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Lucy, inclassable ancêtre
Où situer cette australopithèque à la fois arboricole et bipède sur l’arbre généalogique des hominidés ? Ceux qui l’ont découverte en 1974, en discutent encore…
Hadar, Ethiopie, 24 novembre 1974. Dans son journal de bord, Donald Johanson note : « Matin : localité 162 avec Gray. En forme. » Superstitieux, il écrira plus tard avoir senti que c’était un jour où il faut savoir saisir sa chance. « Je n’avais pas l’intention d’aller sur le terrain, se souvient-il, quarante ans après ce jour si particulier. Tom Gray [son thésard], qui était chargé de cartographier nos découvertes, m’a dit que nous devrions aller sur la localité 162, où nous avions trouvé un beau crâne de cochon en 1973. En rentrant au camp, nous avons traversé une zone que nous n’avions pas prospectée. J’ai jeté un coup d’œil et il y avait cet os, là… Et quand j’ai ­regardé la pente sur laquelle il se trouvait, je pouvais voir un morceau de crâne, une partie importante de mâchoire, d’autres os. Ce n’était pas un singe. » Le jeune paléoanthropologue américain, qui codirige depuis 1972 l’International Afar Research Expedition (Expédition internationale de l’Afar) avec ­Maurice Taieb (alors au Laboratoire de géologie du quaternaire du CNRS), initiateur et responsable du projet, et Yves Coppens (alors sous-directeur du Musée de l’homme), sait qu’il vient de faire une découverte retentissante. Un puzzle de 52 ossements Au total, 52 ossements, disséminés dans un petit ravin sur une dizaine de mètres, sont collectés. Une mandibule, des morceaux de crâne et, surtout, des éléments postcrâniens, dont une partie du bassin et du fémur. Aucune pièce du puzzle n’est en double : il s’agit d’un « personnage », complet à 40 %. « Ce n’était pas un gisement à hominidés, mais un hominidé, ­relate Yves Coppens. C’était le plus important. Ça signifiait pouvoir estimer sa taille, son poids, ses proportions, juger des articulations, donc de son comportement… » « Lucy », ainsi que viendront à la surnommer les membres de la mission après avoir fêté sa découverte au champagne, est alors le fossile d’hominidé ­ancien le plus âgé : les datations préliminaires et la faune associée indiquent plus de trois millions d’années. Pour couronner le tout, elle paraît résolument bipède. La perception de nos origines bascule. Mais à quelle espèce appartient-elle ? Lucy donne du fil à retordre à Johanson, persuadé un premier temps d’avoir affaire à deux espèces : Homo, avec des mâchoires de taille importante, et quelque chose d’autre… « Ses dents étaient sorties, c’était une adulte, mais elle était très petite, à peine plus d’un mètre. C’est en partie à cause de ça que j’ai d’abord cru qu’il y avait deux espèces », se souvient-il.
"2014-10-14T00:00:00"
sciences
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/10/20/lucy-inclassable-ancetre_4509226_1650684.html
Le climat post-attentats assombrit Les Nuits Botanique
La 23e édition du festival bruxellois, jusqu’au 7 juin, est marquée par le traumatisme des tueries du 22 mars.
La claviériste bruxelloise Fanny Van Hammée et la batteuse parisienne Olympia Boule, forment le duo électro-pop Faon Faon. NUITS BOTANIQUE Militaires en armes devant le site et dans les allées du jardin, patrouille de police dans les galeries menant aux salles… Jamais le festival Les Nuits Botanique n’avait connu tel encadrement de sécurité. Moins de deux mois après les attentats qui ont endeuillé Bruxelles le 22 mars, la 23e édition du rendez-vous pop-rock bruxellois a dû adapter sa légendaire convivialité à ­quelques contraintes. « Notre métier ne sera plus jamais le même, nous avons perdu notre part ­d’insouciance », constate Paul-Henri Wauters, directeur artistique du Botanique, l’un des principaux lieux de concerts de la capitale belge, où se tient ce festival. Celui-ci accueille plus de 160 groupes et chanteurs (dont 60 % de Belges) jusqu’au 7 juin dans l’ancien jardin botanique. Les tueries parisiennes du 13 novembre 2015 avaient déjà profondément marqué Bruxelles et son milieu du spectacle. « Si Paris a vécu un syndrome post-traumatique, nous vivions jusque-là avec un syndrome pré-traumatique, persuadés que nous serions les prochains touchés », dit Paul-Henri Wauters. « Nous avons longtemps eu l’impression de vivre dans une sorte de village ­multiculturel, préservé de la violence par rapport à Paris ou ­Londres, analyse le chanteur et guitariste bruxellois Amaury Massion, programmé aux Nuits Botanique le 17 mai sous le nom de Lylac. Les origines belges de ­certains auteurs des attentats ­parisiens nous ont replongés dans la réalité. » Molenbeek côté rock « Bizarrement, la vie a repris plus vite son cours après les attentats de Bruxelles qu’après ceux de Paris », remarque la claviériste bruxelloise Fanny Van Hammée, qui, avec la batteuse parisienne Olympia Boule, forme le duo électro-pop Faon Faon. Après avoir composé un morceau en hommage aux victimes du 13 novembre, les demoiselles ont été approchées après le 22 mars pour cosigner un petit hymne d’espoir surréaliste, Sprout to Be Brussels (jeu de mots avec sprout – « chou de Bruxelles » – et proud – « fier » –, en anglais), avec le chanteur Témé Tan. Après les attaques de mars, la plupart des contrats de concert se sont vu rajouter une clause particulière d’annulation en cas « d’activité terroriste potentielle ». Si les annulations ont été rarissimes, les professionnels de la musique bruxellois constatent une baisse de fréquentation ces six derniers mois, particulièrement dans les salles programmant des artistes en développement. « Comme si les gens avaient du mal à cumuler le possible risque d’un attentat et celui de découvrir un artiste », remarque Paul-Henri Wauters.
"2016-05-18T00:00:00"
musiques
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2016/05/19/les-nuits-botanique-assombries-par-le-climat-postattentats_4922030_1654986.html
Au Rond-Point, Christiane Taubira en « guest star »
Organisée à l’initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, la soirée du lundi 2 décembre se voulait une réponse aux insultes racistes contre Christiane Taubira.
La garde des sceaux, Christiane Taubira, le 2 décembre 2013. AFP/JOEL SAGET Elle a ouvert et conclu la soirée sous un tonnerre d’applaudissements et une standing ovation. Christiane Taubira a conquis, lundi 2 décembre, le public très culturel du Théâtre du Rond-Point, à Paris, pour une soirée intitulée « La Peste, disait-il ! La culture contre la haine ». « Merci pour cette soirée fraternelle, amicale, dont je ne suis que le prétexte », a insisté la garde des sceaux avant de lancer, après trois heures de lectures de textes déclamés par une quarantaine de personnalités du monde artistique et littéraire, entrecoupées de chansons : « Les artistes nous donnent une énergie si phénoménale qu’ils nous rendent indestructibles. » Lancée à l’initiative de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, et orchestrée par le directeur du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, cette soirée se voulait une réponse, en cette année de centième anniversaire de la naissance d’Albert Camus, aux insultes racistes contre Christiane Taubira, à la montée de l’extrême droite et « aux attaques contre les valeurs de la République qui se développent depuis plusieurs semaines ». Jean-Michel Ribes a listé « les ténèbres d’un repli sur soi », du discours de Dakar et de Grenoble de Nicolas Sarkozy, aux anti mariage pour tous, en passant par l’intégrisme religieux. De Jacques Weber prononçant Zola à Benjamin Stora choisissant Frantz Fanon ; de Régis Jauffret réclamant le retrait des produits Banania de tous les magasins à Jacques Martial lisant Aimé Césaire ; du sketch « L’enfer, c’est les autres » de Guy Bedos au slam d’Abd Al Malik sur « la dignité même qui devient une valeur jetable » ; de la lettre d’hommage de Daniel Pennac à Christiane Taubira au discours de Martin Luther King lu par Stanislas Nordey ; d’Anne Consigny clamant Edouard Glissant à Nicole Garcia optant pour les Lettres à George Sand de Flaubert, des convaincus de l’importance de la lutte contre toutes les formes de racisme ont parlé, devant des dessins satiriques de Charb et Riss projetés sur grand écran. Bondée, la salle, où avaient pris place Valérie Trierweiler et Harlem Désir, était acquise à la cause : « Il faut trouver un moyen de faire circuler ce genre de soirée, mais comment ? », s’est interrogée Aurélie Filippetti à l’issue de cette mobilisation parisienne.
"2013-03-12T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/12/03/au-rond-point-des-artistes-contre-la-haine_3524573_3246.html
« Le Monde des lecteurs » - Guerre 14-18 : les difficiles leçons d’Histoire d’une victoire
Jean-Marie Baurens se montre perplexe sur les comportements politiques des hommes et des femmes au lendemain de la victoire de 1918. Qu’en serait-il aujourd’hui ?
Cinquième jour de la semaine d'itinérance mémorielle de l'Armistice de la guerre 14-18, d'Emmanuel Macron, Président de la république. Cérémonie dans la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette. À Ablain-Saint-Nazaire, jeudi 8 novembre 2018. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du « Monde » peuvent commenter l’actualité. Vous pouvez contacter la rédaction par courriel : [email protected]. Le président de la République fête la victoire de 1918, l’épisode sacrificiel le plus incontestable de l’histoire de la France récente. Mais peut-on accorder automatiquement au 11 novembre 1918 ce label de victoire et s’en faire des gorges chaudes sans fin ? Car, comme dans « l’arithmétique des plaisirs » selon Epicure il y a les « plaisirs naturels suivis de douleurs ». Sans sombrer dans le mauvais goût d’ignorer les souffrances indicibles des Poilus et de leurs familles, il faut froidement admettre en historien que la victoire de la première guerre mondiale a été suivie presque sans attendre, dans l’espace d’une génération, de la plus conséquente des défaites. En effet, à peine plus de vingt ans après, comme dans un pas de deux, notre pays était envahi, nié, meurtri, dès 1940 et, durant au moins quatre longues années, occupé comme très peu de grands pays ne l’avaient été dans l’histoire des nations. Parce que l’on avait oublié que même les victoires les plus éclatantes engendraient souvent les défaites les plus cinglantes. L’entre-deux-guerres aurait-il contraint nos dirigeants à pécher par la naïveté des nations sans expérience ? L’exaltation de la victoire aurait-elle occulté les faits ? On s’est contenté d’occuper la Rhénanie simplement pour la valeur symbolique de notre présence outre-Rhin. Mauvaise analyse Comme il est dit dans An Illustrated History of Britain, publication dirigée par David McDowall (Longman 2006 P. 166) les Français et les Anglais avaient alors coupablement mal évalué le danger du réarmement allemand et se sont laissés surprendre. « All of us, we refused absolutely to face the facts ». Sachant que les Anglais honnêtes conviennent toutefois que la France « on the continent » occupait une position plus vulnérable que la Grande-Bretagne insulaire. Ajoutons que notre pays n’avait pas disposé du temps nécessaire au renouvellement de sa génération de jeunes hommes. C’est vrai que la commémoration de ces jours-ci possède au moins la vertu de montrer à quel point les Français sont capables de se transcender pour défendre la patrie, formule désuète pour parler de la défense des valeurs. Certes, la France, prise à la gorge en 40, n’avait pourtant pas fait partie des pays dévoyés comme l’Italie et l’Espagne par exemple qui n’avaient pas eu la force ou la clairvoyance de résister au charme des sirènes du fascisme mussolinien ou franquiste inspiré par le nazisme hitlérien. Mais à ce moment crucial notre nation s’est retrouvée divisée, prise de court et l’a payé très cher. Un quasi-esclavage comme le raconte si bien « Le journal des années noires » de Jean Guéhenno (Gallimard 1947). Et ce, malgré la résistance roborative de l’intérieur. Frustrations du traité de Versailles Nous savions que la Traité de Versailles portait en germe les frustrations de Berlin, d’Ankara et peut-être même de Moscou. Mais à l’époque la réflexion sur l’histoire contemporaine des générations des années trente a été, d’une façon fort compréhensible, anémiée par la satisfaction chère payée de la victoire de 1918. Avec le recul, toujours facile, convenons-en, on serait peut-être obligé de se rallier à des analyses de type utilitarisme ou holisme ou encore « Consequentialism » (Modern Moral philosophy, Anscombe 1958). Qu’en serait-il aujourd’hui ? On ne peut durant ces célébrations, ignorer l’épisode tragique qui a suivi dès 1939 presque dans la foulée ce fameux 11 novembre 1918. Bien sûr, le président Français a raison d’inviter les grands ce monde. La diplomatie contemporaine est moins bête qu’avant. Mais puissent ces rencontres de Paris générer des réflexions convergentes plutôt que les sourires béats et consensuels traditionnellement affichés sur les photos officielles. Jean-Marie Baurens, Montpellier.
"2018-09-11T00:00:00"
blog-mediateur
https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2018/11/09/le-monde-des-lecteurs-guerre-14-18-les-difficiles-lecons-d-histoire-d-une-victoire_5381111_5334984.html
Quand Xavier Bertrand multiplie les djihadistes
L'ancien ministre UMP évoque un millier d'anciens djihadistes de retour en France. Le ministère en comptait cinq fois moins en décembre.
Dans le climat qui suit les attentats qui ont frappé Charlie Hebdo, la classe politique multiplie les propositions et les annonces pour mieux lutter contre le terrorisme. Quitte, parfois, à s'emmêler avec les chiffres. Exemple avec l'UMP Xavier Bertrand. Ce qu'il a dit : « Ceux qui partent doivent savoir qu'ils ne reviendront pas en liberté, même les Français (...). Ce sont ceux qui sont en France, plus de 1 000, nous dit le ministère, ceux-là, il faut les traquer, les débusquer (...). Les 1 000 dont je viens de parler, le ministère l'assure, ce sont ceux qui sont allés faire le djihad et ce sont des bombes à retardement, il faut les mettre hors d'état de nuire. » Pourquoi c'est exagéré Martial, Xavier Bertrand a multiplié, jeudi sur LCI, les propositions musclées contre le terrorisme. Et notamment celle de « mettre hors d'état de nuire » les personnes qui seraient revenues en France après avoir participé au djihad en Syrie ou en Irak. Le problème, c'est que M. Bertrand s'embrouille un peu avec les chiffres, qu'il revoit fortement à la hausse. Décodeurs 1 400 « concernés .» Selon les chiffres donnés par Manuel Valls lundi, 1400 personnes, Français ou résidant en France, sont « concernées » par des départs pour la Syrie ou l'Irak. Environ 70 sont morts sur place. 390 Français en Irak ou en Syrie. En décembre, le ministre, Bernard Cazeneuve, parlait en conseil des ministres de 1 200 personnes concernées par le départ pour le djihad, dont 390 sur place, 231 en route vers l'Irak ou la Syrie. 185 sur le sol Français. Mais l'estimation du nombre de combattants revenus en France était bien moindre : 234 personnes de retour, dont 185 anciens combattants djihadistes arrivés sur le sol Français. Soit... plus de cinq fois moins que le millier d'anciens combattants djihadistes évoqués par M. Bertrand.
"2015-01-15T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/15/xavier-bertrand-multiplie-les-djihadistes_4556633_4355770.html
La rémunération des dirigeants sous forme d'options doit cesser
"Il revient aux conseils d'administration d'assumer leur responsabilité, de tenir compte des effets pervers et pernicieux de la rémunération sous forme d'options sur le titre, d'en réduire graduellement l'importance jusqu'à leur élimination éventuelle."
Ce fut une erreur et la source de multiples entourloupettes d'octroyer des options d'achat sur le titre de la société comme un élément important de la rémunération des dirigeants. Cette forme de rémunération, proposée et chaudement appuyée au départ par les investisseurs institutionnels, avait semblé un mécanisme simple, efficace sur le plan fiscal, pour aligner les intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires. En effet, ce mode de rémunération transforma plusieurs dirigeants en forcenés de la création de valeur pour les actionnaires. Le phénomène annonça la fin du modèle de l'entreprise aux multiples parties prenantes. Pour beaucoup de sociétés, surtout celles ne comptant pas d'actionnaires importants pouvant exercer un certain contrôle, le conseil d'administration et la direction devaient désormais prendre leurs décisions dans l'intérêt d'une seule partie prenante : les actionnaires. Les fiascos et scandales, qui ont nom Enron, WorldCom, Global Crossing et autres durant les premières années du XXIe siècle, ont jeté une douche froide. Les rémunérations gigantesques, sous forme d'options, accordées à certains dirigeants ont joué un rôle de premier plan dans la genèse de ces scandales. Puis, on oublia cet épisode. Les marchés boursiers s'emballèrent derechef. Les dirigeants firent le plein d'options jusqu'à ce que la crise financière ne survienne en 2008. Encore une fois, on blâma les formes de rémunération comportant des bonus extravagants. En fait, ce furent les options sur le titre qui alimentèrent la cupidité des principaux acteurs. Par exemple, les PDG de Bear Stearns et Lehman, dont la déconfiture déclencha la crise financière, ont reçu entre 2000 et 2008 quelque 88 millions de dollars et 62 millions de dollars en bonus mais ont réalisé par l'exercice d'options durant la même période 289 millions de dollars et 461 millions de dollars respectivement. Depuis, on cherche les moyens de mieux encadrer les rémunérations, d'en mitiger les abus. La part des options dans la rémunération globale diminue au profit des actions de performance. Car, en effet, la rémunération sous forme d'options fait l'objet de critiques persuasives : La loterie des options : les options sur le titre accordées aux dirigeants de sociétés ont tendance à récompenser la "chance" autant que la performance; un marché boursier haussier fait monter toutes les barques; à moins que le prix d'exercice ne soit indexé en fonction d'un indice boursier (une pratique rare qui soulève d'autres questions épineuses), les dirigeants "veinards" qui traversent une de ces époques récurrentes de flambée des cours boursiers deviendront très riches; ceux qui passeront une bonne partie de leur carrière en période de stagnation boursière auront moins de chance. Mais une loterie d'un type particulier car les détenteurs des billets peuvent, à court terme, exercer une certaine influence sur le numéro gagnant par diverses astuces comptables et financières ; cette particularité devient une tentation à laquelle plusieurs n'ont pu résister. La volatilité de la richesse : les options sont source importante d'enrichissement mais cette "fortune de papier" est vulnérable aux aléas des fluctuations boursières, ce qui ne peut qu'influencer les motivations et comportements des dirigeants : millionnaire un jour, simple salarié le lendemain; les options sont source d'anxiété devant les impondérables; aussi, malgré que l'on puisse s'attendre à une grande aisance financière par cette forme de rémunération, les dirigeants continuent de demander des multiples formes de protection, comme les contrats d'emploi avec généreuses primes de départ, des régimes de retraite spéciaux, etc. L'incitation au risque : selon certains, les options incitent les dirigeants à prendre plus de risques qu'il n'est souhaitable puisqu'ils profitent des poussées à la hausse du prix du titre mais, en exerçant leurs options avec sagacité, ne sont pas pénalisés outre-mesure par les mouvements baissiers. La vraie valeur des options : la pratique, la norme presque, fait que l'on attribue chaque année des options aux dirigeants. Pour les fins de rapporter aux instances appropriées le montant de la rémunération accordée aux dirigeants, il faut donner une valeur aux options accordées aux dirigeants. Pour y arriver, on a recours à une formule mathématique conçue pour d'autres fins et n'ayant qu'une pertinence marginale pour le type d'options accordées aux dirigeants. Néanmoins, ce modèle d'évaluation, dit Black-Scholes, sert à donner une valeur monétaire aux options pour les fins des rapports annuels. Cette mesure ne fournit aucune indication de la véritable rémunération en espèces qui sera encaissée un jour. Les options sont acquises au fil d'un certain nombre d'années, et peuvent généralement être exercées pour une période de dix ans après leur attribution. On ne connait pas, au moment de leur octroi, la valeur réelle en espèces que pourront en tirer les dirigeants qui les détiennent, mais ces montants peuvent être plusieurs fois supérieurs à leur valeur estimée selon Black-Scholes. Le moment est venu de trancher le nœud gordien d'un système de rémunération largement appuyé sur les options d'achat d'actions. Les options sur le titre devraient être graduellement éliminées de la rémunération des dirigeants. On pourrait arriver à ce résultat par le biais de la réglementation, mais il n'est pas souhaitable de faire intervenir les gouvernements sur ces questions. Il revient aux conseils d'administration d'assumer leur responsabilité, de tenir compte des effets pervers et pernicieux de la rémunération sous forme d'options sur le titre, d'en réduire graduellement l'importance jusqu'à leur élimination éventuelle. Yvan Allaire, professeur émérite, président du conseil, Institut pour la gouvernance des organisations publiques et privées (IGOPP)
"2012-04-12T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/12/04/la-remuneration-des-dirigeants-sous-forme-d-options-doit-cesser_1799646_3232.html
François Fillon hospitalisé pour un calcul rénal
François Fillon a annulé mercredi soir une réunion publique qu'il devait tenir à Montluçon dans le cadre de sa campagne à la présidence de l'UMP, en raison d'un problème de santé qui l'a obligé à rentrer à Paris où il a été hospitalisé jeudi.
François Fillon a annulé mercredi 7 novembre au soir une réunion publique qu'il devait tenir à Montluçon dans le cadre de sa campagne à la présidence de l'UMP, en raison d'un problème de santé qui l'a obligé à rentrer à Paris où il a été hospitalisé jeudi, a-t-on appris auprès de son entourage. L'ex-premier ministre souffre d'un calcul rénal, a ajouté son entourage, en affirmant qu'il reprendrait sa campagne "dès ce week-end". François Fillon devrait être hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, a-t-on appris par ailleurs d'une source proche du dossier. Le candidat à la présidence de l'UMP avait à son programme mercredi trois réunions: une à Blois, une à La Chartre-sur-le-Loir, et la dernière à Montluçon. Pris de douleurs, l'ancien premier ministre a été contraint de faire une halte dans un hôpital avant son meeting de La Chartre, comme il l'a expliqué aux militants qui l'attendaient. Finalement, il a dû annuler sa dernière étape pour rejoindre Paris dans la soirée. François Fillon affronte dans la course à la tête de l'UMP le secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Les militants sont appelés à faire leur choix le 18 novembre. Le début de la campagne de François Fillon avait déjà été marqué par des problèmes de santé, après un accident de scooter survenu en Italie à la fin de juillet, au cours duquel il s'était fracturé la cheville. L'ancien premier ministre avait été contraint de retarder son entrée en campagne avant de participer à ses premières réunions publiques avec un plâtre.
"2012-08-11T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/08/francois-fillon-hospitalise-pour-un-calcul-renal_1787427_823448.html
Le malheur et son utilité
Problèmes de qualité, crise financière, tsunami, inondations, cours du yen défavorable : rien n'a été épargné à Toyota.
Des véhicules endommagés par le tsunami du 11 mars, sur un parking d'une usine Toyota à Sendai, le 4 avril 2011. AP/Eugene Hoshiko Après trois ans, même un malheur peut servir à quelque chose", dit un proverbe japonais. Question malheur, Toyota a été servi ces trois dernières années. Problèmes de qualité, crise financière, tsunami, inondations, cours du yen défavorable : rien n'a été épargné au constructeur. Dans ce maelström, il a perdu sa couronne de numéro un mondial, et ses bénéfices ont été amputés d'un tiers l'an dernier. Voilà le bilan, quand on jette un oeil dans le rétroviseur. Mais regarder la route qui se profile à l'horizon est plus riche d'enseignements. Dans sa présentation des résultats annuels, mercredi 9 mai, le PDG, Akio Toyoda, cite Charlie Chaplin, qui avait coutume, quand on lui demandait quel était son meilleur film, de répondre "le prochain". Belle pédagogie pour expliquer le kaizen, ce principe basé sur l'amélioration permanente des procédés de production grâce à une conjonction de petits ajustements vers plus d'efficacité. On est aux antipodes des Temps modernes, pour poursuivre avec Chaplin. Grâce à cette école de patience et de discipline, Toyota est de retour, et pas de n'importe quelle manière : le groupe annonce que, dans les douze mois qui viennent, son bénéfice opérationnel va tripler, à 10 milliards d'euros. Jamais depuis cinq ans il n'avait atteint un tel niveau. Au regard de la rapidité du redressement, on peut parler de miracle japonais. Au-delà des propres efforts de Toyota pour revenir dans la course, beaucoup d'indicateurs conjoncturels sont repassés au vert. Ses deux principaux marchés en termes de rentabilité, le Japon et les Etats-Unis, sont en train de redevenir des machines à cash. La Bourse commence à y croire de nouveau : l'action Toyota a reconquis la moitié de ce qu'elle avait perdu depuis le tsunami du 11 mars 2011. Mais la course d'obstacles n'est pas pour autant terminée. Comme pour toutes les entreprises japonaises, le niveau du yen continue à plomber ses exportations. Toyota produit encore la moitié de ses voitures au Japon, le double de ses rivaux japonais, Honda et Nissan. Il devient impératif de combler ce retard pour atténuer les effets de change. Lorsque Toyota est devenu numéro un mondial, en 2009, il a été victime d'une certaine arrogance, qui l'a gêné pour anticiper et se protéger de ses propres faiblesses. Aujourd'hui, le groupe est de retour. Nul doute que le malheur n'a pas été totalement inutile pour apprendre et progresser. Retrouvez Pertes & profits sur le Net : lauer.blog.lemonde.fr par Stéphane Lauer
"2012-10-05T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/10/le-malheur-et-son-utilite_1698508_3234.html
Vers un principe de précaution numérique ?
Il faut trouver le juste équilibre entre le développement des services numériques et la protection de la vie privée.
Les données personnelles sont-elles devenues une simple ressource ? Une ressource qui peut être transformée en produits dérivés, comme le pétrole ou le minerai de fer, en générant de la valeur ajoutée. La question peut surprendre, mais elle est essentielle pour comprendre le débat qui agite notre pays sur le numérique. Les données personnelles nous touchent directement, et leur traitement peut porter atteinte à notre vie privée. Il faut donc trouver le juste équilibre entre le développement des services numériques et la protection de la vie privée. La France qui a entamé très tôt cette réflexion, dispose d'une autorité de régulation originale, la CNIL, dont l'influence en Europe est importante. Mais la France accuse un retard important dans le développement de l'économie numérique. Classée 23e par le Forum économique mondial, sa position dans la société de l'information ne correspond pas à sa puissance économique. Le gouvernement français, qui vient de publier une feuille de route sur le numérique, se mobilise pour la société de l'information, en mettant l'accent en particulier sur la formation et la numérisation des entreprises. Il faut saluer cette initiative. Toutefois, il semble que cette ambition soit bridée par un "principe de précaution numérique", qui mérite la plus grande attention. Le principe de précaution est une règle fondamentale de notre société, qui fait l'objet de débats récurrents tout particulièrement bien sûr en lien avec les secteurs nouvellement ouverts par les avancées scientifiques. Ces derniers jours, l'Assemblée nationale s'est plongée sur les questions de bioéthique en reconsidérant, après l'examen au Sénat, la loi de 2011 et la question des recherches sur les cellules souches embryonnaires. Le principe de précaution a pour objet d'éviter un ou plusieurs risques en interdisant certaines activités au moyen de la loi. On comprend bien les enjeux de certaines recherches dans les sciences du vivant. Ce principe génère toutefois des risques corollaires qui découlent de l'interdiction première. Dans le domaine des sciences de la vie, on pense en particulier à la perte de compétitivité de la recherche médicale et des entreprises pharmaceutiques françaises. Mais qu'en est-il dans le domaine numérique ? Les services de la société numérique reposent pour la plupart sur des données personnelles. Un moteur de recherche, comme Google par exemple, peut établir des profils assez précis de ses utilisateurs qui permettent à la fois de répondre plus efficacement à leurs attentes et de cibler plus efficacement la publicité, qui constitue sa source de revenu. Les systèmes de géo-positionnement sur mobile offrent des services qui traitent des données liées aux activités des personnes, et donc à leur vie privée. Il est impossible d'assurer des services personnalisés sans traiter de données personnelles, mais il est possible par contre de se limiter au traitement des données absolument nécessaires pour assurer les services souhaités. Par ailleurs, les données peuvent être également anonymisées, c'est-à-dire décorrélées de l'identité des personnes à qui elles appartiennent, avant d'être utilisées pour de nombreuses applications. De telles solutions semblent répondre au principe de précaution numérique que la société appelle de ses voeux, protéger les citoyens contre des utilisations abusives de leurs données. Toutefois nombreux sont les écueils. D'abord, comme cela est de plus en plus souvent démontré, l'identification des personnes à partir de leurs données, de leurs activités, ou même simplement de la configuration de leur ordinateur peut être bien souvent réalisée, même si les données sont supposées être protégées. De plus l'accès par effraction à des données personnelles est un risque inhérent à la société numérique. Il n'y a pas de société sans risque, les risques associés à nos énergies par exemple sont loin d'être négligeables. Ensuite, autoriser la collecte, le stockage et l'exploitation des données d'une manière limitée, définie a priori et répondant strictement au besoin de services particuliers, c'est fermer la porte à l'évolution des services numériques. Or, la société de l'information est en pleine évolution, nous n'avons aujourd'hui qu'une idée imprécise des services qui seront disponibles dans dix ans. Une chose est certaine : l'interaction entre les humains et les machines se développera. Pour être ergonomique pour les humains, les machines devront nous connaître, disposer de suffisamment de données sur nous pour pouvoir personnaliser l'échange, permettre une interaction en bonne intelligence. Autrement, c'est d'une interaction limitée, d'un service unique pour tous que nous devrons nous contenter. Supposons néanmoins que l'Europe soit en mesure d'imposer de telles règles. Quels seraient les risques corollaires ? Brider le développement des services de la société de l'information en France aurait un impact très limité, ils se développeront de toute façon hors de nos frontières, et pénétreront notre territoire à partir de l'étranger, sans que nous ayons vraiment de recours. Mais, ne sommes nous pas déjà dans cette situation ? Jamais nous n'avons en effet été, en période de paix, aussi dépendants de l'industrie étrangère pour des services fondamentaux, désormais aussi indispensables que le sont les transports ou l'énergie. Les systèmes de la société de l'information que nous utilisons sont essentiellement américains, les terminaux, les systèmes d'exploitation sur fixes ou mobiles, les services de la toile, les systèmes de stockage et de traitement des données du nuage, etc. La force des systèmes américains, comme Facebook par exemple – qui a un milliard d'utilisateurs et qui supporte des millions d'applications de par le monde qui tournent grâce aux services offerts par Facebook aux entreprises en exploitant les données des utilisateurs – c'est d'être des systèmes ouverts qui ne limitent pas a priori les usages du futur, tout en essayant de garantir un niveau acceptable, tout au moins largement accepté, de protection des données personnelles, liant contractuellement Facebook à ses utilisateurs. Ces données personnelles sont de plus protégées par des lois et en particulier par le quatrième amendement de la constitution, mais ces dispositions s'appliquent imparfaitement aux données des personnes qui ne sont pas résidentes des Etats-Unis. C'est l'incroyable paradoxe du principe de précaution numérique des européens. Protéger fortement les données en Europe sans assurer les services de base, impose de recourir à des services plus libéraux, sur lequel nous n'avons que très peu d'influence et dont la valeur ajoutée est créée hors de nos frontières avec les ressources que nous transférons gracieusement. La feuille de route sur le numérique met surtout l'accent sur les industries dérivées pour la culture, la santé, les PME, qui toutes supposent des infrastructures et des services dont nous manquons précisément, ainsi que sur la régulation et la réforme de la fiscalité qui sont nécessaires bien sûr, mais ne changeront pas fondamentalement le cours de l'histoire. Stéphane Grumbach (Directeur de recherche à l'Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria)) et Stéphane Frénot (Professeur des universités au laboratoire CITI de l'Institut national des sciences appliquées de Lyon)
"2013-04-15T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/15/vers-un-principe-de-precaution-numerique_3160109_3232.html
Dans le jardin du Bois-Dormoy, une solidarité précaire pour les migrants de La Chapelle
L’association qui gère ce jardin partagé en appelle aux pouvoirs publics et prévient qu’elle ne pourra « pas prolonger son accueil au-delà de jeudi 10 juin, 15 heures ».
Devant le jardin partagé du Bois-Dormoy, transformé en camp provisoire, mardi 9 juin. Rafael Yaghobzadeh / Hans Lucas pour "Le Monde" Quelques couvertures de survie, des draps qui font office de lit et, parfois, un matelas jonchent la terre. Des piles de vêtements s’entassent, en attendant d’être lavés. D’autres sèchent sur les branches des arbres du bois Dormoy. C’est dans ce jardin associatif du 18e arrondissement de Paris que les migrants de la station de métro La Chapelle ont trouvé refuge depuis lundi 8 juin, après s’être fait expulser de la rue Pajol, située dans le même arrondissement. L’herbe y est peut-être plus verte, mais la précarité toujours aussi présente. Mercredi, ils étaient presque cent cinquante à occuper ce terrain. D’autres y étaient encore attendus. Peut-être pas pour longtemps. Mercredi soir, l’association du Bois-Dormoy, qui gère ce jardin partagé, annonçait par un communiqué qu’elle ne pourrait « pas prolonger son accueil au-delà de jeudi 11 juin, 15 heures », précisant qu’elle n’avait pas « la capacité de se substituer aux pouvoirs publics dans le traitement des questions humanitaires, sanitaires et administratives liées à la situation des migrants ». A l’ombre du soleil, caché par les arbres, mercredi, des migrants discutent, se reposent ou répondent aux questions des journalistes. Cinq d’entre eux échangent quelques passes avec un ballon en mousse, qu’ils délaissent lorsqu’ils aperçoivent un petit attroupement se former autour d’un homme. Portable à la main, Fathi montre à la petite assemblée son passage la veille au « Grand Journal », sur Canal +. Lui qui a quitté depuis peu le Soudan, « où l’on ne peut rien dire ou se faire assassiner sans raison par la police », se dit étonné de la façon dont ont été traités les migrants depuis le début de juin. « Nous sommes conscients qu’il y a de plus en plus de migrants qui gagnent la France et qui s’installent à Paris. Mais on ne s’attendait pas à se faire arrêter ou battre par la police de la sorte, déplore-t-il. Au moins ici, nous sommes bien traités. » Une organisation dans l’urgence Ce lieu, c’est l’association du Bois-Dormoy qui l’a fourni. « Ils s’étaient fait expulser l’après-midi et se retrouvaient en pleine nuit sans aucun endroit où dormir », explique le président de l’association, Thomas Augais. Après avoir reçu un appel lui demandant son aide vers 1 heure du matin, il décide d’ouvrir les portes. Rapidement, la solidarité s’organise. Riverains, militants, pour la plupart d’extrême gauche ou écologistes, et des membres associatifs viennent apporter leur aide ou faire des dons de nourriture, de vêtements, de couvertures… Alors qu’il se trouvait encore quelques jours plus tôt sous le métro dans le quartier de La Chapelle, Djamel apprécie l’endroit. « On se sent mieux ici, confie ce jeune Algérien. On se sent à l’abri car c’est un peu caché. Et puis la police ne vient pas ici. » Mercredi, devant l’entrée du bois, des bénévoles confectionnent des sandwichs au poulet ou au thon pour le déjeuner. Biko croque dans l’un d’eux, affichant un large sourire. Presque un réconfort pour ce jeune homme de 22 ans, dont le corps témoigne des sévices subis au Soudan, son pays d’origine. De deux doigts, il baisse le col de sa chemise, laissant entrevoir une large balafre dans le cou. Une fois le sandwich avalé, le contentement laisse place à l’amertume. « En arrivant en France, je n’étais pas seulement à la recherche d’un toit, mais de paix et de liberté. Aujourd’hui, je me rends compte, que même ici, nous ne sommes pas considérés. » « Inaction des pouvoirs publics » et des associations Les migrants ne sont pas les seuls à ne pas se sentir considérés. L’association, les bénévoles, les riverains, les militants et responsables politiques regrettent « l’inaction des pouvoirs publics ». « Les bénévoles et les riverains sont en train de faire un travail qui n’est pas le leur. Il faut que la ville fournisse une structure temporaire qui soit plus adaptée, comme un gymnase ou une école, assène la conseillère (PCF) de Paris Emmanuelle Becker. En plus d’être brutale et inhumaine, l’intervention de lundi était inutile. Au final, les migrants sont simplement passés d’une situation précaire à une autre. » La secrétaire générale de l’association du Bois-Dormoy, Agathe Ferin-Mercury, admet être dépassée par les événements. « Nous ne sommes pas des professionnels de l’humanitaire. D’habitude, nous faisons ici un jardin partagé, concède-t-elle, l’air fatigué. Au lieu de compter sur la solidarité des autres, il faudrait que la mairie fasse quelque chose très rapidement. » Avec une toilette sèche pour près de cent cinquante personnes, environ cinquante cas de gales répertoriés, une infirmière à mi-temps et son stock de médicaments de base « fournis par la pharmacie du coin », la question sanitaire commence à devenir préoccupante. D’autant plus que l’ONG Médecins du monde ne s’est toujours pas manifestée sur place. Une situation qui agace passablement une bénévole. « On a dû contacter nous-mêmes les associations, qui ne viennent pas d’elles-mêmes. Hier soir, on cherchait encore des couvertures pour les migrants. Ce sont des conditions indignes. » Benjamin Derveaux
"2015-11-06T00:00:00"
immigration-et-diversite
https://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/11/dans-le-jardin-du-bois-dormoy-une-solidarite-precaire-pour-les-migrants-de-la-chapelle_4651856_1654200.html
Armes à feu : un compromis trouvé au Congrès américain
L'accord entre démocrates et républicains, qui reprend une partie des propositions d'Obama sur le contrôle des armes à feu, sera soumis jeudi au vote du Sénat.
Une partie des propositions de Barack Obama sur le contrôle des armes à feu pourrait être adoptée dans le cadre d'un projet de loi au Sénat. REUTERS/JOSHUA LOTT Un compromis a été conclu, mercredi 10 avril, entre démocrates et républicains sur l'extension des vérifications d'antécédents avant les achats d'arme, une mesure promue par le président Barack Obama. L'accord, annoncé par le sénateur démocrate Joe Manchin et son collègue républicain Pat Toomey, pourrait relancer les perspectives d'adoption par le Sénat d'une partie au moins des propositions du président Barack Obama sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. L'accord doit être soumis au vote du Sénat jeudi 11 avril, mais il ne s'agit que de la première étape d'un parcours législatif jonché d'obstacles. Selon le site Politico, le texte mis au point par les négociateurs démocrates et républicains rendra obligatoires les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques pour toutes les ventes d'armes dites "commerciales". Actuellement, ces vérifications ne sont obligatoires au niveau national que pour les vendeurs professionnels. Les foires, ventes occasionnelles en ligne ou de particulier à particulier n'étaient pas concernées par la loi actuelle, sauf dans quelques Etats qui ont mis en place leur propre législation. En revanche, le compromis ne concernerait pas les transferts d'arme entre amis ou au sein d'une famille. UNE MESURE PLÉBISCITÉE PAR LES AMÉRICAINS Contraint d'abandonner son projet d'interdire les armes semi-automatiques, Barack Obama avait fait pression sur les républicains pour faire adopter ce "background check", plébiscité par neuf Américains sur dix. Il avait menacé ses adversaires politiques de leur faire porter la responsabilité d'un éventuel échec.
"2013-10-04T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/04/10/armes-a-feu-un-compromis-trouve-au-congres-americain_3157511_3222.html
Le « mur des cons », un procès anachronique et hors sujet
L’audience a tourné au dialogue de sourds entre les deux parties qui semblaient comme figées dans le temps où Nicolas Sarkozy était au pouvoir. La relaxe a été requise.
L’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM), Françoise Martres, à Paris en octobre 2015. PATRICK KOVARIK / AFP Le procès du « mur des cons » s’est achevé, vendredi 7 décembre, par des réquisitions de relaxe en faveur de Françoise Martres, poursuivie pour « injures publiques » ès qualités d’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM). Conformément à la position du parquet tout au long de l’instruction, le procureur Yves Badorc a considéré qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre la prévenue au motif que le local syndical dans lequel était affiché le fameux panneau n’était pas un « lieu public ». En outre, a-t-il observé, le délit reproché à Françoise Martres, s’il devait finalement être retenu par le tribunal, tomberait sous le coup de la prescription prévue par la loi de 1881 sur la presse. Cette position n’est évidemment pas partagée par les parties civiles, qui estiment au contraire qu’en recevant dans ses locaux syndicaux le journaliste Clément Weill-Raynal, auteur de la vidéo clandestine qui a révélé l’existence de ce « mur des cons », l’ex-présidente Françoise Martres avait rendu le lieu « provisoirement public ». Me Basile Ader qui, avec son confrère Me Jean-Yves Le Borgne, représentait neuf parlementaires de droite épinglés sur le panneau, a toutefois suggéré au tribunal, s’il ne le suivait pas sur cette notion de « publicité », de requalifier les « injures publiques » en « injures privées ». De délit, les faits reprochés à Mme Martres deviendraient alors une simple contravention, relevant du tribunal de police. Indifférence Voilà, résumé à grands traits, le débat juridique que va devoir trancher le tribunal. Reste une question : à quoi diable a servi ce procès qui a occupé pendant quatre jours la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris ? Le temps écoulé – cinq ans – entre la révélation, par le biais de la vidéo sur le site Atlantico, de l’existence de ce « mur des cons » dans les locaux du SM et l’avènement du procès, a largement contribué à l’indifférence dans laquelle il s’est tenu. L’actualité sociale brûlante de cette première semaine de décembre a ajouté au désintérêt. Mais il n’y a pas que cela. Ces quatre jours de débats sont apparus à la fois anachroniques et hors sujet. Conscientes de la fragilité juridique de leurs plaintes, les parties civiles ont tenté de se servir de cette audience comme d’une tribune contre le syndicalisme des magistrats. La défense du SM s’est efforcée, pour sa part, de corriger l’effet déplorable suscité dans l’opinion par l’existence du « mur » en faisant citer à la barre une multitude de témoins venus raconter l’épopée combattante de ce syndicat ancré à gauche. Un dialogue de sourds entre deux parties qui semblaient comme figées dans le temps où Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur, puis président de la République, et qui avait donné lieu à de multiples tensions entre l’exécutif et les juges. Mais les alternances présidentielles intervenues depuis cette époque ont éloigné du pouvoir plusieurs des personnalités politiques épinglées qui se sont constituées parties civiles et se sont d’ailleurs contentées d’être représentées à l’audience par leurs avocats. Quant aux heures glorieuses du SM que les témoins ont voulu ressusciter, elles remontent à plus loin encore et une audience correctionnelle n’est pas destinée à devenir un colloque historique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tempête autour du "mur des cons" du Syndicat de la magistrature « C’est la mémoire de ma fille qu’on insulte » Surtout, tout cela a buté sur la seule vraie trace laissée par cette affaire dans l’opinion publique : la présence, sur ce « mur des cons », des visages de Jean-Pierre Escarfail et de Philippe Schmitt, pères de deux jeunes filles assassinées. « A travers ce comportement, c’est la mémoire de ma fille qu’on insulte », a déclaré à la barre le père d’Anne-Lorraine Schmitt, une étudiante de 23 ans tuée de trente-quatre coups de couteau un dimanche de novembre 2007 dans le RER D par un délinquant sexuel récidiviste – condamné depuis à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. Un « mépris » et une « faute d’éthique » que les excuses renouvelées de Françoise Martres à l’audience n’ont pas effacés, pour Philippe Schmitt. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès du « mur des cons » : le rude moment de l’ex-présidente du Syndicat de la magistrature Vendredi 7 décembre, le père d’Anne-Lorraine Schmitt a quitté bruyamment la salle, suivi de son épouse, quand le procureur a annoncé son intention de demander la relaxe de la prévenue. Le jugement a été mis en délibéré au 31 janvier 2019.
"2018-08-12T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/08/le-mur-des-cons-un-proces-anachronique-et-hors-sujet_5394357_1653578.html
Les armateurs grecs cèdent sur leurs avantages fiscaux
L'association des armateurs grecs versera un impôt volontaire pendant trois ans. Il pourrait rapporter jusqu'à 140 millions d'euros par an aux caisses de l'Etat.
Sur le petit millier d'armateurs que compte la Grèce, 441 sociétés – contrôlant 2 769 bateaux – ont pour l'instant consenti à verser cet impôt, selon un communiqué du gouvernement. AFP/YIORGOS CHRISTAKIS La communauté des armateurs grecs, très critiquée pour les avantages fiscaux dont elle bénéficie en Grèce alors que le reste du pays ploie sous les impôts, a confirmé qu'elle apporterait sa contribution au sauvetage financier de l'Etat grec en versant un impôt volontaire pendant trois ans. L'association des armateurs grecs a signé jeudi 18 juillet un accord avec le premier ministre Antonis Samaras qui, selon le gouvernement, devrait apporter 75 millions d'euros par an aux caisses de l'Etat, et possiblement aller jusqu'à 140 millions. Face au président de l'association, Theodoros Veniamis, et après des mois de discussion, M. Samaras a jugé cet accord "réellement émouvant". L'ESSENTIEL DE LA FLOTTE IMMATRICULÉE À L'ÉTRANGER Sur un total de 2 769 bateaux, 441 sociétés verseront l'impôt ; ce qui couvre environ 90 % de bâtiments sous pavillon grec et 65 % de bâtiments sous pavillon étranger. Le secteur de la marine marchande représente plus de 48 % de la balance des paiements du pays, suivi par le tourisme. Mais les armateurs grecs, dont l'essentiel de la flotte est immatriculée à l'étranger (seulement un tiers des bateaux détenus par ces armateurs flottent sous pavillon national), bénéficient dans la Constitution d'un statut d'exemption fiscale. Depuis son élection en juin 2012, dans une ambiance de panique mondiale sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, le premier ministre conservateur Antonis Samaras a convaincu les armateurs de participer exceptionnellement à l'effort national, en versant une taxe, y compris sur leurs navires flottant sous pavillon étranger, qui sont bien souvent des paradis fiscaux.
"2013-07-19T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/19/les-armateurs-grecs-cedent-sur-leurs-avantages-fiscaux_3450191_3234.html
Des portiques de sécurité dans les lycées en Auvergne - Rhône-Alpes
Le nouveau président de la région, Laurent Wauquiez (LR), veut expérimenter le système dans une quinzaine de lycées « sous un délai d’un mois et demi-deux mois ».
Laurent Wauquiez, le 4 janvier, lors de son élection à la présidence du conseil régional Auvergne - Rhône-Alpes. PHILIPPE DESMAZES / AFP Des portiques de sécurité vont être installés dans une quinzaine de lycées d’Auvergne - Rhône-Alpes dans le cadre d’une expérimentation qui doit être généralisée à tous les établissements de la région avant la fin de 2016, a annoncé jeudi 21 janvier son président, Laurent Wauquiez. Il s’agit d’une promesse de campagne de M. Wauquiez, également numéro 2 du parti Les Républicains, et vainqueur de l’élection régionale en décembre 2015. « L’objectif est d’apporter plus de sécurité dans nos lycées car, aujourd’hui, on a des lycées qui ne sont absolument pas protégés », a déclaré à l’AFP M. Wauquiez après avoir visité un établissement de Moirans (Isère). Il souhaite une mise en place rapide, « sous un délai d’un mois et demi-deux mois ». Le lycée de Moirans, qui sera établissement pilote, sera équipé avec « un système de portiques et badges pour s’assurer que n’importe qui ne puisse pas rentrer ». Le coût serait d’environ 100 000 euros. « Lutte contre le terrorisme » Dans un « délai d’un an », le nouveau président de la deuxième région de France souhaite « lancer la protection de la quasi-totalité des lycées de la région » avec pour objectifs la « lutte contre le trafic de drogue », la lutte contre « les intrusions d’armes à feu » ou d’éléments extérieurs, et la « protection dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ». Le coût estimé de cette mesure est de 20 millions d’euros, a précisé M. Wauquiez. Lire aussi Laurent Wauquiez, la victoire de la droite autoritaire L’installation de portiques n’est pas inédite en France. Un premier lycée a été équipé en 2008 au Lamentin, en Guadeloupe. En 2009, le ministre de l’éducation nationale d’alors, Xavier Darcos, avait déclenché une polémique en proposant l’extension de leur mise en place après qu’une enseignante avait été poignardée à Toulouse. Evoqués à plusieurs reprises après des faits divers en milieu scolaire, ils n’ont toutefois jamais été généralisés pour des raisons de coût et d’application pratique (temps de contrôle à l’entrée de l’établissement trop important). A Nice, le maire Christian Estrosi avait ainsi financé l’achat de deux portiques en 2009. L’année suivante, ils n’avaient toujours pas été utilisés.
"2016-01-21T00:00:00"
education
https://www.lemonde.fr/education/article/2016/01/21/des-portiques-de-securite-dans-les-lycees-en-auvergne-rhone-alpes_4851495_1473685.html
"""Les enseignements scientifiques sont bien majoritaires en S"""
En réponse à l'appel de scientifiques contre la réforme du lycée, le ministre de l'éducation invite les professeurs de sciences "à s'emparer des nouveaux espaces pédagogiques mis à leur disposition".
