la vie." Le numéro des duettistes est au point. Quand l'un est attaqué, l'autre se dresse pour le défendre. Quand l'un est nommé quelque part, il impose l'autre. Ainsi, lorsque Bernard Debré a été rapporteur à l'Assemblée nationale sur le budget de la recherche, il a conduit ses auditions en tandem avec Philippe Even. Vis-à-vis du Guide, les médecins généralistes paraissent plus pondérés que leurs confrères hospitaliers. "Au départ, j'ai été irrité par leurs approximations et leurs personnalités tonitruantes, mais au final le bilan est plutôt positif, résume le docteur et blogueur Dominique Dupagne. Leur guide n'est pas un ouvrage scientifique, c'est un pamphlet qui permet de poser beaucoup de bonnes questions et de forcer les gens à réagir. Au quotidien, cela va faciliter la non-prescription, qui est un art difficile." Président du Collège national des généralistes enseignants, le professeur Vincent Renard concède que "sur le fond, leur entreprise est salutaire et le message global pertinent. Mais les raccourcis et les incohérences nuisent à l'objectif et à la crédibilité de l'ouvrage. C'est déstabilisant pour les patients mais aussi pour les internes en médecine générale qui aujourd'hui, dans les facultés, travaillent beaucoup sur les rapports bénéfice/risque des médicaments", estime-t-il. INIMITIÉS "Nos prises de positions sur les médicaments et les médecins que nous avons dénoncés nous valent quelques inimitiés. Cela m'a coûté le non-renouvellement de mon poste de consultant à l'hôpital Cochin", assure Bernard Debré, qui se console toutefois de conserver son poste de chef de service d'urologie à Shanghaï. Mais les deux compères jubilent comme des gamins en constatant le "bazar" qu'ils ont mis avec leur nouveau brûlot, dont le succès dépasse les frontières : des demandes de traduction ou d'adaptation arrivent de partout (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Italie, Espagne et même Pérou !). Leur objectif est atteint : "réveiller les médecins et informer les décideurs" en dénonçant, calculs à l'appui, la gabegie du système au moment où il faut faire des économies. S'ils fustigent "les dérives de l'industrie pharmaceutique depuis vingt ans", ils réservent leur charge la plus rude aux autorités publiques. "L'Etat aurait dû constituer un groupe de travail il y a trente ans pour écrire un tel guide des médicaments à l'usage des malades et des médecins", assène Philippe Even. Il va rédiger la préface du prochain livre de Christian Lajoux, président du LEEM, le syndicat de l'industrie pharmaceutique. "C'est plus facile de discuter avec lui qu'avec les représentants de l'Etat", s'amuse-t-il La nouvelle Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui a pris la relève de l'Afssaps, éclaboussée par le scandale du Mediator, trouve quelque grâce aux yeux du duo. "Elle va s'améliorer, mais ce sera lent, vu les lourdeurs du passé, le manque de moyens de la pharmacovigilance et le retard dans son informatisation. Même après le Mediator, je crains des accidents sérieux dans la pharmacovigilance", s'émeut Philippe Even. Paul Benkimoun et Sandrine Cabut
"2012-09-20T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/09/20/les-tontons-flingueurs-de-la-pharmacie_1763262_1650684.html
Procès Merah : « Votre frère, c’était un bon ou un mauvais musulman ? »
Les échanges ont été très tendus, mardi, au deuxième jour d’audience. Le grand frère du tueur risque la perpétuité pour complicité d’assassinats.
Le président de la cour a tenté sa chance en ouvrant le procès Merah par ces mots, lundi 2 octobre : « La justice a besoin, pour être rendue dans les meilleures conditions, de calme. » Devant les « faits terribles » sur lesquels il fallait se pencher – sept crimes commis par Mohamed Merah contre des militaires et des juifs, en mars 2012, à Montauban et à Toulouse –, Franck Zientara avait émis le souhait de voir régner « un climat apaisé et de dignité ». Une heure après, la dignité volait déjà en éclats, la mère d’Abdelkader Merah essuyant des insultes venues des rangs des familles des victimes, avant d’aller elle-même expliquer aux caméras que « c’est vrai que ce que Mohamed a fait, c’est pas bien, (…) mais il est mort, on ne va pas juger une autre personne qui n’a rien fait ». Mardi, les accrochages ont été vifs au second jour du procès du grand frère du tueur, qui risque la perpétuité pour complicité d’assassinats. Les interventions incessantes de son avocat, Me Eric Dupond-Moretti, ont ulcéré ceux des parties civiles, qui lui ont reproché de faire « la police de l’audience ». Séance suspendue, convocation dans le bureau du président pour une mise au point, avant une reprise des débats… tout aussi houleuse. Parcours chaotique Autre vœu irréalisable qu’avait, d’emblée, formulé Franck Zientara : « L’unique objet de ce procès est de déterminer si les accusés sont coupables des faits qui leur sont reprochés. » Dès le deuxième jour d’audience, il est apparu qu’il s’agissait de plus que ça, lors du long interrogatoire sur la personnalité d’Abdelkader Merah au moment de l’évocation de son parcours chaotique. Le président a rappelé que l’accusé avait été surnommé « Ben Ben », référence à sa fascination pour Ben Laden après les attentats du 11-Septembre ; il a égrené le casier judiciaire de l’accusé (cinq condamnations, dont deux pour violences sur ses frères Abdelghani et Mohamed), mais aussi certaines de ses turpitudes avec un souci parfois très poussé du détail, en mentionnant sa consommation de whisky par le passé, ou le fait de s’être fait remettre une barre chocolatée lors d’un parloir en prison, ce qui a fait exploser Me Dupond-Moretti : « Parler d’une barre de chocolat dans une affaire dont vous avez dit qu’il s’agissait de faits terribles, franchement… » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Terrorisme : le procès Merah sans Merah Dernière promesse ambitieuse annoncée par le président de la cour, mardi matin : « La question de l’engagement religieux d’Abdelkader Merah ne sera pas abordée aujourd’hui mais le 13 octobre. » Raté. Avec dix jours d’avance, le thème est déjà au cœur des débats. « Est-ce que ça fait une différence de tuer au nom de l’islam un musulman ou un juif ? » « Votre frère, c’était un bon ou un mauvais musulman ? » « Mohamed repose-t-il en enfer ou au paradis aujourd’hui ? » Marié par téléphone « Je ne sais pas ce qu’on exige de vous, s’agace Me Dupond-Moretti, peut-être que vous crachiez sur votre frère, car sinon, c’est que vous êtes complice. » « Je l’aimerai toute ma vie, mais bien sûr que je condamne les actes de mon petit frère », dit Abdelkader Merah. Celui-ci « ne nie pas son engagement religieux, expose son avocat. Il nie le syllogisme disant : “Vous êtes son frère, vous avez les mêmes opinions religieuses, donc vous étiez forcément au courant.” ». Le ton est aux reproches lorsque les avocats des parties civiles, l’avocat général et parfois même le président évoquent l’islam rigoriste de l’accusé. Ils pointent les moins fréquentables de ses accointances (les gourous islamistes Fabien Clain et Olivier Corel), et lui demandent pourquoi il n’écoute pas de musique, ou pourquoi il s’est marié par téléphone – comme l’y autorise l’islam, assure-t-il –, et non civilement. Lire aussi Affaire Merah : les leçons tardives du renseignement Me Dupond-Moretti ramène le débat sur le plan juridique, en s’adressant à son client, qui se dit « fier d’être français, et fier d’être musulman » : « Ce qu’ils veulent vous faire dire, c’est que la loi religieuse est supérieure à la loi de la République. C’est peut-être votre conception des choses, à vrai dire je m’en moque. Etre un islamiste, radical, salafiste, et j’ajouterais même, de la pire espèce, est-ce qu’à votre connaissance c’est interdit par la loi ? Est-ce que, quand on est un islamiste radical jusqu’au-boutiste, on est un assassin ? – Pas du tout. – C’est ce qu’on vous reproche. – J’avais compris. »
"2017-04-10T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/10/04/proces-merah-votre-frere-c-etait-un-bon-ou-un-mauvais-musulman_5195966_1653578.html
Nuages sur l'Hexagone
Pourquoi revisiter les grands classiques français - c'est le concept du restaurant de Mathieu Pacaud - , alors qu'il est tout aussi plaisant de les visiter ?
Déco soignée, assiettes convenables, pourtant les classiques revisités par Mathieu Pacaud sonnent parfois faux. François Simon C'est toujours risqué pour un chef d'aller en salle pendant le service. Surtout lorsque les entrées tardent à venir. En fait, ce n'est pas tellement sa place. Comme le client qui s'inviterait en cuisine. Imagine-t-on le conducteur d'une locomotive se rendre dans les wagons pour demander si tout va bien ? C'est un peu l'impression qu'on a en voyant Mathieu Pacaud se promener en salle de son tout nouveau (et deuxième) restaurant, logé dans l'entresol des résidences Les Citadines, avenue Kléber, à Paris. Certes, le drapé de son long tablier blanc est sexy, dégageant l'arrière du pantalon, le dessin d'élégants souliers. Le visage est avenant dans ses boucles et son inquiétude. Est-ce que ça va ? C'est bon ? C'est chaud ? C'est assez cher ? On pourrait poser longuement des questions. Mais, que je sache, la cuisine se fait en cuisine, et même dans son restaurant. Or ce chef, comme une tripotée d'autres au demeurant, possède une autre adresse, celle-ci somptueuse, place des Vosges. Elle s'appelle L'Ambroisie. Son papa, l'illustre Bernard Pacaud, la propulsa au sommet du genre avec une cuisine subtilement classique. Par capillarité, le fiston, grâce à l'étrange (quoique compréhensible) mansuétude du Michelin, récupéra les étoiles. Bien. Comme beaucoup de ses collègues, admirablement lotis et hautement distingués, il ne peut s'empêcher d'aller voir ailleurs s'il y est. Certes, on y est bien, souvent, mais que dirait-on d'un médecin généraliste qui ouvrirait plusieurs cabinets dans Paris, enfourcherait son scooter et foncerait d'une adresse à l'autre ? Pourquoi revisiter les grands classiques français (c'est le concept), alors qu'il est tout aussi plaisant de les visiter ? Certes, l'assiette virevolte convenablement avec un brillant filet de maigre de Corse à la marinière et légumes de saison ; le vol-au-vent volette dignement avec ses champignons boutons et sa chlorophylle de persil. La question fondamentale revient, toujours la même : y retournera-t-on ? La réponse tombe naturellement : ben, non. Décoration soignée, assiettes convenables, pourtant les classiques revisités par Mathieu Pacaud sonnent parfois faux. François Simon Place de choix : Dans un décor très graphique dessiné par Patrick Gilles et Dorothée Boissier, les tables bénéficient d'un bon espacement. Celle dans l'entrée à droite, n'est pas mal ; la seconde salle également a ses atouts. Dommage : La modernité d'un plat n'est pas toujours impérative, surtout lorsque l'original (le mont-blanc en dessert) garde toute sa magie dans sa scénographie initiale. Le déstructurer appartient à la fausse novation ambiante. A emporter : L'idée de regoûter à de jolis classiques, comme le vol-au-vent de volaille, ici déroulé avec ris de veau. La douce paix des plats de la nostalgie. Passage à l'acte : Hexagone, 85, av. Kléber, Paris 16e. Tél. : 01-42-25-98-85. Fermé dim. et lundi. Hexagone-paris.fr. Décibels : 68 db. Bruissement appliqué très 16e. Mercure : 20 °C, paisible maîtrise technologique. Addition : Menus à 49 € au déjeuner ; 90 € le soir, 180 € pour les associations avec les vins. Un peu très cher tout de même. Minimum syndical : Le menu au déjeuner (49 €), ou un plat direct à la carte (de 28 € à 35 €). Verdict : Humm, à votre avis ?
"2015-01-30T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2015/01/30/nuages-sur-l-hexagone_4565777_4497319.html
Présidentielle américaine : le scénario cauchemar
Dernier virage avant la ligne droite. Les équipes des deux candidats se préparent à toutes les éventualités, comme une égalité parfaite entre Barack Obama et Mitt Romney, voire une cohabitation.
Des partisans du président Obama, à Boulder dans le Colorado, tenant un panneau appelant à voter, le 1 novembre 2012. REUTERS/LARRY DOWNING A quatre jours de l'élection, la campagne américaine est tellement indécise que certains se mettent à évoquer la possibilité d'une catastrophe institutionnelle. Time et le New York Times évoquent la possibilité d'un imbroglio comparable à celui de l'élection de George W. Bush en 2000, une égalité au collège électoral, voire un cas de figure quasi inédit qui verrait le républicain Mitt Romney élu à la présidence et le démocrate Joe Biden reconduit dans ses fonctions de vice-président. Mardi, les Américains qui ne l'ont pas fait par anticipiation voteront pour élire leur président. Dans la pratique, ils choisissent les 538 membres du collège électoral qui éliront ensuite formellement le président et le vice-président des Etats-Unis. Ce système de suffrage indirect est un héritage des "pères fondateurs" des Etats-Unis, qui voulaient un compromis entre une élection de l'exécutif par le Congrès et au suffrage direct. Le collège électoral a été instauré en 1804 par le 12e amendement à la Constitution. Les 50 Etats sont représentés par 538 grands électeurs – des élus locaux, en général –, soit le même nombre que les parlementaires (100 sénateurs et 435 représentants). Le district de Columbia, qui englobe la capitale, Washington, n'a pas de représentant doté d'un droit de vote au Congrès, mais compte trois grands électeurs depuis 1961. Pour être élu, le candidat doit recueillir les suffrages de 270 grands électeurs. Le nombre des grands électeurs pour chaque Etat dépend de son poids démographique, évalué lors des référendums, le dernier remontant à 2010. Chaque Etat dispose au moins de trois grands électeurs. Les grands électeurs se réunissent dans la capitale de chaque Etat pour élire le président et le vice-président, le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre, soit, pour 2012, le 17 décembre. Le collège ne se réunit pas au niveau fédéral. La Constitution n'oblige pas les grands électeurs à respecter le vote populaire, mais certains Etats leur demandent toutefois de s'y engager. La répartition des voix n'étant pas totalement proportionnelle, il reste un risque de décalage entre le vote populaire et la composition du collège électoral. A lire : "La présidentielle américaine se joue dans l'Ohio" Et aussi : "Swinging USA : pour qui penche l'Ohio ?" Nate Silver, sur le blog FiveThirtyEight (consacré aux sondages et aux statistiques) du New York Times estime à 10 % les risques d'un nouveau décompte comme en 2000 et à 0,4 % celui d'un match nul qui verrait les deux candidats obtenir 269 grands électeurs chacun [estimations disponibles dans la colonne de droite, dans la partie appelée "Scenario Analysis"]. Dans ce cas, le vainqueur serait désigné par un vote à la Chambre des représentants, où les républicains ont des chances de rester majoritaires après le 6 novembre. Mitt Romney serait donc élu à la présidence. Mais son vice-président doit être désigné par le Sénat. Les démocrates y sont majoritaires et pourraient le rester. Joe Biden l'emporterait alors sur Paul Ryan. : TROIS ÉLECTIONS QUI ONT FAIT EXCEPTION Le commentateur politique Charlie Cook exlique que l'histoire des élections montre que le vote populaire et le vote au collège électoral vont généralement dans la même direction : c'est ce qui s'est passé dans 53 des 56 élections présidentielles américaines. Il reste les trois exceptions. En 1800, l'élection présidentielle, qui a duré plusieurs moi,s a vu s'affronter cinq candidats : le sortant, John Adams, le vice-président sortant Thomas Jefferson, Aaron Burr, John Jay et Charles Cotesworth Pinckney. A l'issue du scrutin, le collège électoral donna un nombre égal de voix (73) à Jefferson et Burr, suivis d'Adams (65), de Pinckney (64) et de Jay (1), obligeant la Chambre des représentants à décider qui serait le président. Elle se réunit pour se prononcer le 11 février 1801, et après 36 tours de scrutin, le 17 février, Jefferson devança d'une voix son rival Burr et fut élu président, Aaron Burr devenant son vice-président. L'élection de 1824 vit s'affronter quatre candidats : John Quincy Adams, fils de John Adams [l'un des pères fondateurs, premier vice-président des Etats-Unis et deuxième président], le général Andrew Jackson et deux autres candidats, Henry Clay et W. H. Crawford. Le vote populaire donna l'avantage à Jackson, avec 153 544 voix, suivi par J. Q. Adams (108 740), Clay (47 531), et Crawford (40 856). Malgré sa très nette avance, Andrew Jackson n'obtint pas la majorité dans le collège des électeurs (99 votes contre 83 pour le fils de John Adams). La Chambre des représentants se réunit une nouvelle fois pour nommer le président, et son choix se porta sur J. Q. Adams, lequel fut battu en 1828 par Andrew Jackson. Dans deux autres cas, lors de scrutins contestés, les présidents ont dû leur élection à une majorité obtenue dans le collège des grands électeurs, pas dans le vote populaire. En 1860, Abraham Lincoln est élu (1 866 452 de voix et 180 grands électeurs) après avoir affronté trois candidats réunissant plus de voix que lui (John C. Breckinridge : 847 953 voix ; John Bell : 592 906 voix ; Stephen A. Douglas : 1 382 713). En 1912, Woodrow Wilson remporta une élection triangulaire (6 293 454 de voix et 435 grands électeurs) face à Theodore Roosevelt (4 119 207 et 88 grands électeurs) et William H. Taft (3 483 922 voix et 8 grands électeurs). En 2000, le démocrate Al Gore avait remporté le scrutin populaire (50 996 582 voix) devant George W. Bush (50 456 062) au niveau national. Mais en perdant la Floride sur un arrêt de la Cour suprême, qui avait refusé un nouveau décompte des voix, il n'obtint que 266 voix au collège électoral contre 271 pour George W. Bush. La bataille juridique engagée en Floride par les deux camps dura jusqu'à la mi-décembre, lorsque la Cour suprême des Etats-Unis stoppa les nouveaux décomptes des suffrages exprimés dans le Sunshine State et consacra la victoire de George Bush. L'âpreté du conflit a laissé des traces profondes dans la classe politique américaine et contribué à une crispation partisane entre républicains et démocrates au niveau fédéral comme au niveau des Etats. UN SEUL EXEMPLE DE COHABITATION Quant à une cohabitation entre un président et un vice-président, on n'en trouve qu'un exemple dans l'histoire des Etats-Unis. C'était en 1796. John Adams, candidat fédéraliste, était arrivé en tête et avait été désigné président, avec 71 voix au collège électoral. Arrivé second, avec 68 voix au collège électoral, le "républicain-démocrate" Thomas Jefferson avait accédé à la vice-présidence et consacré son mandat à critiquer les politiques de John Adams. Leur duel a donné naissance au douzième amendement à la Constitution, qui a fixé les procédures électorales à partir de 1804 et créé le "ticket" formé par un candidat à la présidence et un candidat à la vice-présidence appartenant au même camp. Depuis 207 ans, ce mécanisme a évité que l'administration fédérale ne soit divisée. On saura début novembre s'il fonctionne toujours. Si la présidentielle 2012 suit un chemin identique, la paralysie politique aurait sans doute des répercussions sur le climat économique aux Etats-Unis, où se profile, à défaut d'accord entre le Congrès et la Maison Blanche sur le budget fédéral, le "mur budgétaire", avec des coupes mécaniques dans les dépenses de l'Etat et des augmentations tout aussi mécaniques des charges, à hauteur de 600 milliards de dollars. Les équipes de campagne d'Obama et de Romney ont recruté des avocats pour se préparer à tout litige post-électoral dans un contexte déjà passablement tendu de contestation des règles électorales dans une dizaine d'Etats. Pierre Bouvier
"2012-02-11T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/11/02/7-novembre-le-scenario-cauchemar_1782458_829254.html
Syrie : une élection pour empêcher toute transition
Bachar Al-Assad est assuré d’un troisième mandat à l’issue du scrutin présidentiel du 3 juin, qui a démarré tôt mardi matin.
A Damas, le 1er juin. AFP/JOSEPH EID Qui l'eût cru ? Trois ans après le début de la révolution syrienne, Bachar Al-Assad s'apprête à être reconduit pour un troisième mandat d'affilée à la tête de l'Etat syrien. Le bourreau de millions de familles, endeuillées, exilées ou déplacées, devrait hériter d'un nouveau titre de président, à la faveur du scrutin sur mesure organisé, mardi 3 juin, dans les zones sous le contrôle de son armée. Les bureaux de vote ont ouvert tôt le matin dans les zones du pays contrôlées par le régime. Mais que le chef de l'Etat soit cette fois sacré par le biais d'une élection et non par le truchement d'un plébiscite référendaire, la pratique instituée par son père, Hafez Al-Assad, dans les années 1970, ne change rien à l'affaire. Dans la digne tradition familiale, tout a été fait pour verrouiller par avance le résultat du vote. La notoriété quasi nulle des deux autres concurrents – Maher Al-Hajjar, un parlementaire alépin, et Hassan Al-Nouri, un entrepreneur qui fabrique du cirage – les réduit au rôle de faire-valoir du président sortant. Voir aussi : Bachar Al-Assad vote à Damas Interrogé mardi 3 juin sur France 2, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déploré une « farce tragique ». « Les Syriens – et encore, les Syriens uniquement dans les zones gouvernées par le régime – ont le choix entre Bachar et Bachar. [...] C'est n'importe quoi. La réalité, c'est qu'on connaît déjà les résultats avant que ce ne soit commencé », a accusé M. Fabius. « “BUNKERISATION” DU RÉGIME » Les délégations d'observateurs chargées de superviser le scrutin proviennent de pays alliés à Damas, aux traditions démocratiques incertaines (Iran et Russie, mais aussi Ouganda, Venezuela, Tadjikistan…), ce qui garantit leur docilité. Enfin, la peur de représailles en cas d'abstention devrait suffire à garnir les bureaux de vote, comme l'ont prouvé les bousculades devant l'ambassade de Syrie au Liban, le jour du vote des Syriens de l'étranger. Cette consultation en trompe-l'oeil ne s'adresse donc pas à la population syrienne, pas même à ceux qui renvoient régime et rébellion dos à dos. Elle est menée en direction de l'opinion publique et des responsables occidentaux, comme un élément d'une stratégie de communication, visant à décourager toute initiative hostile à Bachar Al-Assad. « Cette élection, c'est un message du régime à la communauté internationale qui consiste à dire “Oubliez tout espoir de transition démocratique, la seule solution au conflit, c'est notre solution” », décrypte Michel Kilo, une figure de l'opposition libérale. « Ce scrutin est le prolongement politique de l'offensive militaire en cours, une manière de fermer la porte à tout plan de paix, une fuite en avant dans la “bunkerisation” du régime et la sanctuarisation de la Syrie utile », renchérit un diplomate français. A Damas, le 1er juin. AFP/JOSEPH EID Les retombées de cette démonstration de force risquent d'être maigres. Le pouvoir syrien a, certes, marqué un point avec la démission de Lakhdar Brahimi, le médiateur de l'ONU, parrain des deux sessions de négociations organisées cet hiver à Genève, qui avaient placé le régime dans une position inconfortable. En annonçant la candidature de Bachar Al-Assad au scrutin présidentiel, le régime peut se targuer d'avoir mis le dernier clou au cercueil du plan de paix que portait ce diplomate algérien. Négocié sur les bords du lac Léman, en 2012, entre Russes et Américains, ce texte appelait à la formation d'un gouvernement d'unité, doté de tous les pouvoirs exécutifs, ce qui revenait à mettre le président sur la touche. Lire l'entretien avec Michel Kilo : « C'est comme si Hitler avait organisé une élection en 1944 » Mais le fait d'avoir privé les diplomates occidentaux de cet outil ne les a pas rendus plus sensibles à l'argumentaire de Damas. Les entretiens hautement médiatisés que le président américain Barack Obama et son homologue français François Hollande ont récemment accordés à Ahmed Jarba, le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), la principale plateforme anti-Assad, visaient à dissiper toute ambiguïté. « PARODIE DE DÉMOCRATIE » Réuni à Londres le 15 mai, pour la première fois depuis l'échec des discussions de Genève, le groupe des « Amis de la Syrie », qui rassemble les principales puissances occidentales et leurs alliés arabes, n'a pas hésité à qualifier l'élection de « parodie de démocratie ». Même ceux que l'on appelle les « opposants de l'intérieur », qui sont basés à Damas et qui défendent des positions moins tranchées que la CNS, n'ont pas cédé aux sirènes du régime. A l'image de Louay Hussein, un dissident de gauche, critique de la militarisation du soulèvement, tous ont appelé au boycottage de l'élection. Il n'y a que sur le terrain militaire que le régime enregistre quelques succès. Ces derniers mois, ses troupes, épaulées par le Hezbollah, ont avancé, notamment au nord de Damas, dans l'espoir de reconstituer le glacis sécuritaire de la capitale. Mais ces dernières semaines, dans la région d'Idlib (nord) et de Deraa (sud), les brigades rebelles ont également progressé, en dépit d'incessants bombardements. Davantage qu'à une reconquête irrésistible des loyalistes, leitmotiv de la propagande du régime, on assiste à une consolidation de chacun des camps, y compris celui des djihadistes, bien implanté dans le nord-est du pays. Dans la guerre d'usure en cours, le plébiscite du 3 juin sera vite oublié.
"2014-02-06T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2014/06/02/syrie-une-election-pour-empecher-toute-transition_4430181_3210.html
Sète dévoile la création de jeunes artistes des Caraïbes
Le Musée international des arts modestes de la cité languedocienne confronte des oeuvres à une série d'objets et images dits populaires.
A Sète, le Musée international des arts modestes (MIAM) aime poser des questions inattendues. "Existe-t-il un art lié au monde des narcotrafiquants ?", se demandait-il, il y a quelques années, avant de s'interroger sur les mythologies du surf. Et cet été : que se crée-t-il dans les Caraïbes ? La réponse est dans une exposition - en fait deux en une - qui a déjà été montrée au Little Haïti Cultural Center de Miami, l'hiver dernier. On écrit deux en une car le commissaire de "Global Caraïbes", l'artiste haïtien Edouard Duval-Carrié, a ajouté, à une sélection d'artistes actuels nés dans ces îles, une partie de la collection qu'il a consacrée aux objets et images dits populaires et liés pour la plupart au vaudou. Se trouvent rapprochés des instruments cultuels ou magiques et des oeuvres qui témoignent de la connaissance que leurs auteurs ont des créations anonymes contemporaines. Le regard se porte sur les vitrines où Duval-Carrié a disposé des bouteilles et des calebasses parées d'étoffes, de petits reliquaires ornés de perlages et des poupées transformées en divinités par l'adjonction de sequins. Quand il se relève, il voit, un étage plus bas, les trois gigantesques figures que Hew Locke, venu de Guyane britannique, a fabriquées en accumulant des jouets et des fleurs en plastique. De près, on admire la dextérité de Locke : il place des modèles réduits de dinosaures de manière à ce que leurs queues deviennent les cornes de ses statues. De loin, on perçoit l'abondance des couleurs, et ce que ces créatures fantastiques ont de génies protecteurs. Un peu plus tôt, en pénétrant dans l'exposition, on a longé le mur que le Haïtien André Eugène a tapissé de silhouettes découpées dans des pneus. Cornues, fourchues, griffues, hurlantes, elles sont les soeurs de celles que des forgerons ont découpées et soudées en fer pour servir à des cérémonies. RELIQUAIRES BRICOLÉS C'est l'une des forces de l'exposition que de donner à percevoir ces proximités entre art savant et art populaire. Tous deux martiniquais, David Damoison photographie des peintures murales religieuses qui ont la simplicité et la présence de fresques romanes et Alex Burke aligne des poupées faites d'étoffes récupérées, proches de ce que les ethnologues du XIXe siècle nommaient dédaigneusement des fétiches. Jamaïcain, Arthur Simms assemble des débris de toutes sortes - skateboard, vélos, jerrycans, pots de verre - en tissant autour d'eux un filet de ficelles croisées et nouées. Ainsi obtient-il à son tour des reliquaires bricolés, reliquaires pour le temps présent fabriqués d'une façon archaïque. L'adéquation entre le procédé, les matériaux et les références est parfaite. Pour autant, ce serait simplifier à l'excès que définir la création caribéenne par des survivances ou des références religieuses. L'exposition ne tombe pas dans ce travers. Si elle s'ouvre sur les démons noirs d'André Eugène, elle leur juxtapose les acryliques sucrées et glacées de la peintre haïtienne américaine Vickie Pierre, qui, sous un faux air de décorations florales, développe jusqu'à la nausée et sur fond rose les équivoques d'une ligne sinueuse qui peut dessiner aussi bien des organes, des îles, des plantes ou des draperies. Issues d'une culture pop, les combinaisons d'images de Nicole Awai ou de Gustavo Peña rappellent que ni Trinidad ni la Dominique - leurs îles natales - n'ont été épargnées par le flux de la publicité, de la BD et des télévisions nord-américaines. Plus cruellement, -Joscelyn Gardner lithographie les schémas des instruments de torture en usage dans les plantations - collets, entraves, chaînes. Ils servaient au XVIIe siècle dans une propriété de la Jamaïque, Egypt Estate. Or, la famille créole de l'artiste est installée à la Barbade depuis ce même siècle - et l'on suppose les sous-entendus autobiographiques de tels dessins, imprimés sur une matière plastifiée blanche qui en accentue la froideur. De manière inattendue et dans une forme tout autre - des assemblages de bois découpés, peints, collés ou cloués -, on retrouve cette même mémoire de la douleur et cette même ironie qui suscitent le malaise dans les quatre hauts reliefs polychromes d'Hervé Télémaque, qui ont été très justement ajoutés à la version originale de l'exposition. Télémaque, né à Haïti, n'a en effet jamais omis de rappeler quels avaient été les premiers rapports entre l'Europe et les Caraïbes : la traite et l'esclavage. "Global Caraïbes". Musée international des arts modestes. 23, quai du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Sète (Hérault). Tél. : 04-99-04-76-44. 5 €. Tous les jours, de 9 h 30 à 19 heures, jusqu'au 30 septembre ; du mardi au dimanche de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, jusqu'au 17 octobre. Philippe Dagen et Philippe Dagen
"2010-08-20T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/08/20/sete-devoile-la-creation-de-jeunes-artistes-des-caraibes_1400984_3246.html
Chèque en bois: quel devoir de conseil de la banque ?
Myriam demande à plusieurs reprises à son conseiller de la Caisse d’épargne si le chèque qu’elle a déposé est bien approvisionné. Il répond à chaque fois que oui, si bien qu’elle le dépense. Or le chèque est rejeté au bout de 14 jours.
Myriam X., 30 ans, sans emploi, s'inscrit sur un site de casting. Le 19 février 2016, elle est contactée par un certain Raymond Taylor, qui lui propose de faire des séances de photos à Londres. Ils échangent un certain nombre de courriels, au terme desquels il lui indique qu'il va lui envoyer un chèque de 10 000 euros, qu'elle devra déposer sur son compte. . Il ajoute qu'elle devra ensuite faire un virement de 7900 euros à un tiers, censé prendre en charge ses frais d'avion, d'hôtel, de maquillage ou de tenues.... Il s'agit là d'un grand classique de l'arnaque, le premier chèque n'étant, en général, pas approvisionné, mais Myriam l'ignore. Le 10 mars 2016, la jeune femme reçoit le chèque de 10 000 euros, émanant de la Wells Fargo Bank. Le 15 mars 2016, elle se rend à son agence de la Caisse d'épargne, et s'entretient avec son conseiller, Bruno Y. Selon sa version des faits, elle lui raconte toute l'histoire, lui remet une copie du contrat envoyé par Raymond Taylor, et lui demande si le chèque est falsifié. Il lui répond que le chèque lui paraît conforme, et procède à son encaissement. Le montant de 10 000 euros est immédiatement porté au crédit de son compte, « sous réserve d'encaissement ». . . Virement à l'étranger Le 18 mars 2016, Raymond Taylor demande à Myriam de faire un virement de 7 900 euros au tiers, un certain M. Sopkewo. Le 22 mars 2016, elle tente de faire le virement depuis son compte en ligne, mais n'y parvient pas. Elle appelle Bruno Y, qui lui indique que, pour des raisons de sécurité, les virements à l'étranger sont limités à 5 000 euros, et qu'elle doit passer à l'agence. Elle s'y rend, mais l'employée du guichet ne souhaite pas prendre cette responsabilité. C'est donc Bruno Y qui s'en charge, après avoir confirmé à Myriam, selon celle-ci, que le chèque de 10 000 euros est bien « approvisionné ». Myriam transmet à Raymond Taylor la preuve du virement, et lui demande de lui préciser les dates de la séance photos. Il ne répond plus. Le 24 mars, alors qu'elle le relance pour une énième fois, il répond par mail qu'il y a des « complications », et qu'il va lui renvoyer un autre chèque de 12 000 euros. . . Soupçons d'arnaque Elle commence à s'inquiéter, et procède à des recherches sur Internet. Elle découvre que le nom de Raymond Taylor est mêlé à des « arnaques au président ». Le 25 mars 2016, elle appelle Bruno Y pour lui demander de stopper le virement de 7 900 euros. Elle lui fait part de ses soupçons, concernant une éventuelle arnaque dont elle aurait été victime. Bruno Y lui envoie sur son répondeur le message suivant, qu'elle fera constater par huissier : « Mademoiselle X, bonjour, Bruno Y à la Caisse d’épargne ... je me permets de vous contacter car je viens bien d’avoir votre message. Donc je vais reprendre les choses dans l’ordre, concernant le chèque de 10 000 euros que vous aviez encaissé, celui-ci il est bien encaissé, y a pas de soucis il est encaissé depuis le 16 mars le chèque nous est pas revenu, il y avait bien la provision ça c’est bon. Concernant le virement de 7 900 euros que vous m’avez fait faire, il est déjà parti, il est débité de votre compte donc il doit être crédité également sur celui du bénéficiaire. [...] Sinon, il aurait fallu me donner plus d’explications sur ce que vous pensez être une arnaque [...] » Le 26 mars 2016, Bruno Y lui laisse un nouveau message, indiquant : « A l'heure actuelle le chèque n'est toujours pas rejeté, nous touchons du bois pour qu'il reste comme ça », et lui demande si elle a déposé une main courante, comme elle en avait l'intention. . . Chèque rejeté Le 29 mars 2016, Bruno Y rappelle pour dire que le chèque a été rejeté. Myriam X se retrouve débitrice de quelque 9 000 euros. Le 15 avril 2016, elle demande que la Caisse d'épargne lui rembourse les 7 900 euros envoyés à l'étranger. Elle explique que sans la mauvaise information qui lui a été donnée concernant l'approvisionnement du chèque, elle n'aurait pas effectué le virement. La Caisse d'épargne le lui refuse. Le 13 juin 2016, Myriam X reçoit une sommation de payer la somme de 9 395 euros. Comme elle ne s'exécute pas, la Caisse d'épargne obtient du tribunal d'instance de Rochefort (Charente-Maritime) qu'elle soit condamnée à la payer. Le 25 octobre 2017, Myriam X prend une avocate et fait opposition à l'injonction de payer. . . Délais d'encaissement Myriam considère que la Caisse d'épargne aurait dû l'informer des délais d'encaissement, lorsqu'elle a déposé le chèque de 10 000 euros, et qu'elle aurait dû s'opposer à ce qu'elle fasse le virement de 7 900 euros, 7 jours plus tard. Elle estime que le conseiller n'aurait pas dû lui dire à plusieurs reprises que le chèque n'avait pas été rejeté, l'incitant à penser qu'elle disposait définitivement des fonds. Et ce d'autant plus qu'elle l'avait parfaitement informé du contexte. La Caisse d'épargne répond que le conseiller ne savait rien du contexte; qu'il n'était tenu de ne refuser que des chèques présentant des anomalies ou irrégularités apparentes, ce qui n'était pas le cas. Elle assure que la cliente ne pouvait ignorer que les inscriptions des chèques au crédit se font sous réserve d'encaissement effectif, c'est-à-dire dans l'attente du paiement par la banque du tireur, puisque ce principe figure dans les conditions générales de la convention de compte ainsi qu'au dos des bordereaux de remise de chèques. Elle précise que « le délai de rejet, préconisé par les normes interbancaires, qui court à compter de l’encaissement du chèque, est de : - 8 jours en cas de défaut de provision - 60 jours pour autre motif (ex : vol) » Elle fait valoir qu'en l'occurrence, le chèque a été rejeté « 14 jours après son dépôt, soit en-deçà du délai de 60 jours » - pourtant, le motif de rejet du chèque étant le non- approvisionnement, le délai de 8 jours a été dépassé. . . « Négligence » du client La Caisse d'épargne ajoute que le principe de non-ingérence lui interdisait de porter un jugement sur son ordre de virement. Elle met en cause la « négligence » de la cliente, qui n'aurait pas été alertée par les « mouvements de fonds », manifestement « sans lien avec la séance photo de Londres », que lui imposait son interlocuteur. Le fait que la cliente ait été victime d'une arnaque l'exonérerait de toute responsabilité. . . Information du conseiller ? Le tribunal d'instance de Rochefort, qui statue le 26 avril (2018), considère que Mme X ne prouve pas que son conseiller « avait connaissance » des circonstances dans lesquelles le chèque lui a été remis. Il en veut pour preuve le message du 25 mars 2016, dans lequel Bruno Y indique qu'il aurait fallu « donner plus d'explications » sur ce qu'elle pensait être une arnaque. Le tribunal considère encore que Myriam ne prouve pas que son conseiller lui aurait affirmé à plusieurs reprises qu'elle disposait définitivement des fonds, « le seul document évoquant l'existence de la provision étant le procès-verbal de constat d'huissier » sur lemessage du 25 mars : « Concernant le chèque de 10 000 euros que vous aviez encaissé, celui-ci il est bien encaissé, y a pas de soucis il est encaissé depuis le 16 mars le chèque nous est pas revenu, il y avait bien la provision ça c’est bon. » Or, juge le tribunal, « ce message est postérieur à l'établissement de l'ordre de virement, et ne peut donc démontrer que le comportement du préposé de la banque a pu provoquer sa prétendue erreur ». . . Faute de la cliente Le tribunal juge que la cliente ne pouvait ignorer les délais d'encaissement. Il ajoute qu'en vertu de son « devoir de non immixtion dans les affaires de sa cliente », la banque n'avait pas à l'empêcher de procéder au virement, « alors que Mme X a manqué de clairvoyance et de vigilance en acceptant d'encaisser un chèque tiré sur le compte d'un tiers qu'elle n'a jamais rencontré physiquement, et ne connaissait pas, en effectuant à l'expiration d'un délai de 4 jours seulement un virement au profit d'un tiers qu'elle ne connaissait pas plus, espérant au passage faire un profit, sans objet ni aucune contrepartie et sans s'interroger sur l'intérêt de l'opération pour les donneurs d'ordre ». Il dit que la banque n'a commis aucune faute et qu'elle a le droit d'obtenir le règlement de la somme; elle refuse tout délai de paiement à Myriam X. Celle-ci indique qu'elle n'a pas fait appel, faute d'argent. . Lire aussi la chronique Sosconso Face aux chèques en bois, le banquier reste de marbre . . Dautres articles de Sosconso : Copropriété : le syndicat devait-il déneiger la toiture ? ou Elle achète une voiture dont le compteur a été trafiqué ou Diagnostic amiante erroné : 8 ans de procédure ou Résidence de tourisme : qui doit payer la redevance audiovisuelle ? ou Le testateur était tyrannique mais pas fou ou Elle échange sa voiture, puis le regrette ou L’individualisation des frais de chauffage inquiète les copropriétés et chronique Copropriétés : avec le froid, ça va chauffer (abonnés) ou Comment déshériter ses enfants, le livre ou Le bailleur doit fournir un chauffage qui fonctionne ou Chauffage : comment sanctionner le copropriétaire qui refuse l’accès à son compteur ? ou Airbnb : la locataire doit rembourser 46 000 euros à sa propriétaire ou Quand la pompe de la piscine émet un bourdonnement ou Concessions funéraires : périls en la dernière demeure ou Peut-on faire un legs à son curateur ? ou Le défunt a-t-il utilisé l’assurance-vie pour déshériter ses enfants ?
