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La chevauchée fantastique des retraités néerlandais
Sur route, sur rail ou dans les airs, cet été, "M" est du voyage. Le photographe Peter de Krom s'est intéressé à de drôles de convois : des retraités parcourant les Pays-Bas à la queue leu leu sur de petits engins électriques.
iques. Ils sont partout sur les routes de campagne, en file indienne, juchés sur leurs drôles d'engins à trois roues. Les Scootrangers, cheveux blancs et gilets fluo, flânent à 12 km/h de moyenne sur les polders, personnages improbables d'un nouveau road-movie à la néerlandaise. Des dizaines de « scootmobiel clubs » ont vu le jour dans le royaume depuis le vote d'une loi sur le handicap en 2007. Elle oblige les communes à subventionner l'achat de l'une de ces voiturettes électriques qui rendent leur mobilité et leur liberté aux moins valides. Peter de Krom, un photographe de 33 ans, a suivi pendant trois ans les escapades du club de sa petite ville de Maassluis, en Hollande méridionale. Même si la devise est « Fais comme tout le monde », les « gens normaux » y font, dit-il, « des choses étranges ». Le club, dirigé par Lies Kouwenberg — surnommée « Leading lady »— est né en 2008. Lies a, un jour, posté sur Internet une annonce qui a immédiatement suscité l'intérêt de ses voisines. Le club a rapidement compté 15 membres : 14 femmes et un homme, Bertus, toujours en proie au chagrin que lui a causé le décès de son épouse, après, comme il dit, « 40 années d'une vie magnifique ». Mais il a, lui aussi, tenté l'aventure et rejoint les drôles de dames pour ne pas « rester derrière ses géraniums ». Donner du handicap une autre image Intrigué, Peter de Krom a suivi, à vélo, les sorties hebdomadaires de la confrérie des voiturettes et aussi le désormais traditionnel voyage annuel qu'organise Lies — quatre jours sur les chemins du plat pays, avec un camion et tout l'équipement nécessaire. La technique du photographe est simple : perché sur une petite échelle de cuisine, il attend sur un bord de route le passage des « rangers » et immortalise leur voyage. Un exercice périlleux qui lui a valu chutes et mal de dos... Les Scootrangers s'apprêtent à prendre un ferry pour Rotterdam. Peter de Krom Chaque étape comporte une trentaine de kilomètres au maximum (soit à peu près l'autonomie des voiturettes). Lies veille à la sécurité des membres en fixant le tempo et en instaurant des distances obligatoires. Elle en a incité certains à prendre des cours avant de se lancer et espère obtenir de la municipalité un terrain d'entraînement pour leurs engins — des modèles Sterling Elite XS, Liberty ou Trophy. Décrire la vie de ces Rangers correspondait parfaitement à l'approche que privilégie De Krom : « Montrer le quotidien, les choses simples, l'inhabituel dans la banalité », explique-t-il. Formé dans une grande école de la photographie à Bréda, il est retourné vivre dans sa région de Maassluis et de Hoek van Holland — littéralement, « coin de Hollande » —, à l'ouest de Rotterdam, au bord de la mer du Nord. Il ne s'explique pas vraiment son attrait pour ce bout de terre qui fut presque entièrement détruit lors de la seconde guerre mondiale et ambitionne aujourd'hui de devenir une grande station balnéaire. Sans doute lui offre-t-il, pourtant, le terreau fertile de ses productions artistiques qui, souvent, font penser aux clichés de Martin Parr, tant ils captent l'inattendu là où on ne l'attend pas. Le quotidien NRC Handelsblad a rendu célèbre, en 2013, son reportage « Hoek Van Holland » qui lui valut, la même année l'International Street Photography Award. Peter de Krom est surtout heureux que son travail ait permis de donner du handicap une autre image que celle que répercutent, en général, les grands médias. Quand Lies a contacté deux chaînes commerciales pour leur proposer un reportage sur ces Scootrangers, l'une d'elles lui a répondu ne s'intéresser qu'aux « BN » — les « Bekende Nederlanders », les célébrités néerlandaises —, et l'autre qu'elle enverrait un reporter si des voiturettes étaient volées... Sur le chemin du retour à Maassluis, au bord du Nieuwe Waterweg, un canal de 15 km de long. Le club fait des étapes d'une trentaine de kilomètres au maximum. Soit l'autonomie de ces véhicules. Peter de Krom Une halte au marché de s-Gravenzande. Peter de Krom Certains membres du club customisent leurs trois-roues. Peter de Krom En route pour Hoek van Holland, au nord de Maassluis. Peter de Krom Chaque année, le club part en voyage pendant quatre jours. Ici aux environs du village d'Elbergen, dans l'est des Pays-Bas. Peter de Krom Pour se rendre au marché de s-Gravenzande, les Scootrangers passent par un tunnel à vélos. Peter de Krom Une fois par an, le club de Scootrangers fait une excursion sur la plage de Tel Heijde. Vitesse de croisière : 12 km/h. Peter de Krom Lire aussi : Le Cap en Kombi Lire aussi : Transit en détente à l'aéroport de Singapour Lire aussi : Au Mexique, l'enfer du bus Lire aussi : L'Amérique par les grandes lignes Lire aussi : Les folles nuits des ferrys finlandais
"2015-11-08T00:00:00"
m-actu
https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2015/08/11/la-chevauchee-fantastique-des-retraites-neerlandais_4713965_4497186.html
Richard Ferrand entendu par la police dans le cadre de l’enquête sur les Mutuelles de Bretagne
Selon le quotidien « Le Télégramme de Brest », l’ancien ministre et président LRM à l’Assemblée pourrait être accusé de prise illégale d’intérêts.
Richard Ferrand, lors de la séance inaugurale de la 15e législature à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 juin. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE Richard Ferrand est de nouveau dans le viseur de la justice. Le chef de file des députés de La République en marche (LRM) à l’Assemblée a été entendu jeudi 6 juillet par la police judiciaire dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Brest le 1er juin sur l’affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne, a déclaré vendredi le procureur de la République de Brest, confirmant une information du Télégramme. Selon le quotidien breton, l’ancien ministre du premier gouvernement Edouard Philippe a été entendu dans la plus grande discrétion jeudi de 14 heures à 21 heures à l’hôtel de police de Rennes au sujet des « conditions d’acquisition et de location du local des Mutuelles de Bretagne par sa compagne en 2011, et de la mission de conseil qui lui a été confiée après son départ des Mutuelles en 2012, quand il a été élu député ». Lire aussi L’affaire Richard Ferrand résumée en cinq points Toujours selon Le Télégramme, « aucune infraction pénale n’a été mise au jour », et l’enquête se joue sur la question de savoir si les Mutuelles de Bretagne étaient ou non « investies d’une mission de service public ». Si c’est le cas, « et en tenant compte de règles de prescription complexes, l’infraction de prise illégale d’intérêts pourrait être constituée », selon le quotidien, qui ajoute qu’une décision judiciaire « pourrait intervenir avant la fin du mois de juillet ». Richard Ferrand restait injoignable vendredi 7 juillet, tandis que son entourage n’a pas souhaité faire de commentaire. « Mélange des genres » Richard Ferrand avait été mis en cause le 24 mai par Le Canard enchaîné. Selon l’hebdomadaire satirique, les Mutuelles de Bretagne, dont l’ancien ministre était le directeur général, avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins et avaient choisi, entre trois propositions, celle d’une société immobilière appartenant à la compagne de M. Ferrand. Cette dernière, selon l’hebdomadaire, montait très rapidement une société civile immobilière. Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184 000 euros, toujours selon Le Canard, la valeur des parts de la SCI « a été multipliée par 3 000 » six ans plus tard. Et fin mai, Le Monde accusait Richard Ferrand de « mélange des genres » entre affaires privées et vie publique, assurant qu’il « a fait bénéficier de plusieurs contrats des proches, dont son ex-femme et sa compagne ». Il apparaissait également que l’ex-socialiste breton, nouvellement élu député en 2012, avait conservé un poste de chargé de mission auprès de la nouvelle directrice des Mutuelles de Bretagne, rémunéré 1 250 euros par mois, et ce pendant toute la législature. Après avoir annoncé que ces éléments ne permettaient pas d’ouvrir une enquête, le parquet de Brest s’était ravisé en annonçant l’ouverture d’une enquête préliminaire le 1er juin. Selon le procureur, elle doit permettre de rechercher si les faits relatés sont « susceptibles ou non de constituer une infraction pénale en matière de manquements au devoir de probité et aux règles spécifiques du code de la mutualité ».
"2017-07-07T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/07/richard-ferrand-entendu-par-la-police-dans-le-cadre-de-l-enquete-sur-les-mutuelles-de-bretagne_5157252_823448.html
Mélenchon exhorte les électeurs de l’Essonne à élire « une dix-huitième députée insoumise »
Le chef de file de La France insoumise a appelé, à l’occasion d’un meeting pour les législatives partielles de dimanche, à « être dans l’action » le 17 novembre.
Farida Amrani, candidate de La France insoumise (LFI) aux législatives en Essonne. Ici le 19 juin 2017. MARTIN BUREAU / AFP Le gymnase des Tarterêts est plein en ce jeudi 15 novembre, à quatre jours du premier tour de la législative partielle organisée après la démission de Manuel Valls. Dans la grande halle au cœur de cet immense quartier de tours HLM du nord de Corbeil-Essonnes, 450 personnes se massent pour soutenir la candidate de La France insoumise (LFI), Farida Amrani, qui affronte, dimanche 18 novembre, Francis Chouat, le successeur de l’ancien premier ministre. Mais aussi pour voir et écouter Jean-Luc Mélenchon, qui s’est déplacé pour épauler sa candidate. Le chef de file de LFI veut aider la fonctionnaire territoriale à prendre sa revanche et donner ainsi une dix-huitième députée à son groupe à l’Assemblée nationale. Les amis de M. Mélenchon entendent porter la « résistance » contre un candidat qui fut le bras droit de Manuel Valls, mais surtout contre une politique gouvernementale qu’on vit durement dans ce quartier populaire. L’enjeu est d’importance car, derrière cette partielle, LFI veut prouver qu’elle a un ancrage fort en banlieue. Farida Amrani et ses amis avaient un temps hésité à faire venir M. Mélenchon après la séquence de ses déboires judiciaires. Certains électeurs des classes moyennes avaient fait part de leur déception après les coups d’éclat du leader de La France insoumise. Mais les nombreux porte-à-porte dans les cités d’Evry comme de Corbeil ont balayé leurs craintes : sur ce territoire qui avait massivement voté pour lui à la présidentielle, ces épisodes ne semblent pas avoir entamé la popularité du tribun. Ses diatribes anti-système leur parlent toujours. Lire aussi : Duel tendu pour la succession de Manuel Valls dans l’Essonne « Misérables alliances de caste » Devant un public métissé de retraités, de mères de famille et de très jeunes, la candidate a listé les critiques contre la « politique de Macron ». Hausse des carburants qui grèvent les maigres budgets, retraites en berne entamées par l’augmentation de la CSG, écoles qui voient leurs classes fermer, manque de places en crèche…, la quadragénaire sait parler des maux qui frappent plus durement ses électeurs. « Je veux porter vos voix à l’Assemblée nationale et je serai, en tant que députée, de tous vos combats », clame-t-elle. Le public l’applaudit chaudement mais c’est M. Mélenchon qu’il attend. Le député des Bouches-du-Rhône décoche ses premières flèches contre Manuel Valls, dont l’ombre plane fortement sur la campagne. « Nous sommes ravis de nous être débarrassés de celui qui faisait partie de la brochette de zombis qui nous gouvernent ! Nous allons prendre notre revanche et nous serons présents partout contre la triche », a-t-il commencé, en faisant allusion aux fraudes qui ont entaché le précédent scrutin. Il fustige les « misérables alliances de caste entre gens pas censés avoir les mêmes idées. Pour faire barrage. C’est le parti des castors ! », s’exclame-t-il, faisant allusion au soutien apporté à M. Chouat par tous les maires de droite de la circonscription. « Le 17, tout le monde dans l’action » Mais le cœur de son propos va tourner autour de la colère populaire qu’il voit monter. Il l’a sentie à Marseille après l’effondrement de deux immeubles dans le quartier de Nouailles. Il la perçoit à nouveau dans la mobilisation en cours des gilets jaunes contre la hausse des carburants. Et désormais, celui qui se veut le premier opposant au gouvernement l’appelle clairement de ses vœux : « le 17, tout le monde dans l’action, harangue-t-il. Cela va être le jour du divorce du peuple avec la Macronie ! » Balayant les critiques sur la participation de La France insoumise à une journée de protestation où l’extrême droite sera présente, il ajoute : « Les gens ont raison de se révolter, de se mettre en mouvement contre ceux qui, non seulement les détroussent, mais en plus les méprisent. » « Il ne faut pas baisser les yeux, pas accepter leurs bonnes manières parce que ces bonnes manières ne visent qu’à une chose : vous faire taire ! », tonne-t-il. Succès garanti dans cette assistance qui partage les galères de ceux qui peinent à boucler leur mois. Le député a ensuite défendu son programme d’« écologie populaire ». Parce qu’il sait que le soutien aux actions et barrages prévus samedi contre la hausse de l’essence et du diesel suscite critiques et doutes dans ses propres rangs, M. Mélenchon met l’accent sur les « vrais » responsables de la dérégulation climatique et de la destruction de l’écosystème : les grosses multinationales, « l’oligarchie », le capitalisme qui « pousse au toujours plus », énumère-t-il. Lui veut promouvoir « le bien manger, le bon respirer et le bon vivre pour tous », ajoute-t-il avant de lancer en montrant du doigt la candidate, Farida Amrani, et son suppléant, Ulysse Rabaté : « Ce n’est pas une petite élection mais un signe politique que vous allez envoyer : ces deux-là vont apprendre à gouverner parce que nous allons gouverner! » Reste à gagner l’élection. Résultat du premier tour dimanche soir.
"2018-11-16T00:00:00"
la-france-insoumise
https://www.lemonde.fr/la-france-insoumise/article/2018/11/16/melenchon-exhorte-les-electeurs-de-l-essonne-a-elire-une-dix-huitieme-deputee-insoumise_5384140_5126047.html
La sélection du « Monde des livres »
Le supplément littéraire du « Monde » vous propose cette semaine de suivre des destins hors du commun avec un roman, une BD et un essai.
L’équipe du « Monde des livres » vous propose cette semaine de suivre des destins hors du commun avec un roman, une BD et un essai. Roman. « La Petite Femelle », de Philippe Jaenada En 1950, Pauline Dubuisson, 23 ans, tue son ancien petit ami. Lors de son procès, retentissant, elle est présentée comme un monstre de froideur et de duplicité, l’accusation rappelant que, à 17 ans, elle a été tondue pour « collaboration horizontale ». Condamnée à perpétuité, libérée en 1959, elle est rattrapée par son histoire avec la sortie de La Vérité, film d’Henri-Georges Clouzot, qui la pousse à partir vivre au Maroc, où elle se suicide en 1963. Attiré par la légende noire qui l’entoure, Philippe Jaenada a découvert, en enquêtant, l’amas de mensonges et d’injustices qui constituent celle-ci. De la naissance de Pauline Dubuisson à sa mort, il restitue les faits, expose ses scrupules, avançant dans son livre comme à tâtons, et appose à son livre la « patte » Jaenada, faite d’autodérision, de goût pour les digressions, et d’une tendresse jamais doucereuse. Comment nombre de ses livres, La Petite Femelle est le récit d’une chute. Et même, d’une chute sans cesse recommencée, comme si le destin prenait un plaisir sadique à envoyer par le fond, à trois reprises, cette femme. La beauté du livre tient en partie au fait que le geste de l’écrivain consiste à se pencher vers elle pour l’aider à se relever. Raphaëlle Leyris Julliard La Petite Femelle, de Philippe Jaenada, Julliard, 720 p., 23 euros. Bande dessinée. « L’Homme au landau », de Jacques Lob Créateur entre autres de Superdupont (avec Gotlib) et du Transperceneige (avec Jean-Marc Rochette), Jacques Lob (1932-1990) reste un des scénaristes les plus importants de son époque, celle qui vit la bande dessinée entamer sa mue en direction d’un public adulte. Ce pilier du journal Pilote mit également en images ses propres histoires, à la demande de Nikita Mandryka (le père du Concombre masqué), quand ce dernier dirigeait L’Echo des savanes, au milieu des années 1970. L’ensemble de son œuvre « dessinée » est ici rassemblé pour la première fois. Elle fera jubiler les amateurs d’humour loufoque à tendance freudienne. Dans L’Homme au landau, Lob se grime ainsi sous les traits d’un homme-enfant n’ayant jamais quitté sa poussette pour mieux apitoyer les femmes à coups de caprices répétés. Avec Batmax, il détourne l’univers des super-héros masqués à travers le personnage d’un gamin aux oreilles de Mickey déjouant les liaisons amoureuses de sa mère, par pure jalousie – plus œdipien, tu meurs ! Une grosse tranche de rigolade attend enfin les lecteurs de Bwana, le seigneur de la futaie, parodie inversée de Tarzan se déroulant dans les forêts de la Creuse, où notre héros – africain, de fait – a été élevé par une famille d’écureuils. Lob a bien fait de se remettre au dessin : tout enfantin qu’il paraisse, son trait chatouille aux confins de l’inconscient. Frédéric Potet Cornélius L’Homme au landau, de Jacques Lob, Cornélius, 192 p., 25,50 euros. Essai. « Lévi-Strauss », d’Emmanuelle Loyer Il fallait du courage pour se lancer dans la rédaction de cette première vraie biographie d’un des plus grands intellectuels français du XXe siècle, Claude Lévi-Strauss (1908-2009), qui vécut cent ans et acheva sa vie couvert de gloire et d’honneurs, après avoir été malmené à ses débuts dans son pays pour une œuvre d’une exceptionnelle richesse, traduite dans le monde entier, et d’une modernité à couper le souffle. Emmanuelle Loyer a relevé le défi. Historienne, elle est la première à avoir exploité la quasi-totalité des sources disponibles et encore inédites. Son Lévi-Strauss est une merveille d’intelligence, et pas un instant on ne s’ennuie en suivant pas à pas, sous sa plume, l’itinéraire de ce penseur. Elisabeth Roudinesco Flammarion Lévi-Strauss, d’Emmanuelle Loyer, Flammarion, « Grandes biographies », 910 p., 32 euros.
"2015-09-09T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2015/09/10/la-selection-du-monde-des-livres_4750741_3260.html
Les PME, fausse panacée pour l'emploi des jeunes
Dans la plupart des pays de l'OCDE, les PME ont été associées aux actions d'urgence en faveur des jeunes. Mais leur gestion des ressources humaines entretient une mobilité externe porteuse de fragilité et participe à la croissance des formes particulières d'emploi.
Plusieurs rapports récents - de l'OCDE, de l'Organisation internationale du travail (OIT) - ont révélé une hausse du risque de chômage des 15-24 ans, déjà en général structurellement plus élevé que celui des adultes. Selon l'OIT, alors que, durant la décennie précédente, l'augmentation du nombre de jeunes chômeurs dans le monde ne dépassait pas 190 000 par an du fait de situations favorables dans certains pays, celle-ci a atteint près de 8 millions entre 2007 et 2009, portant l'effectif total des jeunes sans emploi à 81 millions, soit 40 % des chômeurs dans le monde (le double de leur poids dans la population totale). Quant à la croissance du chômage de longue durée, elle est sans précédent chez les moins de 25 ans (+ 72 % de 2008 à 2009 et + 47 % de 2009 à 2010 en France). Phénomène nouveau, cette aggravation affecte tous les débutants, y compris diplômés, qui accèdent à des emplois dont les conditions générales sont souvent dégradées. ACTIONS D'URGENCE Dans la plupart des pays de l'OCDE, les PME ont été associées aux actions d'urgence en faveur des jeunes - Youth Guarantee au Royaume-Uni, Recovery Act aux Etats-Unis, augmentation des contrats en alternance en France. Mais il n'est pas sûr qu'elles puissent endiguer ces évolutions structurelles. Si leur contribution à l'emploi des jeunes sortis de formation ou demandeurs d'emploi, notamment les moins qualifiés, ne fait pas de doute, leur gestion des ressources humaines entretient une mobilité externe porteuse de fragilité, et participe à la croissance des formes particulières d'emploi (CDD, contrats aidés, temps partiels et sous-emploi) qui concernent 46 % des 15-24 ans, contre 12 % des 25-39 ans. Aussi, les statistiques de la direction des études du ministère du travail français montrent que le taux de départs volontaires dans les sociétés de moins de 50 salariés est plus élevé, notamment en phase d'insertion. Si les PME ont été traditionnellement pourvoyeuses de contrats d'apprentissage, leur contribution depuis le début des années 1990 n'a cessé de diminuer (dans les entreprises de moins de 5 salariés), ou est restée stable pour les moins de 50 salariés. Il en va autrement des contrats de professionnalisation mis en place en 2004 : les sociétés de moins de 250 salariés en concluent 80 % avec les moins de 26 ans, et les plus de 250 salariés 18,4 %. Mais force est de constater que la mission Proglio, mise en place en juillet 2009 pour relancer une alternance qui s'essoufflait, a ciblé les grands groupes. Cette réactivation, en urgence, des connivences historiques entre technocratie politique et grandes entreprises ne risque-t-elle pas de sacrifier les actions en direction des PME, toujours plus difficiles à mettre en oeuvre du fait de leur hétérogénéité et de leur complexité d'accès ? Philippe Trouvé (professeur au groupe ESC Clermont-Ferrand) et Philippe Trouvé, professeur au groupe ESC Clermont-Ferrand
"2010-09-13T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/13/les-pme-fausse-panacee-pour-l-emploi-des-jeunes_1410335_3232.html
Bourse : parier sur les disruptions
Les nouvelles technologies bouleversent notre quotidien. Certains gérants de fonds cherchent à capter la création de valeur qui résulte de tels produits, risqués par nature.
« Airbnb et Uber ont bousculé en quelques années des groupes solidement installés. Créées au début de la crise financière de 2008-2009, ces deux start-up sont devenues en un temps record des entreprises d’envergure mondiale ». (Photo : Les bureaux d’Uber au Caire, en Egypte, le 10 octobre). AMR ABDALLAH DALSH / REUTERS La disruption, les technologies disruptives… le concept est à la mode en Bourse. Mais que recouvre-t-il exactement ? Il s’agit de bouleversements dans le marketing des entreprises, dans leur système de vente ou leur mode de production. Les meilleurs exemples ? Sans conteste Airbnb et Uber, qui ont bousculé en quelques années des groupes solidement installés. Créées au début de la crise financière de 2008-2009, ces deux start-up sont devenues en un temps record des entreprises d’envergure mondiale en externalisant leur offre de services auprès d’une multitude de travailleurs indépendants. « Ce que l’on voit aujourd’hui est similaire à ce qui s’est passé avec l’invention de la machine à vapeur ou de l’automobile, déclare Hervé Thiard, directeur général de Pictet France. La puissance de calcul qui double tous les deux ans, alors que le coût du stockage des données a chuté de 40 % par an au cours des vingt-cinq dernières années. Il est passé de 570 euros par gigaoctet en 1992 à 2 centimes. » Grâce à l’essor de l’Internet mobile, de nouveaux services disruptifs vont voir le jour Dans les années 1960, il n’y avait qu’un million de gros serveurs dans le monde. Il existe aujourd’hui un milliard d’ordinateurs personnels. D’ici à 2020, toute la planète devrait être connectée. Grâce à l’essor de l’Internet mobile, de nouveaux services disruptifs vont voir le jour. « La prochaine étape sera la connexion généralisée des objets entre eux, comme ces voitures qui savent déjà communiquer entre elles pour donner une idée de la circulation et des bouchons », ajoute M. Thiard. Une évolution qui va créer de nombreuses opportunités boursières. Encore faut-il parvenir à les identifier. « Nous accordons une attention particulière aux nouveaux acteurs qui abordent un marché existant avec une approche low cost en utilisant les nouvelles technologies pour mieux répondre aux besoins des nouvelles générations. Indépendantes, plus flexibles, utilisant les réseaux sociaux comme nouveau moyen marketing, ces marques récentes gagnent des parts de marché et menacent les sociétés établies », estime la Mandarine Gestion. Pas encore assez de recul La disruption reste malgré tout un thème d’investissement assez confidentiel, avec une vingtaine de fonds actuellement commercialisés en France. Plusieurs produits ont d’ailleurs été lancés récemment : CPR Invest Global Disruptive Opportunities, fin 2016, ou Pluvalca Disruptive Opportunities, au début de 2016. D’autres, plus anciens, se rapprochent du concept en investissant dans la digitalisation (informatique, big data), le climat (énergie, transport, construction durable) ou les robots (automatisation, imprimantes 3D, drones). En fait, « Le mouvement est né avec les fintech, qui marient finance et technologie, et les medtech, à la croisée de la médecine et de la technologie. Ces fonds recherchent des innovations disruptives qui pourraient changer la face d’un métier, explique Jean-Paul Raymond, directeur du développement de Quantalys. La plupart ayant été créés il y a moins de trois ans, nous n’avons pas assez de recul pour juger de leur pertinence financière. » « Eviter le fourre-tout » Concrètement, que signifie pour un gérant parier sur la disruption ? La plupart des fonds regroupés sous cette étiquette investissent sur plusieurs thèmes : le digital, le changement climatique, les robots, la médecine, les biotech, les fintech… « Notre approche regroupe quatre dimensions : l’économie digitale, les usines intelligentes, la protection de la planète et la santé », précise Wesley Lebeau, gérant du fonds CPR Invest Global Disruptive Opportunities. de tels produits n’ont pas vocation à représenter plus de 10 % du patrimoine financier d’un épargnant La stratégie de Pictet est diamétralement opposée. Hervé Thiard estime qu’il faut « éviter le fourre-tout » et préfère développer des fonds thématiques sur la robotisation (un fonds récent lancé en 2015), la sécurité (2006), le digital (2002) et les biotech (1995). Des produits qui enregistrent des performances convaincantes, au prix d’une volatilité parfois élevée. « Leur profil de risque ressemble à celui des fonds de placement dans l’innovation ou aux fonds de capital investissement, car ces placements concernent souvent de petites sociétés », note Jean-Paul Raymond. A la lecture du prospectus, il n’est pas toujours aisé de savoir ce que contiennent les produits. « La disruption est souvent davantage dans la forme que le fond. Les VTC, les chauffeurs privés, ont toujours existé. La disruption consiste à mettre en ligne ce service pour le rendre accessible au plus grand nombre », met-il en garde. Attention, de tels produits, risqués par nature, n’ont pas vocation à représenter plus de 10 % du patrimoine financier d’un épargnant.
"2017-10-14T00:00:00"
argent
https://www.lemonde.fr/argent/article/2017/10/14/bourse-parier-sur-la-disruption_5200972_1657007.html
L'OTAN mettra fin à ses opérations en Libye le 31 octobre
L'OTAN annonce que la mission pourrait prendre fin le 31 octobre, sept mois jour pour jour après son début.
Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Alliance atlantique, à Madrid, le 16 juin 2011. AP/DANIEL OCHOA DE OLZA Au bout de quelque 9 600 frappes "offensives", l'Alliance atlantique a donc atteint le résultat pour lequel elle n'a, selon la version officielle, jamais oeuvré depuis sa prise de contrôle des opérations en Libye, le 31 mars. Si des avions de chasse - dont deux Mirage français - et un drone américain ont arrêté, jeudi 20 octobre, le convoi de véhicules tentant d'évacuer le colonel Kadhafi et son commandement de Syrte, c'est, selon des responsables de l'OTAN, parce qu'il représentait une menace pour les populations civiles. Et non pour précipiter l'élimination du premier et dernier symbole du régime, ainsi que l'arrêt prochain de la mission "Protecteur unifié", immédiatement proclamé par l'Italie. Depuis le début, l'Alliance entend affirmer sa fidélité absolue aux résolutions des Nations unies et aux trois missions qu'elles fixaient : la protection des civils, le contrôle de l'embargo sur les armes et la préservation de corridors humanitaires. Pour ne pas mettre davantage en péril sa cohésion interne, pour ne pas compliquer ses relations avec la Russie, pour ne pas apparaître comme le bras armé d'opérations "politiques", l'Alliance martèle depuis sept mois qu'elle ne bombardait pas le territoire libyen pour rayer une dictature de la carte. Dans un bref communiqué publié plusieurs heures après l'annonce du décès de Mouammar Kadhafi, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'OTAN, n'a pas donné de précisions sur l'implication exacte de l'organisation dans l'élimination du Guide et de sa signification pour la poursuite des opérations. Seules des sources anonymes indiquaient que des renseignements émanant du Conseil national de transition (CNT) et des forces spéciales de pays occidentaux présentes sur le terrain étaient probablement à l'origine des frappes de jeudi. L'OTAN affirme, pour sa part, qu'elle a atteint deux véhicules, ignorant que la colonne dont ils faisaient partie escortait l'ancien dictateur. "Après quarante-deux ans, le règne de terreur est enfin arrivé à son terme", a seulement indiqué M. Rasmussen. Appelant le CNT à éviter les représailles et à mettre de côté ses divergences, il a précisé que la mission alliée s'achèverait "en coordination avec l'ONU et le Conseil national de transition". Vendredi soir, un communiqué de l'OTAN précisait que la mission pourrait prendre fin le 31 octobre, sept mois jour pour jour après son début. C'est une réunion des 28 ambassadeurs auprès de l'Alliance qui devra prononcer la fin des opérations. Mercredi 19 octobre, ce conseil avait décidé de maintenir le dispositif en place compte tenu des menaces pesant sur Syrte. Les avis de la France et du Royaume-Uni, qui avaient lancé les opérations, seront évidemment déterminants. M. Rasmussen a indiqué dès le mois d'août qu'il revenait au Groupe de contact, réunissant les principaux acteurs militaires et politiques de l'offensive, de participer à la stabilisation du pays. Pas question donc que l'on retrouve des troupes au sol sous la bannière de l'OTAN ou que cette dernière se substitue, dans ce cas-ci, à des partenaires "aux compétences avérées", comme l'Union européenne (UE). L'UE, également divisée au moment du lancement de l'offensive militaire, a rappelé dès jeudi soir qu'elle était prête à s'engager dans "un partenariat de long terme". Il inclurait la mise en place d'institutions démocratiques, la relance de l'économie, une assistance médicale et sanitaire mais aussi des missions d'ordre sécuritaire. Le quartier général de l'OTAN est désormais partagé entre le soulagement et l'incertitude. Si ses responsables sont, à l'évidence, satisfaits de l'issue d'une mission qu'ils ont toujours jugée avec circonspection - notamment parce que les Etats-Unis ne voulaient pas y jouer un rôle de premier plan -, ils savent aussi que les bilans qui vont être tirés entraîneront de vives tensions entre partisans et adversaires - allemands, polonais, turcs, etc. - de "Protecteur unifié".
"2011-10-21T00:00:00"
libye
https://www.lemonde.fr/libye/article/2011/10/21/la-fin-des-operations-de-l-otan-se-fera-en-coordination-avec-l-onu-et-le-conseil-national-de-transition_1591827_1496980.html
Législatives 2017 : une domination moins spectaculaire que prévu pour La République en marche
Au soir du premier tour, les projections donnaient autour de 400 à 450 sièges à La République en marche. Ils devront se contenter finalement de 361 élus environ.
La vague est moins importante que prévu. Alors que les projections au soir du premier tour promettaient autour de 400 à 450 sièges à La République en marche et au MoDem, le mouvement d’Emmanuel Macron n’en réunirait finalement qu’autour de 350, selon les derniers résultats du ministère de l’intérieur. La victoire du gouvernement s’en trouve en partie relativisée. Une représentation inférieure à celle de l’UMP en 2002 350 députés pour la majorité présidentielle (308 pour LRM et 42 pour le MoDem), cela représente environ 60,6 % des sièges de la nouvelle Assemblée nationale. Soit une domination plus nette que celle du groupe socialiste en 2012 (51,1 %), mais moins que celle des 63,3 % du groupe UMP en 2002. Groupes majoritaires à l'Assemblée nationale (1958-2017) D’autant que pour vraiment comparer la situation actuelle avec les majorités précédentes, il faut tenir compte des différents groupes en présence. Où les 350 députés de la République en marche et MoDem n’apparaissent finalement pas si nombreux comparés aux 472 de la droite (RPR) et du centre (UDF) en 1993. Composition probable de l'Assemblée nationale le 18 juin 2017 Majorité à l'Assemblée nationale en 2012 Majorité à l'Assemblée nationale en 2007 Majorité à l'Assemblée nationale en 2002 Majorité à l'Assemblée nationale en 1997 Majorité à l'Assemblée nationale en 1993 Majorité à l'Assemblée nationale en 1988 Majorité à l'Assemblée nationale en 1986 Majorité à l'Assemblée nationale en 1981 Majorité à l'Assemblée nationale en 1978 Majorité à l'Assemblée nationale en 1973 Majorité à l'Assemblée nationale en 1968 Majorité à l'Assemblée nationale en 1967 Majorité à l'Assemblée nationale en 1962 Majorité à l'Assemblée nationale en 1958 Source : Assemblée nationale Si l’essentiel, à savoir l’obtention de la majorité absolue des sièges (289), est acquis pour le président de la République, la majorité présidentielle est donc beaucoup moins écrasante qu’annoncé. Une abstention record aux deux tours Autre point noir pour le chef de l’Etat : l’abstention a dépassé la barre des 50 % aux deux tours. Elle était ainsi de 50,3 % le 11 juin et autour de 56,6 % au second. Au final, la participation aux premier et second tours se situe à des niveaux historiquement faibles sous la Ve République. Participation au plus bas au second tour des législatives Source : Ministère de l'intérieur Même si ce sont d’abord les partis concurrents de la majorité présidentielle qui ont boudé les urnes, le désintérêt marqué pour le scrutin entache là aussi quelque peu la victoire de La République en marche. Les résultats du second tour des élections législatives 2017 Sans surprise, le parti d’Emmanuel Macron a remporté dimanche 18 juin une nette majorité de députés à l’ Assemblée nationale, au terme d’un scrutin marqué par une abstention record. Avec 350 sièges (dont 42 pour le MoDem), selon les derniers chiffres du ministère de l’intérieur, La République en marche ! réalise une relative contre-performance au regard de sondages qui lui prédisaient jusqu’à plus de 400 députés. Mais la formation de la majorité présidentielle écrase les autres formations politiques, qu’il s’agisse des Républicains (113 sièges) ou du Parti socialiste (33 sièges). La France insoumise et le PCF remporteraient 27 sièges, contre 8 pour le Front national, toujours selon les projections. Résultats du second tour des Législatives 2017 Estimations nationales Dernière mise à jour : 19 juin à 9h08 Nombre de députés à l'assemblée nationale: 577 Source: IPSOS/SOPRA STERIA Vous pouvez retrouver les résultats dans votre circonscription grâce à notre moteur de recherche. Vous pouvez également accéder aux résultats grâce à cette carte :
"2017-06-18T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/06/18/legislatives-2017-une-domination-pas-si-ecrasante-pour-emmanuel-macron-et-la-republique-en-marche_5146760_4355770.html
Les acteurs du tourisme en guerre ouverte contre Airbnb et d’autres plates-formes d’hébergement
Le parquet de Paris et le fisc ont ouvert une enquête suite à une plainte déposée par les acteurs du tourisme pour « concurrence déloyale ».
L’association des Acteurs de l’hébergement et du tourisme professionnels (AhTop), créée en juillet 2015, qui revendique 30 000 adhérents, surtout parmi les hôteliers (par exemple, la chaîne Best Western, mais pas le groupe AccorHotels) et les agents de voyage, a décidé de combattre la concurrence, qu’elle juge déloyale, des plates-formes Internet de location d’appartements pour touristes. Elle en a recensé 127, dont, bien sûr, les spécialisées Airbnb ou Abritel, mais désormais également des généralistes comme Leboncoin, SeLoger, Booking.com… Ce jeudi 23 juin, AhTop abat plusieurs atouts dans la partie serrée qu’elle joue contre elles. La première carte est judiciaire : 60 organisations, en particulier des syndicats comme la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), l’Union des syndicats de l’immobilier (UNIS) et le Syndicat national des professions de l’immobilier (SNPI), avaient, le 13 novembre 2015, porté plainte dans ce dossier. Ils reprochent à ces sites des infractions variées, notamment à la loi Hoguet sur la profession d’agent immobilier et au code du tourisme, mais n’ont pas rendu leur action publique, afin de laisser le parquet investiguer discrètement. Lire aussi Airbnb et HomeAway en guerre contre le projet de loi numérique « Sept mois plus tard, les premiers éléments de l’enquête montrent des dérives importantes, affirme Jean-Bernard Falco, président d’AhTop. A Paris, par exemple, les 41 000 adresses proposées – soit environ 75 000 lits, presque autant que de chambres d’hôtel – sur le site Airbnb sont, à 88 %, des logements entiers, et 67 % ne respectent pas la réglementation parisienne. » Multipropriétaires visés Sont visés des multipropriétaires, à l’origine d’un tiers des annonces en France, par exemple celui dont le pseudo est « Fabien », qui met en ligne 257 logements et agit donc en véritable agent immobilier professionnel. Il y a aussi des annonceurs qui prétendent louer leur résidence principale, alors qu’elle ne l’est pas, ou qui dépassent allègrement les cent vingt jours de location annuelle autorisés par la loi pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové (loi ALUR du 24 mars 2014). « A Paris, les 41 000 adresses proposées sur le site Airbnb sont, à 88 %, des logements entiers, et 67 % ne respectent pas la réglementation parisienne » Le parquet de Paris et le Service national des enquêtes (SNE), qui dépend du ministère des finances, se sont, pour leurs investigations, appuyés sur le site Inside Airbnb, ouvert par des universitaires américains qui avaient « aspiré » les banques de données de la société dans plusieurs villes du monde, dont Paris, et les avaient rendues publiques et en accès libre. « Nous ne sommes pas du tout contre l’accueil de touristes dans des appartements de particuliers et en avons même besoin pour augmenter la capacité d’hébergement sur Paris et en France, et passer, d’ici à 2030, de 85 à 130 millions de visiteurs, mais il doit être régulé », demande M. Falco. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paris, le meilleur ami des rentiers de Airbnb Montage fiscal Les syndicats d’agents immobiliers alliés à AhTop contestent, eux, que cette activité soit exercée sans aucune des obligations qui sont les leurs : carte de gestion, caution financière, assurance de responsabilité civile… Ils constatent également que 25 % des baux d’habitation sont ainsi « hôtellisés », c’est-à-dire transformés en meublés touristiques, ce qui assèche le parc locatif classique. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) avait déjà recensé 20 000 logements locatifs privés disparus entre 2011 et 2014. Un autre angle d’attaque d’AhTop est la fiscalité, en premier lieu celle des plates-formes. Si Abritel paye des impôts sur son activité en France, ce n’est pas le cas d’Airbnb France, qui n’y embauche que 25 employés et, malgré ses commissions estimées à plus de 150 millions d’euros (15 % du milliard d’euros qu’il collecte pour le compte des loueurs), n’acquitte que 89 000 euros d’impôts. Le montage fiscal est identifié : une filiale à Londres et des sous-filiales en Irlande et aux Pays-Bas permettent de délocaliser les bénéfices réalisés en France. AhTop dénonce cette optimisation – certes légale – comme « une iniquité concurrentielle de plus ». Quant au revenu des loueurs, qui sont seulement 15 % à les déclarer, AhTop propose que les plates-formes soient tenues d’en transmettre les données au fisc. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Entre Airbnb et les hôteliers, la guerre est déclarée Quatre amendements soutenus La bataille se joue également au plan législatif, avec l’adoption de la loi sur le numérique, qui, après une première lecture à l’Assemblée et au Sénat, arrive en commission paritaire mercredi 29 juin. Les hôteliers soutiennent quatre amendements : l’obligation de s’immatriculer comme loueur auprès de sa mairie dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants qui l’instaureront, comme se promet de le faire Strasbourg ; le contrôle obligatoire de la qualité du loueur, propriétaire ou locataire autorisé par son bailleur ; la transmission des données sur les revenus perçus au fisc ; le blocage des annonces des loueurs qui ont dépassé les cent vingt jours légaux. « San Francisco, berceau d’Airbnb, vient d’adopter une telle immatriculation assortie d’une taxe hôtelière de 14 % ; New York et Barcelone imposent une durée minimale de location (respectivement vingt-neuf et quinze jours) pour limiter les séjours de courte durée ; Madrid et Berlin interdisent carrément la location d’un logement entier… Nos propositions sont donc, en comparaison, modérées », se félicite M. Falco. Enfin, AhTop veut s’allier l’opinion publique, indispensable pour soutenir le travail parlementaire, et a commandité un sondage (réalisé par Harris Interactive auprès de 997 personnes, du 24 au 26 mai), qui révèle que 72 % des sondés sont favorables ou très favorables à l’enregistrement en mairie par Internet, 69 % approuvent la déclaration automatique des revenus à l’administration fiscale et 66 % le blocage des annonces au-delà des cent vingt jours autorisés – les personnes de plus de 50 ans et les sympathisants socialistes étant encore plus convaincus.
"2016-06-22T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/06/23/les-acteurs-du-tourisme-en-guerre-ouverte-contre-les-plateformes-de-location_4956348_3234.html
Le mot de Trump au mémorial de la Shoah et les inévitables comparaisons avec Obama
On se souviendra peut-être de la visite en Israël du président américain à Yad Vashem à travers son commentaire laissé dans le livre d’or.
Le mot laissé par Donald Trump sur le livre d’or du mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. « C’est un grand honneur d’être ici avec tous mes amis. Tellement génial - je n’oublierai jamais ! » peut-on lire. GALI TIBBON / AFP Au départ, on a cru à un montage. Un de ces nombreux Photoshop de Donald Trump qui, passé la surprise initiale, se révèlent être des canulars pas très éloignés de la réalité. Une photo a circulé, le 23 mai, d’un mot laissé par Donald Trump sur le livre d’or du mémorial de Yad Vashem, le musée de la Shoah à Jérusalem, qu’il avait visité dans la journée. Il était écrit : « C’est un grand honneur d’être ici avec tous mes amis. Tellement incroyable – je n’oublierai jamais ! » @realDonaldTrump @PresidentRuvi This is @realDonaldTrump's message in Yad Vashem's Book of Remembrance. "So amazing… https://t.co/XKfbmPc59z — RaoulWootliff (@Raoul Wootliff) L’incrédulité prime. Certains pensent d’abord qu’il ne s’agit pas du message laissé à Yad Vashem, mais de celui écrit dans la résidence du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, où le président américain signe également un « livre des invités ». Il aurait donc laissé ce mot maladroit en un lieu un peu moins solennel. Mais très vite le doute se dissipe. Raoul Wootliff, correspondant de Times of Israël qui a diffusé la photo sur son compte Twitter, était au mémorial pendant la visite officielle. Puis l’AFP, qui y était également et qui a pris en photo le livre d’or, confirme son authenticité. Le message écrit par le président Trump au mémorial de l'Holocauste Yad Vashem, comme constaté par le photographe… https://t.co/kkVikKMFTj — GuillaumeDaudin (@Guillaume Daudin) Un message en décalage avec le lieu Comme le souligne The Independent, le texte de Donald Trump est typique du médium préféré du président : Twitter. Il tient en moins de 140 caractères et l’expression « So amazing » rappelle la phrase nominale exclamative, véritable signature d’un président qui ponctue régulièrement ses tweets de « sad ! », « bad ! », « enjoy ! », « fake news », « phony hypocrites ! ». Ce message pose, symboliquement, plusieurs problèmes. Le ton est particulièrement décalé par rapport au lieu, entièrement dédié au recueillement. Un lieu où brûle une flamme du souvenir, où les arbres portent les noms des « justes », comme on appelle ceux qui ont aidé des juifs à échapper à la déportation, un lieu où, dans une pièce plongée dans l’obscurité, une voix égrène les noms de tous les enfants disparus. Un lieu où il est difficile de ne pas ressentir – du tout – le poids de l’Histoire, à moins de l’avoir traversé les yeux fermés. En outre, Donald Trump ne nomme pas la tragédie, l’Holocauste, en un lieu qui lui est entièrement consacré. Déjà, le jour de la commémoration internationale de l’Holocauste, la Maison Blanche avait publié un communiqué qui ne mentionnait pas spécifiquement la destruction des juifs d’Europe ni l’antisémitisme. Il y était question de « l’horreur infligée aux innocents » et de « la mémoire de ceux qui ont péri ». Regrets de l’ancien président J'ai cru à un fake mais @AFPphoto confirme: le mot d'Obama en 2008 au mémorial Yad Vashem de la Shoah et celui de T… https://t.co/eCtQq8r3HJ — fannycarrier (@Fanny Carrier) Les moqueries sur Twitter ont ensuite laissé place à un mélange de tristesse et de nostalgie, quand une autre image est apparue, mettant côte à côte le message de Donald Trump et celui de Barack Obama, écrit sur le même livre d’or alors qu’il était encore sénateur de l’Illinois, en 2008. Il y déploie longuement une prose mesurée, qualifiant Yad Vashem de « rappel puissant de la capacité des hommes à commettre le mal, mais aussi de notre capacité à nous relever des tragédies et à reconstruire le monde ». Le contraste entre le style des deux présidents, résumé en une image, est frappant. Aux nostalgiques de l’ancien président, le message de l’actuel rappelle, une fois encore, à quel point il est différent de M. Obama, dont l’image d’homme de lettres et d’orateur légendaire reste très appréciée de la presse libérale américaine. Barack Obama avait visité une deuxième fois Yad Vashem en 2013, en tant que président. Son deuxième mot a également vite été retrouvé pour les besoins de comparaison. MANDEL NGAN / AFP Les observateurs médiatiques ont noté que la visite officielle de ce dernier au mémorial avait duré plus d’une heure, alors que Donald Trump est passé en moins d’une demi-heure. De quoi, peut-être, expliquer la teneur des messages écrits. Mais il faut aussi noter que l’ensemble de la visite de l’actuel président en Israël a duré à peine 27 heures. Le discours qu’il a prononcé après la visite a été de la même teneur que celui de son prédécesseur, et salué par M. Nétanyahou. Pour bien finir de couvrir cette micropolémique, CBS News a déterré les messages d’autres anciens présidents, George W. Bush et Bill Clinton. M. Bush ne fait pas non plus dans la longueur et ne semble pas non plus accablé par le poids du souvenir lorsqu’il écrit un sobre « Dieu bénisse Israël ». Le message de Bill Clinton, qui date de son premier mandat, est, lui, plein d’espoir pour « la paix entre Israël et ses voisins ».
"2017-05-24T00:00:00"
big-browser
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/05/24/le-mot-de-trump-au-memorial-de-la-shoah-et-les-inevitables-comparaisons-avec-obama_5133545_4832693.html
Marathon de Berlin : le Kényan Eliud Kipchoge pulvérise le record du monde
Il a remporté le marathon de Berlin en deux heures, une minute et 39 secondes, améliorant l’ancien record de plus d’une minute.
Dimanche 16 septembre, le Kényan Eliud Kipchoge a pulvérisé le record du monde en remportant le marathon en deux heures, une minute et 40 secondes. FABRIZIO BENSCH / REUTERS Le Kényan Eliud Kipchoge, le maître du marathon mondial, a pulvérisé, dimanche 16 septembre, le record du monde en remportant le marathon de Berlin en deux heures, une minute et 39 secondes. Le précédent record avait été établi sur le même parcours berlinois en 2014, par un autre Kényan, Dennis Kimetto, qui avait bouclé les 42,195 km en deux heures, deux minutes et 57 secondes. Lire aussi Un labo kényan pour lutter contre le fléau du dopage en Afrique de l’Est « Mon seul mot est merci ! », a lancé Eliud Kipchoge peu après l’arrivée, remerciant tout son entourage et les organisateurs berlinois, après avoir célébré son exploit presque à la manière d’un footballeur, montrant qu’il lui restait encore de l’énergie. « Je croyais fermement que j’allais battre le record du monde, mais je ne savais pas que j’allais courir en 2 heures une minute et quelque, a-t-il également déclaré. Quand j’ai vu sur les temps intermédiaires que j’avais une possibilité de faire deux heures une minute, ça a décuplé mon énergie ». Des conditions parfaites Seul au monde, Eliud Kipchoge est parti en tête dès le coup de pistolet du starter, seulement précédé de ses lièvres chargés de lui donner le tempo durant la première heure. De sa foulée légère, il a avalé l’asphalte et creusé peu à peu l’écart sur les temps de passage de Dennis Kimetto, profitant des conditions parfaites en ce dimanche automnal : une température autour des 20 °C, un temps sec et ensoleillé et surtout pas un souffle de vent. Totalement seul durant les 17 derniers kilomètres, après avoir épuisé son dernier lièvre, celui qui dit souvent « la force mentale est la clé » n’a rien lâché : « Cela ne s’est pas passé selon mon plan, parce que j’avais prévu que mon dernier lièvre reste avec moi jusqu’au 30e kilomètre. Oui, c’était dur d’être seul, mais j’avais confiance, j’avais dit que je courrais ma propre course, en suivant mon planning, et j’avais confiance. » Chez les dames, la Kényane Gladys Cherono, vainqueure l’an dernier, s’est de nouveau imposée en deux heures, dix-huit minutes et 11 secondes.
"2018-09-16T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2018/09/16/marathon-de-berlin-victoire-du-kenyan-eliud-kipchoge-qui-pulverise-le-record-du-monde_5355829_3242.html
Ligue des champions : Lyon en quête d'exploit face au Real Madrid
Lyon reçoit mardi 16 février le Real Madrid en 8e de finale aller de la Ligue des champions.
A 20 h 45 mardi soir, Lyon accueille au Stade Gerland les Espagnols du Real Madrid accompagnés de leurs vedettes Kaka, Cristiano Ronaldo et... l'ancien lyonnais Karim Benzema qui devrait débuter sur le banc. 4e en Ligue 1, éliminé des deux coupes nationales, Lyon a tout intérêt à s'illustrer lors de ce 8e de finale de Ligue des champions au risque de vivre une fin de saison bien fade. LYON À LA RECHERCHE D'UN EXPLOIT EUROPÉEN Présent pour la 7e fois consécutive en 8e de finale de la Ligue des champions, il faut remonter pourtant à la saison 2005-2006 pour trouver trace d'une qualification de l'OL en quart de finale de la compétition. Cette année-là, Lyon est éliminé par le Milan AC (0-0, 1-3). Depuis, les Lyonnais ont échoué par trois fois en 8e de finale (Rome en 2007, Manchester en 2008 et Barcelone en 2009). Pis, les protégés du président Aulas n'ont jamais éliminé en match aller-retour d'adversaires a priori supérieurs. Si l'on ajoute à cela le jeu plus que poussif pratiqué par l'OL en Ligue 1 et au contraire la belle santé affichée par les Madrilènes en Liga (2e à 2 points du terrible Barça), les pronostics ne jouent clairement pas en faveur du septuple champion de France. Revigorés par leur bonne série en championnat (4 victoires, 1 nul), les Lyonnais affichent pourtant un optimisme de rigueur. "On est sur une bonne dynamique en championnat. Il faut encore que l'on améliore la manière et la régularité. La Ligue des champions, c'est une approche différente. On n'est pas d'un optimisme béat, mais on est confiant", a dit Claude Puel. L'entraîneur est tout de même conscient de la nécessité de montrer un visage plus séduisant pour avoir une réelle chance de qualification. "Il faudra élever notre niveau de jeu et de concentration. Il faut que l'on garde des chances de se qualifier avant le deuxième match". COUP DE POKER EN DÉFENSE ? En l'absence du Croate Lovren, non qualifié pour la compétition, la fébrilité défensive lyonnaise est inquiétante. "Les deux dernières années, contre Manchester United et Barcelone, nous avons pris des buts sur des erreurs commises par nous-mêmes. Il faut être bien concentrés", a prévenu Cris, le défenseur brésilien. Jean-Alain Boumsong pourrait faire les frais du chantier défensif : Puel faisant alors le choix de descendre Toulalan d'un cran en charnière centrale, Gonalons assistant Makoun et Kallstrom au milieu de terrain. Cette formule a été plutôt efficace en phase de poules cette saison. LE REAL EN PLEINE CONFIANCE Côté madrilène, le beau temps est enfin revenu. De quoi dissiper les mauvaises statistiques européennes du Real face à l'OL. Lors des phases de poules des Ligues de champions 2005-2006 et 2006-2007, l'OL avait battu le Real deux fois à Gerland (3-0 en 2005-2006, 2-0 en 2006-2007) et était reparti de Santiago Bernabeu avec deux matches nuls (1-1 en 2005-2006, 2-2 en 2006-2007). "Le Real reste certes sur cinq saisons manquées en Ligue des champions, mais ça, c'est le passé, nous n'en avons pas trop parlé. Mieux que ces statistiques, je préfère regarder notre forme actuelle", a dit Manuel Pellegrini. "C'est vrai que nous ne restons pas sur de bonnes sorties devant Lyon et même nous avons enchaîné de mauvais résultats contre cette équipe. Mais les temps ont changé. Il y a eu un très gros recrutement au Real avec des joueurs qui ont été plus haut que les 8e de finale de la Ligue des champions et leur expérience peut nous servir", a ajouté le gardien espagnol, Iker Casillas. Dans l'autre rencontre de la soirée, le Milan AC accueille Manchester United (tous les 8es de finale). LYON-REAL MADRID : un match à suivre en direct commenté, à 20 h 45, sur le Monde.fr Sport.