Luc Chatel, le 30 août 2010 au ministère de l'éducation nationale. AFP/BERTRAND GUAY Sollicité par Le Monde, le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, répond aux signataires de la pétition (ici en PDF) intitulée "La France a besoin de scientifiques", dans laquelle ils s'insurgent contre la baisse des enseignements scientifiques au lycée. "La série S reste bien scientifique : désormais, l'emploi du temps des élèves est formé de 39 % à 46 % d'enseignements scientifiques en classe de première, de 66 % en terminale, soit de 53 % à 56 % sur le cycle première-terminale. Les enseignements scientifiques sont donc bien majoritaires en S. La nouvelle organisation pédagogique se caractérise par une progressivité de la spécialisation scientifique au cours du cycle terminal. Elle s'inscrit en cela dans l'économie générale de la réforme du lycée qui vise à une meilleure préparation à l'enseignement supérieur, grâce à une orientation progressive et réversible, et grâce aussi à un accompagnement personnalisé de chaque élève au cours de sa scolarité. Si l'on ne regarde que l'enseignement des mathématiques, la réforme se traduit tout juste par 3 % de cours en moins sur l'ensemble du parcours de l'élève, de la seconde à la terminale. Mais il n'est pas pertinent d'évaluer l'ambition scientifique du nouveau lycée à l'aune des seules heures d'enseignements disciplinaires. Ce serait méconnaître les innovations pédagogiques majeures de la réforme. En effet, le nouvel enseignement d'exploration "méthodes et pratiques scientifiques" en classe de seconde, l'accompagnement personnalisé de deux heures par semaine pour chaque élève contribueront puissamment à la formation scientifique de nos élèves. Sans oublier les travaux personnels encadrés qui sont maintenus. Au total, ce sont près de 3 heures hebdomadaires qui peuvent être investies, de la seconde à la terminale, par les mathématiques et les sciences au bénéfice des élèves. Les professeurs de mathématiques, et plus largement de sciences, sont invités à s'emparer de ces nouveaux espaces pédagogiques qui sont mis à leur disposition. Avant la fin de l'année 2010, j'irai à la rencontre de la communauté scientifique pour présenter un plan ambitieux destiné à promouvoir les sciences et les technologies à tous les niveaux de la scolarité. Ce sera l'occasion de se rassembler pour réussir l'ambitieuse réforme du lycée, stimuler le goût des sciences et conduire davantage d'élèves vers les carrières scientifiques et techniques." Luc Chatel
"2010-04-11T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/04/luc-chatel-les-enseignements-scientifiques-sont-bien-majoritaires-en-s_1435243_3224.html
Linky en questions : le compteur électrique est-il un espion ?
La généralisation des compteurs d’électricité connectés suscite craintes et interrogations. Nos lecteurs s’inquiètent du devenir des données collectées.
Cet article a été réalisé à partir des questions posées par nos lecteurs sur le compteur connecté Linky, qui doit être déployé par Enedis dans l’ensemble des foyers français d’ici à 2021. Les données collectées sont-elles anonymisées et sécurisées ? OUI Question de Cazil558 : « Recueil de données : 1. Par qui (sous-traitance ? Où sont-elles stockées ? Sécurisation ? Anonymat ?) 2. A quelles fins ? (réévaluation des contrats… Revente de données à des tiers pour ciblage marketing ?) » Le principe du compteur communiquant Linky, par rapport aux compteurs mécaniques classiques, réside dans la possibilité de relever à distance les données de consommation d’un foyer, pour gérer l’abonnement et faciliter la facturation. Pour cela, le gestionnaire du réseau, Enedis, recueille les informations de consommation du foyer et le transmet à un concentrateur, hors du logement, par le biais du courant porteur en ligne (CPL). Ce dernier renvoie les informations vers les systèmes de gestion par le réseau de téléphonie mobile (GPRS). Les processus de recueil de données et leur transmission ont été validés par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Aucune information personnelle (nom, adresse ou numéro de téléphone) n’est transmise. Les données de consommation des utilisateurs sont envoyées de manière cryptée vers les fournisseurs d’énergie, une fois par jour ou plus souvent, seulement si le consommateur y consent explicitement. Elles peuvent aussi être mises à disposition des collectivités locales, ou utilisées en open data pour mieux connaître ou maîtriser la consommation, toujours avec l’accord de l’utilisateur. Dans ce cas, la Commission nationale pour l’informatique et les libertés (CNIL) veille au respect de l’anonymat. Par exemple, les données sont cumulées dans le temps et les informations géographiques fines sont agrégées par bâtiments ou îlots d’au moins onze foyers, comme pour les données de l’Insee, afin d’éviter qu’un consommateur ne puisse être identifié a posteriori. Le compteur peut-il se faire pirater ? PEU PROBABLE Plusieurs lecteurs s’inquiètent du risque de prise en main à distance d’un compteur communiquant. Deux types de craintes sont identifiés : « Le risque de cybercriminalité, de black-out total de la distribution d’électricité. Car les Linky et les concentrateurs sont des ordinateurs connectés et donc piratables. » « La possibilité donnée aux employés du distributeur de connaître mes horaires d’absence grâce au relevé de ma consommation d’électricité en temps réel, et donc d’informer un réseau de cambrioleurs. » Il est difficile de répondre de manière définitive à ces questions de sécurité, car les techniques de piratage évoluent rapidement. « Nous n’avons pas encore subi la moindre attaque sur ces matériels, ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’aucune ne surviendra dans l’avenir », a ainsi indiqué Bernard Lassus, porte-parole d’Enedis, lors d’une table ronde organisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) en décembre 2017. Enedis a effectué une analyse de risque avec l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information, et des précautions ont été prises à tous les niveaux, comme le détaille M. Lassus : le compteur lui-même « a été certifié par l’Anssi, qui vérifie la question du hackage (piratage) physique » ; les données transmises entre le compteur et le concentrateur sont cryptées. Elles ne contiennent pas d’informations personnelles, hormis la localisation et les niveaux de consommation ; dans les concentrateurs se trouve un « secure element » (dispositif de sécurité), pour protéger l’ensemble du dispositif et éviter toute attaque vers le système d’information, avec des mémoires qui s’effacent en cas de détection d’intrusion ; quant au système d’information, qui est l’élément le plus crucial, il se situe dans des locaux totalement sécurisés, « sur le modèle du domaine du nucléaire », selon le porte-parole d’Enedis. Ces mesures de sécurité, en particulier l’anonymisation des données, empêchent un simple employé de connaître les informations de consommation et donc « d’informer un réseau de cambrioleurs ». Il existe probablement des manières plus simples pour un voleur de s’assurer de la présence ou de l’absence d’une personne à son domicile. En revanche, le hacking à grande échelle n’est pas exclu. Un des risques identifiés par l’Anssi serait qu’un grand nombre de compteurs soient éteints en même temps, privant d’électricité les foyers concernés, ce qui pourrait créer un « excédent d’énergie et, sans doute, une rupture du réseau quelque part », comme l’a détaillé Guillaume Poupard, directeur de l’Anssi, au magazine spécialisé Zone militaire. « Les produits certifiés nous semblent atteindre un niveau satisfaisant – même si rien n’est jamais sûr à 100 % – compte tenu des risques identifiés », conclut-il. Linky peut-il savoir quels appareils électriques j’utilise ? NON Question de Philippe N. Coulon : « Il est possible avec des relevés fréquents de faire une liste des appareils électriques possédés et de leur utilisation, présence ou absence du domicile… » Par défaut, le compteur enregistre en local la « courbe de charge », c’est-à-dire la variation de l’électricité consommée dans la journée, mais ne transmet le relevé de consommation qu’une fois par jour au gestionnaire du réseau. La Ligue des droits de l’homme (LDH) avait dénoncé en avril 2016 un compteur « très bavard » en expliquant que « le transfert des données détaillées sur la consommation d’énergie (par exemple toutes les dix minutes) permet notamment d’identifier les heures de lever et de coucher, les heures ou périodes d’absence, ou encore, sous certaines conditions, le volume d’eau chaude consommée par jour, le nombre de personnes présentes dans le logement, etc. » Mais la LDH avait ensuite tempéré son accusation, après avoir vérifié que ce niveau de précision ne peut être atteint qu’à la condition que le client consente à cette transmission, en ouvrant un espace personnel sécurisé sur le site d’Enedis. De plus, cette courbe de charge n’est pas enregistrée en temps réel mais par tranches (appelées des « pas de mesure ») qui ne doivent pas être inférieures à dix minutes. Actuellement, Linky est même moins précis car il mesure la consommation toutes les trente minutes. Si l’utilisateur donne son accord, Enedis ou les fournisseurs d’énergie peuvent donc connaître les habitudes de lever, de coucher du foyer ou les pics d’utilisation d’électricité, à une demi-heure près. Quant à savoir précisément quelle personne entre ou sort du domicile, ou quel type d’appareil est utilisé (four, frigo, télé…), cela reste techniquement impossible. Peut-on refuser la transmission de ses données ? OUI Question de Souf95 : « Ma principale préoccupation porte sur les données. Je ne souhaite pas que mes données de consommation en temps réel soient enregistrées. On combat l’usage des données par les GAFA mais Enedis veut faire la même chose sans notre consentement. Dans le cadre du RGPD, puis-je refuser que mes données de consommation soient recueillies en temps réel ? » Avant l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD), Linky était déjà soumis aux obligations du code de l’énergie, qui encadre la transmission de données. Comme l’explique la CNIL, Linky ne transmet par défaut qu’un relevé journalier et donc aucune information en temps réél. Pour collecter les données fines (par heure ou demi-heure), il faut obtenir le consentement explicite de l’usager. Seule exception : des mesures peuvent être réalisées de manière ponctuelle pour que le gestionnaire du réseau puisse effectuer des missions d’entretien, ou intégrer des énergies renouvelables au bon moment par exemple. Un usager peut choisir d’enregistrer ses données uniquement en local, dans le compteur lui-même, pour connaître l’historique de sa « courbe de charge » sans en autoriser la transmission au réseau ou à des tiers, ou même choisir. Il peut aussi refuser tout stockage de ses données, ou effacer son historique, par exemple avant un déménagement. A tout moment, il est possible, via un espace Internet sécurisé, de revenir en arrière et de changer ses paramètres de confidentialité. Si le cadre théorique est très protecteur, la réalité est moins évidente. Direct Energie a ainsi été mis en demeure en mars 2018 par la CNIL pour ne pas avoir recueilli le consentement de ses clients de manière « libre, éclairée et explicite ». En effet, les fournisseurs d’électricité peuvent inciter fortement les clients à transmettre leurs données, en leur proposant des réductions ou des contrats financièrement intéressants. Linky est-il doté d’une caméra espion ? NON Question de Teresa Murtagh : « Linky comporterait une caméra qui photographierait l’intérieur des maisons. » Le site parodique Scienceinfo l’assure dans un article daté de mai 2016 : le compteur Linky « dissimule en face avant une caméra espion grand angle pouvant envoyer sur le réseau du fournisseur d’énergie toutes les images recueillies dans le logement où l’appareil est installé ». C’est évidemment un canular. Selon le site, l’usage de cette caméra serait activé seulement « sur commission rogatoire placée sous la tutelle du ministère de la justice, mais la mise en place de l’état d’urgence laisse entrevoir des situations plus inquiétantes où les intrusions dans notre vie privée se feront sans aucun contrôle ». Ces informations très inquiétantes pour la vie privée s’accompagnent d’une photo montrant l’emplacement de la caméra, sur la façade du boîtier vert. Ce hoax a très bien fonctionné, puisqu’en 2018, il est toujours partagé par des internautes. Scienceinfo est un site satirique répertorié dans le Décodex, qui se targue de publier « des informations totalement fausses, voire archifausses et en plus, même pas vraies »… simplement pour rire et inciter les lecteurs à prendre plus de recul sur les informations pseudoscientifiques véhiculées sur Internet. Peut-on dérégler le compteur Linky avec un aimant ? NON Question de Hugo : « Est-il vraiment possible de pirater un compteur Linky avec un aimant ? » Derrière cette question, il n’est pas question d’un « piratage » délibéré pour récupérer des données ou d’un hacking malveillant réalisé par un terroriste, mais bien d’une vieille astuce utilisée pour réduire sa facture d’électricité. En effet, les anciens compteurs d’EDF, qui étaient mécaniques, fonctionnaient au moyen d’une roue dentelée, qui tournait en fonction de la consommation d’électricité. Pour réduire la facture, certaines personnes tentaient de dérégler ce système en « freinant » la rotation avec un puissant aimant proche du compteur, ou bien en introduisant un objet pour réduire la vitesse de la roue. Bien sûr, ces pratiques de fraude sont condamnables et peuvent se traduire par la suspension de l’abonnement et des poursuites pénales allant jusqu’à la prison. Les compteurs connectés ne fonctionnent pas de la même manière et ne peuvent plus être manipulés par ce type de bricolage. D’ailleurs, le simple fait d’ouvrir le boîtier de Linky déclenche une alerte envoyée à Enedis. La réduction des fraudes est une source d’économie pour le gestionnaire de réseau, qui évaluait en 2011 leur coût à 1,5 milliard d’euros.
"2018-10-23T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/23/linky-en-questions-le-compteur-electrique-est-il-un-espion_5373380_4355770.html
Les entreprises sous la contrainte juridique des droits de l’homme
La loi sur le « devoir de vigilance » des sociétés, en lecture au Sénat, reste en retrait des Principes directeurs de l’Organisation des Nations unies, plus sévères mais moins contraignants
par Stéphane Brabant Le Sénat s’apprête à examiner la proposition de loi « relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre » adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 30 mars. L’intention du législateur est louable, mais la proposition de loi s’éloigne malheureusement des « Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme », dont le législateur se réclame pourtant. Ces principes ont ouvert une voie nouvelle : le respect des droits de l’homme n’est plus une option pour les entreprises. Elles doivent éviter de causer et de contribuer à causer des incidences négatives sur les droits de l’homme, et y remédier lorsqu’elles se produisent. Elles doivent aussi s’efforcer de prévenir ou d’atténuer celles directement liées à leurs activités, produits ou services dans leurs relations commerciales, quand bien même elles n’auraient pas contribué à ces incidences. Les Principes directeurs, considérés comme du droit souple, guident ainsi les entreprises avec des outils tels que des procédures de diligence raisonnable, sachant qu’en cas de non-respect des droits de l’homme, elles s’exposent par ailleurs à des sanctions qui peuvent en revanche être dures (réputation, financements, continuité des activités, voire responsabilité civile et pénale). Une vigilance continue s’impose donc aux entreprises, d’autant que la société civile dispose de réels moyens de pression. La proposition de loi soumise au vote du Sénat prévoit l’établissement et la mise en œuvre effective, par les sociétés en France, d’un plan de vigilance pour identifier et prévenir la réalisation de risques d’atteintes aux droits de l’homme dans les activités des sociétés et de leurs sous-traitants ou fournisseurs, en France comme à l’international. La responsabilité civile des entreprises pourrait être engagée par toute personne justifiant d’un intérêt à agir (victime ou association), sans compter une possible amende civile pouvant aller jusqu’à dix millions d’euros. Mais contrairement aux Principes directeurs qui concernent toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, secteur d’activité, structure ou lieu d’implantation, la proposition ne vise que les « grandes entreprises », soit environ 150 entités qui, pour nombre d’entre elles, s’emploient déjà à appliquer ces principes. Le plan de vigilance prévu par la proposition de loi doit être établi par la société et comporter « les mesures de vigilance raisonnable propres à identifier et à prévenir la réalisation de risques d’atteintes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ». Rien d’autre n’est précisé. Au contraire, les Principes directeurs détaillent les « droits de l’homme internationalement reconnus » auxquels ils se réfèrent. Ils précisent en outre l’importance pour les entreprises de prendre en compte, dans leurs mesures de vigilance, l’ampleur, la portée et le caractère irrémédiable des atteintes ainsi que la vulnérabilité des populations.
"2015-11-13T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/17/les-entreprises-sous-la-contrainte-juridique-des-droits-de-l-homme_4812052_3232.html
L'Etat joue l'apaisement face aux victimes de Xynthia
L'Etat n'ordonnera pas la destruction des habitations situées dans les "zones noires" établies après le passage de la tempête Xynthia, le 28 février, en Vendée et en Charente-Maritime.
Des centaines d'habitants des Boucholeurs, village à cheval entre les communes d'Yves et Châtelaillon-Plage touché par les inondations provoquées par la tempête Xynthia, manifestent le 11 avril pour s'opposer à la destruction de leurs maisons. AFP/PIERRE ANDRIEU Le secrétaire d'Etat chargé du logement et de l'urbanisme, Benoist Apparu, a confirmé la décision du gouvernement, jeudi 3 juin, dans une interview au quotidien Le Parisien, mettant clairement fin, peut-on penser, à des mois de tergiversations et de confusion au cours desquels l'Etat est passé d'une intransigeance absolue à la conciliation. Au lendemain de la catastrophe, le chef de l'Etat avait exprimé sa volonté de ne pas laisser se réinstaller les victimes de la tempête dans des zones où elles seraient exposées à "un risque mortel". Le gouvernement avait alors présenté un zonage comprenant 1510 maisons devant être détruites. Le gouvernement avait été contraint d'agir vite "pour répondre aux attentes des élus locaux", explique le secrétaire d'Etat, mais ce premier zonage "ne peut en aucun cas, être considéré comme des zones de destruction massive", reconnaissant que "le terme de zone noire était inapproprié et incompris." ZONES DE SOLIDARITÉ D'ailleurs, il n'est plus question de parler de "zones noires" mais de "zones de solidarité" comme avait commencé de le suggérer, dès avril, le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, pour essayer de calmer la colère des sinistrés. "Les zones de solidarité apportent des droits et pas de contraintes", précise Franck Thiébaud, le porte-parole de Benoist Apparu, assurant que sur le fond "le gouvernement n'a jamais changé de stratégie." Plus de zones noires donc, et plus de destruction obligatoire non plus. Dans l'immédiat, du moins. Les services de l'Etat préparent un nouveau zonage à partir d'enquêtes de terrain plus poussées pour prendre en compte les multiples plaintes des habitants concernés. Le chiffre de 1510 habitations avancé initialement serait déjà passé à 1200 environ. Mais il faudra attendre l'automne pour connaître le tracé définitif du nouveau périmètre. "On ne part pas d'une feuille vierge, prévient cependant le ministère, les nouvelles zones de solidarité seront un ajustement des zones noires." PROCÉDURES D'ENTENTE AMIABLE Ensuite, devrait donc être lancée l'enquête d'utilité publique au terme de laquelle pourront être légalement prononcés des arrêtés d'expulsion. En attendant, les procédures d'entente amiable proposées par le gouvernement continuent. Les habitants des zones de "solidarité" qui le souhaitent peuvent se tourner vers l'Etat pour vendre leur maison. A ce jour, 412 maisons ont été visitées par les services de l'Etat en Charente-Maritime. Des propositions d'acquisition ont été faites pour 94 d'entre elles ; 29 ont été acceptées. En Vendée, 152 propositions ont été soumises sur 507 maisons visitées et 38 acceptées. Même si le gouvernement se défend de tout changement de pied, il est clair que la mobilisation croissante des habitants des communes sinistrées et de leurs élus l'a contraint à revenir en arrière. Vendredi 28 mai encore, deux députés de Charente-Maritime, membres de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la tempête Xynthia, avait demandé une audience au premier ministre, François Fillon, pour l'alerter sur "la gravité de la situation". Laurence Caramel
"2010-03-06T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/06/03/l-etat-joue-l-apaisement-face-aux-victimes-de-xynthia_1367071_3244.html
Les libéraux de l’UMP s’organisent en contrepoids à la «droite décomplexée»
Entre 80 et 100 parlementaires adhèrent à la motion conduite par MM.Raffarin et Chatel qui sera soumise au vote des militants lors du congrès de l'UMP fin novembre.
Jean-Pierre Raffarin, Jean-Francois Copé, François Fillon, Bernard Accoyer, Claude Guéant et Christian Jacob (de gauche à droite), lors d'un meeting à Paris, le 26 mai. AFP/THOMAS SAMSON La droite modérée s'organise. Mercredi 12 septembre, Jean-Pierre Raffarin, Luc Chatel, Marc-Philippe Daubresse, Jean Leonetti et Hervé Mariton devaient présenter à la presse leur motion intitulée "La France moderne et humaniste". Cette motion, qui sera soumise au vote des militants lors du congrès de l'UMP fin novembre, a pour but affiché de devenir le courant le plus important du parti – Jean-François Copé, le secrétaire général du mouvement a en effet promis d'appliquer enfin les statuts de l'UMP qui prévoient l'existence de courants. La motion rassemble des libéraux, des radicaux, des centristes et quelques gaullistes sociaux, comme Marie-Jo Zimmermann. Ces dernières années, les libéraux et les centristes de l'UMP ont eu le sentiment de n'être guère entendus, l'espace médiatique étant occupé par la bruyante Droite populaire, l'aile droite du parti. "Face à une droite décomplexée, nous voulons incarner une droite et un centre modérés", dit l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin au Monde. Le texte prône le libéralisme économique, une décentralisation accrue et une Europe forte "avec le sens de la mesure et le rejet des extrêmes". "Nous ne nous reconnaissons pas dans la circulaire sur les étudiants étrangers" de l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant, précisent les signataires. "VRAIE FAMILLE" Pour l'heure, cet engagement réunit entre 80 et 100 parlementaires, ce qui en fait la motion la plus largement soutenue par les élus de l'UMP. "Il n'était pas question de constituer une petite chapelle, ajoute M. Raffarin. Les humanistes doivent être une vraie famille politique, avec un président, un porte-parole. Nous voulons créer un mouvement dans le mouvement ; le travail ne fait que commencer." Mais la bataille pour imposer des courants est loin d'être gagnée. Comme en témoignent les positions des deux favoris à la future présidence de l'UMP : si M. Copé a donné son feu vert à l'expression de sensibilités, il se méfie de la création de partis dans le parti. François Fillon est, lui, encore plus réservé. Aucun des candidats ne s'est d'ailleurs inscrit sur une motion.
"2012-12-09T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/12/les-liberaux-de-l-ump-s-organisent-en-contrepoids-a-la-droite-decomplexee_1759033_823448.html
« Exit », la folie humaine en courbes et en chiffres
Conçue par Paul Virilio avec des artistes et des chercheurs, l’installation revient au Palais de Tokyo pour la COP21.
"Exit", Diller Scofidio + Renfro, Mark Hansen, Laura Kurgan et Ben Rubin, en collaboration avec Robert Gerard Pietrusko et Stewart Smith . LUC BOEGLY L’urbaniste et philosophe Paul Virilio s’est souvent penché sur les accidents. « Ce qui arrive » était le titre d’une exposition organisée à la Fondation Cartier en 2002, un an après l’attaque du World Trade Center de New York. Les œuvres représentaient des séries de désastres. Paul Virilio en concluait que l’accident était la face cachée du progrès. En 2008, la Fondation Cartier lui avait passé commande, en l’associant au photographe Raymond Depardon, pour monter l’exposition « Terre natale, ailleurs commence ici », qui montrait le désordre du monde et les risques encourus à ne pas soigner la planète mère. Paul Virilio y avait présenté Exit, une installation conçue avec les artistes et architectes new-yorkais Diller Scofidio + Renfro et des chercheurs américains. Exit est bâti sur un écran circulaire sur lequel défilent des cartes, des graphiques, des chiffres, des pixels, des courbes, le tout rythmé par le passage virtuel de la Terre, nimbée d’une atmosphère bleutée et parée du vert des forêts. C’est cette installation, rangée dans les collections de la Fondation Cartier après avoir été montrée à la Kunsthal Charlottenborg de Copenhague lors de la COP15 de 2009, puis à l’Alhondiga à Bilbao, en Espagne, qui est présentée au Palais de Tokyo à Paris dans une version actualisée. Exceptionnelle bande-son L’ouverture de la COP21, conférence internationale sur le climat, était une aubaine, et l’occasion d’une révision statistique. Guerres, migrations forcées, inégalités : rien ne s’est amélioré, au contraire. Paul Virilio, l’homme de l’esthétique de la disparition, 83 ans, n’y a pas ajouté de commentaires. Mais les cartographes, spécialistes du climat ou des cultures en danger, ont compulsé les données, et le résultat est imparable : nous courons à notre perte. Exit est une œuvre cartographique et sonore dédiée à la folie humaine. C’est une œuvre interactive, technologique, digitale, dont l’agencement finit par définir une esthétique. Les données statistiques « ont été recueillies par des experts à partir de diverses sources internationales, géocodées, traitées par un langage de programmation et traduites visuellement », explique le mode d’emploi. Cette fascinante traduction lui vaut de figurer dans des lieux d’art contemporain. C’est aussi une exceptionnelle bande-son, opposant le silence du monde et des forêts tropicales à l’agitation industrielle. Les pixels (un vert, dix réfugiés ; un rouge, dix déplacés internes) bruissent comme des abeilles, les cartes du réchauffement climatique frémissent, les masses d’argent expédiées à travers le monde sonnent et trébuchent, les langues s’entremêlent… Des bruits d’eau, du feu, des téléscripteurs, de la musique, des chants des Yawalapiti du Brésil. Tout signifie l’effervescence souterraine du monde.
"2015-11-29T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/11/30/exit-la-folie-humaine-en-courbes-et-en-chiffres_4820396_3246.html
On a testé… « The Evil Within 2 », le bel air de la peur
Le nouveau jeu d’horreur du créateur de « Resident Evil » n’est peut-être pas son titre le plus angoissant, mais propose une série de tableaux aussi gores qu’esthétisants.
Si l’appareil photo observe le joueur, c’est par les développeurs que le joueur, lui, se sent épié. Bethesda On ne peut pas reprocher au Japonais Shinji Mikami de s’être reposé sur ses lauriers. Créateur dans les années 1990 des séries horrifiques Dino Crisis et surtout Resident Evil, il a pris sur lui, en 2005, d’amener le plus célèbre des jeux de zombies vers l’action avec Resident Evil 4. Un sillon qu’il n’a ensuite cessé de creuser, toujours plus profondément, avec God Hand puis Vanquish. Et puis, il y a eu la création de son studio Tango Gameworks, sous l’égide de l’éditeur américain Bethesda. L’homme en avait fini, en apparence du moins, avec les expérimentations : son jeu suivant a été un retour aux sources, une sorte de nouveau Resident Evil 4, entre horreur hyper-référencée et action parcimonieuse. The Evil Within – c’est son nom – se voit aujourd’hui doté d’une suite, disponible depuis vendredi 13 octobre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Dans The Evil Within 2, Sebastian Castellanos n’en a pas terminé avec les ennuis. Trois ans après les événements de Beacon, hôpital cauchemardesque dans lequel il a failli perdre la raison et la vie, l’ex-flic, après avoir trouvé refuge dans un rade glauque, est en train de perdre pied au fond de son verre. C’est le moment que choisit une ancienne collègue pour le retrouver. Evidemment, elle a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que la fille de Castellanos, qu’il croyait morte, est bien en vie. La mauvaise, c’est qu’elle a disparu au cœur d’un « STEM ». Pour notre policier mal rasé, pas vraiment le choix : il faut replonger au cœur de cette machine diabolique, capable de connecter entre eux les esprits (et les cauchemars) de plusieurs cobayes déjà passablement cabossés du bulbe. Créatures impossibles Voilà pour le pitch. Le STEM, on l’aura deviné, c’est autant une machine un peu magique qu’un dispositif narratif définitivement pratique. Comme dans le premier épisode, c’est le prétexte parfait pour explorer les divers territoires de la peur. Dans la réalité virtuelle dégénérée qu’il renferme se cachent en effet les traumatismes, les souffrances de ceux qui y sont connectés – soit autant de raisons de s’accrocher fermement à sa manette. Comme le premier épisode, The Evil Within 2 est un jeu un peu foutraque, qui ne craint pas de faire se côtoyer phase d’action volontairement compliquée, où un héros un peu lourdaud tente de venir à bout de créatures impossibles, et des moments d’infiltration pure, course-poursuite renversée et ralentie durant lesquels il faut se faufiler hors de portée des ombres qui rôdent. Des corps rapiécés, des membres surnuméraires, des cheveux longs qui cachent les yeux : autant de classiques du cinéma d’horreur. Bethesda Surtout, The Evil Within 2 multiplie les idées de mise en scène plutôt bien vues. On croisera, pêle-mêle, des personnages statufiés, scènes d’horreur figées pour l’éternité ; des monstres gigantesques qui occupent tout le décor, se confondant avec lui ; des fragments de villes volants dans les cieux ; des cadavres rapiécés traînants à terre. Et tout un cortège d’hallucinations, de visions apocalyptiques, de perspectives trompeuses, de couloirs qui disparaissent, et de bonnes vieilles portes qui claquent. Des classiques de l’horreur, rarement inédits, mais distillés avec un sens certain de la mise en scène. Des séquences plus ouvertes Comme dans son prédécesseur, il y a donc un peu de tout dans The Evil Within 2. Alors, pour prévenir le risque de dispersion, les développeurs ont eu une idée pas idiote : agencer ces vignettes non plus, comme dans le premier épisode, à la façon d’un grand huit, mais plutôt comme une ville fantôme. Et sévèrement hantée. La ville d’Union est ainsi une petite bourgade typiquement américaine, avec son hôtel de ville, son dinner, son théâtre, ses entrepôts et ses quartiers résidentiels - si l’on oublie les corps mutilés de ses habitants devenus fous qui errent encore dans les rues. Un destin capricieux et des développeurs facétieux vont évidemment imposer à Sebastian Castellanos de multiples allers-retours dans ses ruelles sombres, lui ouvrant progressivement la voie vers de nouveaux quartiers. L’idée : donner, entre chaque mission, l’occasion au joueur de se décrasser un peu en se confrontant à des séquences d’infiltration plus ouvertes, et d’action plus musclée. Le premier adversaire de Sebastian se pique d’être un artiste. Bethesda Surtout, c’est l’occasion de faire dérailler un peu le train fantôme, en s’aventurant dans un garage mal fermé, en poussant une porte entrouverte. Il serait exagéré de dire que chaque maison réserve son lourd secret, mais l’on est surpris de la constance avec laquelle les volets des bicoques de The Evil Within 2 dissimulent de petits bouts d’histoire inédits, des flash-back angoissants, voire de véritables petits donjons avec monstres à affronter et surprises à la clé. Horreur luxueuse Passé à la moulinette Bethesda (Fallout, Skyrim), The Evil Within 2 est probablement le jeu récent qui se rapproche le plus d’un « survival horror » en monde ouvert. Un exercice délicat, à l’exécution globalement élégante mais pas non plus parfaite. Car en se décloisonnant, le jeu de Tango Gameworks semble renoncer à se faire oppressant, suffocant. Le malaise n’est pas loin, certes, mais ne s’impose jamais totalement. Et au final, c’est moins comme un survivant ou un père errant à la frontière de la folie qu’on le parcourt, que comme un esthète du gore, un appréciateur de l’art de l’horreur. Inventifs, ingénieux, luxueux même, ces sombres tableaux transportent plus qu’ils n’effraient, et c’est presque une jubilation retenue que l’on éprouve à visiter cette galerie sanguinolente à ciel ouvert. L’avis de Pixels On a aimé : Les missions principales variées et les tableaux gore qu’elles présentent Les balades en ville entre deux chapitres, et les surprises qu’elles réservent Des combats qui marchent bien, des phases d’infiltration où rien n’est pardonné On n’a pas aimé : Presque un peu foutraque Deux chapitres d’introduction assez linéaires et un peu en deçà C’est plutôt pour vous si… Vous cherchez une expérience autant horrifique qu’esthétisante Ce n’est plutôt pas pour vous si… Vous vous attendez à sauter de votre chaise toutes les trente secondes La note de Pixels 4 litres de sang sur 5
"2017-10-14T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/10/14/on-a-teste-the-evil-within-2-le-bel-air-de-la-peur_5200973_4408996.html
69, année héroïque
Comme beaucoup de chaînes françaises à l'approche de la présidentielle américaine, Histoire, la filiale de TF1, consacre une partie de sa programmation aux Etats-Unis.
Comme beaucoup de chaînes françaises à l'approche de la présidentielle américaine, Histoire, la filiale de TF1 (présidée par le très controversé Patrick Buisson, ancien conseiller de l'ex-président Sarkozy), consacre une partie de sa programmation aux Etats-Unis. Dans le cadre du "Cycle USA", se donnait, mardi 30 octobre, en première partie de soirée, Le Soulèvement de Stonewall (2010), un bon documentaire de David Heilbroner et Kate Davis pour la chaîne publique américaine PBS (un gage annoncé de qualité que confirmait cette diffusion). Lieu : le Stonewall Inn, un bar homosexuel, au croisement de la VIIe Avenue et de Christopher Street, épicentre, dans les années 1970, du quartier homosexuel de New York (il existe toujours, au même endroit, derrière sa façade de brique). Temps : 1969, riche en mouvements et événements libératoires et protestataires. Les Black Panthers sont à la "une" des journaux, notamment sous la plume de Tom Wolfe, qui raille, dans le New York Magazine du 8 juin, une soirée de soutien au mouvement chez le compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein ; le Festival de Woodstock se tient en août ; la comédie musicale Hair fait sensation et scandale à Broadway, tandis que la guerre du Vietnam et le mouvement Flower Power battent leur plein. Si l'époque connaît quelques gays célèbres et affichés (les écrivains Allen Ginsberg, Paul Goodman ou Ned Rorem, entre autres), les homosexuels "ordinaires" sont victimes de rafles et de campagnes de propagande mensongère. Car, il faut le rappeler, en 1969, un seul des Etats de l'Union, l'Illinois, ne faisait pas de l'homosexualité un délit passible de prison à vie, de traitements psychiatriques effrayants à l'hôpital d'Etat d'Atascadero, en Californie, surnommé le "Dachau des homosexuels", où se pratiquaient stérilisations, castrations et lobotomies au pic à glace (spécialité du tristement célèbre docteur Walter J. Freeman). Le 28 juin 1969, la rafle opérée par la police au Stonewall Inn est celle de trop. Au lieu de se laisser pour la énième fois disperser, arrêter ou matraquer, les clients du bar se rebellent, avec, à leur tête, une bande de travestis enragés qui parviennent à faire reculer la police. Une bagarre de quelques dizaines de participants (dont quelques-uns témoignent dans ce documentaire ainsi que deux policiers) devient, cette nuit-là et les deux qui suivirent, un énorme soulèvement, bientôt rejoint par d'autres représentants de minorités et des droits civiques qui défièrent les forces de l'ordre et exposèrent au grand jour ces persécutions de l'ombre. Un an plus tard exactement, la première Gay Pride était organisée à New York, et rien n'allait plus être comme avant : la honte divise, la fierté rassemble. Aujourd'hui, le New York Times publie, dans son édition de fin de semaine, des bans de mariage illustrés de photos de couples de personnes de même sexe, célébrés, entre autres, par le maire républicain de New York, Michael Bloomberg, qui en fit une cause personnelle ; en France, il est apparemment toujours urgent d'attendre. Renaud Machart, C'est à voir...
"2012-10-31T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/31/69-annee-heroique_1783727_3232.html
Le projet de TVA sociale inquiète dans les rangs de la majorité
Pour Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, le calendrier de la réforme est politiquement inopportun.
L'élu UMP Gilles Carrez estime que Jean-Marc Ayrault a pris une "bonne décision" en confirmant l'engagement du chantier du Grand Paris. AFP/Joël Saget La cacophonie est-elle en train de gagner la majorité sur la TVA sociale ? Certains ministres et députés UMP cachent de moins en moins leur scepticisme face à la réforme promise par Nicolas Sarkozy. Si ses contours doivent être dévoilés après le "sommet social" du 18 janvier, l'Elysée a laissé entendre que la réforme se concentrerait sur un abaissement des charges patronales uniquement, en partie compensé par une hausse de la TVA. Des modalités qui se traduiraient par une hausse des prix sans hausse des salaires, ce qui inquiète certains membres de la majorité en période électorale. BRUNO LE MAIRE "RÉSERVÉ" "Je suis un défenseur de l'allégement des charges qui pèsent sur le travail. Mais je reste réservé sur un transfert massif de charges sur le taux de TVA, car cela pèserait sur la consommation et donc le moteur économique du pays", a ainsi plaidé Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, lors d'un déplacement dans le Loiret, lundi 9 janvier. "Je soutiens l'initiative de Nicolas Sarkozy, mais on peut discuter des modalités", a-t-il affirmé. Au cabinet de Xavier Bertrand, ministre du travail et de l'emploi, historiquement hostile à la TVA sociale, on affirme que, si le ministre s'y est converti, il plaide toujours pour que le transfert ne se fasse pas uniquement vers la TVA et inclue potentiellement des cotisations salariales. Au ministère du travail, on se montre inquiet de l'état d'esprit des députés de la majorité et de leur disponibilité, à quelques mois des élections, à voter un relèvement massif de la TVA. Bercy, à l'inverse, milite pour une mesure simple et progressive qui concernerait a priori la seule TVA et pour une baisse du coût du travail, donc des seules charges patronales. DROIT DANS SES BOTTES Gilles Carrez, rapporteur général (UMP) de la commission des finances de l'Assemblée nationale, s'inquiète aussi, dans Les Echos du 10 janvier, de ce calendrier. "Sur le fond, la réforme est bonne", affirme le député du Val-de-Marne, mais "c'est typiquement une réforme de début de législature qui aurait eu toute sa place en 2007 dans la loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat [TEPA]". Un relèvement de la TVA à quelques mois des élections ne lui paraît pas opportun. "Souvenons-nous des législatives de 2007", glisse-t-il, en rappelant que la relative contre-performance de l'UMP avait alors été partiellement attribuée aux projets de TVA sociale, qui avaient été abandonnés. Le premier ministre est en tout cas resté droit dans ses bottes à l'occasion de ses vœux à la presse, lundi. "Si nous voulons vraiment être une terre de production, alors le calendrier importe peu", a plaidé François Fillon. EN FAVEUR DE L'EMPLOI Selon le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Ollier, deux projets de loi devraient être présentés en conseil des ministres après le sommet social. L'un, sous la forme d'un collectif budgétaire, portera sur les mesures de financement de la protection sociale, incluant le transfert sur la fiscalité d'une partie des charges sociales. Le ministre, refusant d'employer le terme de TVA sociale, a insisté sur le fait que la hausse de la TVA ne serait "pas la seule modalité de financement de la protection sociale". L'autre texte portera une série de mesures en faveur de l'emploi. Ces deux projets de loi seront immédiatement transmis au Parlement et examinés en procédure accélérée en vue de leur adoption définitive, avant la suspension des travaux parlementaires pour les campagnes présidentielle et législative. Compte tenu des délais de procédure incompressibles, le Parlement, qui devait au départ siéger jusqu'au 23février, devrait prolonger ses travaux jusqu'à début mars. La concertation avec les partenaires sociaux s'est poursuivie lundi. Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, a été reçu par M.Bertrand. Le même jour, François Hollande rencontrait FO, l'UNSA, Solidaires, la CFTC et la CGC. Jeudi, ce sera le tour de la CFDT et de la CGT. A chacun, le candidat socialiste a à nouveau promis d'abroger la TVA sociale si elle devait être votée avant la présidentielle. Jean-Baptiste Chastand et Patrick Roger
"2012-10-01T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/10/le-projet-de-tva-sociale-inquiete-dans-les-rangs-de-la-majorite_1627701_3234.html
Un motard des douanes meurt après une course-poursuite sur l'autoroute A10
Selon une source proche de l'enquête, l'accident s'est produit alors que le motard poursuivait le véhicule transportant une centaine de kilos de résine de cannabis.
L'agent douanier motocycliste grièvement blessé jeudi sur l'autoroute A10 entre Poitiers et Tours lors d'une course-poursuite avec un trafiquant de drogue est mort, indique, vendredi 25 mars, le maire de Vivonne, dans la Vienne, dont le douanier était conseiller municipal. "Un motard de la brigade des douanes de Poitiers a été renversé sur l'autoroute A10 vers 10 h 15 dans le sens province-Paris a l'entrée du département d'Indre-et-Loire, à hauteur de Nouâtre", indiquait, jeudi, le procureur de la République de Tours, Philippe Varin. "L'accident s'est produit alors que le motard était engagé dans une course-poursuite à la suite d'un contrôle volant", a-t-il souligné. Selon Edgar Perez, directeur du cabinet du préfet d'Indre-et-Loire, un des deux occupants du véhicule a pu être arrêté près de Maillé (Indre-et-Loire) tandis que l'autre a réussi à prendre la fuite. A la suite de l'accident, "les gendarmes ont surveillé la zone par hélicoptère et la voiture a été interceptée près de Maillé après s'être échappée [de l'autoroute] par une aire de service. Un des occupants a été interpellé et un second a pris la fuite" à pied, a-t-il précisé. Selon une source proche de l'enquête, l'accident s'est produit alors que le motard poursuivait le véhicule lancé à 200 km/h. "La voiture a freiné brusquement à cause de travaux et le motard a heurté le véhicule par l'arrière", a indiqué cette source, qui a ajouté que "100 kilos de résine de cannabis répartis dans plusieurs valises" avaient été trouvés à bord du véhicule. Le dossier a été confié à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris, a indiqué le parquet.
"2011-03-25T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/03/25/un-motard-des-douanes-meurt-apres-une-course-poursuite-sur-l-autoroute-a10_1498304_3224.html
Vodafone annonce un vaste plan social en Espagne
Le licenciement collectif auquel veut procéder le numéro un en Europe de la téléphonie mobile toucherait jusqu’à 1 300 personnes.
Vodafone Espagne a rapporté en avril un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros au cours de l’année fiscale 2013-2014 (avril-mars). TOBY MELVILLE / REUTERS Près de 20 % des effectifs de Vodafone pourraient être touchés par la procédure de licenciement collectif en Espagne. « Vodafone Espagne et Vodafone Ono ont fait part aux représentants des travailleurs de l’ouverture d’une procédure de licenciement collectif qui concernera au maximum 1 300 employés », sur les quelque 6 100 travaillant en Espagne, précise le communiqué du groupe. Des discussions se tiendront à partir du 1er septembre avec des représentants du personnel. Pour expliquer cette décision, le groupe britannique présent dans une vingtaine de pays évoque une baisse du chiffre d’affaires et de l’Ebitba (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) notamment, et les investissements importants réalisés « dans les réseaux de nouvelle génération ». Vodafone a finalisé en juillet 2014 le rachat du câblo-opérateur espagnol Ono, le premier réseau de fibre optique d’Espagne, pour 7,2 milliards d’euros. « Gagner en compétitivité » Après une alliance avec Orange pour investir 1 milliard d’euros dans le déploiement de la fibre optique en Espagne afin d’équiper 6 millions de foyers d’ici à 2017, Vodafone entendait se placer ainsi comme l’un des principaux acteurs de la recomposition du secteur du câble en Europe. Vodafone Espagne a rapporté en avril un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros au cours de l’année fiscale 2013-2014 (avril-mars). Les revenus pour ses services ont atteint 3,8 milliards, en baisse de 13,4 % par rapport au précédent exercice. Avec ce plan social, il cherche à « gagner en compétitivité », et à « dimensionner correctement la compagnie, dans un environnement très exigeant », selon le communiqué.
"2015-07-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/28/vodafone-annonce-un-vaste-plan-social-en-espagne_4702235_3234.html
Gloria Friedmann montre l’homme derrière la bête
Au Musée de la chasse et de la nature, « Tableaux vivants » interroge les rapports entre les animaux et les humains.
Pour atteindre « Tableaux vivants », l’exposition de Gloria Friedmann au Musée de la chasse et de la nature à Paris, il faut gagner le deuxième étage de l’hôtel de Guénégaud et voir en chemin une troupe d’animaux naturalisés. A cet étage, on est accueilli par deux gorilles empaillés, arrangés de manière à paraître vivants. Ils ont été tués pour permettre cette fiction, le plaisir ou l’effroi des visiteurs. Les fauves et les cerfs qui font semblant de rugir ou de bramer dans les autres salles ont été de même victimes de la toute-puissance humaine, qui s’exerce jusqu’à l’extinction de nombreuses espèces. Cette toute-puissance ravageuse est le sujet de la plupart des œuvres récentes de Gloria Friedmann, qui, née en Allemagne en 1950 et venue en France en 1977, vit et travaille depuis longtemps en Bourgogne. Au Musée Bourdelle en 2008, à la Fondation Maeght en 2013, la question était déjà présente. Ici, elle devient centrale, ce qui est logique étant donné les lieux et leur destination. Gloria Friedmann dessine et peint d’une manière qui fait songer aux tracés découverts dans des grottes habitées aux temps paléolithiques Il y a là la collection complète des vidéos des performances que Gloria Friedmann a réalisées depuis les années 1990, des peintures, une installation et quelques œuvres qui relèvent de la sculpture, quoique d’une façon particulière puisque le miroir en est l’un des éléments essentiels. Les scènes qui passent en boucle sur les écrans sont toutes sous les signes de l’incongruité et de l’absurdité. Des couples en costume bavarois dansent parmi des vaches qui portent sur leurs flancs les mots Nikkei, Dow Jones, CAC 40 et autres indices boursiers. Un cortège de cavaliers aux vestes rouges, aux montures magnifiques et au pas parfaitement réglé sinue entre les énormes bâtiments d’une mine. Deux hommes jouent aux échecs sur fond de centrale nucléaire, des dindons autour d’eux. Un taureau vivant est introduit au Musée d’art moderne de la Ville de Paris – en 1994 – et s’agite quand un boucher, à quelques mètres, découpe en professionnel méthodique la carcasse d’un autre bœuf. Les scènes sont filmées avec une neutralité de documentaire, alors que ce sont des fables qui font rire, pour certaines, et créent le malaise, pour d’autres – particulièrement la dernière citée, qui rappelle tant d’affaires d’abattoirs. Leur font face des peintures toutes récentes : chiens, rats ou singes indiqués en peu de lignes dans une couleur de cendre. Vivants ou rêvés, spectres ou momies ? Depuis quelques années, Gloria Friedmann dessine et peint de cette manière, qui fait songer aux tracés au doigt dans l’argile découverts dans des grottes habitées aux temps paléolithiques. On y songe d’autant plus que deux crânes sont fixés à un mur, celui d’un homme et celui d’un grand singe. Ils sont d’une blancheur de laboratoire, mais des miroirs ont été placés dans leurs orbites. Ainsi peut-on se voir dans leurs yeux morts. Quant à la proximité de l’humain et du simiesque, elle rappelle que le sapiens sapiens est un mammifère bipède qui a réussi à s’adapter aux variations climatiques et à inventer des moyens pour assurer sa survie. Posé près des crânes, un grand miroir porte ce seul mot, en capitales sablées : NATURE. Mais que voient les visiteurs dans cette glace, sinon eux-mêmes, bien loin de l’état de nature ?
"2016-12-23T00:00:00"
arts
https://www.lemonde.fr/arts/article/2016/12/23/gloria-friedmann-montre-l-homme-derriere-la-bete_5053264_1655012.html
Alain Bergounioux : « Manuel Valls, le candidat de la gauche réaliste »
L’ancien premier ministre est l’héritier de ce que le Parti socialiste a acquis difficilement, une culture de gouverement. La finalité de cette primaire est de rendre possible une action présidentielle
Manuel Valls lors du débat de mercredi. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Par Alain Bergounioux, historien et président de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS) Pour la « vieille maison »… Cette ancienne parole de Léon Blum, en 1920, lors de la grande scission du congrès de Tours, en 1920, peut trouver un certain écho aujourd’hui. Beaucoup s’empressent, en effet, d’enterrer le Parti socialiste. Pour la droite, on le comprend, la disparition du PS serait l’assurance d’avoir face à elle une gauche profondément divisée pour longtemps. Pour Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, unis sur ce seul point, leurs intérêts immédiats les poussent dans le même sens. Et, disons-le, nombre d’intellectuels, dans ce pays, depuis longtemps, n’ont jamais aimé les voies moyennes qui tentent de réduire les contradictions de la réalité. Se trompent-ils pour autant ? Pour répondre, il ne faut pas commenter la seule conjoncture présente. Les difficultés du Parti socialiste sont évidentes. Mais elles ne sont pas nouvelles. Ce parti a failli disparaître à de nombreuses reprises, en 1920, en 1940, en 1958, et a connu des crises profondes en 1969 ou en 1993, suivi de renaissances qui ont toujours surpris. Ce qui fait la gravité de la situation actuelle, c’est le cumul de plusieurs phénomènes. C’est tout le courant social-démocrate, et même plus largement progressiste, qui est à la peine dans le monde. Les adaptations à mener dans les transformations économiques – technologiques notamment – sociales, culturelles sont dures à mettre en œuvre et elles ne sont pas supportées par une part des électorats de gauche. Il n’y a pas un pays européen où les partis sociaux-démocrates ne soient pas en crise ou en réelle difficulté. Le quinquennat qui s’achève a, évidemment, ajouté une part de trouble. Les politiques menées, pour éviter une plus grande perte de compétitivité des entreprises que la droite avait laissé péricliter, aussi justifiées ont-elles été, n’ont pas été comprises, faute souvent d’explication claire des enjeux. Cela a occulté les avancées sociales mises en œuvre – pensons à cette réforme d’avenir qu’est le compte personnel d’activité, matrice de nouvelles garanties pour les salariés. Les socialistes, divisés très tôt, sur la nature même des politiques suivies ont créé la confusion dont ils sont eux-mêmes victimes aujourd’hui. Tout cela se situe dans un nouveau paysage politique marqué par une triple polarisation avec une extrême droite forte, qui amène à rompre avec les alternances entre la droite et la gauche, pour introduire un nouveau clivage qui déstabilise profondément l’électorat de gauche et accuse les divergences entre ceux qui pensent que le salut de la gauche se situe dans le refus des contraintes et ceux qui ne voient pas d’autre issue que de composer avec elles pour les réduire.