"2018-11-24T00:00:00"
blog
http://sosconso.blog.lemonde.fr/2018/11/23/cheque-en-bois-quel-devoir-de-conseil-de-la-banque/#more-22656
Djamel Tatah, figure libre
Focus. Des silhouettes épurées sur des aplats de couleur : c'est la signature de cet artiste français peu disert sur son œuvre. Le sud de la France lui consacre trois expositions à Marseille, Avignon et Saint-Paul-de-Vence.
Sur la façade de la préfecture des Bouches-du-Rhône, imprimée sur une bâche géante, la reproduction d'un timbre sur lequel figure le profil d'une très jeune femme, presque une adolescente, le visage légèrement tourné vers le ciel. Le brun du vêtement, le noir des cheveux, le rouge pâle des lèvres, des formes épurées en quelques lignes sinueuses : on reconnaît aussitôt la signature de Djamel Tatah, 53 ans, l'un des rares peintres français connus au-delà de nos frontières. Pour Tatah, ce visage sur cette façade suscite sans doute une émotion particulière. De 1989 à 1995, après ses années à l'école des beaux-arts de Saint-Etienne, l'artiste a vécu à Marseille. C'est ici qu'est née sa fille Saoussen, qui lui a servi de modèle pour ce dessin ; ici qu'il a reçu la nationalité française et que son œuvre a commencé d'éclore, près de la gare Saint-Charles, puis dans un hangar, au milieu des carrières de l'Estaque. On se souvient de la poussière de calcaire, du bruit des machines, et des peintures de Tatah, jonchant le sol comme des aérolithes. Parce qu'elles n'avaient rien de commun avec ce qui s'exposait alors, les acheteurs étaient rares et la vie difficile. Or, dès cette époque, avec une assurance remarquable, Tatah a défini sa manière. Une toile de Tatah, c'est une ou plusieurs figures, et une surface de couleur, souvent monochrome. L'une des singularités de son travail est de créer la sensation d'un espace dans lequel les êtres humains se meuvent ou se posent. Les corps vivent dans un champ coloré traversé de vibrations. UNE LECTURE POLITIQUE, SOCIALE ET MORALE Ses personnages sont vêtus de noir ou de brun, des lignes blanches indiquant les plis. Tatah les imagine debout, assis, au repos ou en train de chuter dans le vide. Bras le long du buste, mains posées sur les genoux ou enfoncées dans les poches, les expressions des visages sont si retenues qu'elles laissent place libre à l'interprétation. Quand les figures sont nombreuses, on voudrait savoir quelles relations le peintre veut suggérer entre elles. Il ne répond pas, ou par un rire bref, parce qu'il n'aime guère s'expliquer. Dans son atelier d'un village de Bourgogne, il parle peu, laissant le regardeur à ses incertitudes et ne donnant que très rarement un titre à ses compositions. Devant ses créations, on ressent la solitude, la mélancolie, une douleur contenue... Il laisse dire. Mais ne refuse pas les interprétations liées à l'histoire contemporaine. Quand, en 2000, il compose un triptyque où chaque toile est occupée par un cercle de corps inertes, impossible de ne pas penser aux guerres civiles d'Afrique et d'Europe, à leurs épurations ethniques, à leurs massacres. En 1996 déjà, ses monumentales Femmes d'Alger rendaient moins hommage à Delacroix qu'elles ne se dressaient contre les événements qui se déroulaient dans le pays natal de sa famille, l'Algérie, d'où ses parents ont émigré pour travailler dans les usines de la vallée du Gier. Djamel Tatah naît ainsi à Saint-Chamond, en 1959. Une lecture politique, sociale et morale de son œuvre s'impose. Pour savoir à quoi ressemble notre époque, il faut contempler longuement une de ses toiles et éprouver non seulement ce qui se dégage des corps et des visages, mais aussi ce qui émane de la couleur, de ces verts profonds, de ces rouges sombres et de ces roses et pourpres qu'il ose employer avec toujours la même résolution tranchante. Sans symbole, sans allégorie, il donne à voir et à comprendre l'essentiel de la condition humaine. Le retentissement de son oeuvre est proportionnel à cette faculté. Ses expositions attestent de cet écho croissant. A Marseille, dans l'exposition "Ici, Ailleurs" ; à Avignon, dans "Mirages d'Orient" ; à Saint-Paul-de-Vence, à la Fondation Maeght, dans "E-motion". Cette même fondation lui accordera une reconnaissance dont aucun artiste français de sa génération n'a encore bénéficié : une rétrospective, en octobre prochain. Laquelle sera ensuite présentée au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger. Autre première, autre reconnaissance. Philippe Dagen et Philippe Dagen
"2013-02-22T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/02/22/djamel-tatah-figure-libre_1836237_3246.html
Etats-Unis : Trump enquête sur les enquêteurs du procureur spécial Mueller
Les avocats du président américain examinent les antécédents des enquêteurs embauchés par le procureur spécial, afin de dénicher de potentiels conflits d’intérêts.
Le torchon brûle entre Donald Trump et Robert Mueller, nommé pour diriger une enquête indépendante sur les ingérences russes dans la campagne électorale américaine de 2016, à mesure que les investigations se rapprochent des liens commerciaux propres du président. L’équipe juridique du président américain est en train d’examiner à la loupe les antécédents professionnels et les affiliations politiques des enquêteurs embauchés par le procureur spécial, afin de dénicher de potentiels conflits d’intérêts susceptibles de discréditer l’enquête en cours, ou de constituer un dossier pour renvoyer l’ancien dirrecteur du FBI, ou encore de récuser certains des enquêteurs, selon trois personnes ayant eu connaissance du dossier. Le procureur Jay Sekulow, membre de l’équipe juridique externe du président, a déclaré à The Associated Press que les avocats « évaluer[aie]nt systématiquement la question des conflits et les porter[aie]nt devant les juridictions appropriées ». Trump a contesté publiquement Mueller Le champ des recherches est vaste, écrit le New York Times jeudi. Cela inclut aussi bien l’examen des donations aux candidats démocrates qu’une enquête sur d’anciens clients et les liens de Robert Mueller avec James. B. Comey, renvoyé de la tête du FBI alors que le directeur du bureau fédéral fait partie du conseil spécial d’enquête. Ces révélations interviennent au moment où Mueller et son équipe, composée d’enquêteurs financiers chevronnés, s’intéressent aussi aux transactions impliquant les entreprises de Trump et de ses associés, dont Jared Kushner, son gendre et conseiller principal de la Maison Blanche, selon Bloomberg jeudi, citant une source proche du dossier. Lire aussi Affaire russe : Trump désavoue son ministre de la justice Le président américain a contesté lui-même publiquement le procureur spécial, affirmant mercredi dans une interview accordée au New York Times qu’il considérerait que toute recherche étendue au-delà des supposées ingérences russes dans le processus électoral américain se situerait « hors limite ».
"2017-07-21T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/07/21/etats-unis-trump-enquete-sur-les-enqueteurs-du-procureur-special-mueller_5163248_3222.html
La collecte de proximité : une solution pour la Smart City
La « ville intelligente » se veut plus durable et offrir globalement de meilleurs services à ses habitants. Selon Citeo, la « collecte de proximité » répond parfaitement à ces enjeux de la Smart city. Une nouvelle génération de containers arrive sur le marché : plus visibles, plus propres, plus ergonomiques, rapides à collecter et intégrant du numérique. Ces « stations de tri » doivent sortir de l’univers du déchet pour devenir un élément de mobilier urbain à part entière.
©P.Antoine Pierre Antoine Contrairement à d’autres pays européens, la collecte de proximité reste relativement peu développée en France où domine la culture du bac individuel. En cause notamment : la recherche d’un service « à domicile », et une image négative véhiculée par des points d’apports volontaires peu ergonomiques, mal intégrés dans l’espace urbain et n’exploitant pas toutes les possibilités technologiques actuelles. Une nouvelle génération de containers, véritables « stations de tri », pourra cependant changer la donne. Grâce à ces équipements, la collecte de proximité jouera un rôle de premier ordre au sein des projets de la Smart City. C’est en tout cas la vision défendue par la société Citeo, fruit du regroupement d’Ecofolio et d’Eco-Emballages en 2017. « La collecte de proximité offre de nombreux avantages en zone urbaine et particulièrement dans les zones denses », estime Romain Lebègue, Responsable Pôle Collecte chez Citeo. « Elle va tout d’abord simplifier le geste de tri par la présence de containers visibles et accessibles 24h/24 dans l’espace public. Il n’est donc plus nécessaire d’anticiper les jours de collecte. Elle signifie également moins de collectes de bacs individuels par camions bennes, donc moins de nuisances sur le trafic routier, sur le bruit ou sur les émissions de CO2 des véhicules ». Autres avantages : l’utilisation de stations de tri réduit les risques d’accidents durant les collectes, s’adapte mieux aux évolutions du geste de tri (tri à la source des déchets alimentaires, papiers-cartons,…) et permet d’optimiser l’espace public utilisé (inférieur à celui des bacs, qui occupent successivement les parties communes et les trottoirs). Et grâce à l’intégration de sondes numériques dans les containers, indiquant à distance le niveau de remplissage, les tournées de collectes peuvent être optimisées, les risques de débordement limités et des informations partagées avec les citoyens. « La collecte de proximité, modernisée, est le service de collecte et de tri qui correspond le mieux à la vision d’une Smart city plus durable, plus propre et proposant tout simplement des services de meilleure qualité à ses habitants : des équipements modernes, intégrés, un service accessible en permanence et connecté à l’usager. Après les vélos et les voitures électriques, il est temps pour la smart city d’intégrer les stations de tri .», conclut Romain Lebègue. Trilib’: la station de tri du futur testée à Paris Parmi les exemples de ces stations de tri en libre-service figure Trilib’. Testé depuis 2017 à Paris, il s’agit d’un point de collecte « résolument intégré dans l’environnement urbain grâce à un design moderne et ergonomique », explique Raphaël Murat, responsable du projet chez Citeo. Les modules Trilib’ comprennent par exemple une ouverture des bacs par pédale, ce qui permet de l’utiliser sans les mains. Le gabarit de ce mobilier urbain expérimental a été étudié pour ne pas couper la vue des piétons, être accessible aux personnes en fauteuil et s’insérer facilement entre deux voitures. A l’image de Vélib’ et Autolib’, il y a également à terme l’idée d’un réseau de stations qui maille la ville et rend le service plus facile car proche et disponible. Le taux de remplissage et la disponibilité de chaque module trilib sont d’ailleurs affichés en temps réel sur la plateforme opendata.paris.fr Une quarantaine de ces stations de tri ont été installées depuis janvier 2017 dans quatre arrondissements parisiens. Résultat après une année de tests : « Trilib’ a démontré que des stations de tri de qualité incitent les habitants à trier davantage leurs déchets », poursuit Raphaël Murat. Chaque station Trilib’ permet en effet de collecter environ 20 tonnes d’emballages et textiles par an avec une qualité supérieure à celle du bac jaune parisien. Et ce sont des tonnes en plus, car selon un panel IPSOS (réalisé sur 450 riverains) 85 % du tri réalisé sur ces bornes n’était pas réalisé avant. Pour 89 % des utilisateurs ces stations « donnent envie de trier » et pour 74 % des sondés il faudrait plus de stations Trilib’ dans tout Paris. « Ces stations sont bien entendu perfectibles car expérimentales, mais elles ont pour objectif premier de bien s’intégrer dans une ville dense et historique, alors que les conteneurs de tri étaient auparavant le « parent pauvre » du mobilier urbain. L’idée est que les élus et les habitants soient fiers de leurs stations de tri, en apportant un soin particulier au design, à un usage pratique et à la propreté de celles-ci», conclut le responsable. Suite à cette première phase d’expérimentation considérée comme positive, la Ville de Paris a décidé d’étendre le dispositif. A compter de 2019/2020 un millier de stations Trilib’ doivent être déployées par phase dans les rues de la capitale.
"2018-08-06T00:00:00"
l-economie-circulaire-au-quotidien
https://www.lemonde.fr/l-economie-circulaire-au-quotidien/article/2018/06/08/la-collecte-de-proximite-une-solution-pour-la-smart-city_5311543_5308409.html
A l’IAE d’Aix-Marseille, le diplôme de management le plus « rentable » de France
Ce cursus universitaire a été classé premier diplôme de management en France et dixième dans le monde par le « Financial Times » pour le « retour sur investissement » qu’il procure. Entretien avec Virginie de Barnier, sa directrice.
La directrice de l’IAE d’Aix-en-provence, Virginie de Barnier Virginie de Barnier Dans son palmarès 2016 des meilleurs masters en management, le Financial Times a classé l’Institut d’administration des entreprises (IAE) d’Aix-Marseille, situé à Aix-en-Provence, au premier rang en France et au dixième dans le monde pour le retour sur investissement. L’Institut a progressé de neuf places cette année. Sa directrice, Virginie de Barnier, s’en félicite. Le classement du « Financial Times » est-il une surprise pour vous ? Non, nous étions déjà bien classés, ces dernières années, sur ce critère : ce n’est donc pas tout à fait une surprise. Ce bon résultat tient bien sûr à nos frais de scolarité, qui sont ceux des universités pour les diplômes nationaux – soit 256 euros en master. Mais même nos autres diplômes comme les Masters of Science (MSc) sont très peu chers. Ce classement s’explique aussi, cette année, par la forte hausse des rémunérations de nos diplômés, à l’embauche et trois ans après leur sortie. Les déclarations des diplômés concernant leurs salaires sont parfois sujettes à caution… Comment expliquer cette hausse soudaine ? S’il existe un biais, il est valable pour toutes les écoles. Et quand je vois les salaires d’embauche annoncés par certaines d’entre elles, je suis parfois surprise… Pour notre part, nous n’intervenons absolument pas dans les réponses de nos diplômés. En revanche, nous les avons incités à mieux « se vendre » auprès des recruteurs. Ils avaient tendance à privilégier l’obtention d’un emploi, quitte à limiter leurs prétentions salariales. Certains DRH nous le faisaient observer : « Vos diplômés sont bons, mais ils ne se vendent pas cher », nous disaient-ils. Désormais, en début d’année, nous expliquons à nos étudiants à quel salaire ils peuvent prétendre, en fonction de la grille salariale des entreprises. Reste à savoir si le salaire est le bon indicateur de qualité de la formation. Il faudrait aussi tenir compte du secteur d’activité, du coût de la vie… Quel impact aura ce classement pour votre établissement ? Il est trop tôt pour en juger. Mais avant même sa publication, le nombre de candidatures a fortement augmenté. Pour notre master en management, nous sommes passés de 427 candidats en 2015 à plus de 3 000 cette année. Il est vrai qu’il est maintenant plus facile de postuler en ligne, et que nous avons amélioré notre prospection à l’international, en nous recentrant sur l’Europe. Le classement devrait renforcer notre attractivité. Mais nous ne voulons pas croître à tout prix. Dans cet univers de plus en plus en compétitif, quels sont les atouts de votre établissement ? Notre stratégie est celle de l’excellence académique, de la sélection et du suivi personnalisé de nos étudiants. Notre offre de services et d’accompagnement est équivalente à celle des grandes écoles ; 96 % de nos diplômés ont un emploi, le plus souvent en CDI, et cela six mois seulement après leur sortie. Les salaires de nos enseignants sont pris en charge par l’Etat, ce qui contribue fortement à notre stabilité financière – même si plus de la moitié de nos moyens proviennent de nos ressources propres. En revanche, nous accusons un retard en matière de locaux, qui datent des années 1960. C’est pourquoi nous avons lancé un grand plan de rénovation immobilière, pour un investissement de 4,2 millions d’euros. Un dossier spécial pour tout savoir sur les écoles de commerce Retrouvez notre dossier spécial dédié aux business schools, issu de notre supplément de 20 pages paru dans « Le Monde » daté du mercredi 17 novembre, avec des décryptages, des reportages dans les écoles et les IAE ainsi que des conseils pour choisir son orientation et financer son cursus. Lire aussi Ecoles de commerce, IAE : les clés pour choisir sa formation en management Lire aussi Les atouts des IAE pour concurrencer les grandes écoles de commerce
"2016-11-17T00:00:00"
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2016/11/17/l-iae-d-aix-marseille-diplome-de-management-le-plus-rentable-de-france_5032821_4401467.html
Le « Canal Football Club » version Deschamps
Devenue une véritable institution, l’émission animée par Hervé Mathoux fête ce dimanche son 300e numéro avec comme invité, le sélectionneur des Bleus.
Magazine sur Canal+ à 19 h 10 A l’époque, les fins de dimanche après-midi sur Canal+ étaient synonymes de dessins animés avec « Ça Cartoon ». Mais le 31 août 2008, à l’initiative de Cyril Linette, alors directeur des sports, la chaîne du foot et du cinéma ose bousculer cette confortable habitude dominicale : Mickey, Donald et compagnie laissent place au « Canal Football Club (CFC) », un étrange objet télévisuel destiné à attirer du monde avant la diffusion du match de 21 heures clôturant la journée de championnat : « C’était un saut dans l’inconnu pour Canal », se souvient Hervé Mathoux, le chef d’orchestre de ce show en public diffusé en clair, dont il tient toujours les commandes, près de huit ans plus tard. « La nouveauté résidait dans le fait de proposer la traditionnelle expertise footballistique de la chaîne, mais dans un cadre plus large, lorgnant vers le divertissement. La scénographie du plateau, les lumières, la présence du public, tout était nouveau. » L'équipe du "CFC" : Dominique Armand, Habib Beye, Marie Portolano, Hervé Mathoux, Mickaël Landreau, Eric Carrière, Daniel Bravo, Pierre Ménès, Christophe Dugarry. STEPHANE GRANGIER Coproduit avec Flab, maison de production habituée aux émissions de flux, le « CFC » ne fait toutefois pas l’unanimité à ses débuts. Pour certains abonnés, la présence du public sur une émission traitant de foot « ne fait pas Canal ». Autour d’Hervé Mathoux, un invité (pour la première, il s’agissait de Charles Villeneuve, alors président du PSG), des journalistes maison et des consultants réputés, dont un certain Didier Deschamps. Présent lors de cette émission du 31 août 2008, il est de retour dimanche 21 février 2016, mais cette fois dans les habits du sélectionneur des Bleus. Une belle manière de fêter la 300e du « CFC ». « Bousculer le plateau » « Au cours des années, la charte graphique de l’émission a changé. Le vert et le noir, couleurs dominantes des débuts, ont laissé place au violet puis à des teintes plus flashy », rappelle l’animateur du « CFC ». Autre changement d’importance : l’arrivée sur le plateau de Pierre Ménès en août 2009. « L’émission manquait un peu de vie, il fallait bousculer le plateau. Avec son franc-parler, son côté rentre-dedans allié à sa légitimité de spécialiste, Pierre a amené ce que nous voulions. » Après des débuts un peu tâtonnants, l’équipe du « Canal Football Club » trouve ses marques, abandonne des rubriques peu convaincantes, et fidélise un public de plus en plus nombreux. Le franc-parler de Ménès ou de Christophe Dugarry, les analyses de Daniel Bravo, d’Eric Carrière ou de Habib Beye, anciens joueurs n’ayant pas pour habitude de brider leurs opinions, sont appréciés des fans de ballon rond. « Sur le plateau du “ CFC ”, mon rôle est d’apporter une expertise différente de celle du journaliste », explique Habib Beye, consultant depuis 2013 et ancien joueur notamment de l’OM, de Newcastle et d’Aston Villa. « Durant ma carrière, j’ai connu les critiques et, lorsqu’elles étaient argumentées, j’en tenais compte. En tant que consultant, je ne me censure jamais, mais j’argumente toujours. C’est un réel plaisir de participer à cette émission qui, avec le temps, est devenue une institution » Des pointes à deux millions de spectateurs La présence chaleureuse d’Hervé Mathoux a aussi permis d’attirer un public plus jeune et plus féminin, ce qui, dans une stratégie de chaîne, n’est pas anodin. Le dimanche, vers 19 h 30, la concurrence télévisuelle est rude, mais, en allongeant la durée (l’émission est désormais programmée de 19 h 10 à 21 heures), le « CFC » a gagné en audience, et des pointes à deux millions de téléspectateurs sont de plus en plus souvent enregistrées. « La philosophie du “CFC” est toujours la même : proposer tous les buts inscrits en Ligue 1, mais aussi de l’humeur, des opinions, des analyses, sans langue de bois. Même si aujourd’hui la communication des clubs est cadenassée, les invités qui viennent sur le plateau connaissent les règles du jeu : nous leur posons les questions que nous voulons », précise Hervé Mathoux. Passé de l’autre côté de la barrière, Didier Deschamps devra lui aussi s’y soumettre. « Canal Football Club », présenté par Hervé Mathoux. Invité : Didier Deschamps.
"2016-02-17T00:00:00"
televisions-radio
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2016/02/19/le-canal-football-club-versions-deschamps_4868692_1655027.html
Deux exemplaires de « Mein Kampf » signé par Hitler vendus 65 000 dollars
Les deux volumes du pamphlet idéologique sont signés de la main d'Hitler et dédicacés à Josef Bauer, l'un des premiers membres du parti nazi et l'un des proches du futur Führer.
Ils ont été adjugés à 64 850 dollars, pulvérisant les estimations, qui tournaient autour de 25 000 dollars. Onze personnes ont participé à l'enchère. AP Deux volumes du pamphlet idéologique d'Adolf Hitler, Mein Kampf, signés par l'auteur, ont été vendus aux enchères à Los Angeles pour près de 65 000 dollars (47 135 euros), a annoncé jeudi 27 février la maison d'enchères Nate D. Sanders Auctions. Ils ont été adjugés à 64 850 dollars, pulvérisant les estimations, qui tournaient autour de 25 000 dollars. Onze personnes ont participé à l'enchère. Les deux volumes de l'ouvrage, qui esquisse l'idéologie vivement antisémite du régime nazi, sont signés de la main d'Hitler et dédicacés à Josef Bauer, l'un des premiers membres du parti nazi et l'un des proches du futur Führer. Dans les dédicaces, datées de 1925 et 1926, Hitler souhaite un joyeux Noël à Bauer, l'un des participants au putsch manqué de Munich en 1923, qui avait valu à Hitler plusieurs mois de prison, pendant lesquels il écrivit Mein Kampf (« Mon combat »), en 1924. Bien que non édité en Allemagne — pour l'instant du moins, car l'ouvrage tombera dans le domaine public en 2015 —, Mein Kampf est facile à trouver, notamment sur Internet, où des éditions en allemand ou en langue étrangère sont proposées à la vente. Pendant la vente, a également été cédée, pour 10 068 dollars, une veste en cuir ayant appartenu à Albert Speer, architecte en chef et ministre de l'armement et de la guerre d'Hitler. Après la guerre, la veste avait été récupérée par un soldat allié du nom de Ralph, qui avait écrit à sa mère en mai 1945 : « J'ai fouiné dans l'énorme maison d'un haut dignitaire nazi (…) Pour toi, j'ai trouvé un collier en or. Et pour papa, j'ai une belle veste en cuir. J'ai aussi pris un manteau sans symbole nazi. Malheureusement, le nom du nazi Albert Speer est imprimé dans la veste… »
"2014-02-28T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/02/28/deux-exemplaires-de-mein-kampf-signe-par-hitler-vendus-65-000-dollars_4375426_3222.html
Poupées et pantins
C'est à voir. Peut-on appeler "Campagne intime", qui montre les derniers mois de la seconde campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012, un documentaire ?
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy le 28 juin 2012. AFP/KENZO TRIBOUILLARD Peut-on appeler « Campagne intime », qui montre les derniers mois de la seconde campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012, un documentaire ? Le film, diffusé par D8 le 5 novembre à 20 h 50, que l'on doit à Farida Khelfa, ancien mannequin vedette et amie proche de Carla Bruni-Sarkozy, l'épouse de l'ancien président de la République, ressemble plutôt à une vidéo d'amateur. Ces 52 minutes - filmées « à l'arrache » comme par une caméra HD des familles avec une affectation appuyée dans le genre « fait à la maison » - tentent de livrer quelques indices privés révélateurs sur un personnage à l'image publique qu'on dit faussée. D'ailleurs, une partie de ce film montre le couple dans ses appartements du palais de l'Elysée en train de se faire un café dans la cuisine ou de pouponner au salon. C'est charmant : la petite Giulia est ainsi filmée « pour la première fois », ainsi que le dit d'ailleurs son auguste géniteur, qui apparaît au lever en robe de chambre ; et le fils, Pierre Sarkozy - moins connu que son frère Jean -, dit du bien du paternel en témoin impartial. Sinon, on aperçoit les anciens « proches » du président lui sourire avec commisération ou l'enduire d'une épaisse couche de pâte à reluire dans un magnifique bal des faux-culs dont le succulent livre La Récréation, de Frédéric Mitterrand (Robert Laffont, 721 p., 24 €), fournit, avec une féroce délectation, le sous-texte. (Un exemple ? A propos de Jean-François Copé, qu'on voit détendu et amical face au président dans son avion, l'ancien ministre de la culture rapporte ceci, à la date du 12 octobre 2010 : « Dîner chez Bernard Arnault [...]. Jean-François Copé se lance dans une diatribe d'une extrême violence contre le président. C'est tellement excessif que je lui demande d'arrêter. ») Quand la caméra ne suit pas Nicolas Sarkozy dans sa voiture de fonction, en réunion à l'Elysée, dans sa loge changeant de chemise après un meeting politique, dans le jet de la République qui le transporte avec ses conseillers, elle traîne l'oreille non loin de Carla. Le mari, l'oeil béat, rappelle : « J'adore quand ma femme chante. » Ce qui tombe bien, car elle ne cesse de chanter au cours de ce film, a cappella, en imitation de Dalida, avec sa guitare ou tout simplement en fredonnant dans les couloirs à la moindre occasion.
"2013-06-11T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/06/poupees-et-pantins_3509127_3232.html
Le Mali précise sa demande d'intervention à la Cédéao
Le Mali a saisi la Cédéao d'une demande d'appui, mais reste prudent sur la question du déploiement d'une force régionale.
Alassane Ouattara rencontre, à Abidjan le secrétaire général de la présidence malienne, Baba Berthé, au centre, et l'ambassadeur du Mali en Côte d'Ivoire, Amadou Ousmane Toure, le 5 septembre 2012. AFP/SIA KAMBOU Le Mali a saisi l'Afrique de l'Ouest d'une demande d'appui pour sortir de la crise, mais les autorités maliennes sont apparues prudentes sur la question du déploiement d'une force régionale. "Le Mali est en danger et ce danger est un danger transfrontalier. Sa gestion va au-delà de la capacité de l'Etat malien", a déclaré le secrétaire général de la présidence malienne, Baba Berthé. La requête formulée par le président par intérim Diancounde Traoré a été transmise par Baba Berthé au chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) Alassane Ouattara, lors d'une rencontre à Abidjan. "La réponse doit être une réponse transfrontalière. Le président Traoré m'a donc envoyé ici pour demander le soutien de la région subsaharienne, de la Cédéao, de la Côte d'Ivoire pour gérer ce problème, en relation avec l'Union africaine et les Nations unies", a-t-il ajouté, précisant que les négociations se poursuivraient avec les islamistes. "La phase des négociations précède toujours la phase militaire. Il y a des contacts qui sont en train de se nouer. Si, comme je l'espère, ces négociations aboutissaient à un résultat tangible, je pense qu'une intervention militaire serait sans objet", a-t-il ajouté. "En revanche, si les négociations en cours n'étaient pas concluantes, évidemment, il faudrait envisager cette option militaire qui va se dessiner". Baba Berthé s'exprimait au lendemain de l'annonce par un diplomate français d'une demande "formelle" du président malien de transition, Dioncounda Traoré, pour une intervention militaire ouest-africaine pour reconquérir le nord du Mali, trois vastes régions depuis cinq mois aux mains des islamistes. La Cédéao prépare depuis plusieurs mois le déploiement au Mali d'une force de quelque 3 300 soldats, dont les contours demeurent flous. Elle avait précisé attendre une demande formelle de Bamako et un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU. Le Mali demande "formellement" une intervention de la Cédéao "DÉCISION COURAGEUSE" Jusqu'à mercredi soir, l'annonce de cette requête n'avait toutefois été confirmée à Bamako. Mais mercredi après-midi à Abidjan, le président intérimaire du Ghana, John Dramani Mahama, et M. Ouattara, se sont "félicités de l'évolution de la situation politique au Mali et ils ont exprimé leur appréciation de la requête des autorités maliennes adressée à la Cédéao pour l'envoi d'une force ouest-africaine au nord du Mali", selon un communiqué commun publié à l'issue de leur rencontre. Le président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a affirmé mercredi que le Burkina Faso serait "très disponible" en cas d'intervention des troupes de l'Afrique de l'Ouest pour reconquérir le Nord-Mali tombé aux mains de groupes islamistes armés. A Bamako, le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR), coalition contre le coup d'Etat militaire du 22 mars au Mali, s'en est aussi réjoui, parlant d'une "décision courageuse". Il a exhorté la Cédéao, l'Union africaine et l'ONU "à traiter rapidement" la demande malienne pour permettre de libérer le nord du Mali. Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), membre du front anti-putsch MP22, l'a, lui, dénoncée : "Nous ne sommes pas pour une intervention étrangère" mais pour "une libération du nord avec, au centre, nos forces armées", a affirmé un de ses responsables, Nouhoum Keïta. Pour la France, "cette demande des autorités maliennes est une étape indispensable pour envisager l'appui international". A New York, le nouveau président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur allemand Peter Wittig a indiqué qu'il revenait aux "acteurs africains", en particulier la Cédéao, de saisir le Conseil de l'envoi d'une force panafricaine et de lui fournir des précisions sur cette force. "SOUTIEN LOGISTIQUE SOUHAITÉ" Radio France Internationale (RFI) indique s'être procurée la demande du président malien. Selon RFI, qui en cite des extraits, M. Traoré "demande un renforcement des capacités antiterroristes, par l'envoi d'un détachement de fonctionnaires de police et par l'envoi aussi d'équipements", mais aussi "un appui aérien et l'envoi de cinq bataillons à partir de la ligne de front qui "seront graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises"". Mi-août, l'armée malienne avait déjà prévenu que cette force régionale ne s'occuperait pas de la sécurité des institutions à Bamako et que, pour la reconquête du nord, "les autres viendront en appui, surtout en aviation, en logistique". Mercredi, un proche du capitaine Amadou Sanogo, le chef des putschistes du 22 mars, a rejeté toute idée de "troupes de la Cédéao" au Mali dans un entretien à RFI. L'armée malienne souhaite "un soutien logistique et du renseignement par rapport à la libération du nord", a dit ce proche, Bakary Mariko. Kidal, Gao et Tombouctou, les trois régions administratives composant le nord du Mali, sont tombées il y a cinq mois aux mains du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'autres groupes armés, dont des rebelles touareg et des djihadistes liés à Al-Qaida. Aujourd'hui, les islamistes extrémistes ont évincé leurs ex-alliés rebelles touareg et contrôlent tout le nord du Mali. Ils se sont même emparés le 1er septembre de la ville stratégique de Douentza, dans le centre du pays.
"2012-05-09T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/09/05/le-mali-precise-sa-demande-d-intervention-a-la-cedeao_1756040_3212.html
Feuilles poétiques
La mélancolie est de saison. La nature aidant, les verts cèdent du terrain aux ocres, bruns et orangés. Les arbres s'embrasent et les sols sont jonchés de tapis flamboyants, signes d'un déclin annoncé.
"Salut ! Bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! (...) Le deuil de la nature convient à la douleur et plaît à mes regards". Pourquoi se laisser gagner par la morosité, Lamartine ? Déjà Verlaine s'en va "au vent mauvais (...) pareil à la feuille morte" et Apollinaire voit "le vent et la forêt qui pleurent". Oui, Prévert, "les feuilles mortes se ramassent à la pelle", mais pourquoi les cantonner à "la nuit froide de l'oubli" ? Balade automnale. Le paysage défile, la route est bordée de forêts rougeoyantes. Une main se saisit d'une feuille à la robe jaunie qui, tendue vers un soleil pâlot, divulgue par transparence la courbe de ses nervures. Couchée dans un lit de feuilles, une jeune fille est aux anges, s'enivrant du parfum de terre et de mousse. Espiègle, le visage d'une autre surgit d'un amas de feuilles mortes. Toutes deux jettent avec enthousiasme de pleines brassées de feuilles qui, tels des cotillons, s'agrippent à leur chevelure. Mimétisme des couleurs chatoyantes alentour sur leurs éclats de rire. Dans le soleil couchant, ces grands enfants enchaînent en toute insouciance roulades et pluies végétales. (Vimeo.com/8209328). Voilà balayés "les sanglots longs des violons de l'automne", Verlaine ! D'autres feuilles, ici auto-adhésives et d'un jaune fluo, pour un autre pied de nez aux "langueurs monotones" (Vimeo.com/15128294). Le mot "soleil" a été griffonné sur un pense-bête. Puis, en stop-motion, gros plan sur le visage souriant d'une femme. "Et soudain"... une bourrasque de vent s'engouffre dans sa chevelure, bousculant sa quiétude. Sa gaîté ne fane pas pour autant et vient derechef illuminer son visage. Souriez donc : "C'est l'automne !" Marlène Duretz et Marlène Duretz (C'est tout Net !)
"2011-09-20T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/09/20/feuilles-poetiques_1574770_3232.html
A la CGT, Thierry Lepaon dans la tempête
Mis en cause pour son logement de fonction, le secrétaire général n’a pas convainvu les cadres du syndicat.
Thierry Lepaon à Paris, le 16 octobre 2014. AFP / THOMAS SAMSON Droit dans ses bottes, Thierry Lepaon s’est expliqué, mardi 4 novembre, devant le comité confédéral national (CCN) de la CGT, sur la polémique concernant les travaux dans son logement de fonction à Vincennes (Val-de-Marne). Pour sa défense, le secrétaire général de la CGT, sans amorcer une autocritique, a choisi la contre-attaque. Devant les secrétaires généraux des 33 fédérations et des 96 unions départementales de la centrale, il a dénoncé une « entreprise de déstabilisation » visant à « faire vaciller la représentation sociale de la CGT aux yeux des salariés ». Pour M. Lepaon, dont la légitimité est souvent contestée depuis son élection en mars 2013, cette affaire « révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions de notre maison. Il y a donc une faute collective qui ne peut à aucun moment masquer les responsabilités individuelles ». Désaveu M. Lepaon s’en tient à la théorie du complot, avec à l’origine un « corbeau » qui a « subtilisé un document » et a « choisi volontairement, un mois avant une élection professionnelle décisive dans la fonction publique, de nuire à la CGT ». Alors que de nombreux intervenants ont demandé qu’une commission nommée par le « parlement » de la centrale s’empare de cette affaire et en rende compte lors d’un CCN extraordinaire, M. Lepaon a opposé une fin de non-recevoir, se réfugiant derrière un rapport opportunément fourni par la commission financière de contrôle. Il s’est borné à déplorer l’absence de délibérations sur la décision d’engager des travaux de rénovation et à annoncer le recrutement d’un directeur administratif et financier, ce qui peut apparaître comme un désaveu du trésorier, Eric Laffont. Le secrétaire général de la CGT, qui s’est dit « affecté », mercredi 5 novembre sur BFM, par cette affaire, comprenant qu’elle puisse « choquer » les syndiqués, entend aussi profiter de l’occasion pour mettre au pas ses opposants en interne. Il a ainsi indiqué qu’il recevrait individuellement, le 6 novembre, les dix membres du bureau confédéral afin de s’assurer « de leur engagement et adhésion à l’esprit d’équipe ». Sont clairement visés les quatre membres de cette instance dirigeante de la CGT – Eric Aubin, Sophie Binet, Valérie Lesage et Mohammed Oussedik – qui n’ont pas voté la « note interne » diffusée le 29 octobre en réponse aux informations du Canard enchaîné. Seront-ils obligés de se soumettre ou de se démettre ? M. Lepaon proposera lors de la prochaine réunion de la commission exécutive, le 12 novembre, un « renforcement » du bureau confédéral avec l’arrivée de « deux membres supplémentaires, une femme et un homme » issus d’une profession – on parle d’un cheminot – et d’un territoire. L’accueil très froid que le « parlement » de la CGT a réservé au discours de M. Lepaon – aucun de ses fidèles au bureau confédéral n’est intervenu – et les prises de parole qui ont suivi montrent que la crise est loin d’être finie. « Il a fait preuve d’un mépris insultant, souligne un dirigeant. Beaucoup de responsables étaient abasourdis en constatant qu’il envoyait le CCN aux pelotes. » Des patrons de fédérations ont ainsi proposé que l’adresse que M. Lepaon veut envoyer à tous les syndiqués de la CGT sur cette affaire, pour les « rassurer » sur leur syndicat afin qu’ils puissent « être à l’aise pour en parler », émane non pas du seul secrétaire général mais du CCN. M. Lepaon a refusé. Mercredi, le « parlement » cégétiste doit voter une résolution qui mêlera la polémique sur l’appartement et les questions revendicatives. « Je ne sais pas si la délibération passera, confie un responsable, mais l’intérêt de Lepaon est de lâcher du lest pour qu’elle soit largement adoptée. » « La CGT est affaiblie » Quelle que soit l’issue de ce CCN, M. Lepaon sortira extrêmement affaibli par cette nouvelle tempête interne. Depuis son élection, il a vu son autorité contestée à de multiples reprises comme si la longue crise de succession de Bernard Thibault, qui a conduit à sa désignation par défaut au poste de secrétaire général, n’en finissait pas de produire des bombes à retardement. Le 9 octobre, M. Lepaon assurant qu’il ne se sentait pas « contesté », confiait au Monde sa volonté de rempiler lors du prochain congrès de la CGT, en octobre 2016 : « Je n’ai jamais abandonné une fonction. J’irai jusqu’au bout de mon mandat et je l’ai fait savoir. S’il y a besoin de stabilité, je n’hésiterai pas à faire un second mandat mais je n’en ferai pas trois. » « Je pourrais être candidat », a-t-il redit mercredi sur BFM. Mais une telle hypothèse a du plomb dans l’aile. « Le problème, souligne un dirigeant, c’est, qu’aujourd’hui, toute la CGT est affaiblie. Cette situation pourra-t-elle perdurer encore deux ans ? » A un mois des élections dans la fonction publique, et alors que la CGT, qui revendiquait, fin 2012, 694 857 adhérents (+ 0,4 % en un an), subit de nombreux revers dans les entreprises publiques, la question revêt une singulière acuité. Surtout si M. Lepaon ne remet pas de l’ordre dans sa maison.