"2010-02-16T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/02/16/ligue-des-champions-lyon-en-quete-d-exploit-face-au-real-madrid_1306926_3242.html
En Chine, la contestation de « l’Oncle Xi »
Editorial. A Pékin, un vent de contestation se lève contre le style impérial du président et chef du Parti communiste. Ce qui est en jeu, c’est la transformation de l’économie du pays, rien de moins.
XI Jinping, le 29 mars. Petr David Josek / AP Editorial du « Monde ». La façade est préservée, bien sûr, et l’opacité du système ne laisse filtrer qu’un seul message : tout n’est qu’harmonie au sein d’une direction chinoise unie derrière Xi Jinping. Pourtant, derrière les murs de Zhongnanhai, ce quartier de la Cité interdite qui abrite les hauts dirigeants chinois, il semble bien qu’un vent de contestation se lève contre le style impérial du président et chef du Parti communiste. Ce qui est en jeu, c’est la transformation de l’économie chinoise, rien de moins. Comme souvent à Pékin, la forme et le fond sont liés. Au titre de la première, ce qu’on reproche à M. Xi, c’est une concentration du pouvoir qui rappelle l’ère Mao Zedong. Non seulement M. Xi dispose-t-il, effectivement, de la haute main sur toutes les institutions de l’empire – parti, gouvernement, armée –, mais il laisse se développer ou organise un culte de la personnalité qui n’avait plus cours depuis longtemps. La presse est rappelée à l’ordre. Elle doit refléter avec enthousiasme la ligne du Parti. Toute dissidence est impitoyablement pourchassée. Avocats, journalistes, blogueurs, tous ceux qui osent faire preuve d’esprit critique sont réprimés sans même que soient respectées un minimum de formes légales. Dans le même temps, la presse chante les louanges de « l’Oncle Xi » et de « Mama Peng » (l’épouse du président). Défi politique, économique et social La grogne monte. En mars, un site chinois, pourtant officiel et soumis à la censure, publie une « lettre ouverte » au président, l’appelant à démissionner et dénonçant une « concentration excessive du pouvoir ». Elle est signée, anonymement, d’un groupe de « membres loyaux du Parti ». Quelques jours plus tôt, sur ses microblogs extrêmement populaires, Ren Zhiqiang, un roi de l’immobilier, proche des plus hautes sphères du Parti, stigmatisait la mise au pas de plus en plus étouffante de la presse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une mystérieuse pétition contre Xi Jinping entraîne des arrestations en série Sur le fond, ce n’est pas seulement une méthode d’exercice du pouvoir qui serait en cause. Ce qui semble nourrir une partie de la contestation – outre une campagne contre la corruption qui a touché des milliers de cadres du PCC –, c’est bien l’énorme entreprise à laquelle s’attachent M. Xi et son premier ministre, Li Keqiang : une réforme en profondeur de l’économie chinoise. Ambition éminemment souhaitable et nécessaire, il s’agit d’aller vers un mode de croissance plus durable, non plus fondé sur l’investissement en infrastructures et l’exportation, mais, de plus en plus, sur les services et la consommation intérieure.
"2016-01-04T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/01/en-chine-la-contestation-de-l-oncle-xi_4893878_3232.html
Afrique du Sud : baisse historique du rand
La devise sud-africaine, qui avait déjà perdu un quart de sa valeur en 2015 avec la baisse des matières premières, a atteint son plus bas niveau depuis 2008.
La Bourse de Johannesburg (Afrique du Sud), en mars 2015. GIANLUIGI GUERCIA/AFP Dans la nuit de dimanche à lundi 11 janvier, la devise sud-africaine a chuté de 9 % pour atteindre son niveau le plus bas depuis octobre 2008. A la clôture des marchés internationaux, un dollar s’échangeait contre 17,91 rands (1 euro). En 2015 déjà, face à la baisse des cours des matières premières, la monnaie sud-africaine avait perdu un quart de sa valeur par rapport au dollar. « Une monnaie plus faible implique en général une hausse de l’inflation, rappelle Carmen Nel, une économiste à la Rand Merchant Bank. On ne peut pas exclure le risque d’une augmentation des taux d’intérêt jusqu’à 50 points de base en janvier. » Pour contrer l’inflation, la Banque centrale sud-africaine avait relevé le taux de référence d’un quart de point en novembre 2015. Mais elle pourrait décider d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt lors de sa prochaine réunion, courant janvier. Ralentissement de l’économie chinoise La fragilité du rand sud-africain se poursuit donc. La devise avait déjà perdu plus de 8 % de sa valeur après le limogeage par le président Zuma, en décembre 2015, dans la même semaine, du ministre des finances puis de son successeur. Le ralentissement de l’économie chinoise a aussi affecté la devise sud-africaine. Depuis la première dévaluation du yuan en août 2015, les exportations de charbon vers Pékin ont ralenti. L’économie sud-africaine connaît une période difficile. Début décembre 2015, l’agence de notation Fitch avait dégradé d’un cran sa notation de BBB à BBB-, un échelon tout juste au-dessus des catégories spéculatives. Avec une croissance affaiblie et un taux de chômage supérieur à 25 %, la confiance des patrons est au plus bas depuis 1994, révèle une enquête de la Chambre sud-africaine du commerce et de l’industrie publiée début janvier.
"2016-12-01T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/01/12/afrique-du-sud-baisse-historique-du-rand_4846020_3212.html
Casques de réalité virtuelle : six pistes pour progresser
Pour les joueurs, la révolution attendue n’a pas eu lieu. Mais les casques de réalité virtuelle sont encore loin d’être arrivés à maturité.
Les premiers prototypes datent des années 1960, mais les casques de réalité virtuelle (VR) sont à peine sortis de leur enfance. Pour révéler tout leur potentiel, maints défis technologiques doivent encore être levés. Nate Mitchell, l’un des cofondateurs d’Oculus, l’entreprise à l’origine du célèbre casque Rift, a déclaré à Venturebeat que les attentes des journalistes s’étaient emballées, mais qu’Oculus était « embarqué dans une aventure qui durera dix ans ». A quoi ressemblera le casque idéal ? Il sera plus léger, plus confortable, bien sûr, mais avant tout il devra mieux tromper nos yeux. Des images plus nettes Lorsqu’on enfile un Oculus Rift ou un HTC Vive, on distingue clairement les pixels, ce qui nuit au réalisme. La résolution de leur écran est faible : 2 160 × 1 200 pixels. Le PlayStation VR fait légèrement moins bien, et les smartphones premium que l’on peut glisser dans un casque un peu mieux. Le prototype de casque de VR Pimax 8K. Pixmax Dans les laboratoires, toutefois, la résolution idéale est en passe d’être atteinte. Le prototype de la start-up chinoise Pixmax culmine à 7 680 × 2 160 pixels. Une résolution étonnante obtenue en accolant deux minuscules écrans 4K à l’intérieur du casque. D’après plusieurs journalistes, l’amélioration est spectaculaire. Pixmax illustre la différence de la façon suivante : Mais le réalisme n’est pas encore parfait. En 2016, le chef scientifique d’Oculus Michael Abrash chiffrait les besoins en pixels des casques VR à une résolution proche du 8K, soit quatre écrans 4K placés côte à côte. Le casque de la start-up chinoise en affiche moitié moins, malgré son nom quelque peu optimiste de Pixmax 8K. Sortir du tunnel Les casques de HTC, Oculus et Sony manquent d’immersivité. Lorsqu’on les enfile, certains joueurs ont l’impression d’entrer dans un couloir sombre. L’image est entourée d’une grande marge noire. Le Pixmax, toujours lui, change la donne. Son champ de vision de 200° se rapproche de la vision humaine. Son écran offre au joueur un spectacle un peu plus large qu’un demi-cercle de 180°. Les Sony, Oculus et HTC sont bloqués à 110°, ce qui donne cette impression d’être enfermé dans un tunnel. Avec le Pixmax, la sensation de naturel progresse beaucoup : on est plongé dans le paysage. On perçoit mieux les mouvements à côté de soi : l’ennemi qui attaque de flanc, la voiture qui double, l’avion de chasse qui se rapproche « à 5 heures ». Les créateurs de jeux peuvent enfin solliciter la vision périphérique des joueurs. Mais ici encore, l’expérience n’est pas tout à fait optimale. Dans l’idéal, chaque œil devrait pouvoir disposer d’un champ horizontal de 140°, soit un total de 280°. Pour qu’un casque soit parfait, il faudrait également que le champ de vision horizontal soit aussi haut que celui de l’œil (135°). En outre, les lentilles du Pixmax offrent probablement une résolution très affaiblie sur les côtés de l’image. Selon Michael Abrash, la conception d’une lentille satisfaisante en la matière réclamera une avancée scientifique majeure. Pixmax a collecté près de 2 millions de dollars sur Kickstarter. Le Pixmax 8K est disponible en précommande à 700 dollars (592 euros). Ses concurrents, Sony, HTC et Oculus, travaillent probablement à des technologies équivalentes dans le secret de leurs laboratoires. Sans fil à la patte Les câbles des casques VR gênent les déplacements ; on risque de les arracher, de les entortiller, de s’y prendre les pieds. La première solution pour s’en débarrasser serait d’envoyer les images par connexion sans fil, de l’ordinateur vers le casque. La technologie est difficile à maîtriser car le débit vidéo est lourd, et l’image doit rester parfaitement fluide. Le moindre retard causerait des maux de ventre chez beaucoup de joueurs. HTC semble avoir trouvé une solution puisqu’il commercialisera une antenne sans fil dans les semaines qui viennent destinée à son casque, le Vive. L’antenne TPCast est déjà disponible en précommande chez LDLC (350 euros). HTC s’apprête à commercialiser une antenne sans fil dans les semaines qui viennent destinée à son casque, le Vive. HTC Deuxième solution pour couper les fils : miniaturiser le PC, ou la console, pour pouvoir la loger dans le casque. Oculus en a fait la démonstration la semaine dernière avec son projet de casque Santa Cruz, qui intègre un écran, un calculateur graphique, une batterie et des caméras pour traquer sa position dans l’espace. Les premiers exemplaires destinés aux développeurs pourraient arriver dès 2018. Les graphismes seront probablement moins spectaculaires que ceux de l’Oculus Rift classique, relié à ordinateur puissant. On ignore si les jeux destinés au Rift seront disponibles sur le casque Santa Cruz. Ce qui nous ramène à la troisième solution, d’ores et déjà disponible : le smartphone glissable dans un casque VR. Cette solution est moins pratique, puisque le smartphone est immobilisé pendant la durée du jeu, et que sa batterie se vide en deux ou trois heures. En outre, selon Oculus, le suivi des mouvements de la tête serait moins performant. Mais lorsqu’on possède un smartphone haut de gamme, cette solution est beaucoup moins coûteuse, puisqu’il suffit d’acquérir un casque sans écran, vendu entre 20 et 100 euros. Lire aussi On a testé sept casques de réalité virtuelle autour de 40 euros Plus besoin d’une bête de course C’est un frein majeur : les jeux spectaculaires nécessitent souvent un ordinateur performant, équipé d’une carte graphique puissante. Les casques de VR pourront-ils se contenter de moins ? La start-up Fove propose une solution étonnante. Pour mieux la comprendre, il faut s’offrir un petit détour par le fonctionnement de l’œil humain. Notre rétine est tapissée de deux types de capteurs minuscules : les cônes et les bâtonnets. Les cônes sont concentrés au centre de l’œil, c’est grâce à eux que nous voyons les détails. Plus on s’éloigne de la fovéa (centre du champ de vision), plus ces cônes se font rares, et plus notre acuité visuelle chute. Théoriquement, afficher une image détaillée au centre suffit à tromper l’œil : le pourtour peut être flou. Selon Michael Abrash, cette astuce permettrait de diviser les calculs graphiques par un facteur dix. Le casque FOVE n’est pour l’instant disponible que pour les développeurs et les chercheurs. FOVE Sauf que l’œil bouge en permanence, et à toute vitesse. Le casque de réalité virtuelle, lui, ne bouge pas. La solution ? Détecter les mouvements de l’œil, pour déplacer la zone d’affichage haute résolution, afin qu’elle soit toujours alignée face à la fovéa. C’est justement la promesse du casque Fove, qui, pour l’instant, n’est disponible que pour les développeurs et les chercheurs. Le casque FOVE détecte les mouvements de l’œil. Fove Des flous, comme dans le monde réel Le casque Fove traque les mouvements de l’œil et évalue la profondeur du regard. Le joueur scrute-t-il l’écureuil à deux mètres, ou la montagne derrière lui, située à deux kilomètres ? Pour le savoir, le Fove observe la pupille du joueur, et détermine sa focalisation. Cela permet de produire une image plus naturelle en y rajoutant du flou. Si le joueur regarde l’écureuil, la montagne devient floue, et s’il se met à regarder la montagne, c’est l’écureuil qui se floute. A l’heure actuelle, les casques de réalité virtuelle ne s’adaptent pas à notre regard. Dans un décor virtuel, le point focal situé par convention à deux mètres. L’image est moins réaliste, plus fatigante à regarder. Mieux observer la main L’Oculus Rift est initialement sorti sans manette. La sortie de ses contrôleurs a radicalement changé la donne. Il devenait possible d’attraper des objets et d’interagir avec le monde virtuel de façon relativement naturelle. Un peu comme si des bras avaient poussé au joueur pour compléter ses yeux. Les contrôleurs du Rift permettent au joueur d’interagir facilement avec la VR. Oculus Là encore, des progrès devront être accomplis dans la précision. Dans l’idéal, les mouvements de chaque doigt devraient être détectés. Un objectif qui ne paraît pas improbable à Michael Abrash à horizon cinq ans. En revanche, le directeur de la recherche d’Oculus n’imagine pas pouvoir offrir le sens du toucher aux joueurs avant de très longues années. La paire de gants haptiques, donnant l’illusion de saisir un objet, restera longtemps un rêve inaccessible. En résumé Pour rentrer dans l’âge adulte, les casques de réalité virtuelle devront améliorer leur restitution visuelle, s’affranchir des fils, mieux détecter les mouvements de nos mains. Le casque VR parfait n’est pas encore né. En écoutant la conférence de Michael Abrash, il semble qu’il faille attendre encore quelques décennies avant d’y parvenir. Mais les expériences de Pixmax et Fove sont autant de briques qui permettent d’espérer qu’assez rapidement, les joueurs pourront vivre à une expérience immersive bien plus convaincante. A condition que les développeurs de jeux vidéo parviennent à trouver un langage ludique qui révèle tout le potentiel de ce formidable outil. Et que les chercheurs trouvent une solution au mal de ventre qui continue de gêner une partie des joueurs. Lire aussi Les meilleurs casques VR tout-en-un
"2017-10-22T00:00:00"
pixels
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/10/22/casques-de-realite-virtuelle-six-pistes-pour-progresser_5204420_4408996.html
Le FMI exhorte les banques de la zone euro à se réformer
Les risques de marché et de liquidité ont atteint des niveaux préoccupants pour la stabilité financière dans le monde, s’alarme le Fonds monétaire international (FMI).
Christine Lagarde, directrice générale du FMI. AFP / CHIP SOMODEVILLA Le rapport sur la stabilité financière dans le monde, rendu public mercredi 8 octobre par le Fonds monétaire international (FMI) porte bien mal son nom : il y est essentiellement question des risques d’instabilité ou de chocs financiers qui persistent, plus de six ans après la crise financière. L’institution internationale y fait le constat que les risques de marché et de liquidité ont atteint des niveaux dangereux s’ils ne sont pas traités. « Le monde affronte un nouveau déséquilibre, celui qui résulte d’une prise de risques insuffisante en matière économique (consommer, investir, croître) et excessive sur le plan financier », a fait observer mercredi José Vinals, le conseiller financier et directeur du département des marchés de capitaux internationaux du FMI. M. Vinals a par ailleurs souligné la nécessité pour les banques de continuer à s’adapter et à se réformer, faute de quoi elles ne pourront pas soutenir avec la vigueur nécessaire la reprise. QUATRE BANQUES SUR DIX EN SITUATION DE FAIBLESSE S’agissant des banques, le FMI fait l’analyse qu’elles se portent beaucoup mieux qu’il y a quelques années, sans aller aussi bien qu’il le faudrait. Dans les pays avancés, quatre banques sur dix, selon le fonds, n’ont pas les reins assez solides pour offrir du crédit et aider à soutenir la reprise. Ce pourcentage s’élèverait à 70 % des banques dans la zone euro. Pour M. Vinals, ces établissements doivent adapter leurs « business modèles » et, dans certains cas, devront accepter des fusions-acquisitions, voire même disparaître. « Nous pensons que le travail d’évaluation conduit par la Banque centrale européenne et qui s’achève ce mois-ci va constituer un bon point de départ pour engager le changement des “business modèles” que les banques devront faire elles-mêmes », a relevé M. Vinals. L’ILLUSION DE LIQUIDITÉ Autres sujets de préoccupation : l’existence d’une « illusion de liquidité » (les investisseurs détiennent des actifs moins liquides qu’ils ne le seraient en cas de retournement des marchés) et l’interconnexion financière accrue entre pays avancés et émergents. Ces deux facteurs seraient de nature à amplifier l’impact d’un choc sur le prix des actifs, analyse le FMI, qui n’exclut pas la possibilité de réactions en chaîne en cas d’embrasements géopolitiques ou de normalisation heurtée de la politique monétaire américaine. Aussi nécessaires ont-elles été ou sont-elles toujours, les politiques monétaires accommodantes sur la durée ont leur revers : elles ont contribué à des prises de risques financiers excessives sous la forme d’une pondération accrue d’actifs plus risqués dans les portefeuilles et d’une tendance à accroître le levier financier. Les prix des actifs ont augmenté, les écarts se sont comprimés et la faible volatilité est sans précédent. Et cela vaut pour toutes les catégories d’actifs et tous les pays. Le FMI constate une simultanéité de ces phénomènes jamais vue jusque-là. L’ESSOR DU « SHADOW BANKING » Le paysage financier a beaucoup changé, relève également le Fonds. Les marchés de capitaux ont renforcé leur rôle de pourvoyeurs de crédit depuis la crise, faisant ainsi basculer les centres de risques sur le shadow banking (« finance parallèle »). La part des instruments de crédits détenue par les fonds de placement a doublé depuis 2007 et représente désormais 27 % de la dette à haut rendement à l’échelle mondiale. Le secteur de la gestion de fonds est de plus en plus concentré : les dix sociétés les plus importantes à l’échelle mondiale gèrent aujourd’hui plus de 1 900 milliards d’actifs. Dans cet environnement, un ajustement rapide des marchés obligataires pourrait avoir des conséquences majeures, prévient le FMI, qui appelle les décideurs à renforcer leurs politiques micro et macroprudentielles.
"2014-08-10T00:00:00"
economie-mondiale
https://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2014/10/09/le-fmi-exhorte-les-banques-de-la-zone-euro-a-se-reformer_4502903_1656941.html
Brexit : « Les chances de la Turquie de faire partie du second cercle de l’Union ont augmenté »
Alors que l’Union européenne s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations d’adhésion de la Turquie, le « Brexit » redonne de l’élan au statut de partenariat privilégié, au risque d’aggraver les dérives autoritaires de M. Erdogan, estime le politologue Ahmet Insel.
« le « Brexit » change radicalement la perspective d’adhésion de la Turquie à l’UE » (Photo: le président turc Tayyip Erdogan à Ankara le 27 juin). M. CETINMUHUDAR/ PALAIS PRESIDENTIEL / REUTERS Par Ahmet Insel, politologue et chef du département économie à l’université de Galatasaray, à Istanbul Même si elle n’en est pas membre – et est bien loin de le devenir –, la Turquie joue un rôle non négligeable dans la crise actuelle de l’Union européenne (UE). Les Turcs, bien malgré eux, étaient très présents au Royaume-Uni lors des débats sur le référendum. Les partisans du vote pour le « Leave » ont agité frénéti­quement la menace à la sécurité nationale que ­ représente l’adhésion « prochaine » de la Turquie à l’UE. Le premier ministre britannique, David Cameron, avait beau affirmer qu’il ne pense pas que « cette adhésion pourrait se réaliser dans les trois décennies à venir », les organisateurs de la campagne du « Brexit » n’ont pas hésité à bombarder l’opinion britannique avec la menace que représenteraient 76 millions de Turcs bénéficiant de la libre circulation ! Il semble qu’après l’angoisse du « plombier polonais » entré dans la maison de l’Europe, ­l’apparition du « danger turc » à l’horizon a poussé plus d’un Britannique à exprimer la volonté de quitter l’Union. Si la Turquie a joué un rôle dans la décision des Britanniques de se jeter dans le vide sans trop réfléchir aux suites, en retour, le « Brexit » change aussi radicalement la perspective d’adhésion de la Turquie à l’UE. Les négociations sur le sujet ont commencé à l’automne 2005. Mais elles ont été rapidement bloquées par le veto de la République de Chypre – membre de l’UE, mais non reconnue par la Turquie –, par la ­décision uni­latérale de Nicolas Sarkozy et par Angela ­Merkel mettant discrètement des bâtons dans les roues. Sur trente-cinq chapitres formant l’acquis communautaire, seuls quinze ont pu être ouverts depuis bientôt onze ans. Et un seul fermé. A ce rythme, en effet, la Turquie ne pourrait pas adhérer à l’UE avant plusieurs décennies. Les fiançailles perpétuelles semblent être déjà inscrites dans les esprits du côté européen, mais aussi du côté turc. Revitaliser la dynamique d’adhésion Du côté du gouvernement turc, l’enthousiasme de l’adhésion s’est progressivement éteint depuis la fin des années 2000. Le « non » catégorique de la France a été un facteur important de découragement et de perte d’intérêt pour poursuivre les efforts d’harmonisation. Introduire de la transparence et une véritable concurrence dans l’attribution des marchés publics signifiait pour le parti au pouvoir faire un sacrifice énorme en termes de politique clientéliste, sans bénéfice poli­tique en contrepartie, tant que le couple franco­-allemand répète son opposition de principe à l’adhésion. La dérive autoritaire du pouvoir, de plus en plus concentré dans les mains de Recep Tayyip Erdogan ces dernières années, a épuisé les ressources pro-adhésion qui restaient du côté européen.
"2016-06-29T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/06/30/avec-le-brexit-l-idee-d-un-partenariat-privilegie-entre-bruxelles-et-ankara-refait-surface_4960864_3232.html
« Avec la diversité, de nouveaux business émergent, plus responsables »
À chaque pays, sa définition de la diversité. Pour autant, il est une chose qui ne change pas : l’énorme potentiel de performance que cette notion porte en elle si elle est bien gérée au sein des entreprises et par ses leaders, et ce, quel que soit leur business model. Rencontre avec Junko Takagi, Professeur Enseignant à l’Essec Business School.
Que signifie le terme « diversité » ? Junko Takagi – La signification de la notion de « diversité » est différente selon les pays auxquels on se rattache pour l’énoncer. Aux États-Unis, quand on parle de diversité, on se réfère à l’ethnie et aux différences raciales avec un intérêt marqué concernant leurs perceptions dans la société. Le terme est établi, doté d’une définition claire et socialement partagée. En France, l’utilisation et le sens du terme «diversité » évoluent constamment : il s’applique aussi bien au genre, à l’âge, au handicap ou à une orientation politique, sexuelle, religieuse, ou encore à la diversité économique et sociale, professionnelle ou culturelle. Ces derniers temps, en France, l’accent est mis plus particulièrement sur les femmes, le handicap et, depuis les événements autour du Mariage pour tous, sur la reconnaissance des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Ce sont les lois et les événements, les sujets qui passionnent les foules en quelque sorte, qui font émerger ces « diversités ». Depuis l’affaire Weinstein, la représentation des femmes dans les médias est omniprésente. Au Japon, la notion de diversité est incarnée par les femmes, sous-représentées notamment dans les entreprises. Une importance moindre est accordée aux personnes en situation de handicap, et pour cause : le quota d’obligation d’emploi de travailleurs handicapés est de 2 % au Japon, contre 6 % en France. À noter que lorsque je parle de handicap, je fais référence à toutes les formes de handicap dont 80 % ne sont pas visibles (mauvaise vue, handicap d’apprentissage, problèmes psychiques ou psychologiques). Plus les quotas liés à une diversité sont élevés, plus les entreprises en parlent et plus les gens sont sensibilisés : un écosystème se met naturellement en place. Les pays anglo-saxons n’ont pas de quotas en ce qui concerne le pourcentage de femmes et de personnes en situation de handicap dans les entreprises : la question de la diversité y sera alors vue et traitée différemment, pensée comme un levier de performance, une valeur ajoutée. En Russie et au Moyen-Orient, la communauté LGBT n’est jamais évoquée, voire considérée comme inexistante ou illégale, mais c’est sans compter les efforts de nombreuses entreprises qui y ont des antennes et s’évertuent à faire évoluer cette diversité au sein de leurs équipes. C’est le cas de sociétés comme IBM, de BCG et GE, notamment : elles présentent la diversité comme un droit pour les individus et une source d’innovation pour l’entreprise. En quoi la diversité est-elle un levier de performance pour l’entreprise ? J. T. – Tout d’abord, parce que reconnaître la diversité, respecter l’individu pour ce qu’il est, est un booster puissant à titre individuel, comme au sein d’une équipe. Valorisé, un collaborateur sera assurément plus motivé, enthousiaste et créatif dans son travail. C’est donc à l’entreprise de créer un environnement bienveillant où chacun – homme, femme, valide, invalide, notamment – se sente à l’aise. Ce premier levier de performance, si basique soit-il, est essentiel pour moi. À un autre niveau, celui de l’entreprise, la reconnaissance de cette diversité est essentielle : la plupart des sociétés, du fait de leur transformation digitale, passent aujourd’hui par une phase perturbante. Elles tentent de faire évoluer leur business model, voire de le changer en profondeur, d’innover et surtout d’exister. Avec l’arrivée d’Orange dans le secteur bancaire, les institutions dites traditionnelles s’interrogent : « Cet acteur des télécommunications, de par une réglementation plus flexible, va peut-être gagner des parts de marché importantes... » Tout est prétexte à l’incertitude. Autre exemple : le rap est la musique la plus écoutée en France et on observe que la plupart des producteurs dans ce milieu ont 45 ans et plus, sont des hommes blancs, n’écoutent pas ce genre et surtout ont tendance à embaucher des personnes qui leur ressemblent. Dans ces conditions, difficile de dénicher les futurs talents, ceux qui assurent leurs bénéfices. En vue de changer ce modèle, Sony a eu recours à un processus de recrutement innovant. Il s’est mis à la recherche de nouveaux « talent scouts » issus de la diversité : trois jeunes venant de tous les horizons, sans diplômes, ni de formation de référence ont été embauchés. C’est ainsi qu’une femme noire de moins de 25 ans a été recrutée, un profil qui n’existait pas chez eux avant pour ce poste. Il est souvent plus facile, plutôt que de changer, d’amener plus de diversité dans ses rangs ; de faire corps avec la réalité, être le plus représentatif de la société actuelle. Diversité et performances sont intimement liées. Comment éviter que diversité ne rime avec disparité plutôt que variété au sein des entreprises ? J. T. – Je pense que les notions de diversité et de disparité vont de pair dans un premier temps. Lorsque l’on est face à une différence que l’on reconnaît, celle-ci devient inexorablement une source de disparité. Nous avons cette capacité, cependant, à faire un effort cognitif pour reconnaître cette disparité, essayer de la comprendre, pour l’appréhender comme un plus. Disparité et variété sont les deux faces d’une même pièce de monnaie : celle de la diversité. Les deux notions sont intimement liées. Et c’est tout l’enjeu majeur de notre société à ce jour : reconnaître et accepter la différence, pour en appréhender toute la valeur de ce qu’elle peut nous amener. S’il est normal que la différence nous fasse peur, nous devons apprendre à l’assimiler. Et c’est là que le rôle des leaders et des managers est majeur : ils doivent donner à leurs collaborateurs les ressources nécessaires à cette assimilation de la diversité. Il n’est pas suffisant de dire « Embauchons plus de femmes », ce ne sont pas des chiffres et cela ne suffira pas à les retenir. Ce n’est pas à elles de faire un effort pour s’intégrer, mais à l’entreprise de savoir les accueillir et non pas comme des hommes, sinon cela n’a aucun intérêt. Les managers doivent faire évoluer leurs environnements de travail afin que leurs équipes puissent assimiler les spécificités de la diversité, ici les femmes, que les entreprises n’ont pas. Leur rôle est donc clef et je pense notamment aux opérationnels. Si à court terme, embaucher une personne invalide semble compliqué pour des questions de mises aux normes de l’espace et de délais de chantier à respecter, sur le long terme cela portera ses fruits : cela engendrera une réflexion sur l’organisation de chantier, les processus, la manière dont les tâches sont exécutées et in fine réduira le nombre d’accidents. En ce sens, c’est au manager de convaincre le Comex de lui allouer plus de ressources, soit, dans ce cas de figure, un peu plus de temps. Comment exploiter cette diversité au sein des entreprises pour susciter l’innovation ? J. T. – Je dirais que dans un premier temps, il faut tenter. À titre d’exemple, L’Oréal, avec lequel la chaire de Leadership et Diversité travaille : l’ambition affichée du groupe est de capturer le plus grand marché du monde. Pour ce faire, ils ont besoin de comprendre chaque élément de leur marché potentiel, Jean-Paul Agon, le président-directeur général, en est convaincu : Jean-Claude Le Grand, directeur du développement des ressources humaines et directeur de la diversité de L’Oréal, lui est d’ailleurs directement rattaché. En Amérique latine, L’Oréal engage des acteurs locaux pour mieux comprendre les marchés existants et émergents. Le groupe travaille avec les associations locales. Ils forment des femmes, souvent inactives et issues des ghettos, aux produits de beauté pour qu’elles puissent ensuite lancer leur propre salon. Ces femmes aident à la création de produits adaptés à cette population et, en même temps, créent de nouveaux marchés. Ne nous méprenons pas, la première motivation est celle du chiffre d’affaires, mais en entrant dans cette dynamique, en créant des emplois et en accordant plus de poids à la diversité, les sociétés ouvrent de nouveaux marchés et deviennent de plus en plus responsables. Que ce soit L’Oréal, Sodexo ou encore IBM, tous vous diront la même chose : quand on investit dans la diversité, on dépasse la plupart du temps les simples histoires de performances entreprises. Avec la diversité, de nouveaux business émergent, plus responsables. Notre regard sur le monde change.
"2018-03-09T00:00:00"
les-cles-de-demain
https://www.lemonde.fr/les-cles-de-demain/article/2018/09/03/avec-la-diversite-de-nouveaux-business-emergent-plus-responsables_5349601_4758288.html
Thierry Mariani quitte la direction des Républicains
Soutien historique de Nicolas Sarkozy, le député ne souhaite pas poursuivre ses fonctions auprès des Français de l’étranger.
Thierry Mariani à Moscou, en septembre 2014. VASILY MAXIMOV/AFP Il a dit non à Nicolas Sarkozy. Thierry Mariani n’a pas accepté la proposition du président du parti Les Républicains, qui souhaitait le nommer délégué national aux Français de l’étranger, dans la direction du nouveau mouvement. L’ex-ministre, qui occupait le poste de secrétaire national aux Français de l’étranger depuis le 9 décembre 2014, n’a pas souhaité rempiler. D’abord car il n’a pas apprécié la manière dont s’est passée sa première mission, ces six derniers mois. « J’ai refusé le poste de délégué national aux Français de l’étranger car je suis en désaccord avec certains fonctionnements de la délégation. Alors que j’étais en charge des Français de l’étranger, je n’étais même pas informé des déplacements et des réunions de Nicolas Sarkozy avec des Français de l’étranger, organisés par son équipe », explique au Monde le chef de file du courant de la Droite populaire. Lequel n’a pas apprécié, non plus, de voir que sa nomination dans la nouvelle équipe avait été annoncée dans un communiqué de presse… sans qu’il ait lui même donné son accord. Le député de la 11e circonscription des Français de l’étranger, qui couvre 49 pays d’Europe orientale, d’Asie et d’Océanie, a découvert le communiqué envoyé le 11 juin par le service de presse, annonçant que « Nicolas Sarkozy a nommé 14 délégués nationaux fonctionnels », dont le tandem « Thierry Mariani et Christophe-André Frassa aux Français de l’étranger ». Soutien historique de Nicolas Sarkozy pendant vingt ans, Thierry Mariani n’affiche plus le même soutien inconditionnel qu’auparavant à l’ex-chef de l’Etat. Il n’exclut pas de le soutenir pour la primaire à droite pour la présidentielle de 2017 mais s’interroge encore.
"2015-06-17T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/06/17/thierry-mariani-quitte-la-direction-des-republicains_4656033_823448.html
GlaxoSmithKline reconnaît des pratiques illégales en Chine
L’enquête des autorités chinoises s’oriente vers des accusations d’entente sur les prix entre laboratoires. Au moins quatre hauts cadres chinois de GSK ont été arrêtés. Le directeur financier du groupe en Chine, un Britannique, a l'interdiction de quitter le territoire.
Les enquêteurs chinois et la presse étatique évoquent un système par lequel le groupe pharmaceutique utilisait de fausses factures et des agences d'organisation de voyages et de conférences afin d'organiser des événements à des tarifs prohibitifs. REUTERS/ALY SONG Shanghaï, correspondance Accusé de corruption en Chine, GlaxoSmithKline (GSK) a admis, lundi 22 juillet, l'existence de pratiques illégales au sein de ses équipes. Le président du groupe pharmaceutique pour l'Asie-Pacifique, les marchés émergents, l'Europe et le Japon, Abbas Hussain, reconnaît que "certains hauts cadres de GSK ayant une bonne connaissance de notre fonctionnement semblent avoir agi hors de nos procédures et contrôles, en enfreignant les lois chinoises". Envoyé en Chine afin de gérer la crise, il dit prendre la situation au sérieux et faire preuve d'une "tolérance zéro" en ce domaine. "Je veux être clair sur le fait que nous partageons le désir des autorités chinoises d'éradiquer la corruption partout où elle existe", écrit-il. Un changement d'attitude de la part de l'entreprise britannique dans l'enquête dont elle fait l'objet en Chine. Quelques jours plus tôt, le groupe expliquait n'avoir rien trouvé d'illégal au sein de ses bureaux chinois. D'AUTRES GROUPES VISÉS Au moins quatre hauts cadres chinois de GSK ont été arrêtés tandis que le directeur financier du groupe en Chine, un ressortissant britannique, a l'interdiction de quitter le territoire. Les enquêteurs et la presse étatique ont détaillé ces derniers jours un système par lequel le groupe pharmaceutique utilisait de fausses factures et des agences d'organisation de voyages et de conférences afin d'organiser des événements à des tarifs prohibitifs. Une agence en particulier, Linjiang, fermée depuis et dont le patron, Weng Jianyong, a été arrêté, payait en retour des commissions à GSK, qui pouvait alors sortir de ses livres de compte les pots-de-vin, versés à des officiels et des médecins. Un autre Britannique, Peter Humphrey, fondateur du cabinet de gestion de crise ChinaWhys, aurait été placé en détention, selon l'agence Dow Jones. Son site précise qu'il dispose d'un vaste réseau de contacts auprès des enquêteurs et des régulateurs lui permettant de réaliser des "requêtes discrètes" dans des situations de crise impliquant des fraudes, du vol de propriété intellectuelle ou de la corruption.
"2013-07-23T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/07/23/glaxosmithkline-reconnait-des-pratiques-illegales-en-chine_3451425_3234.html
Mondial de rugby : l’Angleterre s’enthousiasme lentement
Les Anglais affichent une relative indifférence toute britannique avant le coup d’envoi de la compétition, la plus grande jamais organisée.
Devant le stade de Twickenham, le 17 septembre. FRANCK FIFE / AFP A en croire les organisateurs, la Coupe du monde de rugby, qui débute vendredi 18 septembre, est la plus grande jamais organisée. Côté spectateurs, 2,25 millions de billets ont été vendus, battant sur le fil le record établi par la France en 2007, à 2,19 millions. A la télévision, 772 millions de ménages à travers le monde vont avoir accès à vingt-trois mille heures de diffusion, là encore un record, de quoi rassasier les plus grands fans de l’ovalie. Pourtant, sur place, difficile de parler de fébrilité ou d’ambiance électrique juste avant le lancement du premier match, Angleterre-Fidji. Contrairement à la Coupe du monde de football, qui provoque une hystérie collective tous les quatre ans. Aucune croix de saint George n’est apparue aux fenêtres à Londres. Signe d’une certaine nonchalance, le Staines Street Syndicate, un pub du sud de la capitale connu pour ses retransmissions sportives, mentionne à la craie sur son tableau noir : « Ce week-end : rugby – brunch de 10 heures à 14 heures – DJ à 22 heures – Ouvert jusqu’à 2 heures du matin. » Le Mondial de rugby, un événement parmi d’autres… Au bookmaker d’à côté, de la maison William Hill, un groupe d’habitués vieillissants regardent avec une passion limitée les courses de chevaux du jour. Mais aucun d’eux n’a pensé à miser un penny sur le rugby. « Les courses hippiques et le football sont de loin les principaux paris qu’on reçoit, témoigne le gérant du lieu, derrière le verre renforcé qui le protège. On a eu quelques demandes sur le rugby, mais très peu. » La France à 14 contre 1 Pour la petite histoire, William Hill place la Nouvelle-Zélande favorite à 6 contre 5 (45 % de chances de gagner), devant l’Angleterre, à 9 contre 2 (18 % de chances). La France est à… 14 contre 1 (6,7 % de chances). Pour trouver des signes extérieurs d’attente envers cette Coupe du monde, il faut se reporter sur le marketing. ITV, la chaîne qui retransmet l’événement, a placardé des affiches un peu partout à travers le pays. Une marque de cartes de crédit, une autre de bière et une compagnie aérienne s’assurent de la même façon que les plus distraits des Anglais seront au courant que des hommes en short vont bientôt se pousser dans la boue pour le contrôle d’un ballon. Dans le métro, un message défilant en bas des panneaux électroniques promet de donner en direct les résultats des matchs. Pourtant, il s’agit très probablement d’une fausse indifférence. Le pays, qui a codifié le rugby moderne et qui remplit régulièrement ses pubs de passionnés de sport sur petit écran, ne peut pas rester de marbre à la fête de l’ovalie. Avant le début des Jeux olympiques de Londres, en 2012, les Britanniques avaient déjà fait le même coup. Ils multipliaient les critiques alors qu’une partie des Londoniens avaient fui, craignant de graves interruptions dans les transports en commun. L’ambiance s’était finalement révélée débordante d’enthousiasme et de passion. Cette fois-ci, l’événement est plus long – six semaines – et réparti entre douze villes, ce qui pourrait diluer l’exubérance, mais la fête sera nécessairement au rendez-vous. Même au Staines Street Syndicate, le tenancier se prépare : « Le rugby ramène souvent plus de monde que le football. » La fête peut commencer.
"2015-09-18T00:00:00"
coupe-du-monde-rugby
https://www.lemonde.fr/coupe-du-monde-rugby/article/2015/09/18/coupe-du-monde-de-rugby-l-angleterre-s-enthousiasme-lentement_4762551_1616920.html
Les Nord-Coréens célèbrent leur leader, qui promet de nouveaux tirs de fusée
Malgré la condamnation d'une bonne partie de la communauté internationale, Kim Jong-un a prévenu qu'il voulait de nouveaux lancements.
Voir aussi : Des dizaines de milliers de Nord-Coréens célèbrent le lancement du satellite Alignés en rangs bien ordonnés sur une place de Pyongyang, des centaines de milliers de Nord-Coréens ont célébré, vendredi 14 décembre, le tir réussi de la fusée, un succès que veut renouveler le jeune dirigeant, Kim Jong-un, au centre des louanges déclamées par les hauts responsables du régime. La foule immense, composée de civils et de militaires sur la place Kim Il-sung, a applaudi aux discours prononcés par de hauts responsables de l'armée, du parti et du gouvernement qui ont vanté les mérites du jeune dirigeant, arrivé au pouvoir il y a près d'un an après la mort de son père, Kim Jong-il. Le succès du lancement de la fusée "a été possible grâce à la loyauté, au courage et à la sagesse sans limite du grand maréchal Kim Jong-un", a déclaré Jang Chol, président de l'Académie des sciences. Kim Jong-un, conforté par ce tir, a d'ailleurs prévenu qu'il voulait de nouveaux lancements de fusée, malgré la condamnation d'une bonne partie de la communauté internationale et des Nations unies, et la possibilité de nouvelles sanctions à l'encontre de son pays, à l'économie déjà exangue. Kim Jung-un, qui approche de la trentaine selon la presse sud-coréenne, a souligné le besoin de "lancer des satellites à l'avenir (...) pour développer la science, la technologie et l'économie du pays". AFP/KNS Le dirigeant, qui approche de la trentaine, selon la presse sud-coréenne, a souligné le besoin de "lancer des satellites à l'avenir (...) pour développer la science, la technologie et l'économie du pays", a indiqué un communiqué de l'agence d'information officielle nord-coréenne KCNA. En Corée du Sud, le ministère de la défense a annoncé avoir récupéré en mer Jaune une pièce importante de la fusée Unha-3, probablement un des réservoirs, qu'il va analyser avec l'aide d'experts américains pour tenter de déterminer l'expertise du Nord en matière balistique. ESSAI DÉGUISÉ DE TIR DE MISSILE Avant son précédent tir – raté – en avril, la Corée du Nord avait prévenu Tokyo et Séoul que toute tentative de récupération de débris serait interprétée comme un "acte de guerre". Une telle mise en garde n'a pas été renouvelée avant le tir de mercredi. Pyongyang affirme avoir envoyé la fusée, chargée d'un satellite, pour une mission pacifique. Mais ses critiques, Washington en tête, y voient un essai déguisé de tir de missile, étape clé dans le programme nucléaire militaire du pays. Selon les observations de Séoul, le satellite nord-coréen tournait normalement sur son orbite jeudi. Le précédent tir d'une fusée nord-coréenne, en avril dernier, s'était soldé par un échec, le lanceur explosant quelques secondes après son décollage. Les Etats-Unis et leurs alliés considèrent que ce tir de fusée est un énième essai déguisé de missile balistique à longue portée, alors que des résolutions de 2006 et 2009 de l'ONU interdisent à Pyongyang toute activité nucléaire ou balistique. Une longue série de tirs ratés a valu à la Corée du Nord plusieurs sanctions depuis 2006.
"2012-12-14T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/12/14/les-nord-coreens-celebrent-leur-leader-qui-promet-de-nouveaux-tirs-de-fusee_1806410_3216.html
Attentats du 13 novembre : où en est l’enquête ?
Le procureur de la République de Paris a annoncé lundi matin l’identification d’un quatrième kamikaze, qui faisait partie de l’équipe du Stade de France.
Des enquêteurs de la police lors de l'évacuation du Bataclan, à Paris, le 13 novembre 2015. LAM DUC HIEN POUR "LE MONDE" Trois jours après la pire attaque terroriste qui ait jamais frappé la France, vendredi 13 novembre, l’enquête s’est déployée de l’Ile-de-France à la Belgique. Parmi les sept terroristes morts vendredi soir, quatre ont été formellement identifiés. Un avis de recherche a été lancé pour retrouver l’un de ces hommes, actuellement en fuite. Deux frères impliqués dans les attentats Selon nos informations, les enquêteurs français s’intéressent en particulier à trois frères français résidant en Belgique. L’un d’eux, Brahim Abdeslam, était le kamikaze qui s’est fait exploser vendredi sur le boulevard Voltaire, dans le 11e arrondissement. Le deuxième, Salah Abdeslam, 26 ans, présent à Paris au moment des attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. C’est lui qui a loué la Polo noire qui a été repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Contrôlé samedi matin à bord une Golf noire par la police française à Cambrai (Nord) dans le cadre des contrôles renforcés aux frontières, il n’a pas été interpellé, et les deux passagers de sa voiture non plus. En effet, l’homme n’était pas fiché et les enquêteurs n’étaient pas encore sur sa trace. Quand les policiers belges ont à nouveau arrêté la Golf noire, à Molenbeek-Saint-Jean, une commune bruxelloise, il n’était plus à l’intérieur. Lundi matin, une vaste opération de la police belge à Molenbeek pour appréhender Salah Abdeslam a été lancée. Elle s’est terminée en début d’après-midi, et personne n’a été interpellé, selon le porte-parole du parquet belge. La garde à vue du troisième frère, Mohamed Abdeslam, interpellé en Belgique, a été levée puisqu’il n’était pas impliqué. Au total, la justice belge a relâché cinq des sept suspects qui avaient été interpellés samedi, selon le parquet. Deux suspects, dont le nom n’a pas été révélé, ont été inculpés pour « attentat terroriste » et « participation aux activités d’un groupe terroriste ». Ces deux individus seraient les passagers de la Golfe noire et sont soupçonnés d’être venus à Paris, vendredi soir, pour ramener Salah Abdeslam en Belgique, selon nos informations. L’avis de recherche concernant Abdeslam Salah. REUTERS Quatre kamikazes identifiés François Molins, le procureur de la République de Paris, a annoncé lundi matin l’identification d’un quatrième kamikaze, qui faisait partie de l’équipe du Stade de France. Il s’agit de Samy Amimour, né le 15 octobre 1987 à Paris, et originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis). Il est connu de la justice antiterroriste pour avoir été mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste et placé sous contrôle judiciaire par la suite. A l’automne 2013, il avait violé son contrôle judiciaire, un mandat d’arrêt international avait alors été délivré. Le premier kamikaze avait été identifié dès samedi grâce à des traces laissées dans le carnage du Bataclan. Il s’agit d’Ismaël Omar Mostefaï, un Français de 29 ans natif de Courcouronnes (Essonne), qui vivait ces dernières années dans le quartier de la Madeleine, à Chartres (Eure-et-Loir). Il faisait l’objet d’une « fiche S » pour radicalisation en 2010, mais n’avait « jamais été impliqué » dans un dossier terroriste, ainsi que l’a précisé M. Molins. Selon les informations du Monde, il aurait séjourné en Syrie entre l’automne 2013 et le printemps 2014. A son retour à Chartres, il avait été repéré lors de surveillances d’un petit groupe de salafistes par les services de renseignement. Durant le week-end, sept personnes de son entourage familial ont été placées en garde à vue, et les domiciles de son frère, à Bondoufle (Essonne), et son père, à Romilly-sur-Seine (Aube), ont été perquisitionnés à des fins de vérification. Lundi soir, six membres de sa famille étaient encore en garde à vue ; sa petite sœur (âgée de 15 ans) ayant été relâchée. Ces gardes à vue de routine ne préjugent en rien de leur implication dans les attaques. Dimanche, deux autres kamikazes ont été identifiés. L’un, Bilal Hadfi, âgé de 20 ans, est « l’auteur de l’un des attentats-suicides commis à proximité du Stade de France ». Il avait combattu en Syrie avec l’Etat islamique (EI), selon une source européenne de renseignement citée par The Washington Post. L’autre est l’un des frères Abdeslam. Agé de 31 ans, il s’est fait exploser boulevard Voltaire. Perquisitions et gardes à vue en France Au moins 128 nouvelles perquisitions ont été menées dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 novembre, a annoncé mardi matin Bernard Cazeneuve sur France Info. La nuit précédente, il avait annoncé au moins 168 perquisitions administratives réparties dans 19 départements. Au moins 23 individus avaient été « interpellés et placés en garde à vue », avait affirmé le ministre, annonçant également la saisie de 31 armes, dont 4 armes de guerre. Au cours des dernières quarante-huit heures, 104 personnes ont été assignées à résidence, et 50 armes ont été saisies. Certaines perquisitions étaient en relation directe avec les attentats. C’est le cas d’une fouille menée à Bobigny (Seine-Saint-Denis) tard dimanche soir, selon France Info. Des perquisitions administratives pour trouver des armes, des explosifs et des munitions avaient été menées à Lille et aux alentours ainsi que dans le quartier de La Reynerie, à Toulouse, où une arme, de l’argent liquide et de la drogue en petite quantité avaient été découverts. Trois personnes avaient été placées en garde à vue, sans qu’aucun lien soit évoqué avec les attentats du 13 novembre. Des arrestations – de profils plutôt délinquants que terroristes – avaient également eu lieu à Lyon, ainsi que la saisie de plusieurs armes, dont un lance-roquettes, selon l’Agence France-Presse. Les zones d’ombre Plusieurs questions restent à élucider, à commencer par l’éventualité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats puisse être en fuite. Un troisième passager qui aurait été transporté dans la Seat avec les frères Abdeslam, selon de nombreux témoignages. Les enquêteurs s’intéressent également aux points de chute des terroristes en banlieue parisienne, et à leurs appuis en Belgique.
"2015-11-16T00:00:00"
attaques-a-paris
https://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/16/trois-des-assaillants-ont-ete-identifies_4810588_4809495.html
Marée noire : le président de BP convoqué, fuite revue à la hausse
Les secours engagés dans la lutte contre la marée noire ont convoqué jeudi le président de BP pour rencontrer Barack Obama.
Les autorités américaines ont annoncé que le volume de pétrole s'écoulant chaque jour est deux fois plus important que ce qu'elles craignaient. AFP/SAUL LOEB Les secours engagés dans la lutte contre la marée noire ont convoqué jeudi 11 juin le président de BP pour rencontrer Barack Obama, alors que les autorités annonçaient que le volume de pétrole qui s'écoule chaque jour est deux fois plus important que ce qu'elles craignaient. Dans une lettre, le commandant des garde-côtés américains, l'amiral Thad Allen, sollicite le patron du groupe pétrolier britannique, le Suédois Carl-Henric Svanberg, "et tout responsable idoine de BP" afin qu'ils rencontrent "de hauts responsables de l'administration le mercredi 16 juin 2010 pour discuter des questions" liées à la marée noire qui souille le golfe du Mexique depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril. Jusqu'à maintenant, les autorités américaines estimaient que le brut qui s'écoule dans la mer chaque jour représentait entre 12 000 à 19 000 barils de brut par jour. Or jeudi, elles ont avancé le chiffre de 40 000 barils, soit environ 6,4 millions de litres. "L'estimation basse des scientifiques (...) tourne autour de 20 000 barils, tandis que la haute est un peu supérieure à 40 000", a indiqué Marcia NcNutt, directrice de l'Institut de géophysique américain (USGS) et présidente du groupe d'experts mandatés par l'administration américaine pour évaluer l'écoulement de pétrole. Cette mesure a été faite avant la pose, le 3 juin, d'un entonnoir destiné à contenir la fuite du puits à l'origine de la marée noire. De son côté, M. Obama a reçu jeudi les familles des onze victimes de l'explosion de la plateforme. M. Obama retournera dans la région pour la quatrième fois la semaine prochaine.
"2010-11-06T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/06/11/maree-noire-le-president-de-bp-convoque-fuite-revue-a-la-hausse_1371004_3222.html
Luka Rocco Magnotta, stripteaser, nécrophile, suprémaciste, traqué par la police française
Ce Canadien, qui aurait dépecé un étudiant à Montréal, a été signalé à Paris et en banlieue. Sa tendance au travestissement complique les recherches
Vue de l'hôtel "Le petit Batignolles" à Paris où le Canadien Luka Rocco Magnotta aurait séjourné, selon des sources policières. AFP/THOMAS SAMSON Il est brun aux yeux bleus, âgé de 29 ans, canadien anglophone, extrêmement dangereux, et il rôde peut-être toujours à Paris ou en région parisienne où il a séjourné. Soupçonné d'avoir tué au pic à glace et dépecé dans la nuit du 24 au 25 mai un étudiant chinois de 32 ans, à Montréal, Luka Rocco Magnotta est pisté depuis plusieurs jours par la Brigade nationale de recherche des fugitifs. A la suite d'un avis de recherche lancé par Interpol, sa trace a été signalée à Clichy-La-Garenne (Hauts-de-Seine) puis dans les quartiers parisiens de la Bastille et des Batignolles. Dans ce dernier endroit, les enquêteurs auraient saisi des images de vidéosurveillance dans des commerces ainsi que des bouteilles de Coca-Cola afin d'y relever des empreintes. Dimanche 3 juin, l'étude de son mobile les a ensuite menés dans une chambre d'hôtel de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). "DÉPECEUR DE MONTRÉAL" Le suspect s'est probablement débarrassé de son téléphone mais ils ont découvert sur place des revues pornographiques et des sacs vomitoires de la compagnie aérienne avec laquelle celui qu'on surnomme désormais le "dépeceur de Montréal" a rallié la France le 26 mai. Les médias canadiens l'appellent, pour leur part, "American Psycho", en référence à la vidéo diffusée sur Internet où il a mis en scène son crime sur la bande originale du film du même nom. Il a ensuite adressé par colis postaux un pied et une main arrachés au corps de sa victime, originaire comme lui de Toronto, au siège de deux partis politiques canadiens. Brosser le portrait fidèle d'un homme aussi profondément perturbé relève de la gageure. Présenté comme ancien acteur de films pornographiques, M. Magnotta est également connu sous les patronymes d'Eric Clinton Newman - son nom de naissance - ou de Vladimir Romanov. Il ne porte officiellement le nom de Magnotta que depuis 2006. Une artiste transsexuelle canadienne, qui affirme avoir été sa maîtresse il y a une dizaine d'années, l'a décrit comme "manipulateur, menteur, irascible et souvent autodestructeur". Elle a expliqué à la télévision canadienne qu'on l'appelait "l'Ange" lorsqu'il est devenu prostitué et stripteaseur à l'âge de 18 ans dans un bar gay de Toronto.