"2017-01-26T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/01/26/manuel-valls-le-candidat-de-la-gauche-realiste_5069250_3232.html
L’usine automobile de demain se passera de la ligne d’assemblage
Flexible et reconfigurable, la nouvelle usine « 4.0 » utilisera les capteurs et algorithmes qui équipent déjà les voitures autonomes. Exemple à Ingolstadt, en Bavière.
Drone dans la chaine de montage de voitures de l’usine Audi de Neckarsulm en Allemagne. STEFAN WARTER « Le client pourra choisir n’importe quelle couleur pour sa voiture, pourvu qu’elle soit noire. » La boutade d’Henry Ford est devenue célèbre, mais pas seulement pour sa drôlerie. Elle souligne l’importance du processus de fabrication dans l’industrie automobile, et les contraintes liées à la chaîne de production, une innovation qui a bouleversé l’accès à la voiture il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui, une autre révolution est en cours, celle de la connectivité et du véhicule autonome, qui pourrait remettre en question la ligne de montage elle-même, cette référence absolue de la production automobile. Direction Ingolstadt en Bavière, au quartier général d’Audi, où, en ce mois de novembre 2016, Hubert Waltl, vice-président de la marque chargé de la production, présente son projet d’assemblage modulaire à un parterre de journalistes spécialisés. Les chercheurs d’Audi ont imaginé une usine flexible et reconfigurable, à base de modules, qui va jusqu’à rompre avec la fameuse chaîne d’assemblage. Dans ce nouveau monde, le véhicule en cours de montage est placé sur un chariot autonome, un AGV (véhicule à guidage automatique). Il n’y a plus de ligne, mais des stations d’assemblage avec deux ou trois opérateurs, réparties sur toute la surface de l’usine. Le véhicule est porté d’une station à l’autre par son AGV, qui est capable, grâce à un algorithme, de choisir le chemin optimal. L’arrivée de la voiture et celle des pièces à la station sont synchronisées au niveau d’une salle de contrôle destinée à la remontée et à l’analyse de toutes les données de production. Une salle de ce type existe d’ailleurs déjà chez Audi dans son usine mexicaine ultramoderne de San José Chiapa, qui fabrique les modèles Q5. Innovation permanente Pourquoi rechercher une telle rupture dans un processus productif qui a fait ses preuves ? « Le problème de la chaîne fordienne, c’est sa difficulté d’adaptation à un changement de production », explique Laurent Petizon, directeur de la société de conseil AlixPartners. Or la capacité à être flexible est devenue stratégique dans une industrie qui doit de plus en plus multiplier les variantes (voitures électriques, hybrides, thermiques), tout en s’adaptant à la versatilité des clients. Avec un tel système, une interruption sur la chaîne n’est plus synonyme d’un arrêt complet. De plus, l’usine idéale devient un simple hangar, ce qui permet de bouleverser la production sans travaux lourds. « Nous attendons de l’assemblage modulaire une hausse à deux chiffres de la productivité », affirme Hubert Waltl.
"2017-03-01T00:00:00"
entreprises
https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2017/01/03/l-usine-automobile-de-demain-se-passera-de-la-ligne-d-assemblage_5056783_1656994.html
Lumière fatale pour le conseiller de l’ombre Stephen Bannon
Le patron de « Breitbart News », resté discret pendant la campagne, est apparu après l’élection comme un « grand manipulateur ».
Stephen Bannon, en février 2017 à la Maison Blanche. CARLOS BARRIA / REUTERS Le 5 décembre 2017, Stephen Bannon était en pleine lumière, dans une grange de l’Alabama. Il était venu y soutenir un candidat controversé à une élection sénatoriale partielle. Sa harangue et la présence de deux gardes du corps positionnés de part et d’autre de l’estrade en disaient long sur les ambitions toutes neuves de l’ancien conseiller de l’ombre, passé brièvement par la Maison Blanche. Bannon avait déjà pris l’avantage sur le président, trois mois plus tôt, lorsque son candidat l’avait emporté lors de la primaire républicaine pour cette sénatoriale sur celui défendu par la Maison Blanche. Succès de courte durée. La victoire attendue dans ce bastion conservateur, il en était convaincu, devait constituer la première étape de son projet de constituer un courant à l’intérieur du Parti républicain. Le patron du site Breitbart News multipliait alors les recrues pour les primaires républicaines à venir, dans l’Arizona, le Tennessee et le Nevada, sur le modèle de l’insurrection du Tea Party, sept ans plus tôt. Il n’était question que d’aider le président, même si le bannonisme pointait déjà sous la défense du trumpisme. Un mois a passé et l’édifice, déjà, menace ruine. Le candidat de Stephen Bannon a perdu de justesse une élection jugée imperdable, embarrassant Donald Trump. Ce dernier, manifestement convaincu par son ancien conseiller, s’était décidé à soutenir franchement un ancien juge accusé de harcèlement sexuel. Surtout, le président a été de plus en plus exaspéré par la mue en cours. Un portrait de Vanity Fair, en décembre 2017, avait déjà sonné l’alarme. Il faisait état de propos rapportés de Stephen Bannon dans lesquels ce dernier comparait le président à « un enfant de 11 ans ». L’ancien conseiller s’en prenait également au couple composé de la fille du président, Ivanka, et de son mari, Jared Kushner, rebaptisés « Javanka ». La récidive dans le livre de Michael Wolff Fire and Fury (« le feu et la fureur », non traduit), dans lequel Donald Trump est même devenu « un enfant de 9 ans », a précipité la rupture. Deux ego surdimensionnés La collision de deux ego surdimensionnés était sans doute inévitable. Le compagnonnage tout d’abord discret entre les deux hommes était apparu au grand jour lorsque Stephen Bannon avait repris en main une campagne qui s’affaissait en août 2016. Il avait pu se targuer d’avoir compté parmi les rares à ne pas ciller, deux mois plus tard, lorsque la publication d’une vidéo ancienne, dans laquelle Donald Trump multipliait les propos obscènes sur les femmes, avait semblé compromettre définitivement ses chances. La complémentarité entre le tribun venu de la téléréalité et le boulimique de lecture, principalement d’ouvrages historiques, s’était avérée efficace.
"2018-06-01T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/01/06/lumiere-fatale-pour-le-conseiller-de-l-ombre-stephen-bannon_5238243_3222.html
Ligue 1 : l'OM se fait peur
Menés 2-0, les Marseillais ont arraché l'égalisation en profitant de deux minutes d'inattention de Bordeaux (2-2). Ce nul permet aux Girondins de reprendre la 4e place au classement. L'OM est 6e.
André-Pierre Gignac à l'égalisation face à Bordeaux, le 22 décembre au Stade-Vélodrome. AFP/BERTRAND LANGLOIS Mené 2-0, l'Olympique de Marseille a arraché l'égalisation en profitant de deux minutes d'inattention de Bordeaux (2-2) qui, grâce à ce nul, reprend toutefois la 4e place à l'occasion de la 19e et dernière journée de championnat de France pour 2013. Les buts de Romao et Gignac, aux 73e et 74e minutes, ont douché la joie des Girondins qui croyaient avoir fait le plus dur avec Jussiê (34e) et Maurice-Belay (66e). Mais Bordeaux ne fait pas une si mauvaise opération, étant désormais à huit points derrière le 3e, Lille, qui se déplace ce dimanche soir (coup d'envoi 21 heures) au Parc des Princes. COUP DE CHAUD POUR LABRUNE ET ANIGO Les Bordelais vont supporter le PSG devant leur télé, et prier pour que le LOSC ne prennent pas de points face à la bande à « Ibra », déjà assurée de finir champion d'automne depuis le surprenant revers de Monaco vendredi chez lui contre Valenciennes (2-1). L'OM est désormais 6e, à 10 points de Lille, et risque bien lui aussi d'encourager l'ennemi juré devant son poste de télévision pour que cet écart ne se creuse pas un peu plus. Le retournement de situation dimanche en fin de match a permis en tout cas au duo formé par José Anigo (remplaçant l'entraîneur Elie Baup) et Vincent Labrune (président) d'échapper à la colère du Vélodrome. Car une défaite de l'OM aurait sonné comme un nouveau virage raté à domicile, comme ce fut déjà le cas contre Monaco, le PSG (défaites 2-1) ou encore Nantes (défaite 1-0).
"2013-12-22T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/12/22/ligue-1-l-om-se-fait-peur_4338752_3242.html
Proche-Orient : le Hamas se dit prêt à une réconciliation entre factions palestiniennes
Poussé par l’Egypte, le mouvement islamiste armé accepte de dissoudre le comité administratif qui gérait la bande de Gaza et appelle de ses vœux des élections générales.
Depuis la fracture en 2007 entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas, le décalage entre les intentions écrites et les actes a toujours été considérable. Le communiqué publié dimanche 17 septembre par le mouvement islamiste armé, qui contrôle la bande de Gaza, offre un léger espoir, sans aucune certitude de lendemain, en vue d’une réconciliation entre factions palestiniennes. Grâce à l’intervention vigoureuse de l’Egypte, et à la veille d’une semaine diplomatique marquée par l’Assemblée générale de l’ONU, le Hamas a accepté, de façon unilatérale, de dissoudre le comité administratif qu’il avait mis en place en mars pour expédier les affaires courantes sur son territoire. Cette initiative avait été perçue par Mahmoud Abbas comme un nouveau défi à son encontre. Depuis, l’Autorité palestinienne (AP) a exercé une pression financière sans précédent sur la bande de Gaza, dont la première victime a été la population civile, déjà soumise au blocus égyptien et israélien. La situation humanitaire y est dramatique. Les médicaments manquent, l’électricité n’est accessible qu’une poignée d’heures par jour, les eaux usées sont déversées dans la mer, faute de traitement. L’AP avait décidé de réduire de façon spectaculaire les salaires de dizaines de milliers d’employés des différentes administrations. Signal de réalisme Dimanche, le Hamas a adressé un message d’ouverture à l’attention de Ramallah, en se pliant à ses demandes. Il « donne son accord pour entamer des discussions sur la réconciliation et pour organiser des élections générales », précise le communiqué. Les factions réclament depuis des années ce rendez-vous démocratique, mais, dans le même temps, tout le monde se rejette la responsabilité de son report sans fin. Pas plus de certitudes cette fois-ci, d’autant qu’aucune modalité d’un retour de l’AP à Gaza n’est précisée à ce stade. Mais le geste pourrait convaincre Mahmoud Abbas de desserrer l’étreinte financière et de reprendre par exemple la totalité du paiement de l’électricité que les Israéliens fournissent à la bande de Gaza. C’est aussi un signal de réalisme adressé par la nouvelle direction du mouvement, qui souffre d’isolement malgré la publication d’une nouvelle charte, à la façade idéologique repeinte. Certains experts israéliens s’interrogent même sur la possibilité d’obtenir un cessez-le-feu à long terme avec le Hamas. L’annonce faite par le mouvement armé intervient après une semaine de discussions intenses, qui devraient reprendre dans une dizaine de jours, une nouvelle fois au Caire, le Qatar, où s’étaient tenues de premières rencontres, étant devenu une base arrière moins fréquentable depuis que les Etats du Golfe l’ont pris pour cible. Le chef du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, s’est rendu dans la capitale égyptienne, de même qu’une délégation du Fatah. Une sortie de crise était recherchée depuis plusieurs semaines. A la fin du mois d’août, le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, avait annoncé que l’AP renonçait à pousser à la retraite anticipée environ 6 000 employés à Gaza. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le CICR s’alarme de « l’annexion de facto » en Cisjordanie Trouver un compromis entre factions palestiniennes L’escalade décidée depuis le printemps par Mahmoud Abbas avait provoqué l’incompréhension de nombreux partenaires occidentaux de l’Autorité palestinienne. « Sa stratégie n’a pas atteint ses buts, elle n’a pas conduit au retour du gouvernement d’unité à Gaza, expliquait au Monde il y a quelques jours Nikolaï Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix. On voit que Gaza et la Cisjordanie sont plus éloignées que jamais. Ça fait plus de dix ans que d’innombrables tentatives de réconciliation ont échoué, parce qu’elles n’ont pas traité la question centrale : trouver un compromis entre factions palestiniennes pour restaurer une seule autorité légitime et démocratique sur les deux territoires. » Après dix ans d’entente introuvable, le raïs était irrité ces temps-ci par les critiques sur sa stratégie de force, explique une source au sein de l’Organisation de libération de la Palestine. « Avec le Hamas, il ne comprend l’idée de compromis que comme une reddition », confirme un diplomate étranger à Jérusalem. Son intransigeance était accentuée par l’alliance improbable conclue entre le Hamas et Mohammed Dahlan, ancien dirigeant du Fatah et rival du président. Soutenu par les Emirats arabes unis, l’ex-chef du Service de sécurité préventive à Gaza s’est aussi attiré les faveurs égyptiennes, Le Caire l’imaginant en successeur de Mahmoud Abbas, à terme. Pour l’heure, l’homme d’affaires espère obtenir des Egyptiens une réouverture régulière du poste de passage de Rafah. Celui-ci a fonctionné quatre jours, à la fin d’août, mais le phénomène reste épisodique.
"2017-09-17T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/09/17/le-hamas-se-dit-pret-a-la-reconciliation-avec-le-fatah_5186807_3218.html
Atlantia et sa filiale, Autostrade per l’Italia, gestionnaire du viaduc Morandi, dans la tourmente
Après les attaques du gouvernement italien contre l’Autostrade per l’Italia, le titre de sa maison mère s’est écroulé de 25%, jeudi, à la Bourse de Milan.
Giuseppe Conte, le premier ministre italien (à gauche) et Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, le 15 août, lors de la conférence de presse après l’effondrement du viaduc de Morandi, à Gênes. Flavio Lo Scalzo / AP C’est la curie pour Atlantia et Autostrade per l’Italia, sa filiale qui gère l’autoroute et le viaduc Morandi, qui s’est écroulé mardi 14 août. Jeudi, le gouvernement italien a déclaré la guerre à la société italienne. Après plusieurs attaques du premier ministre, Giuseppe Conte, et des poids lourds du gouvernement, le vice-ministre des transports, Edoardo Rixi, a précisé à Reuters que l’exécutif transalpin étudiait trois possibilités pour Autostrade : « La révocation totale de la concession, la révocation de la section A10 ou une pénalité, mais une pénalité de 150 millions d’euros [prévu par le contrat] est trop faible. » Ces déclarations ont créé un vent de panique à la Bourse de Milan, où le concessionnaire est coté. L’action Atlantia s’est écroulée de 25 % en séance, jeudi. Alors que la capitalisation du groupe, qui gère des autoroutes en Italie, au Chili ou encore en Pologne et des aéroports, tutoyait fin 2017 les 22 milliards d’euros, il affichait en fin de journée une capitalisation de 16 milliards d’euros. Dans un communiqué, ce groupe de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, détenu pour 30 % par Edizione, la holding de la famille Benetton, a souhaité rassurer ses actionnaires. La société a dénoncé des annonces « faites en l’absence de toute contestation spécifique » et « de toute certitude sur les causes effectives » du drame. Et dans l’hypothèse d’une révocation de la concession, « il revient au concessionnaire d’évaluer la valeur résiduelle de la concession, une fois les éventuelles pénalités déduites », a prévenu Atlantia. Selon des médias italiens, le coût pour l’Etat de cette révocation se chiffre en milliards d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gênes, premier port italien, et la Ligurie fragilisés Une entreprise déployée à l’international Pour Atlantia, cet accident pourrait marquer un coup d’arrêt pour son développement. Privatisée en 1998, Autostrade gérait 2 850 km de voies (soit 50 % du réseau italien). Depuis, la société dirigée par Giovanni Castellucci s’est déployée à l’international en acquérant quelque 2 000 km d’autoroutes concédées par le Brésil, le Chili ou encore l’Inde. A l’image du français Vinci, le concessionnaire italien se tourne à partir de 2013 vers les aéroports. Il remporte la concession des deux aéroports romains, Fiumicino et Ciampino, avant de décrocher, en consortium avec EDF Invest, celle de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur moyennant un chèque de 1,22 milliard d’euros. Dernièrement, Atlantia a racheté la part de 15,5 % de Goldman Sachs dans Getlink (nouveau nom d’Eurotunnel). Le groupe transalpin ne devrait pas s’arrêter là en France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, le Mouvement 5 étoiles mis en difficulté par l’effondrement du pont de Gênes Alors qu’il souhaitait acquérir des autoroutes françaises lors de la privatisation de 2007, son offre avait été retoquée. Onze ans plus tard, il revient. En mettant la main, en consortium avec l’espagnol ACS, sur le groupe Abertis, il détient désormais la Société des autoroutes du nord et de l’est de la France (Sanef). La société pourrait également se positionner pour la privatisation de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). Depuis l’accident de Gênes, l’Etat sera particulièrement vigilant sur cette candidature.
"2018-08-17T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/08/17/atlantia-et-sa-filiale-autostrade-per-l-italia-gestionnaire-du-viaduc-morandi-dans-la-tourmente_5343428_3234.html
Plusieurs morts en Nouvelle-Calédonie dans un conflit sur le prix des billets d'avion
Quatre hommes ont été tués par balles et 13 autres personnes blessées dans des affrontements sur l'île de Maré.
Quatre hommes ont été tués par balles et 23 autres blessées dans des affrontements sur l'île de Maré, en Nouvelle-Calédonie, en marge d'un conflit sur le prix des billets d'avion. Parmi ces blessés, certains se trouvent dans un état critique, a précisé Albert Dupuy, haut-commissaire de la République, représentant le gouvernement dans la collectivité française du Pacifique. Les violences sont intervenues dans le cadre d'un mouvement de grogne des usagers d'Air Calédonie – communément appelée Aircal – qui bloquent depuis le 22 juillet les aéroports pour protester contre la nouvelle politique tarifaire de la compagnie aérienne locale. Selon les premières informations, un groupe de 300 personnes, originaires du district de Guahma du grand chef Nidoish Naisseline, par ailleurs président de la compagnie, s'est rendu samedi matin à l'aérodrome de la Roche pour déloger les membres du collectif des usagers qui en bloquaient l'accès. Après un échange de jets de pierres, les affrontements ont dégénéré dans l'après-midi et des coups de feu ont été tirés. Quatre jeunes ont été tués, dont un neveu de Nidoish Naisseline. La maison d'un des partisans des usagers a été brûlée, tandis que plusieurs commerces ont été vandalisés. COMPAGNIE PUBLIQUE EN DÉFICIT CHRONIQUE Deux pelotons de gendarmerie ont été envoyés sur place et un escadron les renforcera dimanche. "Nous espérons que la présence de la gendarmerie va permettre au calme de s'instaurer", a dit M. Dupuy, souhaitant la mise en place d'un "processus de médiation" entre les parties. Il a évoqué "une journée de cauchemar" à Maré (6 000 habitants), une des trois îles Loyauté, à l'est de la Grande Terre. La ministre de l'outre-mer Marie-Luce Penchard a annoncé de son côté qu'elle présiderait dimanche matin à son ministère une réunion à propos des événements. Compagnie publique en déficit chronique, Aircal fait l'objet d'un plan de sauvetage, qui avait provoqué un conflit social en juillet puis un mouvement de colère des usagers. Seules les destinations d'Ouvéa, de Tiga et du nord de la Grande Terre sont desservies mais les plus rentables, à savoir Lifou, l'île des Pins et Maré, sont bloquées depuis le 22 juillet. Vendredi, la direction de la compagnie avait affirmé qu'elle était menacée de dépôt de bilan d'ici un mois, compte tenu des pertes financières liées au blocage, estimées à 1,2 million d'euros.
"2011-06-08T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/08/06/plusieurs-morts-en-nouvelle-caledonie-dans-un-conflit-sur-le-prix-des-billets-d-avion_1556967_3224.html
EasyJet condamnée à supprimer 23 clauses abusives dans ses contrats clients
Horaires, bagages, retards : le tribunal de grande instance de Paris a épinglé toute une série de clauses figurant dans les conditions générales de transport, au motif qu'elles étaient "abusives" ou "illicites".
Au cours de l'exercice qui s'est achevé fin septembre, le chiffre d'affaires d'easyJet a progressé de 10,5 % pour s'établir à 4,258 milliards de livres. AFP/FABRICE COFFRINI EasyJet est de nouveau condamnée. Après avoir été épinglée pour avoir refusé l'accès d'un avion à trois personnes handicapées non accompagnée, la compagnie aérienne à bas coûts a été condamnée, mardi 31 janvier, par le tribunal de grande instance de Paris à supprimer 23 clauses jugées "abusives" figurant dans les conditions générales de transport qu'elle offre à ses passagers. EasyJet devra également verser 30 000 euros de dommages et intérêts à l'association de consommateurs UFC-Que Choisir qui avait porté l'affaire devant la justice parisienne. Enfin, la compagnie devra faire état de cette condamnation dans Le Monde, Le Parisien et Libération, ainsi que sur son site Internet dans un délai d'un mois. RÉDACTION "IMPRÉCISE" ET "AMBIGUË" Horaires, bagages, retards : dans un jugement de 57 pages, la 1re chambre sociale du TGI de Paris a épinglé toute une série de clauses, au motif qu'elles étaient "abusives" ou "illicites". Dans la foulée, le tribunal a ordonné la suppression de ces clauses figurant dans les conditions imposées aux passagers "sous astreinte de 150 euros par clause et par jour de retard". EasyJet a 60 jours pour se mettre en conformité, avant de devoir payer ces astreintes. Dans la plupart des cas, le tribunal a estimé que la rédaction des clauses litigieuses était "imprécise" et "ambiguë". Ainsi de celle concernant les bagages : pour les juges, EasyJet commet une faute en n'indiquant pas "au consommateur les tarifs qui lui seront appliqués, ou les modalités de calcul de ce tarif, s'il lui est demandé d'enregistrer son bagage à l'aéroport". Autre point important, les magistrats ont sanctionné la clause permettant à EasyJet de facturer des frais de dossier de 4 euros à toutes les réservations Internet qui ne sont pas réglées par Visa Electron ou Carte Bleue. "En l'état de la législation applicable, la société EasyJet ne peut appliquer de frais pour l'utilisation de certains instruments de paiement", peut-on lire dans le jugement.
"2012-01-31T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/31/easyjet-condamnee-a-supprimer-23-clauses-abusives-dans-ses-contrats-clients_1636970_3234.html
La gastronomie vote à droite
Né dans les milieux conservateurs, l'art de la bonne chère fait culpabiliser les gens de gauche. Privilège de riches ? Truc de snobs ? Possible.
Concours de dessert, le 1er avril 2010. AFP/FREDERICK FLORIN Avant toute gastronomie, il y a la faim. Cette faim que le genre humain doit calmer chaque jour pour survivre. Adam et Eve avaient les crocs quand ils ont croqué la pomme et, depuis, le monde se divise en deux : ceux qui mangent et ceux qui ont les crocs (on en compte actuellement un milliard sur terre). L'Histoire enseigne - sans jamais se démentir - que les premiers appartiennent plutôt à la catégorie des riches et des puissants et les seconds à celle des pauvres et des dominés. Pas de gastronomie sans Terra madre, la terre nourricière dont les produits comestibles sont censés satisfaire les besoins de l'humanité. Avant d'être un symbole, c'est des hectares, des millions d'hectares, dont la propriété a toujours été source de pouvoir et de fortune, d'abondance ou de famine. Empereurs et esclaves, seigneurs et serfs, colons et indigènes, fermiers et métayers, les uns la possèdent, les autres pas, et sans elle, rien dans l'assiette. Pour ses lopins, on se bat depuis Obélix. Le dernier épisode se passe en Chine, dans la province du Guangdong, où des paysans se révoltent contre les expropriations. La table est le théâtre ultime de cet affrontement. Le festin face à la gamelle. Rôts, rôtis et entremets pour les nantis, soupe claire et pain bis pour les gens de peu. Chasse à courre contre braconnage. Monsieur le marquis mange dans la porcelaine, le manant dans son écuelle. Si l'une est trop pleine et l'autre trop vide, la révolte gronde. Lorsque, le 6 octobre 1789, les femmes de Paris marchèrent sur Versailles pour s'emparer du boulanger, de la boulangère et du petit mitron, elles réclamaient du pain. Pas la République. Faut-il encore charger le dossier ? Faut-il appeler à la rescousse la dîme et la gabelle, la cuisine de cour et celle des papes pour affirmer que la gastronomie a le sang bleu ? Que de (Grimod de) La Reynière à Gault et Millau, ses affidés portent leur ADN à droite et que de mémoire d'homme on n'a jamais vu un socialiste se trucider - tel Vatel, cuisinier du roi - parce que le poisson était en retard. Pouvoir, propriété, richesse, ordre, abondance et privilège sont les valeurs historiques de la droite. La gastronomie - cet "art de la bonne chère", selon le Robert - est née et a prospéré dans ce milieu, au point qu'après en avoir tant joui il s'en considère le dépositaire légitime. Comment expliquer autrement le succès du qualificatif de "gauche caviar" lancé par la droite à ceux qui, après avoir fait leur nid dans la misère, l'injustice et l'exploitation du peuple, osent aujourd'hui manger de la volaille de Bresse ? Que leur reproche-t-on en filigrane, sinon de trahir leur camp en goûtant à des plaisirs interdits, réservés à ceux d'en face ? Effraction gourmande en secteur protégé ? Comportement sacrilège, limite renégat ? L'accusation fait mouche dans les classes populaires, davantage familières des patates que des oeufs d'esturgeon. Elle joue sur cette culpabilité tacite des gens de gauche lorsqu'ils goûtent aux plaisirs bourgeois en se vautrant dans les délices de la chère. La Cause du peuple, journal maoïste, accusa en 1972 le notaire Pierre Leroy du meurtre de Brigitte Dewèvre à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais) parce qu'il mangeait "des biftecks de 800 grammes". Forcément coupable. J'ai souvenir qu'à Libération, au temps où le journal donnait "la parole au peuple", les rares individus qui claquaient une part importante de leur maigre salaire dans des restaurants étoilés frisaient la dissidence. Carlo Petrini, le fondateur de Slow Food, raconte que Lucio Magri, directeur d'Il Manifesto, quotidien de la gauche critique italienne, le traitait de curé lorsqu'il vantait les joies de la table. "Mais à chaque vacances, il allait en France faire une tournée discrète chez Troisgros ou Guérard, avant de retrouver la classe ouvrière à la rentrée. Nous avons une expression pour qualifier cela : vizi privati, pubbliche virtu, vices privés, vertu publique." La morale de gauche condamnerait-elle à une gastronomie de pauvre ? Les lentilles à Saint-Denis et la truffe à Neuilly ? J'entends les protestations dans le public : "Monsieur, un petit salé aux lentilles appartient à la gastronomie autant qu'un chausson aux truffes." "On mange mieux à la ferme que dans le 16e." "Le poulet à la crème de ma mère valait toutes les chiffonnades et autres compressions de nos grands chefs." Et la phrase qui tue : "Vous confondez la gastronomie avec le luxe." Ces remarques, fort pertinentes, proviennent généralement de personnes expertes dans l'art du bien-manger, clients assidus et éclairés des restaurants gastronomiques. Ils confondent gastronomie et cuisine. Il existe bien une cuisine populaire, à base de produits et de recettes de terroir, source de cette cuisine bourgeoise qui l'a enrichie jusqu'à en faire un exercice de haut vol et de haut goût dans lequel seuls quelques-uns excellent. Toutes ont leurs vertus, mais la gastronomie ne se résume pas à des histoires de cuisine, à des empilements de recettes. Si l'on consulte l'immense majorité de ceux qui n'ont jamais mangé dans un "gastro", celui-ci reste un luxe, un univers étranger dans lequel ils ne pénètrent pas, car ils n'ont ni les moyens ni l'audace nécessaire pour s'y attabler. Même pas l'envie, parfois. Dans l'imaginaire collectif, la gastronomie c'est "le Michelin et les trois étoiles", "les serveurs habillés en pingouins", "les produits chers et les grands vins", "un privilège de riches", si ce n'est "un truc de snobs", à l'addition toujours salée, voire indécente. On ne peut donner entièrement tort à cette majorité de gens agacés, mais ils mélangent la gastronomie et son appareillage extérieur. Ils sont souvent de gauche et, au regard de l'environnement immédiat de la table, ils ont quelques raisons de ne pas être du même bord. Guides et critiques, éditeurs et écrivains de bouche, sociétés gourmandes ou vineuses, producteurs de grands crus ou chefs de grandes maisons, chaînes de prestige ou distributeurs de produits fins forment une corporation qui considère les fonctionnaires impropres à la fréquentation et tout contrôle d'Etat nuisible à l'exercice du métier. Ces gens-là votent à droite et, lors de l'élection de François Mitterrand en 1981, le chef étoilé Guy Savoy - pour n'en citer qu'un parmi d'autres - s'en trouva fort marri. C'est pourtant sous son mandat qu'il bâtit sa fortune et sa gloire. Le Club des Cent est l'expression la plus sophistiquée et la plus secrète de cette culture. Fondé en 1912 par le journaliste Louis Forest, il s'adressait à la poignée de privilégiés qui parcouraient le pays en véhicule automobile et peinaient à trouver en chemin gîte et couvert de qualité. En y adhérant, on s'engageait à partager ses bonnes adresses, consignées dans un guide à l'usage exclusif du Club. Une sorte de kit de survie pour gourmets égarés qui n'était pas sans influence sur le Michelin, né à la même époque et pour les mêmes motifs. Le Club ne compte que 100 membres. On y entre parrainé par deux "centistes" et après un examen de passage devant un jury chargé de vérifier les qualités oeno-gastronomiques du postulant. Les femmes n'y sont pas admises. Rassemblement de notables à l'origine, il a "profondément imprégné l'action économique, culturelle et touristique qui se déploiera en France durant tout le XXe siècle autour de l'objet gastronomie et de l'idée nationale", selon Julia Csergo, spécialiste de l'histoire de l'alimentation à l'université Lyon-II. C'est aujourd'hui un des cercles les plus convoités de Paris où se côtoient patrons du CAC 40, personnalités de la politique, de la finance, du luxe, du barreau, de la presse, de la faculté, des arts et des lettres. Au hasard des déjeuners rituels du jeudi - à 12 h 30 précises dans un établissement différent choisi par un "brigadier" nommé à cet effet - on peut croiser Claude Bébéar, Martin Bouygues, Albert Frère, Robert Peugeot, Jean-René Fourtou, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Darcos, Eric de Rothschild, Henri de Castries, Pierre Arditi, Erik Orsenna, Bernard Pivot, Paul Lombard, Claude Imbert, Jean Ferniot, Philippe Bouvard, Jean de Luxembourg, Albert II de Monaco et bien d'autres. Quelques chefs - Bocuse, Robuchon, Ducasse, Vigato, Pacaud - en sont membres ès qualités. L'acteur Christian Clavier, un temps des leurs, fut remercié pour cause d'absentéisme, quant à Sarah Bernhardt, elle a regretté deux choses dans sa vie : n'avoir pu se faire greffer une queue de panthère ni entrer au Club des Cent. A l'occasion de son centenaire, cette institution réputée secrète a entrouvert ses portes en novembre pour la sortie d'un livre consacré à cet événement majeur. Le président Jean Solanet, 1,81 m, 93 kg, recevait au Musée Camondo, autour d'un buffet exquis préparé par L'Ambroisie, le restaurant trois étoiles de Bernard Pacaud, voisin des Lang et des Strauss-Kahn, place des Vosges. Œuf à la coque au caviar, royale de foie gras, tourte feuilletée, puligny-montrachet, Gruaud-Larose et champagne Roederer en magnum, le Club sait vivre. Lorsque j'ai demandé à deux centistes présents - dont l'un avait promis à son père sur son lit de mort qu'il lui succéderait au Club - s'ils connaissaient des gens de gauche dans leurs rangs, un long silence s'ensuivit. Après réflexion, il ne leur vint qu'un nom à l'esprit : Louis Schweitzer, l'ex-PDG de Renault. Quand j'ai précisé qu'il avait même été trotskiste dans sa jeunesse, un frisson rétrospectif a saisi mes interlocuteurs. "Ils n'ont pas cité mon nom ni celui d'Orsenna ?", s'étonne Pierre Arditi, à qui je rapporte cet échange autour de quelques huîtres, en compagnie de Gérard Allemandou, patron de La Cagouille. Pas plus qu'il ne cache ses opinions de gauche, le comédien ne dissimule son statut de membre stagiaire du Club des Cent. "Ce n'est pas mon monde, mais comme je le fréquente juste pour manger, ça m'est égal. J'aime bien ça." Xavier Darcos, ancien ministre de droite, grand amateur de cuisine et pas maladroit au piano, le confirme : "Il y a beaucoup de gens du CAC 40, des radicaux cassoulet aussi, mais fondamentalement, c'est un lieu tout à fait dépolitisé, très chaleureux, même déconnant parfois." Bref, à en croire ses adhérents, le Club des Cent serait une bande de joyeux drilles en costumes sombres, qui portent à droite mais ne mélangent pas politique et bonne chère. C'est une tradition bien française : en entrant au restaurant, députés ou sénateurs laissent leur étiquette au vestiaire. Pas question de se chamailler Chez Françoise, la cantine de l'Assemblée nationale au sous-sol de l'aérogare des Invalides. Il y va de la réputation d'un élu, pour lequel la qualité du coup de fourchette fut longtemps le reflet de celle de l'individu. On se souvient du président Herriot qui se faisait livrer en cachette de Madame du foie gras par la Mère Brazier sur la place de Lyon. Etre associé à un plat n'a jamais nui à une carrière, à droite comme à gauche. Le cassoulet des radsocs, la soupe aux truffes de Giscard, la tête de veau de Chirac ou les ortolans de Mitterrand sont entrés dans l'histoire. La tradition est un peu tombée en désuétude sous Nicolas Sarkozy, le premier président français qui ne boive pas une goutte de vin et se contente d'un fromage blanc à 0 % en guise de dessert. Question d'image et de tour de taille. Dans le droit-fil de Talleyrand, qui retourna le congrès de Vienne en 1814 grâce à la qualité des mets cuisinés par Antonin Carême, la table reste un lieu privilégié pour la négociation. Xavier Darcos reconnaît en user au déjeuner mais surtout à dîner. "On a plus de temps, le soir on peut boire du vin, les relations deviennent plus cordiales." Et nombre de conflits syndicaux ou électoraux ont été, sinon résolus, du moins apaisés entre la poire et le fromage. Dans les salons d'un ministère ou ceux d'un restaurant. Les politiques peuvent à cet égard compter sur la discrétion des grands chefs, qui observent une règle fondamentale du petit commerce : ni politique ni religion dans ma maison. A-t-on déjà vu un chef célèbre manifester publiquement son soutien à un candidat à la présidentielle, à l'image des artistes ou des sportifs ? Que nenni, même si Guy Savoy ne cache pas son estime pour Sarko ou si jadis André Daguin, l'inventeur du magret de canard, se présenta (en vain) aux législatives sous l'étiquette UDF. Tout juste si, face aux dangers écologiques qui menacent la qualité des produits, a-t-on enregistré une certaine mobilisation contre les OGM. Les chefs Olivier Roellinger, Michel Bras, Alain Passard, Marc Veyrat, Franck Cerutti, Pascal Barbot, Régis et Jacques Marcon, Michel Troisgros, Jean-Michel Lorain et quelques autres ont ainsi signé avec des vignerons une pétition en ce sens lors du vote de la loi à l'Assemblée nationale. Si Roellinger milite ouvertement pour la défense de la biodiversité, de l'agriculture durable et du commerce équitable, la plupart restent discrets sur leurs convictions, ne craignant qu'une chose : passer pour le José Bové des cuisines. Les vignerons - notamment ceux qui se sont engagés dans le vin nature derrière le regretté Marcel Lapierre - éprouvent moins de scrupules à manifester leur engagement politique ou écologique. Dans le récent numéro spécial de Libération qui leur était consacré, Nicolas Demorand osait y voir un glissement du vignoble vers la gauche. Il demande à être vérifié dans les urnes. Néanmoins, il est possible qu'avec l'apparition d'une nouvelle génération de jeunes cuisiniers, souvent complices de ces vignerons-là, avec le développement d'une "bistronomie" plus moderne et délurée, libérée du carcan corporatiste, le centre de gravité de la gastronomie se déplace légèrement de la droite vers la gauche. Lulu, l'ancienne trotskiste qui avait troqué la faucille et le marteau pour le couteau et la fourchette, et qui recevait jadis le premier cercle des mitterrandiens en son bistrot de la rue du Château (Paris 14e) se sentira peut-être moins seule dans sa retraite. À LIRE "LES 100 ANS DU CLUB DES CENT" Collectif (Flammarion, 160p.,32€). L'histoire du club racontée par ses membres. "LES CENT MOTS DE LA GASTRONOMIE" d'Alain Bauer et Laurent Plantier (PUF, 128p., 9€). Lexique rassemblé par le patron du Guide Champérard et le directeur général du groupe Ducasse. JP Géné
"2011-12-30T00:00:00"
gastronomie
https://www.lemonde.fr/gastronomie/article/2011/12/30/la-gastronomie-vote-a-droite_1623871_1383316.html
L’écrivain Michel Tournier est mort
François Hollande a salué lundi soir « l’immense talent » de l’écrivain Michel Tournier, qui s’est éteint à l’âge de 91 ans. Il avait sorti son premier roman, « Vendredi ou les Limbes du Pacifique », en 1967, avant d’obtenir le prix Goncourt pour « Le Roi des Aulnes » en 1970.
Michel Tournier pose, le 1er novembre 1970, après avoir reçu le prix Goncourt pour « Le Roi des Aulnes ». AFP L’écrivain Michel Tournier, grande figure de la littérature française du XXe siècle, Prix Goncourt pour Le Roi des Aulnes, est mort lundi à 91 ans dans l’ancien presbytère où il vivait à l’écart des mondanités parisiennes depuis plus d’un demi-siècle. La disparition de Michel Tournier, cité fréquemment pour le prix Nobel et largement traduit, a suscité des hommages multiples et appuyés. François Hollande a loué un « immense talent », « entre réalisme et magie » ; Manuel Valls, « un conteur hors pair ». Bernard Pivot, président de l’académie Goncourt, a déclaré : « Il a rejoint ce soir les grands noms de l’histoire et des mythes dont il a été le génial romancier. » Michel Tournier, dont l’œuvre s’inspire des mythes fondateurs qu’il avait renouvelés avec humour et acuité, était venu à la littérature à plus de 40 ans. « Ce que j’avais à dire était à la fois tellement secret et tellement essentiel que j’ai eu besoin d’une longue maturation pour publier quoi que ce soit », expliquait-il. En 1967, il obtient d’emblée le grand prix du roman de l’Académie française avec Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Son talent se confirme trois ans plus tard, avec Le Roi des Aulnes, porté à l’écran en 1996 par Volker Schlöndorff, puis en 1975 avec Les Météores. De nombreux autres ouvrages suivront. Ancien membre du comité de lecture de Gallimard, il avait été juré Goncourt de 1972 à 2010. Il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur le 1er janvier.
"2016-01-19T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2016/01/19/l-ecrivain-michel-tournier-est-mort_4849477_3246.html
Les Bleus en quête de « sérénité » avant leur Euro
A trois jours du match d’ouverture contre la Roumanie, le 10 juin, l’équipe de France se répète que tout va bien.
Olivier Giroud, auteur d’un doublé contre l’Ecosse à Metz, samedi 4 juin. Thibault Camus / AP Engagés dans l’ultime phase de leur préparation, les Bleus ont posé leurs valises, dimanche 5 juin, au château de Clairefontaine (Yvelines), leur quartier général niché dans le domaine de Montjoye. Ils ne quitteront leur camp retranché qu’au terme de leur parcours à l’Euro 2016, dont ils donneront le coup d’envoi, vendredi 10 juin au Stade de France, face à la Roumanie. Avant de s’enfermer dans leur bulle, les hommes du sélectionneur Didier Deschamps ont accumulé de la confiance et acquis des repères dans un contexte pourtant agité. Minée par une cascade de forfaits (Raphaël Varane, Jérémy Mathieu, Lassana Diarra) et mise sous tension par l’interview incendiaire du banni Karim Benzema au journal espagnol Marca, l’équipe de France a pris un oxygénant bain de foule à Metz, où elle a été ovationnée, samedi 4 juin, après sa large victoire (3-0) contre une moribonde formation écossaise, 43e au classement FIFA. Sous une nuée de drapeaux tricolores, les Bleus ont ravi le public du stade Saint-Symphorien en faisant encore parler la foudre (38 buts inscrits depuis septembre 2015) pour leur dernière rencontre de préparation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La guerre des chefs se poursuit à la FIFA Ce neuvième succès acquis en dix matchs amicaux disputés cette saison a surtout confirmé la force de frappe dont dispose Didier Deschamps. Sifflé à Nantes, le 30 mai, lors de la victoire (3-2) contre le Cameroun, Olivier Giroud a profité de la perméabilité de la défense écossaise pour s’offrir un doublé. En quête de légitimité depuis la mise à l’écart de Karim Benzema, l’avant-centre d’Arsenal a ainsi éteint provisoirement la controverse qui l’entoure. Ses jeunes coéquipiers Anthony Martial, 20 ans, et Kingsley Coman, d’un an son cadet, ont, eux, apporté un soupçon de fraîcheur, multipliant les dribbles et les longues chevauchées. « C’est une belle soirée pour faire le plein de confiance et avoir de la sérénité. La difficulté, on l’aura face à la Roumanie. » Infatigable sentinelle, le novice N’Golo Kanté a, lui, épaté le staff des Bleus par sa capacité à épurer le jeu. Calamiteux dans ses relances contre le Cameroun, le revenant Adil Rami s’est rassuré alors qu’il devrait former avec Laurent Koscielny la défense centrale des Tricolores contre la Roumanie. « C’est une belle soirée pour faire le plein de confiance et avoir de la sérénité, a estimé Didier Deschamps. La difficulté, on l’aura face à la Roumanie. » « Tranquille et concentré », le sélectionneur se dit « en immersion », comme imperturbable malgré les secousses et les fâcheux imprévus. Le technicien fait preuve d’un stoïcisme à toute épreuve alors même qu’un tag « raciste » a été inscrit sur le mur de sa résidence bretonne suite aux déclarations abrasives de Karim Benzema dans lesquelles il accusait Didier Deschamps d’avoir « cédé sous la pression d’une partie raciste de la France ». Au cours de leur stage de préparation à Biarritz (du 17 au 21 mai) et dans le Tyrol autrichien (du 31 mai au 3 juin), les Bleus semblaient hermétiques au brouhaha extérieur, donnant l’impression de serrer les rangs. « On est dans un pays qui aime les polémiques. Il faut arrêter », a d’ailleurs tonné Patrice Evra, le vétéran (35 ans) du groupe.
"2016-05-06T00:00:00"
euro-2016
https://www.lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/06/les-bleus-en-quete-de-serenite-avant-leur-euro_4938468_4524739.html
La justice norvégienne estime qu’Anders Breivik n’est pas traité de manière « inhumaine » en prison
La cour d’appel d’Oslo est revenue sur la condamnation de l’Etat norvégien en avril 2016. Anders Breivik entend faire appel devant la Cour suprême.
Anders Behring Breivik à la prison de Skien (Norvège), le 18 janvier 2017. © Norsk Telegrambyra AS / Reute / REUTERS Nouveau rebondissement dans l’affaire qui oppose Anders Behring Breivik à l’Etat norvégien. A la surprise générale, en avril 2016, la justice avait condamné Oslo pour le « traitement inhumain » du tueur néonazi en détention à l’isolement depuis cinq ans. Retournement de situation mercredi 1er mars, puisque la cour d’appel a infirmé ce jugement, estimant que M. Breivik n’était pas traité de manière « inhumaine » en prison. Condamné à la peine maximale (21 ans de prison, renouvelable indéfiniment de cinq ans en cinq ans) pour avoir tué 77 personnes le 22 juillet 2011 sur l’île d’Utoya, l’extrémiste de 38 ans « n’est pas et n’a pas été victime de torture ou de traitement inhumain ou dégradant », a déclaré la cour d’appel d’Oslo. L’avocat d’Anders Breivik, Øystein Storrvik, a immédiatement annoncé son intention de faire appel devant la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays. Conditions de détention inchangées Dans une décision qui avait stupéfié survivants et proches des victimes, un tribunal de première instance avait conclu en avril 2016 que la Norvège violait l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme en infligeant au détenu un traitement « inhumain » et « dégradant ». La juge avait en particulier souligné l’isolement prolongé de l’extrémiste, maintenu à l’écart des autres détenus depuis son arrestation. Ce régime de détention rend le détenu « mentalement vulnérable », avait alors assuré Me Storrvik, qui réclamait notamment pour son client la possibilité de côtoyer d’autres prisonniers. « Je suis lourdement affecté par l’isolement, et la radicalité est peut-être la séquelle la plus grave de mon isolement », avait insisté M. Breivik à la barre. Lire aussi Breivik impute sa radicalisation à son isolement en prison Après la décision en première instance, la prison de Skien où est détenu l’extrémiste de droite avait exclu de modifier ses conditions d’incarcération. « Le jugement n’est pas encore exécutoire », avait expliqué son directeur, Ole Kristoffer Borhaug, en référence à l’éventualité d’un appel, que l’Etat avait par la suite sollicité. Mercredi, les trois magistrats ont donné raison à l’Etat sur toute la ligne en rejetant aussi un appel, interjeté par Breivik. Celui-ci, qui estimait que la Norvège violait également l’article 8 de la Convention garantissant le droit à la vie privée, en exerçant un contrôle étroit de sa correspondance.
"2017-01-03T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/01/le-traitement-d-anders-breivik-en-prison-pas-juge-inhumain_5087497_3214.html
Les secteurs dynamiques et les métiers recherchés
Avec le départ de 8 millions de papy-boomers à la retraite d'ici à 2020, soit 31% de la population active, 620 000 postes seraient à pourvoir chaque année pour les remplacer. Le CIDJ a fait le point.
Tandis que l'INSEE dresse aujourd'hui 19 novembre le portrait social de la France et son chômage de longue durée, le Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ) fait le point sur les secteurs qui recrutent. Il vient de publier la 3ème édition de son Guide des secteurs qui recrutent 2014-2015. Les documentalistes du CIDJ ont croisé les nombreuses sources officielles (Pôle Emploi, APEC, Dares, France Stratégie...) et de terrain pour synthétiser les perspectives de recrutement de 60 secteurs d'activité et 280 métiers, pour tous les niveaux de qualification. L'objectif est d'aider les professionnels de l'orientation et de l'emploi à mieux accompagner les jeunes dans leur insertion sur le marché du travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vivent les offres d'emploi vacantes ! Avec le départ de 8 millions de papy-boomers à la retraite d'ici à 2020, soit 31% de la population active, 620 000 postes seraient à pourvoir chaque année pour les remplacer. Les métiers où ils seront les plus nombreux à partir sont les suivants : agents d'entretien, enseignants, aides à domicile, cadres des services administratifs, comptables et financiers, aides soignants. Par ailleurs, on prévoit 180 000 créations nettes d'emploi supplémentaires liées notamment au vieillissement de la population, avec des besoins croissants de soins et de services à la personne. Ainsi, 159 000 emplois d'aide à domicile et de services à la personne pourraient être crées d'ici à 2022. Même si l'emploi industriel a été divisé par deux en quarante ans, des postes sont à pourvoir et certains métiers sont même très recherchés : chaudronnier industriel, soudeur, technicien de maintenance, commercial, ingénieur et chercheur. La mécanique reste le premier employeur du secteur. L'industrie chimique, pharmaceutique et cosmétique offre des débouchés importants pour les plus diplômés. Dans ce contexte, plusieurs secteurs devraient être porteurs d'embauche : la santé qui devrait proposer 600 000 postes à pourvoir d'ici à 2022 (aides soignants, infirmiers, médecins, pharmaciens), les services à la personne (579 000 ), le commerce (827 000), le BTP et la construction (554 000), le transport et la logistique (540 000). Recrutement sans diplôme Dans l'informatique, les ingénieurs bénéficieront de 90 000 créations de poste sur cette période, un chiffre record ! Afin d'aider les jeunes peu qualifiés, le CIDJ identifie les secteurs qui recrutent sans diplôme (propreté, services à la personne, hôtellerie/restauration, santé et social, défense, environnement, transport et logistique). Il présente également les possibilités d'insertion en emplois d'avenir et les actions mises en place pour les personnes en situation de handicap. Enfin, il rappelle que l'apprentissage est un excellent outil d'entrée sur le marché du travail. Il est particulièrement développé dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, l'assurance, la banque, l'hôtellerie-restauration et ou encore le BTP. La tertiarisation se poursuit (76,2 % des salariés) et les emplois les plus qualifiés devraient se développer fortement. En revanche, les employés administratifs et les secrétaires voient leur effectif se réduire. Dans chaque secteur d'activité, le CIDJ a identifié les métiers les plus recherchés. Par exemple, dans le secteur informatique, le rapport évoque les métiers d'ingénieur cloud, de data scientist ou encore de web ergonome et dans le secteur marketing/commercial, le traffic manager ou community manager sont mis à l'honneur. Le guide propose également une liste de sites d’emploi spécialisés, un index des 250 entreprises qui recrutent par secteur d'activité et un tableau des recrutements par niveau de qualification. Guide des secteurs qui recrutent 2014-2015, CIDJ, 39 euros.