"2014-04-11T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2014/11/05/a-la-cgt-thierry-lepaon-dans-la-tempete_4518465_823448.html
"L'enquête de la CJR, ""une étape décisive sur le chemin de la vérité"""
L'opposition craint que la décision de la Cour de justice de la République d'ouvrir une enquête sur Christine Lagarde dans l'affaire Tapie n'affaiblisse le FMI, en pleine crise économique mondiale.
La Cour de justice de la Républiquesiège au 21, rue de Constantine dans le 7e arrondissement de Paris. ASSOCIATED PRESS/RÉMY DE LA MAUVINIÈRE Après la décision de la Cour de justice de la République d'ouvrir, jeudi 4 août, une enquête sur Christine Lagarde, pour le rôle qu'elle a joué dans l'affaire Tapie-Crédit lyonnais quand elle était ministre de l'économie, l'opposition a salué une décision "logique" mais craint qu'elle n'affaiblisse la position du Fonds monétaire international (FMI), alors que la situation économique mondiale est des plus fragiles. Le FMI s'est, quant à lui, dit persuadé que sa nouvelle directrice générale serait à même de remplir ses fonctions malgré l'enquête dont elle va faire l'objet. "Il ne serait pas opportun pour le conseil d'administration de faire des commentaires sur une affaire en cours devant la justice française, a déclaré le conseil d'administration de l'institution dans un communiqué. Toutefois, le conseil est persuadé qu'elle sera capable d'exercer efficacement ses fonctions de directrice générale." "LES FRANÇAIS ONT LE DROIT DE SAVOIR" Dans un communiqué, la première secrétaire du Parti socialiste et candidate à la primaire socialiste, Martine Aubry a dit"[souhaiter] que la commission d'instruction de la CJR fasse toute la lumière sur cette affaire et sur les responsabilités au sommet de l'Etat. Les Français ont le droit de savoir si des décisions ont été prises au mépris de l'intérêt général et, le cas échéant, qui les a prises. C'est à la justice de notre pays d'y répondre." Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a qualifié de "tout à fait logique" l'enquête ouverte sur la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. "Pourquoi le gouvernement a-t-il utilisé une procédure tout à fait inhabituelle, un tribunal privé, pour régler un différend avec Bernard Tapie et au bout du compte faire un énorme cadeau financier qui a choqué tant de Français ?" a dit M. Ayrault sur BFM-TV. L'élu a souligné que les députés socialistes avaient saisi la Cour de justice de la République "pour dégager les responsabilités" mais que "la Cour des comptes avait établi aussi des anomalies dans ce dossier". "Pour Mme Lagarde, c'est une lourde responsabilité d'avoir procédé ainsi, d'autant que maintenant elle exerce des responsabilités importantes à la tête du FMI. Et tout ça est effectivement très regrettable", a-t-il ajouté. "UN DES PLUS GRANDS SCANDALES DE LA VE RÉPUBLIQUE" François Hollande, candidat à la primaire socialiste, a lui estimé que la position de Mme Lagarde à la tête du FMI s'en trouvait "affaiblie". "Au-delà des suites qui seront données dans le cadre de l'instruction qui vient d'être ouverte – et dont je ne veux pas préjuger –, l'avis de la commission des requêtes a deux conséquences : elle renvoie sur le chef de l'Etat la responsabilité d'un choix de faveur au bénéfice de Bernard Tapie, et elle affaiblit la position de Mme Lagarde à la direction du FMI dans un moment particulièrement difficile sur le plan des finances internationales", a déclaré le député corrézien. "Dans la République telle que je la conçois, la voie judiciaire est la seule que l'Etat doit admettre pour régler ses litiges avec des personnes privées, le reste relève toujours d'un soupçon d'arrangement." Le président du MoDem, François Bayrou, a lui salué comme "une étape décisive sur le chemin de la vérité" l'ouverture de l'enquête. "Cette affaire, qui restera je le crois comme un des plus grands scandales sinon le plus grand scandale de la Ve République, avec des zones d'ombre toujours plus épaisses, fait peser un lourd soupçon sur l'enchaînement des décisions d'Etat qui ont conduit à verser des centaines de millions d'euros de fonds publics à Bernard Tapie", a-t-il souligné. "MÉLANGES DE GENRE INACCEPTABLES" Pour le leader centriste, il y a dans ce dossier "des mélanges de genre inacceptables entre des milieux d'affaires et la responsabilité publique, entraînant des complaisances condamnables dans l'appareil d'Etat". "La décision d'aujourd'hui permet en tout cas de vérifier qu'il y avait bien dans cette affaire des circonstances peu claires, des connivences qui devaient être élucidées. Elle permet ensuite d'espérer en une justice indépendante et une démocratie restaurée", conclut le président du MoDem. Marine Le Pen, la présidente du FN, a jugé que "la France risquait une nouvelle humiliation internationale après l'affaire DSK, et c'est Nicolas Sarkozy qui, dans les deux cas, en est responsable, avec la complicité du Parti socialiste". "Deux fois, Nicolas Sarkozy a fait nommer au FMI des personnalités sur lesquelles il savait que des soupçons planaient. C'est irresponsable", accuse la présidente du FN dans un communiqué. Le député Nouveau centre, Charles de Courson, qui avait demandé sans l'obtenir l'annulation de l'arbitrage Tapie-Crédit lyonnais au conseil d'Etat, a salué une "triple bonne nouvelle". "C'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui croient en l'indépendance de notre justice et refusent sa privatisation dans les affaires publiques. C'est également une bonne nouvelle pour tous ceux qui ont toujours défendu la souveraineté de notre parlement en matière financière. (...) Enfin, c'est une bonne nouvelle pour ceux qui croient en la bonne gestion des fonds publics et qui se sont élevés contre la décision d'accorder 45 millions d'euros de préjudice moral aux époux Tapie, une somme sans précédent dans l'histoire de la République, nette d'impôt et de cotisations sociales", a-t-il détaillé. "TOUT SAUF UNE SURPRISE" Pour Corinne Lepage, eurodéputée et dirigeante de Cap 21, la CJR a ainsi marqué son "indépendance". "On ne peut que se réjouir que [la commission des requêtes] ait marquée son indépendance dans la voie ouverte par le procureur général auprès de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal […]. Tous ceux qui craignaient le risque pris en présentant Mme Lagarde [au FMI], sous le coup d'une procédure, ne peuvent que regretter que l'on soit passé outre. […] Cette situation risque d'affaiblir le nouveau directeur du FMI et l'institution, alors que les Etats connaissent l'une des plus graves crises de leur histoire." Enfin, le Parti communiste juge que l'ouverture d'une enquête par la CJR constitue "tout sauf une surprise". "Les conditions dans lesquelles Bernard Tapie s'est vu indemnisé de façon si stupéfiante, à coups de centaine de millions d'euros, avaient à l'époque suscité un tollé général", rappelle le parti dans un communiqué. Pour le PCF, "le peuple grec, dont l'économie nationale, exsangue, est livrée en pâture aux marchés financiers, n'a pas bénéficié, lui, de la même mansuétude que Bernard Tapie de la part de la désormais patronne du FMI". Côté UMP, peu de voix se sont exprimées, mais la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a appelé l'opposition "à faire preuve de retenue" et à "respecter scrupuleusement" la séparation des pouvoirs et la présomption d'innocence.
"2011-04-08T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2011/08/04/l-enquete-de-la-cjr-est-logique-et-une-etape-decisive-sur-le-chemin-de-la-verite_1556307_823448.html
"La Ligue des droits de l'homme (LDH) dresse le portrait d'une justice ""bafouée"""
La Ligue des droits de l'homme (LDH) dresse le portrait d'une justice "bafouée", "dure aux faibles" mais "paralysée face aux puissants" dans son "Etat des droits de l'homme en France" 2010.
La Ligue des droits de l'homme (LDH) dresse le portrait d'une justice "bafouée", "dure aux faibles" mais "paralysée face aux puissants" dans son "Etat des droits de l'homme en France" 2010, un rapport annuel de 124 pages présenté mardi 13 avril à Paris. "La situation de la justice en France est dramatique, face à la crise sociale, le pouvoir politique trouve des dérivatifs dans le sécuritaire et pour cela, on utilise la justice […]. On a multiplié le nombre de détenus par deux en vingt ans, et les Français n'en sont pas deux fois mieux protégés", a déclaré le président de la LDH, Jean-Pierre Dubois, lors d'une conférence de presse. Fondée en 1898, à l'occasion de l'affaire Dreyfus, la LDH dépeint dans cet état des lieux une justice "manquant cruellement de moyens", "trop lente ou trop expéditive", "de plus en plus lointaine", "sous contrôle du pouvoir" et "sans cesse plus répressive". L'organisation de défense des droits de l'homme s'indigne du fait que la justice a été en 2009, selon elle, "plus lourde pour les cibles du pouvoir" et "plus attentionnée" pour les plus favorisés, à travers notamment les projets touchant à la dépénalisation du droit des affaires. "On n'est pas loin du bouclier pénal", a estimé M. Dubois. La LDH dénonce aussi la "pénalisation des conflits sociaux". Evelyne Sire-Marin, magistrate à Paris qui a rédigé le chapitre consacré au social dans ce rapport, a estimé que "la justice est très lente pour reconnaître les maladies professionnelles, mais extrêmement rapide quand les salariés occupent leur usine". "Les conseils des prud'hommes gênent le Medef, un quart d'entre eux sont démantelés et on fait une loi sur les licenciements à l'amiable qui permet de contourner la loi." Le rapport cite aussi "le considérable alourdissement" des peines de prison ou "l'annonce d'un 'code pénal des mineurs' essentiellement tourné vers le répressif". La LDH attaque l'"idéologie victimaire" et le "populisme pénal" qui conduisent à une "réponse législative frénétique à chaque fait divers dramatique". Me Henri Leclerc, autre rédacteur du rapport, a dénoncé "la dictature de l'émotion", qui conduit chaque fois à de nouvelles lois "qui rendent la procédure plus complexe, incompréhensible et parfois incohérente". Pour Jean-Pierre Dubois, la politique gouvernementale oppose les "bénéficiaires de l'ordre" à de nouvelles "classes dangereuses" qu'il faut "maîtriser" et dont font partie les jeunes, les pauvres, les étrangers, les banlieusards… "La justice est plus dure dans les banlieues, plus douce avec les délinquants financiers." "Les logiques à l'œuvre ne relèvent plus du traitement des causes des déchirures mais de la fragmentation sociale, de la stigmatisation, de la surveillance et de la punition." La LDH dénonce aussi le doublement du nombre de gardes à vue et la durée des peines : "Aucune démocratie ne peut demander à la justice pénale de réduire par toujours plus de sanctions et d'enfermement toutes les fractures qui la traversent." "En démocratie, l'état de la justice est un marqueur extrêmement fiable de l'état des libertés, de l'égalité réelle et de la séparation des pouvoirs", conclut le président de l'association.
"2010-04-13T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/13/la-ligue-des-droits-de-l-homme-ldh-dresse-le-portrait-d-une-justice-bafouee_1333080_3224.html
La barbe ne fait pas le philosophe... la « bonne résolution » du style, si !
Chaque année, l'incipit est le même : « Voici mes bonnes résolutions : arrêter de fumer, trouver un nouveau job, déménager, adopter un mode de vie ultrasain, etc. »
Les promesses déterminées qu'on se fait à soi-même sont nombreuses et, la plupart du temps, fort ambitieuses. Mais, dans le domaine plus terre à terre qui nous intéresse ici — c'est-à-dire côté style ! — à quoi cela peut-il bien ressembler, une « bonne résolution » ? Sachez tout d'abord qu'en prenant une résolution, vous vous montrez philosophe. Plus précisément, la philosophie dont vous faites preuve est de facture cartésienne. L'icône de la discipline qu'est Descartes prône, en effet, une « ferme et constante résolution » (Les Passions de l'âme) comme attitude pratique (au double sens de pragmatique et morale) de base. Sa hantise est l'irrésolution, état de sempiternelle indécision qu'il voit comme une pathologie et, pis, comme une faute dont chacun peut être tenu pour responsable. Dans cette perspective, l'expression « bonne résolution » résonne comme un pléonasme : toute résolution est par définition vertueuse, sachant qu'à partir du moment où on la prend, c'est qu'on a jugé qu'elle était bonne (quand bien même elle ne l'est pas réellement…), sachant également qu'il vaut mieux se montrer résolu qu'irrésolu. Notez cependant que pour suivre le régime cartésien à la lettre il vous faudra ne rien lâcher, être persévérant, endurant et tenace, en un mot « ne point changer [de cap] pour de faibles raisons » (Discours de la méthode) au bout de dix jours… Or, cela ne semble pas facile en matière de style : la mode change en permanence et, à la suivre, nous ressemblons davantage à des girouettes suspendues aux mille et un caprices de tendances versatiles et fantasques qu'à des voyageurs résolus « à marcher toujours le plus droit qu'ils le peuvent vers un même côté » pour sortir du bois. Lulu D'Ardis Peut-être est-ce là l'occasion de réactiver la classique mais fertile distinction entre mode et style : « La mode se démode, le style jamais » (Coco Chanel). Trouver son style sans se préoccuper des effets de mode, voilà qui pourrait bien être la seule bonne résolution à prendre en matière de style. Comme le disait Orson Welles : “Style is knowing who you are, what you want to say, and not giving a damn” — « le style, c'est savoir qui on est, ce qu'on veut dire et s'en foutre complètement » ! Sophie Chassat Sophie Chassat
"2014-07-01T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2014/01/07/la-barbe-ne-fait-pas-le-philosophe-la-bonne-resolution-du-style-si_4343859_4497319.html
Le chômage stable est-il le résultat d’une « manipulation » ?
Le nouveau décompte de Pôle emploi a réduit de 25 000 le nombre de chômeurs supplémentaires entre mai et juin 2015.
Un homme au guichet d'une agence Pôle emploi à Armentieres (Nord). PHILIPPE HUGUEN/AFP PHILIPPE HUGUEN / AFP C’est un simple changement de méthodologie assure-t-on à Pôle emploi, une « modification de procédure » dans l’établissement des chiffres du chômage depuis le mois de juin 2015. Derrière la novlangue administrative, la stabilisation du chômage le mois dernier, qualifiée de « manipulation » des chiffres par certains membres de l’opposition, tient principalement à un mode plus fin de classement des chômeurs inscrits à Pôle emploi. Lire les dernières informations Chômage : quasi-stabilité au mois de juin Des données plus précises Depuis juin 2015, Pôle emploi a accès à des « données administratives plus complètes », qui lui permettent de classer plus précisément les demandeurs d’emplois dans ses cinq catégories : catégorie A : ceux qui n’ont pas du tout travaillé dans le mois qui a précédé ; catégorie B : les demandeurs d’emploi ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois écoulé ; catégorie C : ceux qui ont eu une activité réduite supérieure à 78 heures ; catégorie D : les demandeurs d’emploi dispensés de recherche en raison d’un stage, d’une formation ou d’une maladie : catégorie E : dispensés de recherche d’emploi car déjà employés (en contrat aidé, par exemple). L’agence explique que grâce à une meilleure coordination avec l’Agence de services et de paiement (ASP), elle dispose d’informations plus fiables sur « les demandeurs d’emploi en formation, en service civique ou en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) » – ce qui a permis de reclasser tous les chômeurs inscrits à tort dans les catégories A, B et C vers les catégories D et E, qui regroupent les personnes ne recherchant pas activement un emploi. Lire aussi Exemple Sans ce changement de méthodologie, la baisse de 16 800 inscrits observée dans les trois premières catégories – les plus scrutées – aurait été une hausse de 8 000. Le nombre de chômeurs dans les dernières catégories aurait quant à lui été stable, au lieu d’augmenter de 24 800 : L'évolution mensuelle du chômage en juin 2015 En France métropolitaine Pôle emploi Source : Lire aussi : Qui sont les chômeurs de longue durée ? Si elle semble positive, cette évolution vers davantage de finesse dans le décompte des chômeurs brise la continuité statistique, empêchant de comparer sur une année les chiffres de juin 2015 (3,5 millions de chômeurs de catégorie A) à ceux de juin 2014 (3,39 millions). Lire aussi Une autre anomalie en mai 2015 Lire aussi : Chômage : le biais de François Hollande
"2015-07-28T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/07/28/le-chomage-stable-est-il-le-resultat-d-une-manipulation_4702274_4355770.html
NY-Vendée : victoire de Jérémie Beyou et des foilers
Après deux abandons sur le Vendée Globe, en 2004 et 2012, ce spécialiste du circuit Figaro a fini par remporter sa première victoire en solitaire dans la classe Imoca.
On s'attendait à un match retour entre bateaux à foils et archimédiens, finalement la bataille de la NY-Vendée s'est terminée en une confrontation entre bateaux de nouvelle génération. A l'arrivée aux Sables d'Olonne, mercredi 8 juin, trois bateaux à foils ont trusté les trois premières places du classement : Jérémie Beyou (Maître CoQ), Sébastien Josse (Gitana-Edmond de Rothschild) et Alex Thomson (Hugo Boss). Une première et loin d'être une dernière. Certes, les demi-tours forcés à Newport des favoris à moustache, StMichel-Virbac, Banque-Populaire VIII - tout frais vainqueur de The Transat Bakerly - et Safran, mais aussi des deux archimédiens Quéguiner - Leucémie Espoir (demi-tour à Newport) et de PRB (arrêt aux Açores) ont rapidement distribué les cartes. Mais Jérémie Beyou a su maîtriser avec brio deux des bateaux au plus fort potentiel de vitesse de la flotte Imoca. Vainqueur de cette première édition, Jérémie Beyou peut savourer cette remontée du chenal du port d'Olona. Après deux abandons sur les Vendée Globe 2004 (démâtage) et 2012 (vérin de quille), ce spécialiste du circuit Figaro (triple vainqueur en 2005, 2011 et 2014) a fini par remporter sa première victoire en solitaire dans la classe Imoca. "Physiquement, cette fin de course était très intense mais c'est bien de se faire mal pour préparer le Vendée Globe," nous a-t-il confié quelques minutes après son arrivée. "Ça arrête d'accélérer quand on passe de l'autre côté de la vague" Une victoire sportive et personnelle bien méritée mais aussi un beau succès technique. Maître CoQ est le seul 60 pieds "ancienne génération" de la flotte a avoir été "up-gradé" avec des foils. Un pari risqué mais réussi par son team, qui a dû faire une croix sur son projet Tour de France à la voile pour financer ce chantier. Au final le compte y est et Jérémie Beyou sait désormais qu'il a pris la bonne décision. "C'est une nouvelle ère qui commence et la fin des bateaux plombés. Comme les bateaux de Michel Desjoyeaux et François Gabart, les bateaux à foils sont dans ce cycle d'évolution technique. Les vitesses sont vraiment impressionnantes. Dès qu'on décolle sur les foils, on monte à 24, 25, 26, 27 noeuds... On a l'impression que ça ne s'arrêtera jamais. Ça s'arrête quand on passe de l'autre côté de la vague et là... attention au choc." [embed]https://www.youtube.com/watch?v=sjWDOAPMfw0&feature=youtu.be[/embed] Troisième à l'arrivée, Alex Thomson a le podium triste. "Bien sûr que je suis un peu déçu mais j'ai dû naviguer conservateur pour épargner le bateau". L'Anglais, 3e du dernier Vendée Globe, aura mené la flotte les deux tiers du parcours avant son problème de pilote automatique et quelques autres soucis techniques plus ou moins graves. "Rien de structurel", promet-il. "Je suis déçu du résultat, en revanche nous sommes très contents des performances du bateau. Il y a un an, il était en perdition au milieu de l'Atlantique, aujourd'hui, il est un des bateaux les plus aboutis. L'équipe a fait un travail formidable." En dépit de ces incidents de parcours, le plus beau bateau de la flotte — objectivement parlant — a imposé un tempo infernal. "Alex Thomson a tout de suite marqué la course par sa vitesse. C'est le rythme du prochain Vendée Globe. Il faudra tenir la cadence, et ce sera dur pour le bateau et pour l'homme. A ces vitesses, le stress est permanent", explique Jérémie Beyou. "La tempête que nous avons essuyé au milieu de l'Atlantique nous a donné un avant-goût des mers du Sud," raconte Alex Thomson. "Désormais pour ce type de bateau, les prochaines évolutions ne sont plus de le rendre plus rapide - à plus de 30 noeuds, c'est trop stressant - mais de le rendre plus sûr." Plus sûrs et plus confortables aussi. Morgan Lagravière sur Safran s'est plaint du bruit aiguë et continu des foils sifflant dans l'air. En plus du bruit, le bateau est devenu aussi confortable qu'un B-Zed Ikea premier prix en plus dangereux. "Même assis, on n'est jamais calé, explique Jérémie Beyou. C'est l'un des prochains chantiers : trouver comment se caler et se reposer." Désormais les 27 bateaux inscrits au départ du Vendée Globe (8 novembre) n'ont plus quelques mois pour se préparer pour un tour du monde qui s'annonce haletant. Classement de la Transat New York-Vendée (Les Sables d'Olonne) : 1/Jérémie Beyou (Maître CoQ) : Arrivé le 8 juin à 14h 37min 52s en 9j 16h 57min 52s (Vitesse moyenne 14,85nds) 2/Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) : Arrivé le 8 juin à 17h 6min 49s en 9j 19h 26min 49s à 2h 28min 57s du premier (Vitesse moyenne 14,7nds) 3/Alex Thomson (Hugo Boss) : Arrivé le 8 juin à 18h 43min 33s en 9j 21h 03min 31s à 4h 5min 41s du premier (Vitesse moyenne 14,57nds) 4/Paul Meilhat (SMA) : Arrivé le 9 juin à 9h 59min 27s en 10j 12h 19min 27s à 19h 21min 35s du premier (Vitesse moyenne 14,59 nds) Emmanuel Versace (Blog Sous les pavés, la mer)
"2016-10-06T00:00:00"
blog
http://voileactu.blog.lemonde.fr/2016/06/09/ny-vendee-victoire-de-jeremie-beyou-et-des-foilers/
"Bruno Le Roux au patronat : ""Il faut arrêter de pleurnicher"""
Le député PS s'est indigné du comportement des chefs d'entreprise qui ont brandi symboliquement des cartons jaunes en direction du chef de l'Etat.
Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, a profité d'un passage sur Europe 1, vendredi 11 octobre, pour s'indigner de l'attitude actuelle du patronat envers le gouvernement. "J'ai trouvé quelque peu indécent, en tout cas inacceptable, le comportement des chefs d'entreprise avec leurs cartons jaunes" brandis symboliquement à l'adresse du chef de l'Etat à Lyon par des patrons réunis à l'appel du Medef et de la CGPME. M. Le Roux a poursuivi en s'adressant directement au président du Medef, Pierre Gattaz : "Et puis M. Gattaz nous dit : nous pourrions demain créer un million d'emplois. Mais à quelles conditions ? D'une meilleure compétitivité ? Nous le faisons. D'une réforme du marché du travail ? Nous le faisons. D'une fiscalité qui puisse être discutée avec le patronat ? Nous le faisons". "Alors je dis au patronat qu'il faut arrêter de pleurnicher, il faut arrêter ces grandes assemblées". "Je souhaite qu'il soit au côté du gouvernement et non pas dans une posture rétrograde. Je veux écouter les chefs d'entreprise ! Mais quand ils ne reconnaissent pas la réalité, donnent le sentiment de ne pas vouloir participer à l'effort, de ne pas être dans une posture de combat pour l'emploi, pour la compétitivité alors que tous les moyens sont mis à leur disposition, je dis qu'il y a des limites à un comportement... " Et de poursuivre :Je veux écouter les chefs d'entreprise ! Mais quand ils ne reconnaissent pas la réalité, donnent le sentiment de ne pas vouloir participer à l'effort, de ne pas être dans une posture de combat pour l'emploi, pour la compétitivité alors que tous les moyens sont mis à leur disposition, je dis qu'il y a des limites à un comportement... " L'Etat tend la main aux patrons, pas la joue. L'avertissement que je leur donne, c'est que nous allons continuer à faire en sorte que les entreprises soient aidées pour créer des emplois". GATTAZ DÉNONCE "LE ZIG ET LE ZAG PERMANENTS" Dans une interview publiée jeudi dans Libération, le ministre du budget, Bernard Cazeneuve, est revenu sur la politique du gouvernement envers les entreprises, et sa volonté de passer de "la culture de la confrontation à celle du compromis" avec les chefs d'entreprise tout en prévenant lui aussi que, s'il "a raison de tendre la main", le gouvernement ne doit pas "tendre la joue". Jeudi, M. Gattaz avait quant à lui fustigé le manque de "cap économique, qui explique le zig et le zag permanents du gouvernement. Ça, c'est insupportable. Si on nous met en condition, ça marchera. On se retrouve avec des mesures contradictoires et parfaitement anti-économiques".
"2013-11-10T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2013/10/11/bruno-le-roux-au-patronat-il-faut-arreter-de-pleurnicher_3494022_1698637.html
Football : Arsenal en Ligue des champions, Sir Alex quitte l'arène
Arsenal s'est qualifié pour la Ligue des champions en arrachant une très difficile victoire à Newcastle 1 à 0 grâce à un but de Koscielny, dimanche lors de la 38e et dernière journée du Championnat d'Angleterre.
Arsène Wenger, le 19 mai à Newcastle. REUTERS/RUSSELL CHEYNE Arsenal s'est qualifié pour la Ligue des champions en arrachant une très difficile victoire à Newcastle 1 à 0 grâce à un but de Koscielny (52e), dimanche lors de la 38e et dernière journée du Championnat d'Angleterre. Les "Gunners" terminent quatrièmes avec un seul point d'avance sur Tottenham, qui a attendu la dernière minute et un but de l'inévitable Gareth Bale pour remporter un succès insuffisant à domicile face à Sunderland 1 à 0. C'est la seizième fois d'affilée qu'Arsenal se qualifie pour la Ligue des champions. Les hommes d'Arsène Wenger devront toutefois passer par le tour qualificatif à la fin de l'été. Le temps additionnel a été irrespirable à St James'Park pour les supporteurs des "Gunners", qui ont d'ailleurs souffert pendant presque tout le match face à une équipe de Newcastle volontaire malgré l'absence d'enjeu pour elle. Terriblement crispés, les Londoniens n'ont jamais réussi à contrôler le match. Le but de Koscielny, d'un reprise acrobatique de près, après une remise de la tête de Podolsky sur un coup franc, a d'ailleurs été leur unique occasion dans le temps réglementaire. Dans le tems additionnel, Walcott a manqué une énorme occasion, son extérieur du pied échouant sur le poteau, que peu de supporteurs des "Gunners" lui auraient pardonné si le dénouement avait été malheureux. Arsenal finit sur une note positive une saison pénible. Les hommes de Wenger ont longtemps été distancés par le quatuor de tête. Dixièmes au classement après la 15e journée, ils avaient sept points de retard sur Tottenham après leur défaite face aux "Spurs", 2 à 1, le 3 mars, leur dernière en date. Mais ils ont su réagir dans le sprint final en enchaînant dix matches sans défaite (8 victoires, 2 nuls), sans toutefois jouer toujours un football brillant. LA "DER" DE SIR ALEX Très critiqué en cours de saison, Wenger va pouvoir renforcer son effectif cet été grâce à ce ticket en Ligue des champions, indispensable pour attirer les meilleurs joueurs. Du côté de Tottenham, la cinquième place est un coup d'arrêt. L'entraîneur André Villas-Boas, malgré un bel effectif tiré par une superstar en pleine éclosion, Garethe Bale (21 buts), a fait moins bien que son prédécesseur Harry Redknapp, quatrième (mais pas qualifié non plus pour la Ligue des champions à cause du titre européen du sixième Chelsea). C'est la troisième fois de suite que les "Spurs" devront se contenter de l'Europa League. Comme l'an passé, ils ont tenu la dragée haute aux meilleurs pendant une grande partie de la saison, mais ont craqué au printemps, perdant 12 points lors des 10 dernières journées. Jamais Tottenham n'a fini devant son voisin du nord de Londres depuis l'arrivée d'Arsène Wenger en Angleterre en 1996. Chelsea a assuré la troisième place, et évité le tour préliminaire de la Ligue des champions, en battant Everton 2 à 1 à Stamford Bridge grâce à des buts de Mata et Torres. Faute d'une victoire, Manchester United a offert un festival offensif, 5 à 5, à Alex Ferguson, qui dirigeait sur le terrain de West Bromwich le dernier match de sa carrière longue de 26 ans à la tête des "Red Devils", champions pour la vingtième fois.
"2013-05-19T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/05/19/football-arsenal-en-ligue-des-champions-sir-alex-quitte-l-arene_3361700_3242.html
« Le Moyen-Orient est la région la plus durablement touchée par la guerre de 1914-1918 »
Centenaire du 11-Novembre. Pendant la Grande Guerre, Français et Britanniques entreprennent le dépeçage de l’Empire ottoman. Cette partition diplomatique, démontre l’historien Eugene Rogan, déstabilise encore aujourd’hui toute la région.
Eugene Rogan est professeur d’histoire contemporaine du Moyen-Orient à l’université d’Oxford (Royaume-Uni). Il est l’auteur de Histoire des Arabes de 1500 à nos jours (Perrin, 2013). Israël, Palestine, Syrie, Liban… il explique l’impact qu’a eu le règlement de la première guerre mondiale. Pourquoi les puissances européennes ont-elles entrepris de dépecer l’Empire ottoman (1299-1923) alors que la guerre n’était pas terminée ? Eugene Rogan : Pour comprendre pourquoi, il faut remonter à la question d’Orient au XIXe siècle : les Européens étaient préoccupés par la préservation de l’Empire ottoman. Leur crainte était que « l’homme malade de l’Europe » s’effondre, entraînant des conflits entre les puissances impériales européennes désireuses d’accéder aux territoires géostratégiques du Moyen-Orient. En 1914, l’Empire ottoman est entré en guerre aux côtés des puissances centrales. Pour la Grande-Bretagne, la France et la Russie, il semblait alors que son ­effondrement était imminent. Les Alliés, qui ne voulaient pas être rivaux au lendemain d’une guerre qu’ils pensaient gagner, ont pris la décision calculée de résoudre la question d’Orient en tuant l’Empire ottoman et en le dépeçant ensuite. C’est là que se ­situe le péché originel : les Alliés n’étaient pas d’avis que le Moyen-Orient soit capable de se doter de son propre agenda politique. Encore attachés à l’ordre impérial, ils ont cherché à obtenir un équilibre entre Européens et non à garantir la stabilité de la région. Est-ce la guerre qui a provoqué la chute de la Sublime Porte ? L’Empire ottoman aurait pu survivre s’il n’était pas entré en guerre. La ténacité avec laquelle les Ottomans ont combattu suggère qu’il n’était pas inévitable que leur empire s’effondre. Leur défaite, ­actée par l’armistice de Moudros, est survenue le 30 octobre 1918. Personne ne pensait qu’ils se battraient aussi longtemps. En mai 1916, les accords Sykes-Picot prévoient que le Liban et la Syrie reviendraient à la France ; la Mésopotamie, la péninsule ­Arabique et la Transjordanie à la Grande-Bretagne ; la Palestine serait placée sous administration internationale. En quoi ces accords reflètent-ils la mentalité des diplomates de l’époque ? Nous nous trompons encore beaucoup lorsque nous pensons à Sykes-Picot. Ces accords doivent être perçus comme un jalon dans une partition de diplomatie de temps de guerre qui commence en mars 1915 et se termine à la conférence de San Remo en 1920. Le premier jalon intervient en mars 1915 lorsque les Russes font part aux Alliés de leurs buts de guerre : il s’agit de mettre la main sur Constantinople, le détroit des Dardanelles et la Thrace occidentale. Les Français, qui acceptent, veulent la Cilicie et la Syrie, deux régions de l’Empire ottoman dont les frontières ne sont pas clairement délimitées. Les Britanniques se réservent le droit de revendiquer des territoires le moment venu. Ils le feront lors des accords de Sykes-Picot, étape parmi d’autres sur cette route qui conduit la France et la Grande-Bretagne à s’assurer qu’il n’y aura pas de malentendus sur cette partition diplomatique. Ce n’était pas cynique, c’était la diplomatie à l’âge des empires. Le système de mandats est impopulaire dès le début. Croyez-vous qu’il était voué à l’échec ? Ces mandats étaient voués à l’échec : ils ont créé des institutions contre lesquelles les mouvements ­nationalistes se sont définis et les peuples arabes ­vivant à l’intérieur de leurs frontières n’ont cessé de s’opposer à l’occupant colonial. Les demandes ­d’indépendance ont été constantes, de la création des mandats au début des années 1920 à leur disparition un quart de siècle plus tard. Qu’en est-il du mandat en Palestine ? Le mandat en Palestine a failli parce que les Britanniques ont mis en concurrence deux mouvements ­nationaux incompatibles – juif et arabe – pour le contrôle de la Palestine. Ils n’ont pas trahi les Arabes ; ils ne se sont pas non plus rangés du côté des sionistes. Non, les Britanniques ne souhaitaient pas un Etat juif ou arabe, mais faire avancer leurs intérêts, et notamment protéger le canal de Suez. Persuadés que leur empire durerait des générations, ils avaient pour objectif de saper tout mouvement nationaliste et de garder le territoire sous leur ­contrôle. Ainsi, la promesse non pas d’un Etat juif, mais d’un foyer national juif, devait permettre de créer une communauté de clients qui faciliterait le contrôle britannique de la Palestine. Sûrs de leur ­expérience impérialiste, ils ont cru pouvoir gérer les demandes contradictoires des deux communautés. Ce n’est qu’en 1937 qu’ils ont reconnu ne plus avoir le contrôle de la situation. Au terme de la guerre gréco-turque (1919-1922), Mustafa Kemal Atatürk reprend les territoires d’Anatolie cédés aux Kurdes et aux Arméniens par le traité de Sèvres en 1920. La République ­laïque turque qu’il instaure en 1923 a-t-elle réussi à faire oublier le prestige des institutions ottomanes ? Il est vrai qu’au XIXe siècle, l’Empire ottoman bénéficiait d’un prestige : il s’étendait en Europe, en Asie et en Afrique du Nord et exerçait un contrôle sur les villes sacrées de Jérusalem, Médine et La Mecque. Mais ce qui l’a remplacé s’est avéré plus solide et légitime. La Turquie est le seul Etat sorti du démantèlement de l’Empire ottoman qui a fixé ses frontières, non par la négociation, mais par la force des armes, en venant à bout d’ennemis grands et petits. Cet Etat a réussi à rassembler les Turcs et à déplacer le centre de sa culture politique à Ankara, pour affirmer une identité tournant le dos au passé ottoman. L’armée et la direction nationaliste d’Atatürk sont devenues un modèle, y compris dans le monde arabe. Il est ­intéressant de noter qu’après avoir détruit les institutions impériales, la République turque s’appuie aujourd’hui sur l’héritage des Ottomans pour promouvoir sa gloire à un moment où elle a cessé de contrôler sa propre destinée. En 1924, le califat disparaît. Quel fut l’impact au Moyen-Orient ? La force de l’islam politique aujourd’hui laisserait penser que l’abolition du califat par des civils aurait provoqué des émeutes. Et pourtant, cette décision n’a pas suscité de contrariété au sein de la communauté sunnite, si ce n’est en Inde. Lire aussi En Hongrie, le traité de Trianon occupe toujours les esprits L’utilisation cynique de l’institution du califat au cours de la Grande Guerre – l’appel à la guerre sainte ne parvint guère à mobiliser les populations musulmanes des empires français et britannique – a dévalorisé sa légitimité religieuse et, dans un sens, l’a réduit à quelque chose de révolu. Pour preuve, le roi Fouad d’Egypte et le roi Hussein du Hedjaz, qui se sont ensuite portés candidats au poste de calife, ont soulevé un enthousiasme muet. Pour les peuples du Moyen-Orient entrés dans l’ère des Etats-nations, ce qui importait, c’étaient les nouvelles frontières. Le Moyen-Orient souffre-t-il encore des conséquences de 1914-1918 ? Le Moyen-Orient est la région du monde la plus ­durablement touchée par le règlement de la première guerre mondiale. Issu de ce règlement, le ­conflit entre Israéliens et Palestiniens a depuis lors transformé le Moyen-Orient en une zone de guerre. Les problèmes du ­Liban résultent du mandat français : le système de partage du pouvoir entre différentes confessions a fait du Liban un pays ingouvernable pendant une grande partie de son histoire. Par ailleurs, les Syriens n’ont jamais reconnu la ­séparation du Liban et de la Syrie imposée sans leur accord. L’occupation syrienne du Liban après la guerre civile [1975-1990] peut être considérée comme un acte de refus de reconnaître l’indépendance du Liban. Et depuis lors, il a été très difficile pour le Liban d’agir sans l’aval de Damas. Dans quelle mesure la tentative de l’organisation Etat islamique (EI) d’effacer la frontière entre la Syrie et l’Irak est-elle un legs de 1914-1918 ? De nombreux nationalistes arabes ont également pensé que la division du Moyen-Orient en Etats distincts était un héritage impérial illégitime. Cette idée était présente chez les idéologues panarabes et panislamiques. L’EI, pour sa part, a revendiqué les territoires chevauchant l’Irak et la Syrie, sur lesquels régnait autrefois l’Empire abbasside (750-1258), pour renforcer sa légitimité religieuse. Et en prétendant faire éclater Sykes-Picot, il a voulu asseoir une légitimité très moderne. Mais la manière dont la Syrie, l’Irak et la communauté internationale l’ont délogé de ces territoires montre que ces frontières ne sont pas près d’être effacées.