"2012-04-06T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/04/luka-rocco-magnotta-stripteaser-necrophile-supremaciste-traque-par-la-police-francaise_1712318_3224.html
Jeux paralympiques : bouquet final en or pour la France, qui termine 4e nation, avec vingt médailles
Dimanche, l’équipe française a remporté l’épreuve de relais en ski de fond, puis la skieuse Marie Bochet a triomphé lors du slalom. Une moisson 2018 meilleure que celle de Sotchi, en 2014.
Les relayeurs français fêtent leur première place, dimanche 18 mars, à Pyeongchang. LEE JIN-MAN / AP La délégation française a décroché deux nouvelles médailles d’or dimanche 18 mars, aux Jeux paralympiques de Pyeongchang ; portant à vingt médailles la moisson française, dont sept en or. L’équipe de relais en ski de fond – composée de Benjamin Daviet, Anthony Chalençon, Simon Valverde, Thomas Clarion et Antoine Bollet – a terminé dimanche première de cette épreuve de quatre fois 2,5 km, devançant la Norvège. Elle a été félicitée par Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes en situation de handicap. De l'or paralympique pour le relais Français ! La Marseillaise résonne pour la deuxième fois de la journée à Pyeong… https://t.co/XnNaMGSqrz — francetvsport (@France tv sport) Une quatrième médaille d’or pour Marie Bochet Marie Bochet reçoit sa quatrième médaille d’or, lors des Jeux paralympiques de Pyeongchang, dimanche 18 mars. PAUL HANNA / REUTERS Deux heures plus tard, la skieuse Marie Bochet triomphait dans l’épreuve de slalom dames (catégorie debout), remportant sa quatrième médaille d’or des Jeux paralympiques de Pyeongchang. Médaille d'or paralympique pour Marie Bochet ! La Française surclasse toutes ses adversaires lors de son premier ru… https://t.co/PDvl5gaMkG — francetvsport (@France tv sport) La jeune femme de 24 ans a survolé la course entre les piquets serrés avec une avance importante sur la deuxième, la Canadienne Mollie Jepsen, reléguée à plus de quatre secondes. C’est le seul titre paralympique qui manquait à son palmarès pour ses troisièmes Jeux. « Beaucoup, beaucoup d’émotions » « Beaucoup, beaucoup d’émotions. Je finis ces Jeux de la plus belle des manières. J’ai vraiment rempli tout ce que je voulais remplir dans ma carrière, et maintenant, ce n’est que du bonus. C’est vraiment chouette ! », a déclaré à France Télévisions Marie Bochet à l’issue de sa course dimanche. Avec quatre titres (descente, super-G, slalom géant, slalom) en cinq courses disputées dans la montagne sud-coréenne, la skieuse du Beaufortain (Savoie), égale sa moisson de Sotchi, en 2014. Marie Bochet, née avec une agénésie (abscence de développement d’un organe survenue avant la naissance) de l’avant-bras gauche, conforte son statut de sportive française la plus titrée aux Jeux paralympiques hivernaux, avec huit médailles d’or depuis le début de sa carrière. Elle avait aussi fait montre de son talent les Mondiaux 2013 et 2015, avec cinq médailles d’or à chaque fois dans toutes les épreuves du ski alpin. Lire aussi La skieuse Marie Bochet, espoir français des Jeux paralympiques Avec vingt médailles, dont sept en or, la France termine à la quatrième place des Jeux paralympiques de Pyeongchang, derrière les Etats-Unis (trente-six médailles, dont treize en or), l’équipe d’athlètes paralympiques russes invités (vingt-quatre médailles, dont huit en or) et le Canada (vingt-huit médailles, dont huit en or). La délégation française fait mieux qu’aux Jeux de Sotchi, en 2014, où elle avait terminé à la cinquième place avec douze médailles, dont cinq en or. Lire aussi Jeux paralympiques 2018 : cinq questions sur la compétition « Contrat rempli » « Contrat rempli. On s’était mis beaucoup de pression. C’est en train de relâcher et on va en profiter », a déclaré Christian Février, le directeur technique national de la Fédération française handisport. Marie Bochet avait offert la toute première médaille aux Bleus le 10 mars. Mais les autres athlètes tricolores n’ont pas tardé à lui emboiter le pas. A commencer par son quasi-homonyme, Arthur Bauchet, benjamin de l’équipe à seulement 17 ans. Pour sa première participation, le jeune homme repart avec quatre médailles d’argent (descente, slalom, super-combiné, super-G). Mais le sportif tricolore le plus titré est Benjamin Daviet, 28 ans, avec cinq médailles en poche, dont trois en or (biathlon 12,5 km, 7,5 km, relais 4 × 2,5 km) et deux en argent (biathlon 15 km, cross 20 km). « Il fait une sacrée paralympiade ! J’étais tellement déçue de ne pas pouvoir aller le voir » pour le relais 4 × 2,5 km, remporté par les athlètes français, a déclaré Marie Bochet dimanche matin, en lui rendant hommage. Pour saluer ce parcours, elle lui a proposé de porter l’étendard à sa place lors de la cérémonie de clôture des Jeux dimanche soir. La snowboardeuse Cécile Hernandez, titrée à deux reprises (bronze en cross, et argent en slalom), Thomas Clarion (médaille de bronze en cross) et Anthony Chalençon (une médaille de bronze en biathlon 15 km) se sont également distingués. Dernière figure marquante de ces Jeux, Frédéric François, qui à 41 ans, participait à ses derniers Jeux, et n’avait jamais été médaillé olympique auparavant. En Corée du Sud, il a récolté deux bronze (super-G, slalom) et une médaille d’argent (combiné). De quoi finir sur une excellente note.
"2018-03-18T00:00:00"
jeux-olympiques-pyeongchang-2018
https://www.lemonde.fr/jeux-olympiques-pyeongchang-2018/article/2018/03/18/paralympiques-2018-deux-medailles-d-or-decrochees-par-les-francais_5272680_5193626.html
Une aide de 200€ pour tout acheteur de vélo à assistance électrique
La mesure fait partie des dispositions prises par le gouvernement français pour avantager « la mobilité électrique ». Tous les acheteurs pourront en bénéficier sur présentation de leur facture.
L’État accorde désormais une subvention de 20% du prix, le maximum étant fixé à 200€, pour l’achat d’un vélo à assistance électrique. Le décret instituant cette mesure, attendu depuis quelques semaines, a été publié ce samedi 18 février au Journal officiel. Tous les acheteurs pourront en bénéficier, sur présentation de leur facture, pour les achats réalisés à partir du 19 février et jusqu’au 31 janvier 2018. L’aide sera versée une fois à chaque acheteur, et non pour chaque achat. Les modalités concrètes du dispositif sont disponibles ici. Un site Internet sera créé, affirme Le Parisien. La mesure fait partie des dispositions prises par le gouvernement pour avantager « la mobilité électrique », expression fétiche de Ségolène Royal. Les voitures électriques disposent déjà de subventions, tout comme les deux-roues motorisés. La ministre appelle régulièrement de ses vœux « la révolution du transport électrique ». Sur France 2, un matin frisquet de janvier, elle vantait même les déplacements à bicyclette, « quand il fait peut-être moins froid », précisait-elle (à 1’16’’ de cette vidéo). « Mobilité électrique ». La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui rassemble 230 associations locales, le Réseau action climat ou la Fédération des usagers des transports (Fnaut) demandaient depuis des mois que les aides « à l’électrique » concernent également les vélos. Ces associations espèrent un report des trajets aujourd’hui effectués en véhicule polluant (voiture ou scooter) vers le mode actif qu’est le vélo, même s’il est doté en l’occurrence d’une assistance au pédalage. Le Club des villes et territoires cyclables, qui rassemble un millier d’élus locaux, avait fait de cette mesure l’une de ses principales demandes. Effets pervers redouté. La signature du décret a pris un peu de temps. Le grand bouillon gouvernemental, dans lequel est immanquablement plongé un projet de décret, soupesait le pour et le contre. Puisque les vélos ne font l’objet d’aucune immatriculation, le ministère des finances craignait un risque de fraude. Une personne pourrait présenter, avec la complicité d’un marchand de cycle, une facture pour un vélo qu’elle n’aurait pas acheté. Un risque faible, puisque amenant le vendeur à produire une fausse facture, mais à Bercy, lorsqu’on accorde un subside, on s’intéresse au moins autant à ses effets pervers qu’à ses effets tout court. Ni trottinette, ni hoverboard. Un autre débat agitait les ministères. Au-delà des vélos à assistance électrique (VAE, appelés « cycles à pédalage assisté » par le Journal officiel, décidément quel délicieux jargon administratif), la mesure devait-elle s’appliquer également aux autres véhicules personnels fonctionnant à l’électricité, trottinettes, hoverboards et autres gyropodes ? La formulation du décret semble ambiguë: la mesure vise aussi « les véhicules à moteur à deux ou trois roues » et les « quadricycles à moteur électrique, d’une puissance maximale nette du moteur, inférieure à 3kW ». Renseignements pris, les véhicules personnels électriques « ne sont pas concernés » par le bonus, précise Sylvie Banoun, coordonnatrice interministérielle pour le développement de la marche et du vélo. En revanche, le décret exclut les objets utilisant des batteries au plomb. Pas de cumul des aides. En subventionnant à l’achat les VAE, l’État ne fait que donner une envergure nationale aux aides accordées depuis plusieurs années par de nombreuses villes ou agglomérations. La « subvention Royal » n’est par ailleurs pas cumulable avec une aide accordée par une collectivité. Pour rappel, le prix d’un VAE peut aller de 500€ pour les modèles les plus basiques, à 3000€ voire davantage. La différence s’explique par la qualité du moteur, mais aussi par la robustesse du vélo lui-même. Ici un test effectué pour Le Monde de 6 modèles différents. Assistance musculaire. La mesure sera à ranger, avec l’indemnité kilométrique facultative ou quelques modifications du code de la route, dans les quelques timides dispositions prises sous ce quinquennat pour développer la pratique du vélo. Elle ne fait toutefois pas partie de celles qui étaient le plus attendues par les associations pro-vélo. Le simple « vélo à assistance musculaire », ne bénéficie toujours d’aucune aide concrète. « C’est dans les infrastructures qu’il faut investir ! Là, vous donnez de l’argent aux constructeurs et importateurs de vélo », s’étrangle ‏@LembourgSimon sur Twitter. Aide ou pas, on utilise facilement le vélo pour se déplacer lorsque l’on se sent en sécurité, que la circulation est apaisée, qu’il est simple de traverser un carrefour ou un pont. Le secret d’une politique cyclable réussie s’appuie surtout sur un urbanisme bien pensé. Pour compléter : 8 choses à savoir avant d’acheter un vélo à assistance électrique (mars 2015) L’impact de la subvention sera difficile à évaluer. « Il se vend chaque année davantage de VAE que l’année précédente (100 000 par an ces dernières années, NDLR). C’est une mesure encourageante, qu’il faudrait étendre aux vélos pliants ou aux ‘cargos’, mais les ventes de VAE auraient progressé en 2017, avec ou sans aide à l’achat », estime Olivier Schneider, président de la FUB. Et puis, comme le souligne Presse papiers, « les aides font souvent monter les prix ». La « subvention Royal » réjouit incontestablement les marchands de « cycles à pédalage assisté ». Olivier Razemon, sur Twitter, Facebook et Instagram. PS, 20 février, 17h. Fait rare, pas moins de sept structures nationales (FUB, Réseau action climat, France Nature Environnement, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, la Fédération des usagers des transports FNAUT, WWF et l’Association Respire) ont salué, par un communiqué commun, le décret instituant l’aide de 200€. Politiques cyclables, quelques recettes: Dépasser le stade du vélo en libre-service (septembre 2016) Le vélo révèle la smart city (octobre 2016) Le palmarès des villes cyclables en France (janvier 2017) Les militants du vélo imaginent la société de l’a-voiture (avril 2016)
"2017-02-18T00:00:00"
blog
http://transports.blog.lemonde.fr/2017/02/18/200e-acheteur-vae/
Les femmes entrent en force au Parlement turc
Le nouveau Parlement, issu des élections législatives du 7 juin, accueillera 96 femmes sur 550 députés. Un chiffre record pour la Turquie, où la situation des femmes s’est dégradée ces dernières années.
Une Turque soutenant le HDP lors d'une manifestation après un attentat contre un rassemblement du parti, le 6 juin à Diyarbakir. Emre Tazegul / AP Le dernier Parlement turc comptait 79 femmes, et le gouvernement d’Ahmet Davutoglu, au pouvoir depuis août 2014, qu’une seule femme sur vingt-six membres : Aysenur Islam, ministre de la famille et de la politique sociale. Mais l’entrée en force du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti prokurde de gauche, à la Grande Assemblée nationale, a changé la donne. Avec 13 % des suffrages, le HDP, qui se dit ouvertement « féministe », enverra sur les bancs du nouveau Parlement 31 femmes sur ses 80 élus. Les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP), du président Recep Tayyip Erdogan, ont, pour leur part, fait élire 41 députées, contre 46 en 2011. L’AKP est le seul parti à envoyer moins de femmes que lors de la précédente législature. La condition féminine en recul A son arrivée au pouvoir en 2002, l’AKP avait d’abord promu les droits des femmes, notamment à la faveur de la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’Union européenne. Une décennie plus tard, le parti d’Erdogan a perdu cet élan et terni son image en restreignant l’accès à l’avortement, ou encore en encourageant le port du voile. Spécialiste de la Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Dorothée Schmid souligne que l’ère Erdogan est marquée par une régression de la culture égalitaire entre hommes et femmes en Turquie. « Ce n’est pas une question de législation mais de culture sociale », explique-t-elle. En effet, le recul de la condition féminine en Turquie se manifeste avant tout dans les discours au sein de l’espace public. « Les hommes sont perçus comme les moteurs de la société, tandis que la femme est reléguée à son rôle de mère », poursuit la chercheuse. De jeunes militantes de l'AKP, le 7 juin à Ankara. ADEM ALTAN / AFP En témoignent les multiples interventions d’Erdogan, qui a ainsi recommandé aux femmes d’avoir « au moins trois enfants » ou expliqué, en octobre 2014, que l’égalité hommes-femmes était « contraire à la nature humaine ». Quelques mois auparavant, son vice-premier ministre Bülent Arinç avait déclaré qu’une femme « ne [devait] pas rire fort en public ». Pour Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble, la condition des femmes en Turquie est en recul. « La situation est moins bonne que sous Kemal [Mustapha Kemal Atatürk, premier président de la République turque] dans les années 1930. » Recrudescence des violences faites aux femmes Autre symptôme de la dégradation du statut de la femme en Turquie, les violences qu’elles subissent ne cessent d’augmenter depuis quelques années. Selon un rapport sur la violence en Turquie, publié en 2014 par l’université Hacettepe d’Ankara, 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie, tandis qu’une femme sur dix a déjà subi des violences sexuelles domestiques. Lire aussi : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ? En février, le décès d’Özgecan Aslan, une étudiante de 20 ans violée puis tuée à coups de barre de fer par un chauffeur de bus, avait incité des milliers de femmes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel. Tragic case of #ÖzgecanAslan in Turkey prompts thousands of women to share tales of sexual abuse online #sendeanlat https://t.co/l3M2CnQyhn — BBCtrending (@BBC Trending) Lire aussi : La Turquie rattrapée par la recrudescence des violences faites aux femmes Le meurtre de la jeune Özgecan est devenu le symbole de la colère qui monte en Turquie. Pendant la campagne des élections législatives, les associations féministes se sont mobilisées pour dénoncer les violences et ainsi faire barrage au parti du président Erdogan. Sur les réseaux sociaux, des centaines de femmes ont pris la pose, le dos tourné, en signe de refus de l’AKP. Une campagne qui a profité au parti HDP, défenseur assumé des droits des femmes et des minorités discriminées (Kurdes, chrétiens, homosexuels). #BayanYanı @bayanyani Women turn their back to protest Erdogan and AKP's Women's policy #SırtımızıDönüyoruz http://t.co/B0et3jLzyk — bayanyani (@BayanYanı)
"2015-09-06T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/09/les-femmes-entrent-en-force-au-parlement-turc_4650571_3214.html
« Le progressisme parle aux gagnants de la mondialisation, peu aux milieux populaires »
Le politologue Jérôme Sainte-Marie décrypte la façon dont Emmanuel Macron veut recréer un clivage avec les conservateurs et les nationalistes.
Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, président de l’institut de conseils et d’études Pollingvox, le « progressisme » revendiqué par le chef de l’Etat se définit surtout « par opposition » aux conservateurs et aux nationalistes. Emmanuel Macron veut doter son camp d’un nouveau corpus idéologique, le progressisme. Pour quelle raison ? Cela correspond à trois objectifs. Emmanuel Macron entend d’abord nommer son projet idéologique pour le faire partager autant que possible. Avec l’idée de dépasser le clivage gauche-droite pour s’inscrire dans un axe perpendiculaire à celui-ci, qui est l’opposition entre les progressistes et les nationalistes, assimilés aux réactionnaires. Le deuxième aspect est électoraliste. En imposant une nouvelle lecture du conflit politique, le chef de l’Etat cherche à entretenir les tensions et les contradictions au sein des partis de gouvernement traditionnels, que sont Les Républicains et le Parti socialiste, en espérant que la vie politique française ressemble durablement au second tour de la présidentielle. Le troisième aspect, enfin, est sociologique. Les catégories sociales qui ont amené Emmanuel Macron au pouvoir, que je regroupe dans « le bloc élitaire », sont convaincues de porter un projet réellement progressiste. Qu’est-ce que le progressisme revendiqué par M. Macron et La République en marche ? Il est facile à définir, dans la mesure où il a été décrit par anticipation par le philosophe Jean-Claude Michéa, en 2011, dans son ouvrage Le Complexe d’Orphée [Flammarion, 2014] avec en sous-titre « La religion du progrès ». Cela correspond à une projection dans l’avenir débarrassée aussi bien des contraintes au développement capitaliste que pouvait constituer la morale traditionnelle, chère à une partie de la droite, que des limites issues du mouvement ouvrier, chères à une partie de la gauche. C’est aussi un projet adapté au stade actuel d’un capitalisme à la fois mondialisé et financiarisé. Il est porté sans restriction par ceux que le chercheur du Cevipof Luc Rouban a définis dans son livre, Le Paradoxe du macronisme, [Presses de Sciences Po], comme les « socio-libéraux ». C’est-à-dire des gens acquis à la fois au libéralisme culturel et au libéralisme économique le plus abouti. Les cadres supérieurs des grandes entreprises privées en constituent le noyau. Le macronisme est-il un progressisme ? Il me paraît clairement une forme de progressisme dans la mesure où il correspond à un accompagnement, voire à une accélération, du cours des choses. Assimilant progrès et croissance, il poursuit l’adaptation de la France à la mondialisation économique et financière. Quant à savoir si cela correspond à un réel progrès, un avenir désirable, la réponse pour chacun dépend de ses valeurs personnelles mais aussi de sa position dans la structure sociale.
"2018-10-20T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/20/le-progressisme-parle-aux-gagnants-de-la-mondialisation-peu-aux-milieux-populaires_5372248_823448.html
Aux Etats-Unis, la hausse de l'emploi privé a nettement fléchi en mai
Plus de 95 % des nouveaux "jobs" sont publics et très précaires. Mais l'économie n'a cessé d'en créer depuis le mois de janvier.
Barack Obama a eu beau rassurer - "Les données montrent que l'économie se renforce de jour en jour" -, le charme du verbe n'a pas opéré. L'explication est simple : pour s'exprimer ainsi, le président américain se fondait sur l'annonce par son ministère du travail, vendredi 4 juin, de la création de 431 000 emplois aux Etats-Unis au mois de mai. Il s'agit du meilleur chiffre mensuel enregistré depuis plus de dix ans. Parallèlement, le taux de chômage a aussi un peu reculé, baissant de 9,9 % à 9,7 %. Mais les apparences n'ont berné ni les investisseurs ni les analystes. En réalité, ces chiffres ne sont pas bons. La quasi-totalité des emplois créés (411 000, soit 95,3 %) vient, en effet, du secteur public et ils sont conjoncturels : il s'agit de contractuels ponctuellement embauchés pour la collecte des données du recensement décennal. Dans le secteur privé, le mois de mai aura été le plus mauvais depuis le début de l'année, quand les experts prévoyaient une accélération de la tendance enregistrée depuis lors. Ils annonçaient 500 000 à 530 000 créations nettes d'emplois, dont plus de 100 000 dans le secteur privé. Ce dernier avait généré 218 000 des 290 000 emplois créés en avril. D'où leur déception : tant que les entreprises, en particulier le vivier des PME, ne retrouveront pas le chemin de l'embauche, la relance restera "une idée virtuelle pour banquiers et statisticiens", selon une expression en vogue aux Etats-Unis. Quant à la légère baisse du taux de chômage, les spécialistes ont eu vite fait de constater qu'il n'est pas dû à l'augmentation du nombre des emplois mais au recul conjoncturel du volume de la population active. Bref, l'économie américaine paraît stagner, une perception accréditée par d'autres indices. Ainsi, le nombre des "travailleurs découragés" ayant renoncé à chercher un emploi a gonflé de 291 000 personnes depuis le 1er janvier, un rythme qu'on n'avait pas vu depuis la récession de 1981-1983. DES CHIFFRES "DÉCEVANTS" Pourtant, en dehors des experts financiers, de nombreux économistes jugent que les chiffres de mai, bien que "décevants", ne remettent pas en cause la tendance. Jusqu'à présent, l'année en cours a ainsi connu cinq mois successifs positifs en termes de créations d'emplois, après deux ans où vingt-trois mois sur vingt-quatre avaient été négatifs. Les optimistes tirent leur conviction d'une tendance supplémentaire : le nombre des salariés auxquels un travail à temps partiel a été imposé durant la crise et qui retrouvent un emploi à plein-temps est en constante progression. Si les employeurs n'embauchent pas encore, ils augmentent déjà fortement le nombre d'heures travaillées. D'autre part, le salaire horaire dans le secteur manufacturier augmente lui aussi régulièrement (plus 0,6 % en mai), après un recul notoire sur les deux années précédentes. Très isolés, les plus optimistes, comme RDQ Economics, une grande société d'études macroéconomiques, en concluent que, malgré un mauvais mois de mai, la thèse de la "reprise en V", celle d'un redémarrage rapide et puissant de l'économie américaine, n'est pas à exclure. Sylvain Cypel et Sylvain Cypel
"2010-05-06T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/05/aux-etats-unis-la-hausse-de-l-emploi-prive-a-nettement-flechi-en-mai_1368300_3234.html
"Tunisie : envoyez-nous vos photos de la ""révolution du jasmin"""
Vous avez été témoin, ces derniers jours, des évènements qui ont secoué la Tunisie ? Envoyez vos photos au Monde.fr.
Affrontements entre manifestants et policiers dans le centre de Tunis, lundi 10 janvier. AFP/STR Vous avez été témoin, ces derniers jours, des événements qui ont secoué la Tunisie ? Envoyez-nous vos photos des manifestations, de la répression, de la joie ou de l'angoisse suscitées par le mouvement populaire. N'oubliez pas de préciser la date et le lieu de la prise de vue. Envoyez vos clichés à l'adresse électronique [email protected]. Une sélection de photographies sera publiée sur Le Monde.fr. CONDITIONS Pour nous envoyer vos photographies, merci de vous conformer à ces quelques conditions techniques : - Précisez le prénom et le nom du photographe. - La légende de chaque photo comprendra 300 signes au maximum. Elle devra indiquer notamment le lieu et la date de la situation photographiée. - En envoyant votre témoignage par courrier électronique, vous devrez écrire en toutes lettres : "Je certifie être l'auteur de cette photo et j'accepte l'ensemble des conditions de dépôt stipulées sur Le Monde.fr." AUTORISATIONS - Les déposants autorisent l'utilisation de leurs photographies par Le Monde interactif à titre non exclusif pour une première publication sur Le Monde.fr pour la durée des droits de propriété intellectuelle y afférant et pour le monde entier. - Les photographies seront toujours utilisées avec mention du nom de l'auteur. L'utilisation de ces éléments intervient à titre gracieux et ne pourra donner lieu à un versement de droits d'auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. - Le Monde interactif s'engage à prendre le plus grand soin des œuvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux œuvres.
"2011-01-17T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/17/tunisie-envoyez-nous-vos-photos-de-la-revolution-du-jasmin_1466481_3212.html
"Entre espoir et courbatures : la ""marche de l'acier"" des ArcelorMittal"
Des salariés ont décidé de parcourir à pied les 350 km qui séparent Florange de Paris pour protester contre la fermeture de deux hauts-fourneaux. Point d'étape.
Les ArcelorMittal ont arpentés près de 30 km entre Château-Thierry, dans l'Aisne et la Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne, mardi 3 avril. Flora Genoux Les quatre voitures et camionnettes déversent des grands types, largement bâtis, arborant tous des vestes de survêtements bleus et des baskets flambant neufs. De loin, on pourrait croire à une équipe de foot. Mais rapidement, on discerne la démarche boitillante de nombre d'entre eux, les béquilles d'un autre et les cigarettes qui s'allument dès la première minute de l'étape. Pas le profil de sportifs. > Lire aussi : "Portraits de sidérurgistes en marche" Un peu plus d'un mois après le début de leurs actions "coup de poing" à Florange, en février, les salariés d'ArcelorMittal ont décidé de parcourir à pied les 350 km qui les séparent de la capitale pour protester contre la fermeture de deux hauts-fourneaux du site. Partis le 28 mars de Moselle, ils doivent arriver le vendredi 6 avril à Paris, où un concert sera donné au Trocadéro en leur soutien. Rassemblés à la mairie de Château-Thierry, dans l'Aisne, où le maire radical de gauche les reçoit en grande pompe avec discours, café et viennoiseries pour "saluer leur engagement", la vingtaine de salariés, pour la plupart syndiqués, évaluent leur parcours du jour : 27 km seulement jusqu'à La Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne, ce mardi 3 avril. La distance paraît facile après les plus de 40 km de la veille. Pendant le parcours, les marcheurs effectuent des pauses dans la camionnette pour se reposer. Flora Genoux Les salariés quittent la bourgade sous les applaudissements et les encouragements des habitants. "J'aurais jamais pensé marcher autant, j'ai mal partout, s'exclame Antoine Terrak, au chômage depuis le mois d'août. Mais on a tellement la rage que le mental est plus fort que tout", raconte l'ancien l'intérimaire. La "marche symbolique" a été organisée dans l'urgence, après plusieurs mois de chômage technique ou partiel. C'était au retour de Paris et après le "gazage" du 15 mars par des CRS devant le siège de campagne de Nicolas Sarkozy que les ArcelorMittal ont pensé revenir à la capitale, cette fois-ci à pied. "SORTIR NOTRE ACTION DE NOTRE VALLÉE" Luis De Freitas raconte, le sourire à peine malmené par l'effort, la "baisse de moral" qui avait alors affecté les salariés. "C'était pire qu'un échec, une déception. Si on est gazés, c'est qu'on est considérés comme des chiens." Malgré le "dégoût" ressenti par tous, la nécessité d'organiser une autre action s'est imposée, prenant la forme de cette marche à l'itinéraire vite tracé. Des sponsors ont été trouvés à la va-vite pour les survêtements et les chaussures, sur lesquels seront apposés les slogans "L'acier lorrain vivra" et "Monsieur Sarkozy, nous ne sommes pas des casseurs, nous voulons du travail." Si au mois de mars, les salariés investissaient la capitale pour rencontrer le candidat Nicolas Sarkozy, ils comptent désormais activer le levier de l'opinion publique et élargir leur lutte : il s'agit maintenant de "sauver la sidérurgie et l'industrie en général". Depuis la fermeture des hauts-fourneaux, en juillet puis en octobre 2011, les syndicats misaient sur les actions locales : blocage de voies ferrées ou des locaux. "On ne dépassait pas la région. Il faut sortir notre action de notre vallée", explique Jacques Minet, délégué CFDT, avant d'être interrompu par un appel. Sa marche est ponctuée par des conversations téléphoniques avec les sections syndicales locales qui organisent l'arrivée des marcheurs dans les communes. Les ArcelorMittal ont toujours été logés par des mairies. Chaque fois des municipalités socialistes ou apparentées gauche. Certaines mairies, UMP ou apparentées droite, ont refusé de les accueillir, les traitant "comme des pestiférés", dénonce avec verve le médiatique porte-parole CFDT Edouard Martin. A Meaux, par exemple, la ville de Jean-François Copé, le cortège ne fera que passer, jeudi 5 avril. Sur la vingtaine de salariés, environ huit marcheurs continuent à pied. Les autres se relaient dans les camionnettes. Flora Genoux Les "Bravo les gars !" hurlés de la fenêtre d'une voiture et "C'est bien ce que vous faites" lancés du pas d'une porte balisent le parcours des ArcelorMittal. Parfois, un salarié s'arrête pour expliquer leur démarche à ceux qui les interrogent : "Vous êtes qui ? " Rares sont les réactions hostiles, généralement des automobilistes bloqués qui s'impatientent. "On veut sauver 5 000 emplois, s'anime Luis de Freitas. 5 000 emplois, c'est 5 000 familles, et derrière ça, il y a des enfants, des crédits." Parmi ces 5 000 emplois sont comptabilisés les emplois induits et les sous-traitants, précise le représendant de la CGT. "Parmi les 2 700 salariés d'ArcelorMittal, 600 sont concernés par la fermeture des hauts-fourneaux et sont au chômage technique ou partiel. Une centaine d'entre eux est détachée vers d'autres activités ou fait la surveillance des installations", explique Jean Mangin. Son collègue de la CDFT, Jacques Minet, comptabilise lui "entre 800 et 900 salariés au chômage partiel". Mais tous redoutent à terme la fermeture du site entier et son impact sur la région. "AMBIANCE AVEC LES COPAINS" A l'arrière du peloton, les gouttes perlent sur le visage de Jean Mangin, 53 ans. Un collègue vient de l'interpeller : "Pourquoi tu gardes le regard au sol ?" "Parce que regarder 2 km de ligne droite ou des montées et des descentes qui se suivent, c'est démoralisant", répond le sidérurgiste, qui a travaillé 40 ans à Florange. Ce jour-là, le parcours est particulièrement vallonné. Martyrisés par des ampoules douloureuses, de nombreux marcheurs se relaient dans une des quatre camionnettes qui accompagnent le convoi avant l'arrivée à un barbecue improvisé. Les barres de céréales, la viande et les sandwichs sont achetés avec un pot commun : des dons personnels, qui s'élèvent à 1000 euros, et les dons de mairies – comme l'intercommunale de Metz, qui aurait délivré la veille un chèque de 2 500 euros, selon les salariés. Les marcheurs se laisssent tomber à terre, les jambes tirent, les articulations sont enflées. Encore 13 km à avaler. Les plaisanteries gaillardes et interpellations complices fusent sur la soirée de la veille. Un des participants raille la nuit passée en chambre commune, entre "une tronçonneuse et un groupe électrogène". Les jambes tirent, les articulations sont enflées. Flora Genoux Pendant la marche, les ArcelorMittal racontent avec sourire la même "ambiance avec les copains" et "l'aventure" du projet. "On découvre certains collègues, ça soude," explique Grégory Cella, depuis 10 ans à Florange, une main sur le genou gauche douloureux. Pour lui et pour les autres, l'arrivée à Paris et le concert, seront "une récompense". "Tout le monde devra monter sur scène et parler" impose Edouard Martin. Certains ont le regard affolé : "ça me dépasse un peu tout ça", raconte Grégory qui se définit comme "quelqu'un de timide". Rachid Aliouane dit avoir hésité à revenir à Paris après l'expérience "brusque" du mois de mars. UN CALENDRIER PEUT-ÊTRE FAVORABLE Après des massages dispensés par des collègues, la marche reprend, le pas plus lent. Les visages sont grimaçants. Mais les panneaux s'enchaînent : l'Ile-de-France, déjà. Un salarié soulève un collègue pour coller sur un panneau une affiche "L'acier lorrain vivra". La mairie socialiste de la Ferté-sous-Jouarre doit accueillir les marcheurs et leur trouver un logement dans des hôtels. Depuis la fermeture des hauts-fourneaux, ArcelorMittal promet la reprise dès la conjoncture favorable. L'investissement à hauteur de 17 millions d'euros est jugé dérisoire : "On a besoin d'un investissement entre 200 et 300 millions d'euros", affirme avec force Edouard Martin. Un reclassement ? "Où nous reclasser ? J'ai 48 ans moi !", s'exclame le syndicaliste. Le calendrier pourrait jouer en leur faveur. Dans cette période électorale, les syndicats admettent à demi-mot qu'ils attendent des propositions politiques pour leur usine. "Notre crainte, c'est d'être récupérés politiquement", confie cependant l'un des marcheurs. Déjà, les tractations commencent pour le passage à Bobigny et la participation éventuelle de candidats de gauche à la marche. Après l'impact du concert, les sidérurgistes prévoient d'autres actions, "faire du porte-à-porte dans les usines" pour gagner d'autres structures à leur cause, par exemple. Mais les esprits sont aux derniers kilomètres, au weeek-end à la capitale et au concert. "Tu sais où on va vendredi soir ? Au Fouquet's !", plaisante un marcheur. "Oui, il paraît que ce n'est qu'une brasserie parisienne", lui répond un collègue. Flora Genoux
"2012-05-04T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/05/entre-espoir-et-courbatures-la-marche-de-l-acier-des-arcelormittal_1680087_3234.html
Présidentielle américaine, J-67 : Donald Trump décourage ses supporteurs latinos
Le ton offensif choisi par le candidat républicain lors de son discours sur l’immigration à Phoenix, mercredi, a provoqué le retrait de plusieurs de ses soutiens.
Le fait du jour En choisissant la ligne dure sur l’immigration lors d’un discours prononcé à Phoenix (Arizona), mercredi 31 août, le candidat républicain à la présidentielle du 8 novembre, Donald Trump, a provoqué le retrait de plusieurs personnalités latinos qui s’étaient engagées à ses côtés. Le ton offensif a surpris Tony Suarez, l’un des responsables de la National Hispanic Christian Leadership Conference, qui s’attendait au contraire à un adoucissement des positions du magnat de l’immobilier. Alfonso Aguilar, du Latino Partnership for Conservative Principles, a estimé qu’il ne pouvait que retirer son soutien, tout comme Jacob Monty, qui était jusqu’alors membre du National Hispanic Advisory Council, censé conseiller le candidat. M. Trump a assuré sur Fox News, jeudi 1er septembre, que ces critiques venaient du fait que son discours « n’avait pas pu être bien compris » compte tenu de l’enthousiasme du public. Interrogé sur le sort des 11 millions de sans-papiers présents aux Etats-Unis, la majorité sans casier judiciaire, il a exclu de les expulser immédiatement en estimant qu’il faudrait tout d’abord renforcer la frontière et refouler les repris de justice. La citation du jour « Donald Trump a placé les éléments les plus extrêmes de l’aile droite à la place du pilote de sa campagne. » John Podesta, le président de la campagne de la candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton, a commenté dans les termes les plus virulents la nomination de David Bossie au poste de directeur adjoint de l’équipe du candidat républicain. L’homme présidait jusqu’à présent le groupe conservateur Citizens United en pointe contre l’immigration ou le mouvement Occupy Wall Street. Des préoccupations partagées avec le directeur de campagne de M. Trump, Stephen Bannon. Citizens United est à l’origine d’un arrêt de la Cour suprême supprimant le plafond de contribution pour les organisations lucratives et non lucratives qui s’impliquent en politique. Cet arrêt a entraîné une inflation des dépenses électorales et renforcé le poids des super-PAC (political action committee) par rapport aux partis politiques. La vidéo du jour L’animateur de la chaîne MSNBC Joe Scarborough a porté sa querelle avec le candidat républicain Donald Trump sur le terrain artistique en enregistrant une chanson de style country intitulé #AmnestyDon qui figure depuis le 1er septembre sur sa page Facebook. L’ancien élu républicain à la Chambre des représentants y moque les revirements du magnat de l’immobilier, un peu prématurément cependant pour ce qui concerne l’immigration. Le tweet du jour Repito lo que le dije personalmente, Sr. Trump: México jamás pagaría por un muro. https://t.co/IJNVe0XepY — EPN (@Enrique Peña Nieto) La visite rendue mercredi 31 août par le candidat républicain Donald Trump au président du Mexique Enrique Peña Nieto, à l’invitation de ce dernier, était empreinte d’une courtoisie qui n’a guère résisté à l’épreuve du temps. Les deux hommes ont échangé des micromessages moins amènes jeudi 1er septembre à propos du financement, refusé par Mexico, du « mur » que M. Trump veut ériger à la frontière entre les deux pays. Lire aussi : La poignée de main avec Donald Trump coûte cher au président mexicain Le chiffre du jour 140 millions de dollars Hillary Clinton, la candidate démocrate à l’élection présidentielle du 8 novembre a récolté plus de 140 millions de dollars durant le mois d’août. Une partie de cette somme (81 millions) reviendra au Parti démocrate pour financer notamment les campagnes à venir pour le Congrès. Avec 68 millions de dollars en caisse, l’ancienne secrétaire d’Etat dispose d’un confortable trésor de guerre. Barack Obama avait levé un total de 97 millions en août 2012, dont 84 pour son comité de campagne. La photo du jour CARLO ALLEGRI / REUTERS Pendant l’hymne américain lors du meeting de Donald Trump à Wilmington, dans l’Ohio, le 1er septembre. A suivre Le candidat républicain à la présidentielle du 8 novembre, Donald Trump ne dispose pour l’instant que d’un bureau électoral en Floride, un Etat-clé stratégique pour l’élection. Son adversaire démocrate, Hillary Clinton, en compte cinquante de plus, selon le Tampa Bay Times. Ces bureaux servent à identifier et à mobiliser les électeurs dans la perspective du scrutin. L’équipe de campagne du conservateur a annoncé l’ouverture d’une vingtaine de locaux dans les jours prochains. Lire aussi Les clips de campagne de Donald Trump, des attaques mal étayées contre Hillary Clinton
"2016-02-09T00:00:00"
elections-americaines
https://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/09/02/presidentielle-americaine-j-66-donald-trump-decourage-ses-supporteurs-latinos_4991305_829254.html
Jugeons les despotes africains
L'Union africaine proteste contre le fait que la plupart des procès à la Cour pénale internationale ne concernent que son seul continent. Est-ce légitime ? Entretien avec Lynne Muthoni Wanyeki.
Le vice-président du Kenya, William Ruto, ici à La Haye, le 10 septembre, devra siéger dans le box des accusés de la CPI jusqu'au terme de son procès. MICHAEL KOOREN/AP Le président kényan, Uhuru Kenyatta, et son vice-président et premier ministre, William Ruto, sont accusés par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité lors des violences post-électorales de 2007-2008. Forts de leur élection à la tête du pays, le 4 mars 2013, ils ont présenté, avec le soutien de l'Union africaine, de la Russie et de la Chine, un projet de résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour que soient ajournées les procédures engagées à leur encontre. Le 15 novembre, sept des quinze membres du Conseil de sécurité ont rejeté leur demande, mais le bras de fer entre défenseurs et détracteurs de la cause kényane ne fait que commencer. La Chine a d'ailleurs signalé qu'elle continuerait à appuyer la demande de report des procès. Cette fronde contre la Cour pénale internationale se justifierait, selon le président kényan, par le caractère raciste et impérialiste d'une institution occidentale… Quels sont les arguments invoqués pour justifier cette démarche par le Kenya et l'UA ? Il y a trois arguments qui sont mis en avant. Tout d'abord, les procès d'un président et de son vice-président, tous deux élus, fouleraient au pied la souveraineté du Kenya. Ensuite, les conditions actuelles justifieraient un ajournement des procès d'Uhuru Kenyatta et William Ruto par le Conseil de sécurité des Nations unies, car ces procédures constitueraient une menace pour la stabilité politique du pays. Et enfin, compte tenu de l'attentat des Chabab au centre commercial de Westgate de Nairobi à la fin septembre, MM. Kenyatta et Ruto devraient pouvoir se consacrer à leur mission de maintien de la sécurité nationale. Tâche qui serait difficile depuis La Haye. Quelles valeurs attribuez-vous à ces arguments ? Ce sont des arguments de mauvaise foi. Tout d'abord, il faudrait que les menaces à la sécurité nationale ou régionale soient réelles pour que le Conseil de sécurité décide d'arrêter une procédure de la CPI. Ensuite, la Constitution kényane stipule explicitement que l'immunité des élus à la tête du pays ne s'applique pas lorsqu'il s'agit de crimes relevant du droit international. De plus, ces procès ne représentent aucune menace pour la sécurité nationale ou même régionale, car la présence du président ou du vice-président sur le territoire n'est pas une garantie de non-agression, de dissuasion ou d'un meilleur traitement du problème terroriste. Soyons réalistes, la vulnérabilité du Kenya face au terrorisme existe de longue date. Enfin, Uhuru Kenyatta et William Ruto ont été clairs pendant la campagne à l'élection présidentielle de mars dont ils sont sortis vainqueurs. Ils ont insisté sur le fait que les procès étaient des défis personnels et qu'ils assumeraient pleinement, en cas d'élection, leurs responsabilités. Le président, en tant que chef de l'exécutif, représente la souveraineté d'un Etat. Le vice-président et premier ministre, William Ruto, n'a pas cette charge. La CPI pourrait-elle par la suite annuler le procès de M. Kenyatta sans stopper ses démarches contre M. Ruto ? L'opinion kényane – sans oublier les victimes – ne souhaite pas l'arrêt des poursuites entamées par la CPI. Les sondages montrent un fort soutien public pour la poursuite des procès de MM. Kenyatta et Ruto, même si le taux d'opinion favorable diminue. Un rapport publié par le Centre international pour la justice transitionnelle montre que les victimes des violences veulent une justice réparatrice et rétributive. Et les victimes qui participent aux procès ont exprimé leur désir de les continuer. Il n'y a aucun fondement légal pour qu'ils soient ajournés. MM. Kenyatta et Ruto doivent se montrer à la hauteur de leur engagement et respecter notre Constitution. De plus, la CPI a déjà fait de nombreux compromis dans le traitement de ces deux dossiers. Les huit dossiers ouverts à la CPI sont tous africains. Stratégiquement, aurait-il fallu traiter des cas ailleurs dans le monde ? Il y en a d'autres – en dehors de l'Afrique – qui sont actuellement en examen préliminaire auprès de la CPI. Certains n'ont pas avancé car les enquêtes nationales et les procédures pénales viennent de commencer ou sont en cours. D'autres sont au point mort parce qu'ils ne répondaient pas aux critères de recevabilité par la CPI. Mais tous les Africains devraient être reconnaissants que la CPI existe en tant que tribunal de dernier recours. C'est pourquoi je cautionne totalement la démarche de Mgr Desmond Tutu. Il est à l' initiative d'une pétition internationale qui accuse les dirigeants africains voulant ajourner les procès kényans d'essayer de « faire sortir l'Afrique de la CPI pour se permettre d'avoir la liberté de tuer, de violer et d'inspirer la haine en toute impunité ». Pour servir sa cause auprès de l'UA, Uhuru Kenyatta n'a pas hésité à qualifier la CPI d'institution « raciste » et « impérialiste »… Ce sont des accusations ridicules. Il y a d'ailleurs des juges africains et même kényans à la CPI. Plus sérieusement, le procureur général de la Cour peut se saisir de dossiers pour éviter qu'une situation dégénère ou pour entamer une action en adéquation avec une instance nationale. Mais le plus souvent, les procédures sont soumises directement à la demande du Conseil de sécurité de l'ONU ou à la demande des Etats signataires du Statut de Rome. La plupart des dossiers africains ont été présentés devant la CPI par les Etats africains eux-mêmes. La CPI a eu beaucoup d'autres dossiers en examens préliminaires, notamment en Palestine. Il ne faut pas confondre l'incontestable déséquilibre entre les puissances dans le monde – reflété par la composition du Conseil de sécurité et par la possibilité ou non de poursuivre certains Etats – avec un quelconque racisme de la part de la CPI elle-même. L'UA estime que la communauté internationale – à travers la CPI – abuse du principe de compétence universelle d'une justice transnationale. Elle dénonce l'utilisation des actes d'accusation contre les dirigeants africains à des fins politiques… Les inquiétudes de l'UA quant aux possibles instrumentalisation et politisation de la CPI par le Conseil de sécurité sont légitimes. Ces préoccupations concernent notamment les dossiers du Darfour (Soudan) et de la Libye. Bien que les 54 membres du Groupe Afrique des Nations unies n'aient pas tenté de bloquer le dossier soudanais, l'UA s'est finalement inquiétée des effets des actes d'accusation contre le président soudanais Omar Al-Bechir (crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide) sur le référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan. La volatilité de la politique internationale est-elle un frein à la justice internationale ? Bien évidemment. L'UA souhaite avant tout ouvrir une discussion sur le déséquilibre du pouvoir au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et appelle à une approche qui respecte la primauté de l'UA avant toute autre intervention dans les affaires africaines. Cela dit, l'UA n'a ni choisi le bon dossier ni la meilleure façon pour soulever ces préoccupations légitimes. Si les dirigeants kényans sont devant la CPI, ce n'est pas parce qu'elle a été saisie par le Conseil de sécurité, mais bien parce que le Kenya n'a pas donné suite aux enquêtes sur les violences postélectorales de 2007-2008 (plus de 1 000 morts), qui avaient été demandées par le gouvernement et le Parlement kényans. Le président Kenyatta a choisi, comme première tournée officielle, une visite en Russie et en Chine. Deux pays qui ont apporté leur soutien aux revendications africaines contre la CPI. Ne se serviraient-ils pas du mouvement pour faire valoir leurs intérêts en Afrique ? La poursuite d'intérêts est le moteur de la politique étrangère dans une bien plus large mesure que l'éthique. C'est vrai pour l'Occident comme pour la Chine et la Russie. Ces dernières ont toujours promu le respect de la souveraineté dans leurs relations internationales. Au-delà de toute position idéologique, il est clair qu'en se démarquant du moralisme occidental, ces deux nations cherchent à éliminer un facteur de tensions potentielles qui gênerait les bonnes relations commerciales. Les Etats-Unis soutiennent la CPI, mais ne sont pas signataires du statut de Rome de 1998 qui définit son fonctionnement… Ce positionnement hypocrite a nui à la réputation de la CPI en tant que pourvoyeur d'une justice universelle et impartiale. Et c'est aussi contre cette hypocrisie que l'UA réagit. On peut clairement parler d'une justice à deux vitesses entre les puissances occidentales et les autres. Cela dit, personne n'a contraint un quelconque Etat africain à signer le statut de Rome, et les pays qui doutent aujourd'hui de la justice internationale sont libres de quitter la CPI. Est-il encore possible que les Etats-Unis finissent par consentir à ce que les procès de MM. Kenyatta et Ruto soient reportés ? Il semblerait que les Etats-Unis ne soient définitivement pas favorables à un report des procès. Dans un discours prononcé au Cap en juin, M. Obama a déclaré que « la démocratie et la justice transnationale étaient des conditions préalables pour attirer le commerce et l'investissement, le maintien de la paix et une sécurité durable ». Les Kényans, les défenseurs kényans des droits de l'homme et les victimes espèrent que le président américain tiendra cette position. Mais les membres permanents du Conseil de sécurité doivent s'intéresser aux légitimes préoccupations de l'UA, tant au sein du Conseil de sécurité que lors de la prochaine assemblée des Etats membres de la CPI. Cependant, il serait utile de rappeler au Kenya ses propres engagements concernant les immunités présidentielles. La fronde africaine pourrait-elle mettre un terme au principe même de justice internationale ? Non. Le Kenya n'a pas obtenu le soutien massif escompté auprès des pays africains pour qu'ensemble ils quittent la CPI. Chaque Etat est libre de se retirer du statut de Rome – même si c'est un processus long et qui ne remet pas en question les affaires en cours ou en attente devant la CPI. Si les pays africains s'engageaient dans cette voie, cela ne signifierait en aucune façon la mort de la CPI. En ce qui concerne le Kenya, si les dirigeants continuent de ne pas vouloir coopérer avec la CPI, ils exposeraient le pays à des sanctions financières, économiques et diplomatiques. J'espère que nous n'en arriverons pas là. Tristan Coloma
"2013-11-24T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/24/jugeons-les-despotes-africains_3519046_3232.html
Raja Ashraf, proche du président Zardari, investi premier ministre du Pakistan
Il remplace Yousuf Raza Gilani, destitué mardi par la Cour suprême car il avait refusé de rouvrir des poursuites pour corruption contre le président Asif Ali Zardari.
Raja Pervez Ashraf a été investi au poste de premier ministre du Pakistan par l'Assemblée nationale, le 22 juin 2012. AFP/AAMIR QURESHI Le Pakistan s'est doté vendredi 22 juin d'un nouveau premier ministre, Raja Pervez Ashraf, un proche du président Zardari, sans dissiper les soupçons de corruption qui n'en finissent pas de peser sur le régime et avaient provoqué le départ du précédent chef du gouvernement. M. Ashraf, 61 ans, remplace Yousuf Raza Gilani, destitué dans la semaine par la Cour suprême car il avait refusé de demander la réouverture de poursuites judiciaires contre le président Zardari. Candidat du Parti du Peuple pakistanais (PPP) de M. Zardari, qui dirige la coalition gouvernementale, Raja Ashraf a été élu par l'Assemblée nationale avec 211 voix sur 342, a précisé la présidente de l'assemblée, Fehmida Mirza. Sa nomination ne devrait guère bouleverser l'équilibre politique d'un pays fragilisé par une grave crise énergétique, une corruption endémique et de violentes rébellions islamistes. Elle est de plus teintée de controverse, le nouveau premier ministre étant accusé de corruption dans le cadre d'une affaire remontant à l'époque, après 2008, où il était ministre de l'eau et de l'électricité, et d'incompétence pour n'avoir rien fait pour résoudre la grave crise énergétique qui frappe le pays. Le président Zardari, élu en 2008 après la fin du régime militaire, espère que cette nomination permettra à la coalition gouvernementale de tenir jusqu'à la fin de la législature et aux élections législatives prévues en février 2013. UNE SEMAINE À REBONDISSEMENTS M. Ashraf avait été désigné candidat du PPP dans la journée en remplacement de Makhdoom Shahabuddin, mis hors course la veille après qu'un tribunal eut opportunément émis un mandat d'arrêt contre lui dans une affaire de corruption. Une nouvelle péripétie engendrée par les rivalités entre le PPP, plombé par des accusations de corruption visant ses dirigeants, et la justice, soupçonnée d'être proche de l'opposition, voire de la puissante armée. Jeudi, la justice avait émis un mandat d'arrêt contre Makhdoom Shahabuddin, ministre sortant des industries textiles, que le président Zardari venait de désigner candidat du pouvoir au poste de premier ministre, après d'intenses consultations au sein de son parti et de la coalition. M. Shahabuddin est accusé d'être impliqué dans des importations illégales de drogue en 2010, quand il était ministre de la santé. A ses côtés sur le banc des accusés dans cette affaire figure Ali Musa Gilani, fils de l'ancien premier ministre et contre lequel le tribunal a également délivré un mandat d'arrêt.
"2012-06-22T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/06/22/raja-ashraf-proche-du-president-zardari-investi-premier-ministre-du-pakistan_1723433_3216.html
Ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron à Calais
Un an et demi après le démantèlement de la « jungle » et malgré les critiques du projet de loi asile-immigration, le président s’est rendu dans la ville symbole de la crise migratoire.
L’essentiel La France ne laissera pas s’installer une nouvelle « jungle » à Calais « ou une occupation illégale du territoire », a déclaré mardi 16 janvier le président Emmanuel Macron. « Calais n’est pas une porte d’entrée dérobée vers l’Angleterre, cela continuera à être le cas », a-t-il dit. L’Etat va prendre en charge la distribution de nourriture aux migrants présents à Calais, a également annoncé M. Macron. Cette tâche était précédemment assurée par des associations. En déplacement dans le Pas-de-Calais, le chef de l’Etat s’est rendu pour la première fois de son mandat dans cette ville emblématique de la crise migratoire. En octobre 2016, quand la « jungle » a été démantelée, 7 400 migrants y étaient installés, ils seraient aujourd’hui entre 300 et 600. Le contexte Emmanuel Macron s’est rendu à Calais quelques jours après la présentation aux associations concernées du projet de loi asile-immigration, que le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, doit exposer dans le courant de février en conseil des ministres. Les associations, reçues le 11 janvier par le premier ministre Edouard Philippe, ont dénoncé un texte « qui paraît déséquilibré », selon le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Louis Gallois, soulignant « une insistance » sur les mesures visant « à reconduire les migrants en situation irrégulière ». La citation « Le travail de policier est peu reconnu, souvent caricaturé. Les critiques ne visent qu’un but : mettre à mal la politique mise en œuvre par le gouvernement. » S’exprimant devant les forces de l’ordre, Emmanuel Macron leur a renouvelé son soutien, les appelant à être « exemplaires » vis-à-vis des migrants en ne procédant à aucune violence ni confiscation de leurs effets personnels. Le président de la République a également annoncé l’accord d’une prime exceptionnelle « de résultats » aux policiers et aux gendarmes postés à Calais. Dans un rapport publié en octobre, les inspections générales de l’administration (IGA), de la police nationale (IGPN) et de la gendarmerie nationale (IGGN) ont estimé « plausibles », « des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la déontologie policière ». Le chiffre 600 Environ 600 migrants cherchant à rejoindre l’Angleterre vivent encore à Calais, selon le comptage effectué par l’association L’Auberge des migrants le 2 janvier. Ils sont 350, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Tous ne dorment pas dehors, certains sont hébergés par des habitants, et 270 places d’hébergement ont été ouvertes par la préfecture avec le plan « grand froid ». Mardi, Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat « allait prendre en charge » la distribution de repas aux migrants à Calais, « de manière organisée, avec des points mobiles. » Des migrants continuent de mourir en tentant de franchir la frontière. Trois d’entre eux ont perdu la vie sur l’autoroute le 9 janvier et les 22 et 29 décembre 2017. Un délégué interministériel aux réfugiés bientôt nommé Un délégué interministériel aux réfugiés, attendu depuis l’été dernier, sera nommé « la semaine prochaine », a annoncé mardi Emmanuel Macron, en plaidant pour une « impulsion forte » à la politique d’intégration. Le chef du gouvernement avait annoncé en juillet la création de ce poste, placé sous la houlette du ministère de l’intérieur, une tutelle qui avait fait grincer des dents du côté des associations.