"2014-11-19T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/11/19/les-secteurs-dynamiques-et-les-metiers-recherches_4526068_1698637.html
EDF sous-estime le coût du démantèlement nucléaire, selon un rapport parlementaire
L’entreprise publique se montrerait trop « optimiste » sur la faisabilité technique et financière de la déconstruction du parc atomique.
La centrale de Bugey, à Saint Vulbas (Ain), en 2013. JEFF PACHOUD / AFP La controverse sur le coût du démantèlement du parc électronucléaire français n’est pas neuve. Mais elle prend un relief particulier alors que la filière traverse une passe difficile. Selon un rapport parlementaire sur « la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires de base », rendu public mardi 1er février, les charges liées à la fin de vie des centrales seraient « sous-évaluées » par EDF, qui aurait en outre mal anticipé la complexité de la tâche. Fait rare et notable, le président de la mission d’information, Julien Aubert, député (Les Républicains, LR) du Vaucluse, fait part dans ce document de plusieurs points de « désaccords » avec la rapporteure, Barbara Romagnan, députée (Parti socialiste, PS) du Doubs. Le parc nucléaire hexagonal se compose des 58 réacteurs en activité, dont la « déconstruction » n’est pas encore planifiée, mais aussi de neuf réacteurs anciens, déjà en cours de démantèlement. Six de ces derniers appartiennent à la filière graphite-gaz (Bugey 1, Chinon A1, A2 et A3, Saint-Laurent A1 et A2), à ce groupe s’ajoutant le réacteur à eau lourde de Brennilis (Finistère), le petit réacteur à eau pressurisée de Chooz A (Ardennes) et le surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère). En juillet 2016, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a chiffré la facture totale du démantèlement de ces installations à 60 milliards d’euros, dont environ 26 milliards pour la déconstruction des centrales, 29 milliards pour la gestion à long terme des déchets radioactifs et 4 milliards pour la gestion des derniers cœurs, ou assemblages de combustibles. En prévision, EDF avait provisionné 22,2 milliards d’euros au 30 juin 2016. Des membres de l'Observatoire du démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis. FRED TANNEAU / AFP En Allemagne, des coûts deux fois supérieurs Le rapport retient pour l’ensemble de ce chantier un autre chiffrage d’EDF, de 75,5 milliards d’euros de charges brutes, qui intègre la gestion des combustibles usés avant qu’ils ne deviennent des déchets ultimes. Même portées à ce niveau, les dépenses sont entachées d’une « sous-évaluation vraisemblable », d’après les parlementaires. Les comparaisons internationales sont difficiles, mais d’autres pays, comme l’Allemagne et les Etats-Unis, prévoient des coûts de démantèlement jusqu’à deux fois supérieurs. Dans le cas de la France, Mme Romagnan pointe « un certain nombre d’éléments non pris en compte », comme « la remise en état des sols, l’évacuation des combustibles, les taxes et assurances, le coût social… » En outre, observe-t-elle, « les provisions [constituées par EDF] sont parmi les plus basses de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], sans filet de sécurité en cas d’écart sur les coûts ».
"2017-01-02T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/01/edf-sous-estime-le-cout-du-demantelement-nucleaire-selon-un-rapport-parlementaire_5072981_3244.html
Le Front de gauche part en campagne après des négociations difficiles
Le PCF a finalement accepté de laisser plus de place au Parti de gauche et à la Gauche unitaire sur les listes des régionales
L'accouchement a été long mais cette fois les listes sont bouclées et le Front de gauche est parti en campagne. Après plusieurs semaines de tractations tendues entre le PCF et le Parti de gauche, c'est devant plus de 3 700 personnes que Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Christian Picquet ont tenu, dimanche 10 janvier, leur premier meeting pour les régionales. M. Mélenchon glissait qu'il avait été content d'avoir fait l'événement deux fois : "La première en annonçant qu'il était candidat en Ile-de-France, la seconde en disant qu'(il) ne l'était plus". "Chaque individu a son caractère", souriait Mme Buffet, soulagée. C'est Pierre Laurent, comme prévu après l'éviction de Patrick Braouezec, qui sera tête de liste dans cette région cruciale pour le PCF. Mme Buffet tirera, elle, la liste en Seine-Saint-Denis. Pourtant, depuis un mois, les communistes avaient du fil à retordre avec leur turbulent allié. Mécontent des régions et des départements qui étaient laissés à son parti, M. Mélenchon avait menacé de "faire ses valises et de rentrer", paraphrasant Georges Marchais lors de la rupture de l'Union de la gauche en 1977. Comme d'autres partenaires, il estimait que le PCF se taillait une part trop importante dans la répartition des sièges éligibles. La numéro un communiste rétorquait, cinglante : "Il y a ceux qui donnent beaucoup et ceux qui veulent beaucoup". L'ambiance était telle qu'à une semaine du premier meeting, on ne savait plus si le député européen allait y prendre la parole... "La bande du Fouquet's" L'accord a été signé la veille. Sachant que leur salut dépend de leur politique unitaire, les communistes se sont faits plus conciliants. Le Parti de gauche a obtenu deux départements de plus et affichera trois têtes de listes départementales en Ile-de-France. La Gauche unitaire de Christian Picquet, une région et quatre départements et les Alternatifs obtiennent l'Alsace. Le reste sera pour le PCF, soit environ 90 à 95 élus pour 184 sortants. La fin des négociations s'est faite au détriment des autres petites formations comme la Fédération pour une alternative sociale et écologique et des personnalités comme Clémentine Autain ou Leila Chadli, minoritaire "unitaire" du NPA. Mais, promis, tout cela ne compte plus ! Le Front de gauche, élargi aux Alternatifs, au Parti communiste des ouvriers de France et au Mouvement politique d'éducation populaire - qui se présentera aux électeurs sous l'appellation "Ensemble pour des régions à gauche solidaires, écologistes et citoyennes" -, est "dans les starting-blocks", jurent-ils tous. "Le PCF est sorti de sa volonté d'un Front de gauche autour de lui", assure Christian Picquet de la Gauche unitaire. Le lancement de la campagne s'est donc fait dans la bonne humeur volontariste. M. Mélenchon a exhorté les électeurs d'envoyer dans les régions "une gauche de combat à la place d'une gauche routinière". Mais, cette fois, il s'est fait voler la vedette par une Marie-George très en verve. "Notre combat contre la "bande du Fouquet's" n'est pas seulement un combat revendicatif, c'est un combat éthique, un combat de société", a lancé la secrétaire nationale du PCF en appelant "tous ceux qui n'ont pas de Rolex" à voter pour les listes de "la gauche qui relève la tête". Reste à se faire une place dans un match à gauche qui se joue dorénavant entre le PS et Europe Ecologie. S'ils comptent faire plus que les 5 à 7 % donnés par les sondages, tous savent que la tâche ne sera pas facile. Sylvia Zappi
"2010-11-01T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/le-front-de-gauche-part-en-campagne-apres-des-negociations-difficiles_1290083_3224.html
Primaires américaines : le phénomène Trump plonge les Républicains dans une « crise identitaire »
La probable victoire du milliardaire dans les primaires serait « catastrophique » pour un parti qui a déjà « perdu sa crédibilité », selon la presse nord-américaine.
Donald Trump et le gouverneur Chris Christie, le 1er mars. Andrew Harnik / AP Un triomphe pour Donald Trump et un bel embarras pour le Parti républicain. Lors du Super Tuesday, mardi 1er mars, le magnat de l’immobilier a encore accentué son avance dans les primaires du Grand Old Party (GOP) en remportant sept Etats sur onze. Le candidat « anti système » devance désormais largement les autres candidats. Un scénario cauchemar pour la direction du parti républicain qui n’a pas su stopper la déferlante Trump. Pour la presse américaine, la fracture est même consommée entre la base et les dirigeants conservateurs. Ainsi, pour le site d’information américain Vox, : « La domination de Donald Trump est une preuve supplémentaire que le Parti républicain est profondément brisé (…). Le Parti a clairement perdu sa crédibilité auprès de sa base et les électeurs républicains rejettent la position du Parti ou au moins des élites ». Pour le New York Times (NYT), la victoire de M. Trump lors des primaires « représenterait une déroute historique pour les institutions du Parti républicain et pourrait déclencher une fracture interne ». Dans un long article consacré à la riposte des dirigeants républicains face à M. Trump, le quotidien américain revient sur une rencontre organisée entre des gouverneurs et des donateurs du parti le 19 février pour définir une stratégie face au candidat électron libre. « Absence de leadership » au sein du Grand Old Party L’ancien stratège de George W. Bush, Karl Rove, a ainsi prévenu que la nomination de M. Trump serait « catastrophique » pour le parti. Selon le NYT, le gouverneur du Maine Paul LePage aurait même proposé à ses collègues de « rédiger une lettre ouverte “au peuple” désavouant M. Trump ». Une proposition qui n’a pas été retenue, précise le quotidien américain, et « depuis M. Trump est devenu plus fort ». Une ascension symbolisée notamment par le ralliement surprise d’un poids lourd du parti républicain, le gouverneur du New Jersey Chris Christie. « En dépit de toutes les forces déployées contre M. Trump, ses opposants au sein du parti ont été bloqués par une absence de leadership et un sentiment d’indécision et de désespoir ». D’ailleurs pour Vox, une réponse de l’élite du GOP contre M. Trump aurait été contre-productive : « Il s’est appuyé durant toute la campagne sur la haine des élites du parti contre lui, ça le rend plus fort et prouve que c’est un outsider. Et c’est la preuve qu’il n’est pas comme tous les autres politiciens qui ont échoué maintes et maintes fois. » Dans un article consacré à la rupture entre la base et l’élite du Parti républicain, The Atlantic tente de comprendre le succès de Donald Trump. « M. Trump a promis une campagne indépendante des influences de l’argent qui a influencé tant de primaires républicaines dans le passé. Les vieux slogans sonnent creux. Les candidats radicaux sont moins absurdes, les candidats orthodoxes plus vulnérables ». Le fossé est d’autant plus grand que le programme de M. Trump s’oppose régulièrement à celui du parti républicain. Ainsi, comme le souligne Reihan Salam, commentateur politique à tendance conservateur dans Slate : « Alors que les conservateurs ont toujours insisté sur l’importance d’un gouvernement limité, Trump a bâti sa campagne sur la promesse d’un gouvernement fort qui va résoudre tous les problèmes qui indisposent l’Amérique, à condition qu’il soit entièrement sous son commandement. » Lire aussi : L’OPA hostile de Donald Trump sur le Parti républicain Donald Trump prône le rassemblement M. Salam revient également sur l’immigration : « Aucun problème n’illustre mieux le fossé entre les élites républicaines et la base du parti. Un récent sondage a révélé que la grande majorité, 67 % des républicains, favorisent la baisse des niveaux d’immigration. Néanmoins, les leaders des républicains, y compris Marco Rubio et Jeb Bush, souhaitent augmenter considérablement les niveaux d’immigration au mépris de la base républicaine. » Alors que Donald Trump propose de construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis pour empêcher toute immigration, et d’expulser 11 millions de clandestins. De son côté, le Washington Post va jusqu’à prédire une « implosion du Parti républicain » si M. Trump est choisi pour représenter le camp conservateur dans la course à la Maison Blanche. Pour le quotidien américain, qui parle « de crise identitaire » dans le parti, de nombreux dirigeants conservateurs ont même « juré de ne jamais soutenir le milliardaire ». Après le Super Tuesday et alors que son investiture semble inéluctable, Donald Trump a préféré jouer l’apaisement dans son camp : « Je suis un rassembleur. Je sais que les gens vont avoir du mal à le croire. Je pense que nous serons plus ouverts et plus unis. Je pense que nous serons un bien plus grand parti. »
"2016-02-03T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/03/02/le-phenomene-trump-plonge-les-republicains-dans-une-crise-identitaire_4875170_829254.html
Données personnelles : Facebook proche d'un accord avec les autorités
Le réseau social accepterait que sa politique de respect de la confidentialité des données personnelles fasse l'ojet d'audits réguliers pendant 20 ans, affirme le "Wall Street Journal".
Page d'accueil de Facebook. AFP/NICHOLAS KAMM Le réseau social Facebook serait prêt à accepter que sa politique de respect de la confidentialité des données personnelles fasse l'objet d'audits réguliers pendant 20 ans, affirme le Wall Street Journal, vendredi 11 novembre. Un accord en ce sens n'attend plus que le feu vert formel des membres de la Commission fédérale du commerce (FTC), précise également le quotidien américain. Un porte-parole de Facebook s'est refusé à tout commentaire. A l'avenir, le site devrait s'engager à obtenir de ses utilisateurs - actuellement plus de 800 millions de personnes dans le monde - qu'ils "approuvent expressément" tout "changement matériel rétroactif" de ses paramètres de confidentialité, selon le quotidien. En outre le groupe se soumettrait à des audits indépendants sur ses pratiques en la matière pendant 20 ans. Google avait accepté des conditions similaires en mars, dans un accord conclu avec la FTC concernant son service Google Buzz, arrêté depuis au profit de Google+. Le Wall Street Journal précise que l'accord trouvé avec Facebook est la conclusion d'une procédure engagée à la suite d'une plainte déposée en décembre 2009 par plusieurs associations de défense de la confidentialité des données, comme l'Electronic Privacy Information Center (EPiC), mécontentes que de nombreuses informations personnelles soient par défaut ouvertes au public sur le site de Facebook. Par défaut, des informations comme le genre et le lieu de résidence de l'usager, devenaient publiques. Les associations déploraient également que les entreprises tierces, qui proposent des applications pour le réseau social, aient obtenu un accès plus aisé aux données des profils des usagers. Mais depuis 2009, le réseau social a engagé plusieurs réformes de son site, permettant désormais de sélectionner à quels cercles de contacts les messages sont destinés. POLÉMIQUES SUR LA VIE PRIVÉE EN EUROPE Au-delà des Etats-Unis, la question de la confidentialité des données collectées par Facebook fait l'objet de nombreux débats. L'eurodéputée socialiste Françoise Castex estime, jeudi 10 novembre que "Facebook conserve sur le long terme les données de ses utilisateurs sans que ces derniers ne puissent donner leur consentement explicite à cette utilisation de leurs données, contrairement à ce que prévoit la directive européenne sur la protection de la vie privée". Cette annonce fait notamment écho a une réunion, en début de semaine, entre la Commissaire européenne Viviane Reding et Ilse Aigner, ministre allemande de la protection des consommateurs sur la protection des données personnelles, insistant notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs autorités de régulation, comme en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Irlande, se penchent également sur certaines fonctionnalités du réseau social. C'est le cas par exemple, du système de reconnaissance faciale du réseau social, mais aussi des cookies, ces fichiers qui permettraient au réseau d'enregistrer des informations sur ses utilisateurs, même après leur déconnexion de Facebook. L'éventuel accord de Facebook avec les autorités américaines intervient également alors que le réseau social pourrait entrer en Bourse l'an prochain, avec une valorisation estimée à 100 milliards de dollars (73,4 milliards d'euros). A lire aussi : Facebook accusé de créer des "profils fantômes"
"2011-11-11T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/11/11/donnees-personnelles-facebook-proche-d-un-accord-avec-les-autorites_1602330_651865.html
Microsoft lance son service de jeu à la demande avec le Xbox Game Pass
Annoncé en février dernier, il est désormais accessible à tous les détenteurs de Xbox One depuis le 1er juin.
Un catalogue d’une centaine de jeux, accessible en illimité, pour 9,99 euros par mois. C’est ce que propose Microsoft avec son Xbox Game Pass, proposé depuis ce 1er juin à tous les possesseurs de Xbox. Pour Microsoft, le Xbox Game Pass permet de « jouer sans limite ». Via un partenariat avec des éditeurs de renom parmi lesquels Sega, Bandai Namco, Capcom ou encore 2K Games, les acquéreurs auront accès à plus de cent titres, issus de la ludothèque Xbox One et Xbox 360, agrémentés de quelques jeux indépendants – et à des réductions sur l’achat d’autres jeux. On retrouvera ainsi aussi bien les licences fétiches de la console, comme Halo 5 : Guardians, Gears of War, Fable 3 ou Toy Soldiers que des titres comme Mad Max, PayDay 2, la trilogie Bioshock, Borderlands, Devil May Cry ou XCOM : Enemy Within. Pour les nostalgiques, on retrouvera aussi des jeux issus de la série Sega Vintage Collection comme Golden Axe, Monster World ou Streets of Rage, les portages HD des deux premiers opus de la série de combat Soul Calibur ou encore Kameo, l’un des premiers jeux de la Xbox 360 à sa sortie en 2005. Le catalogue sera mis à jour chaque mois. Sans engagement, le service ne propose pas de streaming. Pour jouer via le Xbox Game Pass, il faudra impérativement télécharger en intégralité les titres sur le disque dur de la console. Il se rapproche en cela plus d’un EA Access, le service de jeu à la demande lancé par Electronic Arts sur Xbox One en 2014, au prix de 3,99 € par mois (ou 24,99 € par an). Les limites seront donc à terme au nombre de deux : la puissance de la connexion réseau et la taille de l’espace de stockage. Microsoft n’est pas le premier à se lancer sur le marché. A la fin de 2015, c’est NVIDIA qui avait lancé son service GeForce Now, accessible uniquement via les produits de la gamme SHIELD, pour 9,99 euros par mois. Le Playstation Now de Sony propose lui aussi un système similaire : un accès illimité à plus de 400 jeux PlayStation 3, auxquels viendront s’ajouter des titres Playstation 4 à partir de l’été 2017. Le tout en streaming – mais le service n’est toujours pas disponible en France. Le service de jeu en ligne de Nintendo pour la Switch coûtera 20 euros par an Marchant dans les traces du Xbox Live et du Playstation Plus, la firme japonaise va pour la première fois inaugurer un système d’abonnement payant. Un service qui servira donc à accéder aux jeux multijoueurs en ligne sur leur dernière console, la Switch. Ce Nintendo Switch Live sera proposé gratuitement dans un premier temps, jusqu’à son lancement complet prévu pour 2018, pour un tarif annoncé de 20 dollars (vraisemblablement autant d’euros) pour un an. Afin d’attirer les abonnés, le service offrira divers avantages assez similaires à ceux offerts par ses prédécesseurs. Le téléchargement d’un jeu gratuit par mois, des réductions et un accès illimité à un catalogue de classiques, comprenant entre autres des jeux NES comme Super Mario Bros. 3, Balloon Fight ou Dr. Mario, qui bénéficieront pour l’occasion d’un nouveau mode multijoueur. C’est plutôt par son tarif qu’il se différencie nettement de ses concurrents. Trois formules d’abonnement ont été annoncées par la branche américaine de Nintendo : 3,99 dollars pour un mois, 7,99 dollars pour un trimestre et 19,99 dollars pour un an. On est loin des 40 ou 50 euros nécessaires pour un abonnement annuel au Xbox Live ou au Playstation Plus. Certaines fonctionnalités ne seront pas accessibles directement sur la console mais via une application mobile, dont une première version de test sera disponible cet été. Il faudra alors s’identifier avec son compte Nintendo pour pouvoir profiter du chat vocal, inviter ses amis à rejoindre une partie en ligne et gérer ses jeux.
"2017-02-06T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/06/02/microsoft-lance-son-service-de-jeu-a-la-demande-avec-le-xbox-game-pass_5137952_4408996.html
Immigration en Australie : un sénateur préconise un vote populaire comme « solution finale »
Vivement critiqué après son premier discours devant le sénat, Fraser Anning a refusé de s’excuser, déclarant ignorer l’utilisation de l’expression par le régime nazi.
Le sénateur Fraser Anning prononce son premier discours devant la Chambre haute du Parlement australien, le 14 août. HANDOUT / REUTERS Le sénateur du Queensland Fraser Anning a sidéré, mardi 14 août, de nombreux élus australiens en reprenant à son compte dans son premier discours devant la Chambre haute du Parlement la formule de « solution finale », qui désigne le plan nazi d’extermination des juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. « Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il est certain que tous les terroristes, de nos jours, sont musulmans, alors pourquoi voudrions-nous en amener davantage ? », a-t-il expliqué lors de son allocution, en demandant un retour à la politique qui voulait que les immigrants attendent cinq ans avant de pouvoir toucher les allocations de l’Etat. « La solution finale au problème de l’immigration est, bien sûr, un vote populaire » sous forme de référendum pour appliquer ces mesures, a-t-il dit. Le sénateur n’a nullement regretté ses propos mercredi, affirmant qu’il ne connaissait pas le lien entre l’Allemagne nazie et l’expression de « solution finale ». « Je ne regrette rien, et je ne vais pas présenter d’excuses », a-t-il déclaré. « Je suis fatiguée de devoir me battre » « Ceux qui tentent de diaboliser les musulmans en invoquant les crimes d’une minorité d’entre eux ne font qu’aider les terroristes », a aussitôt condamné le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, ouvrant la voie à d’autres déclarations semblables de la part de nombreux politiciens australiens. La première élue musulmane du Parlement, Anne Aly, membre du parti travailliste, a notamment pris la parole devant les sénateurs peu après le discours de Fraser Anning. « Je suis fatiguée de devoir me battre, a-t-elle déclaré. Je suis fatiguée de devoir continuellement faire face à la haine et aux calomnies. » La sénatrice d’extrême droite Pauline Hanson, qui s’était elle aussi fait remarquer au Sénat pour y avoir porté une burqa pour en demander l’interdiction, a également dénoncé les propos de Fraser Anning. « Nous ne sommes pas une société raciale, a-t-elle déclaré. J’ai toujours soutenu qu’on ne devait pas forcément être blanc pour être australien. » L’immigration est un sujet très sensible en Australie, un pays qui mène déjà une des politiques les plus dures au monde en matière de traitement des clandestins et demandeurs d’asile, qui se voient relégués des années durant dans des camps offshore. Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que le nombre d’immigrants admis en Australie était déjà à son niveau le plus bas en dix ans en raison d’un durcissement des critères d’admission.
"2018-08-15T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/08/15/australie-un-senateur-preconise-un-vote-populaire-comme-solution-finale-au-probleme-de-l-immigration_5342614_3216.html
Les marchés ne sont pas rassurés par l'issue du premier tour
L'avance de François Hollande (28,63 %) sur Nicolas Sarkozy (27,08 % des voix), n'a pas enthousiasmé les Bourses. Le score de Marine Le Pen préoccupe également les investisseurs.
Pour l’année en cours, les analystes font preuve d’optimisme, misant sur un nouveau rebond de 32 % des bénéfices des sociétés du CAC 40, à 80,7 milliards d’euros. AFP/ERIC PIERMONT La Bourse de Paris affichait un recul de 2 % à la mi-journée, lundi 23 avril, perturbée, tout à la fois, par les résultats du premier tour de l'élection présidentielle et par la crise politique aux Pays-Bas. A 12 h 33, le CAC 40 perdait 66,09 points à 3 121,98 points. Le CAC 40 avait ouvert sur un recul de 0,96 %, avant de baisser de près de 1,8 %, à 3 131,89 points à 9 h 30. Le résultat du premier tour de l'élection présidentielle française, qui a vu François Hollande (28,63 % des voix) arriver en tête devant Nicolas Sarkozy (27,08 %), n'a pas enthousiasmé les marchés. Et Paris n'est pas la seule place à accuser le coup. En Allemagne, l'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a, lui aussi, ouvert, lundi, en baisse de 1,23 % à 6 666,79 points, digérant mal la percée du candidat socialiste dimanche. Milan et Madrid perdaient de leur côté plus de 3 % en début de séance, Londres un peu moins, à - 0,77 % à l'ouverture. A mi-journée, la Bourse de Madrid était en recul de 3,3 % et se rapprochait de ses plus bas de 2009. Les taux obligataires français à 10 ans se sont également légèrement tendus, passant de 3,081 vendredi soir à 3,098 % lundi matin, tout comme les rendements des obligations espagnoles et italiennes. Les investisseurs se reportant sur les "Bund" allemands, le spread (écart) entre les taux français et allemands atteignait lundi matin 1,42 point de pourcentage, contre 1,38 point vendredi soir. "C'était attendu mais cela pèse néanmoins", a indiqué à l'AFP Christian Schmidt, analyste de la banque Helaba, soulignant que les positions de M. Hollande sur la stratégie à adopter face à la crise de la zone euro "ne plaisent pas à tout le monde". LES MARCHÉS N'AIMENT PAS LES SURPRISES Le score particulièrement élevé de la candidate du Front National, Marine Le Pen, arrivée troisième du scrutin, avec 18,01 % des voix, préoccupe également les investisseurs. Car là se trouve la véritable surprise et, c'est bien connu, les marchés n'aiment pas les surprises. "Le principal message de ce premier tour est qu'une large proportion de la population rejette déjà les politiques rendues nécessaires par la situation économique, qui que soit le prochain président", estiment les analystes de Cheuvreux. "Les Français craignent que le fameux modèle social français ne soit brisé par une politique fiscale d'austérité et la libéralisation du marché du travail", ajoutent-ils. Selon eux, le score élevé de l'extrême droite ne va qu'accroître les difficultés de M. Hollande pour convaincre la population que de telles réformes sont nécessaires. Une situation délicate qui pourrait perdurer : "Les élections législatives du mois de juin vont contraindre le prochain président à rester en campagne jusqu'au 17 juin pour s'assurer une majorité solide à l'Assemblée, jugent les analystes de Exane BNP Paribas. Historiquement, un tel scénario aboutit à ce que les premières décisions prises soient relativement démagogiques, ce qui pourrait peser sur le sentiment des investisseurs." Outre l'élection présidentielle, d'autres éléments pouvaient aussi expliquer, lundi matin, la morosité de la Bourse de Paris. L'activité du secteur privé en France a connu, en avril, une accélération de sa contraction, affichant son plus fort repli depuis six mois, selon une première estimation de l'indice PMI diffusée lundi par le cabinet Markit. Audrey Tonnelier et Clément Lacombe
"2012-04-23T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/23/les-marches-ne-sont-pas-rassures-par-l-issue-du-premier-tour_1689657_3234.html
La Chine réfléchit-elle vraiment à deux fois avant d’investir des milliards au Zimbabwe ?
Selon un chercheur chinois rencontré par notre chroniqueur, Pékin devrait prendre davantage conscience des risques politiques lorsqu’elle investit en Afrique.
Le président zimbabwéen Robert Mugabe et le premier ministre chinois Li Keqiang, en 2014, à Pékin. REUTERS C’est le dernier grand chantier en date remporté par la Chine en Afrique : la construction du nouveau Parlement à Harare. Des travaux à 100 millions de dollars payés à 90 % par Pékin. Ce projet fait partie des douze « méga-contrats » décrochés récemment par la Chine au Zimbabwe et le signe que, malgré les risques politiques, Pékin mise toujours sur le régime Mugabe. C’est la question que se pose Wang Xinsong, professeur à la Beijing Normal University. Ce jeune chercheur s’inquiète de voir le tour que prennent les investissements chinois à l’étranger. Il s’apprête donc à lancer une plate-forme pour évaluer les risques des investissements chinois en Afrique. Pourquoi une telle stratégie ? « Le Zimbabwe et l’Ethiopie sont certainement les deux pays les plus risqués, explique-t-il. Ce sont essentiellement des risques politiques que la Chine a encore du mal à appréhender. Il est par exemple étonnant de voir Sinosur [l’équivalent chinois de la Coface] déconseiller aux entreprises chinoises d’investir au Zimbabwe alors qu’officiellement beaucoup de nos grandes entreprises d’Etat sont incitées à le faire. » Pékin prévoit d’investir plus d’un milliard de dollars dans des chantiers d’infrastructures en Afrique et dans le reste du monde. Des projets qui visent des pays parmi les plus pauvres et les plus instables de la planète. Des projets financés à 90 % par des banques chinoises d’Etat et par des institutions comme la China Exim Bank, la banque chinoise d’import-export. « Mais ces investissements sont dominés par la volonté chinoise d’asseoir son influence internationale, plus que par des réels besoins », estiment les analystes de l’agence de notation Fitch. « La Chine continue d’apprendre de ses erreurs et c’est très risqué. La Chine doit prendre conscience des risques politiques en Afrique et mieux coordonner sa politique étrangère. » Wang Xinsong « Le problème, explique le professeur Wang, tient dans le manque de coordination entre les différents acteurs chinois. Le ministère du commerce est certainement le plus influent, mais il ne lit pas les notes du ministère des affaires étrangères, qui lui-même ne travaille pas avec la défense et les services de renseignements. La Chine continue d’apprendre de ses erreurs et c’est très risqué. Les grandes entreprises d’Etat et les banques chinoises ne sont pas comptables publiquement de leurs échecs et elles suivent des directives parfois contradictoires. La Chine doit prendre conscience des risques politiques en Afrique et mieux coordonner sa politique étrangère. » Le Zimbabwe n’a pas beaucoup d’amis, mais la Chine est l’un d’entre eux. Effrayée par l’instabilité politique, la Chine avait suspendu en 2015 ses nouveaux projets dans le pays. Mais le président Mugabe s’est rendu comme chaque année en visite privée en décembre 2016 en Chine et à Hongkong où sa famille possède une luxueuse villa. Il a obtenu à cette occasion un entretien privé avec le président Xi Jinping à Pékin et, immédiatement, l’ambassade de Chine à Harare annonçait la reprise des investissements. L’une des raisons de ce soutien continu et aveugle est politique. Il date de la guerre de libération quand le Zanu-PF, le Parti national du Zimbabwe, recevait l’aide militaire et financière du régime communiste. Alors que le Zimbabwe subissait les sanctions américaines et européennes pour avoir refusé la présence d’observateurs indépendants lors des élections en 2002, la Chine y investissait à tour de bras : 128 projets entre 2000 et 2013 pour un montant de près de 600 millions de dollars d’investissements directs chinois rien qu’en 2013. En 2015, la Chine devient le plus important partenaire commercial du Zimbabwe engloutissant 28 % des exportations du pays. Les entreprises chinoises y sont très présentes dans les télécommunications, les travaux publics et l’énergie. La Chine profite-t-elle en retour de ses largesses ? En 2015, le Zimbabwe a adopté la monnaie chinoise, le yuan renminbi, comme monnaie d’échange, devenant le premier pays – et à ce jour le seul à part la République populaire –, à utiliser la monnaie chinoise. Mais parallèlement, les lois d’indigénisation de 2007 exigent qu’au moins 51 % des parts des entreprises soient détenues par des Zimbabwéens. Une condition qui représente un obstacle majeur pour les investissements étrangers. Fin 2016, les mines de diamants entre les mains d’entreprises étrangères ont ainsi dû fermer dans le cadre de ces lois d’indigénisation. C’est le cas des mines chinoises détenues par Anjin et Jinan, tout comme celles gérées par les Russes et les Sud-Africains. Pas de traitement de faveur pour le vieil ami chinois. Pourtant, ces mines gérées par deux entreprises proches de l’armée chinoise ont longtemps servi à contourner les sanctions et à financer le parti au pouvoir à Harare. « La Chine a d’abord exprimé son mécontentement, souligne le professeur Wang. Mais elle n’a rien fait pour empêcher ces fermetures. La Chine risque de perdre l’ensemble de sa mise. Mais au lieu d’avoir une vision pragmatique, elle a une approche idéologique. » Lire aussi Après les stades et les palais présidentiels, la Chine construit les HLM africains Malgré ce chaos économique, l’inoxydable Robert Mugabe est d’ores et déjà en course pour un nouveau mandat en 2018. Le plus vieux chef d’Etat en exercice fêtera ses 93 ans le 21 février et la Chine a tout misé sur sa reconduction. Pour sa part, l’opposition zimbabwéenne incarnée notamment par le pasteur Evan Mawarire met le régime Mugabe et la Chine dans le même panier. L’autre risque de ces investissements « aveugles » concerne l’image de la Chine. Si les sondages d’opinion indiquent que 55 % des Zimbabwéens citent la Chine comme « pays étranger le plus influent chez eux », ils ne sont que 48 % a estimer cette influence positive. Plus de 31 % des sondés interrogés pensent même que l’influence chinoise est très négative. « La Chine est trop associée à l’image du régime Mugabe et elle n’exerce finalement aucune influence réelle dans le pays. Un changement de régime entraînerait des pertes considérables pour Pékin », conclut le professeur Wang. Sébastien Le Belzic est installé en Chine depuis 2007. Il dirige le site Chinafrica. info, un magazine sur la « Chinafrique » et les économies émergentes.
"2017-02-13T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/13/la-chine-reflechit-elle-vraiment-a-deux-fois-avant-d-investir-des-milliards-au-zimbabwe_5078903_3212.html
Samsung Electronics renonce à sa scission en deux entités
Le premier fabricant mondial de smartphones ne mènera pas à terme ce projet évoqué dans la foulée du fiasco du Galaxy Note 7.
Le premier fabricant mondial de smartphones, Samsung Electronics a annoncé vendredi 24 mars qu’il renonçait à un projet de scission qu’il avait auparavant évoqué. Le géant sud-coréen vient d’être confronté à deux crises majeures : le désastreux rappel planétaire de son Galaxy Note 7 et son implication dans le scandale de corruption qui a entraîné la destitution de la présidente sud-coréenne, Park Geun-hye. Le vice-président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, qui n’est autre que l’héritier de sa maison mère – le groupe Samsung –, a été inculpé et est toujours incarcéré. Après le fiasco de son appareil, à l’automne 2016, la société avait annoncé, sous la pression de ses actionnaires demandant une amélioration de la gouvernance, qu’il envisageait de se scinder en deux entités. Mais le président du conseil d’administration, Kwon Oh-hyun, a annoncé, vendredi, lors de son assemblée générale que l’étude des aspects légaux et fiscaux d’une telle opération avait permis d’isoler « certains effets négatifs ». « A ce stade, elle semble difficile à mettre en œuvre », a-t-il dit sans donner plus de précision. Lire aussi Le fiasco du Galaxy Note 7, révélateur des dysfonctionnements de Samsung « Incertitudes sur l’environnement du groupe » Une nouvelle commission de gouvernance, qui avait été promise dans la foulée du rappel du Galaxy Note 7, sera en revanche bien mise en place à la fin d’avril. Mais Samsung Electronics n’a pour l’instant pas été en mesure de recruter les « cadres dirigeants étrangers qui ont l’expérience de la direction exécutive des grands groupes » et qui seraient susceptibles d’entrer dans cette commission, a détaillé M. Kwon, « en raison des incertitudes sur l’environnement interne et externe du groupe ». Samsung Electronics est le navire amiral du groupe Samsung. Son action a atteint des sommets dans la perspective de bénéfices encore plus élevés.
"2017-03-24T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/03/24/samsung-electronics-renonce-a-sa-scission-en-deux-entites_5099907_3234.html
Les ambivalences du président pour réinventer sa fonction
En décidant de ne pas se marier, François Hollande a participé, au niveau de l'espace public, à la déstabilisation du modèle de la famille bourgeoise, qui demeure le modèle de référence pour de nombreux hommes publics.
François Hollande à Paris, le 18 octobre. REUTERS Les commentaires sur l'affaire Closer soulignent la frontière entre vie privée et vie publique des hommes ou des femmes « publics » qui ne devrait pas être franchie, et donnent un rappel à l'ordre. Si on comprend bien, cette frontière devrait être plutôt un mur même si on sait bien que c'est faux. Les hommes et les femmes « publics » n'hésitent pas à jouer eux-mêmes les douaniers en nous invitant chez eux, dans leur jardin, dans leur cuisine. Ils veulent révéler que leur vie n'est pas que « publique », qu'ils sont humains comme les autres. Mais ces commentaires reposent sur un double présupposé : le territoire de la vie privée et la ligne de partage entre vie privée et vie publique n'auraient pas changé depuis des décennies. Or c'est faux. Il faut donc reprendre le raisonnement en incluant les modifications importantes qu'ont connues le couple et la famille pour poser différemment le problème. Le modèle de référence pour de nombreux hommes publics demeure celui de la famille dite bourgeoise. Rappelons-en les contours. Le mariage assure la version officielle de la vie privée de ces hommes qui, par ailleurs, se donnent le droit d'avoir une vie sexuelle, assez durable, avec d'autres femmes (ou hommes) non officiels. Ce fut l'invention au XIXe siècle de la maîtresse, différente de la prostituée censée n'apporter qu'un service sexuel. Dans le modèle de la famille bourgeoise, il peut donc y avoir une division du travail entre l'épouse et mère, garante du sérieux de la reproduction, et la maîtresse aimée, garante d'autres satisfactions. Même si ce modèle s'est déstabilisé avec l'introduction de l'amour dans le mariage pendant la première moitié du XXe siècle, les hommes politiques n'ont guère changé. Ainsi François Mitterrand sut parfaitement jouer ce registre dans la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à quasiment la fin. La reconnaissance publique, mais non juridique, de sa fille, et surtout la présence de la maîtresse le jour de l'enterrement officiel à côté de l'épouse légitime ont démontré que la frontière entre la vie publique et la vie privée était poreuse. Le modèle de la famille bourgeoise n'a pas tenu jusqu'au bout.
"2014-01-14T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/14/les-ambivalences-du-president-pour-reinventer-sa-fonction_4347520_3232.html
Jeunes diplômés : le passage par une PME est-il un bon plan?
Très formatrices, les petites structures ont les faveurs d'un nombre croissant de jeunes diplômés. Mais pour qui entend s'orienter ensuite vers une grande entreprise, l'aventure est parfois à double tranchant.
Lors de l'édition 2012 du festival de technologie Campus Party Europe, à Berlin, en août 2012. STEPHANIE PILICK/AFP C'est une expérience qu'elle évoque avec une pointe d'émotion. A sa sortie d'une école d'ingénieur, Odile a rejoint une très petite entreprise ( TPE ) spécialisée en communication. « J'ai vécu une belle aventure et énormément appris, se souvient-elle. Ce type de structure permet de toucher à tout très vite. On devient polyvalent, ce qui est formateur ». Au bout de quelques années, elle a toutefois cédé à l'appel d'un grand groupe. Avec ses avantages… Et ses inconvénients : « J'ai alors découvert un univers où les postes étaient beaucoup plus cloisonnés et où les circuits de décisions semblaient terriblement longs ». Comme Odile, chaque année, une minorité de jeunes diplômés fait le pari de la « petite boîte ». Ils seraient même de plus en plus nombreux, en raison notamment d'un travail des centres de formation en faveur d'une meilleure mise en relation entre PME et étudiants. « Il y a seulement quatre ans, nous étions très orientés vers les grands groupes, reconnaît Sylvie Mazurat, directrice des relations avec les entreprises à L'Ecole Centrale de Paris. Mais nous avons perçu chez nos étudiants un désir de donner une plus grande place aux PME dans nos murs. Ce qui a notamment conduit à la création d'un club PME qui réunit quatorze entreprises avec lesquelles nous multiplions les interactions ». UN MONDE QU'ILS CONNAISSENT MAL Même constat du côté de l'Edhec : « Les jeunes qui arrivent dans nos écoles n'ont souvent aucune opposition de principe aux PME, il s'agit juste d'un monde qu'ils connaissent mal», assure la directrice carrières et prospective, Manuelle Malot. La montée en puissance de l'entrepreneuriat dans les formations ainsi que l'introduction du vocable « start-up » ont, en parallèle, permis de donner une image plus positive et moderne aux petites structures. Que viennent, alors, chercher les jeunes diplômés dans ces PME ou TPE ? Beaucoup d'entre eux espèrent y trouver un « accélérateur de carrière » pour atteindre rapidement des postes à responsabilités ou, tout du moins, des fonctions ayant du « sens ». « C'est une volonté forte de leur part, confirme Caroline Pailloux, fondatrice d'Ignition program, un graduate program qui vise à faciliter le recrutement de hauts potentiels pour les jeunes entreprises ». « A l'inverse d'un grand groupe où les nouvelles recrues ''voient'' mais ''ne font pas'', ils veulent agir sur le cours de l'entreprise, être dans la création ». C'est justement ce qu'est venu chercher un diplômé de l'Edhec, Lucas Servant, 23 ans, en intégrant la petite entreprise que Mme Pailloux a créé pour développer son graduate program. « Je travaille sur le projet de la société lui-même, sur la définition du produit, explique-t-il. Je peux donc avoir un impact direct sur le ''business'' de la structure. Autant de choses qui seraient impensables dans une grande entreprise. » DIRECTEUR FINANICER À 29 ANS Impensable également pour un jeune diplômé embauché par une multinationale de se retrouver directeur financier à seulement 29 ans. C'est ce qui est arrivé à Romain Garcia en rejoignant le groupe SOS qui regroupe une myriade de structures de l'économie sociale et solidaire ( ESS ) ayant chacune leur fonctionnement propre. Après une première expérience dans un grand cabinet d'audit, ce titulaire d'un master de finances de l'Université Paris-Dauphine a changé de voie. Il a rejoint à 25 ans le Groupement d'intérêt économique Alliance gestion, dont les 150 salariés gèrent l'ensemble des fonctions support du groupe. Il a aujourd'hui sous sa charge un chiffre d'affaires de 650 millions d'euros. Si elles donnent fréquemment satisfaction aux jeunes diplômés qui s'y engagent, les PME ont toutefois également leurs faiblesses. A commencer par les perspectives de carrière qu'elles offrent. « Les start-up n'ont pas forcément de progressions importantes à proposer, reconnaît Mme Pailloux. Certains salariés atteindront rapidement un poste au-dessus duquel ils ne trouveront que le chef d'entreprise… » Idem pour les évolutions salariales envisageables. En conséquence, beaucoup quitteront la PME après quelques années afin de rejoindre, comme Odile, des organisations plus importantes. Mais c'est là que surgit parfois un second écueil : l' « expérience PME » peut desservir les candidats à des postes en grandes entreprises. « Cela peut être un frein qui rend le passage de la première à la deuxième expérience compliqué, reconnaît Mme Malot. Les recruteurs pourront par exemple reprocher à un postulant ayant précédemment travaillé tout à la fois à des tâches commerciales et marketing de ne pas être assez spécialisé ». Et malgré l'expérience accumulée, il va sans dire que les participants à l'aventure d'une start-up ayant, au final, déposé le bilan, porteront un handicap sérieux sur leur CV. (Le Monde-Campus, mars 2014).
"2014-08-13T00:00:00"
emploi
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/08/13/le-passage-par-une-pme-est-il-un-bon-plan_4471066_1698637.html
Reprise : « Bella Figura », de Yasmina Reza à Sceaux
La dernière pièce de l’auteure, mise en scène par Thomas Ostermeier, est reprise aux Gémeaux, scène nationale, jusqu’au 29 novembre.
La dernière pièce de Yasmina Reza, Bella Figura, créée en mai à la Schaubühne de Berlin, dans une mise en scène de Thomas Ostermeier, est reprise aux Gémeaux, scène nationale de Sceaux, jusqu’au 29 novembre. Nous republions ci-dessous la critique parue au moment de la création en Allemagne en mai 2015. « Bella Figura », de Yasmina Reza, créée à Berlin La dernière pièce de l’auteure, mise en scène par Thomas Ostermeier, a été présentée à la Schaubühne, le 16 mai, avant d’être montrée en France, en novembre. Nina Hoss (Andrea) et Mark Waschke (Boris) dans "Bella Figura", de Yasmina Reza. SCHAUBÜHNE Le théâtre de Shakespeare a peu de points communs avec celui de Yasmina Reza. Cela n’a pourtant pas empêché Thomas Ostermeier, le directeur artistique de la Schaubühne à Berlin, de mettre en scène Richard III, puis, trois mois plus tard, Bella Figura, la dernière pièce de Yasmina Reza, présentée en création mondiale à Berlin le 16 mai. Sur scène, cinq personnages. Andrea et son amant Boris retrouvent, accidentellement, sur le parking d’un restaurant, Françoise et Eric accompagnés d’Yvonne, la mère d’Eric, qui fête son anniversaire. Françoise étant une amie d’enfance de la femme de Boris, la rencontre – tout comme l’anniversaire d’Yvonne – tourne à la catastrophe. Alors que Boris n’a qu’une envie – quitter cet enfer au plus vite –, Andrea prend un malin plaisir à faire du charme à Eric entre deux coupes de champagne. Et, grâce à ses connaissances d’employée de pharmacie, à jouer la belle-fille idéale auprès d’Yvonne, accro aux médicaments. Perverse et pompette C’est souvent drôle, toujours cruel. Personne n’en sort indemne. Surtout pas Boris, chef d’entreprise au bord de la faillite qui n’a rien trouvé de mieux qu’emmener sa maîtresse dans un restaurant recommandé par sa femme. La pièce est surtout portée par deux actrices : la star Nina Hoss, qui incarne à merveille une Andrea à la fois subtile, perverse et pompette, et Lore Stefanek, qui interprète une Yvonne pathétique mais redoutable. Les autres acteurs, Mark Waschke (Boris), Stephanie Eidt (Françoise) et Renato Schuch (Eric) s’en sortent honorablement mais sans totalement convaincre. Dans le petit livret remis à la presse avant la représentation, Yasmina Reza fait appel à d’illustres parrains pour présenter sa pièce. Comme si la légèreté était insoutenable. On y lit des extraits de textes de Dante Aligheri (L’Enfer), d’Ovide (Les Métamorphoses), de Victor Cousin (Madame de Longueville), de Karl Hoffmann (Bella Figura-Brutta Figura), de Borges (Les Deux Rois et les deux labyrinthes), de Jean-Henri Fabre (Souvenirs entomologiques) et de… Yasmina Reza : le chapitre « Chantal Audouin », d’Heureux les heureux (Flammarion). « Les sentiments sont changeants et mortels. Comme toutes les choses sur terre. Les bêtes meurent. Les plantes. D’une année à l’autre, les cours d’eau ne sont plus les mêmes. Rien ne dure. Les gens veulent croire le contraire. Ils passent leur vie à recoller les morceaux et ils appellent ça mariage, fidélité ou je ne sais quoi. Moi, je ne m’embarrasse plus avec ses bêtises. Je tente ma chance avec qui me plaît. De toute façon, je n’ai rien à perdre » : voilà sans doute le passage qui résume le moins mal la pièce. Thomas Ostermeier, lui, semble avoir été surtout inspiré par Jean-Henri Fabre. Sur un grand écran placé en fond de décor, des projections d’insectes ou de crustacés nous ramènent à notre triste condition animale. Avec un texte pareil, on aurait pu s’attendre à plus trash. On se souvient d’un Misanthrope monté à la Schaubühne où l’on n’hésitait pas à déverser sur scène le contenu de poubelles. Rien de tel cette fois-ci, comme si Thomas Ostermeier s’était retenu face à ce texte écrit pour lui. Version allemande Ce n’est pas la première fois que Yasmina Reza crée une pièce à l’étranger. En 2007, les Zurichois puis les Berlinois avaient pu découvrir Le Dieu du carnage avant les Parisiens. En 2012, c’est à Berlin qu’a été présentée Comment vous racontez la partie. En revanche, c’est la première fois que Thomas Ostermeier monte une pièce de cette auteure. « Nous nous ressemblons. Elle semble davantage appréciée en Allemagne qu’en France alors que moi je suis souvent mieux considéré en France qu’en Allemagne », nous confie-t-il. Avant même la première, les douze représentations de Bella Figura à Berlin affichaient complet. Pari commercialement audacieux : c’est cette version allemande de la pièce qui va être jouée en France. Avec des surtitres en français. Dans un premier temps, en novembre, au théâtre Les Gémeaux, à Sceaux (Hauts-de-Seine). Contrairement à Boris, Andrea, Françoise, Eric et Yvonne, les spectateurs devraient passer une bonne soirée. Même si Yasmina Reza n’est pas Shakespeare.