"2018-01-11T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/01/le-moyen-orient-est-la-region-la-plus-durablement-touchee_5377655_3232.html
Amnésie traumatique : « Deux minutes après m’être allongée sur la table de soin, j’ai revécu la scène »
Témoignage. Pour survivre au traumatisme des viols dont elle fut victime, Mie Kohiyama les a enfouis dans son inconscient. Jusqu’à ce qu’ils ressurgissent, trente-deux ans plus tard.
Il y avait bien des signes de mal-être, comme ces troubles alimentaires survenus à l’adolescence, mais aucun souvenir d’une quelconque agression sexuelle. Plutôt une « course en avant », un « malaise insidieux », et une existence consacrée au travail, se rappelle Mie Kohiyama. Puis, à la fin de 2008, il y a eu ce « choc émotionnel » lié à une rencontre avec une femme. La journaliste doit alors faire face à « une explosion de souvenirs très précis liés à la petite enfance » : « Je me voyais au parc en train de jouer aux billes, je me souvenais tout à coup de poèmes que j’avais appris à l’école. C’était presque cinématographique. Je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait. » Comme de nombreuses victimes de viol, Mie Kohiyama, âgée aujourd’hui de 45 ans, a subi ce qu’on appelle une amnésie traumatique, une période pendant laquelle elle n’a pas eu conscience des violences qu’elle avait subies. Jusqu’au réveil, qui fut brutal. « J’ai hurlé le surnom de mon agresseur » « Déstabilisée » par ces images qui surgissent de son esprit, la jeune femme décide, en janvier 2009, d’aller voir un hypnothérapeute. « Deux minutes après m’être allongée sur la table de soin, j’ai hurlé le surnom de mon agresseur et revécu une scène de viol, mais à la hauteur d’un enfant de 5 ans. » Prise d’une panique « terrible et abominable », elle tente les jours suivants de « refermer le couvercle ». Mais c’est trop tard, la « boîte de Pandore » est ouverte. Tout revient. Les scènes de viol et ces flashs de plus en plus intenses. « Je revivais puissance dix toutes les émotions que j’avais ressenties enfant. » Lire aussi le point de vue de Mie Kohiyama : « Contre le viol d’enfants, faisons entrer l’amnésie traumatique dans la loi » A l’époque, âgée de 37 ans, Mie Kohiyama a pourtant cette sensation étrange de se retrouver « dans le corps d’une enfant de 5 ans ». Son « premier réflexe », appeler sa mère pour qu’elle écrive à son « agresseur » et « lui demande des explications ». Les trois lettres envoyées sont restées sans réponse. « J’étais persuadée qu’il allait me tuer. D’ailleurs, je me suis souvenue qu’au moment des faits, il m’avait menacée pour que je me taise. » En 2011, Mie Kohiyama décide de porter plainte. Lors de sa déposition, elle raconte aux policiers avoir été violée par un cousin éloigné lorsqu’elle avait 5 ans. Il en avait, lui, 39. Mais, malheureusement, les faits, qui se sont déroulés en juillet 1977, sont prescrits depuis vingt-quatre ans. Lors de son audition, l’homme reconnaît pourtant bien les nombreux détails donnés par la victime — « la gourmette qu’il portait au poignet gauche », « sa barbe en collier et sa moustache », « la couleur de ses sous-vêtements » —, mais il nie. Une méthode pour soigner les vétérans du Vietnam L’affaire est classée sans suite. En décembre 2013, décidée à obtenir justice, la jeune femme saisit la Cour de cassation, en vain. « C’était la première fois en France, rappelle-t-elle, qu’une victime de viols demandait la révision du délai de prescription sur la base de l’amnésie traumatique. » Son combat judiciaire dans l’impasse, Mie Kohiyama décide d’entreprendre une thérapie. D’abord hospitalisée dans une clinique, elle est suivie avec la méthode EMDR (Eye-Movement Desensitization and Reprocessing, désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), une approche de psychothérapie développée aux Etats-Unis dans les années 1980 par Francine Shapiro pour soigner les vétérans du Vietnam victimes de stress post-traumatique. Grâce à cette technique et au travail avec la psychiatre Muriel Salmona, Mie Kohiyama se sent, aujourd’hui, plus « apaisée » : « J’arrive à maîtriser certaines choses, même s’il y a des résurgences de la mémoire traumatique. » Il y a quelques mois, la journaliste est retournée sur les lieux du crime, une première en quarante ans. Mais cela n’en était pas moins « terrible ». Quand elle s’est approchée de la venelle, située à gauche de la maison de sa grand-tante, où elle avait, cet été-là, passé les vacances, elle a revécu son premier viol, une fellation. Puis, les deux autres survenus en une seule journée « dont un extrêmement brutal », glisse-t-elle avec pudeur. En 2015, Mie Kohiyama a témoigné sous le pseudonyme de Cécile B. dans un livre intitulé Le Petit Vélo blanc. Celui qui était posé contre le mur de la ruelle lorsque son violeur est passé à l’acte. Le Petit Vélo blanc, Cécile B., Calmann Lévy, 2015, 300 pages.
"2017-09-11T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/11/09/amnesie-traumatique-deux-minutes-apres-m-etre-allongee-sur-le-divan-j-ai-revecu-la-scene_5212823_3224.html
Emmaüs Connect et Google s’associent en faveur des oubliés du numérique
L’association lance avec le soutien de Google.org un programme de formation numérique destiné aux publics les plus fragiles. Un modèle qui suscite des questions sur le rôle des pouvoirs publics.
Lors d'un forum pour l'emploi à Gravelines le 30 mars 2016. PHILIPPE HUGUEN / AFP Faire du numérique un levier d’insertion pour un million de personnes d’ici à 2020 : c’est le programme ambitieux lancé mercredi 13 avril par l’association Emmaüs connect avec le soutien de Google.org, la branche philanthropique du géant américain Google. L’association, qui appartient au mouvement Emmaüs et travaille depuis 2013 dans le domaine de la médiation numérique en lien avec les services sociaux et le service public de l’emploi, annonce la création d’une « start-up à vocation sociale », financée à hauteur de 1 million d’euros par la fondation Google.org. Baptisée WeTechCare, elle a pour objectif de concevoir des services Web, applications mobiles et tutoriels adaptés à des publics fragiles et non connectés. Selon le baromètre du Numérique 2015 ­du Credoc, cinq millions de personnes cumulent en France précarités numérique et sociale. Salariés peu qualifiés, familles monoparentales, jeunes demandeurs d’emploi ou personnes handicapées à bas revenus, ils restent souvent à l’écart des opportunités des services en ligne pour se former ou trouver un emploi, alors même que l’administration publique bascule progressivement vers une dématérialisation totale de ses services. Il faut désormais passer par Internet pour s’inscrire à Pôle Emploi ou bénéficier de la prime d’activité de la caisse nationale des allocations familiales. En 2019, ce sera le tour de la déclaration de revenus. Un parcours 100 % dématérialisé qui exclut une partie de la population et « fait vaciller le socle républicain », selon le collectif d’institutions signataire de la tribune publiée le 7 avril dans Le Monde. Difficultés démultipliées pour les plus fragiles Avec le lancement de son programme WeTechCare, l’association Emmaüs Connect espère « démultiplier » son action en faveur de l’inclusion numérique des plus fragiles, en s’appuyant sur des réseaux d’accompagnement au numérique sur le territoire. « Nous avons accueilli plus de 20 000 personnes en trois ans mais nous percevions l’intérêt d’outils en ligne, adaptés aux apprentissages », explique Jean Deydier, directeur général d’Emmaüs Connect. L’un des projets, l’appli ClicNJob, cible la minorité de jeunes non qualifiés en recherche d’emploi, parfois familiers des jeux vidéo mais pas toujours à l’aise avec l’utilisation du numérique pour leur intégration sociale. Conçue et testée en partenariat avec les missions locales, cette application propose un parcours ludique de formation à la maîtrise de l’usage du mail, la recherche d’emploi sur les sites dédiés ou la création d’un CV en ligne. Une autre plate-forme, « Les bons clics », dont le lancement est prévu fin 2016, permettra aux services sociaux d’évaluer et de renforcer les compétences numériques des personnes précaires. Selon une étude conduite en 2015 par Emmaüs Connect, 75 % des professionnels interrogés par l’association sont contraints d’effectuer les démarches « à la place de » la personne qu’ils accompagnent. Pourtant, seuls 10 % d’entre eux déclarent être formés pour accomplir cette mission. « Cela pose des problèmes éthiques, liés notamment à la gestion par un tiers d’une adresse mail personnelle », estime Jean Deydié qui a pris l’initiative de solliciter Google.org pour répondre à ce qu’il appelle une « urgence nationale ». Un « alibi » pour les pouvoirs publics C’est la deuxième fois que la fondation Google.org, créée en 2004 et financée par un prélèvement de 1 % sur les bénéfices des actions Google, intervient financièrement en France. En 2015, elle avait organisé à Paris le Google Impact Challenge récompensant quatre initiatives sociales innovantes. Outre son concours financier, elle dispense dans le cadre du projet WeTechCare les conseils et le soutien technologique des ingénieurs et employés de Google France, mais assure ne pas avoir accès aux données personnelles des utilisateurs des services. « Les données seront stockées en France sur des serveurs indépendants de Google », précise Jean Deydié. « Il est important pour nous de faire cette séparation stricte », explique Florian Maganza, responsable Europe de Google.org. Le partenariat entre Emmaüs Connect et Google.org intervient dans un contexte particulier, alors que le fisc français réclame 1,6 milliard d’euros d’arriérés d’impôts au géant de l’Internet, et que les pouvoirs publics peinent à définir une stratégie pour garantir les droits des publics les plus fragiles. La loi pour une République numérique, en cours d’examen au Sénat après une première lecture à l’Assemblée nationale, recommande aux collectivités territoriales de développer la médiation numérique mais ne prévoit pas de mesures contraignantes. Et les espaces publics numériques (EPN) chargés d’assurer cette médiation depuis 20 ans voient diminuer leurs financements. « Le problème, c’est que le temps de présence nécessaire pour accompagner les personnes en difficulté sur le numérique est en baisse, alors même qu’il garantit la réussite des projets », estime Valérie Peugeot, présidente de l’association Vecam. Lire aussi Projet de loi numérique : ce que contient le texte que vont examiner les députés Co-auteure du rapport sur l’inclusion numérique publié en 2013 par le CNNum (Conseil national du numérique), elle signe avec Michel Briand un billet intitulé « Le numérique public : cache-sexe du déni des droits ou levier de solidarité ? », dans lequel elle se réjouit de « ces initiatives de médiation numérique » mais s’interroge aussi sur « la concomitance de cette montée en initiatives financées sur fonds privés et les contradictions qui traversent simultanément les politiques du secteur public en la matière ». « Il ne faudrait pas que la prise en main des médiations numériques par des associations financées par l’économie numérique serve d’alibi à un désengagement de la puissance publique, explique-t-elle au Monde. Un tel abandon serait dommageable, d’abord parce que ces initiatives ne sont pas quantitativement suffisantes, mais aussi parce qu’on ne peut pas réduire l’intérêt général à la stratégie des entreprises privées. »
"2016-12-04T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/04/13/emmaus-connect-et-google-s-associent-en-faveur-des-oublies-du-numerique_4900980_4408996.html
L’appel de Jean-Pierre Bemba rejeté par la Cour pénale internationale
L’ancien vice-président de la RDC contestait sa condamnation pour subornation de témoins dans le cadre de son procès pour crimes de guerre.
L’ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba lors de son procès devant la Cour pénale internationale, à La Haye, le 21 juin 2016. MICHAEL KOOREN / AFP La chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a rejeté, jeudi 8 mars, l’appel de l’ex-chef de guerre et ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) Jean-Pierre Bemba, condamné à un an de prison pour subornation de témoins dans le cadre de son procès pour crimes de guerre. Les juges ont ordonné une nouvelle peine d’emprisonnement. L’ancien homme d’affaires de 55 ans avait été condamné en juin 2016 à dix-huit ans de prison pour une vague de meurtres et de viols commis en Centrafrique par sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), entre octobre 2002 et mars 2003. Celui qui est surnommé le « Mobutu miniature » avait été reconnu coupable en octobre de la même année d’avoir corrompu quatorze témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages. Il avait écopé pour cela d’un an de prison et de 300 000 euros d’amende. Lire aussi Jean-Pierre Bemba et ses complices condamnés par la CPI pour avoir soudoyé 14 témoins Les cinq juges de la chambre d’appel de la Cour basée à La Haye, aux Pays-Bas, ont rejeté les douze motifs d’appel de la défense de M. Bemba et ordonné la révision en chambre de première instance des peines prononcées dans cette affaire de subornation de témoins. « La chambre d’appel a constaté que la chambre de première instance a commis une série d’erreurs en ce qui concerne les peines prononcées contre M. Bemba [et ses co-accusés] M. Magenda et M. Kilolo, a déclaré la juge-présidente Silvia Fernandez. Dans ces circonstances, la chambre d’appel estime qu’il est approprié d’annuler leur peine et de demander à la chambre de première instance de prononcer de nouvelles condamnations. » Des cadeaux en échange de faux témoignages M. Bemba, ses avocats Aimé Kilolo et Jean-Jacques Mangenda, ainsi que le député du MLC Fidèle Babala et le témoin de la défense, Narcisse Arido, avaient versé de l’argent et donné des cadeaux à des témoins ou leur avaient promis une installation en Europe en échange d’un faux témoignage devant la CPI. Les co-accusés de M. Bemba avaient écopé de peines allant de six mois à deux ans et demi de prison et d’une amende de 30 000 euros. M. Bemba, « condamné sur la base de constatations factuelles qui ne sont pas étayées par des preuves », selon son avocate Melinda Taylor, avait fait appel du jugement. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait quant à elle fait appel des peines prononcées contre M. Bemba et les autres, les jugeant « manifestement inappropriées » et ne « reflétant pas la gravité » des actes. Elle a appelé la Cour à tous les condamner à cinq ans de prison. M. Bemba a par ailleurs interjeté appel en 2016 de sa première condamnation à dix-huit ans de prison pour crimes de guerre. Reconnu coupable en vertu du principe de « la responsabilité du commandant », M. Bemba avait été condamné à la peine la plus lourde jamais imposée par la Cour de La Haye. La défense du Congolais a demandé à la CPI, lors d’une audience publique en janvier, d’annuler la condamnation en première instance, accusant les juges de « manque d’impartialité ».
"2018-08-03T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/03/08/l-appel-de-jean-pierre-bemba-rejete-par-la-cour-penale-internationale_5267750_3212.html
Fadettes : le parquet demande le renvoi de Squarcini en correctionnelle
L'ex-directeur central du renseignement intérieur est poursuivi dans l'affaire des fadettes pour avoir fait analyser les factures téléphoniques détaillées d'un journaliste du "Monde" dans le but d'identifier ses sources.
L'ancien directeur central du renseignement intérieur Bernard Squarcini, le 17 janvier 2012. AFP/MARTIN BUREAU Le parquet de Paris a requis, lundi 13 mai, le renvoi en correctionnelle de Bernard Squarcini, l'ancien directeur central du renseignement intérieur (DCRI), pour avoir fait analyser les factures téléphoniques détaillées – les fadettes – d'un journaliste du Monde, dans l'affaire Bettencourt. Au terme d'un réquisitoire définitif assez sévère, Annabelle Philippe, la responsable de la section presse du parquet de Paris, a estimé que l'ancien patron du renseignement devait bien être jugé pour "collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite", un délit passible de cinq ans de prison et 300 000 euros d'amende. Bernard Squarcini a, lui, déposé à la fois une demande de non lieu et réclamé de nouvelles auditions. La juge d'instruction devrait néanmoins le renvoyer dans la deuxième quinzaine de juin devant le tribunal, pour un procès vraisemblablement tenu à l'automne. Bernard Squarcini a reconnu avoir demandé "une vérification technique" pour une période de quatre jours sur les fadettes de Gérard Davet, auteur d'un article du Monde en date des 18 et 19 juillet 2010 intitulé "L'audition de Patrice de Maistre met Eric Woerth en difficulté", dans l'affaire Bettencourt, audition qui venait d'avoir lieu. Le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard à l'époque, lui avait demandé d'identifier la source d'une fuite qui irritait au plus haut point l'Elysée. David Sénat, conseiller pénal de Michèle Alliot-Marie, alors garde des sceaux, avait été aussitôt mis à pied après l'examen de ses propres fadettes. > Lire l'éditorial : Les fadettes, le procureur et la liberté de la presse SAISIE D'UN JUGE INDÉPENDANT Le Monde avait porté plainte le 20 septembre 2010 pour violation du secret des sources, mais le parquet de Paris, à l'époque peu convaincu, avait classé l'affaire le 11 janvier 2011. Le procureur-adjoint Jean Quintard avait estimé que la violation du secret des sources n'était pas pénalement sanctionnée et donc inapplicable. En revanche, il avait jugé que le délit de collecte frauduleuse de données personnelles "n'était pas suffisamment constitué en l'espèce et dans la mesure où les données recueillies sur les fadettes ne sont pas venues alimenter un fichier". Le quotidien avait finalement dû saisir un juge d'instruction statutairement indépendant, Sylvia Zimmermann, qui avait elle mis en examen le policier le 17 octobre 2011 pour collecte de données illégales, atteinte au secret des correspondances et recel de violation du secret professionnel (des opérateurs téléphoniques). Bernard Squarcini avait fait appel de sa mise en examen et la chambre d'instruction de la cour d'appel avait estimé, le 13 décembre 2012, que l'atteinte au secret des correspondances et la violation du secret professionnel n'étaient pas constituées. En revanche, le patron du renseignement restait bien mis en examen pour collecte frauduleuse de données – contre l'avis du parquet, une fois encore : l'avocat général Louis Wallon avait requis que la Cour ne pouvait que constater "la nullité de la mise en examen de Bernard Squarcini". Reste qu'il existe désormais un cadre légal pour interdire l'examen des fadettes des journalistes : la collecte frauduleuse de données personnelles. "DÉFENSE DES INTÉRÊTS NATIONAUX" La juge a estimé le 7 février 2013 avoir terminé son instruction. Bernard Squarcini a réclamé depuis l'audition de Philippe Courroye, alors procureur de Nanterre, et de Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Versailles, pour savoir s'ils avaient fait suivre les procès-verbaux à la chancellerie. Il réclame par ailleurs un non-lieu en considérant que sa démarche était parfaitement légale, et conforme à la loi de 1991 sur les écoutes – à une époque où ni les portables ni les fadettes n'existaient. Le parquet de Paris estime au contraire aujourd'hui que les éléments légaux disponibles en 2010 "étaient en parfaite contradiction" avec l'interprétation donnée, "de façon non convaincante", par Bernard Squarcini : "En effet les pièces produites sont essentiellement des notes rédigées par monsieur Squarcini lui-même, insiste le parquet, ou par le ministre de l'intérieur, faisant état d'une interprétation qui ne correspond ni au texte de loi lui-même, ni aux différents avis donnés par la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) et le groupement interministériel de contrôle (GIC), avis parfois donné en réaction aux pratiques de la DCRI sur ce point." Le policier soutient encore que l'affaire des fadettes était conforme à "la défense des intérêts nationaux", vocation de son service. Le parquet balaie l'argument. "Il ne paraît pas possible de considérer sérieusement, à le supposer établi, que le fait pour un conseiller du ministre de la justice de révéler à la presse le contenu des auditions d'un gardé à vue dans une affaire judiciaire de droit commun, puisse constituer une véritable atteinte à la sécurité nationale", tranche la vice-procureur Annabelle Philippe. >
"2013-05-14T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/14/fadettes-renvoi-en-proces-requis-pour-l-ex-patron-de-la-dcri-bernard-squarcini_3201948_3224.html
L'efficacité d'un capitalisme familial
Les 100 ans de Gallimard. Le groupe d'édition emploie plus de mille personnes et réalise un chiffre d'affaires d'environ 240 millions d'euros
Mardi 3 février 2009, la réception est intime, presque familiale, quoique se tenant à l'Elysée : une vingtaine d'invités, plus une classe d'un collège de la Région parisienne, venus voir Nicolas Sarkozy remettre la légion d'honneur à J. K. Rowling. Par ce geste, la République remercie la maman anglaise d'Harry Potter d'avoir fait lire des millions d'adolescents. Une jolie victoire pour Antoine Gallimard. Cette médaille vient récompenser l'auteur qui lui a permis de dégager un incroyable jackpot. Grâce aux 26 millions d'exemplaires vendus en France du petit magicien aux lunettes rondes, le PDG des éditions Gallimard est de nouveau seul maître à bord de la maison qui porte son nom et qu'il dirige après son grand-père, Gaston, et son père, Claude. Une maison qui pendant les douze premières années de son existence, de sa création en 1911 jusqu'aux années 1923-1924, n'a pas gagné d'argent. Ce qu'aucune start-up d'aujourd'hui ne pourrait se permettre. Mais les actionnaires de l'époque, de bons bourgeois aisés, les Gallimard, les Gide, les Schlumberger, les Couvreux notamment, ont remis consciencieusement au pot. Bien leur en a pris ! Par la suite, l'entreprise n'a jamais perdu d'argent, à l'exception des années 1930 et 1931. A cette époque, la revue Détective, opportunément rachetée par Gaston Gallimard, a permis de surmonter la crise. Résumer cent ans d'histoire économique de Gallimard, c'est avant tout évoquer un certain esprit du capitalisme familial. Le retour de balancier est saisissant par rapport aux années 1990. La mode était alors aux conglomérats. L'avenir semblait appartenir à des groupes comme Hachette ou celui de la Cité, qui assuraient 60 % du chiffre d'affaires de l'édition française, et les maisons familiales comme Gallimard, Le Seuil, Flammarion et Albin Michel paraissaient vouées à disparaître. Vingt ans après, deux d'entre elles ont certes perdu leur indépendance, mais la réussite de Gallimard, tout comme celle d'Albin Michel, illustrent l'efficacité de ce capitalisme "à la papa". Pour ses 100 ans, Gallimard affiche une santé qui pourrait faire pâlir de jalousie ses concurrents. Dans les années 1970, la maison a changé de nature, passant du stade artisanal à l'ère industrielle. Son PDG d'alors, Claude, a rompu les amarres avec le groupe Hachette : coup sur coup, il a créé la Sodis, son centre de distribution indépendant et "Folio", sa collection de poche, rompant une double collaboration avec Hachette. Dans la foulée, Gallimard a lancé, sous la houlette de Pierre Marchand, son secteur jeunesse, devenue depuis l'un des plus rentables de l'ensemble. En 2010, Gallimard est un groupe d'édition et de distribution qui emploie plus de mille personnes, affiche un chiffre d'affaires de l'ordre de 240 millions d'euros (près de 300 millions pour les bonnes années d'Harry Potter). Il n'a plus de dettes, possède un important patrimoine immobilier (trois immeubles à Paris dans le triangle d'or de Saint-Germain-des-Prés, et de vastes terrains à Lagny-sur-Marne, où sont installés les entrepôts). Pour les banquiers, la valorisation du groupe est au minimum de 400 millions d'euros, mais de toute façon, Gallimard n'est pas à vendre. Aujourd'hui, tous les actifs sont réunis au sein d'une holding familiale, créée en 1992, Madrigall, (anagramme de Gallimard) qui détient 98 % de l'entreprise et dont le capital est verrouillé. Antoine Gallimard en possède 60 %, le reste étant réparti entre des proches, sa soeur Isabelle, son oncle Robert mais aussi Muriel Toso, Francis Arbousset, Odon Vallet. Pourtant, avant Harry Potter et sans le coup de baguette d'un autre magicien, le groupe Gallimard aurait pu sombrer et perdre son indépendance dans les années 1988-1990, en raison de la crise ouverte par les dissensions entre les quatre enfants de Claude Gallimard : Christian, le fils aîné, écarté de la direction de l'entreprise en 1983, Antoine désigné comme successeur par son père en 1988 et leurs deux soeurs. C'est François Mitterrand qui a sauvé Gallimard. Au nom du "patrimoine national" que représentait la maison, il a demandé au président de la BNP d'organiser le rachat des parts détenues par la famille. Pour le président, fin lettré, il aurait été insupportable que l'éditeur de Marcel Proust ou d'Henry de Montherlant tombe dans l'escarcelle d'un Bouygues, d'un Havas, voire d'un investisseur étranger. "Le pacte d'actionnaire mis en place à l'époque était très clairement à l'avantage d'Antoine Gallimard", se souvient l'un des acteurs, car il interdisait aux investisseurs venus lui prêter main-forte, Einaudi, la BNP, Havas, (chacun détenteur de 12,5 % du capital), de se racheter mutuellement leurs parts. Antoine Gallimard a ensuite pu reprendre chacune des participations. En 2003, il a refermé la parenthèse ouverte quinze ans plus tôt, lorsque le capital de cette entreprise était connu de tous. Maintenant, à l'abri de toute ingérence, Gallimard peut renouer avec une culture du secret, inhérente au capitalisme familial. Alain Beuve-Méry
"2011-10-03T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/03/10/l-efficacite-d-un-capitalisme-familial_1490925_3260.html
« WoW », « Call of Duty », « Minecraft »… Quand les jeux vidéo se mettent aux Lego
Mega Brands, Spin Master et même Lego depuis peu : de plus en plus de sociétés de jouets de construction lancent des gammes pour les passionnés de jeux vidéo.
« Hé, Tom, regarde ! Là-bas, des Lego Minecraft ! Viens voir, vite ! », s’exclame Kieran, 12 ans. Trois enjambées plus loin, dans les allées du salon du jouet KidExpo, les deux apprentis bâtisseurs s’agenouillent devant la vitre protégeant une reconstitution en briques du célèbre univers de Mojang. Dans leur regard, la même excitation teintée d’émerveillement qu’Indiana Jones face à une relique sacrée : l’objet de leur désir est à quelques centimètres d’eux. Les jouets, « mieux que l’ordinateur » « C’est un peu une surprise, on pourrait penser que les enfants délaissent les jouets classiques pour le jeu vidéo et les smartphones, et en fait, c’est le contraire qui se passe. Il y a un vrai attachement aux jeux de construction, qui sont en ce moment en progression », observe Frédérique Tutt, responsable jouets au sein de l’institut d’études NPD. Exemple de construction Lego Minecraft. Lego « Sur ordinateur on est obligé de faire ce qu’ils nous disent de faire, là on peut davantage créer, c’est mieux », dit Tom. « On peut mélanger les univers entre eux, rajouter par exemple les pistolets des Lego Star Wars, c’est encore plus ouvert que Minecraft », s’enthousiasme Kieran sous le regard fier de sa maman. Lego Minecraft est ainsi la toute dernière gamme lancée par la société danoise. Commercialisée depuis le 1er novembre dans les magasins spécialisés, elle est représentative d’un renouveau du jeu de construction auprès de plusieurs générations. Et ce renouveau a la culture de la manette pour ciment. Une tendance impulsée par Mega Bloks Le phénomène a été lancé en 2012 par Mega Bloks (aujourd’hui Mega Brands), avec son jeu de construction adapté de World of Warcraft. Son public était alors davantage geek qu’enfantin, mais ce premier pas dans l’univers du jeu vidéo a surtout servi à ouvrir des portes à la compagnie canadienne. La gamme "World of Warcraft" en Mega Bloks, une première en 2012. Mega Brands Alors que Star Wars, Batman, Harry Potter, ou encore Le Seigneur des anneaux existaient déjà chez la concurrence, des gammes consacrées à Need for Speed, Halo, Call of Duty ou encore Skylanders sont ainsi venues étoffer le catalogue de Mega Brands. « Le jeu vidéo est aujourd’hui une extension naturelle. Le phénomène est difficile à quantifier, il n’y en a pas encore beaucoup, mais cela progresse de manière continue », observe Frédérique Tutt. Il faut dire que face au géant danois, qui pèse plus de 85 % du marché mondial mais dont la propriété intellectuelle sur les jeux de briques n’est plus reconnue au Canada depuis 2005, cette stratégie a permis à Mega Brands d’acquérir rapidement une notoriété. Non sans succès : la société a été rachetée par Mattel en février dernier. Les Ionix Pokémon, une des nouveautés de l'année 2014. Spin Master En 2014, le canadien Spin Master s’est également joint au mouvement avec ses briques « Ionix » siglées Pokémon. « C’est le côté licence, qui représente 25 % du marché, et les licences du jeu vidéo sont très connues des enfants », reconnaît avec flegme Stéphane Knapp, directeur marketing de Lego France. De la licence guerrière au jeu de briques Mais contrairement à Lego ou Spin Master, dans sa course aux licences Mega Brands ne s’est pas cantonné aux mondes les plus enfantins. « Ils sont allés chercher des univers plus guerriers que ce que nous aurions été capables d’imaginer », reprend Stéphane Knapp. Que dire par exemple de celui de Call of Duty, qui a lui aussi fini en jeu de briques au milieu du rayon enfants, alors que le jeu vidéo est déconseillé aux moins de 16 ans, voire de 18, selon les épisodes ? Un tireur d'élite de la gamme "Call of Duty", de Mega Bloks. Mega Brands « Nous nous étions dit qu’il était intéressant d’emmener Call of Duty en dehors de sa zone de confort, explique Mickael Sportouch, vice-président d’Activision Europe, la société derrière le célèbre jeu de tir. Nous ne voulions pas vendre le jeu vidéo à des enfants de 7 ou 8 ans, alors un jeu de construction constituait un bon point d’entrée. » Ironie de l’histoire, les acheteurs se révèlent enfin de compte être plutôt de jeunes adultes ravis de concilier passion de naguère et d’aujourd’hui. L’adaptation d’un jeu vidéo en jeu de briques s’inscrit également dans une relation père-fils, suggèrent certains parents. « S’ils ont les jeux de brique Halo, c’est parce que leur papa joue au jeu vidéo, explique Christelle, maman de deux enfants de 8 et 11 ans. Alors, ils veulent les jouets qui vont avec. » « Quand je suis seul, je n’ai pas le droit de jouer à Halo. Alors, j’y joue en jeu de briques », acquiesce Enzo, tout en jetant un regard d’enfant sage à sa maman. "Halo", le jeu vidéo de tir intergalactique, adapté en Mega Bloks. Mega Brands Pour autant, les enfants ne sont pas dupes des associations parfois inattendues entre jeux vidéo et jeux de briques. « Halo, ça n’a rien à voir avec de la construction, c’est bizarre », relève ainsi Tom avec un air très théâtral. L’exception Minecraft Il en va tout autrement de la licence de Mojang. « C’est un cas à part, on aurait presque pu l’inventer, c’est une sorte de Lego numérique, de la construction illimitée », souligne Stéphane Knapp. Selon des chiffres du directeur marketing de Lego France, 87 % des joueurs de Minecraft jouent également aux Lego. L’histoire de cette jeune gamme est d’ailleurs atypique. « Ce sont les fans qui ont d’abord fait le lien entre le jeu vidéo et nous, via Lego Ideas, notre plate-forme de suggestion collaborative, détaille Stéphane Knapp. Ils avaient imaginé des boîtes Lego Minecraft, que nous avons commercialisées auprès des adultes. Le succès a été tel qu’on est allé voir Mojang pour leur demander la licence. » Maxence Gandolphe de Witte Le concept semble plaire aux parents. « Ils jouent beaucoup, beaucoup, beaucoup à Minecraft, concède volontiers la maman de Kerian. Ce n’est pas très violent, cela sollicite beaucoup l’imagination, et c’est bien pour la création. Mais je préférerais qu’ils soient sur de vrais Lego, au moins ils seront moins sur les écrans. » Les premières séries commerciales officielles devaient arriver dès janvier. Finalement, face à la demande, Lego a décidé d’avancer leur lancement à ce début novembre. Ce qui pourrait n’être que le début. « On s’attend à un important succès », prévient Frédérique Tutt.
"2014-03-11T00:00:00"
jeux-video
https://www.lemonde.fr/jeux-video/article/2014/11/03/wow-call-of-duty-minecraft-quand-les-jeux-video-se-mettent-aux-lego_4517082_1616924.html
La direction d’Air France ne veut rien lâcher à ses pilotes
Le SNPL, dont les adhérents ont lancé le vote pour le renouvellement de la direction du syndicat, revendique 5 % de hausse des salaires. La compagnie n’a pas prévu d’enveloppe pour les augmentations catégorielles des navigants.
Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). ERIC PIERMONT / AFP Les directions passent mais les négociations salariales ne changent pas ! Benjamin Smith, le nouveau PDG d’Air France KLM, qui a aussi pris la casquette de patron d’Air France, semble s’être glissé dans les traces de ses prédécesseurs. La fermeté était toujours de rigueur à l’ouverture, lundi 5 novembre, des discussions catégorielles. Pour ce premier rendez-vous avec les organisations de pilotes, Air France a choisi la politique de la douche froide. « La direction nous a annoncé qu’il n’y avait pas d’enveloppe pour les négociations avec les pilotes », déplore Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). La posture de la direction est peut-être liée au refus du SNPL, accompagné de la CGT, de signer, à la mi octobre, l’accord salarial proposé aux syndicats. Face aux représentants des navigants, la direction a indiqué qu’elle souhaitait parvenir à « un accord à coût nul », pointe M. Evain. Air France veut obtenir « un accord équilibré pour l’entreprise », qui ne lui coûte rien, ajoute le responsable syndical. La direction de la compagnie ne souhaite accorder d’augmentation que si, en contrepartie, les pilotes sont d’accord pour faire de nouveaux efforts capables « de générer des économies pour le même montant », détaille le SNPL. L’idée d’avoir à financer une éventuelle augmentation de leur rémunération, comme l’exige la direction, ne fait pas bondir de joie le syndicat des pilotes. Il rappelle que ces derniers ont déjà été mis à forte contribution. « En juillet 2017, nous avons signé un accord dans le cadre du plan Trust Together, qui prévoyait 4 % d’économie », se souvient M. Evain. Un effort payant pour la compagnie, qui y avait gagné « 40 millions d’euros de mesures de productivité et d’efficacité économique », ajoute le président du SNPL. Arrière-pensées Face au refus des pilotes de payer pour être augmentés, la direction a proposé, indique le SNPL, « de baisser les salaires des prochains pilotes embauchés pour augmenter ceux des actuels navigants de la compagnie ». Inacceptable, se récrie M. Evain. Ce serait, selon lui, « envoyer un message négatif aux pilotes » qui souhaiteraient rejoindre Air France. « Une maladresse en cette période de pénurie de navigants », estime le président du SNPL, alors que les compagnies aériennes rivales sortent le carnet de chèques pour recruter de nouveaux pilotes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il manque des pilotes dans l’avion « Les pilotes demandent un peu moins de 5 % d’augmentation », ajoute-t-il. Pour appuyer leurs revendications, qu’ils jugent « modestes », les pilotes d’Air France invoquent l’exemple de leurs homologues de KLM, qui, en septembre, ont obtenu de fortes hausses de leurs rémunérations : 9,4 % pour les pilotes de long-courrier et 13,45 % pour ceux de moyen-courrier. Le SNPL ne désespère pas de faire évoluer la position de la direction dans les jours à venir. « Il y a aura d’autres rendez-vous dans la semaine », indique le syndicat.
"2018-06-11T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/06/la-direction-d-air-france-ne-veut-rien-lacher-a-ses-pilotes_5379574_3234.html
L’Amérique fait le choix de l’inconnu en élisant Donald Trump
Au terme d’une campagne marquée par les scandales, le milliardaire républicain a été élu président des Etats-Unis face à la démocrate Hillary Clinton.
Des partisans de Donald Trump, à l’hôtel Hilton Midtown de New York où le candidat républicain célèbre sa victoire, dans la nuit du 8 au 9 novembre. BLOOMBERG La nouveauté, et ses risques, l’ont emporté sur la sécurité. L’Amérique a choisi l’aventure, quel qu’en soit le prix, en élisant Donald Trump, un néophyte en politique et un iconoclaste, même aux yeux du Parti républicain qui en avait fait son candidat, plutôt qu’Hillary Clinton, forte de son expérience, ses réseaux et sa réputation. C’est un saut dans l’inconnu aux conséquences imprévisibles pour la première puissance mondiale et pour ses partenaires, comme pour ses adversaires. Tout au long de la campagne qui s’est achevée dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 novembre par la victoire de Donald Trump, les Américains, lorsqu’ils étaient interrogés, n’ont jamais varié sur un petit nombre de points précis. Ils ne pensaient pas que le milliardaire disposait de l’expérience ou du tempérament requis pour exercer les fonctions de président de la plus grande puissance du monde. Ces qualités étaient prêtées au contraire avec la même constance à son adversaire, Hillary Clinton. Ils gratifiaient l’un et l’autre de la même mauvaise image, une situation sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis et ils se montraient tout aussi sévères sur la question de savoir lequel ou laquelle des deux inspirait le moins la confiance. M. Trump, en revanche, l’a toujours emporté lorsqu’il était question de sa capacité à tirer les Etats-Unis du statu quo qui exaspèrent les perdants de la crise des subprimes de 2008 et d’une mondialisation générant l’anxiété et la nostalgie d’un passé mythifié. C’est cette qualité qui lui a, in fine, permis d’être élu 45e président des Etats-Unis. Un nombre suffisant d’électeurs a manifestement considéré qu’il s’agissait d’une priorité, quel que soit son prix en paradoxes. M. Trump n’en manque pas au terme d’une première vie passée dans le clinquant et les dorures de l’immobilier de luxe, à mille lieues des terres rurales qui l’ont plébiscité. Il est le pourfendeur du libre-échange, lui qui fait fabriquer ailleurs les casquettes rouges promettant de rendre à l’Amérique sa grandeur (« Make America great again »). « Curer le marigot » M. Trump a stigmatisé l’opacité entourant son adversaire sans sacrifier à la tradition de publier ses déclarations de revenus qui auraient pu permettre de comprendre plus précisément de quoi son empire est fait. Il promet de « curer le marigot » washingtonien en ayant à ses côtés l’artisan de l’arrêt de la Cour suprême qui a ouverten 2010 les vannes de l’argent dans la politique américaine.