"2018-01-16T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/16/ce-qu-il-faut-retenir-de-la-visite-d-emmanuel-macron-a-calais_5242597_3224.html
« Lay Low », de Lou Doillon : de jolis secrets sous la rocaille
Après le succès de « Places » en 2012, la chanteuse livre un deuxième album plus austère, tirant vers le crépusculaire.
Pochette de l’album « Lay Low », de Lou Doillon. BARCLAY/UNIVERSAL MUSIC Elle n’en revenait pas elle-même, Lou Doillon, du succès critique et commercial de son premier album, Places, grosse surprise de 2012, qui la vit même consacrée, quelques mois plus tard, artiste féminine de l’année aux Victoires de la musique. Un choix qui fit grincer quelques dents. Une telle récompense pour un coup d’essai chanté en anglais, pour une « fille de » plus people que populaire ? Ces premières chansons aux teintes folk mélancoliques devaient aussi une part de leur réussite à Etienne Daho, ami de la famille et réalisateur artistique, respectant cette noirceur première tout en y insufflant les touches discrètement soyeuses d’arrangements pop-soul. L’accoucheur de Lay Low, deuxième opus de la dame, s’appelle cette fois Taylor Kirk, pianiste, chanteur et guitariste canadien, membre du duo Timber Timbre, connu pour ses stylisations dénudées – mais quasi gothiques – du blues-rock américain. Un choix de producteur, qui est aussi celui d’une esthétique plus rêche et dépouillée, tirant vers le crépusculaire. Comme si Lou Doillon avait déménagé son spleen de la luminosité de l’école de Laurel Canyon (Joni Mitchell, Crosby, Stills & Nash…) vers l’aridité de celle de Tucson (Calexico, Giant Sand…). Verra-t-on dans ce parti pris le péché d’orgueil d’une chanteuse soucieuse de sa crédibilité naissante, fuyant la joliesse de peur de trop s’approcher de la variété ? Ou, plus profondément, l’écho musical de mois douloureux, marqués par la mort de sa demi-sœur Kate Barry (1967-2013) et les problèmes de santé de sa maman, Jane Birkin ? Rock du désert Toujours est-il que, privé des doux éclats de la production de Daho, Lay Low se révèle d’approche plus difficile que Places. Enregistré en grande partie à l’Hotel2Tango, studio culte de la scène indépendante de Montréal, ce disque d’apparence austère laisse d’abord voir ses défauts. Accentué par l’ascétisme des distorsions, l’anglais éraillé de la sauvageonne parisienne resserre ainsi jusqu’au maniérisme un registre déjà étroit. Comme asséchées par ce rock du désert, les mélodies peinent d’abord à respirer. Plusieurs réécoutes (l’album ne durant que 33 minutes, l’effort n’est pas insurmontable) finissent pourtant par délivrer quantité de jolis secrets, sous la rocaille de cette voix et le rude décor de cette « americana ». Amateur de grands espaces désolés, Taylor Kirk parsème les chansons de gimmicks parcimonieux mais finalement accrocheurs. L’orgue hanté de Nothing Left, l’arpège « fifties » de Let Me Go, le clavier et les chœurs inquiets de Worth Saying, la guitare serpentant autour de la batterie pète-sec de Good Man… Autant de balises au pouvoir évocateur qui permettent aussi de mieux appréhender les variations émotives – de la colère à la tendresse, de l’amertume à la compassion – d’un chant plus attachant que prévu. Lay Low, 1 CD Barclay/Universal Music. www.universalmusic.fr
"2015-08-10T00:00:00"
musiques
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2015/10/08/lay-low-de-lou-doillon-de-jolis-secrets-sous-la-rocaille_4785581_1654986.html
A l’âge de l’indignation identitaire, « ne peut-on vraiment rire de rien ? »
Le rire vecteur de cohésion sociale est remis en question par les réseaux sociaux et l’intolérance qui s’y manifeste, explique Guillaume Sorne, étudiant à l’Essec, dans une tribune au « Monde ».
« Que l’on imagine un monde où le film « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu » remplacerait “Le Père Noël est une ordure” (...). On comprendra alors, pessimistes, que la forme du rire imprime bien la marque du temps » (Julia Piaton, Elodie Fontan, Christian Clavier, Chantal Lauby, Ary Abittan, Frédérique Bel et Medi Sadoun dans « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? ») UGC DISTRIBUTION/A. BORREL Tribune. Il y a, derrière les mots célèbres, quelque chose de l’air du temps qui les a vus naître. Comme l’ambre qui, en se formant, capture un fragment de son époque. Ainsi, la fameuse question de Pierre Desproges « Peut-on rire de tout ? » invoque avec elle l’impertinence joyeuse des années 1980, mais sa candeur paraît aujourd’hui comme anachronique. A l’âge de l’indignation identitaire, on se demanderait plutôt « Ne peut-on vraiment rire de rien ? » Les exemples se suivent et se ressemblent. Aujourd’hui Laurent Baffie et le sexisme, hier Jamel et la « grossophobie », avant-hier Macron et les Comoriens, pour ne citer que les plus récents. A chaque fois, une sortie maladroite provoque l’indignation outrée des réseaux sociaux et l’affaire tourne rapidement au lynchage en règle. Les plaisantins sont avertis, on ne saurait plus tolérer le moindre faux pas. Bien sûr, le phénomène n’est pas nouveau. La vindicte populaire s’est toujours naturellement portée vers la guillotine. Mais aujourd’hui, tous les prétextes semblent bons pour s’indigner sans mesure, à tel point qu’on ne distingue plus entre le trait d’humour anodin et l’agression sommaire. Comment en sommes-nous arrivés là ? Une part de responsabilité incombe à l’outil de ces immolations compulsives. Les réseaux sociaux, Twitter et Facebook en tête, fonctionnent comme des vigies collectives, scrutant sans relâche l’espace médiatique. Le moindre faux pas y est repéré, analysé et jeté en pâture à une foule d’anonymes, dans ce qui n’est qu’une version moderne de la société de surveillance panoptique. Tribunal populaire Mais, tendance plus préoccupante encore, on observe une intransigeance croissante de cette vigie numérique. Où que se porte son regard, elle ne distingue plus que victimes à défendre et bourreaux à condamner. Comme si, dans la démultiplication des identités communautaires (par l’essentialisation du sexe, du genre, de l’origine, des croyances, des caractéristiques physiques, mentales, etc.), la société post-industrielle n’avait réussi qu’à morceler le corps social en une constellation de citadelles rivales, en autant de camps retranchés derrière la discrimination. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le parti d’en rire Dans ces conditions, rire d’une personne, c’est toujours s’acharner contre un groupe persécuté. Jusqu’au détriment du bon sens. Nolwenn peut bien protester qu’elle ne s’est nullement sentie agressée par la blague de Baffie, elle représente (qu’elle le veuille ou non) la cause des femmes, et celle-ci a été bafouée (consciemment ou non). Tel est le verdict impitoyable du tribunal populaire, souvent plus prompt à condamner les pensées que les actes.
"2017-08-10T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/08/a-l-age-de-l-indignation-identitaire-ne-peut-on-vraiment-rire-de-rien_5197934_3232.html
Au PS, un séminaire pour atténuer le mécontentement des troupes
Les députés socialistes se sont réunis, lundi, pour faire le point sur leurs relations, parfois houleuses, avec le gouvernement.
Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, et Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, jeudi 21 juin 2012, à Paris. Jean-Claude Coutausse pour "Le Monde" Près de la moitié des 293 députés du groupe PS, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et "la moitié du gouvernement" ont passé la journée de lundi 22 avril à l'Assemblée nationale pour un "séminaire de réflexion" à huis clos afin de discuter de la manière dont travaillent le parti et l'exécutif. Cette rencontre, la première du type depuis l'élection de François Hollande il y a près d'un an, a lieu alors que les relations entre les parlementaires et l'exécutif sont particulièrement tendues. Evoquant "une séance de management classique", l'un des porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, a jugé, avant le début du séminaire, qu'"au bout d'un an il va y avoir quelques réglages et on va sans doute changer quelques boulons". Après le séminaire, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a confié que "les débats portaient sur notre fonctionnement", et sur la méthode pour mieux travailler avec le gouvernement, et avec le chef de l'Etat. Si la bataille parlementaire sur le mariage homosexuel a plutôt ressoudé les rangs du groupe socialiste, l'opposition de très nombreux parlementaires du PS à la publication du patrimoine des élus, après le traumatisme de l'affaire Cahuzac, perturbe fortement les relations avec le gouvernement. "Ce séminaire prend une dimension nouvelle avec l'affaire Cahuzac. L'objectif est de ressouder un peu les troupes dans un moment difficile", avait jugé Eduardo Rihan Cypel, l'un des porte-parole du PS. "IL Y A UNE VRAIE DEMANDE D'ÉCOUTE RÉCIPROQUE" "Il est dommage que dans ce pays, tout le monde ou presque puisse rencontrer le président de la République, sauf les députés socialistes", a lancé un participant, cité par M. Le Roux, qui a promis de trouver un moyen pour que les parlementaires puissent voir M. Hollande, mais "pas à l'Elysée", qui "est la maison de tous les Français et ne doit pas être utilisé à des fins partisanes". "Il y a une vraie demande d'écoute réciproque. On le dit gentiment, mais tout cela demande un immense effort quand même", a lancé Christian Paul, animateur du collectif parlementaire de la Gauche durable. Un effort qui va se concrétiser par un travail commun députés-gouvernement plus en amont de la production des textes de loi, a promis Bruno Le Roux. En contrepartie, le gouvernement a demandé plus "d'autodiscipline pour ne pas organiser en permanence un débat entre la gauche et la gauche", selon l'expression d'Olivier Faure, un proche de Jean-Marc Ayrault. A cet égard, Harlem Désir et Bruno Le Roux devraient fixer "une règle qui permette l'unité du groupe PS sur tous les votes" dans l'hémicycle, et qui, préalablement "permette à chacun de débattre librement" en interne. Une façon de ne pas revivre le vote sur le projet de loi sur l'emploi, lors duquel trente-cinq députés PS se sont abstenus. La politique économique n'est pas le seul sujet qui divise le parti. Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, s'est en effet illustré ces dernières semaines en menant la fronde contre le projet de publier le patrimoine des parlementaires, qui rebute plusieurs élus. Lire aussi : "Bartolone : 'La transparence absolue risque de nourrir la suspicion'"
"2013-04-22T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/22/au-ps-un-seminaire-pour-attenuer-le-mecontentement-des-troupes_3164212_823448.html
Mort de Liu Shaoyao : l’enquête confiée à un juge d’instruction
La version des faits soutenue par la famille est contestée par les policiers. Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre X.
Des messages appelant à la justice après la mort de Liu Shaoyao, père de famille chinois tué par un tir policier, le 26 mars à Paris. CHARLES PLATIAU / REUTERS Un juge d’instruction va enquêter sur les circonstances de la mort de Liu Shaoyao, père de famille chinois tué par un tir policier, le 26 mars à Paris. Le parquet de Paris a ouvert mercredi 5 avril une information judiciaire contre X pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par une personne dépositaire de l’autorité publique », a appris l’Agence France-Presse mercredi, de source judiciaire. « Le parquet se rend compte qu’il y a des zones d’ombres à éclairer. C’est un bon message envoyé aux victimes quant à la volonté de la justice de lever tous les doutes sur ce qui s’est réellement passé ce soir-là », a réagi l’avocat de la famille, Calvin Job. Plusieurs versions des faits Liu Shaoyao a été mortellement touché par le tir d’un policier, alors que, selon la police, il agressait avec des ciseaux un agent. Cette version des faits est contestée par la famille, qui affirme que cet homme de 56 ans « n’a blessé personne », qu’il était avec ses enfants et que, s’il tenait ces ciseaux, c’est parce qu’il était en train de préparer du poisson. L’enquête D’après les analyses toxicologiques, Liu Shaoyao n’était pas sous l’emprise de stupéfiants ou de médicaments au moment des faits. Il avait un taux d’alcool de 0,71 gramme par litre de sang. Les trois policiers de la BAC qui sont intervenus à son appartement ont été entendus à deux reprises par l’Inspection générale de la police nationale. La famille et ses avocats ont été de leur côté reçus par le parquet de Paris. Les répercussions La mort de Liu Shaoyao a déclenché la colère d’une partie de la communauté chinoise à Paris, dont des centaines de membres ont manifesté à plusieurs reprises. Plusieurs incidents ont eu lieu et des dizaines de manifestants ont été placés en garde à vue après l’un de ces rassemblements. Pékin a publiquement demandé que la lumière soit faite sur les circonstances de l’affaire.
"2017-05-04T00:00:00"
police-justice
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/04/05/chinois-tue-par-un-policier-a-paris-l-enquete-confiee-a-un-juge-d-instruction_5106490_1653578.html
Pourquoi les Français n'aiment plus les Bleus
Divorce ou simple mauvaise passe ? Entre l'équipe de France qui va disputer la Coupe du monde et son public, le courant ne passe plus. Premières explications avec vos témoignages.
L'équipe de France à l'entraînement en Afrique du Sud avant la Coupe du monde. AP/Francois Mori Entre l'équipe de France et son public, le divorce n'est peut-être pas encore prononcé, mais il couve. Et si la déception est immense, les témoignages d'internautes recueillis par Le Monde.fr montrent qu'en filigrane, il n'y a toutefois rien de définitif. S'y mêle une large confusion des sentiments. De la colère à l'ennui. Des regrets aux dénigrements. Et une vague tristesse, de celle des amours perdues comme ce qu'écrit Mélanie : "Ce n'est pas que je n'aime pas les Bleus. Je ne les aime plus. Notre relation s'est peu a peu éteinte, usée par les déceptions et les trahisons. Je suis fatiguée de leur arrogance dans la défaite et de leur promesses non tenues." D'autres regrettent le manque d'envie des Bleus. Les Français réclament du spectacle, peut-être plus que des victoires. Jérôme : "Le football sert avant tout à se divertir. Or le jeu de l'équipe de France m'ennuie au plus haut point. La question n'est pas tant celle des résultats, mais plutôt celle du spectacle proposé. Il est soporifique. Je préférerais de loin quelques défaites supplémentaires en échange d'occasions supplémentaires, de beaux gestes, d'émotion." Plus que l'absence de titres depuis l'Euro 2000, le public se plaint de l'attitude des joueurs français. Les visages fermés, le casques sur les oreilles, l'absence de contact avec les supporters. Les salaires occupent bien sûr une place importante de vos témoignages. Nicolas Anelka est mis à l'index pour ses propos de décembre dernier, où il affirmait que la France était "un pays d'hypocrites" et qu'il ne voulait pas "payer 50 % de [ses] revenus aux impôts". Aurélien est frappé par cette absence de reconnaissance : "Il a malheureusement oublié que c'est grâce à ces mêmes impôts qu'il a pu aller jouer au foot avec ses copains dans le stade de sa ville, qu'il a pu aller à l'école, qu'il a pu aller chez le médecin." "DES MERCENAIRES" Cette désaffection s'incarne aussi dans la personnalité controversée de Raymond Domenech. "Suffisant", "incompétent", "caractériel et lunatique", le sélectionneur suscite de nombreuses réactions. Xavier souligne le manque de dignité de Domenech après la piteuse élimination de l'Euro 2008 : "Il s'accrochait tel un morpion à sa place après avoir affiché une équipe dont les seuls titres de gloire furent d'être la plus mauvaise attaque et la plus mauvaise défense. Ce fut vécu par beaucoup d'amateurs de football comme une gifle cinglante. L'exact contraire du fair-play." Mais tout n'incombe pas au sélectionneur, Christophe est réaliste et sait que l'époque 1998-2000 était exceptionnelle : "La génération Zidane n'a pas été remplacée. A l'exception de Ribéry, les joueurs ne semblent pas concernés par cette Coupe du monde. Ce sont maintenant des mercenaires." Pour Ben, il peut aussi s'agir de mauvaises habitudes prises depuis la victoire de l'équipe d'Aimé Jacquet : "Beaucoup de supporters sont venus au football à l'occasion de la Coupe du monde 1998, c'est-à-dire au moment le plus fantastique du foot français moderne. Ces nouveaux spectateurs ont pour la plupart une culture footballistique assez faible et pensent que leur équipe est et restera championne du monde pendant une centaine d'années. Tout connaisseur de ce sport est parfaitement au courant qu'une sélection nationale évolue de façon cyclique et que les générations dorées ne sont pas légion. Il n'y a qu'à se pencher sur la sélection espagnole qui vient de gagner son premier titre international malgré une qualité de ses joueurs bien au-dessus de la moyenne." Parmi les témoignages, quelques-uns s'articulent autour de la "coloration" de l'équipe de France. Signalant cette Marseillaise que tous les tricolores ne chantent pas, quelques témoignages viennent soutenir la thèse d'une rupture ethnique : "Je ne me sens pas concernée par ces Bleus-là, je suis même gênée par l'idée que cette équipe soit censée représenter la France. Plusieurs d'entre eux n'ont pas un prénom français : ils sont immigrés ou enfants d'immigrés, certes, mais ils affichent par leurs prénoms un refus de s'assimiler à la civilisation française. Enfin, la proportion d'Africains me paraît trop grande : j'attends d'une équipe black-blanc-beur qu'elle respecte davantage les proportions de la variété ethnique de la France." Il sera utile de rappeler que sur les 23 joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde, seulement trois portent un prénom qui ne soit pas d'origine française, tout en admettant qu'il puisse exister une véritable origine française à un prénom. "JE CROIS ENCORE AU RÉVEIL DE CETTE ÉQUIPE"" Mais plus que d'incarnation physique, on reproche aux joueurs de ne plus être l'incarnation sociale de la France actuelle. Bruno : "Autant l'équipe de 1998 était en phase avec la société, autant celle de 2010 s'identifie au monde artificiel des 'people' sans conscience sociale. Les Zidane, Deschamps, et surtout Thuram pouvaient offrir un espoir pour les jeunes, même et surtout pour ceux qui ne seront jamais champions de foot. Mais qui peut admirer des gens comme Anelka ou Ribéry ? Ils n'ont aucune conscience sociale et montrent quotidiennement qu'ils ne croient qu'au pouvoir de l'argent." Mais à la question "Pourquoi les Français n'aiment-il pas les Bleus ?", certains répondent en réaffirmant leur confiance, comme Thibaut : "C'est plus fort que moi, je crois encore au réveil de cette équipe" et Antoine qui réclame l'union sacrée : "Même si pour l'instant ce n'est pas la période la plus facile entre les Bleus et leur supporteurs, c'est maintenant qu'il faut pousser nos joueurs à se surpasser, à montrer ce qu'ils ont vraiment dans le ventre." Et Florian de rappeler que Français et supporter ne vont pas forcément ensemble : "Etre supporter demande de la générosité, il ne faut pas prendre, il faut aussi donner un peu. Donner du soutien, de l'envie de se dépasser, quelque chose. Le Français prend tout et ne donne rien, mais il s'attend quand même à être servi. Il aimera le foot et les Bleus s'ils gagnent. Autrement, ce ne seront que des garçons gâtés plein aux as qui ne servent à rien. Il ne peut pas y avoir d'amour parce qu'il n'y a pas de supporter français." Le débat est loin d'être achevé. Le premier match des Bleus vendredi face à l'Uruguay permettra peut-être de voir un peu plus clair sur les possibilités de l'équipe de France. Mais au jeu du " je t'aime moi non plus ", joueurs et spectateurs semblent avoir encore une longue partie à disputer. Tour d'horizon de quelques témoignages : Jean-François Casazza Ce n'est pas tant la main de Henry ou l'affaire Zahia qui me gênent, c'est l'impression que ces joueurs qui touchent tant d'argent et qui sont logés dans le plus luxueux hôtel d'Afrique du Sud ne se donnent pas à fond et ne défendent pas les couleurs de la France comme ils le devraient. On a du mal à croire qu'ils jouent pour gagner mais plus parce que c'est dans le contrat. Leur jeu est monotone, sans inspiration et téléphoné. Ce comportement est méprisant pour les millions de spectateurs qui rêvent d'exploits et ne sont témoins que d'une pitoyable prestation. De plus, on a un sélectionneur qui teste plein de joueurs pendant deux ans avec un système en 4-4-2, pour finalement changer au tout dernier moment en 4-3-3. Est-ce comme cela qu'on forge une équipe ? La fédération française a une grosse responsabilité dans cette affaire et elle devra assumer. Philippe Simar Il est très difficile de supporter avec enthousiasme cette équipe de France car au-delà des résultats médiocres c'est leur attitude générale qui est à fustiger. Ce n'est pas leur manque d'entrain à chanter la Marseillaise mais ce manque de "niaque", de fierté, ils n'ont pas l'air concernés. Où est la révolte ? On a envie de leur dire : battez-vous que diable !!! Perdez ou gagnez (c'est la loi du sport) mais les armes à la main !!! Tout plutôt que la mélasse sans goût proposée aux spectateurs... Voilà, l'équipe de France manque de souffle... Inspirez-vous du rugby ou du hand et faites-nous rêver !!!!! Marie-Christine Je suis gênée par l'idée que cette équipe soit censée représenter la France devant les autres nations. D'abord, en majorité, ils ne sont pas issus de clubs français. Ensuite, plusieurs d'entre eux n'ont pas un prénom français : ils sont immigrés ou enfants d'immigrés, certes (ça ne me choque pas), mais ils affichent par leurs prénoms un refus de s'assimiler à la civilisation française. Enfin, la proportion d'Africains me paraît trop grande : j'attends d'une équipe black-blanc-beur qu'elle respecte davantage les proportions de la variété ethnique de la France. J'attends aussi que des représentants de la France respectent un certain bon goût ordinaire dans notre civilisation : voir un Bleu mâcher du chewing-gum pendant la Marseillaise, en voir un ou deux aux cheveux noirs mêchés en blond, en voir un exhiber des tatouages ridicules, ça m'exaspère. Sans doute sont-ce de bons sportifs, mais j'ai pour eux le mépris que j'aurais pour une équipe de gladiateurs romains : des anatomies à vendre, des professionnels épris d'argent, ne représentant rien ni personne. Albert Céache Les Bleus représentent l'indécence et la vulgarité, ils sont le reflet de notre société. Florian G. Ce ne sont pas les Bleus que les Français n'aiment pas, mais le foot. Ils n'ont pas l'âme de supporter, le seul club qui pourrait s'en revendiquer parmi tous les clubs français, c'est Marseille. Ils n'ont rien du soutien aveugle des Anglais, de l'amour irraisonné des Italiens, de la passion brésilienne... Ils suivent, voilà tout. Mollement. Ils embrayent ainsi le pas aux manœuvres démagogiques qui visent à stigmatiser l'argent gagné par ces footballeurs, un argent qu'ils estiment mériter tout autant mais que leur vie ne leur fournira jamais. Et quand il faut aimer le foot, eh bien, ils aiment le foot. Samuel Rodri Et pendant que les médias nous bassineront avec la Coupe du monde, des sujets bien plus importants seront occultés. Je déteste les glandeurs bedonnants devant leur télé, admiratifs de joueurs qu'ils ne seront jamais, fiers de victoires dans lesquelles ils n'ont aucun rôle. Par contre, ils goberont la publicité et le sponsoring à 200 % de ce sport business... Une victoire des Bleus ne change rien dans nos vies. Romain Les Français... euh je veux dire les métropolitains (voyez le magnifique accueil résevervé aux Bleus en Réunion, en Martinique)... euh je veux dire les Parisiens (voyez le superbe accueil réservé à Lens, à Guingamp) n'aiment pas le sport en général. Certes, ils parlent de foot pendant la Coupe du monde, de tennis pendant Roland-Garros, de vélo pendant le Tour de France (comme les politiques d'ailleurs)... Mais après ça, circulez, y a rien à voir. Rolandl Je n'ai aucun souci avec la composition métissée de cette équipe, et il me semble que c'est le cas de la majorité des Français. Ce que plus personne ne supporte, c'est de voir des joueurs millionnaires, jeunes, performants dans leur clubs, se présenter en équipe de France et faire une tête de trois mètres, ne pas donner l'impression de mouiller le maillot, bref de ne pas jouer le match de leur vie pour leur pays. Quant au fait de ne pas chanter la Marseillaise, je m'en fiche royalement, pas plus Gourcuff que Gallas ne la chantent et c'est leur droit. Mélanie Carron Ce n'est pas que je n'aime pas les Bleus. Je ne les aime plus. Notre relation s'est peu à peu éteinte, usée par les déceptions et les trahisons. Et pourtant, quelle passion lors de nos débuts ! Mais douze ans plus tard, il faut que je leur dise, je les quitte. Je suis fatiguée de leur arrogance dans la défaite et de leurs promesses non tenues. Et Raymond Domenech, en père de famille caractériel et lunatique, a achevé de me convaincre que cette famille n'était pas la mienne. Saez Franchement, le but après la main d'Henry, les "mignonnes" qui se payent des jeunes joueurs milliardaires, ce n'est pas bien joli ni glorieux, mais ce n'est pas suffisant pour couper une sélection nationale de son public. En revanche, l'inexistence d'un style de jeu depuis que les "vieux" Zidane, Thuram et Makélélé sont partis, pire, l'inexistence d'une âme, d'un groupe un minimum soudé, ne sont pas de nature à faire rêver personne, à "adhérer". Malgré des brillantes individualités, il n'y a tout simplement pas d'équipe. Or, pas d'équipe, pas de fans… Nathalie Choux Ou comment aimer une équipe, souhaiter qu'elle fasse un parcours digne de 98 et souhaiter en même temps qu'elle soit éliminée au plus vite !! Le mérite en revient à son sélectionneur actuel. Personnage ambigu qui, s'il avait été génial dans sa communication, dans sa façon de diriger ses hommes, de les protéger des attaques en les focalisant sur lui, à l'image d'un Mourinho en club, serait adulé par les supporters (ceux de son équipe tout au moins). Au contraire, il réussit à susciter une telle antipathie, un tel rejet, et cela depuis si longtemps, que cela éclabousse tout autour de lui. Les Français ne veulent pas l'échec de l'équipe de France mais celui de Domenech. Olivier Six Bonjour, le désamour des supporters vient pour ma part de l'attitude des joueurs francais à l'égard du public. Je suis allé, accompagné de mes deux enfants, les voir à Lens. Nous les avons encouragés durant toute la rencontre, et à la fin du match petit signe de la main et tout le monde rentre au vestiaire... Je pense que les joueurs sont déconnectés de la réalité, pour venir les voir j'ai dépensé 1/12 de mon salaire, ils sont dans un autre monde hyper-médiatisé hyper-friqué hyper-starisé et sont donc devenus des tsars et nous de simples sujets... Dommage car les passionnés de foot dont je suis inculquent aux enfants le mercredi sur les terrains d'autres valeurs qu'ils connaissent de moins en moins.... Antoine Breton L'équipe de France actuelle est loin d'être ridicule, même si la réussite lui échappe ces derniers temps. Le sélectionneur n'est pas aussi incompétent que ce que l'on peut entendre dire par beaucoup de gens qui n'ont jamais touché un ballon... Il est juste dans une période délicate, entre deux générations de joueurs. Même si pour l'instant ce n'est pas la période la plus facile entre les Bleus et leur supporteurs, c'est maintenant qu'il faut pousser nos joueurs à se surpasser, à montrer ce qu'il ont vraiment dans le ventre. Allez les Bleus ! Benjamin Baudin La grande distribution nous assomme depuis plusieurs semaines avec les Bleus, allant jusqu'à nous rembourser un téléviseur à 100 % en cas de victoire en finale. Cela résume tout : le foot, ce n'est plus un sport, c'est un business. Il suffit de voir à quel prix se chiffrent les transferts inter-clubs, le salaire indécent que touchent les joueurs, les sommes pharaoniques dépensées par les publicitaires ou, effectivement, les conditions d'hébergement des Bleus en Afrique du Sud. Fabien Dall'ara La France est un pays où les gens ont perdu leur identité et la fierté des valeurs communes qui contribuent à l'unité. Une grande majorité a des problèmes de voisinage, envie ceux qui ont plus et pratique la critique sans jamais vraiment proposer de solutions. Voyons les choses telles quelles le sont, les Francais sont malheureux ! Même si je vis a quelques milliers de kilomètres de Paris, je dis allez les Bleus ! Philippe Kern Parce que les Français sont en désamour avec tout. Tout les fait râler, même une équipe de football. Pauo de Carvalho Peu importent les résultats, bons ou mauvais, c'est dans l'ordre des choses du sport. En revanche, lorsqu'à la télé je vois ces jeunes gens surpayés, avec leurs mines dégoûtées, refusant ostensiblement, pour la plupart, de chanter notre hymne national (lorsqu'il ne mâchouillent pas quelque chose, comme Gallas, avant le match contre la Tunisie) – moi, Français d'adoption, qui ne me sens pas particulièrement "patriote", qui ne vote pas FN, je me sens néanmoins insulté. Non, ces gens-là ne me représentent pas, ni ne représentent la France. Quel contraste avec les Italiens, que j'ai vus l'autre jour (contre le Mexique) chanter, à tue-tête, fièrement, tous, leur hymne national. Ils ont été battus, mais aucune importance, et je suis sûr que le peuple italien les reconnaît, et se reconnaît en eux. Guillaume On regarde les Pays-Bas jouer, on est sûr de voir au moins trois buts. On regarde l'équipe de France, on s'embête à mourir... L'Allemagne joue contre San Marin, et leur colle 10 buts, un régal (même quand on n'est pas allemand). La France joue contre Andorre et gagne sur un penalty à la 83e minute (je schématise, mais l'idée est là)... Je me fiche que la France soit en 4-2-3-1 ou en 4-3-3, mais au moins il faut marquer des buts et faire plaisir à regarder (s'ils veulent qu'on les regarde). Quand un film ne m'intéresse pas ou plus, je zappe. L'équipe de France, en ce moment, je zappe. Alain Bernard Le coach de l'équipe de France est arrogant, c'est pas nouveau. Quand les résultats suivent, on peut se dire que cela porte ses fruits, mais quand on va de déconfiture en déconfiture et que ce même coach refuse de parler de la santé des joueurs, des schémas tactiques, des projets à court et long terme, on finit par se fatiguer. Il a été reconduit après l'échec de mise en place d'une nouvelle génération (2006) et l'échec cuisant du dernier Euro. A la fatigue s'ajoute donc l'incompréhension. C'en est assez, à mon niveau, pour me désintéresser d'eux, puisqu'ils se désintéressent de nous supporters.
"2010-10-06T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/06/10/pourquoi-les-francais-n-aiment-plus-les-bleus_1369632_3242.html
Apple, Samsung et Microsoft, champions de l’obsolescence programmée
Greenpeace publie mardi son premier classement des smartphones, tablettes et ordinateurs portables les moins réparables. « Le Monde » en dévoile le contenu.
Dans un centre de traitement des déchets électroniques, au Havre. CHARLY TRIBALLEAU / AFP C’est un palmarès qui ne met pas à l’honneur les géants des high-tech. Greenpeace publie, mardi 27 juin, son premier classement des appareils électroniques de grande consommation (smartphones, tablettes et ordinateurs portables) en fonction de leur capacité à pouvoir être réparés, donc de leur obsolescence. Selon cette étude inédite, que Le Monde dévoile en exclusivité, Samsung, Microsoft et Apple ressortent avec un bonnet d’âne. Avec l’expertise technique de iFixit (comprendre « je le répare »), le site collaboratif de référence consacré aux tutoriels de réparation, l’ONG a passé au crible 44 produits parmi les plus vendus entre 2015 et 2017. Elle leur a attribué des notes de 1 à 10 selon plusieurs critères : facilité de remplacer leur batterie ou leur écran, disponibilité des pièces de rechange et des manuels de réparation, absence de nécessité d’outils spécifiques pour les remettre en état de marche. Dans la catégorie des smartphones, c’est Samsung qui obtient les plus mauvaises notes : 3 pour ses Galaxy S7 et S7 Edge, 4 pour son dernier-né, le S8, qui ne remplit aucun des critères retenus dans l’étude. Dans les autres catégories, Microsoft n’obtient que 1 point pour sa tablette Surface Pro 5 et son ordinateur portable Surface Book. Mais la palme du cancre revient à Apple. Dans la gamme des ordinateurs portables, ses deux modèles mis sur le marché cette année, le Retina MacBook et le MacBook Pro 13” Touch, obtiennent l’un et l’autre 1/10. Ses tablettes iPad 5 et iPad Pro 9,7” ne font guère mieux avec un score de 2/10. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Inde, les vieux ordinateurs polluent massivement l’air et les sols Avalanche de déchets « Les appareils de la gamme Surface sont conçus par des professionnels et pour être manipulés par ceux-ci. Ils comportent des composants de haute qualité sur lesquels nous comptons, associés à la garantie Microsoft, pour assurer à nos utilisateurs une expérience optimale et durable », indique un porte-parole de Microsoft. « Une conception hautement intégrée nous permet de fabriquer des produits qui sont non seulement beaux, fins et puissants, mais aussi durables, de sorte qu’ils peuvent servir de longues années, fait-on savoir chez Apple. Lorsqu’une réparation est nécessaire, les partenaires autorisés garantissent aux clients la qualité, la sécurité et la fiabilité des réparations. Et lorsque les produits arrivent en fin de vie, Apple prend la responsabilité de les recycler de manière sécurisée et responsable. » La marque américaine s’enorgueillit par ailleurs d’être « les pionniers dans la création d’une chaîne d’approvisionnement en boucle fermée où les produits sont fabriqués en utilisant uniquement des ressources renouvelables ou des matériaux recyclés pour réduire la nécessité d’avoir recours à des ressources minières. »
"2017-06-27T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/27/apple-samsung-et-microsoft-bonnets-d-ane-de-la-durabilite_5151511_3244.html
Chez Lenôtre, les « extras » en procès
Jusqu'à la fin 2009, Bachir a été enrôlé par le traiteur sans contrat de travail écrit, comme d'autres collègues. Ce qui a valu à Lenôtre d'être condamné plusieurs fois aux prud'hommes.
Magasin du traiteur Lenôtre, à Paris, en novembre 2009. Jean-Louis Zimmermann/CC BY 2.0 Il fait partie de ces petites mains qui servent les convives dans de luxueux salons d'apparat. Durant dix ans, il a veillé à ce que rien ne manque dans les verres et dans les assiettes, à l'occasion de réceptions où l'intendance était assurée par Lenôtre, l'un des traiteurs français les plus raffinés. Bachir, dont l'histoire est relatée sous un prénom d'emprunt, a travaillé dans cette prestigieuse maison comme maître d'hôtel. On recourait à ses services pour des "extras" – de très courtes périodes d'activités, parfois quelques heures sur une journée. Fin 2011, Lenôtre a cessé de faire appel à lui. Sans un mot d'explication, à l'en croire. Bachir pense que d'autres personnes l'ont remplacé car elles étaient dans les "petits papiers" du chef. Il se dit aussi que son âge – la soixantaine – a peut-être joué contre lui. S'estimant abusivement congédié, il a décidé de saisir le conseil des prud'hommes de Paris. L'affaire a été examinée, le 15 novembre. GRANDS NOMS DE L'HÔTELLERIE DE LUXE Le cas de Bachir est loin d'être isolé, d'après son défenseur, Claude Lévy, un militant de la CGT qui représente des salariés lors d'audiences prud'homales. M. Lévy affirme que Lenôtre, tout comme plusieurs grands noms de l'hôtellerie de luxe, "usent et abusent des 'extras'". Le phénomène, ajoute-t-il, touche aussi les entreprises de service, et en particulier les instituts de sondages. Lire aussi : Explosion du nombre de CDD de moins d'un mois Chez Lenôtre, "plusieurs centaines de personnes" sont ainsi employées, parfois depuis plusieurs années, ce qui les plonge dans la "précarité", dénonce M. Lévy. Jusqu'à la fin 2009, Bachir a été enrôlé par le traiteur sans contrat de travail écrit, comme d'autres collègues. Ceci a d'ailleurs valu à Lenôtre d'être condamné plusieurs fois aux prud'hommes. Le sort de Bachir est d'autant plus inacceptable qu'il a longtemps été sollicité sur une base régulière avant d'être évincé du jour au lendemain, souligne M.Lévy. "Il a effectué des journées de six à quatorze heures, parfois au-delà. Certaines semaines, il faisait beaucoup plus que trente-cinq heures", rapporte le défenseur syndical.
"2013-11-21T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2013/11/21/chez-lenotre-les-extras-en-proces_3518084_823448.html
En Ile-de-France, une pollution inquiétante mais pas exceptionnelle
La concentration en particules fines s'établit à des niveaux élevés ces derniers jours, et a déjà dépassé quatre fois le seuil d'alerte en 2015, ce qui rejoint la tendance de 2014.
Paris, en mars 2014. AFP/PATRICK KOVARIK Les Franciliens respirent mal depuis quelques jours : la concentration en particules fines atteint des niveaux élevés, qui entraînent des restrictions de circulations et alimente le débat sur l'instauration de la circulation alternée. La mesure avait finalement été mise en place en mars, après de nombreuses tergiversations politiques, lors du précédent épisode de pollution. Cette dégradation de la qualité de l'air, qui a des conséquences sur la santé, préoccupe les citoyens et les hommes politiques. Les organismes de surveillance ont donc mis en place des seuils d'information, au-delà desquels les personnes les plus fragiles (enfants, personnes âgées, asthmatiques...) sont invitées à limiter leurs activités à l'extérieur, et des seuils d'alerte, qui concernent l'ensemble de la population et peuvent déclencher des mesures spécifiques (industrie, circulation). Le seuil d'information est dépassé au-delà de 50 microgrammes par mètre cube d'air, contre 80 μg/m3 précédemment, et le seuil d'alerte est désormais déclenché à 80 μg/m3 contre 125 μg/m3. Sur l'année 2015, le seuil d'alerte a déjà été dépassé quatre fois. C'est-à-dire autant en quatre mois que durant la totalité de l'année 2012 ou 2014. L'année 2013 avait, elle, totalisé six jours de dépassement. Il est cependant difficile de comparer ces taux avec les années précédentes, puisque les niveaux de référence ont été abaissés en 2011. Pollution aux particules fines en Ile-de-France : déjà quatre jours d'alerte en 2015 Nombre de jours où la concentration en PM10 a dépassé le seuil d'information (50 µg/m3) ou d'alerte (80 µg/m3) Toutefois, le taux de particules PM10 (d'un diamètre inférieur à 10 microns, donc susceptibles d'entrer profondément dans les poumons) atteint fréquemment de hauts niveaux au printemps, lorsque plusieurs facteurs se conjuguent : absence de vent, ensoleillement, pollution agricole et trafic routier. Si l'on compare les niveaux de pollution seulement entre le 1er janvier et le 10 avril de chaque année, on observe que l'année 2015 commence de la même façon que 2014. Sur les années précédentes, le nombre de jours d'alerte était plus faible, mais le seuil d'information a été dépassé bien plus souvent. Pollution aux particules fines : un printemps 2015 pas si exceptionnel Nombre de jours où la concentration en PM10 a dépassé le seuil d'alerte chaque année sur la période du 1er janvier au 10 avril. Au-delà des seules particules fines, l'atmosphère est également polluée par un cocktail de substances : ozone, dioxide d'azote, dioxide de souffre... Un indice ATMO, de 1 à 10, est attribué à la qualité de l'air chaque jour par les organismes de surveillance comme Airparif. En comparant les dernières années, on peut noter que le nombre de jours où celui-ci est très mauvais (supérieur à 8 sur 10) a tendance à augmenter depuis 2012, même si les variations sont très importantes d'une année sur l'autre. Le niveau de pollution atmosphérique en Ile-de-France Indice Atmo de la qualité de l'air de 1 (très bonne) à 10 (très mauvaise). Chaque barre correspond au nombre de jours où l'indice a été mesuré dans une année (jusqu'au 10 avril 2015). Lire aussi : Pourquoi la pollution à Paris est loin d'atteindre les niveaux chinois
"2015-10-04T00:00:00"
les-decodeurs
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/10/en-ile-de-france-une-pollution-inquietante-mais-pas-exceptionnelle_4613248_4355770.html
Une fantaisie néo-gothique chantée tout en finesse
Il y a du Tim Burton ("Beetlejuice") et du romantisme à la Mankiewicz ("L'Aventure de Mme Muir") dans cet "Hôtel des Roches noires".
Le son de gouttelettes envahit la salle du Vingtième Théâtre, à Paris. Quelques notes de piano s'y mêlent. Le vent fait bouger lentement de grands voilages derrière lesquels se déplacent des formes. On est à l'Hôtel des Roches noires, un 3 juillet, aujourd'hui. L'hôtel, face à la mer, est abandonné. Pas tout à fait : Caroline (Gaëlle Pinheiro), Willy (Arnaud Denissel) et Lord Hopking (Christian Erickson) y résident, arrêtés dans le temps, dans une sorte d'ennui éternel. Fantômes, ils vont fêter un anniversaire, celui de leurs morts respectives, un 3 juillet. Willy, ancien directeur du lieu, s'est suicidé en 1959, Lord Hopking, qui se définit comme "écrivain raté", en 1930, et Caroline, elle, ne sait plus vraiment : "Je ne suis personne, je n'ai pas d'histoire." Ses amis lui rappellent qu'en 1870, elle a été trouvée morte sur la plage. Lorsqu'un promeneur s'aventure, ils font bouger les lustres, claquer les portes, grincer les parquets. Pour se distraire autant que pour faire revivre l'endroit. Et Alfred (Stefan Corbin), qui ne parle pas, joue du piano. Voilà, en quelques minutes et deux chansons, comment débute le spectacle musical L'Hôtel des Roches noires de Françoise Cadol et Stefan Corbin. Obsession Arrive Jules (Olivier Breitman), promoteur immobilier. Il peut voir les fantômes, parce qu'il est dans un entre-deux, pas vraiment mort, pas vraiment vif. Et Louise (Françoise Cadol), reliée à l'esprit de Jules depuis cinq ans, "enfermée dans sa tête" et qui voudrait tant se reposer de cette obsession. C'est l'une des nombreuses belles idées de cette comédie musicale un rien tragique, très bien chantée, dont les textes ont de belles finesses, avec danses et métamorphoses. Peu à peu, les vies des un(e)s et des autres sont révélées. Gloria (Ariane Pirie), chanteuse qui a eu son heure de gloire, a été électrocutée sur scène lors d'un gala et vient de débarquer à l'hôtel. Willy y voit une femme qu'il a aimée. Jules et Louise étaient trapézistes ; elle est tombée ("puis nos mains, puis le vide..." chante le duo). A des dizaines d'années d'écart, ils se sont croisés. Et pour tous il y a une quête, comme dans toute comédie musicale, celle de l'amour. L'Hôtel des Roches noires pourra rappeler l'univers de Beetlejuice, film de Tim Burton, autant que les grandes romances hantées que sont Peter Ibbetson, d'Henry Hathaway, ou L'Aventure de Mme Muir, de Joseph L. Mankiewicz. Il a la fantaisie du premier et la poésie des deux autres. La spatialisation du son, le travail des lumières, la mise en scène de Christophe Luthringer ajoutent au charme de cette histoire d'ombres attachantes. L'Hôtel des Roches noires au Vingtième Théâtre, 7, rue des Platrières, Paris 20e. Tél. : 01-43-66-01-13. Du mercredi au samedi, à 19 h 30 ; dimanche à 15 heures. Jusqu'au 4 mars. De 12 € à 24 €. Sur le Web : Vingtiemetheatre.com. Sylvain Siclier
"2012-02-17T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/17/une-fantaisie-neo-gothique-chantee-tout-en-finesse_1644919_3246.html
Islande : les centristes chargés de former le gouvernement
Le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson, au leader du Parti du progrès de former un gouvernement de coalition, après la forte progression de cette formation aux élections législatives de samedi.
Sigmundur David Gunnlaugsson, le premier ministre islandais, le 29 avril 2013. REUTERS/SIGTRYGGUR JOHANNSSON Le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson, a demandé mardi 30 avril au leader du Parti du progrès (centriste et agrarien) de former un gouvernement de coalition, après la forte progression de cette formation aux élections législatives de samedi. "J'ai décidé de demander au président du Parti du progrès, Sigmundur David Gunnlaugsson, de former un nouveau gouvernement", a déclaré le président Grimsson à la presse. Cette décision constitue une surprise, car c'est traditionnellement le chef du parti arrivé en tête des législatives qui est désigné pour former le nouveau gouvernement. Or le Parti de l'indépendance (droite), avec 26,7 % des voix, a devancé le Parti du progrès, qui a remporté 24,4 % des suffrages, les deux partis obtenant chacun le même nombre de sièges, 19. Le poste de premier ministre a en conséquence été revendiqué dans la nuit de samedi à dimanche par le leader du Parti de l'indépendance, Bjarni Benediktsson. Mais le président Grimsson a expliqué qu'il avait fait appel au chef du Parti du progrès parce que cette formation était celle qui avait réalisé la plus forte progression électorale, passant de neuf à 19 sièges. "Le soutien accru au Parti du progrès exprimé au cours des élections est significatif et en quelque sorte historique", a estimé le président Grimsson. Les deux partis, qui ont déjà gouverné ensemble, devraient de nouveau former une coalition de gouvernement. La politique de libéralisation du secteur financier menée par les deux partis à l'époque où ils étaient ensemble au pouvoir, de 1995 à 2007, a été jugée responsable de la faillite du système bancaire de l'Islande en 2008. Le président n'a pas fixé de date limite pour la formation du nouveau gouvernement, mais il a indiqué que M. Gunnlaugsson et lui-même auraient une nouvelle rencontre la semaine prochaine.
"2013-01-05T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/05/01/islande-les-centristes-charges-de-former-le-gouvernement_3169095_3214.html
Antonio Damasio dans l’inconnu de la vie
Le chercheur américain en neurosciences et philosophie ouvre de livre en livre des perspectives novatrices sur les origines organiques de la conscience. « L’Ordre étrange des choses » en témoigne. Entrées dans une pensée en mouvement.
Le professeur Antonio Damasio, en 2012. BASSO CANNARSA/OPALE/LEEMAGE Plus les sciences accumulent de connaissances, plus l’esprit humain est tenté de tout expliquer à leur lumière ; et plus c’est impossible. Quand le savoir devient infini, rien ne peut le clore. D’où, en regard de tentatives d’autant plus démesurées et absurdes d’explication intégrale du monde, le plaisir que donne chacun des livres d’Antonio Damasio depuis le premier, L’Erreur de Descartes (Odile Jacob, 1995), merveilles d’effervescence scientifique, d’inventivité conceptuelle et, à la fois, de modestie, de ce sens des limites du savoir que seul le savoir procure. C’est d’ailleurs par cela que débute le professeur en neurosciences et philosophie de l’université de Californie du Sud lorsqu’on le rencontre pour discuter de son nouvel essai, L’Ordre étrange des choses, consacré aux origines biologiques des cultures humaines : « J’ai toujours peur, avec ce livre, d’être regardé comme quelqu’un qui veut réduire la culture à la biologie. La biologie est un instrument d’exploration, pas de réduction. » Sans doute certains s’y tromperont-ils face à l’ampleur des données réunies dans ce travail, à la fois synthèse des recherches qu’Antonio Damasio, né en 1944 au Portugal, mène depuis plus de trois décennies aux Etats-Unis, notamment sur les liens entre émotions et conscience, et des dernières avancées de l’ensemble des sciences du vivant. Mais, précisément, cela va trop loin, cela recouvre un champ trop vaste – trop de formes de vie, trop de milliards d’années –, aucune démesure même ne serait assez grande pour s’y exercer. Il n’y a, dans l’ouverture radicale que les sciences opèrent, de pensée que de l’inconnu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand la médecine occidentale se penche enfin sur les liens entre le corps et l’esprit Bactéries Les bactéries, premières formes de vie apparues il y a 3,5 milliards d’années ou un peu plus, ont quelques points communs avec nous. Ne serait-ce que d’être, en effet, des formes de vie, évidence que n’entend pas dépasser Damasio, dont la méthode est plus retorse : pas de révélations sur d’autres points communs ; mais ce qu’on croyait connaître s’élargit soudain. Qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce que cette qualité que nous partageons non seulement avec nos plantes et nos chats, mais avec la moindre cellule présente dans le moindre recoin de la planète ? Pour le comprendre, il faut commencer par observer – les bactéries, donc. « Ça a été une révélation pour moi, raconte Antonio Damasio, de constater qu’il y a chez elles une complexité des comportements, une émotivité, des stratégies. Certaines travaillent très dur, mais il y a des bactéries traîtresses, il y en a qui rusent pour ne rien faire et profiter de ce que font les autres… C’est très beau, très étrange, parce qu’il n’y a aucune possibilité qu’il y ait une pensée chez elles. » Le livre est né de ce constat, que son auteur résume en une phrase : « Il y a chez les bactéries des comportements qui s’apparentent à nos comportements culturels. »
"2017-02-12T00:00:00"
livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2017/12/02/antonio-damasio-dans-l-inconnu-de-la-vie_5223572_3260.html
La Malaisie noyée sous une mousson diluvienne
Des centaines de milliers de personnes ont été évacuées et des pillages ont eu lieu dans les zones inondées.
A Kota Bharu, capitale de l’Etat du Kelantan, dimanche 28 décembre. MOHD RASFAN / AFP La Malaisie est une habituée des inondations, mais ses habitants n’avaient jamais connu une telle situation depuis une trentaine d’années : six Etats de la péninsule – Kelantan, Pahang, Terengganu, Johor et Selangor – sont noyés depuis plus d’une semaine sous les pluies d’une mousson particulièrement abondante. Plus de 225 000 personnes ont été évacuées, selon les derniers chiffres publiés lundi 29 décembre ; des milliers d’autres sont coupées du reste du pays. C’est le Nord qui a été le plus touché, et c’est là où le bilan des victimes risque d’être le plus lourd : rien que dans l’Etat du Kelantan, huit personnes sont mortes et quatre autres sont portées disparues, a indiqué le chef de la police de l’Etat. Surtout, on est sans nouvelles de 8 000 autres, qui vivent dans des villages restant inaccessibles. En tout, 160 000 personnes ont dû se réfugier hors des régions inondées de cet Etat. « Le pays a crucialement besoin de plus d’hélicoptères », a reconnu, dimanche 28 décembre, le secrétaire d’Etat aux transports, Aziz Kaprawi, alors que les responsables des secours ont prévenu les autorités que le manque d’essence et d’approvisionnement ralentissait les moyens mis en œuvre pour venir en aide aux populations sinistrées. Grand lac boueux Vue aérienne de Pengkalan Chepa, près de la ville de Kota Bharu, le 29 décembre. MOHD RASFAN / AFP Une vidéo tournée depuis un hélicoptère montre que Kota Bharu, capitale du Kelantan, ressemble désormais à un grand lac boueux. Plusieurs médias malaisiens ont raconté que des pillages ont eu lieu dans cette ville sans électricité et sans vivres. Selon le site Internet Malay Mail Online, la situation était tendue dimanche, « quand des gens ont commencé à se battre pour la nourriture et ont pillé des maisons vides ». Ironiquement, remarque le journal en ligne, « ce dont les sinistrés manquent le plus, c’est d’eau ». Même les personnes qui ont réussi à s’abriter en hauteur dans des immeubles restent coupées du reste du pays et n’ont pas encore été secourues. La situation devrait évoluer dans les prochains jours, les pluies ayant diminué d’intensité et le niveau des eaux commençant à baisser. Mais le bilan reste pour l’instant difficile à évaluer. Le sud de la Thaïlande, pays frontalier de la Malaisie, a aussi été sévèrement touché par la violente mousson d’hiver qui se déverse chaque année sur l’ensemble des zones méridionales de l’Asie du Sud-Est. En fin de semaine, selon le quotidien anglophone Bangkok Post, les autorités de la province thaïlandaise de Yala ont commencé à ouvrir les vannes du barrage de Bang Lang, qui menaçait de déborder en raison de la montée des eaux. Après avoir visité en fin de semaine les régions nord de son pays, le premier ministre malaisien, Najib Razak, a annoncé le déblocage d’une allocation d’urgence de 500 millions de ringgits (118 millions d’euros). Une annonce clairement destinée à répondre aux critiques accusant son gouvernement d’avoir réagi trop lentement à la catastrophe. « Diplomatie » Le chef du gouvernement avait été critiqué sur les réseaux sociaux après la publication de photos le montrant, la veille de Noël, en train de jouer au golf avec Barack Obama, à Hawaï, alors que les orages se déchaînaient sur la Malaisie. Après son retour au pays, le premier ministre s’est défendu de ces attaques, disant qu’il s’agissait de « diplomatie » et qu’il était difficile de refuser une invitation du président des Etats-Unis. « Je n’ai jamais oublié ce qui se passait [en Malaisie], a-t-il assuré. Je recevais constamment les derniers rapports. » Les autorités ont malgré tout donné le sentiment d’être débordées. Les inondations ont été pires « que ce [qui avait été] anticipé », a admis le vice-premier ministre Muhyiddin Yassin. « La situation est compliquée pour les secouristes, qui font tout leur possible pour que des vivres puissent être distribués aux populations affectées », a-t-il ajouté. Un homme pousse sa bicyclette à Kota Bahru, le 28 décembre. MOHD RASFAN / AFP L’un des membres de l’opposition, le député Lim Kit Siang, a confirmé que « la sévérité et l’ampleur des inondations ont pris les autorités par surprise, rendant inopérant tout ce qui avait pu être fait en matière de plan de gestion des crises de cette nature ». « Les risques d’inondation se sont accrus de manière spectaculaire en Malaisie », constatait déjà en 2012 le chercheur Ngai Weng Chan, de l’université de Penang. Rappelant que la Malaisie est un pays, par nature, « sujet aux inondations », il expliquait l’impact toujours plus désastreux des moussons pour la population par une combinaison de facteurs humains et technologiques : « Les caractéristiques du système hydrologique ont changé en raison de l’intensité du développement démographique dans des zones à risques et de la destruction croissante des forêts. » Il regrettait aussi qu’après avoir souffert des inondations, les gens « oublient rapidement les dégradations causées à l’environnement, préférant ne voir que les aspects positifs d’une économie en pleine expansion ».