"2015-05-18T00:00:00"
scenes
https://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/11/23/reprise-bella-figura-de-yasmina-reza-a-sceaux_4635664_1654999.html
La France sur son quant-à-soie
L'industrie textile a presque disparu de l'Hexagone mais à Lyon une poignée de soyeux continuent à porter haut le "made in France". Un artisanat d'art unique au monde qui séduit une clientèle très fortunée.
Dans l'atelier lyonnais de Tassinari & Chatel, Maryvonne Nahon pratique le tissage à bras. Elisabeth Rull / Picturetank Dans l'atelier de tissage de Tassinari & Chatel, le plus ancien des soyeux lyonnais créé par Louis Pernon en 1680, Denis Boully s'amuse : "J'ai souvent la drôle d'impression d'être un ptérodactyle !" Il est directeur technique de cette PME. Pour désigner son titre, on parlait jadis, plus joliment, de "croiseur de fils". Cet atelier est l'un des derniers dans l'Hexagone à pratiquer le "tissage à bras". Les artisans qui maîtrisent cette technique ne sont plus qu'une petite dizaine. L'autre grand soyeux lyonnais, Prelle, en emploie encore un. En 1860, âge d'or de la soie lyonnaise, 40 000 canuts et autant de métiers à tisser étaient en activité. Pourtant, à l'heure où les politiques n'ont que le made in France à la bouche, Tassinari & Chatel en reste un symbole exemplaire. Cet artisanat d'art n'existe nulle part ailleurs. Le travail est physique. Il demande une patience infinie, une grande minutie et toujours plus d'ingéniosité pour maîtriser des machines que presque plus personne ne sait réparer. D'immenses rames de papier perforé permettent à cette mécanique de lever les fils de trame. Le tissage est tassé par un battant de bois, que rabat le tisseur. "En moyenne, je réalise de 30 à 50 centimètres de tissu par jour. Parfois moins, entre 5 et 15 centimètres, s'il s'agit de broché [lorsque des motifs sont ajoutés par des trames supplémentaires] ou de brocart [avec des fils d'or ou d'argent]", explique Maryvonne Nahon. Elle travaille habituellement avec une jeune femme, partie en congé de maternité. Aucun remplaçant n'a pu être trouvé. "Il faut des années pour former un tisseur, il n'y a plus d'école depuis longtemps", note Patrick Lelièvre, PDG du groupe Lelièvre, qui a racheté Tassinari & Chatel en 1998. Avec ces machines tout en bois où sont tendues 1 680 bobines de fil, on comprend que le doute existentiel de Maryvonne Nahon puisse parfois se résumer à une simple interrogation - "les couleurs vont-elles tomber dans les fleurs ?" - puisque tout se joue au millimètre près... De ces étonnantes machines sortent des étoffes exceptionnelles. "De savants tableaux "au fil", des tapisseries inspirées, des compositions royales aux harmonies divines, un septième ciel de soie, une palette sacrément sophistiquée, avec cette élégance "native" qui, comme le chic, ne s'apprend pas", s'enthousiasme le couturier Christian Lacroix (cité dans Tassinari & Chatel, la soie au fil du temps, de Jean-Pierre Planchon, éd. Monelle Hayot, 2001). Le monde peut bien s'affoler, chez Tassinari & Chatel, sur cette colline de la Croix-Rousse à Lyon, on prend son temps. Initiée grâce à André Malraux - ministre de la culture de 1959 à 1969 -, la restauration de la chambre de Louis XIV au château de Versailles a duré... dix-neuf ans. Pour réhabiliter le Grand Trianon, le général de Gaulle avait spécifié : "Crédits illimités, délai un an." Il en fallut six pour en venir à bout. L'historien du textile Jean-Pierre Planchon raconte qu'en 1966, lors de l'inauguration officielle, le chef de l'Etat s'exclama : "Ah, les belles soieries !" en prenant entre ses mains une lourde portière en velours. Malheureusement, c'était la seule étoffe en coton de toute la pièce... Commencée en 1961, la restauration du salon des jeux de Versailles vient juste d'être achevée. Dans l'atelier lyonnais de Tassinari & Chatel, Maryvonne Nahon pratique le tissage à bras. Elisabeth Rull / Picturetank La maison Tassinari & Chatel s'est constitué au fil des siècles une clientèle de prestige, en fournissant toutes les cours royales puis les grands de ce monde, en France, en Russie, en Espagne, en Scandinavie. Le Musée de Fontainebleau, le Trianon à Versailles, le Musée de Chantilly, le Louvre, le palais Haga en Suède, la Wallace Collection aux Etats-Unis, l'hôtel Errera à Bruxelles ont fait appel à ce soyeux. Le commanditaire le plus étonnant reste sans doute la Maison Blanche. En 1963, Jackie Kennedy décide de garnir de soierie de couleur jaune le salon Ovale. Elle choisit un motif de jeunes Bacchus, de papillons, d'oiseaux et d'amours inspiré par un lampas créé par l'entreprise pour la cour du tsar à la fin du xviiie siècle. Le palais de l'Elysée n'a pas été en reste : Tassinari & Chatel a été appelé à la rescousse pour des commandes de soies destinées à une ribambelle de rideaux et de sièges de salons d'apparat, de bureaux ou encore du ravissant salon d'argent, dans les appartements privés du président. Le prix de ces merveilleuses étoffes peut atteindre jusqu'à 3 000 euros le mètre. Bien des clients historiques - l'Etat, les musées, ou les propriétaires de bâtiments classés et de châteaux - ne peuvent plus suivre. La clientèle évolue. Ces soieries sont désormais essentiellement destinées aux appartements de luxe et aux amateurs d'art très fortunés. Une milliardaire russe a commandé, début mars, par l'entremise de son décorateur, 640 mètres de soie pour tapisser la très grande cage d'escalier de son hôtel particulier. Nombre de clients historiques préfèrent acheter de la soie tissée mécaniquement, moins raffinée, certes, mais bien moins chère aussi. Les machines à tisser modernes permettent de créer de 80 à 100 mètres de damas simple par jour. L'un des héritiers, Bernard Tassinari, résumait fort bien l'affaire, dès les années 1970 : "La qualité n'a jamais été mise en cause, c'est la compétitivité qui perd les fabricants. Les prix de façon ne sont pas très élevés, mais encore trop par rapport à ceux obtenus sur métier mécanique. C'est ce que nous appelons de nos jours le rapport qualité-prix. Le premier élément est bon, mais le second se détériore." Par Nicole Vulser/ Photos Elisabeth Rull
"2012-06-04T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2012/04/06/la-france-sur-son-quant-a-soie_1680735_4497319.html
Baignade non mixte à la plage de Trieste
La Lanterna en Italie fait l’objet d’un documentaire, « L’Ultima Spiaggia », en salles le 23 novembre. Loin des querelles françaises sur le burkini, les femmes de toutes origines viennent s’y reposer du regard des hommes.
Elles sont toutes venues et la plage est bondée. C’est le dernier dimanche de baignade. Dans quelques jours, fin septembre, les maîtres-nageurs en tee-shirt rouge auront disparu après avoir retiré les bouées et fermé les volets bleus du petit poste de secours. Mais l’été s’attarde sur Trieste, le soleil est encore chaud et la mer aussi paisible qu’une piscine. Alors, les dames se bousculent sur les galets gris. Les unes cuisent consciencieusement, pile-face, allongées sur leur serviette, d’autres dorment dans le transat sous le parasol, quelques-unes tapent le carton pour une partie de coteccio près des arches de la galerie qui fait office de vestiaire commun, les bavardes parlent fort et poursuivent leur conversation en arpentant l’eau peu profonde, des mères de famille jettent un œil distrait sur les enfants qui jouent au bord de l’eau. À la Lanterna, les femmes apprécient de ne pas devoir se soucier de leur apparence. LAVINIA PARLAMENTI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Les bikinis – très peu d’entre elles portent un maillot une pièce – ne sont pas tous de la dernière mode. Celles, nombreuses, qui vont seins nus ne sont pas les plus jeunes. Minces ou rebondis, fermes ou flétris, les corps s’exposent avec naturel, loin du théâtre des apparences que peuvent être les plages, surtout en Italie. L’explication se trouve sur la droite quand on regarde la mer : un mur couvert de crépi blanc s’élève sur la grève et avance de quelques mètres dans l’eau. Puis, une ligne de flotteurs prend le relais pour délimiter les bassins. De l’autre côté, c’est la partie des hommes. Le mur qui sépare les femmes des hommes de la plage de la Lanterna s’avance jusque dans la mer. LAVINIA PARLAMENTI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE La plage municipale La Lanterna, que tout Trieste connaît sous le sobriquet « il Pedocin », est la seule en Europe qui sépare les sexes. Une fois franchie la façade à la peinture écaillée et payé le ticket d’un euro, les unes vont à gauche, les autres à droite. Seuls les enfants jusqu’à 12 ans ont le droit de passer librement dans chacune des zones. Plus d’un siècle de séparation La Lanterna est l’objet d’un documentaire très sensible de Thanos Anastopoulos et Davide Del Degan, L’Ultima Spiaggia (« la dernière plage »), qui sort en salles le 23 novembre, après avoir été projeté en séance spéciale à Cannes en mai. « Pour les gens d’ici, ce bain est un monument vivant, un lieu presque sacré. » Thanos Anastopoulos Lorsque les réalisateurs ont offert une avant-première à Trieste, le 30 septembre, la foule était telle devant la Sala Tripcovich que tout le monde n’a pas pu entrer : « Pour les gens d’ici, ce bain est un monument vivant, un lieu presque sacré », explique Thanos, le Grec devenu Triestin par amour.
"2016-11-11T00:00:00"
m-le-mag
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2016/11/11/baignade-non-mixte-a-la-plage-de-trieste_5029218_4500055.html
Morts de nourrissons : à quoi servent les poches alimentaires ?
Mises en cause dans la mort de trois nourrissons à Chambéry, les poches de nutrition sont utilisées depuis les années 1960 pour alimenter les grands prématurés.
Le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Chambéry, le 5 janvier. AFP/PHILIPPE DESMAZES Le professeur François Chast est chef du service de pharmacie du groupe hospitalier Cochin-Port Royal-Hôtel Dieu et Broca, à Paris. Il explique l'importance des poches de nutrition pour les prématurés, mises en cause dans la mort de trois nourrissons à l'hôpital de Chambéry. Depuis quand les poches de nutrition sont-elles utilisées dans les hôpitaux, et qu'ont-elles apporté à la néonatologie ? L'objectif de la réanimation néonatale, qui a une quarantaine d'années, est d'apporter aux prématurés tous les éléments nutritionnels pour permettre la maturation de leurs organes et de se se défendre contre le stress et l'ensemble des agressions. En France, son père a été le très médiatique professeur Alexandre Minkowski. C'est à partir de la fin des années 1960 et du début des années 1970 que l'on a accepté de réanimer des enfants pesant de l'ordre du kilogramme, qui naissaient à 27 ou 28 semaines de grossesse. Désormais, il peut s'agir de nouveaux nés pesant 600 grammes. Ce sont de petits poids, avec une grand immaturité d'un grand nombre de fonctions physiologiques, parmi lesquelles les fonctions digestives. Leur tube digestif n'est pas encore prêt à recevoir des aliments naturels, en particulier le lait maternel, et le sang du cordon n'est plus là pour apporter les éléments nutritifs. L'alimentation dite parentérale [par voie intraveineuse] est alors utilisée. Cela fait désormais une vingtaine d'années qu'a été protocolisée l'utilisation de ces apports énergétiques. C'est une évolution majeure, car cela permet ce que j'appellerais volontiers une forme de hardiesse chez les réanimateurs, qui peuvent composer avec les volumes selon les besoins spécifiques de chaque nouveau-né. Qu'apportent les poches de nutrition ? En gros, cinq catégories de nutriments : Les sucres (glucose) ; Les protéines (acides aminés) ; Les lipides (les graisses, un des éléments essentiels pour apporter beaucoup d'énergie) ; Les vitamines indispensables à la croissance ; Et les sels minéraux (sodium, potassium, calcium, magnésium...). Toutes sont intégrées aux préparations, à l'exception des lipides, administrés séparément par les infirmiers car il s'agit d'émulsions très fragiles dont la stabilité avec les autres ingrédients n'est pas bonne. Comment s'organise la fabrication de ces poches ? Dans les CHU, les pharmacies hospitalières disposent d'unités de préparations parentérales pédiatriques en lien étroit avec les réanimateurs, comme à Paris dans les hôpitaux Cochin-Port Royal, Robert Debré et Trousseau. C'est plus simple pour disposer de poches de nutrition personnalisées pour chaque nouveau-né que si le fabricant se situe à 200 kilomètres. Ces unités peuvent aussi fournir d'autres hôpitaux. C'est ce que fait la nôtre [au groupe hospitalier Cochin-Port Royal-Hôtel Dieu et Broca]. Ce ne fonctionne pas ainsi partout. A l'hôpital de Chambéry, dont je ne connais pas la taille de l'unité de réanimation, il est fait appel à un industriel privé. Je n'ai aucune raison de penser qu'il ne s'agit pas d'un bon fournisseur, et j'imagine que les mêmes précautions sont prises – l'enquête n'en dit rien à ce jour. Les laboratoires, eux, peuvent fournir des poches standards, mais aussi parfois des poches personnalisées. Quels risques cela comporte-t-il ? De façon générale, les risques infectieux sont importants chez les grands prématurés, qui sont extrêment fragiles parce que les réactions de défense de leurs organismes sont immatures. Au niveau du risque pharmaceutique, nous faisons tout pour maintenir une sécurisation absolue. Toutes les matières premières sont stériles, nous travaillons avec des isolateurs eux aussi stériles, des échantillons sont prélevés pour un examen microbiologique, etc. Malheureusement, comme pour toute activité humaine, nous pouvons être victime d'une faille. Nous ne pouvons jamais être à l'abri d'un pépin, et ce qui s'est passé à Chambéry est probablement la conséquence d'une succession de pépins. La responsabilité de l'hôpital sera forcément examinée, comme celui-ci a sous-traité la production des poches. C'est une des difficultés de la sous-traitance en milieu hospitalier : la responsabilité est partagée entre les deux signataires. Ensuite, c'est le juge qui tranche.
"2014-05-01T00:00:00"
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2014/01/05/nourrissons-a-quoi-servent-les-poches-alimentaires_4343215_1651302.html
Classement des lycées 2018 : ces établissements qui font réussir leurs élèves
Ce palmarès s’appuie sur des indicateurs publiés par l’Education nationale qui visent à mesurer la capacité des lycées publics et privés à faire mieux qu’attendu.
Affichage des résultats de la session 2017 du baccalauréat, à Paris, le 5 juillet. THOMAS SAMSON / AFP Qu’est-ce qu’un bon lycée ? A question simple, réponses multiples : celles de l’éducation nationale, qui rend publics, mercredi 21 mars, ses indicateurs de valeur ajoutée des 3 500 établissements publics et privés de France, d’enseignement général, technologique et professionnel, en se gardant d’établir une hiérarchie ; et celles que différents médias, dont Le Monde, tentent d’apporter grâce à leurs classements des lycées. Nous avons ainsi distingué des lycées tels que l’établissement général et technologique public Jardin d’essai, aux Abymes (Guadeloupe), le lycée général et technologique privé Saint Joseph de Cluny, à Fort-de-France (Martinique), l’établissement professionnel public Alphonse-Benoît, à l’Isle sur la Sorgue (Vaucluse) ainsi que le lycée professionnel privé Saint Joseph de Cluny, à la Baie Mauhault (Guadeloupe). Pour découvrir les vingt meilleurs par catégorie, vous pouvez consulter notre tableau d’honneur au bas de cet article. Le classement complet est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous. « Valeur ajoutée » Du point de vue de l’éducation nationale, un bon lycée est un établissement qui fait mieux que prévu. Depuis que le ministère diffuse sa batterie annuelle d’indicateurs de résultats, il rappelle qu’ils ont pour objectif de « rendre compte des résultats du service public d’éducation nationale et de donner aux responsables de ces établissements et aux enseignants des outils qui les aident à améliorer l’efficacité de leurs actions ». La méthodologie met donc au cœur de ces indicateurs la notion de « valeur ajoutée » pour prouver aux équipes enseignantes que certaines, à condition identique, font mieux que d’autres (à charge pour les moins performantes d’imiter les autres). Pour ce faire, le ministère mesure l’écart entre les résultats réels d’un lycée et ses résultats « attendus », établis à partir de la composition sociale et du niveau scolaire des élèves. Cette lecture, privilégiée par le service public, distingue deux grandes familles d’établissements. La première, paradoxalement, est constituée par les lycées privés à très faibles effectifs (moins de 100 candidats au baccalauréat) qui instillent dans leurs classes une dose raisonnée de mixité sociale. Leur taux de réussite attendu au bac tourne autour de 85 % mais leur taux réel se situe plutôt entre 95 % et 100 %, ce qui leur assure une valeur ajoutée de 10 à 15 points. Une vision en trompe l’œil La seconde famille est formée de lycées publics situés dans des zones a priori difficiles dont environ 85 %-90 % d’élèves décrochent le bac quand les statistiques n’annoncent qu’une probabilité de réussite de 70 % à 80 % – eux aussi affichent ainsi une valeur ajoutée supérieure à 10 points. Ils sont situés en banlieue parisienne (Trappes, Clichy-sous-Bois, Bobigny…) ou dans les DOM (Guadeloupe, Martinique…). Le prisme du taux de mentions, critère ajouté cette année par le ministère, accroît encore ce phénomène : parmi les vingt lycées dont la valeur ajoutée est la meilleure, seuls six sont publics – Alfred-Nobel à Clichy-sous-bois, Condorcet à Schœneck (Moselle), Romain-Rolland à Goussainville, La Plaine de Neauphle à Trappes, le lycée international de Saint-Germain-en-Laye et Sophie-Germain à Paris-4e. Les prestigieux lycées parisiens de la montagne Sainte Geneviève (Louis-le-Grand, Fénelon, Henri IV…), fleurons de l’excellence républicaine, accrochent péniblement le premier quart du classement. Cette grille de lecture ministérielle aboutit donc à une vision du « bon lycée » en trompe l’œil. Si l’on conserve l’exemple des mentions, La Plaine de Neauphle (Trappes), affiche certes une valeur ajoutée de 19 points, mais seuls 38 % de ses élèves en décrochent une. Tandis qu’Henri IV n’obtient qu’une modeste valeur ajoutée de 4 points, mais permet à 93 % de ses élèves d’avoir une mention. De plus – mais le ministère de l’éducation nationale n’a pas souhaité documenter ce point – la part des mentions très bien est selon toute probabilité nettement supérieure à Henri IV qu’à La Plaine de Neauphle. Une part d’arbitraire Le « bon lycée » vu par le ministère n’est donc pas celui qui accueille le plus de « bons élèves ». Partant, ce n’est pas non plus le « bon lycée » du point de vue des parents plus soucieux de la réussite individuelle de leur enfant que de la performance collective de l’institution scolaire. Tout classement tiré de ces indicateurs relève donc d’une part d’arbitraire et reflète autant les valeurs des auteurs du classement que la valeur des lycées mis en avant. Le Monde, depuis trois ans, a choisi de ne pas trancher entre les ambitions affichées par l’école républicaine : assurer la réussite et compenser les inégalités de naissance, permettre l’émancipation de l’individu et celle du collectif. Nous avons donc retenu quatre indicateurs et leur avons attribué un poids identique : le taux de réussite au bac 2017, qui rend compte de l’excellence académique, les taux d’accès de la première au bac et de la terminale au bac, qui signalent les lycées faisant le plus d’efforts pour accompagner les élèves (ils n’excluent pas les « moins bons »), la valeur ajoutée du taux de réussite au bac, enfin, qui souligne les mérites de ces lycées qui « font mieux que prévu » au regard du public qu’ils accueillent. Pour ce dernier critère, nous avons estimé qu’un lycée qui obtenait les résultats attendus faisait correctement son travail et « méritait » une note de 20/20. Ceux qui font mieux obtiennent donc, comme au bac, des points au-dessus de 20, ce qui explique quelques moyennes finales supérieures à 20 dans le classement. Enfin pour atténuer les biais liés à la taille des lycées, nous n’avons retenu dans le classement que les lycées généraux et technologiques qui présentent au moins 100 élèves au bac et proposent au moins deux séries (S et ES) et les lycées professionnels qui présentent au moins 30 élèves. Les quatre tableaux ci-dessous représentent nos « top 20 » parmi les lycées généraux et technologiques publics et privés, et parmi les lycées professionnels : Top 20 des lycées privés Classement des lycées professionnels 2018 : les 20 meilleurs établissements publics Classement des lycées professionnels 2018 : les 20 meilleurs établissements privés Top 20 des lycées publics Comment apprécier les résultats d’un lycée ? [Le ministère de l’éducation nationale apporte les précisions suivantes concernant ses indicateurs.] Les indicateurs de résultats des lycées évaluent non seulement la réussite au baccalauréat des élèves de terminale d’un établissement, mais aussi la capacité de cet établissement à accompagner le maximum d’élèves depuis la seconde jusqu’à l’obtention du diplôme, en prenant en compte les caractéristiques sociodémographiques et scolaires des élèves. Ils offrent en cela une analyse plus fine que le seul taux de réussite au baccalauréat, en appréciant également le parcours scolaire des élèves depuis leur entrée au lycée et le caractère plus ou moins sélectif des établissements. Trois indicateurs sont utilisés pour mesurer la valeur propre d’un établissement : le taux de réussite au baccalauréat, c’est-à-dire la proportion de bacheliers parmi les élèves ayant passé le baccalauréat ; le taux d’accès au baccalauréat, qui est la proportion d’élèves de seconde ou de première qui obtiennent le baccalauréat en restant dans l’établissement ; la proportion de bacheliers parmi les élèves qui quittent l’établissement. Il ne s’agit donc pas pour le ministère de réaliser un classement des lycées mais de proposer, à travers cette combinaison d’indicateurs, une image de la réalité complexe et relative que constituent les résultats d’un établissement. Pour consulter les indicateurs : www.education.gouv.fr/indicateurs-resultats-lycees
"2018-03-21T00:00:00"
lycee
https://www.lemonde.fr/lycee/article/2018/03/21/classement-des-lycees-2018-ces-lycees-qui-font-reussir-leurs-eleves_5273908_5019416.html
Canneséries : dix séries internationales en compétition au premier festival de séries TV
Le jury de la première édition de Canneséries, qui aura lieu du 4 au 11 avril, sera présidé par l’auteur américain de best-sellers policiers et de séries Harlan Coben.
Dix séries internationales ont été sélectionnées pour la compétition officielle de la première édition de Canneseries, festival international de séries TV, qui se déroulera du 4 au 11 avril, ont annoncé mardi 13 mars ses organisateurs. Le jury, présidé par l’Américain Harlan Coben, auteur de best-sellers policiers et de séries (The Five, Une chance de trop), décernera les prix de la musique, du scénario, d’interprétation, le prix spécial d’interprétation, et enfin celui de la meilleure série, le 11 avril lors d’une cérémonie de clôture retransmise en clair et en direct sur Canal+. Parmi les séries en lice, le thriller mexicain Aqui en la tierra, en huit épisodes (Fox), a été créé par le comédien et réalisateur Gael García Bernal (Mozart in the Jungle, Amores perros). La série italienne Il Cacciatore (Le chasseur) (Rai 2), librement adaptée du livre du magistrat Alfonso Sabellace Cacciatore di mafiosi, raconte la traque d’un parrain de la mafia par le magistrat Saverio Barone, du pôle antimafia de Palerme, dans les années 1990. La première diffusion de la série débute mercredi en Italie. Egalement en compétition Félix, thriller romantique espagnol en huit épisodes (Moviestar) créé par le réalisateur catalan Cesc Gay (Truman), tourné en 4K, dont l’intrigue se déroule en Andorre mais aussi dans le sud de la France. Prix de la meilleure série numérique Killing Eve, série d’espionnage en huit épisodes (BBC America) créée par Phoebe Waller-Bridge (Fleabag) fait la part belle aux héroïnes féminines avec, dans les rôles principaux, Sandra Oh (Grey’s Anatomy) et Jodie Comer (Doctor Foster). La sélection compte aussi les séries israéliennes Miguel (Hot) et When Heroes Fly (Keshet Broadcasting), la norvégienne State of Happiness (NRK1), l’allemande The Typist (ZDF), la sud-coréenne Mother (TvN) et la belge Undercover (Eén). Un autre jury récompensera dix séries de format court (Canada, Etats-Unis, Cuba, Colombie, Corée du Sud, Inde) par le prix de la meilleure série numérique dans le cadre de Canneseries digital. Hors compétition, la série policière Safe de Harlan Coben sera projetée en avant-première mondiale lors de la clôture, tandis que la saison 3 de Versailles ouvrira le festival, le 4 avril. La Vérité sur l’affaire Harry Québert, adaptation du best-seller de Joël Dicker, réalisée par Jean-Jacques Annaud, lancera la compétition officielle, le 7 avril. Canneseries est en concurrence avec le festival Series Mania Lille-Hauts-de-France, qui se déroulera pour la première fois à Lille, du 27 avril au 5 mai.
"2018-03-13T00:00:00"
televisions-radio
https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/03/13/canneseries-dix-series-internationales-en-competition-au-premier-festival-de-series-tv_5270239_1655027.html
« Le service public doit être, sur le Web, un lieu sûr pour des contenus de qualité »
PXN, un collectif de producteurs audiovisuels indépendants se réjouit dans une tribune au « Monde » de l’intervention fracassante d’Emmanuel Macron appelant à une modernisation de la télévision publique.
« Si l’on s’en tient aux chiffres, les investissements fléchés pour la création à destination des nouvelles plates-formes de distribution de contenus restent insignifiants » (Illustration : « Notes on Blindness: Into Darkness » plonge le spectateur dans la peau d’un aveugle). EX NIHILO, ACHER'S MARK, ARTE FRANCE Tribune. « On fait des programmes pour les jeunes mais ceux qui les regardent ont plus de 65 ans (…) ; on ne regarde pas le continent sur lequel nos gamins sont en train de s’éduquer ». Ces propos du président de la République, rapportés par l’hebdomadaire Télérama ont relancé le débat sur l’audiovisuel public. Nous, productrices et producteurs d’expériences numériques (PXN), sommes soulagés de voir enfin les questions de la création, des financements et des canaux de diffusion des œuvres numériques françaises destinées aux nouveaux publics, et notamment à « la jeunesse qui a investi le net », devenir un sujet de préoccupation politique. Nous souhaitons rappeler qu’il existe en France une jeune industrie portée par des entrepreneurs créatifs qui, avec l’aide des soutiens publics comme le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), les régions, les diffuseurs et, évidemment, les organisations syndicales et les sociétés d’auteurs, œuvrent depuis dix ans à la transformation des formats audiovisuels. Réalité virtuelle, vidéos de talents YouTube et des réseaux sociaux, webséries et webmagazines culturels, jeux vidéos indépendants, expériences interactives, applications mobiles ou installations, nous revendiquons un véritable savoir-faire pour rendre la création française accessible à tous, sur tous les canaux, en permettant à la France d’apparaître comme pionnière de la sphère numérique mondiale. Des programmes qui s’adressent à tous Avec des réalisations telles que The Enemy (exposition au MIT et tournée mondiale), Notes On Blindness (Tribeca, SXSW), Génération What (participation de plus d’un million de jeunes en Europe), Wei Or Die (Fipa d’or, Film Gate Miami), Phallaina (Peabody award), Tantale (film d’ouverture du Festival international de programmes audiovisuels/Fipa), Les Hauts-Parleurs (chaîne de jeunes reporters soutenue par le jury CNC talent) ou I, Philip (Grand prix du film VR [réalité virtuelle], Laval Virtual) et tant d’autres que l’on peut retrouver sur notre site www.pxn.fr/les-oeuvres/, nous œuvrons depuis dix ans à innover et toucher un public en ligne, à se transformer et ainsi accompagner l’évolution des usages. Il est injuste de dire que les diffuseurs publics français n’ont rien fait sur le numérique. Mais si l’on s’en tient aux chiffres, les investissements fléchés pour la création à destination des nouvelles plates-formes de distribution de contenus restent insignifiants. France Télévisions, Arte, Radio France, le CNC, les fonds régionaux, tous ont été les premiers à s’y intéresser, mais sans jamais pouvoir y engager les moyens indispensables à la profonde transition numérique.
"2017-08-12T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/08/le-service-public-doit-etre-sur-le-web-un-lieu-sur-pour-des-contenus-de-qualite_5226882_3232.html
Algérie : le chef d'AQMI de nouveau condamné à mort par contumace
Le chef d'Al-Qaida au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel, et dix islamistes armés accusés d'être impliqués dans un double attentat-suicide en 2007 à Alger, ont été condamnés à mort vendredi par le tribunal criminel de la ville.
Photographie non datée, diffusée en mai 2012, du chef d'AQMI, Abdelmalek Droukdel. AFP/- Le chef d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdel, et dix islamistes armés, dont six en fuite, accusés d'être impliqués dans un double attentat-suicide en décembre 2007, à Alger, ont été condamnés à mort, vendredi 18 janvier, par le tribunal criminel de la ville, selon l'agence d'information APS (Algérie presse service). Droukdel, dit Abou Mossâb Abdelouadoud, et six autres accusés, tous en fuite, ont été condamnés à mort par contumace. Quatre autres accusés, présents à l'audience, ont également été condamnés à la peine capitale, a précisé cette source. Le double attentat à l'explosif le 11 décembre 2007, contre le siège du Conseil constitutionnel et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) à Alger, avait fait 26 morts et 177 blessés. Abdelmalek Droukdel a déjà été condamné à mort par contumace à trois reprises, en 2009 et en 2012, pour son implication dans des attentats perpétrés notamment à Alger. La peine de mort n'est toutefois plus appliquée en Algérie, en vertu d'un moratoire adopté en 1993. Droukdel, un ingénieur né en 1971 à Meftah, en Algérie, a combattu en Afghanistan. Il a pris vers la fin de 2004 la direction du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu depuis AQMI, en 2006, après son ralliement à Al-Qaida. AQMI poursuit ses attentats en Algérie, où il s'en prend généralement aux forces de sécurité, particulièrement en Kabylie et dans la région voisine de Boumerdes, à 110 km et 50 km à l'est d'Alger.
"2013-01-18T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/01/18/algerie-le-chef-d-aqmi-de-nouveau-condamne-a-mort-par-contumace_1819418_3212.html
Arthur Conan Doyle, justice et vérité
« Le Monde » vous propose une collection de 30 livres regroupant des nouvelles des grands auteurs de la littérature anglo-saxonne en version bilingue. Le septième volet est consacré à Conan Doyle avec une enquête holmésienne, « the Adventure of the Speckled Band », « La Bande mouchetée » sous son titre français.
DR Inimitable Sherlock Holmes ! Surpassant Auguste Dupin, éclipsant Miss Marple, faisant même de l’ombre à Hercule Poirot, il est le détective par excellence. Un mythe né sous la plume de l’Ecossais Arthur Conan Doyle (1859-1930) qui en fait, à partir de 1891, le héros d’un feuilleton paraissant dans The Strand Magazine. Son succès est immédiat. Les lecteurs du Strand connaissent donc parfaitement Sherlock Holmes – ils l’attendent chaque mois avec grande impatience – lorsque paraît La Bande mouchetée. Ecrite en 1892, cette nouvelle, l’un des cas les plus insolites jamais présentés à Holmes, figurait parmi les préférées de Conan Doyle. C’est son fidèle compagnon, le Dr Watson, qui nous la raconte. Un jour, une jeune femme totalement désemparée du nom de Helen Stoner vient sonner chez lui au petit matin. Holmes et Watson, toujours intéressés par un bon mystère, sont immédiatement intrigués par celui d’Helen, qui leur raconte sa vie triste, ponctuée de malheurs et contrôlée par son inquiétant beau-père. Sa sœur jumelle, Julia, est morte deux ans plus tôt dans des circonstances étranges. Helen est persuadée qu’elle est « morte de peur », bien qu’elle ne sache pas pour quelle raison. Or, voilà qu’aujourd’hui Helen est inquiète. Elle se sent menacée à son tour et craint de subir le même sort que Julia. Exigence morale Médecin avant d’être écrivain, fervent défenseur de la justice, l’auteur du Chien des Baskerville (1902) et du Monde perdu (1912) a souvent aidé la police en enquêtant sur différentes affaires. Holmes est à son image. Il aime les faibles et les déshérités – on ne peut mieux dire puisque la demoiselle en détresse qu’il s’apprête à « sauver » s’est vu subtiliser son héritage par son beau-père. D’habitude calme et froid, il s’anime d’une ardeur soudaine lorsqu’une énigme bien corsée se présente à lui. Il est même prêt à tout – mentir aux policiers, transgresser la loi ou s’infiltrer ici clandestinement chez les Stoner – pour mener à bien son investigation. C’est cette détermination, cette exigence morale alliées à un esprit vif et à une touche d’excentricité qui font le charme envoûtant de ses aventures. Au point d’en éclipser les autres œuvres de Conan Doyle. Conan Doyle s’en agaçait. Comment contrer le pouvoir excessif de Sherlock ? « Elémentaire, mon cher Watson » : en le tuant, bien sûr… En 1893, dans Le Problème final, il noie son héros en Suisse, dans les chutes du Reichenbach. Horreur, damnation. Le public est outré. Il hurle à l’abus de pouvoir, écrit au Strand, fait tant et si bien que Conan Doyle n’a plus le choix. En 1903, cédant à la pression de ses « fans », il ressuscite Sherlock Holmes dans La Maison vide. Les lecteurs ravis font la queue devant les points de vente. Ils ont gagné. Holmes est bien l’archétype du héros : indestructible et immortel. Juliette Hirsch « Les nouvelles bilingues du Monde » - Arthur Conan Doyle - « The Adventure of the Speckled Band » - « La Bande mouchetée » - Livre-CD n° 7 – 4,99 € - En vente depuis le jeudi 28 juillet.
"2016-07-29T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2016/07/29/arthur-conan-doyle-justice-et-verite_4976177_3260.html
Confusion à Bamako après une mutinerie
Des tirs retentissaient dans certains quartiers de Bamako dans la nuit de mercredi à jeudi. Le gouvernement dément toute tentative de coup d'Etat.
Des soldats maliens dans une rue de Bamako, le 21 mars. AFP/HABIBOU KOUYATE S'il ne s'agit pas d'une tentative de renverser le pouvoir au Mali, cela s'en rapproche tout de même un peu. D'une dispute lors de la visite du ministre de la défense dans un camp à la périphérie de la capitale, comment en est-on arrivé à une mutinerie, mercredi 21 mars, avec la télévision aux mains des insurgés, et des incertitudes sur les possibilités de sortir de cette situation alors qu'une partie de Bamako se terre chez soi ? Des conversations téléphoniques dans la soirée avec Bamako montrent que des tirs continuent dans certains quartiers de la capitale malienne. A ce stade, il ne s'agit que de tirs en l'air, et pas de combats, mais la situation est plus grave qu'une simple explosion de mécontentement. A Bamako, les mutins disaient d'abord protester. Tout particulièrement contre la façon dont sont menées les opérations dans le nord du pays contre la rébellion, le mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et leurs échecs récents, faute de moyens, et de munitions. Avant les tirs, il y a donc explosion de mécontentement, celui d'une armée régulière confrontée à des problèmes d'approvisionnements qui ont mené à la chute de Tessalit il y a quelques semaines, après d'autres défaites. Ce mécontentement s'est intensifié récemment au point que la crainte d'un coup d'Etat était mentionnée par de nombreux observateurs au cours des dernières semaines. Il y aurait, selon certaines sources, scission entre des officiers supérieurs proches du pouvoir, qui ont pu s'enrichir depuis plusieurs années, parfois en trempant dans des trafics ou en évitant les combats avec les "katibas" d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), et des éléments plus jeunes moins gradés. Mais depuis le 17 janvier, le Mali est confronté à une rébellion constituées essentiellement de forces touareg, fortement armée grâce au matériel emportés par des combattants rentrés de Libye. Depuis l'éclatement de cette rébellion, des désertions ont eu lieu dans l'armée. Dans certains endroits du Mali, ce sont des touareg loyalistes qui se battent contre des touareg rebelles. Et ceci, alors que le président Amadou Toumani Touré termine son second et dernier mandat. Le Mali devrait se rendre aux urnes pour le premier tour d'une élection présidentielle le 29 avril. A l'approche de cette date, le chef de l'Etat a insisté sur sa détermination à tenir l'élection coûte que coûte, alors que l'agitation gagnait l'armée.
"2012-03-21T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/21/mali-mutinerie-de-militaires-a-bamako_1673568_3212.html
Abdelkader Azzimani, témoignage d'un condamné à tort
La condamnation d'Abdelkader Azzimani et Abderrahim El-Jabri à vingt ans de prison a été annulée par la Cour de révision, mercredi. Un fait rare dans l'histoire judiciaire.
Abdelkader Azzimani, mercredi devant la Cour de révision. AFP/KENZO TRIBOUILLARD Abdelkader Azzimani et Abderrahim El-Jabri sont des "miraculés" de la machine judiciaire française, selon les termes de leurs avocats. Les deux Marocains, condamnés en 2003 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre sauvage d’un petit dealer de drogue à Lunel dans l’Hérault – une condamnation confirmée en appel un an plus tard –, ont passé respectivement onze et treize ans derrière les barreaux. Pourtant, il y a quelques mois, les deux véritables auteurs du meurtre ont été confondus par des traces d’ADN et sont passés aux aveux, disculpant Azzimani et El-Jabri. Ces "faits nouveaux" ont conduit, mercredi 15 mai, la Cour de révision de Paris, seule habilitée à annuler cette condamnation, à casser la décision de la cour d’assises des Pyrénées-Orientales. Une décision extrêmement rare qui débouchera dans les prochains mois à un nouveau procès. Abdelkader Azzimani livre ses impressions au Monde. Que représente cette décision pour vous ? Je suis encore étourdi par l’annonce, qui a été très rapide. Mais c’était les deux minutes les plus importantes de ma vie. J’étais très excité et je n’avais pas dormi de la nuit, mais ça y est : c’est la fin d’un cauchemar qui a duré quinze ans. C’est surtout une victoire sur la justice qui nous a condamnés à tort, une victoire aussi pour ma famille qui a été condamnée avec moi, car j’ai vécu ce cauchemar dedans, mais eux l’ont vécu dehors. Tant que ce n’était pas officiel, il y avait toujours ce poids qui vous ronge. Comment avez-vous vécu ces années de combat judiciaire ? Le plus dur pendant les onze années que j’ai passé en prison, a été de ne pas pouvoir élever ma fille. Quand j’ai été incarcéré, elle avait cinq mois, et à ma sortie elle était déjà au collège. Pendant tout ce temps, elle venait me voir au parloir et me disait : "A l’école on me dit que mon père est un assassin." C’était terrible. Si je me suis toujours battu c’était pour laver mon honneur et celui de ma famille, qui a été sali. Mais ce n’est pas facile de lutter contre des erreurs judiciaires. J’ai failli me suicider plusieurs fois… Comment appréhendez-vous l’avenir ? Pour l’instant je ne sais pas. Je vais essayer de retrouver du travail, mais ce combat a beaucoup fragilisé ma santé. J’ai été victime d’une crise cardiaque il y a quelques semaines pendant mon sommeil. Et il y a encore un procès à venir, dans quelques mois, où nous comparaîtrons "présumés innocents". Cette fois, ça devrait être une formalité vu les preuves que la justice possède. Mais on ne sait jamais, on a connu tellement de désillusions…
"2013-05-15T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/15/abdelkader-azzimani-les-deux-minutes-les-plus-importantes-de-ma-vie_3237573_3224.html
"Les otages français au Niger sont ""vivants"", selon Gérard Longuet"
Les quatre employés du groupe Areva ou de son sous-traitant Satom sont depuis près d'un an aux mains d'un groupe qui se réclame D'AQMI.
Les quatre Français retenus en otage depuis près d'un an par des des islamistes au Niger sont "vivants" et sont vraisemblablement "séparés les uns des autres", a déclaré le ministre de la défense, Gérard Longuet, sur RFI. "Nous n'avons pas de contact avec eux et nous cherchons à ne perdre aucune occasion", mais "nous n'en avons pas aujourd'hui de satisfaisante", a reconnu M. Longuet, ajoutant que selon les informations dont il dispose les quatre hommes "ne sont pas maltraités". DES "MARGINAUX QUI SE RECOMMANDENT D'AQMI" "Les preneurs d'otage sont des gens qui ont des aspects rationnels, ils savent que leur sécurité dépend des otages", a observé le ministre. Qualifiant les preneurs d'otage "de marginaux, qui se recommandent d'AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique]", Gérard Longuet a démenti toute négociation sur le paiement d'une rançon. Mercredi, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait déclaré sur France 24 que les otages étaient "encore en vie". Jeudi, un "accrochage" entre des éléments d'AQMI et des forces armées nigériennes a eu lieu dans l'Aïr, massif montagneux du nord du Niger. Le 16 septembre 2010, sept personnes avaient été enlevées par un groupe armée islamiste à Arlit. Quatre d'entre eux sont toujours aux mains des preneurs d'otage : Daniel Larribe, Thierry Dole, Marc Feret et Pierre Legrand, tous employés du groupe Areva ou de son sous-traitant Satom. Le 24 février, une Française, un Togolais et un Malgache kidnappés en même temps avaient été relâchés. AQMI avait diffusé le 27 avril une vidéo des otages "suppliant" Nicolas Sarkozy de retirer ses troupes d'Afghanistan, une demande immédiatement rejetée par Paris. Cette exigence s'accompagne, selon des sources proches des négociations, d'une demande de rançon de 90 millions d'euros.
"2011-09-16T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/09/16/les-otages-francais-au-niger-sont-vivants-selon-gerard-longuet_1573392_3212.html
Epiderm, un dermatologue au bout du smartphone
L’application met en relation un patient à un médecin. Elle prépare son lancement en Inde et en Turquie.
Jeudi 30 juin, Epiderm a franchi la barre des 100 utilisateurs en un mois. « En février, ils n’étaient que quinze à s’être connectés », observe Antoine Bohuon, le cofondateur de cette application avec le docteur Elisabeth Berrissoul, dermatologue. Lancée en septembre 2015, Epiderm met en relation un client et un dermatologue « sans rendez-vous » et via un smartphone, moyennant 14,99 euros. Cette interface ouvre une boîte de dialogue : le client répondra d’abord à un robot pour préciser âge, sexe, lieu et localisation de leur pathologie. Puis, il téléchargera deux photographies de son « problème » et procédera au paiement. Il sera alors mis en relation avec le médecin. Le dermatologue demandera alors des précisions, voire exigera l’envoi de photographies complémentaires. Il émettra ensuite un « avis ». Il ne s’agit pas d’une « consultation », précise Mme Berrissoul, puisque qu’aucune « ordonnance n’est délivrée ». La plupart de ces avis débouchent sur le conseil d’acheter un produit en parapharmacie ou de prendre rendez-vous avec un spécialiste, précise le médecin. Un diagnostic sans attendre Lancé en septembre 2015, Epiderm relève du marché de la télémédecine ouvert et encadré depuis par la loi du 21 juillet 2009. A en croire ses fondateurs, ce mode de relation entre médecin et internaute aurait toutes les vertus, alors que le déficit de médecins se fait plus criant en France. « En moyenne, il faut attendre cinquante-cinq jours avant d’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste », avance Mme Berrissoul. Dès lors, ces consultations ouvertes sept jours sur sept satisferaient tous ceux qui veulent un diagnostic médical sans attendre. La plupart débutent souvent tard le soir, à l’heure où les parents s’inquiètent d’un nouveau bobo observé chez leur enfant. Epiderm vise 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 Cette activité présenterait un fort potentiel économique, veut croire M. Bohuon en citant son modèle, l’américain Spruce qui, outre-Atlantique, a levé en fin d’année dernière 15 millions de dollars (13,52 millions d’euros). Soutenu depuis ses débuts par le fonds d’investissement, The Family, actionnaire à hauteur de 3 %, Epiderm prépare une levée de fonds pour septembre. La société espère séduire des investisseurs sur la foi d’un plan prévisionnel d’activité ambitieux. Epiderm vise 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, contre 300 000 euros en 2017, après un an d’exploitation.
"2016-06-30T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/01/epiderm-un-dermatologue-au-bout-du-smartphone_4961817_3234.html
Présidence de la Commission de l’UA : forces et faiblesse des trois favoris
Zoom sur les trois principaux candidats à la succession de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. L’élection aura lieu durant le 28e sommet de l’Union africaine, les 30 et 31 janvier.
La présidente de la Commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, en novembre 2015. Darrin Zammit Lupi/REUTERS Si le passage de flambeau de la présidence de l’Union africaine (UA) entre le président tchadien Idriss Déby et son homologue guinéen Alpha Condé semble une affaire entendue, il n’en va pas de même pour la succession de la présidence de la Commission de l’organisation panafricaine. Lire aussi Les grands chantiers du sommet de l’UA Lors du 28e sommet de l’UA, qui se déroulera les lundi 30 et mardi 31 janvier à Addis-Abeba, l’organe exécutif de l’UA doit être entièrement renouvelé. Qui succédera à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, au bilan très décevant ? Rien ne permet à ce stade de dire qui des cinq candidats en lice pour la présidence de la Commission de l’Union africaine emportera le vote prévu lundi, mais trois candidats abordent cette élection avec le statut de favori. Abdoulaye Bathily, Sénégal Plusieurs fois ministre au Sénégal, Abdoulaye Bathily, 69 ans, est assuré du soutien de la Commission économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’organisation sous-régionale entend tirer les dividendes de son succès dans la gestion de la crise postélectorale gambienne pour donner des meilleures chances d’être élu à son candidat. A en croire sa profession de foi, M. Bathily mise également, pour succéder à la Sud-Africaine NKosazana Dlamini-Zuma, sur son expérience dans la gestion des crises africaines. En effet, en sa qualité de représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale, il a été fortement impliqué dans la recherche des solutions aux crises postélectorales au Burundi, au Gabon, au Congo-Brazzaville. Il doit toutefois faire face aux critiques qui le présentent comme le candidat du Maroc, en raison de la trop grande proximité de la diplomatie sénégalaise avec Rabat. Moussa Fakhi Mohamed, Tchad Ministre des affaires étrangères du Tchad depuis 2008, M. Fakhi Mahamat, 56 ans, est un fidèle parmi les fidèles du président tchadien Idriss Déby Itno, actuel président en exercice de l’Union africaine. Outre sa connaissance des grands dossiers internationaux, le chef de la diplomatie tchadienne entend faire de l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme un argument électoral. Ce n’est pas le moindre atout dans le contexte actuel de la menace terroriste en Afrique. Sa prétention à succéder à Mme Dlamini-Zuma est cependant affaiblie par l’absence de consensus sur une candidature unique en Afrique centrale, sous-région dont il est originaire. De plus, une partie de la société civile tchadienne milite contre sa candidature en mettant en avant l’absence de démocratie et le non-respect des droits de l’homme au Tchad. Pour ne rien arranger à sa candidature, s’y ajoute l’étiquette de candidat de l’Algérie. Amina Mohamed, Kenya Réputée « grande bosseuse », Amina Mohamed, 55 ans, ministre des affaires étrangères kényanes depuis 2013, présente un profil moins clivant que les deux autres favoris du scrutin. Elle jouit également d’une grande connaissance de la communauté internationale pour avoir été directeur adjointe du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et ambassadrice de son pays auprès de l’ONU à Genève. Atout non négligeable, Mme Mohamed bénéficie du soutien total de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est (IGAD). Par ailleurs, elle pourrait tirer profit du rapprochement récent entre l’Afrique du Sud et le Kenya, première économie d’Afrique de l’Est. La position constante de son pays contre la Cour pénale internationale (CPI) très décriée au sein de l’UA pourrait également lui attirer des voix si elle devait départager MM. Bathily et Fakhi. En revanche, la décision unilatérale de son pays de retirer à la fin de l’année 2016 ses troupes de la force africaine de paix en Somalie (Amisom) pourrait se retourner contre elle le jour du scrutin. Elle devra aussi compter avec le fait que son compatriote Eratus Mwancha a occupé pendant huit années le poste de vice-président de la Commission de l’UA. Le ministre équato-guinéen Agapito Ba Mokuy, 51 ans, et l’ancienne ministre botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi, 65 ans, devraient, quant à eux, plutôt jouer les trouble-fête, même si la désignation du président de la Commission obéit surtout à des critères politiques.
"2017-01-29T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/29/presidence-de-la-commission-de-l-ua-forces-et-faiblesse-des-trois-favoris_5070883_3212.html
La station spatiale chinoise s’est désintégrée lors de son entrée dans l’atmosphère
« Tiangong 1 », en vol incontrôlé depuis 2016, a fait son retour dans l’atmosphère un peu plus tôt que prévu : à 2 h 15 (heure de Paris) au-dessus du Pacifique Sud.