"2016-09-11T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/09/l-amerique-fait-le-choix-de-l-inconnu-en-elisant-donald-trump_5028000_829254.html
Affaire Karachi : Millon confirme l'existence de rétrocommissions
L'ex-ministre de la défense a confirmé devant la justice l'existence de rétrocommissions en marge d'un contrat de vente au Pakistan de sous-marins français, selon des sources proches du dossier.
Charles Millon, ministre de la défense de mai 1995 à juin 1997, a fait part au juge de son "intime conviction" quant à l'existence de rétrocommissions dans le cadre du contrat Agosta de vente de sous-marins français au Pakistan, signé en 1994. AFP/JEFF PACHOUD Nouveau rebondissement dans l'affaire de Karachi : l'ex-ministre de la défense de Jacques Chirac, Charles Millon, a confirmé lundi 15 novembre, devant le juge Renaud Van Ruymbeke, l'existence de rétrocommissions, versées jusqu'en 1995 en marge d'un contrat de vente au Pakistan de sous-marins français, selon l'AFP et Le Nouvel Observateur. En clair, une partie des commissions versées à des intermédiaires ayant aidé à obtenir le contrat revenait en France au bénéfice de certaines personnes. Charles Millon avait déjà expliqué, en juin à Paris-Match, qu'il avait bloqué le versement de commissions "pouvant donner lieu à des rétrocommissions". La justice soupçonne que l'attentat commis en 2002 à Karachi contre des personnels de la direction des constructions navales (DCN), qui avait fait 14 morts, puisse être lié à l'arrêt du versement de ces commissions aux intermédiaires saoudiens et pakistanais du contrat de vente des sous-marins. Selon Le Nouvel Observateur, Charles Millon aurait cette fois déclaré, lors de son audition : "Le président de la République [Jacques Chirac] m'a dit […] qu'il souhaitait une moralisation de la vie publique et politique et qu'il y avait trop de bruit autour des contrats d'armement dû à l'existence de rétrocommissions. Il m'a donc demandé de faire procéder à une vérification sur tous les contrats." JEAN-LOUIS DEBRÉ REFUSE DE DIVULGUER DES DOCUMENTS L'information vient corroborer les conclusions d'un rapport effectué en 2002 par un ancien agent de la direction de la surveillance du territoire (DST), qui jugeait lui aussi que l'arrêt du versement de ces commissions avait conduit à l'attentat de Karachi. Or, les autorités françaises n'ont jamais divulgué les conclusions de ce rapport, avant qu'il ne soit révélé par Le Point en 2008. Durant toutes ces années, la piste suivie par les enquêteurs était celle d'un attentat commandité par Al-Qaida. Un silence qui pourrait s'expliquer par l'autre volet, politique, de l'affaire : le soupçon selon lequel les intermédiaires aient reversé une partie de leurs commissions, notamment pour financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995, codirigée par Nicolas Sarkozy. Un dépôt d'argent liquide de 10 millions de francs avait été effectué sur le compte de campagne du candidat à la présidentielle. Selon l'équipe d'Edouard Balladur, il s'agissait de sommes correspondant à la vente d'articles publicitaires en marge de la campagne. Une explication pour le moins vague. Les comptes de campagne avaient pourtant été validés par le Conseil constitutionnel. La justice réclame de pouvoir examiner les délibérations des "sages" à cette époque. Mercredi 17 novembre, Jean-Louis Debré, actuel président du Conseil, a une nouvelle fois refusé de confier ces archives aux juges, arguant du "secret des délibérés". UN CHANTAGE CONTRE NICOLAS SARKOZY EN 2007 ? Mediapart révèle mercredi d'autres faits troublants : le versement des commissions aux deux intermédiaires lors de la vente des sous-marins avait donné lieu à la constitution par la DCN de sociétés-écran basées au Luxembourg. L'une d'elles, Heine, aurait été, selon un rapport de la police luxembourgeoise, supervisée "directement" par Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget. Le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke aurait, selon Mediapart, recueilli plusieurs témoignages d'anciens cadres de la DCN, qui accréditent l'idée d'un montage opaque, permettant de dégager d'importantes sommes d'argent frais. L'un des éléments de ce montage serait passé par Cedel, une société luxembourgeoise ensuite rebaptisée sous le nom de… Clearstream. Toujours d'après le site d'information, l'ancien dirigeant de Heine, Jean-Marie Boivin, aurait tenté de faire pression sur des personnalités politiques. C'est du moins ce dont l'accuse, devant le juge, l'ancien directeur financier de la DCN, Gérard-Philippe Menayas. En 2004, la DCN a décidé de se passer de ses services, lui octroyant une indemnité de 610 200 euros. La somme étant trop modeste aux yeux de l'intéressé, il aurait tenté de la gonfler. Selon le témoignage de M. Menayas, cité par Mediapart, Jean-Marie Boivin "envoyait des courriers d'abord à l'entreprise, puis à des responsables de l'Etat français, voire M. Sarkozy lui-même avant qu'il ne soit président". Il réclamait huit millions d'euros et menaçait "de faire des révélations" sur les rétrocommissions. Parmi les destinataires de ses courriers de menace, Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy. Jean-Marie Boivin aurait également raconté à Gérard-Philippe Menayas avoir reçu la visite, au Luxembourg en 2006, d'anciens agents de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure, les services de renseignement français). Ces hommes, qui l'auraient menacé physiquement, auraient été envoyés par l'actuel chef de l'Etat, aurait affirmé M. Boivin à M. Menayas. Toujours selon ce dernier, Jean-Marie Boivin aurait fini par obtenir une compensation plus importante grâce à un protocole entre Heine, la DCN et l'Etat. Pour Gérard-Philippe Menayas, cette somme pourrait être une manière d'acheter le silence de M. Boivin.
"2010-11-17T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/11/17/affaire-karachi-millon-confirme-l-existence-de-retrocommissions_1441207_823448.html
En mode poésie du quotidien
[Prêt-à-porter automne-hiver 2016-2017]. En phase avec les nouveaux modes de vie, les créateurs présents à Paris sont capables de réconcilier pragmatisme et originalité.
Aujourd’hui, les codes vestimentaires sont plus souples que jamais et la désinvolture attribuée à la mode française est considérée comme exemplaire. Le flot d’ouvrages consacrés au chic faussement naturel et négligé de la « Parisienne » ne tarit pas. Entre snobisme et efficacité, cette vision encourage une culture du réalisme vestimentaire qui prend une tonalité particulière quand il est question de luxe. Grâce à leurs savoir-faire exclusifs, les créateurs parisiens ont ainsi une façon particulièrement imaginative de s’approprier ce qui pourrait être un pragmatisme délétère. Des silhouettes souples et graphiques chez Chanel. Chanel On peut toujours compter sur Karl Lagerfeld pour garder l’ennui à distance. Certains ont reproché au plus populaire des créateurs de mode ses décors grandiloquents (supermarché, galerie d’art, casino), mais il limite cette fois ses effets de mise en scène sous la verrière toujours aussi impressionnante du Grand Palais. Des centaines et des centaines de chaises capitonnées alignées, qui forment un labyrinthe (garantissant aux invités d’être tous assis au premier rang), quelques arches grèges et de fausses portes à miroir composent l’écrin a minima d’une des collections les plus riches que Karl Lagerfeld ait signées pour Chanel. Le couturier rassemble les signatures de la maison (cardigan en maille, tailleur et veste de tweed, perles, boutons-bijoux, noir et blanc, cuir matelassé) pour les retravailler dans des silhouettes souples et graphiques. Sweat-shirt de coton blanc fermé dans le dos, maxi-jean repeint de motifs façon tags de camélias, parka matelassée en cuir, tailleurs à jupe mi-longue en tweed noir quadrillé de blanc ou entièrement passés au rose Stabilo, imprimés camélias et têtes de chat sur les soies Lurex, grands pulls et gilets aux motifs et textures saturés, broderies de paillettes qui créent des effets pixels-vermicelles sur les robes, silhouettes coupées à la taille et comme suturées de cuir ou de broderies perlées, voiles volantés de coton virginal : l’équilibre est naturel entre luxe intemporel et effets pop familiers. Les accessoires sont portés en grappes — faussement aléatoires, comme dans la vraie vie ; profils de chat (en hommage à Choupette), colliers de marquise, maxisautoirs de perles, broches façon émoji croisent des porte-iPad ou iPhone de toutes les tailles, des sacs classiques brodés ou à anse « cintre ». Amusant et totalement maîtrisé, cette collection ramène la marque à son essence : une modernité qui doit beaucoup à une forme d’évidence. Un vestiaire rétro contemporain chez Vanessa Seward . Bertrand Guay/AFP Une simplicité raffinée guide Vanessa Seward, auteure d’un vestiaire rétro contemporain qui lui ressemble trait pour trait ; et c’est un atout car cette Parisienne chic et souriante est une rare figure de la mode aussi positive qu’aspirationnelle. Avec ses tailleurs jupes-culottes, ses jupes « crayon » à fentes déboutonnées portées avec des blouses à col cravate, des bottes ou des sandales à plateau vintage, ses longs manteaux à carrure étroite en tweed subtilement brillant ou en veau velours, la collection renvoie à une silhouette années 1970 nettoyée de ses tics démodés. Ce look « pompidolien » sexy de Dominique Sanda moderne est aussi familier que portable et tentant. Valentino, une ligne inspirée par le ballet. Bertrand Guay/AFP On a vu Pier Paolo Piccioli et Maria Grazia Chiuri, les stylistes de Valentino, déambuler parfois assez loin de la réalité ; leur prêt-à-porter ultrasophistiqué prenant des allures de couture bis. Mais, pour l’hiver, leur ligne se dépouille de bien des artifices. Inspirée par le ballet et la musique, la collection concilie une poésie romantique qui leur va bien et un esprit rock terre à terre, nouveau pour les créateurs. Manteau masculin, jupe plissée en cuir à effet papier, minijupe sur tulle et bottines façon rangers déclinent les noirs aux densités changeantes, les marine et les teintes poudrées. Les longues robes fluides de ballerine contemporaine se portent avec un trench verni ou des marqueteries de fourrure épurées. La veine couture n’a pas totalement disparu. Les mousselines aux beiges translucides sont richement rebrodées et passent en ballet monochrome. L’épure sied en tout cas à cette proposition émouvante qui gagne en pertinence et en modernité. Un mélange détonnant chez Kenzo . Patrick Kovarik/AFP Réinventeur d’un Kenzo cool et accessible, le duo Carol Lim et Humberto Leon, fondateur de la marque Opening Ceremony, est en grande forme. Mélange de manga japonais comme Sailor Moon et de punk rock à l’américaine, leur collection associe blouses et robes à volants « papillon », silhouettes en denim mi-kimono, mi-motard, pantalons glam rock en velours, motifs tigrés, iris rebrodés ou imprimés sur du cuir verni… La bizarrerie est dosée pour amuser sans faire fuir ; ce mélange détonnant est irrésistible pour les filles branchées qui aiment la fantaisie au quotidien. L'esprit inventif d'Off-White . Martin Bureau/AFP On retrouve cet esprit inventif, mais sans prétention chez Off-White, jeune label lancé en 2014 par l’Américain Virgil Abloh. Naturellement infusée de streetwear, sa mode gagne en sophistication sans perdre sa crédibilité. Pantalons taille haute à pinces, robes patchwork en Lurex et toile imprimée, parkas à fleurs ou en laine crémeuse, denim usé rebrodé d’oiseaux en strass et vestes drapées sur le corps signalent un mélange maîtrisé de rock grunge de streetwear et d’esprit couture. Gracieuse, facile et originale, cette forme de luxe quotidien est taillée pour une génération pas forcément très à l’aise dans les boutiques classiques. Un univers organico-futuriste chez Iris Van Herpen. Patrick Kovarik/AFP Tout le monde n’adhère pas à ce réalisme inventif et l’ovni qu’est Iris van Herpen va au bout de sa logique créative débridée. Passionnée de high-tech et de sciences, la créatrice a inventé un univers organico-futuriste hors normes, nourri par son art de la construction vestimentaire. Sa collection est une sorte de rêve éveillé où des robes aux sinuosités de conque ou d’exosquelette, sculptées à coups d’impression 3D se diffractent dans des écrans à lumière optique. C’est onirique et virtuose, mais loin des contingences du prêt-à-porter. La créatrice rejoindra, la saison prochaine, les podiums de la haute couture plus en osmose avec son monde. Le pragmatisme, au fond, c’est aussi cela : savoir où est sa place.
"2016-09-03T00:00:00"
m-mode
https://www.lemonde.fr/m-mode/article/2016/03/09/en-mode-poesie-du-quotidien_4879280_4497335.html
Quand Nicolas Sarkozy s'inspire de la Droite sociale
Parmi les mesures annoncées par le président-candidat, mercredi 22 février, figure une réforme du revenu de solidarité active (RSA), chère à Laurent Wauquiez, l'un de ses ministres.
Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez en novembre 2009. REUTERS/POOL Ne pas laisser la gauche souffler. C'est la stratégie de Nicolas Sarkozy pour tenter de combler son retard par rapport à François Hollande dans la course à la présidentielle. Le président-candidat estime que son adversaire a commis une erreur en présentant tout son programme dans la foulée de son grand meeting du Bourget, fin janvier. "Du coup, il n'a plus rien à dire", répète-t-il à ses interlocuteurs ces derniers jours. Il veut prendre le contre-pied de M. Hollande en annonçant chaque semaine de nouvelles propositions. Son but : imposer son rythme en faisant en sorte que le débat se fasse autour de ses thèmes plutôt que sur ceux de son rival. Mercredi 22 février, il a à nouveau confié aux parlementaires UMP, qu'il avait des idées à revendre et encore de nombreuses "surprises" à présenter aux Français. Dimanche 19 février, à Marseille, il avait annoncé son projet d'instiller une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif et avait promis, en cas de réélection, la baisse du nombre de parlementaires. POLÉMIQUE Mercredi, invité au journal télévisé de France 2, il a évoqué la suppression de la prime pour l'emploi en échange d'allégements de charges sociales sur les salaires compris entre 1 et 1,2 smic, une réforme du revenu de solidarité active (RSA) et des mesures concernant les plus hautes rémunérations. La plupart de ces mesures ont été proposées par la Droite sociale de Laurent Wauquiez, le ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur ces derniers mois. Ce dernier avait ainsi suggéré, au printemps 2011, que les bénéficiaires du RSA soient soumis à cinq heures de travaux d'intérêt général par semaine. Une déclaration qui avait alors suscité une polémique à gauche et chez certains membres de la majorité, comme la ministre des solidarités et de la cohésion sociale Roselyne Bachelot. M. Wauquiez avait, par la suite, expliqué que cette controverse avait failli lui coûter son poste. M. Sarkozy a non seulement repris l'idée de son ministre, mais il l'a renforcé en fixant à sept le nombre d'heures de travaux d'intérêt général, payées au smic. "DES DROITS ET DES DEVOIRS" Autres propositions reprises de la Droite sociale, celles relatives aux plus hauts revenus. En novembre 2011, M.Wauquiez avait proposé la fin des "retraites chapeau", la fixation des revenus des plus hauts dirigeants par les assemblées générales d'actionnaires et non plus par les seuls conseils d'administration et la participation des salariés dans la fixation des salaires des grands patrons. Autant d'idées reprises mercredi par le candidat de la droite et qui s'inscrivent dans la thématique des "droits et des devoirs" et dans celle des "profiteurs du haut et des dérives de l'assistanat", développées par la Droite sociale. Ces réflexions, élaborées avec le conseiller en communication Guillaume Peltier sous l'œil bienveillant de Patrick Buisson, un des plus proches inspirateurs de M .Sarkozy, avaient été envoyées à la fin de 2011 aux équipes du futur candidat chargées de réfléchir au programme présidentiel. "Un des enjeux majeurs de notre système de protection social est de passer d'un système d'assistanat à un système de justice sociale tout en corrigeant les abus d'en haut. Le Président a eu le courage de poser les deux en même temps", s'est félicité M. Wauquiez au Monde mercredi. Jeudi, M. Sarkozy se rendra à Lille pour une visite autour de l'apprentissage et un meeting où il promet encore d'autres annonces. Lire aussi : Nicolas Sarkozy propose une réforme des aides aux titulaires de bas salaires Vanessa Schneider
"2012-02-23T00:00:00"
election-presidentielle-2012
https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/23/quand-nicolas-sarkozy-s-inspire-de-la-droite-sociale_1647218_1471069.html
Un premier sondage voit Hollande nouveau favori au PS
Interrogés sur la personnalité qu'ils souhaitent voir désignée à l'issue de la primaire socialiste, dans l'hypothèse où DSK n'y serait pas candidat, 49 % des sympathisants socialistes et 37 % des sympathisants de gauche se prononcent pour l'ancien premier secrétaire du PS, selon un sondage Internet Harris Interactive, publié mardi par "Le Parisien/Aujourd'hui en France".
François Hollande, le 15 mai 2011, sur Canal+. AFP/BERTRAND LANGLOIS François Hollande serait le grand bénéficiaire d'une probable mise hors jeu de Dominique Strauss-Kahn pour la primaires socialiste. C'est la conclusion d'un sondage Harris Interactive, publié mardi par Le Parisien. Ce sondage a été réalisé sur Internet du 15 au 16 mai, soit quelques heures à peine après l'arrestations de DSK. Interrogés sur la personnalité qu'ils souhaitent voir désignée à l'issue de ces primaires, dans l'hypothèse où DSK ne serait pas candidat, 49 % des sympathisants socialistes et 37 % des sympathisants de gauche se prononcent pour l'ancien premier secrétaire du PS. François Hollande arrive loin devant tous les autres candidats, déclarés ou non : Martine Aubry obtient respectivement 23 % et 22 % des voix, Ségolène Royal 10 % et 14 %, Arnaud Montebourg 1 % et 4 %, et Manuel Valls 3 % et 2 %. Dans un chat sur LeMonde.fr, Françoise Fressoz, chef du service politique du Monde, estimait que "François Hollande peut effectivement être le grand bénéficiaire de la chute de DSK, notamment parce qu'un certain nombre de personnages importants au sein du Parti socialiste étaient à la fois pro-strauss-kahniens et pro-hollandais". RÉUNION DU BUREAU NATIONAL MARDI Le PS a maintenu les dates de sa primaire malgré l'inculpation pour tentative de viol de Dominique Strauss-Kahn, qui rebat les cartes pour 2012, et l'émoi suscité par ce "séisme" dans la classe politique française. Premier concerné par l'affaire DSK, le PS s'est employé à donner l'image d'une formation "ni décapitée ni affaiblie", selon les termes de son numéro deux, Harlem Désir. La réunion hebdomadaire du bureau national a été avancée à mardi midi et se tiendra sous la direction de la première secrétaire, Martine Aubry. M. Désir a précisé que la primaire aurait lieu aux dates prévues, avec dépôt des candidatures du 28 juin au 13 juillet et un premier tour le 9 octobre.
"2011-05-17T00:00:00"
dsk
https://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/05/17/un-premier-sondage-voit-hollande-comme-nouveau-favori-au-ps_1523028_1522571.html
Le plan de restructuration d'Air France-KLM commence à payer
La perte nette a été divisée par cinq, ramenée à 163 millions d'euros, contre 895 millions un an plus tôt.
D'avril à juin, Air France-KLM a dégagé un bénéfice d'exploitation de 79 millions d'euros, contre une perte d'ampleur équivalente un an plus tôt. AFP/PHILIPP GUELLAND En restructuration depuis un an et demi, Air France-KLM a publié vendredi 26 juillet des résultats en forte amélioration au deuxième trimestre 2013, affichant pour cette période une perte nette divisée par cinq, ramenée à 163 millions d'euros, contre 895 millions un an plus tôt. D'avril à juin, le groupe franco-néerlandais a dégagé un bénéfice d'exploitation de 79 millions d'euros, contre une perte d'ampleur équivalente un an plus tôt. "L'amélioration significative de nos résultats est en très grande partie le résultat de la mise en œuvre du plan [de restructuration] Transform", a commenté le PDG du groupe, Alexandre de Juniac. Il déplore néanmoins des recettes inférieures aux prévisions et un redressement des activités moyen-courrier et cargo moins rapide que prévu. "MESURES SUPPLÉMENTAIRES" À VENIR Air France-KLM a réalisé un chiffre d'affaires de 6,5 milliards au deuxième trimestre, en hausse de 1,2 %. Cumulé sur six mois, il atteint 12,3 milliards, en augmentation de seulement 1,3 %. Par conséquent, ajoute le dirigeant, "à la rentrée prochaine, des mesures complémentaires seront prises dans ces deux secteurs". "Elles concerneront des mesures de départs volontaires ainsi que des décisions industrielles et commerciales", précise le groupe qui a préparé les esprits à cette échéance automnale depuis plusieurs mois. Les objectifs de deux milliards d'euros de réduction de coûts et d'un endettement ramené à 4,5 milliards à l'issue du plan fin 2014, contre 6,5 milliards en janvier 2012, seront tenus, a également assuré Alexandre de Juniac. Le groupe, qui souffre notamment de la concurrence des compagnies à bas coûts sur le court et moyen-courrier et de l'offensive des transporteurs du Golfe sur le long-courrier, a réduit sa dette de 630 millions d'euros en six mois, la ramenant à 5,3 milliards. Par ailleurs, il souligne disposer "d'une trésorerie de 4,7 milliards d'euros et de lignes de crédit entièrement disponibles de 1,85 milliard d'euros".
"2013-07-26T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/26/le-plan-de-restructuration-d-air-france-klm-commence-a-payer_3453971_3234.html
Les médecins doivent-ils prendre en compte un ordre de « ne pas réanimer » lorsque celui-ci est tatoué ?
Pari alcoolisé ou réelle volonté ? Un hôpital de Floride s’est retrouvé face à un cas de conscience avec un homme de 70 ans, inanimé et portant la mention « Ne pas réanimer » tatouée sur le torse.
Un hôpital de Floride s’est retrouvé face à un cas de conscience avec un homme de 70 ans, inanimé et portant la mention « NPR » sur le torse. RODGER BOSCH / AFP C’est un cas de conscience surprenant que relate le New England Journal of Medicine dans son édition publiée le 30 novembre. Un médecin du Jackson Memorial Hospital de Miami en Floride y explique avoir dû prendre en charge un homme de 70 ans. Arrivé inconscient, avec des problèmes respiratoires et un taux d’alcoolémie élevé, le patient n’avait pas de papiers d’identité sur lui… Le seul signe distinctif qu’il présentait était un tatouage « Ne pas réanimer » (NPR), avec le mot « pas » souligné, accompagné de sa signature. Les médecins, fidèles à leur serment d’Hippocrate, ont initialement décidé de « ne pas respecter » la consigne gravée sur la peau de l’homme, ne souhaitant pas « s’engager dans une voie irréversible ». Ils lui ont donc administré des soins de base. Tout de même interpellés par son tatouage, ils ont également fait appel à un service d’éthique, qui leur a conseillé de prendre ce message en considération, comme s’il s’agissait d’un « véritable » NPR. Les ordres de ne pas réanimer sont placés dans le dossier médical d’une personne, et servent à informer le personnel médical qu’il ne doit pas procéder à une réanimation cardio-pulmonaire si besoin en était. L’état du patient s’est donc rapidement dégradé pendant la nuit et il est mort peu de temps après. Un précédent Entre-temps, l’homme avait été finalement identifié et son ordre de ne pas réanimer avait été retrouvé dans son dossier du département de la santé, ce qui a convaincu les médecins qu’ils avaient pris la bonne décision. Mais « son tatouage a apporté plus de confusion que de clarté », note l’article. La question s’est notamment posée de savoir si les tatouages représentaient « des souvenirs permanents ou des décisions malheureuses, prises quand la personne était sous l’influence de l’alcool ». Surtout, l’équipe médicale avait retrouvé un précédent. En 2012, un homme de 59 ans avait été hospitalisé avec la mention « N.P.R. » sur sa poitrine, alors que dans son dossier ne figurait pas d’ordre de ne pas réanimer. L’homme a confirmé que le message n’était pas à prendre en compte. Interrogé alors sur son sens, il avait expliqué qu’il était la trace d’un pari alcoolisé perdu dans sa jeunesse. Il n’avait jamais pensé que quelqu’un le prendrait un jour au sérieux, et avait expliqué qu’il pensait faire retirer son tatouage.
"2017-02-12T00:00:00"
big-browser
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/12/02/quand-un-patient-a-un-ordre-de-ne-pas-reanimer-tatoue-faut-il-le-prendre-en-compte_5223490_4832693.html
"Vaines recherches pour retrouver Patricia Bouchon, ""la joggeuse"" disparue"
Des traces de sang de cette femme de 49 ans ont été identifiées dans les bois de sa commune.
C'est un paysage de campagne d'hiver, de champs de terre retournés et de bois secs aux arbres encore effeuillés. Une route étroite et sinueuse, légèrement vallonnée, file vers le village de Villaudric (Haute-Garonne), délaissant Fronton et son célèbre vignoble. C'est là, sur la petite commune de Bouloc (Haute-Garonne), un village situé à 20 km au nord de Toulouse, au détour d'un des chemins qui s'enfoncent vers des maisons isolées, que Patricia Bouchon courait tous les matins, vers 4 h 30. C'est là qu'elle a disparu, lundi 14 février, là qu'un boulanger de Bouloc l'a aperçu pour la dernière fois vers 4 h40. Depuis, les recherches se multiplient. Elles ont démarré très vite. Soucieux de ne pas voir son épouse rentrer, Christian, son mari, a alerté gendarmes et SAMU dès 6 h 30. Les gendarmes n'ont pas tardé. Ils étaient sur les lieux peu après 7 heures et ont immédiatement commencé leurs investigations. De nombreuses forces ont été mobilisées et des renforts dépêchés à partir de mercredi. Près de 300 militaires explorent, mètre par mètre, le moindre sous-bois, sondent le canal et scrutent toutes les flaques d'eau. Un hélicoptère a survolé la zone. En vain. Vendredi matin, au cinquième jour de cette exceptionnelle battue, Patricia Bouchon, 49 ans, qu'on appelle désormais "la joggeuse", restait introuvable. "Chaque heure qui passe amenuise les chances de la retrouver vivante", s'inquiète Michel Valet, le procureur de la République de Toulouse, qui a ouvert mercredi une enquête criminelle pour "enlèvement, séquestration et violence volontaire". Le magistrat ne dissimule pas son pessimisme. "On recherche une personne ou un corps. Je préférerais que ce soit une personne. Mais j'ai encore moins d'espoir qu'hier", a-il déclaré jeudi soir. Les quatre traces de sang qui avaient été relevées la veille sur un chemin de terre ne menant nulle part étaient bien du sang de Mme Bouchon. Trois petites traces jonchaient le sol caillouteux à l'entrée de l'impasse et, à une centaine de mètres, une quatrième plus importante. Là, aux dires des enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie de Toulouse, le sang a pénétré dans le sol sur plusieurs centimètres, ce qui laisse présager que Patricia Bouchon a dû en perdre beaucoup. Au même endroit, les enquêteurs ont trouvé des cheveux, une boucle d'oreille et un chouchou qui lui appartenaient.
"2011-02-18T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/02/18/vaines-recherches-pour-retrouver-patricia-bouchon-la-joggeuse-disparue_1482051_3224.html
Restaurants, supermarchés : les notes d’hygiène de milliers d’établissements mises en ligne sur Alim Confiance
Les professionnels s’inquiètent de la publication progressive de plusieurs dizaines de milliers de contrôles sanitaires effectués par l’Etat.
Lundi seront publiés pour commencer les résultats d’entre 1 000 et 1 500 adresses seulement, qui correspondent aux contrôles effectués pendant le mois de mars. Reuters Un smiley souriant ou grimaçant : les premières notes des contrôles sanitaires effectués par l’Etat dans les restaurants, abattoirs, supermarchés ou cantines sont accessibles à tous à partir du lundi 3 avril sur le site internet Alim Confiance, après une loi et près de trois ans de polémiques. Quatre niveaux de notes sont attribués sur des étiquettes bleues ornées de smileys blancs : « Très satisfaisant », « Satisfaisant », « A améliorer », « A corriger de manière urgente ». Seul ce dernier induit un risque pour la santé publique et nécessite une fermeture d’urgence de l’établissement, précise à l’AFP une responsable du ministère de l’agriculture, qui pilote ce dossier, issu de la « loi d’avenir de l’agriculture » adoptée fin 2014. Les trois premiers niveaux n’impliquent « pas de risque pour la santé du consommateur ». Lundi, seront publiés pour commencer les résultats d’entre 1 000 et 1 500 adresses seulement, qui correspondent aux contrôles effectués pendant le mois de mars. Les résultats des 55 000 contrôles d’hygiène effectués chaque année dans toutes sortes d’établissements qui interviennent le long de la chaîne alimentaire seront mis en ligne progressivement, sur le site Alim-confiance.gouv.fr, où ils resteront visibles pendant un an, et sur une application smartphone spéciale. Capture d’écran du site Alim-confiance. « Valoriser les établissements qui travaillent bien » « Les objectifs de cette mise en transparence sont de valoriser les établissements qui travaillent bien, de répondre à la demande des consommateurs et (…) d’améliorer le niveau global d’hygiène dans tout le pays », a déclaré la responsable du ministère. Ce type de mesures de transparence a déjà été pris dans huit pays européens, essentiellement du Nord (Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Irlande, Danemark, Finlande, Lituanie, Norvège). Dans tous ces pays, la mesure s’est accompagnée d’une amélioration du niveau sanitaire des établissements, souligne le ministère. En dix ans, au Danemark, on a constaté une amélioration de 20 % du niveau global d’hygiène, selon la même source. Des professionnels mécontents Cette nouveauté ne plaît pas à certains professionnels. « On n’avait pas besoin de mesures comme ça en ce moment, avec la baisse du volume d’affaires de 3 % enregistrée dans l’hôtellerie-restauration en 2015 et en 2016 », dit Hubert Jan, l’un des responsables du principal syndicat professionnel du secteur, l’UMIH. L’organisation a obtenu que l’affichage en vitrine de la vignette de format carte postale, envoyée avec le résultat des contrôles, ne soit pas obligatoire. Le syndicat demande « deux niveaux de notes : soit le restaurant est conforme, soit il ne l’est pas et il est fermé ». « Si le stockage, la manutention de la nourriture, la formation des personnels sont parfaits, une simple dalle de carrelage fendue peut justifier le passage de la mention “très satisfaisant” à “satisfaisant” comme l’ont montré les expérimentations menées à Paris et Avignon », dit-il. La mention « très satisfaisant » ne lui plaît pas non plus : « Durant les expérimentations, certains s’en sont servis comme argument publicitaire face à des restaurants du voisinage qui, eux, n’avaient pas été contrôlés et ne pouvaient donc pas répondre. » « Nous serons marqués au fer rouge » Le syndicat s’inquiète aussi de la reprise des données par de nombreux guides en ligne. « Ils vont publier les smileys sur les fiches de restaurants, et nous serons marqués au fer rouge de façon indélébile », se plaint-il. Un sujet qu’il évoquera avec la direction du guide en ligne TripAdvisor, qu’il rencontre en avril. Pour rassurer, le ministère a dévoilé à l’AFP les résultats des contrôles d’hygiène menés en 2016 : en un an, seulement 1 % des établissements contrôlés ont été jugés insalubres et ont dû être fermés, soit 550 sur 55 000 ; 9 % (soit environ 5 000) ont reçu la notation « à améliorer ». « Tous les autres étaient soit satisfaisants, soit très satisfaisants », ajoute la responsable du ministère de l’agriculture. En 2016, 35 % des contrôles ont été effectués dans l’industrie agroalimentaire (abattoirs ou sites de transformation), 25 % dans les restaurants, 22 % dans les cantines, et 18 % dans les commerces, boucheries de quartier, rayons marée d’hypermarché, ou ventes au détail dans une exploitation agricole. Lire aussi L214 dénonce un scandale sanitaire dans un élevage breton de cochons
"2017-03-04T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/03/restaurants-supermarches-les-notes-d-hygiene-de-milliers-d-etablissements-mises-en-ligne_5104901_3244.html
Au Tchad, dans le village des repentis de Boko Haram
Tchad : la fin du mirage (4/5). Koulkimé accueille près de 300 anciennes « recrues » de la secte djihadiste, dont beaucoup avaient été enlevées. Moussa Kadi, 24 ans, est le premier à s’être rendu.
Moussa Kadi, ici à l’entrée du village de Koulkimé, au Tchad, a été enlevé par la secte djihadiste et était devenu un de ses combattants, avant de se rendre aux autorités. Michael Zumstein/Agence VU pour Le Monde Moussa Kadi est un repenti de Boko Haram. Mais à Koulkimé, on l’appelle un « rendu »: il fait partie des hommes que le groupe terroriste avait emporté dans son projet meutrier. Le jeune homme au visage marqué des longues entailles propres au peuple buduma est rentré il y a six mois, après deux ans passés entre le Cameroun et le Nigeria « à faire le djihad ». Il vit aujourd’hui dans ce camp de déplacés où sa famille a trouvé refuge après avoir fui les violences du mouvement islamiste. Présentation de notre série Tchad : la fin du mirage Maloum Abakar Boucarmi, le chef du camp, assume ce pardon offert à Moussa et à quelque 280 autres « rendus ». « Ce sont nos parents, ils ont été trompés, endoctrinés. Ce sont des victimes », répète-t-il à l’ombre du grand acacia autour duquel les hommes se rassemblent pour discuter. Les déplacés de Koulkimé vivaient sur des îles près de la frontière avec le Nigeria. Leurs villages ont été brûlés, leurs animaux volés. Et les hommes ont été enlevés pour devenir les soldats du califat proclamé par le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, en 2014. Des femmes et des enfants, aussi, ont disparu pour être réduits, au mieux, à la domesticité dans les territoires conquis pour ce nouveau royaume. Sur la rive nord du lac, Koulkimé est à une journée de marche de leur ancien village, mais à un kilomètre seulement d’un poste militaire, pour « être en sécurité ». Dans la région du lac Tchad, 130 000 personnes ont dû quitter les îles et attendent dans des camps le retour à la paix. Elles dépendent de l’assistance humanitaire et de la solidarité des communautés environnantes pour subvenir à leurs besoins. Il est difficile de savoir ce qui a motivé cette réintégration, au-delà du choix du préfet de Baga Sola, qui, après les avoir gardés pendant trois mois dans le lycée inoccupé de la ville, a préféré les renvoyer. Baga Sola est l’un des chefs-lieux administratifs de la région du lac. La ville, cible en 2015 de plusieurs attaques suicides, héberge aujourd’hui d’importants contingents militaires. « Ils ont tous été interrogés par les services de renseignement, puis ils ont été remis au représentant de l’Etat, c’est-à-dire moi, explique Di Mouya Souatebe. Je les ai nourris, habillés, hébergés. Nous avons considéré qu’ils n’étaient pas dangereux, alors nous avons demandé aux chefs de village de les accueillir. » Bien sûr, s’empresse d’ajouter le préfet, il en va autrement pour « ceux qui sont arrêtés sur le champ de bataille » : « Ceux-là, on les envoie directement à Koro Toro [un bagne situé en plein désert] avant de les juger. » Au total, plus de 1 200 membres de Boko Haram sont venus se rendre aux autorités tchadiennes au cours des derniers mois. Le village de Koulkimé, sur les rives du lac Tchad, accueille 280 « repentis » de Boko Haram. Dans leur grande majorité, ils avaient été enlevés par la secte djihadiste. Michael Zumstein/Agence VU pour Le Monde Entre les cases de paille de maïs qui servent d’abri aux déplacés, Moussa Kadi traîne sa longue silhouette drapée d’un boubou bleu ciel comme s’il ne savait où aller pour échapper à sa triste notoriété : « Il est le premier qui est rentré », lance le chef Boucarmi en le montrant du doigt pour qu’il vienne témoigner. « J’ai tué » A l’écart du groupe, l’homme de 24 ans parle d’une voix enfantine qui tranche avec le récit de ses atrocités. Enlevé avec « plusieurs centaines d’autres », il a d’abord passé six mois au Cameroun avant de rejoindre l’Etat de Borno, au Nigeria, où est né Boko Haram. Comme il était bon soldat, son chef – un Nigérien – lui a rapidement confié un bataillon avec des armes. « J’étais parmi les meilleurs. Nous avons pillé des villages, attaqué des bases militaires pour récupérer des armes, nous avons même conquis de grandes villes », se souvient-il en citant les noms de Doro Naira et de Baga. La prise de Baga, en janvier 2015, reste le pire massacre attribué à Boko Haram. Episode 2 Survivre entre Boko Haram et les rives asséchées du lac Tchad « J’ai tué beaucoup de personnes. Combien ? Je ne sais pas. C’était mon destin. J’aurais dû avoir la force de refuser mais je n’ai pas pu », poursuit-il en levant ses yeux jusqu’alors fixés sur le sol, comme pour chercher un signe de compréhension. Moussa parle aussi de ces heures passées à réciter le Coran, de ce nouvel ordre promis par Boko Haram, où « les fonctionnaires n’auraient plus le pouvoir de distribuer des amendes parce qu’on a abattu un arbre ou parce qu’on pêche avec un mauvais filet », où il ne subirait plus « la corruption ». « J’ai presque failli y croire », reconnaît-il. Jusqu’au soir où il décide de s’enfuir avec sept soldats et une femme. « Nous avons marché toute la nuit. J’avais une bombe et un fusil. Le matin, nous avons franchi la frontière et nous sommes allés nous rendre. » Depuis son arrivée à Koulkimé, Moussa a repris contact par téléphone avec ses compagnons d’infortune. « Je leur dis que j’étais sain et sauf et qu’ils pouvaient rentrer. » Il affirme en avoir fait revenir 120. Pour l’instant, c’est ainsi qu’il occupe sa vie. Son avenir ? Il n’en sait rien. Au milieu des déplacés, il dit « tenir le coup, être calme ». Mais, surtout, ce qu’il veut qu’on sache, c’est qu’il a faim. Les « rendus » sont à la charge de leur communauté. S’ils peuvent participer aux consultations de soutien psychologique organisées par Médecins sans frontières pour les déplacés, ils n’ont en revanche pas encore accès à l’aide alimentaire.