"2014-12-29T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/12/30/la-malaisie-noyee-sous-une-mousson-diluvienne_4547284_3216.html
Pourquoi il faut réorienter les politiques économiques européennes
Point de vue. Le ministre des finances reconnaît que « le pays est au ralenti » et appelle l'Europe à agir pour relancer la croissance.
Le ministre français des finances, Michel Sapin, à l'Elysée le 25 juin. AFP/ALAIN JOCARD Mieux vaut assumer ce qui est, plutôt que d'espérer ce qui ne sera pas. Regardons les chiffres en face avec lucidité, et derrière ces chiffres les réalités de la situation économique de la France et de l'Europe. La vérité est indispensable pour prendre la mesure des faits, la volonté est nécessaire pour faire bouger les lignes et redresser le pays. Lire aussi : Croissance zéro en France au deuxième trimestre La vérité donc, c'est que, contrairement à toutes les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou de la Commission européenne, la croissance est en panne, en France comme en Europe. Avec une croissance zéro au deuxième trimestre, prolongeant ainsi la stagnation du premier trimestre, notre pays est au ralenti et n'atteindra donc pas le 1 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) que les observateurs nous annonçaient il y a encore trois mois. Cette année, la croissance du PIB devrait être de l'ordre de 0,5 %, et rien ne nous permet, à l'heure actuelle, de prévoir, pour 2015, une croissance très supérieure à 1 %. L'EUROPE ATTEINTE DE LANGUEUR Ce phénomène de trop faible croissance n'est pas propre à la France. Au deuxième trimestre de cette année, l'Italie est en récession, l'Allemagne est en stagnation. C'est donc l'Europe et par conséquent la France qui sont atteintes par cette langueur qui ne permet pas de reconstruire le tissu des entreprises abîmé par la crise et de faire reculer durablement le chômage. La vérité, ensuite, c'est que l'inflation est beaucoup plus faible que prévue. Elle est de 0,5 % sur un an en France, 0,4 % en Europe. Ce qui parait comme une bonne nouvelle pour le consommateur et se traduit en France, pour la première fois depuis trois ans, par une hausse du pouvoir d'achat, est aussi le signe d'un déficit d'activité et une mauvaise nouvelle pour le désendettement. La trop faible inflation est le reflet de la trop faible croissance. La vérité c'est que, conséquence directe d'une croissance en berne et d'une inflation insuffisante, la France n'atteindra pas cette année son objectif en terme de déficit de ses finances publiques, malgré la totale maîtrise de nos dépenses. Moins de croissance, moins d'inflation entraînent mécaniquement moins de recettes, et donc plus de déficit que prévu, malgré la réalité des efforts pour le réduire. Le déficit des administrations publiques (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) sera donc supérieur à 4 % du PIB en 2014. Nombre de nos voisins européens n'atteindront pas eux aussi les objectifs qu'ils s'étaient fixés. La vérité, enfin, c'est que cette situation de trop faible croissance, de trop faible inflation, de réduction plus lente des déficits trouve son origine dans des causes proprement françaises, mais aussi dans des situations auxquelles seule une réaction européenne globale peut apporter réponse. Face à la vérité des faits, c'est la décision politique qui doit prévaloir, face aux difficultés du moment, c'est à la volonté de l'emporter. TRANSPARENCE, LUCIDITÉ, SINCÉRITÉ Et la volonté c'est, en France, de mettre en œuvre avec détermination le pacte de responsabilité et de solidarité décidé et voté par le Parlement, pour redonner aux entreprises françaises les marges qu'elles ont brutalement perdues entre 2007 et 2012. Quarante milliards d'euros seront ainsi, en quatre ans, redonnés aux entreprises, pour leur permettre de retrouver une bonne part de leur compétitivité dramatiquement amoindrie en dix ans, une capacité d'investissement et d'innovation, une force suffisante pour faire reculer durablement le chômage. Il ne peut être question de dévier de ce chemin tracé par le président de la République, le premier ministre et la majorité parlementaire. La volonté c'est, en France, de continuer à un rythme approprié la diminution des déficits publics, sans faire appel à des hausses d'impôts comme ce fut le cas au cours des années 2010 à 2013, avec les effets désormais connus en terme de pouvoir d'achat des ménages et de réduction des capacités d'investissement des entreprises. La volonté c'est, en France encore, de mener à bien et jusqu'au bout, un vaste plan d'économie sur les dépenses publiques sans sacrifier ni la qualité de nos services publics, ni l'efficacité de notre protection sociale, ni les dépenses d'avenir – éducation, recherche et investissements. Le gouvernement a programmé, de 2015 à 2017, 50 milliards d'économies dont 21 milliards seront mis en œuvre dès 2015. Nous l'avons décidé, nous le faisons sans faiblesse. C'est un effort considérable, comme la France n'a pas su le faire depuis 1945, c'est un effort indispensable pour poursuivre la diminution de nos déficits et financer les mesures en faveur des entreprises. La volonté c'est encore, en France, de mener à bien des réformes négociées et profondes, pour simplifier la marche des entreprises et faciliter l'embauche, pour diminuer le nombre des collectivités locales et clarifier leurs compétences, pour redonner du pouvoir d'achat en luttant contre les monopoles indus et en adaptant les statuts des professions réglementées. LA BCE DOIT ALLER JUSQU'AU BOUT Mais la volonté, c'est aussi, en Europe, de mettre en œuvre une politique monétaire adaptée à la situation exceptionnelle de faible croissance et de faible inflation que la zone euro toute entière connaît. La Banque centrale européenne (BCE) a pris de bonnes décisions. Elle doit aller jusqu'au bout de ses possibilités, conformément à son mandat, pour que le risque de déflation disparaisse et que l'euro retrouve un niveau plus favorable à la compétitivité de nos économies. La volonté, c'est également, en Europe, de promouvoir une politique en faveur de l'investissement privé et public par la mobilisation des outils existants et par la mise en œuvre de moyens nouveaux. La volonté, c'est aussi, parce que la politique monétaire ne peut pas tout et parce que la politique d'investissement produira l'essentiel de ses effets à moyen terme, de réorienter les politiques européennes en adaptant le rythme de la réduction des déficits publics à la situation économique actuelle. Il y a urgence à agir. Le gouvernement le fait en toute transparence, en toute lucidité, en toute sincérité quant aux réalités et aux hypothèses économiques. Il continuera de le faire dans l'élaboration des lois financières pour 2015. Mais il revient aussi et désormais aux acteurs économiques, et tout particulièrement aux entreprises, de se saisir de leurs moyens nouveaux pour agir, investir, prendre les risques porteurs de réussite. L'Europe doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent. La France pèsera en ce sens. C'est l'enjeu de la nouvelle Commission, c'est l'objet de la réorientation des politiques européennes, c'est la clé de notre réussite commune. Michel Sapin (ministre des finances et des comptes publics)
"2014-08-14T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/08/14/croissance-zero-deficit-depassant-4-il-faut-reorienter-les-politiques-europeennes-par-michel-sapin_4471208_3234.html
Inévitables fractures idéologiques à gauche
Plusieurs intellectuels s'expriment dans "Le Monde" sur les tiraillements dans la majorité, révélés par l'affaire Leonarda. Est-ce le temps de la guerre des gauches ?
François Hollande, président de la République, saluant Manuel Valls, ministre de l'Intérieur. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE" Elle était larvée et n'attendait qu'accrochages et points de fixation pour être ravivée. Avec les atermoiements du gouvernement et la politique en forme de yoyo du président ("d'une main je donne, de l'autre je reprends"), ceux-ci n'ont pas manqué. De la nationalisation avortée du site industriel de Florange par Arnaud Montebourg au projet de réforme pénale contesté de Christiane Taubira, de l'ouverture déprogrammée des salles de shoot à la récente affaire Leonarda, la guerre des gauches est ouverte. Un conflit lancinant entre une gauche dite "pragmatique" et une gauche dite "romantique", une gauche "autoritaire" et une gauche "libertaire". Ainsi, Pierre Moscovici, ministre de l'économie, a assuré, mardi 22 octobre sur le plateau de BFM-TV, être "pour la gauche qui fait, qui agit, qui transforme", et "pas la gauche qui, sans arrêt, proteste ou dénonce ou crie". Sauf qu'au moins depuis le Front populaire, il y a plusieurs façons de faire de la politique à gauche : étatiste, collectiviste, colbertiste, souverainiste, gauchiste, gaullo-communiste, socialiste, social-démocrate Après avoir été tenté par le collectivisme individualiste et internationaliste des pionniers (Jaurès, Blum) ou par le dirigisme économique, François Mitterrand avait tranché. Avec le tournant de la rigueur, en 1983, la social-démocratie libérale avait pris le pouvoir dans les esprits, même si Michel Rocard, l'homme phare, avec Jacques Delors, de la "deuxième gauche", ne sera nommé premier ministre qu'à contrecoeur et contretemps, en 1988. Mais on aurait tort de réduire la guerre des gauches à l'alternative entre girondins et jacobins, entre gauche libérale et gauche sociale. Comme on le disait de la gauche des années Jospin, la guerre des gauches est désormais "plurielle". A droite, l'historien René Rémond avait distingué trois sensibilités d'action et de pensée : contre-révolutionnaire (droite "légitimiste"), libérale (droite "orléaniste") et césarienne (droite "bonapartiste"). A gauche, l'éditorialiste Jacques Julliard a proposé de dénombrer quatre familles idéologiques : libéralisme de gauche, jacobinisme, collectivisme et libertarisme (Les Gauches françaises, 1762-2012, Flammarion, "Champs histoire", 2012). Ce sont ces familles qui se chamaillent aujourd'hui au sein d'une majorité transformée en revival des clubs politiques de la Révolution ou d'une gigantesque cour de récréation. Mais ces familles sont aujourd'hui recomposées. Ainsi le libéralisme et le libertarisme s'incarnent-ils chez le député européen "libéral-libertaire" vert Daniel Cohn-Bendit, à la fois européiste, favorable à l'économie de marché et de sensibilité non-autoritaire sur les questions de société (dépénalisation du cannabis, mariage gay, pédagogies nouvelles, etc.). Ce même libertarisme sociétal peut s'associer à l'anticapitalisme intégral au sein d'une certaine frange des mouvances écologistes, trotskistes ou anarchistes. Mais le libéralisme économique peut aussi s'arrimer à "l'autoritarisme" contenu dans le social-libéralisme sécuritaire de l'actuel ministre de l'intérieur, Manuel Valls. LE SOCIAL-LIBÉRALISME SÉCURITAIRE A LE VENT EN POUPE L'opposition classique entre la première et la deuxième gauche reste d'actualité. Pierre Laurent (Parti communiste), Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ou même Emmanuel Maurel (animateur du courant "Maintenant la gauche" au Parti socialiste) illustrent ce clivage. Tout comme, sur le plan intellectuel, des économistes (Jacques Généreux, Frédéric Lordon), des philosophes (Michel Onfray, Henri Pena-Ruiz), ou des essayistes comme Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, pour qui le socialisme gouvernemental est une "deuxième droite". La gauche "moderniste" et "réformiste" incarnée par Manuel Valls serait, selon le politologue Zaki Laïdi, la seule capable de gouverner durablement, malgré l'influence jugée délétère du gauchisme minoritaire, notamment représentée par les Verts. Entre rocardisme et chevènementisme, le ministre de l'intérieur souhaiterait établir "une synthèse nouvelle entre un réformisme assumé et une République intransigeante". L'ancien maire d'Evry veut "tout remettre en cause", jusqu'au nom de son parti : "Parti socialiste, c'est daté. Ça ne signifie plus rien", écrivait-il dans Pour en finir avec le vieux socialisme et être enfin de gauche (Robert Laffont, 2008). En finir, pêle-mêle, avec la "pente antinucléaire" d'une frange du PS ou l'idéologie multiculturaliste afin d'écrire un programme "comme les sociaux-démocrates allemands" et créer une force politique "comme Tony Blair l'a fait avec le New Labour". Une gauche libérale-sécuritaire également "ferme" et "sans tabou" sur la question des flux migratoires. Sur le site Rue89.com, Noël Mamère, député démissionnaire du parti EELV, estime que "cet enfant de la Rocardie, coaché par ses deux amis, Alain Bauer, ex-conseiller sécuritaire de Sarkozy, et le publicitaire Stéphane Fouks, conseiller de DSK et de Cahuzac, est en train de fracturer pour longtemps la gauche française". Manuel Valls hystérise donc aussi bien la "gauche sociale" et la "gauche radicale" que le "gauchisme sociétal", cette mouvance post-soixante-huitarde qui aurait troqué le soutien aux ouvriers pour celui des sans-papiers, la défense de la retraite à 60 ans pour celle du "mariage pour tous", dixit Jean-Pierre Le Goff. Mais, reconnaît le sociologue Eric Fassin, les "propos sulfureux" de M. Valls ne favorisent pas la "gauche de la gauche" pour autant. Les mouvances qui ont le vent en poupe sont à la fois le social-libéralisme sécuritaire de Manuel Valls et le conservatisme de gauche, ce courant que la philosophe Chantal Delsol a appelé dans ces colonnes, les "orwelliens" (Le Monde, 25/05/2013). Orwelliens parce que, à l'image de l'auteur de 1984 et du philosophe Jean-Claude Michéa, qui en est un des commentateurs remarqués, leur conception politique marie progressisme (social) et conservatisme (sociétal), anti-libéralisme et anti-libertarisme. Jean-Claude Michéa qui, à rebours de Manuel Valls, propose d'en finir avec le nom même de "gauche" afin de retrouver le socialisme populiste des origines (Les Mystères de la gauche, Climats, 132 pages, 14 euros). Voici donc la gauche, faute de projet de société, en terrain miné. Où mènera donc cette guerre des positions ? Nul ne le sait. Dans son Histoire socialiste (1901), Jean Jaurès, avait pourtant prévenu : "N'ayant pas la force d'agir, ils dissertent."
"2013-10-24T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/10/24/inevitables-fractures-ideologiques-a-gauche_3501851_3232.html
Les Etats-Unis imposent des sanctions contre des responsables syriens
Les sanctions économiques viseront notamment le frère du président Al-Assad, ainsi que plusieurs entités administratives. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a par ailleurs voté l'envoi urgent d'une mission.
Des manifestants à Nawa, ville proche de Deraa, dans le sud de la Syrie vendredi 29 avril. AFP/- Après la répression sanglante des manifestations en Syrie, qui a fait au moins 300 morts depuis le 15 mars selon l'organisation Human Rights Watch, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a imposé des sanctions économiques contre plusieurs responsables et entités administratives du régime syrien. Ces sanctions, décidées en raison de "violations des droits de l'homme en Syrie", visent le frère cadet du président Bachar Al-Assad Maher, un responsable de l'armée syrienne, ainsi qu'Ali Mamlouk, chef des services de renseignement, et Atef Najib, présenté comme l'ancien chef du renseignement pour la province de Deraa, épicentre de la contestation contre le régime situé dans le sud du pays. L'UE PRÉPARE AUSSI DES SANCTIONS L'UE a également annoncé son intention de décréter un embargo sur les armes et de préparer d'autres sanctions contre le régime syrien, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques à Bruxelles. Les ambassadeurs des 27 Etats européens, réunis à Bruxelles, ont chargé vendredi leurs experts de travailler à l'élaboration de ces sanctions, une procédure qui peut se dérouler assez rapidement, selon des diplomates. Outre l'embargo sur les armes, il pourrait s'agir de gels d'avoirs et d'interdictions de visa à l'encontre des responsables de la répression. Une liste des personnes visées par ces sanctions doit désormais être établie. UNE RÉSOLUTION DE L'ONU DEMANDE L'ENVOI URGENT D'UNE MISSION EN SYRIE Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté, vendredi 29 avril, une résolution demandant l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'homme. La résolution, proposée par les Etats-Unis, a été adoptée à l'issue d'une longue journée de négociations entre les 47 Etats membres du conseil par 26 votes pour, 9 contre et 7 abstentions. Elle demande au haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme d'envoyer de "façon urgente une mission en Syrie pour enquêter [sur] les violations présumées des droits de l'homme et pour établir les faits et circonstances de ces violations et des crimes commis". Mercredi, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU avaient échoué à se mettre d'accord sur une condamnation de Damas. Pour tenter de convaincre les Etats membres de cette instance d'adopter une résolution sur les violences commises lors de la répression, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait ouvert cette session extraordinaire sur la Syrie, à la demande des Etats-Unis, qui plaident pour l'adoption d'une résolution sur des sanctions. En plus des Etats-Unis, quinze autres pays ont signé la demande de tenue de la session, dont la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne, le Japon, la Pologne, la Suisse, le Mexique, la Zambie et le Sénégal.
"2011-04-29T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/04/29/syrie-l-ue-se-reunit-pour-adopter-des-sanctions_1514505_3218.html
Autolib’ va s’arrêter, mais à une date encore inconnue
Les quelque 100 élus du comité du Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole ont voté, jeudi, la résiliation du contrat les liant au groupe Bolloré.
Les élus du comité du Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole ont voté, jeudi, la résiliation du contrat les liant au groupe Bolloré. JOEL SAGET / AFP « Hidalgo fiasco !, Hidalgo fiasco ! » : devant la mairie du 12e arrondissement, jeudi 21 juin, une petite centaine de salariés d’Autolib’ scandaient ce slogan. Tandis que sur les marches, devant eux, Philippe Brillault, maire (Les Républicains) du Chesnay (Yvelines), leur expliquait, micro en main, qu’il comptait faire échec à « la décision de la maire de Paris d’arrêter Autolib’ ». Avec la bénédiction du groupe Bolloré, un petit bataillon d’élus de banlieue de droite a tenté de s’opposer au vote de la résiliation, jeudi, par le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM). Leur mobilisation n’a pas empêché la sentence de tomber. Réuni dans la salle des fêtes de la mairie du 12e, le comité du SAVM, qui compte une centaine d’élus, a donné son feu vert à l’arrêt – non encore effectif – du service d’autopartage concédé au groupe Bolloré par le précédent maire de Paris, Bertrand Delanoë, en 2011. Le scrutin était dénué de suspense. La Mairie de Paris est majoritaire avec 55 % des voix (606 sur 1 208, réparties entre une centaine de communes). Chaque ville a autant de voix que de stations Autolib’ sur son territoire. Et la capitale était favorable à la résiliation. Clivage droite-gauche Ce vote découle de la bataille financière entre les communes et Autolib’, qui dure depuis des mois. Le 15 juin, la présidente du SAVM, Catherine Baratti-Elbaz, maire (PS) du 12e, a annoncé qu’elle proposerait au comité syndical de refuser de payer la somme, « abracadabrantesque » selon Mme Hidalgo, exigée par le groupe Bolloré pour combler le déficit d’Autolib’. Par courrier du 25 mai au SAVM, l’industriel réclamait 233,7 millions d’euros aux communes d’ici à 2023. L’acceptation ou le refus de payer sont censés, selon le contrat, lui être notifiés par le SAVM avant le 25 juin. Sur la foi de plusieurs expertises juridiques, la Mairie de Paris a estimé qu’elle avait avantage à assortir le refus de verser la somme d’une demande concomitante de résiliation du contrat. Cette stratégie devrait lui permettre, selon les juristes consultés, d’espérer contrer les exigences financières de Bolloré au titre de l’arrêt du service, en cas de contentieux devant le tribunal administratif. Des exigences qui, selon l’industriel, pourraient s’élever à près de 300 millions d’euros. Jeudi, Mme Baratti-Elbaz a estimé à « moins de 100 millions d’euros » le coût de la résiliation. « C’est un engagement que je prends devant vous au vu des analyses juridiques dont nous disposons », a-t-elle déclaré. Peu précise, cette évaluation n’a visiblement pas été le premier critère pris en compte par les élus. Le vote sur l’arrêt d’Autolib’ a surtout fait apparaître un clivage droite-gauche. Les représentants des villes de gauche ont majoritairement voté pour la résiliation en reprenant l’argumentaire de la maire socialiste de Paris et du SAVM. « C’est Bolloré qui prend la responsabilité de l’arrêt du service par l’ultimatum financier qu’il nous pose », a fait valoir Gilles Gauché Cazalis, l’élu (Gauche citoyenne) représentant la ville de Nanterre au syndicat. En coulisses, les ponts ne sont pas rompus Les élus de droite et du centre se sont pour la plupart abstenus ou ont voté contre la résiliation. « Nous, les maires de banlieue, sommes les dindons de la farce, s’est emporté Philippe Ribatto, adjoint à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Hidalgo a voulu interrompre le service et a pris le syndicat pour une chambre d’enregistrement », expliquait l’élu pour justifier son vote contre la fin d’Autolib’. « Nous voulons voir perdurer un service qui donne satisfaction aux usagers et qui pourrait même se développer considérablement », assurait le maire du Chesnay, M. Brillault. Ce proche de Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Ile-de-France, a annoncé son intention de saisir le tribunal administratif sur la légalité du vote de la délibération et de certaines décisions du SAVM. « Le syndicat n’a pas fait preuve de suffisamment de transparence envers les élus et n’a pas pris la mesure du risque de déficit assez à temps en 2015 et 2016, et ce malgré les alertes successives de Bolloré », déplorait Xavier Caron, adjoint (LR) à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) qui a refusé de prendre part au vote. Plusieurs élus de droite ont demandé une suspension de séance pour pouvoir entendre Marie Bolloré, patronne du pôle mobilité électrique de Bolloré, et Gilles Alix, directeur général du groupe, assis discrètement dans le public de la salle des fêtes. Mais leur requête a été rejetée par Mme Baratti-Elbaz. « On va continuer à se battre. Ne croyez surtout pas les balivernes du syndicat, La Ville de Paris a pris la décision de résilier le service pour des raisons électoralistes ! », s’est indigné M. Alix. « Nous irons au tribunal administratif et nous obtiendrons beaucoup d’argent », assurait-il en s’engouffrant avec fracas dans le vestibule de la mairie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après la fin d’Autolib’, l’avenir incertain de l’auto-partage à Paris Le groupe Bolloré et la Mairie de Paris ont chacun voulu éviter de perdre la face ces derniers jours et se renvoient la responsabilité de la mort du service d’autopartage. Mais, en dépit de la bataille de communication autour de l’enterrement d’Autolib’, en coulisses, les ponts ne sont pas rompus. Vendredi, les représentants de Bolloré et le SAVM avaient rendez-vous. Le sort des 267 salariés d’Autolib’ et la date précise d’arrêt du service sont en débat. Les négociations financières, elles aussi, se poursuivent.
"2018-06-22T00:00:00"
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/06/22/autolib-va-s-arreter-mais-a-une-date-encore-inconnue_5319506_3234.html
Né par PMA, « j’ai grandi avec l’idée que j’allais pouvoir dire merci au donneur »
Alors que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est débattue, de jeunes adultes issus de cette technique veulent la levée de l’anonymat du don de gamètes.
Le jour de la révélation, Clément Roussial avait 12 ans. Il se doutait de quelque chose. Il ne ressemble pas à son père. Il se l’est toujours dit. « Je me demandais si je n’avais pas été adopté », relate le jeune homme de 27 ans. Ce jour d’automne, ils sont en train de pêcher tous les deux quand son père se met à lui expliquer sa conception. Infertile, il n’est pas son géniteur. Clément est né par procréation médicalement assistée avec le sperme d’un donneur. « Je me suis jeté dans ses bras en lui disant que ça ne changeait rien », poursuit-il. Sur le coup, c’est un soulagement. « Je la savais enfin, cette fichue vérité. » Mais, une fois le secret de famille percé, reste ce que le jeune homme appelle un « secret d’Etat ». Celui de ses origines biologiques. Depuis la loi de bioéthique de 1994, le don de gamètes est anonyme en France. Le système est à l’époque calqué sur celui du don d’organes. Le père officiel doit passer pour le père biologique. Groupe sanguin, couleur de la peau, des yeux… : le donneur est sélectionné pour lui ressembler le plus possible. Seuls les parents et les médecins impliqués sont au courant. Depuis le début des années 1970, près de 70 000 enfants seraient nés de cette façon. Beaucoup sont devenus adultes. On ignore combien connaissent leur mode de conception. Mais certains d’entre eux demandent des comptes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Marlène Schiappa relance le débat sur la PMA « Machine à fantasmes » Clément Roussial est vice-président de l’association Procréation médicalement anonyme, qui organisait samedi 23 septembre à Paris une table ronde intitulée « Sortir du secret ». Une trentaine de personnes nées grâce au don étaient présentes, ainsi que des parents et des donneurs favorables à la levée de l’anonymat. Le moment est pour eux crucial. La révision des lois de bioéthique doit avoir lieu en 2018. L’ouverture de l’accès à la PMA avec donneur aux couples de femmes et aux femmes seules fera partie de la discussion. « Le débat actuel sur la PMA oublie qu’elle existe depuis les années 1970, plaide Audrey Kermalvezen, membre de l’association. Je ne suis pas contre son ouverture, mais ce serait un non-sens d’aller plus loin dans les mêmes conditions, de créer d’autres enfants privés d’une partie de leur histoire. Au début les choses ont été faites de manière empirique, mais aujourd’hui nous sommes là pour dire que les enfants deviennent des adultes qui doivent avoir le choix de connaître ou non leur géniteur. » Ils ne cherchent pas un père, mais des réponses. « Je suis né d’une personne, pas d’un matériau de reproduction, poursuit Clément Roussial. Ne pas savoir, c’est une machine à fantasmes. J’ai besoin de savoir pour mieux me connaître. Je voudrais une image, comprendre ses motivations. »
"2017-09-25T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/09/25/ne-par-pma-j-ai-grandi-avec-l-idee-que-j-allais-pouvoir-dire-merci-au-donneur_5190826_3224.html
Pierre Lellouche se prononce pour une remise en cause partielle du bouclier fiscal
"Sur le plan politique, je pense que cette affaire rapporte peu. (...) Voilà ce que je pense", a-t-il déclaré.
Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Pierre Lellouche, a plaidé lundi soir sur France 2 pour une remise en cause partielle du bouclier fiscal, afin de faire contribuer "les hauts revenus" à la réforme des retraites. Pendant l'émission "Mots croisés", à la question "Nicolas Sarkozy a annoncé officiellement aujourd'hui que les hauts revenus seraient sollicités pour les retraites. Est-ce que le bouclier fiscal est mort ce soir ?", le ministre a répondu : "Si on parle des 600 millions [d'euros] qui sont reversés et qui font l'objet des attaques incessantes de la gauche, effectivement, ce serait bien que ça aille aux retraites. C'est ma position personnelle." "Sur le plan politique, je pense que cette affaire rapporte peu. Je souhaiterais que les gens qui sont émigrés fiscaux en Belgique ou ailleurs soient revenus. Ils ne sont pas revenus. Donc je pense qu'il faut peut-être arrêter cette expérience. Voilà ce que je pense", a-t-il déclaré. Dans la nuit, Pierre Lellouche a corrigé ses propos : "Je me suis mal exprimé. Je ne visais que les hauts revenus et les revenus du capital qui bénéficient de la ristourne", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il pensait que les "600 millions d'euros" cités pendant l'émission concernaient uniquement les plus riches bénéficiaires du bouclier. Le bouclier fiscal, dont le principe est très décrié par la gauche, a coûté à l'Etat environ 586 millions d'euros en 2009, soit davantage qu'en 2008, selon des chiffres provisoires fournis début avril par la ministre de l'économie, Christine Lagarde. Selon Bercy, 1 055 contribuables avec un patrimoine de plus de 16 millions d'euros ont bénéficié d'une restitution moyenne de 363 872 euros pour un coût total de 383 millions d'euros. Avec le bouclier fiscal mis en place à l'été 2007 dans le cadre du "paquet fiscal", les impôts directs payés par un contribuable, CSG et CRDS comprises, ne peuvent désormais être supérieurs à 50 % de ses revenus. Invité lui aussi de "Mots croisés", Pierre Moscovici, député PS du Doubs, s'est montré surpris par les déclarations de Pierre Lellouche : "C'est intéressant qu'un membre du gouvernement dise ça, je le salue." "Un ministre en exercice qui a le courage de dire au fond qu'il faut se débarrasser de la partie hauts revenus du bouclier fiscal... Si vous avez raison, alors c'est un formidable désaveu et un aveu d'échec pour la conception qu'avait le président de la République de ce qu'était le bouclier fiscal", a ajouté l'ex-ministre délégué aux affaires européennes du gouvernement Jospin.
"2010-11-05T00:00:00"
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/05/11/pierre-lellouche-se-prononce-pour-une-remise-en-cause-partielle-du-bouclier-fiscal_1349453_823448.html
"L'odyssée périlleuse du porte-conteneurs ""MSC Flaminia"""
Le navire, victime le mois dernier d'un incendie puis d'une explosion, stationne depuis au large de la Bretagne. A bord, des produits toxiques.
Le MSC Flaminia a été victime d'un incendie puis d'une explosion, le 14 juillet, au large des pointes bretonne et britannique. Le navire long de 299 mètres, qui bat pavillon allemand, a été pris en charge par trois remorqueurs. Reederei NSB C'est une opération de sauvetage d'envergure qui se joue actuellement au large de la Bretagne. De celles qui resteront dans les annales de la marine. Si tout se termine bien, évidemment. La mission ? Ramener à bon port le MSC Flaminia, un porte-conteneurs de 299 mètres de long, victime le 14 juillet d'un incendie puis d'une explosion - suivie d'une seconde quatre jours plus tard - qui ont ravagé une bonne partie de la cargaison entreposée au milieu du pont du navire. Il ne resterait plus qu'une grosse moitié des 2 876 boîtes transportées, dont certaines sont dangereuses et présentent un risque de pollution. Le bâtiment, qui bat pavillon allemand, était parti du port américain de Charleston (Caroline du Sud) et faisait route, au sud-ouest de la Manche, vers Anvers, lorsque des flammes sont apparues sur le panneau de chargement numéro 4. L'alerte a été immédiatement déclenchée et les secours coordonnés par les garde-côtes britanniques. Deux marins ont péri, trois autres ont été blessés et l'équipage a dû être évacué. Infographie Le Monde Si le cargo avait été un navire-poubelle, tout aurait pu mal finir, et vite. C'est loin d'être le cas. Le MSC Flaminia date de 2001 et son armateur, Reederei NSB, basé à Buxtehude, près du port de Hambourg, fait partie du gratin maritime. La compagnie a décidé de mettre les moyens pour préserver son bateau et le reste du fret. Elle a fait appel à l'un des meilleurs spécialistes du sauvetage en mer, le néerlandais Smit Salvage, qui a mobilisé trois remorqueurs, véritables monstres des mers, à l'instar de l'Anglian-Sovereign, qui développe 250 tonnes de puissance au croc. LE BATEAU EST APTE À NAVIGUER Pour autant, un mois après l'accident, rien n'est vraiment réglé. Certes le feu semble maîtrisé et le transfert des eaux d'incendie vers les ballasts a permis de corriger la gîte du bâtiment - passée à 10 % après les avaries mais rétablie à 2,5 % le 14 août. Une expertise complémentaire à celle de Smit Salvage, réalisée par le cabinet indépendant Germanischer Lloyd, a été transmise le 10 août aux autorités des Etats côtiers (France, Royaume-Uni, Espagne, Irlande, Belgique). Le diagnostic est plutôt favorable : la structure du navire permet son remorquage. Il est apte à naviguer. Dans ces conditions, pourquoi est-il encore au large des pointes bretonne et britannique ? Cette situation a déclenché, dans l'Hexagone, la colère de plusieurs ONG environnementales et de l'Association française des capitaines de navires (Afcan), qui redoute une nouvelle catastrophe maritime et son lot de pollution. Les mécontents invoquent le décret du 2 février 2012 "relatif à l'accueil dans un lieu-refuge d'un navire ayant besoin d'assistance". Leurs voix se mêlent à celle de l'armateur, dont le président, Helmut Ponath, expliquait, le 9 août, qu'il était "choqué de voir qu'un navire battant pavillon allemand n'obtenait pas la permission de rallier un port européen". A Paris, au ministère des transports, de la mer et de la pêche, on rappelle que "cette procédure se déclenche en cas d'urgence, et qu'elle est donc inappropriée, en tout cas pour le moment, dans le cas du MSC Flaminia". La France, comme les autres pays concernés, répète à l'envi qu'il est nécessaire "d'en savoir plus sur l'état de la coque et de la cargaison", avant de laisser entrer le navire incendié dans l'un de ses ports. La coque ? Germanischer Lloyd a donné son feu vert. Reste la cargaison, et c'est là où le bât blesse. Comment savoir ce que contiennent précisément les 2 876 boîtes transportées, soit l'équivalent de 1 400 semi-remorques ? Interrogé par Le Monde, l'armateur Reederei NSB explique être "dans l'incapacité de donner une telle information" et renvoie vers l'affréteur du navire - la compagnie MSC -, qui n'en dit guère davantage. "Ces réponses n'ont rien d'étonnant", précise un expert maritime, qui rappelle que 90 % du commerce mondial se fait par la mer. "Les armateurs ne savent pas ce qu'il y a dans les conteneurs. Il faut se tourner vers les chargeurs ; or leur sincérité est souvent aléatoire." Certes, avec la crainte d'attentats terroristes, les contrôles ont été renforcés dans les ports. Davantage à l'entrée qu'à la sortie, néanmoins. 37 CONTENEURS À HAUTS RISQUES Les plans de charge très réglementés par le droit international - les produits dangereux doivent être placés en avant des navires, loin des machines, par exemple - doivent être transmis aux autorités. Et le contenu des conteneurs précisé. "Mais tout cela reste du déclaratif, insiste un officier de la marine. Les trafics existent, on le sait. De même que les fausses déclarations qui permettent d'éviter le surcoût lié aux précautions à prendre lorsque des matières dangereuses sont embarquées." Le ministère français de l'écologie a demandé au Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre) de réaliser une expertise sur la cargaison à partir du plan de charge du MSC Flaminia. Selon l'organisme, "quelque 37 conteneurs situés dans la zone touchée par l'explosion pourraient représenter un risque de pollution, en raison des produits chimiques qu'ils contiennent". Lesquels ? Les voix officielles restent silencieuses. Mais selon plusieurs sources, des conteneurs abriteraient notamment des phytosanitaires, des produits chimiques inflammables, des produits chimiques explosifs et du gaz qui sert à gonfler les airbags, très irritant pour les yeux. Sans oublier le reliquat de carburant, évalué entre 250 et 1 000 tonnes, car il est difficile de savoir ce qui a brûlé. Même si l'enquête relève de l'Etat du pavillon, donc de l'Allemagne, aucune autorité proche du dossier n'est aujourd'hui en mesure de dire précisément ce qui a provoqué l'incendie (un court-circuit ?) puis l'explosion. Mercredi 15 août, les remorqueurs de Smit Salvage ont conduit le MSC Flaminia dans une zone maritime moins exposée à la dépression qui frappe actuellement les côtes atlantiques. Ce sera un nouveau test pour la résistance du navire. "UNE VÉRITABLE PARTIE DE MIKADO" En cas d'incident, la procédure du port-refuge pourra être déclenchée. Sinon, le navire pourra envisager de rejoindre une destination finale. Des négociations sont en cours entre l'armateur et le port de Rotterdam. Proche d'Anvers, il peut accueillir des navires d'un tirant d'eau de 22 mètres (celui du MSC, avec les eaux d'incendie, est de 18-19 mètres) et dispose d'équipements de déchargement très sophistiqués. "Ce sera nécessaire", convient le vice-amiral d'escadre, Jean-Pierre Labonne, préfet maritime de l'Atlantique, qui surveille en permanence le MSC Flaminia en liaison avec son confrère de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, et des autorités britanniques. "Ce sera une véritable partie de mikado pour soulever conteneur par conteneur." Mais avant d'arriver à Rotterdam, il faudra passer le détroit du Pas-de-Calais emprunté chaque jour par 350 à 500 navires. Le convoi sera exceptionnel : le MSC Flaminia tiré par ses remorqueurs, des bâtiments de la marine qui l'encadreront, et des avions en survol. Le tout à une vitesse de 3,5 nœuds (6,5 km/h environ) contre les 15 à 20 nœuds habituels. Marie-Béatrice Baudet
"2012-08-16T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/16/l-odyssee-perilleuse-du-porte-conteneurs-msc-flaminia_1746742_3244.html
"Le ""pivot"" américain vers l'Asie mis à l'épreuve par la tension en mer de Chine"
Des B-52 ont survolé une zone revendiquée par Pékin à la veille du voyage en Asie du vice-président Biden.
Un avion de la défense japonaise survole les îlots Senkaku/Diaoyu, en octobre 2011. AP Si Barack Obama avait besoin d'une crise pour justifier sa politique de « pivot » vers l'Asie, les circonstances viennent de la lui fournir. La tension créée par la décision chinoise, samedi 23 novembre, de proclamer une « zone de défense aérienne » incluant des îlots administrés par le Japon, puis la riposte, mardi, de Washington envoyant deux bombardiers B-52 non armés survoler ladite zone sans signalement préalable aux autorités de Pékin, illustrent à quel point la mer de Chine nécessite un investissement diplomatique et militaire spécifique. Quelques heures après l'annonce chinoise, le secrétaire à la défense américain, Chuck Hagel, a réaffirmé que les Etats-Unis se tenaient prêts, en vertu des accords de sécurité, à aider le Japon s'il était attaqué. Ce nouvel épisode de tension sino-japonaise intervient alors que le vice-président américan, Joe Biden, doit débuter, dimanche 1er décembre, une tournée asiatique qui le mènera successivement au Japon, en Chine puis en Corée du Sud. Il va obliger M. Biden à ajouter au programme de ses discussions initialement prévu – l'accord de libre-échange transpacifique et les réponses à donner à la menace nucléaire nord-coréenne –, le volet du « pivot » vers l'Asie que les Américains tiennent le moins à mettre en avant : leur volonté de contenir la puissance chinoise. Il s'agit de contrecarrer la volonté prêtée à Pékin d'affaiblir l'alliance Japon-Etats-Unis et de supplanter ces derniers en tant que puissance dominante dans la zone. « RÉÉQUILIBRAGE » Le « pivot » américain, que devait permettre la fin des engagement militaires en Irak et en Afghanistan est resté jusqu'à présent dans le registre de la rhétorique. Depuis 2012, le langage officiel lui préfère d'ailleurs l'euphémisme « rééquilibrage » (« rebalancing »). Le président Obama devait lui-même relancer le « pivot » en octobre en parcourant la région, mais il avait dû annuler ce voyage pour cause de crise budgétaire et de « fermeture » du gouvernement fédéral. A Pékin, Joe Biden va rencontrer le président Xi Jinping, a indiqué mercredi la Maison Blanche.
"2013-11-28T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2013/11/28/le-pivot-americain-vers-l-asie-mis-a-l-epreuve-par-la-tension-en-mer-de-chine_3521962_3210.html
Euro 2016 : l’Islande tient tête au Portugal
Pour leur première participation à cette compétition, les Islandais ont décroché le match nul face aux Portugais de Cristiano Ronaldo (1-1).
Les Islandais fêtent le premier but de leur histoire à l’Euro. Pavel Golovkin / AP « Nous sommes meilleurs contre les bonnes équipes. Ça tombe bien à l’Euro il n’y a que des bonnes équipes. » Conforté par les succès de son équipe contre les Pays-Bas, la Turquie et la République tchèque, le cosélectionneur islandais, Heimir Hallgrimsson, s’était montré prophétique lors d’un entretien au Monde avant l’Euro. Mardi 13 juin, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, l’Islande a tenu en échec le Portugal de Cristiano Ronaldo (1-1). Bizuths en grande compétition internationale, les Islandais n’ont pas fait de complexe face aux Portugais, demi-finalistes du dernier Euro. La performance des Nordiques s’est construite grâce à l’énorme activité de son milieu de terrain et à une solide organisation. Dans un groupe F mené par la Hongrie, vainqueur de l’Autriche (2-0), l’Islande garde toutes ses chances de rejoindre les huitièmes de finale. Avant le match, les supporteurs islandais ont fait figure d’attraction, se pliant de bonne grâce aux nombreux selfies des Stéphanois. La place Jean-Jaurès, en centre-ville, grouillait du bleu islandais. Loin de ressembler à l’habituel public très masculin de beaucoup de sélections, les supporteurs des Strákarnir OOkkar (« nos garçons ») sont d’une mixité remarquable : femmes et hommes, jeunes et vieux. En Islande, le football est pour tout le monde. Un père et son jeune fils faisaient une démonstration d’air football, c’est-à-dire avec un ballon imaginaire, quand une bande d’amis enflammaient la piste de danse improvisée. Des Grecs, orphelins de leur sélection non qualifiée, encourageaient les Nordiques : « On a gagné l’Euro en 2004. Et on a battu deux fois les Portugais ! » Pronostic déjoué L’exemple grec a peut-être inspiré les joueurs islandais. Dès la 2e minute, Gylfi Sigurdsson éliminait d’un crochet Danilo avant de voir son tir repoussé par Rui Patricio. Au milieu de terrain, Birkir Bjarnason, Aron Gunnarsson et Sigurdson montraient la voie à leurs coéquipiers. Pas question de se présenter en victimes expiatoires. Les 20 000 spectateurs islandais, sur une population totale de 329 000 habitants, prenaient en grippe le mauvais garçon portugais, Pepe. Supportrices islandaises à Saint-Etienne, le 14 juin. Jason Cairnduff / REUTERS Les Portugais mettaient un bon quart d’heure à retrouver un peu d’allant. Le latéral Vierinha inquiétait le gardien Hannes Halldorsson, qui captait en deux temps (17e). Avant de devenir footballeur professionnel en Norvège en 2012, ce dernier travaillait dans la publicité… Cristiano Ronaldo se signalait enfin par un superbe centre côté gauche. La reprise de la tête de Nani était sortie du pied par Halldorsson (20e). Deux minutes plus tard, la tentative de la tête de CR7 filait juste au-dessus des buts adverses. Les Islandais levaient le pied. Les Portugais en profitaient pour frapper les premiers en utilisant les côtés. Ronaldo manquait d’abord sa reprise après une longue ouverture de Pepe (25e) mais Nani transformait la sienne à la suite d’un mouvement d’André Gomes (31e, 1-0). L’équipe d’Islande abusait alors des longues touches, parfois même très loin des buts de Rui Patricio. Forts de cet avantage, les Lusitaniens, visiblement trop confiants, se faisaient surprendre au retour des vestiaires. Le chevelu Bjarnason, à la fois hargneux et excellent footballeur, reprenait victorieusement de volée un centre de Johann Gudmundsson (50e, 1-1). L’exploit était en marche. Vexés, les Portugais ne parvenaient plus à être efficaces : un coup franc du Franco-Portugais Raphaël Guerreiro frôlait le cadre (70e), un tir de Ronaldo s’envolait (72e) alors qu’une frappe du remplaçant Ricardo Quaresma était boxée par Halldorsson (77e). Une tête de Pepe sur corner ne trouvait pas plus le cadre (81e). La vedette madrilène Ronaldo échouait une dernière fois sur le gardien islandais (84e). Et les coéquipiers d’Eidur Gudjohnsen, l’ancien Barcelonais de 37 ans resté sur le banc, se procuraient même la balle de match par le nouvel entrant Alfred Finnbogason (85e). Samedi 18 juin, à Marseille, les deux Petits Poucets annoncés, Islande et Hongrie, auront encore une possibilité de déjouer les pronostics. Pendant l’Euro, jouez à notre tournoi virtuel
"2016-06-14T00:00:00"
euro-2016
https://www.lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/14/euro-2016-l-islande-tient-tete-au-portugal_4950525_4524739.html
Un troisième homme incarcéré après l’attentat contre le musée juif de Bruxelles
L’homme âgé de 28 ans a été livré par la France et est incarcéré depuis le 1er juillet. Son rôle dans l’attentat commis par Mehdi Nemmouche le 24 mai dernier reste indéterminé.
Un troisième suspect, un Français, est incarcéré en Belgique dans le cadre de l’enquête sur l’attentat au Musée juif de Bruxelles, qui avait fait quatre morts le 24 mai 2014. Le parquet fédéral belge a confirmé, lundi 28 septembre, des informations diffusées par l’agence de presse Belga. L’homme, dont l’identité n’est pas révélée, a 28 ans et serait originaire de la région marseillaise. Il a été mis en examen pour avoir été, selon le parquet, « auteur, coauteur ou complice d’un quadruple meurtre dans un contexte terroriste ». Il est, en fait, incarcéré dans le royaume depuis le 1er juillet. Les autorités belges avaient lancé contre lui un mandat d’arrêt international et il leur a été livré par la France. Son rôle dans l’attentat, ou l’aide qu’il aurait apportée à l’auteur de la tuerie, Mehdi Nemmouche, restent indéterminés. L’agence Belga évoque des « contacts » entre les deux individus. Un autre Français, Nacer Bendrer, est lui aussi détenu dans une prison belge depuis le mois de février dernier. Les enquêteurs n’indiquent pas s’il a des liens avec le troisième suspect. Lire aussi Ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration visant Mehdi Nemmouche Un quatrième homme toujours recherché Ils recherchent, par ailleurs, toujours la trace d’un quatrième individu, filmé sur un boulevard de Bruxelles en compagnie de Mehdi Nemmouche, le 28 mai, quatre jours après la tuerie. Grand, chauve, portant des habits sombres, l’homme, non identifié, portait un sac de sport qui contenait vraisemblablement des armes. Deux jours plus tard, le 30 mai, Nemmouche était arrêté par des douaniers lors d’un contrôle de routine à la gare de Marseille. Il portait une arme de poing et un sac contenant un chargeur de Kalachnikov. Cinq personnes ont été arrêtées, sept mois plus tard, à Marseille, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat. Nemmouche disposait vraisemblablement de contacts dans cette région où il a passé 5 années en prison avant de se radicaliser et de s’envoler pour la Syrie en 2012. Il est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers des quatre journalistes français retenus en Syrie au début 2014. Le parquet de Paris a ouvert récemment contre lui une information pour enlèvement et séquestration, en relation avec une entreprise terroriste. En Belgique, Nemmouche se tait obstinément depuis son incarcération. Il refuse notamment de répondre aux questions sur la présence dans sa planque bruxelloise d’un fauteuil roulant qui continue d’intriguer les enquêteurs. Lire aussi Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en Syrie
"2015-09-29T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/29/un-troisieme-homme-incarcere-en-belgique-apres-l-attentat-du-musee-juif-de-bruxelles_4775840_3214.html
Mort d'Ivan Martin Jirous, ancien chef de file de la culture underground tchèque
Si Ivan Martin Jirous, dit Magor (le Fou), qui vient de mourir, n'avait pas rencontré un jour de mars 1976 le dramaturge-dissident et futur président tchécoslovaque Vaclav Havel, la Charte 77 n'aurait peut-être pas vu le jour et l'opposition au communisme aurait prit un autre visage.
Ivan Martin Jirous en 2009 D.R. Si Ivan Martin Jirous, dit Magor (le Fou), qui vient de mourir, n'avait pas rencontré un jour de mars 1976 le dramaturge-dissident et futur président tchécoslovaque Vaclav Havel, la Charte 77 n'aurait peut-être pas vu le jour et l'opposition au communisme aurait pris un autre visage. Le turbulent artiste et poète, anticommuniste corps et âme, et l'homme de théâtre et intellectuel déjà renommé à l'étranger se retrouvèrent pour dresser des passerelles entre les deux communautés persécutées qu'ils représentaient. Aussi quand Ivan Jirous et les musiciens du groupe de rock psychédélique Plastic People of the Universe (PPU), dont il était le " directeur artistique " furent incarcérés, Vaclav Havel rameuta ses amis écrivains, philosophes et professeurs écartés après l'écrasement du Printemps de Prague et rédigea la Charte pour rappeler au pouvoir ses engagements sur le respect des droits de l'homme pris à Helsinki en 1975. Vivre sans compromis Le 19 novembre dernier, lors de l'enterrement d'Ivan Jirous, mort dix jours plus tôt d'une hémorragie interne à 67 ans, dans le village de Bohême du sud Kostelni Vydri, un millier de personnes se sont retrouvés pour un dernier hommage : intellectuels dissidents d'hier et ces jeunes – aujourd'hui quinquagénaires - musiciens ou amateurs qui furent attirés par sa contestation radicale du régime communiste. Si Vaclav Havel a été empêché d'y participer pour raisons de santé, il était représenté. Bien que de tempéraments opposés, l'un exubérant et impétueux, l'autre timide et réfléchi, ils partageaient la même attitude face au communisme - " vivre vrai et sans compromis " et le même rejet du consumérisme de la société capitaliste. Ivan Jirous, amateur de bière devant l'éternel, fut tout autant radical dans son opposition au communisme que dans sa lutte pour se créer un espace de liberté et de " déviation " lorsque le régime tomba. Cela lui valut d'abord, entre 1973 et 1989, cinq séjours en prison où il passa huit ans et demi. Sa libération immédiate fut une des premières revendications de Vaclav Havel dans ses négociations avec le régime lors de la " révolution de velours " en novembre 1989. Au cours des vingt dernières années, il fut l'un des rares - pour ne pas dire le seul - à ne pas changer de mode de vie, continuant à ne travailler que juste ce qu'il fallait pour satisfaire ses (maigres) besoins d'existence. Le groupe le plus populaire Né le 23 septembre 1944 à Humpolec, petite ville de Vysocina, région de basses montagnes à 90 km au sud-est de Prague dans une famille de fonctionnaires – son père était percepteur et sa mère institutrice - Ivan Jirous fut profondément marqué par l'incarcération de sa tante, déclarée " exploiteur bourgeois " par les communistes qui prirent le pouvoir en 1948. A dater de ce traumatisme, il vouera au régime communisme une haine tenace. Brillant élève mais turbulent, il ne sauvera sa scolarité marquée par de nombreux accrochages avec les autorités que grâce à ses résultats. Attiré par la célèbre école de cinéma FAMU dont sont issus les cinéastes de la Nouvelle vague tchèque qui réalisent leurs premiers films au début des années 1960, il choisira finalement d'étudier les beaux-arts pendant le dégel (1963-68), sous l'influence de son cousin, rédacteur du magazine d'art Vytvarna prace, pour lequel il écrira des critiques. Jugeant la musique moins exposée à la censure, Ivan Jirous se rapprochera de la scène rock et deviendra le mentor de PPU. Sa première épouse Vera Varilka écrivait les textes du groupe le plus populaire dans la Tchécoslovaquie normalisée par les communistes conservateurs au début des années 1970. Profondément croyant C'est en prison qu'il s'est mis à écrire de la poésie de manière systématique. Son recueil le plus marquant, Les chants du cygne (1985), a été composé dans le pénitencier de Valtice, l'un des plus sévères. Il a publié une douzaine de recueils, une partie d'abord en samizdat (auto-édition) avant de paraître légalement dans les années 1990. Combinant des accents de la spiritualité catholique (" Magor " était profondément croyant) et une posture de héros maudit à la Villon, sa poésie est aussi marquée par un esthétisme de la vulgarité et une syntaxe altérée. Ivan Jirous vivait entre Prague, où le prince et ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg lui louait pour une bouchée de pain un pied à terre, et une ferme à Kostelni Vydri, un village à 120 km au sud-est de la capitale. Père de trois enfants et d'un fils adoptif, Ivan Jirous leur a communiqué le virus de la littérature. Son fils adoptif Tobias et sa fille Frantiska sont romanciers et Marta, poétesse lyrique. Martin Plichta
"2011-07-12T00:00:00"
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2011/12/07/mort-d-ivan-martin-jirous-ancien-chef-de-file-de-la-culture-underground-tcheque_1614535_3382.html
"L’UMP défend le ""produire plus, dépenser moins"""
Dans son projet économique et social qui devrait être présenté ce mardi, le parti majoritaire veut revenir sur les 35 heures et instaurer une TVA sociale. Il pourfend également "une logique d'assistance".