La station spatiale chinoise Tiangong 1 a été « globalement détruite » lors de son entrée dans l’atmosphère, lundi 2 avril, autour de 2 h 15 (heure de Paris) au-dessus du Pacifique Sud, a annoncé le China Manned Space Engineering Office (CMSEO), le bureau chinois chargé de la conception des vols spatiaux. L’engin, en vol incontrôlé depuis 2016, a fait son retour dans l’atmosphère un peu plus tôt que prévu : le CMSEO avait annoncé auparavant que le retour sur la Terre s’effectuerait autour de 2 h 42, ce qui l’aurait situé au-dessus de l’Atlantique Sud, au large des côtes brésiliennes. « La plupart des équipements ont été détruits lors de la phase de rentrée dans l’atmosphère », a assuré le CMSEO dans un communiqué. Avant de regagner le sol, l’engin spatial a survolé la Corée du Nord et le Japon, où il faisait déjà jour. Les Etats-Unis ont confirmé le retour de l’appareil dans le Pacifique, évoquant cependant un décalage d’une minute (2 h 16) par rapport à l’évaluation chinoise, selon le Joint Force Space Component Command (JFSCC), dont le réseau de radars a suivi la trajectoire de l’engin en coordination avec plusieurs pays (Allemagne, Australie, Canada, Corée du Sud, France, Italie, Japon, Royaume-Uni). Un « palais céleste » incontrôlable depuis 2016 Tiangong 1, qui signifie « palais céleste », était le premier laboratoire chinois à avoir été placé en orbite, en 2011, avant le lancement d’une station permanente prévu en 2023. Sa taille était comparable à celle d’un autobus – 10,4 m sur 3,3 m, pour un poids de 8,5 tonnes au lancement. Elle était donc bien plus petite que la Station spatiale internationale (ISS), qui mesure 110 m sur 74 m, et pèse 400 tonnes. Elle était composée d’un laboratoire expérimental et d’un module de service, ainsi que de deux panneaux solaires de 3 m sur 7 m chacun. Ce « palais céleste » n’était pas habité en permanence, mais il avait accueilli des taïkonautes (spationautes chinois) à deux reprises. Tiangong 1 aurait dû effectuer une rentrée contrôlée dans l’atmosphère à l’issue de ses missions. Ses moteurs auraient dû être pilotés depuis le sol, pour que sa désintégration se fasse dans une zone non habitée, au-dessus de l’océan Pacifique. Mais, dès le début de 2016, l’Agence spatiale européenne (ESA) avait estimé que le centre de contrôle chinois avait perdu la liaison qui aurait permis de piloter la station ; ce qu’avaient alors nié les autorités chinoises. En soixante ans de vols spatiaux, il y a eu quelque 6 000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l’homme, et un seul débris a touché une personne, sans la blesser, selon Stijn Lemmens, un expert de l’Agence spatiale européenne (ESA). La station Tiangong 1 est le 50e plus gros objet à effectuer une rentrée non contrôlée depuis 1957, estime Jonathan McDowell, un astronome du centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian, aux Etats-Unis.
"2018-02-04T00:00:00"
cosmos
https://www.lemonde.fr/cosmos/article/2018/04/02/la-station-spatiale-chinoise-a-ete-globalement-detruite-lors-de-sa-rentree-dans-l-atmosphere_5279443_1650695.html
Pourquoi le RER connaît-il des problèmes récurrents ?
Le RER A sera fermé dans Paris du 28 juillet au 26 août, dans le cadre d’un vaste plan de renouvellement des voies entamé en 2015.
La station RER de la Gare du Nord, à Paris. BERTRAND GUAY / AFP La ligne A du RER sera fermée pour travaux dans la traversée de Paris, entre La Défense et Nation, du 28 juillet au 26 août, a indiqué la RATP mardi 6 mars. La RATP a entrepris depuis 2015 un grand programme de renouvellement des voies et du ballast, avec un mois de travaux l’été. Mais au-delà de cette ligne, la totalité du réseau express régional (RER), qui vient de célébrer ses 40 ans, souffre de divers dysfonctionnements. Un réseau devenu tentaculaire en quarante ans 620 kilomètres de lignes Faciliter les trajets de banlieue à banlieue, développer les villes nouvelles, limiter l’usage de la voiture, tels étaient les objectifs du RER, chantier lancé dans les années 1960 et progressivement étoffé : 1977 : la ligne A, d’ouest en est, et la B, du nord au sud, se rejoignent à Châtelet-les Halles. Elles sont gérées, selon les tronçons, par la RATP et la SNCF ; 1979 : la ligne C, ancienne « transversale rive gauche », est gérée par la SNCF et relie plusieurs lignes ; 1988 : la ligne D, nord-sud, gérée par la SNCF, devient la plus longue du RER ; 1999 : la ligne E, dernière-née du réseau et elle aussi exploitée par la SNCF, dessert l’est de la région. Actuellement, les cinq lignes du RER traversent les huit départements franciliens et l’Oise, couvrant plus de 620 kilomètres. Les 5 RER totalisent plus de 600 kilomètres de lignes SNCF Source : Une fréquentation exceptionnelle 3,5 millions d’usagers Si elles ne sont pas les plus étendues, les deux lignes « historiques » A et B sont de loin les plus chargées. Le RER A a dépassé 1,1 million de voyageurs au moins un jour sur trois en 2016, et atteint 1,2 million sur l’ensemble de son tracé, ce qui en fait la ligne la plus fréquentée d’Europe, selon la RATP. Au total, 3,5 millions de personnes utilisent le RER durant les jours ouvrés, ce qui correspond à plus d’un quart des habitants d’Ile-de-France. Les RER transportent 3,5 millions de voyageurs par jour, dont un tiers sur la seule ligne A OMNIL Source : Soixante-six minutes de trajet RER et Transilien sont des moyens de transports utilisés en grande majorité par des actifs, pour leur trajet domicile-travail, selon une étude réalisée en 2010. Le voyageur type est âgé de 24 à 54 ans (à 64 %), et effectue un trajet de 10 à 20 kilomètres (41 %), voire davantage (27 %). En moyenne, le trajet total, de porte à porte, d’un usager du RER dure soixante-six minutes. Les deux tiers des usagers du RER sont des actifs OMNIL Source : 2 600 personnes par rame Pour gérer un tel flux, les RER A se succèdent à des intervalles de deux minutes vingt aux heures de pointe sur le tronçon central, avec des rames à double étage qui peuvent contenir 2 600 personnes — l’équivalent d’une ville comme Tréguier (Côtes-d’Armor), Les Vans (Ardèche) ou Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime). Dans le tunnel entre les stations Gare- du-Nord et Gare-de-Lyon, utilisé par les RER B et D, se succèdent chaque jour plus d’un millier de trains. Avec une telle charge, la moindre perturbation peut rapidement entraîner des retards en cascade. De gros problèmes de ponctualité Le taux de ponctualité mesure la probabilité qu’un voyageur arrive à sa gare de destination à l’heure ou avec moins de cinq minutes de retard. Si le RER E est plutôt bon élève, avec 94 % de trains à l’heure, c’est loin d’être le cas des autres lignes, où ce taux oscille entre 84 % pour la A et 88,6 % pour la C en 2016. RER A : un voyageur sur six en retard Concrètement, un usager du RER A a une chance sur six d’arriver en retard (sans que l’on puisse mesurer si l’allongement sera de six minutes ou de plus d’une heure). Les moins bien lotis sont les voyageurs de la branche Cergy-Nanterre, où la ponctualité tombe à 70 %. RER : la ponctualité en baisse sur toutes les lignes, le RER A lanterne rouge Pourcentage de voyageurs rejoignant leur gare de destination moins de 5 minutes après leur heure d'arrivée théorique AQST Source : Un « malus » triplé Le syndicat des transports d’Ile-de-France fixe aux exploitants, la RATP et la SNCF, des objectifs de ponctualité, entre 92 % et 96 % selon les lignes. Or la Cour des comptes a relevé un triplement des « malus » versés par la SNCF, passant de 6,3 millions d’euros en 2010 à 19,5 millions d’euros en 2014. Quant à la RATP, si elle bénéficie d’un bonus pour le métro, elle est aussi pénalisée à cause des RER A et B. Du matériel et des réseaux en mauvais état « Avarie de matériel », « incident voyageur », « problème d’exploitation », « régulation de trafic » mais aussi « fortes chaleurs » ou amas de feuilles mortes…, les motifs de perturbation sont d’une grande diversité (comme le détaille un blog du RER E). Si une partie des causes est externe au fonctionnement — voyageur malade, animal sur la voie —, plus de la moitié est directement liée à du matériel vieillissant ou à une mauvaise exploitation du réseau, comme le détaille le rapport 2016 de l’Autorité pour la qualité de service dans les transports (AQST). Incidents d'exploitation, avarie matériel, fiabilité du réseau : les causes de retard des RER Pourcentage d'usagers ayant un retard de plus de 5 minutes sur chaque ligne en 2016. AQST Source : Une enquête réalisée par le site Slate sur les causes des retards montrait également la difficile cohabitation entre RATP et SNCF sur les lignes A et B. Sur la branche ouest du RER A (Cergy et Poissy), les conducteurs RATP doivent céder la place à leurs collègues de la SNCF à Nanterre-Préfecture, comme c’était le cas sur le RER B jusqu’en 2009. Ces interconnexions fragilisent l’organisation en cas de perturbation. « Trente ans de sous-investissement » L’explication des problèmes de réseau et de matériel tient, selon la Cour des comptes, à un « sous-investissement persistant lié au fait que les gouvernements successifs, la SNCF et RFF [Réseau ferré de France] ont, pendant plus de trente ans, accordé la priorité au développement du réseau des lignes à grande vitesse » au détriment du réseau francilien existant. Le rapport note par exemple que certaines caténaires du RER C sont âgées de plus de 90 ans. Les investissements sont depuis repartis à la hausse, passant de 538 millions d’euros en 2010 à 810 millions en 2014. Les multiples désagréments de la modernisation Conscients de la saturation du RER, les autorités ont lancé de grands chantiers de modernisation et de développement, dont les effets à court terme ne sont pas toujours bien perçus par les usagers : la réfection des tunnels du RER A, et la modernisation du RER C (chantier Castor) se traduisent chaque été par des interruptions totales de trafic de plusieurs semaines ; les travaux du Grand Paris ont engendré de tels incidents durant l’année 2017 sur le RER B que les usagers ont obtenu un dédommagement financier ; à la fin d’octobre, les travaux liés au prolongement du RER E vers l’ouest (projet Eole) ont engendré une coulée de boue dans le tunnel du RER A et ont provoqué plusieurs jours d’interruption de trafic ; pour améliorer les conditions de trajet et la ponctualité sur la ligne A, les horaires ont été modifiés en diminuant paradoxalement le nombre de trains. Dans son rapport de 2016, la Cour des comptes avertit que certaines portions de ligne continueront de se dégrader jusqu’en 2020. « C’est seulement en 2025 qu’on devrait retrouver le niveau d’aujourd’hui, lequel est déjà loin d’être optimal. » Pour les usagers du RER, le bout du tunnel est encore loin.
"2017-12-12T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/12/12/comprendre-les-multiples-problemes-du-rer_5228277_4355770.html
Arrêt temporaire de la raffinerie française de Petroplus
Le groupe suisse a commencé les manœuvres d'arrêt temporaire de sa raffinerie en France qui n'est plus alimentée en brut.
L'un comme l'autre repreneur semblent prêts à reprendre l'intégralité du personnel, à maintenir l'activité et à investir. AFP/KENZO TRIBOUILLARD Le groupe suisse Petroplus a commencé, lundi 2 janvier, les manœuvres d'arrêt temporaire de sa raffinerie française qui n'est plus alimentée en brut depuis le gel d'une ligne de crédit d'un milliard de dollars mardi. "Les unités doivent être arrêtées les unes après les autres, ce qui peut prendre jusqu'à vendredi", a indiqué Yvon Scornet, délégué CGT de la raffinerie de Petit-Couronne (ouest de la France). Deux autres raffineries du groupe, situées à Anvers (Belgique) et Cressier (Suisse), doivent également être arrêtées pour la même raison. Petroplus a précisé vendredi que le redémarrage de ces sites dépendrait de "la disponibilité du crédit et des conditions économiques". Après l'arrêt de ces sites, seules deux raffineries du groupe resteront en fonctionnement, celle de Coryton (Grande-Bretagne) et celle d'Ingolstadt (Allemagne). L'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC de la raffinerie de Petit-Couronne, qui emploie 550 salariés a maintenu lundi son blocage des expéditions de produits finis débuté mardi dernier. "C'est une monnaie d'échange de 200 millions d'euros pour faire face à toutes les éventualités", selon Yvon Scornet. Le ministre de l'industrie et de l'énergie, Eric Besson, a annoncé qu'il recevrait mercredi le patron de Petroplus. La rencontre, qui se tiendra à Bercy, doit permettre de "faire le point sur la situation du groupe, et plus particulièrement sur les perspectives concernant le site français de Petit-Couronne", avait indiqué vendredi M. Besson, dans un communiqué cosigné avec le ministre de l'économie, François Baroin. Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a demandé lundi au gouvernement d'"agir pour relancer immédiatement l'activité" à la raffinerie de Petit-Couronne, jugeant que le raffinage est "un élément essentiel du potentiel économique de la nation". Dans un communiqué, M. Mélenchon "déplore la décision du groupe Petroplus d'arrêter sa raffinerie" de Petit-Couronne, près de Rouen, "pour des motifs de trésorerie". "Quelle que soit la valeur de ce prétexte, je constate que les capacités de raffinage de la France, déjà durement amputées, sont une nouvelle fois prises en otage par les exigences de rentabilité financière", poursuit l'eurodéputé. Le groupe Petroplus, qui n'exerce que dans le raffinage, à la différence des majors comme Shell, Exxon et Total présents sur toute la chaîne pétrolière, emploie 2 500 salariés en Europe répartis dans ses cinq raffineries qui représentent une capacité de traitement de 667 000 barils par jour.
"2012-02-01T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/02/arret-temporaire-de-la-raffinerie-francaise-de-petroplus_1624902_3234.html
Jeb Bush et sa famille : « Moi, c’est moi »
Le républicain, pas encore officiellement candidat, poursuit sa campagne pour se faire un prénom en vue de la prochaine course à la Maison Blanche.
Jeb Bush à Chicago le 18 février. JIM YOUNG / REUTERS Officiellement, Jeb Bush n’est toujours pas engagé dans la course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016. Il continue pourtant activement de construire une candidature en multipliant les discours et les collectes de fonds, en profitant notamment du renoncement de l’ancien candidat républicain de 2012, Mitt Romney. Le prix du ticket d’entrée de la dernière collecte en date organisée à New York, qui rassemblait d’influents donateurs républicains, s’élevait à 100 000 dollars. Après un premier discours sur l’économie prononcé à Detroit (Michigan), l’ancien gouverneur de Floride (de 1998 à 2006) s’est exprimé mercredi 18 février sur la politique étrangère devant le Chicago Council on Global Affairs, dans l’Illinois. L’occasion pour lui de critiquer vivement un certain « désengagement » américain imputé au président Barack Obama. « C’est la grande ironie de [cette] présidence : celui qui est entré en fonction en promettant une plus grande implication dans les affaires du monde laisse l’Amérique avec une influence réduite dans le monde », a-t-il assuré. Très critique vis-à-vis du « pivot » vers l’Asie (où il se rend, selon ses dires, quatre fois par an pour en comprendre le dynamisme économique), un concept qui selon lui n’a pas été suivi d’actions, M. Bush s’est vivement attaqué à la décision du président Obama, dévoilée en décembre, de normaliser les relations avec Cuba, qui ne bénéficiera selon lui qu’au seul régime de Raul Castro. M. Bush s’est montré également incisif sur l’Iran, déplorant « un changement de ligne » de l’administration américaine : « l’objectif était avant d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, il s’agit désormais de le réguler ». Après avoir rappelé ses cinq visites en Israël, l’ancien gouverneur a également pris la défense du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, « souvent insulté » selon lui par l’administration Obama, jugeant légitime le discours contre les négociations en cours avec l’Iran que ce dernier entend prononcer devant le Congrès début mars sans s’être concerté au préalable avec la Maison Blanche. Les « erreurs » de son frère Ce plaidoyer sur le « retour aux affaires » de l’Amérique qui serait bâti sur une croissance économique renforcée, moteur, avec un budget de défense renforcé, de l’influence des Etats-Unis dans le monde, a été suivi d’une séance de questions qui a donné à M. Bush l’occasion de revenir sur son équation personnelle et complexe de frère et de fils de deux anciens présidents. Une situation compliquée par le bilan controversé de son frère George W. Bush dont la politique étrangère a été dominée par la déstabilisation de l’Irak qui a suivi l’invasion américaine de 2003. Au cours de son intervention, après avoir rappelé son affection pour son frère et son père, M. Bush avait déjà assumé ses différences, précisant que ses vues « ont été forgées par sa propre réflexion et par sa propre expérience ». « Moi, c’est moi », avait-il assuré. Dans la discussion, l’ancien gouverneur de Floride a comptabilisé deux « erreurs » de son frère dans le dossier irakien : l’existence prétendue d’un programme d’armes de destruction massive prétexte à l’invasion mais qui n’avait jamais été avérée ; l’absence d’un plan de stabilisation du pays après le renversement du régime de Saddam Hussein. Mais M. Bush a crédité son frère d’une décision courageuse : le « surge » (renforcement militaire) de 2007 qui avait selon lui permis de ramener le calme dans le pays. Il a jugé que la décision prise par M. Obama de retirer l’ensemble des forces américaines fin 2011 avait créé un « vide » dans lequel l’Iran et l’Etat islamique s’étaient engouffrés, précipitant la crise de 2014. Parmi les conseillers de M. Bush sur la politique étrangère dont les noms ont été dévoilés mercredi, on compte parmi les figures marquantes des administrations Reagan, Bush père et Bush fils, celui de Paul Wolfowitz, considéré comme l’un des architectes de l’intervention désastreuse de 2003.
"2015-02-19T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/01/27/jeb-bush-et-sa-famille-moi-c-est-moi_4579112_3222.html
Sélection livre : « Les Champs de l’audiovisuel »
L’essai de Patrice Blouin analyse une histoire des images en mouvement qui explore la sphère audiovisuelle au-delà du cinéma.
« Les Champs de l’audiovisue », de Patrice Blouin, Editions MF, collection « Inventions ». Editions MF A l’heure où les frontières entre cinéma, télévision et Internet deviennent ­infiniment poreuses, où toute une nébuleuse professionnelle – distributeurs de films, programmateurs de salles, ou de festivals, ­critiques… – navigue à vue pour ­redéfinir un territoire sur lequel elle avait jadis la main et qui ne cesse de se dérober sous ses pieds, voici un essai qui tombe à pic. Professeur d’histoire des idées à la Villa Arson, à Nice, Patrice Blouin a longtemps écrit dans les colonnes d’Art press, des Cahiers du cinéma, des Inrockuptibles, où il a étendu son champ d’étude du ­cinéma au clip et à la télé-réalité. Les Champs de l’audiovisuel ­s’appuie sur ces années de ­réflexion critique pour tenter, en prenant acte de l’éclatement ­esthétique induit par l’évolution de l’industrie des images en mouvement, de ­reconfigurer leur ­histoire en un corpus beaucoup plus vaste que celui de la seule histoire du cinéma. La sphère audiovisuelle Contrairement à ce qu’avait ­prophétisé le critique Serge Daney, le cinéma n’est pas mort. Mais il a dû composer, soutient Blouin, à mesure que ces nouveaux champs émergeaient, avec d’autres régimes d’images. Rendant hommage à Louis Skorecki, qui a vu dans le passage d’Hitchcock à la télévision le début de l’ère du « post-cinéma », l’auteur envisage le cinéma comme faisant partie d’une « sphère audiovisuelle » où essaimeraient, d’un médium à l’autre, au fil des époques, les motifs, les dispositifs esthétiques, les « champs de l’audiovisuel ». Fort de ce postulat, il tire des fils audacieux entre la mise en scène du Fantômas de Feuillade et la mise en pages des blogs, entre Charlie Chaplin et Ricky Gervais, entre une comédie de Stanley ­Donen et un clip de ­Jonathan ­Glazer, entre Abbas Kiarostami et « Loft Story », élaborant, au gré de sa dérive, un nouveau mode de classification des images. Qui en dernière instance a le pouvoir ? Le raisonnement paraît parfois tiré par les cheveux tant il repose sur des exemples singuliers, mais certaines intuitions font mouche. C’est le cas notamment lorsqu’il réinscrit dans une perspective historique le phénomène très actuel de l’incursion des cinéastes dans l’univers des séries, avec les exemples d’Alfred Hitchcock Presents…du réalisateur Frank Borzage qui réalisa trois épisodes de The Screen Directors Playhouse. Quant à The Twilight Zone, Jacques Tourneur et Ida Lupino ont travaillé pour cette série à la fin de leur carrière alors que Richard Donner ou Don Siegel y ont fait leurs premiers pas de metteur en scène. Comment appréhender ces ­épisodes réalisés par de grands ­metteurs en scène ? La réponse est pleine de bon sens : « Ces questions réclament que l’on pense résolument à la Hobbes. Soit ici : qui en dernière instance a le pouvoir ? Si en dernière instance celui qui a le ­pouvoir est le producteur/scénariste, alors nous sommes dans le champ du dramatique. » « Si en dernière instance, c’est le metteur en scène, alors nous ­sommes dans le champ du cinéma. Et ce cinéma peut tout à fait être à ­épisodes », conclut-il Les Champs de l’audiovisuel, de Patrice Blouin, Editions MF, collection « Inventions », 208 p., 16 €.
"2017-10-20T00:00:00"
cinema
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/10/20/selection-livre-les-champs-de-l-audiovisuel_5203984_3476.html
Le totem : le singe de François Bégaudeau
L'ancien professeur de français signe "Deux singes ou ma vie politique", qui raconte comment il s'est peu à peu lassé de brasser des idées. L'été dernier, il a reçu un singe en peluche en cadeau. Il en a fait sa mascotte.
L'ancien professeur de français poursuit son œuvre autobiographique. Après Entre les murs, dont l'adaptation au cinéma par Laurent Cantet – avec François Bégaudeau dans son propre rôle – avait décroché la Palme d'or à Cannes en 2008, il signe Deux singes ou ma vie politique. Il y raconte comment le jeune intellectuel qu'il était s'est peu à peu lassé de brasser des idées. L'été dernier, l'écrivain a reçu un singe en peluche en cadeau. Pourtant hostile à l'idée d'accorder de l'importance aux objets, il en a fait sa mascotte. Le singe en peluche. Jérôme Badie "Je corresponds depuis quelque temps avec une lectrice. Pour me remercier de la place de théâtre que je lui avais mise de côté pour l'une de mes pièces jouée à Strasbourg, elle m'a envoyé ce singe en peluche. Je tiens à dire tout de suite que je ne suis pas un quadragénaire régressif, génération Casimir, fan de peluches... Pourtant, ce singe est arrivé dans ma vie l'été dernier alors que je mettais la dernière main à mon livre Deux singes ou ma vie politique. Dans le dernier chapitre, le narrateur raconte sa cohabitation avec un macaque nommé Boubou. J'ai donc décidé de baptiser mon singe en peluche de la même façon. Ce qui était fictionnel ne l'était plus vraiment puisque cette peluche se trouvait désormais sur mon bureau. Cela créait un brouillage entre l'écriture et le réel plutôt amusant. J'aime la drôlerie du singe, son comique dans la pantomime, sa capacité à jouir de son propre mouvement. C'est pourquoi je n'aime pas le singe savant, à qui l'on veut apprendre des choses. Au départ, j'étais persuadé qu'il n'allait rien se passer entre cette peluche et moi, si ce n'est le souvenir de cette lectrice. Et pourtant, c'est incroyable comme on peut établir un commerce affectif avec les objets, particulièrement ceux qui sont figuratifs. Je me suis mis à le positionner d'une certaine façon, à l'animer comme un enfant, à lui parler. L'homme a une capacité à construire une fable à partir de rien. C'est l'une des facultés humaines que je préfère. Bien sûr, le singe encourage l'anthropomorphisme, voire l'anthropocentrisme, et tout le monde s'entend sur notre cousinage. Toutefois, selon moi, le singe n'est pas un humain inabouti. Sa position serait même désirable. Je pense de plus en plus que les singes détiennent quelque chose que je n'ai pas et qui me manque. Par exemple, contrairement à l'homme, l'animal, par son défaut de conscience, est pleinement dans ce qu'il fait. C'est d'ailleurs la conclusion de mon livre : plus mon goût pour les idées décline, plus monte cette envie du vivant, du mouvement. Je trouve que l'homme tente trop de préserver une image et n'ose pas laisser parler le singe qui est en lui." Propos recueillis par Jérôme Badie
"2013-08-03T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2013/03/08/le-singe-de-francois-begaudeau_1844648_4497319.html
Mort de Günter Grass, Prix Nobel de littérature
Rendu célèbre par son premier roman, « Le Tambour » (1959), comme par ses prises de position politiques, l’écrivain allemand est décédé lundi, à l’âge de 87 ans.
C’était un écrivain de cœur et de gueule, sans conteste le plus célèbre des auteurs allemands de l’après-guerre. Günter Grass est mort lundi 13 avril, dans une clinique de Lübeck, a annoncé la maison d’édition Steidl. Il avait 87 ans. Prix Nobel de littérature en 1999, il était aussi un homme politiquement engagé à gauche, qui avait activement soutenu le chancelier Willy Brandt dans les années 1970 et farouchement critiqué la réunification dans les années 1990, sans compter ses multiples prises de position en faveur des opprimés de tous les pays. C’est en 1959 que Günter Grass fait son entrée en littérature. Une entrée fracassante sur la scène internationale avec son premier roman, Le Tambour (Die Blechtrommel), imposant par son volume, dérangeant par son propos, époustouflant par son style. Ce roman de plus de six cents pages rompt avec les deux singularités de la littérature allemande d’après-guerre : d’un côté la littérature des ruines (« trümmerliteratur »), représentée par Heinrich Böll, d’un autre la littérature expérimentale, dont le représentant le plus singulier est Arno Schmidt. Dans Le Tambour, Oskar Matzerath a 3 ans lorsqu’il décide de ne plus grandir. Il se jette dans les escaliers d’une cave pour se briser les vertèbres et ne jamais ressembler aux adultes. Enfermé dans un asile, et à l’aide de son tambour en fer blanc qui l’accompagne partout, il rameute les souvenirs, depuis la conception de sa propre mère en 1899 jusqu’aux débuts de la République fédérale d’Allemagne (RFA), en passant par le nazisme. Doué d’une lucidité extraordinaire, capable de pousser des cris stridents qui brisent instantanément toutes les vitres et les vitrines, comme l’ont fait les nazis en 1938 au cours de la Nuit de cristal, il exprime, dans une parodie pathétique, sa solitude et son désir d’exister. « Le fascisme ordinaire » Dans cette œuvre centrale, qui tient à la fois du roman picaresque et du roman de formation, on reconnaît l’influence de Grimmelshausen (1622-1676) et de Döblin (1878-1957), modèle revendiqué par Grass, mais aussi de Fontane (1819-1898). Mais c’est surtout le premier roman allemand d’envergure à s’attaquer au « fascisme ordinaire » tel que l’avait vécu l’homme de la rue, victime et coupable à la fois. Hans Magnus Enzensberger ne s’y est pas trompé, qui écrivait de Grass : « Cet homme est un empêcheur de tourner en rond, un requin au milieu des sardines, un solitaire et un sauvage dans notre littérature domestiquée, et son livre est un pavé comme le Berlin Alexanderplatz de Döblin, comme le Baal de Brecht, un pavé sur lequel les critiques et les philologues vont avoir à ronger pendant au moins dix ans, jusqu’à ce qu’il soit à point pour la canonisation ou l’oubli. » Le Tambour n’a pas sombré dans l’oubli. Porté à l’écran vingt ans plus tard par Volker Schlöndorff, en 1979, il a même obtenu la Palme d’or à Cannes et l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood. Le Tambour est le premier volet de ce que l’on appelle la « trilogie de Dantzig », complétée en 1961 par Le Chat et la Souris (Katz und Maus) et, en 1963, par Les Années de chien (Hundejahre). C’est en effet à Dantzig, « ville libre » de Prusse orientale (aujourd’hui Gdansk en Pologne), que Günter Grass est né, le 16 octobre 1927, de parents commerçants n’ayant pas perdu leurs attaches paysannes. Sa famille est allemande du côté paternel et kachoube du côté maternel. Les Kachoubes sont des Slaves installés dans les plaines de l’Allemagne du Nord, sur la rive gauche de la Vistule, territoire redevenu polonais en 1945. Cette population tient sa place dans de nombreux ouvrages de Grass, telle la grand-mère au début du Tambour cachant sous ses quatre jupes traditionnelles un fugitif qui, dans cet abri improvisé, fait des découvertes qui n’ont pas seulement un parfum ethnique. L’invasion de Dantzig – la ville du fameux « corridor » qui fut à l’origine de l’invasion de la Pologne – est approuvée par sa famille, même si l’un des oncles polonais du jeune Günter est fusillé par l’armée allemande. Après un passage, en 1937, dans la Jungvolk, subdivision de la Jeunesse hitlérienne pour les plus jeunes, il s’engage dans le service armé et est, prétendra-t-il jusqu’en 2006, affecté à une batterie antiaérienne comme auxiliaire de la Luftwaffe. A la fin de la guerre, il est fait prisonnier par les Américains et libéré en 1946. « Un style nouveau » Grass mène alors une vie de bohème et tente de se reconstruire après des drames familiaux (sa mère et sa sœur ont vraisemblablement été violées par des soldats russes). Après avoir travaillé dans une mine de potasse près de Hanovre, il fait des études d’arts plastiques à Düsseldorf et à Berlin-Ouest, notamment auprès du sculpteur Karl Hartung. Il se marie avec une danseuse suisse et gagne chichement sa vie grâce à ses sculptures et ses gravures. C’est à ce moment qu’il s’essaie à l’écriture, compose des poèmes et entreprend la rédaction d’un roman. En 1955, il se rapproche du Groupe 47 (réuni pour la première fois à Munich en 1947), mouvement de réflexion littéraire rassemblé autour de l’écrivain Hans Werner Richter qui appelle à « des moyens de mise en forme nouveaux, un style nouveau, une littérature nouvelle ». C’est parce qu’il a obtenu le Prix du Groupe 47 que Grass peut, avec l’argent de la bourse, partir à Paris où, entre 1956 et 1959, il va justement écrire Le Tambour, dans un minuscule appartement de la place d’Italie. Il fréquente les milieux intellectuels de Saint-Germain, découvre le Nouveau Roman, se lie d’amitié avec Paul Celan, alors lecteur à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, et qui lui fait découvrir Rabelais. De retour en Allemagne dans les années 1960, Günter Grass s’engage politiquement à gauche et participe aux campagnes électorales des sociaux-démocrates allemands. Il fait 94 discours dans toute l’Allemagne en faveur de Willy Brandt, qui est élu chancelier en 1969. « Valeur de vie » Après avoir pris ses distances avec l’engagement politique, né surtout de son amitié avec Willy Brandt, Grass, qui n’a jamais été un révolutionnaire et a eu des mots très durs pour les événements de mai 68, revient à la fresque épique et truculente avec Le Turbot (Der Butt, 1977) et se replie sur ce qui a pour lui « valeur de vie ». Faisant du langage le maître des choses, il retrace l’histoire de la nourriture, fait défiler devant nous les recettes fantastiques, et opère une sorte de réconciliation savoureuse des Allemands avec leur lointain passé, qui apparaît de nouveau comme un pays de légendes. S’inspirant d’un conte des frères Grimm, il retrace parallèlement l’évolution millénaire des relations entre l’homme et la femme et annonce la fin du règne masculin qui a conduit à la catastrophe. Mais le turbot, animal mythique qui, dans cette fable, décide de se mettre au service des femmes, est mis en accusation par quelques donzelles qui lui reprochent son rôle ambigu dans la guerre des sexes. Grass constate avec mélancolie la disparition d’un certain type de femme au dévouement absolu – ce qui lui vaut l’ire de certaines féministes, souvent aussi choquées par sa grivoiserie. En 1986, il propose une œuvre apocalyptique : La Ratte (Die Ratte), qui marque le retour d’Oscar, héros du Tambour, devenu quinquagénaire. Une actualité catastrophique (désastre nucléaire, manipulations génétiques) coïncide avec une vision de fin du monde. A l’époque post-humaine, le rat, ou plutôt la femelle – la ratte –, s’affirme comme la seule espèce viable. De plus en plus enclin au pessimisme, Grass en appelle cependant toujours à la raison : « Si nous abandonnions, si nous laissions la pierre au pied de la montagne en refusant de continuer à être Sisyphe, alors nous serions perdus. » « Grass n’aime pas son pays » En 1995, la publication du roman au titre programmatique : Toute une histoire (Ein weites Feld) remet brutalement la littérature en contact avec la politique et provoque un tollé. Günter Grass affirme que l’Allemagne de l’Ouest, avec la réunification, a purement et simplement annexé l’Allemagne de l’Est. Une grande partie de la presse populaire s’insurge contre le romancier, et le journal à scandale Bild Zeitung titre : « Grass n’aime pas son pays. » Il est également attaqué avec une sauvagerie et une mauvaise foi inouïes par quelques « papillons » (entendez « petits papes ») de la critique s’arrogeant sans vergogne un don d’infaillibilité. Parce qu’il refuse d’adhérer à la pensée dominante, il est dénigré comme écrivain, accusé d’avoir écrit un « plaidoyer pour la RDA » et perfidement invité à poser la plume pour aller cultiver son jardin. Le coup est rude, mais c’est mal connaître Günter Grass, auteur combatif par excellence, pourfendeur de l’imbécillité ambiante. Il y a du Flaubert dans cet homme. Au cours d’un entretien télévisé avec Pierre Bourdieu en novembre 1999, Grass continue à critiquer les méfaits du libéralisme et affirme que « seul l’Etat peut garantir la justice sociale et économique entre les citoyens ». Il exprime également son désir de voir renaître « l’universalisme et le dialogue culturel hérité des Lumières ». « Un puits d’énergie et un roc d’indignation » Grass a en effet inlassablement soutenu la cause des opprimés : il a défendu Salman Rushdie, victime d’une fatwa en 1989, les écrivains arabophones contestataires et expatriés, le peuple palestinien. Il a souvent dénoncé la politique du gouvernement israélien, qu’il jugeait « agressive » et « belliqueuse ». Grass est « l’écrivain des victimes et des perdants », déclare l’Académie suédoise du prix Nobel, qui l’honore en 1999. A l’âge de 72 ans, Günter Grass reçoit en effet le dernier prix Nobel de littérature du XXe siècle, « pour avoir dépeint le visage oublié de l’Histoire dans des fables d’une gaieté noire ». Il est célébré comme « un puits d’énergie et un roc d’indignation ». Cette récompense consacre l’écho d’une œuvre immense et luxuriante. Tous les livres de Grass sont traduits dans une vingtaine de langues et il fut le premier à inviter, à chaque nouvelle parution, l’ensemble de ses traducteurs pour permettre l’échange de langues et de cultures, mais aussi pour donner des directives précises – il faut ici rendre hommage à Jean Amsler, premier traducteur de Grass, à Claude Porcell et Bernard Lortholary, qui ont repris le flambeau, et à Jean-Pierre Lefebvre pour L’Agfa Box (2010). En Allemagne, en revanche, peu de jeunes auteurs se réclament de Günter Grass, préférant de loin la littérature étrangère, notamment américaine. « La honte revenait sans cesse » En août 2006, Grass fait l’objet d’attaques plus violentes encore que les précédentes. A la veille de la sortie de son livre autobiographique, Pelures d’oignons (Beim Häuten der Zwiebel), il révèle dans une interview son enrôlement en 1944 dans la Waffen-SS. Il avait 17 ans. Il avait prétendu jusque-là n’avoir servi que dans un service auxiliaire de la Luftwaffe. « Ce que j’avais accepté avec la stupide fierté de ma jeunesse, je voulais, après la guerre, le cacher à mes propres yeux, car la honte revenait sans cesse. Mais le fardeau est resté et personne n’a pu l’alléger. » Cette révélation suscite malaise et incompréhension. La querelle qui s’ensuit dépasse les frontières allemandes et est à l’origine d’une controverse entre intellectuels européens, certains d’entre eux considérant que cet aveu lui ôte son statut de caution morale, d’autres, au contraire, comme Christa Wolf, pensant que cette sincérité, même tardive, ne fait que renforcer sa légitimité. La droite allemande dénonce son hypocrisie et ses sermons galvaudés sur le passé nazi de la nation et le presse même de rendre son prix Nobel. « La pelure qui brille sous la pelure » Grass a fait ce qu’ont fait des milliers d’autres garçons de son âge dans une époque tourmentée. Ce qu’on peut lui reprocher, c’est d’avoir attendu si longtemps pour le dire et, lourd de ce secret, d’avoir souvent pris la posture du donneur de leçons, du praeceptor germaniae. Les leçons étaient souvent bonnes, la posture était bancale. Mais il est une part de complexité irréductible à la logique, « aussi charnue que soit la pelure qui brille sous la pelure ». Depuis quelques années, Günter Grass s’était mis en retrait du monde. Il publiait peu (son dernier roman, Les Mots de Grimm. Une déclaration d’amour, sorti en 2010, n’est pas encore traduit), il parlait peu, mais sa présence silencieuse veillait. Avec lui s’éteint un phare de la littérature mondiale, qui ne renvoyait pas seulement les éclats d’une mer mouvante, mais sondait aussi les profondeurs et les épaves d’un monde trouble, contradictoire, magique et parfois monstrueux. Grass aura ravivé le chaos d’une littérature fantasque et grotesque, irriguée par les exigences courageuses de l’humanisme.
"2014-09-26T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/04/13/mort-de-gunter-grass-prix-nobel-de-litterature_4615011_3246.html
Il faut repenser un modèle olympique menacé par l'affairisme et les mafias
Selon Patrick Clastres, le CIO doit "changer son mode de recrutement, modifier sa charte, rendre ses comptes financiers transparents, et reconsidérer la nature même des épreuves olympiques".
Les anneaux olympiques de Londres. AP/Charlie Riedel Avec les affaires de corruption révélées à l'occasion des Jeux d'hiver de Salt Lake City, les scandales des athlètes dopés, de Ben Johnson en 1988 à Kentéris en 2004, les tricheries récurrentes, le service rendu au régime chinois glorifié par les Jeux de Pékin, l'alliance du business et du hidjab à Londres font que le Comité international olympique (CIO) ne connaît pas seulement une crise passagère. Il s'agit bel et bien d'une crise de fond car elle porte sur les valeurs mêmes du mouvement olympique. Bien sûr, le CIO pourra continuer à pratiquer la politique de l'autruche. Mais bientôt, la controverse gagnera de nouveau avec les Jeux d'hiver de Sotchi 2014. Pour l'heure, les intérêts gaziers et nationalistes de la Russie dans cette région entre Caucase et mer Noire et les investisseurs qui vont édifier un espace touristique combinant subtropicalité et neiges éternelles pensent avoir triomphé des défenseurs de l'environnement et des défenseurs des minorités du Caucase. Le CIO se retrouve donc au pied de la muraille. Soit il achève sa mue commerciale et se réduit à la simple prestation d'un mégaévénement sportif, soit il se rénove et devient le défenseur des droits de l'homme dans l'espace des sports. Au cas où il se replierait sur des positions conservatrices, le CIO se retrouverait à la merci de n'importe quel consortium capable de lier par contrat d'exclusivité les meilleurs athlètes du monde et les grands médias, et ainsi d'organiser des Universal Games concurrents des Jeux olympiques. Surtout, il est menacé de gangrène par les mafias qui ont investi un certain nombre de clubs et d'événements sportifs pour y blanchir leur argent, sans parler de la façade des paris sportifs. Il reste une autre voie à explorer. Que le CIO change son mode de recrutement, modifie sa charte, rende ses comptes financiers transparents, et reconsidère la nature même des épreuves olympiques. Pour cela, le CIO devrait d'abord mettre fin à la cooptation de membres issus de familles princières et d'hommes politiques, et de businessmen. Au contraire, il devrait recruter des défenseurs incontestables du sport et des droits de l'homme jusque dans les pays les plus policiers. Les renouvellements à venir au sein du CIO, tout comme l'élection prochaine d'un nouveau président, devraient être l'occasion de faire la démonstration de cette inflexion démocratique. Il reviendrait aussi au CIO de faire explicitement référence dans la Charte olympique à la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée en 1948. Enfin, en assurant une mission de promotion sportive des droits de l'homme dans le monde, les dirigeants du CIO permettraient aux athlètes d'être dégagés du poids des régimes dictatoriaux pour devenir de véritables ambassadeurs des libertés. Les Etats des cités-hôtes, et surtout les millions de sportifs licenciés de par le monde, sont en droit d'exiger du CIO et des comité nationaux olympiques qui le représentent dans les Etats une authentique transparence de leurs comptes financiers. Il ne s'agirait pas d'un simple audit réalisé par une de ces officines privées dont la crise a montré toutes les limites, mais d'une expertise conduite par les représentants d'un organisme qui reste à inventer. Sur le modèle de l'Agence mondiale antidopage (AMA), c'est-à-dire composée à parité des représentants du mouvement sportif et des Etats, une telle agence mondiale anticorruption dans le sport (Amacs) jouerait le rôle de gendarme financier du sport mondialisé. Elle aurait dans son champ de responsabilité non seulement la lutte contre les paris illégaux, mais encore un rôle de barrage contre la remontée des mafias dans les instances sportives nationales et internationales. Un nouveau modèle compétitif doit être mis en place, fondé sur la compétition émulative, c'est-à-dire l'amélioration de soi-même grâce aux autres, plutôt que sur la compétition sélective qui s'opère au détriment des autres. Quelle plus belle image de fraternité et d'entraide pourrait offrir le CIO en promouvant, par exemple, de nouvelles épreuves mixtes en athlétisme et natation sous la forme de relais avec six compétiteurs associés, trois hommes et femmes, appartenant deux à deux aux catégories valides, handisport, seniors (plus de 50 ans) ! Gageons que l'olympisme du XXIe siècle, celui repensé par le futur successeur de Jacques Rogge, puisse devenir un idéal au service du progrès humain et des libertés ! Plutôt qu'un leurre médiatique et idéologique. Patrick Clastres, chercheur rattaché au Centre d'histoire de Sciences Po
"2012-08-14T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/14/il-faut-repenser-un-modele-olympique-menace-par-l-affairisme-et-les-mafias_1745995_3232.html
Pour Suez Environnement, la politique des déchets en France est dans l'impasse
Christophe Cros, responsable de l'activité déchets chez Suez Environnement, regrette l'absence, en France, d'une vision politique claire en la matière.
De la visibilité et des priorités clairement définies : c'est ce que réclame Christophe Cros, directeur général adjoint de Suez Environnement chargé de l’activité déchets en Europe. Depuis la tour de la Défense qui abrite le siège social du groupe, le dirigeant fait un constat : "La gestion des déchets en France n'est objectivement pas catastrophique", mais semble aujourd'hui, malgré les grands discours sur l'économie circulaire, au point mort. Christophe Cros, directeur général adjoint de Suez Environnement chargé des déchets en Europe. Suez Environnement "J'ai besoin de savoir dans quelle direction on va", insiste-t-il. Voici près de quinze années que cet énarque de 54 ans exerce des responsabilités à la tête de Sita, la filiale spécialisée de Suez Environnement, qui livre une concurrence acharnée avec Véolia Environnement, l'autre grand acteur français des déchets. Le secteur est stratégique : l'activité déchets pèse aujourd'hui pour la moitié du chiffre d'affaires du groupe. Mais la nature de cette activité a bien changé, à tel point que Sita, créée en 1919 pour assurer la collecte des ordures ménagères des Parisiens, ne mérite plus vraiment son nom de Société industrielle de transports automobiles. "Au départ, 90% de notre chiffre d'affaires provenait de la collecte, rappelle Christophe Cros. Puis est venue la mission d'éliminer les déchets tout en en récupérant certains, comme le verre, le carton ou les métaux. Depuis dix ans, l'accent est mis sur la valorisation. Le tri et le recyclage représentent aujourd'hui un tiers de notre chiffre d'affaires, contre 5% en 2004." "NOTRE MOT D'ORDRE, C'EST CAP SUR LA VALORISATION" Pour prendre ce virage, les professionnels ont dû entamer une profonde mutation. "La frontière entre les métiers de l'élimination et du recyclage a disparu, affirme le dirigeant. Aujourd'hui, notre mot d'ordre, c'est cap sur la valorisation." Sous ce terme, l'on entend aussi bien la transformation des déchets en énergie – en électricité ou en chaleur – que leur recyclage en matières premières secondaires ou en compost. Sita a multiplié ces dernières années les partenariats capitalistiques avec des acteurs industriels comme Renault (pour récupérer et valoriser les chutes de métal dans les usines du groupe automobile) ou Airbus, auquel il est associé dans Tarmac Aerosave, filiale commune spécialisée dans le démantèlement des avions. La principale inquiétude de Christophe Cros est aujourd'hui l'absence de vision des pouvoirs publics français en matière de gestion des déchets ménagers et industriels. "On a tendance à oublier que si les ménages produisent environ 30 millions de tonnes de déchets par an, ceux provenant des entreprises sont de l'ordre de 80 millions de tonnes", souligne le directeur général de Sita France. Le paysage que décrit ce dernier ressemble furieusement à une impasse : la France veut réduire la part de déchets mis en décharge, mais les incinérateurs n'ont pas la cote dans la population, la demande en matières premières secondaires issues du recyclage y est atone et la réduction à la source reste un vœu pieux. L'option choisie dans l'Hexagone en matière de traitement mécano-biologique (TMB), qui consiste à extraire les déchets organiques des ordures en mélange afin de produire du compost, ne le convainc pas, en raison de coûts "disproportionnés" et de difficultés récurrentes de pilotage des installations. Des difficultés que rencontrent également les unités de méthanisation des déchets organiques, un procédé du reste encore "marginal" en France, constate-t-il, un brin désabusé. Certains pays se sont lancés dans la constitution d'une filière de production de combustibles solides de récupération (CSR) à partir de déchets à haut pouvoir calorifique, mais Christophe Cros ne semble pas croire à un développement de cette filière en France, faute de visibilité sur sa viabilité économique et en raison du poids de l'énergie nucléaire. COUP DE POUCE NÉCESSAIRE POUR LES INVESTISSEURS Deux voies méritent cependant d'être explorées, a expliqué le dirigeant de Suez Environnement à l'occasion de la conférence environnementale de septembre, à l'ordre du jour de laquelle figurait l'économie circulaire : développer les réseaux de chaleur alimentés par des installations de valorisation énergétique (tels les incinérateurs) et inciter les industriels à utiliser davantage de produits issus du recyclage, seuls ou en mélange avec des matières premières vierges. L'usage de la fiscalité n'y suffira pas : un coup de pouce à destination des investisseurs est nécessaire, estime Christophe Cros, qui ne perd pas de vue l'intérêt de son entreprise. "Dans la politique française des déchets, il n'existe pas de facteurs incitatifs positifs, note-t-il. S'il reste deux ou trois sous publics, utilisons-les en créant un dispositif pour favoriser les branchements de réseaux de chaleur, car il existe une marge sur l'exploitation de l'énergie thermique produite par les déchets. On pourrait également faire en sorte que les appels d'offres publics tiennent compte de la part de matières premières secondaires prévues dans les offres." Christophe Cros n'écarte pas l'idée de la mise en place d'une collecte séparée des biodéchets – ou déchets organiques, mesure réclamée par le mouvement écologiste. "Il faut voir si au regard de nos objectifs, le jeu en vaut la chandelle, dit-il. Si oui, on aurait sans doute intérêt, en ville, à mettre en place des points d'apport volontaire plutôt qu'une collecte individualisée, forcément très coûteuse." Sita s'apprête à inaugurer, le 13 décembre, le centre de valorisation des déchets ménagers de Clermont-Ferrand, qui a été l'objet de violentes querelles politiques locales ainsi que d'une forte opposition en raison de la présence d'un incinérateur. "Tous les équipements industriels à forte sensibilité, notamment concernant les déchets, posent problème, remarque le directeur général adjoint de Suez Environnement. La complexité de l'ensemble des textes fait qu'aujourd'hui on ne peut pas remporter un grand appel d'offres, même en faisant travailler quinze juristes à temps plein pendant un an, sans qu'il y ait des quantités de recours qui retardent le projet." La France n'est pas à un paradoxe près : elle a beau avoir donné naissance à deux géants des déchets, elle est loin de donner l'exemple en la matière.
"2013-10-22T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/22/pour-suez-environnement-la-politique-des-dechets-en-france-est-dans-l-impasse_3500463_3234.html
Turquie : la sociologue Pinar Selek, condamnée à la prison à vie, va demander l'asile politique
La sociologue, jugée pour la quatrième fois, va "demander l'asile politique" en France, a-t-elle déclaré après l'annonce du verdict.