"2017-01-06T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/01/au-tchad-dans-le-village-des-repentis-de-boko-haram_5137023_3212.html
Les YouTubers, plus forts que les rockstars
Ces créateurs de vidéos sur la célèbre plateforme en ligne fédèrent de véritables communautés à lesquelles ils s’adressent sans intermédiaire.
ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents. D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. » Les chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ». Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty. Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux » La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours… Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. » Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes. Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.
"2015-08-11T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/11/08/les-youtubers-plus-forts-que-les-rockstars_4805441_4408996.html
A Fremantle, en Australie, l’« Invasion Day » n’aura pas lieu
Fêtée le 26 janvier, la fête nationale australienne célèbre l’arrivée des colons anglais, en 1788. Un choix contesté par certains Aborigènes, dont le peuple fut décimé.
Une cérémonie célébrant la survie d’une partie des Aborigènes, à Sydney. Mark Metcalfe/Getty Images/AFP Chaque année, le débat resurgit. Est-il respectueux de fêter l’Australia Day, la fête nationale australienne ? Faut-il déplacer ce jour dans le calendrier ? La ville de Fremantle, qui compte environ 25 000 habitants, en Australie-Occidentale, a franchi le pas : les festivités seront organisées en 2017 le 28 janvier, et non pas le 26 comme dans le reste du pays. Une partie des Australiens, principalement des Aborigènes, a rebaptisé l’Australia Day (« le jour de l’Australie ») l’Invasion Day, (« le jour de l’invasion »). Beaucoup d’anciennes colonies dans le monde ont choisi le jour de leur indépendance comme fête nationale, mais l’Australie a retenu l’arrivée à Sydney de la première flotte anglaise, des colons donc. Cette flotte était composée de 11 navires avec à leur bord plus de 1 300 personnes, des prisonniers principalement. Le 26 janvier 1788, le capitaine Arthur Phillip a planté le drapeau britannique sur un territoire déjà habité : entre 300 000 et 1,5 million d’Aborigènes peuplaient l’île-continent, où leurs ancêtres étaient arrivés entre 40 000 et 60 000 ans plus tôt. Au fur et à mesure de la colonisation, la transmission de nouvelles maladies a décimé les communautés. Les Aborigènes ont été dépossédés de leur terre. Plus tard, jusque dans les années 1970, des enfants ont même été enlevés à leur famille, pour être élevés par des Blancs. Selon le recensement de 2011, les Aborigènes représentent 3 % de la population, soit 670 000 personnes. Jour de deuil Alors que de nombreux Australiens arborent fièrement leur drapeau le 26 janvier, portent des tongs ou des maillots de bain aux couleurs de leur pays, il s’agit plutôt d’un jour de deuil pour d’autres. Certains Aborigènes, plus positifs, en profitent pour célébrer la survie de leur culture, avec des cérémonies traditionnelles, malgré tout. À Fremantle, l’incontournable feu d’artifice aura donc lieu le 28 janvier. Des Aborigènes se sont exprimés « haut et fort » ; « nous pensons qu’il est temps de reconnaître que ce n’est pas un jour de célébration pour tous », a déclaré le maire écologiste Brad Pettitt. La nouvelle fête, appelée « One day », sera « l’occasion pour tous les Australiens de se réunir et célébrer la diversité multiculturelle de [leur] pays ». Le maire voulait aussi organiser ce jour-là les cérémonies de citoyenneté, qui réunissent habituellement pour Australia Day tous les nouveaux Australiens. Mais le gouvernement fédéral a opposé son veto. « La citoyenneté doit être apolitique », a déclaré le ministre adjoint de l’Immigration, Alex Hawke. La mairie doit renoncer à organiser les cérémonies le 28 janvier ou le ministère de l’immigration s’en chargera. Car la décision de la mairie de Fremantle divise l’Australie. Tout en reconnaissant que la fête nationale était un sujet de « controverse », le premier ministre Malcolm Turnbull, chef de la coalition conservatrice au pouvoir, a estimé qu’il ne fallait rien changer. Le premier ministre de l’Australie occidentale, Colin Barnett, lui aussi conservateur, s’est dit « extrêmement déçu par le maire de Fremantle ». « C’est déloyal envers notre pays, c’est déloyal envers notre Etat. » Et les habitants de Fremantle auront bien leur feu d’artifice le 26 janvier : des restaurateurs ont annoncé qu’ils organiseront une célébration sur la plage ce jour-là : « Nous voulons maintenir la tradition. » Lire aussi La colère des Aborigènes d’Australie, moqués par un dessin Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aborigènes d'hier et d'aujourd'hui
"2016-06-12T00:00:00"
m-moyen-format
https://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2016/12/06/a-fremantle-en-australie-l-invasion-day-n-aura-pas-lieu_5044323_4497271.html
"""Le chef de l'Etat a, de façon durable, un problème politique"""
Dans un chat sur LeMonde.fr, Didier Le Reste, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, assure que le chef de l'Etat et le gouvernement prennent le risque "d'une crise sociale et politique sans précédent". banlieusarde : Quels sont vos prévisions demain en matière de suivi de la grève et de trafic?
On a déjà des indications sur les prévisions de trafic, qui augurent un mouvement de grève très sérieux à la SNCF. Le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste. AFP/STEPHANE DE SAKUTIN banlieusarde : Quels sont vos prévisions demain en matière de suivi de la grève et de trafic ? On a déjà des indications sur les prévisions de trafic, qui augurent un mouvement de grève très sérieux à la SNCF. Nous avons par exemple 64 % de conducteurs de train qui se sont déclarés préalablement prêts pour la grève. Et nous avons 56 % des contrôleurs. Ce sont des déclarations préalables, qui sont imposées par la loi de 2007. Cela ne concerne que le 12 octobre. Pour les jours suivants, nous verrons en fonction de la tenue des assemblées générales des grévistes et de ce qui se sera passé en interne et en externe. Murielle : Précisément, combien de trains vont circuler, selon vous ? Cela m'est difficile, car c'est la SNCF qui organise les plans de transport, et elle indique qu'il y aurait un TGV sur trois en circulation, quatre TER sur dix, aucun train de nuit, et une circulation à peu près normale des trains Eurostar et Thalys. Ce sont des prévisions. La difficultés, c'est que parfois il y a décalage entre prévisions et réalité. Personne ne peut vérifier en temps réel la véracité des prévisions. ooberl : Que conseillez-vous aux usagers qui n'ont pas d'autres choix que d'aller travailler demain ? Les usagers sont aussi des citoyens et des salariés. Ils sont donc concernés par cette réforme. En revanche, j'entends ceux qui n'ont pas d'autre choix que d'emprunter les transports en commun pour se rendre à leur travail, je leur dis que le mouvement social, au stade où il en est aujourd'hui, n'a pas d'autre choix que de durcir les modalités d'intervention des salariés. Il appartient au gouvernement et au chef de l'Etat de prendre rapidement la mesure de la situation afin que celle-ci ne se détériore pas davantage. Jeanjean : Comprenez-vous la grogne et les critiques de l'opinion face à la grève de demain ? Si j'en crois plusieurs sondages d'opinion émanant d'instituts différents, 69 % des Français soutiennent la journée de mobilisation de demain. Et 61 % souhaitent la poursuite du mouvement. Elodie : A votre avis, les cheminots sont-ils prêts à faire grève plusieurs jours de suite ? Je ne suis pas dans la tête de chaque cheminot. Mais j'ai des indicateurs qui me permettent de dire que si rien ne bouge demain soir côté gouvernemental sur le front de la réforme des retraites, les syndicats n'auront pas d'autre choix que de proposer, le 13 octobre, dans les assemblées générales, de débattre de la reconduction du mouvement. esteban : On sent la direction de la CGT hésitante sur la grève reconductible. Pourquoi ? La CGT n'est pas hésitante. La CGT ne pose aucune modalité d'action. Il y a les entreprises où les salariés peuvent faire grève avec la présence de syndicats, et d'autres, 80 %, où il n'y a pas de syndicat, il y a de la précarité, et les salariés ont des difficultés à faire grève. La grève de type reconductible ne se décrète pas dans un bureau ni au journal télévisé de 20 heures de façon incantatoire. Il y a nécessité de débattre, de consulter, pour effectivement proposer des modalités de grève de type reconductible. Je remarque que dans certaines entreprises des syndicats qui s'affranchissent de ces étapes décident de grèves reconductibles et ne dépassent jamais 2 % de grévistes. Josette : Les cheminots peuvent-ils se rapprocher des jeunes (lycéens et étudiants) ? Les cheminots sont à la fois concernés bien sûr par le mouvement et solidaires de l'ensemble des salariés. Pour ce qui est des jeunes, notamment étudiants, ils peuvent contribuer au renforcement du mouvement, mais nous souhaitons que cela se fasse en respectant l'autonomie de leurs organisations. Aujourd'hui, le gouvernement, l'UMP, la direction de la SNCF reconnaissent que les cheminots sont bien concernés par cette réforme. Ses dispositions, si cette réforme devait voir le jour, s'additionneraient à la réforme en cours de 2007. Qui plus est, après l'adoption de la loi, si elle l'était définitivement, il y aurait la publication d'un décret ministériel concernant les régimes spéciaux de retraite qui pourrait durcir les dispositions de la loi susvisée. Montreal : Y a-t-il, selon vous, une possibilité d' ouverture sur un mouvement plus large socialement de type Mai 68 ? Je me garderai bien de répondre à cette question, car à l'instant où nous parlons, je n'ai pas tous les éléments d'appréciation. Et on sait que l'histoire ne repasse jamais les plats de la même façon, il est inutile de comparer les différentes étapes de l'histoire sociale de France et de vouloir à tout prix en faire un remake. Je ne suis pas d'ailleurs très fort dans la météo sociale... LUCIEN : Souhaitez vous une radicalisation avec les étudiants ? La radicalisation d'un mouvement social, là non plus, ne se décrète pas. Ce n'est pas quelqu'un qui appuie sur un bouton et tout le monde s'aligne derrière. Je suis beaucoup plus sur la généralisation des mouvements de grève que sur la décision incantatoire de radicalisation d'un mouvement. gspr : Ne pensez-vous pas que les jeux sont faits face à la détermination du gouvernement ? Dans le contexte social et politique que nous connaissons, personne ne peut dire que les jeux sont faits. Chaque jour apporte son lot de nouveautés. Et nous voyons que de sondage en sondage, et malgré les passages en force du chef de l'Etat, l'opinion publique reste majoritairement opposée à la réforme et souhaite la poursuite de la contestation sociale. salariés37 : Qu'est-ce qui pourrait faire plier le gouvernement selon vous ? Je pense que, d'ores et déjà, le gouvernement et le chef de l'Etat ont de façon durable un problème politique. Si d'aventure ils s'entêtaient à ne pas entendre, à continuer à traiter avec mépris et désinvolture les manifestants et l'opinion publique, ils seraient responsables d'une crise sociale et politique sans précédent. KERHORRE : Compte tenu de leur solidarité avec le privé, les cheminots sont-ils prêts a faire un geste sur leur statut (retraite à 50 ans, etc.) pour conserver la retraite à 60 ans ? Les cheminots sont effectivement solidaires et sont pour l'équité, mais l'équité par le haut. Et je rappelle que depuis 2007, leur régime social est réformé sur la base de la réforme du régime de la fonction publique. Je signale enfin que les cheminots retraités, pour 58 % d'entre eux, gagnent moins de 1 450 euros bruts par mois. Eric : FO, SUD reprochent à la CGT de ne pas avoir voulu de grève illimitée, d'avoir tué ainsi le rapport de force et usé la base des militants par une action par journées qui sont autant de coup d'épée dans l'eau... Qu'en pensez-vous ? Je note que le syndicat Solidaires est dans le mouvement depuis le début et n'a pas manqué de proposer lui aussi des journées de mobilisation. Quant à FO, il continue de jouer son rôle historique de diviseur. Les différentes journées de mobilisation de 24 heures alliant grèves et manifestations ont permis d'ancrer la mobilisation dans la durée. Et je note, pour finir, que dans les entreprises où SUD et FO ont appelé à des grèves reconductibles, ils ont enregistré des pourcentages de grévistes infinitésimaux. Pépin : Les cheminots ont fait deux grèves longues, en 2007 et en 2010, sur la réforme de leur régime de retraite et sur celle du fret, sans rien obtenir. Ne craignez-vous pas un troisième échec ? Je m'inscris en faux contre ces formules, qui émanent directement de l'UMP et du patronat. En 2007, après dix jours de grève, nous avons obtenu dix-huit mois de négociations tripartites. Ce qui fait dire à des rapports parlementaires que ce que les syndicats ont obtenu va coûter plus cher que les économies escomptées par la réforme. Pour ce qui est du conflit d'avril 2010, nous n'avons pas atteint nos objectifs initiaux. Mais nous avons obtenu l'arrêt de réorganisations contestées par les personnels, la création d'emplois, et nous avons imposé la révision à la hausse du budget recrutement pour 2010, puisqu'on est passé d'une prévision de 1 300 embauches à 3 200. Donc tant qu'un mouvement social n'est pas terminé, on ne peut pas le qualifier d'échec. Railleur : Constater que la France est le seul pays d'Europe où subsiste la retraite à 60 ans ne vous fait-il pas réfléchir quant à la nécessité de la réforme de l'âge de la retraire ? Il faut comparer ce qui est comparable. Les autres pays européens ont pris le temps pour réformer leur régime de retraite, et ils ont, semble-t-il, beaucoup mieux débattu des propositions alternatives des syndicats. La réforme des retraites en France est considérée par l'OCDE, entre autres, comme étant la plus brutale en Europe. Si le gouvernement et le chef de l'Etat décident d'organiser un Grenelle des retraites et de véritablement négocier, les Français pourront mesurer que l'on peut maintenir l'âge de départ légal à la retraite à 60 ans et trouver les financements nécessaires à la pérennisation du système par répartition. Marie : Cela signifie donc que vous seriez tout de même ouvert à une réforme du régime des retraites et à un allongement de la durée de cotisation à partir du moment où un réel dialogue serait instauré ? La CGT, que ce soit lors de la réforme du régime général en 1993, celle du régime de la fonction publique en 2003, ou la réforme des régimes spéciaux en 2007, a toujours été opposée à l'allongement de la durée de cotisation. En revanche, au regard de l'existant – qui n'est pas satisfaisant, puisqu'à la suite de ces réformes le niveau des retraites a baissé en moyenne de 20 % par rapport aux données du Conseil d'orientation des retraites –, la CGT, comme le revendique majoritairement l'opinion publique, est pour l'ouverture d'une véritable négociation nationale. salariés37 : A quels problèmes concrets sont confrontés les salariés de la SNCF ? Les cheminots, historiquement, ont bénéficié de départ à la retraite plus avantageux que les autres salariés, notamment du privé. Mais en contrepartie, ils savaient qu'ils avaient des niveaux de retraite moindres que les salariés du régime général. En 2007, la Cour des comptes a indiqué que le rapport entre le dernier salaire d'activité d'un cheminot et son niveau de pension – ce que nous appelons le taux de remplacement – était inférieur de 10 points par rapport au régime général. emma g : Plusieurs responsables socialistes – Jean-Marie Le Guen et François Hollande – semblent indiquer qu'il faut miser sur 2012 (la présidentielle) davantage que sur la grève reconductible pour obtenir gain de cause. Qu'en pensez- vous ? Je pense que les salariés en général, et les organisations syndicales en particulier, n'ont pas la mémoire courte. Ils s'en remettent avant tout à leur capacité d'action, de mobilisation, avant de s'en remettre à des promesses de campagne électorale pour des échéances hypothétiques. Chacun doit conserver sa place, son autonomie, et ne pas induire la confusion des genres. Pierre : D'après vous, quels autres secteurs stratégiques de l'économie française devraient amplifier leur mobilisation pour créer les conditions d'une remise à plat du projet gouvernemental ? Je me félicite que d'autres secteurs professionnels que la SNCF et la RATP aient décidé de débattre avec leurs salariés de mouvements de grève dépassant les 24 heures. C'est vrai dans la chimie, dans les ports et docks, dans la marine, dans l'agroalimentaire, dans certains secteurs de la métallurgie, et les transports urbains et routiers de voyageurs. D'autres secteurs également ont mis en débat la possibilité de poursuivre le mouvement. C'est vrai au niveau de l'équipement et de l'environnement, entre autres. Eric : Il y a, dans les prochains mois, des élections syndicales au sein d'EDF, GDF, la RATP, la SNCF... Pourquoi ne pas avoir pris le risque d'un mouvement dur ? Mais les cheminots sont dans un mouvement interprofessionnel, unitaire, concernant un enjeu de société qui touche des millions de salariés. Donc les cheminots sont complètement inscrits dans la démarche interprofessionnelle. Et les élections professionnelles qui se profilent dans nombre de secteurs n'ont rien à voir avec les modalités d'un mouvement de grève. Nous souhaitons jouer collectif. Et comme je le répète souvent, dans le cadre d'une métaphore ferroviaire maintenant bien rodée, les cheminots souhaitent peser plus sur le mouvement, avec un groupe de locomotives, mais pas dans le cadre d'une locomotive lancée toute seule sur les rails. Nicolas : En tant que responsable de la CGT, êtes-vous plutôt sur la ligne Delannoy (CGT Pas-de-Calais) ou à l'inverse sur une ligne Thibault ? Je suis militant de la CGT, je travaille en bonne harmonie, en bonne intelligence avec l'ensemble de la direction de la CGT et de ses organisations. Je suis tout à fait en phase avec Bernard Thibault et la direction de la CGT sur les conditions de la conduite du mouvement social interprofessionnel. Nous jouons collectif. Et si nous voulons gagner, nous avons intérêt à conserver le caractère interprofessionnel et unitaire du mouvement. denis & cohen : Y a-t-il une course de vitesse entre la CGT-cheminots et la CGT-énergie? Quel bastion est le plus menacé, la SNCF ou EDF ? Il n'y a pas de course de vitesse, de compétition entre la CGT de la SNCF et la CGT des mines et énergies. Les deux groupes sont confrontés aux mêmes politiques libérales d'éclatement des monopoles, poussées par les politiques nationales et européennes qui privilégient de plus en plus la rentabilité financière au détriment de l'intérêt général. Et dans les deux groupes, cela prend des formes diverses, que nous combattons partout. Pascal : Si le gouvernement revenait sur l'âge de départ à 62 ans pour le remettre à 60 ans, est-ce que ce serait une condition pour faire cesser les grèves ? Le noyau dur du mouvement social porte effectivement sur les bornes d'âge : 62 ans et 67 ans, qui s'ajoutent à d'autres exigences. Si d'aventure le gouvernement entendait raison sur les bornes d'âge, ce serait des éléments à mettre au centre des débats avec les salariés pour décider des suites. Mais notamment dans le mouvement dit reconductible, il faut que ce soit les salariés qui puissent débattre et décider des suites du mouvement. Avec leurs élus de proximité. Bébert : On vous prête l'intention de vous lancer dans la politique quand vous aurez quitté la direction des cheminots CGT. Dans quel parti vous engagerez-vous ? J'ai des propositions multiples et variées d'ordre associatif, politique entre autres. Je n'ai rien décidé pour le moment. Je rappelle que je suis adhérent du PCF depuis 1977. Je quitterai mes fonctions à la CGT fin novembre 2010. Chat modéré par Olivier Biffaud
"2010-11-10T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/10/11/le-chef-de-l-etat-a-de-facon-durable-un-probleme-politique_1424204_3224.html
Benoît Hamon, le frondeur arrivé en première position
Le député des Yvelines, arrivé en tête du premier tour de la primaire, a voulu se démarquer dans cette campagne en revendiquant son ancrage à gauche.
Au soir du premier tour de la primaire à gauche, le dimanche 22 janvier, Benoît Hamon prend la parole à son QG de campagne. « En me plaçant en tête, vous avez adressé un message clair d’espoir et de renouveau, le désir d’écrire une nouvelle page » déclare-t-il après avoir eu un mot pour chacun de ses concurrents. L’ex-ministre de François Hollande est arrivé en première position du scrutin avec 36,35 % des voix. Les observateurs qui imaginaient le député des Yvelines comme le « Fillon de la gauche », celui qui s’impose contre tous les pronostics face aux favoris des sondages, ont finalement vu juste. « Les médias s’en veulent tellement de n’avoir pas vu venir Fillon à la primaire de la droite, qu’ils ne voudraient surtout pas louper Hamon à celle de la gauche », plaisantait il y a six semaines son directeur de campagne, Mathieu Hanotin, député de Seine-Saint-Denis. La participation de M. Hamon à « L’Emission politique » sur France 2, le 8 décembre, a marqué un tournant dans sa campagne. Si l’audience a été plutôt faible pour le programme – 1,7 million de téléspectateurs –, sa prestation a été remarquée. Elle a donné au candidat de 49 ans l’occasion de faire valoir ses mesures phares. Retouches sur le revenu universel M. Hamon a développé les deux solutions qu’il propose pour faire face à la « révolution numérique », qui va « raréfier le travail » : la réduction du temps de travail et, surtout, l’instauration d’un revenu universel de base. Lire aussi Primaire de la gauche : le revenu universel crée un nouveau clivage En six semaines, deux points clés de la proposition de Benoît Hamon ont pourtant été discrètement supprimés, avant d’être finalement réintégrés : le fait que ce qu’il qualifie de « revenu universel » serait versé à terme à tous les Français de plus de 18 ans, sans condition de ressources ; le fait qu’il atteindrait le seuil de 750 euros par mois. Il est désormais question d’une « grande conférence citoyenne » chargée de discuter du périmètre du revenu universel et de son calendrier. Benoît Hamon continue d’évoquer un « revenu universel », mais il ne s’engage plus clairement à mettre en place cette « révolution » sociale avant 2022, s’il remportait la présidentielle. Dans Le Monde du 4 janvier, M. Hamon a également déclaré « envisager, à court terme, d’en finir avec l’état d’urgence, dès lors que les lois antiterroristes et renseignement permettent à la police et à la justice d’agir plus efficacement ». L’ancrage à gauche d’un ancien militant étudiant C’est au sein de SOS Racisme que Benoît Hamon a commencé sa vie de militant. En 1986, il est partie prenante des manifestations lycéennes et étudiantes contre la loi Devaquet, vaste mouvement qui l’incite un an plus tard à prendre sa carte à l’UNEF, principal syndicat étudiant, duquel il est resté proche. En 1993, il devient le premier président du Mouvement des jeunes socialistes, un poste qu’il conservera jusqu’en 1995. Délégué national du PS chargé de la jeunesse, le jeune Hamon se rapproche ensuite de Lionel Jospin, dont il sera conseiller pour la jeunesse pendant la campagne présidentielle de 1995. Il sera élu député européen de la circonscription Est entre 2004 et 2009, puis conseiller régional d’Ile-de-France entre 2010 et 2014, en parallèle de sa charge de porte-parole du parti socialiste, de 2008 à 2012. Au cours de son ascension au Parti socialiste, Benoît Hamon s’est inscrit dans une tendance réformiste, notamment au sein du Nouveau Parti socialiste, un courant interne au PS qu’il cofonde avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon après le choc du 21 avril 2002, qui a vu la gauche éliminée au premier tour de la présidentielle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hamon, Montebourg, Peillon, Valls : ils se sont tant aimés… Ministre délégué à l’économie sociale et solidaire (2012-2014), puis de l’éducation nationale (avril-août 2014), l’ex-porte parole du PS compte se démarquer du quinquennat écoulé et revendique son ancrage à gauche. Il disait, dès le 16 août, son désir de rompre avec « les quinquennats [qui] se succèdent », avec « les hommes providentiels aussi ». Il est l’un des plus prompts à s’être déclarés pour la primaire, prenant de vitesse son plus proche rival, Arnaud Montebourg – l’ancien ministre de l’économie devait annoncer sa candidature quelques jours plus tard. M. Hamon n’avait eu d’autre choix que de quitter le gouvernement le même jour que M. Montebourg, en août 2014 ; lors de la fête de la rose, à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) les deux hommes avaient milité pour un changement de cap de la politique économique menée par le gouvernement de Manuel Valls. Bilans contrastés à Bercy et à l’éducation nationale Lors de son passage à Bercy, en tant que ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire, de mai 2012 à mars 2014, Benoît Hamon a mené quelques chantiers significatifs dont la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS), qui donne un cadre à un secteur – regroupant notamment les mutuelles, les coopératives, les associations… – jusque-là mal défini. Adoptée en juillet 2014, la loi définit, pour la première fois, l’ESS comme un « mode d’entreprendre et de développement économique ». Son autre grand projet fut la loi sur la consommation, adoptée en mars 2014. Elle propose un panel d’outils pour améliorer la protection des consommateurs comme l’action de groupe, la facilitation de la résiliation du contrat d’assurance, la mise en place d’un registre du crédit ou l’augmentation du délai de rétractation pour le commerce en ligne. Le ministre quitte son poste peu après l’adoption de cette loi pour rejoindre le ministère de l’éducation nationale. Mais il ne passera que cent quarante-sept jours rue de Grenelle où il a succédé à Vincent Peillon en mars 2014, avant de suivre Arnaud Montebourg et de quitter le gouvernement en août de la même année. Au cours de ses quelques mois comme titulaire de ce portefeuille, M. Hamon n’a pas eu le temps de lancer de chantier majeur et laisse un bilan mitigé. Chargé de déminer le dossier de la réforme des rythmes scolaires, il lâche du leste sans pour autant calmer la fronde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Benoît Hamon, le possible trouble-fête de la primaire à gauche Il a également reculé sur les ABCD de l’égalité, outil pédagogique de promotion de l’égalité homme-femme, après la polémique lancée notamment par les opposants au mariage pour tous. Enfin, M. Hamon a été contraint de renoncer à faire avancer un dossier qui lui tenait à cœur : celui de la réforme de l’évaluation des élèves. Il démissionne avant d’effectuer sa première rentrée.
"2017-01-22T00:00:00"
primaire-de-la-gauche
https://www.lemonde.fr/primaire-de-la-gauche/article/2017/01/22/benoit-hamon-le-frondeur-arrive-en-premiere-position_5067087_5008374.html
Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela Merkel
La chancelière allemande ne veut pas apparaître comme la principale responsable d’une sortie de la Grèce de la zone euro.
Angela Merkel à Sarajevo (Bosnie), jeudi 9 juillet. Amel Emric / AP Si les autres pays membres de la zone euro se mettent d’accord avec Athènes, la chancelière allemande, Angela Merkel, devra affronter une fronde sans précédent au sein de la CDU – son propre parti – et surtout de la CSU bavaroise, qui ne font aucune confiance à Alexis Tsipras. Mais si les négociations échouent, la « reine de l’Europe », comme l’a surnommée Bild, risque d’apparaître comme la principale responsable d’une crise majeure au sein de la zone euro. De plus, elle provoquera de nouvelles tensions avec Paris et sera critiquée par le Parti social-démocrate (SPD) qui, comme l’Elysée, a jugé positives les dernières propositions d’Athènes. Suivre la situation en direct Depuis une semaine, le dossier fait l’objet de deux approches différentes entre la France et l’Allemagne. Et de toute évidence, c’est Paris bien plus que Berlin qui est à la manœuvre. L’implication du Trésor français aux côtés d’Athènes a surpris plus d’un responsable politique allemand. Les photos publiées sur le site de l’Elysée montrant un François Hollande sans veste, entouré du premier ministre et de quelques collaborateurs, téléphoner dimanche soir à Alexis Tsipras, ne sont pas passées inaperçues à Berlin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand Hollande a pris la main pour éviter le « Grexit » Déstabilisée « Il a raison de jouer cette carte-là », disait-on du côté du parti social-démocrate. « Il continue de se fourvoyer avec Tsipras », déplorait-on dans les milieux proches de la CDU. A Berlin, le non au référendum du 5 juillet a clairement été perçu comme un non à l’euro. Il n’y avait donc plus rien à négocier avec Athènes, sinon un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro. Ça tombe bien, de nombreux élus de la CDU et surtout de la CSU bavaroise ne demandent que cela. Depuis les résultats du référendum, nombre d’entre eux se sont lâchés comme jamais sur les réseaux sociaux contre les Grecs. « Si l’Europe perd cette capacité à trouver des compromis, alors l’Europe est perdue » Angela Merkel elle-même n’est pas favorable à un « Grexit ». Les dizaines d’heures qu’elle a passées, de visu ou par téléphone, avec Alexis Tsipras et souvent François Hollande, le prouvent. Même si elle s’en défend, un « Grexit » marquerait l’échec de sa politique européenne depuis cinq ans. De plus, le risque économique et géopolitique est trop grand. Barack Obama ne cesse de le lui rappeler. Mais l’annonce du référendum l’a déstabilisée. Interrogée le 29 juin sur la signification du vote à venir, elle reconnaissait être « partagée ». Un aveu rare dans sa bouche. Manifestement, la situation lui a échappé. « Si l’Europe perd cette capacité à trouver des compromis, alors l’Europe est perdue », avait-elle confié le matin même devant 600 responsables de la CDU réunis pour fêter les 70 ans du parti.
"2015-11-07T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/11/refuser-le-compromis-ou-ebranler-sa-majorite-le-dilemme-d-angela-merkel_4679551_3214.html
Bo Xilai confronté à son ancien chef de la police Wang Lijun
Le politicien déchu est soupçonné d'avoir tenté de faire taire le policier après que celui-ci lui eut révélé l'implication de Gu Kailai dans la mort d'un consultant anglais, le 28 février 2012.
De notre correspondant à Pékin. Bo Xilai a été confronté, samedi 24 août dans l'après midi, à Wang Lijun, l'ex-chef de la police de Chongqing, qui a fait défection et avait tenté de se réfugier au consulat américain de Chengdu le 6 février 2012. C'est la première fois que la version de Bo Xilai sur les faits qui ont conduit à ce scandale politique est rendue publique. Wang Lijun, témoin au tribunal intermédiaire de Jinan, où se tient le procès de l'ancien numéro un de Chongqing, a été condamné l'an dernier à quinze ans de prison pour abus de pouvoir après avoir "couvert" le meurtre de Neil Heywood par l'épouse de Bo Xilai, le 13 novembre 2011. La mort du consultant avait alors été présentée comme accidentelle, due à un abus d'alcool. Malgré un rôle très ambigu dans l'affaire, Wang Lijun a bénéficié de circonstances atténuantes en raison de sa coopération. Bo Xilai est soupçonné d'avoir tenté de le faire taire après que celui-ci lui eut révélé l'implication de Gu Kailai dans l'empoisonnement de l'Anglais, le 28 février 2012. GIFLÉ Bo Xilai et Wang Lijun (en arrière-plan), le 7 janvier 2012. REUTERS/STRINGER/CHINA C'est le volet abus de pouvoir de la procédure en cours contre l'ancien prince rouge déchu. D'après le compte rendu des échanges à la cour, Bo Xilai a déclaré devant les juges avoir été informé le 28 janvier 2013 par Wang Lijun que "certaines personnes disent que la mort de Heywood est liée à Gu Kailai". Bo Xilai a admis avoir giflé Wang Lijun, mais il nie avoir abusé de ses pouvoirs en tant que premier secrétaire du parti de Chongqing, plus précisément d'avoir fait faire un faux certificat médical et d'avoir fait diffuser par Weibo l'information selon laquelle Wang Lijun avait était placé "sous un traitement de type vacances". Diffusée par Weibo deux jours après le séjour de Wang Lijun au consulat américain, l'expression avait provoqué de très vives spéculations sur l'Internet. Bo Xilai a continué en expliquant à l'audience que son épouse était devenue "furieuse" lorsqu'il lui avait parlé des allégations de Wang Lijun concernant la mort de Heywood. Elle a alors prétendu que Wang Lijun cherchait à lui tendre un piège et a montré à son mari le certificat de décès du Britannique. "J'ai pensé que Gu kailai était fragile et qu'elle ne pouvait pas avoir tué. Comme sa relation avec Wang Lijun avait été excellente jusqu'alors, comment une telle chose pouvait-elle tout à coup surgir ?" Le 29 janvier, Bo Xilai a demandé des comptes à son chef de la police, et, pensant qu'il mentait au sujet de sa femme, l'a frappé devant d'autres officiels. Il a ensuite décidé le jour même de le relever de ses fonctions.
"2013-08-24T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/08/24/bo-xilai-confronte-a-son-ancien-chef-de-la-police-wang-lijun_3465999_3216.html
Selon un militant espagnol, l'assaut israélien a fait plus de 9 morts
Huit des militants tués lors de l'assaut du "Mavi-Marmara" par l'armée israélienne lundi, étaient turcs. Le neuvième est un Américain d'origine turque. Tous morts par balle.
Un des trois militants espagnols ayant embarqué sur la flottille pro-palestinienne attaquée lundi par l'armée israélienne a estimé jeudi 3 juin que le nombre de victimes devait osciller entre 16 et 20, et non neuf comme officiellement annoncé par les autorités israéliennes. Les militaires israéliens "sont arrivés en tuant. D'abord avec des Zodiac, tirant des fumigènes, des bombes assourdissantes, des bombes à fragmentation", a déclaré à la radio privée Cadena Ser Manuel Tapial, depuis la Turquie où il se trouvait. Il a également affirmé qu'au moment où le premier soldat israélien a été attaqué par les hommes à bord lorsqu'il a posé le pied sur le bateau en descendant d'un hélicoptère, "il y avait déjà deux ou trois morts à cause des tirs depuis les Zodiac". TOUS TUÉS PAR BALLES On savait depuis lundi soir que neuf membres de la flottille qui voulait briser le blocus de Gaza avait été tués lors de l'assaut du Mavi-Marmara par l'armée israélienne, mais sans plus de détails. L'agence de presse turque Anatolie révèle jeudi 3 juin que huit des victimes étaient turques. La neuvième est un Américain d'origine turque. Tous les passagers ont été tués par balles, selon l'agence, qui cite les rapports des médecins légistes. Les nationalités ont été déterminées après des examens à l'institut de médecine légale d'Istanbul, où les corps ont été transférés d'Israël tôt dans la matinée. Les médecins légistes ont trouvé des impacts de balles sur les corps de toutes les victimes et ont établi que l'une d'entre elles a été tuée par un tir à bout portant. Ils ont précisé que les circonstances exactes des décès seraient mieux connues une fois réalisés des examens balistiques, qui devraient prendre environ un mois. "OUI, NOUS AVONS PRIS LEURS ARMES" De retour à Istanbul après trois jours de détention et d'interrogatoires en Israël, le président de l'ONG turque IHH, qui était à bord du Mavi-Marmara, a reconnu que des militants pro-palestiniens de la flottille s'étaient bien emparés des armes d'une dizaine de soldats israéliens, mais affirme que c'était pour les jeter à la mer : "Oui, nous avons pris leurs armes. Cela aurait été de la légitime défense y compris si nous en avions fait usage", a affirmé Bulent Yildirim. "Nous avons dit à nos amis à bord : nous allons mourir, devenons des martyrs, mais ne soyons pas de ceux qui ont eu recours aux armes à feu. Par cette décision, nos amis ont accepté la mort et nous avons jeté toutes les armes que nous leur avions prises à la mer", a-t-il poursuivi, ajoutant que les passagers avaient imploré les soldats de ne pas tirer. Invoquant elles aussi la légitime défense, les autorités israéliennes affirment au contraire que les militaires ont été attaqués à coups de barres de fer et de couteaux, et que des occupants du navire ont ouvert le feu avec deux pistolets pris aux membres du commando. Selon Bulent Yildirim les soldats israéliens ont d'abord fait usage de balles en caoutchouc avant de passer aux balles réelles lorsque des passagers les ont pris à partie à coup de bâtons et de chaises. La militante belge Kenza Isnani (au centre) à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul avec deux militants britanniques, le 3 juin 2010. AFP/MUSTAFA OZER Une passagère belge du Mavi-Marmara a également affirmé que les passagers n'étaient pas armés. "Les passagers du bateau avaient une attitude non violente, pacifique. Il n'y avait pas d'armes. Il n'y avait aucune attitude de provocation ou l'intention de se mêler à la violence, pas du tout", a déclaré Kenza Isnani. "On a vu des choses horribles, des choses qu'on n'aurait jamais pu penser vivre un moment dans notre vie... Le monde entier doit savoir ce qui s'est passé sur ce bateau."
"2010-03-06T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/06/03/les-neuf-morts-de-la-flottille-tous-tues-par-balles_1367098_3218.html
Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’élection
Les outsiders ont pu faire entendre leurs différences lors d’un débat télévisé inédit face au conservateur David Cameron et à son rival travailliste Ed Miliband.