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé (à droite), et le ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, sont les principaux artisans du projet de l'UMP pour 2012. AFP/LIONEL BONAVENTURE L'UMP devait rendre public, mardi 22 novembre à Lambersart (Nord), à l'occasion d'une première convention nationale qualifiée de "rendez-vous du courage", son projet économique et social pour 2012. Dans ce document de dix pages que Le Monde s'est procuré, le parti présidentiel affirme ne pas vouloir "abandonner" le modèle social français. "Mais, ajoute-t-il, pour le sauver, nous devons le financer autrement : par les richesses que nous créons et non plus par les dettes que nous contractons." "Produire plus et dépenser moins", tel est le thème de bataille qui devrait se substituer, en 2012, au "travailler plus pour gagner plus" de 2007. L'UMP, tout en se félicitant de la réforme des retraites et de l'assouplissement des 35 heures engagés depuis 2007, estime qu'il faut "franchir une nouvelle étape" vers la sortie des 35 heures. Elle veut "inciter à ouvrir des négociations sur le temps de travail, sans remettre en cause la durée légale du travail de 35 heures". Dans le secteur privé, ces négociations devraient avoir lieu au niveau des branches ou, à défaut, des entreprises ; dans le secteur public, dans chacune des fonctions publiques. L'incitation à l'ouverture des négociations sur l'organisation du travail, "dès 2012", passerait par une "modulation des exonérations de charges en fonction de l'avancée des négociations". L'UMP se prononce pour le maintien du régime d'exonération fiscale et de charges sociales sur les heures supplémentaires "sur la base de la durée du travail définie dans le cadre de la négociation collective". On retrouve là bon nombre des propositions formulées par Hervé Novelli, chef de file de l'aile libérale de l'UMP. LE PARTI DÉNONCE "UNE LOGIQUE D'ASSISTANCE" Le parti présidentiel plaide pour un allégement du coût du travail. Il entend "refonder" le financement de la protection sociale "pour qu'il ne pèse plus uniquement sur le travail". Premier enjeu : les allocations familiales. "A terme, ces prestations doivent être financées par la fiscalité générale et non, comme aujourd'hui, par les cotisations sociales", défend l'UMP. Elle propose "un transfert sur cinq ans des allocations familiales vers une fiscalité antidélocalisation, en France et plus largement en Europe, qui rétablit des conditions de concurrence économique, sociale et environnementale équitables". Le "parti des droits et des devoirs", comme il se qualifie, considère que "la France a le modèle social le plus généreux de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques]", qui regroupe 34 pays. Il consacre une pleine partie de son projet à la critique d'un système conçu, selon lui, selon "une logique d'assistance". En réponse aux polémiques déclenchées, notamment, par les propos de Laurent Wauquiez mettant en cause le "cancer de l'assistanat", le projet dénonce "une préférence française pour l'indemnisation passive plutôt que pour une aide active à l'insertion, (…) conséquence d'un choix collectif dont la gauche est largement responsable". En mai, Laurent Wauquiez, qui dirige la "Droite sociale", avait dénoncé "l'assistanat" comme le "cancer de la société française". AFP/PIERRE VERDY "UN FBI DE LA LUTTE CONTRE LES FRAUDES FISCALES ET SOCIALES" Reprenant pour une bonne part les thématiques développées par la Droite populaire et remises récemment à l'honneur par Nicolas Sarkozy, le projet de l'UMP développe deux axes principaux : la lutte contre la fraude – "Nous ne tolérerons pas que certains se placent dans la position du passager clandestin" – et l'accroissement de la différence entre revenus du travail et "revenus de l'assistance". Pour ce premier volet, l'UMP veut créer "un FBI de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales". Elle entend aussi instaurer "une carte sociale sécurisée", biométrique et dotée d'un numéro unique d'enregistrement, regroupant toutes les informations ouvrant des droits sociaux. Enfin, elle souhaite la mise en place d'"un fichier national des fraudeurs". Sur le deuxième point, elle souhaite la fusion de la prime pour l'emploi (PPE) et du revenu de solidarité active (RSA) activité – revendiquée de longue date par les centristes de l'UMP. Elle se prononce, en outre, pour que "le cumul de revenus sociaux issus notamment des droits connexes et tarifs mis en place par les collectivités locales ne dépasse pas 75 % du smic" hors prestations familiales. LES "ALLOCATIONS CHÔMAGE DÉGRESSIVES DANS LE TEMPS" L'UMP indique aussi vouloir "rendre les allocations chômage dégressives dans le temps, dès lors que le taux de chômage commencera à diminuer" et "inciter chaque bénéficiaire du RSA à reprendre une activité". Sans préciser quelle forme prendrait cette "incitation", mais la formule suivante en donne une idée : "La solidarité nationale ne peut pas s'appliquer pour celui qui refuse de travailler alors qu'il en a la capacité." Le dernier volet du triptyque du projet économique et social de l'UMP concerne la production. Celui-ci met l'accent sur le développement d'entreprises de taille intermédiaire. "Nous voulons supprimer le principal frein à l'emploi dans les PME [petites et moyennes entreprises] : les effets de seuil sociaux", annonce l'UMP. Elle souhaite aussi l'instauration d'"un small business act européen qui réserve une part des marchés publics européens aux PME". Reprenant un thème cher à l'ancien ministre de l'industrie Christian Estrosi, l'UMP entend "faire du 'made in France' une marque aussi reconnue que le 'made in Germany'". Quatre "filières d'excellence" sont distinguées : l'agroalimentaire, la filière verte, le médical et le numérique. L'UMP réaffirme enfin son "choix du nucléaire", tout en confirmant l'engagement de faire "passer à 23 % de notre mix énergétique en 2020" la part des énergies renouvelables. La version finale a fait l'objet d'une relecture minutieuse jusque tard dans la soirée du lundi 21 novembre. Sa rédaction a été suivie de près par Nicolas Sarkozy. Ses deux principaux artisans, Bruno Le Maire et le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, étaient à l'Elysée dans la soirée pour procéder aux derniers arbitrages. Patrick Roger
"2011-11-22T00:00:00"
election-presidentielle-2012
https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/11/22/l-ump-defend-le-produire-plus-depenser-moins_1607389_1471069.html
Venezuela : Maduro ordonne la saisie des usines
Le président a décrété dans la nuit de vendredi à samedi l’état d’exception, à cause de « menaces extérieures ». Puis il a ordonné, samedi, l’emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays ». Le pays est en pleine crise économique et politique.
Nicolas Maduro, à Caracas, le 12 mai. HANDOUT / REUTERS C’est une semaine capitale pour le Venezuela. Le président Nicolas Maduro doit préciser lundi les contours de l’état d’exception décrété ce week-end, et l’opposition appelle à manifester mercredi pour réclamer un référendum révocatoire avant des exercices militaires prévus pour samedi. M. Maduro a ordonné samedi la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l’emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays ». « Dans le cadre de ce décret (…), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l’appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie. (…) Quiconque veut arrêter [la production] pour saboter le pays devrait partir, et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la PGV [prison générale du Venezuela] », a déclaré M. Maduro devant des milliers de partisans dans le centre de Caracas. Le président a en outre annoncé avoir ordonné pour le 21 mai « des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice pour préparer [le pays] à n’importe quel scénario ». Il a à cet égard assuré qu’Alvaro Uribe, ancien président de Colombie, avait, au cours d’une rencontre à Miami avec des dirigeants de l’opposition vénézuélienne, « appelé à une intervention armée ». Etait aussi présent à cette rencontre Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), dont M. Maduro affirme qu’elle est au service des Etats-Unis, qu’il soupçonne de vouloir « en finir avec les courants progressistes en Amérique latine ». Vendredi, le président socialiste du Venezuela avait annoncé qu’il décrétait l’« état d’exception et d’urgence économique » afin de « neutraliser et mettre en échec l’agression extérieure ». L’opposition a averti samedi du risque d’« explosion » dans le pays si elle ne parvenait pas à organiser un référendum pour révoquer le chef d l’Etat. L’état d’urgence économique autorise le gouvernement à disposer des biens du secteur privé pour garantir l’approvisionnement des produits de base, ce qui, selon ses détracteurs, ouvre la voie à de nouvelles expropriations. Le Venezuela, dont les réserves de pétrole sont les plus importantes du monde, est touché de plein fouet par la chute des cours du brut, dont il tire 96 % de ses devises. Il a enregistré en 2015 une hausse des prix de 180,9 % et un recul de son produit intérieur brut (− 5,7 %), pour la deuxième année de suite. En outre, il est en proie à un bras de fer entre un gouvernement chaviste (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) et un Parlement aux mains de l’opposition. La crise politique s’est accentuée depuis que l’opposition a collecté au début de mai 1,8 million de signatures en faveur du référendum pour révoquer M. Maduro, qu’elle souhaite organiser d’ici à la fin de l’année.
"2016-05-16T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/05/16/venezuela-maduro-ordonne-la-saisie-des-usines_4920168_3222.html
Christiane Taubira, isolée, réplique aux attaques
La libération de trois condamnés faute de place en prison a été dénoncée par la droite, mais aussi par Manuel Valls.
La ministre de la justice Christiane Taubira, à la sortie de l'Elysée le 24 juillet. AFP/FRANCOIS GUILLOT Après trois jours de silence, Christiane Taubira a vivement répondu, lundi 5 août sur France 2, aux attaques de la droite et aux interrogations du PS après la décision du parquet de Chartres de relâcher trois condamnés à de courtes peines arrêtés la veille à Dreux (Eure-et-Loir), parce que la prison de la ville était pleine. > Lire aussi : Faute de place en prison, trois personnes condamnées ont été relâchées "Tout cela se réfère uniquement aux dispositions de la loi pénitentiaire de 2009, a indiqué la garde des sceaux, qui dit très clairement que jusqu'à deux ans d'incarcération il faut envisager l'aménagement des peines." Le député et maire (UMP) de Nice, Christian Estrosi – qui était ministre de l'industrie en 2009 –, avait indiqué samedi 3 août qu'il était "indigné et révolté". L'un de ses proches, le député (UMP) Eric Ciotti, avait lui accusé la ministre de la justice de "mettre en péril notre pacte républicain". "Ils n'ont pas de légitimité pour s'exprimer, a répondu la ministre, parce qu'aujourd'hui nous avons 56 % de récidive depuis 2007 malgré les 30 lois pénales et 64 % de récidives sur les peines de moins de six mois." > Lire aussi : Délinquants libérés : pour Taubira, la loi a été appliquée La réaction de Manuel Valls est plus lourde de conséquences. Le ministre de l'intérieur a téléphoné en personne au commandant de police de Dreux qui avait protesté, vendredi 2 août, contre la remise en liberté la veille des condamnés. M. Valls s'était alors dit "très surpris et inquiet". Il a de nouveau pris ses distances, mardi, avec Mme Taubira et déclaré à Nice-Matin : "Moi, je suis pour une exécution ferme des peines de prison, même les plus courtes." Bruno Le Roux, le chef de file des députés socialistes, avait lui aussi indiqué lundi sur Europe 1 qu'il "attendait des explications sur cette affaire qui n'est pas normale".
"2013-06-08T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/06/christiane-taubira-isolee-replique-aux-attaques_3457941_3224.html
Nombreuses manifestations de soutien au Conseil national syrien
De nombreuse marches ont suivi l'annonce de la formation du Conseil national syrien qui réunit les courants de l'opposition à Bachar Al-Assad.
L'opposant Burhan Ghalioune lors d'une conférence de presse à Istanbul. AFP/BULENT KILIC De nombreux militants ont annoncé l'organisation de marches de soutien en Syrie pour appuyer le Conseil national syrien (CNS), qui réunit pour la première fois tous les courants de l'opposition syrienne et dont la formation a été annoncée dimanche à Istanbul. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plusieurs manifestations ont eu lieu dans le quartier de Qadam, à Damas, en dépit du déploiement massif des forces de sécurité, ainsi qu'à Hama, Homs, Idlib, Deraa, Deir-Ezzor et dans la province de Damas. Des vidéos postées sur la page facebook "Syrian Revolution 2011", moteur du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar Al-Assad, ont montré des manifestants à Zabadani, à 50 km au nord de Damas, qui affirmaient leur appui au CNS "notre représentant unique et légitime". "Nous appuyons le Conseil national syrien, le représentant légitime et unique de la Révolution syrienne", pouvait-on lire sur une pancarte portée par des manifestants à Inkhel, dans la province de Deraa (Sud). Dimanche, l'opposition avait annoncé à Istanbul la formation du CNS. L'opposant Burhan Ghalioune a expliqué que le Conseil "œuvre pour mobiliser toutes les catégories du peuple syrien et apporter le soutien nécessaire à la marche de la révolution et à la réalisation des espoirs et attentes de notre peuple pour le renversement du régime et de ses symboles, y compris la tête de ce régime". LES FRÈRES MUSULMANS PRÔNENT UN ÉTAT DÉMOCRATIQUE L'ancien chef des Frères musulmans de Syrie, Ali Sadreddine Al-Bayanouni, a assuré dimanche soir que la confrérie aspirait à l'instauration d'un Etat démocratique et non pas islamique en Syrie en cas de chute du régime du président Bachar Al-Assad. Lors d'une conférence organisée par le centre Brookings de Doha, M. Bayanouni a affirmé que le CNS représentait "80 % de l'opposition syrienne", et qu'il était "ouvert à ceux qui voudraient s'y joindre". Il a affirmé que les Frères musulmans, qui font partie de cette instance "ne veulent pas imposer leurs vues à l'opposition ni au peuple syrien". "Les Frères musulmans sont pour l'édification d'un Etat civil démocratique et moderne" en Syrie en cas de chute du régime, a-t-il encore dit. Le Conseil national syrien réunit toutes les tendances politiques, regroupant notamment les comités locaux de coordination qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans, interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens. M. Bayanouni a appelé l'administration américaine à appuyer le soulèvement populaire en Syrie, estimant qu'elle devait "réaliser enfin que son intérêt est d'appuyer le peuple et non ce régime, qui est fini".
"2011-03-10T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/10/03/les-freres-musulmans-pronent-l-instauration-d-un-etat-democratique-en-syrie_1581270_3218.html
"L'acteur Paul Walker, vedette de ""Fast and Furious"", meurt dans un accident de voiture"
Paul Walker, l'un des acteurs vedettes de la série de films d'action « Fast and Furious », s'est tué dans un accident de la route, samedi près de Los Angeles, en Californie.
L'acteur américain Paul Walker en mai 2013 lors de la première de "Fast and Furious 6" à Londres. AFP/LEON NEAL Paul Walker, l'un des acteurs vedettes de la série de films d'action Fast and Furious, s'est tué dans un accident de la route, samedi 30 novembre dans le comté de Los Angeles, en Californie, selon ses agents de relations publiques. Selon les médias américains, la voiture dans laquelle se trouvait le comédien s'est écrasée contre un arbre et a pris feu. Des secouristes à proximité de la Porsche dans laquelle Paul Walker a été tué. AP/Dan Watson « C'est le cœur sincèrement lourd que nous devons confirmer que Paul Walker est décédé aujourd'hui dans un tragique accident de voiture tandis qu'il participait à un gala de charité de son association humanitaire Reach Out Worldwide », indique un message posté sur le compte Facebook de l'acteur. « Il était passager dans la voiture d'un ami, et tous deux ont perdu la vie », précisent ses agents. Un message similaire a été diffusé sur Twitter. Le comédien participait à un gala afin de lever des fonds en faveur des victimes du typhon Haiyan aux Philippines. Fondée par Paul Walker en janvier 2010 suite au tremblement de terre en Haïti, la mission de Reach Out Worldwide consiste à soutenir les personnes touchées par des catastrophes naturelles. Les causes de l'accident n'ont pas encore été déterminées, mais la vitesse semblerait en être à l'origine, rapporte TMZ. Star de la saga Fast and Furious depuis 2001, cet acteur de 40 ans aux yeux bleus perçants et au sourire ravageur, a connu la gloire en interprétant le rôle de Brian O'Connor, un agent infiltré dans le milieu des courses automobiles. Il a joué dans cinq des six long-métrages de la série de films d'action, aux côtés notamment de Vin Diesel et Michelle Rodriguez. En juin 2001, Variety citait le réalisateur Rob Cohen décrivant Fast and Furious comme une version moderne de La Fureur de vivre qui rencontrerait The Matrix. Il avait joué dans cinq des six long-métrages de la série, aux côtés notamment de Vin Diesel et Michelle Rodriguez. L'acteur, qui avait arrêté le tournage du 7e épisode le temps des fêtes de Thanksgiving – épisode qui devait sortir en 2014 –, était lui-même un passionné de voitures et de courses automobiles. « Frère, tu vas me manquer énormément » a posté Vin Diesel sur son compte Instagram. « Je suis sans voix. Un ange de plus est allé au ciel. Repose en paix. » Une autre star de Fast and Furious, Ludacris, a écrit sur Twitter : « Ton âme empreinte d'humilité s'est imposée tout de suite, où que tu sois tu a toujours laissé une trace, nous étions comme des frères... tu auras toujours ta place dans nos cœurs ». Lire la critique de « Fast & Furious 5 » : Gonflette mécanique et tuning anatomique Avant Fast and Furious, Paul Walker qui faisait déjà craquer les adolescentes, a campé des rôles dans Pleasantville (1988), Varsity Blues et She's All That en 1999. Il avait joué dans nombre d'autres films, dont Mémoires de nos pères, de Clint Eastwood. Lire la critique de « Mémoires de nos pères » : L'héroïsme ordinaire selon Eastwood Il apparaîtra dans Hours (sortie le 3 décembre aux Etats-Unis), dans lequel Paul Walker joue le rôle d'un père qui va lutter pour la survie de son bébé dans un hôpital de La Nouvelle-Orléans, peu après le passage de l'ouragan Katrina. Il laisse une fille de 15 ans, Meadow.
"2013-01-12T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/12/01/l-acteur-paul-walker-vedette-de-fast-and-furious-se-tue-en-voiture_3523372_3222.html
"Courroye dénonce une ""mise en cause calomnieuse"""
Réagissant à sa convocation prochaine en vue d'une mise en examen, le procureur de Nanterre "conteste formellement les infractions visées".
Philippe Courroye lors de son audience solennelle d'installation comme procureur de Nanterre, le 25 avril 2007. AFP/PIERRE VERDY Après la révélation par Le Monde de la convocation prochaine du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, en vue d'une mise en examen dans l'affaire dite "des fadettes", les réactions se multiplient. Premiers visés, Philippe Courroye et son adjointe Marie-Christine Daubigney ont réagi dans un communiqué. Ils "s'indignent de cette mise en cause calomnieuse, contestent formellement les infractions visées et émettent les plus grandes réserves sur la régularité de la procédure engagée". A droite, la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a affirmé qu'"il s'agit d'une procédure judiciaire en cours qui n'appelle pas du gouvernement de commentaires", ajoutant que "la justice travaille en toute indépendance". De son côté, le Parti socialistea insisté sur l'incompatibilité des fonctions de procureur avec une mise en examen. Dans un communiqué, le PS explique que si ce scénario se confirme "il incomberait au garde des sceaux de saisir le Conseil supérieur de la magistrature dans le cadre d'une procédure disciplinaire. M. Courroye peut, de lui-même, décider de se mettre en retrait par respect pour la justice qu'il sert". "LE PROBLÈME, C'EST LE STATUT DU PARQUET EN FRANCE" Plus virulent, le Parti de gauche, a réagi, par la voix de sa coprésidente, Martine Billard, se félicitant que "l'oligarchie et ceux qui la servent au lieu de servir l'intérêt général et le bien commun doivent maintenant rendre des comptes". Dans le monde judiciaire l'émoi est palpable. Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM), a assuré sur France Inter que cette convocation en vue d'une mise en examen était "du jamais vu" et "autant il est légitime que les investigations aillent à leur terme, (...) autant je pense que personne ne peut se réjouir qu'on en soit à ces extrémités". Selon lui, l'origine du problème serait "le statut du parquet en France", dont la dépendance à l'égard de l'exécutif fait l'objet d'une vaste remise en cause ces derniers mois, qui "n'a pas été réglé".
"2011-09-28T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/09/28/courroye-denonce-une-mise-en-cause-calomnieuse_1579242_3224.html
"""Le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature"""
Annie Ernaux a lu "Eloge littéraire d'Anders Breivik". Selon l'écrivaine, "la plume de Richard Millet s'est mise au service du fusil d'assaut" du tueur norvégien.
Annie Ernaux, en juillet 2001 à Paris. AFP/JACQUES DEMARTHON J'ai lu le dernier pamphlet de Richard Millet, Langue fantôme suivi d'Eloge littéraire d'Anders Breivik (P.-G. de Roux, 120 p., 16 €) dans un mélange croissant de colère, de dégoût et d'effroi. Celui de lire sous la plume d'un écrivain, éditeur chez Gallimard, des propos qui exsudent le mépris de l'humanité et font l'apologie de la violence au prétexte d'examiner, sous le seul angle de leur beauté littéraire, les "actes" de celui qui a tué froidement, en 2011, 77 personnes en Norvège. Des propos que je n'avais lus jusqu'ici qu'au passé, chez des écrivains des années 1930. Je ne ferai pas silence sur cet écrit à la raison que réagir renforce la posture de martyr, d'écrivain maudit, qu'il s'est construite. Ou qu'il s'agirait là d'un délire, d'un "pétage de plombs" ne méritant pas une ligne. C'est dédouaner facilement la responsabilité d'un écrivain réputé pour savoir manier la langue à merveille. Richard Millet est tout le contraire d'un fou. Chaque phrase, chaque mot est écrit en toute connaissance de cause et, j'ajouterai, des conséquences possibles. Traiter par le silence et le mépris un texte porteur de menaces pour la cohésion sociale, c'est prendre le risque de se mépriser soi-même plus tard. Parce qu'on s'est tu. Je ne me laisserai pas non plus intimider par ceux qui brandissent sans arrêt, en un réflexe pavlovien, la liberté d'expression et le droit des écrivains à tout dire – on attend donc un "Eloge littéraire de Marc Dutroux" –, hurlant à la censure pour bâillonner celui ou celle qui, après avoir examiné de quoi il retourne dans cet opuscule, ose – quelle audace ! – s'interroger sur les responsabilités de son auteur au sein d'une maison d'édition. Balayons d'abord la prétendue ironie du titre que, selon l'auteur, les lecteurs, bouchés à l'émeri, n'ont pas perçue. Et pour cause, elle n'y est pas et on en chercherait en vain une once dans la suite du texte. On soupçonne l'adjectif "littéraire" de n'être là que pour la douane – la loi –, comme la précaution liminaire, réitérée plus loin par deux fois, dans laquelle Richard Millet déclare ne pas approuver les actes d'Anders Breivik. Et pour se mettre solidement à couvert, il ne craint pas d'user d'un sophisme tellement aveuglant qu'il a ébloui ses défenseurs : 1. La perfection et le Mal ont toujours à voir avec la littérature ; 2. Anders Breivik, par son crime, a porté le Mal à sa perfection ; 3. Donc, je me pencherai sur "la dimension littéraire" de son crime. Inattaquable. Saluez l'artiste qui se flatte d'isoler et d'extraire d'un criminel de masse sa seule "dimension littéraire". En réalité, il n'en est rien. C'est la littérature qui est ici au service d'Anders Breivik : en tant qu'elle est la pièce essentielle du développement de la thèse de Millet. Elle est enrôlée de force dans une logique d'exclusion et de guerre civile, dont la portée politique, à moins d'être aveugle, est flagrante. Pour saisir la rhétorique perverse du dispositif mis en place par Richard Millet, on ne doit pas dissocier l'Eloge de Langue fantôme : Essai sur la paupérisation de la littérature. Il faut accepter de lire ce tableau ahurissant de la littérature contemporaine – française, européenne, américaine –, qui ne serait qu'insignifiance, indigence, niaiserie, "ordure romanesque". Cette "postlittérature" est le fruit, pêle-mêle, du multiculturalisme, de l'antiracisme, des droits de l'homme, de la "bien-pensance", qui font régner la terreur dans les sociétés démocratiques. La vraie littérature, elle, est morte. Ce qui l'a tuée : "le repeuplement de l'Europe par des populations dont la culture est la plus étrangère à la nôtre", autrement dit, l'immigration non-européenne. Et, avec quelque précaution, tant le saut imposé à la raison du lecteur est énorme, l'auteur assène : "Le rapport entre la littérature et l'immigration peut sembler sans fondement ; il est en réalité central et donne lieu à un vertige identitaire." Par un autre coup de force, il fait de l'identité "l'enjeu de la littérature". Ainsi l'immigré, qui est censé menacer "la pureté" – fantasmatique, elle n'a jamais existé – de la langue française, celui dont la mémoire est ancrée dans une autre culture, un autre héritage que le mien–- il vit dans les mêmes espaces, dans le même monde, mais cela Millet ne veut pas le savoir, ou l'accepter – donc ce non-Français de "souche", de "sang" serait en train de s'infiltrer dans mon imaginaire, mon écriture, de m'imposer sans que je le veuille des schèmes de pensée ? De me coloniser ? Je n'exagère pas, je feins seulement d'appliquer à moi-même ce que Richard Millet affirme, à savoir que les écrivains se trouvent "dans une situation néocoloniale inédite". Une déclaration incroyable dont la gravité devrait interpeller tous les écrivains. Car ce qui est suggéré dans cet Eloge qui suit le tableau de ruines de Langue fantôme – dans une succession qui fait sens – est effrayant. Apparentant Breivik à un "écrivain par défaut", affirmant "la perfection formelle" de ses crimes et "la perfection de l'écriture au fusil d'assaut qui le mène au-delà du justifiable", Richard Millet se plaît à faire miroiter la supériorité performative du fusil sur la plume. En l'occurrence, celle de Richard Millet s'est bel et bien mise au service du fusil d'assaut d'Anders Breivik, en attisant la haine à l'égard des populations d'origine étrangère, des musulmans vivant sur notre sol, en dressant des catégories de citoyens contre d'autres dans une trouble attente, voire espérance – du pire. Oui, ce texte répugnant, comme le qualifie à juste titre Jean-Marie Le Clézio, est un acte politique à visée destructrice des valeurs qui fondent la démocratie française. C'est pourquoi, au lieu des questions effarouchées que lui posent les médias, il faut oser demander à Richard Millet : "Que voulez-vous ? La fermeture des frontières ? Le renvoi de tous ceux qui ne sont pas 'français de sang' ? Quel régime à la place de cette démocratie que vous haïssez ?" J'écris depuis plus de quarante ans. Pas davantage aujourd'hui qu'hier je ne me sens menacée dans ma vie quotidienne, en grande banlieue parisienne, par l'existence des autres qui n'ont pas ma couleur de peau, ni dans l'usage de ma langue par ceux qui ne sont pas "français de sang", parlent avec un accent, lisent le Coran, mais qui vont dans les écoles où, tout comme moi autrefois, ils apprennent à lire et écrire le français. Et, par-dessus tout, jamais je n'accepterai qu'on lie mon travail d'écrivain à une identité raciale et nationale me définissant contre d'autres et je lutterai contre ceux qui voudraient imposer ce partage de l'humanité. Une jeune romancière, qui n'est pas d'origine européenne, m'a écrit ces jours-ci à propos du livre de Millet et de la tiédeur des réactions du milieu littéraire : "Comme je me sens, moi et mes enfants, visée par ces attaques contre le multiculturalisme et le métissage, je me dis que si ces idées devaient prendre corps et réalité, nous serions bien seuls." Il est encore temps d'agir afin que n'advienne jamais cette réalité, et pour commencer, d'appeler un chat un chat et l'Eloge littéraire d'Anders Breivik un pamphlet fasciste qui déshonore la littérature. Lire aussi : Ayrault "très choqué" par l'éloge de Breivik par Richard Millet Annie Ernaux, écrivaine
"2012-10-09T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/10/le-pamphlet-de-richard-millet-deshonore-la-litterature_1758011_3232.html
Les subtilités d'un repas de rois à l'Elysée
Un dîner grandiose, en cloture des cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement, a célébré la reine Elizabeth II et l'Entente cordiale franco-britannique.
L'amitié franco-britannique que célèbre la visite d'Etat en France effectuée par la reine du jeudi 5 au samedi 7 juin n'empêche pas les différences culturelles. Le dîner d'apparat à l'Elysée, offert vendredi soir par le président François Hollande en l'honneur de la souveraine et du duc d'Edimbourg, en témoigne. A l'Elysée, dîner donné en l'honneur de la reine Elizabeth II et des relations franco-britanniques à l'occasion des cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, vendredi 6 juin 2014. Eric Feferberg/AP Certes, le cadre grandiose de l'Elysée tout comme celui de Buckingham Palace ou de Windsor, les gardes républicains ou royaux aux casques étincelants, une gastronomie de haut niveau et des grands crus ont bien des points communs. Les hommes en smoking et les femmes en robe longue sont issus du même monde : premiers ministres et ministres des deux pays, hommes politiques, industriels et banquiers, ainsi qu'une brochette de célébrités des arts et du sport. Et la musique d'ambiance interprétée par des orchestres militaires est tout aussi mièvre. Mais là s'arrêtent les similitudes entre le dîner du 6 juin 2014 et les deux banquets organisés au château de Windsor auxquels Le Monde avait également assisté à Londres, à l'occasion des visites de Jacques Chirac en 2004 et de Nicolas Sarkozy en 2007. Outre-Manche, les participants sont tous présentés au couple royal et à leurs invités de marque avant de passer à table. Selon un protocole immuable, une procession regroupant la monarque et des membres de la famille royale flanqués des présidents et des ministres marque le début des festivités. A l'Elysée, la reine, son époux et le président, sont soudain apparus à l'entrée de la salle des fêtes qu'ils ont lentement traversée de bout en bout pour gagner une table d'honneur. POMPAGE DES SHADOCKS A Windsor, il n'y a qu'une seule table immense en acajou qui croule sous l'argenterie et les candélabres. Le vis-à-vis est distant d'au-moins quatre mètres. A l'Elysée, les convives sont assis à de petites tables décorées de bouquets de roses, de pétales et de petites bougies rappelant les dîners de mariage. Les verres sont placés devant, alors que les Anglais les posent à droite. Les menus affichent le même nombre de plats – quatre – sauf que la Cour d'Angleterre privilégie la salade sans fromage et les fruits. Reste que, résultat de toute une éducation, écorcher les litchis à la fourchette et au couteau rebute même les plus audacieux qui font l'impasse. Servir du foie gras, l'un des plats qu'adore la reine, comme ce fut la cas vendredi soir, est impensable au royaume de la protection des animaux chers à Béatrix Potter. Lors des dîners des Windsor, les caméramans et les photographes sont persona non grata, à l'inverse de ce qui se passe dans le palais républicain. Les chroniqueurs royaux sont tenus à distance, officiellement pour respecter la majesté de la fonction. A Windsor, le drapeau européen est absent, sans doute pour ne pas effaroucher une nation à l'euroscepticisme chatouilleux. Le message de la seule présence de l'Union Jack et des couleurs bleu-blanc-rouge éclaire : longue vie à l'Entente cordiale ! Et l'éloge s'arrête là. Dernière subtilité qui prouve bien que les Britanniques ne peuvent jamais faire comme tout le monde, un dîner royal est éprouvant. L'assistance ne cesse de se lever lors des allocutions, toasts et hymnes nationaux qui se succèdent. La République évite ce ballet qui n'est pas sans rappeler le pompage des Shadoks.
"2014-07-06T00:00:00"
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2014/06/07/les-subtilites-d-un-repas-de-rois-a-l-elysee_4434057_3210.html
Au Vietnam, une amorce de contestation du parti unique émerge de la crise économique
Au sein même du Parti communiste, des voix autorisées critiquent le modèle de développement dirigiste qui n’a pas permis le décollage du pays.
Hanoï, envoyé spécial. Une situation économique peu reluisante, un Parti communiste clivé par des dissensions internes, un premier ministre de plus en plus isolé… Le Vietnam traverse une sérieuse période de turbulences. Alors que la montée du chômage et la multiplication des faillites fait redouter une crise sociale. Le premier ministre Nguyen Tan Dung lors de la cérémonie de clôture du congrès du Parti communiste vietnamien à Hanoï, en janvier 2011. KHAM/REUTERS Au milieu des années 1990, le Vietnam était perçu comme un futur "tigre" de l'Asie. Il y a encore cinq ans, beaucoup pariaient sur la réussite d'un pays qui, depuis 1986, s'était lancé sur la voie du doï moï ("le renouveau"). Un slogan qui augurait de vastes bouleversements dans l'économie et l'ouverture au marché d'un système hérité d'une vision soviétique. La réalité n'est pas à la hauteur des attentes de ceux qui avaient misé sur une réelle émergence du Vietnam. Les succès enregistrés dans le passé sont indéniables, mais tous les signaux d'alerte sont désormais allumés : croissance la plus faible depuis treize ans (5,3 % en 2012), difficultés à maîtriser l'inflation (6,5 %), système bancaire pourri, dont le taux de créances douteuses – prêts non remboursés aux banques – s'élève officiellement à 8,8 % mais pourrait bien être de 15 % à 20 %… QUELQUE 100 000 ENTREPRISES PRIVÉES ONT FAIT FAILLITE Le climat général est déprimé. Quelque 100 000 entreprises privées ont fait faillite en 2011 et 2012 et déjà une quinzaine de milliers ont mis la clef sous la porte depuis le début de l'année. Exportateur majeur de prêt-à-porter et de chaussures aux Etats-Unis et en Europe, le Vietnam conserve des atouts dans ces secteurs. Mais ses exportations n'ont pas été épargnées par la baisse de la demande mondiale. Les raisons des difficultés sont systémiques. Elles sont notamment la résultante d'une politique de croissance et de développement du premier ministre Nguyen Tan Dung reposant sur l'expansion de grands conglomérats d'Etat. Inspiré des chaebols sud-coréens, ce modèle a échoué. La faillite en 2010 du géant des chantiers navals, l'entreprise Vinashin, en a été la preuve la plus éclatante. Elle avait accumulé une dette de 3,3 milliards d'euros, soit 4,5 % du produit intérieur brut (PIB).
"2013-06-13T00:00:00"
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/06/13/au-vietnam-une-amorce-de-contestation-du-parti-unique-emerge-de-la-crise-economique_3429573_3216.html
Au Yémen, Amnesty International demande une enquête de l’ONU pour crimes de guerre
L’organisation dénonce « un mépris flagrant pour la vie des civils » de la part de toutes les parties, dans un conflit qui a fait 4 300 morts depuis plus de quatre mois.
A Aden, le 16 août. Des habitants ont commencé à revenir dans les quartiers du sud de la ville, ravagés par les combats jusqu’à la mi-juillet, et désormais sous le contrôle des forces loyalistes. STRINGER / REUTERS Amnesty International a demandé à l’Organisation des Nations unies (ONU), mardi 18 août, de créer une commission d’enquête pour de possibles crimes de guerre commis par les deux camps en conflit au Yémen depuis plus de quatre mois. L’organisation documente plusieurs cas probants dans un rapport paru ce jour. Les violences ont déjà causé 4 300 morts, dont de nombreux civils, et 1,2 million de déplacés, selon des estimations de l’ONU. « Toutes les parties impliquées dans le conflit ont montré un mépris flagrant pour la vie des civils et les principes fondamentaux du droit humanitaire », dénonce l’organisation non gouvernementale au terme d’une enquête menée de mai à juillet à Sanaa, la capitale, et à Saada, le fief de la rébellion houthiste, ainsi que dans le sud du pays. Elle a notamment enquêté dans le port d’Aden, théâtre des plus violents combats jusqu’à la mi-juillet, et dans la ville de Taëz, la troisième du pays, que les forces loyales au président en exil Abd Rabo Mansour Hadi tentent de reprendre. Ces forces sont appuyées dans les airs par une coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, et au sol par des troupes émiraties et saoudiennes, des séparatistes sudistes, des milices tribales et des groupes djihadistes. « Les civils du sud du Yémen se retrouvent pris sous les feux croisés meurtriers des groupes houthistes et antihouthistes, tout en vivant sous la menace constante des frappes aériennes de la coalition », écrit Amnesty. Les milices houthistes, rebelles originaires du nord du pays, appartiennent à une branche minoritaire du chiisme, et sont soupçonnées d’être soutenues par l’Iran. Elles ont pris le contrôle de Sanaa à l’automne dernier, avant de contraindre Abd Rabo Mansour Hadi à se réfugier à Aden puis en Arabie saoudite. Frappes aériennes sans distinction L’ONG a documenté huit bombardements de la coalition, lors desquels au moins 141 civils ont été tués et 101 blessés. Elle estime que ces raids ont été menés « fréquemment de manière disproportionnée et sans distinction » entre cibles civiles et militaires, ce qui constitue des crimes de guerre. « Les éléments recueillis montrent que des zones densément peuplées comprenant des logements civils, une école, un marché et une mosquée ont été délibérément visées », critique l’ONG. Les enquêteurs ont déterminé que les cibles des raids aériens se situaient à proximité de positions houthistes, mais ils n’ont pu établir aucun lien entre les victimes civiles et les combattants. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Yémen, les forces loyalistes reprennent le dessus Ainsi, le 24 juillet, un complexe résidentiel abritant notamment des salariés d’une centrale électrique à vapeur de la ville portuaire de Moka, dans l’ouest du pays, subit au moins six frappes consécutives de la coalition, selon des témoignages recueillis sur place par Amnesty. Alaa Abdelijaber Thabet, un jeune habitant du quartier, déclare aux enquêteurs : « Je marchais au milieu de mares de sang et de membres éparpillés, il y avait plus de 20 corps. » Cette attaque avait, selon un autre survivant, « quelque chose du Jugement dernier. Les corps et les têtes étaient dispersés, ensevelis sous le feu et les cendres ». Les frappes ont tué au moins 63 civils et en ont blessé 50. Il n’apparaît pas que le complexe ait été utilisé par les combattants, ni que des houthistes aient été présents sur le site, selon nombre de résidents interrogés. Le seul objectif militaire à proximité se trouve à 800 mètres au sud-est, selon l’ONG. Combats dans les zones résidentielles Dans les villes de Taëz et Aden, l’organisation accuse houthistes et antihouthistes d’opérer au milieu de zones résidentielles densément peuplées, lançant des attaques de ou à proximité de maisons, d’écoles ou d’hôpitaux, en exposant les civils aux risques de représailles. Un habitant du secteur d’Al-Osifra, à Taëz, l’atteste : des combattants antihouthistes « sont venus dans notre quartier (…) avec un tank, des véhicules et des hommes armés qui ont fait feu entre nos maisons. Moi et beaucoup de voisins, nous leur avons demandé de partir, mais ils ont refusé. Ils ont continué à tirer toute la nuit au milieu des maisons ». Le lendemain, ces hommes ont été visés par des tirs des houthistes. « Les houthistes ont frappé le troisième étage de ma maison avec des armes antiaériennes. Mes deux sœurs étaient dans la cuisine, Sara [l’une des sœurs, âgée de 14 ans] était près de la fenêtre. Tout son corps a été frappé par des éclats d’obus et elle est morte. » Dans ces zones urbaines, des missiles, roquettes et mortiers imprécis utilisés par les combattants tuent sans distinction combattants et civils. Soixante-huit civils sont morts et 99 autres ont été touchés (pour la plupart des femmes et des enfants) en trente attaques documentées par Amnesty à Aden et Taëz, dont certaines peuvent également constituer des crimes de guerre. La guerre a aggravé la situation, déjà précaire, des Yéménites. Aujourd’hui, 60 % d’entre eux ont besoin d’une assistance alimentaire ou sanitaire, et 80 % nécessitent urgemment une aide humanitaire. Morgane Bona
"2015-08-18T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/08/18/au-yemen-amnesty-international-demande-une-enquete-de-l-onu-pour-crimes-de-guerre_4729316_3218.html
"Free a le ""potentiel"" de couvrir 30 % de la population métropolitaine"
L'audit de l'Agence nationale des fréquences a été réalisé à la demande du ministère de l'industrie, alors que des concurrents de l'opérateur s'interrogeaient sur la couverture effective du nouvel entrant.
Une antenne-relais de téléphonie mobile. Elsie esq./Flickr Le rapport définitif de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) sur la couverture du réseau de Free (fondé par Xavier Niel, actionnaire à titre personnel du Monde), conclut que le nouvel opérateur mobile a le "potentiel" de couvrir un peu plus de 30 % de la population dans l'Hexagone. L'audit de l'ANFR, attendu pour le 30 mars, a été mis en ligne sur son site le 2 mai. Les obligations de couverture de Free Mobile lui prescrivent de couvrir 27 % de la population pour le service vocal et 25 % pour celui de transmission de données. A la fin de mars, la filiale d'Iliad disposait de 979 antennes-relais déclarées mises en service par l'opérateur, sur 1 770 stations en projet. L'Agence les a toutes contrôlées, et 781 d'entre elles, soit près de 80 %, "ont rendu à la fois un service de voix et un service de transmission de données", selon le rapport. La couverture de ce réseau apparaît donc "cohérente" avec l'évaluation communiquée par le nouvel entrant à l'Arcep (le régulateur des télécommunications), soit plus de 27 % de la population, estime l'ANFR. APPELS PRIS EN CHARGE SUR LE RÉSEAU D'ORANGE Elle note qu'au stade actuel du déploiement du réseau Free, "la plus grande part des appels des abonnés apparaît prise en charge par Orange". Mais l'ANFR ne précise pas le pourcentage de ce trafic, qui serait de plus de 95 %, selon les dernières estimations d'Orange. Cette situation est "susceptible de perdurer jusqu'à ce que le réseau atteigne une couverture comparable à celle de son partenaire d'itinérance dans les zones principales de séjour de ses abonnés", conclut l'ANFR. Cet audit a été réalisé à la demande du ministère de l'industrie, alors que certains opérateurs concurrents comme SFR (Vivendi) ou Bouygues Telecom s'interrogeaient sur la couverture effective du nouvel entrant, qui a lancé ses premières offres à bas coûts le 10 janvier.
"2012-07-05T00:00:00"
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/05/07/free-a-le-potentiel-de-couvrir-30-de-la-population-metropolitaine_1697375_651865.html
Aux Pays-Bas, l’autorité chancelante de Mark Rutte
Le premier ministre a échappé à une motion de défiance. L’opposition l’accuse d’avoir menti au sujet de l’abolition d’une taxe sur les dividendes.
Mark Rutte à Berlin, le 2 mars. JOHN MACDOUGALL / AFP Pour Peter Vandermeersch, le rédacteur en chef de l’influent quotidien néerlandais NRC-Handelsblad, c’est peut-être « le début de la fin d’un premier ministre qui a gâché sa principale caractéristique : la crédibilité ». Le constat, formulé samedi 28 avril, est cinglant mais à la hauteur sans doute du spectacle qui s’était déroulé peu de temps auparavant à la Chambre des députés. Mark Rutte, le chef libéral de la coalition au pouvoir, y a échappé à une motion de défiance, mercredi 25 avril ; cependant, même s’il est doté d’une rare capacité de résilience, il restera sans doute marqué par ce que l’opposition a dénoncé, en vrac, comme des « manigances », de « sales petits jeux » ou, plus clairement encore, « des mensonges » de sa part. L’enjeu de la discussion portait sur l’abolition d’une taxe sur les dividendes versés par de grandes entreprises à leurs actionnaires. La suppression de cet impôt de 15 % devrait coûter 1,4 milliard à l’Etat, un montant compensé, selon le premier ministre, par la promesse du maintien aux Pays-Bas du quartier général de grandes multinationales néerlandaises comme Shell, Philips, Unilever ou AkzoNobel, et de garanties sur la protection des emplois. Etrange et contraire à la tradition néerlandaise, ce point ne figurait pas dans le programme des quatre partis qui composent la coalition entrée en fonctions en octobre 2017. Et pas non plus à l’agenda – strictement contrôlé et chiffré – que le gouvernement avait déposé au Parlement lors de son entrée en fonctions. Ennuyeux pour une équipe ministérielle qui ne dispose que d’une voix de majorité à la Chambre (76 sièges sur 150), dans un pays très exigeant à l’égard de ses représentants. « Aucun souvenir » L’incident serait toutefois resté mineur si M. Rutte, soumis à la pression de l’opposition, et notamment de ses anciens partenaires sociaux-démocrates, n’avait pas affirmé n’avoir aucun souvenir d’une discussion préalable sur cette réforme très contestée et ne posséder aucun document étayant les chiffres relatifs à cet impôt ou les promesses qu’il formulait concernant l’emploi. Voulait-il faire croire que ni lui ni son parti n’avaient cédé à l’intense lobbying de patrons menaçant de délocaliser leur entreprise – à Londres notamment ? En plein débat, des documents officiels ont en tout cas fuité, démentant la version un brin surréaliste du premier ministre : « J’ai informé la Chambre que je n’avais aucun souvenir et cela semble être juste », avait-il déclaré. Or, les documents officiels dévoilés furent bien adressés à l’ex-secrétaire d’Etat aux finances et au parti de M. Rutte. Et ils furent clairement au cœur de la négociation pour la formation du gouvernement.
"2018-04-30T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/30/aux-pays-bas-l-autorite-chancelante-de-mark-rutte_5292593_3214.html
Plus les pays sont pauvres, plus ils s’enthousiasment pour la voiture autonome
Selon un récent sondage, les conducteurs européens et américains restent plutôt réservés quant à l’automobile sans pilote, alors que Chinois ou Brésiliens ne cachent pas leur impatience de voir arriver chez eux ce véhicule du futur.
Un prototype de la Google Car sans chauffeur, ici testé en mai 2013. Eric Risberg / AP La perspective de voir apparaître, dans les prochaines années, des voitures qui se passeront de conducteur, suscite des avis tranchés. La dernière étude réalisée par l’Observatoire Cetelem de l’automobile met en évidence un net enthousiasme parmi les automobilistes des pays émergents alors que ceux des grandes nations de l’automobile, en Europe comme aux Etats-Unis, paraissent circonspects. L’Observatoire, qui a fait réaliser 8 500 interviews individuelles auprès de conducteurs en Afrique du sud, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie, constate qu’en moyenne 55 % se disent intéressés par la voiture autonome. En fait, ce pourcentage ne signifie pas grand-chose tant les écarts sont visibles. Les plus impatients sont les Chinois (91 %) devant les Turcs (81 %) et les Brésiliens (73 %). Les Américains sont les plus rétifs (32 %) alors que les Britanniques (36 %) sont à peine plus tentés. Les Français (41 %) et les Allemands (44 %) apparaissent eux aussi assez réservés. 90% de Chinois prêts à conduire Google… ou Apple Plus l’automobile fait partie du paysage depuis longtemps et plus l’opinion semble se crisper face aux mutations qui se préparent. Cette différence d’attitude s’éclaire lorsque l’on considère « l’indice de pénibilité des déplacements domicile travail » tel qu’il peut apparaître selon la métropole où l’on réside. Celui-ci atteint 23 à Londres et 31 à Paris, mais il culmine à 108 pour Mexico et 95, à Pékin… De même, les pays émergents seraient prêts à acheter une Google car ou une Apple, produits qui pourtant n’existent pas encore : ils sont 90 % en Chine, plus de 80 % au Brésil ou au Mexique. En Europe, la proportion varie entre un tiers et deux tiers alors qu’aux Etats-Unis, elle ne dépasse pas 27 %. Signe que les constructeurs automobiles historiques y sont jugés plus crédibles. L'importance de « l’indice de pénibilité des déplacements domicile travail » joue beaucoup dans le désir d'acquérir une voiture autonome. Il est de 31 à Paris, mais de 108 à Mexico… Obsevatoire Cetelem On retrouve le même clivage lorsque l’on demande aux automobilistes si la perspective de recevoir, grâce à la géolocalisation, des offres commerciales ciblées à bord de leur véhicule connecté, les intéresse. Turcs, Chinois et Brésiliens n’y voient guère d’inconvénient, contrairement aux Européens et Américains, qui ne cachent pas leurs réticences, y compris en matière de respect de la vie privée. Il est cependant un service qui rencontre l’adhésion franche et massive de l’ensemble des automobilistes à travers le monde : la navigation par GPS. Selon les pays, entre 77 % et 97 % d’entre eux l’utilisent régulièrement ou occasionnellement. La seule exception concerne les Japonais, qui ne sont qu’une petite majorité (57 %) à y recourir. Lire aussi Les autorités californiennes proposent un frein au développement des voitures autonomes Lire aussi La voiture autonome aura des réflexes humains
"2015-12-18T00:00:00"
m-voiture
https://www.lemonde.fr/m-voiture/article/2015/12/21/plus-les-pays-sont-pauvres-plus-ils-s-enthousiasment-pour-la-voiture-autonome_4836131_4497789.html
Tensions à « Charlie Hebdo» sur le mode de gestion du journal
La fuite d’un e-mail dans la presse suscite des tensions dans le journal qui doit toujours gérer sa nouvelle fortune.
La fuite d’un e-mail dans la presse suscite des tensions dans "Charlie Hebdo" qui doit toujours gérer sa nouvelle fortune DAMIEN MEYER / AFP Le débat sur l’avenir de Charlie Hebdo n’est pas nouveau au sein du journal mais il est aujourd’hui plus tendu. En cause, la fuite d’un e-mail dans la presse : jeudi 19 mars, l’AFP a rapporté que des membres de l’équipe de l’hebdomadaire satirique ont annoncé avoir créé une association afin de réclamer un fonctionnement plus collectif et transparent du journal, décimé par un attentat le 7 janvier. « Je suis écœuré que des éléments tirés de réunions internes se retrouvent dans la presse. Nous avions des engagements mutuels. Ce n’est pas digne de Charlie Hebdo », regrette Eric Portheault, directeur financier du journal et détenteur de 20 % du capital (le reste est détenu à 40 % par le directeur de la publication, Riss, et à 40 % par les parents de Charb, l’ex-directeur décédé). La gêne est perceptible. Du côté de la direction mais aussi du côté du collectif de journalistes, on assure ne pas avoir transmis le courriel à la presse. La masse d’argent reçue par Charlie Hebdo depuis janvier – plus d’une quinzaine de millions d’euros entre les dons et les ventes historiques du premier numéro et celles des suivants – accentue les crispations. Concrètement, la création de l’association est la concrétisation d’une volonté affichée depuis longtemps dans la rédaction. Celle-ci réclame une gouvernance plus ouverte, dans un journal au fonctionnement assez familial, avec trois directeurs et actionnaires concentrant l’essentiel des pouvoirs. >> Lire notre enquête : « Charlie Hebdo », une résurrection sous tension Deux avocats engagés « Jusqu’ici, à Charlie Hebdo, il n’y avait pas de société des rédacteurs, alors que c’est courant ailleurs », explique Patrick Pelloux, chroniqueur et secrétaire général de la structure dont le président, Laurent Léger, journaliste d’investigation, est l’auteur de l’e-mail cité par l’AFP. Le collectif estime représenter la grande majorité des membres de l’équipe, dont le dessinateur Luz, par exemple. Il a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu le site Rue89, le Syndicat de la magistrature et l’homme politique Olivier Besancenot. Et pourraient accueillir des personnalités extérieures comme l’actrice Josiane Balasko ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes. « Nous voulons être davantage informés et associés aux décisions », explique Patrick Pelloux. Le collectif demande de plus un audit financier, « pour couper court aux ragots sur l’argent et nous protéger, ainsi que la direction ». L’équipe va plus loin et réclame l’ouverture du capital à un actionnariat salarié. Formulée depuis plusieurs semaines, cette revendication est présentée comme le moyen de refonder le journal en le mettant aussi en phase avec ses convictions politiques. « Les sociétés anonymes lucratives ne sont plus modernes. Les sociétés coopératives ont de meilleurs résultats », estime Patrick Pelloux. C’est le point qui cristallise le plus les tensions. La dépêche était titrée : « Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal ». Des proches de la direction sous-entendent qu’il est indigne d’évoquer dès aujourd’hui la répartition future du capital car elle concerne notamment les 40 % détenus par Charb, dont les parents sont encore en deuil. La dessinatrice Coco, qui ne fait pas partie du collectif créé cette semaine, a envoyé un message dans ce sens. « En tant qu’avocat dans ce journal depuis vingt-trois ans, je m’interdis de m’exprimer dans les médias sur une situation qui me désole et qui m’inquiète. Je sens des tensions certaines. J’ai une pensée particulière pour les familles des victimes et me demande comment ils regardent cela », déclare Richard Malka. L’avocat est très actif dans la vie du journal et y a fait venir la communicante Anne Hommel, qui, comme lui, a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. M. Malka est aussi proche du dessinateur Riss. « On essaye de nous faire passer pour des cupides, c’est n’importe quoi », regrette Patrick Pelloux. Après l’élan de solidarité suscité par les attentats et les épreuves vécues par l’équipe du journal, « la direction ne peut simplement pas rester dans les mains de deux personnes [les actionnaires Riss et M. Portheault] ». Sur le fond, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut débattre de la gouvernance, du capital, et même du journal lui-même. Mais les proches de la direction souhaitent prendre du temps, alors que d’autres dans la rédaction aimeraient aller plus vite. « Il ne faut pas toujours reporter. On n’ira jamais mieux… », plaide M. Pelloux. Parmi les chantiers du journal figure la répartition des dons, qui doivent être versés aux blessés et aux familles des victimes. Mais aussi la mise en place d’une fondation destinée à soutenir le dessin de presse, en France et dans le monde. Des objectifs qui, eux, font consensus.
"2015-03-20T00:00:00"
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/03/20/tensions-a-charlie-hebdo-sur-le-mode-de-gestion-du-journal_4598302_3236.html
Perry-Romney : la bataille pour l'identité du Parti républicain
Ils sont huit à briguer l'investiture républicaine. Mais deux hommes font la course en tête. Texas contre Côte est, Tea Party contre business : qui incarnera le parti de Lincoln, de plus en plus attiré vers la droite ?