Pinar Selek pendant une réunion de soutien à l'université de Strasbourg, le 24 janvier 2013. AFP/FREDERICK FLORIN Un tribunal d'Istanbul a condamné, jeudi 24 janvier, la sociologue turque Pinar Selek, qui était rejugée pour la quatrième fois, après trois acquittements, à la prison à vie pour sa participation à un attentat commis il y a quatorze ans. Après en avoir délibéré pendant plus d'une heure, la cour a reconnu l'universitaire, qui vit en exil en France et qui n'assistait pas à son procès, coupable d'avoir aidé des rebelles kurdes à commettre un attentat à l'explosif contre un site touristique d'Istanbul, le marché des épices, sur la Corne d'or, qui a fait sept morts en 1998. Lire le portrait (en édition Abonnés) : "Pinar Selek, une femme libre face à l'Etat turc" Le verdict de la justice a provoqué des réactions indignées parmi les nombreux soutiens de la sociologue, connue pour ses recherches sur les minorités marginalisées, comme les transsexuels ou les Kurdes, venus assister à cette audience. Des militantes féministes italiennes ont lancé "fascistes, fascistes" aux magistrats, a constaté un journaliste de l'AFP. "PUNIR POUR INTIMIDER" La sociologue va "demander l'asile politique" en France, a-t-elle déclaré à l'AFP après l'annonce du verdict. "C'est très difficile mais je vais résister jusqu'au bout, a-t-elle ajouté. Je suis fatiguée mais je suis forte, grâce à la solidarité qui m'entoure." Les juges turcs "ont voulu punir pour intimider les chercheurs, mais ils n'ont pas réussi", a affirmé Mme Selek. Malgré le jugement, "je suis sûre qu'on a aussi gagné cette lutte" a-t-elle conclu, expliquant que des étudiants turcs avaient également manifesté devant le tribunal d'Istanbul. La condamnation à perpétuité s'accompagne d'une mesure d'arrestation immédiate si elle se rendait en Turquie, a indiqué à l'AFP un de ses soutiens universitaires, Pascal Maillard. "Sa carte de séjour et sa carte d'étudiante ne sont pas assez protecteurs, donc elle va faire dès demain une demande d'asile politique", a-t-il affirmé, en ajoutant que les juges avaient "cédé à leur farce politico-judiciaire". QUATRIÈME PROCÈS Arrêtée et incarcérée à l'âge de 27 ans, Pinar Selek a été impliquée dans cette affaire après avoir refusé de donner à la police les noms de rebelles qu'elle avait rencontrés dans le cadre de ses recherches. Elle a été libérée en 2000, après la publication d'un rapport attribuant l'explosion à une fuite de gaz. Les tribunaux turcs, estimant que le caractère criminel de l'explosion n'était pas établi et prenant en compte la rétractation du principal témoin à charge, ont acquitté Pinar Selek à trois reprises, mais à chaque fois la Cour de cassation a invalidé le verdict. A l'ouverture de cette nouvelle audience, les avocats de Pinar Selek ont dénoncé la tenue de ce quatrième procès, arguant notamment du fait qu'une procédure d'appel, normalement suspensive, était en cours quand le tribunal s'est saisi du dossier. Devant le refus des juges d'accepter leurs demandes, ils ont suspendu leur participation au procès. Lire le point de vue : "Pinar Selek, coupable d'être sociologue"
"2013-01-24T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/01/24/turquie-la-sociologue-pinar-selek-condamnee-a-la-prison-a-vie-pour-terrorisme_1822349_3214.html
L'explosion dans un bus israélien était « un attentat terroriste », selon la police
Un sac contenant des explosifs a été retrouvé dimanche dans un bus israélien, à Bat Yam, près de Tel-Aviv. Aucune victime n'est à déplorer.
A Bat Yam, près de Tel-Aviv, le 22 décembre. AFP/JACK GUEZ Un attentat « terroriste » a visé dimanche 22 décembre un bus israélien, à Bat Yam, près de Tel-Aviv, sans faire de victime, selon la police. « Suite à l'examen des explosifs découverts sur place, nous avons conclu qu'il s'agit d'une attaque terroriste », a indiqué un porte-parole, faisant allusion à l'action de militants palestiniens. « Une enquête a été ouverte et nos forces sont déployées dans la zone pour tenter d'identifier des suspects », a-t-il ajouté. La police a précisé que le chauffeur avait repéré un sac abandonné dans le bus, avait arrêté son véhicule et ordonné aux passagers de descendre. Un démineur appelé sur les lieux examinait l'objet lorsque ce dernier avait explosé. L'homme est indemne, ont précisé les autorités. Selon la compagnie d'autobus, le chauffeur a été alerté par un passager. « Le passager a ouvert le sac-à-dos [abandonné] et a vu à des câbles à l'intérieur », a déclaré Eitan Fiksman, cité par le site d'informations en ligne Ynet. La piste du règlement de compte criminel n'avait dans un premier temps pas été exclue en raison de la fréquence des violences liées aux querelles entre familles mafieuses dans la périphérie de Tel-Aviv, et notamment à Bat Yam. « Nous appelons le public à une vigilance particulière dans les transports en commun, les bus, les trains, les centres commerciaux, au cas où d'autres tentatives d'attentats soient en cours », a indiqué Mme Samri. LE HAMAS « SALUE UN ACTE HÉROÏQUE » Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, s'est félicité de l'explosion : « Le Hamas salue l'opération de Bat Yam et considère qu'il s'agit d'un acte courageux et héroïque en réponse aux crimes de l'occupation », selon un porte-parole. La dernière explosion dans un autobus israélien remonte à novembre 2012, à Tel-Aviv, lorsqu'un attentat, mené en riposte à une opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, avait fait 29 blessés. Lors d'un raid en Cisjordanie en octobre 2013, l'armée israélienne a tué Mohammed Assi, un membre du Djihad islamique considéré comme le planificateur de l'attentat de novembre 2012. En 2011, une touriste britannique avait été tuée et 30 autres personnes blessées dans une explosion à un arrêt d'autobus à Jérusalem. Les autorités israéliennes avaient indiqué que l'attentat était l'œuvre de militants palestiniens.
"2013-12-22T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/12/22/l-explosion-dans-un-bus-israelien-etait-un-attentat-terroriste-selon-la-police_4338826_3218.html
L’argent au cœur du meurtre d’Hélène Pastor
Dix personnes sont renvoyées devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, dont Wojciech Janowski, le gendre de la richissime femme d’affaires monégasque tuée le 6 mai 2014.
La voiture d’Hélène Pastor, lors de la reconstitution de son assassinat, à la sortie de l’hôpital l’Archet à Nice, en avril 2015. JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP « J’ai peur, je veux vous revoir, car j’ai d’autres choses à dire. » Le 17 mai 2014, Hélène Pastor, sur son lit dans un service de réanimation, annonce aux policiers qu’elles a des révélations à leur faire. Onze jours plus tôt, la femme d’affaires, 77 ans, une des plus grosses fortunes de Monaco, à la tête d’un empire immobilier, et son chauffeur, Mohamed Darwich, ont été la cible d’un tireur posté à la sortie de l’hôpital l’Archet, à Nice, où, comme chaque soir, Mme Pastor était allée rendre visite à son fils, Gildo. Le chauffeur a survécu quatre jours. Hélène Pastor ne fera jamais lesdites révélations : elle est décédée le 21 mai. Ces « choses à dire », le juge d’instruction marseillais Christophe Perruaux les a vraisemblablement reconstituées une à une dans un dossier de 22 000 pages qu’il a refermé, le 20 février, en renvoyant devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône neuf hommes et une femme. Dix accusés pour un futur procès, probablement en 2018, où se côtoieront tueurs à gages marseillais et société monégasque dorée. En haut de la pyramide, le magistrat place Wojciech Janowski, 67 ans, consul honoraire de Pologne à Monaco et gendre de la victime, soupçonné d’avoir commandité cet assassinat ourdi pour un mobile d’argent. L’ADN sur un flacon de gel douche A partir des vidéos captées par les caméras de la ville de Nice, deux hommes sont rapidement soupçonnés d’être le tireur et le guetteur, lors du guet-apens tendu à la sortie de l’hôpital. Image par image, les enquêteurs remontent jusqu’à un hôtel où l’un d’eux a oublié son flacon de gel douche portant son ADN. D’une caméra à l’autre, les policiers rembobinent le film : l’arrivée à la gare de Nice, le départ de la gare Saint-Charles, à Marseille, l’achat, sur la Canebière, de cartes téléphoniques anonymes. Les policiers mettent vite un nom sur le visage des deux Marseillais. Le guetteur, c’est Al Haïr Hamadi. Il le reconnaît. L’ADN sur le flacon de gel douche livre celui de Samine Said Ahmed, qui conteste être le tireur. L’entourage des deux Marseillais, leurs contacts téléphoniques les semaines ayant précédé les faits, conduisent à Abdelkader Belkhatir, leur recruteur présumé, « un brave mec, gentil, serviable, naïf au point de croire qu’aux Baumettes il y a une piscine pour les détenus », raconte un proche. Ce « Kader » va renvoyer les enquêteurs à Monaco, car son beau-frère Pascal Dauriac n’est autre que le coach sportif de Wojciech Janowski, et de sa compagne depuis vingt-huit ans, Sylvia Ratkowski, la fille d’Hélène Pastor, qu’à Monaco tout le monde appelle « Sissi ».
"2017-08-03T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/03/08/l-argent-au-coeur-du-meurtre-d-helene-pastor_5091134_1653578.html
A l’asile, un jeune stagiaire nommé Foucault
En 1954, à Münsterlingen (Suisse), le philosophe côtoie une équipe de psychiatres aux méthodes extrêmement novatrices. Une expérience fondatrice.
Foucault à Münsterlingen. A l’origine de l’Histoire de la folie, sous la direction de Jean-François Bert et d’Elisabetta Basso, avec des photographies de Jacqueline Verdeaux, EHESS Editions, 284 p., 24 €. Roland Kuhn (à gauche), Michel Foucault et Georges Verdeaux dans le bureau de Ludwig Binswanger au sanatorium de Kreuzlingen, en Suisse, en 1954. EHESS Coordonné par Jean-François Bert et Elisabetta Basso, Foucault à Münsterlingen. A l’origine de l’Histoire de la folie rassemble des textes remarquables de plusieurs chercheurs qui se sont donné pour mission de commenter, à partir d’archives inédites – lettres et photographies –, l’histoire d’un événement survenu le mardi 2 mars 1954 en Suisse alémanique. Ce jour-là, Michel Foucault assiste au carnaval de l’asile cantonal de Münsterlingen. Dirigé par le psychiatre Roland Kuhn (1912-2005), cet asile est situé au bord du lac de Constance, à deux pas du fameux sanatorium de Kreuzlingen où règne encore le célèbre Ludwig Binswanger (1881-1966), disciple et ami de Freud. Agé de 27 ans, Foucault travaille alors comme stagiaire dans le service de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Anne. Il se passionne pour l’approche phénoménologique de la folie ou Daseinsanalyse (analyse existentielle), dont il découvre l’originalité en lisant justement l’ouvrage de Binswanger, Le Rêve et l’existence (1930), traduit en français en 1954 par son amie Jacqueline Verdeaux et pour lequel il rédigera une préface. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Michel Foucault raconte notre présent Issue d’un double héritage freudien et heideggérien, cette méthode prend pour objet l’existence du sujet selon la triple dimension du temps, de l’espace et de la relation au monde. Autant dire que, à cette époque, elle domine toutes les approches de la maladie mentale (insulino-thérapie, narco-analyse, test de Rorschach, etc.), alors même que s’engage, avec l’apparition des premiers psychotropes – Largactil et Tofranil (laboratoire Geigy) –, la révolution chimique qui, vingt ans plus tard, mettra fin à l’enfermement asilaire. Le défilé des fous En conséquence, quand Foucault se rend au bord du lac de Constance, il sait qu’il va à la rencontre de ce qu’il y a de plus novateur dans l’histoire du traitement de la folie au XXe siècle. Hébergé par Binswanger, il travaille avec Roland Kuhn et ses équipes. On trouvera dans le présent ouvrage des manuscrits et des lettres qui relatent les échanges entre les protagonistes de cette histoire. Il s’agit alors, pour la nouvelle génération psychiatrique, de toucher le cœur de la personnalité humaine en associant tous les traitements, y compris la pratique du jeu, du théâtre, de la fête et du carnaval. L’événement du 2 mars 1954 revêt donc pour Foucault et ses amis une importance capitale, comme en témoignent les photographies extraordinaires prises par Jacqueline Verdeaux, où l’on assiste en direct au défilé des fous, masqués, costumés, grimés, portant haut et fort sur leurs chars fleuris des objets divers sortis tout droit des contes de fées ou d’une mythologie populaire. Tous ont travaillé avec ardeur pour confectionner des parures bariolées, des masques aux allures grotesques ou tragiques, des sceptres, des couronnes, des baguettes magiques. Le moment le plus émouvant est celui où défilent ensemble la « gentille dame Largactil », connue pour ses vertus calmantes, et la « méchante dame Geigy », haïe pour ses effets secondaires.
"2015-09-11T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2015/11/12/a-l-asile-un-jeune-stagiaire-nomme-foucault_4808178_3260.html
Oscar, born to be Wilde
Le Petit Palais, à Paris, rend hommage à l’écrivain irlandais Oscar Wilde. Un « impertinent absolu » au destin sulfureux, dont voici quelques moments marquants.
Oscar Wilde photographié par l’Américain Napoléon Sarony, en 1882. www.bridgemanimages.com Le dandy wharolien Avant de devenir un auteur plébiscité puis décrié, ­l’Irlandais Oscar Wilde (1854-1900) est d’abord un Andy Warhol avant l’heure : « D’une manière ou d’une autre, je deviendrai célèbre, même si cela doit être tristement », dira-t-il, étudiant. Professeur d’esthétique, critique d’art, beau parleur… Dans la foulée de son diplôme à Oxford, il passe trois ­années, de 1879 à 1881, à construire son image ­d’esthète ­insolent : « Je trouve tous les jours de plus en plus ­difficile d’être à la hauteur de ma porcelaine bleue. » Très vite, ce dandy outrancier comprend l’importance de la photographie pour accroître son rayonnement. Lors de sa tournée de conférences en 1882 aux Etats-Unis, le gentleman à la longue ­chevelure, qui arborait lis ou tournesols en toute ­occasion, se constitue un portfolio de 27 portraits sous ­l’objectif de Napoléon Sarony. On le voit tantôt ceint d’une cape, tantôt ­enveloppé dans une fourrure. Autant d’images ­détournées plus tard par les publicitaires pour ­promouvoir des produits parfois aussi peu reluisants que des ­rehausseurs de poitrine… Illustration d’Aubrey Beardsley pour « Salomé », dans l’édition de 1893. Neale Osborne/Lebrecht/Rue des Archives Un scandale nommé « Salomé » Wilde le bateleur devient Wilde l’écrivain en 1890, avec son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray, suivi par quatre pièces à succès, telles L’Importance d’être Constant (1895). Mais c’est avec sa Salomé qu’il déclenche les foudres de la censure britannique. Ecrite à Paris en deux mois, en 1891, cette pièce, que la comédienne française Sarah Bernhardt devait jouer à Londres, abordait le personnage biblique sous l’angle le plus charnel. Effrontée et hystérique, Salomé ne réclamait plus la tête de Jean-Baptiste pour contenter sa mère, mais pour se venger d’avoir été éconduite. Ce féminisme conquérant, affirmant crûment son désir nécrophile, ne fit pas bon ménage avec l’Angleterre puritaine. Malgré la censure, Wilde ne s’avoua pas vaincu et décida de publier, en 1893, l’ouvrage en commandant des illustrations au jeune peintre Aubrey Beardsley (1872-1898), dont les ­planches, stylisées et sinueuses, restituent à merveille le parfum de sexe et de soufre de ce drame. Détail savoureux, l’artiste a parsemé ses images de caricatures d’Oscar Wilde. Carte de visite du marquis de Queensberry déposée à l’Albemarle Club, à Londres. Il y a écrit : « Pour Oscar Wilde, s’affichant comme somdomite [sic]. » he National Archives Wilde le « sodomite » Traité de « sodomite » par le marquis de Queensberry, lord écossais paranoïaque qui désapprouvait sa liaison avec son fils Alfred Douglas, Oscar Wilde commit l’impensable : attaquer en 1895 le notable pour diffamation. C’était faire preuve d’une grande candeur : il se retrouve au banc des accusés pour homosexualité. L’Angleterre victorienne, aussi ­corsetée qu’hypocrite, voulait un bouc émissaire. Wilde le rebelle fera l’affaire. L’écrivain écope de deux ans de travaux forcés, dont une partie dans la geôle de Reading, qu’il nomme la « fosse d’infamie » dans sa Ballade éponyme (1897). C’est derrière ces murs qu’il écrira l’un de ses textes les plus ­poignants, De Profundis, à la fois lettre d’amour et de doléances à Alfred Douglas, et confession intime. Ruiné et affaibli à sa sortie de prison en 1897, séparé de sa femme et de ses fils chéris qui durent changer de patronyme devant l’opprobre, Wilde quitte la Grande-Bretagne pour la France. Ironie du sort, la prison de Reading lui consacre jusqu’au 30 octobre une exposition.
"2016-06-10T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/10/06/oscar-born-to-be-wilde_5009415_3232.html
US Open : Federer rejoint Djokovic en finale
Lors des demi-finales, le Serbe s’est imposé face au Croate Marin Cilic, le Suisse a battu son compatriote Stan Wawrinka.
Roger Federer lors de son match contre Stan Wawrinka en demie finale de l'US Open de tennis. David Goldman / AP Quelques heures après Novak Djokovic, Roger Federer s’est à son tour qualifié pour la finale de l’US Open, vendredi 11 septembre. Le Serbe, numéro un mondial, avait gagné sa place en battant Marin Cilic (6-0, 6-1, 6-2). Le Suisse Roger Federer s’est lui imposé (6-4, 6-3, 6-1) face à son compatriote Stan Wawrinka, et n’a toujours pas perdu le moindre set depuis son arrivée à New York. 4e finale de Grand Chelem pour Djokovic Djokovic n’a eu besoin que d’une heure et vingt-cinq minutes pour venir à bout de Cilic. Le Croate, vainqueur surprise de l’édition 2014, son premier titre du Grand Chelem, était, selon son adversaire, diminué par une cheville douloureuse. « Il faut lui rendre hommage, il a disputé ce match alors qu’il avait depuis plusieurs matches une blessure à une cheville », a expliqué Djokovic. Cilic, 9e mondial, n’a en effet pas eu son rendement habituel au service, son habituel point fort, avec seulement quatre aces et 45 % de premières balles. Novak Djokovic en demie finale de l'US Open de tennis, le 11 septembre 2015. MATTHEW STOCKMAN / AFP Novak Djokovic a déjà disputé les finales des trois premiers tournois du Grand Chelem de l’année, mais il s’est incliné en juin face à Wawrinka à Roland-Garros. « J’ai déjà disputé cinq finales ici, mais je n’en ai gagné qu’une seule », a-t-il par ailleurs fait remarquer. Federer, quintuple vainqueur du tournoi Face à lui dimanche, l’ancien numéro un mondial Roger Federer, qui n’avait plus atteint la finale à Flushing Meadows depuis 2009. Il espère mettre fin à New York à une disette de trois années en Grand Chelem, puisque son 17e et dernier titre majeur remonte à Wimbledon, en 2012. Wawrinka qui l’avait battu en quarts de finale à Roland-Garros en juin, n’a cette fois pas réussi à le perturber. « Fed » s’est imposé en une heure et trente-deux minutes avec un tennis toujours aussi séduisant (29 points gagnants, 17 fautes directes et 22 points remportés au filet). « Novak réalise une superbe saison, il va être dur à battre, mais je suis prêt à relever le défi », a lancé le Suisse, quintuple vainqueur de l’US Open et chouchou du public new-yorkais.
"2015-12-09T00:00:00"
tennis
https://www.lemonde.fr/tennis/article/2015/09/12/us-open-federer-rejoint-djokovic-en-finale_4753775_1616659.html
A Saint-Malo, ni logo ni subvention au festival de reggae
Organisé depuis 2013 dans le Jura, le No Logo Festival s’est dédoublé cette année en Bretagne sans recourir aux financements privés et publics, comme il le revendique.
Au festival No Logo BZH, le 14 août. ANAÏS KERVELLA Un festival sans sponsor, sans subvention et sans bénévole. Un festival totalement indépendant sur le plan économique, n’ayant de compte à rendre à personne, sauf aux spectateurs qui achètent leur billet. A rebrousse-poil du modèle dominant, ce concept existe. Il s’appelle No Logo et est peut-être appelé à prospérer dans un contexte où les sources financières en faveur du spectacle vivant, privées et publiques, ont tendance à se tarir. Consacrée au reggae et aux musiques du monde, la cinquième édition de ce festival à la différence revendiquée s’est tenue à Fraisans (Jura), sur le site d’une ancienne forge industrielle, du 11 au 13 août. Sa déclinaison bretonne – baptisée No Logo BZH – s’est déroulée en partie simultanément, les 13 et 14 août, au Fort de Saint-Père, à quelques kilomètres de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Le mythique chanteur de reggae Linton Kwesi Johnson sur la scène du No Logo BZH festival, le 14 août. ANAÏS KERVELLA Un lieu que les amateurs de rock et de musique actuelle connaissent bien pour accueillir la Route du Rock, un festival solidement installé dans le paysage culturel de l’ouest de la France depuis près de trente ans. Sa prochaine édition se tiendra le week-end prochain (17 au 20 août), au même endroit, avec les mêmes infrastructures (scène, buvettes, camping, toilettes…). La mutualisation est l’une des caractéristiques du festival No Logo. En témoigne également sa programmation partiellement commune avec celle de la manifestation mère située dans le Jura : Toots and the Maytals, Chronixx, Danakil, Ky-Mani Marley, la Rue Kétanou et Nattali Rize se sont ainsi produit sur les deux manifestations. Michel Jovanovic, le cocréateur du No Logo Festival. ANAÏS KERVELLA Inspiré d’un livre à succès de la journaliste canadienne Naomi Klein – No Logo : la tyrannie des marques (Actes Sud, 2000) –, ce concept de festival autonome n’est pas l’émanation d’une association altermondialiste, comme on pourrait le penser. Deux promoteurs privés sont à son origine, dont l’agent artistique Michel Jovanovic. Plusieurs groupes et chanteurs dont il gère les intérêts sont à l’affiche chaque année à No Logo, ce qui explique aussi pourquoi aucun dossier de subventionnement n’a été déposé auprès des collectivités publiques. Aucun logo sur les bâches blanches qui entourent la scène du festival. ANAÏS KERVELLA Là n’est pas la seule raison, explique Michel Jovanovic : « Notre démarche est volontariste et, dans un certain sens, politique. L’idée est de pouvoir monter une programmation de manière libre et indépendante, sans être redevable de quoi que ce soit auprès des élus. Il est déjà arrivé de voir des artistes être déprogrammés car ils n’étaient pas politiquement corrects. » La même logique a dicté le choix de ne faire appel à aucune marque, ni à aucun producteur de soda et d’alcool pour tenir les buvettes, comme cela est l’usage dans de nombreux festivals. Le site de No Logo peut afficher du coup fièrement sa neutralité : toutes les bâches et bannières inhérentes à ce genre de rassemblement sont blanches. L’affiche du festival est, elle, d’une totalité absolue. ANAÏS KERVELLA Le personnel, quant à lui, est payé : « Nous avons sciemment écarté ce grand principe des festivals qu’est le bénévolat, poursuit Michel Jovanovic. Il n’y a pas de raison que les petites mains ne soient pas rémunérées alors que les artistes le sont. C’est non seulement une forme d’équité, mais aussi une façon de responsabiliser toutes les personnes qui travaillent sur le site. » Le chanteur jamaïcain Chronixx. ANAÏS KERVELLA Tout ceci a évidemment un coût. Que seule l’adhésion du public peut venir compenser : « La politique politicienne est tellement décevante en ce moment que l’action passe aussi par des démarches alternatives comme celle-ci. Venir à No Logo en échange d’un prix d’entrée raisonnable [26 euros la soirée] est un moyen d’y participer. Et le choix du reggae, qui est une musique militante, n’est évidemment pas anodin. » Reste à savoir si le business modèle de ce type d’événement est viable. Pour rentrer dans ses frais, le festival tablait sur 10 000 entrées par soirée. « On y fut presque le premier soir », indiquait Michel Jovanovic, lundi, sans pouvoir dire si le bilan de cette première édition de No Logo BZH permettrait d’en organiser une deuxième l’an prochain. Le groupe français Danakil. ANAÏS KERVELLA Son souhait serait de voir essaimer un peu partout en France son idée de festival sans subvention ni sponsor : « Si d’autres organisateurs veulent récupérer le concept, libre à eux ». Mais pas sous l’appellation No Logo, que son instigateur a déposée juridiquement. No Logo BZH, à Saint-Père (Ille-et-Vilaine), les 13 et 14 août. D'un festival à l'autre
"2017-08-15T00:00:00"
la-route-des-festivals
https://www.lemonde.fr/la-route-des-festivals/article/2017/08/15/a-saint-malo-ni-logo-ni-subvention-au-festival-de-reggae_5172555_5151848.html
A Versailles, une école pour dessiner le paysage
Dans la prestigieuse Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles, l’enseignement fait la part belle à la création artistique. Au programme : des ateliers où concevoir et dessiner des projets.
Une étudiante de l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage dans le Grand Carré du potager du Roi. Ecole nationale supérieure de paysage « Les étudiants qui viennent aux portes ouvertes de l’école nous demandent si nous avons beaucoup de devoirs ! », ironise Mégane Millet-Lacombe. A 22 ans, elle est en master 2 au sein du parcours européen EMiLA (European Master in Landscape Architecture) à l’Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles. Dans cette prestigieuse école, logée dans les bâtiments historiques qui longent le Potager du roi – il existe aussi une antenne à Marseille –, l’enseignement n’a rien de scolaire. D’ailleurs, on n’y parle pas de disciplines ou de matières, mais d’ateliers, autour desquels toute la pédagogie est structurée. Mégane Millet-Lacombe, entrée après un BTS « aménagement paysager », désigne d’un mouvement de bras la grande salle sous les toits, meublée de hautes tables, de quelques armoires métalliques, et remplie de maquettes et de photos collées au mur, au milieu d’un bric-à-brac de papiers et de crayons. « Notre vie est dans cet atelier », dit-elle. Les étudiants y passent au moins deux jours par semaine, et parfois des nuits, à chercher, créer, dessiner, concevoir des projets de plus en plus aboutis, dont certains répondent à des commandes publiques ou privées. « Le concours d’entrée nous permet de tester l’aptitude à l’ouverture et la ­curiosité des candidats, car c’est cela qui va être développé au cours des quatre années d’études », indique ­Michel Audouy, paysagiste et enseignant à l’école. Ces quatre années sont ponctuées de journées consacrées notamment aux arts plastiques, et de plusieurs voyages sur le terrain. Mégane évoque ainsi avec passion son travail sur le mont Brouilly (Rhône), dans le Beaujolais, à chercher sur le terrain idées et solutions pour aménager et valoriser le lieu, dans le cadre d’un projet ­artistique. Une discipline artistique Durant toute la scolarité, des artistes interviennent pour apprendre aux étudiants à appréhender un ­paysage de façon sensible, par exemple à travers la photo ou, plus surprenant, la danse. Le Potager du roi est ainsi tous les ans, lors des Journées du ­patrimoine, le théâtre d’un festival de danse contemporaine. Tant pis pour les Candide qui s’imaginent qu’à l’Ecole du paysage, on apprend à distinguer les plantes ou à planter des ­arbres. Une fois diplômés, certains étudiants se lancent d’ailleurs dans une démarche purement artistique, créant des œuvres autour du ­paysage. Les deux semestres passés à l’étranger dans le cadre du parcours EMiLA permettent, eux, de croiser les regards sur une discipline à la frontière des arts et de la technique. Après six mois passés à la Gottfried Wilhelm Leibniz Universität de Hanovre, puis six autres mois à la Escola Tecnica ­Superior d’Arquitectura de Barcelone, ­entrecoupés de deux semaines d’ateliers à l’Edinburgh College of Art, ­Mégane confirme la personnalité atypique de l’Ecole de Versailles. « Ici, on est très bons pour élaborer des projets », constate-t-elle. Les disciplines purement techniques sont plus ­approfondies dans d’autres écoles qu’à Versailles. Les écoles du nord de ­l’Europe sont davantage tournées vers l’écologie, alors que les écoles ­italiennes ou espagnoles sont « très liées à l’ingénierie agricole », observe ­Michel Audouy. Une fois diplômés, les étudiants versaillais trouvent souvent des débouchés dans des agences d’urbanisme ou de paysage, des collectivités locales, des conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) ou des parcs naturels. D’autres se mettent à leur compte pour ­démarcher une clientèle privée. Le secteur connaît, comme beaucoup d’autres, des difficultés économiques et les revenus des jeunes paysagistes en début de carrière tendent plutôt à décroître au fil des années. Mais, rappelle Mégane Millet-Lacombe, « on apprend à mener des projets et ce ­savoir est réutilisable partout ». Se former Les études menant aux métiers du paysage ont fait l’objet d’une profonde réforme en 2015. Le cycle de quatre ans d’études menant au titre de paysagiste DPLG (diplôme délivré par le gouvernement) ­n’existera plus en 2018. Il est remplacé par le ­diplôme d’Etat de paysagiste (DEP), qui confère le grade de master, après trois années d’études.­ ­L’accès à la formation de paysagiste diplômé d’Etat ­s’effectue sur concours. Celui-ci est ­commun à l’Ecole nationale supérieure du ­paysage ­(sites de Versailles et de Marseille) et aux écoles nationales supérieures d’architecture et de ­paysage (Ensap) de Bordeaux et de Lille, ainsi qu’à l’Ecole supérieure de la nature et du paysage de Blois. Lire aussi A Versailles, une école pour dessiner le paysage Le concours de recrutement en première année offre deux voies d’accès : la voie externe, ouverte aux ­étudiants de ­niveau bac + 2 ; la voie interne, ouverte uniquement aux étudiants ayant suivi le cycle préparatoire ­d’études en paysage proposé par ­certaines des trois ­écoles autorisées à délivrer le DEP. Les possibilités d’admission directe en deuxième année existent, pour les candidats ­titulaires de 180 crédits ­européens. Dans ces trois écoles, publiques, le coût des ­études s’élève à 1 561 euros par an. Des bourses et des aides ­peuvent être accordées sur dossier.
"2017-04-16T00:00:00"
campus
https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/16/a-versailles-une-ecole-pour-dessiner-le-paysage_5112025_4401467.html
Le passeportde Maria Luisa Poumaillou
Cette dénicheuse de talents arpente les Fashion Weeks de la planète depuis vingt-cinq ans. Elle y sélectionne des créateurs qu'elle présente dans son espace du Printemps Haussmann, à Paris, un grand magasin pour lequel elle officie aussi en tant que consultante mode pour les achats de prêt-à-porter et d'accessoires. Paradoxal pour une femme qui affirme ne jamais s'attacher aux objets. La seule exception : son passeport.
Photo: Christophe Meireis / Age fotostock Christophe Meireis / age fotosto / Christophe Meireis / age fotostock "Je ne sors jamais sans lunettes, sans maquillage, sans boucles d'oreilles. Je les égare tout le temps et j'en rachète. Du coup, je ne porte plus rien de valeur et mon mari a renoncé à m'offrir des bijoux. J'ai même perdu le solitaire de sa mère ! Le seul objet qui me soit vraiment essentiel, c'est mon passeport. Le jour où il y a eu le feu chez moi, je me suis demandé dans la précipitation : qu'est-ce que j'emporte ? Et c'est mon passeport que j'ai mis dans ma poche avant de partir. Sans doute parce que je suis une exilée dans l'âme. Mon père était un homme politique et j'ai quitté le Venezuela dans l'urgence, suite à l'une de ces révolutions que l'Amérique latine a tant connues. J'avais 7 ans et je me souviens d'avoir pris l'avion en chemise de nuit. Je laissais derrière moi tous les cadeaux reçus, la veille, pour mon anniversaire. Depuis, j'ai toujours été extrêmement peu attachée aux choses. Le passeport est le seul objet à m'avoir manqué quand je l'ai perdu. C'était en 2011. Quelques années plus tôt, mariée depuis trente ans à un Français et habitant Paris, j'avais décidé de troquer ma carte de résidente vénézuélienne pour la nationalité française. Je suis ensuite tombée gravement malade et j'ai laissé les démarches en plan. Résultat : l'an dernier, quand j'ai perdu mon passeport vénézuélien, je me suis retrouvée sans papiers. D'un côté, l'ambassade du Venezuela me considérait comme française ; de l'autre, l'administration française avait un dossier incomplet. J'ai dû attendre des mois pour obtenir un passeport français. Et je n'ai pas pu assister aux Fashion Weeks de Londres ni de New York." Propos recueillis par Catherine Maliszewski
"2012-01-03T00:00:00"
m-styles
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2012/03/01/le-passeportde-maria-luisa-poumaillou_1650277_4497319.html
Mort du troisième porteur d’un cœur artificiel
Le décès du patient, un homme de 74 ans, ne serait pas dû à la prothèse, selon la société.
Dans les laboratoires de Carmat, où a été mis au point le coeur artificiel. Velizi, septembre 2009. FRANCK FIFE / AFP Le troisième patient chez lequel avait été implanté un cœur artificiel Carmat est décédé vendredi 18 décembre. Sa mort a été annoncée, mardi 22 décembre, dans un communiqué de presse de la société Carmat intitulé « Information sur l’évolution de l’essai clinique de faisabilité du cœur artificiel bioprothétique Carmat ». La société rappelle que cette prothèse vise à « offrir une alternative thérapeutique aux malades souffrant d’insuffisance cardiaque terminale ». Elle précise que « les analyses réalisées n’ont pas montré d’implication de la prothèse dans le décès du patient. La société poursuit l’étude de faisabilité ». Les deux premiers patients ayant reçu le cœur artificiel sont déjà morts. Le troisième patient décédé était un homme de 74 ans. L’implantation du cœur artificiel avait eu lieu le 8 avril 2015 à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP). Après avoir été formé au fonctionnement du système d’assistance cardiaque portable, il avait ensuite bénéficié d’une période de rééducation dans les Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Il avait quitté l’établissement hospitalier à la fin août pour retourner à son domicile alsacien. La société Carmat indique qu’« il s’agit d’une mort subite par arrêt respiratoire au cours d’une insuffisance rénale chronique. Suite au constat de décès, l’équipe médicale a arrêté la prothèse ». Le greffé souffrait, ajoute le communiqué, d’une « combinaison de pathologies sévères, en particulier d’insuffisance rénale préexistante à l’implantation de la prothèse, qui l’amenait à revenir régulièrement à l’hôpital ». Dans les jours précédant sa mort, le patient avait été de nouveau hospitalisé à Strasbourg, son insuffisance rénale étant entrée dans une « phase très critique », selon le président de Carmat, Jean-Claude Cadudal. Le cœur artificiel de la société Carmat. FRANCK FIFE / AFP Pas de défaillances mécaniques Ce troisième porteur d’un cœur artificiel aura bénéficié d’une survie de deux cent cinquante jours. Claude Dany, âgé de 76 ans, le premier à recevoir cette bioprothèse à l’HEGP le 18 décembre 2013, était mort soixante-quatorze jours après l’intervention. Le deuxième greffé, un homme de 69 ans chez qui le cœur artificiel avait été posé à Nantes le 5 août 2014, avait, lui, survécu deux cent soixante-dix jours. Son débit cardiaque avait baissé, et il n’avait pas pu être sauvé par une tentative de changement de la bioprothèse. Lire aussi Mort d’un porteur du cœur artificiel Carmat Dans ces deux premiers cas, qui ont fait l’objet d’une publication dans la revue médicale britannique The Lancet le 29 juillet 2015, aucune complication thromboembolique n’avait été observée, alors même qu’un des malades n’avait pas reçu d’anticoagulants pendant ­cinquante jours. Les analyses post-mortem des bioprothèses n’avaient pas révélé de défaillances mécaniques, mais des problèmes sur les composants électroniques, corrigés depuis, ­selon le Pr Alain Carpentier, inventeur de la bioprothèse, et ses collègues.
"2015-12-23T00:00:00"
medecine
https://www.lemonde.fr/medecine/article/2015/12/23/mort-du-troisieme-porteur-d-un-c-ur-artificiel_4836982_1650718.html
Présidentielle 2017 : de nouvelles règles pour l’obtention des 500 parrainages
A treize mois de l’échéance, le Parlement s’apprête à modifier les règles du jeu de la présidentielle, au grand regret des « petits » partis.
Affiches électorales des candidats à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Marine Le Pen (Front national), le 22 avril 2012 à Strasbourg. PATRICK HERTZOG / AFP Toujours autant de candidats, mais des voies d’accès plus restreintes. Alors que sept hommes et femmes politiques se sont déjà déclarés candidats, à treize mois de l’échéance, le Parlement s’apprête à modifier les règles du jeu de la présidentielle, au grand regret des « petits » partis. Depuis qu’elle a été déposée à l’Assemblée nationale, en novembre 2015, la proposition de loi socialiste de « modernisation » de la présidentielle rencontre l’opposition de nombreux élus. Après avoir échoué à se mettre d’accord avec les sénateurs, les députés examineront une nouvelle fois ce texte, jeudi 24 mars, et devraient l’adopter définitivement dans les semaines suivantes pour qu’il soit applicable dès 2017. Et ce malgré des protestations issues de nombreux partis minoritaires, qui y voient un « verrouillage » de l’élection. « Menaces, pressions, marchandages et chantages sur les petits maires » Avec les nouvelles dispositions du texte, certains craignent en effet que la course aux 500 parrainages d’élus, nécessaires pour faire valider une candidature, ne soit encore plus difficile. Jusqu’à présent, les prétendants devaient aller chercher eux-mêmes les précieux documents dans les mains des maires, députés, sénateurs, conseillers régionaux ou départementaux avant de les remettre au Conseil constitutionnel. Après les avoir validés, celui-ci ne rendait public qu’un extrait de 500 noms tirés au sort. Désormais, les élus parrains devront envoyer directement leur « présentation » au Conseil qui les publiera en quasi-temps réel (deux fois par semaine) et en intégralité. Le candidat, lui, n’aura plus la main dessus. Pour la majorité, il s’agit d’éviter les « dérives » de l’ancien système : « menaces, pressions, marchandages et chantages sur les petits maires », comme l’a rapporté Elisabeth Pochon (PS, Seine-Saint-Denis), rapporteure du texte, en remplacement de Jean-Jacques Urvoas, nommé ministre de la justice. Un argument qui n’a pas convaincu les communistes, certains centristes, et les élus indépendants, comme le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France et candidat à la présidentielle, pour qui « le système actuel de tirage au sort garantit une certaine discrétion dans l’engagement des élus ». Recalculer le temps de parole En outre, les mêmes se sont battus, en vain, contre la réforme des règles du temps de parole dans les médias, qui, selon eux, bénéficient aux partis majoritaires. Le texte prévoit ainsi que la période d’égalité stricte des temps de parole durant la campagne soit réduite, pour ne couvrir que les deux dernières semaines avant le premier tour, contre cinq semaines auparavant. A la place s’appliquera l’« équité », calculée en fonction de la représentativité des candidats et de leur implication dans la campagne.
"2016-03-22T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2016/03/22/presidentielle-2017-des-nouvelles-regles-pour-l-obtention-des-500-parainages_4887783_823448.html
Deux romans, un essai et de la poésie… Quatre livres dans lesquels plonger
Chaque jeudi, « Le Monde des livres » offre aux lecteurs de La Matinale une sélection d’ouvrages à ne pas manquer.
Cette semaine, on remonte le temps en se laissant conter par Sylvain Prudhomme la légende de deux frères rivaux dont les vies se consument dans l’insouciance des années 1980, on plonge dans l’espoir et l’effroi des écritures ouvrières du XXe siècle grâce à l’essai de l’historien Xavier Vigna, on se promène dans la langue de Michel Deguy mêlant philosophie et poésie et on écoute les cris de guerre de l’écrivain américain Jerome Charyn. ROMAN. « Légende », de Sylvain Prudhomme GALLIMARD La Crau, désert venteux de Provence, années 80. Deux frères aussi dissemblables que possible, en rivalité perpétuelle, y vivent et fréquentent une boîte de nuit alors fameuse, la Chou. Ils incarnent « une certaine liberté (…), un joyeux je-m’en-foutisme (…) à mille lieues de l’obsession contemporaine de la vie saine », avant que le sida ne mette fin à cette insouciance. Sylvain Pruhdomme raconte des vies dont on ne sait si elles sont en elles-mêmes exemplaires et exceptionnelles, ou si c’est le regard généreux de l’écrivain qui y décèle des traits légendaires, parce que « ça nous nourrit d’aller voir de près la vie de ceux qui ne sont plus, de la redérouler sous nos yeux, d’en scruter les détails, de se demander ce qu’ils ont vécu, à quels moments ils ont été heureux, puis malheureux, puis de nouveau heureux. Ce qu’ils ont pensé avant de mourir ». Florence Bouchy Légende, de Sylvain Prudhomme, Gallimard, « L’arbalète », 302 p., 20 €. ESSAI. « L’Espoir et l’Effroi. Luttes d’écritures et luttes de classes en France au XXe siècle », de Xavier Vigna LA DÉCOUVERTE L’historien Xavier Vigna, dans L’Espoir et l’Effroi, propose une histoire politique des écritures ouvrières. Il s’empare pour cela d’un gigantesque flot d’écrits. Il y a d’abord les autobiographies, témoignages, fictions et récits militants, au total près de 250 volumes en langue française. Mais à ces écritures de la classe ouvrière, le chercheur ajoute celles portant sur la classe ouvrière en elle-même : rapports, enquêtes, romans, archives des administrations et des organisations syndicales. Sondant cette littérature proliférante pour mettre à nu les affrontements de classes qui jalonnent le XXe siècle, il tente d’élucider l’« énigme sociale et politique » qu’est la classe ouvrière, entre la fascination éprouvée pour ces héros de l’émancipation et la répulsion ressentie face à ces barbares intérieurs. Antoine de Baecque L’Espoir et l’Effroi. Luttes d’écritures et luttes de classes en France au XXe siècle, de Xavier Vigna, La Découverte, 304 p., 24 €. POÉSIE. « La Vie subite. Poèmes Biographèmes Théorèmes », de Michel Deguy GALILÉE Dans la continuité d’une œuvre prolifique qui mêle philosophie et poésie, Michel Deguy publie deux livres qui se complètent avec justesse. Dans La Vie subite, Deguy excelle dans l’art de se promener à travers la langue. Trois sections en constituent l’armature : des « Poèmes », pour approfondir le sens du présent ; des « Biographèmes », où l’écrivain évoque la fabrique du texte ; enfin, dans la dernière partie du livre, « Théorèmes », il y dévoile son attente essentielle de la poésie : qu’elle puisse « faire écouter-voir, à beaucoup, “la beauté du monde”, qu’il y a ». L’autre ouvrage qui paraît conjointement, Noir, impair et manque, restitue un dialogue entre Michel Deguy et Bénédicte Gorrillot. Dans ces pages vivantes et savantes, on retrouve le goût de Deguy pour l’improvisation et l’invention. L’écrivain s’y montre tranchant, percutant, honnête. L’écriture de la vie et la vie de l’écriture y sont constamment mises en perspective. Amaury da Cunha La Vie subite. Poèmes Biographèmes Théorèmes, de Michel Deguy, Galilée, « Lignes fictives », 240 p., 18 €. Noir, impair et manque. Dialogue avec Bénédicte Gorrillot, de Michel Deguy, Argol, « Les singuliers », 292 p., 29 €. ROMAN. « Cris de guerre avenue C », de Jerome Charyn MERCURE DE FRANCE Paru en 1985 aux Etats-Unis, War Cries Over Avenue C vient d’être traduit en France. Charyn y renoue avec le Lower East Side, quartier de Manhattan déjà décor et poumon de son premier roman, publié en 1964 (Il était une fois un droshky, Denoël, 1996). Excentricité dans le romanesque, bizarreries dans la logique narrative, nature dansante d’un texte où s’entrecroisent d’éternels fiancés, un vétéran du Vietnam atteint de sévères troubles post-traumatiques, une baronne française, un ancien dompteur d’ours, ainsi que des doubles ou triples agents des services secrets. « Le Monde des Livres » a rencontré l’auteur pour en parler : à lire dans l’édition datée du 27 octobre. Macha Séry Cris de guerre avenue C (War Cries Over Avenue C), de Jerome Charyn, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Chénetier, Mercure de France, 448 p., 25,80 €.
"2016-10-27T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2016/10/27/deux-romans-un-essai-et-de-la-poesie-quatre-livres-dans-lesquels-plonger_5020994_3260.html
Mobilisation pour l'Amazonie équatorienne, déchirée entre pétrole et biodiversité
L'Equateur veut ouvrir des pans de l'Amazonie, abritant une forêt vierge et des espèces endémiques, aux compagnies pétrolières. Le gouvernement a présenté son projet en France mardi.
Sous les coups du marteau-piqueur, un liquide noirâtre et visqueux se déverse sur le bitume devant une assemblée vêtue de masques et de casques de chantier. Mardi 26 février, une petite vingtaine de militants s'est rassemblée devant l'hôtel de luxe Marriott, dans le 13e arrondissement de Paris, pour simuler un forage pétrolier. Le but du happening : dénoncer la volonté de l'Equateur d'ouvrir des pans entiers de l'Amazonie aux compagnies pétrolières. "Le ministre des ressources naturelles non renouvelables d'Equateur, Wilson Pastor, rencontre aujourd'hui des groupes pétroliers français ici, explique Julien Bayou, chargé de campagne de l'ONG Avaaz, en pointant l'établissement. Le gouvernement équatorien présente en effet aux compagnies internationales un nouvel appel d'offres pour explorer et exploiter des zones de la forêt amazonienne riches en hydrocarbures." La session, appelée Ronda suroriente, met ainsi aux enchères, depuis le 28 novembre et jusqu'en mai, onze blocs du sud-est du pays, soit une superficie de 4 millions d'hectares – l'équivalent des Pays-Bas. Les réserves de brut y ont été estimées à entre 370 millions et 1,6 milliard de barils. Dans le cadre de sa tournée visant à rencontrer de possibles investisseurs, Wilson Pastor s'est déjà rendu à Houston, aux Etats-Unis, en février, et sera à Pékin, en Chine, fin mars. Les blocs mis aux enchères par le gouvernement équatorien. Ministère des ressources naturelles non renouvelables d'Equateur "Nous dénonçons le double discours du président Correa, qui s'est toujours présenté comme un fervent défenseur de l'environnement alors qu'il souhaite vendre aux compagnies pétrolières des parcelles de forêt vierge intacte, ce qui causerait des dommages irréversibles pour les écosystèmes et la mise en danger des populations autochtones", lâche Gert-Peter Bruch, président de l'association Planète Amazone, dont les membres arboraient des pancartes "La terre n'est pas à vendre". PROTECTION DE LA RÉSERVE YASUNI Le socialiste Rafael Correa, fraîchement réélu président de la République le 17 février, avait poussé à la reconnaissance des droits de la Terre-mère (surnommée Pachamama dans les cultures indigènes) lors de sa première élection en 2006, allant jusqu'à l'inscrire dans la Constitution deux ans plus tard.
"2013-02-26T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/02/26/mobilisation-pour-l-amazonie-equatorienne-dechiree-entre-petrole-et-biodiversite_1838756_3244.html
A Chemnitz, des manifestations parallèles révèlent les deux visages de l’Allemagne
Deux rassemblements d’extrême droite et de gauche étaient organisés samedi, après les violences qui ont suivi le meurtre d’un homme par des étrangers.