Le premier ministre conservateur David Cameron et son rival travailliste Ed Miliband s'opposeront lors des législatives du 7 mai. Mais les petits partis peuvent leur faire de l'ombre. STEFAN WERMUTH / REUTERS Dix millions de téléspectateurs britanniques ont assisté, jeudi 2 avril au soir, au premier vrai débat de la campagne électorale pour les législatives du 7 mai. L’affiche était inédite dans un pays habitué au bipartisme depuis des siècles : à côté des deux dirigeants de la coalition gouvernementale sortante David Cameron (conservateur) et Nick Clegg (libéral-démocrate) et du chef de l’opposition travailliste Ed Miliband, se sont exprimés les leaders des trois partis qui s’apprêtent à jouer les trouble-fête, du fait de leur audience inédite dans l’histoire électorale britannique. A eux trois, le parti national écossais de Nicola Sturgeon (SNP, indépendantiste), le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage (UKIP, xénophobe et anti-européen) et les Greens de Natalie Bennett (écologiste) devraient, selon les sondages, rallier les voix d’un électeur sur trois contre un sur cinq aux élections de 2010. Sans oublier la septième invitée du débat Leanne Wood, qui dirige le parti nationaliste gallois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A la télévision britannique, David Cameron pris sous le feu nourri de ses six concurrents Cameron évite le duel avec Miliband Inédit, singulier, le format du débat a été voulu par David Cameron qui a obstinément refusé tout tête à tête avec Ed Miliband, craignant que ce dernier, bon débatteur, ne profite de cette superbe exposition médiatique pour affirmer un profil de premier ministrable que la majorité des électeurs lui dénient. Le premier ministre comptait mettre à profit ce débat à sept, possiblement confus, pour illustrer son leitmotiv : « Si vous ne donnez pas une majorité suffisante aux Tories, ce sera le chaos. » Lire aussi Le Royaume-Uni découvre le multipartisme La cote d’Ed Miliband s’est relevée depuis la première grande émission électorale télévisée de jeudi dernier, où M. Cameron et lui-même ont été interrogés séparément. Mais ce jeudi soir, fait rare dans la vie politique britannique, le chef du Labour risquait d’être doublement attaqué sur sa gauche par les leaders des Greens et du SNP écossais. Ce dernier parti constitue un repoussoir pour bon nombre d’électeurs anglais, mais Ed Miliband en aura besoin en cas de victoire pour asseoir une majorité. Les sondages donnent Tories et Labour au coude-à-coude avec 33 % des voix chacun environ. Selon toute vraisemblance, aucun des deux grands partis ne devrait pouvoir gouverner sans une alliance, gouvernementale ou au moins parlementaire, avec l’un des trois « petits » partis. Natalie Bennett, l’écologiste Natalie Bennett, leader des Greens. PHIL NOBLE / REUTERS Natalie Bennett, 49 ans, ancienne journaliste, dirige depuis 2012 les Greens britanniques qui ont une seule députée au parlement de Westminster, élue dans la circonscription de Brighton. Crédités de 5 à 6 % des voix, ils devraient peiner à en conquérir davantage du fait du système électoral à un tour qui proclame élu le candidat ayant remporté le plus de suffrages. Mais, en prenant des voix au Labour, ils pourraient favoriser l’élection de candidats conservateurs. Les Greens critiquent la poursuite de la politique d’austérité que défendent les travaillistes et prônent un nouvel impôt sur la fortune pour les 1 % les plus riches. Ils réclament la sortie progressive du nucléaire, la renationalisation des transports publics et l’augmentation à 10 livres sterling (13,65 euros) du salaire minimum. L’enjeu du débat à sept était élevé pour Mme Bennett, une quasi inconnue du grand public qui s’est illustrée en oubliant une partie de son programme sur le logement lors d’une récente prestation radio. Tout comme pour son parti, qui marque des points, notamment chez les jeunes et engrange des adhésions. Nigel Farage, le xénophobe Nigel Farage. TOBY MELVILLE / REUTERS Nigel Farage, 50 ans, ancien trader en matières premières à la City, a dirigé entre 2006 et 2009 puis depuis 2012 le UKIP qui revendique la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, accusée d’empêcher le pays d’exercer sa souveraineté, notamment en matière de contrôle de l’immigration. Député européen, il brigue en mai un siège au parlement de Westminster pour la circonscription de South Thanet (sud-est de l’Angleterre) où les sondages le donnent favori. Le UKIP a nettement renforcé ses positions, notamment depuis que David Cameron a accepté d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE s’il est reconduit à Downing Street. Le parti europhobe et xénophobe a triomphé lors des élections européennes de 2014, en se plaçant en tête des partis britanniques avec 26,6 % des voix. A l’automne, le UKIP a réussi à débaucher deux députés conservateurs et à les faire élire sous sa bannière, accédant pour la première fois à Westminster. Crédité de 12 à 18 % des suffrages pour les législatives de mai, il pourrait conquérir deux ou trois sièges supplémentaires, mais surtout jouer les arbitres entre conservateurs et travaillistes, en puisant dans leur électorat. Le UKIP pourrait aussi peser sur la formation du gouvernement si les conservateurs arrivent en tête. Lors du débat, Nigel Farage a dû faire oublier que son parti est affaibli par les déclarations racistes et homophobes ainsi que par des malversations financières de certains de ses élus ou candidats. Et se poser en champion de la lutte contre l’immigration est-européenne, qu’il présente comme un facteur d’insécurité, de bas salaires et de dissolution de l’identité anglaise. Nicola Sturgeon, l’Ecossaise Nicola Sturgeon. Andy Buchanan / AFP Nicola Sturgeon, 44 ans, a succédé à Alex Salmond à la tête du parti national écossais (SNP) au lendemain du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de septembre 2014. Les sondages la placent en position de force puisqu’ils prédisent la conquête par le SNP d’une quarantaine de sièges en Ecosse, fief traditionnel du Labour. Cette entrée en force au parlement de Westminster (où le SNP ne dispose que de six sièges aujourd’hui) ferait des indépendantistes écossais les alliés obligés du Labour si ces derniers sont en position de former un gouvernement. Or Mme Sturgeon critique la poursuite de l’austérité budgétaire prônée par les travaillistes, réclame le démantèlement des bases nucléaires britanniques situées en Ecosse ainsi que de nouveaux pouvoirs pour le Parlement d’Edimbourg. Le premier ministre David Cameron insiste sur le chaos et les risque d’éclatement du royaume que ferait courir selon lui une telle alliance SNP-Labour. Brillante débattrice, Nicola Sturgeon a dû se montrer habile équilibriste lors du débat de jeudi soir : se dissocier d’Ed Miliband puisqu’elle souhaite attirer les électeurs du Labour en Ecosse, tout en rendant crédible l’accord avec ce dernier qu’elle dit souhaiter. Avec pour horizon la perspective qui lui tient le plus à cœur : l’indépendance écossaise. Leanne Wood, la Galloise Leanne Wood. LEON NEAL / AFP Leanne Wood, 43 ans, dirige depuis 2012 le parti nationaliste gallois Plaid Cymru qui tient trois sièges à Westminster. Plaid Cymru, opposé à la politique d’austérité et aux bases nucléaires militaires, n’est que le quatrième parti en popularité dans une région, le Pays de Galles qui ne représente que 5 % de la population du Royaume-Uni. Pour Mme Wood, totalement inconnue dans le reste du pays, le débat de jeudi était évidemment une occasion unique de faire connaître ses positions. Bien que minuscule, son parti pourrait servir de force d’appoint décisive au Labour.
"2015-02-04T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/04/02/debat-tele-au-royaume-uni-les-quatre-petits-candidats-qui-vont-faire-l-election_4608822_3214.html
New York va interdire de fumer dans les parcs et sur les plages
Le maire de New York, qui a déjà banni la cigarette des restaurants et des bars de la ville, va étendre cette interdiction aux principaux espaces publics en plein air.
Il sera bientôt interdit de griller une cigarette sur une pelouse de Central Park. Le maire de New York, Michael Bloomberg, qui a déjà banni la consommation de tabac des restaurants et des bars, va étendre cette interdiction aux principaux espaces publics en plein air : les 17 000 parcs de la ville, les plages, certaines zones commerciales ou piétonnes et des places emblématiques comme Times Square sont visées. "La science est claire à ce sujet : une exposition passive prolongée à la fumée de cigarette, que l'on soit à l'intérieur ou dehors, nuit à la santé", a déclaré M. Bloomberg pour expliquer sa décision. Selon une étude, a-t-il poursuivi, une personne assise dans un périmètre d'un mètre autour d'un fumeur en plein air est exposée à une même quantité de fumée que dans un espace fermé. Cette nouvelle interdiction de fumer doit être soumise jeudi 16 septembre au conseil municipal, qui devrait l'adopter sans difficulté, rapporte le New York Times. 250 DOLLARS D'AMENDE Michael Bloomberg, un ancien fumeur devenu adversaire acharné de la cigarette, s'était heurté à une forte opposition en 2003 lorsqu'il avait interdit de fumer dans les bars et les restaurants. Il était à cette date un pionnier de la lutte contre le tabagisme passif, mais depuis, des centaines de villes à travers le pays, dont Chicago et Los Angeles, ont interdit de fumer dans les parcs et sur les plages. Les contrevenants s'exposeront à des amendes s'élevant à 250 dollars. Les fumeurs de New York, qui déboursent déjà entre 11 et 15 dollars pour un paquet de cigarettes, enragent. "INTERDIT DE RIRE" Les efforts de Michael Bloomberg pour améliorer la qualité de vie de la plus ville américaine la plus peuplée lui ont valu d'être réélu en 2009 pour un troisième mandat consécutif, mais ses détracteurs lui reprochent de faire preuve de rigidité. Le New York Magazine ironise ainsi sur le sens des priorités des pouvoirs publics : "Parce que, vous savez bien, avec tous les embouteillages et ces usines près de Times Square, c'est bien sûr la cigarette qui pollue l'atmosphère." En réponse à cet article, une internaute se lamente : "Interdit de fumer, interdit de rire, interdit de boire, et bientôt, interdit de parler !" Lula Trainor, une enseignante de yoga de 28 ans qui a cessé de fumer il y a quatre ans, qualifie cette interdiction de "stupide" dans le New York Times. "Mais c'est en extérieur, ce n'est pas comme s'il y avait un problème de ventilation. On peut toujours s'éloigner d'un fumeur, mais on ne devrait pas leur retirer la liberté de fumer". Michael Bloomberg s'appuie sur un sondage selon lequel 65 % de la population de la Grande Pomme soutiendrait une telle mesure.
"2010-09-16T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/09/16/new-york-va-interdire-de-fumer-dans-les-parcs-et-sur-les-plages_1412136_3222.html
Les dessins de Moebius par lui-même
"Le Monde Magazine" a demandé l'impossible à son créateur : choisir, et commenter, six de ses dessins exposés à la Fondation Cartier.
[Cet article a été publié originellement en octobre 2010, pour l'ouverture de l'exposition consacrée à Jean Giraud à la fondation Cartier] Il n'est jamais trop tard pour corriger une injustice. Géant incontestable de la BD mondiale, icône vivante pour plusieurs générations d'auteurs, défricheur insatiable de nouveaux horizons, Jean Giraud n'a, étonnamment, jamais eu les honneurs d'une exposition à la mesure de son aura. Celui que l'on peut considérer comme "le plus grand auteur français de bande dessinée en activité" a certes vu son travail accroché dans de nombreux festivals spécialisés, en France comme à l'étranger. Il lui est également arrivé de faire des incursions dans le monde de l'art contemporain par le biais d'expositions collectives. Mais de grande rétrospective dédiée à lui seul, jamais ! La faute, diront certains, au mépris avec lequel les réseaux culturels institutionnels ont toujours traité la bande dessinée. La faute aussi, sans doute, au brouillage de pistes sciemment organisé par Jean Giraud lui-même, l'homme aux deux pseudonymes : Gir, avec lequel il a dessiné la série western Blueberry dans une veine réaliste ; et Mœbius, versant fantastique et onirique de sa dualité, incarné à travers les personnages d'Arzach, de l'Incal ou encore du Major. MÉTAMORPHOSE Quelle que soit sa vocation, l'exposition que lui consacre la Fondation Cartier à partir du 12 octobre ne fait pas, en tout cas, dans la demi-mesure : plus de 400 pièces balayant 50 ans de carrière – dessins, peintures, croquis, ektachromes… - envahissent l'espace du boulevard Raspail jusqu'au 12 mars. Le thème retenu, car il en fallait un face à l'énormité du fond proposé par l'artiste âgé de 72 ans, est celui de la métamorphose, un sujet omniprésent dans son œuvre. La curiosité la plus attendue est la projection du tout premier film d'animation réalisé (en 3D) par Mœbius : un court-métrage de 10 mn, inspiré d'une histoire peu connue, La Planète Encore. Là est une autre singularité du co-créateur du magazine Métal Hurlant : malgré de nombreuses collaborations ponctuelles dans le cinéma (auprès de Luc Besson, James Cameron, René Laloux, Steven Lisberger…), jamais Gir/Mœbius ne s'était essayé à la réalisation avant cela. Alors que sort opportunément en librairie une suite à Arzach - 35 ans après le choc créé par le premier album, entièrement muet - Le Monde Magazine a demandé l'impossible à son créateur : choisir, et commenter, six de ses dessins exposés à la Fondation Cartier. Moebius par Giraud, en quelque sorte. Et vice-versa. Les animaux de Mars "Ce dessin est issu d'un petit carnet que ma maison d'édition (Mœbius Productions) va bientôt publier. Ce travail part d'un postulat selon lequel le geste inconscient participe de la création. Le jeu consiste ainsi à prendre une plume et à jeter sur une feuille des traits nettoyés de toute intention, en essayant le plus sincèrement possible de n'avoir aucun but. Je me retrouve alors devant une sorte tâche de Rorschach, les conditions du hasard ayant été créées en jouant avec ma propre main, voire en fermant les yeux ! Ce n'est qu'ensuite que je reprends ma raison, et mon savoir-faire, pour tirer une forme de ces lignes. Après quelques dessins, l'idée est apparue que j'avais créé des animaux fantastiques. Je les ai localisés sur Mars car cette planète a souvent servi d'écran de projection à l'imaginaire." Blueberry Blueberry Moebius / Fondation Cartier "Le cinéma est le réservoir d'images de Blueberry. J'ai toujours essayé, dès mon plus jeune âge, de faire du cinéma sur papier. Quand je travaille sur cette série, une musique très symphonique va jusqu'à jouer dans ma tête - genre Dimitri Tiomkin ou Maurice Jarre. Concernant le personnage, je lui ai donné les traits de nombreux acteurs à la mode de films d'action : Belmondo bien sûr, mais aussi Bronson, Eastwood, Schwarzenegger… J'ai même utilisé Keith Richards (le guitariste des Rolling Stones) ou Vincent Cassel (qui a campé le rôle de Blueberry au cinéma). A chaque fois, je rajoutais un nez cassé, ainsi qu'une coupe de cheveux à la Mike Brant ! Beaucoup de réalisateurs m'ont également inspiré. Blueberry doit beaucoup à Sam Peckinpah (La Horde sauvage m'a bouleversé). Il y a aussi du Sergio Leone chez lui. Mais pour ce qui est de son amitié avec les Indiens, je suis plus proche de John Ford qui, toute sa vie, a été écartelé entre le machisme blanc de la conquête de l'ouest et la conscience qu'il avait des minorités opprimées." Arzach Arzach. Moebius / Fondation Cartier "Arzach est l'enfant fécond de la création de Métal Hurlant. Plusieurs raisons m'ont conduit à lui redonner vie à travers un nouvel album. D'abord, Arzach a formulé de lui-même une demande implicite d'exister en débarquant dans Inside Mœbius, le journal intime où je me mets en scène avec mes personnages. Vient ensuite le fait d'une logique éditoriale : ma petite maison d'édition, qui réalisait jusque-là des publications somme toute confidentielles, a décidé de passer à quelque chose de plus orthodoxe, dans l'espoir que cela nous permette d'en vivre car pendant des années Blueberry a été le sponsor personnel de Mœbius. Si j'ai décidé à faire parler Arzach dans ce nouvel album alors qu'il était muet dans le premier, c'est que le contexte n'est plus le même. A l'époque, Métal Hurlant vivait constamment dans le danger de mourir. Nous ne savions jamais si nous allions sortir le numéro suivant. La garantie de l'étonnement éditorial était notre propre étonnement. D'où ce personnage sans parole ni référence culturelle que je faisais le soir après le boulot – après Blueberry, quoi. C'était une façon d'être provocant. Il était impossible, 35 ans plus tard, de reconstituer artificiellement le même environnement." Inside Mœbius "Mon ambition, à travers ce récit introspectif dessiné sans crayonné est d'arriver à cette leçon que nous donne à tous Wolinsky. Quand je l'ai connu, celui-ci dessinait de manière très besogneuse. Jusqu'au jour où il s'est complètement libéré en se disant : je vais dessiner comme on écrit, sans préoccupation graphique et avec le souci d'être "parlant". Ce nettoyage très soixante-huitard de l'esthétique m'a bien plu. C'est ce que j'ai essayé de faire dans ce journal intime, en ajoutant délibérément une touche d'humour. Il y a pourtant toujours eu de l'humour dans mon travail, mais un humour clandestin – un peu comme chez quelqu'un qui devrait être sérieux et ne peut pas s'empêcher de glisser des blagues en espérant que ça ne va pas être vu. Dans Inside, je cite des auteurs de référence, comme Gotlib ou Edika, en m'accusant de vouloir me mesurer à ces géants. C'est aussi un moyen de m'avouer à moi-même que j'ai l'esprit assez potache." Les carnets du Major La chasse au major. Moebius / Fondation Cartier "Cette bande dessinée pleine de délire et de divagation a été réalisée sur une période de dix ans avec parfois de longues périodes de jachère au milieu. Elle a été faite, également, de manière totalement improvisée, case après case, un peu à la manière d'un musicien de jazz devant créer une tension entre la rigueur d'une ligne mélodique établie et une libération absolue de cette même ligne. J'aime beaucoup procéder ainsi : faire un premier dessin sans idée préconçue et sans l'idée d'en faire un deuxième derrière ; le deuxième dessin peut alors être en totale contradiction avec le premier ou sa continuation sous un autre angle, peu importe. Je vois cela comme un jeu de reconstitution où l'inconnu ne viendrait pas du passé mais de l'avenir. On peut évidemment relier cette archéologie à rebours à l'inconscient, mais aussi à ce que l'on décrit dans les états de transe ou dans l'étude de la mère de toutes les religions, la religion chamanique. Le Major, qui n'est autre qu'un avatar de moi-même, est le fruit de cette réflexion que j'applique modestement en faisant des petits Mickeys." La Planète Encore La planète encore. Moebius / Fondation Cartier "Cette image de synthèse est tirée de mon tout premier film d'animation en tant que réalisateur. J'ai été mêlé à plusieurs projets cinématographiques en tant que réalisateur dans le passé mais aucun n'a vu le jour. Je ne dirais pas que le cinéma m'a laissé au bord du chemin. C'est plutôt moi qui l'ai laissé passer. Cela aurait été à moi de m'investir sérieusement en tant que producteur, comme je l'ai fait avec ce court-métrage. Il est malheureusement difficile d'avoir plusieurs vies simultanément. Faire du Mœbius sans la moindre concession tout en continuant Blueberry demande déjà un investissement interne considérable. Je me tire d'ailleurs le chapeau car j'ai réussi à me trahir sans me quitter… Bref, je n'avais pas de place à accorder au cinéma. Pour se lancer dans le cinéma, il faut être Cortez : brûler ses vaisseaux et ne plus rien avoir d'autre à faire." Frédéric Potet
"2012-10-03T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/10/six-dessins-de-moebius-par-lui-meme_1656011_3246.html
Les autorités libyennes interceptent plus de 400 immigrants clandestins
Le ministre de l'intérieur libyen a indiqué que le "traitement" du phénomène de l'immigration clandestine serait différent de celui pratiqué par l'ancien régime de Mouammar Kadhafi.
Les autorités libyennes ont annoncé lundi avoir fait échec à une tentative d'immigration clandestine vers l'Italie, en interceptant un bateau transportant plus de 400 immigrants africains. "Nous avons réussi à empêcher une tentative d'immigration de personnes qui se dirigeaient vers l'Italie, malgré le manque de moyens", a déclaré le ministre de l'intérieur Fawzi Abdelali dans une conférence de presse à Tripoli. "MISE EN SCÈNE" Sur le port de Tripoli, plus de 400 migrants étaient encadrés par des hommes armés, des "thowars", ex-combattants rebelles, mais aussi des fonctionnaires et officiers du ministère de l'intérieur. Ils seraient au total 420 selon l'un des immigrants, dont des Ethiopiens, des Nigérians, des Ivoiriens et des Ghanéens. Selon le général Jomaa Al-Mechri, un groupe de thowars et d'officiers ont intercepté l'embarcation tôt le matin, à 10 miles des côtes libyennes. Un commandant des thowars, Khaled Al-Bassir, a indiqué avoir reçu des informations sur le départ du bateau, avant que trois patrouilles ne quittent le port à sa recherche. Mais la version fournie par les immigrés est toute autre. Plusieurs d'entre eux ont indiqué à l'AFP avoir été victimes d'une "escroquerie" et d'une "mise en scène" préparée par les Libyens pour leur "soutirer leur argent". Les immigrants affirment avoir payé à leurs passeurs entre 1 000 et 1 500 dollars. CINQ MILLIARDS D'EUROS PAR AN POUR STOPPER L'IMMIGRATION Le ministre de l'intérieur libyen a en tout cas profité de l'occasion pour annoncer que le "traitement" du phénomène de l'immigration clandestine serait différent de celui pratiqué par l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. Cette immigration "était un moyen de pression utilisé par l'ex-régime pour faire chanter l'Europe. Désormais cette question sera traitée différemment", a-t-il ajouté en annonçant "l'activation d'une direction de lutte contre l'immigration clandestine. Nous attendons le soutien du monde". Depuis plusieurs années, la Libye a été une destination et un pays de transit vers les côtes européennes, pour des centaines de milliers de migrants africains. En ouvrant et fermant le robinet des départs, l'ancien régime utilisait l'immigration comme un moyen de pression sur l'Europe. Il y a un an, il avait réclamé à nouveau 5 milliards d'euros par an à l'Union européenne pour la stopper.
"2011-05-12T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/12/05/les-autorites-libyennes-interceptent-plus-de-400-immigrants-clandestins_1613600_3212.html
Shira Geffen, artiste plurielle et singulière
Primée à Cannes en 2007 pour “Les Méduses”, cette Israélienne ne se laisse enfermer dans aucune case. “Self made”, son dernier film, aborde la question de l'identité à travers les portraits de deux femmes.
femmes. Si Shira Geffen est peu connue en France, malgré sa Caméra d'or à Cannes en 2007 pour Les Méduses, les Israéliens la considèrent comme un membre de ce qu'ils appellent leur « famille Kennedy ». La réalisatrice est en effet la petite-nièce de l'ancien ministre de la défense Moshe Dayan, la sœur du chanteur populaire Aviv Geffen, la fille de Yonathan Geffen, intellectuel de gauche, militant, journaliste et écrivain. C'est tout ? Presque, puisque son père lui a donné le prénom de l'héroïne du dernier roman de Shai Agnon, Prix Nobel de littérature en 1966. Comme elle, Shira est une femme libre d'esprit et d'opinion. « J'ai grandi dans un environnement où écrire est encouragé, et dire ce que l'on pense est important. Mais, plus essentiel encore, mes parents m'ont laissé l'espace pour trouver mes propres voies et voix. » Ci-dessus : Shira Geffen, le 16 juin 2015. Ci-contre : Michal (Sarah Adler), artiste israélienne, dans "Self made". Ziv Berkovich Née en 1971 à Tel-Aviv, Shira est à la fois chorégraphe, comédienne, metteuse en scène et écrivaine de livres pour enfants (non traduits en France), auteure de séries pour la télévision (dernièrement autour des chansons-poèmes de son père - « un des projets qui me tenaient à cœur depuis longtemps »). Multidisciplinaire ? Elle ne le voit pas comme ça : « Je ne suis pas linéaire, je travaille par associations d'idées, j'aime mélanger les genres. » "Je déteste être mise dans une boîte : féministe, gauchiste. Je ne suis rien de tout ça et je suis tout ça à la fois" Projeté lors de la Semaine de la critique à Cannes en 2014, primé au Festival international du film de Los Angeles (dans la catégorie « New Auteurs Critic's ») et au Festival du film de Jérusalem (meilleur scénario et meilleur montage), son dernier film, Self Made, en salles le 8 juillet, met l'identité au cœur de son sujet. Deux jeunes femmes — Michal, artiste israélienne à qui il manque une vis pour monter son lit, et Nadine, ouvrière palestinienne, responsable des vis chez Etaca (un Ikea qui ne dit pas son nom) — vont vivre chacune la vie de l'autre après une confusion à un check point. Jouée par Sarah Adler (découverte dans Notre musique, de Jean-Luc Godard, elle a tourné avec Sofia Coppola, Raphael Nadjari, Amos Gitaï, Yaël Abecassis), Michal — dont le nom de famille, Kayam, signifie « exister » en hébreu — ne sait plus vraiment où elle en est ni qui elle est.
"2015-03-07T00:00:00"
m-actu
https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2015/07/03/shira-geffen-artiste-plurielle-et-singuliere_4667218_4497186.html
Passe d'armes entre Editis et Hachette
Pour diriger Robert Laffont, Editis a choisi la patronne du Livre de poche, qui a accompli l'essentiel de sa carrière au sein du groupe Hachette.
Dans les locaux du groupe d'édition Editis à Paris, en avril 2008. AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI « Eh bien, la guerre ! », répliquait la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont, dans Les Liaisons dangereuses (1782) de Pierre Choderlos de Laclos. Entre Editis et Hachette, la passe d'armes assez brutale a monté les deux premiers groupes d'édition français l'un contre l'autre depuis l'automne 2013. Tout a commencé avec la bataille de succession pour la direction de Robert Laffont, la plus importante des maisons d'édition généralistes d'Editis, qui publie aussi bien Jean d'Ormesson que Marc Levy, Ken Follett ou encore les Mémoires de Keith Richards. Son patron depuis 1999, Leonello Brandolini, 62 ans, a été poussé vers la sortie pour avoir loupé le best-seller planétaire Cinquante nuances de Grey, même si son actionnaire s'en défend. C'est la maison JC Lattès (groupe Hachette), dirigée par Isabelle Laffont, qui a emporté les enchères, pour la somme de 75 000 euros. Cumulés, les trois tomes de la série érotique se sont vendus à 4 millions d'exemplaires dans l'Hexagone. UN JEU DE CHAISES MUSICALES A la rentrée littéraire, un véritable jeu de chaises musicales a commencé pour lui trouver un successeur. Editis ayant renoncé assez vite à un choix en interne, le groupe a jeté son dévolu sur des éditeurs externes qui étaient considérés comme pouvant avoir le potentiel de diriger une maison qui regroupe quatre marques (Robert Laffont, NiL, Julliard et Seghers), publie deux cents nouveautés par an et compte une centaine de salariés. Le choix d'Editis s'est finalement arrêté sur Cécile Boyer-Runge, patronne du Livre de poche, qui, après avoir fait Science Po et l'Essec, a accompli l'essentiel de sa carrière au sein du groupe Hachette. M. Brandolini, lui aussi, avait dirigé une maison qui traite des droits secondaires quand il était responsable de Pocket, la maison de poche du groupe Editis. Il s'agit de la meilleure école pour connaître les techniques de marketing et les marchés de masse. Mais tout éditeur de poche rêve un jour de diriger une maison pour traiter des droits premiers et accéder au Saint-Graal : la relation avec l'auteur. UN AFFRONT Pour Hachette, le débauchage de Mme Boyer-Runge a été vécu comme un affront. La tradition dans la filiale livre du groupe Lagardère n'est pas de chasser à l'extérieur, lorsqu'un poste se libère, mais plutôt de privilégier la promotion en interne.
"2014-03-22T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/03/22/passe-d-armes-entre-editis-et-hachette_4387676_3234.html
70 ans après Hiroshima : « Nous ne connaissons pas les effets à long terme des modifications génétiques »
La microbiologiste Emmanuelle Charpentier, inventeuse d’une technique d’édition du gène, s’interroge sur les enjeux éthiques de sa discipline.
Dr. Emmanuelle Charpentier Manuel Braun Pour Le Monde Emmanuelle Charpentier, microbiologiste, est co-inventrice d’une récente technique d’édition du gène CRISPR-Cas9. Ces ciseaux moléculaires, capables de cibler spécifiquement une séquence d’ADN, permettent un bricolage extrêmement précis du génome, avec de nombreuses applications en recherche et en médecine. Professeure à l’école de médecine de Hanovre, en Allemagne, Emmanuelle Charpentier dirige un département du Centre Helmholtz. Elle est aussi professeure associée au Molecular Infection Medicine Sweden à l’université d’Umea, en Suède. Elle répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945. Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier tir nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable de l’essai, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Trois semaines plus tard, le bombardier américain Enola-Gay larguait la bombe Little Boy sur Hiroshima. Dans votre discipline, avez-vous le sentiment que ce moment où des chercheurs pourraient avoir la même révélation que Kenneth Bainbridge a été atteint, ou est en passe de l’être ? En tant que scientifiques qui travaillons dans le but de faire une découverte importante, nous avons tendance à penser aux avantages que notre recherche peut apporter et à tout le bien qu’elle pourrait procurer. Penser à la façon dont la découverte pourrait être abusée est tout aussi important mais n’est généralement pas ce qu’un chercheur perçoit à première vue. Dans toute discipline, nous devons être conscients que de nouvelles découvertes sont toujours accompagnées d’une responsabilité. Dans mes domaines, la microbiologie et la génétique, j’ai récemment découvert une nouvelle technologie de l’édition du gène, CRISPR-Cas9. Je suis convaincue que ses avantages pour la recherche scientifique et la santé humaine sont extrêmement importants, par exemple pour développer de nouveaux traitements efficaces pour les maladies graves. Avec la communauté, nous travaillons sur des initiatives visant à établir une compréhension partagée de la technologie et l’établissement de directives collectives. Je suis encouragée par le travail préparatoire qui est mis en place pour assurer que la technologie sera utilisée avec responsabilité. Avez-vous ce sentiment concernant d’autres disciplines ? Lesquelles et pourquoi ? Beaucoup de nouvelles découvertes importantes s’accompagnent de risques potentiels et de responsabilités significatives pour leur développement et leur utilisation. L’ère nucléaire a également permis l’utilisation industrielle de composés et de produits radiopharmaceutiques pour traiter de nombreuses maladies. Malheureusement, c’est une question qui n’est pas spécifique à une discipline mais peut devenir une problématique dans presque tous les domaines. Quel pourrait être l’impact d’un Hiroshima issu de votre discipline ? Ma discipline est l’étude des bactéries, micro-organismes simples qui vivent autour de nous, peuvent provoquer des maladies et ont été largement étudiés comme organismes modèles pour comprendre la biologie. Ma recherche au niveau fondamental a conduit à la découverte de la technologie CRISPR-Cas9, qui permet une intervention chirurgicale précise du gène dans une cellule ou dans un organisme. Il existe d’autres technologies d’édition de gènes. Cependant, la technologie CRISPR-Cas9 a un énorme potentiel. Parce qu’elle est si efficace, simple et rentable, elle peut être utilisée dans un très large éventail d’applications, allant d’outil dans la recherche fondamentale à des applications potentielles dans des domaines comme l’agriculture et le développement de nouvelles options thérapeutiques pour les maladies génétiques. Récemment, il y a eu des rapports publiés sur l’utilisation de la technologie pour modifier l’ADN humain dans des cellules germinales, ce qui signifie que l’effet serait héréditaire, affectant ainsi potentiellement la prochaine génération et toutes les suivantes. Beaucoup ont fait valoir que l’utilisation clinique des modifications de la lignée germinale, chez les personnes, pourrait être très problématique, et cette question est actuellement au centre d’un débat éthique. Nous ne connaissons tout simplement pas les effets à long terme de modifications de la lignée germinale. Comme différents pays à travers le monde ont établi des règles éthiques différentes, il est très important de veiller à ce que tous appliquent une base standard, qui prévienne toute utilisation contraire à l’éthique de CRISPR-Cas9 ou autre technologie d’édition de gène. Ces initiatives ont déjà commencé et sont en cours au niveau mondial. Illustration de la double hélice de l'ADN. AFP/HO Après 1945, des physiciens, comme Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait ou fait-elle de même ? Malgré les progrès et développements très rapides dans le domaine, le génie génétique par CRISPR-Cas9 est une très jeune technologie. Les découvertes centrales faites dans mon laboratoire avec mes collaborateurs ont été publiées récemment, en 2011 et 2012. La technologie CRISPR-Cas9 est très puissante, et mes collègues et moi sommes bien conscients de l’importance des considérations éthiques autour de la technologie et de ses applications dans le contexte de maladies humaines. Ces considérations ne sont pas spécifiques à CRISPR-Cas9, elles concernent d’autres technologies ayant aussi le potentiel de manipuler le génome humain. Je pense que la communauté scientifique mondiale a été influencée par les expériences passées de découvertes comme le clonage de gènes ou l’énergie atomique, et les discussions éthiques émergent de nos jours beaucoup plus tôt – à la découverte initiale de la technologie et en parallèle de son avancement. Des discussions et débats au niveau mondial autour des règles d’utilisation de CRISPR-Cas9 et d’autres technologies d’édition de gène dans un but bénéfique et éthique sont déjà en cours. Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ? Absolument. Nous avons besoin d’un débat large et global impliquant tous les acteurs, allant des scientifiques, dans des disciplines aussi diverses que l’agriculture et la biomédecine, aux législateurs, médecins, développeurs, patients et au grand public sur le plan mondial. Ceci est fondamental pour assurer que nous sommes en mesure de prévenir les abus de la technologie sans limiter et entraver la recherche et le développement dans des applications sûres et bénéfiques. Quelle est selon vous la marge de manœuvre des scientifiques face aux puissances politiques et industrielles qui commanditent et exploitent les résultats de ces travaux ? Le parrainage et le soutien de la recherche scientifique par les gouvernements et l’industrie sont d’une importance vitale pour faire des découvertes fondamentales et permettre leur traduction dans des nouveaux traitements, des services et des technologies dont nous pouvons tous profiter. Sans ce soutien, la plupart des découvertes qui changent notre vie et font maintenant partie de notre vie quotidienne n’auraient pas été faites. Le plus grand bien commun ne peut provenir que de collaborations et d’un dialogue ouvert et continu qui implique les parties prenantes à tous les niveaux. Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ? Les nouvelles découvertes dans toute discipline viennent toujours avec une responsabilité. Il est crucial d’initier et de maintenir des conversations ouvertes et transparentes à travers le monde sur l’utilisation éthique des technologies et de veiller à ce qu’il n’y ait aucun abus. Il faut des initiatives et des lignes directrices mondiales communes pour assurer que les utilisations sûres et éthiques des technologies soient promues et que les applications contraires à l’éthique ou nuisibles soient évitées.
"2015-07-31T00:00:00"
biologie
https://www.lemonde.fr/biologie/article/2015/08/12/nous-ne-connaissons-pas-les-effets-a-long-terme-des-modifications-genetiques_4722393_1650740.html
Comment la Sicile médiévale a retrouvé son honneur
Résonances. En Italie, un Nord riche méprise un Sud pauvre : en cherchant l’origine de ce cliché, les historiens ont trouvé dans les archives médiévales siciliennes la preuve d’un dynamisme commercial insoupçonné.
Les élections législatives qui ont eu lieu début mars en Italie ont fait rejouer une configuration politique et sociale à laquelle nous sommes désormais trop habitués et une autre, plus ancienne, que nous avons souvent tendance à oublier. Ce à quoi nous sommes habitués est l’image d’une Italie divisée entre un Nord riche, productif et égoïste, et un Sud pauvre, dépendant des aides sociales, gangrené par la corruption et le crime organisé. Main basse sur le commerce sicilien Ce cliché est profondément ancré dans les représentations du XXe siècle, ce qui a conduit les historiens à en chercher le point d’origine. La Sicile a été l’un des terrains privilégiés de ces investigations depuis le célèbre livre de David ­Abulafia, The Two Italies. Economic Relations Between the Norman ­Kingdom of Sicily and the Northern Communes (Cambridge University Press, 1977, non traduit). L’historien britannique faisait remonter au XIIe siècle le processus fatal. A cette époque, ce que les hommes du Nord venaient chercher dans le Sud n’était pas encore les voix des électeurs – comme l’ont fait plusieurs partis lors des législatives –, mais des produits agricoles, la Sicile étant notamment un grenier à blé. La fertilité de l’île aurait incité ses aristocrates à se contenter de l’argent que leur offraient les marchands du Nord, encouragés à s’installer par les privilèges que leur offraient les souverains normands. Alors que le Nord faisait progressivement main basse sur le commerce sicilien et en utilisait les profits pour développer un artisanat prospère, les Siciliens se seraient laissé enfermer dans l’agriculture, négligeant de développer leur propre artisanat. Ce retard technique se serait ensuite accompagné d’un retard politique, la structure agraire du pays donnant la première place à l’aristocratie féodale, alors que dans le Nord émergeaient des gouvernements communaux. Ainsi, bien avant que Matteo ­Salvini, le secrétaire fédéral de la Ligue du nord, déclare que l’argent gagné en Vénétie devait rester en Vénétie, nous avons oublié qu’il fut une époque où les marchands du nord ne voyaient pas d’inconvénient à profiter de l’argent gagné grâce au travail des Siciliens. Dans les archives du Sud Le modèle proposé par David Abulafia a depuis été critiqué. Henri Bresc, notamment, a montré que c’est seulement à partir du XIIIe siècle, sous l’empereur Frédéric II, que le grand domaine est devenu une réalité notable en Sicile, la grande peste de 1347-1348 ayant ensuite encore favorisé l’affirmation du système ­latifundiaire. Mais ce n’est que très récemment que les chercheurs ont commencé à proposer un éclairage complémentaire sur la place de l’Italie du sud dans les échanges. Les historiens avaient en effet d’abord étudié le Sud au prisme des documents issus des archives des marchands du nord.
"2018-07-04T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/04/07/comment-la-sicile-medievale-a-retrouve-son-honneur_5281987_3232.html
Jacques Myard et les nostalgiques d’Ordre nouveau
Le candidat à la primaire de la droite a participé à une conférence d’anciens du groupe néofasciste dissous en 1973.
Jacques Myard, à l'Assemblée nationale, le 6 avril. PATRICK KOVARIK / AFP Quand un journaliste l’interpelle, salle des Quatre-Colonnes à l’Assemblée nationale, là où se rencontrent les députés et les médias, Jacques Myard répond souvent par une blague de son cru : « Qu’est-ce qu’il a encore fait, M. Myard ? » Le gimmick pourrait servir de titre aux « aventures » du député des Yvelines, 68 ans, candidat déclaré à la primaire des Républicains. Un matin, on le découvre en Syrie, serrant la main de Bachar Al-Assad. Un autre, on le retrouve en Crimée, en soutien à l’annexion de la péninsule ukrainienne par la Russie de Vladimir Poutine. Si sa bienveillance pour les régimes autoritaires est affirmée, ses incursions parmi les représentants de la droite extrême française sont, elles, plus discrètes. Le maire de Maisons-Laffitte, qui se définit comme « gaulliste » et « anarchiste de droite », a été l’invité, il y a quelques mois, d’un club privé méconnu : le cercle Iéna. Fondé par d’anciens dirigeants d’Ordre nouveau, un groupuscule néofasciste des années 1970 dissous en juin 1973, qui est à l’origine de la création du Front national, ce cercle réunit de vieux amis de faculté, unis par le nationalisme révolutionnaire et la lutte contre les « gauchistes ». Ses animateurs ont pour point commun une réussite sociale évidente, et se sont pour certains « recyclés » au cours de leur carrière dans d’autres formations politiques de droite ou d’extrême droite, du FN au RPR, tendance Charles Pasqua. On retrouve parmi eux Alain Robert, figure mythique de l’extrême droite estudiantine des années 1970, ou encore Philippe Péninque, ancien chef de file du GUD, un groupuscule étudiant radical, devenu aujourd’hui conseiller officieux de Marine Le Pen. Fort en gueule Jacques Myard assume franchement sa venue devant les membres du cercle. « C’est un laboratoire d’idées avec des gens intéressants et influents, ils ont dépassé le stade d’Ordre nouveau. Et puis, je ne suis pas membre du cercle, défend le député, qui met en avant sa qualité d’ancien du Quai d’Orsay. J’ai fait une conférence sur mes thèmes, à savoir la diplomatie française. » D’autres avant lui se sont déjà présentés au cercle pour parler de leurs « thèmes » à l’occasion de conférences, comme le chef de file de la mouvance néofasciste en Italie Gabriele Adinolfi, figure des années de plomb. Ou encore le romancier Jean Raspail, auteur du Camp des saints, ouvrage de référence à l’extrême droite sur les conséquences, forcément néfastes à ses yeux, de l’immigration.