L'un fait campagne depuis cinq ans. L'autre vient de faire une entrée fracassante dans la course à l'investiture républicaine, suivie d'une dégringolade tout aussi subite. Le premier est né avec une cuillère d'argent dans la bouche, il a étudié à Harvard et il est sans doute plus proche, culturellement, de Barack Obama que du Tea Party. Le second est né à Paint Creek, Texas, dans un ranch sans salle de bains, il a écrit un livre entier sur les valeurs boy-scouts et l'une de ses bottes s'appelle "Liberty", l'autre "Freedom"... Mitt Romney contre Rick Perry. Boston contre le Texas. Le républicain "pro-business" contre le héraut du Tea Party. Depuis que le gouverneur texan est entré en lice mi-août, la bataille des primaires pour l'élection présidentielle de novembre 2012 a tourné au duel. A l'auteur de Pas d'excuse, croire en l'Amérique s'oppose celui de Ras-le-bol ! Notre combat pour sauver l'Amérique de Washington ("Fed up !") Mais l'enjeu va au-delà de la désignation, lors des primaires, au premier semestre 2012, du candidat qui affrontera Barack Obama. C'est aussi l'identité du parti qui est en débat. Jusqu'où peut-il aller dans la radicalisation anti-impôts, anti-réglementation, anti-gouvernement sans se couper d'un électorat qui, selon les sondages, est favorable à plus de 70 % à une augmentation des taxes pour les millionnaires ou qui estime dans une proportion égale que la Social Security (le système des retraites) n'est pas anticonstitutionnelle, contrairement à ce que dit le Tea Party ? Les jeux ne sont pas faits. Huit candidats briguent l'investiture. Mais l'ascension de Rick Perry, ancien démocrate devenu le champion du moins-d'impôts-moins-d'Etat, après celle de Michele Bachmann, la représentante du Minnesota qui promet de "fermer les lumières" d'un certain nombre de ministères, illustre la "tea-partisation" du mouvement de Ronald Reagan et George Bush. Risques de "veto" Le Tea Party n'a que deux ans et demi d'existence mais il a déjà acquis dans le paysage politique américain une importance comparable aux grands mouvements protestataires de l'époque progressiste ou du New Deal. Selon le politologue de la Brookings Institution E. J. Dionne, le Tea Party représente au maximum 20 % de l'électorat républicain mais il exerce une sorte de "veto" sur le parti grâce aux primaires. Tout élu pris en défaut de "pureté" idéologique s'expose à se voir opposer un concurrent dans sa circonscription. Et, grâce à la collecte de fonds sur Internet, un obscur candidat peut tenir la dragée haute à un notable du parti, comme plusieurs sénateurs en ont fait l'expérience en 2010.
"2011-05-10T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/10/05/perry-romney-la-bataille-pour-l-identite-du-parti-republicain_1582520_3222.html
Elargissement : le prix des bons sentiments
Europe. La Croatie s'apprête à rejoindre l'UE, et la Lettonie la zone euro. C'est un chemin connu : difficile, suivi de festivités fugaces et, pour certains, d'une gueule de bois.
AFP/JOHANNES EISELE Europe. Encore ? Au lieu de 27 et 17, nous allons désormais devoir apprendre à écrire 28 et 18. Le 1er juillet, l'Union européenne (UE) va s'élargir à un vingt-huitième pays, la Croatie, tandis que la zone euro est censée accueillir en 2014 un dix-huitième membre, la Lettonie. Enfin un bon signal, l'Europe attire encore !, se réjouissent les europhiles, alors que la survie de la zone euro est menacée et la légitimité de l'UE contestée. Nous n'aurons pas la réaction d'un Jean-Luc Mélenchon, pestant en 2005 contre l'élargissement aux pays de l'Est : "Les nouveaux entrants… Qu'ils aillent se faire foutre. Les Lituaniens ? T'en connais un, toi, de Lituanien ? Moi j'en connais pas", avait gazouillé le tribun. Il convient toutefois d'examiner la dialectique française sur les élargissements. Paris a toujours privilégié une Union confinée dans les frontières de l'Empire carolingien, pour faire de l'Europe le démultiplicateur de sa puissance, en profitant de l'affaiblissement de l'Allemagne après 1945. La chute du mur de Berlin scelle la fin de cette ambition : l'Allemagne se retrouve au coeur de l'Europe réunifiée. ENTRE GENS SÉRIEUX Sur l'euro, la stratégie contraire fut poursuivie : Bonn voulait une union monétaire entre gens sérieux – la France, l'Allemagne et le Benelux –, mais Paris souhaitait inviter les pays latins pour éviter un face-à-face avec son puissant voisin. Mauvais calcul : vingt ans après, l'Allemagne se trouve ultra-dominante dans une union monétaire à laquelle les économies du Sud n'ont pas résisté. Voulues ou subies, les courses à l'élargissement ont réduit l'influence française. Mais faut-il, un brin franchouillard, les rendre responsables de nos désillusions sur l'Europe ? Il faut distinguer trois étapes dans ce processus : la procédure d'adhésion, le destin du pays devenu membre du club et les conséquences de son arrivée sur l'ensemble du club. La marche vers l'Europe ou l'euro s'avère toujours vertueuse. C'est le seul moment où l'Union dispose de pouvoirs coercitifs sur les impétrants et fait de la politique. La Commission força les anciens pays communistes à moderniser leurs économies, à se transformer en Etats de droit, à régler leurs différends frontaliers. Le commissaire à l'élargissement, Günter Verheugen, fut le grand modernisateur de l'Europe de l'Est, voire son pacificateur. Il connut son triomphe en 2004, lorsque l'Union accueillit dix nouveaux membres. Il en est de même pour l'ex-Yougoslavie aujourd'hui. La normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, scellée le 19 avril à Bruxelles, n'aurait pas été possible sans la perspective d'adhésion à l'UE. La Commission s'est d'ailleurs empressée de proposer des négociations d'adhésion. A contrario, un pays sans horizon européen peut régresser, à l'instar de la Turquie, dont les forces proeuropéennes sont découragées par les rebuffades occidentales.
"2013-04-23T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/23/elargissement-le-prix-des-bons-sentiments_3164946_3232.html
NHL : les Kings vaincus, débuts du Français Bellemare
Los Angeles, tenant du titre, a été battu par San Jose (4-0) en ouverture de la saison tandis que le Français Bellemare a débuté avec Philadelphie.
Les Los Angeles Kings, vainqueurs de la Coupe Stanley 2014, se sont lourdement inclinés à domicile face aux San José Sharks, mercredi 8 octobre, lors du coup d'envoi de la saison 2014-2015 de la Ligue nord-américaine de hockey sur glace (NHL). Le Français Pierre-Edouard Bellemare a lui connu sa première avec sa franchise de Philadelphie. Les Kings ont été dominés 4 à 0 devant leur public et ont notamment concédé deux buts en 14 secondes lors de la 2e période. Vainqueurs de deux des trois dernières Coupes Stanley, les Kings veulent devenir la première franchise à conserver le titre suprême depuis 1998. L'équipe, dont l'effectif est largement inchangé par rapport à son sacre du printemps dernier, a encore largement le temps d'effacer ce revers initial, puisque 81 autres matches sont au programme de sa saison régulière. Les Kings de Los Angeles ont perdu face au San Jose Sharks mercredi. AFP/Harry How NEUVIÈME FRANÇAIS EN NHL Pierre-Edouard Bellemare a fait ses débuts officiels en NHL mercredi lors de la courte défaite de son équipe, Philadelphie, à Boston (2-1). Bellemare, 29 ans, a passé un peu plus de dix minutes sur la glace sans pouvoir marquer ou faire de passe décisive. Le numéro 78 des Flyers a dû se contenter d'un seul tir stoppé par le gardien des Bruins. Bellemare a fait l'essentiel de sa carrière en Suède, avant de taper dans l'œil des recruteurs de NHL lors du championnat du monde 2014. L'attaquant a signé en juin un contrat d'un an avec les Flyers. L'autre Français sous contrat avec une équipe NHL, Antoine Roussel, lancera sa saison avec les Dallas Stars en affrontant les Chicago Blackhawks jeudi. Dans les autres rencontres de cette première journée, Montréal s'est imposé à Toronto 4 à 3 et Vancouver a écœuré Calgary 4 à 2. Lire l'entretien avec Antoine Roussel : Pierre-Edouard Bellemare (à gauche) lors de son premier match de NHL mercredi. AP/Elise Amendola
"2014-09-10T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2014/10/09/nhl-les-kings-vaincus-debuts-du-francais-bellemare_4502995_3242.html
Bientôt une option bénévolat au baccalauréat ?
Pour encourager les jeunes à s’engager dans des associations, un rapport remis au ministre de la jeunesse préconise de leur accorder des points supplémentaires aux examens.
Une jeune volontaire en mission Education pour tous au sein de l'association Les Enfants du canal (auprès des Roms). JEAN LARIVE Instaurer une note de bénévolat au baccalauréat, aux côtés du français, des mathématiques et des autres matières traditionnelles, c'est l'une des 25 mesures préconisées par le rapport « Reconnaître, valoriser, encourager l'engagement des jeunes », remis, au beau milieu du bac 2015, au ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner. Le rapport avait été commandé en décembre au laboratoire d'idées France Stratégie, dirigé par l'économiste Jean Pisani-Ferry. Dans la lettre de mission, le ministre soulignait l'abstentionnisme « préoccupant » des jeunes. Il demandait un état des lieux sur leur « engagement » et des « outils opérationnels » pour l’améliorer. Du brevet des collèges au diplôme supérieur Comment motiver un élève à s'engager comme bénévole dans une association d'intérêt général, une initiative qui, par définition, ne lui apportera pas d'argent ? En lui promettant ce dont il a impérativement besoin et ne coûte rien à la collectivité, soit des points à ses examens, propose le rapport. Concrètement, il s’agirait d’« une option soumise à l'évaluation des enseignants » et comptant pour l’obtention du brevet des collèges, du CAP, du BEP ou du baccalauréat. Idem pour les étudiants : faire du bénévolat associatif donnerait lieu à l'octroi de crédits ECTS, nécessaires à l’obtention d’un diplôme de l'enseignement supérieur. Si la carotte en forme de quelques points potentiels ne suffit pas, des outils plus directifs sont également prévus. Pour augmenter la solidarité, le rapport propose donc de « généraliser le tutorat scolaire » dès la seconde, avec un élève prenant sous son aile un élève d'une classe inférieure pour l’aider. Des points supplémentaires seraient accordés aux tuteurs dans le cadre du contrôle continu. Ouvrir les lycées sanctuaires « L'école reste très fortement coupée des autres sphères de la vie juvénile », estiment les auteurs. Pour tisser des liens entre les établissements scolaires, le monde associatif et les jeunes générations, il est proposé d'instaurer des journées portes ouvertes dans les collèges et les lycées. Afin d’instaurer le débat démocratique, le rapport suggère que les lycées, sanctuaires de l'éducation nationale, s'ouvrent aux responsables politiques, afin de faire connaître leurs missions, le fonctionnement des institutions et d’ouvrir le débat avec les jeunes. « De telles expériences pourraient contribuer à déconstruire nombre de préjugés sur la vie politique », estime le rapporteur. S’il est prévu de discuter démocratie dans les lycées, il est en revanche préconisé de ne pas l’appliquer en ce qui concerne la représentation lycéenne. Le désintérêt des lycéens pour la vie de leur établissement est illustré par le peu d'engouement que suscite le conseil des délégués pour la vie lycéenne (CVL), le lieu où les lycéens sont associés aux décisions de la communauté scolaire, pointe le rapport. « Les conseils des délégués ne sont pas systématiquement mis en place ou n'ont pas toujours les moyens de fonctionner », souligne le rapport. Seuls les élèves « intégrés scolairement » candidatent, regrette le rapporteur, et les élus ne sont « pas représentatifs ». En guise de solution, il est suggéré de remplacer l'élection par un « tirage au sort » qui contraindrait les lycéens désignés à participer au conseil des délégués. Consulter le rapport de France Stratégie :
"2015-06-25T00:00:00"
bac-lycee
https://www.lemonde.fr/bac-lycee/article/2015/06/25/bientot-une-option-benevolat-au-baccalaureat_4662160_4401499.html
Photographies à tous prix
A Paris Photo, le montant d’un tirage peut varier de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais comment se calcule-t-il ?
"Lisa Steinheil, âgée de 5 ans". Photographe anonyme, 11 octobre 1909. Tirage argentique. 16,4 x 11,9 cm. 4 500 euros. GALERIE LUMIÈRE DES ROSES A la grande foire de la photographie, Paris Photo, qui se tient du 14 au 17 novembre, les prix des tirages vont de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d’euros. D’un stand à l’autre, deux photos de William Klein peuvent être vendues dix fois plus cher. Quand ce n’est pas la même image de Cartier-Bresson, tirée à des époques différentes, que l’on retrouve à plusieurs endroits de la foire à des prix très différents. Comment fixe-t-on le prix d’une photographie ? La date de l’épreuve et sa taille, la qualité du tirage et son état de conservation, le nombre de tirages connus, la renommée de l’auteur, la provenance de la photo, la présence d’une signature, la cote de l’artiste dans les ventes aux enchères, autant de critères qui comptent. La galeriste Michèle Chomette suit la même ligne directrice « quel que soit l’auteur ou l’époque », dit-elle : « En 1975, à Bâle, le marchand Harry Lunn m’expliquait pourquoi une image d’un auteur pouvait valoir beaucoup plus qu’une autre en disant : “Elle est importante.” Importante pour l’histoire de l’art, importante dans la carrière d’un auteur. Pour moi, c’est la clé de tout. » DES SUDEK QUI PEUVENT MONTER À 300000 EUROS C’est ce qui l’a guidée dans l’estimation de la Nature morte de 1959 de Josef Sudek, un photographe tchèque connu pour ses tirages ciselés. Michèle Chomette l’offre sur son stand à 22 000 euros : « Il s’agit d’un tirage argentique de grand format, daté et signé, avec une légende en tchèque. On a ici un auteur important par sa vision et une photographie qui est la pleine incarnation de son art, avec des jeux de transparence et de lumière. » Dans les ventes aux enchères, les prix de Sudek vont de quelques milliers à plus de 300 000 euros – pour une nature morte vendue en 2010 chez Sotheby’s. La galeriste dit être allée contre certaines tend ances du marché, qui privilégie des œuvres de Sudek plus sombres, réalisées selon une technique rare. « Lorsqu’une photo atteint un prix très haut dans une vente aux enchères, elle ne les vaut pas forcément, déclare Michèle Chomette. Cela montre juste que, dans la salle, il y avait au moins deux personnes qui voulaient la même. »
"2013-11-14T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/11/14/photographies-a-tous-prix_3514089_3246.html
"""Les différences culturelles entre pays influent sur l'espérance de vie"""
Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l'Inserm, analyse les paradoxes des résultats de son étude sur l'espérance de vie en bonne santé des Européens.
La progression de l'espérance de vie masque des réalités bien différentes. L'écart entre les femmes et les hommes était, en 2009, sur l'ensemble de l'Europe, de 5,9 ans (82,6 ans pour les femmes, 76,7 ans pour les hommes). Mais la dernière étude, publiée jeudi 19 avril par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l'Institut national d'études démographiques (INED), apporte un éclairage particulier. Cette étude, qui porte sur les 27 pays de l'Union européenne, s'intéresse à l'espérance de vie sans incapacité (EVSI), parfois appelée trompeusement "en bonne santé". Une notion définie par l'absence de maladie chronique et de limitation dans la vie courante (on peut être malade tout en continuant ses activités professionnelles et familiales). Et là, la différence entre femmes et hommes s'estompe. L'écart pour l'EVSI n'est plus alors que de 0,7 an (62 ans pour les femmes, 61,3 ans pour les hommes). Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l'Inserm, est l'auteur de cette étude. Il apporte un éclairage sur ces chiffres : Votre étude fait apparaître d'importants écarts entre les pays européens pour ce qui est de l'espérance de vie sans incapacité. N'est-ce pas surprenant ? Ces résultats nous ont beaucoup étonnés. Pour l'espérance de vie globale des femmes, on connaissait l'écart d'une dizaine d'années existant entre les deux extrêmes, la France et l'Espagne d'un côté (85,3 ans), la Bulgarie et la Lettonie de l'autre (respectivement 77,4 et 78,4 ans). Et, pour celle des hommes, la différence entre la Suède (79,6 ans) et l'Espagne (79 ans) et, au bas de l'échelle, les pays baltes, comme la Lituanie (68 ans) et la Lettonie (68,6 ans). Cette mesure, qui s'appuie sur la mortalité, est relativement simple. Mais en étudiant l'espérance de vie sans incapacité, on ne s'attendait pas à voire l'écart doubler. Pour les femmes, on passe ainsi de 71 ans en Suède à 52,1 ans en Slovaquie, soit près de vingt ans d'écart. Ce différentiel est à peu près le même chez les hommes : 71,7 ans pour les Suédois contre 52,3 en Slovaquie. Ces écarts sont étonnants, d'autant qu'on vit tous dans la même "maison", l'Europe, et que l'on ne compare pas des pays européens avec des pays africains. Comment expliquez-vous ces différences ? On manque encore d'explications scientifiques, mais on émet des hypothèses que l'on essaye de vérifier. D'importantes études devraient être consacrées à ces questions, avec des partenariats entre pays, dans le cadre du programme de recherche et développement "L'Union de l'innovation", inscrit dans la stratégie "Europe 2020" qui fait suite aux objectifs de Lisbonne. La notion d'incapacité dépend des réglementations dans chaque pays. On s'appuie donc sur une enquête annuelle, coordonnée par Eurostat [le bureau européen dses statistiques] à partir d'une question : "Dans quelle mesure avez-vous été limité depuis au moins six mois, à cause d'un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ?" On constate l'importance des différences culturelles entre pays. On connaissait l'influence du climat ou des régimes alimentaires sur l'espérance de vie. Là, on voit la différence entre les sociétés. Celles du Sud gardent des structures familiales fortes, pour les enfants comme pour les aînés. Elles sont plus protectrices pour les plus fragiles et du coup, si les gens ont des incapacités, ils peuvent être pris en charge plus facilement. Ils sont "gardés en vie" plus longtemps. Dans les pays du Nord, au contraire, on pousse les enfants à s'autonomiser plus tôt. Les systèmes de santé consacrent des moyens importants pour favoriser la prévention, la bonne santé et l'autonomie des gens. L'allongement de la durée du travail, générale en Europe, joue-t-il sur l'espérance de vie sans incapacité ? Beaucoup d'éléments interviennent dans le calcul de l'espérance de vie sans incapacité. L'âge de départ à la retraite est l'un de ces éléments. Mais les interrelations entre les différents facteurs sont complexes. Une étude canadienne a montré que beaucoup d'éléments dépendaient du volontariat des personnes. Si vous désirez travailler plus longtemps, ou au contraire arrêter plus tôt, et qu'on vous laisse faire, vous resterez plus longtemps en bonne santé. Si, au contraire, on vous force à arrêter de travailler ou à rester dans l'emploi, alors vous risquez d'être en mauvaise santé. Rémi Barroux
"2012-04-23T00:00:00"
sante
https://www.lemonde.fr/sante/article/2012/04/23/les-differences-culturelles-entre-pays-influent-sur-l-esperance-de-vie_1689891_1651302.html
Le thérapeute accusé de fabriquer des faux souvenirs condamné à de la prison avec sursis
Ses méthodes thérapeutiques impliquaient pour les patients de se déshabiller intégralement pendant de très longues et éprouvantes séances.
Un psychothérapeute parisien que deux anciens patients accusaient de les avoir manipulés mentalement en leur créant de faux souvenirs traumatisants a été condamné, mardi 12 juin, à Paris, pour "abus de faiblesse" à un an de prison avec sursis. Benoît Yang Ting, 76 ans, que le parquet avait qualifié de "charlatan", n'avait pas assisté à son propre procès devant le tribunal correctionnel de Paris, pour raisons de santé. Le tribunal n'a pas condamné son épouse, qui était également poursuivie. Le thérapeute a été condamné à une amende de 50 000 euros. Au titre des dommages et intérêts, il devra également indemniser ses deux anciens patients qui s'étaient portés parties civiles en leur versant 100 000 euros et 50 000 euros. Sophie Poirot, aujourd'hui avocate, et Bernard Touchebeuf, chef d'entreprise, avaient relaté qu'ils étaient tombés sous le charme puis "l'emprise quasi sectaire" de M. Yang Ting. Au total, ils lui avaient versé respectivement 238 000 euros et 750 000 euros, pour payer des sessions à plusieurs années d'intervalle. Les méthodes thérapeutiques impliquaient pour les patients de se déshabiller intégralement pendant de très longues et éprouvantes séances, afin de revivre des souffrances prétendument enfouies. "La thérapie de Yang Ting, c'est l'argent et le sexe, il n'y a que ça", avait dénoncé l'ancienne patiente, affirmant qu'il avait fait d'elle son "objet sexuel". "IL FAUT EN ÊTRE SORTI POUR TROUVER ÇA GROTESQUE" Comment avait-elle pu être amenée à croire que son propre père l'avait violée ? "Quand ma mère (est) morte, j'avais 16 ans. Mon père m'avait prise dans ses bras, c'était quand même normal... Mais M. Yang Ting demandait : 'est-ce que votre père n'avait pas de désir ?'. Ça avait commencé comme ça...", avait-elle expliqué. L'ancien patient, lui, avait cru "se souvenir" qu'au troisième mois de la grossesse, sa mère avait mis "une aiguille à tricoter dans son utérus" et s'était "acharnée" sur lui. "On invente tout. C'est grotesque (...). Mais il faut en être sorti pour trouver ça grotesque", avait-il dit. L'association Alerte faux souvenirs induits (AFSI) s'est réjouie du jugement à l'issue de "ce premier procès évoquant, en France, les 'faux souvenirs'". "Notre association a pu dénoncer au procès ces thérapies déviantes ou psychosectaires, basées sur les souvenirs de la petite enfance, qui induisent des traumatismes inexistants dans l'esprit des patients", a commenté Claude Delpech, de l'AFSI. "Les patients en arrivent à inventer des histoires de maltraitance, viols, inceste, dans la toute petite enfance, ou à croire que les parents n'ont jamais aimé leurs enfants", a-t-elle dit. A l'audience, la présidente avait lu les procès-verbaux d'audition du thérapeute dans lesquels il évoquait une "conspiration". "Ce sont mes patients qui choisissent cette méthode", "je n'impose rien", expliquait M. Yang Ting. La défense avait également fait valoir que les patients étaient tellement "contents des soins prodigués" qu'ils "en redemandaient". Evoquant des méthodes de "sujétion psychique" dangereuses et condamnables, le parquet avait au contraire conclu qu'il n'y avait "rien de thérapeutique" dans ce que faisait M. Yang Ting, en requérant à son encontre dix-huit mois de prison avec sursis et 100 000 euros d'amende. L'avocate des anciens patients, Anne Colonna, a salué la condamnation, mais a estimé que, "vu les préjudices subis", les montants des indemnisations étaient "décevants". "Nous savons pertinemment que 200 000 euros, c'est une goutte d'eau pour M. Yang Ting, vu son patrimoine dont nous avions pris connaissance. Il s'en sort très bien", a-t-elle estimé. :
"2012-12-06T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/12/le-therapeute-accuse-de-fabriquer-des-faux-souvenirs-condamne-a-de-la-prison-avec-sursis_1717266_3224.html
Equipe de France : Paul Pogba, un bleu déjà grand
A 20 ans, le milieu de la Juventus de Turin a imposé son style et son talent. Il sera l'un des hommes clés de Didier Deschamps lors des matches de barrages contre l'Ukraine (15 et 19 novembre).
Paul Pogba, ici contre Parme le 2 novembre, rencontre dont il fut l'unique buteur. AP/Marco Vasini Où s'arrêtera-t-il ? C'est la question qui se pose en voyant l'ascension fulgurante de Paul Pogba (5 sélections). Le milieu de terrain de la Juventus de Turin s'est encore une fois montré décisif dimanche dans la victoire de son équipe face à Naples (3-0), en marquant un superbe but de près de 30 mètres, ne laissant aucune chance à Pepe Reina, le gardien napolitain. Le natif de Lagny-sur-Marne est devenu, à 20 ans à peine, un pion essentiel du dispositif de la Vieille Dame. Et ce dès sa deuxième saison dans le Piémont. Avant de s'installer en Italie, Paul Pogba avait cédé aux sirènes de Manchester United (2009-2012), qu'il rejoint pour parfaire sa formation. Si certains ne comprennent pas son choix, lui ne le regrette pas. "Je suis parti à l'étranger pour lancer ma carrière. Pour moi c'était un bon choix. J'ai pris de l'expérience. Ça m'a aidé. Si je n'étais pas parti, je pense que je ne serais peut-être pas ici", déclarait-il l'année dernière. "UN NOUVEAU FRANK RIJKAARD" Mais en Angleterre, Pogba n'aura eu que très peu de temps de jeu avec l'équipe professionnelle (quatre matches toutes compétitions confondues) et arrive en 2012 à la Juve, frais comme un gardon. Dans le nord de l'Italie, celui qui a commencé le football à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne) va trouver le temps de jeu qu'il était venu chercher. Il va prendre part à 27 rencontres de championnat, marquant au passage cinq buts, et sera un véritable acteur du Scudetto remporté en fin de saison par la Juve. Il découvrira aussi la Ligue des champions, entrant en jeu lors de la deuxième journée face au Shakhatar Donestk. A peine 19 ans, il fait découvrir à l'Europe entière son talent mais aussi son immense potentiel. En quelques temps, il réussit même à pousser sur le banc Claudio Marchisio, finaliste de l'Euro 2012, et la Juve craint déjà de voir partir vers un club plus riche cette perle qui n'a toujours pas prolongé son contrat. Son entraîneur, Antonio Conte, ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à son sujet : "Pogba peut devenir un des numéros un mondiaux." Avant de prévenir qu'il ne devra "pas perdre la tête, à son âge il suffit de peu". Alessandro Costacurta, ex-pilier du grand AC Milan des années 1990, aujourd'hui consultant à la télévision, voit en lui "un nouveau Frank Rijkaard". PAUL LE POULPE Des performances remarquées qui lui valent sa première sélection chez les Bleus, lors du match contre la Géorgie le 22 mars (victoire 3-1). Le milieu de terrain en est maintenant à sa cinquième sélection (la dernière en date contre la Finlande en octobre dernier), et a même inscrit son premier but lors du match en Biélorussie. Le sélectionneur Didier Deschamps avait déclaré l'année dernière qu'il voyait en lui "un joueur d'avenir". Un sacré compliment venant de celui qui fut le capitaine des Bleus, totalisant 103 sélections au total. Cet été, il participe à la Coupe du monde des moins de 20 ans en tant que capitaine de l'équipe de France. Il repartira d'Istanbul avec le trophée sous le bras et le titre du meilleur joueur du tournoi. "C'est quelque chose d'exceptionnel. Un rêve devient réalité", lâchera-t-il à l'issue de la finale. Paul Pogba, ici lors de la finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans, le 13 juillet à Istanbul. REUTERS/© Osman Orsal / Reuters Loin de se reposer sur ses lauriers, Paul Pogba, parfois comparé au champion du monde Patrick Vieira pour son jeu physique et léché, connait un début de saison 2013-2014 époustouflant. Titulaire lors des dix des douze rencontres de championnat disputées par la Vieille Dame, il a déjà marqué quatre buts dont deux décisifs face à Parme et lors du derby contre le Torino. Avec Andrea Pirlo et Arturo Vidal, il forme la pierre angulaire du système de la Juventus Turin et s'est imposé comme un titulaire presque incontournable d'un des plus grands clubs d'Europe, deuxième du championnat d'Italie. La Gazzetta dello Sport évoque "un athlète NBA avec des pieds brésiliens" et une "machine à jouer au football". Ne préférant pas prendre la grosse tête, Paul le Poulpe, comme il est surnommé par les tifosi de la Juve, garde les pieds sur terre : "Je ne me dis pas 'je suis titulaire', j'essaie de prouver que je le mérite, je ne veux jamais m'enflammer." Une belle leçon d'humilité pour un joueur qui fait partie des sélectionnés par Didier Deschamps pour les matches de barrage face à l'Ukraine (match aller le 15 novembre à Kiev). Nicolas Breton
"2013-12-11T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/11/12/equipe-de-france-paul-pogba-un-grand-en-devenir_3512386_3242.html
Confusion et combats à Benghazi après la mort du général Younès
Après l'enterrement d'Abdel Fatah Younès, chef d'état-major des rebelles, tué jeudi dans des circonstances obscures, des combats entre rebelles et miliciens pro-Kadhafi, mêlant tirs de roquettes et de grenades, ont eu lieu à Benghazi.
Entre rumeurs de discordes et chasse à la "cinquième colonne", la confusion s'est emparée de Benghazi, dimanche 31 juillet, après des combats opposant, la nuit précédente, dans les faubourgs de la ville, les forces insurgées à une milice pro-Kadhafi. D'après le récit des autorités de la rébellion, la bataille s'est déroulée dans une fabrique de plaques d'immatriculation où s'était barricadée une cinquantaine de loyalistes au colonel libyen, membres d'une "brigade" qui agissait sous couvert d'appartenance à l'insurrection. Ces hommes sont accusés d'avoir organisé, vendredi, l'évasion de 300 "prisonniers de guerre", dont la plupart seraient toujours en fuite. Les combats, mêlant tirs de roquettes et de grenades, se sont soldés par la mort d'au moins six miliciens et quatre rebelles. Les déclarations des responsables aux agences de presse divergeaient sur l'éventuelle implication de ce groupe dans la mort du général Abdel Fatah Younès, chef d'état-major des rebelles, tué jeudi dans des circonstances obscures. La succession de ces événements a porté un coup dur à l'image de la rébellion à un moment où celle-ci, représentée par le Conseil national de transition (CNT), commence à installer sa légitimité au sein de la communauté internationale. Dans le but d'unifier son commandement, le CNT a ainsi annoncé la dissolution de toutes les brigades gravitant autour de ses forces armées. Malgré les trois jours de deuil décrétés par le CNT, l'assassinat du général Younès continue d'alimenter les rumeurs de règlements de compte et d'infiltrations ennemies dans les rangs rebelles. Le chef militaire, officiellement érigé au rang de "martyr" de la révolution, ne faisait pas l'unanimité. Compagnon d'armes du Guide libyen depuis le coup d'Etat de 1969, il officiait comme ministre de l'intérieur avant de passer à l'insurrection, le 22 février. Sa tête avait été mise à prix à Tripoli mais, en avril, Aïcha, fille de Mouammar Kadhafi, avait laissé sous-entendre dans un entretien qu'il était resté loyal à son père. La télévision d'Etat annonçait régulièrement son retour dans le giron du colonel. Sa mort avait aussi été annoncée à plusieurs reprises. Au sein de la rébellion, sa rivalité personnelle avec un autre chef militaire, Khalifa Haftar, était de notoriété publique. Les deux hommes, explique-t-on à Benghazi, polémiquaient sans cesse sur la stratégie et les techniques de combats que devait adopter l'insurrection.
"2011-01-08T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/08/01/confusion-et-combats-a-benghazi-apres-la-mort-du-general-younes_1554875_3218.html
En Israël, la psychose d'un conflit avec l'Iran
Programmes télévisés, distribution de masques à gaz, alertes par SMS... L'Etat juif se prépare à des représailles de Téhéran et de ses alliés en cas d'un éventuel conflit.
C'est une brochure a priori anodine : y figure en couverture la tête enjouée d'une marionnette du programme pour enfant "Sesame Street". Mais dans ce fascicule d'une quinzaine de pages, distribué depuis la fin du mois d'août par l'armée israélienne, la muppet délivre à la population une série d'instructions anxiogènes en cas d'attaque.Elle conseille aux Israéliens d'engager un dialogue en famille pour se préparer à une possible situation de crise, elle explique comment construire un abri ou une pièce sécurisée en cas d'urgence. La marionnette prévient surtout que les habitants n'auraient qu'entre trente secondes et trois minutes pour s'abriter en cas d'alerte aérienne. Le livret ne fait pas directement référence à un conflit avec l'Iran. Deux Israéliennes discutent dans le café d'un centre commercial de Jérusalem après avoir acheté un stock de masque à gaz, le 22 août. Bernat Armangue/AP Mais il est publié alors que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la défense, Ehoud Barak, agitent plus fort que jamais la menace de frappes aériennes israéliennes imminentes contre les installations nucléaires iraniennes. L'Etat juif prépare activement son front intérieur à des représailles de Téhéran et de ses alliés. Le commandement de la défense passive vient d'organiser un exercice simulant une évacuation de masse, opérée simultanément en plusieurs lieux, en cas d'attaque par des salves de missiles chimiques. Voici deux semaines, un système d'alerte de la population par SMS a été testé. Les municipalités se mobilisent. La mairie de Tel-Aviv s'est engagée à aménager 60 parkings souterrains, qui pourront abriter jusqu'à 800 000 habitants en cas de bombardements. Le site Internet de la ville les localise sur une carte interactive. PAS DE SIGNE DE PANIQUE Si les Israéliens ne montrent pas de signe de panique, ils se sont rendus chaque semaine plus nombreux aux points de distribution de masques à gaz : la demande aurait quadruplé entre le mois d'avril et le mois de juillet. Les habitants commencent également à examiner de près leurs pièces sécurisées, voire à les rénover. Une nécessité révélée par l'Association israélienne de la gestion des bâtiments, selon laquelle 80 % des abris construits dans des immeubles du centre d'Israël ne sont plus utilisables en l'état.
"2012-05-09T00:00:00"
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/09/05/en-israel-la-psychose-d-un-conflit-avec-l-iran_1755806_3218.html
La liberté des artistes vaut bien une loi
Dans un contexte marqué par les attaques contre les œuvres, Fleur Pellerin a présenté son projet devant l’Assemblée.
Fleur Pellerin (à gauche) devant l'oeuvre vandalisée d'Anish Kapoor, "Dirty Corner", dans les jardins du château de Versailles, le 6 septembre 2015. FRANCOIS GUILLOT/AFP « La création artistique est libre » : simple lapalissade ou solide contrefort ? C’est l’ambition, pour ne pas dire le rêve, de Fleur Pellerin : que l’article 1 de son projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, devienne aussi emblématique que celui de la loi de 1881 sur la liberté d’expression, selon lequel « l’imprimerie et la librairie sont libres ». Rien de moins. Mais le pari n’est pas gagné pour la ministre de la culture et de la communication, alors que les députés s’apprêtent à examiner le texte en première lecture, lundi 28 septembre. Né du temps de sa prédécesseure, Aurélie Filippetti (2012-2014), le projet de loi « Liberté de la création » a tardé à être inscrit à l’ordre du jour. Au risque de décevoir, aujourd’hui, tellement il a suscité d’attentes : François de Mazières, député de l’opposition, maire de Versailles et ancien président de la Cité de l’architecture et du patrimoine, résume la situation en qualifiant le texte à tiroirs de « loi Macron de la culture ». Il déroule quarante-six articles qui traitent du spectacle vivant, de la transparence des comptes dans la filière cinéma, de la répartition des droits pour la musique en ligne, du patrimoine, bien sûr, sans oublier le volet architecture : celui-ci vise, entre autres, à favoriser les logements de qualité, loin du bâti standardisé. Il a été largement complété lors des travaux en commission des affaires culturelles, sous la houlette du rapporteur Patrick Bloche (PS) : entre autres, les députés ont décidé d’abaisser la surface des constructions nécessitant le recours à un architecte, désormais fixée à 150 m2. Les artistes se demandent si, dans la France crispée de l’après-Charlie, l’article 1 leur offrira une protection devant les tribunaux Les artistes se demandent surtout si, dans la France crispée de l’après-Charlie, où il ne se passe plus un mois sans qu’une œuvre soit attaquée, l’article 1 leur offrira une protection devant les tribunaux. L’actualité apporte son lot d’exemples : outre le « feuilleton » de la sculpture d’Anish Kapoor triplement vandalisée à Versailles, citons, dans un autre genre, la déprogrammation de deux documentaires sur Canal+, la chaîne de Vincent Bolloré – l’un sur l’évasion fiscale, l’autre sur la « guerre » Hollande-Sarkozy. Insultes et menaces Les initiatives décomplexées de l’extrême droite à l’encontre de l’art contemporain se multiplient, et se conjuguent à la rapidité de mobilisation sur les réseaux sociaux : Isabelle François, conseillère municipale Front national de la ville d’Annonay, s’en est ainsi prise au chorégraphe franco-algérien Abou Lagraa, qui s’apprête à se produire dans une chapelle désacralisée de la ville : « Je voudrais dire à un certain troubadour (…) que je mettrai tout en œuvre pour empêcher son installation », a-t-elle prévenu, moquant, sur sa page Facebook, ce « M. Lagraa que personne ne connaît à part quelques “happy few” du Marais », allusion au quartier homosexuel de la capitale.
"2015-09-26T00:00:00"
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/09/28/une-loi-pour-proteger-la-liberte-des-artistes_4774539_3246.html
La pub à contre-pied
Il fallait oser. Tout corps social plongé dans une Coupe du monde reçoit de la part de sa composante féminine une forte poussée antifootball égale à l'exaltation du supporteur moyen.
Cecilia Garroni Parisi pour M Le magazine du Monde Tout corps social plongé dans une Coupe du monde reçoit de la part de sa composante féminine une forte poussée antifootball égale à l'exaltation du supporteur moyen. Tous les quatre ans, ce théorème d'Archimède du Mondial inspire un buzz commercial opportuniste. Cette année, nous sommes servis. Orangina, qui appelle à la révolte contre "la dictature du ballon rond", fait gagner sur les réseaux sociaux une "canette antifoot" dissimulant une micro-télécommande universelle capable d'éteindre n'importe quel téléviseur distant de moins de trois mètres. Plus soft, Citroën diffuse une publicité mettant en scène un père de famille qui, s'ébrouant après quatre années de sommeil, se dirige sans un regard pour femme et enfants vers le salon où il ira s'affaler dans un fauteuil devant un match de foot. Sans parler des sites de rencontres qui préviennent ces messieurs que leurs chéries ne les attendront pas en faisant du tricot pendant qu'ils s'enflamment aux soirées Coupe du monde. CARICATURE La cause serait donc entendue : le football est ontologiquement une passion de beauf. On observe cependant que ceux qui présentent ce sport comme le terrain d'une lutte des classes opposant exploiteurs et exploitées tiennent souvent un double langage. Orangina a d'abord joué la carte du tout-foot en se rebaptisant Oranginao, et Citroën est l'un des sponsors officiels des Bleus. Surtout, ces hardis appels à la résistance commencent à dater. La caricature ne paie plus. Citroën admet avoir été surpris par l'ampleur des réactions féminines hostiles à son spot, alors qu'Orangina s'est, aussi, fait assaisonner. De même, en Angleterre, plusieurs marques, dont Pringles, ont déclenché un tollé pour avoir joué de la grosse caisse avec ces stéréotypes de genre. Conclusion : il serait temps de réaliser que le football n'est plus seulement un sport de mec.
"2014-06-27T00:00:00"
m-actu
https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/06/27/la-pub-a-contre-pied_4445718_4497186.html
Contre la fraude fiscale, renforçons la sanction pénale
La France en fait trop peu pour condamner l’évasion fiscale. Sans chercher à emprisonner nécessairement les fautifs, il faut augmenter le nombre de procès, et ainsi effacer la figure du citoyen inattentif pour mettre en scène le fraudeur, selon le sociologue Alexis Spire et la juriste Katia Weidenfeld.
Fraude fiscale chez HSBC. En France, la fraude fiscale est l’un des délits les moins sévèrement sanctionnés par les juridictions pénales, même en comparaison avec d’autres crimes en col blanc. Les peines de prison ferme sont rares. AFP Au gré des scandales de ces dernières années, la lutte contre l’évasion fiscale est entrée de plain-pied dans le débat public. Dans un contexte de crise financière mondiale, les sommes dérobées aux finances publiques donnent le vertige ; en France, la fraude fiscale est à l’origine d’un manque à gagner évalué entre 40 et 80 milliards d’euros par an – l’équivalent de cinq à dix fois le budget de la justice ! Après les banques du Liechtenstein, l’affaire Cahuzac ou LuxLeaks, SwissLeaks constitue une nouvelle étape dans la prise de conscience de l’étendue de ce phénomène. Elle lui donne aussi une autre dimension : l’attention se fixe sur des centaines de milliers de représentants des élites économiques, financières ou intellectuelles du monde entier. Avec le risque d’entamer le consentement à l’impôt de contribuables qu’on ne cesse de pressurer au nom du discutable remboursement des dettes publiques. A la désillusion de devoir remplir un panier percé s’ajoute le sentiment d’injustice. En France, le gouvernement a réaffirmé sa ferme volonté d’« agir » contre la fraude fiscale. Mais concrètement, quels sont ses moyens ? En principe, l’administration dispose de deux outils pour sanctionner les fraudeurs qu’elle repère. Elle peut d’abord leur infliger des amendes correspondant généralement à un pourcentage des impôts éludés, ce qu’elle fait pour environ un tiers des 50 000 contribuables soumis chaque année à un contrôle fiscal approfondi. Mais elle peut aussi porter plainte devant un tribunal correctionnel pour obtenir des peines plus sévères ou plus symboliques ; cette orientation est réservée à près de 1 000 cas par an. Le dossier est alors soumis à la commission des infractions fiscales qui, en principe, exige que la fraude dépasse 100 000 euros pour la transmettre à un juge. Indulgence des peines En théorie, l’éventail des contribuables concernés est aussi large que l’allergie fiscale. Mais en pratique, les juges sont plus souvent confrontés à des petits escrocs qui ne remplissent aucune de leurs obligations fiscales qu’aux personnes fortunées, moins encore à leurs conseillers et aux grandes entreprises. Cette situation, liée à la volonté de l’administration fiscale de trouver aussi souvent que possible un règlement financier, n’est d’ailleurs pas propre à la France. Au Royaume-Uni, sur les presque 7 000 clients de HSBC figurant sur la liste Falciani, 3 000 ont fait l’objet d’une enquête fiscale, mais un seul a été poursuivi au pénal. La France se singularise en revanche par l’indulgence des peines prononcées contre la poignée de fraudeurs poursuivis. Depuis la fin des années 2000, l’Allemagne a, par exemple, clairement opté pour une attitude de fermeté, comme en témoigne le sort réservé au patron du club de football du Bayern Munich [Uli Hoeness] : alors qu’il s’était lui-même dénoncé aux autorités fiscales pour une fraude estimée à 27 millions d’euros, son aveu a été jugé trop tardif et lui a valu, en mars 2014, une peine de trois ans de prison ferme. Les juges britanniques sont également sommés de prononcer des peines d’enfermement contre les coupables de fraudes significatives ; pour plus du tiers des contribuables poursuivis, le passage devant le tribunal est effectivement suivi d’un séjour de plus d’une année en prison. En France, la fraude fiscale est l’un des délits les moins sévèrement sanctionnés par les juridictions pénales, même en comparaison avec d’autres crimes en col blanc. Les peines de prison ferme sont rares. Sur environ 65 000 détenus dans les prisons françaises, il y a aujourd’hui un peu moins de 5 000 personnes condamnées pour escroquerie, abus de confiance, recel, faux et usage de faux. Sursis dans 80 % des cas Parmi eux, combien sont derrière les barreaux pour le seul délit de fraude fiscale ? Sans doute pas un seul. La sanction « classique » assignée à ceux qui volent l’Etat est la prison avec sursis dans 80 % des cas, une condamnation largement virtuelle. Les quelques peines de prison ferme sont systématiquement inférieures à deux ans, ce qui permet au prévenu d’obtenir un aménagement de peine. Au total, le principal gain d’un procès est, parfois, de permettre au fisc de confisquer des biens du prévenu et, souvent, de réclamer au gérant le paiement de l’ardoise fiscale de sa société. Cette politique pénale, avare en poursuites, modérée dans les sanctions, peut trouver des défenseurs. Après tout, à quoi bon infliger une punition autre que pécuniaire à des prévenus qui ont commis des délits strictement financiers ? Dans un contexte de crise des finances publiques, on comprend aisément que l’Etat privilégie les espèces sonnantes et trébuchantes par rapport à des procédures judiciaires longues et incertaines. Les déclarations des ministres successifs au sujet de la cellule de régularisation des comptes suisses en sont une parfaite illustration. Chacun d’eux se réjouit des sommes importantes récupérées par ce biais pour renflouer les caisses de l’Etat, sans même se poser la question de l’impunité des fraudeurs. D’autres pourront alors facilement justifier la réticence des juges à envoyer des personnes bien insérées dans des prisons déjà surpeuplées. Pourtant, cette façon de mesurer la souveraineté de l’Etat à l’aune exclusive d’une logique budgétaire ne va pas de soi. Ce serait croire que la justice pénale ne sert qu’à deux choses : réparer le tort causé par le délit et mettre les délinquants à l’écart de la société. Mais, en réalité, l’objectif de la sanction pénale est aussi de mettre en scène la légitimité de la règle pour (ré)conforter ceux qui l’ont respectée. « Naming and shaming » Cette fonction de la peine explique l’importance, dans les pays anglo-saxons, du « naming and shaming ». Ce procédé, qui consiste à divulguer l’identité du délinquant de manière à lui attirer l’opprobre, est utilisé pour les délits conventionnels (vols, violences…), mais aussi pour les fraudes à l’impôt. Alors que le secret fiscal est très bien protégé, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, ce qui est révélé pendant la procédure pénale est destiné à être porté sur la place publique. La publicité autour des condamnations est même regardée comme un instrument essentiel de promotion du respect de l’impôt. L’administration fiscale britannique publie sur le site de partage de photos Flickr une galerie des plus grands fraudeurs, en plus d’émettre des communiqués de presse à leur sujet. D’un côté, en stigmatisant les comportements déviants, les administrations fiscales espèrent renforcer la norme sociale en faveur du civisme fiscal : les contribuables qui se conforment à leurs obligations peuvent ainsi être convaincus qu’ils ne sont pas lésés en obéissant au droit. De l’autre côté, le rappel des (lourdes) peines infligées aux illégalismes les plus scandaleux envoie un message dissuasif aux fraudeurs potentiels. La médiatisation est particulièrement marquée lorsqu’il s’agit de personnalités connues. Menée sans précautions, cette politique de stigmatisation est néanmoins discutable et discutée. En France, si la mise au pilori des petits délinquants fait rarement débat, la révélation de noms de délinquants des classes dominantes suscite immanquablement des cris d’orfraie. Au-delà de cette indignation à géométrie variable, le « naming and shaming » peut surtout avoir des effets radicalement opposés à ceux escomptés : une fraude répandue et étalée au grand jour pourrait la banaliser, en même temps que renforcer le sentiment d’injustice. En marge du contrat social Pour autant, tout n’est pas à écarter dans les pratiques anglo-saxonnes. Au Royaume-Uni, les fraudes fiscales sont, dans presque la moitié des cas, examinées par un jury populaire – ce qui suppose une mise en scène de l’infraction et du délinquant. Pour retenir l’attention des jurés, le prosecutor [« procureur »] élabore un récit détaillé de façon à leur faire comprendre le mécanisme de la fraude, bien sûr, mais aussi les motivations de l’accusé. La figure du citoyen sans histoires qui a seulement manqué à ses obligations comptables s’efface pour revêtir les traits d’un délinquant auquel il est reproché de s’être, non pas seulement dérobé à l’impôt, mais aussi placé, par son comportement, en marge du contrat social. En France, cette mise en récit pénal n’est pas faite. Dans bien des cas, le tribunal n’accorde au délit de fraude fiscale que quelques dizaines de minutes en fin d’audience, une fois toutes les affaires sérieuses entendues. Même lorsque, grâce aux nouvelles enquêtes dites de « police fiscale », le dossier qui arrive devant le tribunal correctionnel s’est étoffé d’interrogatoires, de perquisitions ou d’écoutes téléphoniques, la technique opératoire de la fraude monopolise les débats. Si l’on s’en tient aux premiers procès suscités par la liste Falciani, depuis décembre 2013, soit quatre ans après la découverte des faits, la personnalité des délinquants, leurs motivations et la logique, économique ou sociale, de leurs infractions n’ont pas, ou à peine, été évoquées. Gageons que les procès à venir changeront la donne. Pour que la procédure pénale soit, en cette matière comme en d’autres, également l’occasion, pour l’Etat, de démontrer que ses horizons budgétaires ne le font pas renoncer à sa souveraineté fiscale. Mais il y a plus : restituer à la procédure pénale l’objectif de mettre au jour les vrais motifs de la fraude fiscale devrait en faire l’occasion de découvrir des faits inaccessibles aux agents des impôts, dont les pouvoirs coercitifs sont limités. C’est l’orienter – au-delà des hommes de paille et de paillettes – vers la recherche des organisateurs et les facilitateurs de la fraude. Alexis Spire a notamment publié Faibles et puissants face à l’impôt, Paris, Raisons d’agir, 2012. Katia Weidenfeld a notamment publié A l’Ombre des niches fiscales, Paris, Economica, 2011). Ils ont réalisé une étude sur la pénalisation de la fraude fiscale pour la Mission de recherche droit et justice. Ils préparent un livre sur ce sujet à paraître aux éditions La Découverte (août 2015).
"2015-11-02T00:00:00"
evasion-fiscale
https://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2015/02/12/contre-la-fraude-fiscale-renforcons-la-sanction-penale_4575386_4862750.html
Verts de rage
La chronique du médiateur. Les lecteurs du "Monde" ont été nombreux à réagir au départ très médiatisé du chroniqueur Ecologie Hervé Kempf.
Rupture. C'est le premier mot qui vient à l'esprit de votre médiateur après le départ, très médiatisé cette semaine, de l'écolo-chroniqueur vedette du Monde, Hervé Kempf. Ce sont en effet de véritables lettres de rupture qu'ont envoyées à leur journal nombre de lecteurs qui appréciaient la petite musique dissonante, militante, d'Hervé. "Sa liberté de ton détonnait", dit Laurent Proust (Paris). "C'était une voix autorisée qui disait de manière très informée des choses intelligentes sur un problème majeur : notre monde – pas le journal, la planète – saigné à blanc par des appétits industriels démesurés", regrette Claude Delannoy (Sèvres). "Il faisait partie de ceux que j'avais plaisir à lire. Lucide, rigoureux, voyant plus loin que le bout de la virgule du PIB", soupire Sophie Garrigou (Paris) – une HEC qui tient à préciser : "Je ne suis pas une écolo à moustache…" Rupture conventionnelle au sens légal, il faut le rappeler – celle du contrat de travail, aux termes de la loi 2008-596 du 25 juin 2008 – négociée en bonne et due forme à la demande du salarié. Rupture assumée donc, revendiquée même. Soigneusement mise en scène par le principal intéressé en ce lundi 2 septembre 2013, après "quinze ans et un jour" passés au Monde, a-t-il décompté dans le véritable réquisitoire publié sur Reporterre – site Internet écologiste militant qu'il a créé en 2006, en parallèle à ses activités de journaliste. En somme, une vraie-fausse "clause de conscience" à l'ancienne… Sans les risques d'une telle clause – il faudrait prouver en justice les accusations portées. Quant à la conscience… Examinons les faits. L'objet de la controverse, nul ne l'ignore plus, est le traitement des questions écologiques dans ce journal. Notre ex-confrère dénonce "la censure mise en œuvre par sa direction". Il met en cause nommément directeurs et rédacteurs en chef auxquels il a eu à faire. Sans oublier les actionnaires qui ont racheté Le Monde en 2011. Au cœur de la polémique : le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, grosse épine dans le pied de la gauche revenue au pouvoir. Un dossier dont Hervé Kempf estime avoir été "dessaisi sans raison valable", alors qu'il était "le journaliste qui publiait le plus d'articles sur ce sujet". Seulement voilà, raconte-t-il, le 12 novembre 2012, Didier Pourquery, alors directeur adjoint de la rédaction, lui fit valoir qu'il irait désormais "sur le terrain en tant que Hervé Kempf chroniqueur 'engagé'", écrit-il dans un mail (rendu public par le destinataire). "Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d'image, lui précise en décembre 2012 Alain Frachon, alors directeur par intérim du journal. Nous tenons à ce que l'approche du journal reste aussi impavide que possible, tout particulièrement dans les pages Planète." Sollicités par le médiateur, MM. Pourquery et Frachon assument leurs choix. Concernant Notre-Dame-des-Landes, "Hervé Kempf a été sur place en payant son voyage et en prenant un jour de vacances, montrant par là qu'il était bien partie prenante du conflit en question, rappelle Didier Pourquery. Pour moi, son travail de chroniqueur n'était pas en cause. Nous avons simplement envoyé sur place un reporter du service Planète, habitué de la couverture de ce genre de conflits mais sans parti pris particulier ; et nous nous sommes appuyés sur l'excellent travail de notre correspondant à Nantes, Yan Gauchard. Ce serait à refaire, je prendrais exactement la même décision." "Du temps où il était au Monde, Hervé Kempf n'a jamais contesté un instant qu'il avait disposé d'une totale liberté dans sa chronique, souligne Alain Frachon. Il y a mené avec talent tous les combats qui lui tenaient à cœur. Mais l'une de ces batailles, le deuxième aéroport de Nantes, eût dû l'amener de lui-même à se désister de la couverture factuelle de cet événement. Il ne l'a pas voulu. C'est une autre conception de la presse, un point de désaccord noble. Qu'il cherche maintenant à l'expliquer en invoquant je ne sais quels intérêts capitalistiques que nous aurions voulu défendre, c'est de la 'complotite', une insinuation délirante et infamante de la part d'un vieux confrère." "Contrairement à ce qu'il prétend, Hervé Kempf n'a jamais fait l'objet de la moindre censure au Monde. La fréquence de ses chroniques et de ses articles en a amplement témoigné, ajoute Natalie Nougayrède. Il est arrivé une seule fois, en quatre ans, que la publication de sa chronique soit repoussée – comme cela peut se produire pour tout article du journal, en fonction des priorités de l'actualité." Fermez le ban ? Pas si simple. La question écologique est éminemment sensible, moins évidente qu'il n'y paraît en ces temps de crise économique. Nul ne le nie, surtout pas le médiateur, qui a consacré deux chroniques et un post de blog à ce sujet. Faut-il pour autant conclure, comme notre ancien chroniqueur, que "dans le secteur économique dévasté qu'est devenue la presse, et largement dominé par les intérêts capitalistes, le journalisme environnemental est relégué, de nouveau, à la position de cinquième roue du carrosse, voire de gêneur" ? Personne, ici, n'ignorait ses critiques sur la dissémination de la séquence Planète aux quatre coins du Monde, et de la création concomittante d'un cahier Eco&Entreprise, dans la nouvelle maquette du journal. Cela nous valut déjà un abondant courrier relayé dans ces colonnes (Le Monde du 1er juin) – et auquel Hervé n'était sûrement pas complètement étranger… "Son fanatisme idéologique est la cause de cette disparition. J'aurais aimé lire cela dans les colonnes du journal. Mais, enfin, bon débarras !", conclut aujourd'hui Jean Günther (Lyon) – une exception notable parmi la cinquantaine de courriers de lecteurs reçus cette semaine par le médiateur… Et maintenant ? "Hervé Kempf a décidé de quitter Le Monde de sa propre initiative. Il sera prochainement remplacé dans nos pages en tant que chroniqueur sur les questions d'environnement – un thème que Le Monde entend continuer de traiter dans toute sa richesse", promet Natalie Nougayrède. Dont acte. Lire toutes les chroniques du médiateur en "Idées" et les courriers de lecteurs sur son blog : "Le Monde des lecteurs"
"2013-05-09T00:00:00"
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/09/05/verts-de-rage_3472157_3208.html
Hongrie : le parti de Viktor Orban remporte les législatives
Le suspense demeure sur sa majorité au Parlement. Le parti d'extrême droite Jobbik enregistre des résultats en net progrès.