Rassemblement d’associations et partis de gauche sous le mot d’ordre « Le cœur plutôt que la haine », à Chemnitz (Saxe), le 1er septembre. HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS Hussein et Margot ont beaucoup de choses en commun. Ils ont la quarantaine, habitent à Chemnitz (Saxe), et, samedi 1er septembre, ils ont eu la même idée : aller déposer une fleur à l’endroit même où, six jours plus tôt, Daniel Hillig, un Allemand de 35 ans, s’est fait poignarder en pleine rue, en marge des festivités organisées à l’occasion du 875e anniversaire de cette ville de 240 000 habitants, voisine de la frontière tchèque. Si Hussein et Margot ont tenu à accomplir ce geste simple, c’est aussi parce qu’ils ont chacun deux enfants et qu’ils ont « de plus en plus peur pour eux ». Encore un point commun ? Oui et non, car cette « peur » qu’ils ont en partage les oppose au lieu de les rapprocher. Syrien arrivé en Allemagne il y a une quinzaine d’années, Hussein en fait le constat : « Ici, ça devient parfois compliqué de se sentir tranquille quand on est musulman. On entend des réflexions et on sent des regards qu’il n’y avait pas avant. » Née dans le Land voisin du Brandebourg, mais installée en Saxe depuis son adolescence, Margot, elle, voit les choses autrement. « Avant, il n’y avait pas de criminalité ici. Mais depuis que tous ces Syriens, ces Irakiens et ces Afghans sont arrivés, ça a complètement changé. Nos gamins se font emmerder dans la rue, moi-même j’hésite à sortir la nuit. Regardez ce qui est arrivé à ce pauvre homme le week-end dernier, je n’invente rien : c’est bien un Irakien et un Syrien qui ont été arrêtés ! », explique-t-elle en désignant la photo de Daniel Hillig, posée sur le trottoir au milieu d’un tapis de fleurs. Importants barrages policiers Venus se recueillir à quelques minutes d’intervalle, Hussein et Margot ne se sont pas croisés. Ils sont d’ailleurs repartis dans deux directions opposées, le premier pour rejoindre un rassemblement auquel avaient appelé plusieurs associations et partis de gauche, sous le mot d’ordre « Le cœur plutôt que la haine » ; la seconde pour participer à une « marche silencieuse » organisée trois cents mètres plus loin par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le mouvement islamophobe Pegida. Tenues à distance par d’importants barrages policiers, ces deux manifestations auront symbolisé, le temps d’un après-midi, le fossé qui s’est creusé, ces dernières années, entre deux Allemagne qui ne se comprennent plus, ne se parlent plus et sont comme devenues étrangères l’une à l’autre.
"2018-02-09T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/09/02/a-chemnitz-des-manifestations-paralleles-revelent-les-deux-visages-de-l-allemagne_5349140_3214.html
Le Liban dévoile un recensement inédit des réfugiés palestiniens
Un peu plus de 174 000 Palestiniens vivent dans douze camps. Un chiffre inférieur à ce que les estimations indiquaient jusque-là.
Des étudiants tiennent le drapeau palestinien, dans le camp d’Aïn El-Héloué, le 6 décembre. ALI HASHISHO / REUTERS Au Liban, les données démographiques sont un tabou, et la présence des réfugiés palestiniens reste un sujet très sensible. Dans ce contexte, le recensement de cette communauté – mené durant l’été – fait figure d’événement rare. Ses résultats ont été officialisés jeudi 21 décembre : un peu plus de 174 000 Palestiniens vivent dans douze camps de réfugiés – des constructions en dur, pauvres, serrées dans de petites enclaves – et les zones attenantes. Ces chiffres sont bien plus faibles que les estimations qui circulaient jusqu’alors. Les plus fiables plaçaient le curseur autour de 260 000. Cet état des lieux mériterait d’être complété par un recensement de toute la population au pays du Cèdre – aucun n’a eu lieu depuis 1932. Mais il met à mal le discours de ceux, parmi les politiciens libanais, qui continuaient d’agiter ces dernières années le spectre d’une « menace » palestinienne en évoquant des proportions bien plus élevées. Ouvrira-t-il la voie à une amélioration des conditions de vie des déplacés palestiniens, dont la première génération a trouvé refuge au Liban après avoir été chassée de ses terres lors du conflit de 1948 ? « Briser des tabous » « L’une des indications les plus importantes du recensement (…) est la possibilité de surmonter et de briser bon nombre des tabous de longue date dans le pays », s’est félicité Hassan Mneimneh, le président du Comité de dialogue libano-palestinien. Cette institution, rattachée au bureau du premier ministre, Saad Hariri, est à l’origine du recensement, avec le Bureau central palestinien des statistiques à Ramallah. « Il est de notre devoir, en tant qu’Etat, de nous occuper des problèmes auxquels les réfugiés palestiniens sont confrontés dans notre pays », a assuré Saad Hariri, jeudi, comme si une nouvelle page pouvait s’ouvrir. Pauvreté, chômage, baisse drastique du niveau d’éducation sont autant de plaies pour les Palestiniens au Liban. Ils font l’objet de politiques discriminatoires anciennes de Beyrouth. Leur sort dépend en grande partie de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), en crise financière, faute de dons suffisants. L’absence d’horizon, nourrie par l’exil sans fin, a encouragé l’émigration, qui explique la baisse du nombre de réfugiés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Liban, la galère des jeunes Palestiniens Même si leur effectif global était connu des services de sécurité, ces déplacés n’avaient plus été comptés officiellement depuis les années 1950. L’exercice a été rendu plus facile : le Liban continue de refuser leur implantation, mais les Palestiniens n’occupent plus le cœur des débats, alors que le pays est submergé par l’afflux de réfugiés syriens – 1,5 million, selon les autorités. Dans les camps, le recensement a réveillé des inquiétudes : « Certains se demandent si le projet vise à enterrer le droit au retour [sanctionné par la résolution 194 de l’ONU, votée fin 1948] sous la pression internationale, à les expulser, à accentuer la pression sécuritaire… », témoignait, au cours de l’été, un habitant du camp d’Aïn El-Héloué, à la périphérie de Saïda (sud).
"2017-12-26T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/12/26/le-liban-devoile-un-recensement-inedit-des-refugies-palestiniens_5234521_3218.html
Bras de fer entre Netflix et les autorités au Canada
Le CRTC a demandé à Netflix de communiquer le nombre de ses abonnés au Canada, ses recettes, ses dépenses en achat ou en production de contenus canadiens et ses chiffres d'audience.
Netflix, le service de vidéo à la demande, a refusé de transmettre ses données commerciales à l'organisme de contrôle de l'audiovisuel canadien. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait donné jusqu'à lundi 22 septembre au soir à Netflix pour communiquer le nombre de ses abonnés au Canada, ses recettes, ses dépenses en achat ou en production de contenus canadiens et ses chiffres d'audience, a expliqué Denis Carmel, porte-parole du CRTC. La société américaine de vidéos à la demande réclamait une stricte confidentialité de ces données. Le CRTC a assuré que les données commerciales de Netflix seraient protégées. En dépit de cette assurance, Netflix n'a donc pas souhaité répondre favorablement à la requête de l'organisme de contrôle canadien. « Le CRTC a pris acte » de cette décision, a ajouté le porte-parole sans vouloir aller plus avant sur les conséquences possibles de ce refus. Les autorités de régulation de l'audiovisuel ont entamé une série d'audiences sur l'avenir de la télévision et l'adaptation des télévisions au nouvel environnement audiovisuel. Selon le dernier rapport du CRTC, les Canadiens regardent de plus en plus « de contenus audiovisuels sur Internet ». MULTIPLICATION DES OFFRES AU CANADA Au Canada, le groupe Netflix a un taux de pénétration plus important auprès du public anglophone. « Le taux d'adoption de Netflix » est passé de 21 % en 2012 à 29 % l'an dernier pour les auditeurs de langue anglaise. Ce taux est simplement de 7 % pour les auditeurs de langue française. Depuis le lancement de Netflix au Canada, plusieurs offres de vidéos à la demande ont fleuri avec, pour le Québec, le service de vidéos à la demande du groupe français Canal +. Rogers Communications et Shaw Media, groupes canadiens de télécommunications et de télévision, se sont associés pour lancer en octobre Shomi, concurrent direct de Netflix avec un prix quasi identique. Le groupe de télévision et de télécommunications Bell Canada a également prévu une plateforme grâce à un accord avec l'Américain HBO pour son catalogue. Voir aussi : La télévision de 2035, vue par le patron de Netflix
"2014-09-24T00:00:00"
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/09/24/bras-de-fer-entre-netflix-et-l-organisme-de-controle-de-l-audiovisuel-canadien_4493317_3236.html
Dernière passe d'arme entre Martine Aubry et Georges Frêche
Il n'y aura pas de "grand chelem" pour le Parti socialiste aux élections régionales dans la mesure où une victoire de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon ne saurait être celle de la gauche, a déclaré jeudi soir Martine Aubry.
Il n'y aura pas de "grand chelem" pour le Parti socialiste aux élections régionales dans la mesure où une victoire de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon ne saurait être celle de la gauche, a déclaré jeudi soir Martine Aubry sur le Grand Journal de Canal+. A l'issue du premier tour des élections régionales le 14 mars, la gauche semble en mesure de remporter la quasi-totalité, voire la totalité des régions à l'issue du second tour, dimanche. A la question de savoir si elle inclurait une éventuelle victoire de Georges Frêche dans ce "grand chelem", Martine Aubry a répondu "Non, bien sûr que non". "Quand on ne s'exprime pas comme un homme de gauche, quand on bafoue les valeurs de la gauche, on n'est plus un homme de gauche", a ajouté la première secrétaire du Parti socialiste. "Aujourd'hui, pour moi, Georges Frêche n'est plus un homme de gauche". Georges Frêche lui a répondu depuis le Zenith de Montpellier où il faisait campagne, égratignant la première secrétaire du PS et ceux qui l'ont "insulté", "traîné dans la boue". "Ils ont fait ma campagne. Merci Martine", a-t-il lancé, provoquant les rires dans les gradins. Le PS a exclu les 58 militants socialistes - dont des parlementaires et les 5 secrétaires départementaux du PS dans la région - qui lui sont restés fidèles. "Qu'on réintègre tous mes amis, conclut-il. Moi, non, je mourrai socialiste, avec ou sans carte". Depuis Strasbourg, François Fillon s'est invité dans le débat, accusant la première secrétaire du PS de s'être "déshonorée" en "appel(ant) à voter" pour Georges Frêche au second tour après avoir "sonné le tocsin" contre lui au premier. Le Parti socialiste avait constitué une liste concurrente à celle de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon à la suite d'un nouveau dérapage du président sortant de la région, exclu du PS en 2007. La liste d'Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier, n'est pas parvenue à se qualifier pour le second tour (7,74 %). La liste de Georges Frêche a recueilli 34,28 %. Le PS n'a pas donné de consigne de vote précise pour le second tour, se contentant d'appeler "à faire barrage à la droite et à l'extrême droite" dans la région.
"2010-03-19T00:00:00"
elections-regionales
https://www.lemonde.fr/elections-regionales/article/2010/03/19/derniere-passe-d-arme-entre-martine-aubry-et-georges-freche_1321295_1293905.html
"L'Assemblée nationale supprime le mot ""race"" de la législation"
Le texte du Front de gauche, auquel s'est rallié le PS, supprime le terme du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi sur la liberté de la presse.
L'Assemblée nationale. AFP/PIERRE ANDRIEU L'Assemblée nationale a adopté, jeudi 16 mai, une proposition de loi du Front de gauche supprimant le mot "race" de la législation française. La majorité PS s'est ralliée à cette proposition, soulignant qu'il s'agissait d'"une première étape". François Hollande s'était en effet engagé pendant la campagne présidentielle à supprimer ce terme de la Constitution. Le texte, débattu dans le cadre d'une "niche" parlementaire réservée aux propositions du Front de gauche, se propose donc de supprimer le mot "race" du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Le rapporteur de la proposition, Alfred Marie-Jeanne, a fait valoir que le mot "race", "ce concept aberrant, ayant servi de fondement aux pires idéologies, n'a pas sa place dans notre ordre juridique". Pour ne pas risquer de faire tomber l'incrimination de racisme, les députés socialistes ont fait adopter un amendement affirmant explicitement, dans l'article premier, que "la République combat le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Elle ne reconnaît l'existence d'aucune prétendue race". Pour le député PS Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois, la suppression du mot dans la législation "n'est qu'une première étape". A l'Elysée, on a récemment assuré que la promesse de François Hollande n'était "pas enterrée", mais qu'elle ne pouvait être insérée dans la première révision constitutionnelle, prévue pour le 22 juillet. TARDY (UMP) : "ON OUVRE UNE BOÎTE DE PANDORE" La garde des sceaux, Christiane Taubira, a salué "un acte nécessaire, noble, fort, dans une période où l'on voit une résurgence, une désinhibition du rejet de l'autre". "Le message est bienvenu", a-t-elle dit. Jean-Frédéric Poisson (UMP), avant d'annoncer que "personnellement" il s'abstiendrait, a pour sa part déclaré : "Evidemment, votre proposition a du sens (...), mais supprimer ce mot dans la législation sans l'éliminer dans le bloc constitutionnel pose un problème juridique." Il a aussi soulevé la question sémantique du remplacement du mot. "Vous proposez 'origine' ou 'ethnie', mais je ne suis pas sûr que ce soit satisfaisant." Lionel Tardy (UMP), qui s'est prononcé contre, a pour sa part dénoncé "une démarche qui aboutit aux idéologies totalitaires". "On ouvre une boîte de Pandore, (...) les juges ont assez de travail comme ça !" "On ne change pas la réalité en changeant les mots", a-t-il ajouté, avant de lancer : "Vous gaspillez beaucoup de temps et d'énergie pour des chimères." Philippe Gomes (UDI) a voté pour le texte, même s'il a émis des doutes : "Pensez-vous que supprimer un mot fera s'envoler la peste brune de la haine ordinaire ?" D'autres députés UDI se sont abstenus, jugeant que le texte risquait d'affaiblir l'appareil juridique existant pour lutter contre le racisme. Comme ses collègues de la majorité, l'écologiste Sergio Coronado a salué "une première étape". "Il faut débarrasser notre législation de ce terme", a-t-il dit.
"2013-05-16T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/05/16/l-assemblee-nationale-supprime-le-mot-race-de-la-legislation_3272514_823448.html
Football : viré de Marseille pour un coup de pied contre un fan, Patrice Evra veut rebondir à West Ham
« Finir autrement », c’est l’objectif que s’est assigné Evra en débarquant chez les Hammers. Même à 36 ans, le latéral gauche ne voulait pas en rester là.
Patrice Evra, le 26 juin 2016 lors d’un match de l’Euro. Laurent Cipriani / AP Après le coup de pied, le pied de nez. Dans une vidéo dont il a le secret, Patrice Evra avait promis de « revenir plus fort que jamais », en tractant un 4 x 4 sous le soleil de Dubaï. Après son coup de pied spectaculaire contre un supporter et son départ de l’Olympique de Marseille, le latéral gauche de 36 ans tente une énième aventure à West Ham, où il a officiellement signé mercredi 7 février. Le défenseur s’est engagé jusqu’en juin 2018 avec les Hammers. Un sacré pari pour le club anglais, compte tenu des dernières prestations de l’ancien international français, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Pétage de plomb Car c’est bien un « geste irréparable » de Patrice Evra qui a conduit l’Olympique de Marseille à résilier son contrat. Le 2 novembre, avant un match d’Europa League chez les Portugais de Guimaraes, Patrice Evra lance un coup de pied haut contre un fan. Un geste qui lui avait valu un départ immédiat du club et une sanction de l’Union des associations européennes de football (UEFA). Cette dernière avait décidé une suspension de toutes compétitions européennes jusqu’au 30 juin 2018 et une amende de 10 000 euros. « Rien, dans le fond et surtout dans la forme, ne justifiait un tel dérapage, surtout de la part d’un joueur cadre aussi expérimenté qui doit inspirer les plus jeunes », écrivait alors l’OM. Le club phocéen avait également condamné les « provocations indignes d’une poignée d’individus » qui avaient insulté Evra avant la rencontre, jusqu’à son fameux pétage de plombs et son carton rouge direct. Un coup de pied qui n’était pas sans rappeler celui d’un autre fort caractère du football français, Eric Cantona en 1995 avec Manchester United. « I love this game » A West Ham, 12e de Premier League, Patrice Evra va retrouver l’entraîneur David Moyes, qu’il avait fréquenté lors de sa dernière saison à Manchester United en 2013-2014. C’est qu’avec ses déclarations-chocs à répétition et ses vidéos humoristiques sur son compte instagram, Patrice Evra a fini par faire oublier le joueur qu’il a été. Il est pourtant passé par les plus grands clubs comme Manchester United et la Juventus Turin et compte 81 sélections en équipe de France, où il fut toujours considéré comme un poids lourd de la sélection. Même une fois privé du brassard de capitaine, après le calamiteux Mondial 2010 et la grève des joueurs de Knysna. « On a passé cinq années très belles ensemble en équipe de France, ça a toujours été un leader », disait de lui l’attaquant des Bleus Olivier Giroud après l’affaire du coup de pied. « Il a gagné de nombreux titres, c’est un grand joueur. J’espère qu’il pourra rebondir, retrouver du bonheur et finir autrement. » « Finir autrement », c’est justement l’objectif que s’est assigné Evra en débarquant à West Ham. Même à 36 ans, le latéral gauche ne voulait pas en rester là, fidèle à la phrase qu’il répète comme un mantra sur les réseaux sociaux : « I love this game. »
"2018-07-02T00:00:00"
football
https://www.lemonde.fr/football/article/2018/02/07/football-vire-de-marseille-pour-un-coup-de-pied-contre-un-fan-patrice-evra-veut-rebondir-a-west-ham_5253331_1616938.html
Budget : Bruxelles accorde un délai de trois mois à Paris
La Commission européenne n’émet pas d’avis négatif sur le projet de budget pour 2015, mais considère que « la France doit prendre des mesures supplémentaires » pour tenir l’engagement de réduction du déficit. Rendez-vous est pris pour début mars 2015.
Trois mois. C’est le répit que la Commission européenne a accordé à Paris – et à Rome –, dans l’avis qu’elle a rendu, vendredi 28 novembre, sur leurs projets de budgets pour 2015, confirmant les informations du Monde du 22 novembre. En ce qui concerne la France, Bruxelles indique que « le projet de plan budgétaire présente un risque de non-respect des règles du pacte de stabilité et de croissance », qui prévoit un déficit public inférieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB) et une dette publique sous les 60 % du PIB. La Commission considère que « la France doit prendre des mesures supplémentaires pour assurer un respect de ses obligations au titre de la procédure de déficit excessif pour 2015 ». Elle ajoute que le pays « doit continuer et accélérer sur la voie des réformes structurelles. » « La Commission, devant une situation de faible croissance et de faible inflation, a décidé de ne pas décider et de se donner du temps, car on ne peut pas appliquer le logiciel précédent de la même manière, déclare le ministre des finances, Michel Sapin, au Monde. En effet, sept pays, ce qui correspond à 54 % du PIB de la zone euro, étaient en risque de non-conformité. Cette situation appelait de la part de la Commission une adaptation. C’était la thèse défendue par la France. » Rendez-vous est en réalité pris début mars 2015. La commission indique qu’elle évaluera à cette date « la situation de la France, suite à l’adoption du budget 2015 et la spécification du programme des réformes structurelles. » La Commission disposera alors des données d’exécution du budget 2014, qui permettront de mieux évaluer la trajectoire pour 2015. « Sur 2014, je n’ai aucun doute, assure M. Sapin. Pour 2015, les interrogations de la Commission sont compréhensibles mais la France a annoncé qu’elle ferait 21 milliards d’euros d’économies : elle fera 21 milliards, pas plus de 21 milliards. » Des signaux de bonne volonté La Commission « examinera (…) sa position vis-à-vis des obligations de la France (…) au vu de la loi de finances adoptée et des précisions attendues sur les réformes structurelles annoncées par les autorités ». En clair : si Paris n’a pas pris de mesures effectives, Bruxelles passera à la phase des « recommandations », soit une liste de réformes et de coupes budgétaires supplémentaires à réaliser pour corriger la trajectoire budgétaire 2015. Voire aux sanctions. Tout laissait pourtant à penser que la France serait sanctionnée dès cet automne. Le gouvernement a en effet envoyé à Bruxelles, mi-octobre, un projet de budget avec un déficit public à 4,3 % du PIB pour 2015, le retour sous les 3 % n’étant pas envisagé avant 2017… Paris a d’ailleurs échappé d’un cheveu au rejet pur et simple de son budget, fin octobre, la Commission n’acceptant sa copie qu’à la suite du rajout de 3,6 milliards d’euros de réduction supplémentaires du déficit public. Le Parlement français va examiner dans les prochains jours un projet de loi de finances rectificative et la prévision de déficit pour 2015 devrait être ramenée à 4,1 %. Le nouveau président de la Commission, Jean-Claude Juncker, s’est fixé comme priorité de relancer une croissance européenne atone. Il se veut pragmatique. Un, le pacte de stabilité et de croissance doit être respecté, car c’est grâce à lui que les investisseurs ont confiance dans les marchés européens. Deux, les pays qui n’ont pas encore fait les réformes structurelles de modernisation du marché du travail et de libéralisation des secteurs des services doivent les mener à terme pour stimuler leur croissance potentielle. La France et l’Italie ont pris du retard mais leurs gouvernements ont lancé des signaux de bonne volonté : il faut leur donner une chance. Enfin, M. Juncker vient de dévoiler son plan à 315 milliards d’euros, censé combler le déficit d’investissement qui s’est creusé pendant la crise. Ce plan, annoncé mercredi, vise à créer un « choc de confiance » chez les investisseurs privés. Pas question, alors qu’il faut donner envie d’investir, de « casser » l’annonce, deux jours plus tard avec la publication d’une sanction pour la deuxième économie de la zone euro… Lire aussi l’interview : Juncker se défend sur LuxLeaks : « Nous n’avions pas le choix, il fallait diversifier notre économie »
"2014-11-28T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/11/28/budget-bruxelles-accorde-un-delai-de-trois-mois-a-paris_4530869_3234.html
Le coin d'Amérique de Peyman, jeune Iranien désœuvré
Election présidentielle en Iran. Refusant d'effectuer son service militaire, ce jeune homme de 29 ans vit dans une semi-clandestinité. Seule son obsession pour l'Amérique lui procure un sentiment d'évasion.
Peyman, dans sa chambre. Thibaud Moisan Une poupée à l'effigie de Barack Obama, des battes et des gants de base-ball, un imposant casque de football américain, une carte des États-Unis non moins imposante. Pas de doute nous sommes bien... à Téhéran. Et plus précisément dans la chambre de Peyman. Mini-musée à la gloire de l'Amérique, son coin d'Amérique. Quand on lui demande d'où vient cet engouement pour les États-Unis, il marque une pause. "Je crois que ça a commencé quand j'étais petit. Ma tante qui vit aux Etats-Unis me ramenait des souvenirs", raconte-t-il. Au fil des années, il amasse des drapeaux, des timbres, des livres, glanés ça et là, rapportés par des amis, par la famille. Mais après une autre pause, il avance une raison plus profonde : "Les États-Unis sont pour moi un moyen d'évasion. Ce pays représente l'exact opposé de l'Iran. La culture, la façon de penser, même le système métrique est différent". A presque 30 ans, Peyman vit toujours chez ses parents, dans un quartier de classe moyenne à Téhéran, une situation loin d'être exceptionnelle dans un pays où la plupart des enfants ne quittent le nid familial qu'après le mariage. Cependant, Peyman n'est pas près de prendre épouse. Il lui manque pour cela un élément indispensable : des papiers. Tout garçon iranien se doit en effet d'effectuer deux années de service militaire après les études, condition sine qua non pour l'obtention d'un passeport, pour se marier, pour acheter, pour vendre, pour posséder. Mais Peyman s'y refuse. Alors il fuit. "LE MAUVAIS OU LE PIRE" Après le lycée, il s'oriente vers des études d'électronique à Machhad, dans l'est du pays, son unique motivation étant de repousser l'échéance du service. Des études ratées, suivies sans conviction. "C'était soit le service militaire, soit les études... entre le mauvais et le pire, je choisis le mauvais." Six années tout de même, à s'accrocher tant bien que mal. Tant sur le plan scolaire que sur le plan humain : "En arrivant à Machhad, je sortais avec quelques amis... Petit à petit, je me suis éloigné d'eux." Peyman se sent étranger. Il tente de l'expliquer : "Personne ne partage mes envies, mes intérêts, je ne me trouve aucun point commun avec les Iraniens, aucun atome crochu. Ils ne s'intéressent pas à ce que j'aime, et vice-versa." Il se retrouve seul. Un beau jour, il découvre la chaîne de télévision américaine NBC et la technique pour la recevoir chez lui. Il vit dans une cave, mais réussit malgré tout à installer une antenne satellite spéciale sur le toit de son immeuble. Il reste scotché toute la journée sur MTV, manque les cours, les examens, il ne sort plus. "Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur les Iraniens, je n'apprends rien d'eux. C'est des États-Unis que je voudrais apprendre". Malgré son absentéisme répété, il réussit toujours à inventer des excuses pour que l'université ne le renvoie pas. OBSESSION Mais il finit par lâcher prise. Il quitte Machhad pour retourner dans son coin d'Amérique, chez ses parents, à Téhéran. Sans qualifications. Là, il enchaîne les petits boulots, ceux pour lesquels on ne demande pas de justificatifs. Il est successivement vendeur dans des magasins de vêtements, distributeur de prospectus, traducteur pour des petits films... avant d'abandonner là aussi. Il commence alors une vie d'errance où tout tourne autour de cette obsession des États-Unis. Son temps, il le passe à s'enivrer de télévision américaine, à enregistrer les matchs de base-ball, de football américain, de hockey, à regarder les clips, les séries télé, les infos sur Fox News et CNN ; à amasser toujours plus d'objets, de bibelots pour créer sa petite Amérique. Sa dernière acquisition : une paire de patins à glace dénichée dans une brocante. Ce jour-là, il est le plus heureux des hommes. "Si je ne peux pas aller là-bas, je peux collectionner dans ma chambre quelques pièces du puzzle américain." Son quotidien est rythmé par ces achats compulsifs et par les disputes avec ses proches. Lesquelles tournent généralement autour de son avenir, de son service militaire, de ses "mauvais choix". On hausse le ton pour l'argent, aussi, car ce sont ses parents qui paient pour la plupart de ses dépenses. Personne ne comprend son entêtement à refuser le service militaire. PROFIL BAS Tout ce qu'il lui reste à faire, c'est de garder un profil bas pour ne pas être repéré par les autorités. Personne ne le recherche vraiment, mais si un jour quelqu'un lui demande ses papiers militaires, il court au devant de graves problèmes : punitions, service rallongé... "En Iran, on vit dans une prison, et pour en sortir, il faut faire le service militaire... et moi je n'en ai pas envie. Alors je reste en prison." Un jour, alors qu'il avait 24 ans, il a voulu s'évader, plus seulement par la biais de la télévision. Il décide de passer illégalement la frontière avec la Turquie pour rejoindre l'Europe. Sans prévenir personne. Cela ne pouvait pas être pire que l'Iran, pensait-il. Sur place, rien ne se passe comme prévu, son passeur le laisse tomber. De nuit, il devait traverser les montagnes séparant les deux pays, seul et à pied, en évitant les champs de mine qui parsèment la zone. Perdu loin de chez lui dans ce petit village près de la frontière turque, il a pris peur : "Je me suis rendu compte que ça n'était pas moi : prendre tous ces risques pour, peut-être, ne pas trouver ce que j'espérais en Europe. J'ai finalement choisi de rebrousser chemin, de retrouver ma télé, de m'accommoder de ces gens, de cette société." Sur le bras de Peyman, un tatouage : "Made in USA". Thibaud Moisan Retour à la case départ, à sa chambre et à sa télévision. "J'ai essayé de m'adapter, mais j'ai échoué", conclut-il. Parfois, il ferme les yeux dans la rue et s'imagine sur les trottoirs de New York. Les inscriptions sur les panneaux ne sont plus farsi mais en anglais, les gens autour de lui deviennent des Américains... "Je sais, c'est comme une maladie, quelque chose qui ne va pas chez moi. " Tout ce qu'il veut, c'est pouvoir s'occuper l'esprit avec sa collection. Rien d'autre. Apolitique, il n'a pas foi en l'avenir et n'attend rien des prochaines élections. Comme bon nombre de jeunes Iraniens, il est convaincu que les choses ne sont pas près de changer. Il ressent bien le besoin de changement, d'autre chose, même s'il ne sait pas encore de quoi il a envie. Il résume : "Ma vie, c'est une prison avec une télé. Heureusement que je l'ai, il n'y a rien de plus important pour moi." ROLLERS A défaut de bonheur en Iran, il cherche la force de vivre, de profiter des bons moments. Parmi ceux-ci, il aime par-dessus tout descendre en rollers et à contre-sens Vali-Asr, la plus longue rue de Téhéran, qui dévale la capitale du nord au sud. Dans ces moments-là il ne pense plus à rien : "Tout semble tellement facile, plus rien n'a d'importance, une partie de ma haine s'en va... cela m'aide." A peine a-t-il prononcé ces mots que la silouhette de Peyman disparaît dans le trafic. Thibaud Moisan (Monde Académie)
"2013-06-13T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/06/13/le-coin-d-amerique-de-peyman-jeune-iranien-des-uvre_3429671_3218.html
Etienne Giros : « L’idée du déclin des entreprises françaises en Afrique doit être relativisée »
Le dernier rapport du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) acte le recul des exportations françaises vers l’Afrique. Mais les implantations sur le continent augmentent, souligne son président délégué, Etienne Giros.
Etienne Giros, président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique. Raoul Mbog La croissance économique de l’Afrique - près de 6 % en 2014- continue d’attirer de nombreux investisseurs tant locaux qu’étrangers. La Chine et l’Inde, très présentes dans le secteur des infrastructures et des ressources naturelles, augmentent sans cesse leurs parts de marchés sur le continent, au grand dam des anciennes puissances coloniales. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) publié le 20 janvier 2014. Ce rapport confirme que pour la France, « le contexte des affaires ne s’améliore pas beaucoup » avant d’indiquer qu’« il ne se dégrade pas non plus ». Pourtant, avec seulement 31 projets d’investissements sur le continent africain en 2013 contre 48 par an en moyenne entre 2003 et 2007, la France perd indéniablement son rang de leader. Selon le CIAN, qui cite les derniers chiffres de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), les stocks d’investissements français vers l’Afrique se situent en troisième position (près de 58 milliards de dollars) derrière le Royaume-Uni (59 milliards de dollars) et les États-Unis (61 milliards de dollars). La Chine arrive en cinquième position avec un stock d’investissement de 21,7 milliards de dollars. Pour Etienne Gros, président délégué du CIAN, cette situation est certes inquiétante pour les entreprises françaises mais elle n’est pas dramatique. Car, estime-t-il, il existe encore des marges de manœuvre importantes. Le déclin des entreprises françaises en Afrique est-il un fantasme ou une réalité ? La part de marchés de la France en Afrique a été divisée par deux au cours de la dernière décennie passant de 11 % à 5,5 %. Dans ce sens, il s’agit indéniablement d’une baisse qui a surtout profité aux pays émergents, notamment la Chine. En revanche, le chiffre d’affaires des entreprises françaises sur le continent, lui, a doublé. Cela est dû à la taille du marché africain qui a été multiplié par quatre. Certes la France a développé ce chiffre d’affaires moins vite que le marché africain ne s’est développé mais cela permet de relativiser l’idée de déclin de la France en Afrique. Plus que d’autres, les entreprises françaises s’implantent sur le continent et créent des filiales. Leur chiffre d’affaires n’est pas pris en compte dans les statistiques des douanes dans lesquelles seules apparaît le recul des exportations. Si la position des entreprises françaises en Afrique ne s’améliore pas beaucoup, elle ne se dégrade pas non plus. Il reste encore des marges de manœuvre et cela doit être une incitation à travailler mieux. Comment contrer la concurrence des pays émergents ? L’une des options consiste à s’appuyer sur la présence longue et historique des entreprises françaises. Cela se traduit par un savoir-faire et des compétences incontestées. L’autre levier repose sur des relations que l’on peut qualifier d’affectueuses entre les différents acteurs économiques. Le franc CFA qui couvre près d’un quart de l’Afrique et crée des conditions de change stables, est un facteur aussi non négligeable. Comme la langue française et le droit des affaires harmonisé à travers l’Ohada (Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique). Cette histoire commune renforce notre capacité à s’implanter sur place plutôt qu’à exporter et donc à faire face à l’offensive des pays émergents. Cela suffit-il ? Bien sûr que non. Il s’agit simplement d’atouts qu’il faut préserver et renforcer. Pour cela il faut la volonté d’investir. Il n’y a pas de raison que la croissance de l’Afrique baisse dans les quinze ou vingt ans qui viennent. C’est maintenant qu’il faut prendre des positions. Cependant, il reste encore de nombreux obstacles liés à la gouvernance, aux infrastructures qui dans bien d’endroits sont encore insuffisamment développées. Il faudra aussi surmonter les difficultés liées à la sécurité et à l’éducation. Le problème du droit foncier n’est pas des moindres si l’on veut développer l’agriculture, par exemple. Il faut se saisir de tous ces défis. Y a-t-il des secteurs dans lesquels les entreprises françaises auraient intérêt à se concentrer pour mieux affronter l’offensive chinoise ? Chaque entreprise va sur ses propres compétences. Mais, d’une manière générale, il faut éviter la dispersion. Par exemple, ce n’est pas dramatique d’avoir perdu pied dans l’industrie minière. La France a moins besoin de cela aujourd’hui que la Chine, qui est en croissance forte. Cela était valable, il y a 50 ans, mais maintenant non. Nous devons davantage nous concentrer sur la haute technologie ou sur un sujet essentiel comme la gestion des villes avec ce que cela implique comme investissements en adduction d’eau, traitement des déchets, transports urbains et infrastructures routières. Ce sont autant de domaines dans lesquels les entreprises françaises ont un savoir-faire.
"2015-01-27T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/27/etienne-giros-l-idee-du-declin-des-entreprises-francaises-en-afrique-doit-etre-relativisee_4564148_3212.html
Un nouveau plan pour relancer le secteur immobilier
Elargissement du PTZ, simplification des normes de construction, toilettage de la loi ALUR... Le premier ministre, Manuel Valls, a dévoilé dans une interview au « Parisien » des mesures en faveur du logement.
A Paris, les prix ont reculé de 1,1 % en un an, à 8 120 euros le mètre carré en moyenne. AFP/THOMAS SAMSON Le premier ministre, Manuel Valls, a dévoilé, le 25 juin, dans une interview au Parisien, des mesures en faveur du logement, alors que les mises en chantier de logements neufs sont tombées à 312 000 à fin mai sur douze mois, un niveau historiquement bas. Elargissement du prêt à taux zéro L'une des priorités du gouvernement est de relancer l'accession à la propriété, alors que l'investissement des ménages dans ce domaine est tombé au premier trimestre à son plus bas niveau depuis 1999. « Ces nouveaux prêts seront disponibles auprès des banques en octobre 2014. Davantage de ménages doivent pouvoir en bénéficier », à déclaré Manuel Valls au Parisien. Aujourd'hui, le prêt à taux zéro s'adresse aux personnes, sous conditions de ressources, acquérant, au titre de leur première résidence principale, un logement neuf respectant un niveau de performance énergétique. Le gouvernement a décidé de relever le plafond et de l'étendre aux logements anciens, sous réserve de travaux de rénovation, dans certains centres-bourgs en zone rurale. Un couple vivant dans une zone où le marché immobilier est tendu et gagnant 2 250 euros par mois pourra désormais emprunter 49 000 euros à 0 % au lieu de 43 500 euros aujourd'hui. Le remboursement de ce prêt commencera au bout de sept ans et non plus cinq. « Une fois de plus c'est de l'affichage , réagit Jean-François Buet, président de la FNAIM. L'élargissement du PTZ me parait déconnectée de la réalité ; les jeunes qui cherchent du travail ont plutôt tendance à aller vers des grandes agglomérations plutôt qu'acheter dans le centre d'un bourg ». Simplification des normes Le premier ministre promet également de réduire les normes de construction, comme la situation des locaux à vélo ou la précision des ascenseurs, à travers une première salve de 50 mesures de simplification, dès l'automne. Dans la cadre d'une « démarche de simplification permanente », l'objectif est de simplifier 50 nouvelles normes par semestre, et d'examiner chaque nouvelle norme ayant un impact sur la construction. Autre mesure attendue : Manuel Valls promet de libérer plus rapidement des terrains constructibles, en particulier en Ile-de-France. La loi ALUR validée S'il écarte un « détricotage » de la loi ALUR (accès au logement et à un urbanisme rénové), Manuel Valls n'en prône pas moins son « application réaliste, pragmatique et vigilante ». Le chef du gouvernement concède que la garantie universelle des loyers, jugée trop chère, va être aménagée pour cibler les jeunes. De son côté, le ministère du logement prévoit d'assouplir la disposition sur les documents à fournir en amont d'une transaction immobilière, très contestée. L'investissement locatif encouragé Manuel Valls veut aussi encourager davantage l'investissement locatif dans les zones tendues. Au passage, il admet que la première loi Duflot n'est pas adaptée dans certaines villes. Cette loi accorde un avantage fiscal aux acquéreurs de logements neufs qui s'engagent à les louer pendant au moins neuf ans à un loyer plafonné. Les plafonds de loyers et de ressources seront relevés, à Lyon, Lille et Marseille. Raymond Le Roy Liberge, président du groupe Les Provinces, juge positivement ces annonces, mais il estime que pour relancer réellement l'investissement locatif en France, il faudrait aller plus loin en augmentant le plafond des niches fiscales, actuellement à 10 000 euros, ou en « excluant les investissements immobiliers de ce plafonnement ». L'encadrement des loyers maintenu Enfin, le premier ministre écarte un retour en arrière sur l'encadrement des loyers, pour lequel les décrets d'application n'ont pas encore été pris, mais promet d'agir dans « un souci d'équilibre » entre protection du locataire et rentabilité pour les bailleurs et investisseurs. Il annonce enfin son intention de réunir dans les prochains jours les professionnels du secteur, avec la ministre du logement.
"2014-06-25T00:00:00"
immobilier
https://www.lemonde.fr/immobilier/article/2014/06/25/un-nouveau-plan-pour-relancer-le-secteur-immobilier_4444909_1306281.html
Téléphone mobile : Samsung abandonne Symbian
Le numéro deux mondial de la téléphonie mobile se tourne vers Android, le système d'exploitation de Google, et Bada, son propre système.
Un appareil de la marque Samsung, utilisant le système Android. REUTERS/© Steve Marcus / Reuters Le géant de l'électronique Samsung a annoncé dans un communiqué, jeudi 30 septembre, qu'il ne proposera plus de terminaux équipés du système d'exploitation de Nokia, Symbian. Cette mesure sera effective à la fin de l'année. Le numéro deux mondial de la téléphonie mobile (20 % des parts) n'avait de fait plus proposé de modèle fonctionnant sous Symbian depuis 2009. Avec sa gamme de smartphones Galaxy, le groupe sud-coréen mise désormais sur Android, le système d'exploitation (OS) de Google. Mais Samsung a aussi créé son propre système d'exploitation, appelé Bada ("océan" en coréen), qui équipe le modèle Wave. Cette annonce intervient peu après celle de Sony Ericsson, qui souhaite également abandonner le système de Nokia, et lui préfère désormais Android. Et même le groupe finlandais Nokia se tourne vers d'autres systèmes. Le N8, dernier smartphone de la marque, sera le dernier équipé de Symbian. Les futurs smartphones haut de gamme du groupe fonctionneront sous Meego, système d'exploitation "open source". CONCURRENCE D'ANDROID Avec l'essor, depuis trois ans, des terminaux mobiles intelligents, Symbian n'a eu de cesse de perdre des parts de marché à l'échelle mondiale. Le système d'exploitation de Nokia est ainsi passé de 46,9 % en 2009 à 40,1 % cette année, selon Gartner. D'après les prévisions du cabinet d'études Symbian devrait représenter 34,2 % en 2011 et 30,2 % des parts en 2014. En 2014, le système de Google pour les téléphones portables pourrait faire alors faire presque jeu égal avec Symbian. Lancé fin 2008, Android ne représentait que 3,9 % en 2009. Mais la part du système de Google atteindrait 22,2 % en 2011 et 29,6 % en 2014. Le canadien Reasearch in Motion, pionnier des téléphones multifonctions, poursuivrait son déclin, avec 19,9 % en 2009, et 11,7 % en 2014. Le numéro trois l'an dernier, Apple, progresserait de 14,4 % en 2009 à 15,4 % cette année puis 17,1 % en 2011, avant de retomber à 14,9 % en 2014. Quant à Microsoft, qui doit lancer en octobre une nouvelle version de son système d'exploitation pour mobile, il échouerait aussi à s'imposer. Après avoir reculé de 8,7 % à 4,7 % entre 2009 et 2010, il ne remonterait qu'à 5,2 % en 2011, avant de rechuter à 3,9 % en 2014.
"2010-04-10T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/10/04/telephone-mobile-samsung-abandonne-symbian_1419901_651865.html
Deux éoliennes sur une cime parisienne
Deux mini-éoliennes viennent d'être installées sur la toiture-terrasse de la Maison de l'air, en haut du parc de Belleville, pour lancer la Semaine du développement durable dans la capitale.
Deux mini-éoliennes viennent d'être installées sur la toiture-terrasse de la Maison de l'air, en haut du parc de Belleville, une initiative inédite de la Mairie de Paris, qui entend développer les énergies renouvelables et devenir exemplaire. Blanches, petites (1,60 m sur 1,60), silencieuses, ces deux petites éoliennes produiront chacune 15 000 kWh par an, soit les besoins en énergie d'environ six familles, et permettront d'économiser 8 tonnes de CO 2 par an. Il s'agit, dans un premier temps, d'une expérimentation. Les deux mini-éoliennes vont alimenter la Maison de l'air en électricité, avant que soit évalué leur développement potentiel. Anne Hidalgo (PS), première adjointe au maire chargée de l'urbanisme, s'est félicitée jeudi de ce projet, en l'inaugurant. "Paris veut être précurseur sur les questions de l'écologie urbaine, a déclaré Mme Hidalgo. En tant que grande ville très regardée, nous devons montrer l'exemple." Maire adjoint (Verts) à l'environnement, Denis Baupin s'est déclaré "heureux d'inaugurer ces deux éoliennes le premier jour de la Semaine du développement durable", avant de rappeler que Paris "a du potentiel" en matière d'énergie renouvelable, citant la géothermie, les panneaux solaires, les toitures végétalisées. La Ville envisage même de se tourner vers les hydroliennes dans la Seine. "Paris est la première destination touristique au monde, nous ne souhaitons pas détériorer son paysage", a également rappelé Denis Baupin. L'agence régionale de l'énergie et de l'environnement a, pour l'instant, identifié trois sites à Paris pouvant accueillir des éoliennes, le choix étant essentiel pour un rendement efficace de l'éolien : Belleville, les Buttes-Chaumont et Montmartre. Des couloirs éoliens créés par l'urbanisation, telle l'avenue de France (13e arrondissement), pourraient aussi être exploitables. AFP/Jacques Demarthon Pour en savoir plus : - Un site Internet recense, région par région, la capacité de production d'énergie par les parcs éoliens en France. - L'énergie éolienne ne fait pas l'unanimité. L'association Vent de colère ! dénonce les nuisances sonores et visuelles provoquée par l'installation de parcs éoliens. - Les parlementaires dénoncent à leur tour les "importants surcoûts" dus à l'énergie éolienne, dans un rapport piloté par Patrick Ollier, dont Le Figaro s'est procuré une version intermédiaire.
"2010-01-04T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/04/01/deux-eoliennes-sur-les-cimes-parisiennes_1327563_3244.html
Areva suspend la production de deux usines d'uranium à cause du Japon
La raison invoquée par le groupe nucléaire est la baisse de la demande des centrales nucléaires nippones après la catastrophe de Fukushima.
La centrale nucléaire du Tricastin, dans le sud-est de la France. AFP/FRED DUFOUR Areva a suspendu pour deux mois la production de deux usines françaises de transformation d'uranium, la Comurhex, à Malvesi, dans l'Aude, et le Tricastin, dans la Drôme. La Comurhex, filiale à 100 % d'Areva, transforme l'uranium naturel en deux phases pour obtenir de l'hexafluorure d'uranium, qui est ensuite enrichi et transformé en combustible pour les centrales nucléaires. BAISSE DE LA DEMANDE JAPONAISE La raison invoquée par le groupe nucléaire est la baisse de la demande des centrales nucléaires au Japon après la catastrophe de Fukushima. "Cette décision se justifie par les événements intervenus au Japon qui amènent aujourd'hui à une baisse des livraisons des électriciens japonais et à une pression sur les prix à court terme de ce marché", explique Areva, jeudi 15 septembre. "Un certain nombre de commandes qui avaient été passées par les Japonais ont été annulées", mais "il n'y a pas de chômage technique, le personnel va prendre des vacances ou suivre des activités de formation", a indiqué Luc Oursel, le président du directoire d'Areva. La production électrique nucléaire du Japon a été grandement mise à mal par l'accident à la centrale de Fukushima provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le Nord-Est. En août, le taux d'utilisation des sites nucléaires japonais est tombé en août à 26,4 % de la capacité totale théorique des réacteurs du pays, un niveau qui n'a jamais été aussi bas. Seulement 11 réacteurs sur 54 sont actuellement en service. AREVA VA TERMINER LA CENTRALE DE BELLEFONTE Le groupe nucléaire a par ailleurs annoncé aux Echos (article payant), jeudi, qu'il avait été choisi pour terminer la construction de la centrale nucléaire américaine de Bellefonte (Alabama), dont les travaux avaient été interrompus en 1988. Le groupe français sera en charge "de l'ingénierie, de la construction de l'îlot nucléaire, et du remplacement de certains composants de la centrale, ainsi que de la fabrication du combustible", selon un communiqué. "Areva fournira également un système de contrôle-commande numérique, une salle de contrôle entièrement modernisée et un simulateur pour former les agents d'exploitation", est-il ajouté. Ce contrat rapportera "jusqu'à un milliard de dollars" au groupe nucléaire français, a annoncé jeudi Luc Oursel. "Cela dépendra des travaux qui nous seront demandés au fur et à mesure de la construction. Il y aura des tranches", a-t-il précisé. Les travaux devraient se terminer à l'horizon 2020.
"2011-09-15T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2011/09/15/areva-suspend-la-production-de-deux-usines-d-uranium-a-cause-du-japon_1572958_3244.html
Le patron du renseignement américain démissionne
Ce départ intervient après la tuerie de Fort Hood au Texas en novembre, la tentative d'attentat contre le vol assurant la liaison entre Amsterdam et Detroit, à Noël, et celle de Times Square le 1er mai.
Des démineurs travaillent sur les lieux où le véhicule piégé a été découvert. REUTERS/BRENDAN MCDERMID Sous pression après une série d'erreurs de ses services et des tensions internes, Dennis Blair, le directeur du renseignement américain, a démissionné jeudi. C'est le premier départ d'un haut responsable de l'équipe du président Barack Obama. "C'est avec profond regret que j'ai informé le président aujourd'hui que je démissionnerai de mon poste de directeur du renseignement (DNI) à compter du vendredi 28 mai", annonce dans un communiqué M. Blair, qui coordonne 16 agences gouvernementales mobilisant quelque 200 000 personnes, avec un budget de 75 milliards de dollars. Ce départ intervient après la tuerie de Fort Hood au Texas en novembre, les tentatives d'attentats contre le vol assurant la liaison entre Amsterdam et Detroit, à Noël, et celle de Times Square le 1 er mai. De graves dysfonctionnements au sein du système de renseignement américain ont été mis au jour dans un rapport publié mardi sur la tentative d'attentat de Noël. La commission du renseignement du Sénat estime que des "failles systémiques" ont permis au suspect dans cette affaire, le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, de monter à bord de l'avion puis de tenter d'actionner des explosifs. La Maison Blanche avait alors vertement critiqué la communauté du renseignement, en fustigeant ses manquements – manque de recoupements des informations et mauvaise communication entre services. Nidal Malik Hasan, psychiatre de l'armée d'origine palestinienne, auteur présumé de la tuerie de Fort Hood (Texas), le 5 novembre 2009. Reuters/HO Le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, auteur de la tentative d'attentat contre le vol Amsterdam-Chicago. Reuters/HO Le départ de M. Blair va provoquer un débat sur le bien-fondé du poste de directeur du renseignement, créé en 2004 après le fiasco des armes de destruction massive prétendument détenues par l'Irak. Créé afin d'avoir une direction unique et garantir une synergie entre des services parfois concurrents, le poste de DNI n'a jamais bénéficié d'une autorité directe sur les membres et le budget des différents services, ni sur les missions d'espionnage de la CIA. M. Blair n'a ainsi jamais pu obtenir plus de contrôle sur la CIA quant aux frappes conduites par les drones et autres opérations au Pakistan. En coulisses, Dennis Blair entretenait des relations conflictuelles avec le directeur de la CIA, Leon Panetta. En raison de son tempérament brusque et direct, Blair a heurté des sensibilités à la Maison Blanche qui reste fidèle à un style plus policé. Le président Obama a rendu hommage aux "remarquables états de service" de M. Blair. Cependant, d'après d'insistantes rumeurs ces derniers mois, l'amiral à la retraite aurait perdu la confiance de la Maison Blanche. Plusieurs "candidats forts" ont déjà été auditionnés pour le remplacer, selon un responsable de l'administration s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Selon des informations du New York Times, James R. Clapper Jr., lieutenant de l'armée de l'air à la retraite et patron du renseignement au Pentagone, serait le mieux placé pour remplacer Dennis Blair.
"2010-05-21T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/05/21/le-patron-du-renseignement-americain-demissionne_1360866_3222.html