"2016-04-27T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2016/04/28/jacques-myard-et-les-nostalgiques-d-ordre-nouveau_4910014_823448.html
Belin-Béliet, bourg sans histoires conquis par le Front national
Dans ce village de la Gironde, département ancré à gauche, « Marine » a réalisé des scores inédits à la présidentielle. Le FN y voit une brèche dans un territoire à conquérir.
Belin-Béliet, le 15 mai. Les jeunes sont partagés sur le vote Front national. MORGAN FACHE / COLLECTIF ITEM POUR LE MONDE A Belin-Béliet, village de 5 000 habitants du sud de la Gironde, tout le monde croyait se connaître. Mais le lendemain du premier tour de la présidentielle, une partie de la population en a découvert une autre : celle qui a voté Marine Le Pen. Pour la première fois, la candidate du Front national (FN) est arrivée en tête dans cette commune avec 24,86 % des voix, et elle a même atteint 41,88 % au second tour face à Emmanuel Macron. « Ce chiffre m’a dépitée », admet la maire (divers droite) Marie-Christine Lemonnier, l’air grave, mains jointes posées sur son bureau. Derrière elle, quelques photos bucoliques égayent le cadre austère. Deux semaines après, elle cherche toujours à comprendre. Certes, Belin-Béliet est un territoire rural où tout n’est pas parfait : c’est une ville-dortoir, les transports pourraient être plus nombreux pour rejoindre Bordeaux et Arcachon – à une heure de route –, il n’y a ni collège ni lycée sur place, et les nouveaux arrivants, de jeunes couples avec enfants venus en nombre acheter un terrain à bas prix pour y construire leur maison, ne trouvent pas à la campagne les infrastructures auxquelles ils sont habitués. Mais « tout ça n’explique pas pourquoi les gens ont voté FN », poursuit l’élue. Elle est convaincue qu’ils ont surtout été contaminés par « un discours décliniste exploité par les partis et relayé par les médias ». Marie-Christine Lemonnier maire (Divers droite) de Belin-Béliet, le 15 mai. MORGAN FACHE / COLLECTIF ITEM POUR LE MONDE Pas d’insécurité, chômage contenu Une poussée similaire a été observée dans les communes voisines, faisant de ce secteur celui qui étonne le plus sur tout le département de la Gironde, ancré à gauche. « Cela m’interroge beaucoup », reconnaît Jean-Luc Gleyze, président PS du conseil départemental chargé du canton du Sud-Gironde. Il savait que le vote FN augmentait dans le monde rural précarisé qui se sent abandonné, loin de la métropole. « Mais Belin-Béliet est proche de Bordeaux et du bassin d’Arcachon, une zone courue et privilégiée car proche de la ville, de l’océan et du parc naturel régional des Landes. Qu’est-ce qu’on a loupé ? », répète-t-il. D’autant que Belin-Béliet ne souffre pas d’insécurité, a une immigration très faible, un chômage contenu, et des commerces qui rouvrent. A la présidentielle de 2012, François Hollande y était arrivé en tête aux deux tours. Au bistrot posté le long de la départementale qui traverse la commune, trois amis attablés en terrasse sous une chaleur écrasante racontent avoir été « choqués » et « ne comprennent pas ». Un jeune homme joufflu à la barbe clairsemée se mêle à la conversation : « Moi j’ai voté FN, je ne le cache pas. » Le trio écarquille les yeux.
"2017-05-19T00:00:00"
francaises-francais
https://www.lemonde.fr/francaises-francais/article/2017/05/19/belin-beliet-bourg-sans-histoires-conquis-par-le-fn_5130309_4999913.html
La démesure du mariage à l’indienne
En Inde, les familles, soucieuses d’afficher leur rang, sont prêtes à se ruiner dans des cérémonies fastueuses. Dans sa série « Matrimania », le photographe Mahesh Shantaram révèle l’envers du décor de ces fêtes nuptiales.
« Tout pour ce moment », Bangalore, 20 décembre 2008. Mahesh Shantaram En Inde, le mariage c’est du bonheur, mais aussi beaucoup de tension, de disputes et une sacrée épreuve d’endurance physique. Les cérémonies s’étalent sur plusieurs journées, et les invités, dont certains sont inconnus des mariés, viennent par centaines, voire par milliers. C’est une vitrine sociale pour les familles qui sont prêtes à se ruiner pour afficher leur rang dans la société. Dans un pays où les unions sont arrangées, l’amour est souvent accessoire. Photographe de mariage, Mahesh Shantaram s’intéresse à la vision du bonheur dans l’Inde contemporaine. Ou plutôt l’envers de son décor. Dans sa série intitulée « Matrimania », il a détourné son objectif des couples qui sourient en se tenant la main pour s’intéresser à ceux qui essaient de tenir le coup en enchaînant les boissons énergisantes. Ou au jeune époux exténué qui baille, assis devant les offrandes religieuses. Des décors de studios de cinéma Après avoir étudié pendant un an la photographie à Paris, Mahesh Shantaram est retourné en Inde, en 2006. Photographier les cérémonies lui a permis de voyager sur tout le territoire et de découvrir des univers sociaux divers et variés. Il en a profité pour constituer un album singulier sur cette institution. Le photographe tourne en dérision l’image du bonheur nuptial qui régit la société indienne, avec près de dix millions d’unions célébrées chaque année. Il ne montre pas l’aspect clinquant et démesuré, mais les palais en toc, les fleurs de lotus géantes en plastique et les couchers de soleil sur des affiches collées à des panneaux en contreplaqué. Voir aussi Noces à la mode Bollywood Bien souvent, on se croirait dans des décors de studios de cinéma, comme si les organisateurs s’inspiraient d’effets spéciaux. Cette photographie d’une réplique d’avion de combat surplombant un buffet et des serveurs en livrée semble irréelle. « Un mariage peut transformer l’endroit le plus banal en un lieu fantastique et improbable », reconnaît Mahesh Shantaram. Sur certaines photographies, les invités dansent en grimaçant, comme s’ils se défoulaient. Les noces sont souvent l’un des rares moments de débauche et de fête, les seules échappatoires pour des femmes et des hommes soumis aux pressions sociales. Les images de Mahesh Shantaram sont à peine retouchées. Une manière de répondre à ceux qui s’extasient devant les couleurs de l’Inde. Contrairement à ce que montrent les dépliants touristiques, la juxtaposition des teintes peut devenir épouvantable dans ce pays. Sur le cliché où un couple esquisse un sourire forcé, le décor en arrière-plan semble tout droit sorti d’un film d’horreur. « Le beau est si proche de l’épouvantable », résume son auteur. Mahesh Shantaram s’en sort par l’humour. Car on rit finalement beaucoup en regardant son travail. Sans doute parce que le mariage y est représenté comme une farce sociale.
"2017-11-24T00:00:00"
m-actu
https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/11/24/la-demesure-du-mariage-a-l-indienne_5219618_4497186.html
A Luçay-le-Libre, trop d’éolien tue l’éolien
Entouré d’aérogénérateurs dans les villages alentour, un village de l’Indre se démène pour avoir son propre parc depuis douze ans. En vain, relate Frédéric Potet dans sa chronique.
Le maire de Luçay-le-Libre (Indre), Luc Pion, au pied du parc éolien de la commune voisine de Massay (Cher). FP Chronique. De sa ferme située au milieu du village de Luçay-le-Libre, Luc Pion a une vue imprenable sur quinze années d’activité éolienne dans le nord-est du département de l’Indre. Un tour sur soi-même à 360 degrés permet, ici, d’embrasser du regard une cinquantaine d’éoliennes, réparties sur sept sites et autant de communes. Les plus proches sont situées à 3 000 mètres, les plus éloignées à une quinzaine de kilomètres. Le spectacle de ces rotors en action sur leurs pylônes géants ne déplaît pas à l’agriculteur récemment retraité. Au contraire. Depuis qu’il a été élu maire de Luçay-le-Libre, en 2005, Luc Pion se démène sans compter pour que sa commune de 110 habitants possède elle aussi son parc d’aérogénérateurs. En vain. La raison mise en avant, en mars, par la préfecture de l’Indre pour retoquer son dernier projet d’implantation devrait prospérer dans les années qui viennent : les huit éoliennes prévues – six sur Luçay-le-Libre, deux sur le village limitrophe de Giroux – provoqueraient un « risque de saturation visuelle » dans le paysage. Calculé en fonction de plusieurs indices, notamment le ratio entre le nombre d’appareils et l’angle d’horizon, ce « risque » serait devenu particulièrement élevé dans cette partie du Berry appelée la Champagne berrichonne. L’étude d’impact a dénombré un total de 87 éoliennes dans un rayon de 20 kilomètres, sans compter 45 éoliennes « autorisées » mais encore non mises en service, ainsi que 29 autres dont le dossier est en cours d’instruction. Tenir le bon bout Le « drame » de Luçay-le-Libre est d’avoir été l’une des toutes premières communes des environs à se lancer dans la course à l’éolien, et d’avoir vu la plupart de ses voisines concrétiser leurs projets. La première enquête publique diligentée sur ce bourg voué à la culture céréalière remonte à 2006 : bien qu’ayant reçu les faveurs du préfet de l’époque, le dossier avait été invalidé en justice après le recours d’une association de riverains. Un deuxième projet, opéré comme le précédent par la filiale éolienne d’Alstom, allait connaître un sort identique, cinq ans plus tard : la même association locale, à la tête de laquelle se trouvait une historienne de l’art ayant acheté un château dans le village, avait obtenu l’annulation de l’implantation auprès de la cour administrative d’appel de Bordeaux. Luc Pion pensait, cette fois-ci, tenir le bon bout avec cette troisième mouture, présentée par la société allemande Nordex, proposant des éoliennes de 164,9 m de haut (en bout de pale), alignées sur une surface d’occupation plus restreinte. Tout convergeait favorablement : l’absence de contentieux (la châtelaine s’étant vue proposer par Nordex des « mesures d’atténuation » comme la plantation de végétation censée couper la vue) ; le soutien majoritaire des habitants ; l’avis favorable des commissaires-enquêteurs ; le blanc-seing de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS)…
"2018-05-19T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/19/a-lucay-le-libre-trop-d-eolien-tue-l-eolien_5301520_3232.html
L'art du sumo tombe de haut
Des lutteurs japonais dominés par les athlètes étrangers, des combats entachés par des scandales impliquant la mafia : autrefois vénéré, le sport traditionnel nippon a perdu de sa superbe.
La dernière épreuve du Grand Tournoi de Tokyo, le 27 janvier, a été remportée par le Mongol Harumafuji. Photo: JIJI PRESS/AFP AFP / JIJI PRESS La disparition, le 19 janvier, du yokozuna ("grand champion") Taiho a offert un moment de nostalgie aux Japonais. Ce fameux rikishi ("lutteur") fut une véritable légende du sumo. Devenu en 1961 le plus jeune yokozuna de l'histoire, ce fils d'un Ukrainien et d'une Japonaise avait enchanté les fidèles de ces joutes émaillées de rituels shinto qui touchent à l'essence de la culture de l'Archipel. Aujourd'hui, le sumo n'a plus la même aura. Le public des tournois est clairsemé, l'audience télévisuelle diminue, les lutteurs se raréfient. Les jeunes Japonais sont beaucoup moins séduits par la dure vie de sumo qui représentait autrefois une chance d'ascension sociale pour les cadets de familles pauvres, souvent issues des régions du Nord, comme le département d'Akita. En 2012, seuls 56 jeunes gens ont postulé pour intégrer l'une des 45 écuries, contre plus de 200 en 1992. Cette désaffection tient notamment à la domination durable qu'exercent les lutteurs étrangers. Les rikishi autochtones semblent bien avoir perdu la main. Depuis 2006, pas un combattant nippon n'a gagné l'un des six tournois annuels. Le dernier yokozuna japonais, Takanohana, très populaire dans les années 1990 avec son frère Wakanohana, a pris sa retraite en 2003. Les deux yokozunas actuels, Hakuho et Harumafuji, sont mongols. Sur les quatre ozeki (champions), deux sont étrangers, le Bulgare Kotooshu et le Mongol Kakuryu. Le 27 janvier, la dernière grande épreuve de Tokyo a été remportée par le Mongol Harumafuji. L'Association japonaise de sumo (JSA) a tenté d'endiguer cette domination en limitant le nombre d'étrangers à un lutteur par écurie. Le comportement de ces combattants venus d'ailleurs - qui montrent parfois leurs sentiments sur le dohyo (ring) - est souvent considéré comme étranger à la grande tradition. SCANDALES Pourtant, la suprématie nippone sur le sumo serait d'essence divine, rappelle la JSA sur son site Internet : "Elle daterait de la victoire du dieu Takemikazuchi dans un combat contre le chef d'une tribu rivale." Ce sport, devenu un divertissement populaire au cours de la période d'Edo (1603-1868), souffre aussi des scandales qui l'ont récemment secoué. En février 2011, la police a mis en évidence l'existence de combats truqués, liée à l'organisation de paris illégaux par la pègre et à la crainte des lutteurs de perdre un grade en cas de défaites trop nombreuses. Dans les derniers jours des tournois, certains auraient "acheté" une ou deux victoires pour s'assurer un bilan positif. En 2010, la police avait révélé que certains lutteurs pariaient illégalement sur des matchs de base-ball et de mah-jong. De même, deux responsables d'écuries de sumo auraient fourni de bonnes places à des membres de la pègre : pendant plusieurs années, des cadres du Kodo-kai, un gang affilié au Yamaguchi-gumi, la principale organisation criminelle japonaise, eurent accès aux tokuto, des sièges très recherchés car proches du dohyo. Aujourd'hui, le sumo est en quête d'un renouveau qui devra sans doute passer par l'émergence d'un champion nippon. Un espoir que les analystes espèrent déceler avant chaque tournoi. En vain jusqu'à présent. Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) et Philippe Mesmer
"2013-08-02T00:00:00"
japon
https://www.lemonde.fr/japon/article/2013/02/08/l-art-du-sumo-tombe-de-haut_1828416_1492975.html
La vente d'un sceau impérial chinois chez Artcurial suscite la polémique
Malgré les protestations de la Chine et de l'Association pour la protection de l'art chinois en Europe, cette pièce a été adjugée 1,12 million d'euros.
Cachet impérial en jade vert épinard sculpté, de la dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795), mis en vente par Artcurial, le 17 décembre 2012. ARTCURIAL Malgré les protestations de l'Association pour la protection de l'art chinois en Europe (Apace) qui avait, à plusieurs reprises, alerté la maison d'enchères Artcurial pour lui demander un retrait de cette pièce, un sceau impérial chinois a été adjugé 1,12 million d'euros (avec frais), lors d'une vente d'art asiatique organisée, lundi 17 décembre, à Paris. Il a été vendu à un acheteur étranger privé au téléphone. Il était estimé entre 150 000 et 200 000 euros. Le sceau (lot 119) a été acquis après une longue bataille d'enchères entre deux enchérisseurs étrangers, l'un dans la salle et l'autre au téléphone. La Chine a officiellement protesté contre cette vente, mercredi 19 décembre, d'après la presse d'Etat. Le gouvernement chinois s'oppose aux ventes de biens culturels illégalement sortis de Chine – le sceau en question aurait été volé lors du sac de l'ancien Palais d'été (Yuanmingyuan) par les troupes franco-britanniques en 1860 – et les condamne, selon un responsable anonyme de l'administration d'Etat du patrimoine culturel cité par le quotidien Xin Jingbao. Pékin se réserve le droit de récupérer ces biens s'il est confirmé qu'ils appartiennent à la Chine et espère que les organisations étrangères impliquées se conformeront aux conventions internationales, a souligné ce fonctionnaire. L'Association pour la protection de l'art chinois en Europe (Apace) avait redemandé, dimanche 16 décembre, à la maison d'enchères Artcurial de retirer de la vente ce sceau impérial chinois, faute de quoi elle envisageait de déposer une plainte au pénal, selon son avocat. Suite à cette annonce, la maison d'enchères avait indiqué, dimanche soir, qu'"elle n'avait absolument pas l'intention de retirer le lot de la vente". Dans son catalogue "Art d'Asie" du 17 décembre, Artcurial présente un "rare cachet impérial en jade vert épinard sculpté, de la dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795)", dont elle estime la valeur entre 150 000 et 200 000 euros. Ce tout petit objet (2 cm de hauteur, 4,5 cm de longueur, 3 cm de largeur) provient d'une collection particulière française et se trouve dans la même famille depuis la fin du XIXe siècle, d'après ce catalogue. "Selon Kai Shan Yyan, ancien conservateur du Musée de la Cité interdite, ce sceau aurait appartenu aux empereurs de la dynastie Qing et aurait été volé lors du sac du Palais d'été de Pékin en 1860" par les troupes franco-britanniques, précise l'Apace dans un communiqué. Artcurial ne retirera pas ce lot de la vente "d'une part parce que notre expertise maintient que ce sceau ne provient pas du Palais d'été", a indiqué le porte-parole de la maison de ventes. "D'autre part, Apace ne nous a toujours pas fourni le mandat dont elle se prévaut et selon lequel l'association interviendrait au nom du gouvernement chinois", a affirmé Artcurial. L'Apace, présidée par l'expert Bernard Gomez, assure être mandatée par une association à but non lucratif "créée par l'Association Fondation chinoise pour le développement culturel et social dirigée par le ministère de la culture de Chine". Elle a déjà "demandé solennellement" il y a plusieurs jours à Artcurial, "au nom du respect du peuple chinois et des autorités de Pékin", de retirer de la vente ce sceau impérial car "cette pièce historique fait partie intégrante du patrimoine chinois". "Cette demande est restée malheureusement vaine à ce jour", regrette l'association. "Si Artcurial acceptait le retrait de ce sceau impérial de jade, tant les autorités chinoises que la Chine toute entière seraient reconnaissantes envers la maison de vente", déclare l'Apace. Et d'ajouter : "Si la vente de ce lot était maintenue, l'association a d'ores et déjà donné mandat à maître Alexis Guedj, avocat au barreau de Paris, de prendre toutes dispositions légales". Interrogé dimanche, Me Guedj indique qu'il envisage de déposer une plainte contre X "pour vol et recel de vol" devant le tribunal de grande instance de Paris, si la vente se réalise malgré tout. L'Apace était déjà montée au créneau en février 2009 pour s'opposer à la vente de deux bronzes chinois (une tête de rat et une tête de lapin) provenant du sac du Palais d'été, au moment de la dispersion de la collection Yves Saint Laurent/Pierre Bergé. Son action en référé avait été rejetée. Mais les bronzes n'ont finalement pas été vendus car le collectionneur chinois qui avait remporté l'enchère pour plus de 31 millions d'euros n'a pas voulu les payer.
"2012-12-17T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/12/17/la-vente-d-un-sceau-imperial-chinois-chez-artcurial-suscite-la-polemique_1807234_3246.html
Le Pérou au bord de la crise politique
Le président Humala sacrifie son principal atout, le ministre de l’intérieur, pour obtenir un sursis de la part de l’opposition.
Des manifestants antigouvernementaux, le 18 février à Lima. ENRIQUE CASTRO-MENDIVIL / REUTERS A la surprise générale, le président Ollanta Humala, dont la cote de popularité est au plus bas, a limogé, le 17 février, son ministre de l’intérieur, Daniel Urresti, 58 ans, aussi controversé et que populaire, au point de tenir les médias en haleine depuis sa nomination, il y a huit mois. Jusqu’alors principal atout du chef de l’Etat, comme lui un officier du cadre de réserve de l’armée, le général Urresti a été remplacé par José Pérez Guadalupe, qui dirigeait l’Institut national pénitencier. « Nous allons suivre les modèles positifs que le ministre Urresti a implantés », a déclaré M. Pérez, qui devient le septième ministre de l’intérieur de la présidence Humala, débutée en 2011. « Je vais vous manquer », a lancé pour sa part le ministre remercié à un groupe de partisans, sur le ton ironique qu’il n’a cessé d’employer durant sa mission. Ancien haut-commissaire chargé de lutter contre l’activité minière illégale, Daniel Urresti fait couler beaucoup d’encre au Pérou. Dès son arrivée au ministère de l’intérieur, en juin 2014, sa nomination est contestée par des associations de défense des droits de l’homme, qui rappellent que le général fait toujours l’objet d’une enquête sur le meurtre d’un journaliste assassiné en 1988 par plusieurs militaires. Daniel Urresti, lors d'une conférence de presse consécutive à une saisie de stupéfiants, le 17 février. Martin Mejia / AP Le général Urresti proclame son innocence et fait fi des critiques. Coiffé d’une casquette de policier, il multiplie les coups médiatiques. Présent sur tous les fronts, il veut redonner confiance aux Péruviens pour qui l’insécurité reste un problème majeur. Son franc-parler séduit rapidement l’opinion. Résultat : au moment de quitter son poste, il est de loin, avec 44 % de taux d’approbation, le ministre le plus populaire du gouvernement. Méthodes musclées Son style ne fait pourtant pas l’unanimité. Des secteurs de la société civile dénoncent les méthodes musclées employées par les forces de l’ordre lors des récentes manifestations ayant mobilisé des milliers de jeunes. Ses attaques constantes contre les journalistes sont souvent mal reçues, tout comme ses tweets insultant des opposants et ses propos machistes, qui ont obligé la première ministre, Ana Jara, à le rappeler à l’ordre. « Le remaniement donnera de l’air au gouvernement. La question est de savoir jusqu’à quand » En janvier, Daniel Urresti avait été ébranlé par une affaire d’espionnage politique, dans laquelle seraient impliqués les services de renseignement. L’opposition réclame sa démission, sans succès. La goutte qui a fini par faire déborder le vase a été la mort d’un jeune manifestant, tué par la police lors de violentes protestations dans le centre du Pérou, le 10 février. Le ministre de l’intérieur a fini par assumer la « responsabilité politique » des événements, après avoir nié pendant plusieurs jours que la police était armée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Pérou, les services secrets sont accusés d'espionner l'opposition et le gouvernement Etait-ce le moment qu’attendait la première ministre Jara pour se défaire d’un ministre devenu incontrôlable ? Le sortant assure, lui, que l’ancien président Alan Garcia et la fille de l’ancien président Alberto Fujimori sont à l’origine de son départ. « Ils voient en moi un ennemi », a déclaré l’ancien ministre, qui décidera « dans deux semaines » s’il lance sa candidature à l’élection présidentielle de 2016, pour un parti restant à définir. Enquête sur la première dame Son éviction, ainsi que celle de trois autres ministres, devrait en tout cas « désactiver la motion de censure que préparait l’opposition », juge Fernando Tuesta, professeur de sciences politiques à l’Université catholique du Pérou. Selon lui, « le remaniement donnera de l’air au gouvernement ». « La question est de savoir jusqu’à quand », précise M. Tuesta, qui souligne le manque de leadership dont fait preuve le gouvernement, fragilisé par les accusations portées contre l’épouse du président Humala depuis le début février. Nadine Heredia et Ollanta Humala, le 3 février à Lima. Martin Mejia / AP Souvent accusée d’outrepasser son rôle de première dame en s’immisçant dans l’action gouvernementale et les décisions ministérielles, Nadine Heredia fait l’objet d’une enquête préliminaire pour blanchiment d’argent. Le ministère public cherche à trouver l’origine des 215 000 dollars (190 000 euros au cours actuel) qu’elle aurait reçus entre 2006 et 2009. Cette procédure « n’a ni queue ni tête », se défend Mme Heredia, qui a présenté un recours (un habeas corpus) et dénonce une manœuvre contre le Parti nationaliste, la formation présidentielle, qu’elle dirige. L’affaire affecte son image et celle du pouvoir. Très populaire jusque-là, la première dame n’est plus créditée que de 16 % de bonnes opinions, soit moins que le président Humala (22 %). Si la crise politique a été évitée de justesse, la bataille de l’opinion n’est pas gagnée.
"2015-02-18T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/02/20/le-perou-au-bord-de-la-crise-politique_4580685_3222.html
Poutine ne viendra pas à Paris pour des « mondanités », prévient Ayrault
Le ministre français des affaires étrangères a confirmé que la France entendait saisir la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre commis à Alep.
Si le président de la République, François Hollande, a laissé planer le doute ce week-end sur une rencontre avec Vladimir Poutine – ce dernier doit venir en France le 19 octobre –, Jean-Marc Ayrault, a tenu à préciser, lundi 10 octobre, que, s’il était reçu par l’Elysée, le président russe ne viendrait pas pour des « mondanités » mais pour parler de la crise syrienne et de la situation en Ukraine. « Ça sera pour dire des vérités », a déclaré le ministre français des affaires étrangères sur France Inter. « Bien sûr que » François Hollande « doit accueillir le président russe », a fait valoir, pour sa part, François Fillon, candidat à la primaire de la droite. « Qu’est-ce qu’on doit faire, la guerre avec la Russie ? », s’est ému l’ex-premier ministre (Les Républicains) au micro d’Europe 1. M. Ayrault a aussi confirmé que la France entendait saisir la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre commis, selon Paris, à Alep, où la Russie participe activement à l’offensive du régime de Bachar Al-Assad pour reprendre la partie orientale de la ville aux rebelles syriens. « Il faut dégager les responsabilités » Prié de dire qui était visé, M. Ayrault a répondu : « Ça concerne tout le monde (…) Il y a des faits constitutifs de crimes de guerre (…). Après, il faut dégager les responsabilités, a-t-il expliqué. Nous allons prendre contact avec la procureure générale de la Cour internationale pour voir de quelle façon elle peut engager ces enquêtes. » Lors de sa venue à Paris, Vladimir Poutine doit inaugurer le nouveau centre culturel russe. En dépit des positions françaises, le Kremlin a fait savoir, lundi, que le président russe envisageait toujours de se rendre en France. Moscou a mis son veto, samedi, à la proposition française de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, réclamant un cessez-le-feu. Et a annoncé, lundi, son intention d’installer une « base navale permanente » dans le port de Tartous, situé dans le nord-ouest de la Syrie.
"2016-10-10T00:00:00"
syrie
https://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/10/10/m-poutine-ne-viendra-pas-a-paris-pour-des-mondanites-previent-ayrault_5010931_1618247.html
L'UE signe des accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, pas avec l'Ukraine
L'Union européenne a signé vendredi matin deux accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, mais pas avec l'Ukraine, principal pays de l'ancien bloc soviétique.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, reçu par la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors du sommet de Vilnius le 29 novembre. REUTERS/INTS KALNINS L'Union européenne n'est pas parvenue à convaincre l'Ukraine de signer vendredi 29 novembre un accord historique scellant son rapprochement avec l'Europe de l'Ouest. Seules la Géorgie et la Moldavie ont paraphé des accords d'association avec l'UE, avant une signature définitive attendue dans les prochains mois. Un accord de facilitation des visas avec l'Azerbaïdjan a aussi été conclu. A l'issue du troisième sommet du Partenariat oriental entre les 28 pays de l'UE et six ex-républiques soviétiques – Ukraine, Géorgie, Moldavie, Biélorussie, Arménie et Azerbaïdjan –, le bilan est donc maigre. L'Ukraine, le principal pays de l'ancien bloc soviétique, a finalement campé sur son refus annoncé la semaine dernière sous la pression de la Russie. Les dirigeants ukrainiens avaient indiqué, le 21 novembre, qu'ils ne signeraient pas l'accord d'association et de libre-échange que leur proposaient les Vingt-Huit. Après avoir refusé de signer à Vilnius, le président ukrainien a pourtant déclaré que son pays avait bien l'intention de signer un accord d'association avec l'UE « dans un avenir proche ». Il a ensuite expliqué qu'avant de pouvoir signer cet accord, Kiev avait besoin d'une aide économique et financière de l'UE. Selon lui, Kiev est notamment intéressé par la reprise de la coopération avec le FMI et la Banque mondiale « dans un avenir proche ». . Ses explications sur les ambitions européennes de l'Ukraine semblent avoir porté leurs fruits et rassurer les partisans d'un rapprochement vers l'Europe de l'Ouest. Du côté de la place de l'Indépendance, où sont rassemblés depuis plus d'une semaine les partisans du mouvement #EuroMaïdan (le mot-clé utilisé sur les réseaux par les pro-européens), un rassemblement est prévu ce vendredi, avant un dernier tour de piste ce week-end. Puis le mouvement entend redonner rendez-vous aux Ukrainiens pour le mois de janvier. Lire le reportage en Ukraine : A Kiev, « en 2004, on se battait pour une personne, aujourd'hui on se bat pour une idée » Un autre rassemblement se tient à Kiev, à environ 300 m du premier : celui de la place de l'Europe, où le parti du président Ianoukovitch, le Parti des régions, qui tente de mobiliser autant de monde que place de l'Indépendance. Des militants sont venus de partout. Genia, 23 ans, ouvrier, a pris un train de nuit depuis Donetsk, à l'est du pays. Il est pour l'intégration en Europe de l'Ukraine, mais estime que le pays n'est pas prêt. Le Parti des régions n'a en tout cas pas lésiné sur les moyens. Natalya, 30 ans, venue de Tchernikov, à environ 200 km de Kiev, explique que le parti avait payé son trajet en bus pour la capitale, et lui donnerait probablement « d'autres compensations ». Cette pratique est assez courante dans les manifestations (y compris celles organisées par l'opposition). Lire aussi : L’UE veut sauver la face après le refus ukrainien La présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, accueille le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, à Vilnius, lors du sommet du Partenariat oriental. REUTERS/HANDOUT A l'ouverture du sommet du Partenariat oriental à Vilnius, la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, déclarait : « le statu quo n'a pas changé. Le président ukrainien n'est pas prêt à aller plus loin dans l'intégration avec l'Union européenne ». Selon elle, la voie choisie par les dirigeants ukrainiens, emmenés par le président « ne mène nulle part ». Cet accord d'association avait pourtant été négocié pendant cinq ans entre Kiev et Bruxelles, qui a déjà engagé des milliards d'euros en faveur de la modernisation politique et économique de ce pays de 46 millions d'habitants. Mais l'UE n'a jamais proposé une perspective claire d'intégration aux ex-républiques soviétiques, comme elle l'avait fait avec les pays de l'Est après la chute du Mur. La représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, a cependant assuré : « La porte de l'Union européenne est ouverte. » « Elle est ouverte parce que c'est important pour eux et pour nous », a-t-elle ajouté devant la presse en espérant que les deux parties iraient « de l'avant aussi vite que possible ». Côté français, le président François Hollande a précisé : « Cette perspective d'association, c'est d'abord aux Ukrainiens qui la portent de la vouloir ». Beaucoup de responsables pensent que le refus de Kiev risque de briser l'élan pour de longs mois, voire des années. Non seulement pour l'Ukraine mais pour l'ensemble du Partenariat oriental, cette stratégie lancée en 2009 pour stabiliser et arrimer à l'Europe les ex-républiques soviétiques. Cette stratégie se heurte en effet au refus de la Russie de Vladimir Poutine, qui multiplie les pressions et les menaces sur les ex-pays de l'URSS, et qui a déjà réussi à attirer l'Arménie dans son projet d'Union douanière. Dans une brève allocution, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a d'ailleurs salué « la détermination, le courage et la volonté politique » des dirigeants géorgiens et moldaves, en assurant que l'UE « respectait » la souveraineté de ces pays.
"2013-11-29T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/11/29/l-europe-echoue-a-convaincre-l-ukraine-de-signer-un-accord-d-association_3522533_3214.html
Des entreprises américaines prennent leurs distances avec la Chine
Le vendeur de noms de domaine Godaddy a annoncé qu'il cessait la vente des domaines .cn, tandis que des rumeurs font état de possibles relocalisations d'usines Dell.
Dans le sillage de Google, deux entreprises américaines du secteur des nouvelles technologies sont sur le point de prendre leurs distances avec la Chine. Godaddy, l'un des plus importants vendeurs de noms de domaine, a annoncé qu'il cesserait de proposer des noms de domaine en .cn, l'extension chinoise. La décision de Godaddy n'est pas directement liée au conflit qui oppose Google et Pékin, mais aux nouvelles règles édictées par le gouvernement chinois pour la création de nouveaux sites. Dans le cadre de son programme de lutte contre la pornographie sur Internet, Pékin a en effet annoncé qu'il faudrait désormais faire physiquement la preuve de son identité pour enregistrer un site en .cn, en se présentant muni d'une pièce d'identité, et fournir une photo d'identité. Jusqu'ici, il était possible d'acheter un nom de domaine en déclarant en ligne son identité et en fournissant des coordonnées, comme c'est le cas pour la quasi-totalité des noms de domaine dans le monde. Pékin souhaite que ce contrôle soit rétroactif, c'est-à-dire que les propriétaires de noms de domaine déjà enregistrés fassent la preuve de leur identité. "Notre décision n'a rien à voir avec celle de Google", a expliqué Christine Jones, conseillère juridique de l'entreprise, lors d'une audition devant une commission du Congrès américain. "Nous avons simplement décidé que nous ne souhaitions pas être des agents de l'Etat chinois", a-t-elle expliqué. Le fabriquant d'ordinateurs américain Dell envisagerait lui aussi de mettre fin à une large partie de son activité en Chine, d'après des informations du Hindustani Times. D'après le journal, le premier ministre indien, Manmohan Singh, aurait été informé que le groupe souhaitait transférer ses activités de construction d'ordinateurs "dans un environnement plus sûr", à savoir l'Inde. L'information n'a pas été confirmée par Dell, qui a connu une très forte croissance sur le marché chinois ces dernières années et a conclu plusieurs partenariats avec des administrations et entreprises chinoises.
"2010-03-26T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/03/26/des-entreprises-americaines-prennent-leurs-distances-avec-la-chine_1324629_651865.html
Syrie : combats autour de la mosquée historique des Omeyyades à Alep
Selon la télévision officielle syrienne, des "terroristes ont bombardé l'enceinte sud de la grande mosquée" des Omeyyades à Alep, qui a été endommagée.
Human Rights Watch estime que les forces gouvernementales ont fait usage de missiles balistiques, mais l'ONG n'a pas retrouvé de débris de missiles sur les quatre sites détruits. REUTERS/MUZAFFAR SALMAN De violents combats ont eu lieu mardi 26 février autour de la grande mosquée des Omeyyades à Alep, joyau historique de la deuxième ville de Syrie, ont indiqué la télévision officielle syrienne et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon la chaîne syrienne, des "terroristes ont bombardé l'enceinte sud de la grande mosquée", qui a été endommagée. Le terme de "terroristes" désigne dans la terminologie du régime les opposants. Une partie de la mosquée, construite au VIIIe siècle, avait déjà subi d'importants dommages à la suite de combats entre des rebelles et des troupes du régime en octobre dernier. Par ailleurs, les combats se poursuivaient mardi autour de l'académie de police de Khan Al-Assal, l'un des derniers bastions loyalistes dans l'ouest de la province d'Alep, et théâtre d'affrontements acharnés depuis plusieurs jours, selon l'OSDH. Des frappes aériennes ont visé les provinces de Deraa (Sud), Idlib (Nord-Ouest), Raqa (Nord) ainsi que la ville de Deir Ezzor (Est). LE RÉGIME UTILISERAIT DES MISSILES BALISTIQUES L'armée syrienne a accru ses tirs de missiles sur les zones contrôlées par les rebelles, faisant au moins 141 morts civils, dont 71 enfants, la semaine dernière dans le nord du pays, rapporte mardi l'organisation Human Rights Watch. "J'ai visité beaucoup de sites attaqués en Syrie, mais je n'ai jamais vu une telle destruction", indique Ole Solvang, chercheur spécialisé dans l'urgence à HRW, qui s'est rendu dans quatre endroits ciblés par les attaques de l'armée syrienne. Trois d'entre eux se trouvent dans une zone de l'est d'Alep contrôlée par les rebelles. Le quatrième missile a atteint Tel Rifat, une ville située au nord d'Alep. Au vu de l'ampleur des dégâts, de l'absence d'avions lors de l'attaque et du récit fait par les rebelles, qui disent que des missiles ont été lancés d'une base militaire près de Damas, Human Rights Watch conclut que les forces gouvernementales ont sans doute fait usage de missiles balistiques. Mais l'ONG n'a pas retrouvé de débris de missiles sur les quatre sites. UNE VIOLATION DE LA CONVENTION DE GENÈVE Des opposants et des militants syriens soutiennent que l'armée a tiré, à partir d'une base dans la région de Damas, des missiles Scud vendredi sur un quartier de la ville d'Alep, faisant 58 morts dont 36 enfants selon l'OSDH. L'information n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante. L'OSDH avait fait état de missiles sol-sol. Le ministre syrien de l'information, Omran Al-Zoabi, a démenti l'utilisation de missiles Scud par le gouvernement dans le conflit, selon des propos rapportés par le site Russia Today Arabic. Dans un communiqué, HRW écrit également qu'aucune trace de la présence de combattants rebelles n'a été relevée dans les zones attaquées et que seuls des civils étaient présents, ce qui signifie que pareil acte violerait les conventions de Genève. Chacune des frappes a détruit une vingtaine de maisons et le nombre total de morts est sans doute supérieur à 141, poursuit Human Rights Watch. "Utiliser des missiles balistiques contre son propre peuple marque une nouvelle dégradation de la situation, même pour ce gouvernement", a estimé Ole Solvang.
"2013-02-26T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/02/26/une-ong-accuse-le-regime-assad-d-utiliser-des-missiles-balistiques_1839037_3218.html