Viktor Orban après sa victoire aux élections législatives en Hongrie, le 6 avril, à Budapest. AFP/ATTILA KISBENEDEK Le parti conservateur du premier ministre hongrois, Viktor Orban, a largement remporté les élections législatives dimanche 6 avril. Le suspense demeure néanmoins sur sa majorité au Parlement, après les bons scores enregistrés par le parti d'extrême droite Jobbik. Selon les résultats partiels reposant sur le dépouillement de 93,12 % des bulletins, l'homme fort de cet ancien pays du bloc communiste, membre de l'Union européenne, recueille 44,61 % des voix avec son parti, le Fidesz. UNE « SUPER MAJORITÉ » PAS ACQUISE Il fait nettement moins bien qu'il y a quatre ans (52,7 %), mais raflerait quand même 133 sièges sur 199, soit de justesse la majorité des deux tiers, selon la Commission électorale, qui livrera les résultats définitifs lundi. Lire les explications de notre envoyé spécial : Hongrie : quelle victoire pour Orban ? « Nous pouvons dire en toute sécurité que nous avons gagné », a lancé Viktor Orban à la foule de ses partisans, sans savoir encore si son parti conserverait ou non la « super majorité » qui lui a permis, après un changement de la Constitution introduit lors de son premier mandat, de faire voter 850 lois sans débat au Parlement. Avec 20,66 %, le parti d'extrême droite, antisémite et anti-Roms Jobbik gagne du terrain comparé à 2010, quand il était entré au Parlement avec 17 % des suffrages. Lire nos précisions : le Jobbik en pleine campagne de « dédiabolisation » L'alliance de la gauche et libérale, mal organisée et peu audible pendant la campagne, arrive deuxième avec 25,73 %, plus que les seuls socialistes en 2010 (19,30 %). « Ne nous faisons pas d'illusion : la défaite est cuisante, et c'est une grande déception pour ceux qui voulaient changer de gouvernement », a reconnu l'un de ses leaders, l'ancien premier ministre technocrate (2009-2010) Gordon Bajnai. DOMINATION DU FIDESZ Viktor Orban, un ancien dissident anticommuniste qui reste très populaire auprès d'une large frange de la population, a régné sans partage sur le pays ces quatre dernières années. Son parti, le Fidesz, a muselé toutes les institutions et les contre-pouvoirs, comme les médias et la justice, mais aussi l'économie et même la culture. Pour mettre toutes les chances de son côté, le Fidesz avait aussi réformé de fond en comble le système électoral, redessinant notamment les circonscriptions à son avantage dans tout le pays. Des experts et l'opposition avaient mis en garde contre le caractère « injuste » du système. Une prise de contrôle tentaculaire que ni les manifestations populaires de 2011 et 2012, ni les sévères rappels à l'ordre de Bruxelles ou les critiques en provenance des Etats-Unis n'ont réussi à brider.
"2014-07-04T00:00:00"
europeennes-2014
https://www.lemonde.fr/europeennes-2014/article/2014/04/07/hongrie-le-parti-de-viktor-orban-remporte-les-legislatives_4396642_4350146.html
Ligue des champions : Barcelone offre un festival offensif face au Shakhtar (5-1)
En quarts de finale aller de la Ligue des champions, les Catalans se sont imposés 5-1 face aux Ukrainiens. La confrontation contre le Real Madrid en demi-finales est plus probable que jamais.
Adriano (à gauche) et Dani Alves face au Schakhtar le 6 avril. REUTERS/GUSTAU NACARINO Le "Clasico" en demi-finale de la Ligue des champions se précise : après le Real Madrid mardi contre Tottenham (4-0), le FC Barcelone a mis plus d'un pied dans le dernier carré en atomisant le Shakhtar Donetsk mercredi (5-1), assommé dès la deuxième minute par un but d'Iniesta. Ce dernier fut le détonateur dès l'entame, avant d'adresser un modèle de transversale à Dani Alves, qui n'avait plus qu'à effacer le gardien (34e). Mais, averti pour antijeu sur un coup franc adverse (de manière volontaire?), Iniesta manquera le quart de finale retour. En attendant, quel festin ! Des buts de Piqué (53e) sur un corner de Xavi, Keita (60e) d'une frappe surpuissante et Xavi (86e) sur une passe d'Alves ont corsé l'addition. LE BARÇA CRAIGNAIT LE MATCH RETOUR Le Barça voulait se mettre à l'abri avant le match retour à Donetsk, où le Shakhtar demeure invaincu depuis octobre 2008, et sachant que les hommes de Pep Guardiola n'ont encore jamais gagné à l'extérieur en tour à élimination directe sur la scène européenne (depuis 2008). Mission accomplie. Et c'était d'ailleurs le pari de l'entraîneur de Donetsk, Mircea Lucescu, "jouer ce match pour avoir au match retour nos chances de qualification". Mais si la réduction du score par Rakitskyy (59e) entretient un espoir, celui-ci semble désormais relever du voeu pieux... LA CHANCE S'EN EST AUSSI MÊLÉE Il y avait un désaccord entre la vox populi barcelonaise et Guardiola, sur la considération à accorder au club ukrainien. La première scrutait déjà le rendez-vous du dernier carré contre le grand rival du Real Madrid. Le second avait peur que l'excès de confiance ne transpire jusqu'à ses joueurs. La vox populi aura eu raison. Le but éclair d'Iniesta détendait certainement les "Blaugranas", mais ils s'exposaient aux contres fulgurants des Ukrainiens. Ou plutôt des Brésiliens, lorsqu'ils se procuraient coup sur coup trois énormes occasions en trois minutes. Bien sûr, le Barça a refait ses gammes : possession du ballon, "toro" autour de la surface adverse, accélérations d'Iniesta et Messi. Mais la chance s'en est aussi mêlée, entre les ratés de Luiz Adriano et les déviations ukrainiennes sur les premier et troisième buts. Petites déviations, grandes conséquences. MESSI PASSEUR DÉCISIF Messi n'a pas marqué, mais a été à l'origine du premier but et a fait la passe décisive pour le quatrième, et son ratio demeure exceptionnel : 45 buts en 44 matches. L'Argentin avait dit qu'il ne s'était "pas du tout senti bien physiquement" samedi dernier contre Villarreal. Mercredi, ses adducteurs ont semblé tenir bon. "Il y a quelque temps, on gagnait nos matches avec trois ou quatre buts d'écart. Là, on ne gagne plus qu'avec un but d'avance, des 1-0, 2-1... Ca, ça doit nous mettre en alerte", avait lancé Guardiola mardi. Ses joueurs ont reçu le message. Cinq sur cinq. Voir la fiche technique de la rencontre
"2011-06-04T00:00:00"
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2011/04/06/ligue-des-champions-barcelone-offre-un-festival-offensif-face-au-shakhtar-5-1_1504063_3242.html
Affaire DSK : les dollars d'une paix peu glorieuse
Éditorial. Si l'argent a clos, définitivement, le volet judiciaire de l'affaire du Sofitel, il n'aura pas lavé l'indignité.
Si l'accord avec Nafissatou Diallo est finalisé, il mettra fin à la procédure civile, et à dix-huit mois d'une formidable saga judiciaire aux Etats-Unis, qui a coûté à DSK son poste à la tête du FMI et ses ambitions présidentielles en France. AFP/STAN HONDA L'argent a donc clos, définitivement, l'affaire du Sofitel de New York. Hormis Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo, personne ne saura ce qui s'est passé précisément, le 14 mai 2011, dans la trop fameuse suite 2806, entre la femme de chambre de l'hôtel et celui qui était alors directeur général du Fonds monétaire international et quasi candidat à l'élection présidentielle française de 2012. Personne ne saura si la "relation sexuelle précipitée" qui eut lieu ce jour-là était forcée ou consentie. Faute de preuves matérielles assez convaincantes, le procureur de New York a classé l'affaire au plan pénal le 23 août 2011. Restait le volet civil. Il est désormais refermé : les avocats des deux parties sont parvenus, le 10 décembre, à un accord financier qui met un terme à ce scandale planétaire. Une telle procédure est très fréquente aux Etats-Unis ; elle est couverte, tout aussi banalement, par une clause d'absolue confidentialité sur le montant de la transaction. Le rideau est tombé sur cette pièce peu reluisante. Reste un ahurissant et humiliant gâchis. Pour M. Strauss-Kahn, évidemment. Utilisant toutes les ressources de la justice américaine, il n'aura pas pris le risque d'un procès public – et n'aura donc jamais été complètement innocenté. Contraint de quitter dans des conditions infamantes la direction du FMI, comme de renoncer à toute ambition politique, il laissera l'image, indélébile, d'un des hommes les plus puissants de la planète sortant menotté du commissariat d'Harlem pour être jeté dans le pénitencier de Rickers Island. Pour sa famille, otage de ses pulsions et de ses dérapages. Pour son entourage, prisonnier sinon complice de ses imprudences. Des "imprudences" dont l'affaire française du Carlton de Lille – dans laquelle il reste mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", dans l'attente d'une décision de la cour d'appel de Douai, qui doit intervenir avant Noël – a fourni une nouvelle démonstration. Pour Nafissatou Diallo, enfin. Cette jeune femme, mère d'une petite fille, originaire de Guinée, 33 ans aujourd'hui, a été contrainte d'arrêter son travail au Sofitel. Depuis dix-huit mois, elle vivait recluse, protégée par la justice américaine mais rejetée par sa communauté, dans l'attente du règlement d'une affaire qui aura bouleversé sa vie. Ainsi l'argent aura acheté le silence et permis de négocier l'extinction des poursuites de la justice américaine. Il aura permis de signer une paix peu glorieuse. Mais l'argent n'aura pas lavé l'indignité. Ni pour Dominique Strauss-Kahn, ni pour Nafissatou Diallo. La vie de l'un aura été brisée. Impitoyablement. Par sa faute, sa "faute morale", comme il l'avait lui-même admis à la télévision, en septembre 2011. La vie de l'autre est désormais à reconstruire. Pour elle, c'est la moindre des justices. Editorial
"2012-11-12T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/12/11/a-new-york-l-affaire-dsk-se-solde-en-dollars_1804502_3232.html
La justice allemande remet Puigdemont en liberté sous contrôle judiciaire
La justice estime que l’ex-président catalan ne pourra être extradé pour rébellion, mais qu’il pourrait l’être pour détournement de fonds publics.
Pour Carles Puigdemont, c’est une grande victoire sur la justice espagnole. Non seulement le tribunal régional supérieur du Schleswig-Holstein n’a pas retenu, jeudi 5 avril, l’accusation de « rébellion » figurant dans le mandat d’arrêt européen (MAE) que l’Espagne avait émis contre le dirigeant indépendantiste catalan. Mais, contrairement à ce qu’avait requis le procureur général de ce Land frontalier du Danemark, les juges ont autorisé sa mise en liberté, à condition qu’il se présente une fois par semaine à la police de Neumünster, la ville où il a été placé en détention le 25 mars, moyennant le versement d’une caution de 75 000 euros. La somme a été payée quelques heures plus tard par la puissante association indépendantiste ANC, qui a déjà déboursé plus de 4 millions d’euros pour acquitter les cautions des différents responsables poursuivis par la justice espagnole. « On se voit demain. Merci à tous », a publié dans la soirée l’ancien président de la Catalogne sur son compte Twitter, alors que les sympathisants indépendantistes inondaient les réseaux sociaux de messages de célébration euphoriques. Absence de violence La décision des juges allemands est capitale pour l’avenir judiciaire de M. Puigdemont. Certes, ceux-ci ont estimé que rien ne s’opposait à sa remise à la justice espagnole. Mais, en ne retenant contre lui que l’accusation de « détournement de fonds publics », l’Allemagne prive Madrid de la possibilité de le juger pour « rébellion », un crime passible de trente ans de prison. Les magistrats du Schleswig-Holstein ont tenu compte des arguments développés par les avocats de M. Puigdemont ainsi que par un certain nombre de juristes allemands et espagnols, pour qui cette accusation ne pouvait être retenue en raison d’absence de violence dans les actes qui lui sont reprochés. « Nous sommes très heureux pour notre client », ont déclaré, jeudi soir, les conseils catalans de M. Puigdemont, se félicitant que la justice allemande ne retienne pas le chef « scandaleux » de « rébellion ». « En Allemagne, il y a une justice », a réagi Josep Costa, premier vice-président du Parlement régional, sur Twitter. La décision de la justice allemande est un sérieux revers politique et juridique pour Madrid. Le gouvernement de Mariano Rajoy a cherché à la minimiser, en assurant dans une note envoyée à la presse qu’il « respecte les décisions des tribunaux, qu’elles lui plaisent ou pas », et qu’il est « convaincu que la justice espagnole adoptera les mesures les plus adéquates pour veiller au respect des lois du pays ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le casse-tête juridique et politique de l’affaire Puigdemont en Europe La stratégie qu’il a adoptée contre les séparatistes ne cesse de se retourner contre lui. Non seulement les indépendantistes ont maintenu la majorité absolue au Parlement catalan lors des élections régionales imposées par Madrid en décembre 2017, mais les poursuites lancées contre les anciens dirigeants catalans répartis en Belgique, en Suisse, en Ecosse et en Allemagne leur ont permis de poursuivre un de leurs principaux objectifs : internationaliser le conflit. La suite de l’histoire reste néanmoins incertaine. En théorie, il revient maintenant au parquet du Schleswig-Holstein de donner son feu vert à une extradition. Une décision contre laquelle M. Puigdemont pourrait toutefois tenter de s’opposer en déposant un recours auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Il est également possible que le juge du Tribunal suprême qui instruit l’affaire catalane, Pablo Llarena, préfère retirer le mandat d’arrêt européen plutôt que de voir limiter les chefs d’accusation contre celui qui est considéré comme le principal instigateur de la tentative de sécession d’octobre 2017 à un « simple » détournement de fonds, passible de huit ans de prison. « Si M. Puigdemont est remis uniquement pour ce délit, il serait paradoxal de juger les autres inculpés pour rébellion et leur chef pour malversation », souligne Ignacio Gonzalez Vega, porte-parole de l’association de magistrats progressistes Juges pour la démocratie. « Puigdemont reste inculpé pour des délits graves pour avoir dynamité le statut d’autonomie catalan et la Constitution espagnole, a estimé, quant à lui, Carlos Carrizosa, porte-parole du parti unioniste Ciudadanos. Les politiques ne peuvent pas agir en toute impunité. » A l’inverse, les proches de M. Puigdemont ont célébré la nouvelle en sabrant du cava, le « champagne » catalan. Et le parti séparatiste d’extrême gauche CUP a demandé de soumettre de nouveau sa candidature au vote du Parlement catalan, afin qu’il soit reconduit à la tête de la « République catalane ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Catalogne, Carles Puigdemont divise les indépendantistes Dans un premier temps, les indépendantistes entendent toutefois continuer dans la voie explorée ces derniers jours : présenter de nouveau la candidature de l’ex-président de l’ANC, Jordi Sanchez, qui est en détention provisoire. Depuis le 23 mars, ce dernier se sent conforté par la décision du Comité des droits de l’homme des Nations unies qui a considéré comme recevable sa plainte contre Madrid pour atteinte à ses « droits politiques ». L’objectif de la candidature de M. Sanchez est de « faire grossir le dossier judiciaire » contre l’Espagne, explique le responsable de la communication du parti Ensemble pour la Catalogne, Jaume Clotet, qui ne doute pas que la justice espagnole s’opposera de nouveau à son investiture. La guerre des nerfs entre Madrid et les indépendantistes catalans est partie pour durer.
"2018-05-04T00:00:00"
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/05/la-justice-allemande-remet-puigdemont-en-liberte-sous-controle-judiciaire_5281270_3214.html
Fusillade de Villiers-sur-Marne : sur la piste du grand banditisme
Quatre jours après la fusillade sur l'autoroute A4 qui a coûté la vie à une policière municipale, un des trois suspects interpellés a été mis en examen pour assassinat.
Quatre jours après la fusillade sur l'autoroute A4, dans le Val-de-Marne, qui a coûté la vie à une policière municipale, l'enquête, confiée à la police judiciaire (PJ) de Paris, progresse vite. Trois suspects ont été identifiés, notamment grâce à l'exploitation d'empreintes digitales, de traces d'ADN et d'images enregistrées par vidéosurveillance. L'un d'entre eux, Malek Khider, a été mis en examen, lundi, notamment pour "assassinat", avant d'être placé en détention provisoire. Une policière municipale tuée en pleine mission. Selon le scénario reconstitué par la PJ de Paris, le tireur présumé a été contrôlé, jeudi 20 mai peu après 9 heures, à bord d'un véhicule utilitaire qui n'avait pas de plaque d'immatriculation. Le conducteur a alors pris la fuite et, à l'entrée de l'autoroute A4 à hauteur de la commune de Villiers-sur-Marne, a fait feu sur les forces de l'ordre lancées à sa poursuite. Une policière municipale âgée de 26 ans a été tuée par balles. Blessée à un poumon, une automobiliste de 59 ans a également été hospitalisée dans un état grave et quatre autres personnes, dont deux policiers, ont été blessés plus légèrement. C'est la première fois qu'une policière municipale est tuée par balles en mission. Les obsèques de la policière devraient se tenir mercredi, à Villiers-sur-Marne, en présence de Nicolas Sarkozy. Trois suspects identifiés, l'un d'entre eux mis en examen. Selon les premiers éléments de l'enquête, les malfaiteurs seraient au nombre de six ou sept, dont quatre ou cinq qui ont ouvert le feu. Un homme qui se trouvait à proximité du lieu de la fusillade à Villiers-sur-Marne a été interpellé jeudi et placé en garde à vue à Paris. L'homme, identifié comme étant Malek Khider, a avoué appartenir au commando et a été mis en examen, notamment pour "assassinat", avant d'être placé en détention provisoire, selon une source judiciaire. Agé de 42 ans, il a reconnu avoir préparé une opération avec les malfaiteurs mais assuré qu'il n'avait pas participé à la fusillade mortelle. Dans un entretien au Journal du dimanche, Brice Hortefeux indique que le premier suspect refuse pour l'instant de donner les noms de ses complices présumés, mais que les enquêteurs disposent d'empreintes digitales, de traces génétiques et d'images vidéo."Un deuxième membre du groupe a été formellement identifié. Les autres sont en cours d'identification. Je vous le garantis, les membres de ce commando seront inéluctablement arrêtés." L'AFP a assuré qu'un troisième suspect a été identifié ce week-end, confirmant une information du Figaro. L'homme a pu être reconnu "grâce à l'exploitation croisée d'un témoignage recueilli par les enquêteurs et des images enregistrées par une caméra de vidéosurveillance installée sur un arrêt de bus". Selon Brice Hortefeux, le commando appartient au grand banditisme et s'apprêtait à attaquer un fourgon blindé. Les enquêteurs n'excluent pas non plus d'avoir affaire à une équipe de braqueurs de distributeurs automatiques de billets de banque à l'origine de plusieurs attaques à l'explosif ces derniers mois en région parisienne. Des explosifs ont été retrouvés dans la fourgonnette abandonnée par les malfaiteurs, selon Brice Hortefeux. La brigade criminelle est saisie de l'enquête. Réaction de l'Elysée. Nicolas Sarkozy a affirmé que tout serait "mis en œuvre pour rattraper et punir" les "criminels". La victime a été décorée de l'ordre de chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. "Huit ans de services civils. Tuée dans l'accomplissement de son devoir", peut-on lire dans le décret paru, samedi au Journal officiel. Les syndicats de police ulcérés. A l'image de Synergie (deuxième syndicat d'officiers de police), tous les syndicats de policiers ont dénoncé "la violence croissante et récurrente dont les forces de l'ordre font l'objet depuis des années". Brice Hortefeux a annoncé qu'il venait de signer un décret permettant à la police municipale d'utiliser des pistolets à impulsion électrique Taser, dont l'emploi avait été remis en question par le Conseil d'Etat à la fin de l'an dernier. Mais le Syndicat national des policiers municipaux, le SNPM-CFDT, estime que "répondre aux armes de guerre par le Taser est totalement inadapté et hors contexte". (Lire à ce sujet la note de Georges Moréas "Taser contre Kalachnikov" sur le blog Police et cetera) Le SNPM-CFTC estime de son côté que les policiers municipaux "sont autant, et de plus en plus, exposés aux risques sur la voie publique" que les fonctionnaires de la police et de la gendarmerie nationales et devraient être équipés en armes de quatrième catégorie (armes de poing ou fusils). Le ministre de l'intérieur recevra jeudi les syndicats de policiers municipaux.
"2010-05-24T00:00:00"
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/24/fusillade-de-villiers-sur-marne-sur-la-piste-du-grand-banditisme_1362073_3224.html
"Le Pérou se veut le nouveau ""tigre"" d'Amérique latine"
Le président péruvien Ollanta Humala a rappelé lors de son voyage en Europe les performances économiques actuelles de son pays.
Le président péruvien Ollanta Humala avec François Hollande lors de sa visite à Paris, le 15 novembre 2012. AFP/ERIC FEFERBERG Pour le président péruvien, Ollanta Humala, en visite dans trois pays d'Europe, la France a une saveur particulière. "Pour moi, c'est symbolique d'arriver aujourd'hui à Paris et de représenter mon pays", confie le chef de l'Etat, ancien attaché militaire à l'ambassade du Pérou en 2002. L'objectif du voyage présidentiel est de promouvoir la bonne santé économique dont jouit le Pérou et d'attirer des investisseurs. Jeudi 15 novembre, il a déjeuné avec François Hollande. Avant de s'envoler vers l'Espagne et le Portugal, M. Humala a rencontré les représentants du Medef afin de présenter aux patrons français des aubaines existant dans son pays, qui jouit d'une santé économique insolente. Malgré la crise internationale et la baisse des exportations traditionnelles de minerais, due à la moindre demande venant des Etats-Unis et d'Europe, le produit intérieur brut (PIB) péruvien a augmenté de 6,28 % au cours des huit premiers mois de l'année. Douze ans de croissance, une inflation en légère hausse mais maîtrisée, des réserves internationales qui s'accumulent : le Pérou, 30 millions d'habitants, est considéré comme le nouveau "tigre" d'Amérique latine. "Notre économie fait partie des plus dynamiques du monde, notre PIB a triplé en dix ans", insiste M. Humala. Le Pérou, "porte d'entrée vers l'Amérique du Sud", offre une "plate-forme d'investissements en matière d'infrastructure, d'énergie, de services, de tourisme." PREMIER PRODUCTEUR MONDIAL D'ARGENT Connu pour la richesse de son sous-sol, le pays andin est l'un des plus gros fournisseurs de minerais au monde : premier producteur mondial d'argent, deuxième de zinc et de cuivre, troisième d'étain, sixième d'or. Le Pérou attire l'attention des grands groupes miniers internationaux, qui vantent sa stabilité. Depuis plusieurs années, tout a été mis en oeuvre pour attirer les investisseurs étrangers (traités de libre-échange, contrats de stabilité juridique) et leur faciliter la tâche une fois implantés. Les investissements dans le secteur minier devraient atteindre 53 milliards de dollars (41,6 milliards d'euros) lors des cinq années à venir. Une manne essentielle pour l'économie, les exportations minières représentant près de 60 % du total de l'export.
"2012-11-17T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/11/17/le-perou-se-veut-le-nouveau-tigre-d-amerique-latine_1792191_3222.html
Syrie : la prise de Palmyre, et après ?
Editorial. La reprise de la cité est une bonne nouvelle pour la population et la lutte contre l’EI. Mais le phénomène djihadiste perdurera tant que ne se reconstruiront pas des Etats disposant de légitimité.
Un drapeau syrien à Palmyre, le 27 mars. STR / AFP Editorial du « Monde ». Grâce à la Russie, l’antique cité de Palmyre a donc été libérée du joug des barbares de l’organisation dite « Etat islamique ». Un pas important dans la lutte générale contre l’EI a été accompli, à plus d’un titre. C’est d’abord une bonne nouvelle pour une population de quelque 200 000 personnes, pratiquement abandonnée par l’armée syrienne qui a fui la ville lors de l’entrée des djihadistes en mai 2015. Les gens de Palmyre ont connu le lot de ceux qui vivent sous la botte de l’EI : exécutions de masse, notamment de jeunes hommes fonctionnaires de l’Etat, destructions et sujétion à un ordre islamico-religieux totalitaire. Hélas, dans son délire destructeur de tout ce qui n’est pas conforme à leur vision de l’islam, la soldatesque du « calife » Abou Bakr Al-Baghdadi a saccagé nombre de sites antiques, qui faisaient le rayonnement de l’oasis dans le monde entier. Il en va ainsi partout où sévit le djihadisme, de l’Afghanistan à la Ninive irakienne, en passant par le Musée de Mossoul et les mausolées de Tombouctou. C’est une bonne nouvelle aussi dans la lutte contre l’EI. Sous les frappes décisives de l’aviation russe, quelques milliers de soldats de l’armée syrienne, appuyés par plusieurs milices chiites – d’abord, le Hezbollah libanais mais aussi les gardiens de la révolution iraniens –, sont venus à bout, dimanche 27 mars, des djihadistes. On dira que Palmyre n’a pas forcément une grande importance stratégique. A tort. La légende d’une « reconquête » inarrêtable Chaque défaite de l’EI entame son aura d’invincibilité, cette image d’une série ininterrompue de victoires empochées par les colonnes de 4 × 4 des hommes au drapeau noir. Une partie de l’attractivité de l’EI auprès des jeunes musulmans d’Europe vient de cette légende d’une « reconquête » inarrêtable, soigneusement entretenue à coups de vidéos guerrières. La reprise de Palmyre est un succès pour Vladimir Poutine. Après avoir consacré l’essentiel de ses interventions à cibler le large spectre de l’opposition armée au régime de Damas, l’aviation russe s’est enfin attaquée à l’EI. Le président russe consolide son allié local, Bachar Al-Assad, au moment où s’ouvre peut-être l’esquisse d’une négociation sur la guerre civile en Syrie. Lire aussi Assad conforté par la reprise de Palmyre à l’Etat islamique Simultanément, les Etats-Unis, appuyant les milices kurdes syriennes, accentuent la pression sur le fief de l’EI en Syrie, Rakka. Il en va de même en Irak, où les Etats-Unis, là encore à l’aide de frappes aériennes mais aussi d’un engagement au sol de leurs forces spéciales, contribuent à préparer une offensive de l’armée irakienne contre la vraie place forte de l’EI, Mossoul, deuxième ville d’Irak. En un an, l’EI a perdu plus du quart des territoires dont il s’est emparé en Syrie et en Irak depuis le printemps 2014. Il est sur la défensive, il recule. Il n’est pas exclu que sa structure para-étatique, construite autour de Rakka et Mossoul, soit largement démantelée en janvier 2017, quand un nouveau président américain entrera en fonctions. Hélas, l’EI recruterait toujours, et le phénomène djihadiste ne disparaîtra pas de sitôt. Il existera, sous la forme de l’EI ou une autre, tant que ne se reconstruiront pas, à Damas et à Bagdad, des Etats disposant d’un minimum de légitimité auprès de toutes les communautés composant ces pays complexes que sont la Syrie et l’Irak. Ce n’est pas pour demain. Le Monde
"2016-03-29T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/29/syrie-la-prise-de-palmyre-et-apres_4891730_3232.html
Quand le procès chaotique de révolutionnaires angolais ridiculise le régime
Dix-sept jeunes militants comparaissent à Luanda depuis le 16 novembre 2015 pour avoir fomenté, selon le parquet, « un coup d’Etat » contre le président Dos Santos.
Depuis le 16 novembre 2015, 17 "revùs" sont jugés à Luanda pour "flagrant délit de coup d'Etat". REUTERS Le procès des 17 « revùs » (révolutionnaires) accusés de « tentative de coup d’état » contre le régime de José Eduardo Dos Santos, entamé le 16 novembre 2015 et censé s’achever trois jours plus tard, poursuit sa course chaotique depuis bientôt cinq mois. Leur crime : s’être réunis autour du dernier ouvrage du philosophe et journaliste Domingos da Cruz : Outils pour détruire un dictateur et éviter de nouvelles dictatures (éd. Mondo Bantu, 2015). Les débats, qui ont repris le 7 mars à Luanda, devraient, sauf contretemps – une spécialité locale –, s’achever le 14 mars. Dernières nouvelles d’un procès qui se métamorphose en celui du régime. Pour se rafraîchir la mémoire : Le procès des révolutionnaires angolais, grand théâtre de l’absurde Le 11 janvier dernier, le procès avait connu son premier grand ajournement : sur les cinquante personnes convoquées à la barre pour témoigner sur un prétendu « gouvernement de salut national » – où la plupart des « revùs » avaient un poste ministériel bidon –, publié comme une plaisanterie sur la page Facebook d’un juriste, deux seulement s’étaient présentées à l’audience. Le juge Januario Domingos avait alors décidé de reporter les auditions au 25 janvier, mais sans plus de succès quant au nombre des témoins. De report en report, on est arrivé à la date du 7 mars, avec quelques rares sessions en février, émaillées d’incidents. Le 8 février, le tribunal a entendu Fernando Baptista, le père du « revù » Manuel Nito Alvez, qui a refusé de témoigner contre son fils. Lequel a déclaré : « Je ne crains pas pour ma vie, ce procès est une farce. » Ces mots lui ont valu un jugement immédiat et une condamnation à six mois de prison. Renouvellement de l’assignation à résidence Le 18 février, le régime du placement en résidence surveillée des « revùs » (démarré, à l’occasion de Noël, à la mi-décembre 2015), a pris fin. Le tribunal devait alors alléger leurs conditions de détention. Or, le lendemain, le tribunal a renouvelé l’assignation à résidence, en infraction avec la loi angolaise. La défense des « revùs » a fait appel et exigé que cette décision soit examinée par le Tribunal suprême. Le juge Domingos et le Tribunal Provincial de Luanda ont reçu l’appel le 22 février mais n’ont pas transmis le document à leur instance supérieure, qui n’a donc pas eu officiellement connaissance de son existence. Le 23 février, le Parquet a exigé que l’avocat David Mendes témoigne le 7 mars sur le fameux « gouvernement de salut national ». Cette demande du tribunal viole l’article 217 du Code pénal : « Ne sont pas tenus de témoigner : les ministres [prêtres] de tout culte légalement autorisé, les avocats, les procureurs, les notaires, les médecins, les sages-femmes sur les faits qui leur sont confiés ou dont ils ont connaissance dans l’exercice de leurs fonctions ou professions. » Au lendemain de cette injonction, David Mendes a fait savoir qu’il ne témoignerait pas : « Qu’il soit bien clair que je ne vais pas aller au tribunal en tant que témoin. Si j’y vais, c’est pour exercer mon rôle d’avocat des accusés ou pour me défendre d’une accusation d’outrage au tribunal, uniquement d’ailleurs pour avoir exigé le respect de la loi. » L’audience de réouverture du 7 mars a donné lieu à des incidents cocasses. Sur les seize « revùs » présents au tribunal, treize ont dû quitter la salle. Ils portaient des tee-shirts floqués de visages de clowns. Selon le site Rede Angola, un certain « Moïse », a interdit aux accusés de poser dans cette tenue devant les photographes de presse avant d’ordonner l’évacuation des photographes. Affiches de type « Wanted » En ce qui concerne les prétendus « membres » du « Gouvernement de Salut National » qui ont refusé de se présenter devant la Cour, le tribunal a décidé de publier dans le Jornal de Angola, organe de presse d’Etat, des annonces du type « Wanted » comme en Amérique au temps des chasseurs de prime. Parmi les « hors-la-loi » dont la tête est mise à prix, on trouve le gourou José Julino Kalupeteka (proposé dans la plaisanterie du juriste au poste de président de la République), Marcolino Moco (ancien premier ministre d’Angola), Alexandra Simeon (ancien vice-ministre), Justino Pinto de Andrade (président du parti de l’opposition Bloco Democrático) et plus d’une douzaine de personnalités publiques. Aucun d’entre eux ne s’est présenté à l’audience du 7. Ils sont donc poursuivis pour « désobéissance » et seront jugés lors de la prochaine audience, le 14 mars. Pour aller plus loin : En Angola, l’étrange procès de la secte du Septième Jour de la lumière du monde Entre-temps, le 2 mars, des rappeurs, des citoyens et des journalistes ont signé une lettre ouverte au rappeur brésilien Gabriel le Penseur pour qu’il renonce à se produire à Luanda, au grand show « Sons do Atlântico ». Il a refusé de boycotter le spectacle et a fait savoir que son message, c’est sa musique, et que la situation politique locale n’était pas de son ressort. Le rappeur Luaty Beirão, qui a mené une grève de la faim de trente-six jours pour protester contre sa détention, est l’un des principaux accusés du procès des revùs.
"2016-10-03T00:00:00"
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/03/11/quand-le-proces-chaotique-de-revolutionnaires-angolais-ridiculise-le-regime_4881357_3212.html
Ligue des champions : Lyon joue son va-tout face à Saint-Pétersbourg
Toujours sans victoire dans le groupe H, l’OL est dans l’obligation de l’emporter mercredi face aux Russes du Zénith afin de croire encore à la qualification en huitièmes de finale.
Au match aller, Lyon avait réussi à égaliser par Lacazette avant de sincliner 3-1 à Saint-Pétersbourg. Dmitry Lovetsky / AP Très moyen depuis le début de la Ligue des champions avec un seul point récolté en trois rencontres, l’Olympique lyonnais (OL) est dans l’obligation de gagner mercredi à domicile face aux Russes du Zénith Saint-Pétersbourg. Le Zénith, qui a fait le plein de victoires, occupe la tête du groupe H avec huit longueurs d’avance sur les Lyonnais, derniers, l’équipe espagnole du FC Valence étant deuxième avec six points. La victoire est donc nécessaire pour continuer d’espérer à rêver des huitièmes de finale de la compétition dans leur nouveau Grand Stade, qui sera inauguré en janvier prochain. Le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, n’a pas encore renoncé à ce rêve : « Notre nouvelle enceinte à Décines sera prête et ce serait trop bête que notre équipe ne le soit pas. » Tout en battant le rappel des supporteurs. « Nous en avons besoin et il faut que Gerland soit plein. Je veux qu’on se qualifie. Tout le monde au club est conscient des enjeux et les joueurs peuvent se sublimer avec tout un stade derrière eux », insiste l’homme fort de l’OL, alors que la résignation était palpable il y a deux semaines après le match aller. « Nous n’avons pas notre destin entre nos mains » « Ce sera très compliqué car nous n’avons pas notre destin entre nos mains. Il faut être lucides. Nous n’avons pris qu’un point même si au vu du contenu de nos matches, il y avait peut-être matière à faire mieux », avait commenté l’entraîneur, Hubert Fournier, à Saint-Pétersbourg, où l’entame avait été catastrophique avec un but encaissé après moins de deux minutes de jeu. « La réalité est que nous n’avons pas encore le niveau pour prétendre nous qualifier pour les huitièmes de finale même s’il nous reste de l’espoir mathématiquement. A l’heure qu’il est, nous devons nous tourner vers la troisième place [qualificative pour la Ligue Europa] », avait ajouté le technicien. Si en championnat l’Olympique lyonnais, dauphin du PSG et qui reste sur deux victoires contre Toulouse (2-0) et Troyes (1-0), est là où il espère être en fin de saison, son parcours en Ligue des champions est loin d’être à la hauteur des espérances pour ses retrouvailles avec cette épreuve reine après trois ans d’absence. La défense, même si elle semble parfois en difficulté, offre des garanties en Ligue 1 avec sept buts encaissés en douze journées mais est moins à son affaire en Ligue des champions, avec cinq buts concédés en trois matches dont trois lors de la seule rencontre à Saint-Pétersbourg. L'attaquant brésilien du Zénith Hulk sera l'un des principaux dangers pour les Lyonnais mercredi soir. PHILIPPE DESMAZES / AFP 11,5 % de chances de qualification En attaque, l’équipe souffre évidemment de l’absence de longue durée de son meilleur joueur, Nabil Fekir, blessé au genou gauche, tandis qu’Alexandre Lacazette n’a pas retrouvé son niveau de la saison dernière, terminée comme meilleur joueur et meilleur buteur (27 buts) du championnat. Son penalty manqué lors de l’ouverture de la compétition européenne à Gand contre le club belge de la Gantoise (1-1) a donné un lourd handicap à son équipe. Jamais, en douze participations consécutives à la C1 à partir de la saison 2000-2001, l’OL n’avait abordé les matchs retour de la phase de poules sans avoir remporté une seule victoire. Avec un point en trois journées, les statistiques, depuis l’instauration de la formule de compétition actuelle (2003-2004), n’accordent à Lyon que 11,5 % de chances de se qualifier. Mais quelques exemples – Arsenal (2004), Porto (2005), Werder Brême (2006), Liverpool (2008), Panathinaïkos Athènes (2009) et Galatasaray (2013) avec l’ancien défenseur et capitaine de l’OL, le Brésilien Cris – permettent d’entretenir l’espoir.
"2015-04-11T00:00:00"
ligue-des-champions
https://www.lemonde.fr/ligue-des-champions/article/2015/11/04/ligue-des-champions-lyon-joue-son-va-tout-face-a-saint-petersbourg_4803178_1616944.html
Jusqu'ici, tout va mal !
Le portrait de François Hollande dressé par Cécile Amar est original, utile et éclairant. Il l'est d'autant plus que l'auteure « suit » et observe l'actuel président depuis longtemps.
« Jusqu'ici, tout va mal » par Cécile Amr (Grasset, 240 pages, 18 €). GRASSET On ne saurait mieux dire : « Jusqu'ici, tout va mal. » Tel est le titre du livre que Cécile Amar, consoeur du Journal du dimanche, vient de consacrer à François Hollande, sa personnalité, sa conception de la politique et sa façon de présider le pays. L'expression vaut pour les dix-huit premiers mois de son quinquennat. Rarement, pourtant, elle aura paru aussi pertinente que ces derniers jours. Tout va mal, en effet. De plus en plus mal, même, tant les volte-face, fausses manoeuvres et confusions sont devenues le lot quotidien du pouvoir exécutif. Au lendemain d'une mobilisation de La Manif pour tous qui entendait en faire son nouveau cheval de bataille, les palinodies à propos du projet de loi sur la famille en offrent, évidemment, un exemple accablant. Tout y fut : les injonctions du ministre de l'intérieur dans un domaine qui n'est en rien de sa responsabilité, le silence de Matignon, la brusque décision du chef de l'Etat de reporter sine die ce texte parasité par la question de la procréation médicalement assistée, le camouflet à la ministre concernée (Dominique Bertinotti), la stupeur ou l'exaspération de la majorité et, pour finir, un premier ministre qui se dit prêt, trois jours plus tard, « à examiner sans tarder » certaines dispositions du texte ajourné. Comprenne qui pourra ! Plus feutrée, l'affaire Falletti n'en est pas moins révélatrice. Le ministère de la justice a beau s'en défendre avec énergie, tout indique que la chancellerie a invité le procureur général de la cour d'appel de Paris, François Falletti, à quitter ses fonctions pour rejoindre la Cour de cassation et laisser la place à un magistrat plus en harmonie avec la garde des Sceaux. Devant le ferme refus de l'intéressé, celle-ci en est aujourd'hui pour ses frais et ses proclamations sur l'indépendance de la justice s'en trouvent pour le moins ternies. La suggestion – prêtée à Vincent Peillon, et catégoriquement démentie par le ministre de l'éducation nationale – de geler avancement et promotions des fonctionnaires pour faire de substantielles économies budgétaires est également symptomatique de ce climat délétère, où le moindre bouteillon déclenche la polémique. Et pour cause : trois semaines après la conférence de presse du chef de l'Etat et son engagement solennel à réaliser 53 milliards d'euros d'économies en trois ans, personne ne semble prêt à préciser, un tant soit peu, qui sera soumis à cette vigoureuse cure d'amaigrissement, quand et comment. Rien de tel pour exacerber les inquiétudes.
"2014-11-02T00:00:00"
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2014/02/11/jusqu-ici-tout-va-mal_4364037_3232.html
Le Venezuela arrête trois généraux accusés de conspiration
Les trois hommes ont été présentés devant un tribunal militaire après cette tentative de « coup d'Etat », selon le président Nicolas Maduro.
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, le 25 mars, à Caracas. AP/Fernando Llano Trois généraux vénézuéliens « qui prétendaient se soulever contre un gouvernement légitimement constitué » ont été arrêtés, a annoncé mardi 25 mars le président Nicolas Maduro, soumis à plus de six semaines de contestation dans la rue. Ces militaires qui prétendaient se soulever contre un gouvernement légitimement constitué , a poursuivi le président socialiste, qui affronte depuis le 4 février un vague de protestation contre sa gestion, portant notamment sur l'insécurité, l'inflation, les pénuries ou encore la répression policière des manifestations. Il n'a pas donné plus de détails sur ces liens. « C'EST UNE GUERRE PSYCHOLOGIQUE » Les trois hommes ont déjà été présentés devant un tribunal militaire, selon le président qui a ajouté que « la tentative de coup d'Etat » avait été découverte grâce « à la conscience d'officiers » venus « dénoncer un appel » à prendre les armes. « Ce groupe arrêté a des liens directs avec des secteurs de l'opposition et disait que cette semaine serait la semaine décisive. C'est une guerre psychologique ». M. Maduro s'exprimait devant les ministres de l'Unasur réunis pour tenter d'instaurer un dialogue entre le pouvoir et le reste de la société vénézuélienne afin d'en terminer avec les troubles qui agitent le pays et qui ont fait officiellement 34 morts et plus de 400 blessés. Son intervention était retransmise par la chaîne de télévision étatique VTV. Depuis le début de ces événements, le pouvoir a déjà fait procéder à l'arrestation du fondateur d'un parti politique, Leopoldo Lopez (Volonté populaire, droite), de deux maires – Daniel Ceballos (San Cristobal) et Enzo Scarano (San Diego) –, et obtenu la destitution de son mandat d'une députée d'opposition, Maria Corina Machado. Lire aussi le reportage de notre correspondant : Le Venezuela est soumis à la censure et à l'autocensure
"2014-03-25T00:00:00"
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/03/25/venezuela-arrestation-de-trois-generaux-soupconnes-de-conspiration_4389707_3222.html
1,65 million de femmes enceintes pourraient contracter le virus Zika
En Espagne, la direction d’un hôpital a annoncé la naissance du « premier bébé atteint de microcéphalie », sur le sol européen, après que sa mère a contracté le virus Zika
Un nouveau-né, venu au monde lundi 25 juillet, serait, selon la direction d’un hôpital de Barcelone, le premier en Europe atteint de microcéphalie – le développement insuffisant du crâne et du cerveau – alors qu’il avait été établi en mai que sa mère était porteuse du virus Zika. Elle l’avait contracté lors d’un voyage en Amérique latine. Dans un autre cas détecté en Slovénie, les parents avaient opté pour un avortement. Selon les dernières données publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 21 juillet, plus de 1 700 microcéphalies et malformations congénitales concernant le système nerveux central des nouveau-nés, liés à cette infection, ont été recensées au Brésil. C’est le pays où le virus, qui touche principalement l’Amérique latine et les Caraïbes, est le plus répandu. L’OMS signale 65 pays et territoires atteints, dont 62 depuis le début de l’année 2015. Toujours selon l’OMS, treize de ces pays ont rapporté des cas de microcéphalie ou d’atteinte du système nerveux central associés à Zika. Dès le mois de mai, elle estimait que le risque d’infection en Europe était réel mais « variable selon les pays », et lié à la présence d’Aedes aegypti, le principal vecteur de cette maladie, ou d’Aedes albopictus – le moustique tigre, vecteur essentiellement du chikungunya et de la dengue, est présent dans trente départements français métropolitains, principalement autour de la Méditerranée, dans le Sud-Ouest et le long de la vallée du Rhône. 93,4 millions de personnes infectées Mais un autre chiffre, révélé par une étude publiée lundi 25 juillet dans la revue Nature Microbiology, souligne le nombre très élevé de victimes potentielles du virus : selon les cinq chercheurs, américains et britanniques, 1,65 million de femmes enceintes pourraient contracter le virus au cours de cette première vague de l’épidémie. Au total, le nombre de personnes qui pourraient être infectées atteint quasiment les 100 millions (93,4), soit pratiquement le double du nombre de personnes qui ont été touchées par l’épidémie de dengue, en 2010, dans cette même région (53,8 millions). Pour Zika, dans 80 % des cas, l’infection reste bénigne et peut même ne pas être détectée. Les pays les plus touchés par Zika, selon les projections des chercheurs, seraient le Brésil avec 37, 4 millions de personnes infectées, le Mexique (14,9), le Venezuela (7,4) et la Colombie (6,7). En continuant leur modélisation sur les conséquences de l’épidémie actuelle, les chercheurs estiment que de 1 % à 13 % des futures mères atteintes par le virus pourraient mettre au monde des enfants atteints de microcéphalie ou d’atteintes au système nerveux central, soit de 16 500 à 215 000 nouveau-nés. Selon l’étude, l’infection de la femme enceinte durant le premier trimestre augmente le risque de microcéphalie chez le bébé.
"2016-07-26T00:00:00"
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/26/1-65-million-de-femmes-enceintes-pourraient-contracter-le-virus-zika_4974591_3244.html
Le style italien gagné par la mondialisation
Les maisons qui défilent à Milan font de plus en plus appel à des talents internationaux, et notamment britanniques, comme l'illustrent les arrivées de Paul Surridge chez Zegna ou de Brendan Mullane chez Brioni.
Défilé Giorgio Armani, le 14 janvier à Milan. AFP/ANDREAS SOLARO La semaine des défilés milanais ressemble à une famille élargie : malgré les disparités voir les désaccords, tout le monde ou presque partage un passeport italien. Une fédération spontanée d'autant plus remarquable que la plupart de ces membres sont également des marques d'envergure internationale. En comparaison, la fashion week parisienne fait figure de tour de Babel qui réunit des designers français, italiens, japonais, belges, anglais, chinois et américains à l'?uvre dans des maisons de tailles variables. A Milan, des géants du luxe comme Gucci, Dolce & Gabbana, Versace ou Armani cultivent avec succès leur « italianité », mais de nouvelles formules pluriculturelles se mettent en place. Non par nécessité mais grâce à d'heureuses stratégies de ressources humaines. Car il est inutile de chercher à bouleverser des configurations parfaitement fonctionnelles. Giorgio Armani, par exemple, est le capitaine idéal du vaisseau qui porte son nom. Maître en son fief milanais qui abrite, outre son siège, un hôtel et des boutiques griffées Armani, le designer, qui sigle aussi aisément des meubles que des sous-vêtements présente chaque saison ses deux lignes sur les podiums italiens. Dernier empereur de la mode italienne après la retraite de Valentino Garavani, Monsieur Armani continue d'incarner une certaine idée de la mode italienne : design, épurée et conquérante. Et il n'a pas l'intention de céder du terrain. Sa collection Giorgio Armani pour l'hiver 2014-2015 est une démonstration de style. Le créateur, qui s'est fait connaître grâce à ses costumes souples pour businessmen, envoie sur le podium autant de nouvelles versions de ses vestes qu'il est possible de rassembler en un défilé. Epaules arrondies, textures de cardigan, effets chinés ou chevrons graphiques : tout incarne une sobriété efficace mais pas agressive, adaptée à l'époque et soluble dans nombre de cultures. A plus petite échelle, la maison Canali célèbre, elle aussi, sa culture nationale. Fondée en 1934, spécialisée dans le costume tailleur à l'italienne, cette griffe discrète est toujours une entreprise familiale. La collection de l'hiver 2014-2015 rend hommage à un des trésors de l'Italie : Venise. Manteaux peignoirs, costumes croisés, association de laine, velours, cachemire, fourrure, mohair et brocards dessinent une silhouette plus moderne et luxueuse que décadente. Classique mais irréprochable, ce vestiaire témoigne de la bonne santé d'une maison qui n'a aucune urgence à engager un directeur artistique pour le livrer en pâture à la presse. Cela dit, pour certains, un créateur officiel est une option porteuse. La maison Zegna a confié sa ligne Z Zegna au talentueux Britannique Paul Surridge, qui est passé par les studios de Burberry et Jil Sander. Arrivé en 2012, il a trouvé ses marques en imposant une ligne moderne qui associe la qualité des matériaux et des coupes Zegna à l'instinct du décalage typique des designers britanniques. Son vestiaire de l'hiver en est la preuve. Ses costumes de néo-rocker sixties à pantalons cigarettes, ses manteaux aux volumes soulignés d'aplats de couleurs denses évoquent un Londres d'avant-garde avec un soupçon d'Orange mécanique. Paul Surridge n'est pas le seul Britannique à avoir investi Milan. Une part croissante des créateurs étrangers qui travaillent dans les maisons italiennes vient de Grande-Bretagne. Un constat plutôt ironique en regard de la petite guerre d'influence que se livrent de plus en plus ouvertement les fashion weeks de Londres et de Milan. Les grands patrons du luxe italiens ont en tout cas misé sur de bons designers, comme le Britannique Brendan Mullane engagé en 2013 chez Brioni, griffe tailleur désormais dans le giron du groupe Kering. Sa collection s'inspire d'un périple au Japon du cofondateur de la maison, Gaetano Savini, effectué en 1963. Blouson en soie repeint à la main comme une estampe, costume tissé dans des laines japonaises aux motifs de paravent ton sur ton, veste croisée comme un kimono alternent avec des costumes graphiques portés avec des manteaux à col de fourrure et des sacs de voyage en crocodile patiné. Dandysme à l'anglaise, chic à l'italienne, exotisme raffiné à la japonaise, la collection célèbre le meilleur des unions culturelles. La colonie britannique s'est encore agrandie, cette saison, avec l'arrivée de Simon Holloway chez Hogan. Venu de chez Jimmy Choo, il signe pour la marque sport chic du groupe Tod's une collection capsule réussie sur le thème du dandy-biker. Six styles de chaussures (de la basket montante en velours rouge aux mocassins imprimés bandana) et trois blousons composent ce premier mini-vestiaire. On peut espérer cette collaboration aussi fructueuse que celle lancée en 2012 pour la ligne femme avec la styliste et consultante de mode londonienne Katie Grand, qui a bousculé l'image et le style des baskets Hogan. D'autres mutations sont en cours et il n'y a pas que les Anglais à investir Milan. Bally, marque de souliers née en Suisse qui appartient au groupe Labelux (également propriétaire de Jimmy Choo, Belstaff et du maroquinier italien Zagliani) « habite » depuis longtemps le paysage mode milanais. La griffe s'est lancée sur une voie avec un nouveau PDG français : Frédéric de Narp, venu de chez Harry Winston, et surtout une collection hiver de souliers, d'accessoires et de vêtements sport chic, qui sort la marque de l'ornière où elle s'était enferrée. Sous prétexte d'avoir accompagné une expédition sur le mont Everest, Bally enchaînait les références montagnardes clichés. Les saisons à venir devraient livrer d'autres nouveautés prometteuses pour cette marque. Ces expériences multinationales montrent en tout cas à quel point l'union d'expertises est plus que jamais porteuse d'avenir dans le marché global du XXIe siècle. Tout un monde de possibilités pour Milan. Voir le portfolio : Giorgio Armani et Roberto Cavalli : les défilés milanais, jour 4
"2014-01-15T00:00:00"
mode
https://www.lemonde.fr/mode/article/2014/01/15/le-style-italien-gagne-par-la-mondialisation_4348442_1383317.html